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Revue de presse « Défense »
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Cette revue de presse paraît désormais sur le site de l’UNION-IHEDN, à l’adresse :
http://www.union-ihedn.org/
Le 12 mars 1818 est publiée la Loi sur la conscription, appelée
« Loi Gouvion Saint-Cyr ».
.
Date : 12 mars 2015
Sommaire des articles proposés
1) Enjeux de la Défense, Doctrine, Concepts, Missions : Sociétés de projet du ministère de la défense : la commission des affaires
étrangères de la défense et des forces armées contrôle à Bercy la mise en œuvre.
Le mirage de l’armée européenne
2) Relations internationales - Europe de la défense - OTAN : Bilan de la défense norvégienne et de ses capacités
Frontières africaines 1964-2014 – le défi de l’intangibilité
Il rappelle pour consultation son ambassadeur à Abuja : Maroc et le Nigeria : l’imbroglio diplomatique tourne à la crise
3) Armements - Industries - Économie : Big Data : ça avance, mais en ordre dispersé
Rendez-vous à …l’hôtel à Athènes pour le gouvernement grec et ses créanciers
Le Ministère de la défense lance la réalisation du premier système spatial européen de renseignement d’origine électromagnétique
Trois FREMM rachetées par une société de projet dès 2015
4) Les forces armées - Air - Marine - Terre - Gendarmerie : Programme Scorpion : lancement de la rénovation du char Leclerc
Visite du CEMAT à la BCSID
Mission Jeanne d’Arc 2015 : les officiers élèves embarquent sur sous-marin nucléaire d’attaque
Interview : les CEMAA français et britannique détaillent leur étroite coopération
5) Zones de conflits : Somalie : attaque des shebabs contre le gouvernement local à Baïdao
Irak : offensive gouvernementale à Tikrit sous coordination iranienne
Rebelles, armée, EI: les acteurs d’un conflit syrien qui s’éternise
Quatre ans de conflit : comment la Syrie a été plongée dans l’obscurité
6) Renseignements et menaces : « Collatéral Freedom » : la nouvelle stratégie de RSF pour contourner la
censure sur Internet
La paix au Mali en balance à Kidal
Les Vénézuéliens partagés sur les pouvoirs spéciaux de Maduro
Les Etats-Unis et l’alternative Frères musulmans
7) Sécurité intérieure : Police : la fronde des commissaires contre un pistonné de leur dernière
promotion
8) Énergie environnement climat : Les océans abritent quelque 1500 créatures nouvellement identifiées
Astronomie : les tentatives pour renouer contact avec Philae ont commencé
A Sivens, les Zadistes préparent « l’après expulsion »
9) Géopolitique de la culture : Ce que l’on sait de la vidéo de l’EI mettant en scène un enfant bourreau
Education : le collège enchanté de Najat
10) Géopolitique de l’information : Apple : panne mondiale sur les stores et iTunes
Espionnage : les éditeurs de sécurité font-ils de la politique ?
Vitam : l’Etat mutualise (enfin) son système d’archives
Un milliard d’adresses mail volées : deux personnes arrêtées
Streaming et liens illégaux : le plan du gouvernement contre le piratage entre en action
11) Jour après Jour : le 12 mars
12) Revue de presse internationale en langue étrangère :
Russia ready to Hold Talks on New Arms Agreement
Kerry Calls for Us War Powers to Fight IS
US Air Force eyes 2018 to launch new GPS satellite competition
Obama’s New Drone Export Rules Won’t Sell More Drones
Sources : US Drone Strike Targets Somali Militant Commander
Airbus Defence and Space to build CEREZ signal intelligence satellites for French Defence
13) Liste d’articles non retenus mais pouvant être consultés sur demande.
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1/ ENJEUX DE LA DEFENSE - DOCTRINE - CONCEPTS – MISSIONS
THEME 1 - 1 : Sociétés de projet du ministère de la défense : la commission des affaires étrangères de la défense et des forces armées contrôle à Bercy la mise en œuvre. Source, journal ou site Internet : Senat presse
Date 12 mars 2015
Auteurs : Adressé par Jean-Claude Tourneur
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a procédé,
jeudi 12 mars 2015, à un contrôle « sur pièces et sur place », dans les locaux des ministères
des finances et de l’économie, à Bercy, sur l’organisation tendant à mettre en place les
sociétés de projet prévues dans la loi "Macron" pour le ministère de la défense. Ce contrôle
était conduit par Jean-Pierre Raffarin (UMP - Vienne), président de la commission, Jacques
Gautier (UMP - Hauts-de-Seine) et Daniel Reiner (Soc - Meurthe-et-Moselle), rapporteurs
pour avis des crédits du programme 146 « Équipement des forces » de la mission « Défense ».
Les sénateurs ont échangé avec Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics.
Les sociétés de projet (special purpose vehicle, SPV) doivent permettre de mobiliser 2,2
milliards d’euros de ressources financières pour compenser le manque de recettes
exceptionnelles (« REX ») devant initialement provenir de la cession, au bénéfice du
ministère de la défense, de fréquences hertziennes en 2015. Cette cession ne pourrait être
réalisée avant, au mieux, l’année 2016. Le dispositif des SPV prévoit un transfert de propriété,
puis la location à l’État, de frégates multi-missions (FREMM) et d’avions A400 M. Ce
dispositif, afin de répondre aux besoins du budget de la défense, notamment le financement
des programmes d’équipement militaire, doit être opérationnel à l’été. Or, selon M. Jean-
Pierre Raffarin, « La mise sur pied en temps utile, par Bercy, des sociétés de projet est un
motif d’inquiétude pour nos armées, et un sujet de préoccupation pour la commission des
affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. « Le ministre des finances et
des comptes publics nous a assuré que les travaux préparatoires étaient conduits pour le
respect des engagements pris. « Après analyse des documents qui nous ont été remis, nous
alerterons, s’il le faut, le Président de la République, afin de faire appliquer son arbitrage
d’une sanctuarisation des crédits de la défense à 31,4 milliards d’euros. »
THEME 1 - 2 : Le mirage de l’armée européenne Source, journal ou site Internet : ultima ratio
Date : 11 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-Noël Ferret
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a appelé
de ses vœux la création d’une armée de l’Union européenne dans un entretien avec Die Welt.
Quatre motifs sous-tendent sa position :
1. Cela aiderait à la création d’une véritable politique de sécurité et de défense commune et
reflèterait les responsabilités que l’Europe souhaite incarner sur la scène internationale
2. Cela permettrait à l’Europe de réagir à des menaces pesant sur un Etat-membre ou sur un
pays voisin
3. Une armée commune aurait valeur de dissuasion aux yeux de tous, à commencer par la
Russie
4. Une armée européenne permettrait de faire d’importantes économies
Depuis cet entretien, un buzz s’est emparé de la sphère médiatique. Avant d’aller plus loin,
rappelons que les vues de Jean-Claude Juncker sont bien connues sur le sujet et qu’il s’était
déjà prononcé dans ce sens lors de la campagne des élections européennes l’an dernier. En
apparence, ces quatre motifs semblent recevables. En réalité, ils sont caducs et, dans le
contexte actuel, quasi contreproductifs.
Problème n°1 : il n’y a absolument aucune volonté politique d’aller dans ce sens. Evoquons
des truismes : la France et le Royaume-Uni n’en veulent pas – au-delà de la question
essentielle de la dissuasion nucléaire. Et même les pays qui, comme l’Allemagne, prétendent
être favorables renâcleraient autant à s’engager. Cela suffit déjà à achever l’idée. Il n’est
même pas certain que de plus petits pays soient enthousiastes. Il y aurait certes des difficultés
politiques et bureaucratiques à la mise en œuvre d’une armée européenne, mais le problème
est plus profond : l’armée reste l’une des incarnations de la nation, d’autant plus que l’armée
sert avant tout à défendre le territoire de cette nation, or il n’existe pas de « nation européenne
» – un projet qui restera encore longtemps une illusion.
Problème n°2 : d’aucuns pensaient que la crise économique allait inciter à une coopération
européenne renforcée en matière de sécurité et défense. Force est de constater que ce n’est pas
le cas. La coopération a progressé, mais principalement au niveau du bi- et minilatéralisme
(voir le nouveau numéro de Politique étrangère sur le sujet). Rappelons simplement que la
coopération structurée permanente a jusqu’à présent été soigneusement évitée par tous les
Etats intéressés par une coopération approfondie avec un ou plusieurs pays. Les Etats
européens perçoivent ces formats comme plus rapidement efficaces et performants que les
mécanismes institutionnels traditionnels plus lourds et plus intrusifs. C’est une réalité qu’il ne
faut ni ignorer ni rejeter – ce serait contre-productif. Les outils de défense européens sont en
crise profonde et le recours aux institutions multilatérales n’est pas une priorité. Prenons-en
acte, changeons de paradigme et travaillons à développer ces formats alternatifs.
Problème n°3 : la création d’une armée européenne s’accompagnerait d’une structure de
commandement, d’une chaîne de décision, d’une gestion des ressources humaines et du
budget… Aucune des structures actuelles n’est adaptée. Il semble quelque peu outrecuidant de
penser que l’actuel état-major de l’UE puisse servir d’embryon à toute cette structure de
commandement non pas parce qu’il n’est pas compétent, mais simplement parce que le saut
qualitatif et quantitatif requis serait beaucoup trop grand. De même, l’Agence européenne de
défense n’a jamais été prévue comme la version européenne de la DGA… Tout ce
chamboulement ne pourrait au mieux se faire que sur plusieurs années. Et surtout, qui
donnerait les ordres : la Commission, le SEAE, le Conseil – avec quel rôle pour le Parlement
européen ? Poser la question montre déjà les limites de l’exercice. Sans oublier que la création
d’une armée européenne engendrerait le démantèlement de toutes les structures nationales
avec toutes les conséquences politiques, économiques et sociales que l’on peut imaginer.
Problème n°4 : l’idée qu’une armée européenne pourrait mieux défendre un Etat-membre
menacé ou un voisin de l’UE occulte la réalité. Tout d’abord, l’OTAN reste la garantie de
sécurité privilégiée par tous les Etats qui en font partie. C’est l’article 42.7 du traité de
Lisbonne qui le dit. Certes, certains Etats membres ne font pas partie de l’OTAN, mais le fait
est que cet article n’ayant jamais été opérationnalisé, il n’a de toute manière qu’une valeur
symbolique. Ensuite, une armée européenne se heurterait aux mêmes difficultés que celles
rencontrées actuellement : l’analyse de la menace n’est pas partagée, pas plus que la réponse à
y apporter. Il n’y a aucune raison de penser qu’une armée commune inverserait cette tendance
structurelle ; en revanche, il y a tout lieu de penser que l’on aboutirait à un blocage politique
persistant. On imagine difficilement que les Etats membres abandonnent toute forme de
souveraineté de défense, ainsi que le principe d’unanimité, pilier du processus de décision en
la matière.
Problème n°4 bis : Jean-Claude Juncker adopte une posture fonctionnaliste typique de
l’intégration européenne. Plutôt que d’envisager une convergence incrémentale vers une
politique de défense commune, comme prévue dans les traités, il semble donner l’impression
que la création d’une armée européenne créera le besoin d’une politique de sécurité et de
défense commune. Un sophisme qui a peut-être pu s’appliquer dans d’autres domaines, mais
qui ne marchera pas pour la défense.
Problème n°5 : l’idée qu’une armée européenne génèrerait d’importantes économies se fonde
sur des principes théoriques. Le postulat de base est qu’une armée commune pourrait éviter
les duplications d’équipements et de capacités. On part également du principe, tout à fait
discutable et hautement sensible, qu’il faudrait réduire le format : il y aurait donc moins de
militaires, moins de besoins en entraînements, en équipements… On pourrait mutualiser
(entendez, fermer) de nombreuses infrastructures, à commencer par les académies militaires,
les structures de maintenance ou encore les centres d’entraînement. Au-delà de longues
chamailleries sur la localisation de ces différentes infrastructures, il faut tout de même prendre
en compte certains facteurs très coûteux, tels que la défense de tout le territoire européen sur
terre, sur mer et dans les airs 24h/24 et 7j/7. Sauf à penser qu’une armée européenne serait
strictement territoriale, elle serait a priori engagée en opérations extérieures : on ne peut donc
pas trop diminuer le format et il faudrait largement renforcer l’éventail capacitaire comme les
moyens logistiques permettant les rotations, et très probablement aussi augmenter le niveau de
préparation moyen de beaucoup de militaires. Autant d’éléments très coûteux – à moins que
l’on tire les ambitions vers le bas… Le seul gain tangible concernerait a priori l’acquisition –
notamment parce qu’il y aurait une centrale d’achat unique –, la maintenance et la R&D. Sur
cette dernière, toutefois, ce ne sont pas des économies qu’il faudrait, mais bien au contraire
une augmentation substantielle du budget, tant il est faible aujourd’hui et problématique pour
l’avenir.
Conclusion : l’idée qu’une armée européenne assurerait une meilleure dissuasion que les
outils actuels, par exemple face à la Russie, ne repose sur rien de solide. L’article 5 du traité
de l’Atlantique Nord reste probablement la meilleure dissuasion qui existe, implication
américaine oblige, tandis qu’une improbable armée européenne serait très probablement
moins déployable et moins aguerrie que les meilleures armées nationales. Aucun fondement
politique donc, et peu de réalité opérationnelle pour une « idée » qui semble pour certains
d’abord obéir à une pseudo-logique comptable, pour d’autres à une logique fonctionnaliste
imperturbable…
2/ RELATIONS INTERNATIONALES - EUROPE DE LA DEFENSE - OTAN :
THEME 2 - 1 : Bilan de la défense norvégienne et de ses capacités Source, journal ou site Internet : TTU Online
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-François Mazaleyrat
Entretien avec Hakon Lunde Saxi, chercheur au Centre pour la sécurité norvégienne et
européenne (unité de l’Institut norvégien des études de défense).
– Comment la Norvège réagit-elle au réarmement russe et à la politique du président Poutine
?
Les gens prennent la question de la sécurité nationale très au sérieux, l’état d’esprit a
beaucoup changé si on le compare à celui d’avant l’annexion de la Crimée. Depuis, la
ministre de la Défense, Ine Marie Eriksen Søreide, a demandé au CEMA son avis sur un plan
de défense à long terme en lui donnant carte blanche ou presque, notamment sur la hausse du
budget consacré à ce domaine. Pour la ministre, il n’est plus question d’un retour au statu quo
ante : Moscou n’est plus un partenaire. Il existe un consensus assez large sur le sujet en
Norvège. La Russie n’est pas pour autant considérée comme une menace militaire directe
pour notre pays. Et le dialogue n’a pas été complètement rompu. Nous avons gardé des lignes
ouvertes avec l’armée russe dans la région de Mourmansk (limitrophe de la Norvège, au-delà
du Cercle arctique). La coopération transfrontalière est maintenue par le biais du Conseil de la
mer de Barents. Rappelons qu’historiquement, les deux pays ont entretenu de bonnes
relations. Néanmoins, le budget norvégien de la défense augmentera d’environ 3,4% cette
année par rapport à 2014. La Première ministre, la conservatrice Erna Solberg, a tout de
même indiqué que, durant son mandat (jusqu’à l’automne 2017), la part allouée à la Défense
dans le budget national n’atteindrait pas l’objectif des 2% du PIB (prévu par l’Otan). Pour
l’instant, il est de 1,6%.
– Quel est l’état des forces armées norvégiennes et qu’en est-il de leur participation à des
opérations à l’étranger ?
Elles ont participé à la gestion de multiples crises à l’étranger avec, depuis 2001, un accent
mis sur l’Afghanistan. Dans l’ensemble, le consensus sur leur utilisation dans ce type
d’opération est étonnamment large. Les Norvégiens en sont assez fiers. Nos forces armées
n’en restent pas moins assez réduites. Le pays ne peut pas envoyer plus d’un bataillon
complet en opération à l’étranger. Et celui-ci ne peut pas être relevé régulièrement, ce serait
un trop gros fardeau pour la Défense. Dans l’ensemble, ces forces jouissent d’une excellente
réputation, même si elles occupent plutôt des niches. En Libye, par exemple, les F-16
norvégiens ont lâché quelque 560 bombes en atteignant leurs cibles. Les deux unités des
forces spéciales (armée de terre et marine) travaillent bien ensemble et leurs contributions en
Afghanistan ont été très appréciées par les Américains. C’est désormais le bataillon Telemark
qui a été placé en attente d’une participation, cette année, à la nouvelle Force opérationnelle
interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF), en compagnie de troupes allemandes et
néerlandaises. Depuis le retrait de l’ISAF d’Afghanistan, la pression sur les forces
norvégiennes est moindre. Nous avons plus de capacités en stand-by pour ce genre
d’opérations hors de nos frontières. Mais si elles devaient participer à d’importantes
opérations appelées à durer dans le temps, cela pourrait devenir problématique, étant donné
nos propres besoins territoriaux. Nous avons ainsi vu que, contrairement au Danemark, la
Norvège a décidé de ne pas participer aux opérations contre l’Etat islamique en Irak. Elle ne
pensait pas pouvoir le faire tout en maintenant un degré de disponibilité suffisante sur son
territoire. Nos F-16 sont vieillissants, ils ont davantage besoin d’être entretenus qu’avant. De
plus, ils sont indispensables pour affirmer la souveraineté du pays face aux activités russes
dans notre voisinage immédiat. Sur les 60 appareils disponibles, environ 48 sont censés être
opérationnels.
– La défense norvégienne a lourdement investi ces dernières années, pouvez-vous détailler ?
Environ 20% du budget de la Défense va à l’achat de nouveaux équipements. Ces dernières
années, Oslo a commandé en Suède un lot supplémentaire de véhicules de combat d’infanterie
CV 90. Cinq frégates Nansen ont été livrées par un chantier espagnol et sont désormais
opérationnelles, même si elles ne sont pas encore toutes entièrement équipées et que les
hélicoptères prévus font encore défaut. Maintenir des équipages et faire tourner ces navires
coûte très cher. Je dirais que le nombre de frégates vraiment opérationnelles est plus proche
de deux que de cinq. Pour peu qu’une d’entre elles soit envoyée en mission au large des côtes
africaines, comme cela a déjà été le cas, il n’en reste qu’une seule pour surveiller les eaux
norvégiennes. Mais cela ira en s’améliorant.
– Quel sera l’impact de la chute des cours du pétrole sur la défense norvégienne ?
Je ne m’attends pas à d’importantes coupes dans le budget de la Défense, au moins à court
terme. Seulement 10% environ du budget total de la Norvège provient du pétrole. Et le pays
peut toujours compter sur son immense fonds souverain. Mais le coût d’investissements
militaires à venir pourrait représenter un défi dans un futur moins proche. La Norvège s’est
lancée dans un programme d’achat de 52 avions F-35 JSF pour un montant équivalant à un
budget et demi annuel consacré à la Défense, soit environ 2% du PIB. De plus, elle a prévu de
se doter de cinq à six nouveaux sous-marins pour un total de 20 milliards de couronnes au
minimum (2,3 milliards d’euros).
– Y a-t-il une volonté en Norvège de participer à la défense européenne ou aux coopérations
avec des pays européens ?
Bien que le pays ne soit pas membre de l’Union européenne, il prend davantage part à la
coopération sur la sécurité et la défense que certains Etats membres. La Norvège participe
activement aux travaux de l’Agence européenne de défense. Elle est impliquée dans le Nordic
Battle Group (NBG) de la Force de réaction rapide de l’UE. Cela dit, l’Union ne figure pas en
haut de l’agenda norvégien dans le domaine de la défense, parce que rien de solide n’émerge
vraiment de ce côté-là. Pour la Norvège, l’Otan reste l’élément décisif et il est très important
pour elle de s’assurer que l’article 5 du traité de l’Alliance est bien pris au sérieux par tous ses
membres. D’où «l’initiative du voisinage proche» lancée en 2008 par Oslo. On estimait alors
que l’Otan ne se concentrait pas assez sur le territoire de ses membres. Nous étions un peu en
avance sur notre temps…
– Quelle est la stratégie du pays en Arctique ?
La Norvège s’est appliquée depuis 2005 à y être très présente pour éviter que cette zone ne
soit perçue comme un immense espace vide et disponible. La Russie a beaucoup renforcé son
dispositif militaire dans la région, bien que la situation n’ait pas changé de manière
significative depuis 2007. La légalité internationale des frontières n’est pas vraiment
contestée, comme nous l’avons montré dans un rapport que nous venons d’achever,
Geopolitics of the High North. Mais il faut maintenant s’assurer que la crise entre l’Ukraine et
la Russie n’ait pas de conséquences jusqu’en Arctique. Le degré de confiance réciproque est
faible et de plus en plus d’avions de chasse et bombardiers survolent la région.
THEME 2 - 2 : Frontières africaines 1964-2014 – le défi de l’intangibilité Source, journal ou site Internet : Diploweb
Date : 12 mars 2015
Auteur : Ladj Ouatera*
Adressé par Jean-François Mazaleyrat
*Doctorant contractuel - Institut d’Etudes Européennes de l’Université Catholique de Louvain
( Belgique)
Géopolitique de l’Afrique. Au moment des indépendances africaines, il a été décidé de ne pas
changer les frontières, pourtant héritées de la colonisation. Cinquante ans après, quel bilan
peut-on faire de l’intangibilité des frontières africaines ? Voici une réponse claire, précise et
stimulante. Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le Diploweb.com publie cette étude
inédite d’un conférencier du Festival de Géopolitique de Grenoble : "A quoi servent les
frontières ?" 12-15 mars 2015.
AU début du XXème siècle, la plupart des frontières de l’Afrique sont établies, annonçant la
configuration des Etats à venir. Ces frontières tracées au gré des puissances coloniales, dans
un contexte de rivalité entre celles-ci, ont dans bien des cas, fait fi des réalités ethniques,
linguistiques, religieuses et politiques des peuples africains. La négligence et la
méconnaissance du substrat géographique et des divisions socio-politiques traditionnelles
engendrèrent une série de difficultés que les commissaires d’abornement furent les premiers à
relever. Ils tenaient compte parfois des limites naturelles infranchissables, mais pouvaient
aussi bien tracer des lignes droites sur l’inconnu et les appeler frontières. Ces propos de Lord
Salisbury, lui-même un des grands « partageurs du gâteau » africain se passent de
commentaire : « Nous avons entrepris de tracer sur les cartes des régions où l’homme blanc
n’avait jamais mis le pied. Nous nous sommes distribués des montagnes, des rivières et des
lacs, à peine gênés par cette petite difficulté que nous ne savions jamais exactement où se
trouvaient ces montagnes, ces rivières, ou ces lacs » [1]. Les frontières ainsi tracées ont divisé
des groupes consanguins, les éloignant de leurs territoires de rituels, de culture, de chasse et
de pêche [2]. Plus de 177 peuples ou groupes ethniques se sont trouvés éparpillés à travers
plusieurs Etats [3]. Les nouvelles frontières établies renferment des communautés peu
homogènes, voire antagonistes, chargées souvent de multiples forces explosives [4]. Les
frontières coloniales, nouvelles données géopolitiques, constituent un marqueur rigide de
l’espace politique et social africain. C’est désormais par rapport à des espaces délimités par
des « frontières lignes » que s’exerce le pouvoir. Au moment des indépendances, les
nouveaux Etats africains étaient confrontés aux conflits de contestations de frontières. Le
nombre de différends frontaliers était impressionnant, Robert Waters en compta trente-
deux [5]. Conscients donc de la fragilité de leurs pays respectifs délimités par des frontières
artificielles et du danger que constituait le maintien d’une telle situation, certains dirigeants
africains se sont évertués à appeler à la remise en cause du tracé territorial colonial. Ces
partisans de la révision des frontières estiment qu’il parait logique que l’Afrique post-
coloniale entreprenne de revenir sur les erreurs des découpages coloniaux. Car les assises
territoriales des Etats africains, nées des arrangements coloniaux, ne tenaient pas
suffisamment compte des spécificités propres qui devaient être essentielles à la cohésion
sociale et au renforcement de l’unité en leur sein. Pour dénoncer ce partage préjudiciable à la
viabilité durable des Etats, les dirigeants africains, favorables à la remise en cause des
frontières, réunis au sein du « Groupe de Casablanca » voulaient une refonte des frontières
africaines en 1963. D’autres dirigeants, à l’inverse, souhaitaient le maintien du tracé hérité de
la colonisation. Pour ce second groupe de dirigeants, appelé « Groupe de Monrovia », le statu
quo territorial avait comme objectif la stabilité des frontières coloniales, permettant de
sécuriser les confins des Etats africains nouvellement indépendants. Ceci pour consolider les
nations et, à terme, réussir à les transformer en Etats-nations. Il paraissait donc sage et prudent
de maintenir le legs territorial colonial, condition sine qua non d’une paix entre les Etats et en
leur sein et de possibilités de développement réel. Voilà grosso modo l’essentiel de
l’argument des tenants du statu quo territorial. Ainsi, durant les premières années des
indépendances africaines, une des préoccupations majeures des pères fondateurs fut la
question de la configuration à donner aux frontières léguées par la colonisation. Elle se posait
en ces termes : fallait-il remettre en cause le tracé colonial et ouvrir la voie à des incertitudes
et à l’instabilité ou l’accepter et permettre ainsi l’instauration d’un climat de sérénité et de
paix dans les rapports interétatiques ? C’est dans ce contexte de forte controverse au sujet des
frontières des Etats africains, que la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements de
l’Organisation de l’unité africaine (OUA) réunie au Caire, opta en faveur du « principe de
l’intangibilité » des frontières en Afrique, le 21 juillet 1964. Ce principe « déclare
solennellement que tous les Etats membres s’engagent à respecter les frontières existant au
moment où ils ont accédé à l’indépendance ». Il consiste en une interdiction faite aux Etats
membres d’exprimer toute revendication territoriale et de vouloir procéder à une modification
du tracé colonial au détriment d’un Etat tiers. Pour les dirigeants africains, cet impératif
concerne d’une part, toute revendication territoriale venant d’un autre Etat, et, d’autre part,
tout mouvement sécessionniste venant de l’intérieur de nature à mettre en cause les frontières
issues des indépendances [6]. L’enjeu étant d’empêcher les conflits dus aux remises en cause
de frontières et de stabiliser les édifices étatiques hérités de la colonisation. Cinquante ans
après l’intangibilité des frontières africaines, quel bilan peut-on établir ? Le « principe de
l’intangibilité » visait à régler les problèmes de frontières en Afrique, mais qu’est-ce qui
explique que ceux-ci constituent une source persistante de conflits et comment parvenir à les
surmonter ? Pour répondre à ces questions, il convient d’abord de faire l’état des lieux des
conflits de frontières en Afrique, ensuite d’analyser les défis liés à l’intangibilité des
frontières, et enfin de dégager des perspectives pour les surmonter.
I. Des conflits de frontières en Afrique
Après un demi-siècle de pratique de statu quo territorial et d’exercice de pouvoir au sein du
cadre étatique dit national, il est permis d’avancer que le bilan de la mission de stabilisation
socio-politique et de consolidation des assises territoriales reposant sur le « principe de
l’intangibilité » des frontières reste mitigé. En témoignent la persistance et la résurgence des
conflits de frontières entre les Etats voisins d’une part et les velléités séparatistes et
sécessionnistes exprimées avec insistance par plus d’un peuple dans toutes les régions du
continent africain d’autre part.
Différends de frontières entre les Etats africains
Au sortir des indépendances, le choix du maintien des frontières héritées de l’époque
coloniale visait à résoudre et à éviter les conflits de frontières entre les Etats africains.
Cependant, ce résultat n’a pu être atteint de manière satisfaisante. Plusieurs Etats africains se
sont livrés à des conflits de frontières, faisant de celles-ci des lignes de front entre les Etats.
Le Maghreb, la bande sahélo-soudanaise et la Corne de l’Afrique constituent les foyers de
contestation de frontières les plus remarqués [7]. Dans le Maghreb, un an après son
indépendance en 1963, l’Algérie est entrée en guerre (la guerre des sables) avec le Maroc
pour un litige sur le tracé de la frontière dans la région de Figuig, au Nord-Est de Tindouf.
Après les échecs successifs d’Habib Bourguiba, Hailé Sélassié et Nasser, ce litige fut le
premier cas de médiation porté devant les instances de l’OUA. La médiation de l’OUA
favorise un cessez-le-feu, laissant la frontière inchangée [8]. En 1976, l’armée marocaine s’est
heurtée de nouveau à l’armée algérienne via de violents combats à l’Est de Tindouf, à propos
cette fois du Sahara occidental. Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été
abandonné au profit du Maroc, de la Mauritanie et de l’Algérie par le colonisateur au moment
de son retrait, sans tenir compte de l’avis des populations sahraouies qui y vivent. En mai
1973, cette situation conduit à la constitution d’un mouvement armé anticolonialiste (le Front
Polisario) pour revendiquer la création d’un Etat sahraoui indépendant dans les frontières de
l’ancien Sahara occidental. En vertu d’un accord de paix signé avec le Front Polisario en août
1979, la Mauritanie se retire du Sud du Sahara occidental et l’armée marocaine se déploie
aussitôt sur la totalité du territoire. Nonobstant l’occupation marocaine, la République arabe
sahraouie démocratique (RASD) est admise à l’OUA en 1982, dont le Maroc se retire deux
ans plus tard. Depuis lors, cette question représente une source de discorde majeure entre les
Etats africains. Les Etats proches du Maroc comme la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Sénégal ou
le Mali… soutiennent l’exclusion de la RASD de l’Union africaine (UA). Ils souhaitent faire
basculer le Nigeria de leur côté afin de contrebalancer le poids des autres géants du continent,
soutien de la RASD tels que l’Algérie, l’Afrique du Sud ou l’Angola [9]. Au niveau sous
régional, depuis le début de ces différents épisodes, les relations algéro-marocaines restent
tendues, ce qui paralyse l’Union du Maghreb arabe, proclamée en 1989 [10]. En outre, cette
situation contribue à renforcer l’insécurité dans le grand désert et demeure un outil de
déstabilisation, du fait des connexions établies entre les Sahraouis du Front Polisario, les
mouvements rebelles touaregs et les éléments de l’AQMI. L’enjeu actuel consiste à voir la
question résolue le plus tôt possible pour une bonne coordination de la lutte anti-terroriste afin
d’instaurer un climat de sécurité dans la région. Mais, les deux Etats voisins continuent de
nourrir le projet de dominer la région en s’affaiblissant mutuellement, pourtant aucun des
deux protagonistes n’est en mesure d’imposer sa solution. En guise de règlement définitif, un
référendum sur l’autodétermination de ses habitants est envisagé depuis 1988, mais toujours
en suspens sans une réelle perspective de paix. Si l’autonomie du Sahara occidental semble
constituer la sortie la plus probable, elle confronterait, en revanche, le Maroc à une révision
constitutionnelle et affecterait profondément son institution monarchique [11]. En outre, la
zone du Sahara est confrontée à l’épineuse question touarègue. Les peuples touaregs sont
constitués de populations berbères nomades, organisées en tribus. Ils sont répartis entre cinq
États (le Niger où ils sont environ 800 000, le Mali, à plus de 500 000, l’Algérie environ 30
000, la Libye 10 000 et le Burkina Faso où ils sont estimés à plus de 150 000) où ils
représentent des minorités homogènes [12]. Les indépendances africaines scellent ce qui est
vécu par les Touaregs comme le démembrement de leur corps politique et social [13]. Ils ont
depuis toujours revendiqué leur autonomie. Leurs rapports avec le pouvoir central des
différents Etats demeurent aussi conflictuels qu’ils l’avaient été auparavant avec le pouvoir
colonial. Depuis la première rébellion touarègue (récolte de Koacen en 1916) à celle du Mali
en 2012 qui perdure encore, les conflits touaregs ont ressuscité des homogénéités et des
convivialités culturelles très fortes et profondément entamé la stabilité sociale et politique
dans la bande saharo-sahélienne. Ce problème resté en suspens depuis un siècle se signale,
encore aujourd’hui, au bon souvenir des méthodes répressives de l’ancienne puissance
coloniale et des Etats africains concernés qui refusent de voir la réalité en face et de
comprendre que la violence a suffisamment montré ses limites dans la quête d’un règlement
durable de la question touarègue [14]. Parmi les conflits frontaliers qui ont ébranlé la stabilité
des fragiles édifices étatiques dans la bande saharo-sahélienne, figure le différend frontalier
qui a opposé la Libye et le Tchad à propos de la Bande d’Aouzou, dans la région
septentrionale du Tchad. Revendiquée et occupée par la Libye à partir de 1973, elle est rendue
au Tchad en 1994 [15]. En Afrique occidentale, la Haute Volta (Burkina Faso actuel depuis
1984) et le Mali se sont livrés à des affrontements armés lors de deux conflits en 1974 et en
1985, dont la cause revêt une dimension territoriale liée à la revendication de la zone
frontalière de l’Agacher [16]. De plus, le Burkina Faso se dispute avec le Bénin pour le
contrôle de la zone frontalière de Kourou-Koalou. Cette zone est au centre d’une
revendication territoriale entre les deux Etats. La non-détermination de son statut territorial a
mené à des tensions répétées. Ils ont donc accepté de soumettre ce dif¬férend frontalier à la
Cour internationale de Justice (CIJ) pour obtenir une décision contraignante. Dans l’attente du
verdict de la Cour, les deux États ont développé une stratégie de neutralisation (temporaire) et
d’administration mixte de la zone [17]. Au niveau de sa frontière orientale, un autre différend
oppose le Burkina Faso au Niger. Ce contentieux est lié à une divergence d’interprétation de
l’amendement apporté à l’arrêté colonial de 1927 sur le tracé frontalier entre les deux
territoires. Le 27 juin 2010, ils ont accepté de soumettre le contentieux à la CIJ [18]. Par
ailleurs, la frontière entre le Burkina Faso et le Ghana était en proie à des tensions. Le Ghana
revendiquait des territoires frontaliers du Burkina Faso, entrainant dès 1963 la fermeture des
frontières par le Ghana. Cependant, lorsque le conflit est porté devant l’OUA en juillet 1964,
il a dégénéré. Des Ghanéens se sont installés dans le village de Katunga, dans le cercle de
Tenkodogo au Burkina Faso. Le 13 juin 1965, un accord a été réalisé à la suite de concessions
faites par le Ghana [19]. Outre le Burkina Faso, le Ghana de Kwamé N’krumah entretenait
des différends territoriaux avec les autres Etats voisins. Il convient à cet effet, de rappeler la
vivacité et le particularisme du différend entre le Ghana et le Togo, qui a porté sur le sort des
populations Ewé qu’une ligne frontalière sépare en deux, entre le Ghana où ils étaient 700 000
habitants et le Togo où il en était resté 400 000. De 1959 à 1966, le président ghanéen,
Kwamé N’krumah a même fait pression sur le Togo pour « s’intégrer au Ghana » [20]. Ce
différend a parfois atteint un tel point que Monique Chemillier-Gendreau n’a pas hésité à
affirmer que : « la délimitation des frontières entre le Togo et le Ghana soulève un problème
ethnique parmi les plus importants que posent les frontières africaines de par leur origine
coloniale » [21]. N’krumah soutenait également le détachement du peuple Sanwi de la Côte
d’Ivoire au profit du Ghana [22]. De décembre 1963 à mars 1964, un conflit portant sur un
îlot du fleuve Niger, qui constitue une frontière naturelle, a opposé le Niger au Dahomey
(Benin actuel depuis 1975) et a abouti à l’expulsion de quelques 25 000 ressortissants
dahoméens dont plusieurs centaines de fonctionnaires [23]. A ce tableau, il faut ajouter le
conflit sénégalo-mauritanien qui a entrainé, fait exceptionnel, le rapatriement systématique
des populations respectives d’un pays à l’autre, créant de ce fait le problème du rapport entre
Maures d’une part, et populations d’origine Wolof, Peul et Soninké d’autre part. Désormais, le
fleuve Sénégal devient une barrière entre le Sénégal et la Mauritanie qui ferment la traversée
du fleuve à la suite du conflit entre les deux pays en 1988. Ce conflit fixe le fleuve comme
une frontière et une ligne de démarcation ethnique entre les Maures et les autres populations
noires qui sont refoulées au Sénégal [24]. Ainsi, les conflits frontaliers entre les Etats
prennent une dimension politique. Ils riment avec la fermeture et l’ouverture des frontières et
l’expulsion des ressortissants des Etats voisins, sans tenir compte des intérêts des populations
qui continuent à se déplacer en fonction des connexions socio-culturelles et de leurs besoins
économiques. A la lisière de l’Afrique occidentale et centrale, le Nigeria et le Cameroun ont
été opposés par un conflit frontalier à propos de la péninsule de Bakassi à partir de février
1994. Après une tentative de médiation du président togolais Eyadéma au début de mars de
cette année, l’affaire est portée devant la CIJ de La Haye qui rend un jugement le 10 octobre
2002, attribuant la souveraineté du territoire au Cameroun. En Afrique Centrale, les relations
entre la Guinée Equatoriale et le Gabon sont brouillées par un différend frontalier portant sur
la souveraineté des îlots de Conga, Cocotier et de Mbanié, que le Gabon occupe depuis 1972
et dont l’origine remonte à la période coloniale [25]. Face à l’impasse de la médiation de
l’ONU, la décision de transférer le dossier à la CIJ a été prise par le délégué du secrétaire
général de l’ONU en charge de celui-ci. Tout comme dans les affaires du Sahara occidental,
des îlots de Mbanié, de Conga et Cocotier, du Bakassi, de l’Agacher…, la CIJ est aussi
intervenue dans l’arbitrage du contentieux frontalier de 1989 entre le Sénégal et la Guinée
Bissau. Depuis quarante ans, 57% des cas de contentieux territoriaux portés devant la CIJ
dans le monde entier concernent l’Afrique [26]. Ces faits appellent des observations
évidentes. D’abord, depuis les indépendances, l’Afrique est le continent le plus affecté par les
différends de frontières. Mais aussi, ils mettent en cause l’efficacité des politiques de gestion
des problèmes de frontières auxquels sont confrontés les Etats africains, et, surtout, la capacité
de l’OUA/UA en tant qu’organisation continentale à les résoudre de manière satisfaisante. Les
différends de frontières n’ont pas non plus épargné l’Afrique orientale et australe. Ainsi, un
conflit frontalier lacustre a-t-il opposé la Tanzanie et le Malawi au sujet du lac Nyassa de
1964 à 1968 [27]. Outre ce conflit, la Tanzanie était aux prises avec l’Ouganda entre 1978-
1979 au sujet de la zone connue sous le nom de Kagéra [28]. Dans cette partie du continent,
deux conflits d’une portée particulièrement grave sont survenus entre la Somalie et l’Ethiopie
sur les zones de Haud et d’Ogaden conclu provisoirement par les armes entre 1961 et
1964 [29], puis entre 1977-1978 d’une part, entre la Somalie [30] et le Kenya d’autre part à
propos de toute la région frontalière du Nord connue sous le nom de Northern Frontier
District (N.F.D.) habitée par des populations Somalis au Kenya [31]. Enfin, la résurgence
d’un vieux conflit territorial sur quelques centaines de mètres au bord du détroit de Bab Al-
Mandeb, lié à une divergence d’interprétation de l’accord franco-italien de 1901, a dégénéré
en mini-conflit armé entre l’Erythrée et le Djibouti en mai 2008. Un plan de médiation du
Qatar approuvé par les deux pays le 9 juin 2010 a permis de trouver un accord [32]. Les
différents conflits susmentionnés constituent un aperçu sommaire des conflits frontaliers
interétatiques qui ont émaillé l’histoire post-coloniale de l’Afrique. En plus de ce type de
conflit, plusieurs Etats du continent ont été déstabilisés par des conflits de contestation interne
des frontières, qui ont ressuscité des homogénéités et convivialités ethniques et identitaires
profondes.
Conflits sécessionnistes et scission d’Etats en Afrique
Les conflits sécessionnistes constituent une contestation des frontières étatiques venant de
l’intérieur, tandis que les conflits frontaliers interétatiques représentent une contestation de
frontières venant de l’extérieur. Qu’on soit dans un cas ou dans l’autre, il s’agit d’une menace
contre les frontières déjà établies, et le « principe d’intangibilité » des frontières africaines
déclare solennellement que tous s’engagent à respecter les frontières existant au moment où
ils ont accédé à l’indépendance. Par l’adoption de ce principe, l’OUA/UA s’engage
clairement en faveur de la non-remise en cause des frontières établies au sortir des
indépendances. Cependant, plusieurs conflits sécessionnistes ont donné lieu à des
affrontements intercommunautaires ou des guerres civiles ayant pris des dimensions
régionales dans bon nombre de cas. En Afrique de l’Ouest, plusieurs velléités sécessionnistes
ont ébranlé la stabilité régionale depuis l’adoption du principe de non-remise en cause des
frontières. Il s’agit notamment du mouvement sécessionniste Sanwi qui a marqué la Côte
d’Ivoire. En effet, tirant argument de la signature d’un traité de protectorat avec la France en
1843, une partie de l’élite Sanwi exige la séparation de cette partie du sud-est de la Côte
d’Ivoire en vue de son rattachement au Ghana. Mais cette exigence n’a pu être satisfaite. En
1963, puis en 1969, les récidivistes séparatistes Sanwi ont refait surface pour réclamer cette
fois-ci leur sécession. Ceci provoque une sévère répression à leur égard, faisant plusieurs
morts et la fuite des leaders séparatistes vers le Ghana [33]. Dans la même période, éclate la
guerre du Biafra au Nigéria, avec la sécession du sud-est du Nigéria et la proclamation de la
République du Biafra le 30 mai 1967 par l’ethnie chrétienne minoritaire Ibo. Cette
revendication indépendantiste déclenche une guerre civile meurtrière durant trois ans (1967 à
1970) et fait un à deux millions de morts. Si les deux cas précédents ont pu être maitrisés,
celui du Sénégal demeure plus persistant. En effet, depuis 1982, le Sénégal est confronté à
une rébellion sécessionniste en Casamance [34] où le groupe indépendantiste armé Diola mit
sur pied le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (M.F.D.C.). A la fin des
années 1990, des milliers de personnes ont trouvé la mort et plus de 20 000 Sénégalais ont fui
la région. L’armée sénégalaise est déployée, et les combats persistent jusqu’à la signature
d’un cessez-le-feu en 1993. Depuis lors, plusieurs tentatives de résolution effective ont
échoué et la crise perdure jusqu’à ce jour. En Afrique équatoriale, la République
Démocratique du Congo, l’ex-Zaïre, a été déstabilisée par plusieurs conflits sécessionnistes.
Elle a connu 24 tentatives de sécession entre 1946 et 1998 (Katanga, Haut Congo, Kwilu,
Kasaï, Kivu …) [35]. Indépendante le 30 juin 1960, le premier conflit séparatiste qu’elle
connut fut celui du Katanga. Le pays fut au bord du démembrement car, une douzaine de
jours après l’indépendance, le 11 juillet, la province du Kantaga se proclama unilatéralement
indépendante et prit le nom d’Etat du Katanga. Les irrédentistes katangais entretenaient le
rêve d’un Etat Bakongo couvrant en plus du Katanga en République Démocratique du Congo,
une partie du Congo-Brazzaville et du Cabinda dans la région septentrionale de l’Angola.
Cette guerre fut la cause de plusieurs tentatives de sécession (1960, 1977, 1978) [36]. La
situation fut encore compliquée par une autre sécession au Kasaï où les Luba-Kasaï en butte
aux persécutions des Luluwa exigeaient la création d’un ensemble où ils seraient en sécurité.
Face à l’opposition du gouvernement de Lumumba, le 8 août 1960, Albert Kalondji proclame
alors l’indépendance du Sud-Kasaï et fixe sa capitale à Bakwanga (Mbuji-Mayi depuis 1996).
Après la disparition de Lumumba en janvier 1961, des rébellions lumumbistes éclatent dans
l’Ouest, au Kwilu, au Mani et au Kivu, et cela aboutit même à la création d’une République
populaire du Congo à Stanleyville où sont massacrés indistinctement Africains et
Européens [37]. Depuis son indépendance, les conflits récurrents et les tentatives de sécession
ont fortement contribué à déstabiliser la RDC. L’instabilité qu’elle connait aujourd’hui encore
est particulièrement accrue à l’Est, notamment dans les régions frontalières avec le Burundi,
l’Ouganda et le Rwanda. Le Rwanda a même exprimé ouvertement ses prétentions
annexionnistes sur le Kivu [38]. Selon l’ONU, le Rwanda constituait en 2012 une plaque
tournante du commerce illicite des pierres précieuses congolaises. Par le biais de mouvements
subversifs comme le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) composé de Tutsi
congolais ou Banyamulenges, puis du M23, le Rwanda exerce une mainmise sur cette région
frontalière afin de parvenir à ses fins politiques et économiques [39]. Au contraire des cas
restés lettre morte depuis 1964, deux pays, notamment l’Erythrée et le Sud Soudan ont obtenu
un bon de sortie de la part de la communauté internationale. Dans le premier cas, pendant 40
années de cohabitation difficile et de tensions permanentes, l’Erythrée n’a eu de cesse de
livrer des combats contre l’Éthiopie. Affaiblie au moment de la chute du mur de Berlin,
l’Ethiopie reconnaît le droit de l’Erythrée à organiser un référendum. Ainsi en 1991,
l’Erythrée a pu organiser un référendum d’autodétermination pour avaliser son divorce avec
l’Ethiopie et accéder à l’indépendance en 1993. Dans le second cas, après un demi-siècle de
conflit armé ayant fait plus de deux millions de morts, le Sud Soudan est né à l’issue d’un
référendum d’autodétermination intervenu le 9 juillet 2011. La scission du Soudan consacre
de fait, la partition du plus vaste pays du continent africain (2 505 813 km2, soit 1,7 % de la
surface des terres émergées). Nonobstant la déclaration de son indépendance, le 193ème
membre des Nations Unies et 54ème Etat membre de l’UA n’a pas encore connu la stabilité.
Dans un cas comme dans l’autre, la séparation consentie n’a pas apporté de paix réelle, les
nouvelles frontières établies sont régulièrement en proie à de vives tensions. La paix entre
l’Ethiopie et son ancienne région d’Erythrée est demeurée précaire depuis plus de vingt ans.
Ils avaient mené une guerre pour le contrôle de la zone frontalière de Badme qui a fait une
centaine de milliers de morts de 1998 à 2000. Un accord signé en 2003 prévoyait la
démarcation de leur frontière par une commission indépendante. Mais en septembre 2003, le
tracé de la frontière décidé par ladite commission fut rejeté par l’Ethiopie [40]. Par ailleurs,
après avoir voté à 98% pour la partition du Soudan, les électeurs du Sud pensaient qu’un point
final allait être mis à la guerre. C’était sans compter avec le lourd contentieux territorial et
pétrolier opposant les deux Etats. Au centre du contentieux territorial se trouve la lutte entre
les populations Arabes et Dinka soutenues respectivement par Khartoum et Djouba pour le
contrôle de la région frontalière d’Abyei. Le statut de la région contestée d’Abyei (un territoire
grand comme le Liban), à la frontière entre les deux Etats a été une des principales pierres
d’achoppement et de conflits. Laissées en suspens par l’accord de paix de 2005, qui a mis fin
à des décennies de guerres civiles entre les rebelles du Sud et le gouvernement de Khartoum
et débouché sur l’indépendance du Sud Soudan, les tensions entre les deux pays autour de
cette question ont dégénéré en conflits frontaliers. Le 21 mai 2011, les forces de Khartoum
prirent le contrôle de tout le saillant d’Abyei et poussèrent jusqu’au Badr el-Arab, mettant les
deux pays en situation de pré-guerre. Moins d’un an plus tard, le 10 avril 2012, l’armée
sudiste envahit Heglig, zone produisant 50% de tout le pétrole extrait dans le Nord-Soudan et
qui touche le saillant d’Abyei. Le 20 avril, de violentes représailles armées permirent ensuite
aux forces armées du Nord de reprendre le territoire perdu. Le but stratégique du Sud-Soudan
à travers cette offensive surprise à Heglig, était surtout de détruire les infrastructures
pétrolières afin d’affaiblir davantage le Nord-Soudan et pour le contraindre à accepter, à la
fois ses revendications territoriales et celles portant sur le coût du transit de son pétrole, et
cela, en attendant la construction de nouveaux pipelines sudistes au Kenya et en Ethiopie,
avec lesquels le Sud a signé deux accords pour favoriser le désenclavement de ses produits
pétroliers [41]. La persistance des conflits armés, même plusieurs années après le référendum
d’autodétermination consensuel et la constitution de nouvelles entités étatiques conformément
aux exigences des mouvements séparatistes, montre que ce processus ne garantit pas
forcément la stabilité et un climat de coexistence pacifique entre les deux parties de l’ancien
Etat divisé. A cet égard, il est nécessaire à l’avenir de bien évaluer et de traiter tous les
facteurs de risque de conflit ouvert, notamment la question de la délimitation précise des
frontières, avant la tenue de référendum d’autodétermination. Ce d’autant plus que cette
question constitue le dénominateur commun des deux conflits « post-sécession » que connaît
l’Afrique. L’analyse des conflits de frontières en Afrique et des refontes de frontières
étatiques dans la Corne de l’Afrique révèlent les limites, voire l’échec de l’intangibilité des
frontières qui avait pour objectif de pacifier et de stabiliser les confins des Etats, afin d’éviter
la dislocation des fragiles édifices étatiques hérités de la colonisation. Face à ce bilan peu
reluisant, un demi-siècle après, il s’avère important de déceler les difficultés liées à
l’application du « principe de l’intangibilité » des frontières en Afrique, et en dégager des
perspectives de solution.
II. Intangibilité des frontières. Défis de paix et de stabilité en Afrique
La persistance et la résurgence des conflits de frontières en Afrique permettent d’affirmer, que
la mission de stabilisation et de consolidation des frontières fondée sur le « principe de
l’intangibilité » n’a pu être réalisée de façon satisfaisante. Dès lors, il parait nécessaire de
relever les difficultés qui ont conduit à ce résultat. En effet, dès les premières années de son
adoption, l’intangibilité des frontières fut l’objet de graves confusions du point de vue
sémantique et conceptuel. Ceci eut comme résultat immédiat de l’assimiler au principe de
l’intégrité territoriale. En l’absence d’une définition précise et univoque, les auteurs ont été
amenés à faire des assimilations approximatives, voire des confusions conceptuelles,
confondant l’intangibilité avec l’uti possidetis et l’inviolabilité des frontières [42]. De plus, au
moment de son adoption, certains dirigeants africains estimaient que ce principe était en
contradiction avec le droit à l’autodétermination des peuples, inscrit dans la charte des
Nations unies dont ils sont membres, notamment à l’occasion des mouvements touaregs au
Mali en 1961 et 1963, au début de la guerre du Sud-Soudan et de la célèbre guerre
sécessionniste du Biafra qui a failli faire éclater la fédération du Nigeria en 1967. Pour le
président Nyerere de la Tanzanie de 1962 à 1985, il s’agit d’une doctrine cynique dans son
anti-universalisme selon laquelle le droit d’autodétermination ne pourrait être invoqué qu’une
seule fois, à l’encontre des puissances colonialistes et, en aucun cas, à l’encontre des Etats
décolonisés [43]. Au niveau pratique, l’application d’une telle disposition était
particulièrement périlleuse, car les frontières n’avaient pas été clairement délimitées entre les
Etats africains et leurs tracés étaient régis par des textes imprécis. Antony Reyner dénombre
quarante-deux frontières qui n’ont jamais été démarquées ainsi que quatre jamais
délimitées [44]. Le Programme frontière de l’UA, dont l’objectif est d’œuvrer à la
délimitation et à la démarcation précises des frontières en Afrique confirme ces données et va
plus loin. Il révèle que seulement moins de 1/3 des frontières en Afrique sont précisément
définies [45]. Dans ces conditions, il parait incohérent de consacrer l’intangibilité des
frontières africaines, alors que plus de 67% de celles-ci sont inexistantes. L’histoire montre
que les frontières non clairement définies constituent une importante source de conflits entre
les Etats. Les conflits frontaliers entre l’Ethiopie et l’Erythrée ou entre le Soudan et le Sud-
Soudan l’attestent bien. Au vu de ce qui précède, on se rend compte que l’intangibilité de
frontières n’était guère de grand secours, car l’agrégat de confusions qui l’entoure (absence de
définition claire et univoque, délimitation imprécise des frontières entre les Etats…) ne
pouvait que présager le bel avenir des conflits de frontières en Afrique. Un demi-siècle après
l’adoption du principe sacro-saint de l’intangibilité des frontières, l’Afrique demeure
confrontée à de nombreux conflits de frontières. Le résultat de paix et de stabilité territoriale
qui l’a motivé n’a pu être réalisé. On a noté en revanche, une recrudescence des conflits
territoriaux faisant des frontières une source majeure de conflits et d’instabilité socio-politique
en Afrique. En outre, l’insuccès des politiques de gestion des frontières tant au niveau
étatique, qu’à l’échelle continentale découle de l’inadéquation entre celles-ci et les exigences
ethniques, culturelles et socio-économiques des peuples qu’elles séparent. Car ce n’est pas
seulement la frontière comme ligne de démarcation entre deux espaces politiques qui est le
problème, c’est aussi la gestion des populations dans ces espaces qui pose obstacle. Ceci
exige donc que la problématique des frontières en Afrique soit réexaminée en tenant compte
des spécificités et des réalités dynamiques de chaque peuple concerné et non pas se fier
uniquement aux considérations générales politico-juridiques. Les frontières sont des créations
humaines qui doivent être en adéquation avec leurs exigences légitimes au fil du temps.
D’ailleurs, en optant pour le maintien des frontières au sortir des indépendances, les pères
fondateurs, partisans du statu quo territorial en avaient conscience. Ils visaient un processus «
d’unité par étapes progressives » qui commencerait d’abord par la consolidation des « unités
intermédiaires » que sont les territoires nationaux. C’est dans ce sens que le président
sénégalais L. S. Senghor a recommandé à ses pairs d’avancer pas à pas et de procéder à tout
processus d’unification par étapes [46]. L’UA doit s’approprier davantage cette vision de ses
pères fondateurs qui garde encore toute sa pertinence, et tenir compte des exigences actuelles,
pour élaborer des politiques concrètes susceptibles de contribuer à surmonter les problèmes de
frontières en Afrique [47]. Pour ce faire, l’organisation continentale devrait passer à une
seconde étape, ne serait-ce qu’en élaborant par ensemble régional des politiques dynamiques
de dépassement pour atténuer l’effet barrière des frontières actuelles en vue de les transformer
en zones de partage et de solidarité pour faciliter le processus d’intégration entre les peuples.
Ceci pourrait contribuer in fine, à promouvoir la conversion des frontières de leur statut actuel
de barrières, voire de fronts, en ponts d’interpénétration enrichissante pour assurer l’équilibre
nécessaire à une coexistence pacifique entre les peuples et à une stabilité durable [48]. Par
ailleurs, les actions de l’UA doivent impérativement se conjuguer avec celles des Etats. Car
les réponses sont aussi internes et résident dans l’élaboration de bonnes politiques nationales
d’intégration des minorités, de décentralisation et de péréquation des ressources ; ainsi qu’une
grande flexibilité dans la gestion des barrières extérieures, lorsqu’elles recoupent des entités
humaines homogènes comme les Touaregs. Quant aux Etats limitrophes concernés par
l’imprécision des frontières, ils doivent s’inscrire dans un processus de régularisation des
limites frontalières comme c’est le cas entre le Bénin et le Nigéria, qui se sont accordés en
2004, pour restaurer les anciens piliers installés entre 1912 et 1914, par une commission
franco-britanique et pour organiser l’échange d’une dizaine de villages selon l’appartenance
socio-ethnique des populations [49].
Conclusion
« Si toutes les frontières sont artificielles, celles des Etats du continent africain le sont plus
que toutes les autres, c’est pourquoi elles contribuent si largement à perpétuer l’instabilité et
le sous-développement », affirme Boutros Boutros-Ghali [50]. La recherche de solutions
africaines aux multiples conflits de frontières qui déchirent le continent est encore loin de
porter les résultats à la hauteur des défis. Comme en témoigne la persistance des conflits de
frontières en Afrique. La question des frontières constitue un enjeu crucial pour les
perspectives de paix et de stabilité en Afrique. Si l’Afrique n’entreprend pas de changement
pour surmonter les défis liés à ses frontières, elle risque de voir se déclencher encore d’autres
conflits et perdre des possibilités de paix et de développement. A l’ère de la globalisation,
l’Afrique aurait peu à gagner à épouser passivement la conception de frontière selon le
modèle inventé jadis en Europe et aujourd’hui démythifié par les accords de Schengen. Ceci
est devenu une nécessité impérative, dans la mesure où les activités d’exploration pétrolière
avec l’utilisation de nouvelles technologies de pointe, peuvent exhumer des gisements
transfrontaliers terrestres (cas du bassin du Touadeni entre l’est mauritanien et le nord-ouest
malien) [51] ou maritimes (ressources hydrocarbures dans le Golfe de Guinée entre la Côte
d’Ivoire et le Ghana) [52]. Du fait des découvertes de gisements de pétrole offshore et
d’autres ressources de diverses natures, les facteurs de risque de voir de nouveaux conflits de
frontières naitre ou resurgir des conflits latents est bien réel. Face à ces défis, l’UA devrait
s’inscrire dans une dynamique d’anticipation. Car après cinquante ans de statu quo territorial
émaillé de conflits de frontières de tout acabit, l’option à exclure aujourd’hui, doit être le statu
quo politique.
[1] Yves PERSON, « L’Afrique noire et ses frontières », Le mois en Afrique, n°80, août
1972, p. 21.
[2] L’exemple des conflits frontaliers qui ont opposé le Mali au Burkina-Faso en 1975 et en
1985 est édifiant, la zone frontalière d’Agacher qui a fait l’objet d’une contestation entre ces
deux pays comporte de nombreuses mares, zone d’intenses activités agro-pastorales. Elle était
pour ses agriculteurs, ses éleveurs et ses chasseurs une zone de convergence autour d’oasis,
vitale pour les populations de la région. Cf. Tredano Abdelmoughit BENMESSAOUD,
Intangibilité des frontières coloniales et espace étatique en Afrique, Paris, Bibliothèque
Africaine et Malgache, 1989, p. 184.
[3] Michel FOUCHER, L’obsession des frontières, Paris, Edition Perrin, 2012, p. 52.
[4] Tredano Abdelmoughit BENMESSAOUD, op. cit., p. 17.
[5] Robert WATERS, African Boundary problems, Uppsala, 1969, p. 183.
[6] Tredano Abdelmoughit BENMESSAOUD, op. cit., p. 80.
[7] Baptiste GLORIEUX, Du principe d’intangibilité des frontières comme facteur
d’instabilité en Afrique subsaharienne ?, Mémoire pour l’obtention du grade de Licencié,
UCL, septembre 2004, p. 143.
[8] Les facteurs qui ont contribué à l’éclatement du conflit sont entre autre l’absence d’un
tracé précis de la frontière entre l’Algérie et le Maroc, l’irrédentisme marocain autour de la
notion du « Grand Maroc », l’importances des ressources minérales dans la zone contestée
ainsi que le refus du gouvernement de l’Algérie indépendante, de reconsidérer la convention
signée en juillet 1961 à Rabat entre Hassan II et Ferhat Abbas, le président du Gouvernement
provisoire de la République algérienne (GPRA), sur la question du litige territorial dont la
résolution est différée jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.
[9] jeuneafrique.com/Article/JA2761p0008-009.xml10/algerie-senegal-maroc-uaunion-
africaine-vers-une-offensive-anti-rasd.html
[10] En 1963, ces contentieux parurent trouver une solution positive, lorsque le roi Hassan II
et le président Houari Boumediene se rencontrèrent à Ifrane, au Maroc. Une déclaration
commune reconnaissait, d’une part, à l’Algérie la possession du Tindouf et le tracé provisoire
de la frontière et, d’autre part, les droits du Maroc sur le Sahara occidental. De surcroît un
consortium minier algéro-marocain était décidé pour l’extraction du gisement de fer de
Tindouf. Cet accord prometteur fut alors célébré comme la première pierre de la construction
d’un ensemble industriel maghrébin. Malheureusement, devant le tollé suscité au Maroc par
l’abandon officiel de Tindouf au profit de l’Algérie, Hassan II dut reporter sine die la mise en
œuvre desdits accords d’Ifrane et Boumediene, furieux, récusa les droits du Maroc sur le
Sahara occidental et réclama la consultation des Sahraouis. Cf. Béatrice GIBLIN, Yves
LACOSTE, op. cit., pp. 79-83.
[11] L’Atlas 2010. Le monde diplomatique, Paris, Armand Colin, 2009, p. 124.
[12] Les Touaregs (ou « tawarek », qui signifie oubliés de Dieu) sont des populations berbères
nomades, organisées en tribus (Kel Ahaggar, Kel Ajjer, Kel Adrar, et Kel Aïr). Ils parlent une
langue berbère (tamacheq) et utilisent un alphabet propre (tifinagh). Les frontières
précoloniales du pays touareg appelées « Espace touareg » s’étend du nord au sud, des
premiers contreforts de l’Amadror algérien aux rives méridionales du Sahel et, d’ouest en est,
de Tombouctou sur la boucle du fleuve Niger au Mali, au désert libyen du Fezzan. Cet
immense territoire, d’environ deux millions de km2, constitue un espace de nomadisation à
l’abri de grands massifs montagneux (les massifs du Hoggar, de Tassili, de l’Adrar des Iforas,
et de l’Aïr). Raffray MERIADEC, Touaregs - La révolte des Hommes Bleus - (1857-2013),
Paris, Economica, 2013, pp. 8-10.
[13] Hélène CLAUDOT-HAWARD et HAWARD, Touaregs, 1995, p. 40.
[14] Aujourd’hui, tout comme depuis un siècle, les révoltes touarègues font l’objet de
répressions, mais ils reviennent toujours à la charge. Compte tenu de ce rebondissement
perpétuel qui entame tout projet de paix durable et de développement, n’est-il pas opportun
d’écarter l’option répressive comme l’ultime moyen de règlement et adopter une démarche
préventive inclusive et concertée entre les pays qui abritent ces populations sans attendre
qu’une autre crise éclate d’abord pour passer à l’offensive armée ? Dans ce sens, la
perspective de mise en place d’une zone internationale cogérée entre les différents Etats
concernés avec l’appui de l’ONU et l’UA pourrait permettre aux populations touarègues de se
retrouver et vivre conformément à leur patrimoine culturel et les responsabiliser davantage
face à leur avenir et les besoins de paix et de sécurité dans le Sahel.
[15] Ce conflit tire son origine de la période coloniale. Il s’agit notamment de la confusion et
des divergences d’interprétation des accords franco-britanniques de 1899 et de 1919 puis, des
accords de Laval-Mussolini du 7 janvier 1935 en vertu duquel la France céda à l’Italie le
territoire connu sous le nom de la bande d’Aouzou. Bernard LANNE, Tchad-Libye : querelle
des frontières, Paris, Khartala, 1982, 245 p. et BENMESSAOUD, op. cit., pp. 164-170
[16] Gilbert SOME, « Un exemple de conflit frontalier : le différend entre la Haute Volta et le
Mali », Année Africaine, pp. 339-370.
[17] Délimitation et démarcation des frontières en Afrique, Programme Frontière de L’Union
Africaine (PFUA), Addis-Abeba, mai 2013, p. 80.
[18] Michel FOUCHER, L’obsession des frontières, op. cit., p. 190.
[19] Ghali Boutros-BOUTROS, Les conflits de frontières en Afrique, Paris, Editions
Techniques et Economiques, 1973, pp. 23-24.
[20] Ghali Boutros-BOUTROS, op. cit., p. 21.
[21] Monique CHEMILLIER-GENDREAU, « L’espace national », in Encyclopedie Juridique
de l’Afrique, Abidjan-Dakar-Lomé, Nouvelles Éditions Africaines, 1982, T. 2, p. 85.
[22] Voir infra, p. 11.
[23] Ghali Boutros-BOUTROS, op. cit., p. 25.
[24] Boubacar BARRY, « Histoire et perception des frontières en Afrique aux XIXe et XXe
siècles : les problèmes de l’intégration africaine », Des frontières en Afrique du XIIe au XXe
siècle, Paris, UNESCO, 2005, pp. 55-72.
[25] Le différend frontalier qui oppose la Guinée équatoriale au Gabon au sujet des îlots vient
du fait que, la France et l’Espagne avaient signé le 23 juin 1900 une convention délimitant
leurs possessions dans le Golfe de Guinée. Malheureusement, cette convention ne statue que
sur l’île de Corisco et l’île des Elobeys, qui sont attribuées à l’Espagne, sans se prononcer sur
les îlots méridionaux et adjacents, objets de dispute d’aujourd’hui. Lors de l’accession à
l’indépendance du Gabon et de la Guinée équatoriale, la question de l’appartenance de ces
îlots et bancs de sable situés à équidistance des deux côtes continentales n’est pas réglée par le
droit. C’est dans ce contexte que le Gabon, dans le but de protéger ses intérêts pétroliers et de
préserver l’activité halieutique nationale, procède à l’extension de la limite de ses eaux
territoriales, au-delà des 12 milles nautiques initiaux, pour la porter à 25 milles, le 5 octobre
1970. Cf. Sidonie BOUKOULOU, Le conflit frontalier Gabon-Guinée équatoriale, analyse
géopolitique, Institut des relations internationales du Cameroun-Master I, 2008.
[26] Michel FOUCHER, L’obsession des frontières, op. cit., p. 52.
[27] Idem, p. 25.
[28] Ba ADOUL, et autres, « L’Organisation de l’Unité Africaine », op. cit., pp. 131-132.
[29] Ghali Boutros-BOUTROS, op. cit., pp. 47-61.
[30] Du point de vue des Somaliens, dans leur projet de revendication de la « Grande
Somalie », le « principe de l’intangibilité » des frontières coloniales est inacceptable. La
constitution somalienne de 1960 indiquait dans son article 6 que « la République Somalie
promouvra, par les moyens légaux et pacifiques, l’union des territoires somalis ». Pour
soutenir leur ambition irrédentiste, le président somalien n’hésite pas à déclarer au sommet
d’Addis Abeba en 1963 que : « Les peuples somalis sont les membres d’une seule nation
somalis. Le somali est notre langue, parlée du golfe d’Aden au district de Northen Frontier
(Kenya). L’islam est notre culture, le pastoralisme notre genre de vie ». Cf. Michel
FOUCHER, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, op. cit., pp. 148-150.
[31] Ghali Boutros-BOUTROS, op. cit., pp. 63-76.
[32] L’Atlas 2010. Le monde diplomatique, Paris, Armand Colin, 2009, p.165. et Michel
FOUCHER, L’obsession des frontières, op. cit., p. 190.
[33] « Côte d’Ivoire, 50 ans d’indépendance 1960-2010 », Jeune Afrique, numéro spécial,
n°3, p.37.
[34] L’hostilité des casamançais s’est manifestée bien avant les indépendances au sujet leur
rattachement au Sénégal. En effet la majeure partie du territoire qu’occupe aujourd’hui la
Casamance constituait autrefois le royaume de Kasa. Le roi (mansa) de Kasa, qui réalisait de
nombreux négoces avec les Portugais, donna probablement son nom à la région (adaptation
portugaise de « Kasa mansa »). Dernier bastion de ce qui est aujourd’hui le Sénégal à tomber
sous la coupe européenne (en 1903), la région abrita des poches de résistance active jusqu’à la
fin de la Première guerre mondiale. Isolée de la partie nord du pays, bien plus vaste, la
Casamance conserve une identité propre ; ainsi, nombre de ses habitants ont gardé leurs
croyances traditionnelles, face à un Sénégal septentrional largement islamisé.
[35] Michel FOUCHER, L’obsession des frontières, op. cit., p. 53.
[36] Elikia M’BOKOLO et J.L.AMSELLE, Au cœur de l’ethnie. Ethnie, Tribalisme et Etat en
Afrique, Paris, Découverte, 1985, pp. 185-226.
[37] Bernard LUGAN, op. cit., pp. 311-314.
[38] Romain YAKEMTCHOUK, La politique extérieur de l’Union Européenne, Paris,
Harmattan, 2005, pp. 420-427.
[39] Bernard LUGAN, op. cit., pp. 325-327.
[40] Romain YAKEMTCHOUK, op. cit., p. 428.
[41] Bernard LUGAN, op. cit., pp. 285-288.
[42] Tredano Abdelmoughit BENMESSAOUD, op. cit., pp. 11-12.
[43] Yves PERSON, op. cit., pp. 38-39.
[44] Jon WORONOF, « Différends frontaliers en Afrique », Le Mois en Afrique, 1972, p. 62.
[45] Rapport de la réunion d’experts sur le programme frontière de l’Union Africaine,
Bamako, Mali, mars 2007.
[46] Tredano Abdelmoughit BENMESSAOUD, op. cit., p. 218.
[47] A cet effet, la mise en œuvre du Programme frontière de l’Union africaine (PFUA) par la
première conférence des Ministres africains chargés des questions de frontière qui s’est tenue
à Addis Abéba le 7 juin 2007 et sa matérialisation d’ici à 2012 est à encourager. Cependant,
aucun plan de mise en œuvre concret ne fut élaboré pour faciliter sa réalisation et le
chronogramme d’exécution n’est toujours pas respecter.
[48] Des frontières en Afrique du XIIe au XXe siècle, Paris, UNESCO, 2005, pp. 36-37
[49] Michel FOUCHER, L’obsession des frontières, op. cit., pp. 53-54.
[50] Ghali Boutros-BOUTROS, op. cit., p. 81.
[51] Michel FOUCHER, op. cit., p. 52.
[52] Rapport de la 7ème réunion de la commission mixte ivoiro-ghanéenne de la délimitation
de la frontière maritime, décembre 2013.
THEME 2 - 3 : Il rappelle pour consultation son ambassadeur à Abuja : Maroc et le Nigeria : l’imbroglio diplomatique tourne à la crise Source, journal ou site Internet : Liberté
Date : 12 mars 2015
Auteur : Merzak Tigrine
Adressé par Jean-François Mazaleyrat
©D. R.
Le refus de Mohammed VI de prendre un appel téléphonique du président nigérian, Goodluck
Jonathan, prend les proportions d’une véritable crise diplomatique entre Rabat et Lagos.
En effet, nouveaux développements, mardi soir, avec l’annonce par le Maroc du rappel
immédiat pour “consultation” de son ambassadeur au Nigeria. Dans un communiqué rapporté
par l'agence MAP, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération a
indiqué qu’il a été décidé le rappel immédiat en consultation de l'ambassadeur du Maroc à
Abuja. La même source a ajouté que le royaume alaouite exprime son étonnement (...) à
l'égard de pratiques contraires à l'éthique et à l'esprit de responsabilité qui doivent prévaloir
dans les relations entre États. Ainsi, Rabat reproche à Abuja d'avoir fait état, lundi, d'un
entretien téléphonique entre le président Jonathan et Mohammed VI, ce qu'il réfute
vigoureusement. Il y a lieu de rappeler que le Maroc avait, à l'inverse, exprimé, le week-end
dernier, le refus de son souverain de répondre à un appel du chef de l'État nigérian. Le
communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération conclut que
contrairement à ce que les autorités nigérianes ont avancé à l'ambassadeur marocain à Abuja
et aux médias locaux, le Maroc confirme, de la manière la plus claire et la plus ferme, qu'il n'y
a jamais eu d'entretien téléphonique entre Mohammed VI et Goodluck Jonathan. Pour justifier
ce refus, Rabat avait dénoncé une tentative de récupération politique auprès de l'électorat
musulman du Nigeria, alors que Goodluck Jonathan remet son mandat en jeu à la fin du mois
en cours. Le Maroc n’avait pas manqué également de rappeler les positions hostiles du
Nigeria sur la question du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole majoritairement
contrôlée par Rabat mais revendiquée par le Front Polisario. C’est dire que Rabat a saisi au
vol cette occasion pour faire payer au Nigeria son soutien à la lutte du peuple sahraoui pour
s’affranchir de l’occupation marocaine.
3/ ARMEMENTS - INDUSTRIES – ECONOMIE THEME 3 - 1 : Big Data : ça avance, mais en ordre dispersé Source, journal ou site Internet : silicon
Date : 12 mars 2015
Auteur : Reynald Fléchaux
Adressé par Elie Billaudaz
En matière de Big Data, les entreprises affichent un certain volontarisme. Mais visions
techniques et métiers peinent encore à se réconcilier. La plupart des projets en restent au stade
du prototype. « En matière de Big Data, les entreprises françaises sont aujourd’hui dans
l’action. Certes en ordre dispersé. Mais rappelons que l’année dernière, elles n’étaient
encore qu’en phase de découverte du phénomène. » Pour Marc Chemin, directeur du planning
stratégique de Capgemini et coordinateur du plan Big Data de la Nouvelle France Industrielle
lancé par le gouvernement, l’optimisme est de mise à l’occasion du salon Big Data Paris, qui
se tenait les 10 et 11 mars au Cnit de La Défense (en photo ci-dessus). La première SSII
française y a d’ailleurs dévoilé une étude montrant que les entreprises françaises ne sont pas à
la traîne. 68 % d’entre elles ont déjà mis en œuvre des technologies Big Data, sont en passe de
le faire ou l’ont prévu sous 12 mois. La meilleure moyenne européenne ex-aequo avec la
Grande-Bretagne, même si cette proportion reste inférieure à la moyenne mondiale (71 %).
Menée auprès de 1 000 entreprises dans le monde, cette étude laisse également entrevoir la
prise de conscience des décideurs. 53 % d’entre eux considèrent qu’ils font face à une
concurrence renforcée émanant de start-up centrées sur la donnée. Si les entreprises semblent
donc décidées à investir pour repoussercette menace – citons par exemple les investissements
décidées par Accor, la SNCF, Axa ou Safran (avec la création de Safran Analytics) -, reste la
question de la méthode. « La définition du Big Data, avec ses 3, 4 ou 5 V, a fait beaucoup de
dégâts, estime Marc Chemin. Car on a abordé le sujet par le biais d’une définition trop
technique, alors que ce sont les usages qui comptent ». Les questionnements autour des
nouvelles technologies – Hadoop, les bases NoSQL – n’ayant rien arrangé à l’affaire. Malgré
ces tâtonnements, selon le dirigeant de Capgemini, on assiste aujourd’hui plus à « une
accélération du questionnement autour du Big Data », qu’à un gel des projets.
Le Chief Data Officer en juge de paix
Le son de cloche est similaire chez Keyrus, où on explique que de nombreuses sociétés ont
aujourd’hui identifié des cas d’usage. « On sait par exemple que faire de l’analyse de texte
pour réduire le churn (taux de perte d’abonnés, NDLR) ne sert pas à grand-chose. Par
contre, cela peut avoir une utilité pour effectuer des ventes incrémentales », explique Ludovic
Binette, ingénieur d’affaires au sein de cette SSII spécialiste de la BI et du e-commerce. La
société explique privilégier d’abord les tests auprès des métiers, notamment via sa plate-forme
de calcul hautes performances basée sur Amazon Web Services, pour n’impliquer la DSI que
dans un second temps. Pour la SSII toutefois, les initiatives prises par les DSI et par les
métiers, souvent de façon isolée, tendent aujourd’hui à se rejoindre. Notons d’ailleurs que,
dans l’étude de Capgemini, les trois-quarts des entreprises qui ont décidé de prendre le sujet
du Big Data à bras le corps ont nommé un responsable des données (Chief Data Officer), un
rôle qui doit justement réconcilier les approches techniques et business. Chez Business &
Décision, autre acteur du service spécialisé dans la donnée, Didier Gaultier, directeur de
l’offre connaissance client au sein de la SSII, perçoit lui aussi cette cohabitation de deux
approches, la première centrée sur les infrastructures et architectures techniques et la seconde,
axée datascience, qui s’attache à la conversion des données en connaissance. Mais, pour lui,
« ces deux domaines ne se sont pas encore réellement rencontrés. D’autant qu’ils sont
emmenés par des personnes ne parlant pas le même langage ». Or, faire converger les
initiatives est un impératif d’autant plus pressant que les technologies Big Data imposent de
penser les projets globalement. « Avec cette typologie de projets, contrairement à la BI, il
n’est pas possible de définir la méthodologie sans tenir compte de l’infrastructure, des outils
et des données à disposition », reprend le dirigeant de Business & Décision.
Prédire le chiffre d’affaires d’un franchisé
Si les démarches Big Data passent par des tests permettant d’affiner les scénarios d’usage –
selon Charles Parra, directeur recherche et innovation de Micropole, seul un projet sur 5 aura
réellement de la valeur -, Didier Gaultier assure que certains cas sont aujourd’hui bien balisés.
Comme le calcul prédictif du chiffre d’affaires d’une implantation dans un réseau de
franchisés. « On parvient à un haut niveau de précision, même s’il faut pour cela mettre en
œuvre des algorithmes complexes prenant en compte de nombreux facteurs externes », assure
le responsable de Business & Décision. La SSII affirme avoir aujourd’hui un projet en
production (l’automatisation des recommandations d’hôtels pour Accor) et plusieurs autres
projets en mode prototype (proof-of-concept). Tant Keyrus que Business & Décision
emploie quelques dizaines de consultants spécialisés en datascience. Un niveau qui reste
modeste comparé aux plusieurs centaines de spécialistes de la BI qu’emploie chacune des
deux SSII.
THEME 3 - 2 : Rendez-vous à …l’hôtel à Athènes pour le gouvernement grec et ses créanciers Source, journal ou site Internet : le Monde
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adéa Guillot (Athènes correspondante) et Cécile Ducourtieux (
Bruxelles, bureau européen)
Adressé par Elie Billaudaz
Que l’on parle de « Troïka », des « institutions » ou désormais du « Groupe de Bruxelles », le
résultat est le même. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir à Athènes, fin
janvier, le gouvernement d’Alexis Tsipras a accepté d’entrer dans des discussions techniques
avec les représentants des principaux créanciers de la Grèce, la Banque centrale européenne
(BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne. Et ces
discussions auront lieu, pour partie, sur le sol grec. Jeudi 12 mars, des experts du « groupe de
Bruxelles » seront ainsi présents à Athènes. C’est ce qui a été décidé mercredi, lors d’un
premier rendez-vous, à Bruxelles, entre des équipes du gouvernement grec et des
représentants de l’ex- « Troïka ». Ce déplacement dans la capitale grecque a pour objectif de
récolter directement les données des ministères et des administrations grecques pour
commencer à se faire une idée précise de l’état des finances publiques. « Impossible de tout
faire depuis Bruxelles, il faut aller dans les administrations publiques, les ministères »,insiste
t-on chez les créanciers d’Athènes. Cette perspective provoque toutefois des crispations côté
grec, M. Tsipras n’ayant eu de cesse de répéter que la « Troïka » ne reviendrait pas en Grèce.
Dans un entretien à la télévision grecque, mercredi soir tard, le ministre grec des finances,
Yanis Varoufakis a exclu toute visite dans les ministères. Par conséquent, les rencontres,
jeudi, se dérouleront « dans un lieu dédié à Athènes » , a expliqué M.
Varoufakis. « Probablement un hôtel », a-t-il ajouté.
Athènes espère « conclure l’évaluation d’ici au 20 avril »
Pour les créanciers, il s’agit de mener une "revue" des finances de l’Etat grec, comme celles
qui étaient menées du temps de la « Troïka » et de négocier un paquet de réformes à mettre en
place en échange de la poursuite de l’aide financière internationale. « Les Grecs auraient
voulu, mercredi, qu’on discute tout de suite de la liste préliminaire de réformes envoyées
début mars par M. Varoufakis, mais ce n’est pas la manière de procéder que souhaitent les
Européens »,croit savoir une source européenne. De son côté M. Varoufakis a confirmé
que« l’on avait plus parlé de la méthode que des réformes elles-mêmes », tout en
espérant« conclure l’évaluation d’ici au 20 avril » pour obtenir au plus vite la dernière
tranche de prêts (7,2 milliards d’euros) à laquelle la Grèce peut prétendre. « Nous devons
sécuriser de toutes les façons possibles des liquidités pour les trois prochains mois », a
précisé le ministre grec des finances mercredi soir.
6 milliards d’euros en remboursements de prêts
Lors de son entretien à la télévision grecque, M. Varoufakis est resté vague sur l’état du
budget grec, refusant de préciser si un excédent primaire (avant la charge des intérêts de la
dette) était ou non encore possible. Il a aussi précisé qu’il attendait entre 6 et 8 milliards
d’euros de rentrées fiscales liées à la TVA et à une nouvelle loi restant encore à voter
organisant le recouvrement en mensualités des impayés d’impôts. Le pays doit faire face, pour
le seul mois de mars à environ 6 milliards d’euros en remboursements de prêts. Yanis
Varoufakis a déclaré qu’il avait de quoi payer retraites et salaires pour mars mais laisse ouvert
la perspective de ne pas payer certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts.
THEME 3 - 3 : Le Ministère de la défense lance la réalisation du premier système spatial européen de renseignement d’origine électromagnétique Source, journal ou site Internet : DGA
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur
La Direction générale de l’armement (DGA) vient de notifier la première phase de réalisation
du système CERES (CapacitE RoEm Spatiale) à Airbus Defence and Space et à son co-
traitant Thales. Ce système spatial de recueil de renseignement électromagnétique permettra à
la France de collecter à l’horizon 2020, sans contrainte juridique de survol et en tout temps,
du Renseignement d’origine électro magnétique (ROEM) sur des zones inaccessibles par les
capteurs de surface. Le budget couvrant la réalisation et la mise en orbite de CERES est de
l’ordre de 450 M€. Cette nouvelle étape du programme permet de lancer la réalisation des
trois satellites et du segment sol utilisateur. Le développement de CERES bénéficie des
avancées technologiques effectuées au cours des dix dernières années avec les démonstrateurs
technologiques ELISA et ESSAIM. Avec CERES, la France conforte sa place parmi les rares
pays maîtrisant le recueil de ROEM depuis l’Espace et de leader européen en ce domaine. La
maîtrise d’ouvrage du programme CERES est assurée par la DGA. Le CNES agit en tant que
maîtrise d’ouvrage déléguée pour l’acquisition du segment sol de contrôle et des services de
lancement.
THEME 3 - 4 : Trois FREMM rachetées par une société de projet dès 2015
Source, journal ou site Internet : communication intra entreprise
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adressé par François Jouannet
Lors d’une conférence de presse ce mercredi 11 mars, Jean-Yves Le Drian a confirmé que les
premières sociétés de projets, destinées à porter financièrement certains matériels militaires
pour les relouer ensuite aux armées (étalant ainsi, moyennant intérêts, leur coût d’acquisition),
seront mises en place dès 2015. Ceci dès que la loi Macron, qui en prévoit la création, sera
promulguée, ce que le gouvernement espère être fait à l’été. Dans la foulée, les deux
premières sociétés de projets (SDP) seront mises en place. L’une pour trois frégates Fremm,
en l’occurrence les plus avancées. L’autre pour quatre appareils de transport militaire A400M
4/ Les forces armées- Air - Marine - Terre – Gendarmerie
THEME 4 - 1 : Programme Scorpion : lancement de la rénovation du char Leclerc Source, journal ou site Internet : DICOD
Date : 12 mars 2015
Auteur : Communiqué de presse
Adressé par Jean-Claude Tourneur
La Direction générale de l’armement (DGA) vient de notifier à la société Nexter Systems le
marché de rénovation du char Leclerc. Cette commande constitue la troisième opération
lancée par le ministère de la Défense dans le cadre du programme SCORPION destiné à
moderniser les forces de contact de l’armée de terre. D’un montant d’environ 330 M€, le
contrat prévoit la livraison à partir de 2020 de 200 chars « Leclerc Rénové » et de 18
dépanneurs de char « DCL Rénové », Les travaux de rénovation prévus permettront au
Leclerc d’exploiter au mieux sa puissance de feu et sa mobilité au sein des futurs
Groupements tactiques interarmes (GTIA) de type « SCORPION ». Grâce au développement
d’interfaces spécifiques pour le nouveau système de radio tactique CONTACT et le Système
d’information et de commandement SCORPION (SICS) il pourra collaborer efficacement en
réseau avec toutes les composantes des futurs GTIA « SCORPION ». Par ailleurs, la mise à
niveau de sa protection à travers le développement de kits de blindage spécifiques permettra
au char Leclerc de mieux faire face à l’évolution des menaces, en particulier de types engins
explosifs improvisés. Char de 3e génération d'un haut degré d'automatisation et d'aide au
diagnostic, le char Leclerc confère actuellement aux forces terrestres françaises la capacité «
d'entrée en premier » dans le cadre d'une coalition internationale. L’opération de rénovation
lancée vise à maintenir cette capacité au-delà de 2040.
THEME 4 - 2 : Visite du CEMAT à la BCSID Source, journal ou site Internet : defense.gouv.fr
Date : 11 mars 2015
Auteur : Gabriel Boyer
Adressé par André Dulou
Le général d’armée Jean-Pierre BOSSER, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT)
s’est rendu à la direction centrale du service d’infrastructure de la défense (DCSID), afin d’y
rencontrer le directeur et ses collaborateurs.
Lors de sa prise de fonction à l’été 2014, le chef d’état-major de l’armée de Terre avait
rencontré les directeurs des grands services du ministère qui assurent le soutien des armées. Il
s’était alors engagé auprès du directeur du service d’infrastructure de la défense (SID) à venir
le rencontrer à l’occasion d’une visite. Son objectif étant de mieux comprendre comment le
SID répond aux besoins de l’armée de Terre dans le domaine de l’infrastructure. Le directeur
central du SID a donc pu présenter les grands axes de son projet de service « SID 2020 » et
échanger sur les principaux sujets d’actualités concernant l’armée de Terre et le SID. Le
domaine de l’infrastructure revêt pour l’armée de Terre une importance toute particulière
parce qu’il détermine les conditions de vie et de travail des soldats dans leurs régiment :
infrastructures d’hébergement, d’instruction et de préparation opérationnelle. L’armée de
Terre représente par ailleurs plus de 50% du bâti du ministère, et constitue donc pour le SID
l’un de ses principaux partenaires.
THEME 4 - 3 : Mission Jeanne d’Arc 2015 : les officiers élèves embarquent sur sous-marin nucléaire d’attaque Source, journal ou site Internet : defense.gouv.fr
Date : 12 mars 2015
Auteur : marine nationale
Adressé par André Dulou
Profitant de l’intégration ponctuelle d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) au groupe
amphibie constitué pour la mission Jeanne d’Arc, les officiers-élèves embarquent à son bord
et découvrent à la mer l’univers des forces sous-marines. 7h du matin, alors que le jour se lève
sur la mer Méditerranée, le kiosque du SNA qui accompagne le groupe Jeanne d’Arc apparaît
sur le travers du BPC Dixmude. Tandis que des officiers-élèves débarquent, enthousiasmés
par ce qu’ils viennent de vivre pendant 24 heures, d’autres s’équipent pour rejoindre le sous-
marin et vivre à leur tour cette expérience. Ils connaissent tous les missions du SNA, mais
pour la plupart d’entre eux, cette immersion sous la mer est inédite. C’est l’occasion pour eux
de quitter la théorie des cours et de découvrir in-situ l’univers et les missions des forces sous-
marines. Pour quelques-uns d’entre eux, ce sera même le début d’une vocation. L’espace est
certes restreint à bord du SNA, mais il y a tant de choses à voir entre le poste central de
navigation et d’opération (PCNO), le poste central de propulsion (PCP) en tranche arrière et la
tranche « armes » à l’avant que ces 24 heures passent bien (trop) vite. Commandant, officier
chef du quart, officier de quart au PCP, maître de centrale, tout l’équipage se prête volontiers
au jeu des questions des officiers-élèves. Après une nuit chargée passée sous la mer, il est déjà
l’heure de refaire surface. « Top la vue » entend-on au PCNO, tours d’horizon rapides au
périscope, le Dixmudeest bien là au rendez-vous. Les officiers-élèves, enthousiastes, se
préparent à retourner à bord du BPC. Il faut déjà penser à la suite de la mission mais chacun
est d’ores et déjà enrichi par ce qu’il vient de vivre. La mission Jeanne d’Arc 2015 commence
à peine. Le déploiement de longue durée du groupe amphibie et la variété des missions qui
seront effectuées permettent de lui adosser la formation pratique d’officiers-élèves issus de
différents corps d’officiers. Ils pourront ainsi, intégrés aux équipages du Dixmude et de
l’Aconit, parfaire leur aptitude professionnelle dans une véritable mise en condition
opérationnelle.
THEME 4 - 4 : Interview : les CEMAA français et britannique détaillent leur étroite coopération Source, journal ou site Internet : defense.gouv.fr
Date : 12 mars 2015
Auteur : armée de l’air
Adressé par André Dulou
À l’occasion de la 5econférence annuelle de Défense du Franco-British Council (FBC)
organisée à Londres les 11 et 12 mars 2015, le général Denis Mercier, chef d’état-major de
l’armée de l’air (CEMAA), et son homologue britannique, l’Air Chief Marshal Andrew
Pulford, livrent leur vision respective de la coopération entre les deux forces aériennes. Mme
Claire Chick, chef du pôle « Defence » au FBC, a recueilli leurs propos.
Claire Chick : Mon général, le partenariat franco-britannique entre les deux armées de
l’air est une coopération qui fonctionne bien depuis longtemps. Qu’est-ce que les accords
de Lancaster House lui ont apporté?
Général Denis Mercier : La coopération entre la Royal Air Force et l’armée de l’air
française repose sur une base historique forte, qui a pris corps dès le début de l’aviation. Le
deuxième conflit mondial a contribué à forger un fond de culture commune, où les pilotes
français et britanniques ont appris à voler sur les avions de leurs partenaires de guerre.
L’aviateur René Mouchotte est une figure emblématique de cette entente pragmatique au-
dessus de la Manche. Aujourd’hui, l’excellente qualité de notre relation découle aussi en
grande partie de notre expérience commune au sein de l’Otan. Nous opérons ensemble en
permanence. L’Otan est un catalyseur d’interopérabilité que nous utilisons dans la relation
franco-britannique, qui nous permet de développer les mêmes concepts de réactivité. Cette
harmonisation des procédures et concepts d’emploi est une spécificité qui est propre aux
aviateurs et qui constitue un socle fort de coopération. Reste que l’apport des accords de
Lancaster House est clair : depuis bientôt cinq ans, nous allons plus loin sur l’échelle du
rapprochement bilatéral, tant au niveau tactique qu’au niveau stratégique.
Quelle est par exemple la valeur ajoutée de la Combined Vision and Strategy (CVS)
établie fin 2013? Permet-elle de progresser sur la voie d’une formulation stratégique
commune?
La CVS est justement un produit concret des traités franco-britanniques de 2010. Les axes qui
ont été retenus pour avancer sur la voie d’une influence commune ont ouvert cinq domaines
de coopération: le C2, les capacités ISR, la projection stratégique, la force de combat et
d’appui et enfin, l’éducation et l’entraînement. La mise en place du comité stratégique board
to board est une initiative typiquement franco-britannique, que nous ne connaissons avec
aucun autre partenaire, et qui nous permet de déterminer ensemble les objectifs de nos deux
armées. Dans la pratique, c’est une démarche qui nous rapproche et nous permet de parler
d’une seule voix dans les instances internationales. La European Air Chiefs Conference
(EURAC) et la Nato Air Chiefs Conference (NACS) sont à cet égard des plateformes où nous
avons l’occasion de formuler ensemble des propositions, et d’initier des projets en affirmant
notre leadership.
Au plan opérationnel, quand pourra-ton parler d’une force de commandement Air franco-
britannique pour intervenir dans la gestion des crises?
La Nato Response Force illustre notre volonté de partager et intégrer nos compétences. Quand
l’armée de l’air est leader de la composante aérienne, elle reçoit un très fort soutien de la RAF
et vice versa. Bien sûr, de nombreuses autres nations sont impliquées mais les capacités de
commandement et contrôle françaises et britanniques constituent une force. Au niveau
bilatéral, les exercices mis en place dans le cadre du calendrier soutenu de la CJEF sont très
satisfaisants. Mais la prochaine étape doit être l’intégration. Nous devons nous projeter sur la
constitution d’un détachement franco-britannique, et le partenariat renforcé par les accords de
Lancaster House y contribue.
Dans le sillage de ce rapprochement de défense en évolution, le partage capacitaire entre
l’armée de l’air et la RAF représente-t-il une ambition?
Une capacité c’est avant tout un groupe d’hommes qui utilise un équipement avec une
doctrine d’emploi et une organisation spécifique. Le partage capacitaire intègre donc avant
tout les hommes. Et avec les Britanniques, nous commençons à le faire. La mise en place d’un
réseau d’officiers d’échange est un pas décisif dans cette direction, et par exemple,
l’expérience de pilotes français et britanniques qui volent alternativement sur Eurofighter et
Rafale contribue à confirmer la qualité du partenariat de défense. Plus l’intégration
opérationnelle entre nos deux armées est forte et plus le partage capacitaire franco-britannique
deviendra réalisable. C’est vrai pour les avions ravitailleurs et les transporteurs, c’est vrai
aussi pour les drones. Sur le dossier FCAS, aujourd’hui, c’est l’industrie qui a la main pour
préparer les choix technologiques de 2016. Mais les militaires doivent réfléchir de leur côté à
un concept capacitaire commun. Le défi est de taille mais je suis optimiste, la volonté
commune d’y arriver est réelle.
Le CEMAA et le CAS sont-ils des incitateurs à la mutualisation du soutien des matériels à
l’échelle européenne?
Pour préserver la cohérence de nos équipements, nous estimons que la mise en oeuvre de
normes européennes communes est un chantier prometteur. Avec L’EMAR (European
Military Airworthiness Requirements), la France et le Royaume-Uni contribuent largement à
l’effort d’harmonisation des règles de navigabilité militaire en Europe. Pour le soutien, il est
vrai que l’externalisation pratiquée par les Britanniques sur les MRTT nous empêche
d’envisager une coopération dans le domaine de la formation et de la maintenance. Le
partenariat public-privé matérialisé par le mécanisme du PFI (Private Finance Initiative)
n’existe pas en France à ce niveau. Mais sur d’autres dossiers, les initiatives franco
britanniques sont des catalyseurs comme cela a été le cas pour le développement de
l’European Air Group (EAG) né du groupe aérien Franco-Britannique. Enfin, le contrat
franco-britannique de maintien en condition opérationnelle (MCO) des A400M marque le
début d'une coopération inédite dans le soutien aéronautique. Le défi sera d’étendre, plus tard,
cet effort de standardisation aux cinq autres pays partenaires.
Quelle(s) priorité(s) faut-il donner à l’entente bilatérale des aviateurs pour les cinq
prochaines années?
Il faut placer le facteur humain au cœur de la relation franco-britannique de défense. Il faut
que nos militaires se rencontrent pour que demain ils se déploient ensemble. Il faut que les
aviateurs de tous niveaux se connaissent. Aujourd’hui, il existe des rencontres très fréquentes
et de bonnes relations entre nos généraux et nos colonels. Il faut que nos jeunes officiers et
sous-officiers se rencontrent plus souvent. Nous étions en Afrique récemment avec l’Air
ChiefMarshal Pulford pour rendre visite aux aviateurs de la force Barkhane. Les rencontres
au poste de commandement interarmées de N’Djamena et aux détachements de chasse et de
drones ont permis d’afficher notre entente et d’être à l’écoute de nos unités. Il serait
intéressant d’échanger sur nos pratiques en matière de ressources humaines. Et, par exemple,
mettre en avant la question du barrage de la langue, même si en France la maîtrise de l’anglais
devient un critère d’excellence dans le recrutement de nos militaires. Je suis sûr que bientôt,
plus d’aviateurs de la RAF parleront aussi français!
Qu’est-ce qui vous divise ?
Le partage du renseignement reste une difficulté. La confiance mutuelle engrangée entre nous
est conséquente. On ne peut bien sûr pas tout partager, mais on peut aller plus loin.
5/ ZONES DE CONFLITS THEME 5 - 1 : Somalie : attaque des shebabs contre le gouvernement local à Baïdao Source, journal ou site Internet : RFI
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-François Mazaleyrat
Le porte-parole des shebabs somaliens, Sheikh Ali Mohamud Rage, le 13 février 2012. AFP
PHOTO / Mohamed Abdiwahab
La ville de Baïdoa, dans le sud de la Somalie, a été frappée par une attaque attribuée à des
islamistes shebabs ce jeudi matin. D'après les forces de sécurité locales, des hommes armés
ont attaqué une enceinte fortifiée abritant le siège du gouvernement local, l'aéroport, le QG de
la force de l'Union africaine et des bureaux de l'ONU. L'attaque à Baïdoa s'est produite ce
jeudi 12 mars au matin. Plusieurs sources sécuritaires, citées par l'AFP, décrivent cinq
assaillants revêtus d' « uniformes militaires » qui ont abattu plusieurs personnes en pénétrant
dans le bâtiment regroupant le gouvernement local, le QG de la force de l'Union africaine et le
bureau de l'ONU. Ces assaillants auraient ensuite été bloqués au niveau d'un barrage tenu par
des militaires de l'Amisom. L'attaque a été revendiquée par le porte-parole militaire des
shebabs, qui affirme que son groupe voulait cibler une réunion de sécurité entre le président
local Sharif Hassan Sheikh Adan et des responsables éthiopiens. Mais le président serait sorti
sain et sauf de cette attaque. Le bilan, côté autorités, est encore provisoire : on parle d'au
moins un soldat éthiopien tué. Quatre des cinq assaillants seraient également morts. Et le
cinquième est grièvement blessé. Baïdoa est l'un des anciens bastions des shebabs. La ville
avait été reprise par les troupes éthiopiennes en février 2012. Et récemment, la violence a
recommencé dans cette ville, avec notamment un double attentat à la bombe en décembre
dernier.
THEME 5 - 2 : Irak : offensive gouvernementale à Tikrit sous coordination iranienne
Source, journal ou site Internet : RFI
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-François Mazaleyrat
Un véhicule blindé de l'armée irakienne au côté de la milice Hashid Shaabi affronte le groupe
EI à al-Alam, le 10 mars 2015.REUTERS/Thaier Al-Sudani
Depuis juin dernier, la ville de Tikrit était aux mains des jihadistes de l'organisation Etat
islamique..Le gouvernement irakien a fait de sa reconquête une priorité absolue.Tenir la ville
natale de Saddam Hussein permettrait ensuite de marcher vers la ville de Mossoul. Plus de 20
000 soldats, sans compter les miliciens chiites et des combattants issus de tribus sunnites, ont
été jetés dans la bataille depuis une dizaine de jours. L'idée est de prendre la ville pour ensuite
marcher vers Mossoul, la seconde ville d'Irak aux mains également des jihadistes du groupe
Etat islamique. Mais la bataille de Tikrit est loin d'être une formalité. Les forces
gouvernementales avancent certes à l'intérieur des faubourgs nord et sud, mais il faut se battre
chèrement, au rythme d'une rue toute les trente minutes selon divers témoignages.
Coordonnée en partie par des officiers iraniens, l'offensive gouvernementale est ralentie
également par des guerriers aguerris, qui ont fait exploser des ponts sur le Tigre pour gêner les
mouvements de l'adversaire. Ils ont également piégé les rues et utilisent des snipers qui
s'avèrent redoutables. Malgré cela, le drapeau irakien flotte déjà sur plusieurs quartiers de la
ville, notamment sur celui de Kadissiya. Grâce à l'usage d'hélicoptères pour terrasser les
tireurs embusqués, les forces gouvernementales progressent coûte que coûte, mais ce sera
probablement une victoire chèrement payée.
THEME 5 - 3 : Rebelles, armée, EI: les acteurs d’un conflit syrien qui s’éternise Source, journal ou site Internet : RFI
Date : 12 mars 2015
Auteur : Daniel Vallot
Adressé par Jean-François Mazaleyrat
La province d'Idleb, contrôlée en partie par le Front al-Nosra, est la cible de bombardements
nourris de l'armée syrienne. Ici, dans le village de Maaret al-Naaman, le 1er mars 2015
REUTERS/Khalil Ashawi
C'est le 15 mars 2011, par une première manifestation dans les rues de Damas, qu’a débuté le
mouvement de révolte contre le régime syrien. D’un conflit binaire, entre une rébellion qui se
militarise et un régime qui semble d’abord sur le point de vaciller, la guerre va se transformer
en un conflit complexe avec l’apparition de groupes jihadistes de plus en plus puissants et
l’intervention, à l’automne 2014, de la coalition anti-Etat islamique emmenée par les Etats-
Unis. Quatre ans après le début du conflit, tour d'horizon des forces en présence, leurs
territoires, leurs points forts et leurs faiblesses.
• Régime syrien : de la déroute à la reconquête
Soutenu par l’Iran, la Russie et le Hezbollah libanais, le régime syrien n’a plus perdu de
terrain depuis 2013 et a même réussi à reprendre une partie des zones qui avaient fait
défection dans les premières heures de la révolution. Avec l’aide du Hezbollah libanais,
mouvement chiite proche de Téhéran et de Damas, l’armée régulière est ainsi parvenue à
reconstituer un territoire homogène le long d’un axe allant de Damas à Lattaquié, dans le
nord-ouest du pays. «Le régime a récupéré presque intégralement Homs et ses environs, il a
aussi repoussé les rebelles dans le Qalamoun, au nord de Damas, détaille le géographe
Fabrice Balanche, maître de conférences à l’Université Lyon II et directeur du Groupe de
recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à la Maison de l’Orient. Il reste
bien sûr la Ghouta orientale [dans les environs de Damas] qui est toujours aux mains des
rebelles, et la ville d’Alep qu’il ne parvient pas à reprendre. Mais en ce moment, le régime
marque des points dans le Sud, en essayant d’éliminer les poches tenues par la rébellion près
de la frontière jordanienne. » Les zones contrôlées par le régime sont estimées à plus de 30 %
du territoire syrien, mais elles regroupent les deux tiers de la population. Sur la scène
internationale, le régime peut compter sur le soutien indéfectible de la Russie et surtout de
l’Iran. Et à la faveur de la montée en puissance de l’organisation Etat islamique, l’unanimisme
occidental anti al-Assad tend à s’effriter : en témoignent les débats houleux suscités en France
par la visite de quatre parlementaires français à Damas le 25 février dernier. En tout état de
cause, même affaibli par quatre années de guerre, le régime est bien loin de l’effondrement
sur lequel avaient parié les pays occidentaux au début du conflit.
• Organisation Etat islamique : l’expansion stoppée à Kobane
En moins d’un an, de 2013 à 2014, l’organisation Etat islamique s’est emparée de vastes
territoires à l’est du pays, chassant les autres groupes rebelles des provinces de Raqqa et de
Deir Ezzor. Son territoire, immense, recouvre des champs pétroliers qui vont l’aider à
financer, en 2014, son offensive-éclair du côté irakien de la frontière (prise de Mossoul en
juin). Rien ne semble alors pouvoir enrayer sa progression… jusqu’à la bataille de Kobane
lancée à l’automne. Avec l’aide de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, les
forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) parviennent en janvier 2015 à
reprendre la localité assiégée par l’Etat islamique : c’est la première défaite de cette ampleur
pour le groupe jihadiste. « On sent depuis cette date que le groupe Etat islamique attend son
heure, qu’il évite d’entrer en confrontation directe avec le régime ou avec la coalition, pointe
Fabrice Balanche. Le groupe s’est d’ailleurs retiré de régions proches d’Alep et il ne lance
plus de raids dans la région de Damas, comme c’était le cas à l’automne 2014. Il préfère se
recentrer sur l’axe vital de l’Euphrate et sur les deux grandes villes qu’il tient, Raqqa et Deir
Ezzor. » L’organisation Etat islamique n’est plus dans une phase d’expansion territoriale - il a
d’ailleurs fort à faire du côté irakien de la frontière. En 2015, avec ses dizaines de milliers de
combattants, son pouvoir d’attraction immense sur l’internationale jihadiste, avec son arsenal
et ses moyens de financement considérables, il n’en reste pas moins un acteur majeur du
conflit syrien.
• Rébellion syrienne : al-Nosra en position de force, les modérés en déroute
Jusqu’à l’émergence de l’Etat islamique, il était considéré comme le plus brutal et le plus
radical des groupes jihadistes de la rébellion syrienne. Aujourd’hui, le Front al-Nosra est en
passe de se constituer un territoire homogène dans la province d’Idleb et il est en position de
force dans toutes les zones contrôlées par la rébellion autour d’Alep et dans le sud du pays.
Face à lui, les groupes rebelles affiliés de près ou de loin à l’Armée syrienne libre (ASL) se
sont effondrés. Pour Fabrice Balanche, « l’ASL ne représente qu’à peine 1 % des combattants
rebelles, et elle s’est recroquevillée sur quelques positions le long des frontières avec la
Turquie et la Jordanie. » Sur le terrain militaire, c’est donc le Front al-Nosra qui est considéré
comme le fer de lance de la lutte anti-al-Assad. Mais il est aussi capable d’infliger des revers
cuisants à ses adversaires au sein de la rébellion. Dernier épisode en date : la déroute infligée
au groupe Hazem en février dernier, près d’Alep. Cette défaite est venue illustrer de manière
éclatante l’échec de la stratégie adoptée par les pays occidentaux pour remettre sur pied une
rébellion syrienne modérée. Le groupe Hazem était en effet considéré comme la pierre
angulaire du programme de formation et d’équipement piloté par les Etats-Unis. Washington
lui avait même livré plusieurs dizaines de missiles anti-char qui se sont ensuite retrouvés,
selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), dans l’arsenal d’al-Nosra. Un
comble pour Washington, puisque le groupe al-Nosra est considéré comme la branche
syrienne d’al-Qaïda. Pour certains observateurs, la stratégie adoptée par les Occidentaux pour
aider la rébellion « modérée » semble vouée à l’échec. « L’idée qui consiste à vouloir recréer
une force armée en formant et entraînant des combattants en Turquie ne me paraît pas très
réaliste, estime ainsi Thomas Pierret, maître de conférences à l’université d’Edimbourg, en
Ecosse. Et il faudra des années avant de pouvoir créer une force militaire crédible. »
• Kurdes syriens : une autonomie fragile
Contraint à la mi-2012 de jeter l’essentiel de ses forces dans la bataille d’Alep, le régime
syrien fait alors le choix stratégique de se retirer du Kurdistan syrien, ouvrant la voie à une
autonomie de territoires qui vont être défendus, dès lors, par les combattants des YPG, milice
issue d’un parti lié au PKK turc. Le Kurdistan syrien recouvre trois cantons dans le nord-est et
le nord du pays (Afrin, Kobane, Kamishli) et regroupe environ deux millions d’habitants. En
2014, les combattants de l’organisation Etat islamique tentent d’étendre leur territoire aux
zones kurdes, et à la fin de l’année, c’est la bataille de Kobane et une exposition médiatique
internationale sans précédent du fait de la localisation de la ville, près de la frontière turque.
Au terme de plusieurs mois de combats acharnés, et avec le soutien de peshmergas venus
d’Irak et surtout de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, les combattants
kurdes finissent par repousser leurs adversaires jihadistes en janvier 2015. Militairement cette
victoire permet aux milices kurdes de souffler et d’apparaître comme l’une des rares forces en
mesure d’affronter l’organisation EI. Politiquement, le Kurdistan syrien apparaît comme le
seul exemple de gestion politique non islamiste échappant à l’emprise du régime de Bachar
al-Assad.
• Coalition anti-EI : une stratégie d’endiguement
En Syrie, les premiers bombardements de la coalition internationale créée par les Etats-Unis
pour combattre l’organisation Etat islamique interviennent à la fin du mois de septembre
2014, plus d’un mois après les premières frappes en Irak. Les raids aériens visent
essentiellement les positions du groupe EI, mais d’autres acteurs de la rébellion sont parfois
visés, à commencer par le Front al-Nosra. Les Etats-Unis évitent en revanche de viser les
positions de l’armée syrienne, et plusieurs pays de la coalition, à commencer par la France,
refusent d’intervenir en Syrie, en craignant d’apporter un soutien indirect au régime de Bachar
al-Assad. Avec la bataille de Kobane, c’est une stratégie d’endiguement qui se dessine. Les
avions de la coalition ont pour mission de freiner l’avancée des combattants de l’Etat
islamique, mais il n’est pas question, faute de relais valable au sol, de regagner les territoires
déjà acquis au groupe. En Syrie, la coalition s’efforcera donc de détruire les infrastructures
pétrolières détenues par le groupe Etat oslamique et de couper ses lignes d’approvisionnement
pour réduire ses capacités de projection et de financement en Irak. Aux yeux des Etats-Unis,
c’est bien du côté irakien de la frontière que se jouera en 2015 l’essentiel de la guerre contre
l’organisation jihadiste.
THEME 5 - 4 : Quatre ans de conflit : comment la Syrie a été plongée dans l’obscurité Source, journal ou site Internet : Le Monde
Date : 12 mars 2015
Auteur : Benjamin Barthe (Beyrouth correspondant)
Adressé par Elie Billaudaz
Infrastructures détruites, déplacement de populations, l'étude des images satellites montre que
83% des lumières visibles dans le ciel syrien se sont éteintes selon une ONG. Quatre ans et
220 000 morts après le début du soulèvement anti-Assad, la Syrie continue à s’enfoncer dans
les ténèbres et ce n’est pas qu’une image. Des chercheurs de l’université de Wuhan, en Chine,
ont constaté, sur la base d’images satellites, une diminution de 83 % des lumières visibles
dans le ciel syrien depuis mars 2011. Leur étude, rendue publique jeudi 12 mars, a été réalisée
en partenariat avec le collectif #withSyria, qui regroupe 130 organisations humanitaires et de
défense des droits de l’homme, engagées aux côtés des civils, pris au piège de ce conflit.
Les lumières nocturnes disparaissent progressivement
Les clichés pris de nuit tous les six mois, jusqu’en février 2015, montrent comment les
principales zones de peuplement syriennes ont sombré dans l’obscurité, au fur et à mesure des
combats, des bombardements et de l’exode des habitants. En les regardant attentivement, on
voit comment les lumières nocturnes disparaissent progressivement de l’axe Alep-Damas, la
colonne vertébrale du pays, et de l’axe Alep-Deïr Es Zor, le long de la vallée de l’Euphrate.
« Les images satellites fournissent les données les plus fiables montrant l’ampleur de la
dévastation en Syrie, explique le professeur Xi Li, directeur du projet. Elles nous aident à
comprendre la souffrance et la peur qui sont la réalité quotidienne des civils en Syrie ». Les
zones soumises aux bombardements les plus intensifs sont sans surprise les
moins « éclairées ». Respectivement 97 % et 96 % des lumières se sont éteintes dans les
provinces d’Alep et d’Idlib, que le régime matraque sans répit, au moyen de barils
d’explosifs. La proportion est de 96 % aussi dans la région de Raqqa, qui est sous la férule du
groupe Etat Islamique depuis bientôt deux ans. Le chiffre prouve que les djihadistes n’ont pas
su rétablir les services publics dans leur fief et ne parviennent pas à endiguer la fuite de la
population, alors même que cette région est relativement épargnée par l’aviation syrienne.
« Comment vivre dans de telles conditions ? »
A Homs et Hama, deux autres foyers de l’insurrection, mis à genoux par les forces loyalistes,
l’obscurité règne à 87 %. Et à 74 % à Deraa, le berceau de la révolution. Dans ce très sombre
tableau, deux zones font exception : Damas, bien sûr, le sanctuaire du régime Assad, où
« seulement » 33 % des lumières ont disparu et Quneitra, assombri à 47 %. Un résultat qui
peut s’expliquer par la proximité de ce gouvernorat avec Israël, ce qui empêche les chasseurs-
bombardiers syriens d’y manœuvrer à leur guise. Ces chiffres résultent d’une mise à jour de
l’étude publiée par le professeur Xi Li en 2014 dans le Journal international de la
télédétection (International Journal of Remote Sensing). « Quatre ans de crise ont plongé les
Syriens dans une obscurité insoutenable : plus d’hôpitaux, plus d’écoles, plus
d’administration. Comment vivre dans de telles conditions ? », s’insurge Karim Lahidji,
président de la Fédération internationale des droits de l’homme, partenaire de
l’opération.« Aujourd’hui, la communauté internationale est vraisemblablement le seul espoir
pour les Syriennes et les Syriens, poursuit M. Lahidji. Qu’elle se fasse entendre et qu’elle ne
les oublie pas, qu’ils soient en Syrie ou réfugiés. La communauté internationale a le devoir de
rallumer ces lumières ».
6/ RENSEIGNEMENTS ET MENACES :
THEME 6 - 1 : « Collatéral Freedom » : la nouvelle stratégie de RSF pour contourner la censure sur Internet Source, journal ou site Internet : Le Monde
Date : 12 mars 2015
Auteur : Morgane Tual Adressé par Elie Billaudaz
L'illustration du rapport 2013 "Ennemis d'Internet" de Reporters sans frontières. RSF
« Cette année, plutôt que de publier un rapport, on a décidé de passer à l'action. » A
l'occasion de la journée mondiale contre la cybercensure, le 12 mars, Reporters sans frontières
(RSF) avait pris l'habitude depuis 2008 de diffuser un rapport sur « les ennemis d'Internet ».
« Mais ce n'est pas ça qui va pousser la Chine à faire tomber le “great firewall”, son système
de censure du Web, explique Grégoire Pouget, responsable du bureau nouveaux médias de
l'ONG. On a donc décidé de le faire nous-mêmes. » L'opération « Collateral Freedom »,
lancée jeudi 12 mars, consiste à rendre à nouveau accessibles neuf sites d'information
censurés dans onze pays, comme la Chine, l'Iran, la Russie, la Guinée équatoriale ou encore
l'Ouzbékistan. Comment ? Grâce à la mise en place de sites miroirs, c'est-à-dire des copies
hébergées sur d'autres serveurs, à d'autres adresses. Des copies « imblocables » Ce n'est pas la
première fois que RSF recourt à cette technique. En 2012, l'ONG avait déjà dupliqué des sites
censurés de cette façon. Mais les miroirs avaient, pour la plupart, fini par être bloqués par les
autorités. Cette fois, en revanche, RSF a renforcé ses défenses en utilisant une autre stratégie,
qui rendrait les miroirs « imblocables », selon l'organisation. Un dispositif détaillé par
Grégoire Pouget : « Nos miroirs sont hébergés sur des plates-formes dont les services sont
massivement utilisés par les entreprises de ces pays, comme Amazon, Google ou Microsoft. Si
les autorités veulent bloquer un de nos sites hébergés par Amazon par exemple, ils devront
bloquer tous les sites d'Amazon, ce qui aurait un coût économique trop important. »
Techniquement, les sites miroirs sont donc blocables, mais avec de tels dommages collatéraux
que les autorités de ces pays n'oseront pas, parie l'ONG, passer à l'acte. Cette stratégie, mise
au point en 2013 parl'organisation chinoise GreatFire, s'est montrée efficace puisque les sites
miroirs qu'elle a créés sont toujours accessibles après plus d'un an d'existence. Elle a depuis
décidé de partager ses outils afin de permettre à d'autres, comme RSF, de s'en emparer.
Les sites « débloqués » par RSF dans le cadre de l'opération « Collateral Freedom ». RSF
Les internautes mis à contribution
Cette stratégie est-elle contournable ? Pour Grégoire Pouget, les sites miroirs pourraient être
confrontés à deux types de difficultés. Les autorités des pays concernés pourraient par
exemple avoir recours à des attaques de déni de service, qui consistent à multiplier les
requêtes sur un site afin de le rendre inaccessible. Mais les services d'hébergement choisis par
RSF sont habitués et assez résistants à ce type d'attaque. L'autre risque serait que ces pays
fassent pression sur ces entreprises afin qu'elles cessent d'héberger ces sites miroirs. « C'est le
pire scénario qui puisse arriver, redoute Grégoire Pouget. Mais ce ne serait pas terrible pour
elles en terme d'image. » Pour permettre aux citoyens de ces pays de connaître l'existence des
miroirs, RSF encourage les internautes à partager massivement leurs adresses sur les réseaux
sociaux ou par e-mail. Mais les personnes qui se connecteront à ces sites ne risquent-elles pas
d'être repérées par les autorités de leur pays ? « Comme la connexion sur ces sites se fait
en “https”, le trafic est chiffré. Le fournisseur d'accès saura que l'internaute se connecte à un
site de Microsoft, mais c'est tout. » RSF appelle également les internautes qui le souhaitent à
participer financièrement à l'opération, pour couvrir les frais d'hébergement des sites miroirs
et allonger leur durée de vie. L'ONG espère pouvoir maintenir ces sites plusieurs mois. Et
après ? « Si l'opération fonctionne, les sites disposeront des outils pour mettre en place
d'autres miroirs, ils pourront trouver leurs propres financements, explique Grégoire
Pouget. Nous ne sommes pas des fournisseurs de services, nous proposons des solutions.
Ensuite, charge à ceux que cela intéresse de s'en emparer. »
THEME 6 - 2 : La paix au Mali en balance à Kidal Source, journal ou site Internet : Le Quotidien d’Oran
Date : 12 mars 2015
Auteur : Kharroubi Habib
Adressé par Jean-François Mazaleyrat
Lors de la signature à Alger le 1er mars du préaccord de paix conclu entre eux et le
gouvernement de Bamako, sous l'égide de notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane
Lamamra, chef de file de la médiation internationale pour le Mali, certains des groupes
politico-militaires du nord du Mali ont assorti leur acceptation définitive du document à la
consultation préalable sur le sujet de leurs bases respectives. C'est ce à quoi vise la réunion,
qui se tient depuis hier à Kidal, regroupant des leaders de groupes armés, de chefs
traditionnels et de représentants de la société civile locale. La rencontre, compliquée à
organiser du fait de la dispersion à l'intérieur et à l'extérieur du territoire malien des
responsables et personnalités devant y prendre part, a été rendue possible malgré un léger
retard grâce à l'aide logistique fournie par la Minusma. Tous les observateurs s'accordent sur
le caractère crucial de la réunion de Kidal pour l'avenir du Mali. Les participants vont devoir
en effet composer avec une population de l'Azawad étant apparemment hostile à ce qui a été
convenu entre les groupes politico-militaires ayant paraphé l'accord d'Alger aux côtés des
représentants du gouvernement de Bamako. Ce qui ne va pas être chose aisée au vu des
manifestations populaires anti-accord d'Alger qui se sont produites à Kidal à l'annonce de son
paraphe. La rencontre sera en tout cas l'occasion de vérifier l'audience et l'autorité réelles des
leaders des groupes politico-militaires, des chefs traditionnels et des représentants de la
société civile censés être représentatifs de la population de l'Azawad. Soumis à la pression
intense des médiateurs internationaux et régionaux pour mettre tout en œuvre pour arracher
l'adhésion populaire à l'accord de paix d'Alger, les participants à la rencontre de Kidal auront
un face à face tendu car certains d'entre eux n'ont acquiescé que du bout des lèvres au contenu
du document et n'hésiteront pas à faire assaut de surenchère dans la réserve au cas où il leur
apparaîtrait que la population de l'Azawad ne sera pas facile à convaincre de l'approuver.
Ramtane Lamamra et la médiation internationale qu'il dirige sont conscients que l'avenir du
Mali est tributaire de ce qu'il résultera de la réunion de Kidal. C'est pourquoi, ils ont adressé
des mises en garde tant à destination des participants que de la population de l'Azawad, leur
faisant valoir que l'accord d'Alger est la seule solution acceptable pour tous d'une sortie de
crise pour le Mali. En cette étape du processus de paix ayant permis la conclusion de l'accord
d'Alger, la balle est dans le camp des leaders et notables de l'Azawad. Si leur rencontre à
Kidal se conclut par des réticences bloquantes sur le contenu de l'accord, cela donnera à
l'évidence prétexte et justification aux anti-accord dans le camp gouvernemental à faire
pression sur les autorités du pays pour qu'elles déclarent ne plus être liées par les engagements
auxquels elles ont souscrit à Alger. Gageons aussi que les parties exclues du dialogue
intermalien d'Alger tenteront, dans les journées que durera la réunion de Kidal, de se
manifester à leur façon, c'est-à-dire par une violence aveugle pour marquer qu'elles ne se
sentiront pas tenues par son éventuelle confirmation du paraphe de l'accord.
THEME 6 - 3 : Les Vénézuéliens partagés sur les pouvoirs spéciaux de Maduro Source, journal ou site Internet : RFI
Date : 12 mars 2015
Auteur : Julien Gonzalès
Adressé par Jean-François Mazaleyrat
Nicolas Maduro, le 10 mars 2015 à l'Assemblée nationale vénézuélienne.REUTERS/Carlos
Garcia Rawlins
Suite aux nouvelles sanctions signées par la Maison Blanche contre des fonctionnaires
vénézuéliens et au décret signé par Barack Obama déclarant une situation « d'urgence
nationale face à la menace extraordinaire du Venezuela pour la sécurité nationale
américaine », Nicolas Maduro contre-attaque. Mardi, le président vénézuélien a présenté à
l'Assemblée nationale une demande de loi lui attribuant « suffisamment de pouvoirs pour
lutter contre l'impérialisme et la menace du gouvernement des USA ». Mais au lendemain de
cette annonce, les avis étaient partagés parmi les Vénézuéliens. Les Etats-Unis sont une
menace directe pour le Venezuela. Rosa Uzcategui en est convaincue. Pour cette employée
de PDVSA, la compagnie nationale pétrolière du pays, Nicolas Maduro a toute la légitimité
de demander des pouvoirs spéciaux. Au nom justement de la souveraineté du Venezuela : «
Tout au long de l'Histoire, les Etats-Unis sont souvent intervenus dans notre pays. Ici,
c'étaient eux qui mettaient les présidents et les retiraient. Mais je crois que c'est pire
aujourd'hui avec ce décret tellement grossier contre un si petit pays comme le Venezuela, qui
n'a jamais attaqué aucun autre pays. Donc oui, une loi contre toute ingérence des Etats-Unis
ou d'une quelconque puissance mondiale, c'est une priorité pour le Venezuela. » C'est en
revanche loin d'être l'objectif numéro un du moment pour Lizeth qui travaille dans une
entreprise de distribution de courriers. Elle y voit au contraire le danger d'une concentration
des pouvoirs dans les mains du président : « Je ne crois pas à une menace directe des Etats-
Unis qui seraient prêts à nous bombarder à n'importe quel moment ! Il n'y a pas de légitimité
qui autorise le président à demander cette loi. La première fois qu'il a eu ces pouvoirs
spéciaux, c'était pour la crise économique, et il n'a rien résolu. Alors tu crois que cette fois-ci
il va protéger la souveraineté du pays. C'est un mensonge ! Tout ça c'est pour avoir le
contrôle absolu du pays. » Et comme première action concrète, Nicolas Maduro a d'ores et
déjà annoncé « un exercice militaire défensif spécial » qui aura lieu samedi prochain.
THEME 6 - 4 : Les Etats-Unis et l’alternative Frères musulmans Source, journal ou site Internet : L’Orient le Jour
Date : 12 mars 2015
Auteur : Fady Noun
Adressé par Jean-François Mazaleyrat
Les Ikhwan seraient les seuls sunnites capables de relever le défi face à l'État islamique.
L'avènement en Arabie saoudite du roi Salmane a entraîné une véritable révolution de palais,
notamment avec le départ du prince Bandar ben Sultan (65 ans), le puissant chef des services
de renseignements du royaume wahhabite, et son groupe, qui ont contribué à façonner la
politique étrangère et sécuritaire du royaume pendant des décennies, et la décision saoudienne
de renouer avec les Frères musulmans, selon l'analyse d'un chercheur franco-libanais résidant
à Paris, qui souhaite garder l'anonymat. Cette décision a été vivement encouragée par la
Maison-Blanche, enchaîne-t-il. Ainsi, le département d'État a récemment reçu la visite d'une
délégation de leaders des Frères musulmans et rappelé qu'aux yeux des États-Unis « les Frères
ne sont ni des terroristes ni des adeptes de la violence ». Le président américain Barack
Obama a également reçu tout récemment l'émir du Qatar, très proche de la confrérie.
D'évidence, cette mutation dans les diplomaties saoudienne et américaine vise notamment à
mobiliser les Frères musulmans dans le combat contre l'État islamique (EI) et el-Qaëda en
Irak, en Syrie, en Libye, en Tunisie, en Égypte et au Yémen. À côté des avantages pour les
États-Unis d'un tel virage, l'un de ses éléments particulièrement inquiétants aux yeux des
démocrates arabes est qu'il est susceptible de déstabiliser le président égyptien Abdel Fattah
al-Sissi, en guerre ouverte contre les Ikhwan. Éventuellement, ce serait, pour Washington,
commettre une erreur aussi monumentale que celle faite en Irak – sachant par ailleurs,
naturellement, que le président Sissi n'est pas sans reproche.
L'échec d'une stratégie
Revenant sur l'ère du roi Abdallah, le chercheur cité rappelle que Bandar ben Sultan, pour
affronter l'Iran et la Russie, notamment en Irak et en Syrie, privilégiait depuis quelques années
le soutien massif aux organisations wahhabites extrémistes : el-Qaëda, et surtout l'État
islamique et son projet de califat. « Deux traits sont frappants dans la stratégie qui était mise
en œuvre par l'ancien responsable saoudien, à commencer par sa méfiance – sa haine même –
à l'égard des administrations démocrates US, voire à l'égard des États-Unis en général. Cette
attitude peut étonner quand on sait que Bandar ben Sultan, pendant son long séjour comme
ambassadeur à Washington, avait noué les liens les plus étroits avec la classe politique, les
grands patrons et tout le gotha des célébrités américaines, particulièrement avec la famille
Bush et les magnats de l'industrie militaire », explique le chercheur. Il faudra sans doute
revenir un jour sur les mobiles profonds, « intimes », de l'antiaméricanisme que nourrissent
Bandar, sa femme et son groupe (le clan des al-Fayçal). Toujours est-il qu'« il ne faut pas
écarter l'hypothèse que l'homme et ceux qu'il représentait n'ont pas été révulsés par les
attentats de 2001 aux États-Unis ou, plus récemment, par la décapitation de citoyens
américains ».
« Révolutions démocratiques »
Une autre caractéristique retient l'attention dans la politique suivie par Bandar ben Sultan au
cours des derniers mois : il redoutait que le président Obama ne suscite des « révolutions
démocratiques » animées par les Frères musulmans dans la péninsule Arabique et dans le
royaume même... Au point qu'il aurait pris le risque de favoriser la conquête du Yémen par les
houthis, la milice chiite pro-iranienne, en calculant que celle-ci laminerait al-Islâh, la
puissante branche yéménite des Frères musulmans. Bref, le nouveau roi Salmane d'Arabie et
son clan Soudeyri (issu de l'épouse préférée du fondateur de la dynastie, Ibn Saoud) ont
amorcé un tournant depuis le 25 janvier, en concertation avec le président américain, qui a
débarqué à Riyad dès la cérémonie d'intronisation, accompagné de dizaines d'officiers
supérieurs, de responsables du renseignement et d'experts. La « nouvelle » stratégie
américano-saoudienne viserait désormais à réintégrer les Frères musulmans comme force
influente à l'échelle de tout le monde arabe. Et ce en accord avec les deux protecteurs
historiques des Frères : le Qatar et la Turquie.
Le court et le long terme
Pourquoi ce nouveau virage? À court terme, si possible, le président Obama veut abattre
Daech (acronyme de l'EI en arabe), devenu l'ennemi numéro un de l'Amérique. Pour cela, il
peut déjà compter sur les Kurdes syro-irakiens (qu'il ne cesse d'armer) et sur les chiites
irakiens (soutenus par l'Iran et le Hezbollah). En Irak, M. Obama et ses alliés préparent avec
le plus grand soin la reconquête de Mossoul, la grande métropole sunnite de la plaine de
Ninive. Une participation des Frères musulmans et des tribus sunnites irakiennes à cet assaut
paraît indispensable. Au Yémen, face aux houthis, el-Qaëda, retranchée au Sud et à l'Est,
prétend incarner à elle seule « la résistance sunnite ». Pour les Américains, il est temps de
ressusciter al-Islâh (Frères musulmans et tribus) pour offrir une alternative aux quelque 55 %
de Yéménites sunnites. En Égypte, le locataire de la Maison-Blanche espère réconcilier le
président Sissi et les Frères musulmans pour enrayer les progrès des jihadistes wahhabites qui
multiplient attaques et attentats, dans le Sinaï et les grandes villes. En Libye aussi, un
rapprochement des Frères et de l'alliance dirigée par le général Khalifa Haftar pourrait peut-
être freiner l'essor de Daech et d'Ansar al-Charia, qui menacent le Sahel et le Maghreb. Ainsi,
aux yeux du président Obama, aujourd'hui, seuls les Frères musulmans – présents dans tous
les pays arabes, bien organisés, présumés « modérés » et disposés à collaborer avec
Washington – sont capables dans le camp sunnite de relever le défi Daech, à l'heure où, dans
le monde arabe, des millions de sunnites seraient sensibles aux appels apparemment radicaux
du wahhabisme. À plus long terme, les États-Unis veulent, selon plusieurs indices, redessiner
la carte du Moyen-Orient, en favorisant l'avènement de fragiles États fédéraux (comme cela a
été le cas pour les Balkans) associant différentes composantes ethniques et religieuses –
l'objectif étant de garantir la sécurité d'Israël. S'ils s'avèrent des alliés « crédibles », les Frères
musulmans seraient appelés à représenter, au moins en partie, la composante arabe sunnite
dans les différents pays concernés. Les tactiques et stratégies US aboutiront-elles ? Daech
sera-t-il vaincu ? Les Frères seront-ils un allié efficace et accommodant de l'Occident ?
L'actualité ne tardera sans doute pas à répondre à toutes ces questions.
7/ SECURITE INTERIEURE THEME 7 - 1 : Police : la fronde des commissaires contre un pistonné de leur dernière promotion
Source, journal ou site Internet : Le Figaro
Date : 12 mars 2015
Auteur : Jean-Marc Lecler
Adressé par Elie Billaudaz
Un candidat de la 65e promotion, dernier au classement, s'est vu réserver un poste chez lui, en
Nouvelle-Calédonie, après une intervention au plus haut sommet de l'État. La méthode
choque élèves et syndicats. Les derniers seront les premiers! Est-ce la nouvelle règle
d'affectation des sorties de promotion de l'école des commissaires? Une faveur accordée à un
diplômé de la 65e promotion fait, en tout cas, grincer des dents au sein de l'École national
supérieure de police (ENSP), institution très sélective, installée à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or
(Rhône), qui forme les chefs de police de demain. Le Syndicat indépendant des commissaires
de police (SICP) a même publié un communiqué pour dénoncer une dérive. Selon nos
informations, le «pistonné», ancien officier de police issu de Nouvelle Calédonie, s'est vu, en
effet, proposer par l'administration un poste de numéro deux des ex-RG dans son île. Il aurait
bénéficié d'un appui très haut placé, au plus haut sommet de l'État, par un préfet qui fut en
poste dans l'île et qui aurait gardé des relations avec les milieux politiques insulaires. Et
pourtant, son «protégé» est arrivé dernier du classement de sortie de sa promotion!
Un poste sur mesure créé de toutes pièces
Olivier Boisteaux, le secrétaire général du SICPN, ne veut pas faire de la chasse à l'homme et
s'interdit de révéler l'identité du candidat qui se trouve sans doute dépassé par la proportion
que prend cette affaire chez les commissaires. Mais le syndicaliste estime qu'il est de son
devoir de réagir. «Alors que le choix des postes pour les Commissaires stagiaires de la 65ème
promotion, un des principes essentiels de la scolarité de l'ENSP, s'effectue en ce moment
même lors d'un amphithéâtre solennel, le principe d'égalité face au classement de sortie
semble être dorénavant remis en cause», alerte-t-il. «En effet, l'ENSP a décidé de faire figurer
un poste «réservé» sur la liste proposée à nos futurs collègues et ce (…) pour permettre à un
membre de la promotion de retourner sur le territoire de sa dernière affectation et sur ses
terres d'origine, la Nouvelle-Calédonie. Il convient ici de préciser qu'aucun poste de
Commissaire de Police n'y est actuellement vacant ; l'administration a donc décidé de créer de
toutes pièces un poste sur mesure, celui d'adjoint au chef du service de Renseignement
Territorial (ex-RG) qui, bien évidemment, n'a jamais été diffusé lors d'une quelconque CAP
(Commission administrative paritaire)…», ajoute le commissaire Boisteaux.
«L'équité républicaine unilatéralement bafouée»
«Certes, poursuit-il, l'ENSP, suite aux multiples critiques, s'est engagée à ne pas «réserver» ce
poste, ni à favoriser le stagiaire en question pour lui garantir une «pole position» au
classement, mais dans les faits, les autres stagiaires se sont vus «incités» à ne pas s'intéresser à
ce poste proposé.» Et le policier de s'interroger: «Cette exception à la règle de l'égalité de tous
face aux concours et aux épreuves de classement doit-elle laisser présager, pour l'avenir, de
l'insertion de postes «fléchés» pour les personnes issues de zones insulaires éloignées de la
métropole, de régions provinciales où peu de postes de commissaire sont proposés ou même
pour certains anciens officiers qui ne voudraient pas quitter une direction spécialisée?» Il
rappelle que les autres jeunes commissaires «issus des Antilles, de la Réunion ou de
Polynésie, pour ne citer que ces territoires, n'ont jamais bénéficié d'une telle largesse que
d'aucuns qualifient d'ores et déjà de passe-droit». Au-delà de «l'équité républicaine» qui
serait, dit-il, «unilatéralement bafouée» la question de l'affection dans des territoires lointains
de la République de personnes en fonction de leurs origines laisse planer un doute sur
l'impartialité de leurs décisions une fois nommés. Les «passe-droit» et le «clanisme» ne font
pas bon ménage avec les valeurs de la République.
8/ ENERGIE - ENVIRONNEMENT – CLIMAT THEME 8 - 1 : Les océans abritent quelque 1500 créatures nouvellement identifiées Source, journal ou site Internet : Le Monde
Date : 12 mars 2015
Auteur : avec Reuters
Adressé par Elie Billaudaz
Les experts du Registre mondial des espèces marines ont recensé au total 228 450 espèces
dans les mers du globe, des algues aux baleines bleues. AP/Roberto Chavez Arce
Près de 1 500 nouvelles créatures ont été recensées en 2014 dans les océans du monde, dont
un dauphin bossu et une méduse géante, et les scientifiques responsables de cette étude
pensent que la plupart des espèces marines restent encore à découvrir. Dans leurs travaux
publiés jeudi, ces experts du Registre mondial des espèces marines (WoRMS, selon
l'acronyme anglais de World Register of Marine Species) ont recensé au total 228 450 espèces
dans les mers du globe, des algues aux baleines bleues. Ils estiment qu'entre 500 000 et deux
millions d'organismes marins multicellulaires leur demeurent inconnus. « Les abysses ont été
faiblement explorés jusqu'à présent », a dit Jan Mees, coprésident du WoRMS. De
nombreuses espèces vont probablement s'éteindre avant même d'avoir été découvertes, en
raison de la pollution, du changement climatique et de l'acidification des océans, a-t-il ajouté.
Inia araguaiaensis, un dauphin d'eau douce découvert au Brésil. WoRMS Photo Gallery /
Nicole Dutra, 2015
En 2014, ces chercheurs ont identifié 1 451 nouvelles espèces marines, dont un dauphin
bossu, un dauphin d'eau douce découvert au Brésil, 139 éponges ou encore une méduse géante
venimeuse de 50 cm de long, dépourvue de tentacule, découverte au large de l'Australie.
Depuis son lancement en 2008, le projet WoRMS a permis de recenser un millier de nouvelles
espèces de poissons, qui sont désormais au nombre d'environ 18 000. Parallèlement, environ
190 000 espèces marines ont été supprimées de la liste établie par WoRMS car elles étaient
répertoriées sous différentes formes, ce qui a ramené leur nombre total à 228 450. Le cas le
plus extrême porte sur un bigorneau décrit sous 113 formes différentes par des chercheurs
ignorant qu'il avait été identifié une première fois par un scientifique italien à Venise en 1792.
THEME 8 - 2 : Astronomie : les tentatives pour renouer contact avec Philae ont commencé Source, journal ou site Internet : le Monde
Date : 12 mars 2015
Auteur : David Larousserie
Adressé par Elie Billaudaz
Le robot Philae se trouve dans la zone délimitée par l'élipse rouge sur la comète
67P/Tchourioumov-Guerassimenko, photographiée sur ce cliché par la sonde Européenne
Rosetta à 20 km de distance. ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team
MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA Reprendre contact avec Philae, jauger de
ses réserves en énergie, et si possible pouvoir lui transmettre de nouvelles instructions. Tel est
le sens de l'opération entamée jeudi 12 mars afin de réveiller cet instrument scientifique, en
hibernation depuis le 15 novembre 2014. Posé depuis le 12 novembre 2014 sur la comète
67P/Tchourioumov-Guerassimenko, Philae devait aider à percer les mystères des comètes, ces
sortes de fossiles du système solaire. Porte-parole du Centre européen des opérations
spatiales, Daniel Scuka expliquait, mercredi 11 mars, en quoi consiste l'opération : « Nous
allumerons la réception de la radio de Rosetta [la sonde qui a déposé Philae sur la
comète] sur le canal qu'utilise Philae. Sur une période de 8 jours, jusqu'au 20 mars, nous
aurons 11 fenêtres où tout coïncidera particulièrement bien : la proximité de la comète et la
situation géométrique. » Mais après la première tentative, le robot n’a toujours pas envoyé de
message à la Terre sur son état de santé.
Zone d’ombre
La tâche des scientifiques est compliquée par le fait que Philae se trouve dans une zone
d’ombre dans l’hémisphère sud de la comète. Or l’instrument tire son énergie de panneaux
solaires, seulement éclairés pendant une heure trente par jour, alors qu’il en faudrait quatre
fois plus pour mener des expériences. Mais comme la comète se rapproche du Soleil, la
puissance reçue a doublé depuis novembre, ce qui suscite l’espoir des scientifiques. A
l’inverse, les températures très froides (jusqu’à -90 degrés Celsius) régnant sur la comète
pourraient avoir mis l’électronique hors service . Avant de pouvoir envoyer depuis la Terre les
ordres d’exécution de manœuvres et d’expériences, les équipes doivent d’abord connaître
précisément l’état de charge du robot, la température extérieure et divers diagnostics
techniques. Un minimum de 5,5 watts est requis pour réveiller Philae, et sa température doit
être d’au moins -45 degrés Celsius. Il faut 19 watts pour qu’il puisse envoyer à la Terre ses
données.
Du coup, le robot peut être réveillé sans que les terriens ne le sachent…
L’objectif est d’obtenir des mesures in situ au moment où la comète commence à être très
active Avec la seule énergie de ses panneaux solaires, des mesures des paramètres de la
comète (température...) ou des images peuvent être prises, mais pour les expériences de forage
ou l’utilisation des fours destinés à analyser les échantillons prélevés, il faudra que la batterie
secondaire soit chargée, ce qui nécessite plus de temps. Les scientifiques ont néanmoins déjà
préparé différentes séquences de travail à envoyer au laboratoire, en fonction de son état de
forme. L’intérêt de ce réveil est d’obtenir des mesures in situ à un moment où la comète
commence à être très active : sous l’effet de la « chaleur », ses glaces d’eau, de carbone, de
méthane sont vaporisées, emportant avec elle de la matière cométaire (ce qui forme la
fameuse queue des comètes).
La comète, prise le 6 mars par la sonde Rosetta à 90 kilomètres de
distance ESA/Rosetta/NAVCAM
Même si Philae ne se réveille pas, les chercheurs ont du travail car la vingtaine d’instruments
embarqués sur la sonde Rosetta, qui a lâché Philae le 12 novembre, fonctionnent parfaitement
et accumulent des données, encore jamais obtenues sur une comète.
THEME 8 - 3 : A Sivens, les Zadistes préparent « l’après expulsion » Source, journal ou site Internet : Le Figaro
Date : 12 mars 2015
Auteur : Delphine de Mallevo
Adressé par Elie Billaudaz
Sitôt après l'intervention des forces de l'ordre, une centaine de Zadistes errent dans la
région et réfléchissent à la suite de leur mouvement. Ce n'est pas une expulsion qui saurait
désarmer les Zadistes, mais au contraire un tison. L'évacuation de la ZAD du Testet en forêt
de Sivens (Tarn), vendredi dernier, n'a fait que galvaniser leur détermination. «On ne lâche
rien, plus que jamais, nous appelons tous les sympathisants de la cause du Testet à rester
mobilisés, la lutte continue jusqu'à l'abandon pur et simple du projet de barrage initial et de
tout autre projet similaire», dit l'un d'entre eux. Sitôt après l'intervention des forces de l'ordre,
une centaine de Zadistes se sont repliés à Gaillac, la ville voisine, certains dormant dans la
rue, d'autres au domicile de sympathisants. D'assemblées générales en manifestations, ils
préparent désormais «l'après» en multipliant actions ciblées et occupations dans des lieux
symboliques, place de la Libération à Gaillac et à l'ancien camp de concentration pour
femmes de Brens, «au vu des milices fascisantes en puissance», clame un expulsé et
«résistant» de la Zad de Sivens.
La communauté serpente dans la région
Des arrêtés municipaux ont beau avoir été pris dans l'urgence à Gaillac et à l'Isle-sur-Tarn
pour interdire tout rassemblement des zadistes sans ZAD, la communauté serpente dans la
région, chassée un jour, réimplantée le suivant, à la recherche d'un nouveau lieu de lutte
contre le nouveau projet de barrage, voté vendredi par le conseil général du Tarn à 43 voix
contre 3. Si bien que les forces de l'ordre sont encore nombreuses sur place. «Des cars de
gendarmes mobiles patrouillent, mitraillette en bandoulière, jusque sur les marchés», s'écrie
un habitant qui espérait le retour au calme, ou bien sur les parkings des grandes surfaces du
coin où des camions militaires leur crient de déguerpir au haut-parleur. «La bataille est loin
d'être finie et nous continuerons à la mener sur le terrain». Ce ne sera en tout cas pas sur la
commune de Saint-Amancet, à quelque kilomètres de là, dont on a dit qu'elle leur offrirait
l'hospitalité, selon l'AFP. «Je démens formellement, répond le maire, Patrick Rossignol. J'ai
certes pu prendre leur défense dans le conflit mais la commune n'est pas en capacité de les
accueillir décemment». S'ils n'étaient qu'une quarantaine à vivre dans la ZAD (dont 21 ont été
interpellés lors de l'expulsion et seront jugés le 8 septembre), beaucoup d'autres venus en
renfort des autres ZAD de France, et confinés à Gaillac en raison du blocus paysan, ont
aujourd'hui gonflé la troupe errante.
Une Zad à Oléron?
Et d'ores et déjà de nouveaux rassemblements annoncent de prochaines tensions. Le 24 mars,
une manifestation de soutien à deux zadistes inculpés pour coups et blessures sur un
agriculteur aura lieu, tandis que la communauté paysanne, essentiellement pro-barrage,
continue à battre la campagne pour veiller au grain. La solution d'un barrage réduit, votée par
le conseil général, ne satisfaisant ni les pro ni les anti, les mois qui viennent risquent d'être
tout aussi agités que ceux passés. Une décision qui a causé la raillerie des Guignols de l'Info,
sur Canal +, où les zadistes ont fait leur entrée le 6 mars, au soir de leur expulsion de Sivens.
«Nous avons choisi la solution du mini barrage, on espère ainsi de mini échauffourées suivies
de mini batailles», faisaient-ils dire à la marionnette de Manuel Valls. S'ils ne trouvaient pas
de nouveau lieu de vie, les zadistes du Testet auraient toutefois le temps de revenir en masse
au moment opportun car, selon le cabinet du préfet du Tarn, avec le nouveau projet de barrage
et toutes les études et débats à refaire, sans compter les recours, «tout est suspendu pendant
deux ans au moins», a-t-il été dit aux élus locaux. Reste que Sivens a radicalisé les différents
fronts contre les «Grands projets inutiles imposés» (GPII), sur toutes les autres ZAD de
France. A Roybon, où doit s'ériger un Center Parcs, à Agen, où doit passer une ligne à grande
vitesse (LGV) ou à Notre-Dame-des-Landes avec son aéroport très contesté, la situation
s'enkyste avec une opposition toujours plus farouche, électrisée par «les pratiques
liberticides» que «les copains zadistes» estiment avoir vécu à Sivens, et dont la Ligue des
droits de l'Homme s'est publiquement émue. «Des villes interdites aux zadistes? En France,
pays où nous serions tous «Charlie», où la liberté d'expression serait défendue?», s'insurgent
les activistes écolos. Qu'à cela ne tienne, d'autres «Zones à défendre» vont s'implanter sur le
territoire. Sur la plage cette fois. D'ici un mois, comme l'a confié un zadiste au Figaro, une
ZAD devrait voir le jour à Oléron pour s'opposer à un énorme projet de conchyculture. Des
câbles sous-marins seraient installés sur 387 hectares pour l'élevage des huîtres et des moules
dans l'anse de la Malconche. «Un scandale pour l'environnement, réagit un expulsé de Sivens
qui fera partie de cette ZAD dans le sable. Non au béton et à l'envasement des plus belles
plages de l'île d'Oléron!».
Scepticisme autour du référendum local proposé par Ségolène Royal
Pour mettre un terme aux conflits que soulèvent ces grands projets de barrage ou d'aéroport,
Ségolène Royal a plaidé lundi matin pour la voie du référendum local. Elle visait
particulièrement Notre-Dame-des-Landes mais ouvrait cette possibilité à tout autre projet.
Ce qui a immédiatement provoqué l'incompréhension de nombreux acteurs de terrain, toutes
tendances politiques confondues, à commencer par Jacques Auxiette, président (PS) de la
région des Pays de la Loire. «Sur le fond, je trouve assez curieuse cette méthode d'une
ministre qui réunit une Commission spécialisée sur la démocratisation du dialogue
environnemental et donne ses conclusions personnelles avant même que cette commission ait
achevé ses travaux et remis ses préconisations, déclare-t-il. Si la conclusion était pour l'avenir
de bouleverser le processus de déclaration d'utilité publique en France, le législateur devra
s'en saisir. Mais dans l'état actuel du droit, le maître d'ouvrage (l'Etat), ne peut pas organiser
juridiquement un référendum en Loire-Atlantique». Même réaction du côté de Roybon et
de Sivens où l'on estime qu'«un référendum apporterait de la confusion au débat démocratique
qui a déjà eu lieu via les débats publics» et qu'il serait «un discrédit des élus», selon Serge
Perraud, maire de Roybon. Christian Conrad, représentant du collectif de sauvegarde de la
zone humide du Testet, anti barrage à Sivens, juge pour sa part que «l'esprit populaire, à la
suisse, du référendum n'est pas souhaitable, car tous les citoyens n'ont pas la même
conscience». Pour Françoise Verchère, conseillère générale de Loire-Atlantique et co-
présidente du Cedepa, le collectif des élus opposés à l'aéroport, le référendum est «un leurre»
et «l'aveu d'un échec de la démocratie représentative». La solution est en amont: «redéfinir la
méthode du débat public, biaisée et pleine de dysfonctionnements, précise-t-elle. Qu'il s'agisse
de Sivens, Roybon ou Notre-Dame-des-Landes, nous en avons relevé 15 ou 16, comme le
manque de transparence, le défaut de procédures et les conflits d'intérêts». Une réunion sur
cette réforme à mener devrait avoir lieu cette semaine au ministère de l'Environnement.
9/ GEOPOLITIQUE DE LA CULTURE : THEME 9 - 1 : Ce que l’on sait de la vidéo de l’EI mettant en scène un enfant bourreau Source, journal ou site Internet : Le Monde
Date : 12 mars 2015
Auteur : Elise Vincent, Soren Seelow et Piotr Smolar ( Jérusalem
correspondant) Adressé par Elie Billaudaz
L’Etat islamique (EI) a diffusé, mercredi 11 mars, une vidéo de propagande dans laquelle,
pour la première fois, est mis en scène dans le rôle de bourreau, un mineur soupçonné d’être
français. Présenté comme« un jeune lion du Califat », le garçonnet y est montré abattant à
bout portant un arabe israélien qualifié d’espion du Mossad. Beaucoup de zones d’ombre
entourent toutefois cette vidéo. Selon une source proche des services de renseignement, le
jeune garçon « est susceptible d’être » le beau-fils de Sabri Essid, un ancien proche du tueur
de Toulouse, Mohamed Merah. Sabri Essid est lui-même « susceptible » d’être l’adulte qui
apparait aux côtés de l’enfant à l’écran. Le journaliste de RFI David Thomson est le premier à
avoir identifié Sabri Essid sur la vidéo, sur la foi de témoignages provenant de Syrie, mais les
autorités françaises se sont pour l'heure refusées à confirmer ces informations.
Reconnu par des amis d’enfance
Capture d'écran de la vidéo diffusée par l'EI mardi, où l'on aperçoit un homme qui pourrait
être un proche de Mohamed Merah, Sabri Essid. - / AFP Les seuls éléments établis sont que
Sabri Essid, 30 ans, a rejoint les rangs de l’EI en avril 2014. Il avait auparavant quitté la
France avec femme et enfants : ses filles jumelles, un nourrisson et un enfant de 12 ans que
son épouse a eu d’une première union. C’est ce dernier qui apparaîtrait sur la vidéo de
propagande. Les autorités françaises sont extrêmement prudentes depuis la confusion, en
novembre 2014, autour de l’identification d’un autre djihadiste français : Mickaël Dos Santos.
Celui-ci avait été officiellement reconnu par le parquet de Paris comme faisant partie des
bourreaux de 18 soldats syriens. Mais le jeune homme avait ensuite démenti l’information via
un compte Twitter créé pour l’occasion. Sa propre mère l’avait également reconnu, avant de
se rétracter. Selon nos informations, des amis d’enfance de Sabri Essid qui habitent la cité des
Izards, à Toulouse, l’ont néanmoins formellement identifié. Un des responsables de la
mosquée du « château », dans le quartier du Mirail, à Toulouse, juge également que la photo
lui « ressemble »fortement, même si il aurait pris du poids depuis. La date de diffusion de la
vidéo tend également à désigner Sabri Essid. C’est il y a exactement trois ans, le 11 mars
2012, que Mohamed Merah débutait sa cavale meurtrière en tuant à bout portant Imad Ibn
Ziaten, un militaire français. Sabri Essid avait un lien familial avec Mohamed Merah, car son
père avait épousé sa mère. C’est par ailleurs lui qui avait organisé ses funérailles.
« Un signe envoyé aux juges »
« Le dossier montre que Sabri Essid a pu jouer un rôle important dans l'endoctrinement de
Merah. Il lui rendait souvent visite en prison et l'a eu au téléphone la veille de l'attentat. Or il
n'a jamais été entendu. pourquoi ? Cette vidéo est un signe envoyé aux juges
instructeurs »,estime de son côté Me Samia Maktouf, avocate de la veuve d'Imad Ibn Ziaten.
Certains experts ont toutefois des doutes sur le fait que ce soit bien l’enfant qui tire sur l’agent
supposé du Mossad. Le montage ne permet pas de le voir clairement l’abattre. Cette vidéo est
la deuxième du genre diffusée par l’EI. En janvier, dans une mise en scène similaire destinée
à montrer que Daech dispose d’une génération de réserve, on pouvait voir un très jeune
garçon abattre deux espions russes. Reste l’identité de la victime de la vidéo du 11 mars. Il
s’agit d’un arabe israélien de 19 ans : Mouhammad Moussalam. Il avait rejoint les rangs de
l’EI en octobre 2014. Originaire du quartier de Beit Hanina, à Jérusalem-est, il avait, selon
son père, très vite regretté sa décision et tenté de revenir deux mois après son arrivée. Mais,
toujours selon son père, il avait alors été arrêté à un barrage, incarcéré, et forcé à reconnaître
qu'il était un agent israélien. En février, le magazine anglophone Dabiq, instrument de
propagande de l'EI, avait publié un entretien – dont l’authenticité est impossible à établir –
avec le jeune homme. Dans celui-ci, il expliquait que son recrutement avait été facilité dans
son quartier par un voisin juif, policier de profession. Il aurait perçu un salaire de base de
5000 shekels (1100 euros) et suivi une formation initiale d'un mois. Puis un agent du Mossad
l'aurait sollicité pour qu'il infiltre les rangs de l’EI afin de repérer les caches d'armes et
identifier les Arabes israéliens et les Palestiniens dans ses rangs. Selon un haut responsable
militaire, interrogé par Le Monde, l'influence de l’État islamique parmi les Arabes israéliens
et les Palestiniens des territoires occupés, à Gaza ou en Cisjordanie, «n'est pas un problème
central, mais une inquiétude ». Les autorités ont comptabilisé une quarantaine d'Arabes
israéliens partis combattre dans les rangs djihadistes, et à peu près le même nombre de
Palestiniens partis des territoires occupés.
THEME 9 - 2 : Education : le collège enchanté de Najat Source, journal ou site Internet : le Point
Date : 12 mars 2015
Auteur : Sophie Coignard
Adressé par Jean-François Mazaleyrat
Langue de bois et vieilles ficelles sont les deux principaux matériaux utilisés par la ministre
de l'Éducation nationale pour sa réforme du collège.
Il faut reconnaître une qualité à Najat Vallaud-Belkacem : elle ne cache rien du naufrage de
l'apprentissage au collège. En dix ans, une baisse vertigineuse du niveau moyen en français,
en mathématiques et en histoire-géographie. Malgré ce constat, la réforme du collège qu'elle a
présentée n'existe tout simplement pas : rien sur les programmes, rien sur les grilles horaires.
Il ne reste qu'un catalogue de bonnes intentions truffé d'un verbiage pédagogiste inquiétant. Il
propose, par exemple, de rendre "l'enseignement des mathématiques plus attractif". Les bons
professeurs savent déjà le faire ! Ou encore de "contextualiser les connaissances". Encore
faut-il les avoir acquises. Quant aux programmes de français - pas encore écrits -, ils "mettent
au centre la maîtrise et l'utilisation de la langue". On espère bien ! "Les nouveaux attendus de
maîtrise de la langue sont plus exigeants." On peut toujours rêver ! Et de conclure :
"L'excellence sera ainsi mise au service de la réussite de tous et de la réduction des
inégalités." Des mots, rien que des mots. Mais pas le moindre signe d'horaires renforcés en
français ou en mathématiques, les deux fondamentaux.
Une trouvaille de Jack Lang
Non, le problème, pour la ministre, c'est que les collégiens s'ennuient. Alors il faut les
distraire... Pour y parvenir, elle fait du neuf avec du vieux et invente les "enseignements
pratiques interdisciplinaires" (EPI). Il s'agit pratiquement d'un copier-coller des "itinéraires de
découverte" (IDD) inventés par Jack Lang en 2002, et supprimés parce qu'ils donnaient lieu à
d'atterrantes fumisteries. Même les thématiques se ressemblent : la nature et le corps humain,
les arts et les humanités, les langues et les civilisations, la création et les techniques pour les
IDD ; développement durable, corps, santé et sécurité, culture et création artistiques, langues
et cultures de l'Antiquité, entre autres, pour les EPI. La réforme insiste sur la "culture
numérique" : la tablette comme planche de salut ! Et promet une aide personnalisée accrue
pour tous les collégiens. Un récent rapport de la Cour des comptes insiste pourtant sur la
multiplicité des dispositifs déjà en place et sur l'absence d'évaluation par le ministère. Mais de
tout cela, il n'est pas question dans la présentation de cette réforme sans programmes, sans
priorités... et peut-être sans avenir.
10/ GEOPOLITIQUE DE L’INFORMATION : THEME 10 - 1 : Apple : panne mondiale sur les stores et iTunes Source, journal ou site Internet : ZDnet
Date : 11 mars 2015
Auteur : La rédaction
Adressé par Elie Billaudaz
L'App Store, l'iTunes Store, l'iBooks Store et le Mac App Store sont "inaccessibles pour tous
les utilisateurs", peut-on lire depuis sur la page de statuts des services d'Apple. La firme
confirme en fait le constat fait par les internautes depuis ce mercredi matin : si on peut
accéder aux pages, le téléchargement ou l'achat de contenus sont difficiles voire impossibles.
L'incident est mondial et touche notamment les services aux Etats-Unis, Canada, Australie,
Royaume-Uni, Inde, Suisse, Espagne et en France. Les services d'identification et de mail
d'iCloud sont également touchés. En fin d'après-midi, la situation restait critique pour tous ces
services sauf pour iCloud. Aucune explication n'est pour le moment venue d'Apple. Des
pannes de cette ampleur sont plutôt rares du côté de Cupertino.
THEME 10 - 2 : Espionnage : les éditeurs de sécurité font-ils de la politique ? Source, journal ou site Internet : ZDnet
Date : 12 mars 2015
Auteur : Christophe Auffray
Adressé par Elie Billaudaz
L'industrie mondiale de la cybersécurité représente pas moins de 71 milliards de dollars
selon Reuters qui s'interroge sur les liens politiques éventuels qu'entretiennent des éditeurs
avec certains Etats. En clair, ces entreprises laissent-elles parfois de côté leur mission
première, à savoir la fourniture de produits, services et informations de sécurité, pour faire de
la politique ? Et Kaspersky, dans le contexte géopolitique actuel, en focalisant son attention
sur le cyber-espionnage américain, se met-il au service du pouvoir politique russe ?
Liens politiques ou simples intérêts économiques ?
Pour Reuters, assurément, l'industrie de la cybersécurité se fragmente autour de lignes
géopolitiques et les entreprises du secteur cherchent ainsi à gagner des contrats et peuvent à
l'occasion partager des informations avec les agences de renseignement. Et l'éditeur
d'antivirus basé à Moscou, Kaspersky, serait une bonne illustration. Les liens passés de
plusieurs de ses dirigeants avec l'armée ou le KGB, l'ancêtre du FSB, favorisent forcément la
suspicion. Ainsi sur Equation Group, des hackers soupçonnés de travailler pour le compte
d'un Etat - et même d'appartenir à la NSA-, Kaspersky se montre très actif. Il serait en
revanche bien plus timoré concernant les opérations d'espionnage attribuées à la Russie. En
2013, l'éditeur a bien publié un rapport surune campagne baptisée Octobre Rouge. Mais selon
des salariés et ex-employés de Kaspersky, c'est seulement après un vif débat en interne que la
publication est finalement intervenue. Mais l'entreprise russe n'est pas un cas isolé. Nos
confrères rappellent ainsi que deux sociétés américaines, CrowdStrike Inc et FireEye, ont
sérieusement planché sur le cyber-espionnage russe et chinois, mais délaissé les actions
américaines.
Un précédent avec Magic Lantern
La question du rôle joué ou non par les industriels de la cybersécurité auprès des Etats ne date
toutefois pas d'hier. Dès le début des années 2000, il a ainsi été révélé que le FBI avait mis au
point un logiciel espion, Magic Lantern. De grands éditeurs d'antivirus, parmi lesquels
Symantec et McAfee, sont soupçonnés d'avoir volontairement empêché la détection du
programme, à la demande des autorités. Et ce débat a de nouveau ressurgi avec Stuxnet et
Flame. « Si encore il pouvait être arrivé à un éditeur de 'passer à côté' de choses pareilles…
mais plus d’une quarantaine d’industriels, de spécialistes, d’Über-gourous du code malicieux,
de notables sorciers du code néfaste ? » s’interrogeait alorsCNIS Mag. Mais pour Mikko
Hypponen de F-Secure, l'échec de l'industrie antivirus était flagrant et collectif, et découlait
d'une faillite technique, non d'une compromission politique. « Nous voulons détecter les
programmes malveillants, indépendamment de leur origine ou finalité. Les politiques
n’entrent pas en ligne de compte, ni ne le devraient. Tout malware, même ciblé, peut échapper
à tout contrôle et causer des dommages collatéraux sur des machines qui ne sont pas la
victime visée » "Certaines entreprises pensent que nous devrions stopper tous les hackers.
D'autres que nous ne devrions cibler que les hackers des autres gars" commente auprès de
Reutersl'expert en sécurité de White Ops, Dan Kaminsky.
THEME 10 - 3 : Vitam : l’Etat mutualise (enfin) son système d’archives Source, journal ou site Internet : silicon
Date : 12 mars 2015
Auteur : Reynald Fléchaux
Adressé par Elie Billaudaz
La DSI de l’Etat construit une solution unique, Vitam, pour les besoins d’archivage des
ministères. Une action coordonnée qu’un rapport de 2011 appelait déjà de ses vœux. Une
démarche exemplaire. C’est ainsi que Jacques Marzin, le directeur de la Disic, la DSI de
l’Etat, a présenté le projet Vitam, qui vise à développer une solution logicielle
interministérielle pour l’archivage des données. Dans un premier temps, ce projet, porté sur
les fonts baptismaux le 9 mars en présence de deux ministres, Fleur Pellerin et Thierry
Mandon, concernera trois ministères investis d’une mission d’archivage définitif : la Défense
et les Affaires étrangères (pour leurs besoins propres) et la Culture (à laquelle est rattaché le
service interministériel des archives de France).
Thierry Mandon
« Aucun des ministères ne pouvait financer seul ce développement, note Jacques Marzin. D’où
ce projet commun appelé à s’étendre aux opérateurs publics et aux collectivités. Par ailleurs,
les projections sur la croissance des volumes de données ont mis en lumière le besoin d’une
solution intégrée interministérielle. Aujourd’hui, les ministères travaillent avec des solutions
palliatives comprenant de nombreuses opérations manuelles. Cette situation fait perdre
beaucoup de temps et d’argent à l’administration. » Thierry Mandon, secrétaire d’État à la
Réforme de l’État et à la Simplification, voit dans Vitam un exemple de la modernisation de
l’Etat : « Dans ce projet, chaque administration conserve ses prérogatives. Mais un nouveau
terrain de jeu, interministériel, leur permet d’être plus efficaces. » Le projet, financé à
hauteur de 15 millions d’euros par le Programme des investissements d’avenir, est emmené
par une équipe dédiée (5 personnes aujourd’hui, une quinzaine à terme), dirigée par Jean-
Séverin Lair, le DSI du ministère de la Culture. Si Vitam vise à mutualiser le socle logiciel –
donc également à harmoniser les pratiques d’archivage -, les ministères continueront à stocker
leurs documents sur leurs infrastructures propres (on imagine mal la Défense placer des
informations classées secret défense sur une infrastructure mutualisée).
Bottom-up ou l’oxymore administratif
Aux Affaires Etrangères, l’arrivée programmée de Vitam va surtout permettre de prolonger la
dématérialisation des informations, généralisée en juillet dernier. « Pour l’instant, nous
archivons toute cette information numérique avec un module transitoire », précise Richard
Boidin, le directeur des archives au quai d’Orsay. Ce dernier souligne également que la
construction de la solution se déroule selon un mode bottom-up, « ce qui, dans
l’administration, est normalement un oxymore ». Directeur des archives de France, Hervé
Lemoine souligne le grand nombre d’acteurs appelés à se connecter à cette plate-forme, son
service assurant une fonction d’archivage définitif pour l’administration centrale (hors
Défense et Affaires étrangères donc) mais aussi pour plus de 700 opérateurs de l’Etat. « Il y a
suffisamment d’interlocuteurs en amont pour ne pas compliquer les choses en aval avec de
multiples logiciels », résume-t-il. De facto, après l’inauguration début 2013 du nouveau centre
des archives nationales à Pierrefitte, « il manquait une brique d’archivage numérique des
données », reprend le directeur des archives de France. « Peut-être avons-nous même un peu
trop attendu », reconnaît-il. De facto, à la Culture, Vitam viendra supplanter la solution
Constance, un projet lancé… à la fin des années 70.
Déjà la BnF, la DGFiP…
Jacques Marzin – Disic
De plus, dès 2011, un rapport du conseiller d’Etat Maurice Quénet soulignait le besoin d’une
action mieux structurée de l’Etat en la matière. Le rapport pointait notamment des « initiatives
foisonnantes mais non coordonnées » en matière d’archivage électronique dans
l’administration. Plusieurs acteurs de la sphère publique – la BnF avec Spar, la DGFiP avec
Atlas, la Caisse des dépôts en partenariat avec l’Inpi, notamment – se sont en effet lancés dans
la construction de plates-formes d’archivage. Spar a, par exemple, coûté plus de 20 millions
d’euros entre 2005 et 2011. Selon Jacques Marzin, un dialogue est bien engagé avec les
équipes de la BnF, mais les objectifs de Spar (conservation d’un petit nombre de documents
volumineux, technologie sémantique) sont trop éloignés des spécifications de Vitam pour
envisager une ré-exploitation des travaux de la Bibliothèque nationale de France. Aucun
rapprochement avec les travaux de DGFiP n’a été évoqué lors de la réunion de lancement de
Vitam. Si Vitam mettra à disposition des administrations un back-office assurant les fonctions
d’indexation, de gestion des métadonnées, de stockage, de pérennisation des fichiers et de
recherche, chaque ministère conservera ses processus métier propres et devra donc gérer
l’intégration de la solution dans ses applications. Développé en Open Source, Vitam fournira
des API ouvertes pour ce faire. Un principe là encore cher à la Disic et qui s’inscrit dans la
stratégie d’Etat plateforme, permettant aux administrations de concevoir de nouveaux services
publics sur la base de ressources communes mises à disposition au travers d’interfaces
ouvertes. Idem pour le développement agile, autre credo de la DSI de l’Etat. L’équipe Vitam
prévoit ainsi la livraison des premiers modules 6 mois après la notification des marchés
publics, soit à l’été 2016. Les appels d’offre sont, eux, attendus pour cet été.
THEME 10 - 4 : Un milliard d’adresses mail volées : deux personnes arrêtées Source, journal ou site Internet : ZDnet
Date : 11 mars 2015
Auteur : Louis Adam
Adressé par Elie Billaudaz
Dans le domaine du vol de données, les chiffres peuvent monter très rapidement : en 2014, le
groupe russe CyberVor avait déjà été pointé du doigt, la société Hold Security accusant ce
groupe d’avoir amassé au total 1,2 milliard de mots de passe suite à une série d’attaques
visant des services web. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir atteint un chiffre aussi
démesuré. Le département de la justice américaine annonce ainsi l’arrestation de deux
individus de nationalité vietnamienne et résidant au Pays-Bas, soupçonnés d’avoir participé à
une opération de vol massif d’adresses mails et de données personnelles, dont le butin
dépasserait là aussi le milliard d’adresses mail dérobées. « Ces hommes sont accusés d’avoir
mis en place le plus grand vol de données de l’histoire d’internet » précise ainsi dans un
communiqué l’adjoint du ministre de la Justice Leslie Caldwell. « Les accusés sont
soupçonnés d’avoir généré plusieurs millions de dollars grâce au vol de plus d’un milliard
d’adresses mails à différents services de messagerie. » Le communiqué précise également
qu’un troisième individu impliqué dans l’affaire est encore activement recherché par les
services de police américains. Ces adresses email volées ont notamment été utilisées pour
générer du spam redirigeant les cibles vers un site de contrefaçon hébergé au Canada,
Marketbay.com. Le directeur de la société hébergeant le site est a également été inculpé par
un grand jury début mars pour avoir établi un partenariat avec les deux pirates afin de leur
permettre de rentabiliser leurs vols de données et de blanchir l’argent. Le communiqué précise
qu’au moins huit services de messagerie différents ont été affectés par les vols d’adresse
email, dont la société Epsilon, selon le Monde.fr.
THEME 10 - 5 : Streaming et liens illégaux : le plan du gouvernement contre le piratage entre en action Source, journal ou site Internet : ZDnet
Date : 1 mars 2015
Auteur : Olivier Chicheportiche
Adressé par Elie Billaudaz
Comment lutter contre les sites de streaming et de téléchargement direct, aujourd'hui bien plus
utilisés pour pirater des oeuvres que le P2P ?En 2012, une étude sur la question est lancée et
débouche sur un certain nombre de propositions pour combattre ces sites "massivement
contrefaisants". Notamment, il s'agissait "de définir, avec les professionnels des différents
secteurs concernés, notamment les intermédiaires de paiement et de publicité en ligne, qui
mènent déjà de nombreuses actions dans ce domaine, des protocoles décrivant les actions
pouvant, à partir de l’information fournie, être mises en œuvre pour assécher les revenus des
sites internet massivement contrefaisants ou rendre plus difficile leur activité" C'est sur ce
point que Fleur Pellerin veut insister."L'objectif est d'inciter les acteurs de la publicité à
s’organiser de manière à ne plus alimenter en ressources publicitaires les sites illicites. Les
professionnels de la publicité ont fait savoir qu’ils étaient pleinement en accord avec cet
objectif", fait savoir la rue de Valois.
Les plates-formes de streaming surveillées
Aujourd'hui, le gouvernement passe la seconde. Lors du Conseil des ministres de ce mercredi,
la mise en œuvre de ce plan a été actée. Une charte rassemblant les acteurs de la publicité et
les représentants des ayants-droit sera signée courant mars. Une négociation s’ouvrira ensuite
en vue de la signature, d’ici le mois de juin prochain, d’une charte avec les acteurs du
paiement en ligne. Par ailleurs, le recours aux procédures de référé, de référé d’heure à heure,
de requête simple ou de requête conjointe dans les recours judicaires permettant de suivre
dans le temps l’effectivité des mesures, notamment de blocage, prononcées à l’encontre des
intermédiaires techniques, vont être généralisés. "L'importance de la centralisation régionale
de l’action judiciaire et l’opportunité de saisir les magistrats référents qui seront nommés d’ici
la fin juin dans les affaires de contrefaçon les plus complexes sera rappelée aux procureurs
généraux", ajoute le ministère de la Culture. Une coordination interministérielle de l'activité
de l'ensemble des services opérationnels sur les questions relatives au piratage des œuvres
sera organisée. Au ministère de l’Intérieur, la coordination incombera à la sous-direction de la
lutte contre la cybercriminalité. Le suivi des signalements sur la plateforme Pharos sera
également renforcé. "Enfin, une réflexion sur la responsabilité de certaines plateformes de
partage de vidéos qui non seulement hébergent mais assurent également un rôle de
distribution voire d’éditorialisation des œuvres sera menée. Ces réflexions devront aboutir à
des procédures de signalement des contenus illicites, de retrait et de suivi, plus efficaces,
simples et accessibles aux ayants droit", peut-on lire. Il faut dire que YouTube notamment
héberge un nombre colossal de contenus protégés, notamment des films et des séries.
11/ JOUR Par JOUR ... le 12 mars 2015 THEME 11 - 1 : Evénements dont c’est aujourd’hui l’anniversaire Source, journal ou site Internet : l’internaute histoire
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adressé par André Dulou
1376 12 mars
Prorogation de la trêve de Bruges
La trêve de Bruges, signée le 27 juin 1375 pour une durée d'un an dans le cadre
de la deuxième phase de la guerre de Cent Ans, est prorogée jusqu'au 24 juin
1377. Quelques mois plus tard, de nouvelles négociations auront lieu entre les
conseillers des rois de France et d'Angleterre. Toutefois, le refus d'Édouard III
puis son décès le 21 juin 1377 mèneront à la reprise des hostilités.
1507 12 mars Mort de César Borgia, prince italien de la Renaissance
Fils du pape Alexandre VI de la Maison de Borgia, César Borgia meurt le 10
mars 1507 au cours du siège de Viana à l'âge de 31 ans. Seigneur italien de la
Renaissance, il a été tour à tour homme d'Etat, cardinal et archevêque catholique,
et doit une partie de sa notoriété à Machiavel, qui s'en inspire lorsqu'il écrit son
œuvre "Le Prince". Son action politique et militaire lui a permis de conquérir de
nombreuses villes de la région Romagne au cours de ses différentes fonctions.
1558 12 mars
L'élection de Ferdinand Ier du Saint-Empire
Le 12 mars 1558, Ferdinand Ier est élu à Francfort, empereur romain germanique
du Saint-Empire. En 1556, il succède à son frère Charles Quint qui vient
d'abdiquer. Son élection définitive interviendra donc deux ans plus tard. Le pape
Paul IV peine à donner son assentiment au départ de Charles Quint et à l'arrivée
au pouvoir de son frère. Ferdinand Ier sera alors le premier empereur à décider
que cet assentiment n'est pas nécessaire. Son règne est paisible. Il consacre ses
dernières années à tenter de réconcilier catholiques et protestants.
1584 12 mars
Naissance de Musashi Miyamoto
Takezo Mizen de son vrai nom, Miyamoto Musashi, est né le 13 mars 1584 à
Miyamoto, dont il a repris le nom. Il est connu pour être le plus grand escrimeur
japonais. Il tua pour la première fois à l'âge de 13 ans et participa quatre ans plus
tard à la bataille de Sekigahara. Dans le camp des perdants, il est laissé sur le
champ de bataille, grièvement blessé. Il survivra pourtant et poursuivra sa
carrière en combattant de nouveau dans plus d'une cinquantaine de duels. Il fut
également un peintre et un calligraphe reconnu.
1628 12 mars
Mort du compositeur anglo-flamand John Bull
John Bull, né au Pays de Galles et ayant vécu aux Pays-Bas, était un compositeur,
un musicien renommé au clavier et un facteur d'orgue. Il étudia la musique à
Londres avec William Blitheman et fut ensuite professeur au Gresham College
sur la recommandation de la reine Elisabeth. Il sera le compositeur de Jacques Ier
mais devra fuir l'Angleterre après avoir rendu une femme enceinte avant mariage.
Organiste de la cathédrale d'Anvers, il rencontrera le compositeur Jan Pieterszoon
Sweenlinck. Sa musique fut en majorité perdue lors de sa fuite ou volée par
d'autres compositeurs. On lui attribue quand même un recueil très original de 120
canons pour orgue digne de Bach. Il meurt à Anvers le 12 mars 1628.
1685 12 mars
Naissance de George Berkeley
George Berkeley naît le 12 mars 1685 à Kilkenny. Philosophe empiriste irlandais,
il étudie également des domaines comme la physique, la métaphysique, l'optique,
ou encore les mathématiques et la théologie. Il est l'auteur de théories importantes
sur l'idéalisme (il théorise l'idéalisme empirique), l'existence de Dieu et la
connaissance. Une ville de Californie, siège d'une université importante, porte
son nom.
1818 12 mars
Loi Gouvion-Saint Cyr sur la conscription
La loi Gouvion-Saint Cyr réforme l’accès à l’armée selon un modèle plutôt
démocratique. En effet, le principe révolutionnaire de conscription avait été aboli
par la Charte de 1814. La nouvelle loi reprend ce principe d’égalité tout en y
apportant des modifications majeures. Les conscrits sont en fait recrutés par
tirage au sort tandis qu’il est possible d’acheter un « remplaçant » pour les
fortunés qui ne souhaitent pas faire leur service. Mais cette loi met également fin
aux privilèges de la noblesse concernant le recrutement et la promotion au sein de
l’armée permanente.
1821 12 mars Soulèvement de l'armée au Piémont qui contraint Victor-Emmanuel Ier à
abdiquer
Le 12 mars 1821, une insurrection de l'armée a lieu dans le Piémont et se propage
rapidement jusqu'à la ville de Turin. Le roi Emmanuel Ier qui règne à cette
époque sur la monarchie préfère alors abdiquer plutôt que de céder aux exigences
des rebelles et approuver une constitution. La révolte est appuyée par le colonel
de Santarosa qui est un ami de l'héritier Charles-Albert de Savoie-Carignan. Une
constitution est alors mise en place.
1854 12 mars
Alliance franco-anglaise avec la Turquie
La France et la Grande-Bretagne s'allient avec l'Empire ottoman contre la Russie.
En contrepartie, le sultan turc accepte de pratiquer des réformes politiques et
sociales dans son pays. Cette coalition précipitera l'Europe dans la guerre de
Crimée à partir du mois de septembre jusqu'en mars 1856.
1894 12 mars
Commercialisation du Coca
La firme Coca-Cola met en vente ses premières bouteilles de boisson gazeuse sur
le marché américain.
1921 12 mars
Lénine lance la NEP
Constatant que le "communisme de guerre" est un échec économique et social,
Lénine annonce au cours du Xème Congrès du Parti communiste, le lancement
d'une nouvelle politique économique, la NEP (Novaïa Ekonomitcheskaïa
Politika). Elle prône un retour, partiel, aux méthodes de l'économie capitaliste :
liberté de commerce, ouverture aux investisseurs étrangers, dénationalisation du
commerce intérieur et des petites entreprises industrielles etc. Ces mesures
donneront un nouveau souffle à la production industrielle et agricole de l'URSS.
Mais elles montreront vite leurs limites avec l'augmentation du chômage, la
stagnation des prix agricoles et l'arrivée d'une nouvelle bourgeoisie les
"nepmans", les spéculateurs. La NEP sera abandonnée par Staline en 1929.
1925 12 mars
Décès de Sun Yat-sen, homme politique chinois
Le 12 mars 1925 est marqué par le décès de Sun Yat-sen, homme politique
chinois considéré comme le fondateur de la Chine moderne, à l'âge de 58 ans. Il
est connu pour avoir été le fondateur du Kuomintang, le parti nationaliste chinois,
ainsi que le premier président de la République de Chine suite à la chute de la
dynastie Qing lors de la révolution de 1911. La politique de Sun Yat-sen fut
principalement axée sur l'unification des différentes provinces du Sud de la
Chine.
1930 12 mars
Ghandi déclenche la marche du sel
Le Mahatma Gandhi entame une campagne de désobéissance civile contre le
pouvoir britannique d'Inde qui impose une taxe sur le sel. Accompagné d'une
poignée de disciples, il commence une longue marche appelée "marche du sel".
Au cours de ses 350 km de route des villageois, des journalistes et des
intellectuels se rallieront à sa cause. 24 jours après son départ Gandhi atteindra la
mer où symboliquement il violera le monopole de l'Etat colonial en ramassant
une poignée de sel. Le "père de la nation" indienne sera arrêté sur l'ordre du vice-
roi le 5 mai.
1930 12 mars
Début de la Marche du Sel
La Marche du sel en 1930 a été une des actions symboliques de Gandhi pour
arracher aux Anglais l'indépendance de l'Inde. Représentative de ses actions de
« désobéissance civile » pacifistes et non violentes, cette marche de 300
kilomètres jusqu'à l'océan Indien a été très fortement médiatisée. Le but de cette
action était de résister à la taxe du sel levée par les britanniques. Elle a conduit
plus de 60 000 personnes en prison, dont Gandhi lui-même, mais l'objectif a été
atteint et les Indiens ont obtenu le droit de collecter leur sel eux mêmes.
1945 12 mars
A sa mort, Anne Frank laisse un journal
Arrêtés par des soldats nazis alors qu'ils se cachaient depuis deux ans dans
l'entreprise familiale, les membres de la famille Frank sont arrêtés et déportés
vers les camps d'extermination. Anne Frank meurt quelques mois plus tard dans
le camp de Bergen-Belsen. Le père, unique survivant de la famille, découvre à
son retour à Amsterdam le journal intime tenu par sa fille dans lequel elle raconte
sa vie durant les deux années où ils se sont cachés.
1947 12 mars
Truman expose sa doctrine
Devant le Congrès américain, le président Harry Truman présente sa doctrine dite
de "containment" (endiguement). Il propose de mettre en place des aides
économiques et financières notamment pour l’Europe afin que ces pays puissent
conserver leur indépendance. Visant explicitement les communistes et la main
mise de l’URSS sur certains pays de l’Europe centrale, la doctrine Truman
affirme que les Etats-Unis doivent être les défenseurs du monde libre face aux
tentatives d’asservissement de l’URSS. Il aboutit à la mise en place du plan
Marshal. L’URSS répondra par le rapport Jdanov en septembre, fustigeant
l’impérialisme américain.
1950 12 mars
La Belgique rappelle Léopold III
Le référendum organisé en Belgique décide du retour du roi au pouvoir. Les
Flamands se prononcent à 57,68% pour, les Wallons à 41,3% contre. A l'annonce
des résultats, des manifestations hostiles au souverain éclatent et le pays est
divisé. Léopold III redeviendra Roi des Belges le 22 juillet, mais il devra
abdiquer en faveur de son fils aîné, Baudouin, le 16 juillet 1951.
1951 12 mars
Queneau, élu membre de l’Académie Goncourt
Reconnu par les milieux littéraires, Raymond Queneau rejoint les membres de
l’Académie Goncourt. Durant des années il participera au jury, pour finalement le
quitter en 1970.
1955 12 mars
"Bird" ne jouera plus
Usé par ses excès de drogue et d’alcool, Charlie Parker s’éteint alors qu’il
regarde la télévision. A 34 ans, celui qui était surnommé « Bird » ne jouait plus
que sporadiquement et sa période de gloire semblait déjà derrière lui. Il
bénéficiera toutefois d’une large reconnaissance a posteriori pour entrer dans le
milieu fermé des légendes du jazz.
1968 12 mars
Indépendance de l'île Maurice
Grâce aux négociations entamées par le Docteur Seewoosagur Ramgoolam, la
possession anglaise de l'île Maurice accède à l'indépendance. La reine
d'Angleterre sera désormais représentée par un gouverneur général, Sir John
Rennie. Le 11 mars 1992, Maurice deviendra une République, tout en restant au
sein du Commonwealth.
12/ REVUE de PRESSE INTERNATIONALE en langue étrangère
THEME 12 - 1 : Russia ready to Hold Talks on New Arms Agreement Source, journal ou site Internet : The Voice of America
Date : 11 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur
Russia is ready to hold talks on a new agreement to control conventional arms in Europe, a
Russian Foreign Ministry official said Wednesday, after Russia announced the end of its
participation in the Treaty on Conventional Armed Forces in Europe. "We are ready to look at
the possibility and carry out corresponding talks on a new agreement which would adequately
address new realities... and take into account the interests of the Russian Federation," Mikhail
Ulyanov, director of the ministry's department on arms control, told the Interfax news agency.
Russia previously announced it would suspend its participation in the Joint Consultative
Group (JCG) on the Treaty on Conventional Armed Forces in Europe as of March 11. A
statement posted on Russia's Foreign Ministry website on March 10 cited Aleksandr Mazu,
the head of the Russian delegation to Vienna talks about military security and arms control.
Mazur said Russia's participation in the advisory group was "meaningless from a political and
practical point of view and an unjustifiable waste from a financial-economic [point of view]."
The statement noted Russia already suspended its participation in the Treaty on Conventional
Military Forces in Europe in 2007 adding that NATO's expansion plans made it impossible to
realize the terms of the treaty. The statement said that with the decision to suspend its role in
the JCG "the suspension of the CFE treaty announced by Russia in 2007 becomes complete."
It added that the move "does not signify its refusal from further dialogue over conventional
arms in Europe" and Moscow would rejoin discussions "if and when our partners are ripe for
it." Mazur said Belarus would represent Russia's interests in the JCG at future meetings.
THEME 12 - 2 : Kerry Calls for Us War Powers to Fight IS Source, journal ou site Internet : The Voice of America
Date : 11 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur
U.S. Secretary of State John Kerry called on Congress Wednesday to approve President
Barack Obama's war powers request for the authority to use military force against Islamic
State militants. "We simply cannot allow this collection of murderers and thugs to achieve its
ambitions," Kerry told members of the Senate Foreign Relations Committee, noting that
Islamic State had captured large portions of land in Iraq and Syria, threatening "the death or
submission of all who oppose it" and "the incitement of terrorist acts across the globe."
Secretary of State John Kerry testifies on Capitol Hill in Washington, March 11, 2015, before
the Senate Foreign Relation Committee.
Interrupted at one point by the shouts of anti-war protesters in the hearing room, Kerry went
on to tell lawmakers that the United States has to present a united front against Islamic State.
“They have to understand that they can’t divide us," he said. "Don’t let them.” In addition to
Kerry, Defense Secretary Ashton Carter and the chairman of the Joint Chiefs of Staff, General
Martin Dempsey, addressed the Foreign Relations Committee. The meeting was part of a long
process toward any authorization, which would need to clear both the full Senate and House
of Representatives. Obama last month proposed an authorization of force that would last three
years with limits on the use of ground troops, barring them from sustained, long-term,
offensive combat.
Varying views
There has been pushback against the president's plan from Republicans who disagree with
limiting the use of ground troops, as well as from Democrats who do not want to see the use
of any forces on the ground. The panel's top Democrat, Senator Bob Menendez of New
Jersey, said Obama's proposal was vague and lacked a clear exit strategy. “What Democrats
are not willing to do is to give this or any other president an open-ended authorization for war,
a blank check,” he said. Committee Chairman Bob Corker, a Tennessee Republican, said the
authorization, as written, probably does not go far enough. “The authorization for the use of
military force that has been sent up is one that is limited in some ways, both in duration and
relative to the activities that the commander in chief, through you, can carry out,” he said.
Corker, who was recently in Baghdad and Irbil, said everything Washington has done to
combat Islamic State is benefiting Iran. Carter, the secretary of defense, argued that the
proposed authorization would provide the authority and flexibility needed to go after Islamic
State fighters and their affiliates beyond the Iraqi and Syrian borders. The Islamic State group
"is likely to evolve strategically, morphing, rebranding and associating with other terrorist
groups while continuing to threaten the United States and our allies,” he said.
Battles continue
Wednesday’s hearing took place as U.S. airstrikes continued to pound Islamic State militants
in Syria and Iraq, and while Iraqi security forces and Shia militias were fighting to regain
control of Tikrit. At the same time, Islamic State fighters launched a major offensive along the
Syrian-Turkish border. The U.S. military has been carrying out airstrikes since August in Iraq
and since September in Syria as the lead in an international coalition against the militant
group. So far, according to Pentagon data, the coalition has conducted more than 2,700
airstrikes against targets such as artillery and fighting positions, vehicles and storage facilities
used by the militants. The president has said those operations do not need any new
authorization and are instead covered by a measure passed following the September 11, 2011,
terrorist attacks.
VOA's Sharon Behn contributed to this report from the State Department. Some material for this report came from AFP.
THEME 12 - 3 : US Air Force eyes 2018 to launch new GPS satellite competition Source, journal ou site Internet : Reuters
Date : 12 mars 2015
Auteur : Andrea Shalal Adressé par André Dulou
WASHINGTON, March 11 (Reuters) - The U.S. Air Force on Wednesday said it hopes to
kick off a competition for the next batch of U.S. Global Positioning System satellites
beginning in 2018, with an eye to getting higher-power satellites with greater anti-jamming
capabilities. Air Force officials are due to meet with Pentagon chief arms buyer Frank
Kendall on Wednesday to map out an acquisition strategy for the new program, David
Madden, executive director of the Air Force's Space and Missiles Systems Center (SMC)
told a breakfast meeting hosted by the nonprofit Mitchell Institute. Madden told reporters
after the speech that he expected preliminary work to begin on the program in 2016, with a
formal request for proposals likely to kick off in 2018. Lockheed Martin Corp is under
contract to build the first eight GPS III satellites, and the Air Force is finalizing a contract
with Lockheed for two more satellites. Air Force officials had said they were looking at
launching a competition for the next satellites in the constellation beginning with the 11th
satellite, but had not ruled out sticking with the current supplier, Lockheed. Madden said
there would definitely be a competition, given that the Air Force had only gotten permission
for a sole-source deal with Lockheed for 12 satellites. He said officials wanted to structure a
plan that resulted in a true competition for the new satellites. He said Boeing Co and
Northrop Grumman Corp, which also build satellites, had expressed interested in competing
for what would be a multibillion-dollar program, as had several companies that build sensors
for satellites, including General Dynamics Corp. Given current budget constraints, Madden
said the Air Force would have to rely more heavily on investment by interested companies
in preliminary design work for the new satellites. ,One key issue would be getting access to
data about the companies' design work to speed the evaluation process, he said. He said the
Air Force also hoped to get permission from the Pentagon to buy multiple GPS III satellites
at once so it could benefit from greater economies of scale, and drive the price of the
satellites lower. (Reporting by Andrea Shalal; Editing by David Gregorio)
THEME 12 - 4 : Obama’s New Drone Export Rules Won’t Sell More Drones Source, journal ou site Internet : defense One
Date : 11 mars 2015
Auteur : Andrew Hunter A,ndrew Merrick
Adressé par Jean-Claude Touneur
President Obama’s new drone export rules are little more than a mix of existing rules
reflecting an outdated perspective on these important weapons.
Andrew Hunter is director of the Defense-Industrial Initiatives Group at the Center for
Strategic and International Studies. He previously served as director of the Joint Rapid
Acquisition Cell in the Defense Department and as a professional staff member of the House
Armed Services Committee. Full Bio
Andrew Metrick is a research assistant with the International Security Program at CSIS. Full
Bio
The president’s policy is not new, will not lead to rapid proliferation of U.S.-made drones and
does nothing to clarify the confusion about why drones should be treated differently from
other weapons systems. What the policy does is build on the precedents of past, case-by-case
decisions regarding drone exports. The U.S. has sold military unmanned aerial vehicles, or
UAVs, including armed drones, to several nations since the early 2000s. In fact, U.S. sales of
military drones goes back even further to the 1970s with sales of Firebee drones to Israel.
Modern examples are numerous. The Italian Air Force acquired Predators in 2004 and the
more advanced Reaper derivative starting in 2010. Both Italy and the U.K. operate armed
Reapers that they purchased from the U.S. There are ongoing discussions with Japan, South
Korea, Australia and others on possibly selling the advanced Global Hawk. On the opposite
end of the size spectrum, the U.S. has sold the hand-launched Raven to partners ranging from
the ironclad – U.K. and Canada – to the less stable – Yemen and Pakistan. If last week’s
announcement didn’t constitute a truly new policy on drone exports, how should one view
these rules? To paraphrase The Who: Meet the new policy, same as the old policy. For some
time, the various entities within the U.S. government that play a role in the export of these
weapons—the Departments of State, Defense and Commerce, along with the National
Security Council—have been working to articulate a unified policy to govern drone exports.
The resulting announcement reflects the unity that was found, the substance of which was
essentially an amalgamation of existing policies and practices. That unity has value, providing
a common U.S. government starting point for all drone sales. In addition, it offers a set of
principles that the U.S. can use with other nations when attempting to control the transfer of
drone technology, especially in more advanced models. In fulfilling these purposes, the policy
may well be worthwhile. It is not likely that the policy will lead to significantly increased
exports of U.S.-made drones. The change in no way lowers the significant hurdles to exports
established by the U.S. Conventional Arms Transfer Policy, the Arms Export Control Act, the
Foreign Assistance Act, and the Missile Technology Control Regime, or MTCR. In the case
of the MTCR, drones with a range greater than 300 km and a payload above 500 kg – such as
the Predator, Reaper, and Global Hawk – are subject to strict controls including “strong
presumption of denial” for export, a barrier only lifted in “rare occasions.” Although the new
export policy promises a faster decision timeline, drones, especially the larger and more
advanced ones, will be subject to enhanced controls including agreements covering
“principles for proper use,” increased security, and close end-use monitoring. This does not
sound like a policy permissive of or conducive to exporting U.S. drones under most
circumstances, and especially for military use. What’s disappointing about the policy,
however, is that it is so focused on range, payload and weapons capacity that it in no way
distinguishes what makes drones new and different. Many manned assets, including relatively
unsophisticated ones, can perform all of the same functions of a drone. But under the new
policy, those functions would trigger the highest degree of controls if the cockpit were simply
removed. In fact, converting such assets to be “optionally” manned is an increasingly
achieved objective. The key differentiator for unmanned systems from similarly capable
manned systems is their degree of autonomy from direct human control. Here the policy sets
absolutely no standard, bypassing what many drone observers would agree is a critical issue
that merits careful review. Several additional questions also remain unanswered. The
artificially created distinction between commercial and military drones in this export policy
has not been clearly explained and may become increasingly less relevant as the technology
develops. Military drones provide persistence with a wide variety of sensors, yet this is
becoming increasingly available commercially. While military drones may be over-
engineered to better survive combat, commercial ones will offer an 80 percent solution in
almost all missions. Obama’s new policy also likely will not abate drone sales by other
nations such as Israel and China. Israel was the world’s largest exporter of drones from 2005
to 2012, outselling the U.S. by approximately $1.5 billion, according to a 2013 report by the
market research firm Frost and Sullivan. The Chinese have moved incredibly swiftly into the
market, producing and selling a staggering array of systems to a wide range of buyers. China
has sold their Wing Loong drone, in essence a Chinese knock-off of the Predator, to Saudi
Arabia. Many were caught surprised when an armed Chinese CH-3 drone reportedly crashed
in Nigeria, in January. The U.S. drone export policy takes an important first step providing a
foundation from which policy can evolve. In many ways, however, it represents a missed
opportunity to establish a truly new and enduring policy. And despite arguments to the
contrary, it likely will not result in a wave of new U.S. drone exports. In fact, over time, it
may become more restrictive for exports than its authors ever intended. U.S. officials need to
develop an approach to drones that truly addresses the importance of this technology to U.S.
national security, the arms trade today and in the future.
THEME 12 - 5 : Sources : US Drone Strike Targets Somali Militant Commander Source, journal ou site Internet : The Voice Of America
Date : 12 mars 2015
Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur
Sources in Somalia are reporting an apparent U.S. drone strike against a vehicle carrying
officials from militant group al-Shabab. Somali officials and individuals close to al-Shabab
told VOA's Somali Service the drone attacked a vehicle late Thursday outside the
southwestern town of Bardhere. According to sources in the region, the targeted car belongs
to Adan Garaar, a top official in al-Shabab's security service, the Amniyat. Garaar is believed
to have links with the gunmen who attacked Kenya's Westgate Mall in 2013, killing more
than 60 people. Sources told VOA the vehicle was destroyed in the drone strike. It was not
immediately clear whether Garaar was killed.
Attack on political leader
Earlier, al-Shabab claimed responsibility for an attack that targeted a key Somali political
leader and left at least eight people dead. The attack Thursday in the town of Baidoa targeted
the official residence and headquarters of Sharif Hassan Sheikh Aden, a former speaker of
Somalia's parliament and the current head of Somalia's South Western state. Witnesses said
militants detonated a car bomb outside the residence, then opened fire, setting off a gunbattle
with guards. Multiple officials in the area said the dead included three attackers, three Somali
soldiers and two Ethiopian soldiers with the African Union force in Somalia, AMISOM. Aden
is said to be safe and unharmed. Pro-al-Shabab websites reported the group's claim of
responsibility soon after the attack was over.
Government officials targeted
The assault was similar to other recent attacks by the al-Qaida-linked group, which has
increasingly targeted government officials. Al-Shabab has claimed responsibility for killing
six members of parliament since the start of 2014, and also launched two bomb-and-gun
attacks on the presidential palace last year. AMISOM said Thursday the attacks are "desperate
attempts by al-Shabab to seek relevance" following military defeats by AMISOM and the
Somali National Army. In November Baidoa became the capital of Somalia's newly created
South West State and the seat of its president, Aden, a key ally of the country's internationally
backed government. Al-Shabab controlled much of Mogadishu from 2007 to 2011 but has
been pushed out of Somalia's capital and other major cities by African Union forces. On
Wednesday evening one person was killed in a suspected Shebab car bomb attack against a
popular hotel in Mogadishu, an attack that came several weeks after the Islamists carried out a
suicide raid against another hotel in the city, killing at least 25 people. The group has also
carried out a string of revenge attacks in neighboring countries, including the September 2013
attack on the Westgate shopping mall in the Kenyan capital Nairobi that left at least 67 dead.
Somalia has been unstable since the collapse of Siad Barre's hardline regime in 1991, and the
country's new government is being supported by a 22,000-strong African Union force that
includes troops from Burundi, Djibouti, Ethiopia, Kenya and Uganda.
THEME 12 - 6 : Airbus Defence and Space to build CEREZ signal intelligence satellites for French Defence Source, journal ou site Internet : Airbus defence and space
Date : 12 mars 2015
Auteur : communiqué de presse
Adressé par Jean-Claude Tourneur
Airbus Defence and Space has been selected by the French defence procurement agency
DGA to construct three CERES signals intelligence (SIGINT) satellites, as well as to be the
joint prime contractor together with Thales for the overall system.
CERES is the first operational interception system for the French defence agency and
draws on the experience acquired from the ESSAIM and ELISA demonstrators.
Airbus Defence and Space, the world’s second largest space company, has been selected by
the DGA (Direction générale de l’armement) to build the three CERES satellites, which will
provide France with its first operational SIGINT capability. “The fact that the DGA has
entrusted Airbus Defence and Space with the construction of the CERES satellites
demonstrates the quality of our expertise and technology, acquired through our successful
development of the ESSAIM and ELISA demonstrators,” said François Auque, Head of
Space Systems. “Signals intelligence is flagged as a top priority in the French Defence and
National Security white paper. Airbus Defence and Space, which started working with Thales
through CERES, is proud to provide France with its industrial and technological expertise,
thus confirming its position as the prime contractor for all French space-based intelligence
systems.” The CERES (Capacité de Renseignement Electromagnétique Spatiale or Space
Signal Intelligence Capacity) system comprises three closely positioned satellites that are
designed to detect and locate ground signals, along with ground control and user ground
segments. CERES is due to enter service towards 2020. Airbus Defence and Space has been
entrusted with the space segment comprising the three satellites, while Thales is responsible
for the payload and the user ground segment. The two manufacturers are the joint prime
contractors for the entire system. In addition, Thales Alenia Space acts as a subcontractor to
Airbus Defence and Space in supplying the platform. Intelligence is one of four priorities
identified by the white paper. The 2014-2019 Military Planning Law has translated this
priority into programmes and funding, which include signals intelligence and one of its
operational uses, the CERES programme. This satellite system will give France a capability
that few countries possess. In designing and building CERES, Airbus Defence and Space and
Thales will draw on the experience they acquired jointly from the ESSAIM and ELISA
demonstrators.
13/ Titres des articles pouvant être demandés à l’adresse [email protected], qui vous les adressera dans la journée de la demande. Ces articles n’ont pu être insérés dans la revue de presse. Pour recevoir un ou plusieurs articles, il suffit d’adresser un message électronique à l’adresse :
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