représentation métalinguistique de la la préposition through dans la toe. thèse de doctorat

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UNIVERSITÉ de CAEN BASSE-NORMANDIE U.F.R : LANGUES VIVANTES ÉTRANGÈRES ED 68 : Littératures, Cultures et Sciences Sociales THÈSE Présentée par Melle Julie BARTHÉLEMY Et soutenue le 2 décembre 2011 En vue de l'obtention du DOCTORAT DE L'UNIVERSITÉ de CAEN Spécialité : Langues et Littératures anglo-saxonnes Arrêté du 07 août 2006 LA PRÉPOSITION THROUGH : PROPOSITION DE REPRÉSENTATION SCHÉMATIQUE DANS LA THÉORIE DES OPÉRATIONS ÉNONCIATIVES ϰϰϰ MEMBRES du JURY M. Jean Chuquet, Professeur, Université de Poitiers (rapporteur) M. Philip Miller, Professeur, Université Paris Diderot- Paris 7 (rapporteur) M. Lionel Dufaye, Professeur, Université Paris Est Marne-La-Vallée Mme Isabelle Haïk, Professeur, Université de Caen Basse-Normandie M. Eric Gilbert, Professeur, Université de Caen Basse-Normandie (directeur de thèse) 1

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A thesis on the English preposition through, within an enunciative theoretical framework.

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  • 1. UNIVERSIT de CAEN BASSE-NORMANDIE U.F.R : LANGUES VIVANTES TRANGRES ED 68 : Littratures, Cultures et Sciences Sociales THSE Prsente par Melle Julie BARTHLEMY Et soutenue le 2 dcembre 2011 En vue de l'obtention du DOCTORAT DE L'UNIVERSIT de CAEN Spcialit : Langues et Littratures anglo-saxonnes Arrt du 07 aot 2006 LA PRPOSITION THROUGH : PROPOSITION DE REPRSENTATION SCHMATIQUE DANS LA THORIE DES OPRATIONS NONCIATIVES MEMBRES du JURY M. Jean Chuquet, Professeur, Universit de Poitiers (rapporteur) M. Philip Miller, Professeur, Universit Paris Diderot- Paris 7 (rapporteur) M. Lionel Dufaye, Professeur, Universit Paris Est Marne-La-Valle Mme Isabelle Hak, Professeur, Universit de Caen Basse-Normandie M. Eric Gilbert, Professeur, Universit de Caen Basse-Normandie (directeur de thse) 1
  • 2. Remerciements Je souhaite avant tout exprimer ma reconnaissance mon directeur de thse, Eric Gilbert, sans la rigueur, l'attention, et la patience duquel ce travail n'aurait pas abouti. Les membres du laboratoire CRISCO ainsi que ceux de l'UFR des Langues Vivantes Etrangres m'ont galement apport un soutien professionnel et amical dont je les remercie chaleureusement. Je tiens galement dire Claire, Laurent, Blandine, Agathe, Constance et Sacha, qui m'ont accompagne au cours de ces quatre annes, la gratitude qui est la mienne pour le soutien et le rconfort dont ils m'ont fait profiter sans discontinuer, ainsi qu' Mathieu, pour avoir oeuvr mon bien tre dans la phase la plus ardue de cette tche. Ces premires annes de recherche n'auraient pas eu la saveur acidule qui a t la leur si je n'avais pu bnficier au quotidien de la joyeuse et savante humeur de mes camarades de travail et amis Anarkhan, Antoine, Baptise, Benoist, Franois, Gildas, Mathias et Pauline, qui me sont chers. Merci enfin l'ensemble des relecteurs qui m'ont prt main forte au cours de l'ascension du dernier sommet. Last but not least, I thank those who kept an eye on my work and contributed to it with enthusiasm during and after my stay across the Channel: Cherry, the Whitefields (and not quite so, Danny and Lina), David Franklin and Andrew English. 2
  • 3. Sommaire Introduction 4 Partie 1 : Emplois spatiaux 25 Chapitre 1 : Through dans la complmentation des verbes de mouvement 26 Chapitre 2 : Across et through 66 Chapitre 3 : La nuance de moyen dans les noncs spatiaux 90 Partie 2 : Traitements et exprience 111 Chapitre 1 : Traitements et procdures It went through the washing machine 113 Chapitre 2 : La nuance d'exprience He went through a bad week 127 Partie 3 : Dynamique et compltude 175 Chapitre 1 : Be + through 180 Chapitre 2 : Through dans les formes composes 224 Chapitre 3 : Through modifieur d'une forme adjectivale 251 Partie 4 : Causalit et moyen 288 Chapitre 1 : Valeur causale 289 Chapitre 2 : Valeur de moyen 338 Chapitre 3 : Through et with 364 Partie 5 : Intermdiaire 383 Chapitre 1 : Through + anim humain, la nuance d'intermdiaire 385 Chapitre 2 : Intermdiaire gographique et gamme from A through Y to B 411 Conclusion 424 Bibliographie 430 Index des noms cits 449 Index des notions utilises 452 Table des matires 459 3
  • 4. Introduction Prambule Dans un article fcond intitul A tour through through , D. Lee a produit lune des tudes les plus dtailles de la prposition. Il y dveloppe une reprsentation du marqueur dans laquelle il tablit un lien entre ses diffrentes valeurs smantiques et un schma prototypique spatial. Nous prendrons son analyse pour point de dpart, avant d'voquer les propositions de A. Tyler et V. Evans, J. Hilferty, et D. C. Bennett qui concernent through, ainsi que celles de P. Cadiot et C. Vandeloise pour l'ensemble des prpositions, reprsentatives de variantes plus ou moins diffrentes au sein de lapproche cognitiviste1. Ce choix est motiv par les raisons suivantes : - Les linguistes cognitivistes ont fourni la majorit des propositions de formes schmatiques sur le fonctionnement des prpositions. - Parmi les non-nonciativistes, les cognitivistes reprsentent le courant le plus consquent qui dfende une vision non autonome du langage. Dans la mesure o nous partageons cette position, il nous a paru opportun de spcifier les points sur lesquels nous diffrons de leur approche, avec laquelle nous partageons un certain nombre de convictions (sur le caractre analogique des systmes de reprsentation, sur la structuration des processus de catgorisation, entre autres). Tous les linguistes cits ci-dessus proposent pour reprsenter les prpositions de dfinir une certaine valeur fondamentale. Celle-ci est exprime selon deux grandes tendances, que nous distinguerons mais lgard desquelles nous formulerons des objections semblables : la proposition dun schma de base de nature plutt gomtrico-topologique, et celle de dfinitions qui prennent la forme dun faisceau de traits dfinitoires. 1 Les diffrentes propositions propres au marqueur seront considres et mises en perspective avec nos hypothses lorsque seront abordes les diffrentes valeurs smantiques de la prposition. 4
  • 5. Si les diffrents auteurs prcdemment mentionns mettent en valeur dimportants phnomnes de langues associs lusage de la prposition et sils relvent des analogies dun grand intrt entre les diffrentes valeurs smantiques de la prposition, plusieurs lments nous conduisent nanmoins envisager la ncessit dun autre type de reprsentation. Dans un premier temps nous en dgagerons les motifs principaux. Dans un second temps nous exposerons brivement les conclusions des travaux dj existants sur ce marqueur au sein de la Thorie des Oprations nonciatives dans laquelle s'inscrit notre travail. Dans un troisime temps nous prsenterons les diffrentes modalits de notre travail de recherche et en dtaillerons la structure. 1. Les propositions cognitivistes 1.1 Schmas topologiques et situations prototypiques D. Lee dfinit la valeur spatiale de through comme premire. Elle dtermine par consquent le choix de la situation prototypique qu'il prsente comme l'invariant du marqueur : [A] physical object or substance enters a container, follows a path within the container, and then exits.2 (1998 : 333) L'auteur expose l'existence de diffrents facteurs et processus qui dfinissent le lien entre ce schma de base et les valeurs qu'il associe la prposition : orientational metaphor, frames, radial categories, plasticity of meaning, subjectification. Ils sont prsents comme encadrant les diffrents processus dextension mtaphorique drivant du schma de base prsent ci-dessus et gnrant lensemble des valeurs smantiques analyses : resource consumption, achievement, instrumentality, causation, result, ordeal. Ceci se fait 2 D. Lee nous renvoie en fait R. T. King (1988, 579), qui associe ces traits la prposition allemande durch et pour laquelle il tablit un parallle avec through. 5
  • 6. notamment par le biais de laffiliation de structures pr-conceptuelles la prposition. Pour le cas de through, ces structures sont principalement le path schema et le container schema. : The schemas that are most relevant to through are the source-path-goal schema and the container schema.3 ( 1998 : 335). La notion de path est dfinie dans la majorit des reprsentations de through qui sont proposes dans le cadre d'une analyse cognitiviste comme une composante essentielle du fonctionnement du marqueur. Comme le font V. Tyler et A. Evans, elle est gnralement prsente comme la primitive conceptuelle dont dcoulent mtaphoriquement les diffrentes valeurs de la prposition : As through characterizes a spatial relation denoting a TR and a bounded LM in which two locations on either side of a LM are related (the entrance point and exit point, respectively), the associated functional element is that of path.(2004 : 21) Par ailleurs, cette primitive est donne comme rsultant directement d'un schma prototypique spatial qui reprsente la traverse d'une entit par une autre, et que rsume typiquement le schma prototypique de V. Tyler et A. Evans : A partir de la dfinition d'une valeur de base du marqueur, spatiale, qui repose sur l'ide de traverse, les auteurs attribuent donc au marqueur une primitive conceptuelle, celle de path. La proposition de J. Hilferty est comparable celle-ci puisque la notion de path est galement choisie pour caractriser le fonctionnement de through, et galement prsente comme rsultant d'un schma spatial de cet ordre : 3 Nous soulignons. 6
  • 7. [W]ith regard to the landmark, the trajector's linear path takes it sequentially from a relationship of noncoincidence, across one of coincidence, to that of noncoincidence [...].(1999 : 349) Les cognitivistes ne sont en fait pas les premiers avoir eu recours ces concepts pour la dfinition du fonctionnement de through, les ides d'intrieur et de chemin taient dj prsentes dans l'analyse de D. C. Bennett qu'il proposait dans la Thorie stratificationnelle du langage en 1975. Il dfendait en effet la position suivante : [It] is clear that through needs to be defined as a 'path locative interior. (1975 : 84) On remarque nanmoins que la valeur spatiale du marqueur est elle-mme multiple. Elle peut tre associe la nuance de traverse, renvoyer un dplacement au sein d'un espace donn ou au dpassement d'une limite, entre autres : 1. The train went through the tunnel. 2. It flew through the air. 3. He ran through the door. Il semble que ce soit l'interprtation qui est considre par les diffrents auteurs mentionns ci-dessus comme prsentant une certaine prdominance qui soit dfinie comme prototypique, savoir celle qui repose sur la nuance de traverse que l'on rencontre dans l'exemple (1). De telles reprsentations laissent ainsi place de par leur nature la reprsentation de l'ide que se fait le linguiste qui la gnre d'un sens prototypique, avec le danger, mis en vidence par G. Gilquin et A. McMichael4 pour le cas prcis de lanalyse de through par D. Lee, que la dfinition du prototype ne devienne en fait "une dfinition prototypique". Lobjectif de leur analyse est de montrer que la dfinition que propose D. Lee pour le prototype est en dsaccord avec les rsultats fournis par diverses mesures qui suggreraient des saillances diverses selon le type de critre envisag, au dtriment dune prdominance claire et univoque de la valeur dfinie comme prototypique. Ils observent que : 4 G. GILQUIN, et A. McMICHAEL. Measures of prototypicality: convergence or divergence? The case of through." Third International Conference of the German Cognitive Linguistics Association, Leipzig, Germany, September 25 - 27, 2008 7
  • 8. - d'un point de vue diachronique, les mesures suggrent une prdominance des valeurs qu'ils qualifient d'instrumentale et du sens "d'un bout l'autre de" comme valeurs les plus anciennes. - du point de vue de la mise en place de lusage de la prposition chez lenfant, le premier emploi que font majoritairement les enfants de la prposition ne correspond pas X moves through Y mais des syntagmes circonstanciels locatifs (exemple fourni : -oh. - come in. - through the door. - Youre not going anywhere with + ). - du point de vue de lemploi en discours, les mesures relatives aux diffrents emplois de la prposition par des adultes suggrent un emploi prdominant correspondant X moves through Y, o Y est un site (landmark, LM) deux dimensions (selon lauteur) de type door, area, town, country. - du point de vue de la saillance cognitive : les mesures effectues concernant la saillance cognitive de la prposition avec des procdures visant dgager la/les valeurs prototypiques "cognitives" des usagers de la langue donnent la valeur "X moves through Y" avec laquelle le rfrent de Y possde deux dimensions en premire position, et la valeur "instrumentale" en seconde position. Les deux auteurs soulignent donc qu'ils obtiennent des rsultats qui d'une part diffrent selon le type de mesure effectue, et qui d'autre part ne sont pas en accord avec la dfinition propose. Si G. Gilquin et A. McMichael ne remettent pas en cause l'existence d'une dfinition prototypique de la nature de celle que fournit D. Lee mais seulement la dfinition propose par ce dernier, leurs travaux montrent que la diversit des rsultats obtenus en fonction des critres mobiliss ne va pas dans le sens de l'existence d'une valeur smantique unique prototypique formulable par une paraphrase. Nous considrerons ceci comme un cueil que doit permettre dviter une reprsentation de la prposition en termes de primitives abstraites et non smantiques, qui ne contredit pas et que ne contredit pas cette diversit de rsultats, puisquelle situe les proprits fondamentales de la prposition en de du niveau smantique. Cette caractristique limite dailleurs la part que peut remporter lintuition personnelle dans llaboration du schma 8
  • 9. fondamental puisque de telles primitives abstraites, que nous dfinirons plus bas, contrairement des proprits smantiques, chappent notre intuition de locuteur. Un autre aspect problmatique de ces reprsentations concerne pour nous leur lien avec lextralinguistique. Il est ainsi intressant de noter que le point principal que contestent G. Gilquin et A. McMichael dans la proposition de D. Lee a trait au caractre tri-dimensionnel du site (LM). En effet les linguistes privilgient l'ide d'un LM bidimensionnel au vu des rsultats de leurs recherches. Leur dsaccord avec D. Lee repose sur le fait que les termes qui suivent through dans ses principaux emplois par des adultes renverraient des lments bi-dimensionnels, savoir des choses comme door, area, town, country. Le dbat qu'ils instaurent concerne la ralit extralinguistique des rfrents du rgime de la prposition, qui dpend elle-mme de la reprsentation que l'on s'en fait, et ne prsente en consquence qu'une constance limite (on pourrait se demander, par exemple, ce qui fait prvaloir le choix de la caractrisation d'une porte et d'une ville comme tant bidimensionnelle et non tri-dimensionnelle). Une dfinition dont l'une des proprits concerne le nombre de dimensions du site (LM) engage ncessairement sa fiabilit sur ce critre : sa validit semble donc tre fonction, par l, de la (de l'existence d'une) ralit objective, directement accessible, stable, ce qui n'est pas selon nous le cas. En ce qui concerne les dimensions par exemple, on prfrera l'ide selon laquelle l'emploi d'une prposition peut engager telle ou telle conception du rfrent, plutt que celle qui assigne au pralable un rfrent des caractristiques immuables. On montrera d'ailleurs prcisment avec le terme door que l'apprhension de ses proprits dimensionnelles varie en fonction de la prposition qui la prcde (planaire aprs across, tri-dimensionnelle avec through) : ces phnomnes suggrent que ce sont plutt les interprtations du rfrent qui sont engages par le choix de la prposition, que l'inverse. Nous aurons donc nous-mme recours des oppositions du type 2D/3D dans notre analyse, mais dans la conception des termes de lnonc impose par les diffrents types de contextes et mobilise avec les diffrents types de prpositions, et non selon des critres extralinguistiques implicitement prsents comme dfinitifs. Le choix de critres topologiques peut par ailleurs prsenter certaines limites pour lexplication de certains phnomnes. Avec le schma de D. Lee qui implique un passage 9
  • 10. par lintrieur du site , les situations o un lment passe par un site quil ne traverse pas de lintrieur, comme dans lnonc suivant, sont susceptibles de ne pas rentrer dans le cadre de la reprsentation propose : 4. He walked through the door/the lawn. D. Lee a pour cela recours au concept de notional line (pour quelquun qui marcherait dans lherbe par exemple, on prend en compte la ligne virtuelle qu'y dessinent ses pas), et dfinit ces noncs comme des variantes plus abstraites de la situation de base. Il sagit donc davantage dune forme de constat sur la malabilit du schma de base et sur le type dnoncs que lon rencontre avec la prposition, qui na au final quun pouvoir explicatif relativement limit quant au fonctionnement du marqueur. En outre, lattribution dun plus haut degr dabstraction certains emplois spatiaux qu' d'autres peut tre considre comme un constat contradictoire. Une autre critique qui peut tre adresse certaines reprsentations cognitivistes concerne la lgitimit des explications fournies dans la description des processus dextension mtaphorique. Les principes dcrits sont en effet de lordre de lassociation dides. Nous ne remettons pas en cause le rle majeur jou par lanalogie dans notre systme de conceptualisation, toutefois sa nature extrmement plastique en fait un critre trs peu contraignant lorsqu'il est utilis comme ressort dune explication, tel point quil peut savrer difficile den dterminer la valeur. Nos dispositions valider ces intuitions ne semblent reposer que sur la reconnaissance dun air de famille entre les diffrentes valeurs smantiques qui, sil suggre une certaine forme de connexion entre ces dernires natteste pas pour autant ce rapport prcis de paternit entre valeurs spatiales et valeurs abstraites5. En effet, il peut tre ais de se laisser convaincre dune relation de filiation entre deux valeurs par des similitudes/analogies qui pourraient en fait incomber au partage de fondamentales communes plutt qu une relation de drivation (cest en tout cas notre position). Ceci reviendrait, pour reprendre la mtaphore du lignage, conclure de lobservation de ressemblances entre deux individus tant en fait frres ou cousins une relation pre-fils. R. Langacker, dont le travail s'inscrit galement en linguistique cognitive et qui 5 Voir a ce sujet J.-J. Franckel et D. Paillard (2007). 10
  • 11. exploite des principes de drivation mtaphorique semblables ceux de D. Lee, met d'ailleurs son lecteur en garde contre une interprtation trop intuitive et absolue des processus dextension mtaphorique au terme desquels les valeurs non-spatiales resteraient extrmement solidaires du spatial et ne pourraient se concevoir indpendamment de celuici (1987 : 4.3.2). Il nous informe galement du risque de drivations fantaisistes qui dcoulent de lexpression du non spatial en termes topologiques. A cet gard, on remarque chez de nombreux cognitivistes une orientation naturelle vers un recours des fondamentales plus abstraites lorsqu'ils souhaitent apporter une assise plus solide la description des ces fameux processus mtaphoriques. R. Langacker, parmi dautres, pour contrer le problme du caractre fantaisiste et peu envisageable de certaines conceptions bases sur une interprtation des processus dextension mtaphorique impliquant une subordination totale du non-spatial au spatial, dconstruit ces composantes spatiales (type mouvement) en lments plus abstraits, et renvoie ces derniers comme incarnant la base de lextension mtaphorique (en substitution au pur spatial donc)6. Aussi, mme si le passage par le spatial pour la formation du non-spatial reste inscrit dans ses propositions, il en vient naturellement, pour se dpartir des problmes inhrents un codage direct de toute valeur non-spatiale par le spatial (rification, hypothtiques transpositions, extravagances, etc.), au recours des fondamentales non spatiales. Ce recours des primitives plus abstraites, lorsquil sagit de contraindre le caractre fantaisiste de certaines reprsentations en termes dextension mtaphorique, prsente un argument supplmentaire en faveur de leur ncessit et de leur pertinence dans le cadre dune reprsentation des marqueurs linguistiques. On retrouve le mme phnomne chez les linguistes cognitivistes qui font le choix d'une reprsentation en termes de faisceaux de traits, dont nous prsenterons l'approche ci6 R. Langacker (1987 : 169-170) Alternatives hinge on the possibility of an independent, nonspatial construal of the target domains of relationships. I do believe we can conceptualize a person reciting the alphabet without reifying the alphabet into a road like object, and that we can conceive milk changing in quality without construing it as moving from one spacelike region to another.() Let us assume, then, that some spatial metaphor pivot on a perceived similarity between the standard A ( a spatial notion) and the target B, where B is an independent conception that is not spatial in the narrowest sense of the term. The coactivation of A and B as the literal and figurative senses of the expression constitues the recognition of its metaphorical nature et We can characterize motion in abstract terms applicable to any extensional domain, without prejudging the extent to which spatial metaphor is constitutive of these domains . 11
  • 12. dessous. On mentionnera brivement E. Katz, sur la proposition de laquelle nous reviendrons plus bas : la linguiste, bien que prnant une approche cognitiviste avec un schma de base spatial s'en remet finalement pour rendre compte des particularits de dans face en et , un outil mtalinguistique du type de ceux qui sont utiliss dans la TOE, l'opposition spcifique/non spcifique7. Il nous faut enfin faire tat d'un phnomne que signale notamment E. Gilbert (2006), celui de lhtrognit de la reprsentation qu'entrane le choix de schmas spatiaux ou bass sur des rseaux de traits, qui ne convoquent pas un nombre restreint de primitives mais des traits multiples car spcifiques chaque prposition, ou quelquesunes seulement8. On ajoutera que ce choix entrane directement un autre type dhtrognit : les prpositions qui n'ont pas de valeur spatiale ou qui auraient des valeurs d'origine nonspatiale9 (as, during, except, like, save, owing to, since) appelleront ncessairement un autre type de reprsentation : on voit mal en effet comment reprsenter avec un schma spatial une prposition qui ne possde pas ou n'a pas possd cette valeur. Pour toutes ces raisons, on cherchera donc montrer tout au long de cette tude quil est tout fait possible de rendre compte de la diversit des valeurs abstraites de la prposition sans passer par des concepts spatiaux, et qu'il est possible de trouver des primitives communes aux deux types de valeurs, spatiales et abstraites. 7 E. Katz (2002 : 37) : "dans peut tre considr, jusqu un certain point, comme une sorte de variante combinatoire de chacune des deux autres [ et en], lenvironnement spcifique/non-spcifique jouant souvent un rle dcisif dans la slection de la prposition." 8 E. Gilbert (2006 : 1) : "Chaque prposition acquiert du mme coup une forme de spcificit irrductible, qui nautorise tout au plus quune homognisation locale de la schmatisation, au travers de concepts tels que par exemple ceux de verticalit ou d horizontalit qui permettent de constituer quelques paradigmes de prpositions (over, above, under, below ; in front of, before, behind, after)." 9 M.-L Groussier ( 1997 : 221) : "Le sens d'origine de la majorit des prposition est spatial. Sur une liste de 60 prpositions d'anglais actuel, seules sept ne remontent pas l'indication d'une relation dans l'espace" et "Il n'y a apparemment en anglais aucune prposition d'origine non spatiale qui ait acquis un sens spatial". 12
  • 13. 1.2 Dfinitions par faisceaux de traits fonctionnels : dcoupage de l'extralinguistique et territorialisation des marqueurs Chez les cognitivistes, une autre approche de la reprsentation des marqueurs de la langue consiste en largir la dfinition prototypique d'autres traits. C. Vandeloise, par exemple, rejette une reprsentation primaire spatiale, au motif qu'elle n'inclut pas certains aspects clefs du fonctionnement des prpositions portant principalement sur les relations de force mises en jeu, et propose "une description fonctionnelle et dynamique" qui fait intervenir des critres tels que les rapports contenant/contenu ou porteur/port (1993 : 183). A nouveau, ceux-l mmes sont des construits auxquels il serait par l, de la mme faon qu'aux rapports topologiques, difficile dattribuer le statut de primitives. Il est vrai que l'auteur tablit son souhait d'chapper au recours des concepts simples (gomtricotopologiques, type contact, etc.) comme des critres stricts en faveur des "ressemblances de famille" associes ses concepts complexes, laissant ainsi entendre que son systme ne repose pas sur des postulats de dtermination stricts au profit de motivations plus souples. Pourtant, lapproche de C. Vandeloise le conduit renvoyer des rapports de complmentarit, o un marqueur se dfinit par les emplois que ne recouvrent pas d'autres marqueurs10. La production de ce type de rgles diffrentielles est donc naturellement 10 C. Vandeloise dcrit par exemple l'impossibilit d'employer tre sur ou tre dans comme une condition requise pour l'acceptabilit de toucher (via les types de relations dynamiques que chacun est/serait mme de recouvrir) : (7) La pomme touche le panier (8) *La poire touche le panier (9)* Le panier touche la table Comparant les phrases (7)-(9) aux phrases (10)-(11), on constatera que le verbe toucher est utilisable lorsque tre sur/dans ne le sont pas : (10) * La pomme est sur/dans le panier (11) La poire est dans le panier (12) Le panier est sur la table La complmentarit des relations dynamiques C/c et P/p avec le verbe toucher permet de formuler une rgle diffrentielle gouvernant les usages statiques du verbe toucher :Ts : S touche O si S est en contact avec O est 13
  • 14. associe une forme de territorialisation des emplois : on aboutit un systme o les marqueurs se partageraient l'ensemble des situations extralinguistiques qu'il s'agirait de traduire par le langage, et se dfiniraient ainsi par rapport aux types de cas couverts (envisags ici du point de vue des rapports dynamiques et fonctionnels impliqus), leur territoire, et leur position les uns par rapport aux autres, plutt qu leur dynamique propre. Le langage est alors apprhend du point de vue de ce qu'il peut ou non traduire une ralit donne, un implicite contestable qui sous-entend que le langage opre un calque symbolique de la ralit, plus qu'il ne permet d'laborer du sens et d'en construire une reprsentation. Dans la ligne de l'largissement des traits dfinitoires au non spatial, P. Cadiot (2002), qui rejette galement la thse localiste au profit d'un rseau de traits, fait un pas supplmentaire dans la direction de la subjectivit par rapport aux traits dynamiques et fonctionnels de C. Vandeloise : des traits plus complexes, associs l'exprience du sujet, tels que la dpendance, le contrle, lappropriation rciproque, lanticipation et lattente. Il nonce : Loin de considrer, comme on le fait le plus souvent, les valeurs aspectuelles, subjectives et qualitatives comme des supplments que la reconstruction linguistique devrait driver dans un deuxime temps, il nous parat quil faut les inscrire au cur des motifs les plus originels attribus aux prpositions. (2002 : 11) On retrouve ici, ce qui peut galement tre not pour la proposition prcdente, un problme li la dpendance lextralinguistique de ces outils de reprsentation. Avec une proposition base sur des traits complexes, les arguments qui sont avancs pour justifier la reprsentation concernent ces traits, et les paradigmes proposs jouent naturellement sur ces mmes traits : ils visent la plupart du temps mettre au jour les situations pouvant tre couvertes ou non par la prposition car prsentant tel ou tel trait. Comme avec les propositions prcdentes, un autre souci concerne le pouvoir explicatif de la reprsentation retenue. En effet, avec le postulat d'une rpartition des emplois des prpositions qui dpend des proprits extralinguistiques (topologie, rapports de force, exprience) de la situation donne, il devient en thorie plus difficile d'admettre et a fortiori de justifier la possibilit de l'emploi de plusieurs prpositions pour une mme situation, ce qui est si le contact n'est pas la consquence des relations C/c ou P/p (1993 : 181-188) 14
  • 15. pourtant un phnomne observable en langue. On limite de fait les possibilits de rendre compte des cas o plusieurs prpositions entrent en concurrence, avec les diffrents effets de sens qui en dcoulent, ce qui est pourtant une ressource profitable dans la description des spcificits des marqueurs, qui nous sera en l'occurrence d'une grande utilit pour dfinir les proprits de through. Enfin, en cherchant du ct de l'extralinguistique, les linguistes cognitivistes cits plus haut semblent rgulirement confronts la difficult de trouver des diffrences flagrantes susceptibles d'expliquer certains paradigmes, l'aide des traits topologiques/dynamiques (pour les raisons que nous venons de mentionner). Ainsi, dans le cadre du choix de la production de listes de traits dfinitoires o l'on note au passage le risque de l'obtention d'un catalogage exhaustif des conditions d'emploi d'une prposition qui relverait du descriptif plus que de l'explicatif les traits choisis ne permettent pas toujours de faire la diffrence entre des prpositions qui peuvent partager des valeurs trs proches. Les recours sont varis, mais tmoignent tous de lexistence de ce problme. A l'insuffisance de ces critres pour la dfinition de la spcificit des marqueurs, on rencontre deux grands types de rponses : un recours aux notions de convention ou de valeur par dfaut, qui va l'encontre du principe d'une formalisation thorique, qui vise justement carter l'ide de convention par la dmonstration de principes organisateurs du sens. l'ajout de critres supplmentaires, ad-hoc, qui, en complexifiant le systme nuit au statut de primitives des primitives (celles-ci, par essence, devraient tre en nombre limit). Ces observations suggrent galement un affaiblissement de la reprsentation mesure que l'on va vers des scnarios moins attendus, moins courants, moins reprsents (plus abstraits gnralement), qui sont parfois alors traits comme autant d'exceptions 11. La reprsentation 11 L. Herskovits (1998 : 288) parmi dautres, indique : "there is a certain degree of tolereance for deviation from the truth of the ideal meaning or the sense-shifted ideal meaning". Invoquer un degr de tolrance dans le systmatisme de la correspondance entre un "ideal meaning" et les diffrents types d'emploi revient attribuer d'emble la reprsentation une certaine latitude de faillibilit et donc en prdiquer la non consistance. 15
  • 16. choisie, il va sans dire, devrait montrer son efficacit dans toutes les situations donnes et ne souffrir ni l'exception ni l'approximation. Dans l'idal, il semble au contraire que l'efficacit d'une reprsentation doive pouvoir se mesurer sa capacit rendre compte d'emplois plus rares ou moins vidents, plus obscurs. Qu'il soit bien entendu que nous ne faisons pas ici le procs de la mise au jour de certaines conditions d'emploi des prpositions, mais du type de critres choisis. Nous ne choisirons pas d'ignorer l'existence de ces traits rcurrents, mais les traiterons comme indices de ce qui les gnre, plutt que comme vecteurs de l'emploi eux-mme. En ce qui concerne la prposition through, l'ide est d'en reprsenter le fonctionnement par une dfinition du type de mise en relation qu'il tablit entre deux termes, sous la forme d'un invariant abstrait. Celui-ci doit pouvoir, selon les caractristiques de l'environnement syntaxique et smantique dans lequel il apparat, livrer l'ensemble des valeurs smantiques qui lui sont connues, et doit galement permettre de rendre compte des emplois non prpositionnels de through. Notre analyse tiendra ainsi galement compte des emplois adverbiaux et adjectivaux du marqueur. 2. Reprsentations existantes dans la TOE, prsentation des outils d'analyse La thse localiste, qui place l'espace au cur du fonctionnement des prpositions, nest pas adopte par les seuls linguistes cognitivistes : au sein de la TOE, certains, tout en privilgiant l'exploitation de primitives abstraites, dfendent l'hypothse de la primarit du spatial. C'est le cas de C. Chauvin, qui attribue dans ce cadre thorique un sens prototypique spatial through : traverse d'un espace en 3-D de part en part, i.e. entre, passage, sortie qu'elle reformule ainsi : Soit un domaine servant de repre (pour le sens spatial : 3 dimensions, forme quelconque). Le repr en partant d'un point quelconque de DT la frontire et en allant vers un autre point quelconque de DT la frontire, opre un parcours de l'ensemble du DT. (2005a :197) 16
  • 17. [DT = domaine topologique] Pour l'auteur, les diffrentes valeurs du marqueur sont issues de processus de drivation mtaphorique ou de liens analogiques, la traverse se [laissant] notamment ensuite interprter comme "moyen" [] (2005a : 197). Cette analyse possde de grandes similitudes avec l'hypothse avance par les cognitivistes du rattachement de through la primitive path. En ce qui concerne les analyses du marqueur qui existent dans la TOE, signalons le fait que l'article de C. Chauvin succde une premire analyse propose par E. Gilbert, qui dfend l'hypothse non localiste. Il propose une reprsentation topologique de through, en indiquant que le marqueur renvoie une sortie d'un intrieur (2003 : 20). Cette reprsentation, sur laquelle nous reviendrons dans le corps de notre travail et dont nous nous dmarquerons sur certains points, n'est pas interprter en termes spatiaux. Elle a trait la topologie notionnelle : il s'agit de l'un des deux types de reprsentations que nous utiliserons dans cette tude. Elle fait appel au concept de notion, note QLT. Cette dernire, antrieure la catgorisation en mots, correspond pour A. Culioli un ensemble structur de proprits physico-culturelles (1985 : 23), et se prsente comme inscable, cest-dire comme non fragmente, prise en bloc (caractristique du travail en intension) (1999b : 9-10). A la notion /cat/ est ainsi rattache un faisceau de proprits qui compte entre autres , , , , , , et . Un travail d'individuation sur la notion (la quantifiabilisation) permet par ailleurs d'en envisager des exemplaires, des manifestations, qui en constituent des occurrences. L'ensemble des occurrences qui peuvent tre rattaches une notion reprsente un tout que l'on dsigne par le terme de classe d'occurrences. Ceci nous amne au second lment clef de la topologie notionnelle, le domaine notionnel : A partir de la notion, on construira un domaine notionnel qui a, entre autres, les proprits suivantes: 1) tout domaine est muni dune classe doccurrences , qui rend quantifiable la notion (telle ou telle occurrence de /( ) tre chat/); 2) dun point de vue qualitatif, tout domaine se compose dun intrieur, avec un centre organisateur, dune frontire, dun extrieur: Lintrieur nous donne des occurrences la fois individuables et identifiables les unes aux autres, parce que toutes possdent une 17
  • 18. mme proprit : tel ou tel livre, tel ou tel chat, de toute faon il s'agit d'un livre ou d'un chat. [...] Lextrieur nous fournit, selon le cas, le vide, labsence, limpossible, laltrit foncire. Cette dernire est marque, en franais, par des tournures rvlatrices: cest tout autre; a nest pas du tout un livre; a na plus rien voir. La frontire comprend des valeurs qui nappartiennent ni lintrieur, ni lextrieur, mais, selon laction des nonciateurs au cours dun change, dune discussion, dune argumentation, la frontire pourra tre rattache soit lintrieur, soit lextrieur. (1999b : 54-55) Toute occurrence peut donc tre localise dans l'une des trois zones du domaine notionnel, en fonction de sa conformit une occurrence abstraite et reprsentative de la notion, qui fonctionne comme un point de rfrence : le centre organisateur du domaine notionnel. Nous prciserons, avant de poursuivre, que le centre organisateur peut fonctionner dans certains cas comme un centre attracteur. Il ne reprsente plus alors une occurrence typique de la notion mais une occurrence qui prsente les proprits dfinitoires de la notion au plus haut degr envisageable. A l'aide de ces outils, nous proposerons, dans la ligne de la proposition d'E. Gilbert, une reprsentation de through en termes de topologie notionnelle. A la diffrence du linguiste, nous considrerons cependant que through ne marque pas le passage de l'intrieur (I) l'extrieur (E) du domaine notionnel, mais un passage de l'intrieur du domaine notionnel (I) son complmentaire, qui regroupe la frontire (F) et l'extrieur (E), l'accent pouvant tre mis, selon les contextes, sur le passage la frontire ou l'extrieur. Cette proposition sera prcde d'une proposition de reprsentation non topologique, en termes de reprage, que nous introduirons avec l'analyse des emplois spatiaux, afin d'viter toute confusion entre une reprsentation topologique spatiale (cf. analyses cognitivistes) et une reprsentation topologique notionnelle et de mettre en valeur la possibilit d'un recours des primitives abstraites non spatiales, y compris pour les emplois spatiaux. Le concept de reprage est un lment clef de la TOE. Pour le cas des prpositions, on considre qu'elles permettent la mise en relation de deux occurrences, X et Y, dont lune intervient dans la construction de la valeur rfrentielle et des caractristiques de lautre. 18
  • 19. Cette mise en relation fait intervenir trois grandes variables. 1) L'orientation du reprage : Elle concerne l'attribution du statut de repre celle des deux occurrences mises en relation qui constitue l'lment stable qui sert de support la spcification de la valeur rfrentielle de la seconde occurrence, le terme repr. On aura ainsi X est repr par rapport Y (not X Y) ou X sert de repre Y (not X Y) 2) Le niveau de dlimitation concern : Le repre peut intervenir dans la spcification de la dlimitation quantitative du repr (note Qnt), qui a trait son existence, son ancrage spatio-temporel, et/ou dans celle de sa dlimitation qualitative (note Qlt), qui concerne, elle, la nature ou les proprits de l'occurrence. 3) La valeur du reprage Le type de relation qui est tabli entre le repre et le repr peut tre de trois ordres : - L'nonciateur indique une absence d'altrit entre X et Y : on parlera d'identification, symbolise par =. - L'nonciateur construit une altrit faible entre les deux occurrences : il sera question de diffrenciation, note . - Les deux occurrences sont donnes comme entretenant un rapport d'altrit forte : il y a rupture. La rupture est figure par le symbole . En ce qui concerne la mise en relation des dlimitations quantitatives de deux occurrences, les noncs suivants illustrent les trois valeurs que peut prendre l'oprateur de reprage : 5. He is in the car. 6. He is standing by the car. 7. He went to the car. 19
  • 20. Dans le premier exemple, in est le signe d'une absence d'altrit entre les coordonnes des rfrents de X et de Y dont on trouve la trace sur le plan smantique dans l'ide que le rfrent de X, he, se trouve au sein du rfrent de Y, the car12. Ceci correspond l'opration d'identification. L'opration de diffrenciation, illustre en (6), en signifiant une altrit faible entre les dlimitation quantitatives de X et de Y, est l'origine d'une interprtation dans laquelle le rfrent de X se trouve dans le voisinage du rfrent de Y. Enfin l'opration de rupture que recouvre le marqueur to d'aprs les conclusions de L. Hamelin (2010), en renvoyant l'existence d'une disjonction entre les dlimitations quantitatives de X et de Y permet de reprsenter le fait que le rfrent de X, he, s'interprte dans le contexte de (7) comme se trouvant initialement hors du domaine spatial auquel renvoie Y, the UK. Tournons-nous prsent vers un exemple reprsentatif du type de distinctions que l'on peut tablir sur le plan qualitatif, que nous empruntons E. Gilbert (2006) : 8. She was burnt as a witch. 9. She was burnt like a witch. 10. She was burnt for a witch. Dans les trois cas, witch est l'occurrence repre qui sert de support la dlimitation qualitative de l'occurrence repree, she. En (8), l'emploi de as laisse entendre que le rfrent de she est une sorcire : il marque donc une identification entre les proprits du repre et celles du repr. En (9) like donne le sujet n'tant pas une sorcire mais comme ayant nanmoins, comme elle, la proprit d'avoir t brle : il marque une altrit faible, et donc une diffrenciation. Enfin en (10) for laisse entendre que le rfrent de she a t pris pour une sorcire, et donc qu'il n'en tait pas une : il marque une rupture au niveau qualitatif. A partir des diffrentes valeurs possibles de ces trois variables nous obtenons un large ventail de combinaisons possibles qui peuvent tre mises en uvre dans la reprsentation du marqueur tudi, et plus prcisment dans la dfinition de l'invariant abstrait qui lui est 12 Voir ce sujet E. Gilbert, 2005. 20
  • 21. attribu. Nous tablirons, en prenant en compte les trois variables ci-dessus que le fonctionnement de through possde les caractristiques suivantes : - Le rgime de through, Y, fonctionne comme repre. - Deux reprages entrent en jeu, dans lesquels l'oprateur possde respectivement une valeur d'identification et une valeur de diffrenciation ou de rupture. - Les deux variables prcdentes possdent les mmes valeurs pour les deux niveaux de dlimitation de l'occurrence repre, quantitatif et qualitatif. On aura remarqu que les deux reprsentations, en termes de topologie notionnelle et de reprage reposent sur une dynamique par laquelle on passe d'une absence d'altrit entre deux occurrences une forme d'altrit entre ces dernires13 : c'est l que l'on trouvera, au-del du formalisme choisi, llment clef du fonctionnement du marqueur. On montrera dans une premire partie que ce phnomne est observable dans les noncs spatiaux, travers l'apparition des nuances de traverse et de dpassement. Ltude des emplois spatiaux du marqueur sera l'occasion pour nous de montrer la faon dont l'invariant abstrait propos, en termes de reprage ce stade, permet de rendre compte des nuances qui apparaissent dans l'interprtation des proprits extralinguistiques des rfrents des termes mis en relation, en ce qui concerne l'opposition 2D/3D que nous avons rapporte plus haut par exemple. Le parallle avec across qui servira de support ces observations nous permettra par ailleurs de soulever la question de l'aspect qualitatif avec through, y compris dans les noncs spatiaux, et plus prcisment dans ceux qui semblent associs une valeur de moyen. 13 Il est gnralement accept que des correspondances peuvent en effet tre tablies entre les reprsentations en termes de reprage et la topologie notionnelle. Avec une approche topologique, lidentification, qui renvoie l'absence d'altrit, correspond la construction dun intrieur. En effet, les occurrences appartenant l'intrieur d'un domaine notionnel partagent les proprits du type. La diffrenciation peut elle tre mise en lien avec la construction dune frontire, dans la mesure o elle suppose la prise en compte d'une altrit faible. Enfin le dcrochage, marqu par l'altrit forte, entretient des rapports directs avec la construction dun extrieur, dans lequel sont localises toutes les occurrences qui ne possdent aucune des proprits du centre organisateur de la notion. 21
  • 22. Dans la deuxime partie, nous proposerons une reprsentation topologique notionnelle du fonctionnement de through, qui sera illustr avec des emplois strictement qualitatifs du marqueur. Il s'agit d'une part de la valeur de traitement : 11. My phone went through the washing machine. et d'autre part de la valeur d'exprience : 12. He went through a bad week. Lorsque nous aurons apprhend le passage d'une absence d'altrit une forme d'altrit entre les dlimitations des termes mis en relation dans des emplois spatiaux et dans des emplois non spatiaux, nous mettrons en valeur l'importance de l'aspect dynamique de through que suppose l'existence de ces deux modes de mises en relation de X et de Y. On tudiera cet effet les spcificits de sa combinaison avec be, marqueur statique, puis les caractristiques de l'occurrence de through dans des verbes composs, tels que read/talk/thing something through. Les conclusions des trois premires parties seront alors exploites dans la quatrime partie, consacre aux noncs causaux et la valeur de moyen, dans laquelle nous nous intresserons galement de plus prs aux deux autres variables du reprage : son orientation et le niveau de dlimitation concern. Cette partie sera galement l'occasion d'une comparaison entre through et d'autres marqueurs prsentant des emplois semblables : by, for, et to pour la nuance de cause, by et with pour la nuance de moyen. On verra ainsi que l'invariant propos permet non seulement de rendre compte des valeurs de through, mais galement de la localisation des zones de recouvrement et de non recouvrement avec d'autres marqueurs. Dans la dernire partie (V), nous ne nous intressons plus la valeur des reprages mis en place par through, leur orientation, ou au niveau de dlimitation concern, mais leur combinaison. Les spcificits de cette dernire permettent en effet de rendre compte de l'association au marqueur de la nuance dintermdiaire, illustre ci-dessous : 13. He got the job through a friend. 22
  • 23. Dans ces noncs, o Y, le rgime de through, correspond le plus souvent un anim humain, on interrogera par ailleurs la place de la notion d'agentivit dans la description de son rle au niveau smantique. Avant d'aller plus loin, quelques remarques concernant les mthodes d'analyse adoptes s'imposent. Notre tude s'appuie sur des exemples attests qui proviennent essentiellement du British National Corpus (anglais britannique) et du Corpus Of Contemporary American English (anglais amricain), ainsi que de divers sites web appartenant au domaine .co.uk. Dans de rares cas, nous proposons des noncs construits, reprsentatifs des tendances observables sur ces trois bases de donnes, notamment dans le cadre de la construction de paradigmes. La manipulation d'noncs existants et la construction de paradigmes reprsentent, avec la glose, nos principaux outils de dmonstration. Ils permettent en effet pour les premiers d'accder certains traits caractristiques du fonctionnement du marqueur, et pour la seconde ses valeurs smantiques. Ds lors que l'on envisage un invariant abstrait qui fournit au marqueur ses diffrentes valeurs en fonction du contexte, la manipulation des noncs est particulirement propice la dlimitation de cette forme schmatique : elle permet la vrification des hypothses mises sur son fonctionnement. 23
  • 24. 24
  • 25. Partie 1 : Emplois spatiaux Nous dbuterons notre analyse avec les emplois spatiaux du marqueur, en tudiant les configurations dans lesquelles un syntagme prpositionnel (SP) introduit par through entre dans la complmentation d'un verbe de mouvement. Nous procderons dans un premier temps l'examen des diffrents effets de l'adjonction d'un SP spatial en through sur la valeur aspectuelle lexicale (Aktionsart) de procs atliques dans des noncs de la forme he ran through the door/the hall . Au travers de ces observations, on verra se dgager des oprations rcurrentes dans le fonctionnement du marqueur, sur la base desquelles nous tablirons les bases de l'invariant abstrait qui fonde la reprsentation propose dans cette tude, au niveau quantitatif : deux oprateurs de mise en relation des occurrences repre et repre, indiquant respectivement une absence d'altrit (identification) et l'existence d'une forme d'altrit (diffrenciation/rupture) entre ces dernires. Cette proposition sera dans un second temps confronte la comparaison de through avec un marqueur prsentant des emplois proches : across. Aprs avoir tabli la possibilit de rendre compte de diffrents phnomnes de concurrence ou de non concurrence entre les deux l'aide de la reprsentation propose, on analysera les effets du mode de mise en relation des termes de l'nonc par le marqueur sur l'interprtation des caractristiques mmes (gomtriques, notamment) de son rgime. Nous tablirons ici la ncessit d'intgrer la reprsentation un reprage qualitatif afin d'expliquer certaines diffrences entre les emplois de through et de across, dans des noncs qui offrent pourtant une lecture spatiale. Enfin, nous explorerons plus avant la question du paramtre qualitatif dans le cadre d'une comparaison avec by portant sur les noncs spatiaux o apparat la nuance de moyen, tels que he escaped through/by the door . Ce parallle sera l'occasion de prciser l'orientation des reprages mis en place par through, qui attribue Y, son rgime le statut de repre. 25
  • 26. Chapitre 1 Through dans la complmentation des verbes de mouvement Introduction L'observation des effets aspectuels de la complmentation d'un verbe de mouvement par un SP locatif introduit par through nous claire sur son fonctionnement. Il tmoigne d'un mode opratoire dynamique, qui combine deux modes de mise en relation de X et de Y : l'absence d'altrit et l'altrit. Nous montrerons comment ces deux valeurs donnent naissance aux diffrentes nuances observables dans les emplois spatiaux en fonction des variables que reprsentent les proprits notionnelles et syntaxiques des termes mis en relation et du contexte. Nous aurons pour cela recours au terme de complment de rang zro, not C, pour dsigner l'occurrence laquelle on attribue traditionnellement la fonction de sujet, selon le principe que formule ainsi A. Culioli : Ainsi, on notera Sujet (dune phrase) = (C0, Agent, Thme). C0 se lit complment de rang zro dans une thorie des complments, impliquant que le sujet (de surface) les langues o sa prsence est obligatoire, est ncessaire comme lment de lensemble de dpart, pour que lnonc soit canoniquement bien form ; Agent implique que trs souvent (la formulation est volontairement approximative) le Sujet est Agent, soit un niveau de surface, soit en inversant la proposition, que l'Agent tait sujet (C0) un niveau plus profond. (1999a : 26) A cette notation, qui vise viter d'ventuels amalgames entre rles thmatiques et fonctionnements syntaxiques, nous ajouterons C (complment de rang un) pour le second 26
  • 27. complment, typiquement l'objet du verbe, et ainsi de suite, par ordre d'apparition des syntagmes dans l'nonc. 1. Bornage et tlicit 1.1 Les prpositions et la construction d'un terme notionnel Le concept de tlicit, dont la paternit est attribue H. Garey (1957), concerne dans sa dfinition originale les verbes dnotant une action oriente vers un but qui peut, selon la valeur aspectuelle grammaticale du verbe, tre envisag comme atteint ou non14. Depuis l'apparition du concept, la dfinition de critres permettant de prdire le caractre tlique ou atlique d'un nonc a fait l'objet d'une recherche foisonnante montrant qu'il peut tre le fruit de la combinaison de plusieurs facteurs. Ces facteurs comptent notamment les proprits syntaxiques et notionnelles de plusieurs constituants de l'nonc : le C, le procs, le C, entre autres. Les syntagmes prpositionnels jouent galement un rle dans la dtermination de cette valeur, en fonction notamment de la prposition qui les introduit. Concernant leur valeur aspectuelle, J. Zwarts (2005) tablit une distinction entre trois types de prpositions : - Les prpositions tliques, qui impliquent une lecture tlique dun procs typiquement atlique. C'est le cas de out of dans he walked out of the room, qui accepterait une complmentation de type in five seconds mais pas *for five seconds. - Les prpositions atliques, qui nont pas dinfluence sur laspect dun verbe atlique, qui demeure tel. L'nonc he walked along the beach, par exemple, prsenterait une compatibilit inverse de celle du prcdent en termes de complmentation. - Les prpositions qui permettent tantt une lecture tlique et tantt une lecture 14 H. Garey (1957 : 6) : verbs expressing an action tending towards a goal envisaged as realized in a perfective tense, but as contingent in an imperfective tense. 27
  • 28. atlique des procs auxquels elles sont associes. Ces dernires incluent through, qui peut parfois autoriser les deux types de complmentation dans un mme nonc, comme l'illustre J. Zwarts laide de lexemple suivant : 1. Alex ran through the grass in/for one hour. B. Cappelle (2004), la suite de I. Depraetere (1996), voque pour ce type de cas, qu'il considre comme ambigu du point de vue de l'(a)tlicit, l'existence de procs zrotliques. Tous les noncs contenant un syntagme prpositionnel en through nautorisent pas pour autant les deux lectures. Ainsi en (2), la combinaison des proprits notionnelles de Y et du contexte implique une lecture tlique du procs, qui, sans le syntagme prpositionnel, est atlique : 2. a. She ran through the gate leading into the main part of the Park. b. The hundreds of protesters took 10 minutes to march through the hall, with opposition Conservative councillors applauding them. En (3) en revanche, le procs demeure atlique : 3. Congratulations to all who braved the elements and ran through the wind and rain. On constate que l'adjonction d'un syntagme prpositionnel locatif en through un procs atlique peut donc ou bien imposer l'une des deux lectures, tlique ou atlique, du procs, ou les autoriser toutes deux. Nous nous proposons dans les prochaines pages de mettre en lumire les facteurs qui prsident l'mergence de ces trois configurations, en articulant au pralable deux points d'analyse : la tlicit et le bornage notionnel. 1.2 Typologie des procs La typologie de procs laquelle nous aurons recours est celle de J. Bouscaren, 28
  • 29. A. Deschamps et C. Mazodier (1993), qui repose sur une distinction en termes de bornage. Les bornes attribues un procs sont d'ordre notionnel et non temporel : elles ne concernent pas son extensit temporelle mais sa structuration notionnelle. Dans cette optique, les auteurs distinguent trois types de procs : 1 Les procs non-borns : ----------------- Ils ne sont pas quantifiables. Ils correspondent typiquement aux verbes dtats. Ex. : know, belong, hate, need. 2 Les procs bornes confondues :-------------[]------- Dbut et fin du procs sont confondus et indissociables : son initiation signifie intrinsquement sa conclusion. Ils permettent le renvoi une transition entre deux tats de choses, considre comme irrductible15. Ex. : arrive, kick, forgive, realize. 3 Les procs bornes sparables : ------[-------(]) Ils marquent galement une transition entre deux tats. Ces procs sont pourvus dune borne de gauche, mais celle-ci nest pas confondue avec la borne de droite, dont seuls certains sont dots. Cette dernire est prsente si le procs est notionnellement pourvu dun terme, dun aboutissement. Ex. : repair, clear, sink, erase. Elle est en revanche absente si le procs nen est pas pourvu. L'intrieur se conoit comme un espace homogne. Ex. : dance, cook, lead, carry. Cette typologie est tablie en de de toute opration nonciative qui pourrait ventuellement modifier la valeur d'un procs, telle qu'elle est dfinie par ses proprits primitives. La dtermination du complment de rang un, le C, en offre une illustration classique dont les effets au niveau de la tlicit (intimement lie, et mme quivalente pour 15 Notons que H. Wyld (1993 : 52-55) distingue deux types de procs bornes confondues, cette distinction entrant notamment en jeu dans le cas d'une dilatation de cette frontire. Pour les premiers, qui lexicalisent la frontire entre deux tats, elle donne un espace gradu. C'est le cas de leave, open, break. Pour les seconds, comme flash, kick, hit, bang, elle ne livre qu'un espace homogne, et l'actualisation de la borne de droite ne constitue pas le passage un tat rsultant. 29
  • 30. certains, la construction d'une borne de droite) sont bien connus. Lemploi de particules adverbiales et ladjonction de complments locatifs peuvent galement avoir un impact au niveau de la prise en compte d'une borne de droite pour des procs bornes sparables. De fait, J. Bouscaren, A. Deschamps et C. Mazodier, ainsi que d'autres linguistes de la TOE, comme H. Wyld considrent tlicit et bornage du procs droite comme quivalents 16. Nous nous rallierons au principe d'une tlicit subordonne la prsence d'une borne de droite, dans la mesure o le concept implique l'existence d'un terme notionnel du procs. Aprs avoir vu que through pouvait ou non tre associ l'apparition d'une valeur tlique, et donc la construction d'une borne de droite pour le procs, il s'agit ici de relier ces phnomnes aux diffrents reprages mis en place par through, et aux proprits des termes mis en relation. 2. Effets de through sur la tlicit du procs Les effets de l'adjonction du syntagme prpositionnel dpendent en partie du type de reprage mis en place par through entre le terme repr et le terme repre. En ce qui concerne l'identification de ces derniers dans l'nonc, on posera que l'occurrence repre est le terme introduit par through, Y, ds lors qu'il fonctionne comme localisateur spatial. L'identit du terme repr, X, localis par Y, dpend, elle, du caractre transitif ou non du verbe. Avec un verbe employ de faon intransitive, c'est la localisation spatiale du C0 qui est envisage : 16 J. Bouscaren A. Deschamps et C. Mazodier dfendent ainsi cette position (1993 : 22) : On peut donc lier globalement le problme de la tlicit la prise en compte de la borne terminale du procs, lie une opration de quantification des occurrences, alors que la qualification seule est ncessairement nontlique . Ils indiquent galement (1993 : 18) : Cette prise en compte ou non de la borne de droite, c'est-dire la construction dun dernier point qui constitue le terme du procs, recouvre notre conception de la distinction entre procs tliques et atliques . H. Wyld nonce un principe semblable (1993 : 44) : La tlicit provient de l'association (virtuelle) d'un terme l'extensibilit notionnelle d'un procs . Prcisons nanmoins que pour J. Bouscaren A. Deschamps et C. Mazodier, les procs bornes confondues ne sont pas concerns par cette quivalence. 30
  • 31. 4. He ran through the fields and wound down in the gym. On trouvera X, le terme repr, au niveau du C0. Si le verbe a un emploi transitif, comme push, c'est le C dont on dfinit la localisation spatiale par rapport au rgime de through : 5. My dad pushed the reptile through the front door into the small kitchen. X correspond alors au C1. Nous nous intressons ladjonction dun complment locatif introduit par through aux procs dnots par un verbe de dplacement tels que move, run, push, walk ou fly, qui ne sont pas dots d'un aboutissement notionnel. Ce sont les procs bornes sparables, ou, plus traditionnellement, les activits (dans la typologie de Z. Vendler (1957)) qui sont ici concerns. Une telle adjonction possde une assez grande diversit deffets sur le bornage du procs. On peut en recenser quatre avec through, que nous coordonnons ici avec les observations prcdemment tablies sur la tlicit : Le procs devient tlique : a) Ladjonction du complment locatif induit la construction dune borne de droite. b) Ladjonction du complment locatif bloque la conception du procs comme un procs bornes sparables au profit de celle dun procs bornes confondues. Le procs demeure atlique : c) Ladjonction du complment locatif n'induit pas la construction dune borne de droite, qui reste virtuelle. Le procs devient zro tlique : d) Plusieurs lectures sont possibles, avec lesquelles le procs est ou non dot d'une borne notionnelle. Le dernier cas de figure, ds lors qu'il ne peut pas nous renseigner davantage sur le fonctionnement de through que les trois premiers, qu'il recouvre, ne sera pas dtaill dans cette tude. 31
  • 32. 2.1 Le procs devient tlique 2.1.1 Ladjonction du complment locatif est associe la construction dune borne de droite Dans les noncs ci-dessous, la complmentation du procs par le syntagme prpositionnel en through est associe son bornage droite, comme en tmoigne la compatibilit de ce dernier avec les syntagmes de la forme in 5 minutes/hours. Ces derniers, en indiquant le temps coul pour parvenir l'aboutissement du procs, sont la trace de la construction d'une borne notionnelle de droite avec le syntagme prpositionnel : 6. You can run through the town in10 minutes. 7. We've seen the antagonists of Godard's Bande part run through the Louvre in four minutes (). 8. My niece wanted to do everything, and so my nephew joined it with all the activities too, and they looked at the exhibits with interest, but I imagine that some children might have run through the hall in 2 minutes flat without looking at anything. Le marqueur livre deux grands types d'interprtations lorsque le procs est conu comme un procs bornes sparables pourvu d'une borne de droite : celles qui autorisent une glose du type "from one side of Y to the other" et celles qui peuvent tre gloses par "in/inside and out of Y". Il semble possible de runir l'ensemble de ces noncs sur le principe d'une mme opration, qui se manifeste au niveau interprtatif par la prise en compte d'un dernier point, une limite du rfrent de Y. Celle-ci est lie selon nous au passage d'une absence d'altrit entre les dlimitations de X et de Y, la prsence d'une altrit entre ces dernires, qui livre une interprtation dans laquelle X passe d'une relation d'inclusion spatiale en Y une relation de non-inclusion, qui se traduit par l'ide que le rfrent de X a atteint ou dpass un dernier point, une limite de Y. Dans les deux cas, l'apparition de cette nuance est lie aux facteurs suivants : - Au niveau smantique, l'occurrence repre Y est notionnellement concevable comme dote d'une tendue ou d'une paisseur dont on peut envisager une limite. 32
  • 33. - Au niveau syntaxique, l'occurrence repre Y est dlimite quantitativement : la prsence d'un dterminant tel que a ou the tmoigne d'une opration d'individuation associe l'attribution de coordonnes spatio-temporelles l'occurrence, qui peut ainsi fonctionner comme localisateur de X. a) "from one side of Y to the other" En (6), (7) et (8), le terme Y correspond the town, the Louvre, the hall. Dans les trois cas, il peut tre conu comme un espace pourvu d'un dernier point, d'une limite, d'un bord. Par ailleurs, le syntagme prpositionnel en in indique un procs tlique, ce qui suppose que le dplacement auquel il renvoie, en tant que verbe de mouvement, possde un point final. Ce point final correspond une localisation particulire de X, qui diffre ncessairement d'une prcdente localisation. Dans ces conditions, on constate que l'emploi de through est l'origine d'une interprtation dans laquelle la validation du procs implique que le rfrent de X a atteint la limite du domaine spatial dlimit par Y. Ceci peut tre mis en vidence l'aide de gloses comme "from one side of Y to the other". On peut donc dire que la borne de droite du procs est associe un changement de localisation spatiale de X, qui est tel que celui-ci s'interprte comme ayant atteint le dernier point de Y. On prcisera avant de poursuivre que si la conception du rfrent de Y comme tant pourvu d'un dernier point semble aller de pair avec les noncs procs borns, les proprits de Y ne dictent pas elles seules la valeur du procs. La comparaison entre (6), (7), (8) d'une part, et (9), (10) (11) de l'autre, pourtant trs proches sur le plan lexical pour ce qui est des termes Y, indique une apprhension bien diffrente des procs et des proprits de Y mises en jeu dans l'interprtation. A la diffrence des noncs prcdents o le procs s'interprte comme born droite, les procs des exemples ci-dessous sont non borns droite, et aucune limite de Y n'entre en jeu : 9. The mobs later ran through the town for several minutes, attacking white businesses. 10. After an hour of running through the museum we headed back to the Sherlock Holmes pub for my wife's birthday dinner. 33
  • 34. 11. I wandered through the hall for a while [...]. L'importance du contexte qui amne envisager Y de telle ou telle faon, bien au-del de ses proprits notionnelles, dfinitoires, apparat nettement dans cette comparaison. A l'vidence, le syntagme prpositionnel valeur de circonstant de temps, selon qu'il est introduit par in ou par for, favorise l'une ou l'autre. Les caractristiques du procs importent galement. Car si run ou walk restent relativement neutres de ce point de vue, les verbes wander et roam employs ci-dessus, qui dnotent un dplacement alatoire, et ce titre non dirig vers un but prcis, promeuvent une absence de bornage. b) "in and out of Y" Dans les exemples prcdents, on a suggr que l'interprtation tait celle d'un dplacement qui se faisait d'un bout l'autre de Y, et reposait sur la prise en compte d'un dernier point de Y. On rencontre frquemment un autre type d'interprtation qui illustre les cas o le syntagme prpositionnel en through contribue au bornage droite du procs. Il vhicule la nuance d'une sortie de l'espace dlimit par Y, avec des noncs se prtant, avec plus ou moins de flicit, des gloses du type "in/into and out of Y". C'est le cas ici : 12.He generally walks into the room from the balcony, walks through the room, and descends by the inside stairs. 13.Last Wednesday, 44 Afghans discovered trying to walk through the tunnel were thought to have broken into the Eurotunnel compound after leaving the Sangatte camp. Cet emploi repose comme prcdemment sur la prise en compte d'un dernier point de Y, mais il se comprend ici comme dpass, dans le cadre d'un phnomne de sortie. On relvera un autre indice d'un fonctionnement favorisant la prise en compte d'une limite de l'occurrence repre avec through dans l'existence de la combinaison de halfway through. Celle-ci permet en effet de renvoyer un point mdian, qui ne peut donc tre dfini que sur une distance finie. Through contribue donc ici vraisemblablement au renvoi un dernier point de Y, qu'il concerne son ancrage spatial ou temporel. Ceci s'observe aussi bien dans le cas d'interprtations spatiales, o le dernier point est le dernier point d'un espace : 34
  • 35. 14. It is thought the trains all over halfway through the tunnel suffered a fault as they entered the warmer air of the tunnel. 15.Halfway through the wood the ground is covered with an almost single-species layer of Wild Garlic or Ramsons. qu'avec des interprtations temporelles, o le dernier point est le dernier instant d'une priode : 16. But I'm not gonna worry about that until halfway through the week and then I'll write to them. 17. And before you realize it you're halfway through your interview, and you think, Oh God. c) Reprsentation Que l'on ait une interprtation du type "from one side of Y to the other" ou "in and out of Y", through donne voir X comme entretenant deux types de relations spatiales distinctes avec Y. Le passage de l'un l'autre caractrise l'aboutissement notionnel du procs. Ds lors que through construit deux localisations distinctes successives pour l'occurrence repre, deux reprages successifs entrent en jeu au niveau quantitatif, qui permettent la dfinition de deux dlimitations distinctes de X, que nous reprsenterons par Qnt (X) et Qnt (X). En outre, ces noncs sont en partie bass sur la prise en compte d'un rapport d'inclusion spatiale entre X et Y. On peut en effet constater que dans l'ensemble des noncs rpondant ces deux types de gloses, le rfrent de X s'interprte comme localis en Y, et donc comme partageant, avant que le procs n'ait atteint son aboutissement, ses coordonnes spatiales. La partie du dplacement que nous reprsentons par l'intervalle construit entre les deux bornes, le droulement du procs, peut ainsi tre glose l'aide du marqueur in, marqueur d'inclusion entre repre et repr : 18. He walked through the room. (At some point) he was walking in the room. 19. He ran through the field. (At some point) he was running in the field. 35
  • 36. Ce rapport d'inclusion spatiale entre X et Y peut tre envisag comme rsultant de la construction par la prposition, dans un premier temps, d'une absence d'altrit entre la dlimitation quantitative de X et celle de Y. Nous reprsenterons ceci au moyen de l'oprateur d'identification =. On aura ainsi : Qnt (X) = Qnt (Y) avec X Y Ceci se lit : la premire dlimitation quantitative de X est identifiable celle de Y, le second localisant spatialement le premier. Au-del de ce rapport d'inclusion, la prise en compte d'un dernier point de Y est essentielle dans les deux cas : lorsque la borne de droite du procs est valide, il nous est donn dans un cas comme atteint, dans l'autre comme dpass. X n'est plus localis de telle faon qu'il est strictement inclus en Y, mais situ en bordure ou au-del de Y. Il y a donc introduction d'une forme d'altrit entre les dlimitations quantitatives du repre et du repr. On reprsentera diffremment les oprations qui mnent l'une ou l'autre des deux interprtations. Avec l'ide qu'une limite de Y a t atteinte ( from one side of Y to the other ), cette altrit se prsente comme faible. Avec l'ide qu'elle est dpasse, ("in and out of Y"), on la dira forte. Dans le premier cas, o l'on envisage une altrit faible, on reprsentera la borne de droite du procs comme associe un reprage entre X et Y dfini par une relation de diffrenciation sur le plan quantitatif : Qnt2 (X) Qnt (Y) avec X Y Cette formule peut tre lue ainsi : le second ancrage spatio-temporel de X est dfini par un rapport de diffrenciation entre sa dlimitation quantitative et celle de Y, par rapport auquel il est localis. Ce qui livre une interprtation dans laquelle, parvenu au dernier point de Y, X nest plus que dans un rapport dadjacence avec celui-ci. Dans le second cas, c'est une opration de rupture entre leurs deux dlimitations qui reprsentera l'introduction d'une altrit forte, associe la nuance de sortie : Qnt2 (X) Qnt (Y) avec X Y 36
  • 37. On lit ici que X et Y entrent dans une relation de rupture, qui porte sur leurs dlimitations quantitatives, l'occurrence X tant repre par rapport Y. En somme, dans cet emploi, through met en jeu deux reprages distincts entre les termes qu'il met en relation dans le cadre de la construction de l'ancrage spatial de l'occurrence repre, le premier tant marqu par une absence d'altrit, le second par une altrit, faible ou forte : Qnt1 (X) = Qnt (Y) et Qnt2 (X) Qnt (Y) ou Qnt1 (X) = Qnt (Y) et Qnt2 (X) Qnt (Y) Dans les deux cas, le second reprage succdant un rapport d'identification, il signifie le non maintien de l'inclusion de X en Y, ce qui favorise des interprtations dans lesquelles le rfrent de X a atteint une limite du rfrent de Y, ou en est sorti. C'est le procs dynamique qui reprsente ici l'expression du changement entre les deux localisations de X : on considrera que le passage de l'une l'autre des deux dlimitations construites par through est relay par le verbe de mouvement dans ces noncs. On peut rsumer ceci en indiquant que la validation de la relation prdicative (note ), qui signifie son ancrage dans la situation de l'vnement (Sit2), permet le passage d'un tat de choses dans lequel la dlimitation quantitative de X est identifie celle de Y un tat de choses dans lequel elle entretient un rapport d'altrit faible avec celle de Y : < Sit2> ou < Sit2> On retiendra donc pour ce cas de figure que la construction de la borne de droite du procs repose donc fondamentalement sur la construction d'un rapport d'altrit entre la dlimitation quantitative de X et celle de Y. 37
  • 38. Nous avons ici introduit la notion de situation d'vnement, Sit2. Elle intgre un paradigme plus vaste, auquel nous ferons rfrence tout au long du prsent travail. On distingue en effet trois types de situations repres dans la TOE : la situation d'nonciation, qui constitue le repre origine absolu, note Sit0, la situation de locution, note Sit 1, et la situation de l'index d'vnement, Sit2. Chacune est munie de deux coordonnes, correspondant pour l'une au paramtre spatio-temporel (respectivement T0, T1 et T2 pour les moments d'nonciation, de locution, et pour celui de l'vnement) et pour l'autre au paramtre subjectif (S0 pour le sujet nonciateur, S1 pour le locuteur et S2 pour celui de l'nonc). 2.1.2 Passage d'un procs bornes sparables un procs bornes confondues a) Y correspond un terme comme door, gate, window Dans certains cas, l'adjonction du syntagme prpositionnel en through aux procs run, walk, etc., autrement non borns droite, les fait fonctionner comme des procs bornes confondues. Ce phnomne s'observe dans les noncs suivants : 20.The monster ran through the door and bashed everything on the wall and I ducked behind some boxes and went in the box. 21.I watched [the ghost] for a while and then he walked through the wall. 22.Social services pushed me through the gate and my kids were on the other side... Ici, une complmentation de type in 5 minutes/hours ou for 5 minutes/hours pour indiquer la dure de validation dun procs unique17 est peu acceptable, ce qui suggre que lon a affaire un procs bornes confondues (toute interprtation en termes de procs statif, qui donnerait les mmes rsultats dacceptabilit est naturellement proscrite par la valeur smantique de ces procs)18 : 17 Voir ce sujet B. Cappelle, 2004 : (A)telicity and (un)boundedness: Ten complications of the 'in/for X time' test. . 18 Une telle complmentation nest en effet acceptable que dans des cas bien particuliers : lecture itrative ou conative du procs essentiellement. Ce dernier cas de figure est illustr dans cet exemple, o l'on peut 38
  • 39. The monster ran through the door ??in/??*for five minutes. He walked through the wall ??in/??for five minutes. They pushed it through the gate ??in/??for five minutes On remarque galement avec ces noncs lapparition de valeurs prospectives, conatives, ou itratives avec ladjonction des marques du progressif, typique des procs bornes confondues19 : envisager que la dure introduite par in concerne le temps mis par le rfrent de I pour atteindre l'espace auquel renvoie the gate (on pense la progression d'une queue de passagers par exemple) ; la traverse en tant que telle du rfrent de the gate est alors comprise comme instantane : This past Saturday (the Saturday before Thanksgiving), I breezed through the Nashville security gate in less than five minutes as well, even though it was the usually most-crowded one near the Southwest gates . Cet nonc permet aussi une lecture dans laquelle le syntagme en in reprsente la dure de validation du procs, alors interprt comme non ponctuel et dot d'une certaine paisseur : les proprits notionnelles de gate favorisent un type de structuration du procs, typiquement envisag comme ponctuel, mais l'adjonction du syntagme prpositionnel en in peut elle-mme intervenir en faveur d'une structuration diffrente, celle d'un procs dot d'une paisseur. La faon dont l'occurrence Y, the gate, est envisage s'en trouve alors elle-mme modifie : elle est conue comme dote d'une certaine tendue. 19 Voir ce sujet J. Bouscaren, A. Deschamps et C. Mazodier (1993 : 29). Une lecture imperfective est galement possible ici. Comme avec tout procs ponctuel, la validit de ces noncs reposerait dans ce cas sur le principe d'une dilatation temporelle, dans le cadre de laquelle les bornes temporelles du procs, entre lesquelles l'espace est normalement irrductible, se voient cartes. L'vnement ainsi envisag dans une temporalit distendue (comme hypertrophie), peut tre pris dans son droulement, au service par exemple d'un commentaire image par image. Ce phnomne, comme le note H. Wyld (1993 : 53), repose sur une rupture de la synchronicit entre le temps de l'vnement et celui du processus nonciatif. Il indique propos de "he's slapping her" (1993 : 53) : "En effet, on constate que si l'on rompt/modifie la synchronicit entre ces deux paramtres [le temps de l'vnement rfrent dans l'extra-linguistique et celui du processus nonciatif] ce qui se produit par exemple dans un description/commentaire d'une image fige au ralenti une dilatation temporelle devient possible [...]". L'auteur prcise qu'il emprunte le concept de processus nonciatif J.-P Descls (1980 : 211). Nous le citons ainsi ce sujet : "[L]e processus nonciatif ne peut pas tre ramen un simple "moment d'nonciation" ponctuel puisque chaque processus d'nonciation "consomme" du temps, il suppose donc un vnement initial (le dbut de l'nonciation mais n'implique pas la prise en compte d'une fin. [] L'acte nonciatif (l'acte de parole) engendre un processus nonciatif qui se dploie dans le temps externe (l'acte de parole consomme du temps) mais sa trace dans le temps linguistique est un intervalle d'instants contigus et non pas un instant singulier." (1994 : 57-59) 39
  • 40. The monster is running through the door. He is walking through the wall. They are pushing it through the gate. Dans les noncs de cette facture, le rgime de la prposition sinterprte comme un point sur litinraire du rfrent de X dont le franchissement est pris en compte. Les termes nommant une entit dont la traverse est typiquement conue comme ponctuelle, instantane, tels que door, wall ou gate, favorisent la construction d'un procs bornes confondues. Le syntagme prpositionnel en through est donc nouveau l'origine de l'attribution d'un terme notionnel au procs, qui correspond un changement de localisation spatiale du rfrent de X. voquer le rle du syntagme prpositionnel ne doit pas masquer le fait que cest bien la triple combinaison du marqueur through, des proprits notionnelles de Y, et du contexte qui permet la mise en place dune interprtation du procs comme dot de bornes confondues, et donc la construction d'un terme notionnel. Les proprits de Y entrent en jeu dans la construction de la valeur smantique du procs puisque qu'un changement au niveau de Y peut entraner une modification de cette dernire (nous en observerons cidessous diffrents exemples). Mais ces proprits ne dterminent pas elles seules sa valeur : le mme terme Y introduit par une autre prposition ne sera pas ncessairement associ un procs bornes confondues. En tmoignent (23) et (24), o le procs demeure non born droite : 23. Pedestrians dread walking by the wall of death. 24.Avoid walking along the wall in the wet winter months when the ground is waterlogged and the risk of damage greatest. Si les proprits notionnelles du terme Y ne sont pas seules responsables du passage un procs bornes confondues, il en va de mme pour through puisqu'il peut galement intervenir dans des noncs o lon comprendra le procs comme pourvu de bornes sparables : 25.In fact, some of the most personable and humorous stories about Roosevelt come from the times he spent on the Potomac. Other Presidents have taken advantage of their proximity to 40
  • 41. the river as well. President John Quincy Adams used to regularly swim nude through the river (take a look at his portrait before you consider doing likewise). Enfin, le contexte joue un rle dterminant dans la construction de cette valeur puisque le mme syntagme prpositionnel peut tre associ diffrentes lectures concernant le bornage du procs. L o through the river tait prcdemment li une lecture du procs comme non born droite, il apparat ci-dessous comme born droite, puisqu'il est ici question de traverser le cours d'eau pieds/ la nage : 26. Money will be spent to provide them with such things as fencing and even bridges so stock don't have to walk through the river. 27. So fleeing from Eastern Germany wasn't as easy as it sounds. Some swam through the river in Berlin, some built a tunnel from Eastern to Western Berlin, some flew by ship over the Baltic sea or built themselves a hot air balloon, and one engine driver flew with the whole train attached... Ainsi, lemploi de through peut autoriser et favoriser la prise compte de Y comme un espace qui se trouve franchi, sans pour autant l'imposer. En conservant l'esprit les conclusions concernant le cas d'un procs bornes sparables, on constate qu'il n'est pas ncessaire pour que ladjonction d'un syntagme prpositionnel en through conduise une interprtation du procs comme born droite que Y renvoie typiquement une limite, ou soit typiquement envisag comme pourvu d'un dernier point. Ainsi, si le repre sert de base au reprage, il ne reprsente pas pour autant une entit dont la valeur serait donne une fois pour toutes : elle s'organise elle-mme au niveau nonciatif. b) Reprsentation La nuance de franchissement, qui se manifeste dans l'ensemble de ces noncs, est notre sens le fruit de la prise en compte de la mise en place de deux reprages successifs identiques ceux que nous avons prcdemment mis au jour. 41
  • 42. Le premier, le moins vident ici, tablit un rapport d'identification entre la dlimitation quantitative de X et celle de Y. Les interprtations associes ce type d'nonc reposent en effet, comme pour les prcdents, sur la prise en compte d'un rapport d'inclusion spatiale entre X et le domaine spatial reprsent par Y. La difficult que pose la reprsentation de ce type d'nonc provient du caractre irrductible de l'intervalle dfini par les deux bornes du procs puisque c'est cet intervalle que correspond ce premier reprage. En consquence de la rduction de cet intervalle un minimum, la relation d'identification entre repre et repr qui lui correspond ne peut se comprendre que comme ponctuelle. Il y a pourtant bien lieu de l'inclure notre reprsentation puisque, dans ces noncs, le passage au-del de Y se comprend ncessairement comme se faisant par Y. Ainsi dans un exemple comme "he walked through the door", le passage de X dans un espace se dfinissant comme tant au-del de la porte ne peut s'interprter que comme impliquant un partage ponctuel des coordonnes de X et de la porte, typiquement avec un passage par l'embrasure de la porte. De mme, un nonc comme "the sand slipped through his fingers" engage une interprtation dans laquelle le sable traverse l'espace dlimit par les doigts de la main, et toute interprtation o le passage se ferait par un contournement du rfrent de Y semble exclue. Dans ces noncs, l'intervalle rduit zro qui spare les deux bornes du procs sera donc associ une relation d'identification entre les dlimitations des occurrences X et Y, au niveau quantitatif. L'inclusion spatiale tant marque par une absence d'altrit entre les coordonnes spatio-temporelles de l'occurrence repre et de l'occurrence repre. On a : Qnt1 (X) = Qnt (Y) Notons que c'est prcisment sur ce reprage que l'on s'arrte avec la construction d'une dsynchronisation entre le temps de l'vnement et celui du processus nonciatif qu'autorise l'adjonction du marqueur be+ing dans cette configuration. Le second reprage implique l'introduction d'un rapport d'altrit entre les dlimitations de l'occurrence repre et de l'occurrence repre. Il permet de rendre compte d'interprtations faisant intervenir l'ide que le rfrent de X atteint un espace situ "audel" de l'espace dlimit par le rfrent de Y. La borne de droite du procs est caractrise 42
  • 43. par cette seconde dlimitation qualitative de X, que l'on reprsentera ceci ainsi : Qnt2 (X) Qnt (Y) On considrera comme dans le cas prcdent que l'aboutissement de la validation de la relation prdicative se caractrise par une localisation de X dfinie par une relation d'altrit avec Y, et ayant t prcde d'un rapport d'inclusion avec cette occurrence repre : < Sit2> 2.1.3 Changement de dlimitation quantitative et tat rsultant La notion d'tat rsultant ne s'applique vritablement pour J. Bouscaren, A. Deschamps et C. Mazodier que dans le cas des procs bornes sparables borns droite ; autrement dit, cet effet n'est caractristique que des procs qu'ils considrent comme tliques20. Ils relvent cependant que les cas dans lesquels "le dernier point n'appartient pas intrinsquement au procs" (ils voquent ici les cas de l'adjonction d'un syntagme prpositionnel locatif qui construit ce dernier point), qui comptent donc les situations o celui-ci est construit l'aide d'un syntagme prpositionnel en through, "ne permettent pas la construction d'une consquence ncessaire et unique lexicalement dtermine" (1993 : 24). Si le terme d'tat rsultant est en effet peu adapt pour le type de cas qui nous intresse, reste que dans les noncs contenant