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René de Chateaubriand Support de cours | Mathieu Roduit | 2020-2021 Version du 24 octobre 2021

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Page 1: Renéde Chateaubriand - MR FRANCAIS

René de ChateaubriandSupport de cours | Mathieu Roduit | 2020-2021 Version du 24 octobre 2021

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Table des matières1. Biographie de François-René de Chateaubriand2. Analyse narratologique de René3. L’interprétation de René4. Le genre littéraire de René5. L’intrigue de René6. René, héros romantique7. Analyses

7.1. L’incipit7.2. La quête de René7.3. La solitude de René7.4. La nature comme remède à la mélancolie7.5. L’explicit

8. Conclusion

*. Le genre narratif*.1. Les constituants du texte narratif*.2. Récit-cadre et récit enchâssé*.3. L’incipit

*.3.1. Fonctions*.3.2. Typologie

*.4. Le narrateur*.4.1. Le narrateur-personnage et le narrateur abstrait*.4.2. Le narrateur et la diégèse*.4.3. La perspective narrative ou focalisation

**. Les registres littéraires**.1. Le registre lyrique**.2. Le registre pathétique**.3. Le registre tragique**.3. Le registre satirique

*. Les figures de style

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1. Biographie de François-René de Chateaubriand

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2. Analyse narratologique de RenéL’auteur (François-René de Chateaubriand) écrit René (récit)

Les deux narrateurs racontent les deux histoires (narration)

• Il y a deux narrateurs, car il y a un récit-cadre et un récit enchâssé• Récit-cadre à narrateur hétérodiégétique et intradiégétique

• Récit enchâssé à narrateur homodiégétique et métadiégétique, René est donc le narrateur personnage

Les personnages (René, Chactas, Père Souël, etc. / René, Amélie, Mère supérieure du couvent, etc.) vivent l’histoire

• On parle également d’intrigue ou de diégèse pour désigner l’histoire

Il s’agit d’un récit à tendance autobiographie (auteur = narrateur = personnage), même s’il existe de nombreuses différences entre René et Chateaubriand

• Attention, même dans la stricte autobiographie, il n’y a pas parfaite coïncidence, car le texte demeure une fiction

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2. Analyse narratologique de RenéNarrateurs Hétérodiégétique et intradiégétique Homodiégétique et métadiégétique (René)

Localisation des narrations dans le récit

Récit-cadre Récit enchâssé

Focalisation Zéro (narrateur omniscient)• Accès aux pensées et aux sentiments de René• Connaît le futur (mort de René)

Interne

Personnes 3e personne du singulier (narrateur abstrait) 1ère personne du singulier (narrateur-personnage)

Lieux Amérique (Louisiane) France

Temporalité Passé proche (arrivée chez les Natchez, mariage : premier paragraphe)Présent (récit de ses aventures et de ses affects à Chactaset au père Souël et en même temps au lecteur : double énonciation)Futur proche (mort : dans le dernier paragraphe)

Passé (jeunesse de René)Siècle des lumières, sous la régence de Philippe d’Orléans• La fin du règne de Louis XIV est marqué par la dévotion et les

mœurs sévères, à sa mort se développe le libertinage et le gout du luxe

Personnages René, Chactas, père Souël, Céluta, etc. René, Amélie, père, mère, mère supérieure du couvant, etc.

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3. L’interprétation de RenéRéception par le public

• Expression d’un sentiment nouveau, la mélancolie, qui va devenir le « mal du siècle » (Musset)

• René est le premier héros romantique

Projet de Chateaubriand

• Fonction thérapeutique : Introspection, réflexion sur soi, sur sa souffrance (dimension « autobiographique »)

• Apologie du christianisme, nostalgie de la monarchie et de la religion, René est un antihéros, un être dépravé• (du grec ἀπό (apó), « loin » et λόγος (lógos), « parole, raison »

Héros romantique Apologie de la religion chrétienne

Quantité Récit enchâssé (85%) à plus d’importance accordée aux sentiments de René

Récit-cadre (15% de René) à plus d’importance accordée aux jugements de Chactas et du père Souël

Position Sentiments de René au centre de l’œuvre Jugement de Chactas et du père Souël à la fin, place traditionnelle de la morale

Tonalité Empathie / pitié (récit enchâssé)• Registre tragique : solitude, abandon, mort de sa sœur, amour

incestueux• Registre pathétique : souffrance, malchance• Registre lyrique : sensibilité, fragilitéRenforcée par les larmes de Chactas (récit-cadre)• Registre pathétique

Honte / sévérité (récit-cadre)• Registre satirique : ton paternaliste de Chactas, ton dédaigneux

du père Souël

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3. L’interprétation de RenéHéros romantique Apologie de la religion chrétienne

Rôle du narrateur Identification au narrateur-personnage, complicité (récit enchâssé)• Utilisation de la 1ère personne : proximité, subjectivité• Focalisation interne : accès aux sentiments et aux émotions• Le lecteur prend le parti du hérosFait mourir René (récit-cadre)• Renforce le pathétique

Regard objectif sur René• Utilisation de la 3ème personne : mise à distance, objectivité• Focalisation zéroFait mourir René (récit-cadre)• souligne qu’il n’aura jamais trouvé le bonheur et qu’il a eu tort

Rôle des personnages

Identification à René (récit enchâssé)• Personnage principal (héros)Chactas plaint René (récit-cadre)

Destinataires = relais du lecteur dans le texte (double énonciation)• Jugement sévère du père Souël• Jugement plus paternel de ChactasContraste entre Amélie et René• Amélie est sauvée par la religion (cf. lettre de la mère supérieure

qui la qualifie de « sainte »)• René s’abandonne à ses chimères plutôt qu’à la religion

Contexte de parution

Parution autonome (1805)• Le public reçoit le vague des passions comme état d’âme valorisé,

vers lequel il faut tendre

Dans Le Génie du christianisme (1802)• Exemple d’une existence dépourvue de foi chrétienne et livrée aux

passions (cf. misère de l’homme sans dieu de Pascal)• Apologue destiné à montrer les dégâts que peut faire « le vague

des passions »

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3. L’interprétation de RenéHéros romantique Apologie de la religion chrétienne

Transtextualité Mémoires d’outre-tombe (métatexte)« Un épisode du Génie du christianisme, qui fit moins de bruit alors qu’Atala, a déterminé un des caractères de la littérature moderne ; mais, au surplus, si René n’existait pas, je ne l’écrirais plus ; s’il m’était possible de le détruire, je le détruirais. Une famille de René poètes et de René prosateurs a pullulé : on n’a plus entendu que des phrases lamentables et décousues ; il n’a plus été question que de vents et d’orages, que de mots inconnus livrés aux nuages et à la nuit. Il n’y a pas de grimaud sortant du collège qui n’ait rêvé être le plus malheureux des hommes ; de bambin qui à seize ans n’ait épuisé la vie, qui ne se soit cru tourmenté par son génie ; qui, dans l’abime de ses pensées, ne se soit livré au vague de ses passions ; qui n’ait frappé son front pâle et échevelé, et n’ait étonné les hommes stupéfaits d’un malheur dont il ne savait pas le nom, ni eux non plus.Dans René, j’avais exposé une infirmité de mon siècle ; mais c’était une autre folie aux romanciers d’avoir voulu rendre universelles des afflictions en dehors de tout. »

Prologue (péritexte)« Tout ce qu’un critique impartial, qui veut entrer dans l’esprit de l’ouvrage, était en droit d’exiger de l’auteur, c’est que les épisodes de cet ouvrage eussent une tendance visible à faire aimer la religion et à en démontrer l’utilité. Or, la nécessité des cloitres pour certains malheurs de la vie, et ceux-là même qui sont les plus grands, la puissance d’une religion qui peut seule fermer des plaies que tous les baumes de la terre ne sauraient guérir, ne sont-elles pas invinciblement prouvées dans l’histoire de René? L’auteur y combat, en outre, le travers particulier des jeunes gens du siècle, le travers qui mène directement au suicide. […]Il ne faut pas perdre de vue qu’Amélie meurt heureuse et guérie, et que René finit misérablement. Ainsi le vrai coupable est puni, tandis que sa trop faible victime, remettant son âme blessée entre les mains de celui qui retourne le malade sur sa couche, sent renaitre une joie ineffable du fond même des tristesses de son cœur. Au reste, le discours du père Souël ne laisse aucun doute sur le but et les moralités religieuses de l’histoire de René. »

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4. Le genre littéraire de René• Chateaubriand parle de poème (style poétique, lyrisme, prose

poétique)• Mais pas versifié

• Chateaubriand parle également de drame (histoire tragique, pathétique et réaliste)• Mais pas une pièce de théâtre

• On peut aussi imaginer qu’il s’agit d’une nouvelle (court récit)• Mais absence de chute

• D’un conte (court récit, avec une morale à la fin)• Mais absence de merveilleux

• D’un roman (récit)• Genre discrédité jusqu’à Balzac

• Pas d’exemple antique• Pas de règles du roman• Quelques exemples, rares, de succès littéraires : La Princesse de Clèves, Les

Liaisons dangereuses, Paul et Virginie

• D’un roman épistolaire (composé de 9 lettres, dont la 1ère déclenche la confession)• Mais pas uniquement composé de lettres

• D’une autobiographie (points communs entre Chateaubriand et René)• « Les grands écrivains ont mis leur histoire dans leurs ouvrages. On ne

peint bien que son propre cœur en l’attribuant à un autre ; et la meilleure partie du génie se compose des souvenirs. » (Le Génie du christianisme)

• D’une confession (récit sincère, se confie à Chactas et au père Souël)• Mais pas complètement autobiographique

Chateaubriand René

Points communs

Prénom, Château, portrait du père, parcs solitaires, sœur adorée, exil, tentation du sacerdoce, tentation du

suicide, voyage pour l’Amérique

Différences Prénom, Actif (engagement politique)

Prénom, Passif (contemplatif)

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5. L’intrigue de René« Il prit donc jour avec eux pour leur raconter, non les aventures de sa vie, puisqu’il n’en avait point éprouvé, mais les sentiments secrets de son âme. » (François-René DE CHATEAUBRIAND, René, 1802)

• Pas d’intrigue ? • « Livre sur rien » comme disait Flaubert?

• Intérêt indéniable pour le style (prose poétique)

• Intention clairement apologétique et pas uniquement stylistique• Mais pas de vrai sujet?

• Intrigue fondée sur un triple secret (et par conséquent une triple attente du lecteur)• Secret concernant sa vie avant d’arriver en Amérique (dévoilée lors de sa

confession)• Secret concernant l’amour incestueux de sa sœur (dévoilé lors de la

cérémonie des vœux) et peut-être également du sien (suggéré par le père Souël à la fin du récit-cadre)

• Secret concernant la mort d’Amélie (dévoilé seulement à la fin du récit-enchâssé)

• Rien vécu?• Mort de sa mère, puis de son père• Relation forte avec sa sœur, séparation d’avec elle, entrée au couvent,

aveu d’un amour adultère• Voyages (Grèce, Rome, Angleterre, Écosse, Sicile, puis Amérique :

traversée de l’océan et vie menacée au Nouveau Monde)

• Différence entre rien vécu (évènement) et rien éprouvé (sentiment)?• Le ressort principal de René, c’est le lyrisme et l’élégie faisant de cette

béance au cœur de l’individu l’unique justification de l’écrit• Pas un livre sur rien, mais un livre qui met en évidence le vide intérieur

provoqué par le vague/mal des passions• Originalité + nouveauté, roman psychologique, René = son propre

adversaire (≠ épique)

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6. René, héros romantique• Personnage principal d’une œuvre fictionnelle

• Personnage principal du récit-cadre• Récit enchâssé consacré à son histoire (confession autobiographique)• Personnage principal du «mal du siècle»

• Incarne le premier et le mieux le mal du siècle• Attiré par l’absolu• Solitaire et tourmenté• Tentation du suicide• Se recueille dans la nature• Ressens et exprime de forts sentiments, etc.

• Personne qui réalise des exploits • ≠ Héros actif (Roland, Lancelot, Rodrigue)• = Héros contemplatif (rêverie, méditation)

• Exploits intérieurs• Refuse la compromission de la société et lui préfère la solitude• Aspiration vers l’idéal et l’absolu, malgré l’incapacité à y parvenir• « Surabondance de vie » (grandeur de ses aspirations)• Sensibilité exacerbée• Etc.

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7. Analyses7.1. L’incipit (« En arrivant… d’harmonies »)1. Un double incipit mystérieux

• Le dispositif narratif• Pacte de lecture• Monde fictif• Séduction du lecteur• Conclusion

2. René, un héros romantique• Caractéristique 1 de René• Caractéristique 2 de René• Caractéristique n de René• Conclusion

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7. Analyses7.2. La quête de René (« Je recherchai… pauvre sauvage. »)[Chassé de la demeure familiale par son frère ainé lors de la mort de son père, René renonce à s’engager dans la vie monastique malgré les encouragements d’Amélie et part arpenter le monde, guidé par une « inconstance naturelle ».]

Quelle est la structure du passage?

• « Les voyages de René » (l. 1-31)• Objectifs de René (l. 1-10)• Voyage en Écosse (l. 11-20)• Voyage en Italie (l. 21-27)• Bilan (l. 28-31)

• « Récit de ses voyages » (l. 32-47)• L’Etna (l. 32-34)• Bilan (l. 35-47)

• « L’idéal indien » (l. 48-61)

Que cherche René dans ses voyages?

• un idéal, quelque chose d’absolu, dans l’art et dans la nature• Champ lexical de l’absolu : « divins/divine/divinité » (l. 1, 4 et 18) « dieux » (l. 2 et 6), « religion » (l. 2-3, 16 et 23), « ciel » (l. 5), « sublime » (l. 5), « immortels » (l. 7), « merveilleuses »

(l. 9), « David » (l. 17), « anges » (l. 19) « sainte » (l. 22), « dômes » (l. 24), « Dieu » (l. 26), « temple » (l. 26)• Champ lexical de l’art : « artistes » (l. 1), « lyre » (l. 2), « chantres » (l. 3), « talents » (l. 4), « bouche d’or » (l. 6), « barde » (l. 11), « harpe de David » (l. 17), « Ossian » (l. 17), « chefs-

d’œuvre » (l. 21), « poétique/poète » (l. 22 et 27), « art » (l. 22), « beaux/beau » (l. 24 et 29)• Champ lexical de l’élévation et de la grandeur : « au sommet » (l. 35) « le soleil » (l. 36), « se lever » (l. 36), « l’immensité » (l. 36), « les espaces » (l. 37), « perpendiculaire » (l. 38),

« immense » (l. 45)

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7. Analyses7.2. La quête de René (« Je recherchai… pauvre sauvage. »)Qu’est-ce qui fait la grandeur d’un artiste?

• Les artistes sont des créateurs, comme Dieu• Ils rivalisent même avec Dieu, à l’instar du docteur Frankenstein du roman éponyme (1831) de Mary Shelley, métaphore de l’artiste romantique

• Leurs œuvres constituent des échappatoires qui permettent de fuir la réalité à travers le rêve et l’imagination

• Ils survivent à leur mort à travers leurs œuvres

• Ils sont capables de sublimer la nature à travers leurs œuvres (cf. Les Fleurs du mal)

Quels sont les trois types d’œuvres envisagés?

• Art : Modernité artistique (romantisme : « Ossian » [l. 217])

• Art : Classicisme (Rome et ses « colonnes » [l. 23])

• Le « tableau » (l. 45) de la nature : les « monuments de la nature » (l. 34), sa « création » (l. 46)

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7. Analyses7.2. La quête de René (« Je recherchai… pauvre sauvage. »)Quel Bilan René tire-t-il de ses voyages?

• Échec : Anaphore : « rien » (l. 28 et 29) : incomplétude, imperfection• L’art des anciens ne perdure pas (il n’en reste que des ruines)• L’art des modernes n’a pas encore fait ses preuves• à peuvent pas prétendre à l’absolu

• Échec : pathétique : « pleurant » (l. 42), « pitié » (l. 44), et néant « abime » (l. 47)• Minuscule face à l’immensité de la nature (cf. Der Wanderer über dem Nebelmeer), miroir de son incomplétude• Solitude et mélancolie

Pourquoi René envie-t-il les Indiens? Qu’est-ce qui l’en distingue?

• Paisibles (« paix » [l. 54]), heureux, pas mélancoliques (« sagesse » [l. 58])

• Épicurisme : ataraxie : morale de la tempérance (« votre raison n’était que vos besoins » [l. 57])

• Vivent dans la simplicité : se réfèrent à la nature, se contentent naturellement de ce qu’ils ont

• Pas de « surabondance de vie », pas d’idéal qui génère nécessairement une frustration

• ≠ René : « Je meurs de soif auprès de la fontaine, » (Villon)

• Attitude un peu colonialiste

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7. Analyses7.2. La quête de René (« Je recherchai… pauvre sauvage. »)En quoi René est-il un rationaliste philosophique?

• Homme des lumières

• Utilise la raison, analyse toutes les possibilités

• Chercher l’absolu partout où il n’y est pas, c’est-à-dire dans la foi

• Mais passe à côté de celle qui nécessite l’abandon dans la Religion, le « saut » dans l’absolu de Kierkegaard

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7. Analyses7.3. La solitude de René (« Je me trouvai… de juste? »)[Lucile semble distante. René lui propose de la rejoindre à Paris, mais elle décline sa proposition avec des arguments peu convaincants]

Quelle est la structure du passage?

• « La solitude de René » (l. 1-11)

• « Le refuge dans la religion » (l. 12-23)

Quel est le nouveau projet de René ?

• Trouver l’amour, quelqu’un avec qui partager

Pourquoi y renonce-t-il?

• Amour à sens unique, pas partagé avec la même générosité : « je donnais plus que je recevais » (l. 4-5)

• Relation superficielle « ce n’était ni un langage élevé ni un sentiment profond » (l. 5)

• Il cherche l’Amour, l’amour « passion » (l. 3), l’amour « romanesque » (l. 7), fictif, un amour profond et spirituel, une âme sœur

• Or il trouve l’amour libertin, volage, superficiel, sensuel, égoïste : on n’aime pas l’autre, mais le bien qu’il nous fait ou que l’amour nous fait• Dans l’amour est-ce qu’on aime l’autre ou l’amour?

• Paradoxe : plus seul encore parmi la foule : « vaste désert d’hommes! » (l. 11)

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7. Analyses7.3. La solitude de René (« Je me trouvai… de juste? »)Quel élément de la psychologie de René peut-on dresser ?

• Idéaliste• Recherche d’absolu : art, nature, amour, religion• Ne se contente pas de ce qu’il est, ce qu’il a• Cherche à « faire [quelque chose] de grand, de noble, de juste ! » (l. 23)• Esprit « romanesque » (l. 7) = romantique

• Mélancolique• Provoquée par la désillusion, idéal pas de ce monde, beau humain pas suffisant• « Surabondance de vie » (Chateaubriand), « Rêve trop haut pour une maison trop étroite » (Flaubert), « Dieu tombé qui se souvient des cieux » (Lamartine)• Rêve supérieur à la réalité• Sentiment d’incomplétude• Éternel insatisfait, perpétuelle frustration, cherche quelque chose qui n’existe pas• Persévérance pas une aide : accélérateur de mélancolie• Taedium vitae « dégout de la vie » ou « mépris de la vie »

• Sensible• Beaucoup de larmes, de tristesse en raison de la mélancolie, mais aussi d’admiration devant la beauté des Indiens ou face à la religion

• Centré sur lui• Individualisme• Autocentré, centré sur le moi

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7. Analyses7.3. La solitude de René (« Je me trouvai… de juste? »)• Élitiste

• Antisocial, se marginalise, cherche à fuir la médiocrité• « Rapetisser ma vie pour la mettre au niveau de la société » (l. 6-7)

• « Dandy » (anachronique)• Aristocrate de l’esprit• Cherche à s’élever moralement et spirituellement• Esthète (apprécie les belles choses)• Contre le nihilisme matérialiste bourgeois

Quel Bilan René tire-t-il de ce nouveau projet?• Quête d’absolu : recherche de verticalité, élévation, de transcendance ≠ rationalisme

• Bonheur auquel aspire René pas de ce monde• Plus il cherche moins il trouve• Espoirs fondent son malheur• Bilan négatif

• Tragique• Paradoxe entre la grandeur d’âme de René et son malheur• Idéal jamais réalisé

• Taedium vitae « dégout de la vie » ou « mépris de la vie » (Sénèque), mélancolie (romantiques), spleen (Baudelaire), nausée (Sartre)

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7. Analyses7.4. La nature comme remède à la mélancolie (« La solitude… d’ennui »)1. La profonde mélancolie de René1.1. Intensité des émotions

• Registre lyrique• Champ lexical des sentiments (solitude, incomplétude, soif d’idéal), champ lexical de la

nature, 1ere personne du singulier, exclamations, apostrophe à la nature, référence explicite à la « lyre » (l. 31), métaphores, assonance, allitération

• Figures d’amplification• Hyperbole, accumulation, gradation, asyndète, polysyndète

• Champ lexical de l’intensité « surabondance de vie » (l. 3) « force » (l. 61)

1.2. Des émotions contradictoires• Figures d’opposition

• Antithèse, chiasme, parallélisme, antiphrase

• Mélancolie• Opposition : Tristesse/bonheur, rêve/réalité, idéal/réalité• Hypothèses + conditionnel/connecteurs logiques d’opposition

1.3. L’impuissance à les exprimer• Impuissance du langage, faiblesse du vocabulaire: « Impossible à décrire » (l. 2),

« comment exprimer » (l. 21) « on ne peut les peindre » (l. 24)• Utilisation de différentes figures de rhétorique (intensité) et en particulier de la

métaphore (description par analogie)

1.4. Conclusion• Mélancolie si forte que René ne dispose pas de mots pour l’exprimer

2. La fonction thérapeutique de la Nature2.1. L’omniprésence de la nature

• Champ lexical de la nature• Omniprésence spatiotemporelle (haut/bas, jour/nuit, saisons)• Quitte la société et se réfugie dans la nature qui lui sert d’asile

2.2. La projection de René dans la nature (RàN)• Allégorie des feuilles/idées

2.3. La nature, miroir des états d’âme de René (NàR)• Topos romantique• Métaphores, comparaison (similitude René/nature)

• Murmures des vents = puissance des passions• Automne = mélancolie• Oiseaux de passage = mort

• Chiasmes, parallélisme (intrication, communion René/nature)

2.4. Conclusion• « Charme » (l. 13) de la nature• Fonction thérapeutique• Fuit la société, réconfort à sa solitude• Impératif, implore de le sauver

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7. Analyses7.5. L’explicit (« Comme René… soleil couchant. »)1. Une critique du « mal du siècle »1.1 Attitude stoïque du père Souël (raison>émotions)

• Dualité entre son cœur et ce qu’il laisse transparaitre : maitrise de ses passions = contraire de René qui s’y abandonne• Intérieur « cœur compatissant » (l. 19), « en secret »

(l. 19)• Extérieur « au dehors » (l. 19-20) « air austère » (l. 18)

« caractère inflexible » (l. 20)

• Refus catégorique du pathétique • Répétition « rien […], rien ne mérite […] la pitié qu’on

vous montre ici » (l. 21-22)

• Les sentiments sont une faiblesse qui détourne de l’essentiel (Dieu) et par conséquent du bonheur

1.2. Posture paternaliste• Portée universelle de son discours

• Présent gnomique + pronom impersonnel : « on n’est point » (l. 23-24) « on ne hait » (l. 25) « quiconque […] doit » (l.38-39)

• Discours radical : Hyperboles « rien » (l. 21 deux fois) « tout » (l. 22)

• Impératif « étendez » (l. 25)

1.3. Posture accusatrice du père Souël• Champ lexical du néant

• « rien » (l. 21 deux fois) « chimères » (l. 22) « purs néants » (l. 27) « vous consumez vos jours » (l. 33) « inutiles » (l. 40)

• Vocabulaire dépréciatif• «honte» (l. 27), « forcé de rougir » (l. 28)• Périphrases : « jeune présomptueux » (l. 36) « un

jeune homme entêté de chimères » (l. 5)

• Attaque personnelle ironique• Paradoxe : « on n’est point, monsieur, un homme

supérieur parce qu’on aperçoit le monde sous un jour odieux » (l. 23-25) « vous avez cru » (l. 36)

• « je crains que, par une épouvantable justice, un aveu sorti du sein de la tombe n’ait troublé votre âme à son tour » (l. 31-32)

• «vous consumez vos jours» (l. 33)• Questions rhétoriques : « que faites-vous seul au

fond des forêts où vous consumez vos jours, négligeant tous vos devoirs ? » (l. 32-33)

• Opposition grandeur (sœur) / médiocrité (René) : gradation + répétition « toute la pureté, toute la vertu, toute la religion, toutes les couronnes d’une sainte rendent à peine tolérable la seule idée de vos chagrins » (l. 28-30)

1.4. Conclusion

2. Une morale ambiguë2.1. Le dispositif narratif

2.2. Les deux pères de René

2.3. Une mort ambiguë

2.4. Conclusion

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8. Conclusion

René

Conscience plus aigüe du néant des choses terrestres

Miroir de sa finitude

Libertinage, légèreté, corruption

Éphémère

Pas pour autant atteinte de l'absolu

BilanAilleurs géographique plus enthousiasmant

Sublimation de la réalité

Âme sœur

Beauté des paysages

Fin de la souffrance

Espoirs

Art

Amour/société

Nature

Suicide

Aspiration vers l'absolu

Dieu

« Ce qui est fini n'a pour moi aucune valeur »

« Surabondance de vie »

« On habite avec un coeur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout. »

« Vague des passions »

« Mal du siècle »

Voyages

Pas meilleur