rapportsur lasantÉanimale 2015
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RAPPORT SURLA SANTÉ ANIMALE2015
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Santé animale en Suisse :rétrospective et perspectives
Surveillance des épizootieset des zoonoses
Communication de crise :exemple de la tuberculose
Stratégie nationale contre larésistance aux antibiotiques (StAR)
Organisation de la collectede lait en cas d’épizootie
Détection précoce et mise en réseaudes données de santé animale
Exercices de crise etplanification d’urgence
SOMMAIRE
prévention
Lutte contre les épizooties
Préparation auxsituations de crise
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Berne et Mittelhäusern :deux sites pour l’IVI
Une nouvelle loi sur la santé animalepour la Mongolie
La lutte contre les épizooties,un défi constant
Surveillance syndromique : détectionprécoce des nouvelles maladies
Normes internationaleset commerce international
Le petit coléoptère des ruches :détection précoce et lutte
Mammite – feuille de route
Les activités des Servicesvétérinaires : un Bien public mondial
Des moyens modernes de lutte contreles épizooties à l’exemple de la BVD
Science et recherche
Collaborationinternationale
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orsque le coup d’envoi de la Stra-
tégie Santé animale en Suisse
2010+ a été donné, Doris Leuthard,
à l’époque présidente de la Confé-
dération, avait appelé à faire de la
santé animale une valeur suisse recon-
nue, sous le slogan : « c’est typiquement
suisse ». En effet, un niveau élevé de santé
animale est une condition indispensable
à une production de denrées alimen-
taires durable et sûre. Il s’inscrit dans le
droit fil des exigences de bien-être et
de dignité des animaux formulées par la
société et les milieux politiques.
Depuis, l’Office fédéral de la sécurité
alimentaire et des affaires vétérinaires
(OSAV), en collaboration avec les services
vétérinaires cantonaux et l’ensemble des
partenaires et organisations concernés
ainsi qu’avec les scientifiques, travaille
d’arrache-pied pour mettre en œuvre les
cinq champs d’action de la Stratégie : pré-
vention, préparation aux situations de
crise, lutte contre les épizooties, collabo-
ration internationale et recherche et dé-
veloppement.
La modification de la loi sur les épi-
zooties de 2013 a avant tout légitimé et
renforcé les deux axes que sont la pré-
vention et la détection précoce des épi-
zooties. Certains programmes ont ainsi
vu le jour, tels qu’Equinella pour les che-
vaux, PathoPig pour les porcs et APINEL-
LA, dédié à la détection du petit coléop-
tère des ruches en Suisse.
L’apparition du virus responsable de
la maladie de la langue bleue au nord des
Alpes et la découverte de cas de tubercu-
lose bovine ont montré que notre pays
n’était pas à l’abri des épizooties, émer-
gentes comme réémergentes. Ces épi-
sodes ont permis de constater le haut
niveau de qualité affiché par le service
vétérinaire public en matière de gestion
des événements et des crises, résultat des
exercices menés dans le cadre de la Stra-
tégie sur les plans tant fédéral que canto-
nal et des améliorations apportées en
conséquence ; ils ont montré aussi la
bonne coopération avec les vétérinaires
praticiens et les éleveurs.
Le récent succès remporté par la
Suisse est venu confirmer le haut niveau
de maîtrise atteint par le pays en matière
de lutte contre les épizooties : enmai 2015,
précisément 25 ans après la survenue du
premier cas d’ESB sur son territoire, la
Suisse s’est vu attribuer le statut le plus
sûr (Pays Membre reconnu comme pré-
sentant un risque négligeable à l’égard de
l’ESB) par l’Organisation mondiale de la
santé animale (OIE).
Ce statut relatif aux épizooties vaut-
il également pour la santé animale en gé-
néral ? Au vu de l’usage intensif qui est
fait des antibiotiques en Suisse par rap-
port à d’autres pays, on est en droit d’en
Josef Schmidt, OSAV
Santé animale en Suisse :rétrospective et perspectives
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douter. Les antibiotiques sont des médi-
caments indispensables en médecine hu-
maine comme en médecine vétérinaire.
L’augmentation de l’antibiorésistance doit
donc être considérée comme une menace
réelle pour la santé des hommes et des
animaux, et le recours aux antibiotiques,
limité au strictminimum. Cela ne doit pas
se faire au détriment du bien-être des
bêtes ; au contraire, cet objectif doit impé-
rativement être lié à la promotion de la
bonne santé générale des animaux.
Nous devons donner une nouvelle
impulsion globale en matière de promo-
tion de la santé animale si nous voulons
relever des défis tels que la modernisa-
tion des exploitations agricoles, l’intensi-
fication du trafic international d’animaux
et de marchandises, l’augmentation des
attentes de la société vis-à-vis de la pro-
duction de denrées alimentaires et de
l’élevage ou encore les nouvellesmenaces
résultant du changement climatique. Les
travauxmenés conjointement par les ser-
vices de la santé publique et des affaires
vétérinaires et l’ensemble des parties pre-
nantes dans le cadre de l’élaboration de la
Stratégie nationale contre la résistance
aux antibiotiques (StAR) ainsi que l’enga-
gement commun des producteurs, de
l’OSAV et de l’Office fédéral de l’agricultu-
re (OFAG) en faveur d’un réseau dédié à la
saisie de données de santé animale
constituent des étapes encourageantes.
Cela suffit-il ? Je pense que non. Une
nouvelle impulsion globale exige que l’on
trouve des ressources supplémentaires
et que l’on emprunte des voies inexplo-
rées. Si l’importance de la santé animale
est bien ancrée chez nombre de per-
sonnes, les mesures engagées actuelle-
ment pâtissent d’un manque de coordi-
nation ou sont entravées par des intérêts
personnels et à court terme. Il convient
donc de renforcer la coopération entre
les secteurs public et privé en vue de la
promotion durable de la santé animale,
en définissant pour cela une orientation
stratégique claire et une mise en œuvre
cohérente.
Ainsi, nous prendrons tous en
compte le fait que la santé de nos ani-
maux de rente constitue la base d’une
agriculture et d’une production de den-
rées alimentaires qui soient compéti-
tives et économiquement viables. La san-
té animale représente d’ailleurs l’un des
piliers centraux du concept «Une seule
santé» de l’Organisation mondiale de la
santé (OMS), lequel affirme que la santé
humaine, la santé animale et l’environne-
ment sont indissociables.
Ce n’est qu’ensemble que nous pour-
rons suivre le slogan susmentionné et
faire de la santé animale une valeur
suisse. Attelons-nous à la tâche : nous dis-
posons des meilleurs atouts !
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La prévention englobe toutes les mesures de précaution visant àempêcher ou à réduire le risque d’apparition et de propagationd’une maladie animale. La prévention est l’un des piliers de laStratégie Santé animale en Suisse 2010+. La loi sur les épizooties,dont la révision a été acceptée par le peuple en novembre 2012,confère à l’OSAV la compétence et les ressources financièresnécessaires pour soutenir la prévention des épizooties et mettre enœuvre un système national de détection précoce. La préventionrepose également sur la collecte et l’évaluation des données desanté animale, sur la surveillance des épizooties et des zoonosesainsi que sur une stratégie efficace contre la résistance aux antibiotiques.
PrévenTion
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Systèmes facultatifsd’annonce et d’informationsur la santé animale auniveau national
Les programmes de surveillance of-
ficiels visent les épizooties définies dans
l’ordonnance sur les épizooties : c’est une
obligation légale de communiquer les
données qui les concernent. Toutefois, il
est possible d’affiner la détection précoce
en se fondant sur des informations sup-
plémentaires qui échappent encore aux
voies d’annonce ordinaires. Parmi ces
données, certaines sont recueillies à di-
vers échelons relevant du droit privé (par
exemple auprès d’organisations d’éle-
vage, de producteurs, de cabinets vétéri-
naires), ce qui empêche l’OSAV d’en dispo-
ser librement à des fins de détection
précoce. Dans cette perspective, l’OSAV a
mis en place toute une série de projets
et d’instruments (Equinella, LyMON, Pa-
thoPig, APINELLA, le projet «Réseau –
santé des bovins» ainsi que le «Bulletin
Radar») qui contribuent à la détection
précoce, mais qui offrent aussi un avan-
tage indéniable aux organismes privés et
aux personnes qui livrent ces données.
Equinella (www.equinella.ch) est
une plateforme électronique d’annonce
et d’information pour les maladies
équines. Il s’agit d’un système facultatif
d’annonce des cas de maladies équines et
des symptômes par les vétérinaires enre-
gistrés. Ces annonces sont saisies dans
une banque de données centralisée, éva-
luées par le service spécialisé Equinella
puis mises en ligne sous forme anonymi-
sée sur le site Equinella. De la sorte, les
vétérinaires et les détenteurs d’animaux
comme la filière équine ou tout autre in-
téressé peuvent obtenir des informations
sur l’état de santé des chevaux en Suisse.
Les annonces sur Equinella ne
concernent pas seulement les maladies,
mais aussi les symptômes non spéci-
fiques qui se manifestent avant la mala-
die. En effet, la notification rapide et aus-
si complète que possible de certains
symptômes tels que la fièvre à un service
central peut aider à détecter une infec-
La détection précoce consiste à déceler le plus tôtpossible l’apparition des épizooties, des maladiesanimales et des zoonoses émergentes ou réémergentes,et à en évaluer continuellement la dangerosité pourl’homme et l’animal. Il s’agit également de transmettreau plus vite les informations pertinentes aux servicescompétents. Les décideurs peuvent ainsi engagerà temps les mesures adéquates. La détection précocenécessite notamment la collecte, la mise en réseauet l’utilisation des données concernant la santé animale.
Détectionprécoce et miseen réseau des
données de santéanimale
Daniela Hadorn et Martin Reist, OSAV
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9tion au stade précoce. On appelle une
telle démarche la surveillance des syn-
dromes (voir p. 68 : «Surveillance syndro-
mique : détection précoce des nouvelles
maladies»).
Collecte et évaluation d’infor-mations sur la santé animaleau niveau international
Afin de pouvoir détecter de
façon précoce les risques en ma-
tière de santé animale provenant
de l’étranger, la situation épizoo-
tique internationale fait l’objet
d’une veille permanente. Sur la
base des informations dispo-
nibles, l’OSAV établit chaque mois
le «Bulletin Radar», qu’il publie
sur son site Internet. Ce bulletin
présente, avec le concours d’ex-
perts, la situation sur le front des
épizooties à l’étranger et évalue
les risques pour la Suisse. Il com-
porte en outre des recommandations en
matière de prévention.
Sensibilisation aux épizootieset renforcement de ladétection précoce à l’abattoir
La surveillance clinique des trou-
peaux ainsi que l’annonce des cas sus-
pects et leur élucidation immédiates sont
essentielles pour parvenir à déceler les
foyers d’épizooties le plus tôt possible.
C’est dire toute l’importance de la vigi-
lance non seulement des détenteurs
d’animaux et des vétérinaires, mais aussi
des personnes impliquées dans le dia-
gnostic des épizooties, des employés des
abattoirs et du personnel du service vété-
rinaire public. Grâce au bon état de santé
de la population animale en Suisse, des
épizooties telles que la tuberculose bo-
vine se sont heureusement raréfiées. Ces
dernières années toutefois, on observe
une recrudescence des cas de tubercu-
lose chez les bovins et le gibier, dont
quelques cas isolés en Suisse en 2013 (voir
p. 44 : «La lutte contre les épizooties : un
défi constant»).
La surveillance des épizooties telles
que la tuberculose passe en particulier
par le contrôle des viandes à l’abattoir.
Etant donné la chronicité de la tubercu-
lose, les lésions des organes sont cepen-
dant multiples, ce qui complique le tra-
vail de dépistage lors du contrôle des
viandes. Pour faciliter la tâche des em-
ployés des abattoirs et des organes du
contrôle des viandes, l’OSAV a publié en
automne 2013 un ouvrage richement il-
lustré, le «Manuel de dépistage de la tu-
berculose bovine – anomalies décelables
lors du contrôle des viandes».
La tuberculose touche souvent les
ganglions lymphatiques, surtout à son
stade précoce. Il importe donc de contrô-
ler ces organes minutieusement et de
prélever des échantillons dès les pre-
miers soupçons de lésions. Voilà pour-
quoi le programme de détection précoce
Monitoring des ganglions lymphatiques
(LyMON) a été lancé au niveau suisse le
1er octobre 2013. Ce programmedonne aux
contrôleurs des viandes la possibilité
de faire analyser les ganglions lympha-
tiques présentant des lésions non spéci-
fiques, même en l’absence de suspicion,
ce qui réduit la probabilité de
manquer des cas précoces de tu-
berculose. D’importantes infor-
mations relatives à l’état de santé
de la population bovine suisse
peuvent par ailleurs être obte-
nues. En cas de détection en labo-
ratoire d’un signe de tuberculose
ou d’une autre épizootie dans le
cadre de ce programme, le Service
vétérinaire suisse peut prendre
plus rapidement des mesures afin
de clarifier la situation dans l’ex-
ploitation de provenance et, ainsi,
de prévenir une éventuelle diffusion
d’une épizootie.
Etant donné l’augmentation des cas
de tuberculose chez des cerfs dans les
pays voisins, l’OSAV a publié le «Manuel
de dépistage de la tuberculose dans le gi-
bier», destiné à sensibiliser les chasseurs
et les gardes-chasse, mais aussi les bou-
chers et les vétérinaires officiels aux
symptômes de cette épizootie chez les
cerfs, les chevreuils et autres animaux
sauvages.
Les données déjàcollectées renfermenttout un potentielde connaissancessupplémentaires.
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10Investigation concernantdes problèmes spécifiquesaffectant les cheptels etrenforcement du réseau dediagnostic
Les examens de cadavres d’animaux
par des professionnels (examens anato-
mopathologiques) ainsi que des exa-
mens complémentaires ciblés (p. ex. por-
tant sur des agents pathogènes viraux ou
bactériens) sont l’une des possibilités
d’examens diagnostiques les plus perti-
nentes en cas de problèmes non résolus.
Cesméthodes non seulement permettent
la détection précoce d’épizooties et de
nouvelles maladies, mais renseignent
aussi sur les problèmes sanitaires que
rencontrent les exploitations : la santé
animale peut alors être renforcée à l’aide
demesures thérapeutiques et/ou préven-
tives précises. De telles investigations
contribuent également à réduire l’utilisa-
tion d’antibiotiques et à mieux cibler
l’administration des médicaments vétéri-
naires.
Souhaitant démontrer l’utilité des
examens anatomopathologiques pour la
détection précoce des épizooties et des
maladies animales à l’exemple des porcs,
l’OSAV s’est associé à des partenaires
pour lancer en janvier 20141 le projet pi-
lote PathoPig. Dans ce cadre, les éleveurs
de porcs ont la possibilité, par l’intermé-
diaire du Service sanitaire porcin (SSP)
ou du vétérinaire de l’exploitation, de
faire examiner certains problèmes affec-
tant les animaux et de recourir à un dia-
gnostic subventionné. Les résultats obte-
nus jusqu’ici sont encourageants : dans la
plupart des cas, la cause du problème a
pu être déterminée grâce à un examen
ciblé, et des mesures appropriées ont pu
être prises. Les résultats recueillis durant
la première année ont même permis d’ac-
quérir de nouvelles connaissances im-
portantes pour le dépistage précoce de
certains agents pathogènes.
Programmes spécifiques dedétection précoce : l’exempled’APINELLA
L’apparition de nouveaux agents pa-
thogènes, comme le petit coléoptère des
ruches (Aethina tumida), met fortement
à contribution le Service vétérinaire
suisse ainsi que les professionnels
concernés. Afin d’empêcher la propaga-
tion de tels agents, il y a lieu demettre en
place des procédures de détection adap-
tées.
Le programme national APINELLA
prévoit des mesures spécifiques pour dé-
tecter de manière précoce le petit coléop-
tère des ruches en Suisse. Des apiculteurs
sentinelles répartis sur tout le territoire
helvétique et la Principauté de Liechten-
stein contrôlent toutes les deux semaines
depuis mai 2015 les colonies de certains
ruchers afin de repérer le parasite et en-
registrent leurs observations à l’aide
d’une application dans une banque de
données centralisée. Les informations
transmises font régulièrement l’objet
d’une évaluation. Grâce à ces données, la
situation peut être évaluée plus rapide-
ment en cas de suspicion et les mesures
adéquates peuvent être prises de ma-
nière plus ciblée (voir p. 40 : «Le petit co-
léoptère des ruches : détection précoce et
lutte»).
La valeur ajoutée de lamiseen réseau des données desanté animale
Les données de santé animale re-
groupent, entre autres, les éléments sui-
vants : diagnostics cliniques, symptômes
non spécifiques (fièvre, manque d’appétit
ou fort amaigrissement), données rela-
tives au traitement, raisons expliquant
les baisses d’effectifs, avortements, tares
héréditaires et malformations, résultats
de laboratoire et résultats pathologiques
ainsi que caractéristiques sanitaires in-
directes telles que durée d’utilisation,
nombre de cellules et indice de fécondité.
Ces données sont essentiellement re-
cueillies par les détenteurs d’animaux, les
vétérinaires des exploitations, les ser-
vices de santé animale, le contrôle des
viandes à l’abattoir et les centres d’exa-
mens diagnostiques.
Elles s’avèrent utiles à chaque étape
de la chaîne alimentaire. Les détenteurs
d’animaux et les vétérinaires peuvent no-
tamment s’en servir pour optimiser la
gestion des exploitations et des trou-
peaux ainsi que pour assurer le suivi vé-
térinaire du cheptel. Mesurer, enregis-
trer, analyser, vérifier : celui qui procède
régulièrement à ces opérations détecte
les besoins d’intervention et s’améliore.
Dans cette optique, il est important que
les données de santé animale soient en
lien avec des données de production
telles que la quantité de lait produite, la
quantité de nourriture ingérée ou encore
l’accroissement quotidien ainsi qu’avec
des informations relatives à la détention
d’animaux. C’est l’ensemble de ces rensei-
gnements qui permet d’obtenir un ta-
bleau global et significatif. Les organisa-
1 Service sanitaire porcin (SSP), instituts de pathologie et cliniques porcines des Universités
de Berne et de Zurich, Association suisse pour la médecine du porc (ASMP), Institut de virologie
et d’immunologie (IVI).
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11tions d’élevage peuvent utiliser
les données sanitaires pour l’esti-
mation de la valeur d’élevage en
fonction des caractéristiques sa-
nitaires directes. Les autorités les aident à
améliorer la détection précoce. Les don-
néesde santéanimale sont égalementpré-
cieuses pour la gestion de l’emploi de mé-
dicaments vétérinaires ou encore pour
la planification et la conduite de pro-
grammes ciblés en matière de prévention
et de santé (p. ex. santé de lamamelle).
La voie commune vers lamise en réseau des donnéesde santé animale
Les données de santé animale
doivent pouvoir être utilisées par tous les
acteurs ; elles doivent donc être traitées
électroniquement et rendues accessibles
aux utilisateurs autorisés en fonction
des perspectives d’utilisation convenues
avec les propriétaires desdites données. Il
est important pour la qualité des don-
nées qu’elles soient saisies, au plus près
de l’événement, par les détenteurs d’ani-
maux et les vétérinaires concernés et que
ceux-ci puissent en profiter au quotidien.
Plus nombreux seront les détenteurs
d’animaux et les vétérinaires à travailler
avec les données de santé animale, meil-
leure sera la qualité de la collection. Il
convient également d’éviter les doublons
lors de la saisie. Il ne s’agit donc pas de
créer une nouvelle banque de données
centralisée sur la santé animale, mais
bien de mettre en réseau les différentes
collections existantes.
Sur la base de la Stratégie Santé ani-
male en Suisse 2010+ et de la Stratégie
Qualité de l’agriculture et de la filière ali-
mentaire suisses, l’OSAV et l’Office fédé-
ral de l’agriculture (OFAG) ont décidé, de
concert avec les associations de la
branche, de lancer un projet de mise en
réseau des données de santé animale. Les
données déjà collectées renferment tout
un potentiel de surcroît de connais-
sances. Il y a donc lieu de mettre en ré-
seau les données sanitaires en vertu de
partenariats contractuels pour qu’elles
puissent être utilisées par les différents
groupes cibles dans un cadre convenu à
des fins de renforcement de la santé ani-
male.
Les données en question relèvent
des domaines suivants : (i) détection pré-
coce, (ii) élevage visant des caractéris-
tiques sanitaires précises, (iii) tenue du
journal des traitements et enregistre-
ment de l’administration des médica-
ments, (iv) gestion des troupeaux, (v) sui-
vi vétérinaire du cheptel, (vi) soutien de
programmes nationaux et (vii) simplifi-
cation de l’exécution. Actuellement, plu-
sieurs groupes spécifiques aux espèces
animales considérées ont pour mission
de décrire l’état actuel et l’état visé. En-
suite, il s’agira d’amorcer la transition
vers l’état visé en agrégeant les données
des espèces animales considérées.
Le projet «Réseau –santé des bovins »
Depuis juin 2013, les exploitations
auditées et certains de leurs vétérinaires
référents enregistrent dans les
bases de données de la Commu-
nauté de travail des éleveurs bo-
vins suisses (CTEBS) les informa-
tions relatives à la santé animale et au
traitement utilisées par les associations
suisses d’élevage de bovin laitier pour
l’élevage d’animaux robustes. Le projet
pilote «Réseau – santé des bovins» vise à
évaluer, avec l’aide d’un groupe de vétéri-
naires volontaires et de certaines des ex-
ploitations qui leur sont confiées, la sai-
sie des données sur les bases de la CTEBS,
sur les logiciels des vétérinaires (Diana,
OblonData) et sur les logiciels dédiés
au suivi de troupeaux (Interherd, Bovi-
Concept, DSA). Dans une première phase,
il s’agira de détecter les doublons pré-
sents dans les différents systèmes et
d’identifier la plus-value des futures in-
terfaces (analyse de la procédure actuelle
et visée). Des interfaces informatiques
entre les divers outils seront ensuite défi-
nies puis mises en œuvre en vue d’éviter
la saisie de doublons dans les différentes
bases de données.
Grâce à une saisie simplifiée, les agri-
culteurs et les vétérinaires semontreront
davantage disposés à enregistrer les don-
nées sanitaires et de traitement, et les in-
formations seront de meilleure qualité.
Les détenteurs d’animaux ainsi que les
vétérinaires disposeront donc de don-
nées plus fiables qu’ils pourront utiliser
dans le cadre de la gestion des troupeaux.
Celles-ci pourront être exploitées, en res-
pectant la protection des données, pour
l’estimation de la valeur d’élevage et pour
la détection précoce de problèmes de san-
té potentiels.
Pour en savoir plus
swissherdbook:www.redonline.ch
Braunvieh Schweiz :www.brunanet.ch
Fédération suisse d’élevageHolstein :www.holsteinvision.ch
Les données de santéanimale s’avèrent utilesà chaque étape dela chaîne alimentaire.
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12
a détection et l’annonce des ma-
ladies constituent le principe de
base de la surveillance des épi-
zooties. La législation sur les épi-
zooties soumet près de 80 mala-
dies à l’annonce obligatoire. Une partie
d’entre elles sont des zoonoses, c’est-
à-dire qu’elles sont transmissibles à
l’homme. La surveillance du cheptel vise
donc aussi à préserver la santé des êtres
humains. Toutes les personnes qui dé-
tiennent, gardent ou soignent des ani-
maux, ainsi que les laboratoires qui ef-
fectuent des analyses de diagnostic sont
tenus d’annoncer les cas d’épizootie et
lesmaladies suspectes aux services vété-
rinaires cantonaux, qui en rendent
compte à leur tour à l’OSAV. Ce dernier
publie sur Internet un état des lieux sur
les épizooties, les tendances concernant
leur évolution et la répartition régionale
des cas (www.infosm.blv.admin.ch/pu-
blic/). La statistique annuelle qu’il éta-
blit sur la santé animale le certifie : la
Suisse est indemne de toutes les épizoo-
ties hautement contagieuses et de nom-
breuses autres épizooties. L’Organisa-
tion mondiale de la santé animale (OIE)
et la Commission européenne sont régu-
lièrement informées de la situation épi-
zootique. L’apparition d’épizooties hau-
tement contagieuses ou exotiques ainsi
que d’autres événements particuliers
leur sont communiqués dans les meil-
leurs délais. Les conditions nécessaires à
un bon système d’annonce sont l’obser-
vation constante des animaux par les
éleveurs, la reconnaissance des signes
de maladie, l’élucidation des cas par les
vétérinaires et la réalisation d’analyses
dans un laboratoire compétent. Une sur-
veillance sans faille et la rédaction de
rapports permettent d’assurer la trans-
parence de la situation sanitaire. Des
programmes d’analyses ciblés com-
plètent la surveillance généralisée ins-
taurée par l’annonce obligatoire.
Intégration d’exploitationssentinelles
Des programmes d’analyses attestent
le statut indemne de la Suisse pour les
épizooties éradiquées qui jouent un rôle
important sur le plan des échanges inter-
nationaux. Pour ce faire, des contrôles
par sondage sont effectués chaque année
dans les exploitations, les résultats sont
analysés et, s’ils se révèlent négatifs, le
cheptel suisse est reconnu indemne. Tel
qu’il est défini, le contrôle par sondage
permet de vérifier que les directives in-
ternationales sont satisfaites et de tirer
des conclusions scientifiquement fon-
dées et valables pour l’ensemble de la po-
La bonne santé des animaux de rente est une conditionindispensable au succès de la production de viande etde lait. La surveillance des épizooties et des zoonosescontribue grandement au maintien du niveau élevé de lasanté animale en Suisse et à l’approvisionnement de lapopulation en denrées alimentaires sûres.
Surveillancedes épizooties et
des zoonosesJürg Danuser, OSAV
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13pulation. Le contrôle par sondage intègre
également des exploitations dites «senti-
nelles». Il s’agit d’exploitations qui, du
fait de certains facteurs tels qu’un trafic
des animaux supérieur à la moyenne,
l’importation directe d’animaux ou une
situation frontalière, sont plus significa-
tives pour détecter l’éventuelle introduc-
tion d’une épizootie en Suisse que les
exploitations sélectionnées de façon
aléatoire. Leur intégration a contribué
à réduire significativement le nombre
total des exploitations contrôlées. Le pro-
gramme d’analyses 2014 a permis de prou-
ver que le cheptel suisse est indemne de
rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR)
et de leucose bovine enzootique (LBE), de
lamaladie de la languebleue, de la brucel-
lose ovine et caprine (Brucella meliten-
sis) ainsi que de la maladie d’Aujeszky et
du syndrome dysgénésique et respira-
toire du porc (SDRP).
Surveillance des épizooties
L’encéphalopathie spongiforme bo-
vine (ESB) est soumise à un programme
de surveillance particulier. Les ana-
lyses systématiques sont effectuées sur
les groupes à risque des vaches de plus
de quatre ans péries ou abattues pour
cause de maladie. Dans le cadre de l’éra-
dication de la diarrhée virale
bovine (BVD), un vaste pro-
gramme d’analyses sérolo-
giques portant sur des échan-
tillons de lait de citerne et de
sang a été mis en place. Les
prélèvements par poinçon-
nage de l’oreille de veaux nou-
veau-nés ne s’effectuent plus
que dans les rares exploitations où les
examens sérologiques ne sont pas adap-
tés. Les exploitations avec excréteurs
de virus (animaux dits « infectés perma-
nents» ou « IP») ont été mises sous sé-
questre et les animaux IP éliminés. La
surveillance des virus de l’influenza
aviaire (IA) sur la volaille de rente vise à
détecter de façon précoce des infec-
tions subcliniques provoquées par les
virus faiblement pathogènes des sous-
types H5 et H7, car ces derniers peuvent
muter en virus hautement pathogènes
de la peste aviaire. Les échantillons pré-
levés font aussi l’objet d’un dépistage
des anticorps contre le virus de la mala-
die de Newcastle.
L’élucidation des causes d’avorte-
ments chez les animaux à onglons ainsi
que le contrôle des viandes dans les abat-
toirs constituent d’autres éléments es-
sentiels de la surveillance des épizooties.
Dans la mesure où certaines épizooties
peuvent provoquer des avortements, l’ap-
parition d’avortements chez les bovins,
les petits ruminants et les porcs est sou-
mise à l’annonce obligatoire. Le vétéri-
naire officiel ordonne un dépistage des
brucelles, du virus de l’IBR, de Coxiella
burnetii, de Chlamydophila, des virus du
SDRP et d’autres agents pathogènes en
fonction de l’espèce animale. Lesmesures
d’assainissement correspondantes sont
prises selon les résultats de laboratoire.
Sécurité alimentaireet zoonoses
Quelque 200 zoonoses connues
peuvent être contractées tant par l’ani-
mal que par l’homme et transmises de
l’un à l’autre. En outre, on estime que
trois quarts des agents pathogènes émer-
gents sont des agents zoonotiques.
Le plus souvent, les êtres humains
contractent des zoonoses par l’intermé-
diaire de denrées alimentaires contami-
nées. Une infection peut toutefois aussi
se produire par contact direct avec des
animaux, via les excréments d’animaux
ou par le biais d’eau de boisson ou de bai-
gnade.
L’ordonnance sur les épizootiesmen-
tionne, au chapitre «Dispositions spé-
ciales concernant les zoonoses », la
brucellose, la campylobactériose, l’échino-
coccose, la listériose, la salmonellose, la
trichinellose, la tuberculose, causée par
Mycobacterium bovis, et les Escherichia
coli producteurs de vérotoxines. Les ani-
maux de rente suisses sont indemnes de
la brucellose, de la tuberculose et de la
trichinellose. Des examens de recherche
des trichinelles sont effectués
chez tous les porcs et les che-
vaux lors de l’abattage.
Les épizooties zoonotiques
comme la tuberculose peuvent
être détectées lors du contrôle
des viandes à partir de
ganglions lymphatiques modi-
La Suisse est indemnede toutes les épizootieshautement contagieuseset de nombreuses autresépizooties.
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14fiés. Dans le cadre de ce contrôle, tous les
animaux de boucherie sont examinés
avant et après l’abattage. Les animaux et
carcasses ayant présenté des anomalies
sont mis sous séquestre en vue d’ana-
lyses complémentaires. Les épizooties
peuvent ainsi être détectées par
leurs symptômes et altérations
pathologiques, ce qui permet de
garantir la sécurité de la viande
en tant que denrée alimentaire.
Dans le cas de l’agent zoo-
notique Campylobacter, la
viande de volaille constitue la
principale source de maladie
chez l’homme. La surveillance
de la bactérie Campylobacter
s’effectue toute l’année lors de
l’abattage dans le cadre du mo-
nitoring de l’antibiorésistance.
Ces données ainsi que le
nombre de cas humains de
campylobactériose permettent
d’évaluer en permanence la si-
tuation. La plate-forme Campy-
lobacter offre à toutes les par-
ties la possibilité de discuter
des mesures à prendre pour ré-
duire la charge en Campylobac-
ter tout au long de la chaîne
alimentaire.
Concernant les salmonelles, il
convient avant tout de mettre en place
un programme de lutte contre les infec-
tions par Salmonella pour les troupeaux
de volaille et de combattre les salmonel-
loses chez différentes espèces animales.
Le programme de lutte destiné à la vo-
laille consiste à identifier les troupeaux
infectés et à les éliminer. L’objectif est de
réduire la charge d’agents pathogènes
présents dans les œufs et la viande et,
partant, l’exposition de l’homme à cette
zoonose. En conclusion, la surveillance
des zoonoses contribue demanière déter-
minante à la sécurité alimentaire.
Avantages pour les déten-teurs d’animaux de rente
Afin d’éviter que les contrôles et les
prélèvements par sondage ne de-
viennent une charge pour les agricul-
teurs, les autorités compé-
tentes font tout leur possible
pour coordonner les visites
d’exploitation ainsi que pour
évaluer et échanger les don-
nées recueillies avec efficacité.
Par ailleurs, les échantillons
chez les bovins sont de plus en
plus prélevés à l’abattage. Ain-
si, il est possible d’éviter les
doublons et le nombre de vi-
sites d’exploitation s’en trouve
réduit.
Néanmoins, la surveil-
lance est aussi bénéfique pour
les détenteurs d’animaux de
rente. En effet, ceux dont le
cheptel est régulièrement
contrôlé ont un avantage : ils
connaissent son statut épizoo-
tique et peuvent l’attester. En
outre, ces opérations de dépis-
tage permettent le cas échéant
de détecter une infection à un
stade suffisamment précoce
pour en limiter les dommages par des
mesures appropriées.
Toutes les personnes quidétiennent, gardentou soignent des animaux,ainsi que les laboratoiresqui effectuent desanalyses de diagnosticsont tenus d’annoncerles cas d’épizootie et lesmaladies suspectesaux services vétérinairescantonaux.
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La santé des animaux est un facteur important pour la rentabilité et la qualité de la production animale et les détenteursjouent un rôle central à cet égard. Quotidiennementau contact de leurs animaux, ils répondent aux besoins deceuxci et savent identifier les changements sanitaires qui seproduisent dans leur troupeau. Ces dernières années, ilsont contribué de manière déterminante, en collaboration avecles vétérinaires et le service vétérinaire public, à l’éradicationde la BVD chez les bovins ou au maintien du statut indemnede SDRP, par exemple. C’est ce qui explique entre autresla situation privilégiée de la Suisse en comparaison internationale. Et ces efforts contribuent finalement à satisfaire lademande des consommateurs en matière de sécurité et dequalité des denrées alimentaires produites en Suisse. Cependant, il reste des défis à relever. Des améliorations concernantla prévention des épizooties et l’utilisation des médicamentsvétérinaires sont encore souhaitables. Il est primordial que lesdétenteurs d’animaux soient intégrés dès le début auxdécisions du service vétérinaire, pour que les mesures soientaxées sur la pratique et efficacement mises en œuvre. Lesefforts engagés dans les exploitations doivent être reconnuset les détenteurs d’animaux indemnisés de manière adaptéepour leurs prestations et leurs éventuelles pertes. C’estainsi que la santé animale sera continuellement renforcéeet la qualité de la production animale suisse garantie.
Union suisse des paysans
«
»
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16
abus d’antibiotiques favorise
l’apparition de bactéries résis-
tantes sur le plan mondial. Cer-
taines infections bactériennes,
auxquelles il était jusqu’ici facile
de mettre un terme grâce à ces médica-
ments, ne peuvent aujourd’hui presque
plus, voire plus du tout être traitées. Les
antibiotiques sont toujours plus nom-
breux à devenir inefficaces contre les
bactéries. L’augmentation de l’antibioré-
sistance met la santé publique devant de
lourds défis et nécessite une intervention
rapide. L’Organisation mondiale de la
santé (OMS), l’Organisation mondiale de
la santé animale (OIE) et l’UE attribuent
une priorité de premier ordre à la préven-
tion et à la lutte contre l’antibiorésis-
tance. Nombreux sont les pays qui ont
déjà mis en œuvre leur propre stratégie.
ApprocheOneHealth
La Confédération s’est fixé pour
objectif de préserver l’efficacité des anti-
biotiques et a donné pour mandat de
développer une stratégie d’envergure
nationale de lutte contre la résistance
aux antibiotiques. Cette stratégie suit
une approche One Health pour répondre
à la complexité de la problématique. Il
s’agit d’aborder ensemble les défis tou-
chant à la santé humaine, à la santé ani-
male, à l’agriculture et à l’environnement,
et de coordonner les efforts. Les princi-
paux acteurs et groupes d’intérêts ont été
conviés dès le début à la réflexion sur
cette stratégie. Ils joueront également un
rôle essentiel dans sa mise en œuvre.
Une stratégie nationale
L’objectif suprême de la stratégie na-
tionale contre la résistance aux antibio-
tiques (StAR) consiste à préserver l’effica-
cité des antibiotiques sur le long terme,
afin de sauvegarder la santé humaine et
la santé animale.
La résistance aux antibiotiques résulte de l’abus de cesmédicaments, aussi bien en médecine humaine qu’enmédecine vétérinaire. L’antibiorésistance, qui toucheégalement l’agriculture et l’environnement, ne peut êtrerésolue qu’en réunissant tous les acteurs autour d’uneffort commun. Les inquiétudes sont suscitées avanttout par la résistance accrue à des groupes d’antibiotiques primordiaux et par l’apparition de germes multirésistants. La stratégie nationale contre la résistance auxantibiotiques définit les champs d’action, les objectifs etles mesures clés visant à lutter contre l’antibiorésistancepour maintenir l’efficacité de ces médicaments sur l’êtrehumain et les animaux.
Nadine Metzger et Dagmar Heim, OSAV
Stratégienationale contre
la résistanceaux antibiotiques
(StAR)
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![Page 17: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/17.jpg)
17Cette stratégie présente un
énorme potentiel de synergie avec
la Stratégie Santé animale 2010+.
Ces deux stratégies ont des objec-
tifs en partie analogues, par
exemple dans le domaine de la
prévention.
La StAR définit huit objectifs
stratégiques, qui sont ses champs
d’action. Elle décrit comment ces
objectifs doivent être atteints à
travers de nombreuses mesures.
Parmi ces champs d’action, certains
concernent plus particulièrement la san-
té animale :
Il faut élaborer des directives théra-
peutiques contraignantes pour un re-
cours aux antibiotiques à bon escient, la
finalité étant de réduire l’utilisation d’an-
tibiotiques critiques. Par ailleurs, il
convient de fixer des critères restrictifs
au niveau de la prescription et de la re-
mise des antibiotiques. Souvent, les chep-
tels sont traités aux antibiotiques à titre
préventif ; si un tel procédé peut se justi-
fier, il sert parfois à masquer des pro-
blèmes de gestion ou d’hygiène. Il im-
porte de réduire considérablement cette
pratique. Les éleveurs et les vétérinaires
doivent chercher ensemble de nouvelles
méthodes de gestion.
Des mesures préventives doivent
également permettre de réduire le re-
cours aux antibiotiques au strict néces-
saire. Moins les maladies infectieuses
peuvent se développer, moins il faudra
d’antibiotiques. Limiter les infections,
c’est avant tout prendre des mesures au
niveau de la gestion et de l’hygiène dans
les exploitations, ainsi qu’améliorer la
prophylaxie par vaccination. Le suivi du
cheptel par un vétérinaire spécialement
formé joue lui aussi un rôle majeur dans
la prévention des maladies touchant les
animaux de rente. Il faut repenser les ha-
bitudes : mieux vaut prévenir que guérir.
Une meilleure analyse de la situation sa-
nitaire de l’exploitation offre la possibili-
té d’élaborer ensemble une stratégie d’ac-
tion et de prendre des dispositions
adéquates. Cela supprimerait automati-
quement bon nombre de problèmes. Les
éleveurs y gagnent dans la mesure où
leur cheptel est enmeilleure santé, ce qui
signifie moins d’antibiotiques et moins
de pertes. Une telle amélioration passe
par le développement des compétences
professionnelles des vétérinaires.
Il faut à cet effet instaurer des pro-
grammes de perfectionnement et prati-
quer une information ciblée. L’objectif est
de sensibiliser les acteurs à la probléma-
tique des antibiotiques. L’amélioration de
l’information et des programmes de per-
fectionnement à tous les échelons contri-
bue à responsabiliser les acteurs face à
l’utilisation des antibiotiques.
Il y a lieu de cibler également
la recherche interdisciplinaire
pour combler les lacunes dans la
compréhension des mécanismes
d’antibiorésistance. On pourrait
ainsi envisager de développer de
nouveaux produits ciblés, d’amé-
liorer les méthodes de diagnostic
et d’explorer de nouvelles ap-
proches préventives.
Les objectifs esquissés ci-des-
sus exigent un cadre général favo-
rable. Il faut imaginer des systèmes inci-
tatifs qui motiveront les éleveurs à
améliorer la santé de leur cheptel et à
moins recourir aux antibiotiques.
L’une des mesures essentielles à cet
égard réside dans la surveillance de la
consommation d’antibiotiques et de l’an-
tibiorésistance. Seule une base de don-
nées sur la consommation d’antibio-
tiques permet d’enregistrer le type
d’antibiotique administré, l’espèce ani-
male concernée et le système de produc-
tion. En croisant ces renseignements, il
devient possible de cibler l’information
des éleveurs, de les conseiller, d’interve-
nir le cas échéant et de mesurer les effets
des mesures engagées.
La mise en œuvre de la stratégie na-
tionale doit être planifiée en parallèle à
son développement. Il s’agit ici de définir
les priorités avec lesmilieux concernés et
d’amorcer la mise en place du dispositif
prévu. L’union fait la force, et ces objec-
tifs ambitieux le méritent, car la santé
humaine et la santé animale ne souffrent
aucun compromis.
La Stratégie nationalecontre la résistanceaux antibiotiques vise àpréserver l’efficacitédes antibiotiques surle long terme, afin desauvegarder la santéhumaine et la santéanimale.
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La préparation aux situations de crise occupe une place importantedans la protection de la santé animale en Suisse. Les exercicesde simulation de crise et la planification des mesures d’urgenceaident le Service vétérinaire suisse à se préparer à l’éventualitéd’une épizootie et à en limiter la propagation, la durée et les conséquences. La fièvre aphteuse (FA) est un cas d’exercice idéal comptetenu de l’ampleur de ses répercussions potentielles. Parmi lestâches préparatoires les plus importantes, on citera la maîtrise desfacteurs de risque, par exemple les mesures à prendre pour lacollecte de lait, et l’information de la population.
Préparation auxsituations de crise
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![Page 20: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/20.jpg)
20
Canton d’Argovie –coordination entre le servicevétérinaire cantonal et l’état-major cantonal de conduite
En octobre 2014, le service vétéri-
naire du canton d’Argovie a élaboré un
scénario pour exercer en temps réel l’ap-
pui de l’état-major cantonal de conduite
dans la gestion d’une exploitation tou-
chée par la fièvre aphteuse. Cet exercice
s’est déroulé dans la continuité de celui
de l’année précédente, consacré à l’orga-
nisation d’un site sinistré. Cette fois-ci,
l’exercice portait sur la collaboration et
la coordination entre le vétérinaire offi-
ciel responsable du site et l’état-major
cantonal de conduite (EMCC), lequel
était appuyé par l’élément cantonal d’in-
tervention en cas de catastrophe.
Ayant reçu la confirmation du dia-
gnostic de fièvre aphteuse, le vétéri-
naire officiel a communiqué à la vétéri-
naire cantonale les besoins estimés en
ressources humaines et matérielles
pour procéder à l’élimination du cheptel
et à la désinfection. Après évaluation de
la situation, la vétérinaire cantonale a
décidé de faire appel à l’EMCC. Pour les
besoins de l’exercice, le vétérinaire offi-
ciel, la vétérinaire cantonale et le chef
de l’EMCC étaient réunis dans une
même pièce sur le site de l’exploitation.
Le chef de l’EMCC a fait la démonstra-
tion en direct de la mobilisation de
l’EMCC, via la centrale d’appel de la gen-
darmerie. À peine 45 minutes plus tard,
le poste de commandement mobile était
installé en périphérie de l’exploitation.
Le vétérinaire officiel disposait donc en
l’occurrence de 45 minutes pour formu-
La lutte contre les épizooties hautement contagieuses,telles la fièvre aphteuse, la peste porcine africaineou la grippe aviaire, demande non seulement des interventions très rapides, mais aussi des actions conjointesdes communes, des cantons et de la Confédérationavec les milieux concernés. Les exercices de crisepermettent d’entraîner la collaboration et la coordinationde ces divers organes en vue des situations de crise.
Exercices decrise et planifica
tion d’urgenceDominique Suter, OSAV
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![Page 21: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/21.jpg)
21ler de manière précise ses besoins et
c’est sur ce point justement que résidait
l’enjeu principal de l’exercice.
Au total, sept vétérinaires officiels
ont pu s’exercer à dresser la liste des be-
soins, en les formulant selon le modèle
«priorité, produit, qualité, quantité,
temps et durée ». La maîtrise de cette
procédure est nécessaire pour per-
mettre à l’EMCC de mobiliser les res-
sources dans les meilleurs délais. En
effet, seule une procédure uniformisée
de transmission des besoins permet de
réagir au mieux, quelle que soit d’ail-
leurs la nature de la catastrophe.
Si l’exercice a été laborieux, surtout
pour la plupart des vétérinaires offi-
ciels, qui, dans leur pratique quoti-
dienne, ont l’habitude de tout faire par
eux-mêmes, l’enseignement a été très
marquant. Tous les participants ont été
impressionnés et encouragés par la ra-
pidité et le professionnalisme du sou-
tien apporté par l’EMCC et son unité
d’intervention au vétérinaire officiel sur
le site sinistré.
Canton d’Obwald –coordination entre les états-majors de crise(canton et communes)
En 2013, la simulation de l’appari-
tion de plusieurs foyers de fièvre aph-
teuse dans le canton d’Obwald a servi
de base à un grand exercice destiné à
l’état-major du canton et à ceux de
toutes les communes. Selon le principe
qu’une catastrophe n’arrive jamais
seule, le scénario a été élaboré et dirigé
par l’Office fédéral de la protection de la
population, afin de placer les états-ma-
jors de crise dans une situation où ils ne
pouvaient plus répondre à toutes les
sollicitations et devaient prioriser leurs
actions, tout en se familiarisant de sur-
croît avec les problèmes inhérents à la
gestion d’une épizootie.
Le scénario de l’exercice était le sui-
vant : pendant trois jours, le canton, or-
ganisateur d’une grande manifestation
servant à la promotion de la Suisse au
niveau international, accueille quoti-
diennement sur l’ensemble de son terri-
toire plus de 20 000 visiteurs. Représen-
tations théâtrales, présentations des
produits régionaux, excursions, parade
de plus de 800 bovins et expositions
touristiques constituent ce programme
ambitieux et généreux. L’armée met 700
militaires à disposition et la protection
civile du canton a déjà 80 personnes en
engagement continu.
C’est la veille de l’ouverture de la
manifestation que le premier cas de
fièvre aphteuse est confirmé dans le
canton. L’EMCC est alors convoqué pour
le lendemain matin, jour d’ouverture de
la manifestation. Pendant une journée,
les états-majors de crise du canton et
des communes sont bombardés de
questions liées tant à la mise en place
des mesures pour éradiquer les foyers
de fièvre aphteuse qu’aux inquiétudes
de la population et à l’impact sur cette
gigantesque manifestation.
Canton de Bâle-Campagne –coordination entre leséquipes d’intervention civilesetmilitaires
Si la fièvre aphteuse apparaissait
en Suisse, il faudrait s’attendre à de
nombreux foyers et à une lutte inten-
sive durant plusieurs mois ; le soutien
de l’armée serait alors nécessaire. Cette
collaboration entre civils et militaires
doit aussi être entraînée. C’est le canton
de Bâle-Campagne qui a organisé en
avril 2013 un exercice pratique de désin-
fection de trois exploitations. L’une fut
gérée uniquement par le groupe d’inter-
vention civil, une autre seulement par
l’armée et, dans la troisième, les forces
civiles et militaires ont collaboré. Ce
genre d’exercice est riche en enseigne-
ments aussi bien sur la compatibilité du
matériel que sur les moyens et les stra-
tégies de lutte de chaque groupe d’inter-
vention.
Pour obtenir le soutien de l’armée,
le service vétérinaire cantonal doit
adresser sa demande à l’EMCC, qui la
transmet à la région territoriale. Celle-ci
la fait suivre à l’état-major de conduite
de l’armée, qui consulte l’OSAV via le ser-
vice vétérinaire de l’armée. Si la procé-
dure paraît complexe, elle garantit que
lesmoyens disponibles de l’armée soient
engagés au mieux sur le territoire
suisse.
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22ERNS 14 – coordination entrel’état-major fédéral ABCN etles états-majors cantonaux
L’état-major fédéral ABCN est un
organisme de gestion de crise au niveau
national. Cet état-major réunit tous les
directeurs des offices impliqués dans la
gestion d’une crise de type ABC ou N. Le
but est de faciliter la collaboration entre
les différents offices de la Confédération
et de coordonner les multiples interven-
tions avec les cantons en cas de crise de
grande envergure. Ces collabo-
rations et coordinations, bien
qu’elles soient réglées dans
une ordonnance (ordonnance
sur les interventions ABCN,
RS 520.17), doivent aussi être
exercées. Le dernier exercice
de sécurité nationale fin 2014 a
été un très bon test. Pandémie de grippe
aviaire et pénurie d’électricité en ont été
les deux principales composantes du
scénario.
Expériences acquises
Tous ces exercices montrent qu’il
est indispensable d’avoir une bonne re-
présentation de la situation. C’est le pre-
mier défi de tous les états-majors que de
connaître la situation et de suivre son
évolution. Plus le nombre d’interve-
nants augmente, plus la communication
doit être coordonnée et uniformisée. Le
flux d’informations doit être canalisé à
temps et de manière précise.
D’un côté, il faut entraîner la ré-
ponse immédiate des acteurs qui sont
déjà présents sur le terrain (mesures
d’urgence) ; de l’autre, il faut pouvoir or-
ganiser l’aide et le soutien à long terme
dans des situations extraordinaires ou
imprévisibles. À ces deux niveaux, il est
déterminant de pouvoir éva-
luer, s’organiser dans le chaos
environnant et inventer des
solutions particulières ; ces ca-
pacités ne peuvent être ac-
quises que par des exercices
bien préparés ou par l’expé-
rience accumulée lors de la
gestion d’événements moins
dramatiques.
C’est le premier défide tous les étatsmajorsque de connaître lasituation et de suivreson évolution.
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24
La fièvre aphteuse (FA)et lemarché suisse du lait
La FA est une maladie virale haute-
ment contagieuse, qui affecte gravement
la santé des animaux à onglons. Le virus
responsable de la FA infecte toutes les sé-
crétions corporelles (dont le lait) et se
transmet aussi bien par contact direct
avec les animaux que par contact indi-
rect via différents vecteurs (objets, véhi-
cules, personnes). Il peut contaminer un
cheptel en très peu de temps et avoir ain-
si de lourdes conséquences économiques,
car ni la viande ni le lait des animaux in-
fectés ne peuvent être commercialisés.
Ce virus peut même se propager sur des
kilomètres par l’action du vent (transmis-
sion dite «aérogène»). La Suisse est offi-
ciellement reconnue indemne de FA, le
dernier cas répertorié remontant à 1980.
Mais cette épizootie sévit encore dans de
nombreux pays (p. ex. Turquie, Algérie et
Egypte). Voilà pourquoi la Suisse doit res-
ter sur ses gardes, ce qui justifie la mise
en place d’une prévention efficace.
Le marché du lait, quant à lui, se dis-
tingue par des structures très complexes
et extrêmement dynamiques. La Suisse
compte 22000 producteurs de lait, pour
une production annuelle atteignant
3,4 millions de tonnes. Du producteur au
consommateur, le lait suit des canaux
commerciaux très différents, dont cer-
tains sont inextricablement liés. Le lait
cru est souvent transporté sur des dis-
tances assez longues. Il est livré aux éta-
blissements de transformation soit direc-
tement depuis les producteurs, soit via
En cas d’épizootie, la collecte de lait constitue unimportant facteur de propagation des virus. Le modèlesuisse d’organisation de la collecte de lait en casde fièvre aphteuse (FA) illustre comment le Servicevétérinaire suisse et ses partenaires se préparentà l’éventualité d’une épizootie.
Organisation dela collecte
de lait en casd’épizootie
Yuval Tempelman, OSAV
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25les négociants. Un tiers est transformé
par quelque 600 fromageries commer-
ciales, essentiellement pour la produc-
tion des fromages helvétiques de renom,
tandis que les deux autres tiers sont
transformés par quatre laiteries indus-
trielles ainsi que par d’innombrables pe-
tites et moyennes laiteries en lait de
consommation, crème, beurre, lait en
poudre, yogourt, fromage et autres spé-
cialités laitières.
Le lait représente donc un facteur de
risque important de la propagation d’une
épizootie. La filière laitière
constitue toutefois un secteur
économique de poids, surtout si
on considère les entreprises de
la branche alimentaire qui en
dépendent. En cas d’épizootie,
il faut donc impérativement
mettre en balance restrictions
et pertes économiques. Cette
approche s’applique en particu-
lier à la collecte de lait. En effet,
l’épizootie peut contaminer un
véhicule collecteur et se propa-
ger ainsi facilement de ferme
en ferme ou lors de la livraison de lait aux
laiteries et aux fromageries. De plus, le
lait insuffisamment traité et les sous-
produits laitiers peuvent être réintro-
duits dans l’alimentation des animaux,
risquant d’infecter des animaux sains.
Le nouveaumodèle de col-lecte de lait en cas de FA enSuisse
À la suite de l’évaluation de l’exercice
national de crise NOSOS 2011, le Service
vétérinaire suisse a décidé de revoir le
modèle de collecte de lait en cas de FA
en Suisse et d’en profiter pour mieux
prendre en considération l’organisation
et la logistique de la collecte. Au prin-
temps 2014, l’OSAV a donc créé un groupe
de travail composé de représentants des
services vétérinaires cantonaux, des pro-
ducteurs de lait, des transporteurs de lait
et de l’industrie laitière.
La solution proposée par ce groupe
de travail doit être considérée à la lu-
mière de la stratégie globale de lutte
contre la FA. On sait par expérience
qu’une intervention trop hésitante a
pour effet de prolonger l’épizootie, de
multiplier le nombre d’exploitations
contaminées et, finalement, d’augmenter
la facture. L’intervention doit donc être
incisive dès le début de l’épizootie afin
d’endiguer autant que possible sa pro-
pagation.
La première mesure, et de loin la
plus importante, consiste à bloquer tous
les vecteurs de transmission du virus, de
façon aussi précoce et complète que pos-
sible. Au bout de trois à sept jours en
moyenne, presque tous les bovins infec-
tés présentent des symptômes évidents
(fièvre, baisse de la production laitière,
formation typique d’aphtes dans la
bouche et entre les onglons, bruits carac-
téristiques de mastication, boi-
terie ou position couchée pro-
longée). Après constatation des
premiers cas de FA, l’OSAV res-
treint pour quelques jours tous
les mouvements d’animaux, de
personnes et de marchandises
entrant et sortant des exploita-
tions d’animaux de rente dans
les régions touchées, voire dans
toute la Suisse. En clair, la col-
lecte de lait est temporairement
supprimée, de sorte que la pro-
duction doit être stockée provi-
soirement à la ferme. Elle sera ensuite
éliminée de manière sécurisée. Passé ce
laps de trois à sept jours, il est possible de
déterminer avec certitude si une exploi-
tation est touchée. Les élevages dans les-
quels aucun bovin n’a été infecté une se-
maine après le blocage des vecteurs de
transmission peuvent être considérés
comme indemnes. La collecte peut y re-
prendre, moyennant certaines restric-
tions. Le principe qui s’applique ici est
simple : plus une exploitation est proche
La filière laitière doitse familiariser avec lesdispositifs d’interventionen cas d’épizootie avantd’être au cœur d’une crise.
105.0515002_Tiergesundheitsbericht_2015_FR.indd 25 24.11.15 14:39
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26d’un lieu où la FA a été constatée, plus les
mesures de précaution sont nombreuses.
Le modèle de collecte de lait élaboré
par le groupe de travail évoqué plus haut
est bâti autour de ce principe et formule
tout un catalogue de mesures possibles.
En cas d’épizootie, les autorités vétéri-
naires définissent, en concertation avec
les représentants du secteur laitier, les
mesures s’appliquant au redémarrage de
la collecte de lait au sein des exploita-
tions situées dans les zones de protection
et de surveillance. Ce modèle se présente
à la manière d’une boîte à outils et com-
porte en annexe des check-lists et des
aide-mémoire détachables, ce qui facilite
le choix des solutions les plus adaptées à
la situation. La documentation y affé-
rente aura également pour fonction d’in-
former les producteurs, les transporteurs
et les exploitations de transformation
quant aux risques de propagation du
virus, d’expliquer le bien-fondé des me-
sures engagées et de recommander
d’autres règles de précaution. Enfin, cette
documentation doit être modulée en
fonction des différents groupes cibles
pour qu’ils puissent comprendre l’oppor-
tunité des mesures incisives souvent
prises dans l’urgence et pour s’assurer
leur appui.
La prévention des crisesnous concerne tous
Lamise enœuvre d’unmodèle natio-
nal pour l’organisation de la collecte de
lait en cas d’épizootie n’est pas le seul
volet important pour la prévention des
épizooties : tous les acteurs en présence
(autorités vétérinaires, représentants de
la filière laitière) sont appelés à anticiper
la problématique des épizooties. Ainsi,
les producteurs de lait doivent réfléchir
aux solutions permettant d’accroître les
mesures de sécurité biologique dans et
autour de leur ferme en cas d’épizootie.
Les transporteurs, les centres de collecte
et les exploitations de transformation
doivent aussi développer leur propremo-
dèle d’organisation en cas de crise et pla-
nifier l’approvisionnement en matériel
spécifiquement utilisé en cas d’épizootie
(p. ex. matériel de désinfection, tenues à
usage unique, etc.). Les associations sec-
torielles sont appelées à réfléchir aux
questions d’organisation en cas d’épizoo-
tie. Comment coordonner la collecte de
lait dans certaines régions ? Est-il envi-
sageable de conclure un accord avec les
compagnies d’assurance ou d’instituer un
fonds de couverture pour compenser les
pertes des exploitations touchées ? Il est
possible de lutter avec rapidité et efficaci-
té contre les épizooties si tous les acteurs
sont conscients de la problématique et
qu’ils s’y préparent.
Des modèles d’organisation tels que
celui dont il est question ici figurent dans
la documentation d’urgence du Service
vétérinaire suisse concernant certains
aspects de la lutte contre les épizooties
en général et, plus particulièrement, les
principales épizooties hautement conta-
gieuses. Les acteurs concernés doivent
connaître ces modèles, comprendre leur
mécanisme et, dans la mesure du pos-
sible, les valider par des exercices pra-
tiques. Le nouveau modèle de collecte de
lait en cas de FA est en phase de consoli-
dation auprès des représentants de la fi-
lière laitière et doit encore être testé dans
le cadre d’un exercice en grandeur réelle
pour vérifier s’il s’adapte aux spécificités
d’une région donnée.
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Les détenteurs d’animaux et les vétérinaires constituent uneéquipe solide. Les connaissances techniques de ces derniersassurent une mise enœuvre concrète et spécifique desexigences sanitaires auxquelles doivent satisfaire nos animauxde rente. C’est ce qui permet l’application du principe «Agir àtemps, c’est agir avant» de la Stratégie Santé animale en Suisse2010+. Ces dernières années, nombreuses sont les mesuresengagées et nombreux les buts atteints en commun. Entémoignent la disponibilité dont ont fait preuve les vétérinairesdans le cadre des campagnes d’analyses 2013/2014 pour ledépistage de la tuberculose bovine et leur engagement lors desprélèvements d’échantillons visant à prouver que la Suisse estindemne de certaines épizooties. C’est à juste titre que le niveaude santé animale est considéré comme particulièrement élevéen Suisse en comparaison internationale. Ce haut niveau devantêtre maintenu et consolidé, les vétérinaires soutiennent la voiechoisie par le service vétérinaire public, consistant à renforcer laprévention et la détection précoce des indicateurs pertinents surle plan sanitaire. Dans ce cadre, il convient d’accorder au conseilet au suivi vétérinaires dans les exploitations, toute l’importancequ’ils méritent. Si les systèmes de détection précoce et lesréseaux assurant une meilleure utilisation des données sanitaires peuvent être d’un grand soutien dans ce domaine, ilne faut pas oublier que la prise en charge vétérinaire dans lesexploitations ellesmêmes reste centrale. Ce n’est qu’ainsiet en commun que les prochains défis pourront être relevés.
Société des vétérinaires suisses
«
»
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![Page 28: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/28.jpg)
28
es crises et événements peuvent
susciter l’intérêt public plus ou
moins rapidement selon les cas.
Le mode de communication et le
mode de réception peuvent géné-
rer, tant parmi la population que chez les
personnes touchées, des réactions psy-
chologiques dont les conséquences fi-
nancières sont souvent supérieures aux
coûts de l’événement en soi. L’informa-
tion du public joue ici un rôle essentiel
si on veut limiter les dégâts. On l’a bien
vu lors des récentes crises (vache folle,
grippe aviaire) ou lors de la réapparition
de la tuberculose bovine en 2013 en Suisse.
L’intérêt desmédiasaugmente au gré de l’émotionpublique
Les cas de tuberculose découverts
en 2013 en Suisse illustrent bien le méca-
nisme de la crise latente, dont l’escalade a
pu être évitée grâce aux mesures prises,
mais aussi grâce à une communication
transparente et coordonnée.
Les crises latentes s’annoncent en
général par des signaux de faible inten-
sité, souvent peu évidents, perçus de
manière plus ou moins sensible par les
médias et la population. On a dès lors
tendance à les sous-estimer. Mais le cu-
mul d’événements peut toutefois propul-
ser un sujet sur la scène publique, faisant
d’une information parfois marginale
l’origine d’une crise. Pour éviter cette
escalade, il faut d’abord identifier la crise
latente à un stade très précoce.
L’information du public joue un rôle stratégique dans lamaîtrise des situations de crise, que ce soit à l’échellenationale ou régionale. Les cas de tuberculose de 2013illustrent à quel point il est important que les acteurscollaborent étroitement et se concertent régulièrementpour garantir une communication à jour, objective etpar conséquent crédible.
Communicationde crise :
exemple de latuberculose
Regula Kennel, OSAV
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29
Le processus d’information en situa-
tion de crise se subdivise en quatre
phases. Il convient de bien connaître ces
phases pour communiquer avec l’opinion
publique et les médias.
Première phase : le sujet est amorcé
par certains médias et ensuite rapide-
ment relayé par d’autres. Selon le sujet et
la réaction émotionnelle de la popula-
tion, le mode d’information prend une
tournure agressive et provocatrice. Les
allégations appellent des répliques. Du-
rant cette phase, il est particulièrement
important de veiller à ce que les informa-
tions circulent entre les acteurs, de res-
pecter les versions officielles et, surtout,
de poursuivre le dialogue avec les per-
sonnes concernées. Toute nouvelle infor-
mation ou mesure doit être communi-
quée à ces dernières avant les médias. Le
manque de temps à accorder aux journa-
listes, les informations diffusées à des
moments inopportuns ou les pannes
d’information génèrent des dynamiques
qui attisent la crise. Les informations er-
ronées, incomplètes ou équivoques sont
source de nouvelles questions et coûtent
en crédibilité.
Deuxième phase : analyses de fond,
nouvelles découvertes et commentaires
subséquents viennent consolider le dé-
bat. Les médias continuent de traiter le
sujet et cherchent à savoir comment évo-
lue la situation, quelles sont les mesures
mises en œuvre et à quoi elles servent.
Troisième phase : l’attention com-
mence à baisser et l’analyse se porte sur
les conséquences de la crise. La sensibili-
té de l’opinion publique reste toutefois
assez vive. S’il s’agit d’une crise latente, un
rien suffit pour enflammer le débat et
susciter l’intérêt des médias. L’attention
s’accroît à chaque événement, les repor-
tages s’intensifient et la crise peut re-
prendre son escalade à chaque nouvelle
vague.
Quatrième phase : le débat est clos et
le sujet n’est plus poursuivi. Ce processus
est parfaitement illustré par le traite-
ment informatif des cas de tuberculose.
Illustration 1 : Processus d’information durant une crise latente
Compte rendu del’événement
Phase 1 Phase 2 Phase 3 Phase 4
Informationsde fond
Investigations Rappel
du passé
Aussitôt un trèsgrand intérêt
Le public nes’intéresseplus au sujet
Grandintérêt
Baisse del’attention
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![Page 30: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/30.jpg)
30Qui communique et quand ?
Premiers cas en Suisse romandeAu premier soupçon d’un cas d’épi-
zootie, il faut planifier la communication
et le flux d’informations entre Confédé-
ration et cantons, tant vers l’interne que
vers l’externe (éleveurs concernés, mé-
dias, opinion publique). La communica-
tion entre les services vétérinaires canto-
naux et la Confédération est organisée
pour garantir un échange régulier d’in-
formations.
Un cas de tuberculose bovine a été
diagnostiqué début mars 2013 dans le
canton de Fribourg. La maladie peut se
transmettre de l’animal à l’homme, et
inversement. En Suisse, cette épizootie
était considérée comme éradiquée depuis
1959. La tuberculose animale doit obliga-
toirement être annoncée et fait partie des
épizooties à éradiquer, ce qui signifie des
mesures lourdes de conséquences pour
les exploitations touchées. Il devient im-
possible de livrer le lait, d’acheter ou de
vendre des animaux, et les animaux tes-
tés positifs doivent être éliminés. Toutes
les conditions étaient donc réunies pour
que les médias et l’opinion publique s’in-
téressent à la question dès l’annonce du
premier cas.
Le vétérinaire cantonal de Fribourg
avait pris en charge la direction de la
communication avec les médias, du
moins tant que la problématique restait
régionale et que l’attrait du sujet se limi-
tait aux médias régionaux. La situation
et les mesures mises en œuvre ont été
commentées par les exploitants touchés
au niveau régional.
Les médias ont été informés le 13
mars 2013 par le Conseil d’Etat du canton
de Fribourg de la résurgence de la tuber-
culose bovine dans un élevage d’animaux
de rente. La présence de la tuberculose a
été soupçonnée à l’abattoir, dans le cadre
du contrôle des viandes, et le diagnostic
posé par le laboratoire national de réfé-
rence. Les journalistes ont appris ce jour-
là la mise en place d’un programme de
surveillance vétérinaire et médical ainsi
que l’analyse des risques concernant le
lait. Le vétérinaire cantonal et lemédecin
cantonal ont fait office d’antenne pour
toutes les demandes de renseignements.
Les enquêtes épidémiologiques
amorcées à la suite de cet événement ont
très vite révélé que d’autres cantons
étaient touchés. Le traçage des animaux
de contact a conduit les recherches
jusque dans les cantons du Valais, de
Vaud et même de Saint-Gall. L’intérêt des
médias s’est élargi, conférant du même
coup une envergure nationale voire in-
ternationale à l’événement. À partir de
ce moment, il était clair que les informa-
tions internes (vétérinaires cantonaux)
et externes (médias, éleveurs) devaient
être coordonnées par la Confédération.
L’Office vétérinaire fédéral de l’époque
(OVF, devenu OSAV) a pris la conduite de
la coordination et de la communication.
Il publiait les communiqués de presse et
coordonnait les informations ainsi que
les prises de position entre Confédéra-
tion et cantons.
Des conférences téléphoniques ré-
gulières associant l’OVF, les services vété-
Illustration 2 : Questions adressées par les médias au Service des médias de l’OVF concernant les cas
de tuberculose en Suisse romande
Médias CH alémanique Médias CH romande
11.3.20130
2
4
6
8
10
12
25.3.2013 8.4.2013 22.4.2013 6.5.2013 20.5.2013 3.6.2013
Nom
brede
commun
iqué
s
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![Page 31: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/31.jpg)
31rinaires des cantons concernés
et les spécialistes des labora-
toires garantissaient le même
niveau d’information pour tous
et la coordination du flux d’in-
formations vers l’extérieur.
Le 22 mars, l’OVF a envoyé à tous les
médias suisses le premier communiqué
de presse, rédigé en étroite collaboration
avec les cantons touchés. L’importante
coopération entre les autorités vétéri-
naires des cantons concernés a été parti-
culièrement mise en évidence. Les mé-
dias ont été informés de la difficulté de
détecter la présence de cette épizootie
insidieuse et de la longue procédure de
tests et d’analyses nécessaire à cet effet. Il
a été clairement précisé que les résultats
ne pourraient être obtenus tout de suite.
La tuberculose étant transmissible de
l’animal à l’homme soit directement, soit
via le lait cru, l’Office fédéral de la santé
publique a également été intégré dans le
plan de communication. Le communiqué
de presse a été relayé par la presse domi-
nicale et par le canal en ligne de la Radio
et télévision suisse (RTS). La semaine sui-
vante, le sujet était traité dans toute la
Suisse, aussi bien par la presse quoti-
dienne qu’à la télévision.
Le 27 mars, l’OVF a publié un autre
communiqué de presse expliquant que la
prolifération des cas de tuberculose était
en lien avec le trafic des animaux et met-
tant l’accent sur la traçabilité de cesmou-
vements grâce à la banque
de données sur le trafic des
animaux. Aucun nouveau ré-
sultat de laboratoire n’était
encore disponible à ce mo-
ment-là.
Le 5 avril, l’OVF a annoncé par voie
de communiqué de presse que l’exploita-
tion à l’origine de l’épizootie avait été
complètement assainie. Les vecteurs pos-
sibles de transmission ont été évoqués
pour la première fois, dont les voies de
contamination de l’homme à l’animal. La
prolifération des cas touchant plusieurs
cantons a suscité des inquiétudes, no-
tamment en ce qui concerne le risque
d’infection pour l’être humain. La problé-
matique a fait la une desmédias et focali-
sé l’attention.
L’information du publicjoue un rôle stratégiquedans la maîtrise dessituations de crise, que cesoit à l’échelle nationaleou régionale.
Médias CH alémanique Médias CH romande
Illustration 3 : Comptes rendus sur les cas de tuberculose en Suisse romande (source : Swissdox)
13.3.2013 27.3.2013 10.4.2013 24.4.20130
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Nom
brede
commun
iqué
s
Date de parution
CP OVFCP OVF
CP OVF
CPct. FR
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![Page 32: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/32.jpg)
19.8.2013 2.9.2013 16.9.2013 30.9.2013 14.10.20130
1
2
3
6
9
10
Nom
brede
commun
iqué
s
Date de parution
Tb enAppenzell
AnalysesTb chez legibier
Nouveaux cas enAppenzell et auLiechtenstein
Nouveaux cas
Analysesde fond
Médias CH alémanique Médias CH romande
32Les résultats des examens médicaux
effectués sur les employés des exploita-
tions concernées étaient heureusement
négatifs, et les craintes d’infection des
personnes exposées et des éleveurs par la
tuberculose ont rapidement pu être dissi-
pées. L’OFSP a également pu rassurer la
population à ce sujet, indiquant que le
risque d’infection en consommant du lait
et des produits laitiers était extrême-
ment faible si le lait était pasteurisé
avant consommation. Le communiqué de
presse a été diffusé sans fournir davan-
tage de détails. En revanche, il faisait ré-
férence au site Internet de l’OVF, et à celui
de l’OFSP pour ce qui concerne la
consommation de produits laitiers.
Durant les semaines et mois sui-
vants, les cantons romands ont poursuivi
leurs enquêtes et les contrôles de suivi .
Aucun autre cas n’a été mis en évidence.
L’intérêt des médias est donc retombé
vers fin avril. Les médias agricoles ont
continué un temps de traiter le sujet,
étant donné leur public cible, et ont at-
tendu avec impatience l’arrivée de nou-
veaux résultats. Malgré tout, ils ont eux
aussi cessé de s’intéresser au sujet dans le
courant dumois de mai.
Deuxième vague enSuisse orientaleEn août 2013, en Appenzell, l’examen
d’une vache lors du contrôle des viandes
a mis en évidence des altérations d’or-
ganes révélatrices d’une infection à la tu-
berculose. Dans ce cas également, le can-
ton a commencé par informer les médias
au niveau régional. L’incertitude concer-
nant une éventuelle relation avec les évé-
nements du printemps en Suisse ro-
mande a été clairement communiquée.
L’intérêt des médias a immédiatement
repris du vif à l’échelle nationale. De
nombreuses questions ont été posées au
canton, mais aussi à l’OVF. Les médias se
sont remémoré le fil des événements du
printemps et ont cherché d’éventuelles
relations.
Les enquêtes et les analyses de labo-
ratoire ont révélé que du gibier était à
l’origine de l’infection et que cette der-
nière s’était produite en 2011 déjà, durant
l’estivage de cette vache sur un alpage du
Vorarlberg, infirmant de manière cer-
taine l’hypothèse d’un lien entre les cas
de Suisse romande et de Suisse orientale.
La communication a été adaptée en
conséquence. L’événement a été classé ré-
gional, les comptes rendus restant dévo-
lus aux cantons. De même, vers mi-
octobre, lorsque plusieurs cas ont été
annoncés dans différents cantons de
Illustration 4 : Comptes rendus sur les cas de tuberculose en Suisse orientale (source : Swissdox)
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19.8.2013 2.9.2013 16.9.2013 30.9.2013 14.10.20130
1
2
3
4
5
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7
8
9
Nom
brede
commun
iqué
s
Médias CH alémanique Médias CH romande
33Suisse orientale, l’information a briève-
ment suscité l’intérêt des médias, même
en Suisse romande, la communication
restant sous la houlette des cantons.
Néanmoins, la communication a été ré-
gulièrement discutée avec l’OVF et des
échanges ont eu lieu, étant donné que le
Service desmédias de l’OVF a été souvent
contacté, comme durant le printemps.
Mis à part l’Agence télégraphique suisse
(ATS) et la presse dominicale, l’informa-
tion a été essentiellement relayée au tra-
vers des rubriques régionales de la RTS
ainsi que des journaux et des radios lo-
cales.
Après mi-octobre, seuls les médias
de Suisse orientale ont encore rappelé ici
ou là les analyses en cours. Pour le reste,
le sujet a complètement disparu de l’hori-
zon médiatique, au niveau tant de la
presse générale que des médias spéciali-
sés.
Les deux événements en relation
avec le premier cas de tuberculose à Fri-
bourg et les autres cas de Suisse orientale
montrent les variations de l’intérêt des
médias. La première résurgence de la tu-
berculose en Suisse romande a généré
une profonde incertitude, et un intérêt
élevé de la part des médias. Les comptes
rendus de la situation se sont alignés en
premier lieu sur les communiqués de
presse de la Confédération. Les questions
des médias ont montré combien il est im-
portant d’expliquer aux éleveurs concer-
nés et auxmédias la procédure de tests et
d’analyses afin qu’ils en saisissent toute
la complexité. Par ailleurs, tant que les
résultats ne sont pas connus, il faut s’in-
terdire rigoureusement toute spécula-
tion, malgré la lenteur du processus.
Les comptes rendus ayant trait aux
événements de Suisse orientale ont joui
d’un intérêt suprarégional jusqu’au mo-
ment où il a été formellement établi que
les deux cas n’avaient aucun lien. Les
craintes d’une épizootie d’envergure na-
tionale se sont rapidement dissipées. En
dépit du nombre de questions, le travail
médiatique s’est avéré plus simple en ce
sens que la tuberculose avait été traitée
récemment dans les médias et parce que
les informations concernant le déroule-
ment des tests et analyses, la démarche
concernant l’interdiction des mouve-
ments et les enquêtes épidémiologiques
avaient déjà été abordées au printemps.
Ces informations sont également pu-
bliées sur le site Internet de l’OVF. L’indé-
pendance des deux événements ayant
été rapidement établie, les deux foyers
régionaux distincts n’ont finalement pas
donné lieu à une crise.
Illustration 5 : Questions adressées par les médias au Service de presse de l’OVF concernant les cas
de tuberculose en Suisse orientale
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Une lutte durable contre les épizooties et les autres maladiesanimales importantes sur le plan économique se révèle essentiellepour atteindre un bon niveau de santé animale.Afin que les programmes d’éradication puissent être efficaces,l’harmonisation des mesures de lutte et l’étroite collaboration desservices vétérinaires avec l’ensemble des personnes impliquéessont indispensables. Dans le cadre de la préparation à l’éventuelleapparition de foyers épizootiques, il convient d’élaborer égalementun système de détection précoce efficace, comme l’a fait, entreautres, l’OSAV avec le projet PathoPig.
Lutte contreles épizooties
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36
Programme d’éradicationde la BVD
Avant le lancement du programme
d’éradication de la BVD, cette maladie
s’était fortement propagée en Suisse. Se-
lon une ancienne étude, presque toutes
les exploitations comptaient des bovins
présentant des anticorps contre la BVD.
Ces animaux avaient donc déjà été au
moins une fois en contact avec le virus.
À la demande des associations d’élevage
de bovins, l’OSAV a lancé un programme
d’éradication de la BVD obligatoire sur
l’ensemble du territoire suisse.
Facteurs décisifs dans lalutte contre les épizooties
Différents facteurs contribuent
grandement à l’efficacité d’unprogramme
d’éradication ou de lutte : parmi ceux-ci
on peut citer une stratégie uniforme à
l’échelle nationale, une planification bien
élaborée, un suivi régulier ainsi qu’un
ajustement du programme si besoin est.
Pour plus d’efficacité, un groupe de tra-
vail a été constitué dès le début. Il se réu-
nissait à intervalles réguliers et faisait
face aux exigences et aux défis rencon-
trés, et mettait au point des solutions et
mesures correspondantes.
Collaboration avec les cantons: leprogramme d’éradication de la BVD a été
mené à bien sous la direction centralisée
de l’OSAV et en étroite collaboration avec
les cantons, qui étaient responsables de
sa mise en œuvre opérationnelle. Cette
organisation a permis d’obtenir des résul-
tats rapides. Pour remplir leur mission,
les cantons disposaient déjà d’une plate-
forme de données commune, le système
d’information du service vétérinaire pu-
blic (SISVet). Celui-ci assure la connexion
entre tous les partenaires importants,
des laboratoires aux offices vétérinaires
cantonaux, et contient des données mises
à jour quotidiennement sur les exploita-
L’OSAV emploie des techniques modernes pour luttercontre les épizooties, à l’instar de son programmed’éradication de la diarrhée virale bovine (BVD). Dans cecontexte, il est important de mettre en œuvre un processus uniforme à l’échelle nationale et harmonisé auniveau international et d’organiser une collaboration,étroite et efficace, entre toutes les parties concernées.
Des moyensmodernes de
lutte contre lesépizooties
à l’exemple dela BVD
Elena Di Labio et Lukas Perler, OSAV
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37tions, les animaux et les résultats des
analyses de laboratoire. Il permet une
gestion, un contrôle et une coordination
efficaces de l’ensemble du programme
d’éradication.
Collaboration avec l’agriculture:dans le cadre de la mise en œuvre de la
stratégie, le Service vétérinaire suisse a
misé sur une étroite collaboration avec
les organisations agricoles. Afin que la
lutte contre la BVD soit efficace, il s’est
révélé indispensable d’associer des orga-
nisations de droit privé. Dès le début, les
Producteurs Suisses de Bétail Bovin
(PSBB) et le Syndicat suisse des mar-
chands de bétail (SSMB) ont donc partici-
pé au programme. Les PSBB ont aussi
joué un rôle important dans le finance-
ment du programme de lutte contre la
BVD. C’est la première fois qu’un nou-
veau concept a été appliqué et qu’une
partie des coûts a été assumée via les
cotisations des détenteurs versées aux
PSBB.
Collaboration avec les vétérinaireset les éleveurs: la réussite du programme
d’éradication de la BVD est fortement liée
au soutien apporté par les vétérinaires,
notamment l’Association Suisse pour la
Santé des Ruminants (ASSR), qui sont en
contact direct avec les éleveurs, ainsi
qu’à la responsabilisation des détenteurs.
En effet, dans le cadre de la stratégie,
les détenteurs ont respecté la procédure
officielle et ont prélevé par poinçonnage
un échantillon auriculaire des veaux
nouveau-nés au moment de leur mar-
quage puis l’ont transmis dans un labo-
ratoire pour dépister un éventuel virus
de la BVD. Ils ont donc participé active-
ment au programme d’éradication, ont
mené eux-mêmes une partie essentielle
de celui-ci et ont contribué à sa réussite.
Communication complémentaire : ilest important de communiquer avec les
personnes concernées et de les informer
correctement avant et pendant le dé-
roulement du programme de lutte ou
d’éradication. Pour ce faire, il convient de
procéder par étape. Avant le lancement
de toute stratégie, chacun doit avoir
compris et appréhendé la problématique.
Ensuite, tous les renseignements concer-
nant le sens et la finalité, le déroulement
et l’objectif du programme doivent avoir
été communiqués. Au cours de la mise
en œuvre, une information régulière sur
les mesures actuelles et sur la réussite du
programme est essentielle pour mainte-
nir lamotivation et la prise de conscience
à un niveau élevé (voir aussi p. 28: Com-
munication de crise: exemple de la tuber-
culose)
Programmes de lutte contreles épizooties – répondreà de nouvelles attentes
Nous disposons aujourd’hui de meil-
leurs outils et d’aides plus efficaces pour
lutter contre les épizooties. L’introduc-
tion de la banque de données sur le trafic
des animaux garantit la traçabilité de
chaque bovin. Ce système de déclaration
constitue un élément important de cette
technique de lutte moderne. L’OSAV dis-
pose, quant à lui, de systèmes informa-
tiques modernes, avec des mises à jour
quotidiennes. Il est ainsi possible d’éva-
luer en permanence l’effet de mesures et,
si besoin est, d’apporter rapidement des
correctifs à un programme.
Ces nouveaux instruments s’accom-
pagnent également d’une hausse des at-
tentes. Il n’est plus question demener des
actions sur plusieurs décennies, à l’instar
de celles contre la fièvre aphteuse. Désor-
mais, on veut obtenir des résultats le plus
rapidement possible. Notre époque étant
marquée par le libre-échange, les restric-
tions entraînées par les mesures de lutte
doivent être les plus brèves possible.
Le rapport coûts-efficacité se re-
trouve lui aussi davantage au cœur des
préoccupations. L’éradication de la BVD
visait deux objectifs, d’une part l’amélio-
ration de la santé animale mais aussi
celle de l’économie. En effet, on estime
que les pertes économiques causées
jadis par la BVD à la Suisse atteignaient
chaque année quelque neuf millions de
francs.
Pour les épizooties présentant un
caractère zoonotique, d’autres valeurs et
réflexions entrent également en ligne de
compte. La santé de l’être humain étant
également primordiale, la responsabilité
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![Page 38: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/38.jpg)
38des pouvoirs publics est plus
importante que pour les
« simples » épizooties, pour les-
quelles la responsabilité des
éleveurs est plus engagée.
Il convient également de prendre en
compte les éventuelles répercussions
d’unprogrammede lutte sur la structure
de la détention animale en Suisse. En ef-
fet, les mesures mises enœuvre peuvent
donner lieu à une restructuration à
l’échelle nationale. La population ani-
male peut évoluer considérablement et
de petites unités d’élevage disparaître.
Par ailleurs, l’organisation d’un pro-
gramme de lutte contre les épizooties se
répercute très souvent sur le commerce
international. Tandis qu’au début des
mesures d’éradication de la BVD en
Suisse, seuls les pays scandinaves et
l’Autrichemenaient un combat similaire
sur leur territoire, aujourd’hui, la lutte
contre cette épizootie concerne toute
l’Europe. Les pays ou régions exportant
beaucoupont reconnuqu’unprogramme
de lutte contre la BVD apporte de nom-
breuses améliorations au niveau inter-
national. Et c’est ainsi que de plus enplus
de pays et de régions en Europe mènent
un combat analogue. Toutefois, on
constate des différences d’organisation.
En effet, dans ceux-ci, les programmes
sont davantage menés sur une base de
droit privé et non étatique.
En Suisse, on prend moins en
compte les différences régionales dans
le financement de programmes ad hoc et
on tend davantage à une harmonisation
du processus sur le plan national. La
BVD est le premier exemple de pro-
gramme d’éradication recevant un large
soutien, y compris sur le plan financier.
Les coûts pour le programme sont ré-
partis entre les éleveurs, les cantons et
la Confédération, selon un système uni-
forme dans tout le pays.
Le programmed’éradication de laBVD aujourd’hui
Après une première phase
de lutte intensive, achevée en 2013, la
Suisse se trouve actuellement dans une
phase de surveillance. L’efficacité des me-
sures entreprises ces six dernières an-
nées ne fait aucun doute. La présence
d’animaux infectés permanents à la BVD
(animaux IP) parmi les veaux nou-
veau-nés a diminué de 1,4% (octobre
2008) à moins de 0,02% (décembre 2012).
Les dernières analyses réalisées dans le
cadre de la surveillance au printemps
2015 ont montré que les bovins d’environ
96%des exploitations laitières suisses ne
présentaient plus d’anticorps contre le
virus de la BVD. Ce dernier a donc prati-
quement disparu de Suisse : 99,8% des
exploitations bovines helvétiques sont
indemnes de la BVD.Des cas de BVDn’ap-
paraissent plus que de manière spora-
dique en Suisse.
Les nouveaux instrumentsde lutte contre lesépizooties suscitent deplus grandes attentesà l’égard des programmesmis en œuvre.
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![Page 39: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/39.jpg)
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40
Un nouveau ravageur des co-lonies d’abeilles en Europe
Le petit coléoptère des ruches est un
ravageur redouté des colonies d’abeilles
sociales (abeilles mellifères, bourdons et
abeilles sans dard). Les adultes et les
larves se nourrissant demiel, de pollen et
surtout de couvain, ils peuvent entraîner
un net affaiblissement de la colonie. Ori-
ginaire d’Afrique subsaharienne, le para-
site s’est propagé depuis 1996 en Amé-
rique du Nord, en Amérique centrale, en
Égypte et en Australie.
L’Europe était considérée, il y a peu
de temps encore, indemne du petit co-
léoptère. Un foyer a été détecté au Portu-
gal en 2004, mais il a pu être rapidement
maîtrisé et le parasite a été éradiqué. En
septembre 2014, les autorités italiennes
ont toutefois signalé la présence de petits
coléoptères des ruches en Calabre, dans
le sud du pays. Des mesures de lutte
strictes ont immédiatement été mises en
œuvre. Elles consistaient notamment à
détruire les colonies contaminées et l’en-
semble du matériel apicole correspon-
dant ainsi qu’à délimiter, dans des rayons
respectifs de 20 et de 100 km autour des
ruchers infestés, une zone de protection
et une zone de surveillance, dans les-
quelles le déplacement des abeilles était
interdit. Tous les ruchers de la zone de
protection et un échantillon de ceux si-
tués dans la zone de surveillance ont fait
l’objet d’un examen visuel dans le but
de détecter une infestation par le petit
coléoptère des ruches. Au total, 60 cas en
Calabre et un cas en Sicile ont été décla-
rés jusque fin 2014. Pour ce dernier, il
s’agissait d’un rucher infesté appartenant
à un apiculteur nomade qui s’était dépla-
Lorsque le petit coléoptère des ruches (Aethina tumida)a été découvert dans le sud de l’Italie en automne 2014,l’UE et la Suisse ont dû prendre des mesures afind’empêcher l’introduction et la propagation du nuisiblesur leur territoire. Pour ce faire, l’OSAV a non seulementmis en œuvre un programme de lutte, mais égalementétabli une stratégie de détection précoce efficace.
Le petitcoléoptère des
ruches : détectionprécoce et lutteElena Di Labio, Daniela Hadorn et Lukas Perler, OSAV
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![Page 41: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/41.jpg)
41cé avec ses colonies à travers la Calabre
entre avril et août 2014. Pour éviter de
perturber inutilement les échanges et
endiguer la propagation du parasite à
d’autres régions européennes, l’UE a édic-
té en décembre 2014 la décision d’exécu-
tion 2014/909/UE relative à certaines me-
sures de protection liées à la présence
confirmée du petit coléoptère des ruches
en Italie, qui interdit notamment l’expor-
tation d’abeilles mellifères, de
bourdons, d’équipement apicole
usagé, de sous-produits apicoles
non transformés et de miel en
rayon destiné à la consomma-
tion humaine en provenance de
toute la région de la Calabre et
de la Sicile.
Promotion de la santédes abeilles en Suisse
Ces dernières années, la
Suisse a beaucoup entrepris
pour promouvoir la santé des abeilles.
Le réseau qui s’occupe de la santé des
abeilles s’est amélioré et élargi. Outre le
Centre de recherches apicoles (CRA) de
l’Agroscope, un nouvel institut se consa-
crant à l’étude de la santé du pollinisateur
a vu le jour: l’Institut pour la santé des
abeilles de la Faculté Vetsuisse de l’Uni-
versité de Berne. Par ailleurs, en collabo-
ration avec apisuisse, l’organisation faî-
tière des sociétés suisses d’apiculture, et
les cantons, la Confédération a fondé le
Service sanitaire apicole (SSA), chargé
entre autres d’assurer la formation et le
perfectionnement des cadres apicoles et
des apiculteurs ainsi que de les conseiller.
Le SSA soutient également les services
vétérinaires cantonaux dans la mise en
œuvre de mesures visant à prévenir et à
combattre les épizooties des abeilles. Le
Service vétérinaire suisse et les divers ac-
teurs du réseau opérant en faveur de la
santé des abeilles sur le territoire helvé-
tique travaillent main dans la main pour
protéger ces dernières et améliorer leur
santé.
Préparation à cette nouvellemenace
Suite à l’annonce de cette épizootie
émise par les autorités italiennes, l’OSAV
a décidé d’agir immédiatement. Dès sep-
tembre 2014, il a rédigé des informations
spécifiques et a informé les associations
d’apiculteurs et les services vétérinaires
cantonaux de la situation. Avec l’aide
du SSA, des experts du CRA et
de l’Institut pour la santé des
abeilles, il a élaboré desmesures
de lutte à mettre en œuvre en
cas d’épizootie.
Selon le cas de figure, deux
stratégies différentes sont pos-
sibles: 1) S’il s’agit d’un foyer épi-
zootique pouvant être contenu,
l’objectif des mesures est d’éra-
diquer le petit coléoptère des
ruches. L’ensemble des colonies
des ruchers infectés doit donc
être détruit et éliminé de ma-
nière non dommageable sans attendre. Il
convient également de supprimer le ma-
tériel apicole usagé, y compris les ruches,
ou de le nettoyer et de le désinfester via
uneméthode adéquate (cf. encadré). 2) En
revanche, si le petit coléoptère des ruches
n’est découvert qu’après s’être largement
propagé et que son éradication n’est plus
possible, les mesures visent alors à limi-
ter autant que possible les dommages
engendrés par le parasite. Dans ce cas, au
lieu de détruire des colonies contaminées
Le Service vétérinairesuisse et les acteurs duréseau œuvrant pourla santé des abeilles enSuisse travaillent maindans la main.
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![Page 42: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/42.jpg)
42
et les ustensiles apicoles usagés, on de-
mande aux apiculteurs d’appliquer les
bonnes pratiques apicoles, à savoir de
respecter des règles d’hygiène, afin de
«cohabiter» avec le parasite.
Très tôt, la branche apicole a été in-
formée des mesures prévues et impli-
quée dans la lutte contre le petit coléop-
tère. Les bases légales nécessaires ont été
ancrées dans l’ordonnance sur les épizoo-
ties dans le cadre d’une procédure rapide.
Conjointement avec le CRA, l’OSAV a par
ailleurs élaboré des instructions sous
forme de directives techniques pour la
mise enœuvre desmesures sur le terrain.
Les modifications de l’ordonnance ainsi
que les directives techniques sont en-
trées en vigueur le 1er avril 2015. Dès le
mois de mars 2015, des inspecteurs des
ruchers venus de toute la Suisse ont par-
ticipé à une formation extraordinaire
sur l’épizootie et les mesures planifiées,
organisée par le SSA et donnée par
l’OSAV, le CRA et l’Institut de santé des
abeilles.
Réduction du risqued’introduction del’épizootie en Suissevia les importations
On considère généralement que les
importations d’abeilles, de bourdons, de
sous-produits apicoles et de matériel
apicole usagé constituent le principal
facteur de risque du petit coléoptère
des ruches en Suisse. Afin de réduire ce
risque, l’OSAV a édicté en janvier 2015
une ordonnance interdisant l’importa-
tion d’abeilles, de bourdons, de sous-pro-
duits apicoles, de matériel apicole usagé
et de miel en rayon destiné à la con-
sommation humaine en provenance de
Calabre et de Sicile. Toute importation
Désinfestation dumatériel apicoleTrouver une méthode appropriée qui permette une désinfestation de l’ensemble du matériel apicole en cas d’épizootiereprésentait un défi de taille. Les recherches effectuées ontpermis de conclure que la congélation des ustensiles à unetempérature à cœur de –12°C pendant au moins 24 heuresétait adaptée en cas de contamination par le petit coléoptèredes ruches. Avant de pouvoir être appliquée, toute méthodedoit être testée en conditions réelles et se montrer efficaceet applicable. Le SSA a donc mené, en collaboration avecle CRA et avec le soutien de l’OSAV, un important essai visantà vérifier que la congélation à –12° C pendant au moins24 heures dans un véhicule frigorifique permettait la désinfestation du matériel contaminé. Les résultats obtenusse sont révélés concluants.
105.0515002_Tiergesundheitsbericht_2015_FR.indd 42 24.11.15 14:39
![Page 43: RAPPORTSUR LASANTÉANIMALE 2015](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022021916/620fbbbc70740c3ef46eb409/html5/thumbnails/43.jpg)
43pouvant représenter un risque d’intro-
duction du parasite, une nouvellemesure
a été mise en œuvre en avril 2015: l’en-
semble des colonies importées doit dé-
sormais faire l’objet d’une surveillance
officielle de 30 jours, afin de détecter une
éventuelle infestation par le petit coléop-
tère.
Les dispositions spécifiques aux im-
portations d’animaux et de produits ani-
maux ont pour objectif de protéger la
population animale suisse des maladies,
mais les principes d’ouverture des mar-
chés doivent également être pris en
compte. En matière de surveillance de
l’importation d’abeilles, l’OSAV a donc
considéré la situation épizootique à
l’étranger et tiré profit aumaximum de la
marge de manœuvre qu’offre l’accord vé-
térinaire signé avec l’UE. Attention toute-
fois, si les mesures étatiques sont essen-
tielles, il est capital que les apiculteurs
adoptent un comportement responsable.
Ils peuvent en effet prendre à tout mo-
ment des mesures de protection complé-
mentaires pour leur compte ou renoncer
à importer.
Élaboration d’un programmede détection précocenational
L’expérience a montré qu’une fois
que le petit coléoptère des ruches s’est
propagé quelque part, il est impossible
de l’éradiquer. La détection précoce de
l’éventuelle présence du parasite est
donc essentielle pour lutter efficace-
ment contre ce dernier. Plus elle est réali-
sée tôt, plus des mesures ciblées pour
prévenir sa propagation peuvent être
prises rapidement. Ainsi, parallèlement
aux différentes mesures de lutte, l’OSAV
a élaboré, de concert avec les cantons et
le SSA, le programme national de détec-
tion précoce APINELLA, mis en œuvre
par le Service vétérinaire suisse, en étroite
collaboration avec le SSA et la branche
apicole. Celui-ci permet à 180 apiculteurs
dits «sentinelles», répartis à des emplace-
ments stratégiques sur l’ensemble du
territoire suisse et de la Principauté de
Liechtenstein, de contrôler régulièrement
leurs colonies afin de détecter l’apparition
du parasite aussi tôt que possible. Pour
ce faire, ils posent des pièges de dépistage
spéciaux dans leurs colonies de mars à
octobre, toutes les deux semaines, pour
une durée minimale de 48 heures. Ils ef-
fectuent ensuite un examen visuel de ces
dispositifs de détection et transmettent
les résultats à une base de données via
une application spécifique. Ces résultats
sont évalués régulièrement. S’il y a sus-
picion, c’est le laboratoire national de
référence pour les maladies des abeilles
situé au CRA qui effectue les examens
de diagnostic.
Les données collectées grâce à API-
NELLA constituent une source d’infor-
mations importante sur la situation
actuelle en Suisse. Par ailleurs, elles per-
mettent d’établir une estimation aussi
précise que possible de la situation épidé-
miologique au moment d’une première
découverte du petit coléoptère et four-
nissent les éléments de base importants
pour prendre une décision quant à la
stratégie de lutte à adopter.
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44
Importance desmouvementsd’animaux (trafic desanimaux)
Le mode de production animale en
Suisse génère un trafic des animaux de
grande intensité, ce qui crée malheureu-
sement des conditions très propices à
la diffusion d’agents infectieux. Dans
le cadre de l’enquête épidémiologique
concernant l’épisode de tuberculose bo-
vine de 2013 en Suisse romande, la traça-
bilité en aval a mis en évidence qu’une
exploitation avait généré plus de 120000
mouvements d’animaux en six ans. Dans
ce cas particulier, un seul marché de bé-
tail était à l’origine, à lui seul, de 55 % des
mouvements d’animaux non destinés à
l’abattoir.
La tuberculose bovine – unvieux souvenir seulement ?
Le défid’une épizootieréémergente
Chaque épisode a des particularités
qui lui sont propres, ce qui suppose
concertation et coordination au sein du
Service vétérinaire suisse. La résurgence
de la tuberculose bovine lors de l’épisode
de 2013 en Suisse romande en est un bel
exemple. Le premier défi a été l’organisa-
tion du dépistage à grande échelle. La
méthode du test intradermique était
encore régulièrement pratiquée, mais
seulement ponctuellement sur un petit
nombre d’animaux, en lien avec le trafic
international ou la génétique. Cette mé-
thode nécessite de nombreuses manipu-
lations et demande beaucoup de doigté
(voir encadré). Elle a parfaitement fait
ses preuves par le passé, puisqu’elle a per-
mis l’éradication de la tuberculose en
quelques décennies, mais elle ne corres-
pond plus à nos habitudes de diagnostic
dans les laboratoires, où les hautes tech-
nologies sont couramment utilisées.
Après un dépistage délicat, la confir-
mation n’est pas toujours au rendez-vous.
L’agent infectieux Mycobacterium bovis
est lui aussi difficile à localiser et àmettre
en évidence. À un stade peu avancé de la
maladie, les modifications des ganglions
lymphatiques peuvent n’être que micros-
copiques et donc difficiles à déceler lors
de l’autopsie. Unemaladie difficile à déce-
Les deux épisodes de tuberculose bovine et desyndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDRP)qu’a connus récemment la Suisse montrent que desmaladies éradiquées depuis longtemps, tout commede nouvelles maladies, peuvent surgir à tout moment.Chaque apparition d’une épizootie met le Servicevétérinaire suisse à rude épreuve, car il est rare qu’unemaladie ne concerne qu’un seul canton.
La lutte contreles épizooties,
un défi constantDominique Suter, OSAV
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45
ler et difficile à confirmer rend aussi la
communication extrêmement délicate,
un autre défi que doit relever la lutte
contre la tuberculose bovine (voir égale-
ment p. 28 «Communication de crise :
exemple de la tuberculose»).
Undeuxième épisode de tuberculosebovine en 2013
Quelques mois après la découverte
du premier foyer de tuberculose bovine
et de ses foyers secondaires, un autre cas
de tuberculose bovine a été diagnostiqué
en Suisse orientale. Il s’agissait cette
fois-ci d’une infection à Mycobacterium
caprae dont le réservoir est la faune
sauvage, notamment les cervidés. Les
recherches épidémiologiques se sont
orientées vers les alpages autrichiens où
beaucoup d’éleveurs de Suisse orientale
mettent traditionnellement leurs bêtes
en estivage. À certains endroits, la préva-
lence de la maladie chez les cerfs est très
élevée et la contamination peut se faire
indirectement sur les pâturages.
Undépistage à grande échelleEntre 2013 et 2014, environ quinze
mille bovins, répartis dans pratiquement
tous les cantons suisses (et la Principauté
de Liechtenstein), ont été soumis au dé-
pistage de la tuberculose bovine. Durant
plusieurs mois, le Service vétérinaire
suisse a été fortement sollicité. Il a fallu
acquérir à nouveau le savoir-faire des
tests, coordonner les communications,
préciser l’interprétation des résultats
dans des cas particuliers, augmenter
massivement les capacités d’analyses du
laboratoire de référence. Grâce à cet en-
gagement commun, les deux épisodes de
tuberculose ont pu être enrayés. Aucun
nouveau foyer n’a été décelé après la clô-
ture des premières séries d’investiga-
tions. Les analyses de laboratoires ont
permis d’établir que les foyers détectés en
Suisse romande étaient tous en lien di-
rect les uns avec les autres, tout comme
l’étaient également entre eux ceux de la
Suisse orientale. La vigilance reste d’ac-
tualité en raison de la présence dans les
zones limitrophes proches de la frontière
suisse de troupeaux de cerfs porteurs de
tuberculose.
Le test intradermique simultané de sensibilitéà la tuberculineAvant d’injecter la tuberculine, il faut mesurer l’épaisseurdu pli de peau avec un cutimètre. La tuberculine doit êtreinjectée par voie intradermique au niveau du cou de la bête.Le test est effectué au moyen de deux tuberculines, unetuberculine bovine et une tuberculine aviaire, à injecterà deux endroits différents. Trois jours après (72 heures), laréaction au niveau des sites d’injection est contrôlée etl’épaisseur du pli de peau est mesurée. En fonction des réactions constatées et de la différence d’augmentation del’épaisseur du pli de peau, le résultat du test est interprétécomme négatif, douteux ou positif.
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46Le syndrome dysgénésique etrespiratoire du porc (SDRP) –un nouveau danger !
Les défis d’unemaladie émergente
SDRP: l’épisode de 2012Comme nous l’avons souligné ci-des-
sus, chaque épisode épizootique a ses
particularités. Fin 2012 un épisode de
SDRP (souche européenne) touchait la
Suisse orientale. Informées que des ver-
rats d’une entreprise étrangère de pro-
duction de semence avaient été testés
positifs au SDRP et que des lots suspects
avaient été utilisés en Suisse, les auto-
rités vétérinaires placèrent vingt-six
exploitations sous séquestre durant six
semaines. Toutes les truies de ces exploi-
tations furent testées, mais, finalement,
seule une exploitation a dû être entière-
ment assainie.
SDRP: l’épisode de 2014Début 2014, le programmede surveil-
lance des maladies porcines par prélève-
ment dans les abattoirs révélait la pré-
sence d’anticorps au virus du SDRP dans
des exploitations situées dans différents
cantons. En outre, il s’agissait non pas
d’une souche européenne, mais d’une
souche américaine pouvant provenir
d’un vaccin utilisé en Europe, mais dont
l’utilisation est interdite en Suisse.
C’est après deux mois d’investiga-
tions intensives, dans plus de 60 exploita-
tions réparties sur 19 cantons, que le
virus a pu être mis en évidence dans une
seule exploitation. Le séquençage du
virus confirma qu’il s’agissait, comme on
le supposait, d’une souche vaccinale,
mais la manière dont le virus avait été in-
troduit dans cette exploitation n’a mal-
heureusement toujours pas pu être éluci-
dée. L’enquête épidémiologique permit de
découvrir encore deux autres exploita-
tions touchées,maisaucun lienconcluant
n’a pu être établi avec les premiers cas
découverts au début 2014.
Particularité des vaccinsLe virus du SDRP produit une réac-
tion immunitaire pour quelques mois
seulement. Dans les pays qui vaccinent,
les éleveurs qui utilisent un vaccin avec
une souche inactivée doivent vacciner
UnemaladiemystérieuseC’est en 1987 que fut détectée une maladie mystérieuse(mystery swine disease) dans les élevages de porcs surle continent nordaméricain. C’était un virus très infectieux,responsable de troubles de la fertilité, d’avortements, demises bas de porcelets chétifs et de troubles respiratoires.Au début des années 90, la maladie commença à se propageraussi en Europe et en 1995 elle s’était répandue dans lespays qui nous entourent.
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47leur cheptel au moins deux fois par an.
Pour pallier à ce problème une entreprise
pharmaceutique a développé un vaccin
avec une souche américaine atténuée du
virus du SDRP qui a la capacité de se
maintenir dans une population porcine.
L’inconvénient est que cette souche peut
aussi muter en une souche pathogène.
L’arrivée de cette souche en Suisse repré-
sente un danger potentiel pour la
production porcine suisse. Un
groupe d’experts a été mis sur pied
pour évaluer ce danger. Les recom-
mandations de ce groupe ont été
communiquées à la conférence des
vétérinaires cantonaux afin de défi-
nir, après consultation des milieux
intéressés, une stratégie permet-
tant de déterminer la situation
dans les exploitations porcines.
Contrôle des exploitationsToutes les exploitations de pro-
duction et de multiplication des re-
producteurs ainsi qu’un échantillon
d’une centaine d’exploitations de
production de porcelets (ayant au
moins dix truies) ont été examinées
par sérologie en l’espacedequelques
semaines. Cette courte période d’analyses
était nécessaire pour permettre d’adapter
les mesures, s’il s’avérait que le virus du
SDRP avait déjà largement infecté les ex-
ploitations du pays. Heureusement le
virus n’a étémis en évidence dans aucune
exploitation testée. Pour l’ensemble de
l’enquête, ce sont 285 exploitations qui
ont été contrôlées et plus de 5500 ana-
lyses effectuées.
Trafic des animauxSi la banque de données du trafic des
animaux permet de fournir de très
bonnes informations sur les mouve-
ments de bovins, la situation n’est pas la
même pour les porcs. En effet, alors que
les détenteurs de bovins doivent annon-
cer chaque entrée et chaque sortie de
chaque bovin, les détenteurs de porcs ne
doivent annoncer que les
entrées et leurs annonces
ne portent à chaque fois
que sur un groupe de
porcs. Il s’ensuit qu’en cas
d’oubli, seule une vérifica-
tion manuelle de la docu-
mentation disponible
dans l’exploitation per-
met de trouver tous les
fournisseurs. De plus il
n’y a pas de saisie centrali-
sée des transports et
transbordements, de sorte
qu’une grande partie des
contacts potentiels entre
exploitations est mas-
quée.
Le laps de tempsnécessaire pour détecterle premier cas aune influence directesur l’ampleur de lapropagation et la gravitédes conséquences d’uneépizootie.
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48Législation
Lesmesures de lutte ne peuvent être
mises en œuvre que dans le cadre légal
défini. La Suisse bénéficie avec la loi et
l’ordonnance sur les épizooties, et avec
les nombreuses directives techniques en
la matière, d’un arsenal législatif suffi-
sant pour définir clairement les mesures
à appliquer. Si la législation est fédérale,
l’application des mesures relève des can-
tons. Or, fédéralisme oblige, chaque vété-
rinaire cantonal dispose d’une marge de
manœuvre dans les moyens et les me-
sures à mettre en place pour atteindre
au mieux les objectifs d’éradication. La
répartition des compétences entre la
Confédération et les cantons permet
donc tout à la fois de garantir l’uniformi-
té et de préserver les particularités.
Toujours prêts
Une épizootie (émergente ou ré-
émergente) peut apparaitre à tout mo-
ment. C’est à chaque fois un nouveau défi
aussi bien pour les services vétérinaires
que pour le monde agricole. Il y a un
grand nombre d’inconnues et d’incerti-
tudes qu’il faut pouvoir cerner, délimiter
et communiquer en toute transparence
afin de pouvoir déterminer et appliquer
très rapidement les mesures nécessaires.
Cela suppose une concertation des diffé-
rents acteurs et une bonne communica-
tion à tous niveaux. Et cela exige aussi
une grande flexibilité et un bon niveau de
préparation, aussi bien sur le plan de la
formation des intervenants que sur le
plan du matériel et des infrastructures.
Le laps de temps nécessaire pour détec-
ter le premier cas a une influence directe
sur l’ampleur de la propagation et la gra-
vité des conséquences d’une épizootie.
La vigilance des acteurs du terrain doit
toujours être entretenue et développée.
En plus des exercices d’état-major, les
expériences faites ces dernières années
ont permis à chaque fois de progresser
encore.
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Les épizooties ne connaissent pas de frontières. Pour lutter contreelles, la Suisse collabore donc avec des organisations internationales telles que l’Organisation mondiale de la santé animale(OIE). Elle peut ainsi représenter ses intérêts sur la scène internationale, profiter de l’expérience d’autres pays et renforcer sesliens avec l’étranger. Les services vétérinaires publics et lesvétérinaires praticiens jouent également un rôle capital en matièrede prévention, de détection et de lutte.
Collaborationinternationale
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52
des agents pathogènes et donc des mala-
dies émergentes et réémergentes sur les
cinq continents. Amplifiés par les im-
pacts du changement climatique, les dé-
fis à relever en matière de préservation
de la santé tant animale qu’humaine sont
de plus en plus nombreux.
Pour endiguer ces risques et élimi-
ner les agents pathogènes à leur source
animale, la meilleure défense est de
es services vétérinaires natio-
naux sont au cœur de la préven-
tion, de la détection et du contrôle
des maladies animales – y com-
pris celles transmissibles à
l’homme. Garants de la santé et du bien-
être animal, ils sont des acteurs essen-
tiels de la santé publique, de l’innocuité
des aliments d’origine animale (tels que le
lait, lesœufs et la viande) et de la sécurité
sanitaire des échanges internationaux.
N’oublions pas que la santé des ani-
maux est une composante-clef de leur
bien-être.
De nos jours, les multiples activités
des services vétérinaires occupent une
place d’autant plus cruciale que les dépla-
cements de personnes, d’animaux et de
biens de consommation augmentent en
permanence dans notre monde globalisé,
accélérant de plus en plus la propagation
Sachant que 60 % des agents pathogènes pour l’hommeproviennent de l’animal, on mesure le rôle essentielque les services vétérinaires ont plus que jamais à jouerpour la préservation de la santé animale et humaine,que ce soit sur le plan national ou mondial. Répondre auxattentes sociétales d’aujourd’hui et de demain, notamment en matière de santé et d’alimentation, impliquel’existence, à l’échelle nationale, régionale et mondiale,de réseaux vétérinaires publics et privés organisés,s’appuyant sur des professionnels bien formés et bienencadrés.
Bernard Vallat, directeur général de l’OIE
Les activitésdes Services vétérinaires: un Bienpublic mondial
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53mettre en place desmécanismes efficaces
de surveillance, de détection précoce et
de réponse rapide auxmaladies animales.
C’est la raison pour laquelle il est essen-
tiel de disposer, partout dans le monde,
de services vétérinaires structurés et per-
formants disposant de moyens humains
et financiers adéquats, dans le respect
des normes de qualité intergouverne-
mentales de l’OIE.
Leur réussite est indisso-
ciable d’un enseignement vété-
rinaire d’excellence, d’ordres
statutaires vétérinaires forts,
capables de garantir l’éthique de
la profession, ainsi que de l’exis-
tence d’une législation vétéri-
naire adaptée. Leur efficacité re-
lève également d’un maillage
solide sur l’ensemble du terri-
toire et d’une collaboration étroite avec
les autres acteurs-clefs de la santé ani-
male, comme les éleveurs et les services
de santé publique, afin d’enrayer les
risques présents à l’interface homme-ani-
mal et d’agir de façon coordonnée aux
échelles nationale, régionale et mondiale.
L’action des services vétérinaires est
à considérer au-delà du cadre frontalier
des territoires nationaux. Dans une so-
ciété dans laquelle la demande mondiale
en protéines de haute qualité augmente
en permanence et où les pertes en pro-
téines animales liées aux maladies ani-
males sont estimées à plus de 20%, la
protection de la santé animale est un pré-
requis à la construction de notre avenir
et à la réduction de la pauvreté des popu-
lations rurales des pays en développe-
ment et émergents grâce à la préserva-
tion de leur capital animal.
Dans ce cadre, la solidarité entre
pays est essentielle. C’est pourquoi, via
ses programmes et outils visant à l’amé-
lioration de la performance des services
vétérinaires, l’OIE favorise le renforce-
ment des capacités et le transfert de com-
pétences entre pays bénéficiant de ni-
veaux de développement différents, afin
d’améliorer un peu plus chaque jour la
santé et le bien-être animal et de proté-
ger ainsi la santé humaine.
Pour faire face aux défis sa-
nitaires et alimentaires de de-
main, les services vétérinaires
constituent un maillon-clef, à
inscrire dans une dimension à la
fois nationale, régionale et mon-
diale, tant animale qu’humaine.
Leurs activités sont donc un
bien public mondial. Car proté-
ger les animaux, c’est préserver notre
avenir.
Des services vétérinairesperformants sont lesgarants d’une meilleuresanté animale.
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54
Les organisationsinternationales OIE et OMC
L’objectif premier de l’Organisation
mondiale pour la santé animale (OIE) est
demaîtriser la propagation internationale
des épizooties. C’est d’ailleurs suite à l’ap-
parition d’un foyer de peste bovine en
Europe en 1920que cette organisation avu
le jour. La Suisse faisait alors partie des
28 États ayant ratifié la Convention créant
l’OIE en 1924. Il est indéniable que les
risques d’une telle propagation ont dimi-
nué depuis la création de l’OIE, grâce non
seulement à desmesures qui ont amélioré
la santé animale dans le monde, mais aus-
si à des normes sanitaires internationales
qui garantissent la sécurité sanitaire du
commerce d’animaux et de produits d’ori-
gine animale. Fondées sur la science, ces
règles sont adoptées chaque année démo-
cratiquement par les 180 Pays Membres
de l’OIE et reconnues par l’Organisation
mondiale du commerce (OMC).
Grâce à ces normes, l’OIE promeut le
commerce international par exemple en:
• publiant des recommandations sur la
façon de faire du commerce d’animaux
et de produits d’origine animale en
toute sécurité ;
• reconnaissant les statuts officiels pour
sept maladies, à savoir la fièvre
aphteuse, la péripneumonie conta-
gieuse bovine, la peste bovine, la peste
équine, la peste des petits ruminants
et la peste porcine classique ainsi que
pour le risque au regard de l’encépha-
lopathie spongiforme bovine ;
• assurant la transparence à l’aide de la
notification des épisodes épizootiques.
Jennifer Saurina et Andreas Wyss, OSAV
L’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE)a pour but de maîtriser la propagation internationale desépizooties. Suite à la création de l’OIE, des normessanitaires ont été élaborées, puis adaptées sans cesseafin d’atteindre au mieux cet objectif. Mais plus quejamais, l’OIE doit concilier les besoins des États industrialisés et des pays en développement et ceuxdes organisations internationales et du commerceinternational.
Normes internationales et
commerceinternational
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55Bien que l’OIE soit responsable de-
puis 1924 de l’établissement des normes
sanitaires internationales relatives au
contrôle et à la prévention des maladies
animales, sa reconnaissance ainsi que le
respect de ces normes ne se sont établis
«sérieusement» qu’après la création de
l’OMC et la signature de l’Accord sur
l’application des mesures sanitaires et
phytosanitaires (Accord SPS). L’OMC a vu
le jour en 1995 et la Suisse en devient
membre la même année. Contrairement à
l’OIE, l’OMC a le pouvoir légal d’obliger ses
membres à se conformer aux exigences de
l’Accord SPS et de faire ainsi respecter les
normes établies par l’OIE. Toutefois, si des
preuves scientifiques démontrent que les
normes envigueurnepermettent pas d’at-
teindre un niveau de protection suffisant,
des mesures supplémentaires peuvent
être appliquées. Dans ce cas, il est impor-
tant de s’assurer que ces mesures ne
constituent pas une restriction déguisée
au commerce. L’OMC a le pouvoir légal de
lancer et de gérer les travaux nécessaires
au règlement des différends et, le cas
échéant, d’ouvrir une action en justice si
un pays agit à l’encontre de l’Accord SPS. Il
est important de signaler que cette procé-
dure n’est que peu utilisée pour résoudre
des différends commerciaux du fait que
celle-ci soit lente et coûteuse.
La réalité du commerce inter-national
Même si l’élaboration des normes par
l’OIE est pleinement participative et que
les obligations légales en vigueur conte-
nues dans l’Accord SPS sont comprises par
tous ses membres, il y a encore d’impor-
tantes différences dans l’application des
normes relatives à l’importation et à l’ex-
portation d’animaux et de produits d’ori-
gine animale. De fait, les inquiétudes
quant au risque de dissémination des
agents pathogènes lors de ces échanges
ne sont pas toujours fondées et les ser-
vices vétérinaires doivent souvent faire
face à des intérêts divergents : l’évidence
des données purement scientifiques, les
préoccupations politiques, les questions
culturelles et les aspects économiques.
Ainsi, on peut observer que le protection-
nisme joue, dans certains cas, un rôle plus
important que des décisions fondées sur
la science.
Statuts sanitaires etperformance des servicesvétérinaires
Depuis 1994, l’OIE dispose d’une pro-
cédure permettant de reconnaître officiel-
lement le statut sanitaire favorable d’un
pays à l’égard des sept épizooties préci-
tées. Cette approche, qui est en perma-
nente évolution, a été adaptée à la réalité
du terrain. En effet, des pays entiers
ou seules certains territoires d’un État
peuvent être reconnus comme étant in-
demnes d’une épizootie. Depuis quelques
années, il est également possible de recon-
naître le statut de l’une ou l’autre filière de
production d’un pays. D’ailleurs, en mai
2015, la Suisse a utilisé cette procédure
pour obtenir le statut de pays à risque né-
gligeable au regard de l’ESB. Ainsi, exacte-
ment 25 ans après l’apparition du premier
cas d’ESB, l’OIE a reclassé la Suisse parmi
la catégorie de pays la plus sûre.
À l’heure actuelle, afin d’atteindre le
double objectif de sécurité sanitaire et de
libéralisation du commerce, les normes de
l’OIE définissent également les produits
d’origine animale qui sont considérés sûrs
et qui peuvent donc faire l’objet d’un com-
merce international. Dans la pratique, de
nombreux pays restent cependant très
réticents à autoriser les importations de
produits déclarés sûrs provenant de pays
qui ne sont pas officiellement reconnus
indemnes d’une maladie. Par exemple,
les normes de l’OIE définissent la viande
désossée issue de muscles du squelette
de bovins comme une marchandise pou-
vant être importée quel que soit le statut
du pays d’exportation au regard du risque
d’ESB. Mais en réalité, de nombreux pays
importateurs exigent encore que le pays
exportateur soit reconnu comme ayant
un risque contrôlé ou négligeable au
regard de cettemaladie.
De plus, si on étudie la liste des pays
reconnus officiellement indemnes des
épizooties précitées, la majorité d’entre
eux sont des pays développés qui peuvent
financer les efforts pour obtenir et conser-
ver ces statuts. Afindepermettre auxpays
en développement de renforcer leur ser-
vice vétérinaire et de promouvoir ainsi
la lutte contre certaines maladies en par-
tie liées au commerce, l’OIE a développé
un outil. Il s’agit d’un système d’évalua-
tion des services vétérinaires (le tool PVS)
qui apporte des preuves concrètes de la
conformité des services vétérinaires aux
normes adoptées par l’OIE. Cet outil per-
met d’identifier les forces et les faiblesses
des services vétérinaires et d’évaluer le
budget nécessaire pour en combler les
lacunes. À l’heure actuelle, plus de 120 pays
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56ont déposé une requête auprès de l’OIE,
afin qu’une évaluation soit conduite dans
leur pays. Les mesures mises en place sur
la base des résultats de ces évaluations
ont un impact direct sur la qualité du ser-
vice vétérinaire et, par conséquent, sur la
capacité du pays à prendre part au com-
merce international.
Bien que les statuts sanitaires de
l’OIE soient reconnus internationalement
et acceptés par la majorité des pays, la
confiance réciproque dans la surveillance
des épizooties joue un rôle im-
portant dans la négociation
bilatérale des conditions d’im-
portation et d’exportation. Cette
confiance ne peut se construire
que sur la base des résultats des
audits de vérification des ser-
vices vétérinaires nationaux par
des partenaires commerciaux et
requiert en Suisse la collabora-
tion étroite entre la Confédéra-
tion, les cantons et l’économie.
Cette confiance s’est renforcée ces der-
nières années à la faveur dunombre crois-
sant d’audits effectués par des pays tiers.
Les audits internationaux contribuent
également à porter un regard critique sur
leur propre service vétérinaire et favo-
risent ainsi une amélioration constante
de ce dernier.
Dans le contexte de l’évolution des
outilsmis àdispositionpar l’OIEpour faci-
liter et sécuriser le commerce internatio-
nal, le tool PVS pourrait, dans le futur,
jouer un rôle dans le renforcement de la
confiance entre partenaires commer-
ciaux. Il pourrait en effet offrir une mé-
thode normalisée et approuvée par les
pays permettant une évaluation des capa-
cités des services vétérinaires à gérer des
événements et à appliquer les normes de
l’OIE.
Participation de la Suisse auxdiscussions internationales
La participation active de la Suisse
aux discussions internationales permet
d’avoir une influence sur leur contenu, de
défendre les intérêts du pays et d’élever
le niveau international de santé animale.
La Suisse joue un rôle important dans le
contexte international. Elle a, en effet, une
expertise à offrir au niveau international
de par son statut sanitaire et son niveau
élevé de protection des animaux.
La participation des pays membres
dans les organisations internationales
devrait non seulement être active mais
également coordonnée, orientée vers les
objectifs à atteindre et tournée vers l’ave-
nir. De plus, des efforts conjoints sont
nécessaires au niveau régional. C’est pour-
quoi la Suisse soutient scientifi-
quement et financièrement dif-
férentesplate-formesrégionales.
Il est, enfin, essentiel d’obte-
nir un soutien politique durable
pour pouvoir élaborer des stra-
tégies régionales couvrant les
besoins de différentes nations
confrontées à unemêmeproblé-
matique.
Ce ne sont pas uniquementles facteurs scientifiquesqui influencent lecommerce international.
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LaMongolie et la Suisse collaborent à un projetcommun qui a pour but de mettre le service vétérinairemongole aux normes de l’Organisation mondiale de lasanté animale (OIE). L’ancien OVF (aujourd’hui OSAV)siège dans le groupe de projet.
Susan Stierlin, OSAV
Une nouvelle loi sur la santéanimale pour la Mongolie
58Un reportage
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Qu’est-ce que l’Animal Health Project (AHP)?
L’Animal Health Project (AHP) est un projet de coopéra-
tion vétérinaire entre la Suisse et la Mongolie qui a débuté en
2012. Il se compose de trois sous-projets, qui ont été confiés à
différentes organisations.
Le premier sous-projet, sous la responsabilité de l’OSAV,
consiste à élaborer une législation vétérinaire de base et les
modalités générales de son application sur le terrain.
Le deuxième sous-projet, confié à la société SAFOSO (Safe
Food Solutions) et au Swiss Tropical and Public Health Insti-
tute, porte sur la lutte contre deux épizooties, la fièvre aph-
teuse et la brucellose, la surveillance de ces maladies et la créa-
tion de bases de données.
Le troisième sous-projet a été attribué à l’HAFL (Haute
école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires).
Celle-ci est chargée de la formation des vétérinaires et de la
révision du plan d’études. Une place plus importante doit être
accordée à la pratique de la médecine vétérinaire durant la for-
mation des vétérinaires. Le projet AHP a une durée de trois ans.
Premier contact entre la Suisse et laMongolie(mai 2012)
Le projet a bénéficié d’une belle ouverture, car peu après
son lancement une délégation mongole était en visite en
Suisse. Le but de cettemission était d’offrir une vue d’ensemble
sur le fonctionnement du Service vétérinaire suisse. Compo-
sée de parlementaires, du chef du service vétérinaire national
et du chef du projet AHP, la délégationmongole a eu le loisir de
visiter l’OVF, de discuter de la stratégie de santé animale, des
contrôles à la frontière et de la collaboration avec les services
vétérinaires cantonaux.
Une premièremission enMongoliepour élaborer un premier projet de loi(octobre 2012)
Cette mission fut pour moi mon premier contact avec la
Mongolie. Il s’agissait d’organiser un atelier interactif avec des
participants d’horizons différents, afin de coucher sur le papier
les exigences et les idées exprimées, qui allaient former la
substance de la future législation vétérinaire. Les échanges
d’idées et la participation active étaient très stimulants.
De ce moment de partage est née une ébauche de loi. À ce
moment-là déjà et par la suite également, cette première mou-
ture m’avait semblé un peu précipitée.
La délégation juridique en Suisse (mai 2013)
Le chef du projet mongole a très vite constitué un groupe
de travail, au sein duquel étaient représentés des professions
et des centres d’intérêt variés. Très vite s’est dégagée l’idée
qu’une vision plus claire de l’élaboration d’une loi était néces-
saire. Il y avait, certes, des idées, mais il manquait le processus
de genèse et la forme. Ce constat est à l’origine de la deuxième
missionmongole en Suisse. Le travail de la délégationmongole
avec le service juridique de l’OVF (devenu l’OSAV en 2014) fut
intense et instructif.
Cette délégation était composée de juristes, de l’avocate et
du responsable de la stratégie du Ministère de l’Agriculture, de
parlementaires et du chef du projet. Mes homologues mongols
ont pu voir, pas à pas, comment une loi prend forme en Suisse
et comment la démocratie y est exercée. Leur étonnement fut
grand devant le fonctionnement de notre démocratie et je ne
peux oublier cette exclamation poussée par un des partici-
pants : «Oh, you are losing so much time ! »
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60
Brèvemission enMongolie (mai 2013)
Une nouvelle ébauche de loi fut couchée sur le papier
avantmon deuxième départ pour laMongolie. Très brève, cette
mission avait pour but de rediscuter, article après article, le
projet de loi écrit en mongol et traduit en anglais.
Élection présidentielle ( juin 2013)
Lors de l’élection présidentielle mongole de juin 2013, le
président sortant Elbegdorj du parti démocrate, est réélu.
Cette réélection va conforter son parti, qui avait obtenu une
courte majorité aux élections législatives de juin 2012. Elle va
entraîner un remaniement ministériel qui va mettre un frein à
la poursuite du projet. Le ministre de l’ancienne majorité dut
quitter le ministère de l’Agriculture et de l’Industrie. Heureuse-
ment pour la continuation du projet, les deux personnes avec
lesquelles j’avais travaillé intensément restèrent en fonction.
Le directeur du service vétérinaire mongol, lui, n’eut pas cette
chance: à notre grande déception, ce personnage très motivé
avec lequel nous avions beaucoup de contacts fut remplacé.
Les dossiers furent repris en mains une fois que les nouveaux
ministres prirent leurs fonctions, que le ministère fut repeint
et que les nouvelles plaquettes nominatives furent clouées au
mur.
Mission centrée sur les recommandationsOIE (mai 2014)
Le projet de loi allait subir encore plusieurs remanie-
ments, bien que le groupe de travail en eût jeté les bases. En
mai 2014, le calme politique revenu, je repars en Mongolie avec
pour tâche de comparer le projet de loi que mes collègues
avaient écrit et les recommandations de l’OIE. En novembre
2012, l’OIE avait, en effet, conduit une mission et évalué le ser-
vice vétérinaire mongol. Les discussions durant cette mission
furent pertinentes et le travail, minutieux et constructif.
Le but du sous-projet « législation» était de présenter aux
parlementaires mongols un projet de loi sur la santé animale
qui soit conforme aux recommandations de l’OIE.
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61
Démission du gouvernementmongol(novembre 2014)
En novembre 2014, à la surprise générale, celle des non-ré-
sidents du moins, le Premier ministre qui avait conduit le gou-
vernement depuis 2012 est démis de ses fonctions. Dans la fou-
lée, tout le gouvernement démissionne. Nouveau sérieux coup
de frein au projet AHP, qui va prendre trois mois de retard en
raison de la formation du nouveau gouvernement.
Perspectives
La loi sur la santé animale de Mongolie est maintenant
dans sa phase finale. Il reste des points à éclaircir, des sujets à
discuter avec plusieurs ministères, des précisions à apporter,
mais mes collèguesmongols sont résolus à présenter cette loi à
la session parlementaire d’automne 2015.
Après son adoption par le Parlement, il faudra commencer
à appliquer la nouvelle loi, du moins dans ses grandes lignes.
C’est indéniablement ce quimanque encore à ce volet du projet
AHP.
Les interruptions politiques et les chamboulements
qu’elles entraînent ont quelque peu réduit le temps à disposi-
tion. En raison de ces retards, il a été décidé en juin 2015 de pro-
longer le projet. Il se terminera fin 2016. Le sous-projet « législa-
tion» sera axé sur l’application de la loi et revêtira une forme
plus allégée.
Climat de travail
Je ne voudrais pas conclure sans dire un mot du climat de
travail, qui a été très stimulant et agréable : lors des séances de
travail, les partenaires ont apporté leurs idées, leurs proposi-
tions, leurs points de vue et leurs critiques.
Le projet avance en accordéon, ce qui n’est pas forcément
le rythme le plus efficace (la distance y est aussi pour quelque
chose), mais le travail se fait avec des collègues optimistes,
conviviaux et convaincus de faire avancer leur «Pays du Ciel
Bleu. »
Les collaborateurs sontconvaincus de faire avancerleur «Pays du Ciel Bleu».
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Une prise en compte permanente des derniers résultats scientifiques dans les programmes de surveillance et de lutte se révèleessentielle. L’OSAV soutient activement la recherche, identifieles secteurs dans lesquels des recherches s’imposent, confie desmandats de recherche et utilise les découvertes scientifiquesainsi que les solutions techniques pour élaborer des stratégiesvisant à promouvoir la santé animale et à faire face à l’apparitionde foyers épizootiques.
Scienceet recherche
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64
Feuille de route relativeà lamammite
La mammite est l’une des maladies
les plus fréquentes qui touche le bétail
laitier suisse. Chez le bovin, elle est la
deuxième maladie liée à la production
ayant le plus d’impact sur l’économie,
après les problèmes de fertilité et avant
les maladies des onglons. En raison de
son importance, la clinique des rumi-
nants de la Faculté Vetsuisse de Berne et
l’OSAV ont créé une feuille de route qui
esquisse la voie à suivre pour parvenir à
améliorer durablement la lutte contre la
mammite. Le document proposé com-
porte cinq étapes:
(i) Création de bases scientifiques
(ii) Élaboration de modèles et dévelop-
pement de stratégies
(iii) Réalisation d’études pilote sur le
terrain
(iv) Établissement d’un programme
national visant à améliorer la santé
des mamelles
(v) Prévention, surveillance et
consolidation
Bases scientifiques
Dans un premier temps, les bases
scientifiques existantes ont été collec-
tées et regroupées selon les aspects sui-
vants :
• Présence et fréquence de la mammite
et des agents responsables de la
maladie en Suisse
• État des méthodes de diagnostic
• Aspects économiques
• Importance pour la santé publique
• Épidémiologie et transfert des
connaissances
D’importantes lacunes en matière
de connaissances ont été identifiées et
des projets visant à les combler ont été
suggérés, puis organisés et menés à bien
par des scientifiques des instituts et des
Martin Reist, OSAV, et Adrian Steiner, Vetsuisse
L’inflammation des mamelles, appelée mammite, est unproblème important tant sur le plan économique quepour le bienêtre des vaches laitières. Compte tenu del’utilisation accrue d’antibiotiques et des résistancesqui en résultent, elle revêt également une importanceparticulière pour les questions de santé publique. C’estpourquoi l’OSAV et la Faculté Vetsuisse de l’Universitéde Berne ont élaboré des stratégies visant à luttercontre cette maladie en Suisse.
Mammite –feuille de route
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65cliniques des Facultés Vetsuisse, de
l’Agroscope, de l’EPF Zurich, de la Haute
école des sciences agronomiques, fores-
tières et alimentaires (HAFL), de l’Insti-
tut de recherche de l’agriculture biolo-
gique (FiBL), du SSB et d’AGRIDEA.
L’OSAV a aussi soutenu financièrement
bon nombre de ces études.
Chaque année, sur 100
vaches, on en dénombre une
douzaine qui sont touchées
par une mammite clinique.
Pour près d’un quart des ex-
ploitations laitières suisses
(23,6 %) le nombre théorique
des cellules décelées par ml de
lait de citerne dépassent les
200000, limite à partir de la-
quelle une exploitation est
considérée comme probléma-
tique. Le nombre théorique de
cellules du lait de citerne cor-
respond au nombre de cellules
que contiendrait le lait de ci-
terne si toutes les vaches d’une
exploitation, y compris celles souffrant
d’une mammite, étaient traites. Les
agents responsables de la mammite les
plus répandus sont, d’une part, Staphy-
lococcus aureus (S. aureus) et, d’autre
part, les streptocoques et les staphylo-
coques à coagulase négative (CNS), qui
contaminent souvent les vaches lai-
tières durant l’estivage. Afin de les dia-
gnostiquer, on a mis au point des mé-
thodes extrêmement sensibles offrant
de nouvelles perspectives en matière
d’identification et de résolution de pro-
blèmes d’exploitation liés à la mammite.
Celles-ci ont permis de mettre en évi-
dence que S. aureus revêt de multiples
formes. En effet, il en existe différents
génotypes aux propriétés bien dis-
tinctes. Parmi eux, le génotype B (GTB),
très fréquent, contagieux et présent
principalement dans les mamelles, in-
fecte généralement plusieurs animaux
d’un troupeau. Il entraîne donc des pro-
blèmes au sein des cheptels et se révèle
difficile à traiter. Grâce à un nouveau
diagnostic du lait de citerne particuliè-
rement sensible, il est aujourd’hui pos-
sible d’identifier de manière fiable des
troupeaux positifs au GTB, même si seul
1 % des animaux est concerné. Ces tra-
vaux portant sur S. aureus ont été prin-
cipalement réalisés par Agroscope et la
Clinique des ruminants de la Faculté
Vetsuisse de Berne. Dans le cadre de
la recherche du diagnostic de CNS, l’Ins-
titut de bactériologie vétérinaire de la
Faculté Vetsuisse de Berne a élaboré des
méthodes phénotypiques afin de classer
les différentes espèces d’agents patho-
gènes en fonction du diagnostic au sein
de cette catégorie. Ce travail est essen-
tiel puisque les différents CNS pré-
sentent des caractéristiques épidémiolo-
giques diverses et sont plus ou moins
importants au niveau clinique.
Élaboration demodèles etdéveloppement de stratégies
La mammite est particu-
lièrement problématique lors-
qu’elle se déclare fréquemment
dans les troupeaux et entraîne
des complications affectant le
cheptel, ce qui est souvent le
cas. Selon les dernières estima-
tions, elle engendre chaque an-
née des coûts de l’ordre de 129
millions de francs. Ces chiffres
et la quantité importante d’an-
tibiotiques utilisée pour cette
maladie montrent la nécessité
de trouver des stratégies de
lutte contre la mammite au ni-
veau des exploitations. Ce be-
soin est également celui des
producteurs de lait. En effet,
une enquête menée auprès de quelque
1300 producteurs laitiers, sélectionnés
de façon aléatoire, qui détiennent au
moins 10 animaux, a révélé que 60 %
souhaiteraient améliorer les problèmes
de mamelles au sein de leur troupeau.
Par ailleurs, 82 % d’entre eux avouent ne
pas savoir comment procéder pour y
parvenir. Des stratégies et procédures
reposant sur plusieurs décennies d’expé-
rience en médecine des troupeaux, sur
les dernières avancées scientifiques et
sur des méthodes et modèles de calculs
ont donc été développées. Elles ont pour
but d’identifier et de décrire les pro-
blèmes de mamelles au niveau des ex-
ploitations, et d’améliorer la situation
La volonté et le soutiendont vont témoignerles différents acteursseront déterminantspour la mise en œuvred’un programme nationalde santé des mamelles.
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66via des mesures adaptées aux exploita-
tions et aux agents pathogènes.
Études pilotes sur le terrain
Dans le cadre d’un vaste travail de
terrain, la clinique des ruminants et le
Veterinary Public Health Institute de
l’Université de Berne (VPHI), en collabo-
ration avec le SSB, ont axé leurs re-
cherches sur des stratégies visant à
améliorer la santé des mamelles des ani-
maux présents au sein d’exploitations
touchées par la mammite. Ce travail
s’articule autour de quatre études par-
tielles et décrit:
1. la gestion spécifique dans 100 exploita-
tions laitières suisses présentant des
problèmes de santé des mamelles,
2. l’efficacité de différentes stratégies de
communication de recommandations
spécifiques à la santé des mamelles au
sein des exploitations à problèmes (in-
terventions),
3. la rentabilité du suivi vétérinaire des
troupeaux comme instrument permet-
tant de mettre en œuvre des recom-
mandations spécifiques aux exploita-
tions pour améliorer la santé des
mamelles,
4. la motivation et le comportement des
agriculteurs concernant les mesures
visant à améliorer la santé des ma-
melles durant toute la durée de l’étude.
Si les stratégies d’intervention ana-
lysées sur le terrain n’ont pas conduit à
une amélioration notable de la santé des
mamelles au sein des exploitations
concernées, elles ont toutefois permis de
prévenir une détérioration de celle-ci
dans les exploitations non contaminées.
Le groupe d’intervention, composé de
représentants d’agriculteurs, qui se sont
conseillés mutuellement lors de la mise
en œuvre de mesures, a permis de dimi-
nuer de manière significative l’usage
d’antibiotiques tout en maintenant un
état de santé stable.
Dans une autre étude de terrain réa-
lisée par Agroscope, centrée cette fois-ci
sur l’assainissement des exploitations
contaminées par S. aureus GTB, les stra-
tégies d’intervention ont conduit à une
amélioration sensible de la santé des
mamelles, et dans la majorité des cas, à
une élimination de l’agent pathogène au
sein du troupeau. Par ailleurs, des tests
de diagnostic extrêmement sensibles
réalisés sur le lait de citerne une fois
l’assainissement terminé, ont permis de
faciliter la mise en œuvre d’une surveil-
lance rentable des troupeaux et l’identi-
fication précoce d’une éventuelle réap-
parition de l’agent pathogène.
D’après les résultats des études pi-
lotes sur le terrain, on peut conclure que
les stratégies d’intervention spécifiques
aux exploitations doivent être axées sur
le problème rencontré et qu’il est indis-
pensable de suivre strictement les me-
sures décidées afin d’obtenir les effets
escomptés. C’est notamment le cas
lorsque la mammite trouve son origine
dans des agents pathogènes contagieux,
p. ex. S. aureus GTB. Les mesures d’assai-
nissement mises en œuvre de manière
systématique se révèlent en effet fruc-
tueuses.
Actuellement, le VPHI de l’Université
de Berne réalise un autre projet de re-
cherche. Celui-ci consiste à effectuer des
analyses de préférence auprès d’agricul-
teurs et de vétérinaires qui permettront
de découvrir comment mener un pro-
gramme national dédié à l’amélioration
de la santé des mamelles largement ac-
cepté.
Y aura-t-il un programmenational de santé desmamelles?
À l’heure actuelle, il est impossible
de répondre à cette question de manière
définitive. La volonté et le soutien dont
vont témoigner les organisations d’éle-
vage et de détenteurs d’animaux, les
producteurs laitiers, les vétérinaires, le
Service sanitaire bovin et le Service
vétérinaire seront déterminants, tout
comme la saisie et la mise en réseau de
données sur la santé animale et le traite-
ment (cf. p. 8 «Détection précoce et mise
en réseau de données de santé ani-
male »), l’élevage axé sur des caractéris-
tiques sanitaires directes ainsi que la
création d’une organisation profession-
nelle spécifique «Santé animale suisse».
Quelle que soit la décision prise, le SSB
de Berne développera et lancera en 2016
un nouveau programme de santé des
mamelles sur la base des connaissances
les plus récentes, et franchira ainsi une
nouvelle étape de la feuille de route rela-
tive à la mammite.
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68
Qu’est-ce que la surveillancesyndromique ?
La Suisse a mis en œuvre de nom-
breux programmes de surveillance
ciblant certaines maladies animales et
zoonoses particulières. Toutefois, ces
programmes ne couvrent qu’une petite
partie des virus, bactéries et parasites
menaçant la santé des animaux et des
êtres humains. La croissance du com-
merce international et du trafic voya-
geurs favorise la propagation de nou-
veaux agents pathogènes à travers les
pays et les continents. Lorsqu’ils entrent
en contact pour la première fois avec un
agent pathogène inconnu, les animaux
et les êtres humains ne sont pas encore
immunisés, ce qui entraîne une propaga-
tion très rapide des foyers infectieux et
des dommages importants. Il est donc
indispensable de déceler très tôt l’appa-
rition d’une maladie, d’autant plus si
celle-ci est inattendue. Le problème c’est
que les maladies inattendues échappent
aux systèmes de surveillance d’agents
pathogènes spécifiques.
À l’inverse, la surveillance syndro-
mique permet une surveillance non spé-
cifique de la santé d’une population. La
surveillance de ce type se base en géné-
ral sur des informations recueillies pour
d’autres raisons et enregistrées en
permanence, telles que par exemple les
données relatives au traitement, les ré-
sultats observés à l’abattage ou les sta-
tistiques de mortalité chez les jeunes
animaux. Ces informations peuvent
alors être évaluées automatiquement en
temps réel. Il suffit qu’un seuil prédéfini
soit dépassé pour déclencher une alarme
chez les spécialistes compétents, qui ont
ensuite pour mission de clarifier et de
déterminer l’existence de foyers poten-
tiels. Ainsi, la cause d’un changement de
l’état de santé peut être rapidement
identifiée. La surveillance syndromique
ne permet pas seulement de détecter
précocement l’apparition de foyers in-
fectieux. Elle permet aussi de suivre leur
ampleur, leur diffusion et leur rapidité
de développement afin de surveiller les
évolutions sanitaires et – selon la situa-
tion – de garantir qu’une maladie don-
née n’est pas encore apparue sur un ter-
ritoire donné.
L’introduction de maladies en Suisse est un risque quis’accroît avec l’augmentation du trafic voyageurs et ducommerce international. Si la multiplicité des agentspathogènes rend impossible la détection systématiquede toutes ces maladies, il est néanmoins essentiel dedéceler à temps une maladie introduite sur notreterritoire afin de la combattre efficacement. La surveillance syndromique permet de maîtriser cette tâche, carelle permet d’observer en continu l’état sanitaire desanimaux.
Gertraud Schüpbach, VPHI, Vetsuisse
Surveillancesyndromique :
détectionprécoce des nouvelles maladies
105.0515002_Tiergesundheitsbericht_2015_FR.indd 68 24.11.15 14:39
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69Recherches en cours
La surveillance syndromique est un
domaine relativement récent, d’où un
besoin accru de recherches. Il s’agit dans
un premier temps de définir pour chaque
source de données un algorithme capable
d’appréhender toute variation éventuelle
de la situation sanitaire sans déclencher
trop souvent des alarmes intempestives.
La santé animale est soumise à des va-
riations régulières même lorsqu’elle est
normale. Ainsi, les maladies des voies
respiratoires ont tendance à augmenter
durant la saison froide. De même, la
mortalité des veaux est maximale du-
rant les premières semaines de vie. On
notera également un caractère aléatoire
dans le fait que l’on observe davantage
de symptômes pathologiques certains
jours. Il s’agit donc de distinguer les va-
riations supposées normales des vraies
perturbations de la situation sanitaire.
Une analyse statistique approfondie de
séries temporelles multiples s’avère in-
dispensable à cet effet.
LeVeterinaryPublicHealth Institute
(VPHI) a mis sur pied plusieurs projets
pour évaluer si les données d’abattage
d’origine privée et d’origine publique
étaient exploitables pour la surveillance
syndromique. Les données des carcasses
et des organes séquestrés à l’abattoir
sont transmises à l’OSAV. Le pourcen-
tage de carcasses séquestrées est de
l’ordre de 1 à 2‰ pour toutes les espèces,
avec une légère progression entre 2009
et 2011. Les motifs les plus fréquents de
séquestre des carcasses sont : lésions
graves chez les bovins, abcès chez les
porcins, forte perte de poids chez les
petits ruminants. Les exploitations de
grande taille et celles à taux demortalité
élevé chez les veaux présentent un
risque accru de séquestre des carcasses.
Dans les petits abattoirs, le taux de
contestations des caracasses est nette-
ment plus élevé que dans les grands. On
peut supposer que les animaux enmoins
bonne santé sont dirigés plus souvent
vers les petits que vers les grands abat-
toirs. L’étude des organes séquestrés
montre que la saison influence large-
ment le nombre de séquestres, qui
culmine en décembre.
L’étude de la banque de données sur
le trafic des animaux a révélé une proxi-
mité temporelle des annonces de décès
faites par les exploitations bovines. Tou-
tefois, les régularités observées sont
parfois imputables à des constellations
qui n’ont rien à voir avec la santé ani-
male. Ainsi, les annonces de décès sont
nettement moins nombreuses le week-
end ou les jours fériés. Il est possible de
filtrer ce type de constellation par des
méthodes statistiques, avant d’analyser
les données de mortalité pour détermi-
ner d’éventuels foyers d’infection. 180
décès et 64 mises-bas d’animaux mort-
nés ont été annoncés en moyenne par
jour (sur une population de 1,6 million de
bovins). Deux tiers des décès concer-
naient des veaux de moins de quatre
mois. En hiver, la mortalité est sensible-
ment plus élevée qu’en été. Entre 2009 et
2011, elle a légèrement diminué, peut-
être sous l’effet de la lutte contre l’épi-
zootie de diarrhée virale bovine (cf. illus-
tration).
Pour plus d'informations :
www.vphi.ch
Nombre annoncé de bovins péris/euthanasiés par jour (selon le type d’utilisation)
50
2009 2010 2011Ans
Autre
Lait
2012
50100
100
150
150
200
250
300
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70Les modèles statistiques
appliqués permettent de neu-
traliser les variations «natu-
relles » de la santé animale. Tou-
tefois, les différentes sources de
données analysées souffrent
d’un handicap majeur, à savoir
un temps de latence plus ou
moins long jusqu’à la mise à
disposition électronique des données
sanitaires. La détection précoce des
nouvellesmaladies introduites en Suisse
nécessiterait une mise à disposition
plus rapide des données. Globalement, la
surveillance syndromique a le potentiel
nécessaire pour compléter les systèmes
existants de manière judicieuse et éco-
nomique. La solution d’avenir consistera
à associer les données des différentes
sources existantes pour constituer une
base de données aussi complète que pos-
sible sur l’état de santé des différentes
espèces animales.
La surveillance syndromique utilise lesdonnées à dispositionpour signaler à unstade précoce toutedégradation de lasituation sanitaire.
Références bibliographiquesVial F, Schärrer S, Reist M. Risk factors for whole carcass condemnations in the Swissslaughter cattle population. PLoS One. 2015 Apr 22;10(4):e0122717. doi:10.1371/journal.pone.0122717
Vial F, Reist M. Comparison of whole carcass condemnation and partial carcasscondemnation data for integration in a national syndromic surveillance system:the Swiss experience. Meat Sci. 2015 Mar;101:4855. doi:10.1016/j.meatsci.2014.11.002
Vial F, Berezowski J. A practical approach to designing syndromic surveillancesystems for livestock and poultry. Prev Vet Med. 2015 Jun 1;120(1):2738. doi:10.1016/j.prevetmed.2014.11.015
Vial F, Reist M. Evaluation of Swiss slaughterhouse data for integration in a syndromicsurveillance system. BMC Vet Res. 2014 Jan 31;10:33. doi:10.1186/174661481033
Struchen R, Reist M, Zinsstag J, Vial F. Investigating the potential of reported cattlemortality data in Switzerland for syndromic surveillance. Prev Vet Med. 2015 Apr 25.pii: S01675877(15)001439. doi: 10.1016/j.prevetmed.2015.04.012
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Christian Griot, IVI
72
Un calme trompeur
Au cours des dernières années, des
épizooties n’ont cessé de faire leur appari-
tion, et la Suisse n’a pas été épargnée. Au
début des années 90, des foyers de peste
porcine classique (PPC) ont été détectés
chez le porc domestique puis des cas de
PPC ont été déclarés chez des sangliers
dans le canton du Tessin fin 1997/1998.
Lorsque le virus de l’influenza A de type
H5N1 (grippe aviaire) a été découvert
pour la première fois sur le continent
asiatique, personne n’imaginait qu’il
pourrait se propager rapidement en
Europe et en Suisse. On a alors pris
conscience qu’il pouvait être transmis
à l’homme et qu’il s’agissait donc d’une
zoonose. Grâce à la mise en œuvre d’un
programme de surveillance efficace et
complexe, on a pu détecter quelques cas
positifs, mais ceux-ci concernaient uni-
quement des oiseaux sauvages, près du
lac de Constance. Le retentissement mé-
diatique a été considérable. La population
a été confrontée aux diverses facettes de
la maladie, ce qui l’a parfois désorientée.
Actuellement, même si le grand public
n’est pas informé de la survenue de nou-
veaux cas, de nombreux foyers sont en-
core apparus, notamment en Égypte et en
Asie (virus H5N1, mais également divers
virus d’influenza pathogènes pour les ani-
maux).
Desmaladies transmisespar des insectes
En 2003, un programme de surveil-
lance de la maladie de la langue bleue (ou
«blue tongue» BT) a été lancé en Suisse.
Les premiers cas d’animaux infectés par
le virus de la BT de sérotype 8 ont été
découverts en 2006, dans la région d’Aix-
la-Chapelle, en Allemagne. Puis, très rapi-
dement, la Suisse a été touchée. Le virus
se transmettant par un moucheron
(Culicoïdes), sa rapide propagation à l’en-
semble de l’Europe n’a pas vraiment sur-
pris. En très peu de temps, les chercheurs
de l’IVI, le laboratoire de référence, ont pu
développer une méthode de diagnostic et
la valider, grâce à une étroite collabora-
tion avec le laboratoire partenaire, l’Ins-
titut Friedrich-Loeffler, situé sur l’île de
Riems. Sur une période de plusieurs
années, l’ensemble des échantillons a été
analysé par l’IVI et des vaccins contre la
BT ont été homologués dans le cadre de la
vaccination obligatoire.
Au cours de l’été 2012, un nouveau
virus a étémis en évidence en Suisse ainsi
que dans les pays voisins: le virus de
Schmallenberg (SB). Celui-ci s’est d’abord
introduit dans le nord de l’Europe (Pays-
Bas). Comme il se propage et se transmet
via le même moucheron que la BT, il s’est
Depuis le 1er janvier 2014, l’Institut de virologie etd’immunologie (IVI) est réparti sur deux sites. L’ancienInstitut de virologie vétérinaire (IVV) de la FacultéVetsuisse de l’Université de Berne a en effet été intégré àl’IVI. Cette nouvelle organisation élargit les possibilitésen matière de diagnostic et de recherche au sein d’uneinstitution qui a un bel avenir devant elle.
Berne etMittelhäusern :deux sites pour
l’IVI
Pour plus d'informations :
www.ivi.admin.ch
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73rapidement propagé sur tout le
territoire helvétique (actuelle-
ment, on pense que la popula-
tion d’animaux de rente est ma-
joritairement séropositive).
De nouvellesmenaces
Lesmaladies qui se transmettent par
l’intermédiaire de diptères peuvent en-
gendrer de grands dommages potentiels.
On admet que de telles maladies peuvent
être introduites très facilement dans un
pays (puisque, justement, les diptères
p.ex. jouent le rôle de vecteurs).
Le virus de la peste équine africaine
(AHS) est véhiculé par les mêmes mou-
cherons. Les animaux touchés ont été en
l’occurrence des chevaux et d’autres équi-
dés, mais le contexte initial était totale-
ment différent de celui des animaux de
rente.1
Une préparation adaptée
L’élargissement de l’IVI constitueune
aide précieuse pour le Service vétérinaire
suisse, qui assure la mise en œuvre de la
Stratégie Santé animale en Suisse 2010+.
Il permet d’étoffer les possibilités de
diagnostic du laboratoire fédéral, notam-
ment dans le cas de la rage et d’autres
agents pathogènes viraux touchant les
animaux de rente et les chevaux. L’IVI as-
sume ainsi plus de 25 fonctions de labora-
toire de référence (diagnostic, expertise)
et tous les tests sont accrédités (ISO
17025). Afin de remplir de façon compé-
tente sonmandat de laboratoire
de référence, l’institut mène
également des travaux de re-
cherche dans certains do-
maines. Ceux-ci sont fortement
intégrés aux autres travaux
européens, principalement via
des programmes de recherche
européens (eg FP-7, Horizon
2020) et axés aussi bien sur la recherche
fondamentale que sur la recherche appli-
quée. Grâce aux collaborations existantes,
il est possible d’accéder facilement aux
problématiques liées aux diagnostics, qui
se révèlent capitales lors de l’apparition
de nouvelles maladies, comme expliqué
plus haut.
Dans le but de garantir la sécurité de
la poursuite du fonctionnement du site
de Mittelhäusern, en activité depuis
vingt-deux ans, un projet de rénovation
a été lancé en 2013. Il est mis en œuvre en
étroite collaboration avec l’Office fédéral
des constructions et de la logistique
(OFCL). Le Service vétérinaire suisse dis-
posera ainsi demain, comme hier et au-
jourd’hui, d’un laboratoire de référence
parfaitement opérationnel, aussi bien
pour les maladies connues depuis long-
temps que pour les maladies animales
dues à de nouveaux agents pathogènes
ou à de nouveaux types de vecteurs.
Agent pathogène Année Espèces animalestouchées en Suisse
Vecteur
PPC 1 1993 Porcs Inconnu
PPC 1997/1998 Sangliers Sangliers (d’Italie)
INFLUENZA A H5N1 2007/2008 Oiseaux sauvages Oiseaux sauvages(d’Europe de l’Est)
BT 2 2008 Bovins, moutons,chèvres
Culicoïdes
SB 3 2012 Bovins, moutons,chèvres
Culicoïdes
SDRP 4 2012 Porcs Semences(d’Allemagne)
Tableau 1 : Exemples de certaines maladies qui se sont propagées en Suisse entre 1993 et 2014
1 Peste porcine classique2 Maladie de la langue bleue3 Virus de Schmallenberg4 Syndrome dysgénésique et respiratoire du porc
L’élargissement de l’IVIconstitue une aideprécieuse pour le Servicevétérinaire suisse, quiassure la mise en œuvrede la Stratégie Santéanimale en Suisse 2010+.
1 «Horses are not sheep or cattle»; José Sánchez VizcaÍno, à l’occasion d’un exposé à l’IVI.
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Crédits photographiques :
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La publication et l’utilisation des textes sont autorisées après avoir obtenu l’accord de la rédaction et à condition
de mentionner la source. Le rapport sur la santé animale est aussi publié sur le site Internet de l’Office fédéral
de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (www.osav.admin.ch), où vous trouverez des informations
supplémentaires sur les divers sujets.
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Décembre 2015
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Mit einem Früherkennungssystem wird das Auftretenvon neu- und wiederauftretenden Tierseuchen,Tierkrankheiten und Zoonosen frühzeitig erkannt unddas Gefährdungspotenzial für Mensch und Tier konti-nuierlich beurteilt. Dabei gilt es, die so gewonnenenInformationen rasch und gezielt an die Entschei-dungsträger weiterzuleiten. Diese können so ents-prechende Massnahmen zeitgerecht veranlassen. Einewichtige Rolle in der Früherkennung spielt unter ande-rem die Erfassung, Vernetzung und Nutzung von Tierge-sundheitsdaten.
Früherkennungund Vernetzungvon Tiergesund
heitsdatenDaniela Hadorn undMartin Reist, BLV
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