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RAPPORT RSNA 2019 La 105 ème édition du congrès de la RSNA (Radiological Society of North America) s’est tenue à Chicago en décembre dernier. Le RSNA 2019 c’était : 185 sessions scientifiques (plus de 1300 communications), 439 sessions de FMC, 1660 posters, et plus de 700 exposants sur la plus grande exposition technique du monde, dont une aile entière (« AI showcase ») dédiée à l’intelligence artificielle. Comme chaque année, la Société Française de Radiologie et les laboratoires GUERBET se sont associés pour permettre à de jeunes radiologues (internes en fin de cursus et CCA) d’assister au congrès et de présenter leurs travaux de recherche. Ces 11 boursiers SFR-GUERBET avaient en outre pour mission de rédiger un rapport, chacun dans sa surspécialité d’organe, résumant les avancées scientifiques les plus marquantes du congrès. Recherche, enseignement et innovation étaient ainsi au programme des réunions de travail quotidiennes que j'ai eu le plaisir d'animer avec eux, avec le concours de Jean- Sébastien Raynaud, directeur scientifique de Guerbet France. Compte-tenu du nombre et de la densité des séances scientifiques, ces rapports ne peuvent prétendre à l’exhaustivité, mais les 11 "reporters" se sont astreints à un travail de sélection et de synthèse pour proposer à la communauté radiologique française un condensé des incontournables du RSNA 2019. Professeur Mathieu LEDERLIN, CHU Rennes

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  • RAPPORT RSNA 2019

    La 105ème édition du congrès de la RSNA (Radiological Society of North America) s’est tenue à

    Chicago en décembre dernier. Le RSNA 2019 c’était : 185 sessions scientifiques (plus de 1300

    communications), 439 sessions de FMC, 1660 posters, et plus de 700 exposants sur la plus grande

    exposition technique du monde, dont une aile entière (« AI showcase ») dédiée à l’intelligence

    artificielle.

    Comme chaque année, la Société Française de Radiologie et les laboratoires GUERBET se sont associés

    pour permettre à de jeunes radiologues (internes en fin de cursus et CCA) d’assister au congrès et de

    présenter leurs travaux de recherche. Ces 11 boursiers SFR-GUERBET avaient en outre pour mission

    de rédiger un rapport, chacun dans sa surspécialité d’organe, résumant les avancées scientifiques les

    plus marquantes du congrès. Recherche, enseignement et innovation étaient ainsi au programme des

    réunions de travail quotidiennes que j'ai eu le plaisir d'animer avec eux, avec le concours de Jean-

    Sébastien Raynaud, directeur scientifique de Guerbet France. Compte-tenu du nombre et de la densité

    des séances scientifiques, ces rapports ne peuvent prétendre à l’exhaustivité, mais les 11 "reporters" se

    sont astreints à un travail de sélection et de synthèse pour proposer à la communauté radiologique

    française un condensé des incontournables du RSNA 2019.

    Professeur Mathieu LEDERLIN, CHU Rennes

  • IMAGERIE PEDIATRIQUE ET PRENATALE – Inès MANNES (relecture Volodia

    DANGOULOFF ROS)

    Neuroradiologie

    Les encéphalites auto-immunes ont été détaillées lors de la session de neuroradiologie pédiatrique. Elles

    sont à évoquer devant une encéphalite de cause indéterminée avec des marqueurs inflammatoires dans

    le LCR. La cause la plus commune chez les enfants est l’encéphalite à récepteur anti-NMDA (l’étude

    « California encephalitis project 2012 » a montré qu’elle serait plus fréquente que les encéphalites

    virales aux Etats Unis). Rappelons d’emblée que l’IRM peut être normale (dans 66 à 89% des cas) et

    que l’atteinte limbique est très suggestive si elle est présente. Typiquement, il n’existe pas de restriction

    de diffusion ni de remaniements hémorragiques. Les encéphalites paranéoplasiques sont beaucoup

    moins fréquentes chez l’enfant que chez l’adulte et sont associées aux anticorps anti-Hu, anti-Yo, anti-

    CV2, anti-Ri. Une tumeur peut ne pas être trouvée au bilan initial et un dépistage devra être effectué sur

    les 5 années qui suivent. On pourra aussi évoquer le « syndrome d’Ophélie » lié au lymphome. Les

    encéphalites auto-immunes comprennent enfin les encéphalites à anti-aquaporine 4 et les anti-MOG. Il

    a été également montré que 27% des encéphalites herpétiques évoluent vers une encéphalite auto-

    immune dans les 2 à 16 semaines après l’infection, avec un plus haut risque chez les jeunes enfants

    (Armangue et al. 2018).

    Une étude originale de Bertolazzi et al. a montré un lien entre obésité et modification de la connectivité

    cérébrale en tenseur de diffusion lors d’une étude menée sur 120 sujets, dont 59 adolescents obèses. En

    effet, il existait une diminution significative de fraction d’anisotropie dans le corps et le splénium du

    corps calleux ainsi que dans le gyrus orbitaire médial des enfants obèses. Ces données suggèrent

    l’existence de lésions des régions contrôlant l’appétit, les émotions et les fonctions cognitives, qui sont

    de plus corrélées avec la présence de marqueurs inflammatoires biologiques (TNF alpha, IL1a, IL6).

    La radiomique, concept assez novateur et peu cité en imagerie pédiatrique, a été utilisée dans une étude

    de Wang et al. afin de différencier encéphalopathie bilirubinémique néonatale et myélinisation normale

    du nouveau-né. La première est une pathologie qui, détectée précocement, peut être réversible ; la

    seconde est une condition normale du nouveau-né. Ces deux situations sont susceptibles d’entraîner des

    modifications de signal des noyaux gris centraux (globus pallidus hyperintenses en T1). Grâce au

    machine learning, 13 paramètres de texture ont été sélectionnés comme étant discriminants dans

    l’encéphalopathie bilirubinémique, dont l’intensité relative moyenne (c’est-à-dire la brillance relative

    du globus pallidus), qui s’est avérée être la plus discriminante. Ainsi, l’emploi de la radiomique

    permettrait de différencier plus aisément modifications normales liées à la myélinisation et

    encéphalopathie hyperbilirubinémique.

    Enfin, un dernier cours a été fait sur les infections fœtales du SNC, aux diverses conséquences selon

    leur terme de survenue : tératogénèse ou fausse couche au 1er trimestre, anomalies de migration ou

    gyration au 2ème trimestre, vasculopathie, germinolyse ou lésion de la substance blanche au 3ème

    trimestre, lésions clastiques aux 2ème et 3ème trimestres. Trois grandes étiologies ont été détaillées, avec

    une belle iconographie à l’appui :

  • 1) l’atteinte liée au CMV, la plus fréquente, à évoquer de manière quasi systématique, qui pourra se

    révéler en IRM par une atteinte de la substance blanche, des kystes temporaux antérieurs, des

    calcifications péri ventriculaires, des malformations corticales

    2) l’atteinte liée au Zika virus, typiquement associée à des calcifications sous-corticales ou à une « fetal

    brain disruption sequence » (séquence de destruction du cerveau fœtal avec microcéphalie et anomalies

    de la voûte crânienne)

    3) la toxoplasmose, caractérisée par une choriorétinite, une hydrocéphalie, des calcifications éparses

    Imagerie abdominale

    Un des posters exposés (Hosokawa et al.) rappelle le rôle clé de l’échographie post-natale dans la prise

    en charge des hernies congénitales diaphragmatiques. En effet trois facteurs sont déterminants pour

    déterminer le type de chirurgie de réparation d’une hernie (thoracoscopie versus chirurgie ouverte): 1)

    la taille du défect (mesure transverse et antéro-postérieure) ; 2) la présence d’un « diaphragmatic rim »

    ou « bord diaphragmatique » , de type A (antérieur, latéral, postérieur), B (antérieur et un peu en latéral),

    C (antérieur) ou D (absence) ; 3) le contenu de la hernie (estomac, foie). Ces paramètres peuvent être

    évalués sur des coupes de référence échographiques simples : la coupe sous costale sur la ligne médio-

    claviulaire (vue antérieure), la coupe inter costale latérale en regard du 9ème espace inter costal (vue

    latérale), la coupe sous costale postérieure sur la ligne médio-scapulaire (vue postérieure).

    Citons également un travail original sur l’utilisation de l’échographie de contraste dans la maladie de

    Crohn: Sandberg et al. ont montré des résultats prometteurs de l’échographie de contraste comparée à

    l’IRM (100% de sensibilité) sur une petite population pédiatrique (20 patients avec biopsie à l’appui).

    Les éléments évalués étaient le rehaussement de la muqueuse, l’épaississement de la muqueuse et de la

    sous-muqueuse, l’inflammation péri-digestive. L’échographie de contraste s’est révélée meilleure que

    l’IRM pour détecter le rehaussement anormal de la muqueuse, et égale à l’IRM pour détecter un

    épaississement pariétal ou une inflammation péri-digestive. Cette technique a de plus l’avantage d’éviter

    une sédation et d’être disponible, faisable au lit du patient.

    Enfin, on retiendra l’étude de Chambers et al. sur les hyperplasies nodulaires focales de l’enfant dans

    une cohorte de 87 enfants (pour 105 lésions, soit 9% de HNF multiples). Leurs caractéristiques étaient

    d’être : 1) iso ou hyperéchogènes avec un flux artériel dans 75% des cas 2) avec un rehaussement typique

    en échographie de contraste (86%) 3) iso ou hypodenses avec un rehaussement typique en TDM dans

    79,5% des cas 4) iso ou hypointenses en T1, iso ou hyperintenses en T2, hyperintenses en diffusion avec

    un rehaussement typique dans 71,8% des cas. Une atypie requiert une confirmation histologique pour

    éliminer un adénome. Leur traitement est conservateur, sauf en cas de symptômes compressifs

    abdominaux.

    Imagerie anténatale

    Une étude de Bascetta et al. introduit le « mediastinal shift angle » (MSA) comme un paramètre efficace

    dans l’évaluation pronostique des hernies diaphragmatiques gauches congénitales isolées. Il peut être

    mesuré en anténatal ou postnatal sur une séquence axiale TRUFI passant par les cavités cardiaques : il

    s’agit de l’angle formé par la ligne médiane passant par le centre du bord postérieur du corps vertébral

    et le centre du sternum, et la ligne tangentielle à la paroi latérale de l’oreillette droite passant par le

    centre du bord postérieur du corps vertébral. Dans ce travail rétrospectif sur 34 fœtus atteints de hernie

    gauche isolée et comparant le groupe « survivant » et le groupe « non survivant », il existait une

    excellente reproductibilité inter-observateurs de la mesure du MSA, une corrélation inverse entre MSA

    et survie, et une corrélation inverse entre MSA et volume pulmonaire total du fœtus (TFLV ou « total

    fetal lung volume »). Le meilleur cut-off pour prédire la survie était de 38.2 degrés. Une autre étude sur

    le sujet menée par Carducci et al. a montré que ce paramètre était aussi bien évalué en échographie qu’en

    IRM, étant ainsi simple, rapide et reproductible.

    Une imagerie foetale cardiaque prometteuse a été présentée par l’équipe de Kording et al. chez des fœtus

    sains. Grâce à un système de gating cardiaque par ultrasons (similaire au gating ECG), une IRM

  • cardiaque 4D-flow a été réalisée chez 7 fœtus sains, permettant une excellente visualisation de l’arche

    aortique et de l’hémodynamique fœtale sur des séquences ciné SSFP et des acquisitions 4D. Ces

    dernières pourraient fournir un grand avantage dans l’évaluation in utero de pathologies

    cardiovasculaires congénitales, notamment les pathologies malformatives complexes. Elles nécessitent

    cependant d’être faites sur des fœtus qui sont peu mobiles, à un terme avancé.

    Imagerie thoracique

    La classification des pneumopathies interstitielles diffuses de l’enfant, qui diffère totalement de l’adulte,

    a été détaillée lors d’un cours éducationnel distinguant :

    - Diffuse developmental disorders (anomalies du développement) : dysplasie acinaire, dysplasie

    alvéolaire congénitale, dysplasie alvéolo-capillaire avec anomalies d’alignement des veines pulmonaires

    - Growth abnormalities (anomalies de « croissance ») : hypoplasie pulmonaire, maladie pulmonaire

    chronique néonatale, anomalies associées à des anomalies chromosomiques (Trisomie 21 par exemple)

    ou à des cardiopathies congénitales

    - Surfactant Dysfunction disorders (pathologies du surfactant) : mutations du gène SFTPB, SFTPC,

    ABCA3

    - Specific Conditions of Unknown / Poorly understood etiology : glycogénose pulmonaire interstitielle

    (PIG ou « pulmonary interstitial glycogenosis »), hyperplasie cellulaire neuroendocrine (NEHI ou

    «neuroendocrine cell hyperplasia of infancy »)

    Retenons 5 « take home diagnoses » au travers de signes sémiologiques simples :

    - du verre dépoli et des kystes pour les pathologies du surfactant (SpB, SpC, ABCA3)

    - la survenue de kystes (de siège périphérique) dans la trisomie 21

    - une hyperinflation dans la mutation du gène de la filamine A

    - du verre dépoli et une hyperinflation dans les NEHI

    - des kystes (de siège aléatoire) et une hyperinflation dans les PIG

    Concernant le diagnostic radiologique des corps étrangers inhalés, l’équipe de Diaz et al. a évalué les

    performances diagnostiques d’un nouveau protocole de scanner low dose (avec filtre en étain) sur une

    série rétrospective de 136 enfants (75 avec radiographies conventionnelles, 61 avec scanner low dose).

    Les doses utilisées étaient inférieures en scanner low dose (0,04 mSv versus 0,1 mSv), avec de

    meilleures sensibilités et spécificités (respectivement 100% et 98% versus 25 et 94%) et de meilleures

    VPP et VPN (respectivement 90% et 100% versus 40% et 91%). Cela suggère une utilisation possible

    du scanner low dose en première intention dans les suspicions d’inhalation de corps étrangers, réduisant

    la dose et augmentant les performances diagnostiques, tout en évitant les bronchoscopies négatives et

    leurs risques (laryngospasme, complications anesthésiques).

    Enfin, le travail de Ghinassi et al. portait sur la faisabilité de la séquence PETRA (respiratory gated

    pointwise encoding time reduction with radial acquisition) dans l’évaluation des mucoviscidoses en

    IRM thoracique à 1,5T. La qualité d’image globale était bonne, avec des bronches bien visibles jusqu’à

    la 4ème génération et un scoring équivalent entre scanner thoracique et séquence PETRA sur les 12

    patients évalués.

    Imagerie ostéo articulaire

    On pourra retenir les conclusions suivantes:

    - la quantification du volume d’un épanchement coxo-fémoral «physiologique » de l’enfant est estimée

    par une méthode semi-automatique à 2mL (versus 2,7 mL chez l’adulte) dans une population pédiatrique

    saine ; cet épanchement peut donc être visible en IRM, surtout chez l’enfant en bas âge, et ne doit pas

    être interprété à tort comme pathologique (Quinn-Laurin et al.)

  • - il n’y a pas d’intérêt à réaliser une séquence de perfusion sur une IRM post-réduction de dysplasie de

    hanche pour prédire le pronostic des articulations coxo-fémorales à minimum 5 ans d’une chirurgie

    (Schmaranzer et al.). Cela pose la question de la valeur ajoutée d’une injection chez ces patients.

    - les « blind spots » des lésions classiquement ratées par le radiologue en IRM dans les luxations

    patellaires (Fagbongbe et al.) sont 1) les lésions chondrales du plateau tibial latéral (2 sur 10 sont

    manquées) 2) les fragments ostéochondraux dans la gouttière médiale (4 sur 5 sont manqués) 3) les

    lésions de la corne postérieure ou du corps du ménisque (2 sur 6 sont manquées)

    - il existe des avancées de l’Intelligence Artificielle dans la classification des fractures de l’enfant

    (Starosolski et al.), permettant de différencier examen normal, fracture aigue, « healing fracture» chez

    l’enfant. Après deux étapes de « training step », le logiciel se trompait sur seulement 9/214 « healing

    fractures » et 26/165 fractures aigues. Les faux négatifs ou positifs étaient souvent liés à la présence de

    plâtre.

    - concernant les IRM injectées au Gadolinium versus IRM injectées au Ferumoxytol dans l’évaluation

    des sarcomes osseux ou des parties molles de l’enfant et de l’adolescent ( Siedek et al. ), les auteurs

    trouvaient : 1) des mesures de volume post-injection équivalentes entre les deux IRM; 2) un rapport

    signal sur bruit (SNR) meilleur avec le Gadolinium; 3) un SNR de la moelle et du rapport tumeur sur

    moelle meilleurs avec le Ferumoxytol; 4) une meilleure analyse de l’extension endovasculaire

    (thrombus tumoral) avec le Ferumoxytol. Les auteurs suggèrent de l’envisager comme alternative au

    Gadolinium.

    Finalement, dans le cours sur les « benign mimics » de tumeurs osseuses pédiatriques, rappelons les

    grands diagnostics différentiels à ne pas oublier : fractures de stress, ostéomyélite chronique non

    infectieuse (OCMR), pathologies métaboliques et/ou nutritionnelles (scorbut, rachitisme,

    hypophosphatasie, hyperthyroïdisme), variantes de la normale.

    IMAGERIE GYNECO-OBSTETRIQUE – Elise ARCIS (relecture Isabelle THOMASSIN

    NAGGARA)

    Nouvelle classification O-RADS - MRI

    Deux séances ont présenté pour la première la nouvelle classification O-RADS MRI dont le but est de

    stratifier en 5 niveaux de risque les masses annexielles considérées comme indéterminée ou suspectes

    en échographie (environ un quart des masses détectées en échographie). Elle fait suite à la publication

    de la classification O-RADS US qui avait été le fruit d’une collaboration entre l’ACR et le groupe

    européen IOTA. Cette classification IRM est aussi issue d’une collaboration entre ACR, l’ESR et la

    SIFEM qui a mené une étude multicentrique européenne portant sur 1340 patientes dont la publication

    vient de paraitre dans une revue du JAMA

    https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2759282

    Lors de deux séances, au RSNA, le lexique O-RADS essentiellement basé sur la classification ADNEX

    MR Score (publiée par une équipe francaise en 2013 dans Radiology) a été détaillé.

    Endométriose : Pas de nouveauté révolutionnaire, mais des rappels permettant d’avoir une lecture

    efficiente d’une IRM d’endométriose.

    Une étude américaine a comparé les caractéristiques diagnostiques de l'IRM pelvienne entre un compte-

    rendu de routine, un compte-rendu détaillé structuré et un compte détaillé structuré d’expert pour le

    diagnostic et le staging de l'endométriose pelvienne dans un centre médical universitaire de soins

    tertiaires. Il en ressort qu’un compte rendu structuré associé à un avis d’expert augmente la sensibilité

    et la spécificité de détection des lésions d’endométriose, ce qui est indispensable pour optimiser la prise

    en charge des patientes atteintes d’endométriose et notamment en ce qui concerne la planification du

    geste chirurgical. Cette étude confie donc la légitimé des RCP endométriose dans les centres expert

    (équipe de Boston, relecture d’IRM de 530 patientes, The Additional Value of Expertise and Structured

    https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2759282

  • Reporting in Pelvic MRI Assessment of Endometriosis: A Comparison of Three Review Methods for

    Diagnosis and Staging Adrian M. Jaramillo-Cardoso et al.).

    Une équipe suisse s’est penchée sur la sempiternelle question en IRM de l’endométriose : « vagin et

    rectum : baliser ou ne pas baliser ? ». Et oui, aucun consensus ne répond à cette question. Une étude

    rétrospective a comparé les IRM pré-opératoire et les compte-rendus opératoire de 103 patientes dont

    45% furent balisées et 55% non balisées. Leur étude montre que dans le groupe patientes balisées il y a

    une augmentation significative de la détection des lésions d’endométriose péritonéale profondes et de la

    détection de l’atteinte rectale quelque soit la profondeur de cette-dernière. Quid cependant d’une

    opacification vaginale isolée qui n’a pas été étudiée (Vaginal and Rectal Gel Filling Improves the

    Diagnostic Performance of Endometriosis MRI in Detecting Deep Infiltrating Peritoneal and Rectal

    Endometriosis. Kirsi H. Harm et al.).

    Pour ceux qui se poseraient encore la question de savoir si un DIU (type non précisé) a un impact sur

    l’épaisseur de la zone jonctionnelle (ZJ) (patiente ayant une adénomyose exclues, bien sûr), des

    brésiliens ont prouvé une augmentation significative de l’épaisseur de la ZJ en cas de DIU (épaisseur

    considérée comme normale

  • du diamètre transversal des tumeurs basées sur l'IRM avec un cut-off >=31 mm représente un marqueur

    d'imagerie prometteur qui peut aider à prédire les maladies agressives dans le cancer du col utérin (MRI-

    Assessed Tumor Size Parameters Predict Survival in Uterine Cervical Cancer, Njal G. Lura et al.

    Norway).

    Et enfin, comment ne pas faire un rapport sur le RSNA sans parler radiomique et Intelligence

    artificielle, en effet aucune sur-spécialité n’est épargnée par la déferlante de ces nouvelles technologies

    qui vont changer nos pratiques dans le futur... voici 2 perspectives qui ont été évoquées en ce qui

    concerne l’imagerie gynécologique.

    Dans le bilan d’extension du cancer de l’endomètre, l’atteinte ganglionnaire (notamment pelvienne et

    lombo-aortique) est un élément majeur, souvent exploré par PET-Scanner car en IRM à part des critères

    de taille et morphologique l’analyse ganglionnaire reste mauvaise pour les petits ganglions

    métastatiques. Une équipe asiatique a donc étudié les valeurs ajoutées de la segmentation assistée par

    ordinateur et de l'apprentissage de type « machine learning based » sur des paramètres morphologiques

    et radiomiques de la séquence de diffusion pour prédire les métastases ganglionnaires dans le cancer de

    l'endomètre. Il en ressort qu’une combinaison des éléments morphologiques habituels et de la

    radiomique IRM génère un modèle de prédiction des métastases ganglionnaire dans le cancer de

    l'endomètre, avec des performances diagnostiques dépassant les critères classiques IRM de diffusion et

    de taille. Bien sur, il s’agit d’études préliminaires, nécessitant d’autres études et notamment, à mon sens,

    des études de non-infériorité vis à vis du Pet-Scanner (Integrated Clinical Parameters and Diffusion-

    weighted Imaging Radiomics for Predicting Lymph Node Metastasis in Endometrial Cancer: Added

    Values of Computer-Aided Segmentation and Machine Learning. Gigin Lin et al. Taiwan).

    Le diagnostic de tumeur de l’ovaire bénigne vs tumeur maligne n’est pas toujours simple par IRM, par

    exemple le score 4 dans la classification de l’O-rads (score 4) représente une valeur prédictive positive

    26,6%-57%, ce qui est bien la preuve de la difficulté parfois à se prononcer entre bénin et malin, du fait

    notamment de l’absence d’élément assez discriminatif... Or la biopsie de l’ovaire étant très limitée, une

    évaluation à l’imagerie du caractère malin ou bénin est un enjeu majeur. Ainsi une étude à évalué

    l’intérêt du deep-learning lors des IRM de routine réalisée pour caractérisation de masse ovarienne en

    le comparant aux résultats de radiologues experts : 355 lésions ovariennes étudiées. Il en ressort que le

    deep-learning fait la différence entre tumeur bénigne vs maligne avec une plus grande précision que les

    experts. Le deep learning a atteint une précision de test de 85,3 % avec une sensibilité de 33,3 % et une

    spécificité de 96,4 %. En comparaison, l'expert 1 a obtenu une précision de 67,6 % avec une sensibilité

    de 100 % et une spécificité de 60,7 %. Expert 2 a atteint une précision de 64,7% avec une sensibilité de

    66,7% et une spécificité de 64,3%. Néanmoins, cette sensibilité basse du deep learning constitue une

    limite majeure car on ne peut pas se permettre de manquer deux fois plus de cancers de l’ovaire au vu

    de leur très mauvais pronostic. Toujours est-il que le deep learning pourrait peut-être devenir un outil

    précieux pour les radiologues dans le futur, surtout pour éviter des gestes invasifs inutiles (Deep

    Learning in the Differentiation of Benign and Malignant Ovarian Lesions Based on Routine Magnetic

    Resonance Imaging. Yeyu CAI et al. China).

    IMAGERIE SENOLOGIQUE – Ana GJORGJIEVSKA DELOV (relecture Isabelle

    THOMASSIN NAGGARA)

    La densité mammaire a été cette année encore un « hot topic » du congrès. Les résultats

    préliminaires du « The Dense Trial » récemment publié dans le « New England Journal of Médecine »

    ont été présentés à plusieurs reprises. L’étude “MRI in Addition to Mammography Screening in Women

    with Extremely Dense Breasts: Primary Outcome of the Randomized DENSE Trial” (1) a été considérée

    comme l’une des meilleures études présentées au RSNA (Best Clinical Trials @ RSNA 2019). L’objectif

    était d’évaluer l'apport de l'IRM complémentaire après une mammographie ACR 1 ou 2 v.s.

    mammographie seule chez les femmes ayant des seins extrêmement denses (Densité D) dans le cadre

    d'un programme de dépistage organisé aux Pays-Bas. Ainsi dans un bras, les patientes bénéficiaient

    d’une mammographie et dans l’autre d’une mammographie et d’une IRM mammaire. Dans le bras,

    mammographie + IRM, il existait une diminution par deux des cancers d'intervalle. Au cours des cycles

  • suivants, le taux de détection du cancer et le taux de faux positifs diminuaient tous les deux. Il s’agit du

    premier essai randomisé sur le dépistage complémentaire par IRM qui a été réalisé chez des femmes

    ayant des seins denses.

    Un calcul précis de la densité mammaire est essentiel pour la stratification du risque dans le dépistage

    du cancer du sein. Une étude (2) a évalué la densité mammaire en utilisant les algorithmes basés sur

    l'échographie de transmission, en comparant avec la densité mammaire quantitative (DMQ) issues des

    calculs automatisés mammographiques. Les calculs de DMQ en utilisant des US sont corrélés avec les

    évaluations automatisées de la densité mammaire. De plus, le calcul de la DMQ basé sur l'apprentissage

    machine est plus robuste et reproductible que les méthodes basées sur le seuil. Ceci pourrait avoir un

    intérêt chez des patientes jeunes lors d’une première consultation pour évaluer leur risque en évitant une

    mammographie d’évaluation de la densité que l’on pourrait remplacer par une échographie non

    irradiante.

    Indépendamment du sur-risque lié à la densité, il existe un effet masquant en mammographie en

    cas de sein dense se traduisant par une diminution du taux de détection. En utilisant du Deep Learning

    (DL), une équipe a développé un indice de risque de masquage pour stratifier les femmes avec des seins

    denses afin de leur proposer un dépistage individualisé. Leur modèle a été plus performant pour

    identifier les patientes à haut risque d’effet masquant que les mesures BI-RADS ou densité mammaire

    volumétrique.

    Dans le cadre d’un dépistage personnalisé, un modèle d'apprentissage machine (machine

    learning) (3) a été créé pour prédire le risque de cancer du sein à un an sur la base des dossiers de santé

    électroniques complets. En plus des facteurs traditionnels du modèle de Gail, le modèle a identifié des

    facteurs concernant la fonction thyroïdienne, le système immunitaire, les indications de syndrome

    métabolique, la carence en fer, ainsi que d'autres facteurs. Ce modèle a montré une évaluation améliorée

    du risque de cancer sur un an par rapport au modèle de Gail.

    Beaucoup d’études se sont intéressées au développement d’outils informatiques afin d’améliorer

    la classification des lésions selon Bi RADS, en diminuant les faux positifs et ainsi en diminuant le taux

    de biopsies et suivis ACR 3, tout en restant sensible. L'extraction ou l'analyse par ordinateur des

    caractéristiques d'imagerie quantitative, aussi appelée radiomique, a été appliquée aux données d'IRM

    de la population de l’essai « Dense », pour démontrer la faisabilité de la réduction du suivi des lésions

    bénignes BI-RADS-3 et 4 (4). Ils ont utilisé un modèle de radiomique de 46 caractéristiques calculées à

    partir des images IRM complétées par 3 caractéristiques cliniques : l'âge, l'IMC et le score BI-RADS.

    Ce modèle a correctement classé 51,4 %±4,2 % des lésions BI-RADS 3 et 20,1 %±2,7 % des lésions

    BI-RADS 4 comme bénignes, sans manquer une lésion maligne, alors que le protocole abrégé en IRM

    a correctement classé 26,0 %±3,7 % et 14,8 %±2,4 % des lésions comme bénignes, respectivement, avec

    une sensibilité fixe de 100 %.

    La radiomique a été appliquée également aux données d'IRM afin de construire des modèles

    prédictifs ou pronostiques et de corréler les caractéristiques de l'IRM avec les sous-types moléculaires

    du cancer du sein. Une étude (5) a évalué les paramètres de perfusion d’une IRM dynamique comme

    biomarqueur d'imagerie pour prédire le pronostic du cancer du sein et a analysé l'association avec les

    facteurs histopathologiques de la tumeur. Les cancers du sein présentant un Ktrans et un Kep plus élevés

    étaient associés à des facteurs de mauvais pronostic (triple négative, ER-, PR-). Par conséquent, les

    paramètres de perfusion d’une IRM dynamique pourraient être des biomarqueurs d'imagerie utiles pour

    la prédiction du pronostic tumoral. Une autre étude française a montré l’intérêt de la radiomique

    appliquée à des séquences ultra rapides en IRM mammaire. L’analyse combinée humaine à celle de la

    radiomique permettait d’améliorer de façon significative la spécificité de l’IRM sans modifier la

    sensibilité par rapport aux séquences d’IRM conventionnelle avec une AUC à 0.824 versus 0.831 (6)

    Pour évaluer la réponse tumorale sous hormonothérapie, le rehaussement du fond du

    parenchyme controlatéral a le potentiel d'être un biomarqueur pronostique. La modification du

    rehaussement du fond pendant une hormonothérapie néoadjuvante est associée à la réponse tumorale :

    une augmentation du rehaussement du fond au fil du temps a été associée à une réponse tumorale

    favorable (7). Plusieurs études se sont intéressées à mesurer la réponse tumorale aux traitements

    néoadjuvants, en utilisant d’autres moyens que l’IRM. L’échographie peut être utilisée pour surveiller

  • le traitement néoadjuvant. La variation au cours du temps du volume tumoral et la vitesse moyenne

    ultrasonore pourraient aider à distinguer les répondeurs partiels des répondeurs (8). Dans une autre

    étude (8), l’échographie précoce (après deux cycles de chimiothérapie néoadjuvante CNA) permet

    d'identifier le sous-groupe triple négatif avec une excellente réponse à la chimiothérapie néoadjuvante

    standard : la réduction du pourcentage du volume tumoral peut permettre de prédire les patientes qui

    auront une réponse complète, avec un cut-off de 73% de réduction de volume tumoral. Une étude a

    montré une précision diagnostique globale élevée de la mammographie de contraste dans l'évaluation

    de l'étendue résiduelle de la maladie (9). La mammographie de contraste permet d’obtenir une bonne

    corrélation avec la taille pathologique.

    Concernant la réponse tumorale à la chimiothérapie néodajuvante, une étude primée (10) a

    combiné la radiomique et le DL pour prédire la réponse tumorale à la chimiothérapie. L’utilisation de

    l’ensemble de classificateurs orientés spatialement dans l'habitat de la tumeur a mieux identifié la

    réponse complète sur l’IRM dynamique de base que les approches incorporant uniquement la

    radiomique ou le DL. Néanmoins le processus de validation des biomarqueurs d'imagerie n'est ni

    facile ni simple et reste un vrai défi.

    Références :

    1. Bakker,M, de Lange,S, Pijnappel,R, Mann,R, Loo,C, Bisschops,B, Lobbes,M, De Jong,M, Duvivier,K, Veltman,J,

    Veldhuis,W, van Gils,C, MRI in Addition to Mammography Screening in Women with Extremely Devbмб nse Breasts:

    Primary Outcome of the Randomized DENSE Trial. Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and

    Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19023156.html

    2. Malik,B, Lee,S, Wiskin,J, Natesan,R, Application of Machine Learning in the Calculation of Breast Density Using

    Transmission Ultrasound: A Comparison with Automated Mammographic Assessment. Radiological Society of North America

    2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019, Chicago

    IL. archive.rsna.org/2019/19006084.html

    3. Chorev,M, Spiro,A, Guindy,M, Use of Comprehensive Health Records to Improve Breast Cancer Risk Prediction.

    Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019,

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    4. Verburg,E, Veldhuis,W, Bakker,M, Pijnappel,R, van Gils,C, Gilhuijs,K, Machine Learning in Multi-Parametric Magnetic

    Resonance Imaging of Women with Extremely Dense Breasts to Reduce Referral for Benign BI-RADS 3 and 4 Lesions.

    Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019,

    Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19004316.html

    5. Kang,S, Kim,H, Radiomics for Prediction of Breast Cancer Prognosis Using Dynamic Contrast-Enhanced Magnetic

    Resonance Imaging (DCE-MRI). Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting,

    December 1 - December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19007463.html

    6. Vandeperre S, Duron L., Milon A., Poujol J., Balvay D., Fournier L., Thomassin-Naggara I. Radiomics Analysis of Textural

    Kinetics Features and Enhancement Parameters for Prediction of the Malignity in an Ultrafast Breast DCE-MRI Sequence

    Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019,

    Chicago IL.

    6. Ragusi,M, Loo,C, van der Velden,B, Wesseling,J, Beets-Tan,R, Elias,S, Gilhuijs,K, Change in Contralateral Parenchymal

    Enhancement during Neoadjuvant Endocrine Treatment is Associated with Tumor Response in Unilateral ER+/HER2- Breast

    Cancer Patients. Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 -

    December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19003729.html

    7. Duric,N, Li,C, Sak,M, Littrup,P, Brem,R, A Novel Imaging Biomarker for Monitoring Response to Neoadjuvant

    Chemotherapy. Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 -

    December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19002384.html

    8. Adrada,B, Candelaria,R, Hess,K, Moulder,S, Santiago,L, Valero,V, Arribas,E, Moseley,T, Lane,D, Scoggins,M, Le-

    Petross,H, Spak,D, Huang,M, Litton,J, Thompson,A, White,J, Whitman,G, Leung,J, Yang,W, Rauch,G, Precision Imaging:

    Early Ultrasound Evaluation (US) to Identify Excellent Responders to Neoadjuvant Chemotherapy (NAC) in Patients (pts)

    with Triple Negative Breast Cancer (TNBC) . Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual

    Meeting, December 1 - December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19015083.html

    9. Schrading,S, Kurtz,C, Dirrichs,T, Vinnenberg,J, Kuhl,C, Contrast-Enhanced Spectral Mammography (CESM) for

    Diagnostic Work-Up of MR-BI-RADS 4 Lesions Detected on Contrast-Enhanced Breast MRI. Radiological Society of North

    America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December 1 - December 6, 2019, Chicago

    IL. archive.rsna.org/2019/19017974.html

    10. Eben,J, Braman,N, Etesami,M, Abraham,J, Plecha,D, Madabhushi,A, Combining Deep Learning and Radiomic Classifiers

    within the Tumor and Tumor Environment Enables Enhanced Prediction of Neo-Adjuvant Chemotherapy Response from Pre-

    http://archive.rsna.org/2019/19023156.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19006084.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19016623.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19004316.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19007463.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19003729.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19002384.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19015083.htmlhttp://archive.rsna.org/2019/19017974.html

  • Treatment Breast DCE-MRI. Radiological Society of North America 2019 Scientific Assembly and Annual Meeting, December

    1 - December 6, 2019, Chicago IL. archive.rsna.org/2019/19019972.html

    IMAGERIE NEURO-ORL – Brieg DISSAUX, Thomas DUCHAUSSOY (relecture François

    COTTON)

    Au RSNA, en neuroradiologie cette année, de nombreuses sessions scientifiques, avec une place plus

    en plus importante de l’intelligence artificielle. Nous avons retenu quelques communications dans

    différents sous-domaines.

    Neurovasculaire

    Plusieurs sessions discutaient de l’intérêt du scanner de perfusion comme imagerie de première ligne

    dans l’accident vasculaire cérébral (AVC) aigu, cette modalité d’imagerie restant notamment aux États-

    Unis très utilisé. Dans la même lignée, une équipe de Rochester a rapporté des résultats très intéressant

    pondérant la valeur pronostique des différentes localisations de l’atteinte encéphalique dans le cadre

    d’un AVC. Il ressortait de leur analyse multicentrique rétrospective, des pronostics plus défavorables de

    certaines localisations tel que le noyau caudé, l’insula ou M4 sur le devenir à 3 mois des patients.

    L’élaboration d’un ASPECT pondéré apparaît donc une piste intéressante dans les années à venir.

    Inflammatoire

    Quelques communications, toutes préliminaires, portant notamment sur l’apport de l’imagerie IRM

    quantitative (transfert de magnétisation inhomogène) dans l’étude de la myéline. Ces techniques

    semblent offrir des perspectives intéressantes dans l’évaluation des processus démyélinisants comme la

    sclérose en plaques.

    Neuro-oncologie

    Dans une étude pilote, les techniques d’imagerie microstructurales (DTI, DKI, NODDI) basées sur la

    diffusion ont offert des informations complémentaires pour la stadification histomoléculaire non

    invasive des gliomes selon la classification de l'OMS, et leur utilisation combinée a donné des résultats

    encourageants. Une autre équipe a utilisé l’analyse de l’histogramme issue de séquences de diffusion

    multi-B et l’a identifié comme marqueur précoce de la réponse au traitement, ce qui permettrait

    potentiellement d’identifier les patients bon répondeurs aux premières lignes de traitement et ceux

    devant être orientés précocement vers des traitements de deuxième ligne. Une équipe a ajouté l'analyse

    de la fraction lipidique (séquence in-op) à leur protocole d’évaluation tumorale. Cette analyse de la

    fraction lipidique aurait le potentiel d’améliorer la planification pré-traitement, en se concentrant

    particulièrement sur l'intervention pour le groupe à haut risque. Une étude primée, présentée par Metz

    et al a utilisé l’intelligence artificielle pour produire des séries dérivées de l’imagerie de tenseur de

    diffusion tout en supprimant le signal de l’eau. Ils ont par la suite réussi à identifier des zones de

    récurrence tumorale chez 35 patients avec un glioblastome. Cette nouvelle imagerie aurait le potentiel

    de mieux différencier l’hypersignal T2 péri-lésionnel tumoral et œdémateux, ouvrant la voie à une

    médecine plus personnalisée dans le domaine de la chirurgie et de la radiothérapie.

    Intelligence artificielle

    Beaucoup de communications à ce sujet avec une suprématie asiatique et américaine du nord très nette.

    L’IA apparaît déclinée à toutes les sauces, de la construction de l’image au diagnostic. Elle a notamment

    été utilisée pour diminuer les doses des scanners de perfusion en identifiant les volumes nécessaires à

    l’obtention de cartographies justes tout en supprimant les acquisitions inutiles.

    Une application intéressante de l’IA serait sa capacité à se passer de certaines modalités d’imagerie avec

    deux exemples cette année. Grâce à un apprentissage en profondeur, la région de la pénombre d'un

    http://archive.rsna.org/2019/19019972.html

  • patient victime d'un AVC aigu artériel (normalement évaluée par l’imagerie de perfusion de premier

    passage, donc avec injection de contraste) peut être délimitée avec précision grâce à l'imagerie pondérée

    par diffusion (IPL) et à la carte du débit sanguin cérébral provenant du marquage des spins artériels

    (ASL-CBF), permettant d'évaluer plus rapidement et sans contraste le bénéfice potentiel du traitement

    par thrombectomie. Une autre application est l’évaluation de la réserve cérébro-vasculaire en ASL grâce

    à un réseau de neurone entrainé chez des patients ayant bénéficié de l’actuelle imagerie de référence

    (SPECT au 99m-Tc-HMPAO avec acétazolamide).

    Dans le diagnostic et le pronostic, deux communications intéressantes ressortaient. Une équipe japonaise

    rapportait la validation d’un CAD construit à partir d’un réseau par apprentissage profond pour l’aide à

    la détection d’un saignement intracrânien en chez plusieurs lecteurs séniors et juniors. Il apparaît une

    augmentation des performances de tous les lecteurs avec une nette prédominance chez les lecteurs

    juniors. Le deep-learning a également fait l’objet d’une communication dans le pronostic, et notamment

    l’étendue de l’hypersignal T2 dans l’hémorragie intracrânienne. Une équipe chinoise a montré qu’une

    étude radiomique de l’hypersignal T1 de la partie externe des noyaux lenticulaires du nouveau-né

    permettrait de faire la différence entre la myélinisation normale et les lésions d’encéphalopathie

    bilirubinique du nouveau-né

    Enfin de multiples autres sujets explorés grâce à l’IA, pêle-mêle :

    - la détection des cas subtils d’AVC ischémique en scanner non injecté - la prédiction de l’étendue de la zone infarcie par rapport à la pénombre - l’obtention d’un pseudoTOF via une acquisition d’IRM synthétique - l’étude pronostique pré-opératoire des gliomes diffus - la détection de l’hémorragie intra-crânienne - la différenciation glioblastome/métastase unique - la détermination du grade des tumeurs gliales sur un scanner non injecté par l’analyse de la texture

    de la lésion

    - la segmentation du parenchyme cérébral - la détection et la localisation des anévrismes intracrâniens - la détermination du statut IDH muté des tumeurs cérébrales primitives de façon non invasive grâce

    à l’IRM multi-paramétrique

    Neuroradiologie interventionnelle

    Concernant la neuroradiologie interventionnelle, une nouvelle technique d’acquisition scopique à 1000

    images/seconde permet d’analyse le flux vasculaire, sans majorer l’irradiation au patient, permettant par

    exemple une meilleure analyse de l’efficacité d’une exclusion anévrismale. Une étude allemande a

    retrouvé in vitro une meilleure recanalisation vasculaire post-thrombectomie mécanique par l’utilisation

    d’une extrémité de cathéter en forme d’entonnoir (vs cylindrique actuellement). Pour conclure ce

    chapitre, un petit mot de veille technologique avec l’IRM synthétique et sa capacité à faire de l’IRM

    multi-paramétrique en une seule et même acquisition qui se développe chez tous les constructeurs et qui

    fait très clairement partie de notre pratique à venir. Enfin, la tendance en neuro-imagerie

    interventionnelle est aux salles de vasculaires tout-en-un permettant le diagnostic et le traitement du

    patient suspect d’AVC grâce à une acquisition TSA et une imagerie de perfusion cérébrale, promettant

    des gains de temps en évitant le passage au scanner et/ou à l’IRM !

    ORL

    Une étude très intéressante sur le scanner spectral à comptage photonique dans l’examen des sinus. Il

    en est ressorti une diminution des doses et une résolution spatiale accrue permettant une meilleure

    identification des structures fines de la sphère naso-pharyngienne. A n’en point douter, cette technologie

    d’avenir encore confidentielle et réservée à certains centres nous promets de belles avancées. Concernant

    l’application de la double-énergie dans le bilan locorégional de la pathologie maligne thyroïdienne, une

    équipe chinoise a mis en lumière l’apport d’une analyse de paramètres quantitatifs dans l’identification

    de métastases ganglionnaire du carcinome papillaire de la thyroïde. Une équipe japonaise a montré que

  • les caractéristiques radiomiques notamment en séquence T1 post-gadolinium pouvaient permettre de

    prédire le risque de récidive dans le carcinome épidermoïde lingual, de façon plus efficace qu’en utilisant

    le scanner (à pondérer aux artéfacts liés au matériel dentaire, plus gênants dans cette modalité) en

    utilisant l’algorithme de machine learning k-NN. Dans le même thème, une équipe américaine démontre

    qu’une combinaison de caractéristiques radiomiques et perfusionnels permet de prédire le risque de

    récidive dans les carcinomes épidermoïdes laryngés après traitement par radiothérapie ou chirurgie

    radicale. Une étude américaine primée a démontré qu’un aspect de réponse complète en TEP FDG à 3

    mois d’un traitement par radiochimiothérapie pour un carcinome épidermoïde oropharyngé était en lien

    avec un meilleur pronostique clinique qu’une maladie résiduelle ou qu’une progression. Mardi matin,

    une session a synthétisé les protocoles IRM à adopter concernant l’exploration de l’os temporal, de

    l’ATM, de l’hypophyse, des parathyroïdes, du plexus brachial et des nerfs crâniens. Enfin, une

    communication très intéressante d’une équipe anglaise, évaluant l’impact de l’implémentation dans leur

    centre de l’utilisation des recommandations TIRADS dans l’évaluation des nodules thyroïdiens. Il en

    ressort une meilleure description des nodules thyroïdiens avec une nette diminution des indications à

    une cytoponction thyroïdienne. Ce genre d’étude ne fait que mettre en exergue l’impérieuse nécessité

    d’une standardisation des pratiques pour l’amélioration des soins.

    IMAGERIE ABDOMINALE ET DIGESTIVE – Nicolas MAGAND (relecture Yves GANDON)

    Imagerie hépato-biliaire

    Cette année encore, les travaux intéressant l’intelligence artificielle et la radiomique étaient nombreux.

    Dans ce domaine, dans le cadre du CHC, Stefanie Hectors et al. ont cherché à évaluer la valeur des

    caractéristiques radiomiques qualitatives et quantitatives mesurées en IRM afin de prédire de façon non

    invasive les caractéristiques histopathologiques et génomiques des tumeurs et de prédire la récidive

    tumorale. Cette intéressante étude rétrospective a montré une corrélation entre les caractéristiques

    radiomiques qualitatives et quantitatives des tumeurs et les marqueurs cellulaires

    immunohistochimiques (CD3, CD68, CD31) et également une corrélation avec l'expression des cibles

    d'immunothérapie PD-L1 au niveau protéique ainsi que PD1 et CTLA4 au niveau de l'expression de

    l'ARNm. Les données d'imagerie de suivi jusqu'à un an après la chirurgie ont montré une association

    significative entre plusieurs caractéristiques radiomiques et la récidive du CHC. Ces résultats suggèrent

    que les caractéristiques de la radiomique IRM pourraient servir de prédicteurs non invasifs des propriétés

    biologiques des tumeurs et du risque de récidive du CHC, fournissant des informations importantes pour

    la planification du traitement et notamment de l’immunothérapie, actuellement en plein essor.

    Concernant la prise en charge chirurgicale des CHC volumineux, l’équipe de Tian à Shanghai a cherché

    à évaluer l'impact de la chimioembolisation artérielle préopératoire (TACE) sur le pronostic à long terme

    après résection chirurgicale de CHC supérieur à 10 cm. Cette étude rétrospective a porté sur 377 patients

    ayant bénéficié d’une résection à visée curative pour un volumineux CHC sans invasion macro-

    vasculaire. L'association entre la TACE préopératoire et les résultats périopératoires, la survie globale à

    long terme et la survie sans récidive ont été évalué avant et après l'appariement grâce à un score de

    propension. L'incidence de la mortalité et de la morbidité péri-opératoires était comparable chez les

    patients qui avaient subi ou non une TACE préopératoire. En examinant la cohorte après matching, la

    médiane de survie globale était de 32,8 mois dans le groupe TACE contre 18,1 mois sans TACE (p =

    0,023) et la survie sans récidive de 12,9 contre 4,1 mois (p = 0,009). Après ajustement, la TACE

    préopératoire est restée indépendamment associée à une survie globale et une survie sans récidive

    favorables après la résection de CHC volumineux. La TACE préopératoire apparaît donc recommandée

    avant la résection hépatique de CHC volumineux.

    Dans le cadre du diagnostic initial d’une hépatopathie, Gidener et al. se sont intéressés à différencier

    l'hypertension portale non cirrhotique, de l'hypertension portale cirrhotique, en se fondant sur une

    méthode non invasive basée sur l'élastographie par résonance magnétique (ERM). En plus des

    caractéristiques morphologiques hépatiques et des signes d'hypertension portale, l’ERM (séquence 2D-

    GRE-MRE) a été évaluée. Des régions d'intérêt ont été dessinées sur le foie et la rate sur la carte de

    rigidité et des mesures de rigidité moyenne (kPa) ont été générées pour la rigidité du foie (RH) et la

    rigidité de la rate (RS). La RH moyenne était significativement plus élevée dans le groupe cirrhotique

  • que dans le groupe non cirrhotique : 9,7 kPa vs 3,4 kPa. Il n’y avait pas de différence pour la RS. Le

    rapport RS/RH était significativement plus élevé dans le groupe non cirrhotique que dans le groupe

    cirrhotique : 2,6 kPa vs 0,9 kPa. L'analyse ROC a montré qu'une RH moyenne supérieure à 5,3 kPa avait

    une sensibilité de 100 %, une spécificité de 99 % et une précision de 98 % pour différencier l’origine

    cirrhotique ou non cirrhotique d’une hypertension portale. L'élastographie par résonance magnétique

    apparait donc comme un outil util et non invasif pouvant aider à préciser l’origine d’une hypertension

    portale. Cette étude confirme l’intérêt de l'élastographie par résonance magnétique pour le diagnostic de

    cirrhose.

    Imagerie du tube digestif

    Dans le cadre du bilan pré opératoire des cancers de l’œsophage, l’équipe de Guangzhou en Chine a

    évalué la performance diagnostique de paramètres quantitatifs issus du scanner double énergie (DECT)

    pour le diagnostic préopératoire des ganglions métastatiques. En effet, il est parfois difficile sur le simple

    critère morphologique des ganglions d’affirmer leur caractère métastatique. Cette étude prospective, a

    comparé les paramètres quantitatifs en DECT entre les ganglions lymphatiques métastatiques et non

    métastatiques : la concentration en iode, la pente de la courbe spectrale de Hounsfield en phase veineuse,

    étaient plus élevées dans les ganglions lymphatiques métastatiques que non métastatiques. Le diagnostic

    combiné était le meilleur prédicteur des ganglions lymphatiques métastatiques, avec une sensibilité de

    88,2%, une spécificité de 93,2% et une précision de 90,5%.

    Une étude allemande originale (Biggemann et al.) s’est intéressée à évaluer le potentiel diagnostic de

    l'IRM en temps réel pour l'évaluation du reflux gastro-œsophagien chez des patients symptomatiques,

    par rapport à la pH-métrie et à l'impédancemétrie. Cette étude a montré une sensibilité de l'IRM de 0,78,

    une spécificité de 0,67 et une VPP de 0,87. L'IRM en temps réel serait donc une méthode d'imagerie

    rapide et sûre pour l'évaluation du reflux gastro-œsophagien chez les patients présentant des symptômes

    de type RGO. Compte tenu de sa valeur prédictive positive élevée, l'IRM en temps réel pourrait identifier

    avec précision les patients pour lesquels d'autres tests plus invasifs (pH-métrie et impédancemétrie)

    pourraient être envisagés.

    M. Obmann, d’une équipe Suisse nous a rapporté un travail intéressant et original qui cherchait à montrer

    si le scanner à double énergie (DECT) améliorait la détection des polypes coliques par rapport au scanner

    conventionnel (CCT) en coloscopie virtuelle pour différents niveaux de marquage fécal dans un modèle

    de fantôme colique. Un fantôme de côlon de 30 cm de diamètre contenant 60 polypes de formes et de

    tailles différentes a été rempli successivement avec des fèces simulées marquées avec 4 concentrations

    différentes en iode. Deux radiologues ont examiné indépendamment des images CCT et DECT

    (monoénergétiques à 40 keV). La sensibilité globale était plus élevée en DECT qu'en CCT (59% contre

    42%, respectivement, p

  • aider à différencier la pancréatite auto-immune pseudo-tumorale et l'adénocarcinome canalaire

    pancréatique.

    IMAGERIE NEPHRO-UROLOGIQUE – Olivier CHEVALLIER (relecture Catherine ROY)

    127 sessions furent consacrées à l’imagerie génito-urinaire dans son ensemble, incluant la

    médecine nucléaire, la radiothérapie et l’intelligence artificielle. Les sessions scientifiques furent très

    riches en travaux de recherche des équipes anglo-saxonnes et asiatiques. Nous rendons compte ici des

    principales informations et orientations nouvelles qui s’en dégagent organe par organe.

    Prostate

    27 sessions furent consacrées à la prostate, dont 15 à l’IRM. L’apport diagnostique de la

    séquence injectée (DCE), ajoutée à l’IRM bi-paramétrique (bp-IRM : T2W et diffusion) est un sujet

    toujours débattu. Dans une étude multicentrique (Bosaily et al, étude PROMIS) incluant 497 hommes,

    l’ajout d’une séquence DCE n’a pas démontré de bénéfice significatif en termes de sensibilité ou de

    spécificité. Cette même notion a été aussi retrouvée dans d’autres études rétrospectives avec des

    cohortes importantes (Pesapane et al, Xu et al). Néanmoins, la DCE permettrait d’identifier davantage

    de cancers cliniquement significatifs chez les patients qui présentaient en bp-MRI un score PI-RADS

    V2.0 ≥ 3, et tout particulièrement V2.0 =4. Les patients classés PI-RADS 3 en bp-IRM peuvent

    effectivement être reclassés en PI-RADS 4 du fait d’une séquence DCE complémentaire positive. De ce

    fait, il pourrait être proposé de réserver la séquence DCE aux patients PI-RADS V2.0 ≥ 3, mais ce

    nouveau paradigme modifiera la conduite pratique des examens. Les résultats de la dernière version du

    score PI-RADS (V2.1) avec ses impératifs techniques sont supérieurs pour la détection des cancers de

    la zone transitionnelle (Kido et al) et cette nouvelle version 2019 doit être utilisée.

    L’imagerie prostatique n’échappe pas à l’engouement général pour l’IA et le machine learning,

    notamment pour la détection et la segmentation des foyers de cancers. Xu et al ont développé un réseau

    neuronal convolutif résiduel (residual convolutional neural network) pour identifier et segmenter de

    façon automatique les potentiels foyers de cancers prostatiques. La sensibilité, qui était évaluée en

    comparant les prédictions du système aux résultats des biopsies, était de 97% pour toutes les catégories

    PI-RADS. Cette étude démontre la potentielle assistance qu’offre ce système au radiologue pour la

    détection des foyers tumoraux et ceci particulièrement pour les lésions PI-RADS 3 où la sensibilité de

    l’algorithme était sensiblement supérieure à celle du radiologue (97% versus 79%). Plusieurs autres

    algorithmes d’assistance au radiologue furent présentés avec de bons résultats (U-Net type deep neural

    network, Jung et al). Mehralivand et al ont proposé une lecture assistée par un système d’IA qui

    présentait une meilleure sensibilité que la lecture des images en IRM multiparamétrique (mp-IRM :

    T2W, diffusion et DCE) sans assistance et ceci quelques soit l’expérience du radiologue. Il est à mon

    sens important d’insister sur le fait que ces algorithmes ne représentent qu’une assistance permettant

    d’améliorer la détection. La spécificité était effectivement rarement (voire jamais) présentée.

    Les radiomics ont également été explorés avec des résultats préliminaires. Li et al se sont

    intéressés à la détection des cancers « invisibles » en IRM à l’aide de ROIs tracés sur les bp-IRM (T2W

    et cartographie ADC) sur la base des pièces de prostatectomie radicale ou de biopsies systématiques.

    Les radiomics selectionnés, dont certains correspondaient à des caractéristiques de texture, ont permis

    d’obtenir des AUC à 0,93 (tissu non tumoral versus lésions), à 0,97 (tissu non tumoral versus lésions

    « invisibles ») et à 0,91 (tissu non tumoral versus lésions visibles). Ce système serait donc capable de

    classer correctement les ROIs entre lésions « invisibles », lésions visibles et tissu non tumoral. Il reste à

    démontrer son efficacité pour détecter les lésions sur l’ensemble de la glande. Les paramètres de textures

    ont été explorés par Afshari Mirak et al pour différencier les cancers de la zone transitionnelle des

    nodules d’hyperplasie bénigne de prostate (HBP) sur la base de d’images T2W, DCE et des

    cartographies ADC avec parmi 10 paramètres quantitatifs extraits, 5 paramètres qui montraient des

    valeurs significativement différentes entre nodules cancéreux et nodules d’HBP (AUC très élevée à

    0,998 pour la skewness sur la cartographie ADC). Ces paramètres de texture, « invisibles » pour l’œil

    humain, pourraient donc s’avérer très intéressants en pathologies tumorales prostatiques.

  • D’autres développements techniques ont également été présentés. Des mesures quantitatives

    extraites d’une séquence T2mapping (Burcher et al) permettent une bonne différenciation entre les

    tissus sains et néoplasiques à partir d’un seuil minimal du T2 (p=0,001). La rapidité de cette séquence

    (4 min 37) en 3T, permet une application en pratique clinique. Il a été démontré que la mp-IRM est très

    fiable pour exclure la progression des cancers prostatiques sous surveillance active, permettant ainsi

    d’éviter de nouvelles biopsies (Schimmoeller et al). Certains paramètres (ADC et Ktrans entropy)

    obtenus par la mp-MRI permettraient une sélection des patients « bons répondeurs » aux thérapies

    néoadjuvantes intensives avant prostatectomie radicale (Harmon et al). Pour les patients traités par anti

    androgène, l’imagerie de diffusion-IVIM (Intravoxel Incoherent Motion) pourrait s’avérer utile pour

    évaluer précocement les effets thérapeutiques.

    Plusieurs travaux se sont intéressés aux biopsies prostatiques. Des erreurs de coordonnées

    balistiques sont mises en évidence avec les logiciels de guidage par IRM (Alessi et al). Afshari Mirak

    et al ont démontré que l’ajout de biopsies systématiques aux biopsies ciblées réalisées par fusion IRM-

    US n’améliorait que discrètement le grading des cancers prostatiques et cela au prix de faux upgrading

    dans presqu’un quart des cas. L’expertise du radiologue interventionnel reste donc indispensable.

    La prostate bénéficie également d’avancées en terme de traitement mini-invasif. La technique

    thermoablative par ultrasons par voie trans-urétrale sous contrôle IRM (TULSA) est actuellement

    explorée par un essai clinique (TULSA-PRO Ablation Clinical Trial, TACT ; Raman et al) avec une

    faible morbidité sévère car épargnant l’urètre et le sphincter urinaire et de bons résultats oncologiques

    (réduction du taux de PSA ≥ 75% chez 96% des patients).

    Rein

    42 sessions ont été consacrées à la pathologie rénale.

    Un travail très intéressant étudiait l’effet du volume de produit de contraste iodé injecté sur les

    insuffisances rénales aigues survenant après scanner injecté (Koci et al). En analyse multivariée, le

    volume de produit de contraste injecté n’était pas associé à la survenue d’une insuffisance rénale aiguë.

    C’est une observation qui, à mon sens, est particulièrement intéressante. La sous-injection de produit de

    contraste, parfois réalisée par certaines équipes pour épargner la fonction rénale, se fait souvent au prix

    d’un examen de qualité moindre qui, je pense, peut entrainer un diagnostic sous-optimal.

    Chen et al ont reçu un ‘award’ pour leur travail qui s’intéressait à l’efficacité diagnostique de la

    technique de transfert d’aimantation (MT) par IRM pour le staging de la néphropathie diabétique.

    L’association des techniques CEST et transfert d’aimantation pourraient nous donner des informations

    métaboliques et structurelles pour l’évaluation et la caractérisation de la fibrose rénale chez les patients

    présentant une maladie rénale chronique (Li et al).

    Une exploration par Blood Oxygen Level Dependant IRM (BOLD) avec calcul du R2* et par

    imagerie de diffusion avec calcul de l’ADC permettrait de différencier les greffons normaux des greffons

    présentant une dysfonction aiguë de ceux présentant une dysfonction chronique (Ghonge et al). Ces

    paramètres montraient une corrélation significative avec la fonction rénale et les résultats des biopsies,

    et pourraient donc représenter une nouvelle méthode d’imagerie non invasive des greffons rénaux.

    La technique de décomposition de Fourier par IRM a été proposée par Ljimani et al et pourrait

    permettre une évaluation rapide de la perfusion rénale, avec un temps d’acquisition de seulement

    1min30. Leur étude montrait des résultats comparables à la méthode reconnue ASL (arterial spin

    labeling). La technique ASL a été explorée chez des rats ayant subi une obstruction urétérale unilatérale

    chirurgicale par Hu et al. Celle-ci permettait la détection de l’obstruction rénale à la phase précoce, avec

    un degré de fibrose qui était bien corrélé avec la chute du flux sanguin rénal.

    Plusieurs posters scientifiques ont présenté les performances du scanner spectral en pathologie

    rénale (Mori et al) et en pathologie surrénalienne (Nagayama et al). Un excellent poster a présenté la

    classification Bosniak revisitée en 2019 avec un organigramme de démarche diagnostique précise avec

    l’imagerie en coupes moderne (scanner et IRM), en particulier pour les grades Bosniak IIF et III.

    (Schieda et al)

  • Bourses

    L’exploration des bourses bénéficie également d’avancées grâce à l’imagerie multiparamétrique

    et quantitative, notamment pour la caractérisation tumorale. Huang et al se sont intéressés à l’évaluation

    échographique des lésions focales testiculaires en combinant plusieurs techniques : mode B standard,

    doppler couleur, échographie de contraste et élastographie, dans le but de distinguer les lésions malignes

    des lésions bénignes. La combinaison de ces différentes techniques a permis une précision diagnostique

    de 70,16% pour la bonne classification bénin – malin. Un intérêt particulier de l’échographie de

    contraste a été évoqué. Celle-ci, par analyses qualitative et quantitative, a effectivement permis de

    différencier de façon significative les deux sous-types histologiques bénin et malin prédominant,

    respectivement les tumeurs à cellules de Leydig (TCL) et les séminomes. Un rehaussement plus

    prolongé était visible avec les TCL (p=0,012). L’analyse de la courbe intensité-temps démontrait

    également une prise de contraste plus précoce avec les TCL (p=0,002) et un wash-out plus précoce avec

    les séminomes. Une autre équipe, Qianqian Chen et al, a exploré les tumeurs germinales en IRM

    quantitative de diffusion et ont montré que les histogrammes des valeurs d’ADC ont permis de séparer

    de façon significative les tumeurs séminomateuses des tumeurs non séminomateuses avec une sensibilité

    de 81,0%, une spécificité de 90,9% et une AUC de 0,866.

    Vessie

    Les travaux présentés s’intéressaient uniquement à l’évaluation de la pathologie tumorale.

    L’exploration multiparamétrique par IRM a une place intéressante dans l’exploration des cancers de

    vessie. Pecoraro et al se sont intéressés aux patients présentant un cancer de vessie TVNIM à haut risque.

    Cette étude avec une cohorte importante démontrait qu’une mp-IRM préopératoire était fiable pour

    différencier les TVNIM et TVIM. Les patients présentant une TVNIM et classés VI-RADS 1 – 2

    présentaient un faible risque d’être sous-classés. Une mp-IRM pré-opératoire pourrait donc permettre à

    ces patients d’éviter une deuxième TURBT qui s’avérerait inutile. Choi et al ont proposé une méthode

    d’évaluation en uroscanner dynamique de la réponse locale après chimiothérapie néo-adjuvante de

    TVIM avec de meilleures performances diagnostiques que la lecture RECIST conventionnelle basée sur

    la taille, avec une AUC à 0,89 versus 0,65. La prédiction préopératoire de l’envahissement musculaire

    en mp-IRM par une approche par radiomics a été explorée par Zhang et al avec une précision moyenne

    et un AUC respectivement de 93,31% et 0,9778 dans le groupe « entrainement » et de 88,10% et 0,9475

    dans le groupe « validation ».

    En plus de tous ces travaux de recherche, de nombreux posters didactiques étaient exposés

    couvrant tous les thèmes. Tous étaient de grande qualité à la fois dans leur contenu et leur présentation.

    Au total, dans la spécialité urogénitale, l’IRM s’impose avec l’apparition de nouvelles séquences

    fonctionnelles qui vont améliorer dans un proche avenir la caractérisation tissulaire et le suivi post

    thérapeutique.

    IMAGERIE MUSCULO-SQUELETTIQUE – Vincent LEVEZIEL, Laetitia PERRONNE

    (relecture Anne COTTEN)

    Concernant les petits trucs et astuces utiles dans notre pratique, l’équipe allemande de K. Ekert et al. a

    montré que sur une série de 1008 patients, les logiciels permettant le dépliement automatique des côtes

    amélioraient la détection des lésions costales, notamment dans un contexte néoplasique (augmentation

    de la sensibilité de 76,4% à 97,7%).

    Le scanner va t’il remplacer l’IRM dans la détection de l’œdème osseux ? Le scanner double énergie

    avec suppression du calcium semble intéressant pour la détection de l’œdème osseux. L’équipe coréenne

    de JE. Kim et al. a comparé le scanner double énergie et l’IRM dans la détection de l’œdème osseux

    dans le cadre des fractures de l’extrémité distale du radius et de l’ulna. Les résultats étaient excellents

    sur le radius (100% de sensibilité et spécificité). En revanche, pour l’ulna, les sensibilité et spécificité

  • étaient de 88% de et 87,5% respectivement ; pour les os du carpe les performances étaient encore moins

    bonnes.

    Certaines équipes nous ont fait voyager dans le futur avec des études montrant la part que pourrait

    prendre la réalité augmentée dans nos actes de radiologie interventionnelle. Une équipe suisse tout

    d’abord avec le Dr N. Farshad-Amacker et al. s’est intéressée à la réalité augmentée dans la réalisation

    de ponctions échoguidées sur fantôme. Avec cette technique, il n’y a plus d’écran sur l’échographe car

    l’image échographique avec la cible apparaît sur le patient. Cette technique semble permettre de

    diminuer le nombre de passage d’aiguilles et de réduire la durée de la procédure (22 vs 30 secondes).

    Des français ont également étudié la faisabilité de l’utilisation de la réalité augmentée dans la

    vertébroplastie (Dr P. Auloge et al.), ce qui pourrait permettre de réduire la dose délivrée au patient

    comparativement au guidage scopique. En effet, le PDS était de 160.9 ± 220 mGy.cm2 dans le groupe

    réalité augmentée versus 298.2 ± 190.2 mGy.cm2 dans le groupe scopie.

    Toujours en radiologie interventionnelle, l’équipe italienne du Dr M. Bellini et al. a présenté des résultats

    très prometteurs d’un traitement percutané des sténoses lombaires canalaires et foraminales. L’étude

    portait sur 40 patients présentant une claudication intermittente. La procédure consistait en la mise en

    place d’un dispositif au niveau de l’espace inter-épineux. Une diminution significative des douleurs était

    démontrée chez 36 patients (p

  • De même, une équipe de San Francisco (Dr SC. Foreman et al.), s’est vue récompensée pour ses travaux

    sur l’étude des cartographies T2* du cartilage du genou chez des patients présentant un diabète de type

    2 vs des sujets contrôles. Les patients diabétiques présentaient une diminution significative de la valeur

    moyenne T2*, ce qui pourrait favoriser la survenue d’arthropathies dégénératives.

    IMAGERIE CARDIAQUE – Virgile CHEVANCE (relecture Damien MANDRY)

    Les points principaux que je retiendrais de ce RSNA 2019 concernant les innovations en imagerie

    cardiaque concernent le 4D flow et les séquences paramétriques en IRM, la confirmation de l’intérêt du

    scanner de perfusion mettant en balance la FFR CT et le développement d’outils de mesure quantitatifs

    en post traitement. Je noterais également l’explosion du nombre de projets Chinois qui formaient

    souvent le principal contingent d’abstracts scientifiques présentés dans les sessions.

    L’imagerie de contraste de phase en 3 dimensions, dite 4D flow a été mise en avant dans de nombreux

    projets de recherche. Je retiendrais principalement

    1) Une très belle présentation du Dr Azarine (de l’hôpital St Joseph- Résumé SSE 03-03) sur son utilisation dans le suivi des cardiopathies congénitales opérées. Il a insisté sur l’intérêt

    potentiel d’utiliser une séquence dite de Dual-Venc, avec deux vitesses d’encodage

    différentes. L’ajout d’une basse vitesse d’encodage permet une meilleure analyse des flux

    veineux, avec un meilleur rapport vitesse sur bruit. Elle permet également d’analyser le flux

    portal ce qui peut avoir un intérêt pour évaluer le retentissement hémodynamique.

    2) Concernant les cardiomyopathies, l’impact des trabéculations sur les flux VG dans les CMH obstructives a été étudié en 4D Flow par une équipe de Pékin (résumé SSM04-05). Ils ont

    mis en évidence un net déséquilibre dans la répartition des flux au cours du cycle, avec une

    importante augmentation du volume résiduel et une diminution du « retained inflow » (ce

    qui rentre à travers la mitrale sans ressortir à travers la valve aortique, au cours du cycle).

    Ils pensent que cette modification des profils de flux pourrait permettre de détecter des CMH

    en « début d’obstruction ».

    On retiendra plusieurs présentations sur l’importance du diagnostic de cardiomyopathies secondaires

    dites « toxiques » après certains traitements.

    1) Une équipe Canadienne de Toronto (résumé SSC02-03) a suivi sur 10 ans des patients traités par des antipaludéens de synthèse, principalement pour un lupus ou une polyarthrite

    rhumatoïde, et a montré que les patients peuvent développer une CMH sous traitement.

    Cette cardiomyopathie est appelée AMIC : antimalarial induced cardiomyopathy. Une

    durée d’exposition au traitement longue (>8ans) est le principal facteur de risque de

    développer cette atteinte. Associé à cet aspect de CMH, des prises de contraste sur le LGE

    sont fréquentes avec une topographie caractéristique, prédominant dans les segments inféro-

    latéral et antéro-septal basaux. Cet aspect est donc très proche du Fabry et constitue un vrai

    diagnostic différentiel à évoquer en cas de contexte particulier. Le mapping T1 peut être mis

    en défaut car ce traitement provoque l’accumulation de métabolite pouvant également

    abaisser le T1. Le contexte particulier de survenue de cette pathologie est le seul vrai critère

    permettant de s’en sortir.

    2) Une équipe d’Hambourg (résumé SSC02-05) a étudié l’apparition de cardiomyopathie après cancer du sein traité par chimiothérapie à base d’anthracycline, en monitorant les patientes

    par IRM cardiaque (40 patientes, 3 IRM, Baseline, clôture du traitement (environ 5-6 mois)

    et à 1 an). On note une nette augmentation du T1 initialement et un retour à la normale à 1

    an. On note également une baisse initiale des volumes et une élévation de la masse (aspect

    de remaniement concentrique du VG). Sur l’évaluation tardive, on retrouve une élévation

    progressive des volumes. L’aspect qu’ils décrivent n’est donc pas le profil de CMD typique

    souvent évoqué. Il peut même persister un aspect un peu hypertrophique sur le médio VG

    sur l’exploration tardive. La cardiopathie se déroulerait donc en deux phases, avec un

  • remaniement concentrique initial, avec élévation du T1 mapping, puis dans un second temps

    une dilatation avec augmentation des volumes, qui aboutirait finalement à l’aspect de CMD

    souvent décrit dans la littérature en post-chimiothérapie.

    3) Enfin une équipe de San Donato, à Milan (résumé SSG02-05), a étudié l’intérêt de mesurer le volume extra cellulaire (ECV) sur les scanners de suivi de patientes traitées pour des

    cancers du sein (sans gating!). Ils ont montré une augmentation significative de l’ECV chez

    toutes les patientes traitées par anthracyclines, mais avec des variations différentes, ce qui

    laisse à penser qu’on pourrait envisager d’inclure ce paramètre dans le suivi des patientes

    sous chimiothérapie. Des études sur le devenir des patientes en fonction de la variation de

    l’ECV semblent d’importance majeure pour valider ce biomarqueur : permet-il de prédire

    les patientes qui vont évoluer vers une vraie cardiomyopathie ?

    Concernant ces paramètres de caractérisation tissulaire par cartographie, il y eut une session

    scientifique consacrée aux myocardites et à l’inflammation (résumé SSJ003). Je soulignerais en

    particulier les présentations à propos des critères de Lake Louise actualisés en 2018, avec le recours aux

    cartographies de T1 et de T2, qui semblent améliorer la sensibilité du diagnostic.

    Une équipe chinoise du Sichuan (résumé SSC02-08) a étudié la dysfonction microvasculaire dans la

    cardiomyopathie amyloïde. Ils ont fait une analyse des paramètres descriptifs des courbes de

    rehaussement segmentaires du myocarde en IRM, sur une séquence de perfusion, décrites avec les

    paramètres habituels. Ils ont également corrélé ces résultats aux valeurs de strain segmentaires en IRM.

    Ils ont comparé leur population d’amylose avec des cardiopathies hypertrophiques non-amyloïdes. Ils

    ont trouvé une colocalisation des troubles de la microperfusion (sur plusieurs paramètres) dans les

    segments ayant un strain segmentaire le plus altéré. Simple colocalisation dans les segments les plus

    malades ou véritable lien de causalité ?

    Une équipe italienne (résumé SSG02-08) développe des séquences de Dark Blood LGE qui semblent

    très convaincantes et devraient arriver dans les années à venir : la prise de contraste est

    vraisemblablement mieux visible notamment pour les portions au contact de la graisse épicardique qui

    est également effacée sur ces séquences. L’évaluation de la transmuralité de la prise de contraste semble

    facilitée.

    Une session entière s’est tenue sur l’utilisation de la FFR-CT en scanner (Session CA167-ED-WEA8),

    malheureusement comme vous le savez l’utilisation en France est limitée par le coût d’utilisation.

    Difficile de se faire une idée. Plusieurs publications récentes dont une dans Radiology en octobre 2019

    ont fait état de sa possible remise en cause notamment par l’arrivée de paramètres quantitatifs en Scanner

    de perfusion. Quoiqu’il en soit, plusieurs études sont menées actuellement sur cette technique. On

    retiendra une étude sur son utilisation dans la douleur thoracique aiguë chez les patients consultants aux

    urgences. Les auteurs ont trouvé que la FFR CT permet de reclasser les patients CAD RADS 3 en CAD

    RADS 2 ou 4 et ainsi orienter les patients vers la coronarographie pour les CAD RADS 4 ou d’autres

    explorations non coronaires pour les CAD RADS 2. L’inclusion des patients consultants pour « chest

    pain » m’a paru peu claire à utiliser en pratique clinique.

    Concernant l’imagerie TEP dans les endocardites infectieuses, une très belle étude menée par une

    équipe hollandaise (résumé SSG02-02) a remis en cause les recommandations européennes actuelles qui

    préconisent de ne pas faire de TEP-TDM pour la recherche d’endocardite dans les 3 mois suivant

    l’implantation d’une valve prothétique. Dans la première année suivant l’implantation d’une valve, les

    valeurs de SUV péri-valvulaire sont stables à 1, 3 et 12 mois, un peu élevées mais toujours avec un ratio

    inférieur à 2 en comparaison avec le blood-pool. Les auteurs pensent donc qu’on pourrait faire les TEP

    dès le 1er mois en utilisant un ratio. La valeur du SUV ne revenant à la normale seulement 1 ans après

    la chirurgie, les auteurs pensent que les recommandations devraient fixer la limite soit à un mois avec

    utilisation du ratio, soit à 1 ans avec valeurs de SUV.

    Enfin d’une session sur l’embolie pulmonaire (session SPSC20 et session SSK06) je retiendrais trois

    projets :

    1) Chez les patients à faible probabilité selon WELLS, un seuil de D-Dimères à 1000 peut être utilisé sans perte de sensibilité. On reste sur un seuil à 500 pour les patients avec probabilité

    intermédiaire. Il s’agit d’une grosse étude publiée récemment dans NEJM.

  • 2) Une équipe suisse a montré en rétrospectif sur 10 ans que l’utilisation des D-Dimères chez la femme enceinte n’est pas discriminante pour la suspicion d’EP. Il y a trop d’overlap entre

    les patientes EP et celles non EP.

    3) L’étude de la répartition du contraste dans l’aorte ascendante et descendante sur les scanner de patiente atteints d’EP serait pronostique de la survie à 1 mois.

    IMAGERIE THORACIQUE – Vincent LEVEZIEL, Laetitia PERRONNE (relecture Mathieu

    LEDERLIN)

    Quinze sessions scientifiques regroupant une centaine de communications ont été consacrées à

    l’imagerie thoracique, avec en thématique phare le dépistage du cancer pulmonaire et en toile de fond

    les performances toujours plus convaincantes de l’IA et de l’apprentissage machine.

    Nodules pulmonaires, dépistage du cancer

    Les performances des CAD reposant sur des algorithmes de deep learning ont été largement rapportées.

    Une équipe coréenne (Cho et al) a eu accès aux scanners baseline faussement négatifs de l’étude NLST

    (103 nodules dont 73 cancers). La sensibilité de leur algorithme était de 95% pour dépister tous les

    nodules, de 74% pour les cancers uniquement, avec un taux de faux positifs de 16%. Une étude similaire

    d’une équipe anglaise (Dowson et al), également réalisée à partir des scanners baseline de NLST, a

    montré qu’un algorithme de deep learning possédait une sensibilité supérieure aux critères LungRADS

    ou au modèle de Brock pour diagnostiquer les futurs cancers (95% vs. 85% et 80%, respectivement).

    Les équipes de Baltimore et de la Brock University (Huang, Tammemagi et al) ont montré sur deux

    cohortes de dépistage (NLST et PanCan, 25097 et 2294 patients respectivement) que la prédiction de

    malignité par machine learning était supérieure à celle des critères LungRADS, permettant notamment

    d’identifier les formes les plus agressives parmi les cancers de stade I et II.

    La stratégie décisionnelle pour le dépistage aux Etats-Unis repose sur la classification LungRADS,

    cependant celle-ci est basée sur des avis d’experts et n’a pas fait l’objet d’une validation prospective.

    Cette classification est notamment discutée pour la gestion des nodules contenant du verre dépoli, purs

    ou mixtes. Une équipe de Boston (Hammer et al) a montré sur 434 nodules subsolides issus de l’étude

    NLST que le risque réel de malignité était sous-estimé pour les nodules LungRADS 2 (3% de malignité

    retrouvée contre

  • Citons aussi une étude qui rassurera les angoissés de l’IA : l’équipe de Nijmegen aux Pays-Bas (Jacobs,

    Prokop, van Ginneken) a étudié les performances des 10 meilleurs algorithmes du Kaggle Data Science

    Bowl 2017 pour prédire le risque de malignité dans le dépistage, et les a comparées à celles de 11

    radiologues experts. Si les performances des algorithmes de deep learning sont prometteuses

    (AUC=0.86), elles restent inférieures à celles des experts (AUC=0.90), ces derniers ayant néanmoins

    besoin d’un temps de lecture compris entre 1’36 et 4’35 par cas.

    Enfin, les techniques d’IA pourraient peut-être à l’avenir repositionner la radiographie thoracique dans

    le dépistage du cancer du poumon. Rappelons que la radiographie n’a jusqu’ici jamais montré de

    bénéfice sur la mortalité spécifique dans le dépistage (étude PLCO, JAMA 2011). Une équipe coréenne

    (Jang et al) a développé un algorithme de deep learning permettant de détecter des petites lésions

    difficiles à voir en radiographie. Sur 127 lésions initialement manquées en RT et secondairement (après

    double relecture) étiquetées comme suspectes, l’algorithme a permis la détection de 54% d’entre elles

    avec seulement 24% de faux positifs.

    Caractérisation du cancer du poumon, radiomique

    Les innovations dans la caractérisation non invasive des tumeurs sont de plus en plus basées sur des

    travaux de radiomique, avec plusieurs sessions dédiées, et des études de qualité inégale souvent très

    éloignées du classique modèle hypothético-déductif. Les résultats prometteurs de la radiomique doivent

    toujours être tempérés par les problèmes de reproductibilité et de standardisation des méthodes. Une

    équipe coréenne (Park et al) s’est ainsi attaquée au problème de la variabilité des outcomes en fonction

    de l’épaisseur des coupes TDM. Ces auteurs ont montré qu’en convertissant, via un réseau de neurones,

    des coupes TDM d’épaisseur variable en coupes de 1mm, on améliorait significativement la

    reproductibilité de paramètres radiomiques dans le cancer du poumon. Indépendamment de ces

    considérations techniques, plusieurs études ont identifié des critères radiomiques permettant de prédire

    la survie des patients mutés EGFR (Yousefi et al), la survie des patients stades 4 traités par sels de

    platine (He et al), l’existence d’un STAS i.e. l’extension tumorale au sein des voies aériennes (Gong et

    al), ou encore le caractère bénin ou malin des adénopathies médiastinales (Borse et al, Cong et al).

    Hors du champ de la radiomique, mentionnons une belle étude lilloise (Dewaguet et al) montrant que la

    néovascularisation au niveau du front d’invasion de la tumeur, évaluée en TDM de perfusion double

    énergie, est corrélée aux marqueurs immunohistochimiques d’hypoxie tissulaire et donc au risque de

    progression tumorale. Des études chinoises ont rapporté les performances étonnantes du scanner spectral

    pour différencier les types histologiques de cancer bronchique (Ren et al), ou pour prédire l’expression

    du marqueur de prolifération cellulaire Ki67 (Dou et al).

    Embolie pulmonaire

    Une méta-analyse canado-égyptienne (Abdellatif et al) a rapporté les performances diagnostiques du

    scanner double énergie dans l’EP. Seulement 7 études étaient suffisamment homogènes pour être

    conservées dans l’analyse finale. Celles-ci possédaient une sensibilité poolée de 88% et une spécificité

    de 93%. Selon une étude de Boston, les anomalies perfusionnelles qualitatives et quantitatives

    retrouvées en TDM double énergie semblent être des prédicteurs indépendants du devenir des patients

    avec embolie pulmonaire (Borse et al).

    L’équipe de Lausanne (Rotzinger et al) a rapporté son expérience d’angioscanner thoracique chez 229

    femmes enceintes au cours des 17 dernières années. Le taux d’angioscanners positifs pour l’EP n'était

    que de 7%, tandis que 30% des patientes avaient un diagnostic alternatif et 63% un scanner normal. Les

    auteurs ont par ailleurs observé au fil de ces 17 ans une hausse continue du recours à l’angioscanner

    dans la grossesse, tandis que la dose délivrée par les différentes générations de scanners baissait

    concomitamment. Toujours chez la femme enceinte, une équipe de l’état de New York (Cohen et al)

    s’est intéressée au facteur de conversion permettant de passer du produit dose longueur à la dose efficace

    en angioscanner thoracique. Ces auteurs ont montré en effectuant des simulations par méthode de

    Monte-Carlo, que compte-tenu d’une radiosensibilité accrue chez la femme enceinte, ce facteur devait

    être de 0.0249 et non pas de 0.014 tel qu’il est traditionnellement fixé en TDM thoracique.

  • L’IA s’invite bien sûr