rapport mondial sur le développement humain...

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Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008 La lutte contre le changement climatique : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé Édité pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)

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  • Rapport mondial sur le dveloppement humain 2007/2008La lutte contre le changement climatique : un impratif de solidarit humaine dans un monde divis

    dit pour le Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD)

  • Copyright 2007

    par le Programme des Nations Unies pour le dveloppement

    1 UN Plaza, New York, New York, 10017, USA

    Tous droits rservs. Aucune partie de cette publication ne peut faire lobjet dune

    reproduction, tre conserve dans un systme de recherches de donnes, ou transmise,

    quelle que soit la forme ou les moyens correspondants, lectroniques, mcaniques,

    photostatiques, par enregistrement ou autres, sans permission pralable.

    ISBN : 978-2-7071-5356-2

    ditions La Dcouverte

    9 bis, rue Abel-Hovelacque

    75013 Paris

    Imprim par Colorcraft of Virginia (Sterling, Virginie). La couverture est imprime sur papier 15 pt Tango Advantage de Mead/Westvaco Paper,

    recouvert dun ct, sans chlore et conforme aux directives de lInitiative pour une fort durable. Les pages de texte sont imprimes sur papier

    Rolland lisse opaque 60# de Cascades Mills, un papier sans chlore constitu de 30 % de fibres recycles laves de toute encre et certifi par le

    Conseil de gestion de la fort. La couverture et le texte sont tous deux imprims avec des encres vgtales et produits grce une technologie

    compatible avec lenvironnement.

    30%Groupe de produits issus de forts bien gres et de sources contrles, et obtenus partir de bois ou de fibres recyclswww. fsc.org Cert no. SCS-COC-00648

    Sources mixtes

    dition : Green Ink Inc.Couverture : talking-boxConception et prsentation des information : Mapping Worlds, Phoenix Design Aid et Zago

    Traduction et maquette : TransPerfect Translations, Inc.

    Pour une liste des erreurs et omissions dceles la suite de limpression, veuillez

    consulter notre site Web ladresse http://hdr.undp.org

  • Directeur et auteur principal :

    Kevin Watkins.

    Recherches et statistiques :

    Cecilia Ugaz (directrice adjointe et rdactrice en chef), Liliana Carvajal, Daniel Coppard, Ricardo Fuentes Nieva, Amie Gaye, Wei Ha, Claes Johansson, Alison Kennedy (responsable des statistiques), Chris Kuonqui, Isabel Medalho Pereira, Roshni Menon, Jonathan Morse et Papa Seck.

    Production et traduction :

    Carlotta Aiello et Marta Jaksona.

    Travail de proximit et communications :

    Maritza Ascencios, Jean-Yves Hamel, Pedro Manuel Moreno et Marisol Sanjines (responsable du travail de proximit).

    quipe du Rapport mondial sur le dveloppement humain 2007/2008

    Bureau du Rapport mondial sur le dveloppement humain (Human Development

    Report Office, HDRO) : le Rapport mondial sur le dveloppement humain est le fruit dun travail collectif. Les membres de lUnit du Rapport national sur le dveloppement humain (National Human Development Report Unit, NHDRU) apportent des commentaires dtaills et des conseils tout au long du processus de recherche. Ils associent galement la rdaction du rapport un rseau de recherche mondial dans les pays en dveloppement. Lquipe du NHDRU est compose de Sharmila Kurukulasuriya, Mary Ann Mwangi et Timothy Scott. Lquipe administrative du HDRO assure la charge du fonctionnement du bureau et comprend Oscar Bernal, Mamaye Gebretsadik, Melissa Hernandez et Fe Juarez-Shanahan. Lexploitation est gre par Sarantuya Mend.

    RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 iii

  • iv RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    Avant-proposRMDH

    Les changements climatiques sont scientifiquement indniables. Limpact exact des gaz effet de serre est difficile prvoir et les prdictions scientifiques en la matire sont assez approximatives. Mais nous en savons dj assez pour comprendre que les ris-ques sont levs et potentiellement catastrophiques, comme la fonte des plaques de glace du Groenland et de lAntarctique occidental (ce qui submergerait un nombre de pays) et les changements du cours du Gulf Stream, qui engendreraient des changements climatiques considrables.

    La prudence et lavenir de nos enfants et de leurs enfants exigent que nous agissions ds mainte-nant. Cest une forme dassurance contre des pertes potentiellement trs importantes. Le fait que nous ne cernions pas bien la probabilit de ces pertes ou leur chronologie exacte ne constitue pas un argu-ment valide contre la prise de cette assurance. Nous savons que le danger est bien rel. Nous savons que les dgts dus aux missions de gaz effet de serre sont irrversibles pendant de longues dures. Nous savons que le danger augmente avec chaque jour qui passe sans agir.

    Mme si nous vivions dans un monde o tous les Hommes avaient le mme niveau de vie et subis-saient les retombes des changements climatiques de la mme manire, nous devrions quand mme agir. Si le monde ntait quun seul pays dont tous les citoyens bnficiaient de niveaux de revenus similaires et tous taient exposs peu prs aux

    mmes changements climatiques, la menace du r-chauffement plantaire entranerait tout de mme des dgts substantiels au bien-tre et la prosprit de lhumanit avant la fin du sicle.

    En ralit, le monde est trs htrogne : les Hommes ont des niveaux de revenus ingaux. Les richesses et les changements climatiques affecte-ront les rgions de manire trs diffrente. Pour nous, cest la raison la plus importante dagir rapide-ment. Le changement climatique a dj commenc affecter certaines des communauts les plus pau-vres et les plus vulnrables au monde. Laugmenta-tion mondiale de la temprature moyenne de 3 C (compare aux tempratures prindustrielles) pour les dcennies venir rsulterait en une fourchette daugmentations localises qui pourrait tre deux fois plus large dans certains endroits. Les effets des scheresses accentues, des phnomnes mtorolo-giques extrmes, des temptes tropicales et de ll-vation du niveau de la mer sur une grande partie de lAfrique, sur de nombreuses petites les et sur les zones ctires seront visibles ds notre poque. En termes de produit intrieur brut (PIB) mondial, ces effets court terme ne seront pas significatifs. Mais pour certains des peuples les plus dfavori-ss du monde, les consquences risquent dtre apocalyptiques.

    long terme, les changements climatiques repr-sentent une menace grave pour le dveloppement de lhumanit et certains endroits ils mettent dj en

    Nos actions concernant le changement climatique auront des rpercussions qui du-reront tout un sicle, voire plus. La portion de ces changements due aux missions de gaz effet de serre est irrversible court terme. Les gaz emmagasineurs de cha-leur que nous envoyons dans latmosphre en 2008 y seront encore jusquen 2108 et au-del. Les choix que nous faisons aujourdhui influenceront non seulement nos propres vies, mais galement celles de nos enfants et de nos petits-enfants. Les chan-gements climatiques nen sont que plus difficiles grer au niveau politique.

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 v

    danger les efforts dploys par la communaut inter-nationale en vue de rduire de la pauvret extrme.

    Les conflits violents, les ressources insuffisan-tes, le manque de coordination et une politique hsitante continuent de ralentir les progrs du d-veloppement, en Afrique en particulier. Cepen-dant, de nombreux pays ont fait de rels progrs. Par exemple, le Viet Nam a pu rduire la pauvret de moiti et assurer lducation primaire pour tous largement en avance sur son objectif de 2015. Le Mozambique a galement russi rduire la pau-vret de manire significative et augmenter les inscriptions scolaires tout en rduisant les taux de mortalit infantile et maternelle.

    Cette progression du dveloppement peut tre progressivement ralentie par les changements clima-tiques. Nous devons par consquent considrer la bataille contre la pauvret et celle contre les change-ments climatiques comme des combats interdpen-dants. Ils doivent se renforcer mutuellement et nous devons russir sur les deux fronts simultanment. Le succs ncessitera une forte dose dadaptation car les changements climatiques continueront daffecter les pays les plus pauvres de manire significative mme si les efforts de rduction des missions commencent ds maintenant. Chaque pays devra dvelopper ses propres plans dadaptation, mais la communaut in-ternationale devra les aider.

    En rponse ce dfi et aux demandes urgentes manant des dirigeants des pays en voie de dve-loppement, particulirement de lAfrique subsa-harienne, le Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE) ont inaugur un partenariat Nairobi au cours de la r-cente convention sur le climat de novembre 2006. Les deux agences se sont engages fournir une aide pour rduire cette vulnrabilit et dvelop-per la capacit des pays en voie de dveloppement profiter plus rgulirement du Mcanisme pour un dveloppement propre (MDP) dans les domaines des nergies propres et renouvelables, de lisolation climatique et des carburants alternatifs.

    Ce partenariat, qui permet au systme des Na-tions Unies dagir rapidement en rponse aux be-soins des gouvernements qui essayent de prendre en compte les changements climatiques dans leurs dcisions dinvestissements, est la preuve vivante de la dtermination des Nations Unies agir dun seul tenant pour relever le dfi du changement cli-matique. Par exemple, nous pouvons aider les pays qui amliorent leur infrastructure pour permettre leurs habitants de mieux faire face aux inondations

    plus importantes et aux phnomnes mtorologi-ques extrmes plus frquents et plus violents. Nous pourrions galement dvelopper des rcoltes qui r-sistent mieux aux intempries.

    Tout en poursuivant ladaptation, nous devons galement commencer rduire les missions et prendre dautres mesures dattnuation afin que les changements irrversibles dj en cours ne soient pas amplifis au cours des quelques prochaines d-cennies. Si nous ne prenons pas ds maintenant des mesures dattnuation, le cot de ladaptation sera dans 20 30 ans hors de porte pour les pays les plus pauvres.

    La stabilisation des missions de gaz effet de serre pour limiter les changements climatiques est une stratgie dassurance qui en vaut le prix pour la plante entire et reprsente un volet essentiel de notre combat contre la pauvret et en faveur de nos OMD (Objectifs du Millnaire pour le dve-loppement). Ce double objectif des politiques du climat doit en faire une priorit pour les dirigeants du monde entier.

    Mais, une fois tablie la ncessit de contrler les changements climatiques venir et daider les plus vulnrables sadapter linvitable, il nous faut maintenant pousser de lavant et identifier la nature de la politique qui nous aidera atteindre nos objectifs.

    Commenons par quelques observations prli-minaires. Tout dabord, nous devons effectuer des changements significatifs tant donne la trajec-toire mondiale actuelle. Notre politique doit tre aussi ambitieuse que les changements que cher-chons mettre en place.

    Ensuite, les cots court terme seront lourds. Nous devons investir maintenant pour contrler les changements climatiques. Les bnfices dans le temps seront considrables, mais au dbut, comme pour tout autre investissement, nous devons avoir la volont dassumer ces cots. Cest un dfi pour la gouvernance dmocratique : les systmes politiques devront saccorder payer les cots maintenant et ne raliser les profits qu long terme. Les dirigeants devront tendre leur vision au-del de leurs chan-ces lectorales.

    Nous ne sommes pas trop pessimistes. Dans la bataille contre les taux dinflation bien plus levs du pass lointain, les dmocraties ont russi crer des institutions comme des banques centrales plus auto-nomes et des politiques fortement engages qui ont permis des taux dinflation bien infrieurs malgr les tentations court terme de simplement imprimer de largent. Le mme phnomne doit avoir lieu pour le

  • vi RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    climat et lenvironnement : les socits vont devoir sengager long terme et sacrifier les gratifications court terme pour le bonheur long terme.

    Nous tenons ajouter que malgr le prix court terme de la transition vers des nergies et des styles de vie protecteurs du climat, plus tard vien-dront probablement des avantages conomiques dus la stabilisation des tempratures. Ces avan-tages seront sans doute raliss travers des mca-nismes keynsiens et schumptriens par lesquels de nouvelles incitations des investissements mas-sifs stimulent la demande gnrale et la cration destructive, en dbouchant sur des bonds en ma-tire dinnovation et de productivit dans de nom-breux secteurs. Il est impossible de prdire quan-titativement lampleur de ces effets, mais si nous les prenons en compte nous pourrons atteindre de meilleurs rapports cots-bnfices pour les bonnes politiques climatiques.

    La conception dune bonne politique devra prendre en compte le risque que nous nous repo-sions trop sur les contrles bureaucratiques. Bien que le leadership des gouvernements soit essentiel pour corriger cette norme contrainte externe que reprsente le changement climatique, les marchs et la comptitivit des prix devront tre mis contri-bution de manire ce que les dcisions du secteur priv se traduisent plus naturellement en des dci-sions dinvestissement et de production optimales.

    Le carbone et les gaz quivalents doivent avoir un prix de manire ce que leur utilisation reflte leur vritable cot social. Cest lessence de la poli-tique dattnuation. Le monde a pass des dcen-nies se dbarrasser des restrictions quantitatives, en particulier dans le domaine des changes inter-nationaux. Ce nest pas le moment de retourner un systme de quotas et de contrles bureaucrati-ques massifs cause du changement climatique.

    Les objectifs dmission et defficacit nergtique ont un rle important jouer, mais cest le systme de prix qui doit faciliter notre travail. Cela ncessi-tera un approfondissement prononc du dialogue entre les conomistes, les climatologues et les envi-ronnementalistes. Nous esprons que ce Rapport mondial sur le dveloppement humain (RMDH) contribuera un tel dialogue.

    Les plus difficiles dfis politiques sont dans le domaine de la distribution. Bien que le risque soit potentiellement catastrophique pour tous, la dis-tribution des cots et des bnfices court terme sera loin dtre uniforme. Le dfi de distribution est dautant plus difficile car ceux qui ont le plus gnreusement contribu au problme, les pays riches, ne sont pas ceux qui vont souffrir le plus court terme. Ce sont les pays les plus pauvres, qui nont pas contribu et ne contribuent toujours pas de manire significative aux missions de gaz effet de serre, qui sont les plus vulnrables. Entre les deux extrmes, de nombreux pays aux revenus moyens commencent, en tant que groupe, contribuer de manire significative aux missions, sans pour autant avoir accumul une dette similaire celle des pays riches et restent des taux dmissions par habitant faibles. Nous devons dfinir une politi-que, acceptable thiquement et politiquement, qui nous permette de nous lancer, de faire un premier pas mme si de nombreux dsaccords subsistent sur le partage long terme des charges et des b-nfices. Nous ne devons pas permettre aux dsac-cords sur la rpartition de bloquer le progrs de la mme manire que nous ne pouvons pas attendre de connatre avec certitude la trajectoire exacte du changement climatique avant dagir. L aussi, nous esprons que ce Rapport mondial sur le dveloppe-ment humain facilitera le dbat et nous permettra de commencer ce priple.

    Kemal Dervi Achim SteinerAdministrateur Directeur Gnral PNUD PNUE

    Lanalyse et les recommandations faites dans le prsent Rapport ne refltent pas ncessairement les vues du Programme des Nations Unies pour le Dveloppement, de son Conseil excutif ou des ses tats membres. Le Rapport est une pub-lication indpendante, commandite par le PNUD. Il est le fruit de la collaboration dune quipe dminents consult-ants et conseillers, ainsi que de lquipe du Rapport mondial sur le dveloppement humain. Kevin Watkins, Directeur du Bureau du Rapport mondial sur le dveloppement humain, a encadr cette mission.

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 vii

    Remerciements

    Collaborateurs Des rapports dtude, articles et notes ont t

    rdigs sur une grande diversit de thmes lis au rapport. Ces collaborateurs sont : Anu Adhikari, Mozaharul Alam, Sarder Shafiqul Alam, Juan Carlos Arredondo Brun, Vicki Arroyo, Albertina Bambaige, Romina Bandura, Terry Barker, Philip Beauvais, Suruchi Bhadwal, Preety Bhandari, Isobel Birch, Maxwell Boykoff, Karen OBrien, Oli Brown, Odn de Buen, Peter Chaudhry, Pedro Conceio, Pilar Cornejo, Caridad Canales Dvila, Simon D. Donner, Lin Erda, Alejandro de la Fuente, Richard Grahn, Michael Grimm, Kenneth Harttgen, Dieter Helm, Caspar Henderson, Mario Herrero, Salee-mul Huq, Ninh Nguyen Huu, Joseph D. Intsiful, Katie Jenkins, Richard Jones, Ulka Kelkar, Stephan Klasen, Arnoldo Matus Kramer, Kishan Khoday, Roman Krznaric, Robin Leichenko, Anthony Lei-serowitz, Junfeng Li, Yan Li, Yue Li, Peter Linguiti, Gordon MacKerron, Andrew Marquard, Ritu Ma-

    thur, Malte Meinshausen, Mark Misselhorn, Sreeja Nair, Peter Newell, Anthony Nyong, David Oc-kwell, Marina Olshanskaya, Victor A. Orindi, James Painter, Peter D. Pederson, Serguey Pegov, Renat Perelet, Alberto Carillo Pineda, Vicky Pope, Golam Rabbani, Atiq Rahman, Mariam Rashid, Bimal R. Regmi, Hannah Reid, J. Timmons Roberts, Greet Ruysschaert, Boshra Salem, Jrgen Schmid, Dana Schler, Rory Sullivan, Erika Trigoso Rubio, Md. Rabi Uzzaman, Giulio Volpi, Tao Wang, James Watson, Harald Winkler, Mikhail Yulkin et Yan-chun Zhang.

    Plusieurs organisations ont gnreusement mis notre disposition leurs donnes et documents de re-cherche : Agence Franaise de Dveloppement ; Am-nesty International ; Carbon Dioxide Information and Analysis Center (centre danalyse des donnes et des informations sur les changements climatiques du ministre de lnergie des tats-Unis) ; Secrtariat

    Le prsent rapport a t prpar grce la contribution gnreuse des nombreuses personnes et organisations ci-aprs. Nous souhaitons remercier tout spcialement Malte Meinshausen du Potsdam Institute for Climate Impact Research, qui nous a offert avec patience une aide constante et ses conseils sur de nombreux aspects tech-niques. Nombre dautres personnes ont apport leur contribution au rapport, soit directement, en fournissant des textes dappui, des commentaires sur les brouillons et en participant des dbats, soit indirectement, par leurs recherches. Les auteurs souhaitent aussi souligner quils sont redevables au quatrime rapport dvaluation du Groupe intergouvernemental dexperts sur lvolution du climat, source incom-parable de preuves scientifiques, et Sir Nicholas Stern et son quipe, signataires du rapport The Economics of Climate Change. De nombreux collgues des Nations Unies ont gnreusement offert leur temps, leur expertise et leurs ides. Lquipe du rapport sur le dveloppement humain a reu laide prcieuse de M. Kemal Dervi, administrateur du PNUD. Nous remercions tous ceux et toutes celles qui, directe-ment ou indirectement, ont guid nos efforts et nous rservons lentire responsabi-lit des erreurs ou omissions ventuelles.

  • viii RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    du CARICOM ; Center for International Com-parisons of Production, Income and Prices (centre de comparaison de la production, du revenu et des prix internationaux) de la University of Pennsylva-nia ; Development Initiatives ; Department for In-ternational Development ; Environmental Change Institute de luniversit dOxford ; Commission europenne ; Organisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture ; Global Environment Facility ; Global IDP Project ; IGAD Climate Pre-diction and Applications Centre (ICPAC) ; Institut dtudes du dveloppement ; International Centre for Prison Studies ; Internally Displaced Monitoring Centre ; Institut international de recherche sur le climat et la socit ; Agence internationale de lner-gie ; Institut International pour lEnvironnement et le Dveloppement ; International Institute for Stra-tegic Studies ; Organisation Internationale du Tra-vail ; Fonds Montaire International ; Organisation internationale pour les migrations ; Union interna-tionale des tlcommunications ; Union interparle-mentaire ; Programme Commun des Nations Unies Sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) ; Luxembourg In-come Study ; Macro International ; Organisation de coopration et de dveloppement conomiques ; Overseas Development Institute ; Oxfam ; le Centre Pew sur les changements climatiques globaux ; Prac-tical Action Consulting ; Stockholm International Peace Research Institute ; Stockholm International Water Institute ; Tata Energy Research Institute ; Met Office ; Fonds des Nations Unies pour lEn-fance ; Confrence des Nations Unies sur le Com-merce et le Dveloppement ; Dpartement des af-faires conomiques et sociales des Nations Unies ; Fonds de dveloppement des Nations Unies pour la femme ; Institut des statistiques de lUNESCO ; Haut Commissariat des Nations Unies pour les r-fugis ; Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, section trait ; Bureau des affaires juridiques de lONU ; University of East Anglia ; WaterAid ; Banque mondiale ; Organisation mondiale de la sant ; Organisation mtorologique mondiale ; Or-ganisation mondiale du commerce ; Organisation Mondiale de la Proprit Intellectuelle et le World Wildlife Fund.

    Groupe consultatif Le rapport a grandement bnfici de laide in-

    tellectuelle dun groupe consultatif externe dex-perts. Le groupe se composait de : Monique Barbut, Alicia Brcena, Fatih Birol, Yvo de Boer, John R. Coomber, Mohammed T. El-Ashry, Paul Epstein,

    Peter T. Gilruth, Jos Goldemberg, HRH Crown Prince Haakon, Saleem Huq, Inge Kaul, Kivutha Kibwana, Akio Morishima, Rajendra Pachauri, Jiahua Pan, Achim Steiner, HRH Princess Basma Bint Talal, Colleen Vogel, Morris A. Ward, Ro-bert Watson, Ngaire Woods et Stephen E. Zebiak. Un groupe consultatif sur les statistiques a offert une contribution inestimable, en particulier Tom Griffin, premier consultant en statistiques pour le rapport. Les membres du groupe sont : Carla Abou-Zahr, Tony Atkinson, Haishan Fu, Gareth Jones, Ian D. Macredie, Anna N. Majelantle, John Male-Mukasa, Marion McEwin, Francesca Perucci, Tim Smeeding, Eric Swanson, Pervez Tahir et Michael Ward. Lquipe est reconnaissante Partha Deb, Shea Rutstein et Michael Ward qui ont tudi une analyse de risque et de vulnrabilit du Bureau du rapport mondial sur le dveloppement humain et offert leur expertise en statistiques.

    Consultations Les membres du Bureau du rapport mondial sur

    le dveloppement humain ont accs individuellement et collectivement un vaste rseau de consultation. Les participants un dbat du rseau du dveloppe-ment humain ont fait part de leur vision et de leurs observations sur de nombreux aspects des liens entre lvolution climatique et le dveloppement humain. Lquipe du rapport souhaite galement remercier Neil Adger, Keith Allott, Kristin Averyt, Armando Barrientos, Haresh Bhojwani, Paul Bledsoe, Tho-mas A. Boden, Keith Briffa, Nick Brooks, Katrina Brown, Miguel Ceara-Hatton, Fernando Caldern, Jacques Charmes, Lars Christiansen, Kirsty Clough, Stefan Dercon, Jaime de Melo, Stephen Devereux, Niky Fabiancic, Kimberley Fisher, Lawrence Flint, Claudio Forner, Jennifer Frankel-Reed, Ralph Frie-dlaender, Oscar Garcia, Stephen Gitonga, Heather Grady, Barbara Harris-White, Molly E. Hellmuth, John Hoddinott, Aminul Islam, Tarik-ul-Islam, Ka-reen Jabre, Fortunat Joos, Mamunul Khan, Karoly Kovacs, Diana Liverman, Lars Gunnar Marklund, Charles McKenzie, Gerald A. Meehl, Pierre Monta-gnier, Jean-Robert Moret, Koos Neefjes, Iiris Niemi, Miroslav Ondras, Jonathan T. Overpeck, Vicky Pope, Will Prince, Kate Raworth, Andrew Revkin, Mary Robinson, Sherman Robinson, Rachel Slater, Leonardo Souza, Valentina Stoevska, Eric Swan-son, Richard Tanner, Haiyan Teng, Jean Philippe Thomas, Steve Price Thomas, Sandy Tolan, Emma Tompkins, Emma Torres, Kevin E. Trenberth, Jes-

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 ix

    sica Troni, Adriana Velasco, Marc Van Wynsberghe, Tessa Wardlaw et Richard Washington.

    Relecteurs du PNUD Un groupe de relecteurs, constitu de collgues

    du PNUD, nous a grandement aids par ses remar-ques, suggestions et contributions tout au long de la rdaction du rapport. Un merci tout spcial Pedro Conceio, Charles Ian McNeil et Andrew Mas-krey. Ils ont tous gnreusement investi beaucoup de leur temps dans le rapport et y ont contribu substantiellement. Dautres contributions ont t offertes par : Randa Aboul-Hosn, Amat Al-Alim Alsoswa, Barbara Barungi, Winifred Byanyima, Suely Carvalho, Tim Clairs, Niamh Collier-Smith, Rosine Coulibaly, Maxx Dilley, Philip Dobie, Bjrn Frde, Tegegnework Gettu, Yannick Glemarec, Luis Gomez-Echeverri, Rebeca Grynspan, Raquel Herrera, Gilbert Fossoun Houngbo, Peter Hun-nam, Ragnhild Imerslund, Andrey Ivanov, Bruce Jenks, Michael Keating, Douglas Keh, Olav Kjor-ven, Pradeep Kurukulasuriya, Oksana Leshchenko, Bo Lim, Xianfu Lu, Nora Lustig, Metsi Makhetha, Ccile Molinier, David Morrison, Tanni Mukho-padhyay, B. Murali, Simon Nhongo, Macleod Nyi-rongo, Hafiz Pasha, Stefano Pettinato, Selva Rama-chandran, Marta Ruedas, Mounir Tabet, Jennifer Topping, Kori Udovicki, Louisa Vinton, Cassandra Waldon et Agostinho Zacarias.

    dition, production et traduction Le rapport a bnfici du soutien et des conseils

    de lquipe ditoriale de Green Ink. Anne Moo-rhead a guid de ses conseils la structuration et la pr-sentation de lexpos. Sue Hainsworth et Rebecca Mitchell se sont charges des aspects techniques de la production et de ldition. La conception de la couverture et des diviseurs est une cration de Tal-king Box, les concepts visuels sont de Martn Sn-chez et Ruben Salinas, sur la base du gabarit conu par Grundy & Northedge en 2005. La conception mdiatique a t ralise par Phoenix Design Aid et Zago ; une des cartes gographiques (carte 1.1) a t dessine par Mapping Worlds. Phoenix Design Aid, sous la coordination de Lars Jrgensen, a aussi ralis la mise en pages du rapport.

    La production, la traduction, la distribution et la promotion du rapport ont bnfici de laide et du soutien des membres du Bureau des communi-cations du PNUD, en particulier Maureen Lynch et Boaz Paldi. La rvision des traductions a t confie

    Iyad Abumoghli, Bill Bikales, Jean Fabre, Albric Kacou, Madi Musa, Uladzimir Shcherbau et Oscar Yujnovsky.

    Ont galement contribu avec dvouement au rapport, Jong Hyun Jeon, Isabelle Khayat, Caitlin Lu, Emily Morse et Lucio Severo. Swetlana Goo-benkova et Emma Reed ont apport des contribu-tions de valeur lquipe des statistiques. Margaret Chi et Juan

    Arbelaez du Bureau des Nations Unies pour les services dappui aux projets se sont acquitts du sou-tien administratif et de la gestion.

    Kevin WatkinsDirecteur

    Rapport mondial sur le dveloppement humain 2007/2008

  • x RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    Tabledesmatires

    Avant-propos iv

    Remerciements vii

    Vuedensemble Laluttecontrelechangementclimatique:unimpratifdesolidarithumainedansunmondedivis 1

    Chapitre1 LedficlimatiqueduXXIesicle 21

    1.1 Changement climatique et dveloppement humain 24

    Contexte 24

    Changement climatique dangereux : cinq points de basculement du dveloppement humain 26

    1.2 La climatologie et le budget carbone mondial 31

    Changement climatique anthropique 31

    Comptabilit mondiale du carbone : rserves, flux et puits 32

    Scnarios de changement climatique : ce qui est connu, linconnue connue et les incertitudes 33

    1.3 Du niveau mondial au niveau local : valuer les bilans carbone dans un monde ingalitaire 39

    Bilans nationaux et rgionaux : limites de la convergence 39

    Ingalits en matire de bilan carbone : chacun sa mesure 42

    1.4 viter un changement climatique dangereux : une trajectoire dmissions durable 44

    Budget carbone pour une plante fragile 44

    Scnarios pour une scurit climatique : le temps disponible est en train de spuiser 48

    Cot de la transition vers des technologies faibles missions de carbone :

    les mesures dattnuation peuvent-elles tre finances ? 50

    1.5 Inaction : trajectoires vers un futur climatique non durable 52

    Rtrospective : le monde depuis 1990 52

    Perspectives davenir : bloques dans une trajectoire ascendante 53

    Facteurs dmissions croissantes 56

    1.6 Pourquoi agir afin dviter un changement climatique dangereux 58

    Responsabilit climatique dans un monde interdpendant 58

    Justice sociale et interdpendance cologique 59

    Justification conomique dune action urgente 61

    Action de mobilisation du public 64

    Conclusion 68

    Tableau Annexe 1.1 : Mesure du bilan carbone mondial : chantillon de pays et de rgions 69

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 xi

    Chapitre2 Chocsclimatiques:risquesetvulnrabilitdansunmondemarquparlingalit 71

    2.1 Les chocs climatiques et les cercles vicieux du faible dveloppement humain 75

    Catastrophes climatiques : une tendance qui se dessine de manire de plus en plus claire 75

    Risque et vulnrabilit 78

    Les piges du faible dveloppement humain 83

    Des chocs climatiques daujourdhui au dnuement futur : le cercle vicieux du faible dveloppement

    humain luvre 88

    2.2 Perspectives davenir : anciens problmes et nouveaux risques de changements climatiques 90

    Production agricole et scurit alimentaire : limpact de la hausse des tempratures et

    des changements de modles de prcipitations 90

    Scurit de leau et stress hydrique dans un monde en rchauffement 95

    Hausse du niveau de la mer et exposition aux risques climatiques extrmes 98

    cosystmes et biodiversit 102

    La sant humaine et les phnomnes mtorologiques extrmes 105

    Conclusion 107

    Chapitre3 viterunchangementclimatiquedangereux:stratgiesdattnuation 109

    3.1 Dfinition dobjectifs dattnuation 112

    Les budgets carbone : vivre selon nos ressources cologiques 113

    Multiplication des objectifs de rduction dmission 113

    Quatre problmes dobjectif dans llaboration du budget carbone 117

    Les objectifs comptent, mais les rsultats aussi 119

    3.2 Prix du carbone : le rle des marchs et des gouvernements 125

    Fiscalit contre march de permis dmission 125

    Permis dmission : leons du Systme dchange de droits dmission de lUnion europenne 128

    3.3 Rle critique de la rglementation et de laction gouvernementale 132

    Production dnergie : volution de la trajectoire dmissions 133

    Secteur rsidentiel : mesure dattnuation faible cot 135

    Normes dmission des vhicules 137

    Recherche, dveloppement et dploiement des technologies faibles missions de carbone 143

    3.4 Rle cl de la coopration internationale 147

    Place plus prpondrante accorde aux transferts technologiques et financiers 147

    Rduction de la dforestation 157

    Conclusion 161

  • xii RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    Chapitre4 Sadapterlinvitable:actionnationaleetcooprationinternationale 163

    4.1 Le dfi national 168

    Ladaptation dans le monde dvelopp 168

    La vie avec les changements climatiques : ladaptation dans les pays en voie de dveloppement 171

    Le cadrage des politiques nationales dadaptation 172

    4.2 Coopration internationale en matire dadaptation aux changements climatiques 185

    Largument en faveur de laction internationale 185

    Le financement actuel de ladaptation : trop peu, trop tard, trop fragment 186

    Relever le dfi de ladaptation : le renforcement de la coopration internationale en matire dadaptation 192

    Conclusion 198

    Notes 199

    Bibliographie 204

    Encadrs

    1.1 Les effets de rtroaction pourraient acclrer les changements climatiques 38 1.2 Des millions dindividus sont privs de laccs des services nergtiques modernes 45 1.3 Les pays dvelopps nont pas respect leurs engagements du Protocole de Kyoto 54 1.4 La responsabilit, lthique et la religion : des valeurs qui rassemblent face au

    changement climatique 61

    1.5 Comparaison cots/avantages et changement climatique 65 2.1 Sous-dclaration des catastrophes climatiques 77 2.2 Secteur de lassurance mondial : la rvaluation des risques climatiques 79 2.3 Louragan Katrina : aspects socio-dmographiques dune catastrophe 81 2.4 Scheresse et inscurit alimentaire au Niger 85 2.5 Ventes de dtresse au Honduras 87 2.6 Les inondations du sicle au Bangladesh 88 2.7 Les changements climatiques au Malawi 93 2.8 Les changements climatiques et la crise hydrique en Chine 97 2.9 Fonte des glaciers et perspectives de recul du dveloppement humain 99 2.10 Les changements climatiques et le dveloppement humain dans le delta du Mkong 100 3.1 Lexemple dun leader en matire de budget carbone : la Californie 116 3.2 Dcalage entre les rsultats et les objectifs au Canada 120 3.3 La loi sur le changement climatique du Royaume Uni : laboration dun budget carbone 121 3.4 Union europenne : les objectifs de 2020 et les stratgies concernant lnergie et le

    changement climatique 123

    3.5 Rduction de lintensit carbone dans les conomies en transition 124 3.6 nergie nuclaire : des questions pineuses 134

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 xiii

    3.7 nergies renouvelables en Allemagne : russite du tarif dachat 136 3.8 missions des vhicules : normes aux tats-Unis 139 3.9 Dveloppement de lhuile de palme et des biocombustibles : anecdote de mise en garde 144 3.10 Le charbon et la rforme de la politique nergtique en Chine 151 3.11 Rduire le bilan carbone de la croissance en Inde 152 3.12 Association des marchs du carbone aux OMD et au dveloppement durable 155 4.1 Ladaptation sur les les chars du Bangladesh 177 4.2 Le programme de protection sociale Productive Safety Net Programme dthiopie 180 4.3 Les transferts conditionnels de liquidit : le programme Bolsa Famlia du Brsil 181 4.4 La rduction de la vulnrabilit grce lagriculture au Malawi 182 4.5 Assurance contre les risques et adaptation 183 4.6 Les leons de lexprience du Mozambique 184 4.7 Programmes daction nationaux pour ladaptation (NAPA) : une approche limite 199

    Tableaux

    1.1 Les carts de temprature augmentent avec les stocks de CO2 : projections pour 2080 34 1.2 Les bilans carbone au niveau de lOCDE exigeraient plus dune plante 48 2.1 Les crises alimentaires dues la scheresse et le dveloppement humain

    sont intimement lis au Kenya 80

    2.2 Scheresse au Malawi : comment les pauvres font face 84 2.3 Les consquences des scheresses en thiopie 85 2.4 Lagriculture joue un rle essentiel dans les rgions en dveloppement 91 2.5 La hausse du niveau des mers aurait des rpercussions sociales et

    conomiques importantes 101

    3.1 Lambition des cibles en matire de rduction des missions est variable 114 3.2 Propositions pour le Systme dchange des droits dmission de lUnion europenne 131 3.3 Les missions de carbone sont lies la technologie des usines de charbon 149 3.4 Lefficacit nergtique industrielle est trs variable 150 4.1 Le compte de financement de ladaptation multilatrale 190 4.2 Le cot du dveloppement de la protection contre les lments 193 4.3 Investir dans ladaptation jusquen 2015 194

    Figures

    1.1 La hausse des missions de CO2 augmente le niveau des rserves atmosphriques et les tempratures 32

    1.2 Tempratures mondiales : trois scnarios possibles, selon le GIEC 35

  • xiv RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    1.3 Les missions de gaz effet de serre sont en majorit le fait de la production dnergie et des modifications de lutilisation des sols 40

    1.4 Les pays riches sont en tte du bilan des missions cumulatives 40 1.5 Les missions mondiales de CO2 sont trs concentres 41 1.6 Pays riches : bilans carbone importants 43 1.7 Vivre sans lectricit 44 1.8 La dpendance la biomasse persiste dans de nombreux pays 44 1.9 Laugmentation du risque de changement climatique dangereux suit celle

    des rserves de gaz effet de serre 46

    1.10 Le budget carbone du XXIe sicle sera puis avant la date prvue 47 1.11 La rduction de moiti des missions dici 2050 pourrait nous pargner

    un changement climatique dangereux 49

    1.12 Contraction et convergence pour un avenir durable 50 1.13 Les mesures strictes de rduction ne produisent pas de rsultats dans limmdiat 51 1.14 Certains pays dvelopps sont loin de leurs engagements et objectifs fixs par le

    Protocole de Kyoto 53

    1.15 Les missions de CO2 fruits de linaction suivent une courbe ascendante 56 1.16 Lintensit carbone baisse trop lentement pour permettre une rduction des

    missions globales 57

    2.1 Les catastrophes climatiques touchent plus de gens 75 2.2 Les risques de catastrophe affectent de manire disproportionne les pays en

    voie de dveloppement 76

    2.3 Les catastrophes climatiques tirent vers le haut les pertes de capitaux couverts 78 2.4 Les prestations dassurance sociale sont beaucoup plus importantes dans les

    pays riches 80

    2.5 La variabilit des revenus suit la variabilit des pluies en thiopie 91 2.6 Les changements climatiques feront surtout souffrir lagriculture des pays

    en voie de dveloppement 91

    2.7 Recul des glaciers dAmrique latine 98 3.1 La chute de lintensit carbone nest pas toujours synonyme de diminution

    des missions 119

    3.2 Les prix du carbone dans lUnion europenne sont volatiles 130 3.3 Le charbon devrait entraner une augmentation des missions de CO2

    du secteur nergtique 133

    3.4 nergie olienne aux tats-Unis : les capacits saccroissent et le cot chute 135 3.5 Les normes de rendement du combustible dans les pays riches varient normment 138 3.6 Une transition rapide des vhicules est possible : lexemple du Pakistan 142 3.7 Certains biocombustibles cotent moins et rduisent plus les missions de CO2 143 3.8 Le rendement accru du charbon pourrait aider rduire les missions de CO2 149 3.9 Les forts reculent 158 4.1 Ladaptation est un bon investissement dans lUnion europenne 170

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 xv

    4.2 Le foss de linformation climatologique en Afrique 173 4.3 Les flux daide doivent sintensifier pour tenir les engagements 188 4.4 Laide fondamentale lAfrique subsaharienne en stagnation 188 4.5 Les investissements des pays dvelopps crasent les fonds dadaptation internationaux 190 4.6 Portefeuilles daide menacs par les changements climatiques 191

    Cartes

    1.1 Carte des variations dmission de CO2 travers le monde 42 2.1 sec : les rgions touches par la scheresse sont en expansion en Afrique 92

    Contributionsspciales

    Changement climatique : nous pouvons gagner cette bataille ensemble, Ban Ki-moon 23

    La politique climatique dans le cadre du dveloppement humain, Amartya Sen 28 Notre avenir tous et le changement climatique, Gro Harlem Bruntland 59 Le changement climatique en tant que question de droits de lhomme

    Sheila Watt-Cloutier 82

    New York, chef de file du combat contre le changement climatique, Michael R. Bloomberg 117

    Action nationale pour affronter un enjeu mondial, Luiz Incio Lula da Silva 141 Nous navons pas besoin dapartheid en matire dadaptation aux changements

    climatiques, Desmond Tutu 166

    Labsence de choix est notre choix, Sunita Narain 187

    indicateurs du dveloppement humain

    Indicateursdudveloppementhumain 219

    Guidedulecteuretnotesrelativesauxtableaux 221

    Acronymesetabrviations 228

    Lesuividudveloppementhumain:llargissementdeschoixdespopulations

    1 Indicateur du dveloppement humain 229 1a Indicateurs de base pour les autres tats membres des Nations Unies 233 2 Tendances de lindicateur du dveloppement humain 234 3 Pauvret humaine et montaire : pays en voie de dveloppement 238 4 Pauvret humaine et montaire : pays de lOCDE, de lEurope centrale et de lEst et CEI 241

  • xvi RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    pourvivrelongtempsetenbonnesant

    5 Tendances dmographiques 243 6 Engagement en faveur de la sant : ressources, accs et services 247 7 Eau, assainissement et tat nutritionnel 251 8 Ingalits en matire de sant maternelle et infantile 255 9 Principaux risques et crises dans le domaine de la sant mondiale 257 10 Survie : progrs et recul 261

    pouracqurirdesconnaissances

    11 Engagement en matire dducation : dpenses publiques 265 12 Alphabtisme et scolarisation 269 13 Technologie : diffusion et cration 273

    pourdisposerdelaccsauxressourcesindispensablesunniveaudeviedcent

    14 Indicateurs de rsultats conomiques 277 15 Ingalits en termes de revenus et de dpenses 281 16 Structure des activits commerciales 285 17 Dpenses en matire daide des pays de lOCDE-CAD 289 18 Flux daide, de capitaux privs et dette 290 19 Priorits en matire de dpenses publiques 294 20 Chmage dans les pays de lOCDE 298 21 Chmage et travail dans le secteur non structur dans les pays non membres de lOCDE 299

    enleprservantpourlesgnrationsvenir

    22 nergie et environnement 302 23 Sources dnergie 306 24 missions et rserves de dioxyde de carbone 310 25 Situation des principaux traits internationaux portant sur lenvironnement 314

    enveillantlascuritdespopulations

    26 Rfugis et armements 318 27 Criminalit et justice 322

    etenparvenantlgalitdetouteslesfemmesetdetousleshommes

    28 Indicateurs sexospcifiques de dveloppement 326 29 Indicateur de la participation des femmes 330 30 Ingalits entre les sexes en matire dducation 334 31 Ingalit des sexes en matire dactivits conomiques 338 32 Sexospcificits en matire de travail et dallocation du temps 342 33 Participation politique des femmes 343

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008xvii

    Instrumentsenmatirededroitsdelhommeetdroitsdutravail

    34 Statut des principaux instruments internationaux de dfense des droits de lhomme 347 35 Situation des conventions fondamentales lies au droit du travail 351

    Fichetechnique1 355

    Fichetechnique2 362

    Dfinitionsdestermesstatistiques 364

    Rfrencesstatistiques 372

    Classificationdespays 374

    Indexdesindicateurs 378

    IndexdesindicateursrelatifsauxObjectifsduMillnairepourledveloppement

    danslestableauxdesindicateursRMDH 383

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 1

    Le progrs humain nest ni automatique ni invitable. Nous n chapperons pas dsormais au fait que demain est dj l. Nous sommes confronts lurgence aigu du maintenant . Dans cette nigme qui se droule devant nous en mlant la vie et l histoire, nous ne pouvons pas nous permettre de retard... Nous pouvons supplier le temps de suspendre son vol, mais il n coute aucun grief et continue sans ralentir. Au-dessus des os blanchis et des ruines de nombreuses civilisations, on peut lire ces mots pathtiques : trop tard.

    Martin Luther King Jr, Where do we go from here: chaos or community (Et maintenant ? Le chaos ou la communaut ?)

    Prononces lors dun sermon sur la justice sociale il y a plus de quarante ans, les paroles de Martin Luther King conservent toute leur puissance rsonante. Au dbut du XXIe sicle, nous sommes nous aussi confronts lurgence aigu dune crise qui relie aujourdhui et demain. Cette crise, cest le changement climatique. Cest une crise qui peut encore tre vite, mais dextrme justesse. Le monde a moins de dix ans pour retourner la situation. Cest, de tous les problmes, le plus important et le plus urgent.

    Le changement climatique est le problme critique du dveloppement humain pour notre gnration. Le dveloppement consiste en fin de compte accrotre le potentiel humain et tendre notre libert. Il sagit darriver ce que les tres humains dveloppent les capacits qui leur permettent de faire des choix et de vivre des vies auxquelles ils aspirent. Le changement climatique menace droder les liberts humaines et de limiter nos choix. Il remet en cause le principe des Lumires selon lequel le progrs humain rendra lavenir toujours meilleur que le pass.

    Les premiers signes avant-coureurs sont dj bien visibles. Nous assistons aujourdhui en direct ce qui pourrait savrer tre le dbut dune rgression considrable du dveloppement humain qui aura

    lieu de notre vivant. Dans lensemble des pays en dveloppement, des millions de personnes parmi les plus pauvres doivent dj faire face aux impacts du changement climatique. Ces impacts napparaissent pas comme des vnements apocalyptiques sous les projecteurs des mdias mondiaux. Personne ne les remarque sur les marchs financiers ni quand on mesure le PIB mondial. Mais les efforts de millions de personnes parmi les plus pauvres au monde, qui essayent de btir un avenir meilleur pour leurs enfants et pour elles-mmes, sont ralentis parce quelles sont de plus en plus exposes la scheresse, des temptes tropicales plus intenses, aux inondations et au stress environnemental.

    Le changement climatique va saper les efforts internationaux dploys pour lutter contre la pauvret. Il y a sept ans, les dirigeants politiques du monde entier se sont runis pour acclrer le progrs du dveloppement humain. Les objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) ont difi une ambition nouvelle pour 2015. Beaucoup de progrs ont t accomplis, mme si de nombreux pays demeurent en retard. Le changement climatique ralentit les efforts visant raliser les OMD. Regardant vers lavenir, le danger, cest quil ralentisse puis inverse les progrs accomplis de gnration en gnration non seulement pour liminer lextrme

    Vuedensemble

    Laluttecontrelechangementclimatique:unimpratifdesolidarithumainedansunmondedivis

  • 2 RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    pauvret, mais aussi en matire de sant, de nutrition, dducation et dans bien dautres domaines.

    La manire dont le monde gre le changement climatique de nos jours aura un effet direct sur les perspectives de dveloppement humain pour une large portion de lhumanit. En cas dchec, les 40 pour cent de la population mondiale la plus pauvre, soit environ 2,6 milliards de personnes, seront condamns un futur comportant moins dopportunits. Le changement climatique accentuera encore les ingalits profondes entre les pays. Par ailleurs, il sapera les efforts entrepris pour parvenir une mondialisation plus inclusive et renforcera les vastes disparits entre dfavoriss et privilgis.

    Dans le monde daujourdhui, ce sont les pauvres qui supportent lessentiel des consquences du changement climatique. Demain, ce sera lhumanit entire qui devra faire face aux risques lis au changement climatique. Laccumulation rapide de gaz effet de serre dans latmosphre terrestre est en train de modifier fondamentalement les prvisions climatiques pour les gnrations futures. Nous nous rapprochons de points de basculement . On entend par l des vnements imprvisibles et non linaires pouvant ouvrir la porte des catastrophes cologiques, du type de la rduction massive des manteaux glaciaires, qui vont transformer les modes dtablissement humain et roder la viabilit des conomies nationales. Notre gnration ne vivra peut-tre pas assez longtemps pour en voir les consquences. Mais nos enfants et nos petits-enfants nauront pas dautre choix que dy faire front. Laversion pour la pauvret et lingalit aujourdhui, pour les risques de catastrophe demain, est la meilleure des raisons dagir dans les dlais les plus brefs.

    Certains commentateurs continuent de se rfrer lincertitude des consquences futures pour justifier une rponse limite au changement climatique. Cette hypothse de dpart est fondamentale errone. Les inconnues sont en effet nombreuses : la climatologie porte sur les probabilits et les risques, pas sur les certitudes. Cependant, si nous avons un tant soit peu cur le bonheur de nos enfants et de nos petits-enfants, alors mme le plus petit risque de catastrophe mrite que lon se donne des assurances en faisant preuve de prcaution. Les incertitudes vont dans les deux sens : les risques peuvent tre plus levs que prvu.

    Le changement climatique exige que nous agissions dans les dlais les plus brefs pour confronter une menace envers deux groupes dindividus possdant une faible voix sur le plan politique :

    les pauvres du monde entier et les gnrations de demain. Il pose des questions dune importance profonde sur la justice sociale, lquit et les droits de lhomme entre les pays et entre les gnrations. Nous abordons ces questions dans le Rapport mondial sur le dveloppement humain 2007/2008. Notre hypothse de dpart est que nous devons, et pouvons, gagner la bataille contre le changement climatique. Le monde ne manque ni de ressources financires, ni de capacits technologiques pour agir. Si nous ne russissons pas enrayer le changement climatique, ce sera cause dun manque de volont politique de cooprer.

    Un tel rsultat reprsenterait non seulement un chec de limagination et de la politique, mais galement un chec moral sur une chelle ingale dans lhistoire humaine. Au cours du XXe sicle, les dfaillances des dirigeants politiques ont eu pour consquence deux guerres mondiales. Des millions de gens ont pay un prix lev pour des catastrophes en ralit vitables. Le changement climatique est la catastrophe vitable du XXIe sicle et au-del. Les gnrations futures jugeront prement la gnration qui a observ les signes du changement climatique, en a compris les consquences, mais a persvr sur une trajectoire qui rduisait la pauvret des millions dindividus parmi les plus vulnrables au monde et exposait les gnrations futures aux risques dun dsastre cologique.

    Linterdpendance cologiqueLe changement climatique diffre des autres problmes auxquels lhumanit fait face, et nous force penser diffremment sur plusieurs niveaux la fois. Par-dessus tout, il nous force rflchir ce que cela signifie de faire partie dune communaut humaine cologiquement interdpendante.

    Linterdpendance cologique nest pas un concept abstrait. Nous vivons dans un monde divis plusieurs niveaux. Les Hommes sont spars par de profonds fosss en termes de richesses et dopportunits. Dans de nombreuses rgions, les rivalits nationalistes sont source de conflits. Trop souvent, la religion, la culture et lidentit ethnique sont considres des sources de division et de diffrences entre les Hommes. Face ces diffrences, le changement climatique offre un rappel loquent de ce que nous partageons tous. Notre plante, la Terre. Toutes les nations et tous les peuples partagent la mme atmosphre. Et nous nen avons quune seule.

    Le rchauffement plantaire est la preuve que nous dpassons les capacits de latmosphre

    Le changement climatique

    offre un rappel loquent de

    ce que nous partageons

    tous. Notre plante, la

    Terre. Toutes les nations et

    tous les peuples partagent

    la mme atmosphre

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 3

    terrestre. Les rserves atmosphriques de gaz effet de serre qui pigent la chaleur dans latmosphre saccumulent un rythme sans prcdent. Les concentrations actuelles sont de 380 parts par million (ppm) dquivalent de dioxyde de carbone (CO2e), un record sur les 650 000 dernires annes. Au cours du XXIe sicle ou un peu au-del, les tempratures moyennes mondiales risquent daugmenter de plus de 5 C.

    Pour situer les choses, cest lquivalent des changements de temprature observs depuis la dernire re glaciaire, une re o une grande partie de lEurope et de lAmrique du Nord se trouvait sous plus dun kilomtre de glace. Le seuil de danger pour les changements climatiques est un changement denviron 2 C. Ce seuil situe le point partir duquel se produiraient invitablement des rgressions rapides du dveloppement humain et une drive menant des dgts cologiques qui seraient alors trs difficiles viter.

    Tous ces chiffres et ces mesures sont le reflet dun simple fait accablant. Nous grons dangereusement notre interdpendance cologique. En effet, notre gnration accumule une dette cologique non solvable que les gnrations futures sapprtent hriter. Nous puisons les rserves de capital cologique de nos enfants. Les changements climatiques dangereux reprsenteront lajustement un niveau dmission de gaz effet de serre impossible tenir dans le temps.

    Les gnrations futures ne seront pas les seules devoir faire face un problme dont elles ne sont pas responsables. Les pauvres du monde entier souffriront les plus lourdes et plus immdiates consquences. Les nations riches et leurs citoyens sont responsables de la grande majorit des gaz effet de serre retenus dans latmosphre. Mais les pays pauvres et leurs citoyens sont ceux qui devront payer le prix le plus lev du changement climatique.

    La relation inverse entre la responsabilit du changement climatique et la vulnrabilit ses effets est parfois oublie. Dans les nations riches, le dbat public met de plus en plus en relief la menace reprsente par les missions croissantes de gaz effet de serre des pays en dveloppement. Cest une menace relle, quil ne faudrait pas toutefois laisser recouvrir le problme sous-jacent. Mahatma Gandhi sest demand un jour combien de plantes il nous faudrait si lInde suivait le modle dindustrialisation de la Grande-Bretagne. Nous sommes incapables de rpondre cette question. Cependant, nous estimons dans ce rapport que si tous les peuples du monde gnraient des gaz

    effet de serre au mme rythme que certains pays dvelopps, il nous faudrait neuf plantes.

    Tandis que les pauvres du monde entier vivent sur terre avec un bilan carbone trs lger, ce sont eux qui supportent le gros des consquences de la gestion non viable de notre interdpendance cologique. Dans les pays riches, la gestion du changement climatique se rduit en gnral au rglage des thermostats, des ts plus longs et plus chauds et des modifications des saisons. Les villes comme Londres et Los Angeles risquent dtre inondes alors que le niveau de la mer monte, mais leurs habitants sont protgs par des systmes sophistiqus de dfense contre les inondations. En revanche, lorsque le rchauffement plantaire modifie les tendances mtorologiques de la Corne de lAfrique, les rcoltes sont mauvaises et les gens meurent de faim, ou bien les femmes et les filles passent des heures chercher de leau. Quels que soient les risques auxquels sont exposes les villes riches, les communauts rurales des grands deltas du Gange, du Mkong, du Nil et des bidonvilles travers le monde en dveloppement, sont dores et dj en situation de grande vulnrabilit au changement climatique du fait des temptes et inondations quelles subissent.

    Les risques et vulnrabilits lis au changement climatique sont les rsultats de phnomnes physiques, mais galement les consquences des actions et des choix des Hommes. Cest un autre aspect de linterdpendance cologique quon oublie parfois. Lorsque les habitants dune grande ville amricaine mettent en route leur climatisation ou que les Europens conduisent leurs voitures, ce nest pas sans consquences. Ces consquences les lient aux communauts rurales du Bangladesh, aux agriculteurs dthiopie et aux habitants des bidonvilles dHati. Ces connexions humaines nous rendent moralement responsables, et nous obligent rflchir sur nos politiques nergtiques qui sont nfastes dautres populations et aux gnrations futures - et donc les modifier.

    Pourquoi faut-il agir ?Si le monde agit maintenant, il est possible - tout juste possible - de limiter la hausse de la temprature mondiale du XXIe sicle 2 C par rapport aux niveaux prindustriels. Pour ce faire, nous aurons besoin dun haut niveau de leadership et dune coopration internationale sans prcdent. Mais le changement climatique nest pas seulement porteur de menaces ; il constitue aussi une opportunit. Cest avant tout pour le monde une occasion de se

    Nous grons

    dangereusement notre

    interdpendance cologique.

    En effet, notre gnration

    accumule une dette

    cologique non solvable

    que les gnrations futures

    sapprtent hriter

  • 4 RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008

    rassembler pour forger une rponse collective une crise qui menace darrter le progrs.

    Les valeurs qui ont inspir les rdacteurs de la Dclaration universelle des droits de lhomme constituent un solide point de rfrence. Ce document a t crit en rponse un chec politique qui a donn naissance lultranationalisme, au fascisme et la guerre mondiale. Il a mis en place un ensemble de garanties et de droits civils, politiques, culturels, sociaux et conomiques, pour tous les membres de la famille humaine . Les valeurs qui ont inspir la Dclaration universelle ont t considres comme un code de conduite des affaires humaines mme dviter la mconnaissance et le mpris des droits de lhomme [qui] ont conduit des actes de barbarie qui rvoltent la conscience de lhumanit .

    Les rdacteurs de la Dclaration universelle des droits de lhomme avaient t tmoins dune tragdie humaine, la deuxime guerre mondiale, qui avait dj pris place. Le changement climatique est diffrent. Il sagit dune tragdie humaine en cours. Laisser voluer cette tragdie serait un chec politique qui mriterait dtre dcrit comme rvoltant la conscience de lhumanit . Ce serait une violation systmatique des droits de lhomme pour les pauvres et les gnrations futures et un grand pas en arrire pour les valeurs universelles. Inversement, empcher la survenue de changements climatiques dangereux nous donnerait lespoir que nous pouvons dvelopper des solutions multilatrales aux grands problmes auxquels la communaut internationale doit faire face. Le changement climatique nous confronte des questions trs complexes dans les domaines des sciences, de lconomie et des relations internationales. Ces questions doivent tre abordes laide de stratgies pratiques. En outre, il est important de ne pas perdre de vue les enjeux plus long terme. Le rel choix que doivent oprer les dirigeants politiques et les Hommes daujourdhui est une alternative entre des valeurs humaines universelles dune part, et dautre part la participation la violation large et systmatique des droits de lhomme.

    Le point de dpart pour viter un changement climatique dangereux est de bien cerner trois caractristiques spcifiques du problme. La premire caractristique est la force combine de linertie et des consquences cumules du changement climatique. Une fois mis, le dioxyde de carbone (CO2) et les autres gaz effet de serre restent trs longtemps dans latmosphre. Il nexiste pas de boutons de retour rapide pour rduire leur concentration. La population du dbut du XXIIe

    sicle devra vivre avec les consquences de nos missions de la mme manire que nous vivons les consquences des missions depuis la rvolution industrielle. Ce dcalage temporel est une consquence importante de linertie du changement climatique. Mme les mesures dattnuation strictes nauront pas deffet perceptible sur les tempratures moyennes avant le milieu des annes 2030 et les tempratures natteindront leur maximum que vers 2050. En dautres termes, pendant la premire moiti du XXIe sicle, le monde en gnral et les pauvres en particulier devront vivre avec le changement climatique auquel nous sommes dj promis.

    La nature cumulative des changements climatiques a de nombreuses implications. La plus importante est peut-tre que les cycles de carbone ne respectent pas les cycles politiques. La gnration actuelle de dirigeants politiques ne peut pas rsoudre le problme du changement climatique, car il faudra ramener les missions un niveau durable pendant des dcennies et non des annes. Cependant, cette gnration a le pouvoir douvrir la fentre dopportunit pour les gnrations suivantes autant que celui de la fermer.

    Lurgence est la deuxime caractristique du dfi du changement climatique. Cest aussi un corollaire de linertie. Dans de nombreux domaines des relations internationales, linaction et les accords tardifs nont quun cot limit. Prenons par exemple, les changes internationaux. Cest un domaine dans lequel les ngociations peuvent tre interrompues et reprises sans entraner de dgts long terme sur le systme sous-jacent, comme le prouve lpilogue malheureux du sommet de Doha. En ce qui concerne le changement climatique, chaque anne de retard sur la conclusion dun accord de rduction des missions de gaz effet de serre se traduit par une augmentation de leur quantit dans latmosphre et garantit des tempratures plus leves dans le futur. Au cours des sept annes coules depuis le sommet de Doha, pour poursuivre cette analogie, les quantits de gaz effet de serre ont augment denviron 12 ppm de CO2e, et elles seront encore dans latmosphre lors des premiers sommets du XXIIe sicle.

    Il nexiste pas danalogie historique vidente lurgence du problme du changement climatique. Durant la guerre froide, les stocks importants de missiles nuclaires points vers de nombreuses villes mettaient gravement en danger la scurit humaine. Cependant, ne rien faire constituait une stratgie de contrle des risques. La reconnaissance mutuelle de linluctabilit tangible dune destruction rciproque crait une stabilit prvisible

    Le rel choix que doivent

    oprer les dirigeants

    politiques et les hommes

    daujourdhui est une

    alternative entre des valeurs

    humaines universelles

    dune part, et dautre part la

    participation la violation

    large et systmatique

    des droits de lhomme

  • RappoRt mondial suR le d veloppement humain 2007/2008 5

    perverse. En revanche, pour le changement climatique, ne rien faire est le plus sr chemin vers une accumulation encore plus grande de gaz effet de serre et vers une destruction garantie du potentiel de dveloppement humain.

    La troisime dimension importante du dfi pos par le changement climatique est son chelle mondiale. Latmosphre terrestre ne fait pas de diffrence entre pays metteurs de gaz effet de serre. Une tonne de gaz effet de serre en provenance de Chine pse autant quune tonne de gaz effet de serre en provenance des tats-Unis. Les missions dun pays sont le problme de changement climatique dun autre. Par consquent, aucun pays ne peut gagner seul la bataille contre le changement climatique. Laction collective nest pas une option, mais un impratif. Lorsque Benjamin Franklin a sign la Dclaration dindpendance amricaine en 1776, il aurait dit : Nous devons rester solidaires les uns des autres ou nous mourrons solitaires . Dans notre monde inquitable, certains, dont les plus pauvres, mourront sans doute plus tt si nous ne dveloppons pas de solutions collectives. Mais au bout du compte, cette crise que nous pouvons viter menace tous les peuples et tous les pays. Nous avons, nous aussi, le choix entre un rassemblement en vue de llaboration de solutions collectives des problmes communs et un isolement fatal.

    Saisir le moment : 2012 et au-delFace un problme aussi impressionnant que le changement climatique, le pessimisme rsign peut paratre une rponse justifie. Cependant, le pessimisme rsign est un luxe que les pauvres et les gnrations futures ne peuvent se payer, et il existe une alternative.

    Il y a de bonnes raisons dtre optimiste. Il y a cinq ans, le monde dbattait encore de la vracit du changement climatique et de son origine anthropique. Le scepticisme lgard du changement climatique tait une industrie en plein essor. De nos jours, le dbat est clos et le scepticisme climatique nest plus quune activit marginale. La quatrime runion dvaluation du Groupe international sur le changement climatique a tabli sur la base dun large consensus scientifique que le changement climatique est non seulement rel mais galement anthropique. Presque tous les gouvernements se sont rallis ce consensus. Suite la publication du Rapport Stern sur lconomie des changements climatiques, la plupart des gouvernements ont galement admis que les solutions au changement climatique sont abordables et moins coteuses que linaction.

    Le mouvement politique sacclre galement. De nombreux gouvernements mettent en place des objectifs audacieux en matire de rduction des missions de gaz effet de serre. Lattnuation des changements climatiques est maintenant solidement inscrite lordre du jour du G8 (groupe de nations industrialises). Le dialogue entre pays dvelopps et pays en dveloppement sapprofondit.

    Voil des nouvelles positives. Les rsultats tangibles sont moins impressionnants. Tandis que les gouvernements reconnaissent la ralit du rchauffement climatique, laction politique est loin datteindre le minimum ncessaire pour rsoudre le problme du changement climatique. Le foss entre les preuves scientifiques et la rponse politique reste impressionnant. Dans le monde industrialis, certains pays ne se sont pas encore dots dobjectifs ambitieux pour rduire les missions de gaz effet de serre. Dautres ont tabli des objectifs ambitieux sans mettre en place les rformes de leur politique nergtique ncessaires pour les atteindre. Le problme plus profond est que le monde ne sest pas pourvu dun cadre multilatral clair, prcis et long terme pour tracer la route qui permet dviter les changements climatiques dangereux. Cest une route qui doit rconcilier les cycles politiques et les cycles du carbone.

    La priode dengagement du protocole de Kyoto expirant en 2012, la communaut internationale a la possibilit de mettre ce cadre en place. Seul un leadership courageux pourra saisir cette opportunit. Dans le cas contraire, le monde sera dautant plus engag sur la voie des changements climatiques dangereux.

    Les pays dvelopps doivent prendre les devants. Ils portent la responsabilit historique du changement climatique. Ils ont les ressources financires et les capacits technologiques ncessaires pour une rduction profonde et immdiate des missions. Il faut commencer par mettre un prix sur le carbone par le biais de la fiscalit ou de marchs de permis dmission. Les lois du march ne suffiront malheureusement pas. Il nous faut galement mettre la priorit sur le dveloppement de systmes rglementaires et de partenariats mixtes.

    Le principe de responsabilit commune mais diffrencie, une des bases de laccord de Kyoto, ne veut pas pour autant dire que les pays dvelopps nont rien faire. La crdibilit des accords multilatraux repose sur la participation des principaux metteurs du monde en voie de dveloppement. Cependant, les principes de base dquit et les impratifs du dveloppement humain daccs croissant lnergie

    Aucun pays ne peut gagner

    seul la bataille contre le

    changement climatique.

    Laction collective nest pas

    une option, mais un impratif

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    ncessitent que les pays en voie de dveloppement aient la flexibilit doprer leur transition vers une croissance carbone rduit proportionnelle leurs capacits.

    La coopration internationale a un rle critique jouer de nombreux niveaux. Les efforts mondiaux dattnuation seraient fortement renforcs si un cadre post-Kyoto aprs 2012 comprenait des mcanismes pour le financement et les transferts de technologie. Ces mcanismes peuvent aider liminer les obstacles la diffusion rapide des technologies basses missions de carbone ncessaire pour viter les changements climatiques dangereux. La coopration au soutien de la conservation et de la gestion durable des forts tropicales renforcerait galement les efforts dattnuation.

    Il convient dexaminer galement les priorits en matire dadaptation. Pendant trop longtemps, ladaptation au changement climatique a t traite comme un souci priphrique plutt quune partie intgrante de lobjectif international de rduction de la pauvret. Lattnuation est imprative car elle dtermine les perspectives dchapper des changements climatiques dangereux lavenir. Mais on ne peut pas laisser les plus pauvres au monde couler ou nager la merci de leurs seules ressources tandis que les pays riches protgent leurs citoyens derrire des fortifications anti-climat. La justice sociale et le respect des droits de lhomme exigent un engagement international plus rsolu envers ladaptation.

    En hritageLe cadre qui fera suite au protocole de Kyoto au-del de 2012 aura une influence profonde sur les perspectives dviter le changement climatique et sur notre aptitude grer les changements climatiques dj invitables. Les ngociations concernant ce cadre seront conduites par les gouvernements, certains ayant beaucoup plus dinfluence que dautres. De puissants intrts dans le secteur des entreprises se feront galement entendre. Au moment dentreprendre les ngociations du nouveau protocole de Kyoto pour laprs 2012, il est important que les gouvernements rflchissent aux deux parties prenantes qui nont que peu de voix mais une forte revendication de justice sociale et de respect des droits de lhomme : les pauvres o quils soient dans le monde et les gnrations futures.

    Ceux et celles qui sescriment au quotidien pour amliorer leur sort malgr le poids de la pauvret et de la faim doivent tre les premiers ayants-droit de la solidarit humaine. Ils ont certainement le droit

    quelque chose de plus que des dirigeants politiques qui se runissent lors de sommets internationaux, tablissent des objectifs apparemment ambitieux puis sapent la ralisation de ces objectifs en ne prenant pas les mesures mme de combattre le changement climatique. Nos enfants et les petits-enfants de nos enfants ont le droit dexiger que nous rendions compte de notre responsabilit, sachant que leur futur, et peut-tre leur survie, est en jeu. Eux aussi mritent mieux quune gnration de dirigeants politiques qui sont tmoins du plus grand dfi auquel lhumanit ait jamais eu faire face et se tournent les pouces. Soyons clairs : les pauvres de la plante et les gnrations venir ne peuvent pas se permettre la complaisance et les mensonges qui continuent de caractriser les ngociations internationales sur le changement climatique. Ils ne peuvent pas non plus combler le prcipice sparant ce que les dirigeants du monde dvelopp disent des menaces du changement climatique et les politiques nergtiques quils mnent.

    Il y a vingt ans, Chico Mendes, lenvironne-mentaliste brsilien, est mort en essayant de dfen-dre la fort tropicale amazonienne de la destruction. Avant sa mort, il a dcrit en ces termes les liens entre sa lutte locale et le mouvement mondial pour la jus-tice sociale : Je pensais dabord que je luttais pour sauvegarder des arbres caoutchouc avant de rali-ser que jessayais de protger la fort tropicale ama-zonienne. Je comprends maintenant que je me bats pour lhumanit .

    La bataille contre les changements climatiques dangereux fait partie de la bataille pour lhumanit. Pour gagner cette bataille, il nous faudra changer les choses de nombreux niveaux : consommation, production et prix de lnergie et coopration internationale. Surtout, il nous faudra radicalement changer la manire dont nous rflchissons notre interdpendance cologique, la justice sociale pour les pauvres de la plante et aux droits de lhomme pour les gnrations futures.

    Le dfi climatique du XXIe sicleLe rchauffement plantaire est dj en cours. Les tempratures mondiales ont augment denviron 0,7 C depuis le dbut de lre industrielle, et le rythme daugmentation sacclre. Nombreuses sont les preuves scientifiques liant laugmentation de la temprature aux augmentations de concentration de gaz effet de serre dans latmosphre terrestre.

    Il ny a pas de ligne de dmarcation claire entre le changement climatique dangereux et le changement

    Les pauvres de la plante

    et les gnrations venir ne

    peuvent pas se permettre

    la complaisance et les

    mensonges qui continuent

    de caractriser les

    ngociations internationales

    sur le changement climatique

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    acceptable. Un grand nombre des pauvres du monde entier et des systmes cologiques les plus fragiles sont dj obligs de sadapter des changements climatiques dangereux. Cependant, au-del dun seuil de 2 C, les risques de recul sur une grande chelle du dveloppement humain et de catastrophes cologiques irrversibles augmenteront rapidement.

    Sur la lance actuelle, nous irons bien au-del de ce seuil. Pour avoir 50 % de chances de limiter laugmentation de la temprature 2 C au-dessus des niveaux prindustriels, il faudra stabiliser les gaz effet de serre des concentrations denviron 450 ppm de CO2e. Les stabiliser 550 ppm de CO2e augmenterait de 80 pour cent la probabilit de dpasser ce seuil. Dans leur vie quotidienne, rares sont ceux qui se lanceraient de leur plein gr dans des activits comportant un risque aussi lev de blessures graves. Cependant, en tant que communaut mondiale, nous prenons des risques bien plus importants avec notre plante, la Terre. Les scnarios pour le XXIe sicle indiquent une stabilisation potentielle environ 750 ppm de CO2e, avec une augmentation possible de la temprature dpassant 5 C.

    Les scnarios concernant lvolution possible de la temprature ne prennent pas en compte les impacts potentiels sur le dveloppement humain. Les changements moyens de temprature prvus dans les cas de figure o le statu quo persiste entraneront des reculs grande chelle pour le dveloppement humain, rodant les moyens de substance de nombreuses personnes et entranant des migrations humaines massives. Dici la fin du XXIe sicle, le spectre des impacts cologiques catastrophiques risque de passer du domaine du possible celui du probable. Les preuves rcentes de lacclration de leffondrement du perglisol du Groenland et de lAntarctique, lacidification des ocans, le retrait des forts tropicales et la fonte du perglisol arctique ont tous le potentiel, ensemble ou sparment, de nous amener au point de non-retour.

    Tous les pays ne contribuent pas aux missions de gaz effet de serre de la mme manire. Avec 15 pour cent de la population mondiale, les pays riches contribuent presque la moiti des missions de CO2. Les pays forte croissance que sont la Chine et lInde se rapprochent dangereusement de ces chiffres dmission, au total. Cependant, leur contribution par habitant est plus rduite. Le bilan carbone des tats-Unis est cinq fois plus grand que celui de la Chine et quinze fois plus grand que celui de lInde. En thiopie, le bilan moyen par habitant est de 0,1

    tonne de CO2, contre 20 tonnes au Canada (figure 2 et carte 1).

    Que doit faire le monde pour se placer sur une trajectoire dmissions qui vite les changements climatiques dangereux ? Nous rpondons cette question en nous inspirant des simulations des modles climatologiques. Ces simulations dfinissent un budget dmission du carbone pour le XXIe sicle.

    Toutes choses gales par ailleurs, le budget carbone mondial pour les missions dues lnergie serait denviron 14,5 Gt CO2e par an. Le taux dmission actuel est deux fois plus lev. Malheureusement, ces missions sont galement en hausse. En rsum, le budget du carbone pour lensemble du XXIe sicle risque dexpirer ds 2032 (figure 3). Nous accumulons une dette cologique non viable qui garantit un changement climatique dangereux pour les gnrations futures.

    Lanalyse du budget dmission du carbone claire dun jour nouveau les proccupations concernant la part que prennent les pays en dveloppement dans lmission de gaz effet de serre. Cette part est en expansion, mais cela ne doit pas dtourner lattention de la responsabilit fondamentale des nations riches. Si chaque habitant du monde en voie de dveloppement avait le mme bilan carbone que lAllemand ou le Britannique moyen, les missions mondiales seraient quatre fois plus leves que la limite dfinie par la trajectoire durable. Le chiffre passe neuf fois si les pays de dveloppement avaient un bilan par habitant similaire celui des tats-Unis et du Canada.

    On ne changera pas la situation sans changements profonds. Si le monde ntait constitu que dun seul pays, il devrait rduire les missions de gaz effet de serre de moiti dici 2050, par comparaison avec les niveaux des annes 1990, et continuer les rduire pour le reste du XXIe sicle (figure 4). Mais le monde nest pas constitu dun seul pays. En utilisant des hypothses plausibles, nous estimons que pour viter un changement climatique dangereux, il faudra que les nations riches rduisent leurs missions dau moins 80 pour cent, en commenant par une rduction de 30 pour cent dici 2020. Les missions des pays en dveloppement culmineront vers 2020, et devraient tre rduites de 20 pour cent dici 2050.

    Notre objectif de stabilisation est exigeant mais raisonnable. Dici 2030, le cot annuel moyen serait de 1,6 pour cent du PIB. Cest un investissement significatif. Mais il reprsente moins

    Dici la fin du XXIe sicle,

    le spectre des impacts

    cologiques catastrophiques

    risque de passer du

    domaine du possible

    celui du probable

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    des deux tiers des dpenses militaires mondiales. Le prix de linaction serait bien plus lev et monterait jusqu atteindre entre 5 et 20 % du PIB mondial selon la mthode de calcul des cots, daprs le Rapport Stern.

    Un coup dil historique sur les missions souligne la difficult du dfi qui nous attend. Les missions de CO2 dues lnergie ont augment fortement depuis 1990, les annes de rfrence pour les rductions stipules par le protocole de Kyoto. Certains pays dvelopps nont pas ratifi les objectifs du protocole, qui auraient rduit leurs missions moyennes denviron cinq pour cent. La plupart des pays qui les ont ratifis sont en retard sur leurs engagements. Et peux de ceux qui sont jour peuvent affirmer avoir rduit leurs missions par suite dun engagement politique visant limiter les effets du changement climatique. Le protocole de Kyoto na pas plac de restrictions quantitatives sur les missions des pays en voie de dveloppement. Si les missions suivent la mme tendance linaire au cours des 15 prochaines annes quau cours des 15 annes prcdentes, les changements climatiques dangereux seront invitables.

    Les projections de consommation dnergie pointent justement dans cette direction, si ce nest pire. Les modles actuellement suivis pour les investissements mettent en place une infrastructure nergtique hautement mettrice de carbone, dans laquelle le charbon joue un rle dominant. Sur la base des tendances actuelles et des politiques actuelles, les missions de CO2 dues lnergie pourraient augmenter de plus de 50 pour cent par rapport aux niveaux de 2004 ds 2030. Les 20 billions de dollars US qui doivent tre dpenss entre 2004 et 2030 pour rpondre aux besoins en matire dnergie pourraient bloquer le monde sur une trajectoire non viable. linverse, de nouveaux investissements conus diffremment pourraient aider dcarboniser la croissance mondiale.

    Chocs climatiques : risques et vulnrabilit dans un monde ingalLes chocs climatiques sont dj bien prsents dans la vie des pauvres. Les adversits telles que les scheresses, les inondations et les temptes sont souvent des expriences terribles pour ceux qui les subissent : elles menacent leur vie et sont porteuses dinscurit. Mais les chocs climatiques rodent galement les opportunits long terme en matire de dveloppement humain, sapant la productivit et les capacits humaines. Aucun choc climatique

    pris isolment ne peut tre attribu au changement climatique. Cependant, le changement climatique augmente les risques et les vulnrabilits auxquels les pauvres doivent faire face. Il augmente le stress auquel sont dj soumis les mcanismes dadaptation sur-sollicits et enferme les gens dans une spirale descendante de manques et de besoins essentiels non satisfaits.

    La vulnrabilit aux chocs climatiques est ingalement rpartie. Louragan Katrina a rappel avec force la fragilit de lhumanit face au changement climatique mme dans les pays les plus riches, spcialement l o ses effets redoublent ceux de lingalit institutionnalise. Dans tout le monde dvelopp, lopinion se montre de plus en plus proccupe par le risque dexposition des risques climatiques extrmes. Cette proccupation augmente avec chaque inondation, tempte ou vague de chaleur. Cependant, les dsastres climatiques sont fortement concentrs dans les pays pauvres. Environ 262 millions de personnes par an ont t affectes par des dsastres climatiques entre 2000 et 2004, mais 98 pour cent dentre elles taient dans le monde en dveloppement. Dans les pays de lOrganisation de coopration et de dveloppement conomiques (OCDE), une personne sur 1 500 a t touche par un dsastre climatique. Les chiffres comparables pour les pays en dveloppement sont une personne sur dix-neuf, soit un diffrentiel de risque de 79.

    Lorsque le niveau de pauvret est lev et le niveau de dveloppement humain bas, la capacit des foyers pauvres grer les risques climatiques sen trouve limite. Ayant un accs limit au systme dassurance formel, des revenus faibles et peu de biens, les foyers pauvres doivent faire face aux chocs climatiques dans des circonstances trs contraignantes.

    Les stratgies de rsistance aux risques climatiques peuvent aggraver les manques et privations de toute sorte. Les producteurs des zones sujettes la scheresse sacrifient souvent la production de rcoltes qui pourraient augmenter leurs revenus afin de minimiser les risques, et prfrent la culture de produits aux revenus conomiques plus bas mais rsistant la scheresse. Lorsquun dsastre climatique survient, les pauvres sont souvent forcs de vendre tout ou partie de leur patrimoine de production qui pourrait les aider sen remettre afin de subvenir leurs besoins immdiats. Et quand cela ne suffit pas, les foyers font face dune autre manire : par exemple en liminant des repas, en rduisant les dpenses de sant et en retirant les enfants de lcole. Ces mesures prises en dsespoir de cause peuvent crer des cycles de handicap

    Les modles actuellement

    suivis pour les

    investissements mettent

    en place une infrastructure

    nergtique hautement

    mettrice de carbone,

    dans laquelle le charbon

    joue un rle dominant

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    vie, prenant des foyers vulnrables au pige dun dveloppement humain de faible niveau.

    Les recherches effectues pour prparer ce rapport soulignent la puissance de ces piges. En utilisant des donnes au niveau des foyers, nous avons pu examiner certains des impacts long terme des chocs climatiques dans la vie des pauvres. En thiopie et au Kenya, deux des pays les plus enclins la scheresse, les enfants gs de moins de cinq ans ont respectivement 36 50 pour cent de chances supplmentaires dtre mal nourris sils sont ns pendant une scheresse. Pour lthiopie, cela se traduit par prs de 2 millions denfants mal nourris supplmentaires en 2005. Au Niger, les enfants gs de moins de deux ans ns lors dune scheresse ont 72 pour cent de chances supplmentaires davoir un retard de croissance. Les femmes indiennes nes lors des inondations des annes 70 avaient 19 pour cent de chance en moins daller lcole primaire.

    Les dgts long terme pour le dveloppement humain dus aux chocs climatiques ne sont pas apprcis correctement. La couverture mdiatique des dsastres climatiques joue souvent un rle de premier plan pour clairer lopinion et dcrire les souffrances quinfligent les chocs climatiques. Cependant, elle donne galement limpression quil sagit l dpisodes phmres, nous faisant oublier les consquences long terme des scheresses et des inondations.

    Le changement climatique ne va pas sannoncer comme un vnement apocalyptique dans la vie des pauvres. La corrlation directe dun vnement spcifique au changement climatique reste impossible. Cependant, le changement climatique exposera toujours plus les foyers pauvres et vulnrables aux chocs climatiques et exercera une pression croissante sur les stratgies de subsistance, ce qui, avec le temps, pourrait roder indfiniment les capacits humaines (figure 5).

    Nous identifions cinq mcanismes de transmission cl travers lesquels le changement climatique peut arrter et faire reculer le dveloppement humain. La production agricole et la scurit alimentaire.

    Le changement climatique peut modifier la pluviosit, les tempratures et la possibilit dirriguer les zones vulnrables. Par exemple, les zones touches par la scheresse en Afrique subsaharienne pourraient augmenter de 60 90 millions dhectares et les zones arides subir des pertes de 26 milliards de dollars US dici 2060 (prix 2003, un chiffre qui dpasse laide bilatrale

    fournie la rgion en 2005). Les autres rgions en dveloppement, y compris lAmrique latine et lAsie du Sud, subiront des chutes de production agricole qui mineront les efforts de rduction de la pauvret rurale. Le nombre de personnes souffrant de malnutrition pourrait augmenter de 600 millions dici 2080 (figure 6).

    Le stress hydrique et l inscurit des approvisionnements en eau. Les changements des coulements et la fonte des glaciers ajoutent au stress cologique et compromettent la disponibilit en eau pour lirrigation et les tablissements humains (figure 7). Dici 2080, 1,8 milliard de personnes supplmentaires pourraient vivre dans une rgion o leau sera rarfie. LAsie centrale, la Chine du Nord et la partie nord de lAsie du Sud sont trs vulnrables au rtrcissement des glaciers de lHimalaya un rythme de 10 15 mtres par an. En raison de la fonte des glaciers, sept des grands systmes fluviaux dAsie vont voir leur dbit gonfler court terme, puis diminuer en dessous des niveaux actuels. La rgion des Andes fait galement face des menaces immdiates concernant la scurit de son approvisionnement en eau dues la disparition des glaciers tropicaux. Plusieurs pays situs dans des rgions dj sous stress hydrique, notamment au Moyen-Orient, risquent de connatre une grande pnurie deau.

    Hausse du niveau des mers et exposition aux dsastres climatiques. Le niveau de la mer pourrait augmenter rapidement en raison de la dsintgration acclre de la calotte glaciaire.Une augmentation de la temprature mondiale de 3 4 C pourrait provoquer le dplacement temporaire ou permanent de 330 millions de personnes du fait des inondations qui en rsulteraient. Plus de 70 millions de personnes vivant au Bangladesh, 6 millions en Basse gypte et 22 millions au Viet Nam risquent dtre touches. De petits tats insulaires du Pacifique et des Carabes pourraient subir des dgts catastrophiques. Le rchauffement des ocans entranera galement des temptes tropicales plus intenses. Avec plus de 344 millions de personnes dj exposes aux cyclones tropicaux, des temptes plus puissantes pourraient avoir des consquences dvastatrices pour un grand nombre de pays. Le milliard de personnes qui habitent actuellement dans des bidonvilles sur les collines fragiles et les

    Une augmentation de

    la temprature mondiale

    de 3 4 C pourrait

    provoquer le dplacement

    temporaire ou permanent de

    330 millions de personnes

    du fait des inondations

    qui en rsulteraient

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    berges des fleuves frquemment en crue sont extrmement vulnrables.

    Les cosystmes et la biodiversit. Le changement climatique transforme dj les systmes cologiques. La moiti environ des rcifs coralliens du monde ont subi un blanchissement d au rchauffement des ocans. Laugmentation de lacidit des ocans reprsente une autre menace long terme pour les cosystmes marins. Les cosystmes glaciers ont galement subi les consquences dvastatrices du changement climatique, spcialement dans la rgion arctique. Tandis que certaines espces animales et vgtales pourront sadapter, le rythme des changements climatiques est trop rapide pour beaucoup dautres : les systmes climatiques voluent plus rapidement quelles ne le peuvent. Un rchauffement de 3 C, menacerait dextinction 20 30 pour cent des espces terrestres.

    La sant humaine. Les pays riches sont dj en train de mettre en place des systmes de sant publique pour faire face aux chocs climatologiques futurs, comme la vague europenne de chaleur de 2003 et des conditions climatiques plus extrmes en t comme en hiver. Cependant, les impacts sur la sant seront ressentis plus profondment dans les pays en dveloppement cause des forts taux de pauvret et de la capacit limite quont leurs systmes de sant publique faire face. Les grandes maladies mortelles pourraient se rpandre plus largement. Par exemple, 220 400 millions de personnes supplmentaires pourraient tre exposes au paludisme, une maladie qui fait environ un million de victimes par an. La dengue reste prsente des altitudes plus leves que par le pass, en particulier en Amrique latine e