rapport 2014 sur l'État de la francophonie numÉrique
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RAPPORT 2014
SUR LTAT DE LA
FRANCOPHONIE NUMRIQUE
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TABLE DES MATIRES
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Mise en garde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
7 CHAPITRE1DVELOPPERETMAINTENIR LESINFRASTRUCTURESDONNANTACCS AUNUMRIQUE
17 CHAPITRE2ACCOMPAGNERLINNOVATIONPOUR INTGRERLESPAYSENDVELOPPEMENTDANS LCONOMIENUMRIQUE
AXE Appuyer le dveloppement de lconomie numrique . . . . . . . . . . 19
AXE Appuyer lentrepreneuriat des jeunes dans le secteur du numrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
35 CHAPITRE3CRERDESSOCITSDE LINFORMATIONOUVERTES,TRANSPARENTES ETDMOCRATIQUESDANSLAFRANCOPHONIE
AXE Gouvernement lectronique et participation citoyenne . . . . . . . . 37
AXE Promouvoir les politiques nationales et rgionales pour des donnes ouvertes sur Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
AXE Scurit, liberts et confiance : politiques de cyberscurit, formation et partenariats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
55CHAPITRE4PRODUIRE,DIFFUSER ETPROTGERLESBIENS COMMUNSNUMRIQUES
AXE Contribuer la production et la promotion de contenus francophones (en franais et dans les langues nationales) et de nouveaux modes dexpression numrique . . . . . . . . . . 57
AXE Contribuer la dfense du domaine public et des biens communs de la connaissance . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
75 CHAPITRE5DVELOPPERLINTELLIGENCE NUMRIQUEAUSERVICEDELADIVERSIT ETDUPARTAGE
AXE Soutenir le partage des ressources et la contribution des acteurs francophones aux questions mergentes . . . . . 77
AXE Contribuer lmergence dune gouvernance dInternet qui favorise le dveloppement et lexpression de la diversit culturelle et linguistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
AXE Accompagner les pays dans la mise niveau de la rglementation, de la lgislation et de la rgulation du secteur du numrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
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AVANT-PROPOS
Lanne 2014 marque officiellement le 25eanniversaire
du World Wide Web , invent en 1989 par
Sir Tim Berners-Lee, alors que la cration du rseau
Internet date des annes 1970. Sil est vrai que lclosion du
Web a amen lensemble des tats et des gouvernements
laborer des politiques de dveloppement conomique,
social et humain fondes sur les avantages potentiels des
technologies de linformation, la Francophonie a toujours
encourag lutilisation des TIC, que ce soit notamment
par le dploiement de certains services tlmatiques
dans les universits et les coles, ou par lappui accord
lacquisition dordinateurs, la formation en informatique
et au dveloppement dapplications appropries.
Les organisations de la socit civile, les jeunes experts
des TIC, les dcideurs politiques et les usagers dInternet
de lespace francophone ont bnfici des actions de
lOrgani sation internationale de la Francophonie et
doprateurs spcialiss comme lAgence universitaire
de la Francophonie. Les dfis concernaient aussi bien les
pays du Nord que du Sud. Rappelons-nous 1996, quand
Montral a accueilli Inet96, la sixime confrence annuelle
de lInternet Society ! Le Canada-Qubec tait alors la
destination rve de tous ceux et celles qui voulaient
comprendre Internet et ses applications, mais on peinait
encore utiliser Internet et le Web en langue franaise.
Que dire, alors, des autres langues de la plante ?
En 2014, le Web est accessible non seulement en franais,
mais aussi dans une centaine de langues, grce aux
efforts dinternationalisation des technologies. Internet
est disponible dans presque tous les pays du monde du
moins, dans les grandes villes, et la tlphonie mobile
est en train de remplacer la tlphonie filaire et de devenir
le principal mode daccs linformation. Les TIC occupent
maintenant une place fondamentale dans les conomies
de plusieurs pays, que ce soit comme secteur industriel
(dveloppement des technologies, de logiciels) ou de
services (centres dappels, service la clientle), ou encore
comme facteur dterminant dans lvolution dautres
secteurs (gouvernement en ligne, ducation en ligne,
sant en ligne).
Nos tats et nos gouvernements reconnaissent que le
rle des TIC est essentiel au dveloppement dun pays. Le
dploiement de ces technologies aurait aussi un impact
insouponn, puisquelles font appel tous et quelles
sont, par dfinition, accessibles tous.
La Stratgie de la Francophonie numrique Horizon 2020 :
Agir pour la diversit dans la socit de linformation cons-
titue un jalon politique dune grande importance. Pour en
tirer le meilleur parti possible, il est essentiel de mettre en
place des actions adaptes aux besoins et de prendre le
temps ncessaire pour en faire le bilan. Ce rapport tente
justement de dresser un tat de la situation et reprsente
une invitation apprendre des succs du numrique dans
lespace francophone et dans le monde.
Adel El Zam
Directeur gnral des relations internationales
Universit de Sherbrooke, Qubec
MISEENGARDELe contenu de ce rapport nengage que son auteur. Les
commen taires et les analyses que renferme ce document
ne constituent en aucune manire lexpression dune
position officielle dIsoc Qubec, de lOrganisation
internationale de la Francophonie ou de la Chaire UNESCO
Pratiques mergentes des technologies de linformation
et de la communication pour le dveloppement.
Pour des raisons videntes de dlais ddition et de
rares excep tions prs, seules les informations dont
disposait le rdac teur au 27septembre2014 ont pu tre
prises en compte pour lensemble des sujets abords.
Pour ce premier travail de collecte dinformations sur
le numrique, les efforts de recherche ont strictement
port sur la situation qui rgne dans les tats et les
gouvernements membres de lOrganisation internationale
de la Francophonie. Des ditions ultrieures de ce rapport
pourront ventuellement servir tendre le champ
danalyse aux membres associs et aux observateurs.
Le rdacteur remercie la direction dIsoc Qubec, les
respon sa bles de lOrganisation internationale de la
Francophonie et les experts consults pour lorientation
et la conception de ce rapport. Il remercie galement
les personnes qui ont contribu de faon dcisive la
publication de ce rapport en rpondant ses questions
et en lui envoyant des documents et des informations.
En dernier lieu, le rdacteur demeure le seul responsable
de toute erreur ou mauvaise interprtation des faits qui
aurait pu se glisser dans ce rapport.
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5
INTRODUCTION
La Francophonie institutionnelle est depuis
longtemps consciente du potentiel dInternet
et des technologies de linformation et de la
communication (TIC). Ds 1995, une anne seulement
aprs la fondation de Netscape et dAmazon, elle
sengageait, Cotonou, la capitale du Bnin, promouvoir
un espace francophone dans le domaine des TIC. Ds
1997, un an avant que le gant Google ne soit cr, elle
concrtisait cette volont Montral, en adoptant un
plan daction qui permettrait, au fil des ans, de financer
des projets numriques varis.
En 2010, Montreux, lors de la XIIIe Confrence des
chefs dtat et de gouvernement des pays ayant le
franais en partage, la Francophonie a convenu de la
ncessit de renouveler sa stratgie dintervention dans
le secteur des TIC, pour faire en sorte quelle continue
dtre bien adapte aux besoins de ses membres.
Ce rexamen a donn naissance La Stratgie de la
Francophonie numrique Horizon 2020 : Agir pour
la diversit dans la socit de linformation, qui a t
adopte en 2012, lors du Sommet de Kinshasa.
Cette nouvelle stratgie apporte des innovations impor
tantes dans laction de la Francophonie, afin que le
numrique soit un des moteurs du dveloppement et
renforce la participation citoyenne, lexpression des
liberts dmocratiques et la place de la langue franaise
sur la Toile en devenant un axe prioritaire de la solidarit
francophone1 , dclarait Abdou Diouf, Secrtaire gnral
de la Francophonie, lors de ladoption dHorizon 2020.
Cette stratgie, qui se dcline en quatre grands axes
et dix sousaxes, est un outil prcieux qui permet la
Francophonie de tenir compte des tendances actuelles
et venir en matire de numrique. Elle lui permet aussi
de continuer raliser la vision francophone dune
soci t de linformation inclusive, ouverte, transparente
et dmocratique qui favorise la diversit culturelle, le
multilinguisme et le dveloppement conomique.
Pour que cette stratgie soit aussi utile que possible la
Francophonie, il parat cependant ncessaire de raliser
des tats de la situation priodiques qui permettront aux
dcideurs de rpondre des questions comme Quelle
distance nous spare exactement des cibles que nous
souhaitons atteindre ? et Quelles sont les approches
susceptibles de nous aider atteindre les objectifs
que nous souhaitons atteindre ? , puis dinflchir leurs
actions, le cas chant.
Command par lOrganisation internationale de la
Francophonie (OIF) Isoc Qubec et rdig avec le
soutien dun comit dexperts nationaux et interna
tionaux, le prsent rapport constitue la premire
tentative de ralisation dun tel tat de la situation.
Conu pour mesurer lavancement du numrique dans
la Francophonie :
Il regroupe des statistiques et des avis qualitatifs rcents (jusqu prsent, de telles donnes et
informations sur lespace francophone ntaient pas
toujours disponibles);
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6
Il runit de nombreuses donnes utiles en un seul document (les donnes et les informations
permettant de se faire une bonne ide du niveau
davancement de la Francophonie dans le domai ne
du numrique sont souvent disperses);
Il organise les donnes et les informations dispo-nibles selon le cadre logique de La Stratgie de la
Francophonie numrique Horizon 2020 : Agir pour
la diversit dans la socit de linformation.
Il valorise certaines expriences francophones que lon gagnerait possiblement reproduire ou
diffuser plus largement dans lespace francophone;
Il est rdig de manire vulgarise, pour tre compris par des non-spcialistes.
Ce rapport comprend cinq grands chapitres. Le premier
aborde un enjeu fondamental : celui de limportance du
dveloppement et du maintien des infrastructures qui
donnent accs au numrique dans les pays membres de la
Francophonie. Les quatre chapitres suivants traitent des
axes et des sous-axes dintervention de la stratgie de
la Francophonie en matire de numrique. Le deuxime
chapitre aborde la ncessit daccompagner linnovation
pour intgrer les pays en dveloppement dans lconomie
numrique. Le troisime porte sur limportance de crer
des socits de linformation ouvertes, transparentes
et dmocratiques dans la Francophonie. Le quatrime
traite du caractre stratgique des biens communs
num riques. Enfin, le cinquime aborde la question du
dveloppement de lintelligence numrique au service de
la diversit et du partage.
Il nest pas ncessaire de lire ce rapport dun chapitre
lautre, pas plus quil nest requis de le commencer par
le dbut. En fait, ce document a t conu pour quon
puisse le consulter au gr de ses intrts.
En terminant, ce rapport na pas la prtention dtre parfait
et complet. Il constitue en fait un document pilote que
lensemble des acteurs des tats et des gouvernements
membres de l Organisation internationale de la
Francophonie est invit mettre jour et perfectionner
au cours des prochains mois, en fournissant notamment
Isoc Qubec ([email protected]) de
nouvelles donnes ou de nouvelles informations sur des
histoires succs et des pratiques exemplaires dont ils
ont une connaissance troite.
1 Voir www.francophonie.org/Horizon-2020-nouvelle-strategie.html.
www.francophonie.org/Horizon-2020-nouvelle-strategie.html
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CHAPITRE
1
DVELOPPER ET MAINTENIR
LES INFRASTRUCTURES DONNANT
ACCS AU NUMRIQUE
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DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
8
CHAPITRE
1
8
SEBRANCHERRAPPORTEIl existe un lien troit entre le niveau de dveloppement
des infrastructures dont dispose un pays et sa capacit
tirer profit du potentiel du numrique.
Ainsi, daprs une tude de lInstitution Brookings,
chaque fois que le niveau de pntration dInternet
haute vitesse saccrot dun point de pourcentage dans
un pays, lemploi sy accrot aussi de 0,2 0,3 point.
La Banque mondiale a pour sa part tabli quune hausse
de 10 points de pourcentage de la pntration dInternet
haute vitesse dans un pays en voie de dveloppement
sy accompagne, par habitant et par an, dune hausse de
la croissance du produit intrieur brut de 1,38point 1.
La recherche montre aussi que dployer les infra-
structures favorisant lutilisation de simples mobiles
conventionnels rapporte : toute hausse de 10points
de pourcentage du taux de pntration de ces outils
saccompagne dune augmentation de 0,6 % du produit
intrieur brut par habitant enregistr dans un pays 2.
Tout pays gagne donc dployer les infrastructures
en tous genres qui permettront ses citoyens et ses
entreprises daccder Internet haute vitesse et la
tlphonie mobile.
Cela dit, il existe un second enjeu tout aussi important
que le premier : les pays doivent veiller ce que les infra-
structures dont ils se sont dots demeurent en bon tat
et soient mises niveau priodiquement. En effet, pour
tirer le meilleur du numrique, il ne suffit pas que les
citoyens et les organisations puissent accder Internet
haute vitesse ou la tlphonie cellulaire : il faut aussi
que les rseaux en place leur procurent une connexion
de qualit croissante.
BRANCHEMENTETFRANCOPHONIELes pays de la Francophonie nont pas tous pu, avant les
annes 2010, se doter des infrastructures dont ils
auraient eu besoin pour brancher convenablement leurs
citoyens et leurs entreprises Internet haute vitesse.
LUnion internationale des tlcommunications rapporte
par exemple que les programmes dajustement structurel
et les rformes en tlcommunications imposs par le
pass aux pays dAfrique subsaharienne ont fait en sorte
que dans cette rgion, les investissements dans les
backbones nationaux nont pas t suffisants pour
desservir les priphries des capitales et les zones
rurales et fournir des services innovants et de qualit
aux populations de ces localits 3 .
Lesfrancophonespeuventetdoivent
setailleruneplacedanslenouveau
mondequisinstalle,unmondepropuls
parlestechnologiesdelinformationet
delacommunication(TIC).Pourcefaire,
ilsgagnent,collectivement,mettre
enuvrelesdiffrentslmentsdela
stratgiedelaFrancophonienumrique
Horizon2020.Maisleursuccs
lrenumriquedpendaussideleur
capacitsedoterdesinfrastructures
ncessaireslamiseenplacede
vritablessocitsdelinformation
etassurerleurmise
niveaucontinue.
CHAPITRE
1
Dans ce rapport, sauf exception, les sources des tableaux
ne distinguent pas la Fdration Wallonie-Bruxelles du
reste du Royaume de Belgique. De mme, les sources
des tableaux ne distinguent pas le CanadaQubec et
le CanadaNouveau-Brunswick du reste du Canada.
Par ailleurs, afin dallger le texte, les expressions pays
membres et pays de la Francophonie sont utilises
comme synonymes de tats et gouvernements membres
de lOrganisation internationale de la Francophonie .
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DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
99
En 2013, comme le montre le tableau 1.1, une trs forte proportion des habitants des
pays de la Francophonie tait donc incapable de se brancher Internet (beaucoup de
ces personnes avaient par contre accs au numrique laide de tlphones mobiles
conven tionnels, comme le montrent les donnes de la premire colonne).
Nanmoins, au cours des dernires
annes, de nombreuses mesures
ont t prises pour dployer des
infrastructures permettant de
corriger ce genre de problmes et de
rduire lcart qui spare les tats
et les gouvernements membres de
lOIF des autres pays de la plante
en matire de branchement.
La connexion Internet en Afrique de
lOuest sest ainsi amliore avec
larrive, partir de 2012, de cinq
cbles sous-marins. Leur installation
fait en sorte que la presque totalit
des villes ctires de pays comme le Togo ou le Bnin peut maintenant tre bien
servie. En favorisant la concurrence, cette connexion offre aussi de nouvelles
possibilits des pays enclavs comme le Burkina Faso qui pourront, mieux que par le
pass, faire jouer la concurrence pour jouir de meilleures conditions de raccordement
la bande passante 4.
TABLEAU 1.1 Niveau de branchement au tlphone mobile et Internet des habitants des pays de la Francophonie en 2013 5
Abonnementslatlphoniemobile(par100personnes)
UtilisateursdInternet (en%delapopulation)
RapportentrelapntrationdumobileetcelledInternet
Albanie 116 60 1,9
Andorre 81 94 0,9
Armnie 112 46 2,4
Belgique 111 82 1,4
Bnin 93 5 18,6
Bulgarie 145 53 2,7
Burkina Faso 66 4 16,5
Burundi 25 1 25,0
Cambodge 134 6 22,3
Cameroun 70 6 11,7
Canada 78 86 0,9
Cap-Vert 100 38 2,6
Rpublique centrafricaine 30 4 7,5
Tchad 36 2 18,0
Comores 47 7 6,7
Congo 105 7 15,0
Rp. dmocratique du Congo 44 2 22,0
Denombreuxpaysendveloppement
ontprisleviragedelatlphonie
mobile(certainssontenavancece
chapitresurlespaysdvelopps).
Desinfrastructuresencore
embryonnairesetdesfacteurs
socio-organisationnelslimitent
cependantlapntrationdInternet
danslaplupartdentreeux.
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10
CHAPITRE
1DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
10
Abonnementslatlphoniemobile(par100personnes)
UtilisateursdInternet (en%delapopulation)
RapportentrelapntrationdumobileetcelledInternet
Cte d'Ivoire 96 3 32,0
Djibouti 28 10 2,8
Dominique 130 59 2,2
gypte 122 50 2,4
Guine quatoriale 68 16 4,3
France 99 82 1,2
Gabon 215 9 23,9
Grce 117 60 2,0
Guine 63 2 31,5
Guine-Bissau 74 3 24,7
Hati 69 11 6,3
Laos 66 13 5,1
Liban 81 71 1,1
Luxembourg 149 94 1,6
Madagascar 36 2 18,0
Mali 129 2 64,5
Mauritanie 103 6 17,2
Maurice 123 39 3,2
Abonnementslatlphoniemobile(par100personnes)
UtilisateursdInternet (en%delapopulation)
RapportentrelapntrationdumobileetcelledInternet
Moldavie 106 49 2,2
Monaco 94 91 1,0
Maroc 129 56 2,3
Niger 39 2 19,5
Roumanie 106 50 2,1
Rwanda 57 9 6,3
Sao Tom-et-Principe 65 23 2,8
Sngal 93 21 4,4
Seychelles 147 50 2,9
Sainte-Lucie 116 35 3,3
Suisse 134 87 1,5
Ex-Rp. yougoslave
de Macdoine
106 61 1,7
Togo 63 5 12,6
Tunisie 116 44 2,6
Vanuatu 59 11 5,4
Vietnam 131 44 3,0
Moyenne 93 33 2,8
CHAPITRE
1
-
1111
De son ct, la Rpublique de Vanuatu profite depuis janvier 2014 dun nouveau systme de
cbles sous-marins de 3 000kilomtres. Cette installation relie le Vanuatu au reste du monde
une vitesse de 40 gigabits par seconde, mais cette vitesse atteindra terme 1,2 trabit par
seconde. Larrive de ces nouveaux quipements mnera une amlioration de loffre des
fournisseurs de services Internet de cet archipel et, au final, au dploiement dapplications plus
performantes dans les secteurs de la sant, de lducation, du tourisme et du gouvernement
lectronique. Il aidera galement la Rpublique
de Vanuatu renforcer son positionnement en
tant que grand centre de-business 6.
Dautres pays doivent veiller mettre jour leurs
infrastructures actuelles pour que celles-ci
rpondent correctement aux besoins nouveaux
des citoyens et des entreprises en ce dbut
de 21e sicle. Par exemple, seulement 11 des
21 pays membres de lOIF examins par Cisco 7
disposaient en 2012 dinfrastructures commu-
nicationnelles permettant doffrir des services
Internet perfectionns aux internautes, comme
des services de diffusion en continu de vidos
haute dfinition, de gestion de la relation client
par le truchement dapplications infonuagiques,
denseignement virtuel ou de tlmdecine
(graphique ci-contre). Six pays sur 21possdaient seulement les infrastructures mini-
malement requises pour offrir des services Internet de base aux usagers, comme des services
de messagerie, de diffusion en continu de vidos rsolution normale ou de tlphonie IP.
Quatre pays sur 21 doivent combler les lacunes dont souffrent leurs infrastructures avant de
pouvoir offrir ces mmes services de base.
GRAPHIQUE 1.1 La qualit des infrastructures Internet dans 21 pays francophones 9
Pays dont les infrastructures permettent minimalement une offre de services Internet perfectionns
Pays dont les infrastructures permettent minimalement une offre
de services Internet de base
Armnie, Belgique, Bulgarie, Canada, France,
Luxembourg, Moldavie, Roumanie, Suisse,
Ex-Rpublique yougoslave de Macdoine,
Vietnam
Albanie, Cambodge, gypte
Grce, Maroc, Tunisie
32paysnonfrancophonessur117
(27 %)55paysnonfrancophonessur117
(47 %)
6paysfrancophonessur21
11paysfrancophonessur21
(52 %) (29 %)
LorsdusommetTransformAfricade
2013,leprsidentduGabon
asoulignqueleraccordement
desonpaysladorsaleInternet
dAfriquecentraleconstituerait
lapremiretapedesonaccession
lindpendancenumrique.
Sinousvoulonschangerlaviede
nosconcitoyens,lurgencedefaire
desTICunegrandeprioritsimpose
nous8,a-t-ilsoulign.
DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
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DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
12
CHAPITRE
1
12
LESIXPDANSLESPAYS DELAFRANCOPHONIEDans de nombreux pays, crit lInternet Society,
la faible connectivit entre les fournisseurs de services
Internet se traduit souvent par le routage du trafic local
vers des liens internationaux coteux, simplement pour
atteindre ensuite des destinations dans le pays dorigine.
Ces liens doivent tre pays en devise trangre. De fait,
les fournisseurs daccs Internet doivent payer les taux
dexpdition internationale pour une livraison locale.
Il y a une solution internationalement reconnue cette
inefficacit. Il sagit dun point dinterconnexion Internet
ou IXP 11 .
Selonunsondagedu
Forumconomiquemondial,
14 des 35 pays delaFrancophonietudis(dontlex-
RpubliqueyougoslavedeMacdoine,
leVietnam,laMoldavie,laRpubliquede
Maurice,lesSeychellesetleRwanda)
dpassentlamdianemondialesurle
plandelaqualitdubranchement
deleurscolesInternet13.
Les points IXP sont en fait des installations techniques
stratgiques qui permettent de faire en sorte que le trafic
Internet local circule sur des voies locales, de manire
rduire les cots dexploitation des fournisseurs daccs
Internet, optimiser lusage qui est fait des connexions
internationales, amliorer la qualit des services offerts
aux internautes, et, en fin de compte, augmenter
la pntration et lutilisation de lInternet sur le long
terme 14 . Les IXP peuvent donc donner un avantage
concurrentiel aux pays qui en sont dots.
CHAPITRE
1
UNPROBLMEMAJEUR:LEPRIXLes citoyens et les entreprises de certains
pays doivent payer un prix relativement
lev pour se brancher Internet , que
ce soit parce que leur pays na pas profit
dinvestissements suffisants dans le secteur
des tlcommunications, parce que des
solutions de connexion techniquement plus
onreuses doivent y tre utilises ou parce que
la concurrence entre fournisseurs de services
daccs y est trop faible. Par exemple, un Malien
qui travaille au salaire minimum doit utiliser
60 % de ce quil gagne chaque mois pour se
brancher Internet haut dbit 12.
LETRAVAILNESARRTEPASAUXLIMITESDESGRANDESVILLES!Mme quand un pays possde globalement de
bonnes infrastructures, il arrive que certaines
de ses rgions soient dsavantages par rapport
dautres. Cette question mrite une attention
particulire. Il ne suffit pas, en effet, de brancher
les grands centres Internet ou la tlphonie
cellulaire et de sarrter l.
Certains pays lont bien compris. Ainsi, avec lappui
de lUnion europenne, le ministre roumain
respon sable du dveloppement de la socit de
linformation et lAutoritatea Nationala pentru
Administrare si Reglementare in Comunicatii ont
entrepris de corriger les problmes daccs de
centaines de collectivits rurales de Roumanie.
lissue de ce projet de plusieurs dizaines de
millions deuros, les foyers de plusieurs zones
blanches auront accs Internet une vitesse
de 1 mgabit par seconde ou mieux en amont,
tandis que les entreprises jouiront de vitesses
atteignant au moins 4mgabits par seconde 10.
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DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
1313
TABLEAU 1 .2 Les IXP installs dans les pays de la Francophonie17
Pays NombredIXP
Vietnam l l 2
Tunisie l 1
Suisse l ll ll ll 7
Rwanda l 1
Roumanie l ll ll ll ll ll l 12
Rpublique dmocratique du Congo l 1
Luxembourg l 1
Liban l 1
Hati l 1
Grce l 1
France l ll ll ll ll ll ll ll l 16
gypte l l 2
Dominique l 1
Cte dIvoire l 1
Canada l ll ll ll ll l 10
Cambodge l 1
Bulgarie l ll 3
Belgique l ll 3
Albanie l 1
On retrouve plus de 400IXP dans le monde. De ce nombre, plus de60 se trouvent
dans des pays membres de lOIF surtout en Europe et au Canada, mais aussi
ailleurs dans le monde, comme le montre le tableau 1.2, construit principalement
partir des donnes de www.internetexchangemap.com.
La Rpublique dmocratique du Congo compte parmi les pays rcemment dots
dun IXP. Lanc en novembre 2012 avec le soutien du programme de subventions
communautaires de lInternet Society, le point IXP Kinshasa est gr par lAssociation
congolaise des fournisseurs daccs Internet. Baptis KINIX , il devait servir
de catalyseur pour linnovation et le dveloppement de services et applications
Internet en Rpublique dmocratique du Congo, et appu[yer] les efforts du
gouvernement pour mettre en uvre des services de-gouvernement et rduire le
cot du dveloppement de lhbergement local et le dveloppement dapplications 15 .
On estimait en outre que grce au lancement de KINIX, le temps requis pour accder
des contenus hbergs dans la Rpublique dmocratique du Congo serait rduit
de 10 fois.
LESRSEAUXMAILLS,COMPLMENTS DESGRANDESINFRASTRUCTURESLes rseaux maills peuvent servir amener Internet des endroits quil
est difficile de brancher dautres manires, puisquils permettent lappareil
numrique dun client daccder un rseau sans fil par le truchement de
lquipement numrique dun abonn situ proximit. Comme les systmes
maills fonctionnent de manire dcentralise, ils sont moins facilement
perturbs lors dune panne. Lajout dun nouvel abonn au rseau permet
de prolonger celui-ci dans de nouvelles directions et peut surtout servir
contourner les obstacles qui entravaient la ligne de vue (line-of-sight) entre
une tour dmission et un abonn 16.
http://www.francophonie.org/Horizon-2020-nouvelle-strategie.html
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DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
14
CHAPITRE
1 REGARD DEXPERT
Laurent Elder dirige le programme Information et rseaux du Centre de recherches pour le dveloppement international
du Canada. Selon cet expert, Internet a clairement un impact sur la croissance des pays en dveloppement, mais le
tlphone mobile conventionnel, qui permet seulement de faire des appels et de recevoir des textos, a galement des
effets quil ne faut pas ngliger 18. Le Centre a soutenu la ralisation dunequasi-exprimentationdans deux villages de
Tanzanie, dit-il. Les rsidents du premier village avaient peu accs au mobile simple, alors que ceux du second en faisaient
un fort usage. Eh bien, entre 2008 et 2010, le niveau de pauvret a chut davantage dans le village qui tait bien connect
au mobile.
Selon LaurentElder, cet exemple montre que le potentiel du mobile ne devrait pas tre sous-estim dans les stratgies
dedveloppement numrique des pays en dveloppement. court terme, les leaders de la Francophonie devraient
chercher faire en sorte que dans leur pays, les infrastructures de la tlphonie mobile donnent accs Internet en
plus de la voix, en stimulant la comptition pour attirer les investissements privs et en offrant de laide publique si
ncessaire. Ils devraient aussi sassurer que les tarifs de tlphonie cellulaire soient aussi bas que possible en vitant
de trop taxer ce secteur, car les augmentations de prix nuisent laccs des plus pauvres au tlphone mobile , dit-il.
moyen ou long terme, les pays en dveloppement devraient chercher amliorer laccs de leur population et de
leurs entreprises Internet haute vitesse et sefforcer de rendre celui-ci beaucoup moins coteux. Le mobile est
porteur, souligne Laurent Elder, mais il y a des limites ce quon peut raliser grce cet outil. Il faudra donc sassurer,
dans les annes venir, de dployer les cbles sous-marins et les liaisons terrestres requis pour brancher les pays
ctiers ou insulaires, mais aussi les pays enclavs.
Les gouvernements devraient par ailleurs veiller favoriser la transition de la tlvision analogique la tlvision
numrique, poursuit le spcialiste. En faisant cela, ils libreront des bandes de frquence qui pourront tre utilises
par les fournisseurs de services mobiles, ce qui aura un effet positif sur la qualit et sur le prix des services Internet
sans fil offerts aux citoyens et aux entreprises.
14
DES EXEMPLES SUIVRE
Selon Laurent Elder, en matire de branchement
Internet haute vitesse, le Sngal, la Rpublique de
Maurice et le Rwanda sont des exemples suivre.
Le Sngal et Maurice ont la chance davoir accs
des cbles sous-marins, mais ils ont pris des
dcisions et adopt des rglements qui ont fait
en sorte que la concurrence sur le march Internet
soit forte et que les cots de branchement
Internet y soient moins levs quailleurs.
Le Rwanda, lui, est un modle pour les pays
enclavs, ajoute le spcialiste. Le signal que le
numrique est important est venu du sommet de
ltat, et le gouvernement rwandais a compris
quil ne suffit pas de sassurer que loffre de
services Internet soit au rendez-vous : il faut
aussi stimuler la demande.
CHAPITRE
1
-
DVELOPPER ET MAINTENIR LES INFRASTRUCTURES DONNANT ACCS AU NUMRIQUE
15
1 Voirwww.cisco.com/web/FR/documents/pdfs/newsletter/ciscomag/2009/03/ciscomag_25_dossier_01_haut_debit_croissance_economique.pdf. 2 Voirhttp://siteresources.worldbank.org/EXTIC4D/Resources/5870635-1242066347456/IC4D09_Overview_French.pdf. 3 Voir www.itu.int/en/ITU-D/Regulatory-Market/Documents/IIC_Africa_Final-fr.pdf. 4 Idem.5 Dans ce rapport, sauf exception, les sources des tableaux ne distinguent pas la Fdration Wallonie-Bruxelles du reste du Royaume de Belgique. De mme, elles ne distinguent pas le CanadaQubec
et le CanadaNouveau-Brunswick du reste du Canada.6 Voir www.net.pf/?p=4940.7 Voir http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/ier2013_en.pdf, p. 35 et suivantes. 8 Ibid.9 Ibid.10 Voirhttp://ec.europa.eu/digital-agenda/en/best-practice-%E2%80%93-development-broadband-infrastructure-romania-ronet-project-ro.11 Voirwww.internetsociety.org/sites/default/files/Points_d%E2%80%99interconnexion_Internet.pdf. 12 Voir www.itu.int/en/ITU-D/Regulatory-Market/Documents/IIC_Africa_Final-fr.pdf. 13 Voir www3.weforum.org/docs/WEF_GlobalInformationTechnology_Report_2014.pdf, tableau 10.02.14 Voirwww.itu.int/en/wtpf-13/Documents/backgrounder-wtpf-13-ixps-fr.pdf.15 Voirhttp://universitic.wordpress.com/2012/11/20/lassociation-congolaise-des-isp-relance-un-point-dechange-avec-laide-de-linternet-society/.16 Voirhttp://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs1896218. 17 Voirwww.internetexchangemap.com. Donnes consultes le 3 septembre 2014. 18 Le site www.researchictafrica.net/home.php est lune des meilleures sources de donnes sur limpact des TIC enAfrique, note Laurent Elder. Il nexiste toutefois quen anglais.
http://www.cisco.com/web/FR/documents/pdfs/newsletter/ciscomag/2009/03/ciscomag_25_dossier_01_haut_debit_croissance_economique.pdfhttp://siteresources.worldbank.org/EXTIC4D/Resources/5870635-1242066347456/IC4D09_Overview_French.pdfhttp://www.itu.int/en/ITU-D/Regulatory-Market/Documents/IIC_Africa_Final-fr.pdfhttp://www.net.pf/?p=4940http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/ier2013_en.pdfhttp://www.internetsociety.org/sites/default/files/Points_d%E2%80%99interconnexion_Internet.pdfhttp://www.itu.int/en/ITU-D/Regulatory-Market/Documents/IIC_Africa_Final-fr.pdfhttp://www3.weforum.org/docs/WEF_GlobalInformationTechnology_Report_2014.pdfhttp://www.itu.int/en/wtpf-13/Documents/backgrounder-wtpf-13-ixps-fr.pdfhttp://universitic.wordpress.com/2012/11/20/lassociation-congolaise-des-isp-relance-un-point-dechange-avec-laide-de-linternet-society/http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs1896218www.internetexchangemap.comhttp://www.researchictafrica.net/home.php
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER
LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS
LCONOMIE NUMRIQUE
17
CHAPITRE
2
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER
LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS
LCONOMIE NUMRIQUE
17
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
18
CHAPITRE
2
On ne compte plus le nombre dtudes ou de
rapports qui traitent du rle majeur que le
numrique jouera dans la dynamisation future
des conomies de la plante.
Le dveloppement du secteur des TIC est important en soi,
parce quil est gnrateur demplois et de richesse (par
exemple, on estime quen Europe, dans un avenir proche,
lconomie numrique crotra sept fois plus vite que le
produit intrieur brut total de ce continent 1). Cependant, il
lest bien davantage en raison de limpact que lutilisation
des technologies peut avoir sur lensemble des secteurs
dactivit conomique dun pays.
En effet, une mtatude rcente a rvl quil existe un
lien indniable entre les investissements en TIC raliss
par les entreprises et les industries dun pays quil
sagisse dindustries traditionnelles, comme lagriculture,
la foresterie ou la fabrication de produits transforms,
ou dindustries plus nouvelles et la croissance de
lconomie de ce pays 2.
Ce lien existe parce que lutilisation des TIC permet
globalement aux entreprises et aux organismes publics
de faire des gains de productivit et de tirer davantage
profit des ressources leur disposition 3, 4. En outre,
les organisations peuvent alors innover et accomplir
des choses qui auraient t irralisables par le pass.
Par exemple, une tude europenne a montr que
les TIC ont rendu possibles 32 % des innovations de
produits ralises par les organisations et 75 % de leurs
innovations en matire de processus 5.
Finalement, certaines tudes rvlent que les TIC
peu vent aussi avoir des retombes majeures sur le
dvelop pement des rgions loignes dun pays et
rduire lexode de leurs forces vives. Les TIC permettent
notamment aux entreprises de ces rgions de commu-
niquer plus facilement avec des acheteurs, des fournis-
seurs ou des partenaires situs des centaines ou des
milliers de kilomtres de distance. La mise en place de
liens lectroniques entre les entreprises dune mme
rgion peut aussi, jusqu un certain point, leur permettre
de travailler de concert les unes avec les autres.
Une tude europenne
a montr que les TIC ont
rendu possibles
32 % des innovations de
produits ralises par
les organisations et 75 %
de leurs innovations en
matire de processus.
Dans ce rapport, sauf exception, les sources des tableaux
ne distinguent pas la Fdration Wallonie-Bruxelles du
reste du Royaume de Belgique. De mme, les sources
des tableaux ne distinguent pas le CanadaQubec et
le CanadaNouveau-Brunswick du reste du Canada.
Par ailleurs, afin dallger le texte, les expressions pays
membres et pays de la Francophonie sont utilises
comme synonymes de tats et gouvernements membres
de lOrganisation internationale de la Francophonie .
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
19
Pour tirer vritablement parti de
ldification de la socit de linformation,
les pays francophones doivent se
positionner de plus en plus comme
des acteurs et non comme de simples
consommateurs dans lconomie
numrique, qui rgit aujourdhui lensemble
des secteurs dactivit de la socit.
Si le domaine des infrastructures et des
industries de fabrication dquipements
numriques reste pour lessentiel le
monopole des pays dvelopps, celui de
lindustrie des applications, des outils et
des services numriques est la porte
des pays en dveloppement et peut leur
permettre de prendre part de manire
rentable ldification de la socit
de linformation.
(Extrait de La Stratgie de la Francophonie numrique
Horizon 2020 : Agir pour la diversit dans la socit
de linformation)
APPUYER LE DVELOPPEMENT DE LCONOMIE NUMRIQUEAXE
Quatre indicateurs du Global Information Technology Report
2014 du Forum conomique mondial donnent une bonne
ide de la place que le numrique occupe dans lconomie
des pays de la plante. Ces indicateurs, tous obtenus laide
dun sondage ralis par le Forum auprs des gens daffaires
de 148pays, portent sur quatre points majeurs :
1. Le niveau dutilisation que les entreprises nationales
font dInternet pour commercialiser leurs produits
et services auprs du grand public;
2. Lusage quelles font des TIC dans le cadre des
transactions quelles ralisent avec dautres
entreprises;
3. La faon dont les entreprises nationales se servent
des TIC pour crer de nouveaux modles organi
sationnels, par exemple, des approches reposant
sur la collaboration dquipes virtuelles;
4. La manire dont elles se servent des TIC pour
mettre en uvre de nouveaux modles daffaires.
Les donnes du graphique2.1 montrent que, de lavis
des gens daffaires sonds, le numrique occupe une
place relativement importante dans lconomie de la
plupart des pays membres de la Francophonie. Par
exemple, la Rpublique de Maurice fait bonne figure
dans ce classement, surtout cause de la force perue
des activits de commerce lectronique interentreprises
de ses organisations et de leur capacit apparente se
servir des TIC pour crer de nouveaux modles daffaires,
et donc, pour lancer de nouveaux produits et services.
Nanmoins, beaucoup de travail demeure faire avant
que le numrique devienne, dans lensemble des pays de
la Francophonie, le formidable moteur de productivit, de
cration demplois et de crativit quil pourrait tre.
Pour appuyer le dveloppement de lconomie numrique,
il est notamment ncessaire de :
mettre en place des cadres juridiques qui favo risent la cration dapplications, doutils et de services
numriques;
favoriser lmergence de nouvelles dynamiques en affaires et au sein des rseaux et des communauts
de pratique;
encourager les partenariats publicsprivs dans le secteur du numrique;
privilgier lutilisation de logiciels libres et de logi ciels code ouvert pour favoriser lautonomie des acteurs.
19
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
20
CHAPITRE
2
5,5
2,7
4,4
Luxembourg
Suisse
Canada
France
Belgique
Vietnam
Armnie
Rwanda
Maurice
Ex-Rpublique yougoslave de Macdoine
Roumanie
Bulgarie
Laos
Cambodge
Sngal
gypte
Mali
Cap-Vert
Seychelles
Cameroun
Maroc
Tunisie
Moldavie
Madagascar
Grce
Cte dIvoire
Burkina Faso
Bnin
Albanie
Mauritanie
Gabon
Guine
Hati
Liban
Burundi
Tchad
GRAPHIQUE 2.1 La place du numrique dans les conomies de la Francophonie 6
Pays membres de lOIF dont les dirigeants ont t sonds
Niveau de pntration des TIC dans lconomie nationale *
Source : Executive Opinion Survey 2012 et 2013, Forum conomique mondial.
*Les nombres qui figurent dans la colonne de droite ont t obtenus en prenant la moyenne des rponses donnes par les dcideurs de
chaque pays de la Francophonie tudi aux quatre questions suivantes : 1) Jusqu quel point les entreprises de votre pays utilisent-elles
Internet pour vendre leurs produits et services aux consommateurs ? ; 2) Jusqu quel point les entreprises de votre pays utilisent-elles
les TIC pour raliser des transactions avec dautres entreprises ? ; 3) Jusqu quel point les TIC permettent-elles aux entreprises de votre
pays de mettre en place de nouveaux modles organisationnels (p.ex. : quipes virtuelles, travail distance, tltravail) lintrieur des
entreprises ? et 4) Jusqu quel point les TIC permettent-elles la mise en uvre de nouveaux modles daffaires dans votre pays ? . Pour
chacune des quatre questions ci-dessus, la rponse des dirigeants pouvait aller de 1 (pas du tout) 7 (beaucoup).
MDIANE des 148 pays dont les
gens daffaires ont t sonds
par le Forum
METTRE EN PLACE DES CADRES JURIDIQUES QUI FAVORISENT LA CRATION DAPPLICATIONS, DOUTILS ET DE SERVICES NUMRIQUESLun des premiers moyens dont dispose un pays pour
susciter lmergence dune conomie numrique dyna-
mique sur son territoire consiste mettre en place un
cadre juridique qui favorise la demande et loffre de
produits et de services lectroniques.
Tout cadre du genre doit viser : dvelopper le sentiment
de confiance des consommateurs (ces derniers doivent
dvelopper la conviction quil est scuritaire pour
eux de se rendre sur Internet et dy faire des achats
lectroniques); faciliter la ralisation de transactions
commerciales en ligne (par exemple, rendre valables les
signatures lectroniques ou encadrer les oprations
de paiement en ligne); donner un niveau de protection
intellectuelle adquat aux innovations que ralisent les
entreprises, etc.
De nombreux pays membres de lOIF ont adopt un cadre
rglementaire de ce type, que ce soit en totalit ou en partie.
Au Cambodge 7, par exemple, un groupe de travail
runissant les ministres du Commerce, de la Justice,
des Postes et des Tlcommunications ainsi que dautres
acteurs cls a commenc travailler au dveloppement
dun cadre rglementaire sur le commerce lectronique
avec le soutien de la Confrence des Nations Unies
sur le commerce et le dveloppement (CNUCED) et
de la Banque mondiale. Rsultat : en 2013, ce pays
commenait envisager lide dadopter une loi omnibus
abordant la question de la validit des communications
lectroniques, celle de la protection des droits et de la vie
prive des acheteurs en ligne, et celle des transferts de
fonds lectroniques.
En avril 2014, le gouvernement dAndorre a de son ct
approuv un projet de loi rglementant les contrats
lectroniques et les activits des oprateurs numriques.
Ce texte vise assurer la scurit des acteurs qui
-
21
GRAPHIQUE 2.2 Contribution dInternet au PIB des pays en 2012 10
prennent part des transactions lectroniques, fournir
une protection adquate aux consommateurs qui
achtent en ligne, attirer Andorre des entreprises de
TIC et faciliter le lancement dactivits numriques sur
ce territoire 8.
Avec laide de la CNUCED, de la Commission conomique
et sociale pour lAsie et le Pacifique des Nations Unies et
de la U.S. Agency for International Development, le Laos
a pour sa part adopt, en dcembre 2012, une loi sur les
transactions lectroniques qui respecte gnralement les
grandes lignes de la loi type que la Commission des Nations
Unies pour le droit commercial international a dveloppe
pour rgir les activits de commerce lectronique.
Enfin, depuis 2010, le gouvernement de Madagascar
a labor quatre grands textes de loi pour encadrer le
fonctionnement du secteur du commerce lectronique.
Ces textes portent sur les thmes de la cybercriminalit,
de la protection des donnes personnelles, des signatures
lectroniques et des transactions lectroniques. En juillet
2014, le ministre du Commerce et de la Consommation
de ce pays affirmait souhaiter ladoption prochaine des
deux derniers de ces quatre textes de loi. Il est prvu que
la Chambre de Commerce et dIndustrie soccupe ensuite
de vulgariser ces textes pour les faire connatre des
consommateurs et des acteurs du secteur priv 9.
FAVORISERLMERGENCEDENOUVELLESDYNAMIQUESENAFFAIRESETAUSEINDESRSEAUXETDESCOMMUNAUTS DEPRATIQUELes pays membres de la Francophonie peuvent aussi
stimuler le dveloppement dune conomie numrique
forte sur leur territoire en signalant aux entreprises
quil vaut la peine pour elles dinvestir ce secteur, et en
facilitant la mise en rseau de lensemble des acteurs
nationaux du secteur des TIC.
Cest notamment dans ce but quen septembre2014,
ltat tchadien a organis le premier Salon inter-
na tional des technologies de linformation et de la
commu nication, en collaboration avec lOrganisation
internationale de la Francophonie, lUnion internationale
des tlcommunications et dautres partenaires. En plus
daider le Tchad tablir un tat de la situation des TIC sur
son territoire, cet vnement lui a permis dannoncer son
Afrique
Cte dIvoire
Pays mergents
Maroc
Sngal
conomiesdveloppes
1,1 %
1,3 %
1,9 %
2,3 %
3,3 %
3,7 %
En2014,laCNUCEDaralisunsminaire
surlaquestiondelharmonisationdela
cyberlgislationdanslaCommunaut
conomiquedestatsdelAfriquedelOuest.
Lesparticipantsdiscutentde
limportancedelacyberlgislation
etdunumriqueladressesuivante:
http://vimeo.com/102530353 (mot de passe : trainfortrade).
Le rgime rglementaire adopt par un
pays gagne respecter les conventions
internationales et galer celui des pays
industrialiss. Cela donne notamment aux
consommateurs et aux entrepr ises de
lextrieur la garantie de jouir dans ce pays
dun niveau de protection la fois adquat
et semblable celui quils obtiendraient chez
eux. En fin de compte, ce pays devient plus
concurrentiel sur le plan conomique.
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
http://vimeo.com/102530353
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
22
CHAPITRE
2
intention de prendre des mesures pour se positionner
avantageusement sur lchiquier du numrique africain 12.
Il a aussi donn aux acteurs du domaine une occasion
exceptionnelle de se rencontrer et de discuter les uns
avec les autres.
En 2014, lorganisation dune srie dateliers sur les
affaires lectroniques en Dominique et Sainte-Lucie,
notamment, a aussi favoris lapparition dune nouvelle
dynamique daffaires en Carabe orientale. Ces sminaires
ont en effet permis aux entrepreneurs de cette rgion de
mieux saisir le potentiel des affaires lectroniques. Les
entreprises participantes pouvaient dabord raliser
un audit pour dterminer leur niveau davancement
en matire de commerce lec tronique. Elles pouvaient
ensuite se familiariser davantage avec des thmes cls
comme celui du marketing en ligne, du marketing direct,
des paiements lectroniques, du rfrencement de site
Web ou de la protection des donnes des clients 13.
Par ailleurs, certains pays cherchent soutenir le
dvelop pement numrique dans leur territoire en
favorisant directement la cration dun cosystme
similaire celui que lon trouve dans Silicon Valley,
une rgion de la Californie qui doit son avantage
concurrentiel lexistence, en son sein, dune forte
concentration de chercheurs, dentrepreneurs et de
financiers capables dassister les entrepreneurs dans
la cration de nouvelles socits. Le Canada-Qubec
sest ainsi donn une Cit du multimdia et une Cit du
commerce lectronique, pendant que lgypte mettait
sur pied les Smart Villages, et que le Maroc crait les
technopoles de Casablanca, Rabat, Oujda et Marrakech,
et la Tunisie, celle de Ghazala.
ENCOURAGERLESPARTENARIATSPUBLICS-PRIVSLes gouvernements peuvent galement favoriser le
dve loppement dune conomie numrique prospre
en encourageant des partenariats fructueux entre
le secteur public et le secteur priv, notamment en
concluant des ententes o le secteur priv est appel
participer au financement dun service ou dune
infrastructure publics.
En 2013, par exemple, lUnion des Comores a sign un
contrat gagnant-gagnant avec une socit franaise,
Moneo Applicam, pour utiliser son porte-monnaie lec-
tro nique et ainsi dmatrialiser les paiements [raliss]
sur tout le territoire de manire scurise . Cette entente
permettait au gouvernement des Comores de renforcer
et scuriser ses recettes, tout en aidant la population de
ce pays accder des services bancaires de meilleure
qualit14. Elle contribuait au dveloppement de lindustrie
locale des TIC puisquune entreprise nationale tait
associe limplantation du porte-monnaie et rappor-
tait finalement la socit de lHexagone.
Une des manires efficaces dencourager les partenariats
publics-privs consiste inciter les universits et les entreprises
collaborer plus troitement les unes avec les autres.
Aucoursdesderniresannes,
legouvernementcongolaisainvestiquelque
150 millions deuros pourdynamiserlesecteurdunumriqueet
enfairelemoteurdelamodernisationdes
secteursdactivittraditionnelsduCongo.
Rsultat : LesecteurdesTICoccupeaujourdhui
latroisimeplace,aprslessecteursdu
ptroleetdubois,souligneledirecteur
desNouvellesTechnologiesauministre
congolaisdesPosteset
desTlcommunications11.
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
23
Selon un sondage men par
le Forum conomique mon-
dial, les pays membres de lOIF
performent moins bien que
les pays non francophones
cet gard. La rponse que
les gens daf faires de la
Francophonie donnent la
question Dans votre pays,
quel point les entreprises et les
universits collaborent-elles
des travaux de recherche
et de dveloppement ? est
en effet significativement
plus basse en moyenne que
celle de leurs homologues
non francophones. Cela dit,
certains pays francophones
obt iennent dassez bons
rsul tats cet gard (voir le tableau2.1).
PRIVILGIERLUTILISATIONDESLOGICIELSLIBRESETDESLOGICIELSCODEOUVERTIl existe trois grandes sortes de logiciels sur le march.
On trouve dabord les logiciels exclusifs ou propritaires,
lesquels sont conus par des organisations qui en
conservent la proprit (droits dauteur, droits dusage,
droits dexploitation). Lusage que lon peut faire de ces
outils, dont le code source savre souvent inaccessible,
est fortement balis par des contrats de licence.
Il y a ensuite les logiciels libres, qui procurent lutilisateur
quatre liberts fondamentales, soit celles daccder au code
source du logiciel, den tudier le fonctionnement et de
ladapter ses besoins, de le redistribuer et de lamliorer.
Il y a enfin les logiciels ouverts utilisant des standards
ou formats ouverts, cest--dire offrant des formats
de donnes interoprables et dont les spcifications
techniques sont publiques et sans restriction daccs
ni de mise en uvre. Un logiciel ouvert nest pas
automatiquement libre au sens de la dfinition prsente
ci-dessus 16.
Classement Pays
1er Suisse
6e Belgique
17e Canada
18e Luxembourg
31e France
57e Rwanda
78e Seychelles
79e Ex-Rp. yougoslave de Macdoine
TABLEAU 2.1 Pays de la Francophonie o les liens universits-entreprises paraissent le plus forts 17
N. B. Classement tabli partir des rponses donnes la question
Dans votre pays, quel point les entreprises et les universits
collaborent-elles des travaux de recherche et de dveloppement ?
Les rponses pouvaient aller de 1 (trs peu) 7 (beaucoup).
UNEAPPROCHEGAGNANTEDANSTOUSLESCASPour Franois Pellegrini, professeur lUniversit de Bordeaux et
chercheur au Laboratoire bordelais de recherche en informatique
et Inria Bordeaux Sud-Ouest, le recours au logiciel libre a du sens,
quelle que soit lidologie que lon professe sur le plan conomique.
Contrairement ce quon pense trop souvent, ce modle ne cadre pas
seulement avec la vision des adeptes du communautarisme : il rpond
aussi trs bien aux attentes dacteurs qui sinscrivent dans une logique
rsolument capitaliste. Selon ce chercheur, rien ne le prouve mieux
que linvestissement de 1 milliard de dollars amricains quIBM a ralis
en 2000 dans lcosystme Linux. Lesdirigeants dIBM nont rien de
barbus gauchisants, blague lexpert. Sils ont pos ce geste, cest quils
avaient compris quil leur permettrait de raliser des conomies et de
faire des gains de productivit considrables 15.
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUECHAPITRE
2
24
Diffrents facteurs militent en faveur de la promotion
des logiciels libres et ouverts. La Confrence des Nations
Unies sur le Commerce et le Dveloppement (CNUCED)
note entre autres que dans les pays en dveloppement,
ces outils favorisent lapprentissage local, puisque, par
le processus de connaissance et dadaptation des logiciels
[libres], les utilisateurs [deviennent] des crateurs de
connaissances plutt que de simples consommateurs
passifs de technologies propritaires 18 . Le recours aux
logiciels libres a aussi un effet sur les conomies locales,
puisque les organisations utilisatrices font appel de la
main-duvre de lendroit pour les adapter et les implanter,
au lieu de payer des frais de licence importants des
fournisseurs de logiciels propritaires trangers.
REGARDDEXPERT
Aux yeux de Bruno Lanvin, directeur de lInitiative de comptitivit europenne lInstitut europen
dadministration des affaires (INSEAD), il est indniable que le numrique peut jouer un rle moteur
dans le dveloppement conomique des pays de la Francophonie. Rien ne le montre mieux que
lexemple de la Core, dit-il. En 1964, ce pays asiatique avait le revenu par habitant du Ghana. En 1974, il
avait rattrap les pays de lAmrique latine ce chapitre. Et en 2014, son niveau de richesse tait
cinq fois suprieur la moyenne latino-amricaine. La Core a accompli cet exploit en donnant la
priorit lducation et au haut dbit, aux infrastructures dinformation. Cest la combinaison de ces
deux nouveaux atouts qui a permis tout le reste21.
Les pays de la Francophonie pourront imiter la Core et se servir des TIC comme levier de dveloppement
conomique, souligne Bruno Lanvin, mais pour ce faire, quatre grandes conditions devront tre respectes.
Premirement, les leaders des pays francophones devront comprendre quen matire de numrique, une
logique de multiplication plutt que daddition et de soustraction devrait prvaloir. Je ne compte plus le
nombre de fois o un ministre ou un premier ministre ma laiss parler des TIC et de leurs bienfaits pendant
une demi-heure, pour ensuite me dire : Je comprends trs bien, mais o prendrons-nous les 100millions
quil nous faudrait pour amliorer nos infrastructures de tlcommunication ou soutenir lapparition
dentreprises informatiques ? En congdiant des infirmires ? En fermant des coles ? Ces dirigeants
envisagent la question sous le mauvais angle, ajoute Bruno Lanvin. En ralit, il suffit de consacrer aux
TIC, disons, 10 % des sommes allous au secteur de la sant ou de lducation pour mener des projets
numriques qui permettront de mieux rentabiliser les 90 % qui restent, et de crer au final plus de valeur
pour les patients et les lves.
Deuximement, tous les pays, mme les plus petits, peuvent russir se servir du numrique comme levier
conomique, condition de miser sur leurs forces. Ledveloppement laide des TIC doit se faire de bas
en haut, jamais de haut en bas, en tenant bien compte des atouts historiques, culturels ou gographiques
dun pays , prcise Bruno Lanvin. Par exemple, laventure de Singapour dans le monde du numrique a
commenc par une question bien terre terre : Comment pourrait-on renforcer un secteur dans lequel
nous dtenons un avantage concurrentiel important, celui du transport maritime ? Cette interrogation a
Selon un sondage men par le Forum conomique mondial
auprs des dcideurs de 148pays, le pays qui a le mieux
russi promouvoir lutilisation des TIC lintrieur de ses
frontires est le Rwanda 19. Son succs en cette matire
vient notamment de sa capacit laborer des politiques
nationales qui se renforcent les unes les autres et y arrimer
des stratgies efficaces 20.
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
25
vite amen cette Rpublique insulaire, aprs son indpendance, se servir des premires
gnrations de TIC pour faciliter la vie des armateurs, automatiser le transbordement des
marchandises, etc. Lerecours aux TIC doit toujours partir dun problme concret Il faut
augmenter la productivit de notre secteur minier, il faut innover davantage dans celui des
pcheries, nos musiciens pourraient se faire connatre davantage, jamais dun simple
espoir, prvient lexpert franais. Sinon, la greffe ne prendra pas.
Troisimement, Bruno Lanvin croit que lidologie na pas sa place quand on parle de
dveloppement grce aux TIC. Je connais des gens passionns et bien intentionns qui
ne voient le monde qu travers le prisme des partenariats publics-privs, dautres qui
pensent que lavenir est rserv aux logiciels libres. Il existe pourtant des moments, dans
lhistoire, o les monopoles publics ont leur raison dtre, et dautres o une organisation
aura intrt recourir des outils propritaires. Lopportunisme, en matire de numrique,
simpose. Personne ne devrait jurer que par une seule solution.
Enfin, les pays qui russiront le virage du numrique sont ceux qui mettront un accent
prononc sur lducation. Pour que les TIC servent dinstruments de dveloppement
conomique et socioculturel, il faut veiller ce que les jeunes apprennent les matriser
ds lenfance. En 2014, conclut le spcialiste de lINSEAD, tre alphabtis signifie savoir
lire et savoir compter, mais aussi, connatre les outils du numrique, savoir en faire usage
et savoir coder.
Le nombre de comptes bancaires mobiles est maintenant suprieur
celui des comptes bancaires traditionnels dans neuf pays
dAfrique et de locan Indien, dont le Cameroun, la Rpublique
dmocratique du Congo, le Gabon et Madagascar 22.
Rang sur les 148 pays valus
par le WEFPays francophones valus
Note sur 7 points
1er Rwanda 6,2
5e Luxembourg 5,8
29e Ex-Rp. yougoslave de Macdoine 4,9
29e Suisse 4,9
29e Maurice 4,9
29e Vietnam 4,9
38e Cap-Vert 4,7
38e Seychelles 4,7
38e Mali 4,7
46e Armnie 4,6
46e Sngal 4,6
46e Laos 4,6
46e Canada 4,6
74e-75eMdiane des 148 pays dont les gens
daffaires ont t sonds 4,3
TABLEAU 2.2 Pays de la Francophonie qui russissent le mieux promouvoir lutilisation des TIC sur leur territoire 23
Source : Executive Opinion Survey, 2012 et 2013, Forum conomique mondial. Classement tabli partir des
rponses donnes la question Jusqu quel point le gouvernement a-t-il russi promouvoir lutilisation
des TIC dans votre pays? . Les rponses pouvaient schelonner entre 1 (pas du tout) et 7 (beaucoup).
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
26
CHAPITRE
2
APPUYERLENTREPRENEURIATDESJEUNESDANSLESECTEURDUNUMRIQUEAXE
Larry Page et Sergue Brin avaient seulement 25 ans
lorsquils ont lanc le moteur de recherche Google, la fin
des annes 1990. la mme poque, un entrepreneur en
srie d peine 35ans, Jack Ma, fondait Alibaba, un site de
commerce lectronique chinois dont le chiffre daffaires
mondial dpasse aujourdhui les 150milliards de dollars
amricains par anne.
Mark Zuckerberg navait toujours pas atteint la vingtaine le
4fvrier 2004, jour de la mise en ligne de The Facebook ,
qui deviendrait rapidement le rseau social le plus
populaire au monde. Quant au Britannique Nick DAloisio,
il avait seulement 17 ans quand il a vendu fort prix
Yahoo! un outil technolinguistique servant produire des
rsums lisibles sur un appareil mobile.
Lunivers numrique dans lequel nous vivons aujourdhui
nest pas rserv aux jeunes, mais il est clair que, dans
les annes 1990 comme dans les annes 2000, ce sont
des jeunes qui lont en grande partie faonn. De mme,
cause de la vitesse laquelle voluent la technique
et les usages, les gnrations montantes pro duiront une
bonne partie des innovations en tous genres qui, au cours
des prochaines annes et des prochaines dcennies,
verront le jour dans le monde des technologies de
linformation et de la communication (TIC).
Lentrepreneuriat des jeunes peut aussi tre une faon
de lutter contre le chmage qui les frappe. Selon un
sondage men aux tats-Unis, prs dun jeune dmarreur
dentreprise sur quatre (23 %) a en effet choisi cette voie
parce quil navait pas de travail 24.
Pour favoriser lentrepreneuriat chez les jeunes dans les
pays de la Francophonie, il faut particulirement :
former les jeunes, notamment en ligne, et mettre leur disposition des ressources pratiques qui les
aident crer et grer des entreprises;
aider les jeunes partager leurs expriences, btir des partenariats et recevoir lappui dentrepreneurs
chevronns;
veiller ce que les jeunes entrepreneurs soient au courant des occasions daffaires qui soffrent eux;
faciliter la cration dentreprises par les jeunes et crer des conditions fiscales favorables pour leurs
organisations.
Envuedecontribuerun
dveloppementprogressif
etsubstantieldesemploisdanslespays
endveloppementfrancophones,
lOIFaccompagneraleseffortsdespays
pourlerenforcementdelentrepreneuriat
desjeunes.Elleutiliseraceteffet
desdispositifsnumriquesfavorisant
linnovationetlacrativit,
entenantcomptedesspcificits
localesdechaquepays.
(Extrait de La Stratgie de la Francophonie numrique
Horizon 2020 : Agir pour la diversit dans la socit
de linformation)
-
27
UNJEUNEENTREPRENEURDUCAMEROUN INNOVEAVECLECARDIOPADArthur Zang, un ingnieur camerounais sorti de lcole polytechnique
de Yaound, na quune vingtaine dannes, mais son nom figure
dj dans la liste des entrepreneurs africains les plus brillants que le
magazine Forbes a dresse en 2014.
Lors dun stage dans un hpital, Arthur Zang se rend compte que le
Cameroun ne recense quune quarantaine de cardiologues un par
500000habitants environ, et que ceux-ci travaillent surtout dans
les grands centres que sont Yaound et Douala. Les patients qui
vivent dans des villages loigns doivent prendre le bus pour aller
passer leurs examens, ce qui pose non seulement un problme sur le
plan de leur suivi mdical, mais aussi sur le plan conomique, car le
transport augmente [...] leurs dpenses 26 , explique-t-il.
Arthur Zang commence donc rflchir une manire de permettre
aux cardiologues du pays de traiter un maximum de patients
distance. Cela lamne crer le CardioPad, une tablette numrique
de la taille dun livre de poche dont on se sert pour raliser un
lectrocardiogramme et transmettre les rsultats au cardiologue par
lintermdiaire du rseau tlphonique mobile.
Une trentaine de ces appareils circulaient au Cameroun en juin 2014.
Chacun cotait environ 2 000dollars amricains, deux fois moins, en
fait, que les solutions concurrentes. Arthur Zang entend utiliser les
sommes quil a recueillies en gagnant des distinctions tel le prix
Rolex 27 pour accrotre la pntration du CardioPad et dvelopper
de nouveaux outils, comme un appareil dchographie mobile 28.
FORMERLESJEUNESNOTAMMENTENLIGNE ETMETTRELEURDISPOSITIONDESRESSOURCESPRATIQUES QUILESAIDENTCRERET GRERDESENTREPRISESEn 2011, 88 % des jeunes Amricains croyaient
que dans ltat actuel de lconomie, il tait
important que des formations en entrepreneuriat
leur soient offertes. Cependant, trois tudiants
sonds sur quatre (74 %) estimaient quils
navaient accs aucune ressource de ce
genre 25.
Ce problme nest videmment pas propre
aux tats-Unis. En fait, travers le monde,
relativement peu de jeunes ont accs aux
formations et aux ressources qui les aideront
prendre la route de lentrepreneuriat. Et
surtout, peu ont la chance dacqurir les
connaissances et les comptences dont ils
auraient besoin pour lancer une entreprise
dans le secteur du numrique. Certains pays
membres de lOIF ont cependant pris des
mesures pour corriger cette situation.
En Armnie, par exemple, le Centre Tumo pour
les technologies cratives, un organisme sans
but lucratif, intervient auprs des jeunes de
12 18ans pour les sensibiliser au potentiel
dune carrire en TIC et les former dans des
domaines comme lanimation, le dveloppement
de jeux ou le dveloppement Web.
Laccs au Centre Tumo est gratuit pour les
jeunes. Des ducateurs chevronns et des
professionnels actifs dans le secteur numrique
des Armniens qui ont russi Hollywood, par
exemple aident les participants dfinir le
parcours dapprentissage qui les intresse le plus,
acqurir des comptences en programmation,
en rdaction, en travail collaboratif et autres, et
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
28
CHAPITRE
2
appliquer celles-ci par le truchement dun environnement
ludique virtuel baptis Tumo World .
Les responsables du Centre invitent galement les
jeunes prendre part des ateliers et prsenter les
applications quils y dveloppent en quipe dans le
cadre de concours, voire les commercialiser en ligne. Le
Centre Tumo offre finalement des services dincubation
aux entrepreneurs les plus prometteurs.
Une autre russite du genre est le Youth Employment
Generation Program cr par le ministre gyptien
respon sable des communications et des TIC et le
Programme des Nations Unies pour le dveloppement 30.
Ce programme a t mis sur pied pour pallier le fait que,
selon les gens daffaires gyptiens, les jeunes navaient
pas toujours les comptences requises pour grer
adquatement les entreprises de ce pays et en dmarrer
de nouvelles.
Le programme consiste en partie organiser des sances
de sensibilisation et de formation, prsentielles et virtuelles,
au cours desquelles les participants sont sensibiliss
limportance de recourir aux TIC (par exemple, crer un site
Web, faire du rseautage en ligne ou adopter des solutions
de marketing lectroniques) et forms de manire pouvoir
les utiliser efficacement (par exemple, des prix sont offerts
aux crateurs des meilleures pages Web). Il consiste aussi
organiser des activits comme des stages, qui
permettent aux jeunes de gagner de lexprience et de
se crer des contacts.
En 2014, lUnion internationale des tlcommunications
a reconnu le Youth Employment Generation Program de
lgypte comme un modle suivre.
AIDERLESJEUNESPARTAGERLEURSEXPRIENCES,CONSTRUIREDESPARTENARIATSETRECEVOIRLAPPUIDENTREPRENEURSCHEVRONNSInnover se fait rarement en vase clos. La majorit des
produits ou services qui se taillent une place enviable
dans le march est habituellement le fruit du travail
de personnes qui uvrent de concert et partagent
LEDJIBOUTISESERTDESTICPOURFORMERLARELVEBnficiant du soutien du ministre de
lEnseignement suprieur et de la Recherche de
Djibouti, lUniversit de Djibouti sest rcemment
dote dun progiciel de pointe qui lui permettra
de fournir un enseignement de meilleure
qualit ses tudiants. Cette plateforme
constitue une base idale pour la poursuite de
nos investissements destins la jeunesse
de cette rgion, jeunesse pour laquelle un
enseignement suprieur de niveau international
est essentiel 31 , a dclar le ministre.
LESTIC:PASSEULEMENT POURLESHOMMES!Les femmes sont gnralement sous-reprsentes
dans le secteur des TIC, bien quelles possdent
videmment toutes les qualits pour tirer leur
pingle du jeu dans ce domaine. Certains, comme
les Grecs, ont dcid de corriger cette situation.
Depuis cette anne, 17organisations hellniques
du secteur public et du secteur priv et quatre
organisations europennes cherchent faire en
sorte quun plus grand nombre de jeunes femmes
grecques sengagent dans le secteur des TIC,
o elles sont actuellement sous-reprsentes,
particulirement aux chelons les plus levs.
Sous la direction du Hellenic General Secretariat
for Gender Equality, la coalition Women & Girls Go
Digital in Greece cherche dvelopper un rseau
dentrepreneurs, de politiques et de chercheurs
capables de servir de mentors aux Grecques
de la relve, de les sensibiliser la qualit des
emplois disponibles dans le monde du numrique
et de les accompagner dans le dmarrage de
nouvelles entreprises. La Coalition sest donn un
plan daction national qui fait tat des cibles quil
conviendrait datteindre dici 2020 29.
-
29
connaissances et ides. De mme, peu dentreprises
sont lances par une personne isole dans son
laboratoire ou installe dans son garage. Crer une
entreprise succs requiert souvent le soutien
de partenaires comme des financiers ou des
entrepreneurs plus expriments.
Les pays peuvent renforcer lentrepreneuriat techno-
lo gique chez les jeunes en les aidant obtenir ce type
de soutien. Plus prcisment, ils peuvent favoriser
ltablis sement dincubateurs au sein desquels les
jeunes (et les moins jeunes) trouveront un terrain
fertile pour crer de nouveaux produits ou services.
Le Grand Dictionnaire terminologique dfinit ainsi
le terme incubateur : organisme qui aide de
nouvelles entreprises dmarrer en leur fournissant
des locaux, des services multiples, des conseils et de
la formation jusqu ce quelles deviennent
autonomes, et en favorisant les
changes avec des entreprises
dj installes . Les incubateurs
donnent gnralement aux
entrepreneurs qui y sont admis
la possibilit de partager leurs
expriences. Ils leur donnent
aussi celle daccder aux
savoirs et au savoir-faire
dentrepreneurs qui ont russi.
On trouve bon nombre dincuba teurs
dans la Francophonie. Enfait, le site du
Rseau francophone de linnovation en recense 64.
Seulement en Afrique et dans locan Indien
francophones, on en compte plus de
30 (voir le graphique2.3). Le CTIC
Dakar est lun dentre eux.
Le CTIC Dakar se prsente
comme le 1er incubateur et
acclrateur lanc en Afrique de
lOuest pour les entrepreneurs
des TIC et des technologies
mobiles . Fond en 2011 et plac
sous la tutelle du gouvernement
du Sngal, cet organisme, qui
est soutenu par des partenaires
Pays Nombredincubateurs
Sngal l ll ll l 6
gypte l ll ll 5
Cte dIvoire l ll ll 5
Rwanda l ll 3
Burkina Faso l l 2
Cameroun l l 2
Bnin l 1
Congo l 1
Rpublique dmocratique du Congo l 1
Maroc l 1
Mali l 1
Niger l 1
Tunisie l 1
Madagascar l 1
Maurice l 1
Togo l 1
Neuf des 40entreprises africaines retenues
par un jury pour faire une prsentation
des investisseurs lors de lvnement DEMO
Africa 2014, tenu en septembre dernier
Lagos, au Nigria, provenaient de lespace
francophone (quatre taient gyptiennes,
deux rwandaises, et les trois autres taient
camerounaise, tunisienne et bninoise). Plus
de 400entreprises avaient prsent une
demande pour se faire connatre lors de cette
importante manifestation technologique 32.
Lesgouvernements
peuventfavoriserla
miseenuvredeprojets
numriquesporteurssurle
planconomique.Grceaux
TIC,ilspeuventjouerunrle
decatalyseuretstimuler
linnovation.
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
GRAPHIQUE 2.3 Les incubateurs francophones en Afrique et dans locan Indien 33
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
30
CHAPITRE
2
nombreux et varis comme la Banque mondiale
( Infodev), l Organisation des professionnels des
TIC du Sngal, la Banque Sahlo Saharienne pour
lInvestissement et le Commerce, le Conseil national du
patronat du Sngal et lUniversit Cheikh Anta Diop de
Dakar, propose deux grandes formes daccompagnement
ses clients.
Le CTIC offre six mois daccompagnement aux jeunes
entre preneurs qui se prsentent avec une ide dentreprise.
Il les aide affiner cette ide et former lquipe dont ils
auront besoin pour la concrtiser. Il les soutient dans
la rdaction dun plan daffaires qui leur permettra
dobtenir du financement, et les met en relation avec des
partenaires potentiels. Le CTIC gre aussi un programme
dincubation grce auquel les entrepreneurs et les jeunes
pousses les plus solides peuvent accder divers services
hbergement, dveloppement commercial et gestion
comptable, entre autres pendant trois ans.
Les quelque 30 entreprises que le CTIC a incubes
depuis ses dbuts ont connu une croissance de leur
chiffre daffaires de 37 % en 2013. On compte parmi ces
socits People Input, une agence de dveloppement
dapplications prsente dans quatre pays; Seysoo, un
dveloppeur de logiciels; Niokobok.com, un site de
commerce lectronique; Xtreme Sngal, un producteur
de solutions pour le secteur africain de lhtellerie; et
Nelam Services, le gestionnaire de la prsence numrique
de groupes commerciaux 35.
VEILLER CE QUE LES JEUNES ENTREPRENEURS SOIENT AU COURANT DES OCCASIONS DAFFAIRES QUI SOFFRENT EUXEn fvrier 2014, les innovateurs numriques du Canada,
particulirement les plus jeunes dentre eux, relvent un
dfi stimulant que leur lance le gouvernement fdral de
ce pays, qui les invite se servir des jeux de donnes
mis la disposition du public par les ministres et
les organismes fdraux, et crer des applications
permettant de rsoudre les problmes concrets des
Canadiens. Les dveloppeurs des solutions les plus
prometteuses remporteront un prix en argent et pourront
obtenir de laide pour commercialiser leur solution.
LE CITC DAKAR A UN REJETON AU NIGEREn juillet 2014, le CITC Dakar a contribu, avec
le Groupe Orange, la fondation du Centre
Incubateur des PME au Niger (CIPMEN), qui
a pour mission damliorer la croissance
et le taux de survie des PME nigriennes
engages dans les trois secteurs dactivit
jugs prioritaires au Niger, que sont les TIC, les
nergies renouvelables et lenvironnement 36 .
DEUX JEUNES BLOGUEUSES FRANCOPHONES SILLUSTRENTDeux jeunes femmes, une du Bnin (pour le blogue
http://agricultureaufeminin.wordpress.com)
et lautre du Cameroun (pour le blogue http://
grainesdinfo.wordpress.com), ont remport
les deux premiers prix remis aux meilleurs
agriblogueurs dAfrique lors de la deuxime
dition du concours YOBLOCO. Organis par le
Centre technique de coopration agricole et
rurale (CTA) dans le cadre du projet Agriculture,
Dveloppement rural et Jeunesse dans la socit
de linformation, ce projet a notamment pour
objectif de renforcer la capacit des jeunes
utiliser le Web 2.0 et les TIC pour favoriser le
dveloppement du secteur agricole et de la ruralit 34.
Niokobok.comhttp://agricultureaufeminin.wordpress.comhttp://grainesdinfo.wordpress.comhttp://grainesdinfo.wordpress.com
-
31
Quelque 900 personnes participent ce marathon-
concours de 48heures dont le but ultime est d encou-
rager linnovation entrepreneuriale qui mne au dmar-
rage de nouvelles entreprises, lexpansion conomique
et la cration demplois[...] 37 . En fin de compte, deux
jeunes diplms de lUniversit Wilfrid-Laurier touchent
le grand prix de 25 000 dollars pour une application
appele newRoots (Racines nouvelles). Celle-ci aide
les Canadiens, notamment les immigrants, stablir
dans une ville ou dans un quartier o ils auront plus de
chances, tant donn leur profil professionnel et leurs
prfrences, dexploiter leur plein potentiel 38.
Lexemple de la comptition canadienne Exprience
des donnes ouvertes, dont une nouvelle dition est
prvue en 2015, montre que pour amener les jeunes
innover et crer de nouvelles entreprises, les pays et
leurs partenaires ne doivent pas hsiter leur offrir des
occasions de se faire valoir.
FACILITERLACRATIONDENTREPRISESPARLESJEUNESAucun indicateur ne permet de savoir jusqu quel point
il est facile, pour les jeunes, de crer une entreprise
numrique dans les pays membres de la Francophonie.
Pour en avoir une ide gnrale, on peut toutefois se
servir des donnes produites par la Banque mondiale et
par lInternational Finance Corporation, qui se trouvent
dans la section Cration dentreprises du rapport Doing
Business 2014.
GRAPHIQUE 2.4 Nombre de procdures requises pour crer une entreprise
GRAPHIQUE 2.5 Cots pour la cration dune entreprise en proportion du revenu par habitant
GRAPHIQUE 2.6 Nombre de jours dattente requis pour crer une entreprise
Sao Tom-
et-Principe
Comores
Rpublique
dmocratique
du Congo
Congo
Guine-Bissau
410
2014 2010
179
1111
14
10
11
8
Sao Tom-et-Principe
Comores
Rpubliquedmocratique
du Congo
Congo
Guine-Bissau
19 %82 %
2014 2010
184 %46 %
52 %87 %
848 %
181 %
200 %
119 %
Sao Tom-et-Principe
Comores
Rpubliquedmocratique
du Congo
Congo
Guine-Bissau
5144
2014 2010
2169
101161
127
22
31
15
Grce,notamment,lutilisationque
ladministrationfaitdesTIC,lancienne
RpubliqueyougoslavedeMacdoinefait
partiedestroispaysaumondeo,selon
leForumconomiquemondial,ilestle
plusfacilededmarreruneentreprise39.
Cepaysmontredefaonloquenteque
ledveloppementdeloffredeservices
gouvernementauxenlignepour
lescrateursdentrepriseconstitueun
moyenprivilgideleursimplifierlavie.
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
-
ACCOMPAGNER LINNOVATION POUR INTGRER LES PAYS EN DVELOPPEMENT DANS LCONOMIE NUMRIQUE
32
CHAPITRE
2
Les donnes de Doing Business 2014 montrent
quun entrepreneur doit essentiellement raliser le
mme nombre de procdures et composer avec
les mmes dlais administratifs pour fonder une
nouvelle entreprise, que ce soit au sein de la
Francophonie ou lextrieur de celle-ci. Cependant,
les cots de cration dune nouvelle entreprise
en pourcentage du revenu par habitant sont deux
fois plus levs dans les pays francophones.
Nanmoins, au cours des dernires annes, les
pays francophones ont fait des efforts remar-
qua bles pour faciliter la cration de nouvelles
entreprises sur leur territoire. Les graphiques 2.4,
2.5 et 2.6 donnent une ide de la vigueur avec
laquelle cinq pays francophones (la Rpublique
dmocratique du Congo, le Congo, les Comores,
la Guine-Bissau et Sao Tom-et-Principe) ont
appliqu, de 2010 2014, des mesures permettant
de simplifier la vie de leurs entrepreneurs.
MOBILEETAGRICULTUREUn systme de tl-irrigation conu par un jeune
informaticien du Niger, Mamane Abdou Kan, montre
tout le potentiel des TIC et particulirement du mobile
dans le secteur agricole. Ce systme, qui a remport
un African Innovation Prize en mai 2014, permet aux
agriculteurs dirriguer leurs champs et dabreuver leurs
btes distance, devenant ainsi plus productifs.
Les utilisateurs du systme de Tech-innov peuvent
se servir de leur tlphone cellulaire pour consulter la
mto ou les donnes hydrologiques relatives leur
terrain. Ils peuvent ensuite envoyer un texto (SMS)
ou faire un appel pour assurer automatiquement la
distribution deau potable lendroit voulu, pendant le
laps de temps souhait. Ils gagnent ainsi de prcieuses
heures (lirrigation manuelle accapare gnralement
les deux tiers du temps des paysans), quils peuvent
consacrer des tches plus rentables, comme la vente
de leurs produits ou lexploitation de nouvelles terres.
En raison de son prix lev pour la majorit des paysans
africains, le systme de tl-irrigation de Mamane
Abdou Kan na trouv quun nombre relativement faible
dacheteurs jusqu maintenant. Avec le soutien de
partenaires financiers, linnovateur espre cependant
pntrer petit petit les marchs voisins du Nigria, du
Mali et du Burkina Faso 40.
STARTUPS.BESIMPLIFIELAVIEDESENTREPRENEURSBELGES DE777ANSEn Belgique comme dans beaucoup de pays, les
dmarreurs dentreprise peuvent avoir du mal
sy retrouver parmi les diffrents programmes
mis en place pour soutenir lentrepreneuriat
technologique. Surtout que ces [programmes]
peinent [parfois] se faire voir, quand [ils] ne
sont pas compltement invisibles au-del de
leurs frontires rgionales 41 .
Pour rsoudre ce problme, 12 entrepreneurs
belges ont cr le site Star tups.be en
2013. Ce portail, qui rassemble aujourdhui
plusieurs dizaines de membres, dont iMinds
un institut de recherche fond par le
gouvernement flamand, lAgence bruxelloise
pour les entreprises et lAgence wallonne
des tlcommunications, fait aujourdhui
en sorte que les initiatives de soutien
lentrepreneuriat wallonnes, bruxelloises et
flamandes puissent communiquer entre elles .
En fin de compte, ce sont les entrepreneurs qui
y gagnent.
Startups.beStartups.be
-
REGARDDEXPERT
Pour dvelopper le numrique, faites confiance vos enfants,
recommande aux leaders des pays de la Francophonie Yves Miezan
Ezo 42, vice-prsident dISOC France et secrtaire gnral du Club
des hommes et femmes daffaires