psychiatrie infanto-juvénile et diagnostics: pourquoi est-ce une affaire compliquée? pr. a....
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Psychiatrie infanto-juvénile et diagnostics:
Pourquoi est-ce une affaire
compliquée? Pr. A. Malchair
ULg
Propositions
• Normal ou pathologique?
• Diagnostic ou évaluation?
• Ecueils de raisonnement
• Une conclusion?
Normal ou pathologique?
Le Normal?
La question centrale des parents :«Est-ce normal, docteur?»;
Sortir du raisonnement médical classique, tout en restant
particulièrement rigoureux:
• appliquer un raisonnement cartésien à une logique qui ne
l’est pas, celle du psychisme humain, faite d’ambivalence et
de contraires
• intégrer la notion-clé de continuum du fonctionnement
psychique;
Entre un enfant pathologiquement normal, et un enfant normalement pathologique….
Quatre approches du normal:
- normal = santé / maladie,- normal = moyenne statistique,- normal = idéal à atteindre,- normal = processus dynamique
d’adaptation.
Le Normal et les Symptômes
Remplacer la question « normal ou
pathologique ? par « inhibant ou adaptatif ? »
Approches économique (à l’instant t. ) et
dynamique ( diachronique ), les deux étant
évidemment liées.
Et l’absence de symptômes: normal, faux self
ou eau qui dort?
Le Normal et la Structure
Parler de structure chez l’enfant?
Plutôt une approche développementale, par
« lignes » de développement, ou mieux, par
« noyaux » qu’il convient de dépasser à des
moments critiques, sous peine d’y rester fixé
pathologiquement, quantitativement ( p.ex.
personnalité névrotique vs névrosée), ou
qualitativement ( p.ex. les positions psychotiques
chez M. Klein).
Sans oublier le problème important
chez l’enfant de possibles
dysharmonies et/ou immaturité de
développement
Le Normal et L’Environnement
• Dimension psychociale majeure
• Adaptation de l’enfant à son
entourage familial et social.
• Nombreux exemples tels que la
souffrance psychiatrique des parents,
la précarité du milieu, etc…
Diagnostic ou Evaluation?
• Recherche des symptômes, dans une
démarche d’abord classique de
rassemblement dans un éventuel
syndrôme,
• Analyse stricte en fonction de l’âge et de
leur place dans l’économie familiale,
• Chercher qui porte la souffrance et la
demande, ce qui est très différent!
Essentiellement,
• Rechercher les interactions,
les fonctions du
symptôme,
le sens du
symptôme,
• Donc, passer de l’indice au signe
• Le symptôme comme reflet d’un
moment en évolution constante, à
replacer dans l’histoire globale ( i.e.
dès avant la conception!), et à
inscrire dans une dynamique interne
ou réactionnelle.
• Exemple d’un trouble
d’apprentissage.
• Dans tous les cas, dimension
intersubjective essentielle dans notre
travail, au sens où:
- entre deux sujets minimum qui vont
interagir
- subjective proprement dite , via notre
contretransfert et notre capacité
d’identification projective.
Alors, diagnostic ou évaluation?
• Pas de diagnostic stable
• Evaluation d’un processus en évolution
• Processus compliqué par l’interaction cruciale entre l’enfant et l’environnement
«Un enfant seul n’existe pas»,
mais son diagnostic oui?
Ecueils de raisonnement
Elaboration progressive de notre propre « théorie explicative » (et non diagnostic) en étant vigilant aux écueils suivants:
- théories simplificatrices,
- théories convergentes,
- des relations de cause à effet ou interaction entre les niveaux psychologique, cognitif, physiologique...:
inversion de ces relations, rôle des facteurs organiques, confusion entre facteurs cognitifs et affectifs …….
Une approche dimensionnelle?
• Le passage d’une approche catégorielle à
une approche dimensionnelle est une
perspective positive si et seulement si
elle s’intègre dans cette évaluation
prudente qui recherche un regard
multifactoriel.
• Le danger est d’augmenter le spectre
diagnostique en facilitant l’accès aux
catégories toujours présentes
Une conclusion?
Du Pour:
- Obligation pour nous de structurer notre
pensée et de justifier notre approche
thérapeutique
- Nécessité concrète de poser des diagnostics
pour communiquer avec nos collègues, ( et
être reconnu par eux! )
- Utilité face aux parents, pour les aider à
maîtriser une problématique qui leur échappe.
Du Contre:
- Stérilisation de notre pensée par une analyse
a priori en y intégrant tout nouveau symptôme
- Risque majeur d’enfermer l’enfant dans un
étiquetage « officiel » qui va le suivre d’un
rapport à l’autre
- Prêt-à-penser pour les parents en désignant
leur enfant comme porteur d’une « maladie » .
Et alors….?