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1 2014 BENEA Gabriela JITEA Nicușor Étudiants Erasmus Étude synchronique et diachronique du champ lexical de l’amour

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1

2014

BENEA Gabriela

JITEA Nicușor

Étudiants Erasmus

Étude synchronique et diachronique du champ lexical de l’amour

2

« Les mots ne sont pas seulement

des combinaisons alphabétiques

ou des devantures de gueuloir,

mais les plus vivantes réalités ».

Léon Bloy1

1 Léon Bloy, Le mot, in Œuvres complètes, édition établie par Joseph Bollery et Jacques Petit, Paris, Mercure de France, 197301975, 15 vol., VI, Sueur de sang, p. 175.

3

Sommaire

1. Introduction ............................................................................................................................ 4

2. Étymologie ............................................................................................................................. 5

2.1. Corpus ............................................................................................................................. 5

2.2. Analyse de l’article « amour » ...................................................................................... 14

2.3. Axe de la dynamique historique du mot « amour » et ses dérivés et composés ........... 21

3. Synonymes ........................................................................................................................... 22

3.1. Corpus ........................................................................................................................... 22

3.2. La structure de l’article « amour » ................................................................................ 29

3.3. Analyse sémique des synonymes de l’amour ................................................................ 39

4. Conclusions .......................................................................................................................... 42

5. Bibliographie........................................................................................................................ 43

6. Sitographie ........................................................................................................................... 43

4

1. Introduction

Parler d’amour, c’est toucher à l’une des questions les plus ordinaires qui surgissent

dans la vie d’un individu. L’amour, en tant que sentiment, est l’un des thèmes majeurs de la

littérature, il a été privilégié de nombreux traités de psychologie. C’est pour cela que le sujet

a été abordé aussi par les dictionnaires quelque soit leur nature : usuels, de synonymes,

d’antonymes, étymologiques, etc. Il est tant intéressant que nécessaire de voir l’histoire du

mot dans les langues romanes et en français. Après avoir analysé une série de dictionnaires

étymologiques et de synonymes, nous avons constaté que l’évolution du mot n’est pas du tout

négligeable.

Notre travail comporte deux grandes parties : l’Étymologie et la Synonymie. La

première partie de l’étude est consacrée d’abord à l’évolution sémantique de la notion

d’amour. La connaissance de l’histoire du mot dans le français ou dans les langues romaines

est révélatrice et elle va nous aider à mieux comprendre les différents flottements

sémantiques sur lesquels on peut jouer. Le but de notre analyse n’est pas seulement le

parcours historique du mot ou son attestation, mais aussi la façon dans laquelle les

dictionnaires que nous avons choisi le traitent et l’organisent ; par exemple, quels sont les

signes conventionnels qu’ils proposent ? Quelles sont les marques d’usage ? Les marques de

domaine ?, etc. De suite, nous proposons un axe de la dynamique historique du mot amour de

ses dérivés et de ses composés.

Dans la deuxième partie, l’intérêt de l’analyse est concentré sur la synonymie. Dès

que deux on plusieurs mots de forme distincte sont susceptibles à être synonymes, nous avons

la tendance de les utilisés l’un à la place d’autre. Mais substituer un mot à un autre mot sans

que le sens de l’énoncé en soit modifié ce n’est pas du tout facile à réaliser. C’est vrai que des

fois on le fait pour éviter les répétitions, pour éviter les mots trop banales ou pour rendre le

discours plus idiomatique, mais cela ne signifie pas que c’est tout à fait correct.

Chaque mot désigne soit des choses différentes, soit il présente des connotèmes

différents. Il en résulte que les mots sont inéchangeables à cause de leur contenu ; les

différences correspondent à des analyses plus fines de la référence. Alors, la synonymie n’est

qu’une « grossière approximation » .Il faut différencier l’amour de ses synonymes car pas

peu de fois ils sont confondus. Pour rendre plus claires ces différences, nous allons voir les

différents synonymes proposés par les dictionnaires choisis et nous ferons un microsystème

lexical.

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2. Étymologie

2.1. Corpus

1) Nouveau Dictionnaire Etymologique et Historique, Albert Dauzet,

Jean Dubois, Henri Mitterand, Libraire Larousse, Paris, 1964.

* amour 842, Serments (amur); du lat. amor, -oris. Le ou qui n’est pas phonétique (au lieu de

eu) paraît dû à une infl. littér. du prov. D’abord fém. ; le masc. est dû à l’infl. du lat. ||

amourette XII s., D.G. || amour-propre 1613 Delb. || mamour 1608, Régnier ; de m’amour

(v. m’amie à AMI). || amouracher 1530, Palsgrave (amourescher) ; P. Mathieu

(amouracher), « rendre amoureux » ; il s’emploie surtout comme réfléchi depuis le XVI s. ;

de l’ital. amoracciare, dér. péjor. de amore, amour || amouracherie 1414, trad. de Boccace ||

amourachement 1545, Le Maçon. * amoureux 1190, Gace Brulé ; du lat. pop. amorosus,

influencé par amour. Il désigne dans la tragédie classique celui qui aime sans être aimer. ||

amoureusement XIII s., Adenet. || énamourer XII s., Roman d’Alexandre.

1. amourette V. AMOUR

2. amourette plante, 1531, Fleur et secret de la médecine, altér. de l’anc. Fr. amarouste (fin

XV s., Heures d’Anne de Bret.) du lat. amalusta, (Apulée) altéré en * amarusta (lat. médiév.

amarusca) sous l’infl. d’amarus, amer ; anciennement influencé par amour (amouroiste, -oite,

XIII s., Abavus, et XIV s. Passerat de Troyes), ce qui a contribué à faire passer le nom

(désignant l’anthemis cotula) à d’autres plantes (muguet, graminées) et, finalement (début

XX s.) à un apéritif à base d’absinthe ou d’anis.

2) Dictionnaire étymologique, Jean Dubois, Henri Mitterand, Albert

Dauzat, Larousse / VUEF, Paris, 2001

*2 amour 842, Serments (amur) ; lat. amor, -oris. Le ou qui n’est pas phonétique (au lieu de

eu) paraît dû à une infl. littér. du prov. D’abord fém. ; le masc. est dû à l’infl. du lat. ||

amourette XII s., D.G. || amour-propre 1521. || mamour 1608, Régnier ; de m’amour (v.

m’amie à AMI). || amouracher 1530, Palsgrave (amourescher) ; 1551, Du Parc

2 Devant les entrées ou les sous-entrées (dérivés et composés), indique les mots d’origine latine et de formation populaire.

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(amouracher), « rendre amoureux » ; il s’emploie surtout comme réfléchi depuis le XVI s. ;

ital. Amoracciare, dér. péjor. de amore , amour || * 3amoureux 1190, Gace Brulé ; lat. pop.

amorosus, influencé par amour. Il désigne dans la tragédie classique celui qui aime sans être

aimer. || amoureusement XIII s., Adenet. || énamourer 1180, Roman d’Alexandre.

3) Grand dictionnaire étymologique et historique du français, Jean

Dubois, Henri Mitterand, Albert Dauzat, Larousse, Paris, 2005

*4 amour 842, Serments (amur) ; lat. amor, -oris. Le ou qui n’est pas phonétique (au lieu de

eu) paraît dû à une infl. littér. du prov. D’abord fém. ; le masc. est dû à l’infl. du lat.

amourette XII s., D.G. amour-propre 1521. mamour 1608, Régnier ; de m’amour (v.

m’amie à AMI). amouracher 1530, Palsgrave (amourescher) ; 1551, Du Parc (amouracher),

« rendre amoureux » ; il s’emploie surtout comme réfléchi depuis le XVI s. ; ital.

Amoracciare, dér. péjor. de amore, amour. amoureux 1190, Gace Brulé ; lat. pop. amorosus,

influencé par amour. Il désigne dans la tragédie classique celui qui aime sans être aimer.

amoureusement XIII s., Adenet. énamourer 1180, Roman d’Alexandre. désamour fin XX e

s.

4) Dictionnaire étymologique de la langue française, Oscar Bloch,

Walther Von Wartburg, Quadrige / Puf, Paris, 2002

AMOUR. Empr. De l’a. pr. amor, grâce à l’influence des troubadours et de leur conception

des rapports etre homme et femme. Le représentant fr. du lat. amor vit encore dans le picard

ameur, au sens déprécié de « rut ». Le genre de amour est probabl. dû à l’influence du lat.,

surtout grâce au nom de Dieu Amor. It. amore, esp. amor. – Dér. et Comp. : amourette, XIIe;

enamourer (s’) XVe (mais déjà au XIIe s., comme trans.) ; amour-propre, 1613 ; mamour,

1608 (Régnier) ; d’abord m’amour, c’est-à-dire avec ma élidé, amour ayant été surtout fém.

jusqu’au XVIIe s., v. mamie, sous ami.

3 Devant les étymons indique les formes conjecturales. 4 Devant les entrées ou les sous-entrées (dérivés et composés), indique les mots d’origine latine et de formation populaire.

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5) Le Trésor de la Langue Française informatisé (version en ligne)

AMOUR , subst. masc. (except. fém.)

Étymol. ET HIST. − 1. a) 842 subst. fém. « sentiment d'affection profonde (pour qqn) »

(Serm. de Strasb., I, 1 ds Gdf. Compl. : Pro deo amur) ; 1271 pour l'amour de Dieu

« gratuitement » (E. Boileau, Liv. des mest., 2ep., II, 92, ibid. : O li preste beste ou charete

pour amor Dieu ou pour son amor de lui) ; b) 1172 spéc. « passion d'un sexe pour l'autre »

emploi abs. (Chrét. de Troyes, éd. M. Roques, IV, Chevalier au Lion, 140 : Ne por lui ne

lessiez a dire Chose qui nos pleise a oïr Se de m'amor volez joïr) ; c) 1623 « sentiment

d'attachement (pour qqc.) » (Coeffeteau, Hist. romaine, liv. I ds Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884, p.

565 : Cela fait voir que ce fut une pure amour de la République ... qui lui fit [à Auguste]

conseiller à Tibère et au Sénat de se contenter de l'estendue de leur Empire) ; d) loc. diverses,

fig. début xiiies. terre en amour « terre dans un état de fermentation propre à la végétation »

(Elie de St Gilles, 1372 ds T.-L. : Le blé nous fait sourdre de la terre en amour) ; fin xvies.

faire l'amour à « courtiser » (L'Estoile, Mém., 1rep., p. 114 ds Gdf. Compl. : Tous deux

faisoient l'amour a la fille du dit seingneur de la chapelle pour l'espouser) ; 1606 être en

amour « être en chaleur (en parlant des animaux) » (Nicot : Estre en amour, se dit des

oiseaux quand ils sont en chaleur et desirent s'apparier pour faire des petits) ; 2. fin xii e-début

xiii es. « objet aimé (en parlant de qqn ou qqc.) » (Aucassin et Nicolette, 27, 4 ds T.-L. : Entre

ses bras ses amors Devant lui sor son arçon), d'où au fig., loc. proverbiale 1611 Il n'y a point

de laides amours, ni de belles prisons (Cotgr.) ; 1690 remède d'amour, se dit d'une femme

fort laide (Fur.) ; 1718 Froides mains, chaudes amours, pour dire que la fraîcheur des mains

marque d'ordinaire un tempérament chaud (Ac.). Rem. : le plus souvent fém. en a. fr. amour

devient masc. aux xvie et xviies. sous l'influence du genre lat ; 3. 1680 Amour « nom donné à

la divinité fabuleuse qui, selon les poètes, préside à la passion de l'amour » (Rich. t. 1 :

Amour . Dieu qu'on peint avec des aîles, un carquois, des flèches et un bandeau sur les

yeux) ; 4. technol. a) 1751 fauconn. (Encyclop. t. 1 : Amour a son accept. en Fauconn. : on

dit voler d'amour, des oiseaux qu'on laisse voler en liberté, afin qu'ils soûtiennent les

chiens) ; b) 1752 bot. pomme d'amour « tomate » (Trév. : Pomme d'amour. C'est le fruit

d'une espèce de morelle) ; c) 1771 peint. (Trév. : On dit [...] qu'une toile a de l'amour, pour

dire, qu'elle a un petit duvet qui la rend propre à recevoir la colle et à s'attacher fortement à la

couleur). Empr. au lat. amor, attesté au sens 1 a (l'obj. de l'amour est une pers.) dep. Plaute

(Amph., 841 ds TLL s.v., 1968, 70 : parentum amorem et cognatum concordiam) ; cf. lat.

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chrét. chez St Augustin (Ciu., 14, 28 ds Blaise : fecerunt civitates duas, amores duo, amor sui,

amor Dei) ; 1 b dep. Ennius (Trag., 213, ds TLL, ibid., 21 : Medea, animo aegra, amore saevo

saucia) ; 1 c (l'obj. de l'amour est un inanimé) dep. Plaute (Curc., 357, ibid., 1970, 10 :

invocat Planesium : meosne amores?) ; au sens 3 (gr. Eros) dep. Plaute (Bacch., 115, ibid.,

1973, 26 : Amor, Voluptas, Venus) ; l'évolution phonét. rég. aboutit à ameur, forme attestée

en a. fr. au sens de « rut » (début xves., Martin Le Franc, Champion des dames, cité par A.

Thomas ds Romania t. 44, p. 322) ; la forme amour représente un développement dial. propre

à la Champagne orientale, centre comtois de grande importance (Fouché t. 2 1958, p. 307) −

ou est due à une influence de l'a. prov. (dep. xiies., Rayn.) étant donné le rayonnement des

troubadours.

6) Dictionnaire étymologique du français, Jacqueline Picoche, Les

Usuels, Paris, 1992

Le mot « amour » ne se trouve pas.

7) Dictionnaire historique la de langue française, Alain Rey, Le

Robert, Paris, 2012

1AMOUR n.m., d’abord sous la forme amor (fin Xe s.), surtout féminin jusqu’au XVIIe s., est

un emprunt au latin amor ; sa forme actuelle, amour, est influencée par la conception des

troubadours, la fine amor, amour courtois, qui de développe en France du sud vers le nord,

remplaçant l’idéologie féodale marquée par les mœurs françaises, et qui n’est guère

féministe. En effet, le latin amor a donné directement amur (842), d’où amurer ; la forme

normale ameur (Cf. fleur étant attestée plus tard (déb. XIIIe s.).Le mot latin, dérivé du verbe

amare (� aimer), comme amicus (ami), équivaut aux mots et aux concepts grecs de erôs (�

érotique) et philia « amour (physique et sentimental) » et « amitié » (� philie) ; c’est un nom

de genre animé, souvent personnifié en nom de dieu (comme Erôs en grec).

■ En ancien français le mot, en concurrence avec amitié*, exprimes toutes les nuances fortes

de l’affectation de celle qui est portée à Dieu (Xe s.) héritage du latin chrétien amor Dei (pro

Deo amur, Serment de Strasbourg) et aux êtres humains. Il a le sens d’ « amitié », du XIIe

(1139) jusqu’au XVe s., mais s’applique en particulier, sous l’influence de l’occitan, à la

passion sentimentale à composante érotique et hétérosexuelle (bien différente cependant que

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de l’eros grec, surtout homosexuel, et de l’amor latin), et ceci depuis le XIIe siècle. (Chrétien

de Troyes). Cette valeur est appelée à dominer les emplois du mot, en relation avec

l’évolution inverse d’amitié* vers des liens plus sociaux.

□ Un des amours désigne la passion et les relations amoureuses d’une personne (v.1150).

Cependant, l’amour médiéval entre homme et femme est à la fois sexualisé et idéalisé, en tant

que sentiment central de l’univers courtois*. L’hésitation entre valeurs érotiques et valeurs

idéales marque d’ailleurs le mot, dans ce contexte, tout au long de son histoire, avec une

dominante différente selon les époques, les milieux et les rhétoriques. En outre, la valeur non

érotique, où amitié va éliminer amour est normalement exprimée par ce dernier mot jusqu’au

XVe s., une d’amitié ». (1250-1280) ; jusqu’au XVIIe s. amour vaut aussi pour « attachement

à une chose », sans l’aspect aujourd’hui stylistique de cet emploi, qui correspond aux

extensions du verbe aimer ; ces emplois se développent au XVIIe s. (faire qqch avec amour).

□ Mais l’importance de l’amour érotique et courtois au moyen âge se marque déjà par les

métonymies, amour désignant (fin XIIe s.) la personne aimée, d’abord au féminin, genre

encore usuel et ici renforcé par le fait qu’il s’agit le plus souvent (dans un discours majorité

masculin) d’une forme « objet » du sentiment courtois ; puis au masculin, d’où assez

tardivement (1671) l’appellatif mon amour. □ Une autre métonymie, où les amours

s’appliquent à un pays, une chose qu’on aime, est attestée depuis le XVIIe siècle. On peut y

rattacher, plutôt qu’au nom du dieu de l’amour (ci-dessous), l’expression familière un amour

de (enfant, chapeau, etc.), attestée au XIXe s. (Balzac), et c’est un amour, d’où

l’adjectivisation populaire il est amour. ■ Si amour employé seul évoque surtout en français

moderne le sentiment humain passionnel, le premier emploi du mot (pro Deo amur) c’est

maintenu dans pour l’amour de Dieu (pour amur Deu, XIe s. ; pour amor Dieu, 1271 ;

« porté à Dieu », aussi en parlant de la bienveillance divine pour les créatures (Dieu est

amour, etc.).

L’hésitation entre les valeurs courtoises et valeurs érotiques explicites et aussi marquée dans

la phraséologie, avec les locutions par amour (1080) « amicalement », puis « de grâce »

(XIII e s.), d’amour (d’amors, XII e s.) pour (l’) amour (de) (XIe s.) affaibli en ancien français

jusqu’à signifier « parce que » (XIIIe s.) et « afin que » (v. 1300). □ Témoin de la même

ambiguïté, l’expression faire l’amour (à qqn), qui après l’ancien provençal far amor (ad

alcun) (XIIIe s.) signifie « courtiser » sens encore normal dans l’usage classique (XVIIe –

XVIII e s.), mais concurrencé par la valeur érotique physique « accomplir l’acte sexuel (avec

qqn) », emploie attesté depuis 1622 mais qui ne l’emporte nettement qu’au XIXe siècle. □ En

revanche, femme d’amour (1591), maison d’amour (déb. XVIIe s.), puis fille d’amour (déb.

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XIX e s., Béranger), oubliés ou vieillis (pour le dernier), font exclusivement allusion à

l’ amour physique, expression poissarde (Collé) répandue pour lever les ambiguïtés. □

Amour socratique (mil. XVIII e s., Rousseau) désigne l’homosexualité masculine ; le mot

amour, avec la levée des interdits, s’applique au XXe s. sans réticence aux relations

homosexuelles. □ On peut rattacher à ce sémantisme l’expression (être) en amour, qui

provient en fait d’un autre mot signifiant « humeur, sève » (d’où « en rut ») ; Cf.2 amour ci-

dessous. □ En français du Canada, tomber en amour, calque de l’anglais fall in love, est usuel

et familier. On dit de même être en amour. ■ Quant à l’expression amour courtois, elle

reprend le sens de l’ancien provençal fin amor (XII e s.), mais semble récente et vient des

historiens du moyen âge et de sa littérature (1883, Gaston Paris).

Cependant certaines valeurs affaiblies et plus abstraites se maintiennent et se développent en

relation avec aimer, dont amour est senti comme la substantivation. Des emploi figurés

apparaissent à partir du XVI s., formés avec d’amour: pommes d’amour(s) désigne

l’aubergine (1535 , jusqu’au XVIII s.) et aussi la tomate (1557), puis une plante solanée, la

cerisette (1752), enfin une confiserie (pomme caramélisée) ; poire d’amour (1721), arbre

d’amour (1796) sont entièrement sortis d’usage, tandis que puits d’amour s’applique en

français contemporain à une pâtisserie. Un gâteau à la noix de coco, à la Martinique, est

appelé amour caché, et à la Guadeloupe tourment d’amour . □ En français de Suisse, une

formule de santé, en buvant, est à vous les amours !, les amours se disant des dernières

gouttes d’une bouteille.

C’est aussi à la Renaissance qu’apparaît l’expression propre amour de soy mesmes (fin XV e

s.), d’où amour de soi (1521), lexicalisée avec changement de sens en AMOUR-PROPRE

n.m « égoïsme, attachement à ses intérêts » (1521), puis « tendance à la fierté » (v. 1640) et,

spécialement, « opinion trop avantageuse de soi même » (1665), sens vieilli. L’expression

correspond aujourd’hui à « sentiment de sa valeur, de son honneur ».

Un autre emploi du latin Amor, correspondant au grec Erôs, concerne le dieu de l’Amour ; il

est passé en français (XI s.), surtout par influence d’Ovide, au cas sujet (Amors, Amours)

devenu Amour (forme du cas régime) au XVI s. Le mot s’applique (1508) à la représentation

du dieu (aussi nommé Cupidon) en peinture, selon une iconographie fixe (enfant joufflu, nu,

muni d’un carquois, d’un arc et de flèches). □ Par extension, un amour désigne une personne

(enfant, femme) ou une chose charmante (XVII s. Malherbe) et le mot s’emploie dans beau

comme l’Amour (1740).

■ Les dérivés français de amour sont peu nombreux. Amurer (XIII s.) puis AMOURER v. tr

(XIV s.), pour « devenir amoureux », a disparu au XVI s. de l’usage normal, étant parfois

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repris (1784, Mercier ; 1801, les Goncourt, en tant que mot d’enfant) comme variante

marquée de aimer. ■ Le diminutif 1 AMOURETTE n.f. (XIII s.) d’abord amorete (XII s.), se

dit d’un amour sans passion, mais à d’abord constitué un diminutif affectif, au sens fort du

mot amour ; de là le sens métonymique de « femme aimée ».□ Les emplois figurés ont

disparu, sauf « testicule (des animaux comestibles, mammifères, coqs, etc.) » (1836) et, pour

des raisons moins évidentes (probablement « partie délicate »), amourettes, qui désigne aussi

la moelle épinière (de bœuf, veau ou mouton) (1771), à moins que ces valeurs ne relèvent de

l’homonymie 2amour (ci-dessous). Aux Antilles françaises, en Guyane, le mot désigne

plusieurs arbres locaux, dont le bois (bois d’amourette) est utilisé en ébénisterie.

Parmi les formations préfixées, DESAMOUR n. m. (XIII s.) s’est employé jusqu’au début du

XVII et a été repris au XIX s. (« néologisme » dans Le Complément de l’Académie, 1838) au

sens de « refroidissement de l’affection ». □ Contre-amour n.m. (1718) et non-amour n.m.

(1551) sont très rares (contramour était employé, au XVI s. pour « amour réciproque »).

■ ENAMOURER v. tr. « rendre amoureux » (v.1180) et aussi « aimer (qqn) » (v.1300) est

encore en usage au pronominal (XIII s.), et aussi pour « se passionner pour (qqn) » (1571),

avec la nuance de « s’attacher de manière excessive ou ridicule », mais est moins usité en

français moderne que ENAMOURE, EE adj., d’abord « amoureux » (XIII s.) archaïque au

XVII s., puis abandonné et repris (1879) avec la valeur spéciale du verbe.

Avec le pronom possessif mon élidé comme dans m’amie, amour a donné l’appellatif

affectueux m’amour (XV s.), d’où le substantif MAMOUR n.m. (1669), repris en français

moderne sous la forme faire des mamours (mil.XIX s. E. Sue) « des caresses, des

démonstrations affectueuses ». □ De là MAMOURER v.tr. « faire de mamours (en paroles) à

(qqn) » (1879, Huysmans), repris au sens érotique de « faire l’amour » par J.Lanzmann

(1981).

AMOUREUX, EUSE adj., aujourd’hui senti comme un dérivé de amour, issu d’un dérivé

latin tardif amorosus, comme l’italien, l’espagnol et le portugais amoroso. □ La forme

ancienne amareus (1206) a été refaite d’après amor ( amoreus, XII s. ; amorous v. 1200),

puis d’après amour (v.1430) en amoureux. L’adjectif signifie en ancien français « enclin à

l’amour » et, objectivement, « qui inspire amour au sens large », c'est-à-dire « charmant,

aimable, attachant » et « aimé (de qqn) » (v.1212), valeur commune à l’ancien français et à

l’ancien provençal, qui sera éliminée par le sens subjectif du mot vers le XV s. ■ Par

extension, dès le XII s., L’adjectif s’applique aussi à ce qui concerne, puis (XIII s.) à ce qui

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exprime, dénote l’amour et à ce qui rend amoureux. Ces valeurs restent dans l’usage

moderne, alors que celles qui correspondent au sens ancien de amour, « attachement,

amitié », ont disparu (amoureux s’est dit pour « bienveillant », XIII-XV s. ; « amical,

cordial », XIV-XV s.). Mais on relève encore au XVIII s. le mot au sens d’« ami » (d’un

capitaine à ses matelots, comme appellatif, 1721). ■Substantivé au féminin, amoureuse

signifiant « maîtresse, concubine » (1530), le nom fonctionnait comme nom au masculin

depuis le XII s. (amerus, amorous au XIII s. ; un amoureux, av.1285). Cet emploi est jugé

rural et archaïque à la fin du XVI s. (Mlle de Gournay), le mot étant remplacé par amant*.

Cependant, à l’époque classique (depuis Corneille), une distinction s’opère entre l’amant, qui

aime et est aimé et l’amoureux qui ne l’est pas. Puis le mot reprend une valeur plus générale,

mais implique surtout le sentiment subjectif, par exemple dans amoureux transi (1616

(transif au XVI) s. s.l, aussi adjectif) et il s’oppose à amant dans la mesure où ce dernier

implique en français modernes des relations sexuelles. L’emploi adjectif reste très vivant, tant

en parlant des personnes, aussi dans des syntagmes comme amoureux fou (XVIII s.). ■

L’adjectif a pour dérivé AMOUREUSEMENT adv. (XIII s.), qui s’est employé en ancien et

moyen français (XIII –XVII s.) pour « amicalement, affectueusement » et se dit encore, hors

du contexte de la passion pour « avec soin et plaisir » (faire qqch. amoureusement). □ En

français d’Acadie, les amoureux se dit des capitules de la bardane, qui s’accrochent aux

vêtements. ■ Les autres dérivés (amoureuseté n.f., sous des formes variées, amoureuser v.,

etc.) ont disparu. C’est à l’italien amoraccio, dérivé péjoratif de amore « amour », par le

verbe amoracciarsi, que le français doit (1530) amourescher, puis S’AMOURACHER

(1531, in F.e.w.) ; on trouvait déjà au XVe s. amouracherie (1414) dans la première traduction

française de Boccace. La forme amorazzo avait fourni amourasser « courtiser » (1396).

S’amouracher, s’amouracher de qqn (1804), puis de qqch. Sont et restent péjoratifs,

impliquant un attachement injustifié, excessif, passager. □ Il en va de même pour amouraché,

ée, p. p. (1845), amourachement n.m. (1531), désamouracher v. tr. (1596), mots disparus. ■

Un autre italianisme, musical, est AMOROSO adv. « avec langueur, émotion » (1768,

Rousseau à propos de tendrement ; répandu au XIXe s.).

Enfin, 2AMOURETTE n.f. « plante des camps », vient (1531) d’une confusion populaire,

due aux vertus et à la symbolique des plantes, entre amour et amarouste, d’un latin populaire

altérant amalusta, nom de la camomille. 2AMOUR ou AMEUR n.m. dans une série d’emplois impliquant l’idée de sève, de saveur,

d’humidité, est issu d’un latin populaire amor, croisement de umor (humor � humeur) et de

amor (� 1amour), et source de nombreuses formes romanes (notamment italien régional), où

13

le sémantisme passe de « liquide » en général à « suc, sève, saveur » et, par l’idée de

« sève », à « développement » et, avec un évident rattachement à amour « ardeur sexuelle ».

□ Tous les emplois sont archaïques ou techniques. En amour s’est dit de la terre fertile

(v.1200), d’où régionalement avoir, ne pas avoir d’amour (1805). Le mot s’emploie aussi

(1863) pour désigner la bonne maniabilité du plâtre. □ En ameur (mil. XVe s.) et en amour

(1492) « en rut, en chaleur (des animaux) » est évidemment compris comme une

spécialisation de amour, « passion érotique ». □ Ameur, « suc, jus (d’une plante) », mot

wallon, ne se dit plus depuis le XIXe siècle.

Un dérivé amorosus, de umorosus « humide », doit être à l’origine de 2AMOUREUX, EUSE

« onctueux, humide », puis en technique agricole dans terre amoureuse (1805) « bien

ameublie, rendue fertile », mot régional encore vivant dans le centre de la France, disparu des

dictionnaires généraux après 1982 (Larousse).

14

2.2. Analyse de l’article « amour »

Le mot étymologie est un mot grec ancien, etumologia, traduit en latin veriloquim par

Cicéron et qui signifie « façon de parler véritable », plus précisément « sens véritable d’un

mot ».

Pour toute personne intéressée par les origines du français, un dictionnaire

étymologique est indispensable car il donne « une vue suffisamment juste de l’histoire du

vocabulaire français ».

L’intérêt de l’analyse dans ce chapitre est concentré sur l’apparition et l’évolution du

mot « amour ». Dans cette partie de notre étude, nous essayerons aussi de voir comment est

traité l’article concerné au fil des quelques dictionnaires étymologiques, à savoir : le Nouveau

Dictionnaire Etymologique et Historique de Larousse, l’édition 1964, le Dictionnaire

Etymologique de Larousse, mais l’édition 2011, le Grand dictionnaire étymologique et

historique du français de Larousse aussi, Dictionnaire étymologique de la langue française,

Oscar Bloch, Walther Von Wartburg, Le Trésor de la Langue Française informatisé (version

en ligne) et le dernier qui est le plus ample, Dictionnaire historique la de langue française,

Le Robert.

Commençons par le premier, le Nouveau Dictionnaire Etymologique et Historique de

Larousse, l’édition 1964 qui traite ses articles d’une manière synchronique et encyclopédique.

Chaque fois qu’il est possible, il indique les plus anciennes attestations, littéraires ou

lexicographiques. De plus, il accorde une place importante aux évolutions caractéristiques du

sens des mots car l’étymologie n’as pas le seul but d’identifier et de dater la forme la plus

ancienne d’un mot, mais aussi d’expliquer l’origine et de suivre les principales étapes de son

histoire.

Avant de commencer l’analyse étymologique du mot « amour », il convient de

s’attarder un peu sur la structure de cet article et sur les signes conventionnels qu’il utilise.

On remarque l’étoile qui précède l’entrée typographiée en lettres minuscules. Son rôle est de

nous prévenir que les mots qui la suivent appartiennent au latin ou ils sont de formation

populaire. Comme signes conventionnels particuliers, on remarque l’utilisation des deux

barres horizontales (||) qui séparent l’entrée de ses sous-entrées ; les explications sont notées

entre parenthèses, les mots d’origine latine en italique et les sens actuels entre guillemets.

15

Le mot « amour » est donc de provenance latine et est attesté à partir de 842. La

première attestation du mot est indiquée sous la forme d’une date précise suivie de la

référence à l’ouvrage où l’on a retrouvé le premier emploi. Le mot tenu pour la forme la plus

ancienne, est le mot amur dont le sens primaire est étroitement lié à la notion de serment. Le

mot français « amour » n’a pas les origines dans cette forme, mais dans l’étymon amor, -oris

reconstitué en latin le plus probablement à partir des lois d’évolution phonétique. Les

étymons latins sont donnés sous la forme du nominatif amor suivi du génitif amoris lorsque

celui-ci se révèle nécessaire pour la compréhension de son évolution phonétique. L’indication

lat., sans épithète, fait référence au latin classique. Nous en avons distingué le latin impérial,

(mots latins qui apparaissent dans les textes à partir du II e s. environ), le bas latin (à partir du

III e –IV e s.), le latin populaire (de la même époque que le bas latin, mais dont la plupart des

formes, non attestées dans les textes), le latin médiéval (VII e s.) et le latin moderne.

Le ou qui est ajouté au mot français, n’est pas la conséquence d’une évolution

phonétique. Comme nous indique le dictionnaire, il est dû à une influence littéraire du

provençal. Le vocabulaire français compte une grande quantité de termes du provençal grâce

aux relations commerciales instaurées avant le XII e s. entre les ports de la Provence et du

Languedoc. Comme une parenthèse, on peut mentionner que ce mouvement d’emprunts de

l’italien s’accroit lors des guerres d’Italie, de l’entrée des princesses italiennes dans la famille

royale (XVI e –début du XVII e s.) et lors du succès de la musique italienne (XVIII e s.). De

nombreux mots aux lexiques de la guerre (attaquer, brigade, canon, citadelle), de la vie

mondaine (cortège, courtisan, page) du commerce (banque, crédit, faillite), et de l’art

(fresque, pittoresque, concerto, ténor, etc.) proviennent de l’italien.

Revenant à l’article « amour » nous constatons que le mot était à l’origine de genre

féminin et non pas de masculin comme il est aujourd’hui. Le masculin est dû à l’influence du

latin. Récapitulant ce que nous venons de dire, le mot français amour provient du latin amor,

-oris, après il prend le ou du provençal en gardant quand même le genre du mot latin. Rien

n’est spécifié pour la forme « amours » qui est au féminin.

La langue française n’a pas seulement des emprunts, mais elle a aussi ses propres

ressources comme la dérivation, la composition, l’abréviation ou bien la transformation

analogique qui la font évoluer. Une particularité essentielle de ce dictionnaire est le fait que

les dérivés et les composés issus d’un même mot français ou d’une même base (latine dans

notre cas) ont été regroupés dans le même article à la suite du mot simple. L’ordre intérieur

de l’article « amour » est celui de la dérivation, puis de la composition. La sous-entrée

amourette date du XII e s et est une forme dérivée à l’aide du suffixe –ette qui n’a aucune

16

existence isolée. La datation n’est plus exacte, étant donnée sous la forme d’une indication

approximative. Le composé amour-propre date du 1613. La signification actuelle n’est pas

donnée ni pour ce mot composée, ni pour le mot amourette car l’objet d’un dictionnaire

étymologique n’est pas de décrire l’aire sémantique actuelle ; elle est supposée connue des

lecteurs et ceux-ci peuvent trouver le détail dans un dictionnaire d’usage. Mais, lorsque le

sens d’un mot s’est modifié depuis son apparition dans la langue, nous avons indiqué sons

sens originel et ses principaux emploi ultérieurs avec leur date. Par exemple, le mot

amouracher, attesté pour la première fois en 1530, signifie « rendre amoureux », mais il

s’utilise depuis le XVI e s. avec un sens péjoratif d’après le modèle italien amoracciare qui

est un dérivé péjoratif de amore (amour). De même, le substantive amouracherie et

amourachement s’utilisent en français actuel avec leur nuance péjorative impliquant un

attachement injustifié, excessif, passager.

Même si le mot qui suit, amoureux, parait un dérivé du mot vedette, en réalité il est

issu du latin populaire amorosus qui désignait celui qui aimait sans être aimé.

Enfin, amourette, comme plante médicinale, vient d’une confusion populaire entre

« amour » et « la camomille » (amarusta), due aux vertus et à la symbolistique de la plante.

La nouvelle édition du Dictionnaire étymologique et historique de Larousse, le

Dictionnaire étymologique, publiée en 2001 et destinée au grand public et aux étudiants. Elle

a pour objet de mettre à leur disposition les résultats que l’étymologie et l’histoire du

vocabulaire ont accumulés depuis le milieu du XIXe siècle.

Cet ouvrage se distingue de ses éditions précédentes par la place qu’il accorde aux

lexiques techniques contemporains et aux mots de la langue familière, populaire et argotique.

Ce dictionnaire a comme règle d’omettre le moins possible les mots relevés dans la dernière

édition du Petit Larousse, et même d’y ajouter un nombre important de termes n’apparaissant

que dans les dictionnaires encyclopédiques. Toutefois, nous avons observé qu’il y a dans

notre article « amour » des termes qui ont disparu dans cette édition, à savoir :

« amouracherie », « amourachement ». Ces sont des dérivés du mot « amour » qui sont sortis

du langage courant. De plus, les lexicographes ont accordé une place importante aux

évolutions caractéristiques des mots. C’est ainsi qu’il y a des termes qui ont changé leur date

d’attestation : dans le Dictionnaire étymologique et historique le mot « amour-propre » date à

partir de 1613, mais dans la nouvelle édition il date de 1521. Il a enregistré une attestation

plus ancienne après de nouvelles découvertes. On s’aperçoit que le mot « énamourer »

17

présente une datation plus exacte dans ce nouvel ouvrage : XIIe siècle (édition 1964), 1180

(édition 2001).

Le Grand dictionnaire étymologique et historique du français (2005, Larousse) a deux

grands objectifs. Le premier est de donner avec plus de précision possible l’origine des mots

(leur étymon) et les principales étapes de l’évolution de leur sens, telle qu’elle apparaît à

travers les textes. L’autre but est de montrer les axes de la dynamique historique du lexique

français en intégrant dans le corps du dictionnaire les éléments de dérivation, le plus souvent

d’origine gréco-latine, préfixes et suffixes, qui permettent de comprendre comment se sont

constitués les vocabulaires techniques ou scientifiques, comment ceux-ci continuent de

s’enrichir et comment fonctionne le mécanisme des emprunts entre des langues en contact.

Ce double objectif donne au dictionnaire « plus de lisibilité ».

Le mot vedette « amour » ne comporte pas beaucoup de différences par rapport aux

éditions précédentes. Pourtant, il est facile d’observer que le signe conventionnel || utilisé

avant pour délimiter les sous-entrées a disparu, étant remplacé par un point. Au niveau

lexical, l’inventaire des lexèmes a agrandit avec un nouveau mot « désamour » qui est attesté

à la fin du XXe siècle.

L’objectif du Dictionnaire étymologique de la langue française, de O. Bloch et W.

von Wartburg, édition Quadrige / Puf, paru en 2002 est d’ « expliquer » le vocabulaire de la

langue française, c’est-à-dire, de retracer l’histoire des mots depuis leurs racines

embryonnaires jusqu’à leurs acceptions les plus complexes. « Il s’agit de démêler le passe

ambigu que recèle chaque mot, d’en suivre les variations de sens, de lui redonner un visage

de telle sorte qu’il n’apparaisse pas comme un singe algébrique mais comme le témoin d’états

successifs de civilisation. ».

Ce dictionnaire ne présente pas de signes conventionnels, nous voyons seulement des

mots en gras (comme, par exemple, le mot vedette « AMOUR », écrit en majuscules, et des

sous-entrées comme : « amourette », « enamourer (s’) », « amour-propre », « mamour »,

écrites en minuscules). On distingue aussi une palette très large des abréviations, à savoir :

empr. (emprunté, -untés, -unt), a. pr. (ancien provençal), fr. (français), lat. (latin), it (italien),

esp. (espagnol), dér. (dérivé), comp. (composé), fém. (féminin), v. (voir).

Le mot « amour » vient de l’ancien provençal « amor » grâce à l’influence des

troubadours et de leur conception des rapports entre homme et femme. Pour eux, « fin amor »

signifiait « amour parfait ». Le mot latin « amor » a donné dans le picard « ameur » qui a un

18

sens déprécié : « rut » (substantif masculin qui représente l’« état physiologique des animaux,

spécialement de certains mammifères, qui les pousse à l'accouplement ; période au cours de

laquelle ils sont dans cet état », TLFi). Le genre du lexème « amour » provient probablement

du latin, surtout grâce au nom de Dieu Amor. Amor est aussi le surnom de Cupidon. Le mot

mamour a été attesté pour la première fois par Régnier (« Et moi : maudit soit-il, m'amour,

qui le fera! »), puis on le rencontre souvent chez Molière (« Il faut faire mon testament,

m'amour, de la façon que monsieur dit. », « Ah! m'amour, vous la croyez ! c'est une

scélérate ; elle m'a dit cent insolences. », « Allez, m'amour, et passez chez votre notaire, afin

qu'il expédie ce que vous savez. »).

En guise de conclusion, nous pouvons dire que la forme actuelle de « amour » est une

forme hybride du latin amor, amoris et de l’ancien provençal ameur.

Le programme de révision sélective des notices étymologiques du Trésor de la langue

française informatisé que mène l'équipe Linguistique historique française et romane de

l'ATILF est apparu sous le sigle « TLF-Étym ». Parmi les notices les plus récentes, nous

pouvons énumérer : « balance commerciale », « bilan », « bicycle », « bicyclette »,

« bicycliste », « cambiste », « cours du change », « cycle2 », « déposant », « factitif », « lettre

d'avis », « lettre de change », « pair1 », « postverbal », « protêt », « rechange2 », « traite1 »,

« tricycle », « tricycliste », « vélo », « usance ».

L’entrée dans ce dictionnaire est publiée en caractères gras, en rouge et en

majuscules. Juste après il arrive la catégorie grammaticale écrite avec caractères normales et

abrégée. Ce qui rend plus difficile la lecture de l’article c’est la présence d’énormes

abréviations, plus ou moins connues : « subst. », « masc. », « except. », « fém. », « qqn. »,

« Serm. de Strasb. », « ds. », « Gdf. », « Compl. », « Liv. des mest. », « ibid. », « spéc. »,

« Chrét. de Troyes », « éd. », « Hist. romaine », « Dict. hist. Ac. Fr. », « fig. », « loc.

proverbiale », « Fur. », « Rem. », « Cf. », « Ac. », « Rich. », « Encyclop. « , « Trév. »,

« Empr. », « Amph. », etc. Cet ouvrage n’apporte pas de nouveautés concernant la

signification du mot « amour ». Il est à retenir le sens principal, c'est-à-dire : « sentiment

d’affection profonde (pour qqn) ».

Le plus ample dictionnaire c’est le Dictionnaire historique la de langue française, Le

Robert, Paris, 2012. Cette nouvelle édition était nécessaire car les langues croissent à mesure

que le monde change et l’histoire doit toujours inclure le présent. Il convient de lui présenter

un peu l’ensemble car il est un peu différent d’autres. D’abord, son objet est le vocabulaire

19

français moderne. Les mots disparus ne sont plus envisagés sauf s’ils éclairent la suite

vivante de l’évolution. De même, la description des mots latins, grecs, italiens, etc. elle aussi

est orientée vers leurs effets sur le français moderne.

Passons à l’article qui nous intéresse, c'est-à-dire le mot « amour » qui, comme

chaque article à l’exception des encadrés, décrit un élément du français actuel et se divise en

deux grandes parties.

Dans la première partie, nous avons l’attestation approximée du mot vedette et son

parcours historique dans la langue. Une différence visible est l’apparition de la catégorie

grammaticale et le genre qui suivent l’entrée. Ces deux aspects n’apparaissaient dans aucun

dictionnaire parmi ceux que nous avons déjà vu. Au reste, les informations sont les mêmes, à

l’exception de quelque détails comme : les renvois aux mots grecs et leurs équivalents latins ;

Si le premier emploi du mot amour s’applique seulement à l’amour pour Dieu, il passe

ensuite comme le sentiment humain passionnel pour arriver enfin à s’appliquer (vers le XVII e s.) aussi à une chose, à un pays. Une chose importante à signaler c’est la signification

initiale de l’expression faire l’amour ; elle se traduisait à l’origine comme « courtiser » (au

XIII e s.). Sa valeur érotique physique (l’acte sexuel) est attestée à partir de 1622.

La deuxième partie est consacrée aux dérivés de l’amour qui sont peu nombreux et est

marquée par le signe conventionnel ■. Nous avons deux types de dérivés : les dérivés français

et les mots empruntés à des dérivés ou à des composés de l’étymon latin. Les dérivés ou les

composés premiers sont signalés par un paragraphe ou par le symbole ■, les dérivés seconds

(en général) par □. Cette hiérarchie : paragraphe, ponctuation forte ■, ponctuation faible □

sert à articuler le texte et à aider la consultation, tant dans l’histoire d’un mot complexe que

dans l’ensemble d’une famille étymologique. Ce n’est pas l’ordre logique qui prévaut ici,

mais l’ordre ou le désordre historique. Le verbe amourer a été remplacé par aimer, les

formations préfixées désamour et enamourer perdues et reprise comme néologisme et

respectivement comme archaïsme, le diminutif amourette avec ses deux sens : amour

exempt de passion et la fleur camomille.

Comme nous avons déjà mentionné dans l’analyse du Nouveau Dictionnaire

Etymologique et Historique de Larousse, l’adjectif amoureux, n’est pas dérivé du mot

amour, mais il est issu d’un dérivé latin tardif amorosus comme c’est le cas aussi de

l’adverbe amoureusement, du verbe s’amouracher (amourescher).

20

Un dernier aspect essentiel à signaler c’est que dans le Dictionnaire étymologique du

français, Jacqueline Picoche, Le Petit Robert, Paris, 1992, le mot « amour » n’existe

pas même si son rôle et son évolution dans la langue n’est pas du tout négligeable.

2.3. Axe de la dynamique historique du mot «

et composés

la dynamique historique du mot « amour » et ses dérivés

21

» et ses dérivés

22

3. Synonymes

3.1. Corpus

1) Dictionnaire des SYNONYMES, Marc Baratin, Mariane Baratin-

Lorenzi, Hachette, 2003

amour n. m. 1 Avouer son amour à qqn � flamme (litt .) 2 Des amours sans conséquence �

amourette, aventure, passade. 3 faire l’amour � s’accoupler, baiser (fam.), copuler,

coucher (fam.), s’envoyer en l’air (fam.), forniquer (litt .).

2) Dictionnaire de synonymes, mots de sens voisin et contraires, Henri

Bertaud du Chazaud, Quarto Gallimard, 2005

AMOUR n. m. ○ relig. adoration, charité, contemplation, culte, dévotion, dilection, ferveur,

mysticisme, piété ● � affection ● � passion ● � sympathie ● � amourette ● vx flirtage,

flirtation, petite oie, petits soins ○ par ext. ● hymen, hyménée, mariage ● association,

concubinage, en ménage ● admiration, attachement, engouement, enthousiasme, estime,

faiblie, folie, goût, intérêt, penchant, plaisir ● � enfant ● au fém. pl. vx ou litt. �

galanterie ○ loc. ● déesse de l’amour Aphrodite, Vénus ● dieu de l’amour archer, archerot,

Cupidon, Eros, petit archer ● amour en cage � alkékenge ● côte d’amour � favoritisme |

≠ � indifférence, haine.

3) Dictionnaire des Synonymes, Émile Genouvrier, Larousse, Paris,

2007

amour 1 � CHARITÉ, FERVEUR. 2 � AFFECTION I, SENTIMENTS II. Amour

filial : � PIÉTÉ. 3 Alors, c’est le grand amour ?: [fam.] ↓ béguin ♦ ↑ coup de foudre

(amour subit et violent) ♦ ↑ passion* ; � CAPRICE. 4 Amour de soi : égoïsme*. 5 Faire

l’amour (qui se dit pour les humains) : s’accoupler (qui se dit pour les animaux) ; �

INTIME. 6 Avoir l’amour de la musique : ↑ passion ♦ ↑ adoration*, vénération (une, de

l’adoration, de la vénération pour).

23

◊ s’amouracher Il est amouraché de la fille de son patron : tomber amoureux ♦ ↑

s’enticher ♦ [rare] ↑ se coiffer ♦ [fam.] ↑ se toquer ; � AIMER.

4) Dictionnaire Bordas, Synonymes, analogies et antonymes, Roger

Boussinot, Sejer, Paris, 2008

amour

Inclination

Penchant

Sentiment

Passion

Flamme

Tendresse

Ardeur

Idolâtrie

Folie

Ivresse

Attachement

Feu

Désir

Ebats

Appétit sexuel

Aphrodisie

Concupiscence

Attraction sexuelle

Glamour (angl.)

Sex-appeal (angl.)

Luxure

Libertinage

Volupté

Lascivité

Accouplement

Don (de soi)

24

Œuvre de chair

Rut (animaux)

Coït

Copulation

Débauche

Hymen

Hyménée

Union

Union libre

Adultère

Inceste

Galanterie

Prostitution

Coup de foudre

Enfouement

Béguin (fam.)

Adoration

Culte de

Ferveur

Dilection

Piété

amouracher (s’), amourette, amoureux, euse (Adj.), (Subst.), amour-propre.

Dictionnaire thématique

1.5. Sexualité, mœurs, relation amoureuse (p.898)

Amour, passion, idylle, union, inclination, ravissement, liaison, conquête / amourette, flirt,

passade / cœur, trésor (fig.) / passionné, passionnément / passionner (se), aimer, éprendre (s’),

incliner, désirer / amoureux, amant, amante, tourtereau, tourterelle

25

Appas, attrait, chair / douceur, attouchement, caresse/ câlinerie, chatterie, œillade / dorloter,

peloter / embrasser, enlacer, étreindre / attraction, tentation / désir, plaisir, jouissance, extase /

érotique, affriolant, excitant, désirable / tenter, exciter, affrioler / émoustillé

Sensualité, volupté, concupiscence / sensuel, voluptueux, langoureux

Soupirant, chevalier servant, prétendant, galant / séducteur / conquérant, séduisant, sémillant /

séduire, plaire, conquérir, subjuguer, ravir

Flirter, folâtrer, badiner, courtiser, marivauder, lutiner / galanterie, libertinage, marivaudage,

badinage / gaillardise, gaudriole / badin, léger, leste, frivole / grivois, gaulois, gras, canaille

paillard, coquin, gaillard, égrillard, rabelaisien, libidineux / luron

Accoupler (s’), s’abandonner, baiser, procréer, assouvir, souiller, / coït, copulation, rapport /

érection, tumescence, turgescence / turgescent / masturbation

Abstinence, pudeur, pureté / chaste, pur, platonique / prude, pudibond, pudique / impudeur,

impudicité / impudique, indécent, obscène

Vierge, virginal / virginité, puceau, pucelle / dépuceler / menstrues, ovule

Bordel, bouge / prostituée, courtisane, catin, putain, pute, morue, tapin, tapineuse / souteneur,

maquereau / pornographie / pornographique / débauche, dévergondage, orgie / lubricité,

luxure, stupre / perversion, sadisme / débauché, dissolu, pervers, sadique

Impuissance / impuissant / bisexué, hermaphrodite / eunuque, castrat / castration, émasculer,

châtrer

Hétérosexuel, homosexuel, bisexuel/ pédéraste, tapette

Couple, concubine / conjoint, conjugal, polygame / cocu, infidèle, infidélité, déshonnête /

viveur, volage / divorce

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5) Dictionnaire des synonymes nuances et contraires, Le Robert, Les

Usuels, Paris, 2011

amour n.m. 1. affection • attachement • inclinaison • passion • penchant • tendresse • flamme littér. ou plaisant • idylle littér ou plaisant • 2 – [passager] amourette • aventure • caprice • flirt • passade

• béguin fam • 3 – goût • attirance • enguement • faible • intérêt • passion • 4 – sexualité •

érotisme • baise fam. chose euph. partie de jambes en l’air fam. 5 – relation • liaison • mariage •

union • 6 – dévotion • culte • adoration • vénération

♦ amour du prochain altruisme • bienveillance • charité • dévouement • fraternité •

générosité • philantropie

♦ faire l’amour (avec) avoir un, des rapport(s) (avec) • coïter rare • copuler • plaisant

s’accoupler plaisant • forniquer (avec) Relig. ou plaisant • baiser très fam. coucher (avec) • fam. se taper vulg. • [une femme] jouir des faveurs de • prendre • posséder • enfiler vulg. niquer vulg. •quéner lang. jeunes • tringler vulg.

6) Lexilogos (http://www.cnrtl.fr/synonymie/amour)

27

28

29

3.2. La structure de l’article « amour »

Pour l’analyse que nous proposons dans le deuxième chapitre, nous avons consulté les

dictionnaires de synonymes suivantes : Dictionnaire des SYNONYMES, Marc Baratin,

Mariane Baratin-Lorenzi, Hachette, 2003, Dictionnaire de synonymes, mots de sens voisin et

contraires, Henri Bertaud du Chazaud, Quarto Gallimard, 2005, Dictionnaire des Synonymes,

Émile Genouvrier, Larousse, Paris, 2007, Dictionnaire Bordas, Synonymes, analogies et

antonymes, Roger Boussinot, Sejer, Paris, 2008, Dictionnaire des synonymes nuances et

contraires, Le Robert , Les Usuels, Paris, 2011, et Lexilogos

(http://www.cnrtl.fr/synonymie/amour).

Avant de commencer, il convient de s’attarder un peu sur la définition de la

synonymie, sur les propos et les caractéristiques de chaque dictionnaire. Dans le cadre de la

lexicologie, le synonyme se définit comme « un mot qui peut remplacer au même endroit de

la phrase un autre mot de même nature et de même fonction grammaticale, c'est-à-dire

appartenant à la même classe grammaticale (nom, pronom, adjectif, verbe, adverbe,

préposition, conjonction), de sens voisin mais plus satisfaisant de la situation présente »5.

N’importe quel dictionnaire de synonymes est un outil indispensable pour rédiger ou traduire

un texte, qu’il s’agisse d’éviter les répétitions, de trouver les mots appropriés au contexte,

d’éviter les mots trop banales ou de rendre le discours plus idiomatique. Comme nous le

savons déjà, la synonymie parfaite n’existe pas. Il n’y a aucun mot ayant exactement le même

sens qu’un autre. Dans les dictionnaires de synonymes actuellement disponibles, la relation

de synonymie est centrée sur la définition des mots ; partant d’un mot ou d’un de ses sens, on

en délimite la définition et on cite comme synonymes les termes qui correspondent à cette

définition. Nous allons voir, dans l’analyse sémique que nous proposons pour le mot

« amour » comment ce mécanisme fonctionne.

Commençons par le Dictionnaire des SYNONYMES de Marc Baratin et de Mariane

Baratin-Lorenzi et par la structure de l’article qui nous intéresse, c'est-à-dire « amour ».

D’abord nous pouvons remarquer que le mot « amour » est un mot vedette qui,

comme tous les autres, est en caractères gras. L’entrée est suivie par la catégorie

grammaticale et le genre du mot (n.m.). Comme le mot n’a pas un seul sens et comporte une

ambigüité d’emploi il n’est pas directement suivi de ses synonymes. Pour le mot analysé nous

avons deux exemples en italique qui délimitent le contexte d’emploi. Les chiffres (1, 2,3) 5 Henri Bertaud du Chazaud, Dictionnaire de synonymes, mots de sens voisin et contraires Quarto Gallimard, 2005.

30

marquent les différents sens du mot vedette. Les marques d’usage (litt .) et (fam.) sont en

italique et représentent des indications du niveau de la langue des synonymes.

Dès qu’on voit, le seul synonyme de l’amour qui appartient à la même famille lexicale

est « amourette » qui est un attachement passager, généralement exempt de passion et

volontiers frivole, pour une personne. La définition pourrait être justifiée par le suffixe –ette,

utilisé pour former des noms en rapport avec une forme plus petite d’un objet. De là

amourette, un amour plus petit, un amour passager, un amour d’une nuit.

Ensuite, la flèche annonce les synonymes qui sont en gras et qui sont présentés par

ordre alphabétique. Pour mieux voir les traits spécifiques de ce dictionnaire, nous proposons

un tableau qui réunit tout ce que nous venons de dire :

Microstructure de l’article

« amour » Caractéristiques Exemples

mot vedette en gras, en minuscule amour

catégorie grammaticale en italique, abrégée n.m.

différenciation des sens Chiffres 1,2 ,3

marques d’usage abréviation et italique litt ., fam.

classement des synonymes alphabétique, en gras amourette, aventure,

passade

Conventions

� voir le mot où les mots suivants

Le Dictionnaire de synonymes, mots de sens voisin et contraires a comme but de

faciliter l’actualisation des mots qu’on connait bien mais qu’on se souvient plus ; il permet

d’éviter une répétition, de trouver un synonyme plus convenable et d’enrichir son

vocabulaire. Le point fort de cet ouvrage c’est l’extension (par ext.) de la synonymie vers

l’analogie qui enrichit l’information par l’apport de « mots et locutions de sens voisin » (cela

veut dire des noms ou locutions nominales sous l’entrée d’un nom, des verbes ou locutions

verbales sous l’entrée d’un verbe, etc.). Son rôle est de remédier aux défaillances de la

mémoire, à la déficience verbale, soit en faisant rappeler des mots oubliés, soit en faisant

découvrir des mots inconnus par le jeu des analogies.

31

Les entrées dans ce dictionnaire apparaissent en gras et en majuscules. Ce qui est plus

remarquable c’est la distinction entre les différents signes qui suivent après le mot-vedette :

1) entrée suivie d’une série de mots (exemple : ABNÉGATION n.f. abandon,

altruisme, désintéressement, détachement, dévouement, holocauste, oubli de soi,

renoncement, sacrifice) ;

2) entrée suivie d’un renvoi (►) à une autre entrée (comme : ABANDONNATEUR,

TRICE, n. ► bienfaiteur) ;

3) entrée suivie de plusieurs séries de mots ou de renvois classées sous le signe

conventionnel ○ (CORIACE adj. ○ ► dur ○ ► résistant) ;

4) entrée suivie de plusieurs séries classées sous le signe conventionnel ○ et

comprenant des sous séries signalées par le signe conventionnel • (CORMORAN n.m. ○

corbeau de mer, nigaud • ► palmipède ○ arg. ► croque-mort).

Dans le cas de l’entrée « amour », elle est suivie du signe conventionnel ○.

Juste après, nous avons la catégorie grammaticale (n.m.) écrite en italiques et abrégée.

Une autre spécificité du mot, c’est la marque du domaine, le lexème « amour »

appartenant du domaine religieux (relig.), donnée en italiques, en gras et abrégée. Les

synonymes apparaissent en ordre alphabétique (adoration, charité, contemplation, culte,

dévotion, dilection, ferveur, mysticisme, piété).

Ce qui suit sont les renvois aux autres entrées, retrouvés cette fois en gras et précédés

par le signe conventionnel • ► : • ► affection • ► passion • ► sympathie • ► amourette.

Ils sont toujours donnés alphabétiquement.

Les sens voisins sont signalés par l’abréviation par ext. (○ par ext. hymen, hyménée,

mariage • association, concubinage, en ménage • admiration, attachement, engouement,

enthousiasme, estime, faible, folie, goût, intérêt, penchant, plaisir). Comme nous pouvons

voir, les sens les plus proches sont séparés par une virgule et les différenciations de sens sont

précédées par un cercle plein (•).

La série de synonymes continue avec les « locutions définitoires » qui peuvent

remplacer dans le texte un mot rude mais qui peuvent aussi éviter de recourir à un

dictionnaire spécialisé (○ loc. • déesse de l’amour Aphrodite, Vénus • dieu de l’amour

archer, archerot, Cupidon, Éros, petit archer • amour en cage ► alkékenge • côte d’amour

► favoritisme).

Les antonymes dans ce dictionnaire sont regroupés à la fin de l’entrée et précédés du

signe conventionnel | ≠ (| ≠ ► indifférence ► haine).

32

Les mots de la famille lexicale de l’entrée « amour » sont répartisés sous d’autres

entrées (AMOURACHER (S), AMOURACHERIE, AMOURER, AMOURETTE,

AMOUREUSE, AMOUREUSEMENT, AMOUREUX, AMOUR-PROPRE ).

Pour faire le point, nous présentons les tableaux suivants :

Microstructure de l’article

« amour » Caractéristiques Exemples

entrée en gras, en majuscules AMOUR

catégorie grammaticale en italiques, abréviation n.m.

marque de domaine en italiques, en gras,

abréviation relig.

classement des synonymes alphabétique adoration, charité,

contemplation…

classement des antonymes intensité croissante ► indifférence ► haine

extension des sens en italique, en gras,

abréviation par ext.

Signes conventionnels

Signe Explication Exemple

○ introduit une série de synonymes ○ relig. adoration, charité, contemplation…

• ► renvoie à une autre entrée • ► affection • ► passion • ► sympathie…

| ≠ Introduit une série d’antonymes | ≠ ► indifférence ► haine

Ensuite, le titre du dictionnaire de Larousse, Dictionnaire des Synonymes, est déjà

différent des autres. L’article « des » utilisé à la place de la préposition « de » illustre le fait

que ce dictionnaire s’adresse à une catégorie plus large d’individus ; qu’ils soient traducteurs

ou écrivains, professionnels ou pas, amateurs de mots ou amoureux de la langue française,

français ou étrangers, ils trouveront ici les mots justes pour exprimer leurs pensées.

Voyons maintenant la microstructure de l’article « amour » qui fait l’objet de notre

analyse. L’entrée est marquée en gras comme dans le Dictionnaire des SYNONYMES de

Marc Baratin, mais ce qui nous suscite l’intérêt c’est que, même si le mot comporte une

ambigüité d’emploi, il est directement suivi de ses synonymes qui sont annoncés par la flèche

et qui sont aussi en gras. Donc, on ne nous indique plus les délimitations du contexte

33

d’emploi, mais seulement on nous marque, par des chiffres, l’existence des plusieurs sens. À

la différence de dictionnaire de Baratin qui propose trois sens pour le mot vedette, nous

avons, dans le dictionnaire de Larousse, six sens. Les synonymes ne sont plus donnés par

ordre alphabétique, mais plutôt par une hiérarchisation du sens moins fort (↓béguin) vers le

sens plus fort (↑passion). Alors, le sens de l’entrée se restreint, s’affaiblit et se déplace de

l’abstrait au concret, en gardant un lien constant avec le mot vedette. Une autre observation

pertinente serait le fait que le signe conventionnel * (l’étoile) nous signale que les synonymes

cités font eux-mêmes l’objet d’un article dans ce dictionnaire. On remarque aussi l’existence

des formes pronominales des verbes (s’accoupler), notés en gras et des locutions verbales

(faire amour) écrites en italique.

On observe aussi dans la microstructure de l’article « amour » la forme pronominale

s’amouracher qui fait partie de la même famille lexicale que le mot vedette. Même si des

fois nous avons l’impression que les unités de la même famille lexicale paraissent n’apporter

qu’une information dérisoire, ce n’est pas les cas du verbe s’amouracher parce que celui-ci a

plutôt un sens péjoratif. Par exemple, on peut très bien dire : « Il aime sa femme », mais nous

ne pouvons pas dire « Il est amouraché de sa femme ». Le verbe est suivi d’un exemple

fabriqué : « Il est amouraché de la fille de son patron » pour mieux comprendre le contexte

où on peut l’utiliser. Donc, l’exemple nous avertit que le synonyme ne répond pas toujours

exactement à la signification du mot dont il est synonyme, et qu’ainsi ils ne doivent pas être

employés indifféremment l’un pour l’autre. Les mots du langage familier et les mots rares

sont laissés à la fin. Ce dictionnaire est un vrai trésor de signes et de sens, mais aussi un

monument de sémantique. Il n’est pas seulement une liste par ordre alphabétique de tous les

sens possibles. Il procède par centre d’intérêt, séries, mots chefs, classement idéologique,

choix de concepts et mots générateurs, moments primaires et moments secondaires.

Nous proposons un résumé de l’analyse de ce dictionnaire dans les tableaux suivants :

Microstructure de l’article

« amour » Caractéristiques Exemples

mot vedette en gras, minuscule Amour

catégorie grammaticale non-spécifiée -

différenciation des sens chiffres 1, 2, 3, 4, 5,6

marques d’usage entre parenthèses (fam.) et (rare)

classement des synonymes hiérarchisation de sens de moins fort (↓béguin) vers

le sens plus fort (↑passion)

34

Conventions

� voir le mot où les mots suivants

*, ♦ voir ce mot cité comme synonyme :

il fait lui-même l’objet d’un article dans ce dictionnaire

↑ de sens plus fort

↓ de sens moins fort

Le dictionnaire des synonymes, analogies et antonymes (maison d’édition Bordas) se

remarque par la simplicité de l’usage étant un instrument de travail indispensable, de

manipulation rapide et pratique parce que son objectif est de fournir la possibilité de choisir

le mot exact parmi une gamme de mots voisins.

Dans la macrostructure de cet ouvrage, nous pouvons constater que celui-ci présente

une immense collection de mots groupés en fonction de leur « voisinage par le sens » - leur

plus ou moins réelle équivalence étant tributaire de l’usage que l’on veut en faire. Il regroupe

aussi des lexèmes qui font partie de plusieurs registres : courant, familier, populaire,

argotique et même trivial, mais aussi des locutions et expressions usuelles qui donnent à la

langue française d’aujourd’hui, écrite aussi bien que parlée, une vitalité tellement

remarquable.

Ce dictionnaire n’est pas seulement un dictionnaire de synonymes, il est aussi un

dictionnaire thématique (que l’on peut retrouver à partir de la page 891) qui offre la

possibilité de consulter un vocabulaire très riche de synonymes, d’analogies et d’antonymes

en fonction d’un certain sujet. Il est un large réseau de recherche : sous chaque rubrique sont

listés des mots correspondant à des articles du dictionnaire dans lesquels nous retrouvons

encore d’autres mots (par exemple, le lexème « amour » apparait dans le chapitre II. L’ÊTRE

HUMAIN, le point 2. L’être de sentiments et de pensée, le sous-point 2.6. Les sentiments et le

caractère : « amour, passion, passionnément / aveu (amoureux) / adoration, vénération /

inclinaison, amourette / toquade, folie, marotte, lubie, foucade / badinage / charme, agrément

/ plaisir, appétence, réjouissance, régal / désir, tentation, convoitise / jalousie, infidélité ».

Toutes les entrées du dictionnaire sont données alphabétiquement.

Quant à la microstructure, l’article « amour », comme tous les autres, il est listé en

gras et en minuscules (« amour »).

35

Ses synonymes sont regroupés sous formes d’une liste et commencent par majuscule.

Ils ne sont pas donnés par ordre alphabétique, mais selon la proximité du sens :

« Inclinaison

Penchant

Sentiment

Passion

… »

Les marques d’usage sont écrites entre parenthèses rondes après le synonyme, en

italiques et abrégées : « (angl.), (fam.) ». Il y a aussi des indications supplémentaires

comme : « Don (de soi), Rut (animaux) » qui ne sont pas obligatoirement des marques

d’usage, mais qui aident l’utilisateur de la langue à savoir le contexte où il peut les employer.

À la fin de l’inventaire synonymique nous pouvons observer l’énumération des

antonymes. Ils sont précédés d’un cercle plein et du terme « antonymes » écrit en gras et en

majuscules (• ANTONYMES : Haine, Exécration, Aversion, Abomination, Antipathie,

Indifférence). Le dressage de la liste antonymique est effectué par ordre décroissante de

l’intensité. Si les synonymes se retrouvent l’un sous l’autre, les antonymes occupent une

partie moins large car ils s’enchâssent l’un après l’autre.

Dans le cas du classement thématique de l’article « amour », les sens les plus proches

sont marqués par une virgule et les sens plus éloignés – par une barre oblique (« Amour,

passion, passionnément / aveu (amoureux) / adoration, vénération… »).

Pour résumer, nous présentons les tableaux ci-dessous :

Microstructure de

l’article « amour » Caractéristiques Exemples

mot vedette en gras, en minuscules amour

marques d’usage en italiques, abréviation, entre

parenthèses rondes (angl.), (fam.)

classement des synonymes par sens voisins, listé,

Inclination

Penchant

Sentiment

classement des antonymes par ordre décroissante de

l’intensité, énumération

Haine, Exécration, Aversion,

Abomination, Antipathie,

Indifférence

36

Signes conventionnels

Signe Explication Exemple

• introduit les antonymes • ANTONYMES : Haine, Exécration…

, délimite les sens voisins

(v. dictionnaire thématique) Amour, passion, passionnément

/ délimite les sens plus éloignés

(v. dictionnaire thématique)

Amour, passion, passionnément / aveu

(amoureux)

Le dictionnaire des synonymes, nuances et contraires de Robert met en regard les

synonymes les plus souvent confondus et explique leurs différences de sens, d’emploi ou de

connotation. L’ouvrage propose 200.000 mots, des plus usités aux plus rares : les registres,

les styles et les usages (littéraire, poétique, didactique, soutenu, familier, argotique, populaire,

vieilli, vieux, rare, langage des jeunes, langage des enfants, péjoratif, injurieux, euphémisme,

ironique, plaisant) ; les régionalismes, le français d’Afrique, des Antilles, de Belgique, de

Suisse, du Québec ; les termes de spécialité (médecine, photographie, cinéma, droit, etc.) ; les

anglicismes et les recommandations officielles.

Du point de vue macrostructural, les entrées sont regroupées par ordre alphabétique.

Du point de vue microstructural, le mot vedette est typographié en minuscules et en

gras, comme dans la plupart des dictionnaires que nous avons déjà analysé (« amour »).

Ce qui suit, la catégorie grammaticale est toujours présenté en italiques et abrégée

(« n.m. »).

Une nouveauté que nous avons rencontré cette fois, c’est la marque d’usage qui n’est

pas seulement écrite en italiques et abrégée, mais aussi sous forme d’indice « flamme littér. ou

plaisant, idylle littér ou plaisant, béguin fam. , baise fam., chose euph, coïter rare, copuler plaisant,

s’accoupler plaisant, forniquer (avec) Relig.ou plaisant , baiser très fam., coucher avec fam., s’envoyer en

air avec fam., se faire très fam., se taper vulg., enfiler vulg., niquer vulg., quéner lang. jeune, tringler vulg. ».

Les synonymes sont regroupés par sens. Chaque sens est précédé par un chiffre arabe,

chaque groupe de sens par un chiffre romain. Une série des synonymes débute soit par un

synonyme en gras, soit par une indication de contexte ou de domaine, soit par une indication

de registre ou d’usage. Elles sont délimitées par un cercle plein (•). À l’intérieur de chaque

groupe de sens, les synonymes sont classés par ordre alphabétique (« affection • attachement

37

• inclinaison • passion • penchant • tendresse • flamme •idylle »). Les synonymes appartenant

à une langue non standard sont donnés à la fin de chaque groupe de sens.

Un élément nouveau c’est la présence des expressions et des locutions le plus

courantes qui bénéficient d’un traitement aussi complet que les mots simples. Elles sont

classées sous l’entrée qui porte le sens (généralement le nom) et sont suivies de leurs propres

synonymes. Elles sont introduites par un carreau et apparaissent en gras (« ♦ amour du

prochain altruisme • bienveillance • charité • dévouement • fraternité • générosité •

philanthropie »).

Les contraires, organisés par sens, sont placés en fin d’article. Un contraire ou

antonyme peut s’avérer un excellent synonyme et inciter le lecteur à puiser son inspiration

dans d’autres articles du dictionnaire (« CONTR. antipathie | haine – aversion »).

Au terme de l’étude sur ce dictionnaire, nous esquissons les tableaux suivants :

Microstructure de

l’article « amour » Caractéristiques Exemples

mot vedette en gras, en minuscules amour

catégorie grammaticale en italiques, abréviation n.m.

marques d’usage en italiques, abréviation, sous

forme d’indice flamme littér. ou plaisant

classement des synonymes par groupes de sens et

alphabétiquement

1 – affection • attachement •

inclinaison • passion •

penchant • tendresse…

classement des antonymes par sens antipathie | haine – aversion

Signes conventionnels

Signe Explication Exemple

• différencie les sens affection • attachement • inclinaison…

Après avoir analysé la série de dictionnaires en format papier, nous allons mettre à

terme notre travail sur les dictionnaires de synonymes avec un dictionnaire électronique qui

est proposé par le Trésor de la Langue Française. Il existe des bases de données de

synonymes, présentées comme des dictionnaires, librement téléchargeables. (Centre de

38

Recherche Inter-langues sur la Signification en Contexte (CRISCO) EA 4255 de l’Université

de Caen).

Le portail lexical fonctionne avec un système d'onglets. Un clic sur un onglet

(exemple Lexicographie) affiche une interface permettant de saisir une forme (lemme ou

flexion) pour en afficher le contenu dans la catégorie linguistique sélectionnée. Un système

de navigation nous permet également grâce à un double-clique d'effectuer une recherche sur

n'importe quel mot dans la catégorie linguistique désirée.

Pour assurer la pérennisation et faciliter le référencement des ressources du portail

lexical sur le Web, un système simple de lien Internet (URL) a été mis en place pour pointer

sur les ressources du portail. Des grandes différences entre ce dictionnaire et ceux en support

papier sont visibles. Nous n’avons plus des signes conventionnels et nous avons une gamme

large de synonymes de la même catégorie grammaticale. Si nous voulons par exemple

changer de catégorie et voir les verbes ou les locutions, il faut les sélectionner dans la barre

déroulante qui comprend toutes les catégories grammaticales.

Le « mot vedette » est précédé par un carré plein ; en rouge et en lettres majuscules. Il

est suivi par la catégorie grammaticale (substantif), mais cette fois sans avoir le genre spécifié

et sans être abrégée. Ensuite, les synonymes ne sont plus donnés par ordre alphabétique, mais

par une hiérarchie sémantique stricte. Les constituants de cette hiérarchie sont représentés

dans un graphique sous la forme d’un diagramme en barre horizontale. Les barres vides

signifient que les mots peuvent être utilisés avec un sens figuré. Chaque synonyme fait lui-

même l’objet d’un article et avec un seul click le concept se gonfle mot après mot. Pour

mieux voir les différences entre ce dictionnaire et les autre, mettons tous ce que nous venons

d’analyser dans un tableau :

Microstructure de l’article

« amour » Caractéristiques Exemples

mot vedette en rouge, majuscules AMOUR

catégorie grammaticale non abrégée, genre non-

spécifié

Substantif

différenciation des sens - -

marques d’usage - -

classement des synonymes hiérarchisation de sens passion ---- Aphrodite

39

3.3. Analyse sémique des synonymes de l’amour

On dit souvent que deux on plusieurs mots de forme distincte sont synonymes s’ils

ont un sens identique ou voisin et s’ils appartiennent à la même classe morphosyntaxique.

Cette idée intuitive de la synonymie est fondée sur la possibilité de substituer un mot à un

autre mot sans que le sens de l’énoncé en soit modifié. L’identité de sens et la substituabilité,

forment la vision de la synonymie accréditée par la tradition, malgré le démenti des faits.

Conscients que l’identité n’est, le plus souvent, que partielle et la substituabilité limitée,

nombre d’auteurs ont essayé de se dégager de cette conception qui brouillait les pistes, en

préférant parler de para-synonymie ou de quasi-synonymie.

Chaque mot désigne soit des choses différentes, soit il présente des connotèmes

différents. Il en résulte que les mots sont inéchangeables à cause de leur contenu ; les

différences correspondent à des analyses plus fines de la référence. Donc, la synonymie n’est

qu’une « grossière approximation ». Il faut différencier l’amour de ses synonymes car pas

peu de fois ils sont confondus et utilisé l’un à la place d’autre. En s’appuyant sur les

définitions et sur les traits spécifiques des mots susceptibles d’être des synonymes, nous

allons faire un microsystème lexical pour mieux comprendre les différences.

● AMOUR , subst. masc. (except. fém.)

Attirance, affective ou physique, qu'en raison d'une certaine affinité, un être éprouve pour un

autre être, auquel il est uni ou qu'il cherche à s'unir par un lien généralement étroit.

● AMOURETTE , subst. fém.

Attachement passager, généralement exempt de passion, et volontiers frivole, pour une

personne.

● AVENTURE , subst. fém.

Ce qui advient dans le temps, généralement à un individu ou à un groupe d'individus, d'une

manière plus ou moins imprévue ou normalement imprévisible.

● PASSADE, subst. fém.

Aventure amoureuse de courte durée.

40

● CHARITÉ , subst. fém.

Principe de lien spirituel, moral qui pousse à aimer de manière désintéressée.

● AFFECTION 2, subst. fém.

Manifestation du sentiment d’attachement d’un être (gén. hum.) pour un autre être (le compl.

Introd. par la prép. de indique l’être qui éprouve une affection).

● PASSION, subst. fém.

[Avec une idée de durée de la souffrance ou de succession de souffrances] Action de souffrir;

résultat de cette action.

● ADORATION , subst. fém.

Affection passionnée pour quelqu’un ou quelque chose.

● SYMPATHIE , subst. fém.

Attrait naturel, spontané et chaleureux qu'une personne éprouve pour une autre.

● ADMIRATION , subst. fém.

Sentiment complexe d'étonnement, le plus souvent mêlé de plaisir exalté et d'approbation

devant ce qui est estimé supérieurement beau, bon ou grand

● PLAISIR 1, subst. masc.

État affectif agréable, durable, que procure la satisfaction d'un besoin, d'un désir ou

l'accomplissement d'une activité gratifiante.

● TENDRESSE, subst. fém.

Sentiment d’affection, d’amitié, de générosité qui porte à considérer autrui avec

bienveillance, à le traiter avec beaucoup de sollicitude.

● IDOLÂTRIE , subst. fém.

Amour excessif, admiration exagérée poussée jusqu’au culte.

41

● BÉGUIN3, subst. masc.

Éprouver une toquade, un caprice amoureux, vif quoique passager.

● IDYLLE , subst. fém.

Amour naïf et tendre vécu affectivement par deux êtres dans la fraîcheur d’un sentiment

idéalisé.

A

MO

UR

AM

OU

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TT

E

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SS

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AF

FE

CT

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TE

ND

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AD

E

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IN

PLA

ISIR

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EN

TU

RE

IDO

LAT

RIE

CH

AR

ITÉ

AD

MIR

AT

ION

attachement + + + + + + + + + + + + + + +

affectif + - + + + + + + - - + - + + +

physique +

- +

+

- - + - - - + + - + - - -

pour un autre être + + + + + +

- + + + + + + - - +

passager - + + - + +

- + + + + - + - - -

souffrance + - + - - +

- - - - - - - + + -

volontiers frivole - + - - - - + - + + +

- + - - -

imprévisible +

- - + - - + - + - - + - + + +

lien spirituel - - - - - +

- - - - - - - + + -

manière désintéressée + - - + + + +

- + - -

+

- - + + +

estime + - - + + + + + - - + - + + +

excessif +

- - + - - + - - - - - - +

+

- -

42

4. Conclusions

En guise de conclusion, nous pouvons constater que l’article « amour » n’est pas traité

de la même manière par tous les dictionnaires. Les lui accordent quelques lignes, les autres

quelques pages et pour certains il n’existe pas du tout comme c’est le cas du Dictionnaire

étymologique du français, Jacqueline Picoche, Le Petit Robert, Paris, 1992. Les signes

conventionnels qu’ils ont choisis ne sont pas les mêmes. Les macrostructures et les

microstructures sont très différentes. Par exemple le cercle plein ● on ne le trouve que dans le

Dictionnaire de synonymes, mots de sens voisin et contraires, Henri Bertaud du Chazaud,

Quarto Gallimard, 2005, alors que la flèche �qui annonce les synonymes présentés par ordre

alphabétique, est présente dans tous les dictionnaires. De même, le choix pour les lettres

majuscules ou minuscules, le classement par ordre alphabétique ou l’hiérarchie sémantique,

les abréviations, les marques d’usage ou de domaine diffèrent.

Nous avons vu que pour toute personne intéressée par l’histoire de la langue française,

un dictionnaire étymologique est indispensable car l’étymologie n’as pas le seul but

d’identifier et de dater la forme la plus ancienne d’un mot, mais aussi d’expliquer l’origine et

de suivre les principales étapes de son histoire. Sur la partie consacrée aux synonymes, nous

pouvons mentionner comme une conclusion générale qu’un synonyme est un mot qui peut

remplacer au même endroit de la phrase un autre mot de même nature et de même fonction

grammaticale, c'est-à-dire appartenant à la même classe grammaticale (nom, pronom,

adjectif, verbe, adverbe, préposition, conjonction), de sens voisin mais plus satisfaisant de la

situation présente. Paradoxalement, nous avons remarqué qu’il y a des synonymes qui ne

peuvent pas remplacer au même endroit un autre mot, même ayant la même catégorie

grammaticale.

43

5. Bibliographie

• BARATIN, Marc, BARATIN-LORENZI, Mariane, Dictionnaire des SYNONYMES,

Hachette, Paris, 2003.

• BERTAUD DU CHAZAUD, Henri, Dictionnaire de synonymes, mots de sens voisin et

contraires, Quarto Gallimard, Paris, 2005.

• BLOCH, Oscar, WARTBURG, Walther, Dictionnaire étymologique de la langue

française, Quadrige / Puf, Paris, 2002.

• BLOY, Léon, Œuvres complètes, Mercure de France, Paris, 1948.

• BOUSSINOT, Roger, Synonymes, analogies et antonymes, Sejer, Paris, 2008.

• DAUZET, Albert, DUBOIS, Jean, MITTERAND, Henri, Nouveau Dictionnaire

Etymologique et Historique, Libraire Larousse, Paris, 1964.

• Dictionnaire des synonymes nuances et contraires, Le Robert, Les Usuels, Paris, 2011.

• DUBOIS, Jean, MITTERAND, Henri, DAUZET, Albert, Dictionnaire étymologique,

Larousse / VUEF, Paris, 2001.

• DUBOIS, Jean, MITTERAND, Henri, DAUZET, Albert, Grand dictionnaire

étymologique et historique du français, Larousse, Paris, 2005.

• GENOUVRIER, Émile, Dictionnaire des Synonymes, Larousse, Paris, 2007.

• PICOCHE, Jacqueline, Dictionnaire étymologique du français, Les Usuels, Paris, 1992.

• REY, Alain, Dictionnaire historique la de langue française, Le Robert, Paris, 2012.

6. Sitographie

Lexilogos, http://www.cnrtl.fr/etymologie/amour (consulté le 1er nov. – 06 déc.).

Lexilogos, http://www.cnrtl.fr/synonymie/amour (consulté le 1er nov. – 06 déc.).