proces a venir

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DSK LE PIRE EST A VENIR... Époque Enquête Interrogatoires Le 21 février, à Lille, débutaient pour le socialiste des auditions qui allaient durer trente-deux heures. En jeu, ses relations avec des policiers de haut rang et sa participation à des soirées organisées avec des prostituées. APRÈS SA GARDE À VUE À LILLE, DOMINIQUE STRAUSS - KAHN PEUT S’ATTENDRE À UNE PROCHAINE MISE EN EXAMEN POUR ‘‘ COMPLICITÉ DE PROXÉNÉTISME ’’ TANDIS QUE SES AVOCATS AMÉRICAINS DEVRONT ENCORE BATAILLER À NEW YORK. PAR MAXIME ROBIN (À NEW YORK) ET ARMEL MEHANI SPINGLER/AP/SIPA

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Des deux côtés de l'Atlantique

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DSKLE PIRE EST A VENIR...

Époque EnquêteInterrogatoires Le 21!février,

à Lille, débutaient pour le socialiste des auditions qui allaient durer

trente-deux heures. En jeu, ses relations avec des policiers de haut rang

et sa participation à des soirées organisées avec des prostituées.

APRÈS SA GARDE À VUE À LILLE, DOMINIQUE STRAUSS-KAHN PEUT S’ATTENDRE À UNE PROCHAINE MISE EN EXAMEN POUR ‘‘ COMPLICITÉ DE PROXÉNÉTISME ’’ TANDIS QUE SES AVOCATS AMÉRICAINS DEVRONT ENCORE BATAILLER À NEW YORK. P A R M A X I M E R O B I N ( À N E W Y O R K ) E T A R M E L M E H A N I

SPIN

GLER/A

P/SIPA

Programme chargé pour DSK, en mars. Alors que d’aucuns pour-suivent leur marathon en vue de l’élection présidentielle, l’ancien leader socialiste restera cantonné à son parcours judiciaire. Audience américaine via ses conseils et convocation par les juges français vont s’enchaîner. Le 15 mars débutera l’affrontement

au civil entre Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofi tel de New York, et DSK, sous l’au-torité de Douglas McKeon, juge à la Cour suprême du Bronx. Il recevra les avocats américains de l’ex-ministre dans l’après-midi. Tant pis pour la photo, mais ni Diallo ni DSK ne sont tenus d’être présents. Les conseils de Strauss-Kahn préparent une motion pour le tirer d’affaire sans procès. Un paragraphe d’une convention internationale de 1947 donnerait à l’ex-patron du FMI l’immunité « y compris pour des actes commis à titre personnel ». Trois hypothèses. Dans la première, le juge McKeon accepte cette motion et l’affaire est pliée ; le Français tire sa révérence et Nafi ssa-tou repart sans un sou. Deuxième cas, le juge décale sa décision ; un autre rendez-vous est fi xé dans les semaines suivantes. Troisième cas, McKeon rejette la motion, et les prépa-ratifs du procès continuent.

Mais le volet américain pourrait avoir tout d’une course de lenteur. Les avocats de Diallo, qui ont intérêt à aller vite, tablent sur deux à trois ans au minimum avant que le procès démarre. « Trois ans, c’est long. Nous faisons notre propre enquête avant que l’affaire se tasse, que les mails et les SMS s’effacent, disait à VSD l’avocat de Diallo, Douglas Wigdor, après le dépôt de plainte. Les gens oublient vite. Il faut trouver des témoins. » Dans les PV du Carlton, par exemple ? Des mises en exa-men pour complicité de proxénétisme et abus de biens sociaux auraient des conséquences mineures dans le procès du Bronx, mais tout témoignage de rapport violent apporté sur un plateau via les révélations françaises, comme cela semble le cas, est pain bénit pour le clan Diallo. « Nous avons à retrouver beaucoup de personnes qui ont subi des agressions », assure Wigdor, en se gardant bien d’en dire davantage. Enfi n, les parties peuvent arranger un deal fi nancier à tout moment de la procédure.

Des États-Unis, la saga du Carlton est perçue comme le scandale parfait, avec ses « call-girls, po-liticiens, francs-maçons, hôtels de luxe et maque-reaux internationaux », s’amuse un journaliste de l’Herald Tribune qualifi ant de « mémorable » l’alibi de la nudité des fi lles invoqué par DSK pour ne pas avoir saisi qu’elles étaient des professionnelles.

En France, l’amateur de soirées échangistes a dû s’expliquer durant trente-deux heures devant des policiers qui l’ont placé en garde à vue à Lille, le 21 février. Il est ressorti libre, mais reste soupçonné de « complicité de proxénétisme aggravé en bande

organisée » et de « recel d’abus de biens sociaux ». Des mises en examen qui pourraient lui être noti-fi ées, le 28 mars prochain, par les juges d’instruc-tion lillois qui l’ont convoqué à cette date. Des fl ics de haut rang, des chefs d’entreprise, des jeunes femmes peu farouches et des responsables de l’hô-tel Carlton de Lille – point de départ du scandale – avaient jusqu’alors défi lé devant les enquêteurs. « C’est une bande de copains qui partagent les mêmes idées de gauche, et des parties fi nes avec des femmes libertines. Et alors ? Ce n’est pas un délit », argue un proche de DSK. Sauf que ces « co-pains » ont été rattrapés par la justice et que huit d’entre eux ont déjà été mis en examen.

Dominique Strauss-Kahn a, lui, été interrogé dans un premier temps par les enquêteurs de l’Ins-pection générale de la police nationale (l’IGPN, la police des polices) sur ses liens étroits avec deux policiers : Jean-Christophe Lagarde, ancien patron

de la Sûreté urbaine de Lille aujourd’hui suspendu de ses fonctions et mis en examen pour « recel d’abus de bien social », et Jean-Claude Menault, ex-directeur départemental de la police du Nord, muté à la suite de sa garde à vue et qui fait valoir ses droits à la retraite. L’ancien patron du FMI a ensuite été entendu par la PJ. Et, selon un policier, il se s erait défendu avec détermination en rappelant qu’il ignorait le statut de ces jeunes femmes, des prosti-tuées rémunérées. « Pour lui, le fait que ces jeunes “libertines” aient été escortées par des grands fl ics, en outre de fi ns connaisseurs des lois en matière de proxénétisme, était à ses yeux un gage de moralité. En réalité, c’est une façon habile de les charger », confi e un haut responsable policier. D’ailleurs, dans les rangs de la police, certains s’interrogent sur cette « intimité ». Leurs collègues espéraient-ils obtenir des postes prestigieux au sein de la police nationale si leur champion avait été élu président de la Répu-blique ? « C’est évident : quand on traverse l’Atlan-tique pour rencontrer un candidat à la présiden-tielle en tant que conseillers occultes des affaires de police et qu’en plus on partage avec lui des parties fi nes avec des prostituées, cela crée des relations privilégiées », souligne avec ironie un grand fl ic. !

Les contributeurs du HuffPo louent “l’effi cacité

de la patronne”

Ses yeux bleu lagon, ses pulls en mohair et son talent nous avaient séduits. DSK avait lui aussi succombé au charme

de la star du petit écran. Il l’avait épousée en secondes noces, elle avait quitté « 7 sur 7 », et, en 2010, chez les socialistes, il faisait fi gure de grand favori pour briguer l’Élysée. Sans le scandale Nafi ssatou Diallo, Anne Sinclair serait peut-être devenue première dame.

Depuis un mois, elle est directrice éditoriale du Huffi ngton Post français, un nouveau site d’information en ligne. Un site « de référence » selon elle, auquel elle trouve « très excitant » de collaborer. Comme la directrice éditoriale l’avait promis lors du lancement, le média traite tous « les sujets d’infos, quels qu’ils soient », y compris la garde à vue son mari à Lille, le 21 février, et sa convocation devant les juges.

Les contributeurs du HuffPo ne tarissent pas d’éloges pour louer la « fi abilité, l’efficacité, la cordialité de la patronne ». Comme

l’ex-avocat général Philippe Bilger, pourtant prompt à casser lorsqu’il n’aime pas. « Une femme de culture, une vraie journaliste, à l’anglo-saxonne », renchérit Christophe Girard, adjoint au maire de Paris, chargé de la Culture, qui ajoute qu’elle « garde le goût de l’information, des sujets travaillés ». Elle a aussi, selon lui, « un grand sens de l’humour ». Une chance pour celle qui depuis huit mois n’a cessé d’avaler des couleuvres. Volant au secours de son époux, offrant sa fortune pour le libérer, encaissant par amour absolument tout. Tout ? Aussi longtemps qu’il ne s’agissait que de l’affaire Nafi ssatou. À l’époque, Anne se battait à ses côtés, affi chant un immuable sourire assuré. Depuis les histoires de Dodo la Saumure et des « libertines » du Carlton, on ne voit plus la journaliste que seule. Des journaux ont évoqué le mot « divorce ». Ce qui leur a valu d’être poursuivis en justice. Récemment, M. Strauss-Kahn a traité les journalistes de « tous pourris ». Sauf Anne ? ! S. L.

Sinclair, la proRetour aux sources

La journaliste se consacre à son nouveau job, à la tête du Huffi ngton Post, et n’épargne pas son mari.

DES FEMMES LIBERTINES ESCORTÉES PAR DES GRANDS FLICS : UN GAGE DE

MORALITÉ POUR L’EX-PATRON DU FMI

Une femme seule Anne Sinclair ne se montre plus, ces dernières semaines,

au bras de son mari. Elle a en tête, ce 23!février, à

Paris, non plus la bataille avec Nafi ssatou Diallo,

mais la parution, le 7!mars, de son livre, « 21 rue

La Boétie » (aux éditions Grasset), consacré à

son grand-père, célèbre marchand d’art.

PH

OTO

S : A

FP

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