prisma vol.2 - 2007...isbn 978-2-89130-212-2, 2007; 582 p. dépôt légal – 2 ème trimestre 2007...

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  • Volume II

    L’intégration des services: les fruitsde la recherche pournourrir l’action

    Sous la direction de

    RÉJEAN HÉBERTANDRÉ TOURIGNYMICHEL RAÎCHE

    EDISEM

    PRISMA

    Programme de Recherche sur l’Intégration des Services de Maintien de l’Autonomie

  • Tous droits réservés. © 2007 Edisem inc.

    Le contenu de la présente publication (en version livre imprimé ou électronique) peutêtre reproduit en tout ou en partie, et par quelque moyen que ce soit, sans autre permis-sion du groupe PRISMA, sous réserve que la reproduction soit effectuée uniquement àdes fins d’étude privée de recherche, d’enseignement, de critique, de compte rendu ou envue d’en préparer un résumé destiné aux journaux et/ou à des fins non commerciales, etqu’il soit fait mention de la source. Le livre est distribué gratuitement. Sa revente estinterdite. Le livre PRISMA doit être cité comme suit :PRISMA volume II, L’intégration des services : les fruits de la recherche pour nourrir l’action. Par Hébert R, Tourigny A, Raîche M. Edisem, Québec, ISBN 978-2-89130-212-2, 2007 ; 582 p.

    Dépôt légal – 2ème trimestre 2007Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

    ISBN 978-2-89130-212-2

  • Table des matières

    PRÉFACESPar Monsieur Philippe Couillard, ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec et ministre de la Capitale-Nationale ................... xv

    Par Monsieur Jonathan Lomas, Chef de la direction, Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS)............................. xvi

    INTRODUCTIONPar Réjean Hébert.............................................................................. 1

    L’implantation des réseaux intégrés de services pour personnes âgées

    1. Louis Demers et Judith LavoieIntégrer les services aux aînés en perte d’autonomie : le rôle des acteurs locaux, régionaux et ministériels ....................................................... 5

    2. Anne Veil et Réjean HébertÉvaluation du degré de mise en œuvre du réseau intégré de services dans les trois sites expérimentaux de l’Estrie .................................... 23

    3. Anne Veil et Réjean HébertBilan de l’intégration des services : perceptions des gestionnaires et des intervenants ................................................................................. 33

    4. Anne Veil et Réjean HébertMesure de l’intégration des services entre les partenaires du continuum de services aux personnes âgées dans trois territoires ....................... 73

    5. Yves Couturier, Sébastien Carrier, Dominique Gagnon et Isabelle ChouinardLes appropriations locales de la gestion de cas et leurs enseignements pour l’implantation en d’autres contextes.......................................... 113

    6. Anne Veil et Réjean HébertPerception d’efficacité des gestionnaires de cas ................................ 129

    7. Anne Veil, Lynne Michaud et Réjean Hébert Les perceptions de continuité des services de clientèles âgées en perte d’autonomie suivies en gestion de cas dans le cadre de l’implantation du réseau de services intégrés............................................................ 155

  • iv L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    8. Louis Voyer et Réjean Hébert La perception des omnipraticiens face au réseau intégré et aux gestionnaires de cas ........................................................................... 173

    9. Dominique Somme, Réjean Hébert, Gina Bravo, François Blanchard et Olivier Saint-JeanLe plan de services individualisé comme outil d’intégration clinique : analyse qualitative dans l’expérimentation québécoise PRISMA ..... 185

    10. Suzanne Durand, Danièle Blanchette et Réjean HébertLes coûts d’implantation et de fonctionnement du réseau intégré de services pour les personnes âgées en Estrie....................................... 205

    Les impacts des réseaux intégrés de services pour personnes âgées

    11. Réjean Hébert, Marie-France Dubois, Michel Raîche, Nicole Dubuc et le groupe PRISMA-EstrieLes impacts du réseau intégré de services PRISMA : méthodologie et données de base ................................................................................. 219

    12. Réjean Hébert, Michel Raîche, Marie-France Dubois, Nicole Dubuc, Michel Tousignant, N’Deye Rokhaya Gueye et le groupe PRISMA-EstrieLes impacts du réseau intégré de services sur les personnes âgées et leurs aidants dans l’étude PRISMA-Estrie ........................................ 243

    13. Michel Raîche, Réjean Hébert, Danièle Blanchette, Suzanne Durand, Marie-France Dubois, N’Deye Rokhaya Gueye et le groupe PRISMA-EstrieLa performance globale des RISPA : impacts sur l’utilisation des services de santé, leurs coûts et l’efficience dans l’étude PRISMA-Estrie...... 271

    Les outils d’intégration, d’évaluation de la qualité et d’aide à la planification des services

    14. Diane Morin, André Tourigny, Line Robichaud, Daniel Pelletier, Lucie Bonin, Aline Vézina, Luc Mathieu et Martin ButeauÉvaluation d’un système d’information dans un réseau de services intégrés pour personnes âgées vulnérables : utilisation et perception de son efficacité et de son impact ................................................................. 297

    15. Diane Morin, André Tourigny, Daniel Pelletier, Line Robichaud, Luc Mathieu, Aline Vézina, Lucie Bonin et Martin ButeauLe point de vue des personnes âgées face au dossier clinique informatisé ........................................................................................ 315

  • TABLE DES MATIÈRES v

    16. André Tourigny, Diane Morin, Marie-Jeanne Kergoat, Nicole Dubuc, Line Robichaud, Jacques Morin, Lise Côté, Paule Lebel, René Verreault, Edeltraut Kröger, Zohra Benounissa et Solange ProulxMesurer et améliorer la qualité et la continuité des soins et des services de santé dispensés aux aînés vulnérables : un projet pilote chez ceux atteints de troubles cognitifs ou de démence.................................................. 331

    17. Edeltraut Kröger, André Tourigny, Diane Morin, Lise Côté, Marie-Jeanne Kergoat, Paule Lebel, Line Robichaud, Shirley Imbeault et Solange ProulxValidation d’indicateurs de qualité pour les soins de santé dispensés aux aînés vulnérables......................................................................... 349

    18. Nathalie Delli-Colli, Nicole Dubuc, Réjean Hébert et Catherine LestageSélection des variables essentielles pour déterminer les besoins psychosociaux des résidents et la charge de travail du service social en CHSLD ......................................................................................... 373

    19. Danielle Benoit, Michel Tousignant, Guylaine Allard, Myriam Bergeron, Nicole Dubuc et Rejean HébertMesure de l’adéquation de l’offre de service et des besoins des usagers du programme de soutien à domicile : le passage d’un projet de recherche vers une intégration de données utiles à des fins de gestion .............. 397

    20. Pauline Gervais, Réjean Hébert et Michel TousignantProfils d’autonomie fonctionnelle des personnes âgées vivant en Résidence privée d’hébergement en Estrie ......................................................... 409

    21. Danièle Blanchette, Suzanne Durand et Réjean HébertL’étude PRISMA-Estrie : la détermination du coût des services de santé .............................................................................................. 423

    22. Michel Raîche, Réjean Hébert, Marie-France Dubois, Johanne Bolduc, Maryse Grégoire, Céline Bureau et Anne VeilLe repérage des personnes âgées en perte d’autonomie modérée à grave avec le questionnaire PRISMA-7 : présentation, implantation et utilisation ....................................................................................... 451

    23. Anne Veil et Réjean HébertEstimation des ressources en gestion de cas dans un territoire ......... 467

    24. Linda Dieleman, Pierre Richard, Céline Bureau et Johanne BolducUtilisation des données de recherche aux fins de gestion .................. 503

  • vi L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Le transfert et l’application à d’autres clientèles, d’autres pays

    25. Nicole Dubuc, Michel Tousignant, Danielle Benoit, Guylaine Allard, Myriam Bergeron, Lise Trottier et Réjean HébertClientèles en déficience physique et intellectuelle desservies en CLSC : représentation des besoins liés à l’autonomie fonctionnelle selon la classification des profils Iso-SMAF .................................................. 515

    26. Dominique Somme, Hélène Trouvé, Yves Couturier, Sébastien Carrier, Dominique Gagnon, Benoît Lavallart, Réjean Hébert, Carole Crétin et Olivier St-JeanPRISMA France : Adaptation du modèle d’intégration PRISMA au système de soins et de services français ............................................ 529

    27. Pauline Gervais, Michel Tousignant, Réjean Hébert et Sylvain ConnangleClassification des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle : comparaison des profils Iso-SMAF aux groupes Iso-ressourcesissus de la grille AGGIR.................................................................... 547

    L’AIDE À LA PUBLICATION DE CE LIVRE....................................................... 561

    LE FINANCEMENT DU PROGRAMME PRISMA.............................................. 561

    REMERCIEMENTS ....................................................................................... 562

  • Liste des auteurs et collaborateurs

    Acronymes pour les établissements de rattachement :CHA : Centre hospitalier affiliéCHU : Centre hospitalier universitaireCSSS : Centre de santé et de services sociauxIUG : Institut universitaire de gériatrieMSSS : Ministère de la Santé et des Services sociaux

    Allard, Guylaine Archiviste médicaleConseillère aux systèmes d’information et aux archives, Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie

    Bédard, Mariette inf.Chef de l’administration des programmes de soutien à domicile, CSSS du Granit

    Bellefleur, Robert M.A.Agent de relations humaines, secteur Personnes âgées, CSSS du Granit

    Benoit, Danielle M.A.P.Agente de planification, programmation et recherche, Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie

    Benounissa, Zohra M.Sc.Biostatisticienne, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de Québec

    Bergeron, Myriam B.Sc.Gestionnaire de bases de données, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Blanchard, François M.D., Ph.D.Service de médecine interne et gériatrie, CHU Sébastopol, Reims, France

    Blanchette, Danièle C.A., Ph.D.Chercheure,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseure, Faculté d’administration, Université de Sherbrooke

  • viii L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Boissé, Marie-Claude M.A.Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Bolduc, Johanne inf., M.Sc. Directrice de programmes au CSSS de la MRC-de-Coaticook

    Bonin, Lucie M.D., M.Sc.Chercheure, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de QuébecAgence de la santé et des services sociaux de la Mauricie-Centre-du-QuébecInstitut national de santé publique du Québec

    Bravo, Gina Ph.D.Chercheure,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseure, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Bureau, Céline inf., M.Sc.Directrice du projet clinique, de la santé publique et du développement des communautés, CSSS-IUG de Sherbrooke

    Buteau, Martin Ph.D.Vice-recteur aux ressources informationnelles, Université de Sherbrooke

    Caron, Chantal inf., Ph.D.Chercheure,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseure, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Carrier, Sébastien B.S.S., Ph.D. (candidat)Agent de recherche, PRISMAÉtudiant, doctorat en gérontologie, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke

    Chouinard, Isabelle M.S.S., Ph.D. (candidate)Agente de recherche, PRISMAÉtudiante, doctorat en éducation, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke

  • LISTE DES AUTEURS ET COLLABORATEURS ix

    Connangle, Sylvain C.A.F.D.E.S.Directeur, Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) La Madeleine, Bergerac, France

    Côté, Lise inf., M.Sc. Professionnelle de recherche, Organisation des services et évaluation, Direction régionale santé publique de la Capitale-Nationale

    Couturier, Yves Ph.D.Chercheur, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseur, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke

    Crétin, Carole M.D.Direction générale de la Santé, Ministère de la santé et des solidarités, Sous-direction Pathologies et santé, Paris, France

    Delli-Colli, Nathalie t.s., M.S.S., Ph.D. (candidate)Conseillère aux profils Iso-SMAF, Centre d’expertise en santé de SherbrookeÉtudiante, doctorat en sciences cliniques, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Demers, Louis Ph.D.Professeur, École nationale d’administration publique

    Desrosiers, Johanne erg., Ph.D.Chercheure,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeDirectrice, École de réadaptation, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Dieleman, Linda M.Sc.Agente de planification, programmation et recherche, Direction de l’organisation des services, Agence de la santé et des services sociaux de l’Estrie

    Dubois, Marie-France Ph.D.Chercheure,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseure, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

  • x L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Dubuc, Nicole inf., Ph.D.Chercheure,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseure, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Durand, Pierre M.D.Chercheur, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, CHA, Hôpital Saint-SacrementDoyen, Faculté de médecine de l’Université Laval

    Durand, Suzanne C.G.A., D.B.A. (candidate)Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseure, Unité d’enseignement et de recherche en sciences de la gestion, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

    Gagnon, Dominique B.S.S., Ph.D. (candidat)Agent de recherche, PRISMAÉtudiant, doctorat en gérontologie, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke

    Gagnon, Maxime Ph.D.Agent de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Gervais, Pauline M.A., Ph.D. (candidate)Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeÉtudiante, doctorat en gérontologie, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke

    Grégoire, Maryse inf., B.Sc., M.A. (candidate) Conseillère clinicienne, Regroupement médecine générale et urgence, Direction des Soins Infirmiers et de la Qualité, CHU de Sherbrooke

    Gueye, N’Deye Rokhaya Ph.D.Statisticienne,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Guillot, Valérie M.A.Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

  • LISTE DES AUTEURS ET COLLABORATEURS xi

    Hébert, Réjean M.D., M.Phil.Chercheur, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeDoyen, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Imbeault, Shirley D.Psy. Professionnelle de recherche, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de Québec

    Joly, Nathalie-Audrey M.A.Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Kergoat, Marie-Jeanne M.D., gériatreChercheure, Institut universitaire de gériatrie de MontréalProfesseure, Faculté de médecine de l’Université de Montréal

    Kröger, Edeltraut Pharm., M.Sc., Ph.D. (candidate)Professionnelle de recherche, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de QuébecÉtudiante, doctorat en épidémiologie, Université Laval

    Labrecque, Isabelle M.A. (candidate)Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Lavallart, Benoît M.D.Direction générale de la Santé, Ministère de la santé et des solidarités, Sous-direction Pathologies et santé, Paris, France

    Lavoie, Judith M.Sc.Professionnelle de recherche, École nationale d’administration publique

    Lebel, Paule M.D.Chercheure, Groupe de recherche des Universités de Montréal et McGill sur les réseaux intégrés aux personnes âgéesProfesseure, Faculté de médecine de l’Université de MontréalDirectrice de l’enseignement à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal

  • xii L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Lestage, Catherine M.Ps., M.Sc. (candidate)Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeÉtudiante, maîtrise en sciences cliniques, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Mathieu, Luc inf., D.B.A.Chercheur, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeDirecteur, École des sciences infirmières, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Michaud, Lynne t.s., M.S.s.Centre de santé et de services sociaux de Coaticook

    Morin, Diane inf., Ph.D. Chercheure, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de QuébecDoyenne, Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval

    Morin, Jacques M.D., gériatreChercheur, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de QuébecProfesseur, Faculté de médecine de l’Université Laval

    Murray, William, M.A.Direction de l’évaluation, Planification stratégique, évaluation et qualité, MSSS du Québec

    Pelletier, Daniel M.Ps.Professionnel de recherche, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de Québec

    Proulx, Solange M.A.Professionnelle de recherche, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de Québec

    Raîche, Michel M.Sc., Ph.D. (candidat)Coordonnateur de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeÉtudiant, doctorat en sciences cliniques, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

  • LISTE DES AUTEURS ET COLLABORATEURS xiii

    Richard, Pierre M.S.S.Directeur des programmes clientèles dans le milieu, CSSS du GranitConsultant projets cliniques, Agence de la santé et des services sociaux de l’Estrie

    Robichaud, Line erg., Ph.D.Chercheure, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de QuébecProfesseure, Département de réadaptation de l’Université Laval

    Simard, Dany M.A.Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Somme, Dominique M.D.PRISMA-France, Service de gériatrie-Pôle urgence réseaux, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris, France

    St-Jean, Olivier M.D., Ph.D.Service de gériatrie-Pôle urgence réseaux, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris, France

    Tourigny, André M.D., M.B.A.Directeur scientifique et chercheur, Centre d’excellence sur le vieillissement, Hôpital du Saint-Sacrement, Québec Professeur, Faculté de médecine de l’Université LavalInstitut national de santé publique du QuébecDirection régionale de santé publique de la Capitale-Nationale

    Tousignant, Michel pht, Ph.D.Chercheur, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de SherbrookeProfesseur, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

    Trahan, Lysette Ph.D.Direction de l’évaluation, Planification stratégique, évaluation et qualité, MSSS du Québec

    Trottier, Lise M.Sc.Statisticienne,Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

  • xiv L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Trouvé, Hélène Ph.D. (candidate)PRISMA-France, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris, France

    Veil, Anne M.S.s.Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Veilleux, Karine M.A.Agente de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Verreault, René M.D., Ph.D. Directeur et chercheur, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, CHA, Hôpital Saint-SacrementProfesseur, Faculté de médecine de l’Université Laval

    Vézina, Aline Psy., Ph.D.Chercheure, Unité de recherche en gériatrie de l’Université Laval, Centre de recherche du CHA universitaire de QuébecProfesseure, École de service social, Université Laval

    Voyer, Louis M.Ps.Coordonnateur de PRISMA, Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUG de Sherbrooke

    Le groupe PRISMA-Estrie, indiqué dans les auteurs des chapitres 11-12-13, comprend les personnes suivantes :Mariette Bédard, Robert Bellefleur, Myriam Bergeron, Danièle Blanchette, Marie-Claude Boissé, Johanne Bolduc, Lucie Bonin, Gina Bravo, Céline Bureau, Chantal Caron, Johanne Desrosiers, Linda Dieleman, Marie-France Dubois, Nicole Dubuc, Pierre Durand, Suzanne Durand, Maxime Gagnon, N’Deye Rokhaya Gueye, Valérie Guillot, Réjean Hébert, Nathalie-Audrey Joly, Isabelle Labrecque, William Murray, Michel Raîche, Pierre Richard, Dany Simard, André Tourigny, Michel Tousignant,Lysette Trahan, Anne Veil et Karine Veilleux.

  • Préfaces

    Chers lecteurs,

    Lorsqu’on retrouve le thème de l’intégration des services au cœur d’un projetde recherche, on ne se surprendra pas qu’à titre de ministre de la Santé et desServices sociaux je m’associe à la présentation du second volume du Pro-gramme de recherche sur l’intégration des services de maintien de l’autonomie– PRISMA.

    L’intégration des services est au cœur des gestes que nous avons posés aucours des dernières années dans notre système de santé et de services sociaux,notamment à travers la mise en réseau des différents intervenants et établisse-ments qui œuvrent au service d’une même population. La création des Centresde santé et de services sociaux (CSSS) vise justement à ce que les citoyensbénéficient d’une meilleure coordination et d’une plus grande collaborationentre celles et ceux qui assurent la dispensation des soins de santé et des ser-vices sociaux.

    Nous le savons tous, la société québécoise connaîtra un vieillissementrapide. Si nous devons nous réjouir que le développement social et économiquede notre société se traduise par l’augmentation de la longévité et l’améliorationde l’état de santé de notre population, nous partageons la responsabilité que leréseau s’adapte pour offrir des solutions qui répondent mieux aux besoins despersonnes âgées. Comme gouvernement, nous nous sommes engagés sur cettevoie et continuons d’y consacrer des énergies et ressources considérables.

    Dans un contexte où nous devons ajuster nos façons de faire en fonctiondes nouvelles réalités, le travail de l’équipe de PRISMA prend une valeurd’autant plus importante. Grâce à une telle initiative, nous pouvons miser sur larecherche comme facteur d’amélioration continue des pratiques, tout autant quenous sommes en mesure de nous inspirer des succès des uns pour susciter lessuccès des autres, ce qui est gage d’amélioration de la qualité et de l’accessibi-lité des soins que nous offrons aux citoyens.

    Je tiens à saluer de façon toute particulière les efforts déployés dans lecadre de PRISMA afin de donner un visage humain et concret à ces vastes tra-vaux au sein desquels la réalité quotidienne des personnes qui reçoivent les ser-vices et de celles qui les rendent sert de repère central.

    Comme l’indique avec justesse le titre du présent ouvrage, nul doute queles fruits de la recherche sauront nourrir l’action.

    Bonne lecture

    Philippe CouillardMinistre de la Santé et des Services sociaux

    et ministre de la Capitale-Nationale

  • xvi L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Il arrive trop fréquemment que les recherches importantes soient effectuées pardes personnes qui sont détachées des systèmes qu’elles peuvent influencer. Parconséquent, il n’est pas surprenant que ces recherches se retrouvent sur lestablettes, même si elles offrent un potentiel évident pour améliorer la santé despatients ou l’efficacité de la prestation et de la gestion des services qu’ils reçoi-vent. Bien que l’investissement dans la recherche sur les services de santé soitbien intentionné, trop souvent les recherches ne sont pas conçues de façon àavoir un impact significatif sur le secteur à l’étude. Le texte qui suit montre qu’iln’en est pas toujours ainsi. Il s’agit d’un témoignage illustrant ce qu’on peutaccomplir quand des chercheurs comme Réjean Hébert et ses collègues relè-vent les défis associés à l’utilisation des résultats de recherche.

    L’hypothèse selon laquelle les bonnes recherches « parlent d’elles-mêmes » n’est effectivement qu’une hypothèse, et elle est loin d’être confirméepar l’expérience des vingt dernières années dans le domaine de la recherche surles services de santé. Après presque un quart de siècle d’étude, nous savonsmaintenant que, pour garantir l’utilisation des résultats de recherche, il fautsuivre ce que les chercheurs indiquent dans le présent livre, c’est-à-dire faireparticiper les personnes pouvant mettre en œuvre les résultats, et ce, dès ledébut du processus de recherche.

    Faire de la recherche dans un environnement idéal, isolé du système, peutdéboucher sur l’élaboration de méthodes parfaites et d’articles dignes desrevues scientifiques. Toutefois, cette façon de procéder tient les chercheurs éloi-gnés de la réalité. Dans ce modèle de recherche en santé, qui a dominé le milieuuniversitaire au cours des cinquante dernières années, les chercheurs doivent« vendre » leurs résultats à des cliniciens et gestionnaires surchargés, préoc-cupés et souvent indifférents. Pour attirer l’attention de ces décideurs, les cher-cheurs doivent faire concurrence aux compagnies pharmaceutiques, auxassociations de fournisseurs, aux consultants et à plusieurs autres personnes ouorganisations qui possèdent beaucoup plus de ressources et de capacités de per-suasion que ces chercheurs n’en auront jamais.

    Le présent livre raconte l’aventure d’un groupe de chercheurs du Québecqui ont décidé d’agir de manière différente en réalisant le projet PRISMA. MaFondation a été un commanditaire et défenseur important de ce projet préci-sément parce qu’il s’agit d’un bon exemple du nouveau modèle de « liens etéchanges » pour la recherche appliquée. Dans ce modèle, les chercheurs devien-nent des cochercheurs associés aux personnes qui travaillent dans le système.

    Ces chercheurs ont décidé de concentrer leurs efforts sur l’ensemble desbesoins des patients dans le contexte global du système des services. Ils ont

  • PRÉFACES xvii

    choisi de ne pas faire porter leurs recherches sur une maladie en particulier, surune partie du corps précise, sur un traitement donné ou un secteur de servicebien circonscrit dans un « laboratoire universitaire », loin du contexte global. Laprincipale motivation des chercheurs était de faire en sorte que les intervenantsdu système de santé concentrent leurs efforts à trouver la meilleure façon des’occuper des besoins des personnes âgées fragiles qui sont en perte d’autono-mie et qui souffrent de maladies chroniques. Ils ont réalisé l’importance d’inté-grer l’ensemble des services sociaux et de santé, au profit de cette population depatients, en écartant la tendance des politiques et de la gestion à fragmenter lesservices et les organismes dans des établissements autonomes, quelquefois con-currents, mais toujours distincts.

    Deuxièmement, ils ont réalisé que, pour effectuer cette intégration, ilsdevaient non seulement déterminer, par leurs recherches, la façon de la mettreen pratique, mais également obtenir la coopération des personnes qui seraientconcernées par les conclusions de leurs travaux, c’est-à-dire les cliniciens et lesgestionnaires qui travaillent dans les établissements. Ils ont méthodiquementobtenu la coopération des intervenants pertinents des régions du Québec en lesrecrutant comme cochercheurs pour le projet PRISMA. Ainsi, les médecinsgénéralistes, les organismes de services communautaires, les gestionnaires dusystème de santé et d’autres intéressés sont devenus aussi importants pour leprojet que les chercheurs eux-mêmes.

    Finalement, pendant le déroulement des travaux, les chercheurs ont décou-vert le véritable sens du principe de « liens et d’échanges » ; ils ont non seule-ment recruté les intervenants pour les faire participer aux recherches, mais ilsont eux-mêmes été recrutés pour la mise en œuvre des résultats. En constatantl’importance que revêtait la recherche pour leur travail et leurs établissements,les gestionnaires et les cliniciens se sont rendu compte qu’ils avaient besoin denouveaux outils de mesure et de contrôle. Ainsi, les chercheurs ont été appelésà participer de plus en plus activement à la mise en œuvre et à la diffusion desinnovations en matière de services de santé.

    Les conclusions de l’aventure relatée dans le présent livre couvrent unchamp impressionnant du domaine de la recherche. Les personnes qui ont par-ticipé au projet PRISMA se sont retrouvées engagées dans des travaux degrande envergure : de la perception des services et l’évaluation des besoins (parl’entremise de la formation et du perfectionnement du personnel), à l’élabora-tion d’outils et à la mesure des résultats (par l’entremise de systèmes d’informa-tion électronique et de questions économiques), jusqu’à la modification de lagestion et la diffusion des innovations.

    La Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé est fièred’avoir participé à ce projet en tant que commanditaire et défenseur. Ce projetreprésente un excellent exemple de recherches qui font vraiment une différence.Il illustre également l’ampleur du retour sur l’investissement lorsqu’un projetde recherche appliquée est bien conçu. Les recherches effectuées dans le cadre

  • xviii L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    du projet ont permis non seulement à des dizaines de milliers de personnesâgées vulnérables qui recevaient auparavant un soutien intégré déficient d’obte-nir à présent les services nécessaires, mais elles ont également permis d’amélio-rer les coûts des services et le niveau de satisfaction des personnes qui enassurent la prestation et la gestion. Il n’est pas surprenant de constater que leprojet PRISMA a eu une influence positive sur le modèle du réseau de presta-tion des services adopté au Québec et que cette influence se répand rapidementbien au-delà des soins offerts aux personnes âgées et des frontières du Québec.

    Jonathan LomasChef de la direction

    Fondation canadienne de la recherchesur les services de santé

    Mars 2007

  • Introduction

    Par Réjean Hébert

    Ce livre rassemble les résultats des travaux des dernières années du groupePRISMA. Alors que le premier livre PRISMA « Intégrer les services pour lemaintien de l’autonomie des personnes »1 avait présenté les principes de l’inté-gration, le modèle de coordination PRISMA et l’évaluation préliminaire de sonimplantation, ce deuxième volume rassemble les fruits des travaux des cher-cheurs et partenaires du réseau au terme des nombreuses études menées sur lemodèle au cours des trois dernières années. Nous avons intitulé ce deuxièmelivre PRISMA « Les fruits de la recherche pour nourrir l’action » pour souli-gner les efforts menés pour traduire les résultats de recherche en de meilleurespolitiques et en services sociosanitaires améliorés.

    Le partenariat PRISMA a été marqué par une étroite collaboration entrechercheurs, dirigeants, gestionnaires et cliniciens. Le nombre des auteurs et co-auteurs de ce livre (68) et la diversité de leurs horizons sont le reflet de ce par-tenariat. Cette collaboration stimulée par le soutien de la Fondation canadiennede recherche sur les services de santé (FCRSS) a produit à la fois des questionsde recherche appliquées et pertinentes, de même qu’un souci constant de trans-mettre rapidement les résultats de la recherche aux partenaires et à l’ensembledu réseau sociosanitaire québécois et canadien. Ce transfert des connaissancesa été remarqué et souligné par l’obtention du Prix d’application des connais-sances des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) en novembre 2005,qui sert d’ailleurs au financement de ce livre. Les travaux de PRISMA ont aussifait l’objet d’une analyse dans le recueil de cas d’application des connaissancesde l’Institut des services et des politiques de la santé des IRSC2.

    Le modèle de type coordination élaboré, implanté et évalué par le groupePRISMA est le seul du genre au plan international3. Les autres expériencesd’intégration menées jusqu’à maintenant référaient aux deux autres formesd’intégration selon la taxonomie de Leutz4, la liaison ou l’intégration complète.Le modèle de coordination PRISMA vise d’abord et avant tout l’utilisationoptimale et rationnelle des services disponibles dans la localité ou la région.Son objectif est l’amélioration de l’efficience dans l’utilisation des services enplace. Il s’inscrit ainsi à l’intérieur du réseau actuel et non en marge de ceréseau. C’est sans doute pourquoi il est plus facilement implantable dans unsystème de santé et de services sociaux public et universel. Le modèle PRISMAa d’abord été initié et testé dans les Bois-Francs5 avant d’être implanté et évaluéen Estrie et en Montérégie.

  • 2 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Nous avons rassemblé les résultats de PRISMA en quatre sections dans celivre : implantation du modèle, évaluation de son impact, outils soutenant sonimplantation et finalement transfert et application à d’autres clientèles etd’autres pays. L’implantation du modèle PRISMA en Estrie a fait l’objet d’uneévaluation minutieuse à tous les niveaux. Au plan macroscopique, une analysesociopolitique de l’intégration des services est présentée. Puis, au plan méso,une évaluation sommative de l’implantation rapporte le monitorage du degré demise en œuvre, l’opinion des acteurs gestionnaires et cliniciens de même quecelle des personnes âgées et de leurs aidants. Au plan micro, nous avons analyséen profondeur le rôle des gestionnaires de cas de même que leur perceptiond’efficacité. Nous avons aussi mesuré les coûts de l’implantation et du fonction-nement d’un réseau intégré de services et examiné plus attentivement l’une descomposantes du modèle négligée jusqu’ici : le plan de services individualisé.

    Les impacts du réseau intégré de services aux personnes âgées (RISPA) ontété examinés pendant une étude longitudinale quasi-expérimentale menée pen-dant quatre ans et financée par une subvention majeure des IRSC. Les impactssur les personnes âgées elles-mêmes, sur leurs aidants, sur l’utilisation desservices et leurs coûts ont été mesurés et sont présentés dans la section « Lesimpacts des RISPA ». L’évaluation économique et l’efficience du RISPA y sontégalement abordées.

    Pour qu’un réseau intégré se mette en place, on doit disposer d’outilsd’intégration et de planification, afin de viser une haute qualité des services. Lasection « outils d’intégration, d’évaluation de la qualité et d’aide à la planifica-tion des services » propose plusieurs réponses appliquées en ce sens. L’utilisa-tion du dossier clinique informatisé y est décrite, ainsi que ses impacts et laperception qu’en ont les personnes âgées. La mesure de la qualité et la valida-tion d’indicateurs dans des clientèles âgées vulnérables y est présentée. Lesbesoins de services des personnes âgées sont mesurés sous différents angles :besoins psychosociaux en centres d’hébergement, adéquation de l’offre de ser-vice et des besoins des usagers du programme de soutien à domicile et profilsd’autonomie fonctionnelle des personnes âgées vivant en résidence privéed’hébergement. La détermination du coût des services de santé ne sert pas seu-lement à la recherche ; elle s’avère utile pour les gestionnaires dans leurs déci-sions de gestion en pouvant juger de leur importance relative. L’implantationd’un processus de repérage des personnes âgées en perte d’autonomie est pré-sentée. Un chapitre permet d’estimer les ressources requises en gestion de casdans un territoire, alors que dans un autre chapitre des gestionnaires présententl’utilisation qu’ils font des données de recherche aux fins de gestion.

    Dans la dernière section, on constate que les travaux de PRISMA font despetits : le modèle s’exporte en France, mais aussi à d’autres clientèles. La défi-cience physique et intellectuelle a fait l’objet de mesures en Montérégie à l’aidedes profils Iso-SMAF. L’utilisation de ces mêmes profils dans un établissementd’hébergement pour personnes âgées dépendantes en France est présentée, tout

  • INTRODUCTION 3

    comme l’adaptation du modèle d’intégration PRISMA au système de soins etde services français.

    Après avoir démontré sa faisabilité et ses impacts positifs tant au plan desclientèles que des services, le modèle PRISMA est maintenant prêt à la généra-lisation. Au Québec, le Ministre de la santé et des services sociaux en a fait unélément majeur de ses Orientations ministérielles sur les services offerts auxpersonnes âgées en perte d’autonomie6. La réforme qu’il a menée au cours desdernières années en intégrant les structures de soins à domicile (CLSC), àl’hôpital et en centres d’hébergement par la création des Centres de santé et deservices sociaux va dans le sens de l’intégration des services pronée par lemodèle PRISMA. Il faudra cependant que cette intégration structurelle se tra-duise en une intégration fonctionnelle à l’intérieur des établissements et par unecoordination efficace des CSSS avec les autres acteurs privés et bénévoles duréseau. La création des réseaux locaux de services et l’élaboration des projetscliniques sont les mécanismes prévus pour réaliser cette intégration fonction-nelle. Ces mécanismes pourront s’appuyer en grande partie sur les travaux dePRISMA.

    Le modèle de coordination mis au point et éprouvé par l’équipe PRISMAest à l’examen dans d’autres provinces et d’autres pays. Ce modèle a été recom-mandé par un groupe de chercheurs indépendants pour sa pertinence et les évi-dences de son impact7, 8.

    Nous tenons à remercier les organismes de subvention (IRSC, FCRSS,Fonds de la recherche en santé du Québec, Réseau québécois de recherche surle vieillissement), les organismes publics de santé et de services sociaux (minis-tère de la Santé et des Services sociaux, Agences de la santé et des servicessociaux de l’Estrie, de la Montérégie, de Mauricie-Centre-du-Québec, de Lavalet de Québec, Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire degériatrie de Sherbrooke) et l’Université de Sherbrooke pour leur appui financierà PRISMA. Merci à toutes les personnes âgées qui ont participé à nos projets,sans elles nous n’aurions pas pu recueillir les informations qui permettent deconnaître leur état d’autonomie, leurs perceptions, leur satisfaction. Merci àleurs aidants qui nous ont également épaulés dans les projets. Merci aux ges-tionnaires, dirigeants et cliniciens qui ont collaboré à l’implantation des RISPAet qui ont accepté d’être interrogés et observés tout au long de la démarche.Sans eux nous n’aurions pu savoir si les RISPA devaient être généralisés à toutle Québec. Merci à toutes les équipes de recherches, agents de recherche, éva-luateurs et statisticiens qui font de la réalisation de travaux de recherche, leurquotidien.

    Le clinicien, le chercheur, le gestionnaire et le ministre de la Santé et desServices sociaux lui-même qui s’intéressent à l’intégration des services trouve-ront de nombreux éclairages dans ce livre. Intégrer les services pour les per-sonnes âgées constitue un formidable défi et nous le savons maintenant, unincontournable à l’amélioration des services.

  • 4 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Références1. Hébert, R., Tourigny, A. et Gagnon, M. Intégrer les services pour le main-

    tien de l’autonomie des personnes. Québec, Edisem, 2004.

    2. Institut des services et des politiques de la santé. Agir et réagir face auxdonnées probantes : recueil de cas d’application des connaissances rela-tives à la recherche sur les services et les politiques de santé. Ottawa : Ins-tituts de recherche en santé du Canada, 2006.

    3. Leutz, W. Reflections on Integrating Medical and Social Care : Five lawsrevisited. Journal of Integrated Care, 13(5) :3-14, 2005.

    4. Leutz, W.N. Five laws for integrating medical and social services : Lessonsfrom the United States and the United Kingdom. Milbank Quarterly,77(1) :77-110, 1999.

    5. Tourigny, A., Durand, P., Bonin, L., Hébert, R. et Rochette, L. Quasi-expe-rimental Study of the Effectiveness of an Integrated Service DeliveryNetwork for the Frail Elderly. Canadian Journal on Aging, 23(3) :231-46,2004.

    6. Ministère de la Santé et des Services sociaux. Orientations ministériellessur les services offerts aux personnes âgées en perte d’autonomie, Québec,MSSS, 2001.

    7. Hollander, M.J., Cherry, L., MacAdam, M., Pallan, P. et Ritter, R. Develop-ment of a strategic framework for continuing care services. Continuingcare service delivery systems : Case Studies of current models. Nova ScotiaDepartment of Health, Continuing Care Branch, 2007.

    8. Hollander, M.J., Chappell, N.L., Prince, M.J. et Shapiro, E. Providing careand support for an aging population : Briefing notes on key policy issues.Health Care Quaterly, 10(3) :34-45, 2007.

  • Chapitre 1Intégrer les services aux aînés

    en perte d’autonomie :le rôle des acteurs locaux,régionaux et ministériels1

    Louis Demers, Judith Lavoie

    Points saillants– La réalisation d’un réseau intégré de services

    • repose d’abord sur l’implication de personnes compétentes, crédibleset dédiées, qui vont montrer le réalisme et la pertinence du nouveau sys-tème de coordination des services ;

    • requiert l’adhésion des dirigeants des organisations impliquées au modèlede coordination retenu ;

    • doit se présenter à eux comme une solution appropriée à des problèmesd’organisation des services qu’ils jugent prioritaires ;

    • exige du temps pour que les gestionnaires et les intervenants touchéspar le changement nouent des liens de collaboration et s’approprient lemodèle de coordination retenu.

    – L’efficacité d’un réseau intégré de services dépend de l’utilisation d’un sys-tème d’informations cliniques partageables interdisciplinaire et interservices.

    – La mise en place d’un réseau intégré de services suppose l’instauration demodes de gouverne et de coordination fondés sur la confiance et le respectmutuel.

    – Les acteurs ministériels peuvent contribuer au renforcement de l’intégra-tion des services• en adoptant des orientations à la fois claires et flexibles, de façon à lais-

    ser aux acteurs locaux le choix des modalités concrètes de réalisationdu modèle d’intégration qu’ils retiennent ;

    • en adoptant des mesures conformes à ces orientations, notamment enmatière de systèmes d’information ;

    • en renforçant les mécanismes internes de coordination du Ministère envue d’accroître la cohérence et la synchronisation de leurs interventions.

  • 6 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Introduction

    L’enjeu et le défi de l’intégration des services aux aînésen perte d’autonomie

    Les incapacités et la perte d’autonomie fonctionnelle qui en résulte constituent,pour les aînés et pour leurs proches, un problème de santé majeur. Faire face à ceproblème pose un défi de taille pour les systèmes de santé. D’une part, le nombred’aînés en perte d’autonomie augmentera substantiellement au cours des annéesà venir2 ; d’autre part, depuis des décennies, les systèmes de santé se sont d’abordstructurés en vue de répondre aux problèmes épisodiques d’usagers jeunes ouadultes. Dans un tel système prédomine une logique de « silo »3 ; les personnesqui requièrent des services continus et pendant une longue période y sont doncmal desservies. Des services importants manquent et ceux qui existent sont peuou mal coordonnés de sorte que les personnes âgées ou leurs proches doivent elles-mêmes se débrouiller pour obtenir le service approprié. Le renforcement de lacoordination des services est ainsi apparu à plusieurs comme une solution géné-rique à la discontinuité des services aux aînés en perte d’autonomie et à d’autresclientèles vulnérables4-9.

    Plusieurs expériences4, 5, 6, 11, 12 montrent que la discontinuité des servicesne s’explique pas seulement par le manque de coordination des organisationslocales. Elle dépend aussi de l’interdépendance des gestes posés par les acteurs

    – Les acteurs régionaux peuvent eux aussi favoriser l’intégration des servicesen énonçant leurs propres orientations à ce sujet et en soutenant les chan-gements désirés plutôt qu’en les imposant unilatéralement.

    – Les chercheurs et les agents de recherche peuvent aussi contribuer à l’inté-gration des services en proposant une représentation différente des pro-blèmes d’organisation des services et des solutions possibles pour y faireface. Pour devenir de réels agents de changement, chercheurs et agents derecherche doivent non seulement diffuser des connaissances, mais aussi serendre crédibles auprès des acteurs qu’ils cherchent à appuyer.

    L’intégration se réalise lorsqu’une gamme complète de services est coordon-née de façon à ce que chaque usager reçoive « le bon service, au bon moment,au bon endroit et par la bonne personne» sans être laissé à lui-même pour obte-nir le service.La coordination renvoie aux mécanismes qu’il faut créer et aux actions qu’ilfaut déployer pour que l’intégration se réalise.La continuité, «c’est la façon dont les soins sont vécus par un patient commecohérents et reliés dans le temps »10.

  • INTÉGRER LES SERVICES AUX AÎNÉS EN PERTE D’AUTONOMIE... 7

    des divers paliers d’un système de santé et de leur relative méconnaissance ducontexte dans lequel évoluent les acteurs des autres paliers. Ainsi, alors mêmequ’une volonté commune d’améliorer la situation des aînés en perte d’autonomieanime les acteurs ministériels, régionaux et locaux, leurs actions respectives ne con-vergent pas toujours en ce sens. Il importe donc, autant pour les responsables depolitiques que pour les gestionnaires chargés de l’organisation des services auxaînés en perte d’autonomie, de mieux connaître les facteurs qui renforcent ouaffaiblissent la synergie des actions entreprises aux trois paliers du système desanté et à l’intérieur de chacun d’eux. En tenant compte de ces facteurs, cesacteurs pourront agir et interagir plus efficacement. C’est à l’examen de cettequestion que nous nous sommes employés dans un projet de recherche récent1.

    Après avoir décrit les objectifs et la méthodologie de ce projet, nous en pré-senterons les résultats en montrant d’abord le rôle des acteurs locaux, puis celuides acteurs régionaux et ministériels. Enfin, nous dégagerons une série de con-clusions qui pourraient s’avérer utiles dans le contexte de la mise en œuvre del’actuelle réforme du système québécois de la santé et des services sociaux. Le cha-pitre est émaillé d’extraits d’entrevues que nous avons réalisées durant le projet.

    Le projet de rechercheCe projet visait à mieux comprendre l’effet respectif de trois ordres d’interven-tion – ministériel, régional et local – sur la mise en place de mécanismes et depratiques de coordination des services aux aînés en perte d’autonomie. Nouspoursuivions trois objectifs généraux :• comprendre en quoi les actions du MSSS, des régies/agences régionales et

    des acteurs locaux influencent cinq dimensions de l’intégration ;• mettre au jour les moyens qu’adoptent les acteurs locaux pour coordonner

    les services aux aînés en perte d’autonomie ;• dégager les conditions qui favorisent ou entravent la mise en place de méca-

    nismes et de pratiques de coordination des services.Pour réaliser cette recherche, nous avons adopté une perspective socio-politique13, 14, 15. Selon celle-ci, la poursuite d’une meilleure intégration des ser-vices soulève des enjeux qui varient selon les valeurs et les intérêts des acteurs etselon le contexte dans lequel ceux-ci évoluent. C’est pourquoi nous nous sommesintéressés à la nature des liens entre les acteurs qui sont partie prenante de cetteinnovation et à leur influence sur l’intégration des services. Celle-ci comporte parailleurs plusieurs éléments. Nous les avons regroupés en cinq dimensions, défi-nies dans le tableau 1.1.

    L’intérêt d’apporter ces distinctions est que ce ne sont pas les mêmes ensem-bles d’acteurs qui interviennent sur chaque dimension. La traduction de chacuned’elles en mesures concrètes ne répond pas à la même logique et ne se déroule pasnécessairement au même rythme, ce qui accroît la difficulté de réaliser l’inté-gration des services. Par exemple, la mise au point d’un dossier patient partageable

  • 8 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    s’inscrit dans le développement général des systèmes d’information d’un sys-tème de santé. Sa disponibilité dépend ainsi des budgets consacrés, à chaquepalier, aux systèmes d’information et de l’importance accordée à cette applica-tion parmi les autres projets jugés prioritaires par les autorités compétentes.

    Nous avons étudié sept unités d’analyse réparties sur trois niveaux : le MSSS,trois régies/agences régionales et une sous-région de chacune de ces régions.Les régions sont celles de la Mauricie et du Centre-du-Québec, de l’Estrie et deChaudière-Appalaches ; les trois sous-régions sont celles des Bois-Francs, deSherbrooke et de Desjardins (Lévis). Nous avons choisi ces sous-régions pourles raisons suivantes : 1) elles sont comparables en ce qu’elles sont urbanisées etdisposent d’un ensemble complet d’établissements publics : centre hospitalierde soins généraux et spécialisés (ci-après : hôpital), CLSC (centre local de ser-vices communautaires) et CHSLD (centre d’hébergement et de soins de longuedurée) ; 2) elles sont différentes quant au déploiement de mécanismes de coor-dination des services aux aînés en perte d’autonomie : dans les Bois-Francs, on ainstauré un réseau intégré de services dès 1997. À Sherbrooke, la mise en placed’un tel réseau est en cours depuis 2001, tandis qu’aucun système de cette naturen’était en fonction dans Desjardins en 2004.

    Nous avons principalement collecté des matériaux de type qualitatif. Letableau 2 présente la répartition des 66 personnes que nous avons interviewéespar palier et par type de poste occupé. Au palier local, on compte quatre respon-sables d’organismes communautaires et quatre médecins praticiens.

    Nous avons également dépouillé une masse importante de documents offi-ciels, de rapports et de procès-verbaux dans chacune de nos unités d’analyse. Àdeux reprises, pour comprendre davantage la dynamique locale de concertation,nous avons fait de l’observation directe.

    Tableau 1.1Cinq dimensions de l’intégration des services

    Dimension Définition

    clinique disponibilité d’une gamme complète de services et adoptiond’outils communs et de pratiques de coordination d’intensitévariable selon les besoins des usagers

    informationnelle utilisation d’outils et de systèmes d’information facilitant leséchanges cliniques et la rétroaction en continu

    normative compréhension du modèle d’intégration et adhésion à celui-ci

    organisationnelle création de mécanismes de coordination intra ou interorgani-sationnels

    financière adoption de modes de financement des services etd’allocation des budgets qui favorisent la prise en charged’une clientèle donnée

  • INTÉGRER LES SERVICES AUX AÎNÉS EN PERTE D’AUTONOMIE... 9

    Notre travail de collecte s’est poursuivi de l’automne 2002 au printemps 2004selon la séquence suivante : Bois-Francs/régie régionale de la Mauricie et duCentre-du-Québec (automne 2002 et hiver 2003), Sherbrooke/régie régionale del’Estrie (printemps et été 2003) et Desjardins/régie régionale de Chaudière-Appalaches (hiver 2004 et printemps 2004). Nous avons fait des entrevues auMSSS à différents moments (automne 2002, automne 2003 et printemps 2004).

    Nous avons analysé ces matériaux selon trois logiques entrecroisées. Nousavons premièrement reconstitué, dans chacune de nos sept unités d’analyse, lecontexte et la chronologie des évènements relatifs à l’intégration des servicesaux aînés en perte d’autonomie. Pour nos trois unités locales, nous avons aussidocumenté la nature et le mode de fonctionnement du système d’intégration desservices mis en place. Nous avons ensuite classé nos matériaux de façon à dis-cerner la nature générale des relations entre acteurs. En dernier lieu, nous avonsventilé ces matériaux par dimension de l’intégration, ce qui nous a permis dedégager la logique d’action propre à chacune d’elles.

    RésultatsDans cette section, nous présenterons en premier lieu la synthèse des observationsque nous avons faites au palier local. Nous présenterons en deuxième lieu la syn-thèse de nos résultats sur les relations entre le MSSS, nos trois régies/agencesrégionales et les organisations de nos trois sous-régions.

    La dynamique sous-régionale

    Moi je dis que toute politique ça part du terrain.Un professionnel d’une régie régionale

    Au milieu des années 1990, nos trois territoires disposaient d’un large éventail deservices destinés aux aînés en perte d’autonomie: soins de longue durée, soutien àdomicile, unité de courte durée gériatrique (UCDG), unité de réadaptation fonc-tionnelle intensive et autres. Des mécanismes de liaison interorganisationnelsexistaient également à cette époque. Ceux-ci visaient notamment l’admission en

    Tableau 1.2Répartition des informateurs selon le palier et le type de poste occupé

    Poste/palier Central Régional Local Total

    Dirigeants – 7 11 18

    Gestionnaires 5 – 11 16

    Professionnels 4 8 17 29

    Chercheurs – 1 2 3

    Total 9 16 41 66

  • 10 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    CHSLD de patients hospitalisés ou à domicile et la planification du retour àdomicile d’une personne âgée après un épisode d’hospitalisation. Dans ce der-nier cas, de l’information sur la situation de cette personne était transmise, partéléphone ou par télécopieur, d’un agent de liaison de l’hôpital (infirmière, tra-vailleur social) à un intervenant du CLSC.

    Ce système de coordination comporte des limites bien connues : les personnesâgées doivent répéter leur histoire de cas à différents intervenants, ceux-ci changentd’un épisode à l’autre, ce qui nuit à la continuité des services, et il arrive que l’on« échappe » une personne, c’est-à-dire que le lien approprié ne soit pas établientre deux établissements. C’est fréquemment le cas, par exemple, pour un aînéen perte d’autonomie qui séjourne à l’urgence. Ce modèle dit de liaison convientnéanmoins pour les personnes dont la condition ne requiert pas de soins continus.

    Deux voies différentes d’amélioration de ce modèle de liaison ont été em-pruntées dans nos trois sous-régions : un modèle de liaison amélioré (Desjardins)et un réseau intégré de services (Bois-Francs, Sherbrooke). Nous présenteronstour à tour ces deux modèles, dont les principales caractéristiques apparaissentdans le tableau 1.3. Il importe de noter que ces deux systèmes de coordinationne s’opposent pas. En fait, le réseau intégré de services englobe le modèle deliaison, auquel il ajoute, pour les personnes âgées à domicile qui souffrent de pro-blèmes chroniques, des services plus intensifs de coordination, dispensés par ungestionnaire de cas.

    Le modèle de liaison amélioréLe CLSC [Desjardins] ici, super. Les intervenants qui sont là ont la mêmevision que nous autres, travaillent avec rapidité, avec les moyens qu’ilsont, mais on a du bon service avec Desjardins.

    Un intervenant social de l’hôpital

    Dans Desjardins, l’innovation a consisté à apporter des améliorations au système deliaison existant, soit à l’intérieur d’un établissement, soit entre deux partenaires.

    INTÉGRATION CLINIQUE Au CLSC Desjardins, le gestionnaire responsable du Ser-vice de soutien à domicile a divisé son personnel en équipes multidisciplinairesréparties en quatre sous-territoires. À l’Hôtel-Dieu de Lévis, un nouveau gériatrea instauré une équipe multidisciplinaire à l’UCDG. Dans les deux cas, ces chan-gements ont amélioré la prise en charge des aînés en perte d’autonomie, soit àleur domicile soit durant leur séjour à l’hôpital. On note aussi une bonne colla-boration entre le personnel du CLSC et ses partenaires locaux : omnipraticienspratiquant en cabinet, organismes communautaires offrant des services à domi-cile et personnel de liaison de l’hôpital.

    INTÉGRATION INFORMATIONNELLE Le transfert d’informations sur la situationd’une personne âgée se fait, de façon unidirectionnelle, de l’hôpital vers le CLSC,

  • INTÉGRER LES SERVICES AUX AÎNÉS EN PERTE D’AUTONOMIE... 11

    au moyen d’un système informatisé de demande de services interétablissements(DSIE).

    Les CLSC priorisent nos suivis systématiques. […] Ça c’est tout le tempsfait, il n’y a pas de problème. Sauf que [le] monsieur qui n’a pas fait defracture de hanche puis qui aurait besoin de physiothérapie, bien lui il nesera pas prioritaire. Ça peut prendre 3-4 semaines, des fois ils nous ont rap-pelé pour dire, on n’a pas personne ça ne sera pas avant 6-8 semaines

    Tableau 1.3Deux systèmes de coordination des services aux aînés en perte d’autonomie

    Modèle de liaison amélioré Réseau intégré de services

    Intégration clinique

    Équipes multidisciplinaires en soutienà domicile

    Infirmières de liaison au CLSCet à l’hôpital

    Bonne collaboration avec les médecins

    Intégration informationnelle

    DSIE

    Intégration normativeÀ l’intérieur des organisations (CLSC, hôpital)Présence de leaders au sein des organisations

    Intégration organisationnelle

    Ententes formelles hôpital-CLSC et CLSC-coopérative

    Contacts ponctuels des directeurs généraux

    Intégration financière

    Aucune

    Intégration clinique

    Guichet uniqueÉquipe de gestionnaires de cas

    Utilisation du PSI

    Liens entre gestionnaires de caset médecins

    Intégration informationnelle

    SIGG

    Intégration normative

    Consensus des directeurs généraux pour :

    • mettre en priorité l’amélioration des services aux aînés

    • agir de concert afin d’y apporter une solution

    Présence de leaders visionnaires

    Présence de chercheurs

    Intégration organisationnelle

    Table de concertation des dirigeants

    Mécanismes de coordination horizontaux et verticaux liant dirigeants, gestionnaires et équipe de gestionnaires de cas

    Intégration financière

    Ententes à caractère financier

    Enveloppe commune pour la gestion de cas

    Note. Pour ne pas alourdir inutilement le tableau, nous n’avons pas reproduit dans la colonne décrivantle réseau intégré de services les éléments communs au modèle de liaison amélioré (équipes multi-disciplinaires, UCDG, par exemple).

  • 12 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    avant qu’on le prenne en charge. Mais là il y a comme une rupture dansla continuité pour nous.

    Une infirmière de l’hôpital

    INTÉGRATION NORMATIVE Mis à part certains problèmes d’accessibilité aux ser-vices du CLSC-CHSLD Desjardins, nos informateurs se déclarent globalementsatisfaits du mode actuel de prestation des services aux aînés. Pour cette raison,l’idée de le remplacer par un réseau intégré de services suscite un enthousiasmemitigé.

    INTÉGRATION ORGANISATIONNELLE Dans Desjardins, il n’existe pas de table deconcertation des directeurs généraux. Des protocoles lient toutefois le CLSC etl’hôpital pour le transfert de la clientèle au CLSC, pour le suivi systématique decertaines clientèles et pour la DSIE. Un protocole lie aussi le CLSC et la coopé-rative qui dispense des services d’aide à domicile.

    INTÉGRATION FINANCIÈRE Aucune entente formelle ne lie les organisations duterritoire.

    Le réseau intégré de servicesUne réforme plus radicale de l’organisation des services aux aînés en perte d’auto-nomie a d’abord eu lieu dans les Bois-Francs, puis à Sherbrooke. Elle consistaità mettre sur pied un réseau intégré de services doté des caractéristiques énumé-rées dans le tableau 1.3 et décrites de façon plus détaillée ailleurs16,17, .

    INTÉGRATION CLINIQUE Sur le plan clinique, la création d’un réseau intégré deservices implique la transformation des manières de coordonner les services. Elleexige en effet de subordonner une logique intra-organisationnelle à une logiqueinter-organisationnelle et territoriale. La mise sur pied d’un guichet unique pourrecevoir les demandes des aînés ou de leurs proches, le fait de confier à des ges-tionnaires de cas le soin de prendre en charge la coordination des services four-nis aux aînés en perte d’autonomie du territoire, le recours progressif à des outilsd’évaluation et de planification communs comme le plan de services individua-lisé (PSI) et l’outil d’évaluation multiclientèle (OÉMC) sont autant de modalitésqui touchent l’ensemble des intervenants qui offrent des services aux aînés.

    Pour que les gestionnaires de cas puissent jouer leur rôle, il importe que celui-ci soit bien défini et bien compris par les autres intervenants, dont les médecins.Même si la collaboration avec les omnipraticiens n’est pas gagnée d’avance, lesgestionnaires de cas ont commencé à nouer des liens de collaboration avec cer-tains d’entre eux.INTÉGRATION INFORMATIONNELLE Le fonctionnement efficace du réseau inté-gré de services repose sur la disponibilité en temps réel du dossier clinique del’usager. Pour ce faire, il faut mettre en place un système d’information qui per-mette de rendre accessible, à l’ensemble des professionnels autorisés, l’informa-tion sur la condition de la personne, les services qu’elle a reçus et les médicaments

  • INTÉGRER LES SERVICES AUX AÎNÉS EN PERTE D’AUTONOMIE... 13

    qu’elle a consommés. Conçue avec des moyens relativement modestes, la pre-mière version du système d’information géronto-gériatrique (SIGG) utiliséedans les Bois-Francs a été lancée en 1998 et sans cesse améliorée depuis18.C’est une version plus récente du SIGG que l’on a utilisée lors de la mise enplace d’un réseau intégré de services à Sherbrooke.INTÉGRATION NORMATIVE Comment de tels changements ont-ils pu se produire?Autant dans les Bois-Francs qu’à Sherbrooke, la conception et la mise en œuvredu réseau intégré de services a exigé une concertation soutenue de la part desdirigeants des organisations partenaires et l’intervention d’agents de changement,capables d’expliquer la nature d’un tel réseau et de convaincre les acteurs admi-nistratifs et cliniques interpellés par celui-ci de son utilité et de sa faisabilité. Lacompréhension du modèle d’intégration et l’adhésion à celui-ci se sont en effetrévélées des conditions essentielles de réussite dans nos deux sous-régions.

    Compte tenu de l’ampleur des changements à apporter et du fait que ceux-ci touchaient plusieurs organisations, leurs dirigeants ont dû 1) se rendre collec-tivement responsables des problèmes d’organisation des services de leur territoire,2) reconnaître l’existence de lacunes dans l’organisation des services aux aînésen perte d’autonomie, 3) mettre en priorité l’amélioration de ces services, 4) dis-poser d’une solution globale à ce problème, soit celle du réseau intégré de ser-vices, 5) prendre le temps de s’approprier et d’adapter ce modèle et 6) s’entendresur celui-ci et accepter de soutenir les changements qu’il exige dans le fonction-nement de leur organisation.

    La recherche venant nous donner les bonnes pratiques nous a permis dedévelopper une vision commune qui a décristallisé le corporatisme etl’individualisme. […] Une fois qu’on s’est commis sur une vision communeappuyée des chercheurs, on est comme commis par quelqu’un de l’extérieurqui sait quoi faire ou qui veut nous supporter et ça donne une trajectoireintéressante.

    Un directeur général d’établissement

    La disponibilité d’agents de changement est apparue déterminante pour queces conditions se réalisent. Ces personnes – chercheurs, gestionnaires, profes-sionnels – peuvent directement contribuer à modifier les perceptions des autresacteurs en leur présentant les résultats de recherches et d’expériences vécuesdans d’autres pays du monde, ailleurs au Québec ou dans la région et en accom-pagnant le changement de façon à permettre aux acteurs locaux de réfléchir surl’expérience en cours.

    INTÉGRATION ORGANISATIONNELLE

    Le défi c’est que ça soit une coresponsabilité, donc c’est d’être capable dejoindre le clinique et l’administratif. Je veux bien moi être responsable,mais s’il y a un problème je veux juste avoir des instances pour régler ces

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    problèmes-là. C’est sûr que pour moi c’est facilitant pour provoquer deschangements.

    Un gestionnaire de cas

    Si, dans les Bois-Francs et à Sherbrooke, le consensus des dirigeants desétablissements s’est avéré requis pour qu’un réseau intégré des services soit misen place, ces expériences indiquent de plus qu’il est capital que les gestionnaireset les intervenants aient également voix au chapitre. Eux aussi doivent disposerdu temps requis pour s’approprier ce modèle et pour l’adapter aux conditions con-crètes de sa réalisation. Une des clefs de réussite de ces entreprises réside d’ailleursdans l’utilisation de mécanismes de coordination horizontaux et verticaux, reliantdirecteurs généraux, cadres intermédiaires et gestionnaires de cas. En associantles intervenants et les gestionnaires à la conception et à la mise en œuvre du modèled’intégration des services, ce système étoffé de coordination a permis d’en accroîtrela robustesse.

    La concertation c’est facile tant qu’on ne parle pas d’argent.Consensus des membres d’une table

    de concertation des directeurs généraux

    INTÉGRATION FINANCIÈRE Au moment de l’étude, il n’existait, ni dans les Bois-Francs ni à Sherbrooke, d’intégration financière des services aux aînés en perted’autonomie, c’est-à-dire de budget dédié à cette population qui soit administrépar une seule autorité. Dans ces deux territoires, on a toutefois négocié, non sansdifficulté parfois, des ententes financières entre établissements. Ces ententes ontnotamment eu pour objet de confier à un établissement fiduciaire le budget de lagestion de cas. Au total, toutefois, l’intégration des services a pu se réaliser sansque l’on ait à modifier les règles d’allocation des budgets aux établissements.

    Le rôle des acteurs ministériels et régionauxDans cette section, nous esquisserons d’abord le contexte dans lequel évoluentles acteurs du Ministère et des régies/agences régionales après quoi nous indi-querons leur rôle respectif selon chacune des cinq dimensions de l’intégration.

    Le contexte d’action du MSSS

    Souvent, on n’est pas nécessairement cohérent d’une direction à une autresur la façon de faire, puis cohérent d’un dossier à l’autre.

    Un gestionnaire du MSSS

    Les acteurs du Ministère évoluent dans un contexte à la fois complexe et instable.Les actions du MSSS sont multiples et visent un grand nombre de cibles. Pourle seul cas des services aux aînés en perte d’autonomie, on peut signaler les Orien-tations ministérielles, la création des groupes de médecine de famille, la politiquede soins à domicile19, la généralisation de l’OÉMC et les orientations en matière

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    de systèmes d’information et de dossier patient informatisé. Ces décisions doiventelles-mêmes s’intégrer dans des décisions plus générales sur l’organisation des ser-vices et l’allocation des budgets au sein du système québécois de la santé et desservices sociaux.

    À cette complexité intrinsèque de la gouverne d’un vaste système socio-sanitaire s’ajoutent les turbulences propres à son caractère public : dépendancedu ministre de la Santé et des Services sociaux envers les engagements de son partiet les orientations du gouvernement, aléas de l’économie et des ententes avec legouvernement fédéral qui influent sur les revenus de l’État québécois et, par rico-chet, sur les crédits dévolus à la santé, changements subits de priorités au gré desproblèmes ponctuels qui font la manchette, tentatives d’influence par les groupesd’intérêt, critiques de l’opposition, etc. En outre, les nombreux changements à ladirection du Ministère au début des années 2000 et le fait que celle-ci doit com-poser avec d’autres acteurs institutionnels du palier central comme la Commis-sion d’accès à l’information (confidentialité des dossiers cliniques), la Régie del’assurance-maladie du Québec et Sogique (banques et systèmes d’information)et le Conseil du trésor (autorisations budgétaires) affectent la continuité des actionsdu Ministère.

    Les délais d’intervention que les acteurs locaux et régionaux reprochentsouvent au Ministère tiennent aussi à deux autres phénomènes : les décisions lesplus déterminantes pour la structuration du système de santé prennent souventla forme d’une nouvelle loi ou de modifications à une loi existante. Le recoursà l’artillerie législative exige un temps considérable et, du fait de l’amplitude desa portée, présente toujours le risque d’imposer des changements inappropriésà certains contextes. Il faut par ailleurs noter que certaines innovations locales ourégionales, du fait même de leur nouveauté, outrepassent les règles existantes.À terme, les autorités du MSSS doivent donc, pour rétablir la légalité de cesexpériences et permettre leur généralisation, modifier certaines lois. C’est notam-ment le cas si l’on souhaite faire circuler entre intervenants attachés à différentesorganisations des informations contenues dans le dossier clinique d’un patient.

    Il est enfin trompeur de voir le Ministère comme un acteur institutionnel uni-taire. Le problème de cloisonnement et de discontinuité des interventions sepose avec acuité, non seulement entre celui-ci et les acteurs institutionnels men-tionnés ci-dessus, mais aussi en son propre sein. Malgré la mise sur pied de comi-tés ministériels regroupant des représentants de différentes unités administratives,les interventions du MSSS pèchent souvent par incohérence. Celle-ci s’expliqueen partie par le fait que ces interventions relèvent de directions différentes etque chacune d’elles possède ses propres priorités et ses propres moyens pour lesréaliser. Cette division du travail au sein du Ministère pose problème dès lors qu’ilfaut intervenir pour réaliser un objectif transversal comme l’intégration des ser-vices aux aînés en perte d’autonomie.

  • 16 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Le contexte d’action des régies/agences régionales

    Quand c’est trop top-down, tu ne peux pas travailler avec les gens.Un professionnel d’une agence régionale

    Les autorités régionales occupent la position inconfortable de l’intermédiaire,qui doit composer à la fois avec les attentes ministérielles et les demandes émanantdes établissements, des organismes communautaires et des médecins de son ter-ritoire. Certes, les régies/agences disposent de pouvoirs de planification et d’alloca-tion des budgets, inscrits dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux.Ces pouvoirs s’exercent toutefois dans une logique institutionnelle qui les subor-donne à l’autorité du ministre de la Santé et des Services sociaux. Par ailleurs, siles régies/agences disposent de moyens financiers réels pour soutenir certainespriorités régionales, ces moyens demeurent limités du fait que la très grande partdes crédits qui leur sont alloués sert à financer les services existants.

    Cette délégation de l’autorité ministérielle connaît en outre d’importantesfluctuations selon le style de gestion du titulaire du MSSS. On assiste égale-ment, depuis le début des années 2000, à une recentralisation des pouvoirs versle Ministère à la suite de l’adoption de la Loi sur l’administration publique et d’unprojet de loi, dit Loi de la gouverne, qui octroie au ministre le pouvoir de nommerle directeur général d’une régie régionale et la plupart des membres de son conseild’administration. Ces changements législatifs, inspirés du Nouveau Managementpublic, obligent les établissements et les régies/agences à rendre des comptes surdes objectifs exprimés dans des ententes de gestion. Les régies/agences doiventégalement répondre sur-le-champ à un nombre important de demandes d’« étatde situation » de la part du Ministère sur des événements qui ont retenu l’atten-tion des médias.

    Dans un tel contexte, les dirigeants des régies/agences disposent d’un nombrelimité de stratégies pour favoriser l’intégration des services, une fois qu’ils ontadopté cette orientation : imposer un modèle de réseau intégré de services ; four-nir des incitations économiques aux dirigeants locaux pour qu’ils mettent en placeun certain modèle d’intégration des services ; appuyer les acteurs de chaque sous-région de leur territoire dans la poursuite de cet objectif ; adopter une positionde laisser-faire face aux acteurs locaux. Dans nos trois régies/agences, la stratégied’appui a prédominé, suivie de celle de laisser-faire. Si la seconde permet l’inno-vation locale (Bois-Francs), la première est apparue la plus appropriée pour sus-citer le changement.

    [Notre position à la régie était de dire] : « chacun pourra y aller de sa façond’implanter le réseau de services intégrés mais en considération de cesgrandes balises-là qui ressortent des expériences ».

    Un professionnel d’une agence régionale

    INTÉGRATION CLINIQUE Durant notre période d’observation, les acteurs régio-naux et ministériels sont intervenus sur cette dimension de l’intégration par la

  • INTÉGRER LES SERVICES AUX AÎNÉS EN PERTE D’AUTONOMIE... 17

    création et la mise en place progressive de groupes de médecine de famille etpar la mise en œuvre d’un programme national de formation sur l’outil d’éva-luation multiclientèle.

    INTÉGRATION INFORMATIONNELLE Dans le domaine de la santé et des servicessociaux, la régulation des systèmes d’information est proprement anarchique,c’est-à-dire que ni le Ministère ni aucun autre acteur ou groupe d’acteurs n’esten mesure de faire prévaloir sa conception des outils et des systèmes d’informa-tion à déployer. Si, en 2001, le MSSS présente ses orientations en la matière20,celles-ci demeurent en bonne partie inopérantes. D’une part, l’évolution rapidedes technologies, dont la généralisation du recours à Internet, rend caducs certainschoix arrêtés par le MSSS. D’autre part, le Ministère ne dispose pas, et de loin,des moyens requis pour réaliser ses plans. Pour le MSSS, en effet, l’enjeu est d’ins-taurer des outils et des systèmes d’information hautement sécurisés, suffisam-ment robustes pour être utilisés à l’échelle du Québec et pour le plus grand nombrede groupes d’usagers possible et qui remplissent une double finalité : faciliter letravail de collaboration des cliniciens et fournir des données de gestion.

    Comme le MSSS ne dispose pas des moyens pour déployer de tels systèmes,sa stratégie de repli a notamment consisté à développer l’infrastructure techno-logique du système de santé – le réseau de télécommunication sociosanitaire(RTSS) – et à appuyer, ou à tolérer selon le cas, différents projets de démonstrationmenés par des « entrepreneurs » locaux. Le SIGG, mis en place dans les Bois-Francs, compte parmi ces innovations locales. Du point de vue du Ministère, lais-ser fleurir ces projets est une stratégie rationnelle puisqu’elle permet à ses agentsde mieux connaître les conditions de réussite et l’utilité de ces expériences.

    On est juste pogné dans une spirale où on peut juste dire «oui, ça fait du sensque cette expérimentation soit faite». Pis on n’a pas d’argent nous. Mêmepour opérer, pensez-vous qu’on a de l’argent pour prévoir l’atterris-sage ? Donc on est pris devant des dynamiques de prises de décision quinous dépassent, et on peut juste observer intelligemment ce qui se passe.

    Un informateur du Ministère

    L’impossibilité pour le MSSS de donner une suite concrète à ses orientationssoulève une profonde insatisfaction des acteurs locaux qui souhaitent améliorerles fonctionnalités du SIGG (Bois-Francs, Estrie) et des acteurs régionaux quisouhaitent le déployer à l’échelle de leur territoire (Mauricie et Centre-du-Québec,Estrie). L’attentisme du Ministère est jugé inconséquent avec la priorité donnéeà l’intégration des services dans les Orientations ministérielles. Paradoxalement,les innovations locales en matière de système d’information n’auraient sans doutejamais vu le jour si le MSSS avait pu instaurer un système d’information uni-forme à l’échelle du Québec.

    INTÉGRATION NORMATIVE Si la diffusion des Orientations ministérielles a favo-risé la mise sur pied de réseaux intégrés de services, c’est d’une part parce que

  • 18 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    ce document posait un diagnostic bien étayé sur les problèmes d’organisationdes services aux aînés en perte d’autonomie et qu’il présentait à grands traits unesolution logique pour y faire face. D’autre part, les Orientations donnaient unsignal clair quant aux priorités ministérielles, incitant les acteurs régionaux etlocaux à mettre eux aussi en priorité l’intégration des services aux aînés.

    Selon Kingdon15, trois courants doivent converger pour que des autoritésacceptent de prendre en charge un problème public : la prééminence de ce pro-blème, la disponibilité d’une solution appropriée pour y faire face et la volontépolitique des autorités compétentes de la mettre en œuvre. Le fait que le MSSS secommette en faveur des réseaux intégrés de services est une information donttiennent compte les dirigeants régionaux et locaux. Ce signal influe sur chacundes courants – problèmes, solutions et politique –, tant au palier local que régional.

    L’impulsion pour mettre en branle des réseaux intégrés de services peut prove-nir du palier local (Bois-Francs17), régional (Estrie21) ou ministériel (Chaudière-Appalaches22). Certains acteurs locaux innovent en l’absence d’orientations claires.De telles orientations vont toutefois les conforter dans leur choix et inciter ceuxqui n’ont pas déjà entrepris de modifier leurs pratiques à le faire.

    INTÉGRATION ORGANISATIONNELLE Pendant notre période d’observation, lesautorités régionales et ministérielles favorisent la réduction du nombre d’établis-sements mais évitent de l’imposer.

    INTÉGRATION FINANCIÈRE L’orientation dominante du MSSS et des régies régio-nales en matière financière est d’accroître l’équité budgétaire entre les régionset les sous-régions. Un mode d’allocation par programme clientèle s’instaureprogressivement23. Au cours des dernières années, le MSSS a aussi eu tendanceà spécifier à quelles fins seraient consacrés les budgets dits de développement.

    Conclusion

    Les enseignements de la recherche et la réforme en cours

    Depuis la fin de notre collecte de données, les autorités du MSSS ont lancé une nou-velle réforme du système québécois de la santé et des services sociaux. Outre latransformation des régies régionales en agences, celle-ci a rendu obligatoire lacréation d’une nouvelle catégorie d’établissements investie d’une responsabilitépopulationnelle, le centre de santé et de services sociaux (CSSS). Celui-ci englobeles CLSC, les CHSLD et, dans plusieurs cas, l’hôpital d’une sous-région. Cetteréforme doit paver la voie à la création de réseaux locaux de services reliant lesCSSS et des partenaires publics, privés et communautaires. Elle comprend en outrel’élaboration de projets cliniques, une réduction dramatique du nombre d’unitésd’accréditation syndicale de chaque établissement et la mise en place de réseauxuniversitaires intégrés de santé.

    Il est encore trop tôt pour se faire une idée claire de l’effet des modificationsorganisationnelles sur l’intégration des services auprès des groupes vulnérables,

  • INTÉGRER LES SERVICES AUX AÎNÉS EN PERTE D’AUTONOMIE... 19

    dont les aînés en perte d’autonomie. À la lumière de l’étude que nous avons menée,nous pouvons toutefois tirer certaines leçons utiles pour la mise en œuvre de laréforme en cours dans le secteur de la santé et des services sociaux au Québec.

    MESSAGE GÉNÉRAL Renforcer l’intégration des services aux aînés en perte d’auto-nomie est une innovation qui se réalise localement. Le succès de cette opérationcomplexe dépend non seulement de la volonté des acteurs locaux de collaborer,mais aussi de décisions structurantes prises aux paliers régional et central. Cesdécisions visent l’une ou l’autre de cinq dimensions de l’intégration : normative,clinique, informationnelle, organisationnelle et financière.INTÉGRATION NORMATIVE (IN) Pour que l’intégration des services se réalise, ilest primordial que les acteurs touchés comprennent le modèle d’intégration et yadhèrent. Les acteurs de tous les paliers peuvent contribuer à disséminer ce modèleet à modifier la représentation que se font les autres acteurs de son utilité et deson réalisme. Ainsi, l’intervention de personnes crédibles et dédiées, dont deschercheurs, la mise en priorité de l’intégration des services par les dirigeants etl’allocation par ceux-ci de budgets pour faciliter l’expérimentation favorisentl’intégration.INTÉGRATION CLINIQUE (IC) C’est la raison d’être des autres dimensions et cellesur laquelle les acteurs locaux ont le plus d’emprise. Il importe que les acteursdes autres paliers leur permettent d’adapter le modèle d’intégration des servicesaux conditions particulières de leur action.INTÉGRATION INFORMATIONNELLE (II) Elle est essentielle au bon fonctionne-ment d’un système d’intégration des services. Il importe de concilier les préoc-cupations divergentes des acteurs locaux et ministériels à ce propos de façon àtirer profit des expériences menées sur le terrain. Il est également primordial queles préoccupations cliniques soient prises en compte lors de la conception dessystèmes et des outils d’information.INTÉGRATION ORGANISATIONNELLE (IO) L’intégration des services sur une baseterritoriale exige non seulement l’instauration d’un organe de gouverne sous-régional, mais aussi de mécanismes de coordination verticaux et horizontauxqui relient dirigeants, gestionnaires et intervenants des organisations partenaires.

    INTÉGRATION FINANCIÈRE (IF) Le passage d’une logique d’établissements à unelogique populationnelle est facilité lorsque l’on met en commun les budgetsrequis pour les activités de coordination.

    INTÉGRATION DES DIMENSIONS La mise sur pied d’un dossier clinique parta-geable (II), la fusion d’établissements et la signature de protocoles (IO), la bud-gétisation par programme clientèle (IF) favorisent en principe l’intégrationclinique (IC). L’effet de ces mesures dépend toutefois de l’adhésion des acteurstouchés (IN). Sous cet angle, il est essentiel que la réforme en cours ne succombepas à une logique bureaucratique qui aurait pour effet de miner la volonté desacteurs locaux de la réaliser.

  • 20 L’INTÉGRATION DES SERVICES : LES FRUITS DE LA RECHERCHE POUR NOURRIR L’ACTION

    Références1. Ce chapitre est une version remaniée du rapport de recherche suivant :

    Demers, L., St-Pierre, M., Tourigny, A., Bonin, L., Bergeron, P., Rancourt,P., Dieleman, L., Trahan, L., Caris, P., Barrette, H., Hébert, A. et Lavoie, J.Le rôle des acteurs locaux, régionaux et