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Image 1 Image 1 Le village de Villemagne-l’Argentière. Image 2 Image 2 Vue d’une façade de maison prise au ras du sol. Image 3 Image 3 La même vue avec accentuation des contours de l’oculus. Image 4 Image 4 Une tour à base carrée. Cette tour n’est visible sur l’image 1 que par deux pans de mur émergeant sur les toits à l’extrême gauche de cette image. Image 5 Image 5 Détail de l’image précédente. Image 6 Image 6 Autre détail de l’image précédente. France Occitanie Article précédent Article suivant Rappelons tout d’abord que notre site est consacré aux monuments du Premier Millénaire ou susceptibles d’avoir été fondés à cette époque. En conséquence, la page consacrée à l’ancienne abbaye de Villemagne apparaîtra bien pauvre. Et ce alors que Villemagne possède d’autres richesses datées du Moyen-Âge : l’église Saint-Majan, l’église Saint-Grégoire, l’Hôtel des Monnaies. Seulement voilà ! toutes ces richesses ne peuvent être datées du Haut Moyen-Âge. Il n’était donc pas possible d’en parler. Comme l’abbaye voisine de Saint-Pons précédemment traitée, l’abbaye de Villemagne a beaucoup souffert des guerres de religion ( image 1 image 1 ). Mais Villemagne a connu des dommages supplémentaires causés par les inondations décennales de la rivière Marre. Il faut comprendre qu’une partie de l’ancienne ville doit être enfouie sous des mètres d’alluvions. Et, bien sûr, plus les monuments sont anciens, plus l’enfouissement est profond. On doit attribuer à Daniel Favard de la SAHHCH (Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l’Hérault) la découverte d’un oculus situé au ras du sol d’une habitation. Cet oculus ne serait pas unique et, à l’intérieur de l’habitation, il apparaîtrait plus apparent que sur les images 2 et images 2 et 3. 3. Cet oculus témoignerait de la présence de l’ancienne abbatiale. Il devait être initialement placé à plusieurs mètres au-dessus du sol. Un autre édifice susceptible d’appartenir au Premier Millénaire est une haute tour à plan carré ( image 4 image 4 ). Les baies supérieures ( images images 5 et 6 5 et 6 ) ont été murées. Les arcs qui les protègent apparaissent outrepassés : l’arc lui même est outrepassé, mais le caractère outrepassé est accentué par la présence d’impostes qui font saillie en direction de l’intrados. Mais Villemagne nous apparaît aussi très important pour une autre raison : le texte relatant la translation des reliques de Saint Majan. Nous donnons ci dessous le texte latin (en italiques) et plus loin la traduction et les commentaires effectués à partir de cette traduction. Translation Translation des reliques de Saint Majan (vers 893 des reliques de Saint Majan (vers 893 ) ) Translation des reliques Translation des reliques de Saint Majan, au temps de Gilbert, évêque de Béziers. de Saint Majan, au temps de Gilbert, évêque de Béziers. (Hist Génér. de Languedoc t. V, col. 5) (Hist Génér. de Languedoc t. V, col. 5) Texte Latin : Texte Latin : « Majanus, post primas Apostolorum pontificali infula decoratus, inter primos perhibetur emicuisse Christi confessores, etc. Qualiter autem ejus S. Majani corpus ad Cognense monasterium, tunc temporis sic vocatum, translatum fuit, et quomodo propter suum adventum monasterii nomen mutatum fuit, plenius invenies in festo translationis ejusdem, quod celebratur VII kal. Octobris. Majani sancti episcopi et confessoris translatio, Caroli principis juniori nepotis magni Ludovici Karoli imperator filii, ac Theodardi ecclesiae Narbonensi archiepiscopi egregii, necnon et Gilberti ecclesiae Biterrensis episcopi temporibus facte fuisse perhibetur. Illis igitur temporibus duo monachi Cognensis monasterii, quod in Bitterensi tellure situm est, quorum unus Sulinus, alter vero Centullus vocabatur compertis, fama revelante, quas omnipotens Deus per famulum suum Majanum operabatur virtutibus, consilio inito usque ad locum ire disponunt ubi beati Majani sacrosanctum venerabatur soma (soma autem graece corpus latine dicitur) qui abbatis sui percepta benedictione, cum ad missionem patris e monasterio essent egressi, interrogant de loco, de via, de patria ubi corpus beati Majani reliquias reperire possint : quibus dictus est, quia in Vasconia. Pervenientes ergo praedicti coenobitae tandem ad locum, gratias immensas agunt altissimo Creatori. Perspecto itaque loco, quod negotium gratis cujus venerant, propter populi frequentiam, difficilem haberent accessum, caute regionis illius dominos adeunt, seque velle illic heremicule perpetuo manere fingunt : quibus illius loci domini et incolae locum ad manendum et ecclesiam parvam in qua sanctus custodiebatur thesaurus ad custodiendum dederunt. Coeperunt deinde laboribus insistere, vinearum cultibus operam dare, rurales cespites radicitus evellere, agrorum fruges totius sudore laboris adquirere : sed cum labor eorum fierint inanis, quadam nocte ad fundamenta beati viri ecclesiae accedunt, ipsam subfodiunt parietemque frangunt ; deinde vectibus superpositis sanctum evacuare tentant mausoleum, coelestibus margaritis ornatum. Cumque nec sic possent suum complere desiderium, fracto tandem ejusdem tumuli angulo, magno eadem evacuant thecam thesauro : quo sublato intra suarum sinus portarum concludunt, indeque quantocius recedunt. Nam cum se persequi cernerent, ita ut pene caperentur, timorre perterriti ad quandam sylvam quae Buchone dicitur diverterunt, densitete foliorum thesaurum abscondunt, sicque post fugam vix evadum : quos cum, Deo protegente, hostes jam fatigati inquirendo et minime inveniendo persequi desinerent, dicitur subito flamma ex eodem loco processisse, omniaque folia sub quibis erant abscondita pretiosa munera consumspisse, quod videntes timorem continuo deponunt, vires resumunt, thesaurum recipiunt fugamque celeriter arripiunt. Denique compotes voti effecti dum finibus appropinquant Cognensis monasterii, mandant per nuntios abbati ut se praeparare non differat ad recipiendum corporis reliquias beati Majani ; quibus cum gaudio receptis et usque ad basilicam monasterii pervenientibus, et in eam cum hymnis et laudibis ingredientibus, illico Dei omnipotentis beneficia in communi largiuntur ; nam caecis lumen restituitur, claudis gressus redditur, pristinam aeger quilibet sospitatem consequitur, et omne genus daemonarium ab obsessis corporibus effugatur. Monstrabatur autem per idem tempus maxima pars carnis, quae post multa devicta saecula in perdurando, adhuc apparebat incorrupta.Ad cujus praesidium innumerus fiebat concursus populorum, non solum ex vicinis confinibus urbium, sed etiam ex ultimis partibus Galliarrum : in tantum ut sacrum satis et pulchrum basilicae construeretur aedificium, ubi reconditum ejus corpus sacratissimum usque hodie ab omnibus veneratur in unum , licet Royani, a quodam castro Biterrensis diocesi sic dicti, falso se habere asserant dictum corpus, quorum insania atque falsitas per hoc veraciter reprobari potest, cum ante dicti sancti adventum Cognense monasterium diceretur, nunc autem monasterium Vallismagnae, post villae Majani ab omnibus nominetur. L’abbatiale de Villemagne-l’Argentière Premier Millénaire L'HISTOIRE ET L'ARCHITECTURE DES ÉDIFICES DE CETTE PÉRIODE Rechercher Accueil Histoire Datation Monuments Bibliographie Contact 1

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Image 1Image 1Le village de Villemagne-l’Argentière.

Image 2Image 2Vue d’une façade de maison

prise au ras du sol.

Image 3Image 3La même vue avec accentuation

des contours de l’oculus.

Image 4Image 4Une tour à base carrée. Cette tour n’est visible surl’image 1 que par deux pans de mur émergeant sur

les toits à l’extrême gauche de cette image.

Image 5Image 5Détail de l’image précédente.

Image 6Image 6Autre détail de l’image précédente.

• France • Occitanie • Article précédent • Article suivant

Rappelons tout d’abord que notre site est consacré aux monuments du Premier Millénaire ou susceptibles d’avoir été fondés à cette époque. En conséquence, la pageconsacrée à l’ancienne abbaye de Villemagne apparaîtra bien pauvre. Et ce alors que Villemagne possède d’autres richesses datées du Moyen-Âge : l’église Saint-Majan,l’église Saint-Grégoire, l’Hôtel des Monnaies. Seulement voilà ! toutes ces richesses ne peuvent être datées du Haut Moyen-Âge. Il n’était donc pas possible d’en parler.

Comme l’abbaye voisine de Saint-Pons précédemment traitée, l’abbaye de Villemagne a beaucoup souffert des guerres de religion ( image 1 image 1 ). Mais Villemagne a connudes dommages supplémentaires causés par les inondations décennales de la rivière Marre. Il faut comprendre qu’une partie de l’ancienne ville doit être enfouie sous desmètres d’alluvions. Et, bien sûr, plus les monuments sont anciens, plus l’enfouissement est profond.

On doit attribuer à Daniel Favard de la SAHHCH (Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l’Hérault) la découverte d’un oculus situé au ras du sold’une habitation. Cet oculus ne serait pas unique et, à l’intérieur de l’habitation, il apparaîtrait plus apparent que sur les images 2 et images 2 et 3. 3. Cet oculus témoignerait de laprésence de l’ancienne abbatiale. Il devait être initialement placé à plusieurs mètres au-dessus du sol.

Un autre édifice susceptible d’appartenir au Premier Millénaire est une haute tour à plan carré ( image 4 image 4 ). Les baies supérieures ( images images 5 et 6 5 et 6 ) ont été murées. Les arcsqui les protègent apparaissent outrepassés : l’arc lui même est outrepassé, mais le caractère outrepassé est accentué par la présence d’impostes qui font saillie endirection de l’intrados.

Mais Villemagne nous apparaît aussi très important pour une autre raison : le texte relatant la translation des reliques de Saint Majan. Nous donnons ci dessous le textelatin (en italiques) et plus loin la traduction et les commentaires effectués à partir de cette traduction.

Translation Translation des reliques de Saint Majan (vers 893des reliques de Saint Majan (vers 893 ) )

Translation des reliques Translation des reliques de Saint Majan, au temps de Gilbert, évêque de Béziers. de Saint Majan, au temps de Gilbert, évêque de Béziers. (Hist Génér. de Languedoc t. V, col. 5)(Hist Génér. de Languedoc t. V, col. 5)

Texte Latin : Texte Latin :

« Majanus, post primas Apostolorum pontificali infula decoratus, inter primos perhibetur emicuisse Christi confessores, etc. Qualiter autem ejus S. Majani corpus adCognense monasterium, tunc temporis sic vocatum, translatum fuit, et quomodo propter suum adventum monasterii nomen mutatum fuit, plenius invenies in festotranslationis ejusdem, quod celebratur VII kal. Octobris.

Majani sancti episcopi et confessoris translatio, Caroli principis juniori nepotis magni Ludovici Karoli imperator filii, ac Theodardi ecclesiae Narbonensi archiepiscopiegregii, necnon et Gilberti ecclesiae Biterrensis episcopi temporibus facte fuisse perhibetur. Illis igitur temporibus duo monachi Cognensis monasterii, quod inBitterensi tellure situm est, quorum unus Sulinus, alter vero Centullus vocabatur compertis, fama revelante, quas omnipotens Deus per famulum suum Majanumoperabatur virtutibus, consilio inito usque ad locum ire disponunt ubi beati Majani sacrosanctum venerabatur soma (soma autem graece corpus latine dicitur) quiabbatis sui percepta benedictione, cum ad missionem patris e monasterio essent egressi, interrogant de loco, de via, de patria ubi corpus beati Majani reliquias reperirepossint : quibus dictus est, quia in Vasconia. Pervenientes ergo praedicti coenobitae tandem ad locum, gratias immensas agunt altissimo Creatori. Perspecto itaqueloco, quod negotium gratis cujus venerant, propter populi frequentiam, difficilem haberent accessum, caute regionis illius dominos adeunt, seque velle illic heremiculeperpetuo manere fingunt : quibus illius loci domini et incolae locum ad manendum et ecclesiam parvam in qua sanctus custodiebatur thesaurus ad custodiendumdederunt.

Coeperunt deinde laboribus insistere, vinearum cultibus operam dare, rurales cespites radicitus evellere, agrorum fruges totius sudore laboris adquirere : sed cum laboreorum fierint inanis, quadam nocte ad fundamenta beati viri ecclesiae accedunt, ipsam subfodiunt parietemque frangunt ; deinde vectibus superpositis sanctumevacuare tentant mausoleum, coelestibus margaritis ornatum. Cumque nec sic possent suum complere desiderium, fracto tandem ejusdem tumuli angulo, magnoeadem evacuant thecam thesauro : quo sublato intra suarum sinus portarum concludunt, indeque quantocius recedunt. Nam cum se persequi cernerent, ita ut penecaperentur, timorre perterriti ad quandam sylvam quae Buchone dicitur diverterunt, densitete foliorum thesaurum abscondunt, sicque post fugam vix evadum : quoscum, Deo protegente, hostes jam fatigati inquirendo et minime inveniendo persequi desinerent, dicitur subito flamma ex eodem loco processisse, omniaque folia subquibis erant abscondita pretiosa munera consumspisse, quod videntes timorem continuo deponunt, vires resumunt, thesaurum recipiunt fugamque celeriter arripiunt.

Denique compotes voti effecti dum finibus appropinquant Cognensis monasterii, mandant per nuntios abbati ut se praeparare non differat ad recipiendum corporisreliquias beati Majani ; quibus cum gaudio receptis et usque ad basilicam monasterii pervenientibus, et in eam cum hymnis et laudibis ingredientibus, illico Deiomnipotentis beneficia in communi largiuntur ; nam caecis lumen restituitur, claudis gressus redditur, pristinam aeger quilibet sospitatem consequitur, et omne genusdaemonarium ab obsessis corporibus effugatur. Monstrabatur autem per idem tempus maxima pars carnis, quae post multa devicta saecula in perdurando, adhucapparebat incorrupta.Ad cujus praesidium innumerus fiebat concursus populorum, non solum ex vicinis confinibus urbium, sed etiam ex ultimis partibus Galliarrum :in tantum ut sacrum satis et pulchrum basilicae construeretur aedificium, ubi reconditum ejus corpus sacratissimum usque hodie ab omnibus veneratur in unum , licetRoyani, a quodam castro Biterrensis diocesi sic dicti, falso se habere asserant dictum corpus, quorum insania atque falsitas per hoc veraciter reprobari potest, cum antedicti sancti adventum Cognense monasterium diceretur, nunc autem monasterium Vallismagnae, post villae Majani ab omnibus nominetur.

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Post multum vero temporis quantum inter caetera miraculorum opera sit ostensum ad epulcrum ejus, judicent sensus audientium. Honorabilis quidem paterViverandus cum regeret monasterium ipso quidam praesente fidelium, suum attulit filium quem alvus matris ediderat mutum, etc.

Igitur quia audita enarravimus, nunc inspecta describere licet. Septimanae sabbatum erat, jamque omnis incolaa labori terminum imposuerat ob reverentiam dominicaenoctis, tunc viri piscationi cultu insistentes, nec desistunt causa lucri, etc.

Per idem fere tempus dum ad quamdam fuisset delatum S. Tyberii cellulam, pro quadam synodo, ejus sanctissimus corpus, quadam die quidam vicecomes Biterrensis,nomine Guillelmus, quemdam attulit puerum caecum, claudum, mutum, ante beatum Majanum : hunc tibi, ait, mirifice Christi confessore Majane, offero puerum, utsolitum non ei recuses impendere beneficium. Mirabile spectaculae, vix sermonnem compleverat et caeco visus, et loripedi gressus, mutoque redditur sermonis usus.

Alio quoque tempore, dum ad S. Tyberium pro serenitate pluviae beati viri deferretur corpus advesperascente die vectores reliquiarum, et itinere fatigati in ecclesiapagi, nomine Octavianis, deponere decernunt, etc.

Quidam poenitens, dum pro quadam reatus sui poena praeventus, medium ferri circulo circumligatus esset, sicque per diversa sanctorum loca incedens, Deummirabiliter pro commissi sceleris sui parricidii exoraret culpam, quadam die venit ante B. Majani thecam, ubi dum oraret, circulus ferreus quo erat cinctus, subitofractus fuit, et ad ejus pedes cecidit, et caro, quae ab ipso circulo fuerat illaesa permansit, etc.

Ad concilium Agathense quadam vice praedicti confessoris adducta fuerat gleba, ubi dum quaedam mulier manca et manum habens aridam oraret, sanitatis remediumest consecuta. Deinde cum deffinita synodo fratres cum praedictis reliquiis ad monasterium reverterentur, etc. »

Traduction :Traduction :

La traduction ci-dessous est, je n’en doute pas, très imparfaite, ma connaissance du latin étant très imprécise. Et je ne souhaite qu’une chose. C’est qu’un nouveautraducteur, désireux de me ramener à ma médiocrité, propose sa propre traduction, une traduction, qui elle, s’approchera de la perfection (Norbert Breton).

« Il est rapporté que Majan , honoré du pouvoir pontifical après les premiers apôtres s’est distingué parmi les premiers témoins du Christ etc.

Voici de quelle manière le corps du même Majan fut translaté vers le monastère de Cognense , ainsi dénommé dans ces temps là et comment fut changé le nom dumonastère à cause de son arrivée, en le découvrant pleinement dans la fête de sa translation qui est célébrée le VII des calendes d’Octobre.

On raconte qu’en ces temps là fut effectuée la translation de Saint-Majan évêque et confesseur (en présence des) princes petits fils de Charlemagne et de Louis, fils del’empereur Charles, et de son éminence Theodardus archevêque de Narbonne et de Gilbertus évêque de l’Eglise de Béziers.

Donc en ces temps-là il y avait deux moines du monastère de Cognense. Ce monastère est situé dans le territoire des Bitterois. On sait de source sure que ces moinesétaient appelés, pour l’un Sulinus et pour l’autre Centullus.

Suivant la révélation de la tradition, Dieu Tout Puissant, grâce à Ses Pouvoirs s’est manifesté en faveur de son serviteur, Majan. Sur Son Conseil Initial ils ont projetéd’aller là où on vénérait le soma sacrosaint (soma est au grec ce que corpus est au latin) du Bienheureux Majan. Après avoir reçu la bénédiction de l’abbé, ils ont quitté lemonastère, avec mission de la part des pères d’enquêter interroger sur le lieu, le chemin d’accès, la patrie où était enterré le corps du Bienheureux Majan afin de pouvoirrepérer ses reliques. On leur dit qu’elles étaient en Vasconie. En conséquence ils sont enfin parvenus au lieu (de sépulture) du dit cénobite. Ils ont été mus par lesImmenses Grâces du Très Haut Créateur.

En agissant ainsi, de l’examen attentif du lieu, ils ont rendu gratuit ce qu’il aurait fallu négocier. Ils ont eu un accès difficile à cause du grand nombre de gens du peuple(qui fréquentaient le lieu). Ils y ont accédé avec prudence à cause des maîtres de cette région.

Ils ont feint de (vouloir) rester définitivement pour suivre la volonté de ce pauvre ermite. En fréquentant les logis des maîtres, le local des indigènes et la petite église oùétait gardé le trésor saint, ils se sont offerts pour en assurer la garde.

Ensuite ils ont insisté pour collaborer aux travaux. Ils ont rendu service à la culture des vignobles. Ils ont extirpé jusqu’à la racine les mauvaises herbes des champs. Ilsont acquis par toute leur sueur les fruits du labeur des champs. Mais avec leur travail ils ont feint la naïveté.

Une certaine nuit ils ont accédé à la fondation de l’église du Bienheureux. Ils ont creusé sous celle-ci et brisé le mur. Ensuite ils ont tenté de dégager le mausolée saintdes (tombeaux) superposés en utilisant un levier (ce sarcophage était orné de marguerites célestes). Et afin qu’ils puissent accomplir Son Désir, sans utiliser cetteméthode, ils ont à la fin sorti les reliques du grand trésor en fracturant l’angle de ce tombeau. Ces reliques enlevées, ils les ont enserrées dans une cachette d’un(chariot ?) porteur de cochons, et à partir de là ils ont fait retraite immédiatement. Comme ils s’apercevaient qu’ils étaient poursuivis et que, dans ces conditions, peus’en fallait qu’ils ne soient pris, ils se sont dirigés pour faire diversion et pleins de crainte et d’épouvante, vers une forêt nommée Buchone . Ils ont caché le Trésor sousun épais feuillage. Et ainsi après cette fuite, ils s’en sont échappés avec peine.

Et avec cela, grâce à la protection de Dieu, comme leurs hôtes, déjà fatigués de chercher et de ne pas trouver grand chose, envisageaient de cesser leur poursuite, on ditqu’une flamme subite a surgi de ce lieu, et toutes les feuilles sous lesquelles étaient cachés les riches cadeaux se consumèrent. Voyant cela (les poursuivants) pris depeur abandonnèrent immédiatement. Ils (les deux moines) reprirent leurs forces, se saisirent du Trésor et s’enfuirent rapidement.

Après cela, leurs vœux accomplis, comme ils s’approchaient des frontières du monastère de Cognense, par l’intermédiaire de messagers, ils informèrent l’abbé afin qu’ilse prépare sans délai à recevoir les restes du corps du Bienheureux Majan. Ceux-ci furent reçus dans la joie et parvinrent jusqu’à la basilique du monastère, et danscelle-ci ils entrèrent sous les hymnes et les laudes.

C’est ainsi que furent prodigués immédiatement à la communauté les bienfaits du Dieu Tout- Puissant. Car la lumière allait être restituée aux aveugles, la marche allaitêtre rendue aux éclopés et, tout malade retrouverait la bonne santé qu’il avait auparavant, et tout genre de démon s’enfuirait du corps qu’il aurait possédé.

D’autre part il était démontré en même temps que la plus grande partie de la chair (du corps saint) qui avait subsisté après de nombreux siècles apparaissait jusqu’ici noncorrompue.

La protection (assurée par ces reliques) faisait naître l’affluence des peuples non seulement hors des confins au voisinage de la ville mais aussi, hors des ultimes partiesdes Gaules.

En attendant que l’on construise un édifice (en forme de) basilique très sacré et très beau où serait replacé son corps très sacré, il est vénéré par tous jusqu’à aujourd’huidans un seul (lieu) . A Royani (Roujan ?), un certain château du diocèse des Biterrois ainsi dénommé, ils revendiquent faussement posséder le dit corps. On peutsincèrement réprouver ces folies et ces faussetés par ce qui a été dit auparavant de l’arrivée des dites saintes reliques au monastère de Cognense, actuellement dénommépar tous monastère de Vallismagnae, après avoir été nommé Villa Majani.

Après beaucoup de temps, entre autres œuvres, les miracles dus à l’exposition de son sépulcre témoignent de la signification de l’audience. Honorablement le pèreViverandus qui transcrit cela au monastère l’a présenté fidèlement. Il l’a apporté (comme si c’était) son fils que le ventre maternel aurait mis au monde et qui est muet,etc..

Donc ces choses entendues que nous avons racontées dans le détail, il apparaît maintenant de les décrire en les inspectant.

C’était le sabbat des Septimaniens .. Et déjà il était imposé la fin des travaux pour tous les indigènes par respect des nuits du dimanche. Après cela ils ont placél’insistance sur la célébration des pêcheurs d’hommes , , et non sur les prétextes à profits, etc. ( ???)

A peu près à la même époque pendant que ce très saint corps était critiqué, dans une certaine cellule de Saint Tyberi, pour un certain synode, un certain jour, uncertain vicomte des Biterrois nommé Guillelmus, amena un enfant , , aveugle, éclopé, muet devant le bienheureux Majan. « Vois, confirme-le, Majan, prodigieux témoindu Christ, je te donne (en oblature) l’enfant afin que tu ne lui refuses pas d’employer tes bienfaits ordinaires. » (Et là), spectacle admirable, à peine était achevée ladiscussion, est rendue à l’aveugle la vision, à celui aux jambes tordues la marche, au muet l’usage de la parole.

A une autre époque, pendant que l’on transférait à Saint-Thibéry le corps du bienheureux pour la régularité des pluies, à la tombée du jour, les porteurs du reliquaire,fatigués de la marche décident de (le) déposer dans une église du pays, nommé Octavianis , etc…

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Un certain pénitent, qui avait anticipé sa peine pour un quelconque péché était ceint d’un cercle de fer et ainsi il s’était mis en marche vers divers lieux saints. Il priaitDieu Admirable qui absout les péchés, de lui enlever la faute de son parricide. Un certain jour il vint devant le reliquaire du Bienheureux Majan. Alors qu’il priait, lecercle de fer qui le ceignait fut subitement cassé, et de celui-ci il put extraire ses pieds, et la chair qui avait séjourné dans ce cercle n’avait pas été blessée, etc.

Au concile d’Agde, localité dans laquelle avaient été amenées les dépouilles du confesseur, une certaine femme priait (le saint) pour sa main mutilée et desséchée. Leremède lui faisant retrouver la santé en a été la conséquence. Après cela avec la fin (déguerpissement) du synode les frères revinrent au monastère avec les reliquesprécédemment décrites, etc.. »

Notes :Notes :

1 : 1 : La date (vers 893) est celle qui est proposée dans « Histoire Générale du Languedoc » sans qu’on sache exactement comment elle a été trouvée. Il faut dire que le texteest formé d’extraits du texte original déposé à la BNF (collection Doat). Le texte original nous en apprendrait-il plus ? Ce n’est pas certain. Il est fort possible que lesinterruptions soient dues à des pages déchirées ou raturées.

Ce vol de reliques se serait donc effectué du temps de Charlemagne ou de son successeur immédiat. D’ailleurs le texte indique que la cérémonie officielle de translations’est effectuée en présence des petits-fils de Charlemagne et de son fils empereur entre 814 et 840. Il faut cependant remarquer que plusieurs années (voire même desdizaines d’années) ont pu s’écouler entre le vol des reliques et la cérémonie officielle de translation..

Une autre considération milite en faveur de cette datation. Il est dit que les moines sont allés chercher ces reliques en Vasconie. Or le mot de Vasconie fait penser à «Gascogne » lui-même issu de « Basque ». La Vasconie pourrait donc bien être un territoire situé à cheval sur les Pyrénées ayant donné naissance à la fois à la Gascogneet au Pays Basque. Or des textes anciens nous montrent que Charlemagne a fait appel à des chrétiens espagnols (donc originaires des Pyrénées, l’Espagne étant occupéepar des musulmans hormis dans sa partie Nord) pour repeupler et mettre en valeur le Bas-Languedoc.

A cela s’ajoute le fait que les moines vont voler les reliques du célèbre Majan … sans savoir où elles se trouvent ! N’est-ce pas extraordinaire et difficilement imaginable?

Imaginons maintenant ce qui a pu se passer vers l’an 800. Attirés par les promesses de Charlemagne, des chrétiens venus d’Espagne s’installent dans la région deVillemagne. Ils ont emporté avec eux tout leur nécessaire mais aussi leurs traditions et leurs croyances. En particulier la croyance en la sainteté d’un individu dénomméMajan, ayant résidé en Vasconie. Le père abbé du monastère de Cognense, voulant se les concilier, ou bien voulant en attirer d’autres, dépêche deux moines afin derecueillir des reliques de ce saint. La suite on la connaît.

Ou du moins on croît la connaître. Car il est fort possible que les deux moines, connaissant le but exact de leur mission, c’est-à-dire, ramener de vieux os humains, nesoient pas allés aussi loin qu’ils l’ont déclaré et qu’ils aient préféré acheter d’autres ossements.

2 :2 : Jusqu’à plus ample information, Majan ne semble pas avoir été cité parmi les Premiers Pères de l’Eglise. L’affirmation ci-dessus est donc fortement sujette à caution.On sait que les rédacteurs d’hagiographies du Haut Moyen-Âge étaient coutumiers de ces pieux mensonges. Par ailleurs on retrouve l’idée énoncée plus haut ». Lesmoines sont allés voler ces reliques sans rien connaître du dénommé « Majan ». Alors que les vies de tant d’autres saints locaux fourmillent de détails plus ou moinsfantastiques, rien ne nous est dit sur la vie de Saint Majan, sur les païens qu’il a convertis, sur les miracles qu’il a accomplis, sur la translation de son corps de la Palestinejusqu’en Vasconie.

3 : 3 : Le nom de Cognense fait penser au latin « cognitio » signifiant, « connaissance ». Il est possible que, primitivement l’abbaye ait été désignée par une périphrase dustyle «Cognens Dei » (lieu de la connaissance de Dieu). Ainsi, à la même époque un évêque de Gérone est appelé « Servus Dei » (esclave de Dieu).

4 :4 : Cette indication est intéressante dans la mesure où elle atteste que, vers la fin du 9 siècle, les moines de Villemagne envisageaient de construire une églisedestinée à abriter les reliques de Saint Majan. Le projet était déjà sous forme de plan (plan basilical) et donc suffisamment avancé. La réalisation devait donc êtreimminente. On peut donc penser que, si un incident extérieur tel que guerre ou épidémie n’est pas survenu, dès le début du 10 siècle on a assisté à la constructiond’une basilique dédiée à Saint-Majan.

5 :5 : «Le sabbat était chez les Septimaniens » . Cette phrase ainsi que ce qui suit semblent montrer que les Septimaniens suivaient le repos du samedi et non du dimanche.Il y avait donc au moins deux pratiques religieuses à l’intérieur de l’Eglise Catholique locale. Les Septimaniens s’abstenaient de travailler le samedi. Pour les moines deVillemagne et les zélateurs de Saint Majan, c’était le dimanche. On sait que toutes les liturgies ont été unifiées au 11 siècle. Sans doute les moines de Villemagnesuivaient-ils la liturgie latine. Et dans ce cas les Septimaniens auraient pratiqué une autre liturgie, peut-être la liturgie wisigothe qui a survécu jusqu’à nos jours dansquelques paroisses d’Espagne. Mais rien n’est moins sûr : chaque peuplade pouvait avoir sa propre liturgie et il n’est pas certain que les Septimaniens dont il estquestion occupaient l’intégralité de l’actuel Languedoc Méditerranéen. Par ailleurs l’utilisation du samedi comme jour de repos fait penser à une influence juive.

6 :6 : Le terme « viri piscationi » a été traduit par « pécheur d’hommes » faisant ici référence au texte évangélique de Jésus à ses disciples « Je ferai de vous des pêcheursd’hommes ». En admettant que la traduction soit correcte le mot suivant « cultu » peut conduire à deux interprétations fort différentes. La première consiste à dire queles Septimaniens, sous l’influence de Majan ont adopté une culture ou un comportement de missionnaires et ont rejeté toute idée de profit. La seconde consiste à direque les Septimaniens ont accepté de se plier à une autre forme de culte, intitulée « viri piscationi », peut être en référence à un début de prière comme il en est du «Gloria » ou du « Credo ». Cette interprétation peut sembler totalement fantaisiste. Mais dans mille ans quel sens auront pour nos descendants des expressions telles que« les intégristes célèbrent la messe de Saint Pie V » ou « la querelle du Syllabus » ?

7 :7 : Le mot « puer » a deux traductions possibles, enfant et esclave. Comme le texte signale par la suite qu’il est donné en oblature on peut penser qu’il s’agit d’un enfant.Le fait que le mot soit au singulier entre en contradiction avec la deuxième partie du texte où on peut envisager l’existence de trois enfants , un aveugle, un estropié, unmuet.

8 : 8 : S’agit-il d’Octon ?

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