paillard (préposition et rection)

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    prpositionnel a, pour un verbe donn, le statut de complment argumental :de fait, il semble que pour la majorit des auteurs, Xcorresponde au verbelui-mme, position qui nous parat difficile tenir (nous y reviendrons).Plus gnralement, comme le montre la terminologie la plus rpandue, la

    description des prpositions privilgie le plus souvent la prposition elle-mme et le terme correspondant Y (cf. les notions de complmentsprpositionnels ou encore de syntagmes prpositionnels ), ce qui reposesur la visibilit de Y. Dans cet article, par simple commodit, nous conservonscette terminologie (notamment le terme complment prpositionnel ),mais nous chercherons chaque fois identifier le terme correspondant Xdans le cadre du schma X R Y.

    Cette caractrisation de la prposition comme relateur est neutre pource qui est des diffrentes valeurs : spatiales, temporelles et figures. Nouspensons quil est difficile de dfendre la thse de la primaut des valeursspatiales sur les autres valeurs, et cela dautant plus quil nexiste pas decritres opratoires permettant de distinguer les valeurs spatiales outemporelles. Trs souvent, une valeur est dclare spatiale (ou temporelle)uniquement parce que le N correspondant Ya une dimension spatiale (outemporelle), ce qui revient projeter les proprits smantiques du N sur laprposition. De plus, le fait que le N correspondant Yait une dimensionspatiale (ou temporelle) ne suffit pas dfinir la valeur comme spatiale (ou

    temporelle) ; cf. lambigut de Paul travaille sur Paris, ou encore le statutvariable du syntagme contre le murdans se dresser contre le mur, se tenircontre le mur, sappuyer contre le mur, lancer quelque chose contre le mur,

    rebondir contre le mur etc.Les discussions autour du statut syntaxique des Cprp soulvent une

    srie de questions. La premire concerne les critres permettant de distinguerles diffrents statuts du Cprp dans la proposition. Plusieurs auteurs(notamment D. Leeman (1998) et O. Bonami (1999)) ont montr quil ntaitpas possible de fonder la distinction Cprp argumentaux / Cprp circonstants.O. Bonami, prolongeant les travaux de J.M. Gawron (1986), a mis envidence des cas o le syntagme prpositionnel a un statut de co-prdicateur ; il sagit des cas o le verbe et la prposition (ayant unefonction prdicative) ont un argument commun ; par exemple : les pcheursont tir le bateau sur la plage o bateauest la fois argument du verbe tireret correspond au Xde la prposition sur (la plage sinterprtant comme leY). Le second problme concerne le contenu smantique de la prpositiondans le cas des Cprp argumentaux. Certains auteurs dfendent la thse

    selon laquelle la prposition est dsmantise lorsquelle introduit unargument du verbe : elle ne serait que le support fonctionnel de lintroductiondun argument du verbe. Une telle approche ne permet pas de rendre comptedes cas o un mme argument est introduit par deux (ou plus de deux)

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    prpositions : cf. comparer / avec, parler / avec, sappuyer sur /contre,tirer dans / sur la foule. Dans tous ces exemples, lemploi de chaqueprposition est soumis des contraintes et produit des effets de sensparticuliers5. En mme temps, considrer que la prposition garde sa

    smantique dans le cas des Cprp argumentaux revient multiplier lesarguments pour un verbe (chaque prposition introduisant un argumentparticulier en accord avec sa smantique). La notion de Cprp coprdicateurest une premire tentative pour dpasser cette contradiction, en conservant la prposition sa valeur smantique, sans pour autant multiplier lesarguments. Mais elle ne permet pas, nous semble-t-il, de rendre compte defaon satisfaisante des cas o la construction avec un Cprp est enconcurrence avec une construction transitive : cf. tirer les rideaux / tirersurles rideaux, tirer un lapin /surun lapin, passer une bosse / passersurune

    bosse, je vous passe les dtails, je passesurles dtails : dans ce cas on nepeut pas donner le statut de co-prdicateur au syntagme prpositionnelintroduit par sur. Plus gnralement, si lon adopte la dfinition duneprposition comme relateur de la forme XRY, une difficult importante rsidedans lidentification de X(le N introduit par la prposition tant Y).

    Nous prsenterons notre approche en tudiant les Cprp introduitspar la prposition suravec le verbe tirer. Lhtrognit desemplois et desvaleurs supportes par tirer surpermet daborder une srie de questions

    dordre thorique, sur lesquelles nous reviendrons en conclusion.Le corpus ci-dessous est reprsentatif des emplois et valeurs de tirersur:

    [1] Les pcheurs ont tir le bateau sur la plage[2] Le chasseur a tir sur un lapin[3] Paul a tir sur le frein[4] Il tire sur sa cigarette comme un fou[5] Ce rouge tire sur le violet[6] Il a tir le tract sur une offset[7] Il a tir le tract sur du papier recycl[8] Il a tir de largent sur son compte[9] Il a tir un trait sur son pass / sur cette histoire

    Lexemple [1] a une double interprtation directement lie au Cprp : (a) lebateau est dj sur la plage, et tirersinterprte comme traner ; (b) leprocs dsign par tirerconsiste amener sur la plage le bateau qui audpart est dans la mer. Dans les exemples [2] et [3] la construction en Cprpest en concurrence avec la construction transitive de tirer: [2a]Le chasseura tir un lapin, [3a] Paul a tir le frein.Par ailleurs, on notera que la prsencedun Cprp avec surintervient avec des valeurs trs diffrentes de tirer.

    Ci-dessous, nous montrerons que les Cprp correspondent diffrentsdegrs dintrication entre le verbe et le complment prpositionnel. Mais

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    dans un premier temps, il nous faut proposer une caractrisation de tirerdune part, de surdautre part.

    2. Le verbetirer: forme schmatique et structure

    argumentaleLe verbe tirerest un verbe fortement polysmique. Dans Paillard (1999)nous avons propos une caractrisation unitaire de la smantique de tirer,dfinie comme sa forme schmatique (ci-dessous FS). La formeschmatique, en tant que dfinissant lidentit smantique du lexme verbaltirer, ne correspond aucune valeur particulire du verbe, que lon pourraitconsidrer comme premire ou encore comme prototypique. Les valeursparticulires sont analyses comme le produit de linteraction de la FS avec

    des lments du co-texte, cette interaction tant dcrite sur diffrents plansrgis par des principes gnraux6.La forme schmatique de tirerest la suivante : Un terme aest pris

    dans une variation tlonomique rgule par un repre Z .Nous nous limiterons quelques remarques sur la FS de tirer

    (compltes dans le cadre de la discussion de tirer sur), propos des valeursillustres par [2a] et [3a]. [2a] peut tre glos de la manire suivante : lechasseur a envoy un projectile sur une cible correspondant au lapin ; leprojectile a atteint la cible . Le projectile correspond adans la FS et lelapinpris comme cible correspond au repre Z rgulant la variation duprojectile (= a). [3a] peut tre glos de la manire suivante : le frein estpris dans une variation consistant passer dune position (frein non serr) une autre position (frein serr ) .Le freincorrespond a; la variation de aest rgule par la position vise frein serr correspondant Z. Commele montre la discussion de ces deux exemples, les lments de la FS nontpas ncessairement de ralisation lexicale (dans [2a] seul Zest ralis parune unit lexicale correspondant au C1, dans [3a] seul aest ralis par une

    unit lexicale correspondant galement au C1) mais tous les lments de laforme schmatique sont convoqus pour rendre compte des diffrentesvaleurs7. La FS associe tirervise dfinir la spcificit de tireren tantque lexmeet les lments aet Zne sont pas des arguments. On noteragalement que le terme qui est le sujet de tirerdans [2a] et [3a] ne correspondpas un lment de la FS.

    En mme temps, tireren tant que verbe est un prdicat, et ce titre ilpossde une structure argumentale. Cette structure argumentale est dfiniede faon gnrale, chaque argument ayant un contenu smantique rgulier.

    Sous sa forme minimale, elle se prsente comme un schma de lexis deuxplaces, o la premire place correspond largument source et la seconde largument but de la relation prdicative note , ce qui scrit8:

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    < ( )source

    ( )but

    >

    Il ny a pas de correspondance simple entre les lments de la FS et lesplaces darguments dfinies par le schma de lexis. En [2a] et [3a], seule la

    place dargument but est associe un lment de la FS (Zpour [2a], apour [3a]). Cette autonomie du schma de lexis par rapport la formeschmatique permet de prendre en compte des arguments qui necorrespondent pas des lments de la FS du verbe mais qui sont ralisslexicalement par un GN : cela concerne, en particulier, largument source qui, trs souvent, correspond lagent du procs. Cest vrai de tirero leGN en position de sujet sinterprte comme lagent du procs ( ledclencheur de la variation ) dans les exemples [1] - [4] et [6] - [9] bienquil ne corresponde pas un lment de la FS9.

    Cette reprsentation du verbe comme associant une FS au schma delexis (simple ou largi) est complte par un schma syntaxique not Co VC1 ...Cn (o Co, C1, Cn dsignent les complments syntaxiques du verbe,quil sagisse darguments ou encore de Cprp (de fait, la notion de Cprpest pour nous une notion purement syntaxique). Entre FS, schma de lexiset schma syntaxique se met en place un jeu complexe de correspondances.

    La prposition (et les termes X et Y quelle met en relation) estextrieure cette reprsentation du verbe par sa FS et le schma de lexis.Elle est prise en compte dans le cadre dune combinatoire mettant en jeudun ct le verbe (plus exactement sa reprsentation complexe) de lautrele schma prpositionnel o Rmet en relation deux places correspondantrespectivement Xet Y, en fonction de la smantique de la prpositiondfinie par sa FS (pour la FS de surcf. ci-dessous). Cette combinatoire a laforme gnrale suivante :

    FS V FS Prp

    < ( )source

    ( )but

    > < ( )xR ( )

    y>10

    Cette combinatoire verbe / prposition permet de dpasser deux desproblmes mentionns ci-dessus propos du traitement des Cprp. Dunct, la prposition nest pas dsmantise : elle intervient avec sa smantiquepropre. De lautre, les termes correspondant Xet Yne sont pas considrscomme des arguments du verbe (il ny a donc pas de prolifrationdarguments lorsque plusieurs prpositions introduisent les Cprp dun verbedonn).

    Ci-dessus nous avons pos que dans le cadre de la combinatoire

    Verbe / Prposition il est possible de distinguer diffrents degrs dintricationentre le V (plus exactement sa reprsentation) et la Prp en tant que schmade la forme XRY. Trois configurations ont t mises en vidence selon la

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    plus ou moins grande extriorit des termes correspondant Xet Y parrapport la FS du V (plus exactement aux lments qui la constituent).

    Configuration A

    Cette configuration correspond un cas dextriorit maximale de laprposition par rapport au verbe. Par extriorit, il faut entendre le fait queles termes Xet Ymis en relation par la prposition ne correspondent pas des lments de la FS du verbe.

    [10] Un livre surFreud

    ce syntagme complexe peut tre un des arguments dune relation prdicative,mais la relation tablie entre livreet Freud est indpendante de la smantiquedu verbe, ce qui est confirm par le fait que un livre sur Freud peut apparatreavec des verbes trs diffrents : un livre sur Freud est paru rcemment, afait scandale, Paul a lu / crit / prsent / achet un livre sur Freud, il a fait

    un expos propos dun livre sur Freud, etc.

    [11] Paul lit un livre sur la terrasse

    dans ce cas, cest lvnement Paul lit un livrequi est mis en relation avecle localisateur dfini par la terrasse; on notera que la classe des vnements

    susceptibles dtre mis en relation avec sur la terrassenest pas limite apriori.

    Configuration B

    Cette configuration correspond une intrication maximale V - Prp : lestermes Xet Ymis en relation par la prposition correspondent des lmentsde la FS du verbe. Cela signifie que les termes qui ont les propritssmantiques que leur confre leur statut dlments de la FS du V acquirentcelles que leur confre leur statut de Xet de Ydans X R Y.

    [2] Le chasseur a tir sur un lapin

    (a: le projectile non ralis lexicalement correspond X, Z: le lapin priscomme cible, correspond Y)

    [3] Paul a tir sur le frein

    (a( = le frein) correspond X, Z(= la position serre) correspond Y, Z

    nest pas ralis lexicalement)

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    Configuration C

    Cette configuration correspond une intrication partielle par le biais dunterme qui a un statut comme lment de la FS du verbe et un statut comme

    X(ou comme Y) dans le schma prpositionnel. On a un ddoublement du statut du terme du fait de son inscription dans deux relations distinctes :dun ct, celle dfinie par la FS du V, de lautre, celle dfinie par laprposition, ce qui produit une relation complexe, obtenue par raboutagede deux relations.

    [1] Les pcheurs ont tir le bateau sur la plage.

    Le bateau sinterprte la fois comme le ade la FS de tireret comme le Xde X sur Y. En tant queail est en relation avec un Znon explicit maisrcuprable comme lobjectif mettre le bateau au sec ou encore labride la tempte , en tant que X il est en relation avecla plagedfini commeY. Il stablit une relation indirecte entre lobjectif Zet la plagelocalisantle bateau.

    Cette dernire configuration correspond aux cas o pour Gawron(1986) le syntagme prpositionnel a le statut de co-prdicateur. La premireconfiguration correspond notamment aux cas o le Cprp est un circonstant.La seconde configuration, par contre, propose un traitement original du

    Cprp. Pour un auteur comme Gawron, dans de tels cas la prpositionintroduit un terme qui a le statut dargument du verbe, ce qui revient postuler une affinit smantique (difficile justifier dans la majorit descas) entre la prposition et le verbe, alors que, de notre point de vue, laprposition reconstruit la relation entre deux lments de la formeschmatique, entranant des effets de sens particuliers (nous reviendrons endtail sur ce point dans la discussion des exemples avec tirer sur).

    3. propos de la prpositionsur11

    Nous ne proposerons pas ici une tude dtaille de sur. Nous reprendronsbrivement la FS que nous avons propose dans larticle cit en note. Commenous lavons indiqu au dpart, lidentit smantique de sur, telle quelleest donne par sa FS, est neutre pour ce qui est de la distinction entre valeursspatiales, temporelles et figures. Conformment notre hypothse gnralesur les prpositions, sur est dfini comme un relateur Rmettant en rapportdeux termes Xet Y. La relation tablie entre Xet Yest une relation non

    symtrique,Y

    servant de repre X

    (autrement dit,Y

    est la source dedterminations pour X).

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    Forme schmatique desur

    X est repr par Y, correspondant un domaine structurtopologiquement;

    Surmunit le domaine de Ydune frontire ;Xest rattach la frontire du domaine de Y.

    Selon le mode de constitution de la relation entre Xet Y, la smantiquede survarie. Nous distinguons trois cas12.

    Contact. La relation entre Xet Yest une relation qui peut tre dfinieindpendamment de sur. Cette relation primitive est infrable desproprits smantiques respectives des termes pris comme Xet comme Y.Un critre permettant de montrer que la relation entre Xet Yest indpendantede la prposition sur est que cette relation peut tre spcifie par dautresprpositions que sur(chaque prposition intervenant avec sa smantiquepropre) :

    [12] Le livre est sur (sous, prs de) la table.

    la relation entre livre(X) et table(Y) est une relation gnrale de localisationfonde sur les proprits respectives de livreet de table, chaque prpositiondfinissant un mode spcifique de localisation entre livreet table.

    [13] Sur (vers) le matin il sombra dans un sommeil profond.

    Comme dans le cas prcdent, la relation premire est une relation delocalisation entre un vnement et un intervalle temporel. Autres exemples :

    [14] Je vais sur () Paris / Paul travaille sur () Paris.[15] Il pleut sur Brest ( Brest).

    Interface. X etYne sont en relation que par le biais de la prposition sur.

    Cela signifie que leurs proprits smantiques respectives ne fondent pasune relation primitive (dans le cadre de la proposition), qui serait spcifiepar sur.

    [16] Paul dort sur le dos, est tomb sur la tte.

    La relation entre dos et Paul (dormant) ou entre tteet Paul(tombant) reposeentirement sur la smantique de surqui dfinit le dos / la tte comme lapartie du corps de Paul prise comme interface entre Paul dormant et le lieude son sommeil / entre Paul tombant et le sol. Cf. galement,

    [17] Pierre porte Marie sur son dos / sur ses paules.[18] Marie nest plus un enfant. Elle va sur ses quinze ans.

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    Le cas interface est celui o la smantique de la frontire informeles termes correspondant Xet Y.

    Accs. Xet Y, de par leurs proprits smantiques respectives, sont en

    relation indpendamment de sur mais, en mme temps, cette relation nepeut tre spcifie que par sur.

    [19] Un passager est tomb du train, il est mort sur le coup.

    Coupreprend lvnement tomber du train qui est prsent comme ayantdclench la mort. En mme temps, cest lvnement dclench qui donneaccs (dans le temps) lvnement en le constituant comme dclencheur.

    [20] Arrt sur demande

    Ici encore, il y a une relation entre demandeet arrt: si un passager souhaiteque le bus sarrte, il doit en faire la demande au conducteur. Comme dansle cas prcdent, sursignifie que cest larrt qui donne accs la demandequi fait que le bus sarrte.

    [21] Lennemi marche sur Rome.

    Ennemiest par dfinition un terme relationnel : cest en tant quennemi deRome que lennemi marche sur Rome.

    Comme on le voit, les valeurs tant spatiales que temporelles de surseretrouvent dans les trois cas. Ci-dessous, nous reviendrons sur la pertinencede ces trois cas pour rendre compte des valeurs et emplois de tirer sur.

    4. Tirer sur

    Les valeurs et emplois de tirer surillustrs par les exemples [1] [9] sontanalyss dun double point de vue : du point de vue de la combinatoireentre tireret suravec les trois configurations A, B et C dgages ci-dessusdune part, du point de vue de la smantique de surtelle quelle est dfiniepar sa FS en relation avec la distinction entre contact, interfaceet accsdautre part. Nous commencerons par les deux exemples o la constructionen surest en concurrence avec la construction transitive.

    4.1. Le chasseur a tir sur un lapin / le chasseur a tir un lapin

    Lorsque nous avons prsent la combinatoire V / Prp, nous avons rattach

    ce type dexemples la configuration B : les termes Xet Ycorrespondent des lments de la FS de tirer. Ces termes combinent les proprits qui sontles leurs en tant que aet Z, et celles que leur confre leur statut de Xet de Y.Ce cumul de proprits permet danalyser une srie de diffrences entre la

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    construction transitive et la construction prpositionnelle. Ces diffrencessont de deux ordres : la classe des N correspondant Znest pas la mme,linterprtation de lvnement dsign par tirerest diffrente.

    Le passage de SN tirer SN SN tirer sur SN entrane un largissement

    de la classe des N interprts comme la cible du procs. Avec la constructiontransitive, Zcorrespond des N dsignant essentiellement du gibier : lapin,sanglier, faisanetc. (avec une extension des N /humain/ lorsque ceux-cisont assimils du vulgaire gibier : il a tir Paul comme un lapin). Avec laconstruction en sur, il nexiste a priori aucune contrainte spcifique sur lesN correspondant Z : lapin, sanglier, faisanmais aussi pianiste, ombre,linguiste,foule, chteau,etc.

    Dans la construction transitive, tirersinterprte comme abattre ,ce qui signifie que le tir est un tir russi : le lapin que le chasseur a tir est unlapin mort (le pass compos a une valeur rsultative). Dans la constructionavec sur, rien nest dit de la russite du tir13qui contextuellement peut trespcifi comme un tir russi ou non : le chasseur a tir sur un lapin et laabattu, le chasseur a tir sur un lapin mais la rat / sans latteindre ; etdans Paul a tir sur une ombre, il est difficile de formuler une problmatiquede la russite ( moins que lombre ne soit pas quune ombre ...).

    Cette double diffrence entre la construction transitive et laconstruction avec sursexplique par les proprits que confre Zet a

    leur statut de Yet de Xdans le schma X sur Y. X ( = ainterprt comme leprojectile) est rattach la frontire du domaine de Y(= Zc.-.-d. la cible),ce qui signifie que a nest pas centr sur Z :on est donc en de de laproblmatique dun tir russi. En ce qui concerne la dformabilit internede sur, ce type dexemples correspond au premier cas, celui du contact :lexistence de la construction transitive montre que les termes correspondant X = aet Y = Z sont dans une relation qui nexige pas la prsence de sur.Surspcifie de faon particulire cette relation. Enfin, llargissement de laclasse des N dans le cadre de la construction en sur est li cette problmatisation de la relation entre aet Z : un N comme ombre nestpossible quesi tirer (= envoyer un projectile sur une cible) ne signifie plus abattre .

    4.2. Paul a tir sur le frein / Paul a tir le frein

    Ce cas est du mme ordre que le cas prcdent. On observe galement unedouble diffrence entre la construction transitive et la constructionprpositionnelle.

    La construction prpositionnelle signifie un largissement du champlexical des N correspondant adans la FS de tirer. Avec la constructiontransitive, on a uniquement des N fonctionnels dont la smantique permet

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    dinfrer lobjectif poursuivi :ficelle, corde, cordon, fil, verrou, palonnier,rideaux, frein, poigne, cheveux, langue, porte, chasse, etc. Avec laconstruction prpositionnelle, on retrouve ces N mais aussi un grand nombrede N incompatibles avec la construction transitive :pantalon, lacet, roues,

    tissu, col, piston, membre (fractur), laisse, cigarette, etc. Trs souvent,avec les N incompatibles avec la construction transitive, lobjectif poursuividoit tre explicit contextuellement ou situationnellement.

    Sur le plan interprtatif, on observe galement des diffrences nettesentre les deux constructions. Dans la construction transitive, la traction opreest russie pour ce qui est de lobjectif poursuivi (et au pass compos on aune valeur rsultative14). Dans la construction prpositionnelle on se situeen de dune problmatique de la traction russie (au sens dune atteintede lobjectif poursuivi). Il peut y avoir aussi bien russite (exprimecontextuellement): Il tira sur le cordon et la porte souvrit, que simpleconation : arcbout, il tira sur le corps, il tira violemment sur la porte quirsistaitou encore chec : tirez sur le noeud, vous ne ferez que le serrerencore plus, vous avez tellement tir sur la corde que vous avez fini par la

    casser. De plus, avec les N compatibles avec la construction transitive, laconstruction en sur signifie la prise en compte dun nouvel objectif.Comparer : tirer les rideaux(il sagit de les fermer), tirer sur les rideaux(pour vrifier sils sont bien accrochs, pour les arracher), tirer un fil(qui

    dpasse), tirer sur un fil(pour dfaire un cheveau ou encore un pull-over).La diffrence dinterprtation entre les deux constructions, commedans le cas prcdent, tient ce que dans la construction en surla relationentre Y(= a) et X(= Z) est reconstruite : le rattachement de Z la frontirede aproblmatise le rapport quil y a entre la traction de a(la variation quiaffecte a)et latteinte de lobjectif poursuivi dans le cadre de cette traction.Cette problmatisation de la relation entre aet Zpermet de comprendrellargissement de la classe des N observ avec la construction en sur. Enfin,lexistence de la construction transitive ct de la construction en sursignifie que les exemples de ce type relvent du cas contact (la relationentre a Yet Z Xexiste indpendamment de sa spcification par sur).

    4.3. Ce rouge tire sur le violet

    Ce type dexemples est attest uniquement avec la constructionprpositionnelle (cf. *Ce rouge tire le violet). Il diffre galement desexemples discuts ci-dessus par le fait que les deux lments aet Zde la FSsont raliss lexicalement : acorrespond le rougeen position de sujet, etZ le violet. On peut associer cet exemple la glose suivante : le rouge entant que rouge particulier fait lobjet dune altration (variation) dfinie parune autre couleur, le violet, prise comme couleur de rfrence : le rouge, en

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    tant que rouge particulier, relve de la frontire du violet . Comme pourles deux exemples prcdents, cet exemple correspond la configuration Bo les termes correspondant aet Zse voient confrer les proprits quisont celles de Xet de Ydans X sur Y.De plus, cette altration dune couleur

    dfinie par sa relation une autre couleur telle quelle est exprime par tirerexige sur15. Dans la mesure o la relation entre les deux couleurs, en tantqulments de la FS de tirer,repose exclusivement sur celle que met enplace sur, elle relve, du point de vue de la variation de la smantique desur, du cas interface : la variation de rougetelle quelle est rgule parvioletest conue comme le rattachement de rouge(= X) la frontire de Y.

    4.4. Les pcheurs ont tir le bateau sur la plage

    Ce type dexemples peut recevoir deux interprtations : dans la premire, lebateau est sur la plage et le procs consiste le dplacer, en relation unobjectif donn (smantique de tirer oblige16). La seconde interprtationsignifie que le procs consiste sortir le bateau de leau. Ces deuxinterprtations relvent de deux configurations distinctes, mais elles relventtoutes deux du cas contact , comme en tmoigne la possibilit deremplacer surpar une autre prposition (ou locution prpositionnelle) : lespcheurs ont tir le bateau (tout) le long de la plage, les pcheurs ont tir le

    bateau jusqu la plage.La relation premire entre bateauetplage(cest--dire indpendamment de la prposition qui la spcifie) est une relation delocalisation au sens large.

    Dans la premire interprtation, nous avons la configuration A o niXni Yne correspondent des lments de la forme schmatique de tirer.En fait, cest lvnement tirer le bateau (en fonction dun objectifdtermin) qui est localis par la plage. Cela revient poser que, dans cecas, Xcorrespond lvnement exprim par la relation prdicative : lespcheurs ont tir le bateau.

    La seconde interprtation a fait lobjet dune premire discussion enrapport avec la configuration C : le bateaucorrespond ade la FS de tireret Xdans X sur Y, et ce titre il est pris dans deux relations qui, tout enayant chacune leur autonomie, donnent naissance une relation complexe.A la diffrence des exemples de la configuration Bo les lments de laforme schmatique de tirersont smantiquement redfinis par les propritsque leur attribue leur statut respectif de Xet de Y, dans le cas de C, bateaua un double statut: en tant que ade la FS de tirerdune part, en tant que Xdautre part. Nous proposons de parler de ddoublement du statut debateaudans la relation prdicative.

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    4.5. Il a tir de largent sur son compte

    Ce type dexemples relve galement de la configuration C : de largentcorrespond la fois llment ade la FS de tirer, et Xdans X sur Y:

    comme pour lexemple prcdent avec bateau, on a un ddoublement dustatut de de largent. Par contre, son comptea uniquement le statut de Y.Entre de largentet son compteil existe une relation smantique premireau sens o un compte bancaire est le lieu o un particulier gre son argent (relation tlonomique). Avec un verbe comme tirercette relationpremire entre de largentet son comptene peut tre spcifie que par sur17,ce qui correspond au cas accs .

    4.6. Il a tir un trait sur son pass/ sur cette histoire

    Ici encore, il sagit de la configuration C : un traita un double statut : ilcorrespond adans la FS de tireret Xdans X sur Y. Par contre, son passet cette histoire(= Y) ne correspondent pas un lment de la FS du verbe.Le relation entre un traitet son pass (cette histoire) repose entirement surla prposition surdont la smantique informe les deux termes : on est dansle cas interface 18.

    4.7. Paul a tir ce tract sur du papier recycl19

    Ce type dexemples relve aussi de la configuration C avec un ddoublementdu statut de tract la fois adans la FS de tireret X. Entre tract etpapierrecyclil existe une relation smantique au sens o le papier est le supportdexistence du tract comme texte (en vue de sa diffusion) et cette relationsmantique ne peut tre spcifie que par la prposition sur. Ce point estconfirm par le fait quavec dautres verbes (cf. imprimer) on a galementla prposition sur. On est dans le cas accs .

    5. Conclusions

    Dans cet article, travers le cas de tirer sur, nous avons expos une approchedes Cprp (cette approche, sur de nombreux points, est en fait un programmede travail en cours). Elle propose des solutions une srie de problmes quisont au cur des discussions passes et prsentes sur le statut de cescomplments. Elle articule une rflexion sur le lexique (quil sagisse duverbe ou des N qui, dans le cadre de la combinatoire instancient les diffrentes

    places20), la smantique et la syntaxe.La thse centrale qui est avance est que les Cprp (lorsquils ne sont

    pas des circonstants) ne peuvent pas tre traits comme de simples argumentsdu verbe. Ils doivent tre analyss dans le cadre dune combinatoire Verbe

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    Prposition. Cette thse a des consquences importantes la fois pour lareprsentation du verbe et pour celle des prpositions.

    En ce qui concerne le verbe, nous avons introduit un plan dereprsentation, la forme schmatique, o est dfinie lidentit smantique

    du verbe, indpendamment de tout formatage en termes darguments.La FS caractrise le verbe en tant quunit lexicale. Le verbe considrcomme prdicat muni darguments (source, but, et, le cas chant,bnficiaire, instrument) est reprsent dans un format commun tous lesverbes et dfini comme un schma de lexis. Entre la FS spcifique unverbe et le schma de lexis sont tablies des correspondances, mais cela neconcerne que les termes qui syntaxiquement se prsentent comme descomplments non prpositionnels.

    Une prposition est dfinie comme un relateur Rmettant en relationdeux termes Xet Y, et ceci quels que soient les emplois et valeurs de laprposition. Lidentification du terme correspondant X(qui nest jamaisinterprtable comme le verbe en tant que tel) est un enjeu essentiel. Lidentitsmantique de la prposition est donne par une FS qui spcifie le contenusmantique du rapport entre X et Y. Cette smantique de la prpositionvarie en fonction de la pertinence ou non des proprits respectives de Xetde Y pour la constitution de la relation tablie entre ces deux termes, et durapport ncessaire ou possible quentretient telle ou telle prposition avec

    cette relation. Dans le cas de sur, cela correspond aux trois cas distingus : contact (les proprits de Xet de Ysont pertinentes, la relation entre X- Yet la prposition surest un rapport possible, dautres prpositions peuventspcifier cette relation), interface (les proprits de Xet de Yne sontpas pertinentes, X et Y ne sont en relation que par la prposition sur), accs (les proprits de Xet de Ysont pertinentes, la relation entre X-Yet la prposition surest un rapport ncessaire).

    Les Cprp sont dcrits dans le cadre de la combinatoire Verbe (FS +schma de lexis) - Prposition (X R Y). Les configurations A, B et Cdfinissent des rapports variables entre X, Yet les lments de la FS duverbe. Linstanciation des diffrentes places par des items lexicaux varie enfonction de la configuration :

    configuration A : Les lments de la FS du verbe sont lexicalissdans le cadre du schma de lexis ; Xcorrespond lensemble de larelation prdicative, le N correspondant Yest instanci en Y:

    FS V FS Prp

    < ( )source

    ( )but

    > < ( )xR ( )

    y>

    (pcheurs) (bateau) (plage)

    Les pcheurs ont tir (= tran) le bateau sur la plage

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    configuration B : dans la mesure o les lments de la FS du V ont lestatut de Xet de Ylinstanciation des N se fait non pas dans le schmade lexis mais dans le schma prpositionnel :

    FS V FS Prp

    < ( )source

    ( )but

    > < ( )xR ( )

    y>

    (chasseur) (lapin)

    Le chasseur a tir sur un lapin

    (le chasseurnest pas un lment de la FS de tirer, et llment a = Xnest pas lexicalis)

    configuration C : le ddoublement dun des termes dans deux relations(schma de lexis et schma prpositionnel) se traduit par une doubleinstanciation du N correspondant :

    FS V FS Prp

    < ( )source

    ( )but

    > < ( )xR ( )

    y>

    (pcheurs) (bateau) (bateau) (plage)

    Les pcheurs ont tir le bateau sur la plage

    partir de cette combinatoire Verbe / Prposition on obtient une relationsyntaxique de la forme Co V C1 Cprp o le statut du Cprp est calcul surla base de cette combinatoire complexe.

    NOTES

    1. Cette partition ne signifie pas quil nexiste pas dtudes consacres auxdeux thmes. Cf., en particulier, les travaux de P. Cadiot.

    2. Avec une extension possible aux emplois dits temporels. Cf., par exemple,larticle de J.C. Anscombre (1993) consacr aux emplois temporels de suret desous: pour lauteur, il sagit dtendre aux emplois temporels des deux prpositionsles proprits dgages par C. Vandeloise pour rendre compte des emplois spatiauxde suret de sous.

    3. Il est intressant de noter que chaque approche privilgie certainesprpositions : sur, sous, dans (mais aussi contreetpar) sont les prpositions les

    plus tudies du point de vue spatial, alors que les approches syntaxiques sintressent plutt aux prpositions incolores , de, enainsi quaux prpositionspour, avec.

    4. Lidentification de Yne soulve pas de difficults particulires : pour unelangue comme le franais, il sagit ( de rares exceptions prs) du GN qui suit

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    directement la prposition, ce quentrine la notion mme de syntagmeprpositionnel.

    5. Ainsi, avec comparerle N (correspondant Y) introduit par est le reprede la comparaison (on sintresse ce que Xa en commun avec Y), alors que dans

    le cas de avecles deux termes de la comparaison sont mis sur le mme plan : onsintresse aux ressemblances mais aussi aux diffrences entre les deux N. Autretype de donnes rvlatrices de la complexit du problme : cette chanson est passe (*sur) la radio / cette chanson est passe sur (*) toutes les radios / cette chanson

    est passe / sur France Inter.

    6. Pour plus de dtails, cf. larticle cit Paillard (1999), ainsi que De Vog,Paillard (1997).

    7. On voit ici quune partie de la polysmie de tirerest lie la ralisationlexicale par un N de tel ou tel lment de la FS en relation avec une place dargument.Le N a le statut de complment du V.

    8. Pour une discussion dtaille, cf. De Vog (1991).9. Un schma de lexis largi permet dintroduire dautres arguments comme

    le bnficiaire ou encore linstrument , absents de la forme schmatique duverbe. Toutefois, on notera que dans certains cas, ces arguments correspondent des lments de la forme schmatique (cf. des verbes commefrapperpour ce quiest de lagent, donnerpour le bnficiaire, ratisserpour linstrument).

    10. est un oprateur de mise en relation du V avec Prp : il correspond lopration de reprage dfinie par A. Culioli. Lopration de reprage est uneopration de dtermination dun terme (le repr) par sa mise en relation avec un

    terme repre. Dans le cadre de la combinatoire V - Prp, cela signifie que le schmaXRYest source de dterminations pour le verbe tel quil est donn par sa FS et leschma de lexis.

    11. propos de sur, cf.notre article Paillard (2000). Cette caractrisation desura t labore dans le cadre du sminaire consacr aux prpositions que nousorganisons avec J.J. Franckel lUniversit Paris 7 depuis plusieurs annes.

    12. Les termes utiliss pour dsigner ces trois cas correspondent en fait troisstatuts de la notion de frontire.

    13.Dans le Trsor de la langue franaise, tirer surdans cet emploi est dfinicomme cherche atteindre (avec un projectile).

    14. Une analyse plus fine permettrait de mettre en vidence des diffrenceslies aux proprits spcifiques de tel ou tel N (ou classe de N).

    15. Une recherche dans Frantext sur diffrentes couleurs donne massivementtirer sur. Nous navons trouv que deux exemples o tirerest combin vers: unevoiture dun jaune tirant vers locre(H. Biancotti)., le ciel (...) tirait plus vers lorque vers largent(A. Daudet). En mme temps, lexistence de rares exemples avecla prposition versne nous parat pas un argument suffisant pour ne pas rattacherces exemples au cas interface . On notera aussi que dans des exemples analogueso il ne sagit pas de couleurs, seul surest attest : cf.Il tirait sur la cinquantaine,

    Le soir tirait sur le tard.Par contre, il y a l une incitation prciser les critrespermettant de distinguer les diffrents cas que constituent contact , interface et accs .

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    16. Tirerici est trs proche de traner. En mme temps, traner la diffrencede tirernest pas tlonomique : cf. le corps de la victime a t tran sur plusieursmtreso il est difficile davoir tirer.

    17. Le fait quavec dautres verbes cette relation argent compte soit

    galement ralise par surpeut tre un argument supplmentaire : cf. verser delargent sur son compte, avoir de largent sur son compte.18. Cet exemple (parmi beaucoup dautres) tend montrer quil existe des

    relations entre les cas o la relation entre Xet Yrepose uniquement sur la prposition(pour suril sagit du cas interface ) et les constructions dites idiomatiques desverbes mettant en jeu un Cprp.

    19. Faute de place, nous ne discuterons pas des exemples du type : il a tir letract sur une vieille offset.

    20. Les proprits des N sont au cur de la distinction contact , interface et accs .

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