ovtr (on va tout rendre)
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Microsoft Word - OS_OVTR.docx©Danielle Voirin
CRĂATION 2020 CrĂ©ation les 5 et 6 novembre 2020 au TANDEM â ScĂšne nationale de Douai - Arras Conception / rĂ©cit GaĂ«lle Bourges Avec des extraits de lettres de Lord Elgin, Giovani Batistta Luisieri, le rĂ©vĂ©rend Philip Hunt, Mary Elgin, François-RenĂ© de Chateaubriand + extraits de discours de Melina Mercouri, etc. Avec GaĂ«lle Bourges, AgnĂšs Butet, Gaspard DelanoĂ«, Camille Gerbeau, Pauline Tremblay, Alice Roland, Marco Villari & StĂ©phane Monteiro alias XtroniK (musique live) LumiĂšre Alice Dussart Musique The Beatles, Kate Bush, The Sex Pistols, The Clash, The Cure, Marika Papagika + Xtronik Coiffes des cariatides, moulages Anne Dessertine RĂ©gie son, rĂ©gie gĂ©nĂ©rale StĂ©phane Monteiro RĂ©gie lumiĂšre Alice Dussart ou Ludovic RiviĂšre Production association Os Coproduction (en cours) Coproducteurs confirmĂ©s :
âą Dispositif « la Danse en grande forme » (CNDC dâAngers, Malandain Ballet Biarritz, la Manufacture - CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux La Rochelle, le CCN de Caen en Normandie, LâĂ©changeur - CDCN Hauts-de-France, le CCN de Nantes, le CCN dâOrlĂ©ans,
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lâAtelier de Paris / CDCN, le CCN de Rennes et de Bretagne, Le Gymnase | CDCN Roubaix, POLE-SUD CDCN / Strasbourg, et La Place de La Danse â CDCN Toulouse â Occitanie) âą ThĂ©Ăątre de la Ville â Paris âą TANDEM, ScĂšne nationale de Douai-Arras âą LâĂ©changeur, CDCN Hauts-de-France âą La Maison de la Culture dâAmiens âą Le Trident, ScĂšne nationale de Cherbourg-en-Cotentin âą LâOnde, ThĂ©Ăątre-Centre dâart
Avec le soutien du CN D â Centre national de la Danse, accueil en rĂ©sidence.
association Os 9 rue de la Pierre Levée, 75011 Paris
www.gaellebourges.com
Administration Camille Balaudé [email protected] +33 (0)6 11 97 82 68 Production - diffusion Eloïse Bodin [email protected] +33 (0)6 46 58 94 54 Actions connexes Bertrand Brie [email protected] +33 (0)6 85 96 35 15
Lâassociation Os est soutenue par la DRAC Ăle-de-France â MinistĂšre de la Culture
et de la Communication, au titre de lâaide au conventionnement ; et par la rĂ©gion Ăle-de-France, au titre de lâaide Ă la permanence artistique et culturelle.
Gaëlle Bourges est artiste associée au Théùtre de la Ville de Paris depuis 2018 ;
artiste associĂ©e Ă LâĂ©changeur - CDCN Hauts-de-France de 2019 Ă 2021 ; et artiste compagnon Ă la Maison de la Culture dâAmiens depuis 2019.
CALENDRIER RĂSIDENCES Deux semaines en novembre 2019 Ă LâĂ©changeur â CDCN Hauts de France, ChĂąteau-Thierry Une semaine en janvier 2020 Ă LâOnde ThĂ©Ăątre Centre dâart, VĂ©lizy Deux semaines en fĂ©vrier 2020 au CN D Centre national de la Danse, Pantin Deux semaines en juin 2020 Ă LâĂ©changeur â CDCN Hauts de France, ChĂąteau-Thierry Une semaine en septembre 2020 Ă LâĂ©changeur â CDCN Hauts de France, ChĂąteau-Thierry Trois semaines en octobre et novembre 2020 au TANDEM scĂšne nationale Douai-Arras TOURNĂE Les 5 et 6 novembre 2020 crĂ©ation TANDEM, ScĂšne nationale Douai-Arras Le 10 novembre 2020 Festival Immersion, LâOndeThĂ©Ăątre Centre dâart, VĂ©lizy-Villacoublay La semaine du 14 dĂ©cembre 2020 LâAtelier de Paris CDCN (Ă confirmer) Le 25 janvier 2021 Festival Regards dansants, Le Trident, scĂšne nationale de Cherbourg-en-Cotentin Les 29 et 30 janvier 2021 Festival ICI&LĂ, La Place de la Danse CDCN, au ThĂ©Ăątre Garonne Le 2 fĂ©vrier 2021 Festival ICI&LĂ, La Place de la Danse CDCN, Ă LâEstive, ScĂšne nationale de Foix Le 11 ou 12 fĂ©vrier 2021 Festival Waterprooof, CCN de Rennes, au Triangle (Ă confirmer) Du 16 au 19 fĂ©vrier 2021 ThĂ©Ăątre de la Ville â Les Abbesses, Paris Le 11 ou le 12 mars 2021 La Manufacture â CDCN, Bordeaux Le 17 mars 2021 Festival Le Grand Bain, Le Gymnase CDCN, au Vivat ArmentiĂšres, avec lâOpĂ©ra de Lille Le 19 mars 2021 Maison de la Culture dâAmiens La semaine du 12 avril 2021 Le Pavillon Noir, CCN dâAix-en-Provence (Ă confirmer) Le 8 juin 2021 CNDC dâAngers Septembre-Octobre 2021 Festival Câest comme ça !, LâĂ©changeur CDCN, ChĂąteau-Thierry
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Illustration 1 Les cariatides ©Danielle Voirin
Les six cariatides (des statues de jeunes femmes, ou korĂ©s) visibles sur le site de lâAcropole Ă AthĂšnes sont des copies (illustration 1), mais elles font le job demandĂ© : soutenir lâentablement du temple dâĂrechthĂ©ion, toujours debout depuis la fin du 5e siĂšcle avant notre Ăšre. Depuis 2009, et malgrĂ© la crise qui sĂ©vit en GrĂšce, on peut voir de prĂšs les vraies cariatides au nouveau MusĂ©e de lâAcropole, construit en contre-bas du fameux rocher â ou plus exactement cinq des six cariatides. Une place vide a Ă©tĂ© laissĂ©e pour la numĂ©ro 3, dans lâattente de son Ă©ventuelle restitution par le British Museum, qui la possĂšde dans ses collections depuis que lâaristocrate Ă©cossais Thomas Bruce, 7Ăšme lord dâElgin (illustration 2), nommĂ© ambassadeur britannique Ă Constantinople en 1799, la fit scier puis envoyer Ă Londres au dĂ©but du 19e siĂšcle, avec 60% de la frise du ParthĂ©non. Il vendit une grande partie de son trĂ©sor au gouvernement britannique, qui le donna au British Museum en 1816, oĂč il est toujours exposĂ©.
Illustration 2
Thomas Bruce, 7Ăšme comte dâElgin, par Anton Graff (1788)
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Lord Elgin nâest pas seul dans lâopĂ©ration de pillage, il emploie toute une cohorte de dĂ©lĂ©guĂ©s, dont deux chefs des opĂ©rations de dĂ©membrement : un peintre paysagiste italien, qui lui sera fidĂšle pendant plus de vingt ans - Giovani Batistta Lusieri, appelĂ© familiĂšrement « don Tita », qui va profiter de sa mission pour se constituer lui aussi une trĂšs belle collection dâobjets volĂ©s ; et son aumĂŽnier, le rĂ©vĂ©rend Philip Hunt - son nom est tout Ă fait adaptĂ© Ă la situation : « hunt », la chasse, et plus particuliĂšrement la chasse aux antiquitĂ©s. Des centaines dâouvriers sont engagĂ©s et pendant des annĂ©es lâAcropole ne sera guĂšre que le chantier dâexploitation de Lord Elgin, sa carriĂšre dâantiques - il veut dĂ©corer sa maison de campagne en Ecosse. On Ă©tudie comment dĂ©gager les cariatides du temple dâĂrechthĂ©e et Hunt propose mĂȘme lâenvoi dâun grand bĂątiment de guerre pour charger la tribune entiĂšre, « qui dans tous ses dĂ©tails est dâune exquise beautĂ© et dĂ©licatesse », note Lusieri. Câest le manque de transports seul qui va rĂ©duire ces ambitions. On ne retirera que la cariatide numĂ©ro 3, la remplaçant par une banale colonne (illustration 3).
Illustration 3
L'ĂrechthĂ©ion sur l'Acropole d'AthĂšnes, amputĂ© dâune cariatide Le ParthĂ©non est couvert dâĂ©chaudages et dâĂ©chelles ; on descelle, on scie, on force - on casse. Les meilleures mĂ©topes y passent les unes aprĂšs les autres. On dĂ©coupe une longue suite de la frise des PanathĂ©nĂ©es, reprĂ©sentant les immenses processions faites de danses et de chants qui avaient lieu tous les quatre ans sur lâAcropole, avec comme point final des offrandes devant le temple dâĂrechthĂ©e, justement. Mais pas de jalousie entre EuropĂ©ens : Lord Elgin ne veut que reprendre en grand ce quâont Ă©bauchĂ© deux ambassadeurs français le prĂ©cĂ©dant Ă Constantinople, Nointel (sous Louis XIV) puis Choiseul- Gouffier (sous Louis XVI) - câest ce dernier, sous la houlette du peintre Fauvel, qui lance la technique du sciage : rĂ©union dâune large Ă©quipe de dessinateurs, de peintres, dâarchitectes, de mouleurs qui apporterait dâĂgĂ©e une moisson de renseignements, de tĂ©moignages, dâĂ©chantillons dignes de faire honneur Ă la science â non plus française, mais anglaise, cette fois. Bref, une mission ayant quelque trait commun avec celle que Bonaparte a organisĂ©e pour lâĂgypte. En 1764, Johann Joachim Winckelmann publie son Histoire de lâart dans lâAntiquitĂ©, vite traduit en français, italien et anglais, comme ses RĂ©flexions sur lâimitation des Ćuvres grecques plus tĂŽt. Ces livres opĂšrent une rĂ©volution dans lâhistoire de lâart et dans le milieu intellectuel europĂ©en de la fin du 18e siĂšcle : ils constituent l'AntiquitĂ© en paradigme de lâart, et recommandent aux artistes de chercher le bon goĂ»t « directement aux sources ». Mais Winckelmann donne aussi une valeur politique Ă ses classifications esthĂ©tiques : il n'hĂ©site pas Ă Ă©tablir un lien de causalitĂ© entre libertĂ© politique et perfection artistique, et par lĂ considĂšre que la qualitĂ© des Ćuvres produites en GrĂšce Ă lâĂ©poque classique peut ĂȘtre liĂ©e au rĂ©gime qui s'y Ă©panouit alors : la dĂ©mocratie. Ce raisonnement a d'importantes consĂ©quences sur la politisation des cercles nĂ©oclassiques en Europe ; et peut-ĂȘtre aussi sur le prĂ©lĂšvement gĂ©nĂ©ralisĂ© de pierres anciennes par les collectionneurs privĂ©s sur les sites archĂ©ologiques.
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La matĂ©rialisation de lâidĂ©al grec en Occident sâopĂšre en tout cas Ă travers un grand nombre dâĆuvres acquises ou volĂ©es au cours de conflits de type colonial, et principalement Ă travers les marbres du ParthĂ©non conservĂ©s Ă Londres. Le site archĂ©ologique de lâAcropole fonctionne dĂšs le 18e siĂšcle comme le symbole dâun idĂ©al politico- esthĂ©tique - quâil ait Ă©tĂ© un lieu de culte antique et non pas le thĂ©Ăątre spĂ©cifique des institutions dĂ©mocratiques athĂ©niennes ne change rien Ă cette force symbolique ; et que la dĂ©mocratie ne soit quâune trĂšs lointaine prĂ©figuration de la dĂ©mocratie contemporaine nâa que de peu dâeffet sur le postulat rĂ©pĂ©tĂ© Ă lâenvi par les chefs dâĂ©tat jusquâĂ aujourdâhui : le 21 juin 1985, François Mitterrand choisit de lancer la fĂȘte europĂ©enne de la musique depuis lâAcropole, au milieu des ruines, en Ă©voquant le rocher comme le « sommet de notre civilisation ». En septembre 2017, Emmanuel Macron prononce un discours depuis la Pnyx, siĂšge de lâassemblĂ©e des citoyens athĂ©niens de lâAntiquitĂ©, avec lâAcropole illuminĂ© en arriĂšre-plan. Il dit : « Voyez lâendroit oĂč nous sommes : apercevez encore dans la nuit qui arrive la colline derriĂšre moi, lâAcropole. Qui que vous soyez, quel que soit votre Ăąge, votre nationalitĂ©, votre origine, dĂźtes-moi, citoyens europĂ©ens, si le miracle de cette colline, ces colonnes du ParthĂ©non, cette silhouette de lâĂrechthĂ©ion et de ses cariatides nâĂ©veille pas en vous le sentiment que quelque chose est nĂ© lĂ , qui vous concerne, qui vous appartient, qui vous parle ! ». Câest le prĂ©sident Macron qui commande au mĂȘme moment un « Rapport sur la restitution du patrimoine africain » confiĂ© Ă BĂ©nĂ©dicte Savoy, historienne de lâart, et Ă Felwine Sarr, Ă©crivain et professeur dâĂ©conomie, remis le 23 novembre 2018. Le rapport prĂ©conise dâorganiser la restitution du patrimoine culturel africain qui a Ă©tĂ© spoliĂ© pendant la colonisation, notamment en modifiant le code du patrimoine français : en effet, lâinaliĂ©nabilitĂ© et lâimprescriptibilitĂ© des collections nationales bloquent quelque peu les dĂ©marches jusquâĂ prĂ©sent⊠Lâintention du rapport est claire : « Restituer des Ćuvres dâart pour changer le rapport Ă lâautre ».
Ă quand un rapport sur la restitution dâĆuvres pillĂ©es en Europe par des EuropĂ©ens ? Ă quand un changement dans le rapport Ă lâautre ?
En attendant, OVTR permettra de visiter lâAcropole et le British Museum sans bouger de son fauteuil de spectateur : on pourra admirer les six cariatides soutenant le toit du temple dâĂrechthĂ©ion Ă AthĂšnes ; assister au dĂ©mantĂšlement de la troisiĂšme et suivre son voyage jusquâĂ Londres ; la voir au British Museum oĂč elle est toujours exposĂ©e aujourdâhui, plantĂ©e dans une petite salle difficile Ă trouver ; entendre Lord Elgin, don Tita, le rĂ©vĂ©rend Hunt et toute une sĂ©rie de personnages liĂ©s de loin ou de prĂšs au pillage de lâAcropole et Ă la GrĂšce classique, de Winckelmann Ă ChĂąteaubriand, dâIsadora Duncan Ă Melina Mercouri, somptueuse ministre de la culture grecque dans les annĂ©es 80.
Et on pourra mesurer combien lâidĂ©e du beau en Occident est encore collĂ© Ă celui de lâidĂ©al antique, ce qui nâest pas sans poser un premier problĂšme. Un deuxiĂšme problĂšme est le « sentiment » que quelque chose de lâEurope est nĂ© en GrĂšce : on oublie en effet que cette rĂ©gion du monde a Ă©tĂ© largement orientale avant de se rallier durablement à « lâOccident », au dĂ©but du 19e siĂšcle.
Le rebĂ©tiko dansĂ© par les performers dans le spectacle - sur « Smyrneiko Minore » de Marika Papagika, 1919 - constitue un hommage Ă cet oubli : pour le public occidental, le rebĂ©tiko est prĂ©sentĂ© comme une forme europĂ©enne de vieux blues : ce nâest pas faux. Mais câest surtout, dans son instrumentation et ses mĂ©lodies, une musique hautement influencĂ©e par le Moyen-Orient, par lâhĂ©ritage de lâEmpire ottoman - qui a dominĂ© une large partie de « la GrĂšce » dĂšs le 14e siĂšcle et jusque dans les annĂ©es 1830. Les dĂ©couvertes archĂ©ologiques faites par les puissances coloniales ont en tout cas constituĂ© un soft power essentiel pour asseoir leur rayonnement culturel, ce qui explique Ă©videmment leur difficultĂ© Ă rendre ce quâelles ont prĂ©levĂ© sans autorisation. Ce soft power est toujours au cĆur de leurs stratĂ©gies aujourdâhui : en prĂ©vision du tarissement rapide des Ă©nergies fossiles, lâOccident investit
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dans les sites anciens de leurs (futur ex-) fournisseurs. Peut-ĂȘtre que la musique britannique nâaurait pas tant Ă©crasĂ© le rebĂ©tiko si Lord Elgin sâĂ©tait contentĂ© dâĂȘtre un simple ambassadeur pour la Grande Bretagne. OVTR prĂ©sentera donc, en plus dâun rebĂ©tiko, un Ă©chantillon variĂ© de chansons anglaises des annĂ©es 70 et 80, afin dâĂ©tayer agrĂ©ablement son exposĂ©. Pour finir, OVTR soumettra un plan de restitution â au British Museum, afin quâil rende la cariatide « prĂ©levĂ©e » par Lord Elgin ; et Ă tous les musĂ©es et autres lieux oĂč les restes grecs sont Ă©parpillĂ©s. Pourquoi ne pas envisager le retour du bout de rocher de lâAcropole qui est sur lâObĂ©lisque Ă Washington, aux Etats-Unis ? Soyons fous : et si on rendait tout ?
BIOGRAPHIES Le travail de GaĂ«lle Bourges tĂ©moigne dâune inclination prononcĂ©e pour les rĂ©fĂ©rences Ă lâhistoire de lâart, et dâun rapport critique Ă lâhistoire des reprĂ©sentations : elle signe, entre autres, le triptyque Vider VĂ©nus (une digression sur les nus fĂ©minins dans la peinture occidentale) ; A mon seul dĂ©sir (sur la figure de la virginitĂ© dans la tapisserie de « La Dame Ă la licorne ») ; Lascaux, puis Revoir Lascaux (sa version tous publics) sur la dĂ©couverte de la grotte Ă©ponyme ; Conjurer la peur, dâaprĂšs la fresque du « bon et du mauvais gouvernement », peinte par Ambrogio Lorenzetti dans le palais public de Sienne ; Le bain, piĂšce tous publics Ă partir de deux scĂšnes de bain beaucoup traitĂ©es dans la peinture (Suzanne et Diane au bain) ; et rĂ©cemment Ce que tu vois, dâaprĂšs la tenture de lâApocalypse dâAngers. Elle est par ailleurs diplĂŽmĂ©e de lâuniversitĂ© Paris 8 â mention danse ; en « Ăducation somatique par le mouvement » - Ăcole de Body-Mind Centering ; et intervient sur des questions thĂ©oriques en danse de façon ponctuelle. AgnĂšs Butet est performeuse, chorĂ©graphe, pĂ©dagogue, avec un goĂ»t affirmĂ© pour lâinvention et lâĂ©tude du mouvement. Elle produit des performances qui mettent en jeu des expĂ©riences perceptives et interrogent les stĂ©rĂ©otypes, les systĂšmes dâassignations sociales, les habitus posturaux. Elle collabore souvent avec dâautres artistes (plasticiens, performers, musiciens) et spĂ©cifiquement avec GaĂ«lle Bourges pour A mon seul dĂ©sir, 59, Conjurer la peur et Ce que tu vois. Ăgalement engagĂ©e dans la transmission, elle mĂšne rĂ©guliĂšrement des actions pĂ©dagogiques et culturelles auprĂšs de publics variĂ©s. Elle est notamment diplĂŽmĂ©e en « Arts du spectacle â mention danse » (Paris 8, 2001), titulaire du DiplĂŽme dâĂtat dâenseignement de la danse contemporaine (RIDC, 1994) et du DiplĂŽme Universitaire « Techniques du corps et monde du soin » (Paris 8, 2012). Gaspard DelanoĂ«, performeur nĂ© en 1968, est le fondateur de plusieurs collectifs dâartistes Ă©voluant dans le domaine des arts plastiques : MusĂ©e Igor Balut (1994), KGB (1999), Chez Robert, Ă©lectrons libres (2000), le Jardin Denfert (2019). Il est lâauteur, avec GaĂ«lle Bourges, de la performance I Have a Dream, et co-auteur de Je baise les yeux ; il performe Ă©galement dans Le verrou (figure de fantaisie attribuĂ©e Ă tort Ă Fragonard), de GaĂ«lle Bourges. Avec Yalda Younes, il crĂ©e Je suis Venue (festival d'Avignon 2012) et LĂ , Callas (Montpellier Danse 2013). Avec le metteur en scĂšne BenoĂźt Bradel, il initie le projet Je Te Souviens, lecture de textes de Perec, Brainard et PagĂšs, dont la crĂ©ation a eu lieu en avril 2015. En 2009, il publie Le Secret de l'urinoir de Marcel Duchamp rĂ©vĂ©lĂ© au monde, aux Ă©ditions Julien Martial. Son premier rĂ©cit, Autoportrait (remake), publiĂ© en janvier 2017 aux Ă©ditions Plein Jour, a Ă©tĂ© saluĂ© par la critique (Le Monde, Transfuge, France Culture). AprĂšs un bachelor en installation-performance Ă lâERG, Bruxelles (2004-2007) et une formation de « rĂ©gisseur du spectacle » Ă lâEFPME, Bruxelles (2007-2010), Alice Dussart travaille en tant quâĂ©clairagiste et rĂ©gisseuse lumiĂšre pour des compagnies de danse, de thĂ©Ăątre et de cirque (lâAmicale de production, Albafluor, BONNE AMBIANCE, la Ruse, lâAnthracite, Martin Palisse â le Sirque, Delgado Fuchs) et en tant que rĂ©gisseuse gĂ©nĂ©rale pour des festivals (le Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, « Câest comme ça ! » Ă ChĂąteau ThierryâŠ). Elle est Ă©galement lâune des interprĂštes (en alternance) de Revoir Lascaux, et signe la crĂ©ation lumiĂšre dâOVTR (ON VA TOUT RENDRE). Elle aime
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CRĂATION 2020 CrĂ©ation les 5 et 6 novembre 2020 au TANDEM â ScĂšne nationale de Douai - Arras Conception / rĂ©cit GaĂ«lle Bourges Avec des extraits de lettres de Lord Elgin, Giovani Batistta Luisieri, le rĂ©vĂ©rend Philip Hunt, Mary Elgin, François-RenĂ© de Chateaubriand + extraits de discours de Melina Mercouri, etc. Avec GaĂ«lle Bourges, AgnĂšs Butet, Gaspard DelanoĂ«, Camille Gerbeau, Pauline Tremblay, Alice Roland, Marco Villari & StĂ©phane Monteiro alias XtroniK (musique live) LumiĂšre Alice Dussart Musique The Beatles, Kate Bush, The Sex Pistols, The Clash, The Cure, Marika Papagika + Xtronik Coiffes des cariatides, moulages Anne Dessertine RĂ©gie son, rĂ©gie gĂ©nĂ©rale StĂ©phane Monteiro RĂ©gie lumiĂšre Alice Dussart ou Ludovic RiviĂšre Production association Os Coproduction (en cours) Coproducteurs confirmĂ©s :
âą Dispositif « la Danse en grande forme » (CNDC dâAngers, Malandain Ballet Biarritz, la Manufacture - CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux La Rochelle, le CCN de Caen en Normandie, LâĂ©changeur - CDCN Hauts-de-France, le CCN de Nantes, le CCN dâOrlĂ©ans,
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lâAtelier de Paris / CDCN, le CCN de Rennes et de Bretagne, Le Gymnase | CDCN Roubaix, POLE-SUD CDCN / Strasbourg, et La Place de La Danse â CDCN Toulouse â Occitanie) âą ThĂ©Ăątre de la Ville â Paris âą TANDEM, ScĂšne nationale de Douai-Arras âą LâĂ©changeur, CDCN Hauts-de-France âą La Maison de la Culture dâAmiens âą Le Trident, ScĂšne nationale de Cherbourg-en-Cotentin âą LâOnde, ThĂ©Ăątre-Centre dâart
Avec le soutien du CN D â Centre national de la Danse, accueil en rĂ©sidence.
association Os 9 rue de la Pierre Levée, 75011 Paris
www.gaellebourges.com
Administration Camille Balaudé [email protected] +33 (0)6 11 97 82 68 Production - diffusion Eloïse Bodin [email protected] +33 (0)6 46 58 94 54 Actions connexes Bertrand Brie [email protected] +33 (0)6 85 96 35 15
Lâassociation Os est soutenue par la DRAC Ăle-de-France â MinistĂšre de la Culture
et de la Communication, au titre de lâaide au conventionnement ; et par la rĂ©gion Ăle-de-France, au titre de lâaide Ă la permanence artistique et culturelle.
Gaëlle Bourges est artiste associée au Théùtre de la Ville de Paris depuis 2018 ;
artiste associĂ©e Ă LâĂ©changeur - CDCN Hauts-de-France de 2019 Ă 2021 ; et artiste compagnon Ă la Maison de la Culture dâAmiens depuis 2019.
CALENDRIER RĂSIDENCES Deux semaines en novembre 2019 Ă LâĂ©changeur â CDCN Hauts de France, ChĂąteau-Thierry Une semaine en janvier 2020 Ă LâOnde ThĂ©Ăątre Centre dâart, VĂ©lizy Deux semaines en fĂ©vrier 2020 au CN D Centre national de la Danse, Pantin Deux semaines en juin 2020 Ă LâĂ©changeur â CDCN Hauts de France, ChĂąteau-Thierry Une semaine en septembre 2020 Ă LâĂ©changeur â CDCN Hauts de France, ChĂąteau-Thierry Trois semaines en octobre et novembre 2020 au TANDEM scĂšne nationale Douai-Arras TOURNĂE Les 5 et 6 novembre 2020 crĂ©ation TANDEM, ScĂšne nationale Douai-Arras Le 10 novembre 2020 Festival Immersion, LâOndeThĂ©Ăątre Centre dâart, VĂ©lizy-Villacoublay La semaine du 14 dĂ©cembre 2020 LâAtelier de Paris CDCN (Ă confirmer) Le 25 janvier 2021 Festival Regards dansants, Le Trident, scĂšne nationale de Cherbourg-en-Cotentin Les 29 et 30 janvier 2021 Festival ICI&LĂ, La Place de la Danse CDCN, au ThĂ©Ăątre Garonne Le 2 fĂ©vrier 2021 Festival ICI&LĂ, La Place de la Danse CDCN, Ă LâEstive, ScĂšne nationale de Foix Le 11 ou 12 fĂ©vrier 2021 Festival Waterprooof, CCN de Rennes, au Triangle (Ă confirmer) Du 16 au 19 fĂ©vrier 2021 ThĂ©Ăątre de la Ville â Les Abbesses, Paris Le 11 ou le 12 mars 2021 La Manufacture â CDCN, Bordeaux Le 17 mars 2021 Festival Le Grand Bain, Le Gymnase CDCN, au Vivat ArmentiĂšres, avec lâOpĂ©ra de Lille Le 19 mars 2021 Maison de la Culture dâAmiens La semaine du 12 avril 2021 Le Pavillon Noir, CCN dâAix-en-Provence (Ă confirmer) Le 8 juin 2021 CNDC dâAngers Septembre-Octobre 2021 Festival Câest comme ça !, LâĂ©changeur CDCN, ChĂąteau-Thierry
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Illustration 1 Les cariatides ©Danielle Voirin
Les six cariatides (des statues de jeunes femmes, ou korĂ©s) visibles sur le site de lâAcropole Ă AthĂšnes sont des copies (illustration 1), mais elles font le job demandĂ© : soutenir lâentablement du temple dâĂrechthĂ©ion, toujours debout depuis la fin du 5e siĂšcle avant notre Ăšre. Depuis 2009, et malgrĂ© la crise qui sĂ©vit en GrĂšce, on peut voir de prĂšs les vraies cariatides au nouveau MusĂ©e de lâAcropole, construit en contre-bas du fameux rocher â ou plus exactement cinq des six cariatides. Une place vide a Ă©tĂ© laissĂ©e pour la numĂ©ro 3, dans lâattente de son Ă©ventuelle restitution par le British Museum, qui la possĂšde dans ses collections depuis que lâaristocrate Ă©cossais Thomas Bruce, 7Ăšme lord dâElgin (illustration 2), nommĂ© ambassadeur britannique Ă Constantinople en 1799, la fit scier puis envoyer Ă Londres au dĂ©but du 19e siĂšcle, avec 60% de la frise du ParthĂ©non. Il vendit une grande partie de son trĂ©sor au gouvernement britannique, qui le donna au British Museum en 1816, oĂč il est toujours exposĂ©.
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Thomas Bruce, 7Ăšme comte dâElgin, par Anton Graff (1788)
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Lord Elgin nâest pas seul dans lâopĂ©ration de pillage, il emploie toute une cohorte de dĂ©lĂ©guĂ©s, dont deux chefs des opĂ©rations de dĂ©membrement : un peintre paysagiste italien, qui lui sera fidĂšle pendant plus de vingt ans - Giovani Batistta Lusieri, appelĂ© familiĂšrement « don Tita », qui va profiter de sa mission pour se constituer lui aussi une trĂšs belle collection dâobjets volĂ©s ; et son aumĂŽnier, le rĂ©vĂ©rend Philip Hunt - son nom est tout Ă fait adaptĂ© Ă la situation : « hunt », la chasse, et plus particuliĂšrement la chasse aux antiquitĂ©s. Des centaines dâouvriers sont engagĂ©s et pendant des annĂ©es lâAcropole ne sera guĂšre que le chantier dâexploitation de Lord Elgin, sa carriĂšre dâantiques - il veut dĂ©corer sa maison de campagne en Ecosse. On Ă©tudie comment dĂ©gager les cariatides du temple dâĂrechthĂ©e et Hunt propose mĂȘme lâenvoi dâun grand bĂątiment de guerre pour charger la tribune entiĂšre, « qui dans tous ses dĂ©tails est dâune exquise beautĂ© et dĂ©licatesse », note Lusieri. Câest le manque de transports seul qui va rĂ©duire ces ambitions. On ne retirera que la cariatide numĂ©ro 3, la remplaçant par une banale colonne (illustration 3).
Illustration 3
L'ĂrechthĂ©ion sur l'Acropole d'AthĂšnes, amputĂ© dâune cariatide Le ParthĂ©non est couvert dâĂ©chaudages et dâĂ©chelles ; on descelle, on scie, on force - on casse. Les meilleures mĂ©topes y passent les unes aprĂšs les autres. On dĂ©coupe une longue suite de la frise des PanathĂ©nĂ©es, reprĂ©sentant les immenses processions faites de danses et de chants qui avaient lieu tous les quatre ans sur lâAcropole, avec comme point final des offrandes devant le temple dâĂrechthĂ©e, justement. Mais pas de jalousie entre EuropĂ©ens : Lord Elgin ne veut que reprendre en grand ce quâont Ă©bauchĂ© deux ambassadeurs français le prĂ©cĂ©dant Ă Constantinople, Nointel (sous Louis XIV) puis Choiseul- Gouffier (sous Louis XVI) - câest ce dernier, sous la houlette du peintre Fauvel, qui lance la technique du sciage : rĂ©union dâune large Ă©quipe de dessinateurs, de peintres, dâarchitectes, de mouleurs qui apporterait dâĂgĂ©e une moisson de renseignements, de tĂ©moignages, dâĂ©chantillons dignes de faire honneur Ă la science â non plus française, mais anglaise, cette fois. Bref, une mission ayant quelque trait commun avec celle que Bonaparte a organisĂ©e pour lâĂgypte. En 1764, Johann Joachim Winckelmann publie son Histoire de lâart dans lâAntiquitĂ©, vite traduit en français, italien et anglais, comme ses RĂ©flexions sur lâimitation des Ćuvres grecques plus tĂŽt. Ces livres opĂšrent une rĂ©volution dans lâhistoire de lâart et dans le milieu intellectuel europĂ©en de la fin du 18e siĂšcle : ils constituent l'AntiquitĂ© en paradigme de lâart, et recommandent aux artistes de chercher le bon goĂ»t « directement aux sources ». Mais Winckelmann donne aussi une valeur politique Ă ses classifications esthĂ©tiques : il n'hĂ©site pas Ă Ă©tablir un lien de causalitĂ© entre libertĂ© politique et perfection artistique, et par lĂ considĂšre que la qualitĂ© des Ćuvres produites en GrĂšce Ă lâĂ©poque classique peut ĂȘtre liĂ©e au rĂ©gime qui s'y Ă©panouit alors : la dĂ©mocratie. Ce raisonnement a d'importantes consĂ©quences sur la politisation des cercles nĂ©oclassiques en Europe ; et peut-ĂȘtre aussi sur le prĂ©lĂšvement gĂ©nĂ©ralisĂ© de pierres anciennes par les collectionneurs privĂ©s sur les sites archĂ©ologiques.
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La matĂ©rialisation de lâidĂ©al grec en Occident sâopĂšre en tout cas Ă travers un grand nombre dâĆuvres acquises ou volĂ©es au cours de conflits de type colonial, et principalement Ă travers les marbres du ParthĂ©non conservĂ©s Ă Londres. Le site archĂ©ologique de lâAcropole fonctionne dĂšs le 18e siĂšcle comme le symbole dâun idĂ©al politico- esthĂ©tique - quâil ait Ă©tĂ© un lieu de culte antique et non pas le thĂ©Ăątre spĂ©cifique des institutions dĂ©mocratiques athĂ©niennes ne change rien Ă cette force symbolique ; et que la dĂ©mocratie ne soit quâune trĂšs lointaine prĂ©figuration de la dĂ©mocratie contemporaine nâa que de peu dâeffet sur le postulat rĂ©pĂ©tĂ© Ă lâenvi par les chefs dâĂ©tat jusquâĂ aujourdâhui : le 21 juin 1985, François Mitterrand choisit de lancer la fĂȘte europĂ©enne de la musique depuis lâAcropole, au milieu des ruines, en Ă©voquant le rocher comme le « sommet de notre civilisation ». En septembre 2017, Emmanuel Macron prononce un discours depuis la Pnyx, siĂšge de lâassemblĂ©e des citoyens athĂ©niens de lâAntiquitĂ©, avec lâAcropole illuminĂ© en arriĂšre-plan. Il dit : « Voyez lâendroit oĂč nous sommes : apercevez encore dans la nuit qui arrive la colline derriĂšre moi, lâAcropole. Qui que vous soyez, quel que soit votre Ăąge, votre nationalitĂ©, votre origine, dĂźtes-moi, citoyens europĂ©ens, si le miracle de cette colline, ces colonnes du ParthĂ©non, cette silhouette de lâĂrechthĂ©ion et de ses cariatides nâĂ©veille pas en vous le sentiment que quelque chose est nĂ© lĂ , qui vous concerne, qui vous appartient, qui vous parle ! ». Câest le prĂ©sident Macron qui commande au mĂȘme moment un « Rapport sur la restitution du patrimoine africain » confiĂ© Ă BĂ©nĂ©dicte Savoy, historienne de lâart, et Ă Felwine Sarr, Ă©crivain et professeur dâĂ©conomie, remis le 23 novembre 2018. Le rapport prĂ©conise dâorganiser la restitution du patrimoine culturel africain qui a Ă©tĂ© spoliĂ© pendant la colonisation, notamment en modifiant le code du patrimoine français : en effet, lâinaliĂ©nabilitĂ© et lâimprescriptibilitĂ© des collections nationales bloquent quelque peu les dĂ©marches jusquâĂ prĂ©sent⊠Lâintention du rapport est claire : « Restituer des Ćuvres dâart pour changer le rapport Ă lâautre ».
Ă quand un rapport sur la restitution dâĆuvres pillĂ©es en Europe par des EuropĂ©ens ? Ă quand un changement dans le rapport Ă lâautre ?
En attendant, OVTR permettra de visiter lâAcropole et le British Museum sans bouger de son fauteuil de spectateur : on pourra admirer les six cariatides soutenant le toit du temple dâĂrechthĂ©ion Ă AthĂšnes ; assister au dĂ©mantĂšlement de la troisiĂšme et suivre son voyage jusquâĂ Londres ; la voir au British Museum oĂč elle est toujours exposĂ©e aujourdâhui, plantĂ©e dans une petite salle difficile Ă trouver ; entendre Lord Elgin, don Tita, le rĂ©vĂ©rend Hunt et toute une sĂ©rie de personnages liĂ©s de loin ou de prĂšs au pillage de lâAcropole et Ă la GrĂšce classique, de Winckelmann Ă ChĂąteaubriand, dâIsadora Duncan Ă Melina Mercouri, somptueuse ministre de la culture grecque dans les annĂ©es 80.
Et on pourra mesurer combien lâidĂ©e du beau en Occident est encore collĂ© Ă celui de lâidĂ©al antique, ce qui nâest pas sans poser un premier problĂšme. Un deuxiĂšme problĂšme est le « sentiment » que quelque chose de lâEurope est nĂ© en GrĂšce : on oublie en effet que cette rĂ©gion du monde a Ă©tĂ© largement orientale avant de se rallier durablement à « lâOccident », au dĂ©but du 19e siĂšcle.
Le rebĂ©tiko dansĂ© par les performers dans le spectacle - sur « Smyrneiko Minore » de Marika Papagika, 1919 - constitue un hommage Ă cet oubli : pour le public occidental, le rebĂ©tiko est prĂ©sentĂ© comme une forme europĂ©enne de vieux blues : ce nâest pas faux. Mais câest surtout, dans son instrumentation et ses mĂ©lodies, une musique hautement influencĂ©e par le Moyen-Orient, par lâhĂ©ritage de lâEmpire ottoman - qui a dominĂ© une large partie de « la GrĂšce » dĂšs le 14e siĂšcle et jusque dans les annĂ©es 1830. Les dĂ©couvertes archĂ©ologiques faites par les puissances coloniales ont en tout cas constituĂ© un soft power essentiel pour asseoir leur rayonnement culturel, ce qui explique Ă©videmment leur difficultĂ© Ă rendre ce quâelles ont prĂ©levĂ© sans autorisation. Ce soft power est toujours au cĆur de leurs stratĂ©gies aujourdâhui : en prĂ©vision du tarissement rapide des Ă©nergies fossiles, lâOccident investit
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dans les sites anciens de leurs (futur ex-) fournisseurs. Peut-ĂȘtre que la musique britannique nâaurait pas tant Ă©crasĂ© le rebĂ©tiko si Lord Elgin sâĂ©tait contentĂ© dâĂȘtre un simple ambassadeur pour la Grande Bretagne. OVTR prĂ©sentera donc, en plus dâun rebĂ©tiko, un Ă©chantillon variĂ© de chansons anglaises des annĂ©es 70 et 80, afin dâĂ©tayer agrĂ©ablement son exposĂ©. Pour finir, OVTR soumettra un plan de restitution â au British Museum, afin quâil rende la cariatide « prĂ©levĂ©e » par Lord Elgin ; et Ă tous les musĂ©es et autres lieux oĂč les restes grecs sont Ă©parpillĂ©s. Pourquoi ne pas envisager le retour du bout de rocher de lâAcropole qui est sur lâObĂ©lisque Ă Washington, aux Etats-Unis ? Soyons fous : et si on rendait tout ?
BIOGRAPHIES Le travail de GaĂ«lle Bourges tĂ©moigne dâune inclination prononcĂ©e pour les rĂ©fĂ©rences Ă lâhistoire de lâart, et dâun rapport critique Ă lâhistoire des reprĂ©sentations : elle signe, entre autres, le triptyque Vider VĂ©nus (une digression sur les nus fĂ©minins dans la peinture occidentale) ; A mon seul dĂ©sir (sur la figure de la virginitĂ© dans la tapisserie de « La Dame Ă la licorne ») ; Lascaux, puis Revoir Lascaux (sa version tous publics) sur la dĂ©couverte de la grotte Ă©ponyme ; Conjurer la peur, dâaprĂšs la fresque du « bon et du mauvais gouvernement », peinte par Ambrogio Lorenzetti dans le palais public de Sienne ; Le bain, piĂšce tous publics Ă partir de deux scĂšnes de bain beaucoup traitĂ©es dans la peinture (Suzanne et Diane au bain) ; et rĂ©cemment Ce que tu vois, dâaprĂšs la tenture de lâApocalypse dâAngers. Elle est par ailleurs diplĂŽmĂ©e de lâuniversitĂ© Paris 8 â mention danse ; en « Ăducation somatique par le mouvement » - Ăcole de Body-Mind Centering ; et intervient sur des questions thĂ©oriques en danse de façon ponctuelle. AgnĂšs Butet est performeuse, chorĂ©graphe, pĂ©dagogue, avec un goĂ»t affirmĂ© pour lâinvention et lâĂ©tude du mouvement. Elle produit des performances qui mettent en jeu des expĂ©riences perceptives et interrogent les stĂ©rĂ©otypes, les systĂšmes dâassignations sociales, les habitus posturaux. Elle collabore souvent avec dâautres artistes (plasticiens, performers, musiciens) et spĂ©cifiquement avec GaĂ«lle Bourges pour A mon seul dĂ©sir, 59, Conjurer la peur et Ce que tu vois. Ăgalement engagĂ©e dans la transmission, elle mĂšne rĂ©guliĂšrement des actions pĂ©dagogiques et culturelles auprĂšs de publics variĂ©s. Elle est notamment diplĂŽmĂ©e en « Arts du spectacle â mention danse » (Paris 8, 2001), titulaire du DiplĂŽme dâĂtat dâenseignement de la danse contemporaine (RIDC, 1994) et du DiplĂŽme Universitaire « Techniques du corps et monde du soin » (Paris 8, 2012). Gaspard DelanoĂ«, performeur nĂ© en 1968, est le fondateur de plusieurs collectifs dâartistes Ă©voluant dans le domaine des arts plastiques : MusĂ©e Igor Balut (1994), KGB (1999), Chez Robert, Ă©lectrons libres (2000), le Jardin Denfert (2019). Il est lâauteur, avec GaĂ«lle Bourges, de la performance I Have a Dream, et co-auteur de Je baise les yeux ; il performe Ă©galement dans Le verrou (figure de fantaisie attribuĂ©e Ă tort Ă Fragonard), de GaĂ«lle Bourges. Avec Yalda Younes, il crĂ©e Je suis Venue (festival d'Avignon 2012) et LĂ , Callas (Montpellier Danse 2013). Avec le metteur en scĂšne BenoĂźt Bradel, il initie le projet Je Te Souviens, lecture de textes de Perec, Brainard et PagĂšs, dont la crĂ©ation a eu lieu en avril 2015. En 2009, il publie Le Secret de l'urinoir de Marcel Duchamp rĂ©vĂ©lĂ© au monde, aux Ă©ditions Julien Martial. Son premier rĂ©cit, Autoportrait (remake), publiĂ© en janvier 2017 aux Ă©ditions Plein Jour, a Ă©tĂ© saluĂ© par la critique (Le Monde, Transfuge, France Culture). AprĂšs un bachelor en installation-performance Ă lâERG, Bruxelles (2004-2007) et une formation de « rĂ©gisseur du spectacle » Ă lâEFPME, Bruxelles (2007-2010), Alice Dussart travaille en tant quâĂ©clairagiste et rĂ©gisseuse lumiĂšre pour des compagnies de danse, de thĂ©Ăątre et de cirque (lâAmicale de production, Albafluor, BONNE AMBIANCE, la Ruse, lâAnthracite, Martin Palisse â le Sirque, Delgado Fuchs) et en tant que rĂ©gisseuse gĂ©nĂ©rale pour des festivals (le Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, « Câest comme ça ! » Ă ChĂąteau ThierryâŠ). Elle est Ă©galement lâune des interprĂštes (en alternance) de Revoir Lascaux, et signe la crĂ©ation lumiĂšre dâOVTR (ON VA TOUT RENDRE). Elle aime
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