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Numéro 136 | Août - septembre 2012 | 5 Euros PREMIER SUR LA NATATION Magazine www.ffnatation.fr Fantastic!

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Natation MagazineN°136 • Août - septembre 2012

Edité par la Fédération Françaisede Natation. TOUR ESSOR 93, 14 rue Scandicci, 93 508 PANTIN.Tél. : 01.41.83.87.70Fax : 01.41.83.87.69 www.ffnatation.fr

Numéro de commission paritaire0914 G 78176 – Dépôt légal à parution

Directeur de la publicationFrancis Luyce

Rédacteur en chefAdrien Cadot ([email protected])

Ont collaboré à ce numéroRaymonde Demarle, Pierre Lejeune, Celia DelgadoLuengo, Graham Mellor.

Service abonnementClémence Bègue,[email protected]él. : 01.41.83.87.70

Comité de rédactionLouis-Frédéric Doyez, David Rouger, Christian Donzé etla Direction Technique Nationale

PhotographiesAgence KMSP

Maquette et réalisationTeebird Communication

ImpressionTeebird, 156 chaussée Pierre Curie59200 TourcoingTél. : 03.20.94.40.62

Régie publicitaireHorizons Natation, TOUR ESSOR93, 14 rue Scandicci,93508 PANTINTél. : 01.41.83.87.52

Vente au numéro 5 euros

Publicités et petites annonces aujournal et tarifs sur demande à[email protected]

Poster des Jeux Olympiques deLondres inclus dans ce numéro.

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Magazine

Une épopée historique !

Édito13

6J e ne saurais dire à quel point je suis fier. Fier et

heureux ! Fier du bilan tricolore d’abord, de cesquatre titres olympiques, une première dans notre

histoire. Fier aussi de ces sourires par milliers, de cespodiums, de ces Marseillaises et de ces embrassadescomme autant de témoignages de notre passion communepour les joutes aquatiques.

Fier également de l’état d’esprit de nos nageurs, enrelais mais aussi hors des bassins. Fier de nos sup-porters, venus nombreux encourager leurs championsdans l’antre gigantesque de l’Aquatic Center. Fier denos entraîneurs, totalement impliqués et compétents.Fier de leur savoir-faire et de leur capacité à prendre lepouls des meilleures nations pour se hisser sur lespodiums olympiques.

Fier de cette troisième place mondiale, dans le sillagede deux géants : les Etats-Unis et la Chine. Fier de notrestatut de première nation européenne qui consolide lesexploits des championnats d’Europe de Budapest (vingt-trois médailles dont huit titres continentaux) et deschampionnats du monde de Shanghai (onze récompensesdont deux titres masculins ex-aequo sur 100 m dos).

Fier et heureux de voir la natation, notre natation, fairechavirer le cœur des Français comme jamais auparavant.Fier de vos témoignages d’amour et des courriers quevous avez adressé à la Fédération Française de Natation.Fier du soutien et de la mobilisation des responsablespolitiques français, à commencer par le président dela République François Hollande, la ministre desSports Valérie Fourneyron et le président du CNOSFDenis Masseglia. Fier de démontrer que les copieuxentraînements aquatiques n’ont rien de corvée oud’amers sacrifices quand ils sont couronnés de succèsolympiques. Fier de voir les enfants interpeller leurs

idoles en lançant de tonitruants et hystériques « Yannick »,« Camille » et « Florent ».

Fier de notre champion olympique Alain Bernard, biensûr, de son sens du devoir et de son goût immodérépour les campagnes collectives. Nous pouvons luirendre hommage, ainsi qu’à Hugues Duboscq, l’autrefigure emblématique de l’équipe de France olympique,car en dépit de leurs dimensions internationales et deleurs palmarès, ils ont tous les deux joués le jeu desrelais sans amertume ni frustration.

Fier aussi du retour olympique de Laure Manaudou quise précipita dans les bras de son cadet Florent pourcélébrer son succès étincelant sur 50 m nage libre. Fierde la finale de nos duettistes de la natation synchroni-sée, Sara Labrousse et Chloé Willhelm. Fier de nosplongeurs et de nos deux spécialistes de la longuedistance, Ophélie Aspord et Julien Sauvage.

Fier de la force de cette équipe de France, de sonabnégation et de sa détermination à déplacer les mon-tagnes pour créer l’exploit. Fier de ces Jeux Olympiqueset de tous ces souvenirs qui resteront éternellementgravés dans nos mémoires. Fier de tous les nageursqui nous ont soutenus. Fier de notre passion communeet surtout fier et heureux de vous accueillir à Chartresdu jeudi 22 au dimanche 25 novembre 2012 pour leschampionnats d’Europe en bassin de 25 mètres, oùnous ne manquerons pas de rendre hommage aux talentsde l’équipe de France.

Nous pouvons être fiers de nos champions.Célébrons-les et savourons-le !

Francis Luyce,Le Président

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Sommaire4

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ARRÊT SUR IMAGELe 4x100 m champion olympique

ARRÊT SUR IMAGEYannick Agnel sur le toit du monde

ARRÊT SUR IMAGELe sacre de Camille Muffat

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VIE FEDERALECiren chante pour les BleusDepuis 2008, le programme Ciren permet de modéliser en trois dimensionsla vitesse et les accélérations des nageurs. Une innovation révolutionnairedont les Bleus ont d’ores et déjà tiréprofit. Découverte.

LONDRES 20124x100 m : chef d’œuvre collectif

26 COULISSESDenis Auguin : « Une chance extraordinaire »Après treize années, leur histoire s’estachevée sur le sacre du 4x100 mqu’Alain Bernard et Denis Auguin ontvécu des tribunes, sans regret ni remord, mais avec la satisfaction dutravail accompli. Interview.

BREVES OLYMPIQUESAu cœur de l’Aquatic Center

LES JEUX EN CHIFFRES

48 CONSEILSPourquoi nager à la rentrée ?

50 EVENEMENTLouis-Frédéric Doyez : « Tenter, oser pour forcer le destin »Du 22 au 25 novembre 2012, la FFN organisera à Chartres les premierschampionnats d’Europe en bassin de 25 mètres. Présentation de l’événementen compagnie du directeur général dela fédération.

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A LIREEntre les lignes il y a des motsCoup de cœur pour Crever le plafondde Mathieu Méranville (Pascal GalodéEditeurs).

ARRÊT SUR IMAGELa surprise Florent Manaudou

20 HISTOIRES D’EAUMichael Phelps est-il le plus grandathlète de tous les temps ?

21 ENQUÊTEQuel crédit accorder aux rankings ?

28 LONDRES 2012Agnel, dans le sens du plaisir

30 LONDRES 2012Camille Muffat : « La certitude d’en être capable »

32 LONDRES 2012Balmy, la joie retrouvée

34 LONDRES 2012Florent Manaudou : « J’en rêvais »

36 LONDRES 2012Lacourt rate la marche

38 COULISSESGood vibe or bad vibe ?Jeux Olympiques ou pas, les nageurssont de plus en plus nombreux à écouterde la musique derrière les plots de départ. Lubie passagère, effet de modeou réel impact sur la performance ?

42 COULISSESHugues Duboscq : « Il est temps de tourner la page »A 31 ans, le Havrais a mis un terme à sacarrière à l’issue des Jeux Olympiques.Il s’apprête maintenant à vivre une nouvelle aventure au sein de la gendarmerie sans tourner toutefois ledos à sa passion aquatique. Rencontreavec un gentleman des bassins.

40 LONDRES 2012Vous êtes le plus grand MonsieurPhelps

44 LONDRES 2012Nat’ synchro, eau libre et plongeon :entre espoirs et regrets

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A l’issue d’une finale palpitante, les relayeurs françaisAlain Bernard, Clément Lefert, Yannick Agnel, FabienGilot, Amaury Leveaux et Jérémy Stravius (cf. photo),sont parvenus à effacer la désillusion des JeuxOlympiques de Pékin en soufflant le titre suprêmeau relais américain (3’09’’93 contre 3’10’’38, Ndlr). Ily a quatre ans, en Chine, les Bleus s’étaient fait chiperla médaille d’or pour huit centièmes à l’issue d’undernier relais opportuniste de Jason Lezak. A Londres,ce sont cette fois les tricolores qui ont joué les trouble-fête en contrant la toute-puissance de l’armadaaméricaine. Devancé à l’entame de l’ultime aller-retour,le Niçois Yannick Agnel a réussi à bousculer l’insub-mersible Ryan Lochte pour s’en aller quérir la plusbelle des récompenses. Historique !

A.C.

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1. France (Amaury Leveaux, Fabien Gilot,Clément Lefert, Yannick Agnel) – 3’09’’93

2. Etats-Unis (Nathan Adrian, Michael Phelps,Cullen Jones, Ryan Lochte) – 3’10’’38

3. Russie (Andrey Grechin, Nikita Lobintsev,Vladimir Morozov, Danila Izotov) – 3’11’’41

LE PODIUM

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VDH est conquisL’ancien double champion olympique du 100 m nage libre (Sydney 2000 etAthènes 2004) et champion olympique du 200 m nage libre (Sydney 2000), leNéerlandais Pieter Van Den Hoogenband n’a pas caché son admiration pourle Français Yannick Agnel à l’issue de sa victoire londonienne sur 200 m.« Yannick a réalisé une course exceptionnelle. Je crois même que c’est l’undes plus beaux 200 m nage libre qu’il m’ait été donné de voir. Je suis heureuxpour lui parce que je sais qu’il a énormément travaillé pour atteindre cetobjectif. Yannick a le profil des anciens nageurs, il est grand, longiligne ettrès haut sur l’eau. Il n’a pas besoin de se muscler davantage, il a déjà tousles atouts en main. En revanche, il lui faudra encore travailler le 100 m etacquérir de l’expérience dans les années à venir. Mais je suis persuadé qu’ilgagnera cette course un jour. »

A.C.

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A l’arrivée, il s’est recueilli en lui-même, hagard, presque dépassépar l’ampleur de l’exploit qu’il venait d’accomplir. Les yeux fermés,les mains jointes, un sourire incrédule accroché aux lèvres, YannickAgnel semblait alors remercier les dieux de l’Olympe pour avoirexaucé son rêve. Mais l’or olympique ne s’offre pas, jamais, il s’arrache,se dévore, et aucun des sept nageurs engagés en finale du 200 m nagelibre n’escomptaient s’écarter au profit du jeune tricolore. Le Niçoisde 20 ans aura dû s’employer et signer une course parfaite, tactiqueet physique, pour rejoindre les géants de sa discipline, Pieter VanDen Hoogenband, Ian Thorpe et Michael Phelps en tête. L’empereurdes bassins, l’octuple champion olympique de Pékin, profita d’ailleursdu podium du 4x200 m nage libre le lendemain pour féliciter son cadetet lui témoigner son respect. Des mots forts, comme un passage derelais entre le plus grand d’entre tous et l’un des talents les plusprometteurs de la natation mondiale. A.C.

1. Yannick Agnel – 1’43’’14

2. Taehwan Park (COR)– 1’44’’93

2. Yang Sun (CHI) – 1’44’’93

LE PODIUM

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On la disait introvertie, timide et réservée. Sans doute,mais force est de constater que depuis un an, et deuxmédailles de bronze glanées aux championnats dumonde de Shanghai (juillet 2011, Ndlr), Camille Muffata su sortir de sa réserve pour dévoiler son ambitionde titre olympique. Le dire c’est bien, le faire c’est mieux.Combien d’effets d’annonce sont restés lettre morte,comme autant de promesses avortées. En empochant lamédaille d’or du 400 m nage libre à l’issue d’une finalebeaucoup plus tactique qu’on ne l’aurait imaginé, latroisième tricolore couronnée sur cette distance (aprèsJean Boiteux en 1952 et Laure Manaudou en 2004, Ndlr)a concrétisé son plus beau rêve. Elle aurait même pule doubler sur 200 m nage libre si l’Américaine AllisonSchmitt, ces deux-là n’ont décidément pas fini des’affronter, ne s’était pas montrée intraitable. Maispas de déception pour l’Azuréenne, juste le sentimentque le meilleur reste à venir.

A. C.

Les Niçois accueillis en hérosDe retour de leur brillante campagne olympique, les athlètes niçois, parmilesquels figuraient les nageurs Camille Muffat, Yannick Agnel, ClémentLefert et Charlotte Bonnet, se sont offert un bain de foule puis une baladesur un bus impérial affrété pour l’occasion. « On ne s’attendait pas à voirautant de monde », témoignait, un brin débordée, Camille Muffat. « Je n’aipas du tout changé, mais ce qui a changé c’est le regard des gens. A chaquefois que je croise des Français ou même des Anglais et des Américains, onme demande des photos. Les Jeux Olympiques, c’est une autre dimension,tout le monde regarde. J’ai reçu des milliers de messages. »

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1. Camille Muffat – 4’01’’45

2. Allison Schmitt (USA) – 4’01’’77

3. Rebecca Adlington (GBR) – 4’03’’01

LE PODIUM

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Huit ans après le sacre de sa grande sœur Laure auxJeux Olympiques d’Athènes, le cadet de la fratrieManaudou est à son tour entré dans l’histoire de lanatation française en décrochant le titre olympique du50 m nage libre. A l’issue d’une course parfaitementmaîtrisée (21’’34, record personnel et meilleurperformance mondiale de l’année), Florent Manaudou,21 ans, s’en est allé surprendre tous les spécialistesde la plus courte des distances olympiques, à com-mencer par le Brésilien César Cielo (troisième en 21’’59)et l’Américain Cullen Jones (deuxième en 21’’54). « Jeme demande encore comment c’est possible », s’in-terrogeait le jeune sprinter tricolore à la descente dupodium. « Je pars vite, comme à mon habitude, et jesens que je suis fort dans l’eau mais je rate complé-tement ma reprise de nage. A ce moment, je me disque c’est une finale des Jeux Olympiques et que je nepeux pas lâcher, alors je garde mon braquet et jetourne les bras sans respirer. A l’arrivée, je voissimplement la lumière rouge sur mon plot qui indiqueque je suis dans les trois premiers, alors je me disque c’est vraiment génial. Après je me retourne et jevois que je suis premier, et là, c’est encore mieux. »

A. C.

L’œil du DTNChristian Donzé : « C’est remarquable, je crois qu’il n’y a pas d’autremot. Florent a écrasé la course. Il n’a cessé de progresser entre lesséries et la finale, corrigeant au fur et à mesure ses petites erreurspour réaliser une grande course dans le dernier carré… On savaittous qu’il disposait d’un gros potentiel, mais là, il nous a impressionnés.Et puis finir la semaine olympique avec un quatrième titre, c’est uneconcrétisation incroyable pour l’équipe de France et tous ses entraî-neurs. Maintenant l’objectif de Florent comme des autres médaillés, c’estde rester en haut et c’est certainement ce qu’il y aura de plus difficile. »

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1. Florent Manaudou – 21’’34

2. Cullen Jones (USA) – 21’’54

3. Cesar Cielo (BRE) – 21’’59

LE PODIUM

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Brèves : Londres 2012(P

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Londres a séduit le gratin mondialSi le succès des Jeux se mesurait au nombre de célébrités, ceux de Londres seraient sansconteste les plus réussis de l’histoire olympique. Avec 120 chefs d’Etat et de gouvernementet des dizaines de stars internationales, les JO britanniques ont largement dépassé lescontingents des Jeux de Pékin et de ceux d’Athènes. La chancelière allemande AngelaMerkel et le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda ont ainsi assisté à la cérémonied’ouverture du 27 juillet dont le coup d’envoi a été donné par la reine en personne aprèsune réception organisée à Buckingham en l’honneur des dirigeants étrangers. La First Ladyaméricaine, Michelle Obama, a quant à elle mené la délégation de son pays, en l’absencedu président Barack Obama mais sous le regard du candidat républicain à la présidentielleaméricaine Mitt Romney. L’occasion pour ce dernier de rappeler son expérience d’organisateurdes Jeux Olympiques de Salt Lake City en 2002, qu’il était alors parvenu à sortir d’une mauvaisepasse. Côté tricolore, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault était dans les travées du stadeolympique pour les festivités d’ouverture tandis que le Président François Hollande est alléà la rencontre des athlètes français le 30 juillet (cf. photo avec le président de la FFN FrancisLuyce). On aura également noté la présence de l‘ex-boxeur américain Mohamed Ali, duprince William et de sa compagne Kate Middleton, ainsi que de l’actrice Catherine Zeta Jones,du coureur automobile Lewis Hamilton et des frères Klitschko, le duo de boxeurs ukrainiens.

Plein les yeuxDamien Joly restera comme le tom-beur de Sébastien Rouault aux der-niers championnats de France deDunkerque (mars 2012). C’est en effeten dominant le double championd’Europe 2010 des 800 et 1500 mnage libre que l’Antibois avait décro-ché son ticket pour Londres sur cettedernière épreuve. Une distance qu’ila étrennée sur la scène internationaleen terminant quatorzième des séries.« C’était une première pour moi à ceniveau. Franchement, je ne suis pasdéçu. C’est mon meilleur tempspour un matin et je n’étais vraimentpas habitué à ce que ça parte aussivite en séries. Il faudra bosser pourêtre devant dans quatre ans, parceque les Jeux c’est quand même horsnormes. J’ai pris beaucoup de plaisirà être à Londres, dans une piscinequi ressemble à un stade de foot. Jen’avais jamais vu autant de mondeautour d’une piscine. J’ai vu les co-pains faire de super temps, décro-cher des médailles. J’en ai pris pleinles yeux toute la semaine. »

Le dossiste de l’équipe deFrance Camille Lacourt étaitattendu par ses rivaux, àcommencer par l’AméricainGrevers et le Japonais Irie en-gagés sur 100 m dos, mais ill’était également par les sup-portrices tricolores. Ainsi, selonun sondage Internet Opinearéalisé du 22 au 25 juin sur unéchantillon de 1 027 personnesâgées de 18 à 65 ans, 70% dessondés déclaraient se focaliserplus particulièrement sur lesprestations olympiques deCamille Lacourt ainsi que surson corps d’athlète. Au-delàde l’enjeu sportif, 82% des son-dés estiment par ailleurs que lapratique sportive est un atoutincontestable de séduction.

Contre toute attente,Ian Thorpe étaitbien à Londres. Pascomme nageur,comme il l’espéraitdepuis son retourdans les bassins en février 2011, mais comme consultantpour les médias australiens. A 29 ans, le quintuplechampion olympique n’a cependant émis aucun regret.« Quand j’ai pris ma retraite (en novembre 2006, Ndlr),j’avais l’impression de détester mon sport. Je ne parvenaisplus à gérer les à-côtés de la natation et la place que celaprenait dans ma vie. La plus belle récompense que jetire de mon retour, c’est d’être revenu à mon sport et del’adorer à nouveau ». A tel point que la torpille des bassinsa prévu de continuer à s’entraîner avec, qui sait, l’intentionprobable de se qualifier pour les championnats dumonde 2013 de Barcelone, où il avait conquis il y a dixans trois titres sur 200, 400 m nage libre et avec le relais4x200 m nage libre.

Camille Lacourt était observé

Thorpe, la passion retrouvée

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Jones : l’adversité lui va si bienL’Australienne Leisel Jones,championne olympique 2008 du100 m brasse, a admis qu’elles’était servie d’un article depresse remettant en cause sacondition physique et illustré dephotos peu flatteuses pour semotiver pour les Jeux. « Cespropos étaient assez blessants,notamment parce qu’ils venaientde mon propre pays », a commentéla triple championne olympiquede 26 ans. « Cela m’a vraimentmotivée. Je fais partie de cespersonnes qui montrent cequ’elles savent faire sous lapression. J’ai fait un des meil-leurs entraînements de ma car-rière après avoir lu cet article »,a-t-elle ajouté. « Le soutien quej’ai reçu après (l’article) m’a sur-prise. Merci aux journalistes quiont écrit ces choses pas trèsgentilles sur moi parce que je neme suis jamais sentie aussiaimée de ma vie. »

VDH, la pression olympique lui manque

Le double champion olympique du 100 m nage libre Pieter Van Den Hoogenband (en 2000 à Sydneyet 2004 à Athènes, Ndlr) savoure pleinement sa retraite, officialisée à l’issue des JO de Pékin en2008, même si l’adrénaline de la compétition, et plus particulièrement celle des Jeux, luimanque. « Les Jeux Olympiques, les finales olympiques, c’est fantastique, et c’est vraiment laseule chose qui me manque maintenant, parce que j’adorais ressentir ce genre de pression.J’ai participé à quatre finales du 100 mètres. La natation ne me manque pas forcément, maisla tension, la pression qu’on ressent à ce moment-là, c’est la seule chose qui me manque vrai-ment. J’adorais tout simplement ça, il y avait énormément de pression pour tout le monde, dela tension, mais je prenais du plaisir. La pression me permettait de donner le meilleur demoi-même. J’adorais ça. C’est un tour de passe-passe mental, mais la réalité, c’est que j’étaisà mon meilleur niveau en finale. »

Magnussen et l’Australie en retraitBeaucoup de nations se satisferaient d’un titre olym-pique, de cinq médailles d’argent et de deux de bronze.Pas l’Australie, qui a réalisé à Londres son plusmauvais bilan olympique depuis vingt ans. En 2000, àSydney, les compatriotes de Ian Thorpe avaient glanécinq médailles d’or, puis sept aux Jeux d’Athènes(2004) et six à Pékin (2008). La plus grande déceptionest venue du colosse James Magnussen, 21 ans,« seulement » deuxième d’un 100 m nage libre dontil était le grandissime favori (cf. photo Brent Hayden,Nathan Adrian et James Magnussen). « Ces Jeux ontété durs à vivre. On dit que ce qui ne vous tue pas, vousrend plus fort, je devrais donc sortir plus fort commenageur, mais aussi comme personne », a-t-il commentéà l’issue de l’épreuve reine remportée par Nathan Adrian(47’’52 contre 47’’53 à Magnussen, Ndlr). A 23 ans,Adrian succède à Matt Biondi, dernier Américainvainqueur de l’aller-retour, en 1988 à Séoul.

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Suspicion autour de Ye ShiwenDans un entretien publié le 31 juillet par le très sérieuxjournal britannique The Guardian, John Leonard,directeur exécutif de l’Association internationaledes entraîneurs de natation (World SwimmingCoaches Association/WSCA), a clairement fait partde ses doutes à l’égard de la Chinoise Ye Shiwen,16 ans, championne olympique du 400 m 4 nagesen 4’28’’43 (record du monde). « Il faut être très pru-dent avant de parler de dopage, mais l’histoire denotre sport montre que chaque fois que nous assis-tons à quelque chose -et je mets ça entre guillemets-d’incroyable, il se révèle ensuite qu’il y avait dopage »,a déclaré Leonard. De son côté, Ryan Lochte,comparativement battu par Shiwen à la faveurd’un dernier 50 mètres en crawl plus rapide quecelui du champion olympique américain du 400 m4 nages, ne semblait pas particulièrement suspi-cieux : « Elle est impressionnante. Si elle avait étéavec moi (en course), elle m’aurait très certainementbattu ».

Tweet : un peu trop supporterTout au long des Jeux Olympiques, les réseaux sociaux ont établi une proximitéentre sportifs et supporters, à l’image du plongeur britannique Tom Daley. Maisun fan a dépassé les bornes suite à la quatrième place de la paire britanniqueTom Daley-Peter Waterfield en finale du haut vol synchronisé à 10 m. Un jeunehomme de 17 ans a ainsi adressé un tweet pour le moins maladroit à l’icône duplongeon anglais : « Tu as laissé tomber ton père, j’espère que tu le sais ».Particulièrement blessant quand on sait que le père de Daley est décédé l’annéedernière d’un cancer au cerveau. Daley, plus jeune champion d’Europe à 13 ans,rétorquait : « Après avoir fait tout mon possible... voici ce que je reçois de lapart d’idiots ». L’affaire aurait pu s’arrêter là, d’autant que le supporter se fendaitd’un message d’excuse, « Désolé mon pote je voulais juste que tu gagnes car cesont les Jeux Olympiques et cela me peine que nous n’ayons pas gagné. Acceptemes excuses ». Les remords n’ont apparemment pas duré puisqu’il adressa undernier tweet virulent : « Je vais te trouver et te noyer dans la piscine ». Alertée,la police a interpellé le jeune homme qui résidait dans une auberge de jeunesseà Weymouth.

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Gilot ne quittera pas Marseille

La rumeur avait enflé à la fin de la semaine desépreuves olympiques de natation : Fabien Gilot, mé-daillé d’or avec le relais 4x100 m mais seulementdemi-finaliste du 100 m nage libre, envisageait dequitter Marseille. « C’est une interview que j’ai faite àla télévision régionale qui a été mal comprise », adéclaré le sprinter au journal l’Equipe. « Je disaissimplement que je quitterais peut-être Marseille àun moment donné dans les années qui viennent pourtenter une expérience à l’étranger mais rien n’estdécidé et de toute façon, c’est à Marseille que je vaispréparer les Mondiaux 2013.»

Business : JO néfastes

Les Jeux Olympiques 2012 n’auront pas fait que desheureux. Ainsi, les commerçants du centre de la capitalebritannique annoncent avoir vécu un été pourri entermes de business. « C’est un fiasco », affirme PeterForrest, un artiste de rue de Covent Garden, une zonecommerciale habituellement envahie de touristes. Denombreux commerces accusent le maire BorisJohnson, les dirigeants des transports publics et lesorganisateurs des Jeux, d’avoir dissuadé les visiteurset les locaux de se rendre dans le centre de Londres.Prévoyant un million de touristes, ces derniers avaienten effet prévenu les Londoniens des complicationspossibles dans les transports et leur avaient demandéd’envisager un itinéraire alternatif ou de travaillerde chez eux. Résultat, le message a été trop bienreçu, constatent les professionnels du tourisme.

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> Les Jeux en Chiffres

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AGENDA2-9 septembreWater-polo : Championnatsd’Europe juniors garçons 19 ans, Canet-en-Roussillon

9-16 septembreWater-polo : Championnatsd’Europe juniors filles 19 ans,Chelyabinsk (Russie)

12-16 septembreNat’ synchro : Championnatdu monde junior, Volos(Grèce)

Eau libre : Championnatsd’Europe, Piombino (Italie)

2-3 octobreNat’ course : Première étapede la Coupe du monde 2012,Dubaï (Emirats arabes unis)

4-5 octobreEau libre : Coupe de laCOMEN, Eilat (Israël)

6-7 octobreNat’ course : Deuxième étapede la Coupe du monde 2012,Doha (Qatar)

7 octobreEau libre : Septième étape dela Coupe du Monde Marathon2012 (10 km), Hong Kong(Hong Kong)

8-13 octobrePlongeon : Championnats dumonde juniors, Adélaïde(Australie)

13-14 octobreNat’ course : Troisième étapede la Coupe du monde 2012,Stockholm (Suède)

14 octobreEau libre : Huitième étape dela Coupe du Monde Marathon2012 (10 km), Shantou (Chine)

17-18 octobreNat’ course : Quatrièmeétape de la Coupe du monde2012, Moscou (Russie)

20-21 octobreNat’ course : Cinquièmeétape de la Coupe du monde2012, Berlin (Allemagne)

27-28 octobreNat’ course : Interclubs benjamins 2013

2-3 novembreNat’ course : Sixième étapede la Coupe du monde 2012,Pékin (Chine)

6-7 novembreNat’ course : Septième étapede la Coupe du monde 2012,Tokyo (Japon)

10-11 novembreNat’ course : Huitième étapede la Coupe du monde 2012,Singapour (Singapour)

15-18 novembreNat’ course : Championnatsde France en bassin de 25 m,Angers (Maine-et-Loire)

22-25 novembreNat’ course : championnatsd’Europe en bassin de 25 m,Chartres (France)

VICTOIRE MATERNELLEIl aura fallu qu’elles se mobilisent pour obtenir gain decause, mais à la veille des Jeux Olympiques le comitéd’organisation britannique a finalement autorisé lesnombreuses mères détentrices de billets à assisteraux épreuves avec leurs bébés, à condition toutefoisqu’ils soient portés harnachés par leurs parents. Depuis lavente des premiers billets en mars 2010, de nombreusesmamans avaient, en effet, accouché et découvert qu’ellesne pourraient pas assister aux compétitions avec leur pro-géniture sans acquérir un autre sésame.

BOISSON INEGALELa très sérieuse agence ECA International, experte de lamobilité internationale, a profité des Jeux Olympiques deLondres pour publier une étude sur les disparités budgé-taires entre les supporteurs. On y apprend, entre autre,que face au prix de la bière, les fans ne jouaient pasà armes égales. Ainsi les 500 ml de bière à Londres sontrevenus 79 % plus chers aux Polonais que chez eux tandisque les supporters japonais et chinois profitaientd’une dévaluation avoisinant les 36 %.

MASCOTTES DECRIEESLes deux mascottes des Jeux de Londres, Wenlock etMandeville, ont essuyé durant toute la quinzaine olympiqueune pluie de sarcasmes. Il faut dire aussi qu’en plus deleur coût exorbitant, les mascottes, fruits de l’unionentre un Teletubbies et un décapsuleur (à vous dejuger !), étaient également dotées d’un œil de cyclopecaméra qui, selon les mauvaises langues, n’était pas sansrappeler les milliers de caméras de surveillance disséminéesdans la capitale londonienne.

Insolite

12 875 c’est le nombre de kilomètresparcourus depuis Olympie par la flammeolympique pour arriver jusqu’à Londres.

11 millions c’est le nombre de ticketsqui ont été vendus pour assister aux JeuxOlympiques et Paralympiques. 75% ontété vendus au Royaume-Uni, le reste serépartit entre le CIO (5%), les sponsors(8%) et les comités olympiques nationaux(12%).

232 c’est le tonnage de pommes de terrequi aura été nécessaire pour concocterles 14 millions de repas. En plus despommes de terre, il aura également fallurassembler la bagatelle de 100 tonnes deviande, 75 000 litres de lait et 330 tonnesde fruits et légumes.

302 c’est le nombre de médaillesdistribuées.

46 000 c’est le nombre d’ouvriers qui ontconstruit le parc et le village olympiques.Au total, 200 000 personnes ont étémobilisées pour les JO, dont 100 000contractuels et 70 000 volontaires.

2 millions c’est le nombre de visiteursque Londres a accueilli selon le secrétaired’Etat en charge des Jeux, Hugh Robertson.Selon les premiers chiffres officiels, lesspectateurs auraient effectué quelques20 millions de trajets.

34 c’est le nombre de sites où se sontdéroulées les épreuves olympiques.

10 490 c’est le nombre d’athlètes engagésdans les 26 disciplines olympiques.

2 818 c’est le nombre d’appartementsmis à disposition des sportifs.

150 000 c’est le nombre de préservatifsqui ont été mis à la disposition desparticipants dans le village des athlètes.

11,6 milliards d’euros c’est la facture desJeux pour les Britanniques. C’est presquequatre fois le coût annoncé en 2005,lorsque la candidature de Londres avaitété acceptée. Les budgets établis initia-lement pour la sécurité et les cérémoniesd’ouverture et de clôture ont doublé. Celuide la sécurité a ainsi atteint 690 millionsd’euros, tandis que celui des cérémoniess’est élevé à 101 millions d’euros. Salé,isn’t it ?

10 000 c’est le nombre de toilettesprovisoires installées sur les 34 sitesolympiques. « De quoi suffire aux besoinsde la population de Malte », ont commentéles organisateurs.

Brèves : Londres 2012

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19À lire

>

Coup de CoeurCREVER LE PLAFONDDe Mathieu MéranvillePascal Galodé Editeurs198 pages, 20 €

Plus vite, plus haut, plus fort ! C’est la devise de

l’olympisme qui n’a pas toujours consisté à battre des

records. Car dans la Grèce Antique, les Jeux Olympiques étaient

consacrés à Zeus, le dieu des dieux et non à des multinationales.

Réaliser des exploits était d’abord une manière de se rappro-

cher des divinités. Pour le spécialiste de la Grèce Antique,

Jean-Pierre Vernant : « Le vainqueur n’est pas vu comme

celui qui établirait un nouveau record, mais

comme celui auquel les dieux ont accordé

la grâce de l’emporter ».

Le saviez-vous ?La fin des records ?Selon Jean-François Toussaint, responsable du très sérieux Institut de Recherche (bio)Médicale et Epidémiologique du Sport (IRMES), les records du monde ne pourrontplus être battus vers le milieu du siècle. L’homme aura alors atteint ses limitesphysiques, biologiques et biomécaniques. « Les athlètes sont des hommes ou desfemmes limités par leur biologie et leur environnement, même s’ils ont consi-dérablement développé leur physique au cours du siècle dernier. Nous ne pou-vons pas faire grand-chose contre la gravité terrestre, par exemple. A moinsd’organiser un championnat du monde sur la Lune, je doute fort qu’un athlètepuisse un jour battre les 2,45 m de Javier Sotomayor en saut en hauteur ! Idem ennatation, les nageurs seront toujours freinés par la résistance de l’eau. Enfin, il estimpossible qu’un homme arrive un jour à courir le 100 mètres en 9 secondes. »

Tous les quatre ans, les Jeux Olympiques sont l’occasion de tout remettre à plat. Qui sera l’homme leplus rapide de la planète ? Qui tutoiera le ciel ? Et qui sera le plus fort ? La devise des JO est on nepeut plus claire : Plus vite, plus haut, plus fort ! Oui mais voilà, la course effrénée aux records dumonde a, depuis la renaissance des Jeux modernes du baron Pierre de Coubertin, nettement dérapée.Le dopage, l’argent, comme aiguillon néfaste, ou les progrès technologiques, qui faussent parfois lesperformances, se sont invités dans la gigantesque farandole olympique. Pire, de nombreux championssont morts prématurément tandis que d’autres souffrent de cancers ou de diverses maladies incurables.D’où cette question, ô combien légitime, posée par le journaliste Mathieu Méranville dans cet ouvrageincontournable : jusqu’où les hommes peuvent-ils aller pour battre des records ?

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Mes premiers Jeux Olympiques et voilà que les nageurs français entrentdans l’histoire et signent une moisson historique. Quelle aubaine ! Resteque n’ayant rien d’un spécialiste des chronos, c’est en simple visiteur quevotre magazine préféré m’a dépêché dans l’antre londonienne poursavourer l’ambiance du parc olympique. « Tu t’immerges et tu racontes »,m’avait-on fait savoir avant mon départ. De prime abord, et contrairementà tous les colportages négatifs que j’avais découverts sur la Toile, l’accèss’est révélé aussi aisé qu’un « hello » lancé à brûle-pourpoint. Peu ou pasde files d’attente, pas de mauvaise humeur ni de mouvements de fouleintempestifs. On est loin de l’ambiance du métro parisien. Des sourires enpagaille, des hourras et des applaudissements nourris à chaque victoiredes uns ou des autres. Ce sont les Jeux après tout. La fête du sport, desperformances et d’une vision universelle que les Anglais, il faut le souligner,ont su pleinement entretenir. Alors certes, on déplorera l’excès d’enseignescommerciales et les caprices de la météo. Peut-être aussi que certainsregretteront que le comité d’organisation ait pris le parti d’éteindre laflamme olympique la nuit, mais l’ambiance détendue et festive n’a jamais

déserté l’immense arène sportive (et quand je dis immense, c’est vérita-blement gigantesque). Durant deux jours, je n’ai cessé de croiser dessupporters enthousiastes, ravis d’encourager leurs champions et deréconforter les déçus. Les fans se toisent, jouent la provoc’ bon enfant. « Vousêtes français ? », m’interroge un Australien. « Vive Yannick Angel… ». L’angedes Bleus aura enflammé le parc olympique comme aucun autre nageurtricolore. Avec deux médailles d’or sur 200 m et avec le relais 4x200 m, leNiçois de 20 ans a indiscutablement concentré les regards et l’attentiondes millions de passionnés rassemblés pour une quinzaine historique.Merci pour le voyage !

Pierre Lejeune

Le parc olympique

On aime Le Tweet qu’a adressé le présidentdes Etats-Unis d’Amérique, BarakObama, à Michael Phelps après qu’ileut empoché sa dix-neuvième mé-daille olympique, l’or du 200 m 4nages. Un Tweet qui ne laissa pas lastar des bassins insensible. Sa ré-ponse : « Thank you Mr. President !!It’s an honor representing the #USA !!The best country in the world!! RT@BarackObama ». Qui pourra repro-cher ensuite à l’Américain de ne pasavoir défendu les valeurs nationales.

J’ai testé pour vous...

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« Ce qu’a réalisé Yannick sur 200 mnage libre (victoire en 1’43’’14, Ndlr)est extraordinaire. Je savais qu’ilserait à la bagarre mais de là à avoirune telle avance... (1’’79 sur le ChinoisSun Yang et le Sud-Coréen ParkTae-hwan, Ndlr). Ce qui m’a bluffé,c’est qu’il a gagné en patron. Il a prisles choses en mains et son niveaufait qu’il termine avec deux mètresd’avance (…) Yannick est très décon-tracté dans son approche. Quand ilarrive, on voit qu’il est content denager. Il est serein, confiant. Et ilparvient à cloisonner ses objectifs. Ilprend les courses les unes après lesautres. En 2008, j’avais été championolympique le matin et j’avais enchaînéles séries du 50 m l’après-midi. Ilfallait énormément de mobilisationet de concentration pour rester de-dans. C’est celui qui arrive à gérer çale mieux qui peut faire la différence. »

Michael Phelps est-il le plus grand athlète de tous les temps ?En s’adjugeant quatre médailles d’or et deux d’argent pour ses derniers JO, ce qui porte son totalà vingt-deux distinctions olympiques, Michael Phelps est entré dans l’histoire des Jeux en battantle record de la gymnaste soviétique Larisa Latynina, qui avait accumulé dix-huit récompenses entre1956 et 1964. A 27 ans, le Kid de Baltimore a donc clos sa fantastique carrière sur un énièmerecord qui fait de lui l’un des dieux de l’Olympe. Le plus grand ?

Eric B. : « Phelps est un monstre...En natation, il me semble peu pro-bable qu’un nageur le dépasse unjour. Plus généralement, il est tou-jours très difficile de comparer desathlètes. Carl Lewis a atteint dessommets, comme son compatrioteMark Spitz ou le coureur finlandaisPaavo Nurmi. Ce qui est certain c’estque Phelps est entré dans la légendedu sport mondial. »

Mathilde L. : « C’est le plus grand.De tous les temps, je ne sais pas,mais de ces vingt ou trente dernièresannées, c’est sans conteste le plusrégulier, le plus performant et leplus impressionnant. Et puis il y a lamanière. A Londres, je l’ai trouvé im-périal. Il aurait pu sombrer après le400 m 4 nages (quatrième, Ndlr),mais il se relève et finit en trombe.C’est beau ! »

Armand W. : « Les nageurs françaisont été exceptionnels, notammentYannick Agnel, Camille Muffat etFlorent Manaudou, mais l’on prendtoute la mesure de la dimension de

Phelps quand on sait qu’il a été per-formant sur quatre olympiades. Ilest le meilleur depuis les Jeux deSydney, avec un sommet incroyableà Pékin où il a décroché huit titres.Pour moi, c’est le plus grand athlètede tous les temps. »

Simon C. : « Est-ce vraiment utile decomparer les uns et les autres ? Tous

les exploits méritent d’être salués etcertains, comme celui de MichaelPhelps, sont presque hors normes.Phelps est un extraterrestre. Difficilede dire si quelqu’un battra son recordun jour. Pour l’heure, personne nesemble en mesure de le talonner.Alors oui, il est peut-être le plus grandde tous les temps, jusqu’à qu’un nou-veau phénomène surgisse. »

La décla ALAIN BERNARD

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Autant être honnête, personne, aussicompétent soit-il, n’aurait pu prédire lavictoire de Florent Manaudou sur 50 m

nage libre. Personne. Débarqué à Londres

avec un record à 21’’86, temps qu’il réalisa

aux championnats de France de Dunkerque

en mars dernier, le jeune marseillais de 21

ans faisait figure d’outsider

dans le sillage des Brési-

liens César Cielo et Bruno

Fratus et des Américains

Cullen Jones et Anthony

Ervin. C’est bien simple, etmême son entraîneur RomainBarnier ne s’en cachait pas,Florent pouvait dans le meil-leur des cas créer la surprisemais difficilement jouer lagagne. « J’ai toujours dit que

Florent était naturellement

doué pour le 50 m », commen-tait le technicien marseillais le18 juillet dernier. « Mais il

manque encore d’expérience.

A 21 ans, c’est difficile de

maîtriser cette course. Je

pense que dans quelques années, il sera

très fort, mais il doit pour l’instant profiter

des Jeux de Londres pour emmagasiner

du vécu. » Le plus jeune de la fratrie Manaudouétait en réalité programmé pour les JO de Rio,en 2016.Et que dire des surprises Tyler Clary, tombeurde Ryan Lochte en finale du 200 m dos, Chad leClos, qui éperonna le grand Michael Phelps sur200 m papillon, ou des leçons de la Chinoise YeShiwen sur 200 et 400 m 4 nages. La surprise

fut telle pour cette dernière, que l’entraî-

neur américain John Leonard n’hésita pas

à faire part de ses doutes au très sélect

The Guardian. Et puis il y a le triomphe inat-

tendu de Ruta Meilutyté, jeune lituanienne de15 ans qui priva l’Américaine Rebecca Sonid’un sacre annoncé sur 100 m brasse, ou la dé-bâcle de Michael Phelps sur 400 4 nages,épreuve dont il fut double champion olym-pique et qu’il termina à une indigne quatrièmeplace. On évoquait également la suprématie

de James Magnussen sur 100 m nage libre,

de ses 47’’10 réalisés en mars lors des

Trials australiennes, de la toute-puissance

de Kitajima sur 100 et 200 m brasse, ou

encore de la médaille promise à Camille

Lacourt sur un 100 m dos qu’il dominait

depuis deux saisons.

Tout ce qui était écrit ne se réalisa pas, etl’essentiel de ce qui enthousiasma l’AquaticCenter n’aurait pu être décrypté dans lescolonnes des rankings internationaux. C’est àcroire que la natation a tourné à l’envers durantcette semaine olympique, à moins que, commele soulignait Lionel Horter, les bilans mondiauxne soient que « des baromètres chronomé-

triques », et rien d’autre. « Il ne faut vraiment

pas tenir compte des rankings de l’année »,

confie Yannick Agnel, double champion olym-pique. « Ils sont très volatiles. En 2011, Phelps

et Lochte avaient signé des temps exécra-

bles en meeting et ils avaient claqué des

chronos incroyables aux championnats

du monde de Shanghai. » Une analyse quepartage le néo retraité Alain Bernard : « Rien ne

remplace la vérité d’une course. Vous pouvez

tout analyser, tout modéliser, décrypter les

rankings, rien n’est écrit. Seule la performance

du jour J importe. C’est l’unique réalité du

sport de haut niveau. » Et à ce petit jeu-là,

force est de constater que les nageurs fran-

çais s’en sont plutôt bien tirés. Car le 28

juillet au matin, personne n’aurait pu pré-

voir qu’ils rafleraient quatre médailles d’or

olympiques. Personne.A Londres, A. C.

A la veille de chaque compétition, tous les regards se portent sur les bilans

mondiaux, les rankings dans le jargon. C’est à qui sera le mieux classé. Les

podiums sont presque joués d’avance. Pourtant, à chaque échéance inter-

nationale, les surprises sont légions. Alors que retenir de ces classements

chronométriques ? Sont-ils fiables ou doivent-ils être considérés comme

de simples indicateurs ?

Rien ne remplace la vérité d’une course.

Vous pouvez tout analyser,tout modéliser, décrypter

les rankings, rien n’est écrit. Seule la

performance du jour J importe. C’est l’unique

réalité du sport de haut niveau.(Alain Benrard)

Quel crédit accorder aux rankings ?

(KM

SP)

En signant unépoustouflant21’’34 en finale du50 m nage libre,Florent Manaudoua su non seulementsupplanter laconcurrence maiségalement déjouerles pronostics desrankings mondiaux.

21Enquête

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Londres 2012

Chef d’œuvre collectif

A l’issue d’une finale palpitante, lesrelayeurs tricolores du 4x100 m nagelibre ont enlevé l’or olympique endomptant les armadas américaine(deuxième) et australienne (qua-trième). Quatre ans après la désillusionde Pékin (médaille d’argent à huitcentièmes des Américains, Ndlr), etdeux mois seulement après l’or conti-nental aux championnats d’Europe deDebrecen, les Bleus ont donc vaincule signe indien pour forcer les portesdu panthéon olympique. Les raisonsd’un succès.

A Londres, Adrien Cadot

(Pho

tos

: KM

SP)

« Fabulous » Fab

Celle-là, il l’attendait depuis un bon moment.

Après quasiment dix années en équipe de France, il

les célébrera l’année prochaine aux championnats du

monde de Barcelone, où il avait d’ailleurs débuté sa carrière

internationale en 2003 par un bronze avec ce même relais, Fabien

Gilot a donc enfin décroché ce titre olympique dont il rêvait tant.

Une manière d’effacer définitivement la déconvenue de Pékin et de

couronner son dévouement au relais 4x100 m nage libre dont il est

désormais le plus ancien. « Oui, c’est vrai que ce titre a des allures

d’aboutissement », reconnaît dans un immense sourire le natif de Denain.

« Cela fait tellement longtemps qu’on l’attendait… C’est génial. Cela

confirme notre investissement collectif et notre travail. Car pour en

arriver là, nous avons dû apprendre à nous remettre en question. »

Annoncé grandissime favori en 2008, le relais 4x100 m s’était alors fait

souffler la victoire par les Américains. On se souviendra égale-

ment que les Bleus avaient terminé troisième aux Mondiaux

2009 de Rome, puis deuxième aux Euro de Budapest en

2010 avant de décrocher l’or mondial en petit bassin

à Dubaï puis de confirmer en mai dernier, aux

championnats d’Europe de Debrecen

(Hongrie).

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LES FRANÇAIS ÉTAIENT-ILS LES PLUS FORTS ?

LEVEAUX-GILOT-LEFERT-AGNEL : COMBINAISON GAGNANTE ?

Sur « le papier » non. Avec deux nageurs sous les 48 secondes(James Magnussen et James Roberts, Ndlr) et un titre de championdu monde, les Australiens étaient sans conteste les grandissimesfavoris. Derrière, les Américains de Michael Phelps et Ryan Lochte,détenteurs de cinq titres de la spécialité depuis les JO de 1984 àLos Angeles, et les Russes semblaient disposer d’un léger ascen-dant sur le relais tricolore. « Peut-être, mais une finale est unefinale et tant que vous n’avez pas touché le mur, tous les scénariossont envisageables », observait Fabien Gilot en ouverture des Jeux

Olympiques. « Moi, je suis sûr que l’on peut gagner. Cela fait desannées que nous sommes là, nous disposons désormais d’unesolide expérience. » Un avis partagé par le directeur des équipes deFrance, Lionel Horter : « Les Australiens sont favoris et noussommes outsiders. Tant mieux. Ils ont deux secondes d’avance auxrankings, mais je suis persuadé qu’il n’y aura pas deux secondes àl’arrivée. Faites-nous confiance. » « Le mieux, c’est de faire le boulotsans se poser de questions », lançait de son côté Amaury Leveauxà quelques jours de l’échéance.

La question de l’ordre d’un relais est souvent stratégique. « On observeque le meilleur performer de l’équipe est souvent placé aux extré-mités du relais, en première ou dernière position (89% des cas),mais le plus souvent en première position (55% des cas) », expliqueFrançois Huot-Marchand, membre de la direction technique nationaleet auteur d’une étude sur les relais. « Le relayeur le moins rapideest, quant à lui, placé en troisième position (65% des cas). » Unmode opératoire qui se vérifie avec l’équipe de France où le championde France de l’aller-retour, Yannick Agnel, a conclu l’œuvre collectiveaprès que son partenaire niçois Clément Lefert, le moins expéri-menté du quatuor, ait préservé l’essentiel en résistant à l’AméricainCullen Jones, alors en tête. « Nous avons surtout tenu compte des

sensations des uns et des autres », souligne Lionel Horter. « Il étaitprévu que Fabien (Gilot) et Yannick (Agnel) soient protégés en séries.Ensuite, Amaury (Leveaux) est un excellent partant qui devait nouspermettre de nous positionner idéalement dans le sillage desfavoris. Quant à Clément (Lefert), il avait tellement donné en sériesque l’on a choisi de le qualifier. » « L’ordre du relais, c’est une chose »,intervient Fabien Gilot, « mais on savait qu’il nous fallait surtout quatrebonhommes en forme pour espérer signer un résultat. » « C’est là où ilsont été impressionnants », abonde Lionel Horter. « Les Français ontréussi la course parfaite, celle que l’on attendait depuis les JO de Pékin.Ils ont tous respecté les consignes sans commettre d’erreurs. C’est çal’expérience. Ils ont été là où on attendait qu’ils soient. C’est fort ! »

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Londres 2012

POURQUOI ALAIN BERNARD N’A-T-IL PAS DISPUTÉ LA FINALE ?

LES AUSTRALIENS ONT-ILS CÉDÉ SOUS LA PRESSION ?

Les ingrats diront que l’absence d’AlainBernard a permis aux Bleus de triompherdes Américains. Sûr qu’ils n’hésiteront pasà rappeler les désillusions de Pékin en2008, de Rome en 2009 ou de Budapest en2010 pour asseoir leur argumentaire etentamer le crédit du champion olympique.Mais c’est aller un peu vite en besogne.« C’est dingue que l’on dise encore qu’Alainfait perdre le relais », s’insurgeait DenisAuguin l’an passé après les championnats dumonde de Shanghai. « Alain a toujours biennagé dans les relais. Il a toujours tenu son rang et il s’est systé-matiquement impliqué sans retenue pour le groupe. Là vraiment,je ne comprends pas. » L’explication est en fait nettement moinspernicieuse. Si Alain Bernard n’a pas disputé la finale du 4x100 mnage libre c’est tout simplement parce que le Niçois Clément Leferts’est montré plus rapide en séries (48’’31 contre 48’’14, Ndlr). « Lesrègles étaient claires et objectives », commentait le colosse antiboisà l’issue de la finale victorieuse des relayeurs français. « Au-delà demon cas personnel, il faut retenir que cela a été un 4x100 m extra-ordinaire. C’était la première fois en six ans que je ne nageais pasen finale, mais avec Jérémy (Stravius) nous avons contribué à la

victoire en disputant les séries. » Car s’ils n’étaient pas alignés enfinale ni présents sur le podium à l’heure de la Marseillaise, AlainBernard et Jérémy Stravius ont bien quitté Londres avec la médailled’or du 4x100 m autour du cou. Une dernière récompense à la hauteurde la colossale carrière du champion olympique. « Surtout n’oubliezpas que nous avons remporté cette médaille à six », ajoutait FabienGilot les yeux rougis par l’émotion. « Alain, Jérémy et William(Meynard) font partie du groupe. Au même titre que Fred (Bousquet)membre du relais depuis les championnats du monde de Barceloneen 2003 (où les Français avaient décroché la médaille de bronze,Ndlr). »

Tout le monde les attendait sur la plus haute marche du podium.C’était une évidence, un scénario (presque) écrit d’avance. Avec letitre mondial de la spécialité en poche et le supersonique JamesMagnussen (photo) en rampe de lancement, les Australiens sem-blaient intouchables. Reste que la vérité d’un jour n’est pas celle dulendemain et les sprinters Aussies ont échoué au pied du podium,derrière des Russes altruistes qui, c’est désormais avéré, prennenttoujours un malin plaisir à se faufiler derrière les favoris annoncés(cf. la médaille d’argent qu’ils dérobèrent in-extrémis aux Françaislors des Mondiaux de Rome en 2009, Ndlr). « Les Australiens étaient

favoris », admet Alain Bernard, « mais je ne suis pas sûr que ce soitun avantage. Le titre n’est jamais automatique, surtout quand unrelais manque d’expérience comme c’était le cas pour les Australiens.Croyez-moi, nous en avons fait l’amère expérience aux JO dePékin. » « La position de favori est très difficile à assumer », confirmeLionel Horter. « Ce n’est pas simple d’être l’équipe à battre. Vous êtesobservé par tous vos concurrents, on décrypte vos prestations ententant de trouver le meilleur moyen de vous contrer. Dans ces cas-là,il est toujours difficile de disputer une belle course parce que tout leplateau est mobilisé contre vous. »

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POURQUOI LES AMERICAINS ONT-ILS CRAQUÉ ?

LA DÉSILLUSION DE PÉKIN A-T-ELLE ÉTÉ BÉNÉFIQUE ?

La question mérite d’être posée, tant les boys de Michael Phelpssemblent en général insensibles à toute forme de pression (ou alorsils le cachent bien). Pas cette fois en tout cas. A Londres, les nageursà la bannière étoilée ont égaré la recette du succès dans les eauxtumultueuses de l’Aquatic Center, notamment sa majesté RyanLochte qui a cédé sous les assauts d’un petit frenchie de 20 ans.Yannick Agnel, puisque c’est de lui dont il s’agit, n’en finit décidémentplus d’alimenter sa légende. Le champion olympique du 200 m nagelibre est un monstre. Pas physiquement, il lui reste dans ce domaine

une grande marge de progression, mais bien mentalement. Car àl’heure de disputer sa première finale olympique, et qui plus est deparachever l’œuvre collective de ses partenaires dans un dernier100 mètres capital, le Niçois a fait feu de tout bois avec la maestriad’un taulier aguerri aux luttes internationales. « En chambre d’appelils étaient blancs », se remémore Amaury Leveaux, premier relayeurde l’équipée tricolore. « Le midi on les avait croisés au self et ils noussemblaient déjà très tendus. Un peu comme nous en 2008. Donc ony est allés à la cool, comme on sait faire. Et ça a plutôt bien marché. »

Il faut croire que les Bleus ont tiré des enseignements de leurs erreurspassées. Moins de pression, plus de sourires, de l’envie et cetenthousiasme collectif, presque enfantin, qui faisait encore défautau 4x100 m lors des Jeux Olympiques de Pékin. « En 2008, nousétions les favoris », se rappelle Alain Bernard. « Tout le monde nousattendait, un peu comme les Australiens à Londres. On devait gagner,la médaille d’or ne pouvait quasiment pas nous échapper. On a oubliéde s’amuser alors que c’est essentiel. On s’était mis une grossepression et on s’est planté. Ça a été dur à accepter. » Dur, mais ins-tructif. Il faut noter également que la culture des relais n’en étaitalors en France qu’à ses balbutiements. Les Bleus se découvraient

des ambitions sur l’un des territoires de jeu préféré des Américains.« On ne saura jamais si la défaite de Pékin a joué un rôle dans la victoirede Londres », remarque Fabien Gilot, « mais tous les relais que nousavons disputés depuis les JO de 2008 nous ont renforcés. Aujourd’hui,le groupe est fort et soudé. Nous connaissons nos qualités et noussavons que nos adversaires ne sont pas imbattables. » « Nos relaisn’ont plus de complexes à nourrir », ajoute Lionel Horter que la désillu-sion de 2008 avait sérieusement ébranlé. « Mais attention à ne pas toutconfondre. L’or du 4x100 m nage libre n’a rien d’une revanche. C’estmagnifique d’être sur la boîte à côté des Américains qui nous avaientfait beaucoup de mal à Pékin, mais ils se relèveront très vite. »

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26 Coulisses

copie parfaite. Nous savions qu’il fal-lait quatre chronos exceptionnels pouraccéder au podium et ils l’ont fait.

Reste que ce titre olympique peutsembler par certains aspects presquemiraculeux tant les Bleus ont déjouétous les pronostics.Il n’y a pas beaucoup de miracle dansle sport de haut niveau et encoremoins en natation. C’est le travaileffectué par les nageurs et leursentraîneurs depuis des années qui apermis au relais de repartir toujoursmédaillé d’un grand événementdepuis les championnats du mondede Melbourne en 2007. Il n’y a pasbeaucoup de disciplines en France quipeuvent prétendre à de tels résultatset ce n’est pas le fruit du hasard.

Alain Bernard a disputé sa dernièrecourse lors des séries du relais.Comment avez-vous abordé cetteconclusion ?Le plus sérieusement possible,comme s’il préparait une course in-dividuelle. Nous avons beaucouptravaillé les prises de relais à l’entraî-nement et rien n’a été négligé. Jevoulais aussi qu’Alain prenne du plai-sir car il a toujours pris ce relais trèsà cœur.

Et à l’issue des séries, n’y avait-il pasun peu d’émotion ?Non pas du tout. On était centré sur laperformance et pas sur ce que nousavions déjà accompli (il s’interrompt)…C’est étrange, mais les gens ontdavantage perçu la fin que nous.Lorsque nous sommes arrivés auxchampionnats d’Europe de Debrecen(fin mai, Ndlr), on ne s’est pas dit : cesont nos derniers Euro. Nous étionsen Hongrie pour être performants.

On a parfois sous-entendu qu’Alainavait des difficultés à gérer la pressiondu relais. Etait-ce justifié ?On a beaucoup cristallisé sur Alaincar c’était le champion olympique, maisil n’a jamais été mauvais en relais.C’est un pur fantasme. Il n’y a qu’àdécrypter ses chronos pour mesurerses performances. Cela m’a toujoursétonné que l’on sorte un nageur ou deux

On a beaucoup cristallisésur Alain car c’était le

champion olympique, maisil n’a jamais été mauvais

en relais. C’est un pur fantasme.

Denis Auguin : «Une chance

Denis, comment avez-vous vécu lavictoire du relais 4x100 m nage libre ?Ça restera une journée exceptionnelleparce que c’est un titre que l’on atten-dait depuis très longtemps. Et puisc’était également la dernière d’Alainalors ça avait une saveur particulière.Il m’a fallu du temps pour digérercette journée, mais c’est ça aussi lesJeux Olympiques : des émotions vio-lentes, dans les hauts comme dansles bas. Je garderai toujours en têtel’image d’Alain et de Jérémy (Stravius)en train de pleurer dans la tribuneaprès la victoire du relais. L’émotionétait telle... Il fallait que ça sorte. Çaprouve aussi que cette équipe du relaisest réelle. Les quatre qui ont nagé(Amaury Leveaux, Fabien Gilot, ClémentLefert et Yannick Agnel, Ndlr) ont signéun énorme résultat mais ils étaientnombreux à batailler depuis des an-nées. Il y a bien sûr Alain et Jérémymais aussi Fred Bousquet que l’on nepeut pas oublier.

Ce titre n’avait donc rien d’utopique.Bien sûr que non ! Sinon on ne seserait pas aligné aux Jeux. Les Aus-traliens étaient les grands favoris,mais personne n’est imbattable. Cettevictoire, il a fallu aller la chercher etles relayeurs français ont tous élevéleur niveau en finale pour rendre une

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Après treize années, leur histoire s’est ache-vée le dimanche 29 juillet avec la médailled’or du relais 4x100 m nage libre. Un sacrehistorique que le squale Alain Bernard et sonentraîneur Denis Auguin ont vécu des tribunes,sans regret ni remord, mais avec la satisfac-tion du travail accompli. Des années qu’ilsattendaient cette victoire collective alorsrien, pas même l’émotion de ce point final,n’aurait pu altérer leur joie. Retour avecDenis Auguin sur un incroyable dénouementet l’une des plus fructueuses collaborationsaquatiques.

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d’un relais en portant des jugementssur leurs résultats. Cela n’a aucunsens. Alain a été parfois extrêmementperformant et un peu moins à d’au-tres moments, mais comme tous lesautres nageurs de l’équipe de France.

Alors comment expliquez-vous l’his-toire tourmentée qu’Alain Bernard aentretenu tout au long de sa carrièreavec le relais 4x100 m nage libre ?Il y a toujours eu beaucoup d’attentesautour du relais qui parfois n’ont pasété comblées. Je pense aussi qu’il nousa fallu du temps pour appréhender laculture du relais en France. Mais jecrois que l’or olympique va nous dé-complexer une bonne fois pour toute.

De quelle manière avez-vous vécu lesdernières semaines d’entraînementavec Alain ?Elles ont été très simples. Nousétions très détendus, ce qui ne nous a

pas empêchés de réaliser un travailtrès sérieux et rigoureux. En mêmetemps, on voulait en profiter parceque l’on savait tous les deux que larelation entraîneur/entraîné allaits’interrompre.

La fin de votre collaboration est en-core toute récente, mais conservez-vous néanmoins une image ou unsouvenir particulier ?Il y en a tellement… Je n’ai pas desouvenir spécifique, juste le plaisird’avoir rencontré un garçon commeAlain. Ce fut une chance extraordi-naire de l’avoir accompagné durantaussi longtemps (silence)…

Avez-vous redouté la fin de cettefructueuse collaboration ?Non, pas vraiment car cela fait déjàdeux ans que je l’anticipe. Je savaisqu’Alain cesserait de nager un jour.Mais ce n’est pas une fin pour nousdeux, c‘est aussi pour cela que nousn’avons pas été perturbés. Emus,mais pas perturbés.

Et à quoi vous destinez-vous désor-mais ?Je vais commencer par prendre durecul avec l’entraînement. Je vais resterau CN Antibes, mais j‘aurai davantageun rôle de management sur la section

Je vais rester au CN Antibes, mais j’aurai

davantage un rôle demanagement sur la section natation et sur toutes les

composantes du club.

extraordinaire» (Ph.

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SP)

(Ph.

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natation et sur toutes les composantesdu club. L’idée est de permettre au CNAntibes de se développer et de conti-nuer à fournir des nageurs de trèshaut niveau à l’équipe de France.Depuis 1976 et la création du club,nous n’avons jamais manqué les JeuxOlympiques. Ma mission sera de faireen sorte que le club ait les moyensstructurels et financiers de continuerdans cette voie. Et de mon côté, jeveux rendre à la natation et à Antibestout ce qu’ils m’ont apporté. La nata-tion moderne et la structure d’un clubne peuvent plus s’envisager commeil y a vingt ans. Il faut des moyenshumains et financiers pour se déve-lopper.

Vous n’avez pas songé à superviserla carrière d’un autre nageur ?C’est plus compliqué que ça (silence)…On demande aux nageurs un engage-ment total, alors il faut que l’entraî-neur soit également en mesure de selivrer chaque jour à 100%. Aprèsréflexion, j’ai préféré me retirer. C‘estun gage d’honnêteté vis-à-vis desathlètes. Je ne dis pas que je nereviendrai pas, mais pour l’instant j’aibesoin de prendre du recul •

Recueilli à Londres et à Dunkerque parAdrien Cadot

Pincement au coeur« Je peux le diremaintenant, j’ai eu unpincement au cœurpendant la finale du100 m nage libre. Cen’est pas forcémentle fait qu’Alain n’aitpu défendre son titreolympique qui m’aitgêné, puisque cen’éta i t pas notreobjectif, mais j'airepensé à ses entraî-nements tout au longde la saison et je n’aipu m’empêcher de medire quel dommage. »

(Denis Auguin)

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Agnel, dans le sens du

Après.

(Ph.

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Il était écrit que Yannick Agnels’illustrerait aux Jeux Olympiquesde Londres. Après cinq titres

continentaux en junior (juillet 2010),une médaille d’or du 400 m nagelibre pour ses premiers Euro seniorà Budapest (août 2010) et deux fi-nales mondiales dans le sillage desAméricains Phelps et Lochte à Shan-ghai (juillet 2011), le Niçois de 20 anssemblait bel et bien programmépour truster les premiers rôles enAngleterre. Mais le dire c’est bien et lefaire c’est mieux ! Car si le potentiel dulongiligne sudiste a toujours sembléévident, rien n’aurait pu prédire letriomphe du cérébral crawleur azuréen.« On dit que je suis un intello »,s’amuse le jeune homme, « mais siêtre un intello c’est poser des ques-tions et s’interroger, alors oui, j’ensuis un. Vous savez, on ne nage pasau plus haut niveau par hasard.Quand vous devez enchaîner huit oudix bornes à l’entraînement, c’estimportant de savoir pourquoi vous lefaites. Sinon, ça n’a aucun sens. » Laquête de sens, voilà peut-êtrel’unique mot d’ordre du deuxièmedouble champion olympique de la na-tation tricolore (puisqu’en remportantl’or avec le relais 4x100 m le di-manche 29 juillet, Alain Bernard adoublé la mise après son titre du 100m glané aux JO de Pékin, Ndlr). Unequête qui prend justement tout sonsens au contact de Fabrice Pellerin,l’entraîneur de l’ON Nice qu’il rejoi-gnit à 14 ans et qui le fit éclore ausommet de l’Olympe. « Il ne m’a falluqu’une seule journée pour savoir que

A seulement 20 ans, le pré-coce Yannick Agnel a réussil’incroyable tour de force demarier sens et plaisir pourdonner corps à son rêveolympique et s’octroyer deuxmédailles d’or sur 200 m et4x100 m nage libre, l’argentdu 4x200 m et une quatrièmeplace riche de promessessur l’épreuve reine qu’ildécouvrait au niveau inter-national.

L’hommage

de PhelpsL’image n’aura échappé à personne. A l’arrivée

du 4x200 m nage libre, Michael Phelps se tourne

vers Yannick Agnel, deuxième dans le sillage des

Américains, pour lui glisser quelques mots « en privé ».

« Phelps m’a félicité pour ma victoire sur 200 m et

il m’a dit qu’il était impressionné et fier et que

mon chrono (1’43’’14, Ndlr) rentrait probablement

dans les cinq meilleures performances mon-

diales de l’histoire. Alors si maître Phelps

le dit, je veux bien le croire », confiait

en aparté le Niçois dans un grand

sourire.

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Le 4x200 m confirmeAprès l’argent mondial en 2011, onattendait beaucoup du relais 4x200 mnage libre tricolore. D’autant queles quatre mousquetaires deShanghai enregistraient lesrenforts de Clément Lefert etAmaury Leveaux. Reste qu’aprèsla claque du 4x100 m nage libre(argent derrière les Français,Ndlr), les Américains ont lâché leschevaux pour tenir en respect lesBleus d’Agnel (6’59’’70 contre7’02’’77, Ndlr) « Nous avions pourobjectif de rester au contact leplus longtemps possible afin dedonner une chance à Yannick deremonter », commentait le NiçoisClément Lefert, « mais Lochte aassuré son premier relais. Il a prisbeaucoup trop d’avance pour quenous puissions les inquiéter ». « Lesrelais incarnent la force d’unenation, et là nous avons de nouveaudémontré que nous étions pré-sents », expliquait de son côtéAmaury Leveaux. « Les Américainssavaient que nous les avions titillésl’année dernière à Shanghai, alorsils se devaient de faire le boulot.Nous n’avons pas de quoi êtredéçus. Ce relais est plein d’avenir,il se construit progressivement. »

je voulais rester à Nice », se souvientl’ange bleu. « Fabrice est quelqu’unde super compétent et il a uneapproche de l’entraînement diffé-rente de celle qu’on peut retrouveren France, quelque chose de plus“intellectualisant”. »Intellectualisant, certes, mais pasintellectualisé. « Il ne faut pas toutconfondre », corrige Yannick Agnel.« J’essaie de comprendre ce que jefais, mais ensuite, place au plaisir.D’ailleurs à Londres, j’étais d’abordheureux de venir m’amuser avec mespotes nageurs du monde entier (…)C’est aussi pour cela que j’ai renoncéau 400 m. J’ai préféré me concentrersur des courses où j’allais prendre duplaisir. » N’en déplaise aux esthètesaquatiques et autres stakhanovistesdes bassins, compétition et plaisir nesont pas antinomiques. A l’instar duphysique d’ailleurs.« En général, les nageurs ont uncorps assez esthétique et homogène.Certains en jouent, c’est peut-êtreleur credo, mais, moi, ce n’est pasmon truc. Et puis, franchement, je nepourrais pas. Quand on voit le Mikadoque je suis, si je commence à mettredes boxers moulants pour poserdans des pubs, ça ne va pas le faire,je serais carrément ridicule… Cha-cun son truc », signale l’Azuréen sanscomplexe. Un physique de « mikado »qui n’empêche cependant pas l’Angelde défier les mastodontes du sprintmondial. « Effectivement, quand onvoit les “gros bébés” du sprint, çachange un peu. Mais bon, jem’étoffe. Ça n’est pas forcément trèsvisible… Chacun a sa morphologiepropre. Au nageur de s’en accommoderet d’essayer d’en tirer le maximum.Moi je pense que l’avantage que j’ai,c’est d’être plutôt fin, d’être plus fu-selé pour “profiler” dans l’eau. J’aimoins de freinage, de résistance àl’avancement. Ça me permet d’allerplus vite que certains. Ça ne serviraità rien de gagner en force ou en car-rure. Au contraire. » La quête de sens,encore une fois. De sens et de raisonpour un jeune homme qui n’en a pasencore fini avec les envolées aquatico-lyriques. « Ça c’est sûr, mais pourl’instant je ne me projette pas. Je vaisd’abord savourer ces médailles avantde reprendre l’entraînement en espé-rant prendre encore plus de plaisirl’année prochaine. » •

A Londres, Adrien Cadot

u plaisir L’œil du coachUne finale du 200 m parfaite ?

Fabrice Pellerin : « Yannick a mis le paquet en finale. Tous leséléments qui ont été travaillés, préparés et parfois ratés sur desmeetings, étaient tous présents. Yannick était à la fois serein ettrès déterminé. Très honnêtement, pour le deviner un peu sur lapratique quotidienne, ce titre olympique il l’avait en tête depuisbelle lurette. Je crois qu’il a rassemblé tout ce qu’il est et tout cequ’il a travaillé ces dernières saisons pour faire une course dechampion en finale. »

Un comportement de patron ?F. P. : « La stratégie était celle qu’il fallait employer compte-tenude l’adversité (le Chinois Sun et le Coréen Park, Ndlr) et il a mêmeajouté quelques petits dixièmes qui font que l’on va apprécier cetitre, pas seulement parce qu’il est champion olympique, maisaussi par la valeur absolue du chronomètre. »

Epatant ?F. P. : « Est-ce qu’il m’a épaté ? Non, c’est un peu trop fort commeterme, je vais en garder un peu pour la suite. Disons qu’il m’arégalé (sourire). »

La victoire de la détermination ?F. P. : « On avait ciblé 1’43’’8 pour la finale du 200 m. Je pensaisque l’on pouvait viser un titre avec ce temps et l’on avait modéliséson entraînement autour de cette performance, mais Yannick aenlevé les dixièmes qui font que l’on passe de la satisfaction àune très belle course. C’est la preuve que quand les nageursajoutent leur détermination au travail quotidien, on n’est jamaisau bout de nos surprises. »

Recueilli par A. C.

(Ph.

KM

SP)

A pas de géantContrairement à ce que certains pourraient imaginer, la moisson olympique de Yannick Agnel n’a riend’un hold-up. Il y a deux ans, le Bac scientifique en poche, le Niçois s’en était allé cueillir cinq titrescontinentaux aux Euro junior à tout juste 18 ans, avant d’empocher l’or du 400 m aux championnatsd’Europe de Budapest (août 2010). L’année suivante, pour ses premiers mondiaux à Shanghai, leSudiste s’était enquillé deux finales sur 200 et 400 m nage libre. Pas de médailles en Chine, mais unapprentissage express dans le sillage des Américains Phelps et Lochte. « J’ai peut-être été tropattentiste », admettait Yannick Agnel à l’époque. « Mais j’ai appris beaucoup de choses sur la gestiond’une finale. A Londres, ça ne se passera pas de la même manière. » En Angleterre, le prodige tricoloreaura su mettre en pratique ces deux saisons pour désamorcer la pression du rendez-vous olympiqueet contrecarrer ses illustres adversaires. « C’est incroyable avec quelle facilité Yannick parvient àappliquer ce qu’il apprend », s’enthousiasmait Alain Bernard à l’issue de la finale du 200 m nage libre.« Ce qui m’a bluffé, c’est qu’il a gagné en patron. C’est encore plus beau que quand on subit. Il a prisles choses en mains et son niveau fait qu’il termine avec deux mètres d’avance. »

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Londres 2012

Camille, qu’avez-vous ressenti enremportant la médaille d’or du 400m nage libre ?Maintenant, c’est un peu plus concret,mais il m’a fallu plusieurs jours pouren prendre vraiment conscience. Jesavais que j’avais gagné, mais j’ai eudu mal à l’intégrer.

Et sur le podium ?Il y a tellement d’émotions… C’est diffi-cile de mettre des mots dessus… Maisil y a eu comme un soulagement.Après tant de travail, cette médailleest venue récompenser tout mon in-vestissement. Alors oui, c’était quandmême un soulagement, même sij’avais la certitude d’en être capable.

Trois semaines avant les Jeux Olym-piques de Londres, lors de la sixième

édition de l’Open EDF (6-7 juillet,Ndlr), vous sembliez d’ailleurs trèssereine.J’avais conscience de l’enjeu et de ladifficulté, mais je savais aussi quemon rêve de titre olympique n’étaitpas inaccessible. Je crois surtoutn’avoir jamais été aussi déterminée.Je savais exactement ce que je devaisréaliser à Londres…

Reste que vous sembliez égalementtrès éprouvée physiquement.C’est vrai que la préparation pour lesJeux de Londres a été éprouvante.Dans les dernières semaines, et no-tamment à l’Open EDF de Paris,j’étais très fatiguée. Mais j’ai toujourseu confiance en Fabrice (Pellerin, sonentraîneur à Nice, Ndlr). Je savaisque sa préparation nous mettrait

Soixante ans après le sacre de Jean Boiteux auxJO d’Helsinki et huit ans après celui de LaureManaudou à Athènes, Camille Muffat a offert à laFrance le troisième titre de son histoire sur 400 mnage libre. A Londres, la Niçoise de 22 ans apleinement assumé son statut de favorite endomptant les ardeurs de l’Américaine AllisonSchmitt, par ailleurs couronnée sur 200 m nagelibre devant l’élève de Fabrice Pellerin. Deux ansaprès avoir renoncé à la polyvalence du quatrenages pour se concentrer sur le crawl, CamilleMuffat s’est hissée au sommet de la natationmondiale en révélant l’étendue d’un talent quel’on devinait taillé pour les joutes olympiques.

Camille Muffat : «La certitude

d’en être capable» (P

h. K

MSP

)

Après Jean Boiteuxen 1952 et Laure Manaudou en 2004,Camille Muffat estdevenue la troisièmechampionne olympique tricoloredu 400 m nage libre.

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Autant j’étais sûr de maforce sur 400 m, autant le 200 m me semblait

plus aléatoire.

“”A ce propos, qu’est-ce qui a été le

plus dur à Londres ?Le plus dur ce n’est pas d’enchaînerles courses, parce que c’est quelque-chose que je maîtrise, mais plutôttout ce qu’il y a autour. Les trajets ennavette, les médias, les contrôlesantidopage et aussi et surtout lesémotions que l’on vit et qui nous pom-pent beaucoup d’énergie. Mais main-tenant que j’ai été championneolympique, je crois que j’aborderaisplus sereinement les prochainescompétitions.

Quelle saveur a cette médaille d’argentpar rapport à l’or du 400 m ?La médaille d’argent du 200 m a forcé-ment une saveur différente. Championolympique, c’est au-dessus de tout.Une fois que j’ai décroché l’or, l’argentdu 200 m nage libre ne pouvait pasconstituer une déception. Peut-êtreque si cela s’était passé autrement,j’aurais nagé mon 200 m pour arra-cher l’or, mais voilà, ça ne s’est pasdéroulé de la sorte. Mon rêve, c’étaitd’être championne olympique. Je croisque beaucoup de choses sont retom-bées après le 400 m.

Avez-vous mûri au cours de ces JeuxOlympiques ?Après les championnats du monde de

Je connais ma valeur, maisje sais aussi que je peux

faire bien mieux.“

dans des conditions optimales pourles JO. Et puis j’ai aussi tendance àme décoincer quand je nage beau-coup. Parfois, je suis épuisée avantune séance, mais une fois dans l’eau,j’encaisse et puis très vite j’amélioremes chronos et tout devient fluide.

Comment digère-t-on un titre olym-pique ?C’est loin d’être évident (sourire)...Après le 400 m nage libre, j’ai eu unpeu de difficulté à maintenir maconcentration pour le 200 m. De plus,je savais que je disposais d’unemarge plus réduite. Autant j’étais sûrde ma force sur 400 m, autant le 200 mme semblait plus aléatoire. Reste queje suis extrêmement satisfaite de mamédaille d’argent. J’avais peut-être lapossibilité de décrocher deux mé-dailles d’or, mais c’est ça aussi unesemaine olympique. Un enchaîne-ment de courses entre lesquelles ilfaut trouver la force de se remobiliser.

Shanghai (juillet 2011, Ndlr), j’avais lesentiment d’avoir emmagasiné beau-coup d’expérience, mais ce n’est rienen comparaison des Jeux Olympiques.Les JO de Londres vont beaucoup meservir pour la suite, même si je nesais pas encore ce que je vais viser dansles années à venir. On en discuteraavec Fabrice à la rentrée.

Et en quoi l’expérience des JeuxOlympiques va-t-elle vous servirpour la suite de votre carrière ?L’environnement des championnatsdu monde et des JO sont totalementdifférents. Les Jeux, c’est le summum.On vit quelque chose d’extraordinairependant deux ou trois semaines parceque même lorsque votre compétitions’arrête, vous avez envie de profiterde l’ambiance, des autres sports etdes autres médailles.

Avez-vous le sentiment d’avoir prisune nouvelle dimension depuis cesacre olympique ?Oui, mais je pense que c’est un peunormal parce que vous êtes subitementprojeté dans la lumière. Au villageolympique par exemple, des nageursque je ne connaissais pas sont venusspontanément me féliciter. Ils n’arrê-taient pas de dire qu’ils étaientcontents pour moi et franchementcela fait très plaisir. On sent que l’onentre dans une autre dimension.Quelque part, on n’est presque plus unnageur comme les autres. Maintenant,je suis championne olympique.

Ce titre olympique va-t-il décuplervotre appétit de victoire ?Peut-être... Je n’ai pas envie d’y songermaintenant. J’y penserai dansquelques semaines quand je repren-drai l’entraînement. Ce serait dom-mage de ne pas savourer ce titrependant quelques semaines ouquelques mois, même si je sais perti-nemment que la réalité va rapide-ment reprendre le dessus. Je connaisma valeur, mais je sais aussi que jepeux faire bien mieux. A la rentrée,j’aurai une discussion avec Fabrice.Nous évoquerons mes envies, parceque c’est le fondement d’une carrièresportive de haut niveau •

Recueilli à Londres par Adrien Cadot

L’œil du coachUne apothéose émotionnelle ?

Fabrice Pellerin : « Je suis raviqu’elle ait décroché la médailled’or parce que Camille a travaillésans filet. Elle ne s’est jamais cachée. Elle a très vite annoncéqu’elle visait l’or olympique enacceptant d’être jugée dans lebassin. C’est une vraie récompensepour tout son investissement, sarigueur et sa discipline. »

Un scénario écritd’avance ?

F. B. : « L’Américaine (AllisonSchmitt, Ndlr) a mené une courseintelligente en adoptant la seuletactique qui aurait pu déstabiliserCamille. Sauf qu’elle a disputétellement de 400 m de niveaumondial cette saison qu’elle nes’est pas laissée surprendre.Cette victoire était inéluctable.Elle n’avait pas envisagé autrechose que de gagner. »

Jusqu’où peut-ellealler ?

F. P. : « Ce sera à Camille de ledéterminer, comme elle l’a fait ily a deux ans en décidant de seconcentrer sur le crawl. Nous allons en parler à la rentrée etnous définirons à ce moment unplan de travail. »

Recueilli par A. C.

Un 4x200 m en bronzeDans le sillage des gar-çons, les filles du relais4x200 m nage libre ontdécroché le bronze olym-pique en 7’47’’49, derrièreles Etats-Unis (7’42’’92)de Missy Franklin etAllison Schmitt, et l’Aus-tralie de Bronte Barratt(7’44’’41). Une breloquehistorique qui fait écho àl’unique récompense in-ternationale raflée par cerelais aux championnatsdu monde de Melbourneen 2007 avec LaureManaudou. Un bronze quiaura également permisà Charlotte Bonnet, 17 ans, de rejoindre ses partenaires niçois(Yannick Agnel, Clément Lefert et Camille Muffat, Ndlr) autableau des médailles. « J’étais la seule Niçoise à ne pas avoir demédaille », a commenté la jeune élève de Fabrice Pellerin. « Je mefaisais chambrer tous les soirs, alors je ne suis pas mécontented’avoir enfin ouvert mon compteur et de rejoindre Camille, Yannicket Clément. »

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Londres 2012

A Londres, Coralie Balmy serapassée par toutes les émotions.Le plaisir de performer et des’étalonner à l’élite mondiale etl’émotion de la fin de carrière deson compagnon Alain Bernard,médaillé d’or avec le relais 4x100 mnage libre mais privé de finale.

C’est l’histoire d’une métamor-phose. Du retour de l’un desplus beaux sourires de la

natation française que l’on désespéraitde contempler à nouveau. Celui deCoralie Balmy, « Coco » pour les in-times, qui a définitivement enterréses démons pour mieux savourerl’instant. « Cette saison j’ai prisconscience qu’une carrière passe trèsvite et qu’il n’y a pas de temps à per-dre », observe avec philosophie lacompagne d’Alain Bernard.Une prise de conscience en forme derévélation amorcée par son entraîneurFranck Esposito, quintuple championd’Europe du 200 m papillon, qu’ellea rejoint en 2010 après huit années decollaboration avec Frédéric Barale.« Tout ce que j’ai appris avec Fred m’aservi, mais j’ai eu besoin d’autre

chose pour continuer à progresser etje me suis tournée vers Franck. Trèsvite, nous avons ouvert le dialogue etson expérience d’ancien nageur dehaut niveau m’a été très utile. Il avécu tout ce que je vis et j’ai appris àprendre de la distance. Et puis Franckm’a permis de mettre des mots surmes frustrations. »

A commencer par celle des JeuxOlympiques de Pékin en 2008, oùCoralie avait manqué la médaille debronze pour huit petits centièmes.« C’est vrai que j’y ai songé pendantlongtemps », consent-elle. « J’ai dûapprendre à digérer cette déception,mais aujourd’hui je n’ai plus de re-grets. Je sais que si je devais nager ànouveau la finale de Pékin, je m’yprendrais de la même manière. J’ai

En terminant sixième du 400 m nage libre, CoralieBalmy n’aura donc pas réussi à effacer la frus-tration des JO de Pékin, où elle avait échoué à huitcentièmes du podium. Reste que la Martiniquaisede 25 ans a renoué à Londres avec le plaisir deperformer sans états d’âme.

Franck m’a permis de mettre des mots sur mesfrustrations. Il a vécu toutce que je vis et j’ai appris à prendre de la distance.

davantage confiance en moi, je sais ceque je peux réaliser et surtout j’abordeles événements avec sérénité, sanscomplexe. » Au point de décrocher letitre continental du 400 m nage libre auxchampionnats d’Europe de Debrecen, finmai, avant de prendre la sixième placede la spécialité en finale olympique.« A Londres, je savais qu’il fallait nager4’02 pour accéder au podium. Ensignant 4’05 en finale ce n’était passuffisant, mais j’ai donné le maximum.Je ne peux rien regretter. » D’autantque jusqu’aux trois cents mètres, laMartiniquaise était encore virtuellementsur le podium, à quelques encabluresseulement de sa compatriote CamilleMuffat et de l’Américaine AllisonSchmitt. Et les larmes qui dévalèrentses joues à l’issue de la finale ne furentpas celles d’une amère déception,mais bien le chagrin de voir les gar-çons du 4x100 m nage libre triompherdes Américains et des Australienssans son homme, l’immense AlainBernard, sorti du relais après les sériesmatinales au profit de Yannick Agnelet Fabien Gilot. Coralie Balmy a gagnéen maturité, mais le cœur a ses raisonsque la raison ignore. Ainsi va l’amour •

A Londres, A. C.

la joie retrouvéeBalmy,

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Londres 2012

Florent, vous voilà champion olym-pique…Oui, il va me falloir du temps pourréaliser (sourire). Les Jeux, tout lemonde rêve d’y participer. Mais lesvoir c’est une chose et y figurer c’enest une autre. Je me souviens desmédailles de Laure en 2004. Pourles finales du 400 m et du 100 m dos,j’étais à la maison avec mes parents,mais nous avions suivi celle du 800 mà Athènes. J’avais 13 ans à l’époque etje ne rêvais pas encore des JO. C’estvraiment à partir de Pékin en 2008que j’ai commencé à y penser.

Imaginiez-vous remporter ce titre ?Ce n’est pas que je ne pensais pasêtre champion olympique, c’est que jesavais que les trois autres (CesarCielo, Cullen Jones et Anthony Ervin,Ndlr) étaient plus rapides. Je savais

que pour gagner, il fallait faire 21’’3.Je me sentais capable de faire 21’’5ou 21’’4 au mieux. Je me suis surpris.

Justement, comment expliquez-vousvotre progression de cinq dixièmesentre les demi-finales et la finale(21’’80 en demi-finale puis 21’’34 enfinale, Ndlr) ?21’’34, je me demande encore commentc’est possible… Je pars vite comme àmon habitude, je sens que je suis fortdans l’eau mais je rate ma reprise denage. A ce moment, je me dis quec’est une finale des Jeux et que je ne

C’est un peu la surprise du chef, la cerise sur ungâteau tricolore déjà bien garni. En éperonnantl’or du 50 m nage libre à sa première participationolympique, le cadet de la fratrie Manaudou anon seulement livré une course parfaite (21’’34,record personnel et meilleur performancemondiale de l’année, Ndlr), mais égalementclos une semaine historique pour la natationfrançaise. A 21 ans, Florent n’est plus seulementle petit frère de Laure, il est désormais l’un dessprinters les plus prometteurs de sa génération.

21’’34, je me demande encore comment

c’est possible.“

Florent Manaudou : «J’en rêvais»

Florent Manaudou peut exulter,il vient de coiffer l’AméricainCullen Jones et le BrésilienCesar Cielo à l’arrivée du 50 mnage libre. Le cadet de la fratrie Manaudou rejoint sasœur Laure au panthéon olympique.

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ment, puis je me suis calmé jusqu’àce que Laure se précipite sur moi.

Que vous a-t-elle dit ?Qu’elle était très fière de moi etqu’elle y avait toujours cru. C’étaittrès émouvant.

Elle semblait presque plus heureusepour vous que lors de ses succèspassés.Je pense que l’on réagit souventcomme ça. Quand je vois des membresde ma famille ou mes coéquipiersd’entraînement participer à une demi-finale ou à une finale, je suis plusstressé que lorsque c’est moi qui nage.

Avec ce titre en poche, que peut-onespérer pour l’avenir ?D’abord des vacances (sourire). Jevais rentrer chez moi et savourer cettemédaille avec mes parents et mesamis. Je ne vais pas encore penser àla saison prochaine. L’important c’estde bien décompresser avant dereprendre l’entraînement.

A propos d’entraînement, commentexpliquez-vous qu’après seulementune saison complète à Marseillevous accédiez à la première marchedu podium olympique ?Je ne sais pas (sourire)... Vraiment, jen’en ai aucune idée. Cette année, àMarseille, j’ai changé de spécialité. Jesuis passé du dos à la nage libre. Avecmon entraîneur (Romain Barnier,Ndlr), nous avons également fait unpari puisqu’en début de saison j’hési-tais entre le 50 m nage libre et le 100 mpapillon. Finalement, notre choix aété le bon, même si la qualification futtrès difficile à aller chercher auxchampionnats de France de Dun-kerque (18-25 mars 2012, Ndlr). J’étaisbeaucoup plus stressé en finale des« France » qu’à Londres. Romainm’avait prévenu que ce serait plussimple aux JO, que plus je passeraisdes tours plus ça serait facile.

Pouvez-vous aller encore plus vite ?On peut toujours s’améliorer. Je retienssimplement que même en ratant mareprise de nage en finale des Jeux, j’airéussi à m’imposer. Ça veut dire queje peux nager encore plus vite.

Et le 100 m, vous y pensez ?Je ne pense pas faire toute ma carrièresur le 50 m, même si ça a très bienmarché pour moi à Londres. L’annéeprochaine, je vais faire un peu de pa-pillon et du 100 m aussi. On repart surquatre années maintenant, l’importantc’est d’abord de bien décompresserpour bien repartir •

Recueilli à Londres par Adrien Cadot

Laure m’a dit qu’elle étaittrès fière de moi et qu’elle

y avait toujours cru. C’était très émouvant.

“”

L’œil du coachL’or du 50 m, une surprise ?

Romain Barnier : « Quand on sait ce qu’il est capable de réaliserà l’entraînement et quand je vois sa décontraction avant la finale,on s’imagine qu’une médaille est possible. Mais quand je penseaux petits détails techniques qu’il ne maîtrise pas encore, je medis que ce n’est pas possible. Ce qu’il a réalisé, je l’espérais,mais je ne l’imaginais pas. »

Ses forces ?R. B. : « Il suffit de le regarder pour constater qu’il a un physiqueà part. Et puis dans l’eau il a aussi une explosivité et une puissance rare. Mais il est encore jeune. Je n’imaginais pasqu’il puisse claquer 21’’34 en finale des Jeux. »

A quand le 100 m nage libre ?R. B. : « J’aimerais qu’il ait maintenant envie de penser audeuxième 50 mètres pour construire un 100 m nage libre. J’aimerais qu’il se serve de la confiance accumulée sur 50 m,son épreuve fétiche, pour monter d’un étage. Mais ce sera à luide le décider et il faudra voir comment il progresse sur l’aller-retour. »

21’’34 ?R. B. : « Honnêtement, je ne peux pas l’expliquer. C’est presqueirréel. Je sais que l’on a travaillé dur et que l’on s’est creusé latête sur une discipline que l’on ne maîtrisait pas totalementmais que l’on a abordé en tenant compte des qualités de Florent.Mais ce qu’il vient de réaliser en une saison est tout simplementexceptionnel. »

L’influence de Laure Manaudou ?R. B. : « Je ne sais pas si Laure a eu une influence sur lui, maisje suis persuadé que le sport de haut niveau est injuste car ilest d’abord basé sur un talent et un capital génétique, et lui enest naturellement pourvu. Florent ne doit pas être loin des qualités de Laure pour nager longtemps et vite. »

Recueilli par A. C.

Laure a appréciéBien qu’éliminée dès les séries des 100 et 200 m dos (respecti-vement 22e et 30e temps, Ndlr), Laure Manaudou n’en a pasmoins savouré ses troisièmes Jeux Olympiques (après Athènesen 2004 et Pékin en 2008, Ndlr) et la victoire de son cadet Florent(cf. photo). « Même si mes temps ne sont pas top, j’ai étécontente de vivre ces JO. Ça n’a pas été facile de voir que moncorps ne répondait plus aussi bien qu’avant. Je ne regrette pasd’avoir repris l’entraînement et j’aimerais bien continuer. Après,c’est sûr que le niveau est très élevé. Je n’ai pas envie de meprojeter, on verra ce qui se passera la saison prochaine. »

peux pas lâcher, alors je garde monbraquet et je tourne les bras sansrespirer.

Et à l’arrivée, qu’avez-vous ressenti ?Au début, je vois la lumière rouge surmon plot qui indique que je suis dansles trois premiers. Je me dis que c’estvraiment génial, mais après je meretourne et je vois que je suis premier,et là, c’est encore mieux (sourire).

Vous aviez également beaucoup misl’accent sur le plaisir, et en pénétrantdans la piscine avant la finale, voussembliez d’ailleurs très détendu.Vous êtes même le seul des huitconcurrents à avoir esquissé un sou-rire. Un signe ?Mon objectif était de rentrer en finale.Ma compétition était alors - entreguillemets - terminée puisque j’avaisnon seulement fait le boulot maisqu’en plus j’avais amélioré monchrono des championnats de France(21’’86, Ndlr). Donc après j’ai simple-ment essayé de me décontracter unmaximum. Et c’est vrai que les autresétaient tous un peu stressés enchambre d’appel. Je pense aussi quec’est plus facile d’être détendu en tantqu’outsider. J’espère maintenant queje serai encore dans cette finale dansquatre ans, et aussi décontractéqu’aujourd’hui (sourire).

Aviez-vous préparé un plan decourse ? On a le sentiment que vousaviez bien préparé votre coup.Quand on vient aux Jeux, ce n’est paspour terminer deuxième. C’est vrai quej’en rêvais de ce titre… Je me deman-dais comment j’allais réagir (sourire).

Et alors ?Je ne pensais pas réagir comme ça…Là, c’était très extériorisé sur le mo-

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On dit souvent qu’un homme avertien vaut deux et Camille Lacourt,peut-être plus qu’aucun autre

de ses concurrents, connaissait lepotentiel de Matthew Grevers, auteurd’un retentissant 52’’08 aux Trialsaméricaines d’Omaha début juillet.« Je sais que Grevers va vite », re-connaissait le Marseillais le 18 juilletà Dunkerque, « mais il va devoir allerchercher sa médaille. Elle n’est pasgagnée d’avance. » C’est exactementce qu’a accompli le géant de LakeForest (2 m 03 pour 104 kg) en s’im-posant en 52’’16, devant son compa-triote Nick Thoman et le JaponaisRyosuke Irie.« Il n’y a rien à dire », observait CamilleLacourt à l’issue de la finale. « Greversa été le meilleur. Je ne peux que leféliciter. Il m’a manqué dix mètrespour jouer le podium. J’ai essayé departir vite, mais j’ai coincé. Je suistrès déçu parce qu’il y a eu beaucoupde travail cette année... Je suis frus-tré… Il me manque ce petit truc quim’avait permis de nager 52’’10. »52’’11 pour être exact, en août 2010,qui lui avait alors permis de rafler le

record d’Europe et d’empocher par lamême le titre continental à Budapestavant de tripler la mise sur 50 m doset avec le relais 4x100 m 4 nages.C’était une période faste. Celle desflashs et des sourires. Rien ne semblaitrésister au longiligne dossiste del’équipe de France. Ni les chronos, niles fans hystériques et encore moinsles lauriers médiatiques qui accompa-gnaient chacune de ses prestations.« Après les championnats d’Europede Budapest, j’ai été beaucoup solli-cités », se souvient le Sudiste. « J’enavais profité et cela avait affecté mapréparation pour les Mondiaux deShanghai. » Reste que l’élève de

Romain Barnier avait alors su setranscender pour enlever l’or mondialdu 100 m dos en Chine (ex-aequoavec Jérémy Stravius, Ndlr).Un homme averti en vaut deux et ilétait dit que l’Azuréen ne se disperseraitplus dans les sinueux dédales de lacélébrité. « Cette année, j’ai dit nonà tout pour ne pas entamer mapréparation olympique. » Alors quoi ?Le Sudiste aurait-il cédé à la pressionolympique ? « Non, la pression ne medérange pas », assure le compagnonde l’ancienne Miss France ValérieBègue. « Je savais que j’allaisêtre attendu à Londres, maiscomme je marche au défi, cen’était pas un problème. Ilm’a simplement manquéce petit truc pour que manage se mette parfaite-ment en place. »Les Jeux Olympiques deLondres resteront donccomme une expériencefrustrante pour le beaugosse au sourire enjô-leur, qui a d’ores et déjàprévu de s’accorderquatre mois de répitpour accueillir son pre-mier enfant prévu pourseptembre. « Ça, c‘est lavraie vie. La natation n’enest qu’une petite partie. Jesais que le plus beau est àvenir et ce n’est certainementpas dans la piscine que je vaisvivre des émotions commecelles que je vais bientôtressentir. » •

A Londres, A. C.

A l’arrivée, le Marseillais est resté prostré de longuessecondes, sonné par une frustrante quatrième place sur« son » 100 m dos. Celui qui aurait dû le porter au sommetde l’Olympe et couronner son ascension entamée il y a deuxans aux Euro de Budapest et prolongé par un titre mondialà Shanghai, l’été dernier. A 27 ans, Camille Lacourt va main-tenant découvrir les joies de la paternité avant de prendredu recul pour mieux revenir. Ou pas.

Il m’a manqué dix mètrespour jouer le podium. J’aiessayé de partir vite, maisj’ai coincé. Je suis frustrécar il me manque ce petittruc qui m’avait permis de

nager 52’’11.

Lacourt rate la marche

Trois semaines après ses52’’08 aux Trials d’Omaha, le colosse américain MatthewGrevers a décroché le titreolympique du 100 m dos en52’’16.

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Il aura fallu de longuesminutes à Camille Lacourt pour digérer la désillusion de saquatrième place sur100 m dos (quatrièmeen 53’’08).

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Londres 2012

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38 Coulisses

Good vibe or bad vibe?

lière, ça peut être de la variété, de latechno ou du rock, mais il faut que çame secoue avant de me lancer dans lebain. C’est un peu comme un booster. »Même son de cloche chez le NiçoisYannick Agnel : « J’écoute de tout,absolument de tout, du classique aumétal sans distinction de genre ou destyle. Mais avant les compétitions, jeprivilégie toujours des titres explosifset dynamiques comme de l’électro oudu métal, des trucs énervés qui medonnent envie de tout arracher. »A les entendre, la musique auraitdonc bien des vertus offensives, unchouia guerrières. L’histoire nousrappelle d’ailleurs que de tout temps,les soldats montaient au front aurythme des tambours et à l’air deflûtes ou cornemuses, c’est selon.« Tous les nageurs n’écoutent pas demusique avant une course », observela dossiste Aleksandra Putra, quiévolue aujourd’hui sous les couleursde la Pologne. « Certains ont besoinde calme, ils cherchent à faire levide. » C’est le cas de l’expérimentéHugues Duboscq, triple médailléolympique de bronze, qui tout au longde ses douze années d’équipe deFrance n’a jamais ressenti le besoinde coiffer un casque au moment deconcourir. « Je ne suis pas un grandstressé donc je n’ai jamais ressentile besoin de me réfugier derrière des

Good vibe or bad vibe?

Jeux Olympiques ou pas, les nageurssont de plus en plus nombreux à écouterde la musique derrière les plots dedépart. Lubie passagère, effet de modeou réel impact sur la performance ?

des rythmes entraînants

donnent envie de

J’écoute surtout du rap,

permettent de me et répétitifs qui me

(Michael Phelps)

concentrer et qui me

lâcher les chevaux.

(Ph.

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SP)

Mardi 31 juillet. Londres. Finaleolympique du 200 m papillon.L’Américain Michael Phelps,

star parmi les stars des bassins, seprésente sur la plage de départ. Visagefermé, regard concentré et casquevissé sur les oreilles. L’ogre dePékin, octuple champion olympiquedans la capitale chinoise, est unadepte des pulsations rythmiquesavant course. Aux JO d’Athènes déjà,il apparaissait systématiquement avecses écouteurs avant de prendre undépart. « Ce n’est qu’une habitude »,commentait-il en juillet 2011, lors deschampionnats du monde de Shanghai.« J’écoute surtout du rap, des rythmesentraînants et répétitifs qui me per-mettent de me concentrer et qui medonnent envie de lâcher les chevaux. »Et il n’est pas le seul à recourir auxondes sonores. Force est de constaterque nombre de ses congénères na-geurs puisent dans les répertoiresde leurs iPods et autres lecteurs Mp3motivation et détermination. Unemanière d’éclipser la pression et dese réfugier dans une bulle mentaleavant le grand affrontement.Plusieurs études scientifiques révèlentd’ailleurs que la musique peut avoirun impact favorable sur les perfor-mances sportives. « La musique dimi-nue les sensations de malaise quidécoulent de l’activité physique, ellepeut contribuer à augmenter la tolé-rance à l’effort pendant des épreuvesde demi-fond, elle aide à la concen-tration et à la préparation mentale »,indique une étude menée à l’Universitéde Brunel en Angleterre. Certes, maisqu’en est-il exactement en natation où il est peu probable de voir un nageurdisputer un 1 500 m nage libre avecdes écouteurs aquatiques ?« Ce que j’aime ce sont les morceauxqui pulsent », confie Alexianne Castel,championne d’Europe du 200 m dos.« Je n’ai pas de préférence particu-

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ZazZaz (Play On)

Réduire ZAZ à son seul tube « Je veux »

serait une erreur monumentale. La

chansonnière, comme elle aime à se

décrire, est avant tout une artiste au sens

large du terme, avide de rencontre,

de découverte et de collaboration ori-

ginale et créative. Et puis c’est aussi

une voix, rauque mais harmonieuse, et

une boule d’énergie extraordinaire sur

scène. Dans son premier album, Zaz

nous fait survoler l’Egypte, la Sibérie

en passant par les contrées lointaines

de Colombie. Et en termes de style ?

Swing, jazz, cabaret, la jeune chanteuse

joue avec les couleurs, les ambiances et

une large palette de sentiments pour

vendre sa détermination et son amour

de la vie qu’elle aime à croquer à pleines

dents. En véritable saltimbanque de la

musique, ZAZ détruit tous les codes de

la chanson pour se livrer à cœur ouvert.

LA PLAY LIST RÊVÉE D’UNE SÉANCE DE NATATION

Amis nageurs

et passionnés

de longueurs,

vous le savez

certainement,

plusieurs marques

ont développé des

Mp3 aquatiques

pour vous

accompagner

durant vos séances

de natation.

Légers, discrets

et parfaitement

étanches, ces

petits engins

se révèlent

d’excellents

compagnons

d’entraînement.

Et si en plus la

musique est

bonne…

PhoenixWolfgang Amadeus Phoenix

(Loyauté/Glassnote)

Même s’il est sorti en mai 2009, le qua-

trième album des Versaillais de Phoenix

n’en demeure pas moins idéal pour

débuter votre entraînement. Léger, aérien

et intelligemment saupoudré de rock

n’roll minimaliste et de beats électro-

niques dansants, Wolfgang Amadeus

Phoenix est un opus dont on ne se lasse

pas. Une galette qui leur a permis de

devenir le premier combo tricolore à jouer

en direct lors de la mythique émission

américaine Saturday Night Live. C’est

aussi avec des titres comme Lisztomania

et 1901 que les quatre Versaillais ont

explosé en France. Car après avoir par-

couru les cinq continents de la planète,

rempli le Madison Square Garden à

New York, il ne leur restait plus qu’à

s’illustrer à la maison.

MadonnaMDNA (Interscope Records)

Celui-là, ils étaient nombreux à l’attendre.

Depuis 2008 exactement et la sortie d’un

Hard Candy mi-figue mi-raisin qui avait

laissé pas mal de fans sur leur faim. Il

faut dire aussi que les albums de la

« reine de la pop » constituent toujours

un événement incontournable. Alors

qu’en est-il de cette douzième production

studio ? Premier constat : à 53 ans, la

Madone n’a rien perdu de son sens de la

communication. Pour preuve, le triple

jeu de mot dans le titre de l’album

MDNA (abréviation de MaDoNnA, le M

de Madonna + ADN en anglais, presque

MDMA, autre nom donné à l’ecstasy).

Sur le plan musical, Madonna met tout en

œuvre pour mettre le feu au dancefloor.

Et ça marche ! D’autant mieux que la

reine de la pop s’est adjoint les services

d’une véritable Dream Team avec Martin

Solveig, Benny Benassi, Nicki Minaj et

William Orbit, avec qui elle avait pondu

l’album Ray Of Light en 1998.

COOL POUR COMMENCER A FOND LA CAISSE TRANQUILLE POUR FINIR

écouteurs. Jai toujours préféré rireavec les copains pour me détendre.C’est aussi un excellent moyen d’oc-culter la compétition et ses enjeux. »Le constat du nageur handisportCharles Rozoy est identique : « Jen’écoute pas forcément de la mu-sique, mais quand ça m’arrive jeprivilégie des ambiances calmes quime permettent de me concentrer.Pink Floyd, la bande originale du GrandBleu ou Portishead, par exemple.Avant, j’optais pour des titres plus in-tenses, mais je perdais beaucoupd’énergie. » Des propos étayés parune étude menée en 1991 par deuxchercheurs américains (The effects oftypes and intensities of background

music on treadmill endurance, Copland,Frank, 1991), qui ont démontréqu’une musique douce et lente ré-duisait l’excitation physiologique etpsychologique et améliorait la per-formance à l’endurance.Alors quoi, est-il préférable de s’exciterou de se détendre avant une échéancesportive ? Casque ou pas casque ?Dans le cas de Michael Phelps, aucundoute, le rap n’a jamais altéré sesqualités aquatiques, même avant desépreuves au long court comme le 200 mpapillon ou le 400 m 4 nages. Quant àHugues Duboscq, difficile d’imaginerque des écouteurs lui auraient permisd’étoffer davantage son prestigieuxpalmarès. « Ça dépend de chacun »,

Muffat et la préparation musicale« Au cours de la préparation olympique, Fabrice (Pellerin, sonentraîneur à Nice, Ndlr) nous a fait utiliser un Mp3 aquatique.Le dimanche notamment pour des entraînements plus légers.Il nous a mis de la musique classique, du Vivaldi par exemple,mais on a pu aussi passer des trucs à nous, comme duRihanna. Pas mal de choses différentes afin de voir commenton pouvait s’adapter à différentes musiques et laisser le corpset les bras parler sans réfléchir. »

conclu le champion olympique AlainBernard dans un grand sourire, « maisce qui est sûr c’est qu’un bon Claptonn’a jamais fait de mal à personne(rire)… » •

Adrien Cadot

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Natation Magazine | Août - septembre 2012 | N° 136

Londres 2012(P

h. K

MSP

)

A 27 ans, Michael Phelps adonc mis un terme à sonépoustouflante carrière. Lancéaux JO de Sydney, à l’âge de15 ans, le Kid de Baltimore estdevenu à Londres le nageurle plus titré de l’histoire desJO (18), l’athlète le plusmédaillé de tous les temps(22) et le premier nageur àdétenir trois titres olympiquesconsécutifs, sur 100 m pa-pillon et 200 m 4 nages. Entreautres exploits.

Certains articles sont plus diffi-ciles à écrire que d’autres.Celui-là en est un. Car enfin,

que dire de plus qui n’ait pas déjà étérapporté à propos de Michael Phelps,le plus grand nageur de tous les temps.Et qui sait, peut-être même l’athlète detous les temps (cf. page 20) ! Tous lessuperlatifs ont été employés pourdécrire ses performances mirobo-lantes, tous les adjectifs et toutes lesmétaphores ont été déployés au fild’une carrière olympique débutée ily a douze ans, aux Jeux de Sydney.Demandez autour de vous, interrogezvos proches, vos amis ou de simplesconnaissances, tous vous répéterontla même chose : Phelps est un monstre,un ogre, un extraterrestre, l’Everestd’une discipline où la pérennitéconstitue déjà un exploit. C’est unmagazine entier qu’il aurait falluconsacrer à la star des bassins, pasmoins de cinquante-deux pages pourrevenir sur l’incroyable destin d’ungamin du Maryland qui plongea dansles bassins à 7 ans pour contenir sonhyperactivité, avant de décrocherdès 10 ans un premier record nationaldans sa catégorie d’âge.

En décrochant quatre titreset deux médailles d’argentaux JO de Londres, MichaelPhelps est devenu à 27 ansl’athlète le plus récompenséde l’histoire olympique.

Vous êtes le plusgrand, MonsieurPhelps

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A un moment, on n’est pluscoach ou directeur

technique national, on secontente d’admirer.

(Christian Donzé)

“”Avant d’être un maître ès compétition,

l’Américain accepta d’abord de se plieraux modélisations et aux préceptes deson entraîneur Bob Bowman. Cesdeux-là ne se sont jamais quittés, et ily a fort à parier qu’ils n’auraient jamaisconnu pareille gloire l’un sans l’autre. Lehasard fait bien les choses. Le travailet la passion aussi. Car ce qui lespoussa tout au long de leurs vingtannées de collaboration, ce futd’abord ce souci du beau geste, cettequête éperdue de transpercer l’eaupour glisser à l’infini vers les recordset les podiums. Michael Phelps etBob Bowman ont révolutionné la na-tation. Mouvements, coulées, ondula-tions, reprises de nage, départs,polyvalence, aucun détail n’a échappé àleur soif de perfection. Quand l’esthèteet le poisson s’unissent, c’est un panentier de l’histoire aquatique qui vole enéclat. « Je me souviens des cham-pionnats du monde de Shanghai »,livre le DTN Christian Donzé. « A unmoment, on n’est plus coach ou direc-teur technique national, on se contented’admirer. »La natation française peut s’extasierdevant ses champions, elle le doit,mais comme le souligne YannickAgnel, double médaillé d’or à Londres :« Certains comme Phelps sont plusque des champions ». Ils sont la na-tation, son incarnation, dans tout cequ’elle revêt de fascinant et d’incom-préhensible. Alors voilà, le dieu desbassins, le Kid de Baltimore, le canni-bale aquatique ou l’octuple championolympique de Pékin, appelez-le commevous voudrez, a clos à Londres l’undes plus grands épisodes sportifs de

Les records, il les aura empiléscomme d’autres les briques sur unchantier. Une œuvre magistrale aubout du compte. Une cathédrale à lagloire d’un dieu chronométrique quilui accorda ses grâces à grand renfortde longueurs éprouvantes et d’un in-vestissement total. Parce qu’à resterbaba devant ses vingt-deux médaillesolympiques, dont dix-huit titres, sestrente-trois distinctions mondiales,dont vingt-six médailles d’or, ses seizerécompenses aux pan-pacifiques,dont treize victoires, ses six trophéesde nageur de l’année et sa quarantainede records du monde, on en oublieraitpresque le bourreau de travail qu’il fut.

ces cinquante dernières années.Impossible de mesurer évidemmentla portée de son palmarès, l’objecti-vité a des limites que seule une sub-jectivité un tantinet contenue peutfixer. Car oui, autant l’admettre sansdétour, nous sommes tous, à com-mencer par les journalistes, admiratifsdu nageur et de l’homme qui en dépitde certains atermoiements, et l’onsonge notamment aux clichés illicitespris après les Jeux Olympiques dePékin en 2008, n’a jamais entamé salégende en restant un seigneur dis-ponible, souriant et définitivementpassionné de joutes aquatiques. Onretiendra notamment ce petit motqu’il glissa à Yannick Agnel à l’issued’un 4x200 m nage libre de Londresremporté par les Américains pour leféliciter de sa victoire sur 200 m etlui faire simplement part de sonadmiration. Si ça n’est pas la signatured’un champion, alors que vous faut-ilde plus ?Michael Phelps est hors-normes, ouplutôt il l’était, car depuis le samedi 4août dernier, le gamin du Marylandn’est plus un nageur professionnel.« J‘ai réussi à accomplir tout ce queje voulais faire. Je pense que siquelqu’un peut dire cela à propos desa carrière, il est inutile de conti-nuer. C’est l’heure de passer à autrechose. Et puis je me suis dit que je nevoulais à aucun prix continuer à nagerquand j’aurais 30 ans. Je ne veux pasvexer les gens qui ont 30 ans, maisc’est quelque chose que je me suistoujours répété. Ce sera dans troisans, et je ne veux tout simplement pasnager pendant trois années supplé-mentaires. La partie compétition dema carrière est terminée, mais il y ades choses que j’aimerais faire dansle domaine du sport, notammenttravailler avec ma fondation, de mêmeque mes écoles de natation, pourapprendre aux gamins à nager. Jeveux simplement prendre du plaisir. »Souhaitons-lui qu’il en prenne autantqu’il nous en aura procuré ces douzedernières années •

A Londres, Adrien Cadot

Les enseignements des JO1. Les Etats-Unis en patronEn récoltant 30 médailles, dont 16 en or, la natation américainea tenu son rang. Les nageurs de l’Oncle Sam devancent la Chine,10 médailles au compteur dont 5 en or, et la France, troisième,qui a récolté 7 médailles dont 4 en or. L’Australie, en revanche,se contente de 10 médailles dont seulement une en or.

2. La Chine impressionneQuatre ans après les JO de Pékin et un an seulement après lesMondiaux de Shanghai, la Chine a continué sa percée interna-tionale en raflant cinq titres. Ye Shiwen, 16 ans, réussit le doublésur 200 et 400 m 4 nages (record du monde en 4’28’’43), tandisque Sun Yang, 20 ans, s’adjuge le 400 m et le 1500 m nage libreen améliorant son record du monde de trois secondes (14’31’’02).

3. De nouveaux visagesAvec la retraite de Michael Phelps, une page de la natation s’esttournée à Londres. Mais outre l’Américain, plusieurs grandsnoms de la discipline ont également amorcé leur chant ducygne. Ainsi, l’Italienne Federica Pellegrini, le Japonais KosukeKitajima, la Suédoise Therese Alshammar, la ZimbabwéenneKirsty Coventry ou les Allemands Britta Steffen et Paul Biedermannont tous été supplantés par de nouveaux talents. A commencerpar les Américaines Missy Franklin et Allison Schmitt, le Sud-Africain Chad le Clos, la Lituanienne Ruta Meilutyte ou lesFrançais Yannick Agnel, Camille Muffat et Florent Manaudou.

4. L’éclosion de FranklinUn an après les Mondiaux de Shanghai où elle avait décroché à16 ans cinq médailles dont trois d’or, l’Américaine MelissaFranklin a confirmé son talent et sa polyvalence «phelptienne»dans la capitale britannique. Première nageuse américaine en-gagée sur six épreuves aux JO, elle a enlevé cinq breloques dontquatre en or sur 100 et 200 m dos (record du monde en 2’04’’06)et avec les relais 4x200 m nage libre et 4x100 m 4 nages.

5. Neuf records du mondeDeux ans et demi après l’interdiction des combinaisons enpolyuréthane, neuf records du monde ont été battus à l’AquaticCenter de Londres. On se souviendra qu’en 2008, à Pékin, 23marques mondiales avaient été améliorées avec l’aide descombis miracles.

.

Rang Athlète Nation Sport Années Jeux Sexe Or Argent Bronze Total

1 Michael Phelps États-Unis Natation 2004-2012 Été M 18 2 2 222 Larissa Latynina Union soviétique Gymnastique artistique 1956-1964 Été F 9 5 4 183 Paavo Nurmi Finlande Athlétisme 1920-1928 Été M 9 3 0 124 Mark Spitz États-Unis Natation 1968-1972 Été M 9 1 1 115 Carl Lewis États-Unis Athlétisme 1984-1996 Été M 9 1 0 106 Bjørn Dæhlie Norvège Ski de fond 1992-1998 Hiver M 8 4 0 126 Birgit Fischer Allemagne Canoë-kayak 1980-2004 Été F 8 4 0 128 Sawao Kato Japon Gymnastique artistique 1968-1976 Été M 8 3 1 128 Jenny Thompson États-Unis Natation 1992-2004 Été F 8 3 1 1210 Matt Biondi États-Unis Natation 1984-1992 Été M 8 2 1 11

Dans la légende

Ses 22 médailles olympiquesÉpreuve Édition

Sydney 2000 Athènes 2004 Pékin 2008 Londres 2012

200 m nage libre - Bronze Or -1 min 45 s 32 1 min 42 s 96 RM

100 m papillon - Or Or Or51 s 25 RO 50 s 58 RO 51 s 21

200 m papillon 5e Or Or Argent1min 56 s 50 1min 54 s 04 RO 1 min 52 s 03 RM 1 min 53 s 01

200 m 4 nages - Or Or Or1 min 57 s 14 RO 1 min 54 s 23 RM 1 min 54 s 27

400 m 4 nages - Or Or 4e

4 min 8 s 26 RM 4 min 3 s 84 RM 4 min 9 s 28

4 x 100 m nage libre - Bronze Or Argent3 min 14 s 62 3 min 8 s 24 RM 3 min 10 s 38

4 x 200 m nage libre - Or Or Or7 min 3 s 33 6 min 58 s 56 RM 6 min 59 s 70

4 x 100 m 4 nages - Or Or Or3 min 30 s 68 RM 3 min 29 s 34 RM 3 min 29 s 35

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Coulisses

Hugues, on vous sent ému.(Il sourit) Je le suis et c’était déjà lecas à l’Open EDF (6-7 juillet), où j’aidisputé ma dernière compétition indi-viduelle (silence)… Oui, ça m’a fait

quelque chose. Je pressentais la finde ma carrière, mais c’est devenuconcret à Paris.

Compte-tenu de cette fin imminente,dans quel état d’esprit avez-vousabordé les Jeux Olympiques deLondres ?J’ai évité de songer à ma retraitesportive pour bien rester concentrésur l’échéance londonienne. J’aicontinué à m’entraîner comme je l’aitoujours fait. Je savais que la saisonn’était pas finie et qu’en dépit de monstatut de remplaçant (au sein du relais4x100 m 4 nages, Ndlr), il fallait que jepuisse répondre présent en cas d’im-prévu.

Après douze années en équipe deFrance, des compétitions sur tous lescontinents de la planète et desmédailles à foison, cette retraitesportive ne vous effraie-t-elle pas ?Non. Pas encore tout du moins (sou-rire). Disons que je manque de reculpour l’appréhender. Pour l’instant,tout est encore frais dans ma tête,mais je pense sincèrement que cesera beaucoup plus délicat à gérerl’année prochaine quand j’aurais

débuté mes classes à la gendarmerieet que je découvrirais la vie de caserne.Paradoxalement, j’ai hâte de com-mencer ma formation et d’apprendremon métier (sourire).

Si vous deviez définir votre carrièreen un mot, quel serait-il ?(Il réfléchit) Ce serait longévité sansaucun doute.

Ces douze années en équipe deFrance vous rendent fier ?Bien sûr, mais plus encore que cesannées au plus haut niveau internatio-nal, ce sont mes capacités de rebond

Avec trois médailles de bronze olympiques (unesur 100 m brasse aux JO d’Athènes et deux sur100 et 200 m brasse aux JO de Pékin, Ndlr),Hugues Duboscq restera comme le plus grandbrasseur de l’histoire de la natation tricolore. Unchampion atypique qui en douze années d’équipede France ne se sera jamais défait d’une humanitésans égale. A 31 ans, le Havrais, papa d’un petitLéandre né le 11 juin 2011, a donc mis un termeà son extraordinaire carrière à l’issue des JeuxOlympiques de Londres. Il s’apprête maintenantà vivre une nouvelle aventure au sein de lagendarmerie sans tourner toutefois le dos à sapassion aquatique. Rencontre avec un gentlemandes bassins.

« Il est temps detourner la page»

Plus encore que mes annéesau plus haut niveau

international, ce sont mescapacités de rebond qui merendent particulièrement

fier. C’est bien d’arriver ausommet, s’y maintenir est

difficile, mais y revenir l’est encore plus.

(Pho

tos

: KM

SP/S

téph

ane

Kem

pina

ire)

Après douze années de bons et loyaux services au sein del’équipe de France, trois médailles de bronze olympiques,Hugues Duboscq a mis un terme à sa carrière à l’issue des JO de Londres.

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qui me rendent particulièrement fier.C’est bien d’arriver au sommet, s’ymaintenir est difficile, mais y revenirl’est encore plus. Or c’est ce qui m’estarrivé en 2008 aux JO de Pékin alorsque je sortais de deux années difficiles.

Les Jeux de 2008 sont-ils le pointculminant de votre carrière (bronzesur 100 et 200 m brasse, Ndlr) ?Sans conteste. En Chine j’étais sur unnuage, tout me réussissait. Ma nageétait parfaitement en place et je mesentais en pleine possession de mesmoyens. Ce fut la meilleure compétitionde ma carrière.

La médaille d’argent des championnatsdu monde de Rome en 2009 (recordd’Europe en 58’’64, Ndlr) doit égale-ment occuper une place particulièredans votre album souvenir.C’est vrai, mais la polémique autourdes combinaisons en polyuréthane afaussé la donne. C’était un peu du grandn’importe quoi. Aux championnatsd’Europe de Budapest (août 2010), jesuis bien, mais après ma nage s’enrayeet depuis deux saisons j’ai l’impressionde gérer mon déclin (sourire).

De quelle manière ?Je dis gérer, mais c’est très inconscient(silence)… Depuis les Mondiaux deRome et les Euro de Budapest j’ai tou-jours espéré repasser sous la minute,décrocher des médailles et battre desrecords, mais j’ai passé l’essentiel demon temps à essayer de stabiliser mabrasse. Elle a toujours évolué, en biencomme en mal, mais ces dernièressaisons je n’ai jamais réussi à retrouvermes sensations.

Selon vous, qu’est-ce qui a le pluschangé dans votre discipline entrevos premiers JO à Sydney en 2000 etceux de Londres cette année ?La professionnalisation. L’encadrements’est considérablement étoffé. Avant iln’y avait que les entraîneurs, le directeurdes équipes de France et les kinésalors que maintenant il y a un staffpour la récupération, un autre pour larecherche et le développement, desmédecins. C’est beaucoup pluscomplet. Les critères de sélection ontégalement constitué un énorme bou-leversement qui nous a ouvert lesportes de l’excellence.

La médiatisation de votre sport aégalement connu une croissanceexponentielle.Je me souviens des sélections pourles JO d’Atlanta en 1996 à Dunkerque.J’étais dans les tribunes avec lesfamilles des nageurs, quelques jour-nalistes et c’est tout. En 2008, pour

les sélections aux Jeux de Pékin àDunkerque, la tribune de presse étaitgigantesque et c’est pour moi le mo-ment où le public a vraiment commencéà se passionner pour notre sport. Alorsoui, on peut considérer que la natation aconnu ces quinze dernières années unboom médiatique.

Des nageurs comme Ian Thorpe ouMichael Phelps ont également contri-bué à propulser la natation dans uneautre dimension. Quels souvenirsgardez-vous de leurs exploits ? A part les huit titres de Phelps auxJeux de Pékin je n’ai jamais suivi leurscarrières. Je n’ai jamais été du genreà décrypter les performances des unset des autres sur internet. J’adorenager et j’y ai consacré beaucoup detemps, mais hors de l’entraînement, j’aitoujours réussi à occulter la natation.

La fameuse spécificité des brasseurs…(Il rigole) Peut-être, je ne sais pas. Ilest vrai que les brasseurs sont sou-vent un peu à part, mais je pense quema manière de fonctionner est surtoutliée à mon état d’esprit.

Je n’ai jamais été du genre à décrypter les performances des uns etdes autres sur internet.

J’adore nager et j’y aiconsacré beaucoup

de temps, mais hors de l’entraînement, j’ai toujours

réussi à occulter la natation.

Reste que vous avez tout de mêmetissé des liens étroits avec le JaponaisKosuke Kitajima (quadruple championolympique des 100 et 200 m brasse,Ndlr). Au point même de partager unstage de trois semaines avec lui àTokyo en février 2006.Kosuke est un ami. C’est un immensechampion, mais d’abord un mecsympa et très gentil. En 2006, il m’aaccueilli comme un athlète Japonais,sans retenue ni distance. On a gardépeu de contacts, principalement enraison de la barrière de la langue,mais dès que l’on se retrouve notrerelation reprend naturellement. Etpuis c’est un brasseur exceptionnel,l’un des plus grands, qui a réussi àautomatiser sa nage et à réduire ainsiles déréglages intempestifs.

On vous sent toujours aussi pas-sionné par votre discipline. Vousn’avez jamais sérieusement songé àpoursuivre votre carrière jusqu’auxJeux de Rio ?Non, ça suffit la vie d’adolescent(rires). Il est temps de tourner la page.Si j’avais les moyens financiers deDara Torres j’aurais peut-être pro-longé jusqu’à quarante ans, mais cen’est pas le cas, alors au boulot (rires).

La natation ne vous a donc pas mis àl’abri du besoin ?Oh non, mais j’ai quand même mis del’argent de côté pour ma retraite. Jene suis pas millionnaire, mais je suisen train d’acheter une maison et j’aiinvesti dans différents placements. Jene sais pas si les enfants Duboscqseront rentiers, mais papy Duboscqpeut voir venir (rires) •

Recueilli à Dunkerque par Adrien Cadot

Alain Bernard,l’ami

« Je l’ai découvert en2007 lors du stage àPékin. C’est vraimentà partir de ce momentque l’on a accroché.Aujourd’hui, c’est aveclui que j’ai le plus decontacts en équipe deFrance. Avec Alain ons’appelle régulière-ment, on s’envoie destexto pour se tenir aucourant de nos viesrespectives. Ce qui estétrange, c’est que jene parviens toujourspas à me dire qu’il vaégalement arrêter sacarrière (sourire). »

Giacomo Perez-Dortona, l’héritierHugues Duboscq : « Cela fait déjà plusieurs années que Giacomo me bouscule.Je me souviens de lui aux championnats de France de Saint-Raphaël en2010, il n’était vraiment pas loin de mes chronos, mais malheureusementil a joué de malchance pour les grandes compétitions estivales. Il avait raté lesEuro de Budapest pour quelques centièmes puis les Mondiaux de Shanghaien raison d’une crise d’appendicite, alors je trouve ça bien qu’il se soitaccroché et que son travail et son investissement aient été récompenséspar les Jeux Olympiques de Londres. »

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44 Londres 2012

Natation Magazine | Août - septembre 2012 | N° 136

Entre espoirs et regretsSi les duettistes de l’équipe deFrance de natation synchroniséeSara Labrousse et ChloéWillhelm ont joué crânementleur chance, les cinq jeunesplongeurs tricolores ont, eux,souffert de la comparaisoninternationale. En eau libre,Ophélie Aspord, sixième du 10 km,s’est alignée sans complexetandis que son compatrioteJulien Sauvage s’est adjugé laonzième place dans les eaux dulac Serpentine de Hyde Park.

LABROUSSE ET WILLHELM ONT CONVAINCUMoins d’un an seulement après leur première expérience commune sur la scène interna-tionale aux championnats du monde de Shanghai (juillet 2011), le duo tricolore a profitédes Jeux de Londres pour faire une nouvelle fois étalage de sa maturité. Dixièmes enfinale (176,260 points), les Françaises Sara Labrousse et Chloé Willhelm restent à bonnedistance des championnes olympiques russes Natalia Ischenko et Svetlana Romashina(197,100 unités) mais en ayant dévoilé une ardeur et un tempérament prometteurs. « Lahuitième place aurait constitué une très belle performance », commentait leur entraîneurJulie Fabre, « mais nous savions qu’elle serait difficile à atteindre. Les filles ont montréqu’elles étaient solides, tout en restant fidèles à une identité française qui s’attache àrespecter les codes de la synchro en proposant des mouvements innovants. » On noterapar ailleurs que la bataille a fait rage pour la médaille d’argent, finalement remportée parles Espagnoles Ona Carbonnel Ballestro et Andrea Fuentes Fache (192,900 points) audétriment des Chinoises Xuechen Huang et Ou Liu (192,870 unités).

Water-polo : la Croatie et les USA « enfin » sacrésLes Jeux Olympiques de Londres resteront ceux de la première fois dans le tournoide waterpolo. Premier sacre olympique pour les joueurs croates qui ont dominél’Italie (8-6) et première médaille d’or pour les poloïstes américaines face auxEspagnoles (8-5). Médaillées d’argent en 2000 et 2008 et en bronze en 2004, lesAméricaines (cf. photo) ont pu compter sur leur star Maggie Stephens, auteur decinq buts, pour repousser les assauts ibériques et se hisser sur la premièremarche du podium.(P

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ASPORD ET SAUVAGE AU FORCEPSQue retiendra-t-on de la deuxième apparition de l’eau libre aux JeuxOlympiques ? D’abord, le cadre somptueux du lac Serpentine au cœurde Hyde Park, l’un des plus emblématiques parcs de la capitalebritannique. Alors certes l’eau était froide, c’est ce que l’on a beaucoupentendu à l’issue des courses, mais contrairement aux JO de Pékin, oùles 10 km masculins et féminins s’étaient déroulés dans le bassind’aviron, les spécialistes de la longue distance ont cette fois bénéficiéde conditions « naturelles » plus adaptées, qui plus est sous les yeuxde milliers de spectateurs séduits par l’engagement et le suspens decette discipline encore trop confidentielle. Parce que de la bagarre il yen eu. Des attaques aussi. Ainsi que des retournements de situation.Bref, tout ce qui fait le charme de l’eau libre. Côté tricolore, on saluerala belle performance d’Ophélie Aspord (photo), qualifiée de dernièreminute, qui réussit le tour de force de suivre les cadors jusque dansle dernier tour avant de lâcher prise et de finir à une éloquentesixième place. Après avoir passé quasiment toute la course en tête,c’est la Hongroise Eva Risztov, 27 ans et une première carrière en bassincouronnée par des médailles d’argent aux Mondiaux 2003 de Barcelone,qui a décroché le graal suprême en 1h57’38, devant l’Américaine HaleyAnderson et l’Italienne Martina Grimaldi. Dans les rangs masculins,Julien Sauvage, candidat déclaré au podium, n’a pu faire mieux que laonzième place après un combat acharné. Pour la petite histoire onsoulignera que l’or est revenu au Tunisien Oussama Mellouli, championolympique du 1 500 m nage libre en 2008, qui est donc le premier nageura réalisé le doublé bassin-eau libre. L’athlète nord-africain l’a finalementemporté au sprint devant l’Allemand Thomas Lurz et le jeune CanadienRichard Weinberger.

Autant être honnête, on s’attendait à franchementmieux de la part des plongeurs de l’équipe de France.Il faut dire aussi que le titre européen de Matthieu

Rosset (photo) au tremplin de 3 mètres avait fait naître de grandsespoirs. Sans parler de l’expérience d’Audrey Labeau en haut vol,de la fougue de Damien Cély et du talent deMarion Farissier et de la jeune rennaiseFanny Bouvet. Oui, clairement, on espéraitdavantage. Au moins une finale. Mais l’inex-périence des acrobates tricolores s’estheurtée à la réalité olympique et à l’extra-ordinaire densité du plateau international.« On a le droit d’être ambitieux », pronostiquaitGilles Emptoz-Lacôte, le responsable del’équipe de France de plongeon, avantl’échéance londonienne. « Mais les JeuxOlympiques n’ont rien à voir avec les Euro oudes coupes du monde. C’est une compétitiontrès particulière. A part Audrey (Labeau),aucun plongeur n’a vécu cette expérience.Il faudra qu’ils soient capables de se cana-liser et d’élever leur niveau. » Dans un cascomme dans l’autre, ça n’a pas fonctionné.Reste que le bilan n’a rien de dramatique.Car si Audrey Labeau a prévu de tirer sarévérence pour prendre en charge dèsseptembre le groupe des jeunes plongeursà l’INSEP, Matthieu Rosset et ses acolytessont d’ores et déjà concentrés sur les Jeux

de Rio. « Ils sont programmés pour 2016 », confirme Gilles Emptoz-Lacôte. « Matthieu découvre tout juste le haut niveau, comme Damienet Marion. Quant à Fanny, elle n’a que 17 ans. Le groupe est jeune, ilcommence seulement à prendre de l’envergure et à mesurer letravail qu’il faut accomplir pour se rapprocher des meilleurs. »

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PLONGEURS EN APPRENTISSAGE

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Vie fédérale46

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a pourrait être un slogan.Le dernier en vogue autourdes bassins. La natationfrançaise est riche de ses

talents. Juste récompense pourses athlètes, auréolés de succèsplanétaires et de médailles inter-nationales, ses entraîneurs, ausavoir-faire reconnu, mais aussipour ses scientifiques dont l’ex-pertise et les outils technologiquestiennent une place exponentielledans les performances deschampions. « C’est vrai que noussommes de plus en plus partie pre-nante de l’entraînement », recon-naît Philippe Hellard, responsabledu service recherche et dévelop-

pement de la Fédération Françaisede Natation, « mais le rôle princi-pal revient à l’entraîneur. Il n’y aque lui qui soit en mesure d’ins-taurer des routines techniquesqui s’inspirent de nos analyses.Le nageur est acteur de sa pro-gression mais les modifications,aussi minimes soient-elles, nepeuvent être instillées que par lescoaches. Voilà pourquoi la notionde dialogue est primordiale. »L’effort serait donc collectif : dansl’eau, au bord des bassins etderrière les écrans d’ordinateur.« Les scientifiques savent élaborerdes outils adaptés, mais seuls lesentraîneurs peuvent transformer

Ciren chante pour les BleusSous la houlette de Philippe Hellard, le servicerecherche et développement de la Fédération Françaisede Natation ne cesse de soutenir et d’encadrer laprogression des nageurs tricolores. Depuis 2008, leprogramme Ciren a ainsi permis de modéliser en troisdimensions la vitesse et les accélérations des athlètesfrançais. Une innovation révolutionnaire dont les Bleusont d’ores et déjà tiré profit. Découverte.

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Philippe Hellard, responsabledu service recherche et développement de la FFN, etson collègue Denis Westrichprésentent ACTRIS, supportdu programme Ciren qui permet de modéliser en troisdimensions les accélérationset la vitesse des nageurs del’équipe de France.

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Nous plaçons un émetteur sur lesnageurs puis nous les filmons ensituation grâce à deux caméras.La première est positionnée ensurface, la seconde sous l’eau.Elles reposent toutes les deux surun support commun (ACTRIS,Ndlr) conçu avec l’aide d’uneentreprise spécialisée dans l’aé-rospatiale. Ciren livre des infor-

responsable scientifique de laFédération française. « L’idée estancienne. Elle date d’un stageque l’équipe russe a effectué àBrest en 1993. A l’époque, le staffrusse disposait d’un système ré-volutionnaire à ultrason. Il nousa fallu plus de dix ans pour le re-produire en trois dimensions. Leprogramme Ciren est officielle-ment né en 2008. Il n’est pas en-core achevé, mais il fonctionne. »Reste que dans le cadre de leurpréparation olympique, les nageursde l’équipe de France ont d’oreset déjà pu mesurer les effets béné-fiques de ce bijou technologique.« La plupart des entraîneurs del’équipe de France nous ont solli-cités pour recueillir des donnéessur la vitesse et les phasesd’accélération de leurs athlètes »,rapporte Philippe Hellard. « D’au-tant qu’il est simple d’utilisation.

Les scientifiques saventélaborer des outils

adaptés, mais seuls lesentraîneurs peuvent

transformer nos analyses en

performance.

Ciren livre des informations sur

le roulis, les antéro-postérieurs et les

mouvements verticauxqui entravent les accélérations et

réduisent la vitesse des nageurs.

”nos analyses en performance »,martèle Philippe Hellard.C’est fort de cet échange de com-pétences que le service rechercheet développement a inauguré leprogramme Ciren (CentraleInertielle pour la Recherche etl’Entraînement des Nages, Ndlr).« C’est un programme unique aumonde que nous sommes lesseuls à posséder », explique le

mations sur le roulis (mouvementsde gauche à droite, Ndlr), lesantéro-postérieurs (mouvementsavant et arrière, Ndlr) et lesmouvements verticaux quientravent les accélérations etréduisent la vitesse. » Autant dedonnées qui doivent permettreaux nageurs de grappiller descentièmes de secondes. « Dansune perspective similaire, nousavons développé le programmeAlamo », poursuit Philippe Hellard.« Contrairement à Ciren, Alamodoit nous permettre de recueillirdes informations sur les départs,les angles d’entrée dans l’eau oula poussée des jambes. » Autantde nouvelles pistes de progressionqui doivent permettre aux Bleusd’élargir leurs ambitions. Cirenn’a pas fini de chanter •

Adrien Cadot

La recherche aux Jeux OlympiquesLes membres du service recherche de la FédérationFrançaise de Natation n’ont rien de rats de laboratoireengoncés dans des blouses blanches ou dissimulésderrière des masques de protection. A l’instar desentraîneurs, les chercheurs de la fédération sont deshommes de terrain. Voilà pourquoi Philippe Hellard etDenis Westrich ont accompagné l’équipe de France auxJeux Olympiques afin de poursuivre leurs observations.« A Londres, j’étais chargé de filmer les épreuves desFrançais et celles de leurs concurrents directs », com-mente Denis Westrich. « De son côté, Philippe s’occupaitde transmettre les vidéos aux entraîneurs, toujoursfriands de ce genre de données. Nous n’interféronsjamais dans le travail des coaches, mais nous essayons derépondre à leurs attentes. C’est un service personnalisé. »

Nouveauté DVDDepuis deux ans, la direction technique nationale,par le biais du département recherche de laFédération Française de Natation, élabore unproduit audiovisuel sur la thématique de l’analysedu mouvement et de la transformation techniqueen natation. Intitulé « Devenir championconstruire sa technique », ce document d’unedurée de cinq heures réparti sur cinq DVD tendà s’imposer comme un support privilégié pourla formation des entraîneurs de natation. Ilretrace également la vie de l’équipe de Francedurant l’olympiade 2008-2012 et présente lescentres d’entraînement tricolores les plusperformants.(F

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Les deux caméras d’ACTRISpermettent d’enregistrer la vitesse des nageurs ensurface et sous l’eau.

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Conseils48

Tous les ans, c’est le même refrain : quel sport choisir à la rentrée ? L’envie de se dépenser est là,palpable, mais il n’est pas toujours aisé de la concrétiser. Il existe pourtant une solution miracle : la natation.Quels que soient votre âge, votre condition physique, votre lieu de résidence ou votre compte en banque,nager, c’est la panacée. Alors n’hésitez plus : jetez-vous à l’eau !

Sujet réalisé par Celia Delgado Luengo

Pourquoi nager à la rentrée?

ÇA RENFORCE LE SYSTÈME CARDIO-VASCULAIRE

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Tous les méde-cins vous le di-ront, la natationest une activitéd ’ e n d u r a n c e .L‘effort, mo-déré, long et ré-gulier, muscle lecœur. Or, plus lemuscle car-diaque est gros,plus il bat len-tement et pluslongtemps il reste en forme. Pas question cependant de multiplierles longueurs comme un marathonien. Deux à trois séanceshebdomadaires suffisent amplement pour renforcer votresystème cardio-vasculaire.

ON AMÉLIORE SA RESPIRATION3

Pratiquée régulièrement,la natation renforce lescapacités pulmonaires.Pourquoi ? Tout sim-plement parce qu’ellerepose sur un rythmeparticulier : inspirationhors de l’eau, expirationdans l’eau. La natationpermet aussi d’acquérirune bonne maîtrise de sarespiration, l’idéal pourréduire le stress et lapression quotidienne.

LES ARTICULATIONS SONT ÉPARGNÉES4

La natation et tous les sports aquatiques contribuent à un allé-gement du poids du corps et évitent tout choc provoqué par lemouvement. De plus, nager mobilise les articulations et permetde retrouver de l’amplitude.

ÇA FAVORISE LE RETOUR VEINEUX2

La natation favorise le pompage du sang situé dans les jambesgrâce à l’alternance contraction/décontraction musculaire. Parailleurs, la position horizontale, la fraîcheur et la pression de l’eaufavorisent le drainage. Idéal donc pour atténuer rétention d’eauet les effets incommodants de peau d’orange.

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ON S’AFFINE ET ON S’AFFÛTE5

LA SILHOUETTE SE GALBE7

ON DÉVELOPPE SA COORDINATION6

C’EST TOUT SAUF SALE ET ENNUYEUX9 ÇA DÉTEND10

Les nageurs sont réputéspour leurs épaules, leurspetits postérieurs etleurs plaques abdomi-nales. Les nageusesn’ont également rienà envier à leurs homo-logues masculins. Lon-gilignes, affûtées etbronzées, elles attisentles convoitises. Quandon nage on brûle beau-coup de calories : 350 calories pour 1 heure à 25 mètres/min,840 calories pour 1 heure à 50 mètres/min. En outre, au bout de30 à 40 minutes environ, l’organisme puise dans ses réserves degraisses pour trouver l’énergie nécessaire à l’effort.

Nager, ce n’est pas flotter ou se jeter à l’eau et dériver lentementdans un bassin. La natation implique une dissociationjambes/bras et un rythme inspiration/expiration calé sur lesmouvements. Au début, cela peut paraître difficile, mais après unrapide apprentissage vous gagnerez vraiment en motricité.

La natation est sansconteste la meilleure ac-tivité pour se façonnerun corps de rêve. Activitéd’endurance, elle s’attaquedirectement aux réservesde graisses. C’est cequ’on appelle le régimeaérobie : pour fournirdes efforts, l’organismeutilise de l’oxygène et duglucose, et rejette du gazcarbonique. Dès l’épui-sement du stock deglucose (au bout de 40minutes environ), il puise dans ses réserves de graisses et vousfondez peu à peu. Nager sollicite par ailleurs tous les muscles ducorps. Pour tenir l’équilibre dans le milieu aquatique, on renforcesa ceinture abdominale. Amples, les mouvements tonifient braset jambes en les allongeant au lieu de les gonfler.

Aujourd’hui, pratiquer une activitésportive nécessite un budget.D’abord en équipements, maisaussi en location, transports etautres licences. Finalement,sans parti pris, la natation estl’un des sports les moins oné-reux. Une fois le matériel de baseacquis (maillot, lunettes et bonnet,soit 40 à 120 € en moyenne), ne restequ’à payer l’entrée à la piscine (2 à 3 €,moins avec un abonnement) ou l’inscription àun club (150 € environ pour 1 an, licence comprise). Autant direque les plaisirs aquatiques sont largement abordables !

C’est l’argument coup depoing des anti-piscines :« Il fait froid, c’est sale,plein de germes et casse-pieds ». Pour ce qui est dufroid, impossible de nier.Pas sûr cependant que lessports collectifs soientplus agréables en hiver.Quant à la question de lapropreté, elle est infondée.En France, les piscines sontsurveillées et régulièrementfiltrées et désinfectées.Enfin, contrairement aux idées reçues, nager, ce n’est pas forcémentcompter les carreaux. Il est facile de varier l’entraînement enalternant les nages (brasse, crawl, dos, papillon), en faisant desexercices (battements de jambes, travail des bras), en se servantdes accessoires (planches, palmes, pull-boy) et en modulant savitesse de croisière.

Comme tous les sports, la natation contribue à la sécrétiond’endorphines, hormones du bien-être. L’immersion aquatiquedispense également un effet apaisant et purificateur. A la piscine,on se « lave » de ses soucis et on se vide la tête. Quoi de mieuxpour finir une journée qu’un bain régénérant ?

C’EST ACCESSIBLE À TOUS LES BUDGETS

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Événement50

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Quand est né le projet des Euro 2012 ?L’envie d’organiser des compétitions inter-nationales n’a jamais manqué. Nous étionscependant toujours dans l’attente d’unéquipement adéquat. Nous avons décidéde prendre le problème à l’envers : puisquenous n’avons pas la piscine idéale, organi-sons de grandes compétitions pour dé-montrer notre légitimité à obtenir un grandéquipement. Si on veut être une nation denatation qui compte, il faut avoir des licen-ciés, des champions, des événements, deséquipements. Alors nous nous sommesmis au travail, avec les moyens existantspour être crédibles et légitimes à obtenirplus. En 2004, nous avons perdu l’étape decoupe du monde à Paris, la piscine deGeorges Vallerey ayant été déclassée par laFINA. Pas question d’accepter cette dis-qualification internationale, il fallait exister,ne pas perdre et développer nos savoir-faire et nos compétences. En 2007, je mesuis donc totalement investi en faveur dela première organisation de l’Open EDF àParis, en partenariat avec la Ligue Euro-péenne de Natation (la LEN). La gestationet la naissance de cet événement ont ététrès compliquées. Il fallait convaincre etrassembler tous les acteurs (sportifs etencadrement européens, la LEN, un grandpartenaire, un site d’accueil, les presta-taires, le staff, les médias). Nous (re)par-tions de zéro. Le premier Open EDF s’estfinalement tenu et a surpris par sa qualitéet sa réussite. La succession des éditions,dans un contexte économique difficile, aconfirmé notre capacité à organiser degrands événements. Nous pouvions dèslors prétendre à plus.

Et à partir de quand les Euro de Chartressont-ils devenus véritablement concrets ?A partir du moment où nous réunissionsles conditions de la réussite. C’est à diredès lors que notre candidature se fondaitsur une confiance internationale, un équi-pement conforme, une équipe de Franceperformante, un engouement populaire etmédiatique, des partenaires publics et pri-vés mobilisés à nos côtés. Nous avonsbeaucoup travaillé, à tous les niveaux, pourrassembler tout cela. Et puis, nous avonsfranchi le pas : tenter, oser pour forcer ledestin !

Pourquoi la compétition se tient-elle àChartres ?Parce que c’est une des rares piscines enFrance qui permettait la tenue d’une tellecompétition. Si ce n’est la seule, si onajoute la mobilisation totale des collectivitéslocales. La proximité de Paris était unavantage, même si la ville de Nîmes avaitaussi été sollicitée. Mais Chartres a étésans conteste beaucoup plus enthousiaste.

La piscine de l’Odyssée est-elle adaptéepour ce genre d’événement ?C’est une très belle piscine... pour laFrance. Mais elle est tout juste adaptéepour accueillir une compétition de cetteenvergure. Chartres Métropole et la Fédé-ration ont tout mis en œuvre pour en fairele meilleur usage. Tout a été pensé, ratio-nalisé. Des infrastructures temporairesseront nécessaires. Nous n’aurons certai-nement pas la capacité d’accueil que nousaimerions pouvoir offrir pour un tel événe-ment. Surtout après Londres, pour la pre-

mière compétition internationale de l’Equipede France olympique post JO. Mais quellepiscine serait assez grande pour recevoir lafierté, le bonheur d’un sport, d’un pays ?

A combien s’élève le budget et quelle partrevient à la FFN ?Le budget global prévisionnel s’approchedes deux millions d’euros, si on valorisetoutes les composantes : la mise à disposi-tion de l’équipement, les infrastructures etaménagements temporaires, la productionTV, la campagne promotionnelle, les fraisd’hébergement, la valorisation des béné-voles. C’est un budget conséquent, maisqui est évidemment suivi de très près. Lesuccès doit aussi être économique. Il n’estpas question de faire un « one shot ». Il fautune organisation, si ce n’est vertueuse, ri-goureuse qui permette de poursuivre danscette voie. L’époque n’est par ailleurs pas àla gabegie... Cela nous va bien. Les inves-tissements se répartissent de manièreassez égale entre la FFN (1/4), les parte-naires privés (1/4), les collectivités locales(Région Centre, Département Loir et Cher,Chartres Métropole – agglo - et la Ville deChartres, Ndlr) et l’Etat via le CNDS.

Etait-il déterminant que la natation fran-çaise accueille enfin un événement inter-national ?Il n’a échappé à personne que nous sommesdevenus la troisième nation mondiale.Comment ne pas partager avec les françaiset le reste du monde la vitalité et le niveaud’excellence de la natation française ? Ilnous faut exister toujours plus, tenir notrerang. Toute la natation française a besoinde davantage de reconnaissance et demoyens. Un tel événement sur notre terri-toire y concourt. Il est la célébration desrésultats de Londres, et déjà la projectionvers Rio. Un trait d’union d’une olympiade àl’autre. D’une consécration à la nécessaireamplification de la mobilisation •

Recueilli par A. C.

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Les Euro de Chartres sont la célébration

des résultats de Londres, et déjà

la projection vers Rio. Un trait

d’union d’une olympiade

à l’autre. D’une consécration à

la nécessaire amplification de la mobilisation.

Du jeudi 22 au dimanche 25 novembre prochain, la Fédération Française de Natationorganisera à Chartres ses premiers championnats d’Europe (petit bassin) depuis ceux deStrasbourg en 1987. Un événement qui doit permettre de célébrer la récolte olympiquedes Bleus tout en, comme le souligne le directeur général Louis-Frédéric Doyez,consolidant la dimension internationale de la natation française.

Louis-Frédéric Doyez :

« Tenter, oser pour forcer le destin»

Louis-Frédéric Doyez

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