om newsletter edition 9, 03. 2014 · efficacité de la phosphatidylsérine dans le tdah 2-3 ......

8
NEWSL ETTER Edition 9 3.2014 Sommaire Page Les antioxydants et la glutamine accélèrent la fermeture des plaies 1 Efficacité de la phosphatidylsérine dans le TDAH 2-3 Utilisation de L-carnitine dans la narcolepsie 3 Supplémentation et cancer 4-5 Le magnésium dans le traitement des douleurs 5 La vitamine C – plus qu’une simple «vitamine anti-refroidissement» 6-7 Prévention de l’atrophie cérébrale dans la maladie d’Alzheimer par les vitamines du groupe B 8 Editorial Diminuer les coûts de la santé par les micro- nutriments L’utilisation ciblée de prépara- tions de micronutriments peut non seulement être bénéfique pour la santé, mais permettre aussi des économies signifi- catives par la prévention de pathologies fréquentes et chroniques. C’est ce que montre une étude parue ré- cemment (www.supplement- forsmartprevention.org) qui a examiné l’effet réducteur de préparations de micro- nutriments sur le coût des maladies cardiovasculaires, du diabète, des maladies oculaires liées à l’âge et de l’ostéoporose. Actuellement, de telles mesu- res préventives n’ont rien qui séduise vraiment le consom- mateur: nous ne ressentons pas forcément l’effet immédiat de la supplémentation, qui doit être prise sur une longue durée, et devons en assumer nous-mêmes les coûts. Malheureusement, cela nous conduit à n’agir que lorsque nous sommes déjà confrontés à un problème de santé. Uli P. Burgerstein Président de la fondation Les antioxydants et la gluta- mine accélèrent la fermeture des plaies La cicatrisation est associée à une forte activité métabolique qui augmente les besoins multiples en nutriments dans la zone de la plaie. Elle peut donc être soutenue par une supplémentation ciblée en protéines, vitamines, sels minéraux et oligo-éléments. L’étude présentée ici, une étude en double aveugle contrôlée par placebo, portait essentiellement sur les antioxydants et la glutamine dont elle a examiné les effets sur le temps de fermeture de la plaie. L’étude incluait 20 patients avec trauma présentant des troubles de la cicatrisation. Les patients ont été répartis en deux groupes de 10, un groupe verum et un groupe placebo. En plus des repas servis à l’hôpital, le groupe verum a reçu chaque jour, pendant 2 semaines, la supplémentation suivante: 500 mg d’acide ascorbique, 166 mg d’ a-tocophérol, 3,2 mg de b-carotène, 100 μg de sélénium, 6,6 mg de zinc et 20 g de glutamine. Le groupe placebo a reçu des rations isoénergétiques correspondantes, en sachets contenant de la maltodextrine. Résultat: Dans le groupe verum, le temps de fermeture de la plaie a été significativement plus court que dans le groupe placebo, c.-à-d. 35 ± 22 jours vs 70 ± 35 jours, p = 0,01. Bilan détaillé des principales modifications métabo- liques: Une comparaison des taux (plasmatiques, sériques) a montré qu’après l’intervention de 14 jours, tous les nutriments examinés avaient augmenté dans le groupe verum. Le taux de glutamine n’a baissé que dans le groupe placebo, tandis que la concentration d’albumine a significativement aug- menté dans les deux groupes. Parmi les paramètres inflammatoires, on a noté une baisse de la CRP, mais la différence n’était significative que dans le groupe placebo. Les autres changements constatés dans le groupe verum sont une baisse significative des valeurs de ferritine et, parmi les marqueurs du bilan pro- et antioxydant, une baisse de la concentration de 8-isoprostane après l’intervention. Discussion: La supplémentation en antioxy- dants et en glutamine a permis de réduire de près de moitié le temps de fermeture de la plaie, ce qui constitue un résultat très impressionnant. Les nutriments supplémentés peuvent avoir contribué à réduire les réactions inflammatoires excessives et le stress oxydatif, et à accélérer ainsi la cicatrisation. La régres- sion du taux de ferritine et la baisse significative du taux de 8-isoprostane sont compatibles avec cette thèse (la ferritine, une protéine de phase aiguë, est un indicateur d’inflammation lorsqu’elle est associée à une CRP élevée). Cependant, le mécanisme exact de cette accélération spectaculaire de la cicatrisation n’est toujours pas élucidé. De plus, ces résultats de- vraient être confirmés par une étude de plus grande envergure, ce qui n’est pas évident pour un collectif de patients si particulier. Malgré ces restrictions, nous avons ici une étude très intéressante qui souligne l’importance d’une supplémentation appropriée pour la stimulation de la cicatrisation. Blass SC et al. Time to wound closure in trauma patients with disorders in wound healing is shortened by supplements containing antioxidant micronutrients and glutamine: a PRCT. Clinical Nutrition 2012; 31(4):469-475. selon la médecine orthomoléculaire

Upload: vothu

Post on 16-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

NewsLetterEdition

93.2014

Sommaire Page

Les antioxydants et la glutamine accélèrent la fermeture des plaies 1

Efficacité de la phosphatidylsérine dans le TDAH 2-3

Utilisation de L-carnitine dans la narcolepsie 3

Supplémentation et cancer 4-5

Le magnésium dans le traitement des douleurs 5

La vitamine C – plus qu’une simple «vitamine anti-refroidissement» 6-7

Prévention de l’atrophie cérébrale dans la maladie d’Alzheimer par les vitamines du groupe B 8

Editorial

Diminuer les coûts de la santé par les micro -nutriments

L’utilisation ciblée de prépara­tions de micronutriments peut non seulement être bénéfique pour la santé, mais permettre aussi des économies signifi­catives par la prévention de pathologies fréquentes et chroniques. C’est ce que montre une étude parue ré­cemment (www.supplement­forsmartprevention.org) qui a examiné l’effet réducteur de préparations de micro­nutriments sur le coût des maladies cardiovasculaires, du diabète, des maladies oculaires liées à l’âge et de l’ostéoporose.

Actuellement, de telles mesu­res préventives n’ont rien qui séduise vraiment le consom­mateur: nous ne ressentons pas forcément l’effet immédiat de la supplémentation, qui doit être prise sur une longue durée, et devons en assumer nous­mêmes les coûts. Malheureusement, cela nous conduit à n’agir que lorsque nous sommes déjà confrontés à un problème de santé.

Uli P. Burgerstein Président de la fondation

Les antioxydants et la gluta­mine accélèrent la fermeture des plaiesLa cicatrisation est associée à une forte activité métabolique qui augmente les besoins multiples en nutriments dans la zone de la plaie. Elle peut donc être soutenue par une supplémentation ciblée en protéines, vitamines, sels minéraux et oligo-éléments. L’étude présentée ici, une étude en double aveugle contrôlée par placebo, portait essentiellement sur les antioxydants et la glutamine dont elle a examiné les effets sur le temps de fermeture de la plaie. L’étude incluait 20 patients avec trauma présentant des troubles de la cicatrisation. Les patients ont été répartis en deux groupes de 10, un groupe verum et un groupe placebo. En plus des repas servis à l’hôpital, le groupe verum a reçu chaque jour, pendant 2 semaines, la supplémentation suivante: 500 mg d’acide ascorbique, 166 mg d’a-tocophérol, 3,2 mg de b-carotène, 100 μg de sélénium, 6,6 mg de zinc et 20 g de glutamine. Le groupe placebo a reçu des rations isoénergétiques correspondantes, en sachets contenant de la maltodextrine.

Résultat: Dans le groupe verum, le temps de fermeture de la plaie a été significativement plus court que dans le groupe placebo, c.-à-d. 35 ± 22 jours vs 70 ± 35 jours, p = 0,01.

Bilan détaillé des principales modifications métabo-liques: Une comparaison des taux (plasmatiques, sériques) a montré qu’après l’intervention de 14 jours, tous les nutriments examinés avaient augmenté dans le groupe verum. Le taux de glutamine n’a baissé que dans le groupe placebo, tandis que la concentration d’albumine a significativement aug-menté dans les deux groupes. Parmi les paramètres inflammatoires, on a noté une baisse de la CRP, mais

la différence n’était significative que dans le groupe placebo. Les autres changements constatés dans le groupe verum sont une baisse significative des valeurs de ferritine et, parmi les marqueurs du bilan pro- et antioxydant, une baisse de la concentration de 8-isoprostane après l’intervention.

Discussion: La supplémentation en antioxy­dants et en glutamine a permis de réduire de près de moitié le temps de fermeture de la plaie, ce qui constitue un résultat très impressionnant. Les nutriments supplémentés peuvent avoir contribué à réduire les réactions inflammatoires excessives et le stress oxydatif, et à accélérer ainsi la cicatrisation. La régres-sion du taux de ferritine et la baisse significative du taux de 8-isoprostane sont compatibles avec cette thèse (la ferritine, une protéine de phase aiguë, est un indicateur d’inflammation lorsqu’elle est associée à une CRP élevée). Cependant, le mécanisme exact de cette accélération spectaculaire de la cicatrisation n’est toujours pas élucidé. De plus, ces résultats de-vraient être confirmés par une étude de plus grande envergure, ce qui n’est pas évident pour un collectif de patients si particulier. Malgré ces restrictions, nous avons ici une étude très intéressante qui souligne l’importance d’une supplémentation appropriée pour la stimulation de la cicatrisation.

Blass SC et al. Time to wound closure in trauma patients with disorders in wound healing is shortened by supplements containing antioxidant micronutrients and glutamine: a PRCT. Clinical Nutrition 2012; 31(4):469­475.

selon la médecine orthomoléculaire

2

Efficacité de la phosphatidylsérine dans le TDAH La phosphatidylsérine (PS) est un phospholipide na-turel présent à haute concentration dans le cerveau et le système nerveux central. La PS est apportée par les aliments et peut aussi être produite par l’organisme lui-même à partir de glycérophosphate, de l’acide aminé L-sérine et de deux acides gras.

La PS est surtout présente dans les aliments gras et riches en cholestérol comme le maquereau et le foie. On ne la trouve guère dans les plantes, à l’exception des haricots blancs et du soja. La PS utilisée pour la supplémentation est souvent obtenue à partir de lécithine de soja. La PS joue un rôle important dans la transmission des signaux et aide les cellules du cerveau à mémoriser et à retrouver des informations. Un déficit en PS est une cause d’inattention et de troubles de la concentration, et peut favoriser l’hyperactivité chez les enfants.

Le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) compte parmi les troubles du comportement les plus fréquents chez les enfants et les adolescents. On estime que 3 à 7% des enfants d’âge scolaire présentent des symptômes de TDAH. Nous résumons ci-après les résultats de deux études qui ont examiné l’efficacité d’une supplémentation en PS chez des enfants atteints de symptômes de TDAH.

Etude 11: La PS améliore les symptômes du TDAH et la mémoire auditive à court terme L’efficacité de la PS chez des patients atteints de TDAH a été examinée par Hirayama et coll. dans cette étude en double aveugle contrôlée par placebo. Les 36 patients, des enfants âgés de 4 à 14 ans présentant des symptômes du TDAH, ont été répartis en deux groupes. Sur une période de 2 mois, un groupe (n=19) a reçu 200 mg de PS par jour, pendant que l’autre groupe (n=17) recevait une préparation placebo. L’efficacité du traitement a été évaluée à l’aide des critères de diagnostic du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, version révisée (DSM-IV-TR), d’un test mesurant la mémoire auditive et la mémoire de travail (WISC-III) et d’un test basé sur des décisions de type «GO/NO-GO». La supplémentation en PS a produit une amélioration significative de 37%, mesurée selon les critères du DSM-IV-TR, des symptômes du TDAH (PS: baisse de 11,4±3,2 à 7,2±3,9; placebo: baisse de 11,5±3,4 à 10,9±4,6). L’amélioration concernait aussi bien l’inattention que le comportement hyperactif et impulsif des enfants. Les enfants sous PS ont également montré une amélioration de 17% de leur mémoire auditive à court terme (PS: hausse de 6,6±2,0 à 7,7±2,7; placebo: hausse de 6,5±3,1 à 6,9±2,4). Dans le test de décisions «GO/NO-GO», la PS a significativement réduit les fautes d’inattention. Dans son ensemble, l’étude indique que la PS réduit

les symptômes du TDAH et améliore la mémoire à court terme.

Etude 22: La PS oméga­3 semble être parti­culièrement efficace dans le type de TDAH à prédominance hyperactive/impulsive Dans cette étude en double aveugle contrôlée par placebo, 200 enfants atteints de TDAH (moyenne d’âge: 9 ans) ont été répartis en deux groupes. Un groupe a reçu de la PS oméga-3 (dose journalière: 300 mg de PS) et l’autre groupe, une préparation placebo. Dans la molécule de PS oméga-3, au moins un acide gras est de type oméga-3 (acide eicosapen-taénoïque (EPA) ou acide docosahexaénoïque (DHA)), de sorte que 120 mg d’acides gras oméga-3 sont absorbés avec 300 mg de PS. L’efficacité de la PS oméga-3 a été mesurée à l’aide des échelles d’attention et de comportement de Conners (ques - tionnaires aux enseignants et aux parents) et d’un questionnaire de saisie de la qualité de vie des enfants (Child Health Questionnaire). La phase en double aveugle de l’étude a duré 15 semaines, après quoi tous les participants ont eu la possibilité d’être inclus dans une extension d’étude de 15 semaines durant laquelle tous les enfants ont reçu la préparation de PS oméga-3 (150 mg de PS oméga-3). A la fin de la phase en double aveugle, les données de 100 participants du groupe PS oméga-3 et de 47 partici-pants du groupe placebo ont pu être analysées. Les résultats sur l’échelle Conners du questionnaire aux enseignants étaient identiques dans les deux groupes. L’échelle de Conners du questionnaire aux parents et le test de saisie de la qualité de vie des enfants ont montré que par rapport au placebo, la PS oméga-3 améliorait le comportement hyperactif et impulsif des enfants et soulageait la charge émotionnelle des parents. Toutefois, sur l’ensemble des résultats, les différences entre les deux groupes étaient faibles. Une analyse de sous-groupe a été effectuée uniquement sur les enfants qui se signalaient par un comportement particulièrement hyperactif et impulsif. Dans ce sous- groupe, la supplémentation en PS oméga-3 a montré une nette amélioration sur un grand nombre de sous-échelles, par exemple l’index TDAH. L’extension de cette étude a fait apparaître d’autres améliorations dans le domaine de la qualité de vie chez les enfants déjà traités avec la PS oméga-3 durant la phase en double aveugle. Les enfants traités auparavant avec la préparation placebo ont montré des améliorations significatives sur plusieurs sous-échelles de Conners. Dans l’ensemble, on peut dire que cette étude pré-sente quelques points faibles; par exemple, l’analyse du sous-groupe n’avait pas été planifiée avant le début de l’étude. Néanmoins, le résultat indique clairement que la PS oméga-3 peut améliorer les symptômes du TDAH, surtout chez les enfants ayant un comportement hyperactif et impulsif prononcé.

Phosphatidylsérine

La phosphatidylsérine est un phospholipide naturel de notre organisme qui est surtout présent dans le cer­veau et le système nerveux central. Elle est apportée par les aliments (viande, abats, soja) ou synthétisée par l’organisme lui­même. La phosphatidylsérine utili­sée dans les compléments alimentaires est obtenue à partir de lécithine de soja.

La phosphatidylsérine joue un rôle important dans la communication neuronale et la transmission des signaux. Elle agit sur la libération des neurotransmetteurs (sur­ tout l’acétylcholine) et les per formances mentales (concen tration, capacité d’apprentissage, mémoire).

Souvent, l’apport journalier nécessaire de 200­300 mg de phosphatidylsérine n’est pas assuré chez les person­nes qui ont une alimentation réduite en graisses et en cholestérol.

La phosphatidylsérine peut être utilisée à tout âge – chez les enfants d’âge scolaire comme chez les personnes âgées. Parmi les principaux domaines d’application, mentionnons:­ l’amélioration de la capacité

d’apprentissage, de la con­centration, de l’attention et de la mémoire

­ la diminution de la réaction de stress de l’organisme (libération de cortisone)

­ la prévention du déficit cognitif léger («mild cognitive impairment»)

­ l’amélioration de la motricité (y compris dans le sport)

­ la stabilisation psychique (états dépressifs, TDAH)

Il est recommandé de prendre 100­300 mg de phosphatidyl­sérine/jour comme complé­ment alimentaire. La dose thérapeutique est en général de 300 mg par jour en traite­ment au long cours. Elle peut atteindre 500 mg/jour dans les troubles cognitifs prononcés ou les situations de stress.

3

Utilisation de L­carnitine dans la narcolepsieLa narcolepsie ou «maladie du trop dormir» est caractérisée par une fatigue prononcée et une forte tendance à s’endormir, des attaques de sommeil et, dans les cas sévères de cataplexie, par la perte soudaine du tonus musculaire, des paralysies du sommeil et des hallucinations. Certaines études indiquent que la b-oxydation des acides gras joue un rôle important dans la régulation du sommeil. Pour pouvoir être oxydés dans les mitochondries, les acides gras à longue chaîne doivent d’abord se lier à la L-carnitine pour être transportés dans la matrice mitochondriale où ils seront dégradés par b-oxydation. Ceci porte à supposer que le niveau de L-carnitine joue un rôle dans la narcolepsie. En effet, les auteurs (Miyagawa et al.) ont déjà pu montrer dans une étude précédente que les patients narcoleptiques présentaient souvent de faibles taux sériques d’acylcarnitine. Dans le présent travail, une étude croisée en double aveugle contrôlée par placebo, les auteurs ont examiné si une supplé-mentation en L-carnitine (510 mg/jour) améliorait les symptômes de la narcolepsie. Le critère d’évaluation primaire était le temps de sommeil total pendant la journée. Les critères secondaires étaient le nombre d’attaques de sommeil, de paralysies du sommeil et d’épisodes de perte soudaine du tonus musculaire. Ces paramètres ont été déterminés par la tenue d’un journal du sommeil. La version japonaise de l’échelle de somnolence d’Epworth (JESS) et les sous-échelles «vitalité» et «bien-être psychique» du questionnaire SF-36 ont également été utilisées pour tester l’efficacité d’une supplémentation en L-carnitine. Les taux sériques d’acylcarnitine, de carnitine totale, de carnitine libre, de cholestérol total et de triglycérides ont également été mesurés. Au total, 30 patients narcoleptiques ont été inclus dans cette étude. Les patients ont reçu de la L-carnitine ou une préparation placebo pendant 8 semaines. L’étude a duré 16 semaines en tout.

Résultats: Les données de 28 patients ont pu être évaluées. Le temps de sommeil total pendant la journée après traitement par la L­carnitine a été significativement plus bas qu’après trai­tement par le placebo (49±34 min vs 58±37 min, p=0,048). Tous les autres critères d’évaluation, le nombre d’attaques de sommeil par exemple, n’ont pas montré de différence significative entre les groupes.

Par ailleurs, au terme du traitement, les patients recevant de la L-carnitine avaient des taux sériques d’acylcarnitine, de carnitine totale et de carnitine libre significativement plus élevés que les patients recevant un placebo. Les taux de triglycérides (place-bo: 168,7±111,4 mg/dl, L-carnitine: 132,9±79,5 mg/dl) étaient significativement plus faibles.

Discussion: Les résultats indiquent que la L­carnitine pourrait être efficace dans le traitement de la narcolepsie. Comme de nombreux patients narcoleptiques sont en surpoids et présentent une élévation des taux de triglycérides, il peut être également intéressant de réduire le taux de triglycérides. On peut critiquer le fait que le nombre de patients et la dose de L-carnitine utilisée étaient relativement faibles. Il serait donc souhaitable qu’une étude de plus grande envergure entreprenne de vérifier si l’efficacité de la L-carnitine peut être augmentée par une dose plus élevée (1 à 3 g/jour), de même qu’il serait intéressant de tester l’efficacité d’une supplémenta-tion en L-carnitine dans les mitochondriopathies.

Miyagawa T et al. Effects of oral L­Carnitine administration in narcolepsy patients: A randomized, double­blind, cross­over and placebo­controlled trial. Plos One 2013;8(1):e53707.

Narcolepsie

La narcolepsie est une maladie neurologique rare, mais chronique, due à un trouble de la régulation sommeil/éveil. On pense qu’elle est causée par une perte de cellules productri­ces d’hypocrétine (orexine) dans l’hypothalamus, déc­lenchée par des processus auto­immuns.

Les symptômes typiques sont les suivants:­ somnolence diurne et

attaques de sommeil­ sommeil nocturne perturbé­ cataplexies (pertes aiguës

et réversibles du tonus musculaire)

­ hallucinations­ paralysie du sommeil

(incapacité du corps à bouger pendant les phases oniriques)

La maladie peut apparaître à tout âge. Le pic de fréquence des symptômes inauguraux se situe entre 15 et 35 ans.

Les patients sont souvent qualifiés sommairement de «gros dormeurs» dans un premier temps, de sorte qu’il peut s’écouler des années avant la pose du diagnostic. La prévalence est de 25 à 50 pour 100 000, avec un grand nombre de cas non répertoriés.

Le diagnostic est posé à l’issue d’une évaluation en médecine du sommeil et par la mesure du taux d’orexine dans le liquide céphalo­rachidien, ainsi que par typage HLA.

Le traitement de médecine classique consiste à amé­nager le mieux possible la journée du patient avec des épisodes de sommeil diurne individuellement adaptés. La somnolence diurne est traitée par du méthylphénida­te (Ritaline®) ou du modafinil (Modasomil®). Bien que la narcolepsie affecte lourde­ment la vie quotidienne des patients, elle n’a aucune influence sur leur espérance de vie.

Discussion: Les deux études ont montré qu’une supplémentation en PS (PS oméga­3 et PS extraite des phospholipides du soja) est efficace chez les enfants présentant des symp­tômes du TDAH. Contrairement à la PS oméga-3, la PS des phospholipides du soja ne contient aucun acide gras oméga-3. Comme on sait que l’EPA, un acide gras oméga-3, peut également améliorer les symptômes du TDAH, on pourrait penser que la PS oméga-3 est particulièrement efficace, mais ceci n’est pas confirmé par les études présentées ici. Peut-être la quantité d’EPA contenue dans la PS oméga-3 est-elle simplement trop faible pour produire un effet supplémentaire. On ne peut toute-fois pas comparer directement les deux études, vu que les tests utilisés étaient différents. Il serait

souhaitable de disposer d’études dans lesquelles on testerait l’efficacité de la PS de phospholipides du soja associée avec une dose suffisante d’EPA.

1Hirayama et al. The effect of phosphatidylserine administration on memory and symptoms of attention­deficit hyperactivity disorder: a randomised, double­blind, placebo­controlled clinical trial. J Hum Nutr Diet 2013;12090.

2Manor et al. The effect of phosphatidylserine containing omega3 fatty­acids on attention­deficit hyperactivity disorder symptoms in children: A double­blind placebo­controlled trial, followed by an open­label extension. Eur Psychiatry 2012;27:335­342.

4

Supplémentation et cancer

L’acide folique participe de manière essentielle aux processus de division des cellules de l’organisme. Cela signifie qu’il est également indispensable aux cellules cancéreuses agressives. Au vu de cette relation, il n’est pas étonnant que certains experts aient pu craindre une augmentation de la fréquence des cancers par une supplémentation en acide folique. Les études présentées ici ont examiné le rôle des préparations d’acide folique ou de multivitamines/multiminéraux dans l’apparition et l’évolution d’une maladie cancéreuse.

Etude 11: L’acide folique augmente­t­il le risque de cancer? Cette méta-analyse a pris en compte des études contrôlées par placebo d’une durée de plus d’un an, incluant au moins 500 volontaires. Au total, les don-nées de 13 études réunissant 49 621 volontaires ont été analysées. Toutes les études devaient répertorier l’apparition d’une maladie cancéreuse pendant la période de supplémentation. La dose journalière d’acide folique quotidienne se situait entre 0,5 et 5 mg. Une dose de 40 mg d’acide folique par jour a même été utilisée dans l’une des études. [Note de la rédaction: en Suisse, la limite supérieure pour la complémentation alimentaire est de 0,8 mg/jour]. La durée moyenne de traitement était de 5,2 ans (1,8 à 7,4 ans). Les personnes traitées par l’acide folique avaient une concentration plasmatique médiane d’acide folique de 57,3 nmol/l, tandis que cette valeur était de 13,5 nmol/l dans le groupe placebo. Durant cette période d’étude, 3 713 participants ont développé un cancer: 1 904 (7,7%) dans le groupe supplémenté en acide folique et 1809 (7,3%) dans le groupe placebo. La différence n’était pas significative. Le risque relatif (RR) était de 1,06 (IC 95%: 0,99-1,13, p=0,10). Même dans l’étude qui utilisait 40 mg d’acide folique par jour, le taux de cancers n’était pas augmenté. La durée du traitement par l’acide folique n’avait pas non plus d’influence sur le nombre de cas de cancer. De plus, il ressort de la classification de tous les cas répertoriés en 18 types de cancer au total que la supplémentation en acide folique n’a pas entraîné de hausse significative de la fréquence d’une tumeur primaire en particulier.

Dans l’ensemble, cette étude dissipe la crainte qu’une supplémentation en acide folique puisse augmenter le risque de cancer. Par contre, cette méta-analyse ne montre pas comment une préparation d’acide folique ou de multivitamines/multiminéraux agit sur l’évolution d’une maladie cancéreuse. Cette question a été examinée dans l’étude suivante.

Etude 22: Les compléments alimentaires et le risque de mortalité par cancer du seinDans le cadre de cette étude de grande envergure de la «Women’s Health Initiative» (WHI), 7 728 femmes âgées de 50 à 79 ans ayant reçu un diagnostic de cancer mammaire invasif ont été observées sur une durée moyenne de 7,1 ans. La prise d’un complément alimentaire (vitamines avec sels minéraux et éven-tuellement d’autres substances) a été documentée au début de l’étude WHI et au jour de l’étude le plus proche du diagnostic de cancer du sein. Le risque de mortalité des femmes atteintes de cancer du sein a été comparé en fonction de leur prise ou non d’un complément alimentaire. Au total, 38% des femmes examinées prenaient un complément alimentaire au début de l’étude. Ces femmes étaient en moyenne un peu plus âgées, étaient plutôt blanches de peau, possédaient une formation supérieure et un revenu plus élevé, fumaient souvent moins, avaient un indice de masse corporelle bas et un faible rapport taille/hanche. Elles étaient aussi plus actives physique-ment, étaient moins souvent atteintes de diabète et déclaraient jouir dans l’ensemble d’un meilleur état de santé. Ces femmes prenaient aussi plus souvent un autre supplément, par exemple de la vitamine C ou E, du calcium ou du zinc. Durant l’étude, 518 femmes sont décédées des suites de leur cancer du sein. Les femmes qui prenaient une préparation de multivitamines/multiminéraux avaient un risque de mortalité diminué d’environ 30%. Les différences au niveau de l’alimentation et du mode de vie ont été prises en considération dans ce calcul. Ce résultat indique que la prise d’un complément alimentaire peut infléchir favorablement la mortalité associée à un cancer du sein invasif.

Discussion: On assiste régulièrement à la publication de rapports et d’articles de presse affirmant que la prise de préparations de multivitamines/multimi-néraux, et en particulier de suppléments d’acide folique, peut augmenter le risque de cancer. Les études présentées ici infirment ces craintes. C’est ainsi que cette vaste méta­analyse qui inclut les données de près de 50 000 participants a montré qu’une supplémentation en acide folique n’augmentait pas le risque de cancer, pas même après une analyse différenciée des données en fonction du type de cancer dia­gnostiqué. La période d’observation de ces études est de 7 ans au maximum. Il serait bon de disposer d’études sur une plus longue durée d’observation. On notera que les doses d’acide folique utilisées étaient parfois très élevées. Sauf indication claire, la dose d’acide folique dans une supplémenta­tion à long terme ne devrait pas dépasser 1 mg par jour.

Acide folique

Selon un rapport de la société allemande de nutrition (DGE, août 2013), la consommation moyenne d’acide folique en Allemagne (200 μg/jour) est nettement inférieure à la quantité recommandée de 300 μg/jour pour les adole­scents et les adultes et de 550 μg/jour pour les femmes enceintes.

Un apport suffisant d’acide folique est particulièrement important durant les quatre premières semaines de grossesse pour la prévention des défauts du tube neural. C’est pourquoi une supplé­mentation en acide folique de l’ordre de 400 μg/jour est recommandée dès le désir d’enfant ou au plus tard un mois avant la grossesse.

Outre les indications présen ­ tées ci­dessus, il existe de solides données scientifi­ques à l’appui de la prise d’acide folique dans les domaines d’application suivants:­ nette amélioration de

l’efficacité des anti­dépresseurs

­ amélioration de la qualité du sperme

­ diminution des taux sanguins trop élevés d’homocystéine

­ carence en acide folique (p. ex. anémie mégalo­blastique)

L’apport d’acide folique considéré comme sûr à long terme est de 1 mg/jour.

5

Les résultats de la deuxième étude indi­quent même que la prise d’une préparation de multivitamines/multiminéraux pourrait réduire le risque de mortalité chez les femmes atteintes d’un cancer du sein invasif. On ne possède malheureusement aucune information sur les substances contenues dans ces préparations, leur dosage et la durée de prise.C’est un fait incontesté que les compléments alimentaires ne sauraient remplacer une alimen-tation équilibrée. Un complément alimentaire équilibré, qui devrait, bien entendu, contenir aussi de l’acide folique, peut néanmoins aider à combler un besoin accru en micronutriments dans des

situations particulières telles que la grossesse. Les études commentées ici montrent que la crainte d’augmenter ainsi le risque de cancer est probable-ment infondée.

1Vollset et al. Effects of folic acid supplementation on overall and site­specific cancer incidence during the randomised trials: meta­analyses of data on 50’000 individuals. Lancet 2013;381:1029­1036.

2Wassertheil­Smoller et al. Multivitamin and mineral use and breast cancer mortality in older women with invasive breast cancer in the women’s health initiative. Breast Cancer Res Treat 2013;141:495­505

Le magnésium – une recommandation de routine pour la préven-tion des maladies cardiovasculaires

Dans la pratique, l’action du magnésium n’est souvent considérée qu’en relation avec son rôle dans la fonc­tion musculaire. Or, comme tout micronutriment, le ma­gnésium possède lui aussi bon nombre d’autres effets et propriétés bien docu­mentés. Au cours des der­nières années, on a pu ainsi montrer que le magnésium possède non seulement un effet antihypertenseur manifeste, mais peut aussi influer favorablement sur d’autres facteurs de risque cardiovasculaires 1, 2:­ effet anti­inflammatoire

(hsCRP)­ réduction de l’épaisseur

intima­media­ diminution de

l’insulinorésistance­ amélioration du taux

d’HbA1c­ prévention des complica­

tions tardives du diabète­ action positive sur les

troubles du rythme cardiaque

La dose de magnésium dans ces domaines d’utilisation devrait être de l’ordre de 300­450 mg/jour. Une dose plus élevée peut s’avérer utile dans des cas particuliers. Il est recom­mandé de répartir la ration journalière en 2 prises au minimum, pour une biodis­ponibilité optimale.

1 Kupetsky EA et al. Magnesium: Novel appli­cations in cardiovascular disease – a review of theliterature. Ann Nutr Metab. 2012;61:102­110.

2 Wang J et al. Dietary magnesium Intake improves insulin resistance among non­diabetic individuals with metabolic syndrome. Participating in a dietary trial. Persuitte G et al. Nutrients. 2013;5:3910­3919.

Le magnésium dans le traitement des douleurs

Le magnésium participe à de nombreuses réactions métaboliques dans l’organisme et peut donc être utilisé en appoint dans de nombreuses indications, par exemple la régulation du métabolisme glucidique et de la tension artérielle. L’étude présentée ici indique que le magnésium peut aussi jouer un rôle important dans le traitement de la douleur. Ses auteurs, Yousef et Al-deeb, ont choisi pour leur étude 80 patients qui souffraient de douleurs lombaires chroniques à composante neuropathique depuis au moins 6 mois. Tous les patients avaient un score de ≥12 sur l’échelle de douleur LANSS (Leeds Assessment of Neuro-pathic Signs and Symptoms). Au début de l’étude, tous les patients ont arrêté les médicaments et traitements qu’ils prenaient jusqu‘alors et ont reçu à leur place de la gabapentine, de l’amitriptyline et du célécoxib. Tous les patients ont également reçu des traitements par courants interférentiels, en alternance avec des exercices destinés à renforcer les muscles du dos. 40 patients ont reçu en plus une perfusion intraveineuse de sulfate de magnésium (1 g dans 250 ml de solution saline 0,9%) 1x par jour pendant 2 semaines, puis des suppléments oraux contenant 400 mg d’oxyde de magnésium et 100 mg de gluconate de magnésium pendant 4 semaines. Les 40 autres patients ont reçu un traitement place-bo. Avant le traitement et à 2 semaines, 6 semaines, 3 mois et 6 mois après le début du traitement, tous les patients ont évalué l’intensité de leur douleur sur une échelle de 0 à 10 points. Les degrés de flexion, d’extension et de flexion latérale ont été mesurés par un physiothérapeute.

Résultats: Après 2 semaines de traitement, des améliorations de la douleur et de la mobilité ont pu être constatées aussi bien chez les patients traités par le magnésium que chez les patients sous placebo. Dans le groupe magnésium, ces améliorations ont pu être

démontrées dans toutes les mesures subsé­quentes (6 semaines, 3 et 6 mois), tandis que dans le groupe placebo, les valeurs mesurées sont retournées au niveau initial. C’est ainsi que dans le groupe placebo, un score de douleur de 7,2±2,5 points a été déterminé après 6 mois, tandis que ce score était de 4,7±1,8 points (p=0,027) dans le groupe magnésium. La mobilité moyenne du groupe magnésium n’a certes pas atteint les valeurs normales, mais était tout de même de 36% à 54% supérieure à celle mesurée dans le groupe placebo. Le magnésium oral a été bien toléré, seuls 4 patients se sont plaints d’une légère diarrhée.

Discussion: En Suisse, 80% de la population souffre de maux de dos une à plusieurs fois par an. Ces dorsalgies sont chroniques ou récurrentes chez un patient sur quatre. Les résultats de l’étude présentée indiquent que le magnésium peut réduire les douleurs et améliorer nettement la mobilité des patients souffrant de douleurs lombaires. On en ignore encore le mécanisme d’action exact. L’apparition de la douleur s’accom-pagne d’une activation des récepteurs NMDA, présents surtout dans le cerveau. Les ions magné-sium extracellulaires peuvent bloquer les récepteurs NMDA et neutraliser ainsi la douleur neuropathique. Les présents résultats sont très prometteurs. Des études supplémentaires sont souhaitables pour déterminer le moment optimal pour le traitement et la dose optimale de magnésium.

Yousef AA and Al­deeb AE. A double blinded ran­domised controlled study of the value of sequential intravenous and oral magnesium therapy in patients with chronic low back pain with a neuropathic component. Anaesthesia 2013;68:260­266.

6

La vitamine C – plus qu’une simple «vitamine anti­refroidissement»Beaucoup de gens associent la vitamine C (acide ascorbique) à un «renforcement du système immuni-taire» et à son effet antioxydant, mais la vitamine C est impliquée dans bien d’autres processus méta-boliques de notre organisme. Elle est nécessaire à la synthèse du collagène et participe à celle des neurotransmetteurs (substances messagères des impulsions nerveuses) dans le cerveau, par exemple l’adrénaline, la noradrénaline et la sérotonine, ainsi qu’à la synthèse de la carnitine, qui garantit un métabolisme efficace des acides gras. La vitamine C facilite en outre l’absorption du fer et intervient dans le contrôle du taux d’histamine. Etant donné les multiples fonctions qu’assure la vitamine C dans l’organisme, il n’est pas étonnant que cette vitamine s’utilise avec succès dans un très grand nombre d’indications diverses.

Nous résumons ci-après les résultats de 4 nouvelles études d’intervention dans lesquelles la vitamine C à été utilisée à des fins thérapeutiques:

Etude 11: La vitamine C dans la parodontose Cette étude incluait 120 patients (30 personnes par groupe). Les sujets du premier groupe (groupe témoin) ne présentaient pas de maladie parodon-tale, ceux du deuxième groupe étaient atteints de gingivite chronique, ceux du troisième groupe souffraient de périodontite chronique et le quatrième groupe était composé de diabétiques de type II avec périodontite chronique. Les patients du deuxième, troisième et quatrième groupe ont été subdivisés respectivement en 2 sous-groupes. En plus du traitement classique (détartrage et polissage des collets dentaires), le premier sous-groupe a reçu une préparation de vitamine C (450 mg/jour) pendant deux semaines, tandis que l’autre groupe recevait une préparation placebo. Les critères d’évaluation utilisés étaient l’indice de plaque, l’indice de saignement gingival et la profondeur des poches gingivales (dans la périodontite). En comparaison avec les sujets témoins, les patients atteints de gingivite chronique et les diabétiques souffrant de périodontite chronique présentaient des taux plasmatiques de base de vitamine C diminués. Après supplémentation en vitamine C pendant deux semaines, l’amélioration de l’indice de saignement gingival chez les patients avec gingivite chronique (0,56±0,26 vs 0,28±0,12) et chez les diabétiques avec périodontite chronique (0,69±0,22 vs 0,54±0,10) était significativement supérieure à celle du groupe témoin.

Conclusion: Les inflammations chroniques peuvent conduire à un déficit de vitamine C. Une supplémen-tation en vitamine C est conseillée aux personnes qui souffrent de saignements gingivaux.

Etude 22: La vitamine C, une option dans la bronchoconstriction induite par l’effort La bronchoconstriction induite par l’effort ou «asthme d’effort» est un rétrécissement réversible des voies respiratoires déclenché par un effort sportif ou tout autre effort physique. Les symptômes peuvent être une toux sèche, un essoufflement, une détresse respiratoire ou encore une sensation de compression thoracique. Près de 10% de la popu-lation générale et jusqu’à 50% des athlètes de haut niveau, des sports d’hiver surtout, sont confrontés à ce problème. Le diagnostic est basé sur la mesure du «volume expiratoire maximum en une seconde» (VEMS), paramètre établi de la constriction des voies respiratoires. On parle de bronchoconstriction induite par l’effort quand le VEMS du patient diminue de 10% ou plus durant ou après l’effort. La présente méta-analyse a réuni trois études randomisées en double aveugle et contrôlées par placebo incluant au total 40 volontaires chez lesquels on a examiné l’effet de la vitamine C sur une bronchoconstriction induite par un effort sportif. La vitamine C a été administrée avant l’entraînement aux doses de 0,5 g (une prise), 2 g (une prise) ou 1,5 g/jour pendant 2 semaines. On a pu montrer que la vitamine C réduisait de près de moitié (48%) la chute du VEMS déclenchée par l’effort physique. Chez les person-nes qui souffrent de symptômes respiratoires tels que la toux pendant ou après un effort physique, la prise de 0,5 à 2 g de vitamine C avant l’entraînement pourrait contribuer à une atténuation sensible des symptômes.

Etude 33: La vitamine C a amélioré l’efficacité d’un antidépresseur chez des enfants souffrant de dépression sévère La dépression n’est pas l’apanage des adultes, les enfants aussi peuvent en être atteints. La fréquence se situe entre 0,4% et 2,5% chez les enfants de moins de 12 ans; 0,4% à 8,3% des adolescents souffrent de dépression. Les options de traitement classiques sont limitées, surtout chez les enfants souffrant de dépression sévère. Un médicament utilisé aussi chez les enfants est la fluoxétine, un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine. La vitamine C participe à la synthèse et à l’action des neurotransmetteurs dans

7

La vitamine C, un «must» chez les patients hospi-talisés

Tous les patients hospitali­sés, que leur admission soit planifiée ou non, devraient se voir recommander en routine la prise de 500­1000 mg/jour de vitamine C pendant env. 50 jours.

Cette recommandation ne se justifie pas seulement par une optimisation possible de la réponse immunitaire ou – comme le montre l’étude ci­contre – par une améliora­tion de l’humeur dans cette situation de stress.

On sait que chez environ 10% des patients victimes de fractures et de blessures des membres, leur état se complique d’un syndrome douloureux régional com­plexe (CRPS), anciennement connu sous le nom de ma­ladie de Sudeck. Le CRPS se manifeste par de fortes douleurs prolongées, des troubles moteurs (parésies, tremblements), des alté­rations de la couleur de la peau et des troubles de la température cutanée.

Des études récentes ont montré que l’administration préventive de seulement 500­1000 mg de vitamine C par jour en postopératoire pouvait réduire l’incidence du CRPS à 1,5­2% 1, 2.

En outre, la vitamine C favorise la cicatrisation par son rôle dans la synthèse de collagène.

1 Besse JL et al. Effect of vitamin C on prevention of complex regional pain syndrome type 1 in foot and ankle surgery. Foot and Ankle Surgery. 2009;15:179­182

2 Zollinger PE et al. Can vitamin C prevent complex regional pain syndrome in patients with wrist fractu­res? J Bone Joint Surg Am. 2007;89:1424­1431.

le cerveau, par exemple à l’action antidépressive de la sérotonine. Dans leur étude en double aveugle contrôlée par placebo, menée chez 24 enfants sévèrement dépressifs âgés de 10 ans en moyenne, les auteurs (Amr et coll.) ont examiné si l’administration supplémentaire d’une dose totale de 1000 mg de vitamine C par jour (2 x 500 mg) sur une durée de 6 mois améliorait l’efficacité de la fluoxétine. Les échelles suivantes ont été utilisées pour mesurer le degré de sévérité de la dépression: la «Children’s Depression Rating Scale» (CDRS), le «Children’s Depression Inventory» (CDI) et la «Clinical Global Impression» (CGI). Les enfants dépressifs qui ont reçu de la vitamine C (10 à 20 mg/jour) en plus de la fluoxétine ont montré une diminution significative-ment supérieure des symptômes dépressifs. Chez ces enfants, les scores ont été améliorés de 70% (baisse de 30,1±3,56 à 9,0±1,50) sur l’échelle CDRS, et de 75% (baisse de 37,3±2,38 à 9,0±1,12) sur l’échelle CDI, tandis que l’amélioration n’était que de 45% (de 31,3±3,89 à 17,3±2,73) sur l’échelle CDRS, et de 58% (de 36,7±3,33 à 15,5±1,45) sur l’échelle CDI dans le groupe traité par la fluoxétine seule. Aucune différence n’a été mesurée sur l’échelle CGI. Un point faible de cette étude est que les taux sanguins de vitamine C n’ont pas été mesurés, de sorte qu’il n’est pas possible de s’exprimer sur le niveau de vitamine C chez ces enfants. Pour résumer, on peut cependant affirmer qu’une supplémentation en vitamine C chez les enfants dépressifs paraît judicieuse et permet d’optimiser nettement l’effet de la fluoxétine.

Etude 44: La vitamine C a amélioré l’humeur des patients hospitalisés en soins aigus Les patients hospitalisés souffrent souvent de stress psychique et de troubles de l’humeur. Il est frappant de constater qu’un grand nombre de ces patients présentent de très faibles taux des vitamines C et D, ce qui était aussi le cas du présent collectif: 79% des patients montraient un faible taux de base de vitamine D et 73% un faible taux de base de vitamine C. Dans leur étude randomisée en double aveugle, les auteurs (Wang et coll.) ont réparti 52 patients de soins aigus en deux groupes (26 patients par groupe). Le premier groupe a reçu 1000 mg/jour (2 x 500 mg) de vitamine C et le deuxième 5000 UI/jour de vitamine D sur une période de huit jours. On avait déjà pu montrer, pour ces deux vitamines, qu’elles amélioraient l’humeur. L’influence de ces vitamines sur l’humeur du moment et le stress psychique a été mesurée en utilisant la version abrégée de l’échelle d’humeur actuelle (Profile of Mood Status, POMS-B) et l’échelle «Distress Thermometer» (DT). Après une supplémentation en vitamine C sur huit jours, les taux sanguins moyens de vitamine C ont été normalisés, ce qui s’est accompagné d’une réduction significative des troubles de l’humeur de 71% (score TMD: baisse de 24,0±18,2 à 6,92±14,4)

et de 51% du stress psychique (échelle DT: baisse de 4,5±2.9 à 2,2±2,2). La supplémentation en vitamine D (sur huit jours en moyenne) a également augmenté le taux moyen de vitamine D, sans pour autant que ce taux n’atteigne les valeurs normales, ce qui n’est pas étonnant pour une période de supplémentation si courte. C’est peut-être ce qui explique aussi que l’effet de la vitamine D sur l’humeur et le stress psychique n’ait pas été significatif. Cette étude montre qu’une brève supplémentation en vitamine C suffit à améliorer l’humeur et à réduire le stress psychique des patients hospitalisés en soins aigus.

Ces quatre études d’intervention montrent qu’une supplémentation en vitamine C peut être utile dans des indications très diverses. Un traitement d’appoint par la vitamine C est particulièrement recommandé chez les patients hospitalisés et devrait toujours être pris à titre préventif (synthèse du collagène, meilleure cicatrisation).

1Gokhale NH et al. A short­term evaluation of the relationship between plasma ascorbic acid levels and periodontal disease in systemically healthy and type 2 diabetes mellitus subjects. J Diet Suppl 2013;10:93­104.

2Hemilä H. Vitamin C may alleviate exercise­induced bronchoconstriction: a meta­analysis. BMJ Open 2013;3:e002416.

3Amr et al. Efficacy of vitamin C as adjunct to fluoxetine therapy in pediatric major depressive disorder: a randomized, double­blind, placebo­controlled pilot study. Nutr J 2013;12:31.

4Wang et al. Effects of vitamin C and vitamin D administration on mood and distress in acutely hospitalized patients. Am J Clin Nutr2013;98:705­711.

Une élévation du taux d’homocystéine semble jouer un rôle important dans la genèse de la maladie d’Alzheimer. La normalisation du taux d’homocystéine pourrait constituer une approche intéressante de la prise en charge des personnes à risque accru de démence, avant même l’apparition de symptômes caractérisés de la maladie.

Les vitamines du groupe B sont des médicaments de choix pour réduire l’élévation des taux d’homocystéine. Leur influence sur l’atrophie du volume cérébral total a déjà été examinée par les auteurs du présent travail dans une étude précédente auprès du même collectif de patients. Cette étude visait à mettre en évidence des effets sur les régions du cerveau qui jouent un rôle particulier dans la maladie d’Alzheimer.

L’étude inclut 156 volontaires âgés présentant des troubles de la mémoire, qui ont été répartis en deux groupes: un groupe verum de 80 patients (âge: 77 ± 5 ans) et un groupe placebo de 76 personnes (âge: 76 ± 4 ans). Le groupe verum a reçu 800 μg d’acide folique, 0,5 mg de vitamine B12 et 20 mg de vitamine B6 par jour. Des examens IRM pour le contrôle du volume cérébral (substance grise) ont été réalisés au début de l’étude, puis après environ 2 ans. On a également examiné la corrélation entre le taux d’homocystéine et la progression de l’atrophie cérébrale. Deux groupes (taux basal d’homocystéine supérieur et inférieur au taux médian de 11,06 μmol/l) ont été formés à cet effet.

Résultats: Au début de l’étude, le groupe placebo et le groupe verum étaient comparables en regard des paramètres examinés. Après 2 ans, le groupe verum a montré une diminution significative, par rapport au groupe placebo, de la perte de substance grise dans les régions spécifiquement touchées par la maladie d’Alzheimer (groupe placebo: -3,7% (± 3,7); groupe verum: -0,5% (± 2,9)). En outre, dans le groupe placebo, les patients présentant un taux élevé d’homocystéine basale accusaient une atrophie plus prononcée que les patients dont le taux basal d’homocystéine était bas. Un classement de tous les volontaires en fonction de leur taux basal d’homocystéine a montré que la supplémentation en vitamines du

groupe B ne pouvait réduire l’atrophie de la substance grise que chez les patients qui présentaient initialement un taux d’homocystéine élevé (de 5,2% (± 3,4) dans le groupe placebo à 0,6% (± 2,1) dans le groupe verum). Pour conclure, les auteurs ont pu montrer que l’atrophie des régions cérébrales examinées était corrélée aux résultats de tests fonc-tionnels (p. ex. mesures de la fonction cérébrale globale: CDR-SOB et MMSE) et que l’atrophie de la substance grise conduisait effective-ment à une diminution des facultés cognitives.

Discussion: L’étude a pu montrer que des taux initiaux d’homo­cystéine élevés étaient associés à une atrophie plus forte de la substance grise dans les régions du cerveau jouant un rôle particulier dans la maladie d’Alzheimer. Elle a pu également mon-trer que l’atrophie de la substance grise était corrélée à une diminution des facultés cognitives. L’atrophie cérébrale a pu être diminuée par une supplémentation en vitamines du groupe B. L’étude fait ainsi apparaître la réduction du taux d’homocystéine comme un mécanisme possible de ralentissement de la dégradation des facultés cognitives. En conséquence, il ne serait certainement pas faux de postuler que les taux d’homocystéine doivent être déterminés dans les groupes de patients à haut risque de démence ou de maladie d’Alzheimer, et qu’une supplémentation en vitamines du groupe B doit être envisagée en cas d’élévation de ces taux.

Douaud G et al. Preventing Alzheimer’s disease­related gray matter atrophy by B­vitamin treatment. Proc Natl Acad Sci USA 2013; 110(23):9523­8.

Prévention de l’atrophie cérébrale dans la maladie d’Alzheimer par les vitamines du groupe B

Burgerstein Foundation

Micronutrients for Health

Fluhstrasse 28

CH-8640 Rapperswil-Jona

Switzerland

Phone +41 55 210 72 91

[email protected]

selon la médecine orthomoléculaire