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OIM NIGER RAPPORT DE PROFILAGE DES MIGRANTS 2016

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OIM NIGER

RAPPORT DE PROFILAGE DES MIGRANTS 2016

Les rédacteurs souhaitent remercier l'Union européenne pour son soutien au programme «

Mécanisme Ressource et Réponse pour les Migrants », mis en œuvre au Niger, le travail et le soutien

de tous les auteurs ainsi que du personnel travaillant avec les migrants pour permettre la collecte

d'informations dans les centres de transit de l'OIM au Niger.

La mission de l'OIM au Niger tient également à remercier le Centre d’Analyse des Données Migratoires

Mondiales de l’OIM (GMDAC) pour l'analyse des données et la rédaction du rapport en collaboration

avec le personnel de l'OIM au Niger. Le GMDAC est basé à Berlin sur l'invitation du Gouvernement

allemand.

Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas

nécessairement les vues de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les dénominations

utilisées et la présentation de la matière contenue dans ce rapport ne doivent pas être interprétées

comme l’expression de quelque opinion que ce soit de la part de l’OIM s’agissant du statut légal d’un

pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une région, ni de leurs autorités, pas plus que de leurs frontières.

L’OIM croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions décentes,

profitent à la fois aux migrants et à la société toute entière. En tant qu’organisme

intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires de la communauté internationale en vue

de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de

migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration et de promouvoir

le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.

Editeur:

Cette publication n’a pas été revue par les services d’édition de l’OIM.

Organisation internationale pour les migrations (OIM)

17 route des Morillons

1211 Genève 19

Suisse

Tél : +41.22.717 91 11

Fax : +41.22.798 61 50

Courriel : [email protected]

Site Web : www.iom.int

© 2017 Organisation internationale pour les migrations

COUVERTURE : Centre de transit de Dirkou, région d’Agadez, Niger. Copyright © OIM/Monica Chiriac 2017

1

2016

RAPPORT DE PROFILAGE DES

MIGRANTS

ANALYSE DES ENTRETIENS DE PROFILAGE FAITS AVEC LES MIGRANTS ASSISTES EN

2016 A TRAVERS LE PROGRAME D’AIDE AU RETOUR VOLONTAIRE ET A LA

REINTEGRATION DE L’OIM AU NIGER

CE RAPPORT A ETE PRODUIT AVEC LE SOUTIEN DE L’UNION EUROPEENNE

2

1. RESUME ANALYTIQUE .............................................................................................................................. 3

2. INTRODUCTION........................................................................................................................................ 4

3. CONTEXTE ................................................................................................................................................ 5

4. METHODOLOGIE ...................................................................................................................................... 7

5. RESULTATS ............................................................................................................................................... 8

5.1. DESCRIPTION DU NOMBRE DE CAS..................................................................................................... 8 5.1.1. Combien de cas ; quand et quels centres ; catégorie de retour ; référencement vers les centres OIM ....... 8

5.2. PROFIL SOCIODEMOGRAPHIQUE DES BENEFICIAIRES ..................................................................... 10 5.2.1. Pays et région d’origine (distribution et cartes, total et par centre) ........................................................ 10 5.2.2. Age, sexe, statut civil .......................................................................................................................... 13 5.2.3. Niveau de scolarité et alphabétisation ................................................................................................. 14 5.2.4. Principales différences par pays d’origine (5 principaux pays d’origine) ................................................. 14 5.2.5. Femmes ............................................................................................................................................ 15 5.2.6. Mineurs............................................................................................................................................. 16

5.3. LE PARCOURS MIGRATOIRE ............................................................................................................... 16 5.3.1. Raisons de migration .......................................................................................................................... 16 5.3.2. Organisation du voyage, informations avant le départ, financement ...................................................... 16 5.3.3. Temps de voyage, voyage seul/avec famille, utilisation de passeurs ....................................................... 18 5.3.4. Violence et traitement abusif pendant le voyage .................................................................................. 19

5.4. EXPERIENCE DANS LE PAYS DE RESIDENCE TEMPORAIRE............................................................... 21 5.4.1. Pays et ville de résidence, par pays d’origine ........................................................................................ 21 5.4.2. Durée de séjour, sources de revenus, transferts de fonds ..................................................................... 22 5.4.3. Violence et traitements abusifs pendant le séjour, répartis par pays de résidence .................................. 23 5.4.4. Raison pour quitter le pays de résidence temporaire, par pays de résidence ......................................... 23

5.5. PLANS POUR L’AVENIR ............................................................................................................................ 24 5.5.1. Intentions de retour ........................................................................................................................... 24 5.5.2. Activité économique souhaitée une fois de retour, et sources de revenus............................................... 24 5.5.3. Intentions de continuer la migration et destination souhaitée ............................................................... 25

5.6. ANALYSE APPROFONDIE ................................................................................................................... 26 5.6.1. Tendances clé entre 2015 et 2016 .................................................................................................... 26

6. CONCLUSIONS ................................................................................................................................ 27

3

En 2016, la mission de l’OIM au Niger a recueilli les témoignages de presque 6 300 migrants assistés dans

les quatre centres de transit au Niger - à Agadez, Arlit, Dirkou et Niamey. La plupart des migrants étaient

des ressortissants de pays de l’Afrique de l’Ouest qui sont arrivés dans les centres de transit de l’OIM après

avoir résidé pendant de longues périodes en Algérie ou en Libye, avec l’intention de retourner dans leurs

pays d’origine. Le nombre de migrants que l’OIM a assisté dans ses centres de transit en 2016 représente

une augmentation presque trois fois supérieure à 2014, ce qui reflète les efforts de l’OIM d’étendre ses

mesures d’assistance au Niger.

En présentant les résultats de l’opération de profilage des migrants – qui comprend un nombre important

d’informations sur les raisons pour lesquelles les migrants quittent leurs pays, les routes migratoires, leurs

expériences, les risques et vulnérabilités dans les pays de transit et de résidence temporaire – le rapport

témoigne des nombreuses difficultés et risques que rencontrent les migrants lors de leurs voyages, et à leur

arrivée dans les pays où ils résident temporairement. L’objectif de ce rapport est de contribuer à une

meilleure compréhension des tendances migratoires récentes de l’Afrique Centrale et de l’Ouest à l’Afrique

du Nord, ce qui améliorerait ainsi les programmes et politiques des réponses proposées afin de protéger

les migrants vulnérables et répondre aux défis de migration irrégulière et de trafic de migrants.

Un résumé des éléments essentiels de l’analyse est décrit ci-dessous :

Presque la moitié des migrants assistés dans les quatre centres de transit en 2016 venaient de deux

pays uniquement – la Guinée (24 %) et le Sénégal (21 %).

En termes de profil sociodémographique, 93 % des migrants sont de sexe masculin; 72 % des

migrants sont âgés de 18 à 29 ans, et 19 % de 30 à 39 ans. La majorité (60 %) a signalé qu’ils étaient

célibataires. 60 % des mineurs qui sont arrivés aux centres étaient non-accompagnés.

La plupart des migrants (60 %) interviewés dans les quatre centres de transit ont déclaré qu’ils

avaient reçu une éducation scolaire (contrairement à 2014 où la majorité a déclaré le contraire).

La majorité des femmes aidées venaient de deux pays uniquement – le Niger (36 %) et le Nigéria

(27 %). La plupart résidaient au Niger avant d’arriver dans les centres de transit de l’OIM. En

moyenne, les femmes sont plus susceptibles d’être mariées (56 %), analphabètes (56 %) et de ne

jamais être allées à l’école.

La pauvreté et le manque d’opportunités d’emploi étaient les raisons principales de migration :

presque 90 % des migrants interviewés ont signalé être partis en quête d’une vie meilleure – 60 %

en quête d’emplois, 27 % pour échapper à la pauvreté.

En termes d’organisation pour le départ, l’utilisation des services de trafic de migrants semble

augmenter au fur et à mesure que les gens s’éloignent de leurs pays d’origine et s’approchent de

la Libye ou de l’Algérie.

72 % des migrants ont dit avoir reçu des informations sur l’expérience migratoire à travers des

amis ou de la famille, et 15 % à travers les migrants de retour.

La plupart des migrants qui ont répondu aux questions sur leurs sources d’information avant

d’entreprendre leur voyage migratoire ont dit que les informations qu’ils ont reçues s’avéraient

être fausses. Cela est aussi le cas lorsque l’information a été donnée par la famille ou les amis.

4

Un nombre important de migrants ont signalé avoir été confronté à des traitements abusifs et des

cas d’exploitation de tout genre pendant le voyage. Près de 80 % des migrants qui ont répondu à

ces questions (46 % de l’échantillon complet) ont été victimes de traitements abusifs, de violences

et d’exploitation à chaque étape de leur voyage, depuis leurs pays d’origine à l’Afrique du Nord.

Les routes au Mali semblent être particulièrement dangereuses pour les migrants. Les types de

traitements abusifs les plus courants étaient les menaces et la violence psychologique, suivies par

la confiscation de biens et d’argent et la violence physique.

L’Algérie, la Libye, et le Niger étaient les pays principaux de résidence temporaire pour les

migrants qui ont été assisté dans les centres de transit de l’OIM : 75 % sont restés dans ces pays

pour une période allant de 6 mois à 1 an.

Les violences et abus infligés dans le pays de résidence temporaire étaient assez fréquents, en

particulier en Algérie et en Libye : 65 % et 61 % des migrants qui ont résidé dans ces pays ont

respectivement été victimes de plusieurs types de traitements violents ou abusifs.

L’insécurité économique et le renvoi par force du pays de résidence temporaire étaient les raisons

principales de quitter ce dernier.

68 % des migrants ont déclaré n’avoir aucune intention de continuer leur périple, alors que 18 %

ont dit qu’ils voulaient migrer de nouveau.

Ce rapport présente des statistiques qui sont le résultat de l’exercice de profilage mené par l’OIM au Niger

avec les migrants bloqués et les migrants en transit, désireux de rentrer dans leurs pays d’origine ou dans

leurs résidences habituelles avec l’aide de l’OIM. L’exercice de profilage a été mené de janvier à décembre

2016 dans les quatre centres d’assistance aux migrants de l’OIM situés à Agadez, Arlit, Dirkou et Niamey

(Figure 1). L’OIM au Niger gère également un second centre à Niamey où l’assistance est spécifiquement

focalisée sur les migrants vulnérables (ex : mineurs, femmes, individus avec une déficience mentale ou un

problème médical, etc.). Les migrants sont tous profilés dans le premier centre de transit et la transition

vers le centre pour les migrants vulnérables est faite après le profilage et l’évaluation de protection qui a

lieu au premier point de réception.

Figure 1 : La présence de l’OIM au Niger

5

La richesse des informations collectées par le biais d’interviews avec les migrants est principalement

destinée à informer la programmation opérationnelle de l’OIM au Niger. De plus, ce sont les données les

plus détaillées que l'OIM a pu recueillir sur les migrants qui ont traversé le pays, ou qui sont revenus dans

leur pays et communautés d’origine, et sur un grand échantillon d'individus : 6 283 migrants en 2016

seulement. Les interviews avec les migrants fournissent des informations sur le profil démographique et

socioéconomique des individus, leurs raisons de quitter leur pays d'origine, le voyage migratoire et les

vulnérabilités vécues le long de la route et pendant la résidence temporaire (habituellement en Libye ou en

Algérie), ainsi que leurs plans pour l’avenir. Une analyse approfondie et régulière des données collectées

permet donc une meilleure compréhension du processus migratoire vers et à travers le Niger. Le rapport

représente une mise à jour d'un rapport similaire produit en 2014, sur la base d'interviews avec 2 127

migrants assistés dans les centres de transit de l’OIM.

L'exercice de profilage des migrants mené dans les centres de transit de l'OIM fait partie du « Mécanisme

de Ressource et Réponse pour les Migrants » (MRRM), créé entre 2015 et 2016 dans le but d'élaborer une

approche globale pour gérer les flux migratoires dans le pays afin d'améliorer la sécurité et la stabilité. Le

programme comprend 1) la provision d'une aide humanitaire aux migrants dans les centres de transit et le

long des routes migratoires; 2) les activités d'aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) pour les

migrants souhaitant retourner dans leur communauté d'origine; 3) la promotion de la collaboration entre

les pays d’origine et de transit (et, dans une certaine mesure, de destination) pour améliorer la

compréhension du développement communautaire en tant qu’alternative à la migration irrégulière, y

compris par des campagnes de sensibilisation.

L'OIM au Niger met en œuvre des activités AVRR depuis 2006, mais le nombre de retours a triplé entre 2015

et 2016, atteignant 5 089 en 2016, principalement en raison des efforts de diffusion d’informations de l'OIM

pour les migrants qui se trouvent en détresse au Niger. L'assistance aux migrants dans les centres de transit

de l'OIM comprend la provision de nourriture, d'hébergement, de biens non alimentaires tels que des kits

d'hygiène, les soins de santé ciblés et un soutien psychosocial, en fonction des profils et des besoins

individuels. Les migrants passent généralement quelques jours au centre, en fonction de leurs conditions

et du temps nécessaire pour organiser le transport vers leur pays d'origine (pour ceux qui souhaitent

rentrer).

Le Niger a longtemps été un carrefour des routes migratoires en Afrique de l'Ouest et du Centre1. Enracinée

dans le commerce transsaharien, les migrations de l'Afrique de l'Ouest et du Centre vers les pays du

Maghreb sont devenues particulièrement importantes depuis les années 1970 et 1980, lorsque les champs

de production de pétrole et les chantiers de production en Libye et en Algérie ont commencé à attirer un

nombre croissant de travailleurs migrants des pays d'Afrique subsaharienne2. Le Niger est devenu le

principal pays de transit pour les migrants originaires de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, en allant vers

l'Afrique du Nord et, dans une moindre mesure, entreprenant des voyages périlleux en Méditerranée3.

Malgré les traitements abusifs largement documentés par les témoignages des migrants qui y ont été

confrontés (en particulier dans les pays sub-sahariens) en Libye, ce pays est toujours considéré comme une

destination attrayante dans la région. L’histoire de migration circulaire entre le Niger, la Libye et l'Algérie

1 OIM (2017) Rapport annuel 2016, Bureau pays de l’OIM Niger. 2 De Haas, H. (2008) Le mythe de l’invasion – Les incommodes réalités de la migration africaine en Europe, disponible sur

https://afrique-europe-interact.net/files/de_haas_2008_-_myth_of_migration_artikel_.pdf (accédé le 24 mai 2017). 3 CARIM – Consortium for Applied Research on International Migration (2011) Migration Profile, Niger, disponbile sur

http://cadmus.eui.eu/bitstream/handle/1814/22442/migration%20profile%20EN%20Niger%20-%20links.pdf?sequence=1&isAllowed=y (accédé le 24 mai 2017), and Altai Consulting (2015) Libre circulation et migration en Afrique de l’ouest, disponible le http://www.rodakar.iom.int/oimsenegal/sites/default/files/Altai%20Consulting-Free%20Movement%20and%20Migration%20in%20West%20Africa-Final%20Report..._0.pdf (accédé le 24 mai 2017).

6

est également présente, de sorte qu’il est fréquent que les nigériens travaillent dans ces pays pendant un

certain nombre d'années avant de revenir au Niger. L’intérêt des routes migratoires traversant le Niger a

particulièrement augmenté depuis les années 1990 en raison de la fermeture de la frontière entre le Tchad

et la Libye et des dangers croissants sur le chemin du Mali vers l'Algérie4. La stabilité relative du Niger par

rapport aux pays voisins – notamment le Mali et le Nigéria – a été un facteur important dans l’intérêt

croissant des routes migratoires à travers le pays.

Quantifier de tels mouvements d'une manière précise et complète est très difficile en raison de la

géographie du Niger (les trois quarts du pays étant désertiques) et des frontières poreuses. Depuis février

2016, l'équipe de l’OIM de collecte des données, qui met en place la matrice de Suivi des Déplacements

(DTM), observe les flux de migrants transitant à travers deux lieux clés dans la région d'Agadez – Arlit, dans

le nord-ouest du pays, point de transit important entre le Niger et l'Algérie, et Séguédine, dans le nord-est

du pays, un point de transit connu pour la migration vers la Libye. Les opérations d’observation des flux

comprennent à la fois des estimations du nombre de personnes qui se déplacent vers le Nord (individus

sortants – celles qui souhaitent atteindre la frontière entre le Niger et l'Algérie ou la Libye) et celles qui se

déplacent vers le Sud (individus entrants – celles qui arrivent à des points de transit avec l'intention de

rentrer au Niger).

A travers les informations collectées de la DTM, l'OIM a estimé qu’entre février 2016 et décembre 20165,

333 891 individus ont été identifiés en passant par Arlit et Séguédine en direction du Nord, tandis

qu’approximativement 111 230 individus ont voyagé à travers ces points de transit en direction de

l’intérieur des terres. Les chiffres enregistrés au cours de la période indiquent une tendance à la baisse des

flux sortants depuis mai 2016, en particulier depuis le mois de septembre, ce qui pourrait être attribué à la

mise en place de mesures de lutte contre le trafic de migrants par le Gouvernement du Niger. Des rapports

préliminaires suggèrent que des contrôles plus étroits pourraient avoir rendu plus difficile pour les migrants

irréguliers (et les passeurs) le voyage à travers Agadez – carrefour migratoire traditionnel au Niger – ainsi

qu’Arlit et Séguédine, incitant les passeurs à trouver une route alternative et probablement plus

dangereuse (et plus chère) hors des sentiers battus dans le désert pour éviter les contrôles. Plus

d'informations sont nécessaires pour confirmer si cela se produit effectivement.

Le Niger n'est cependant pas seulement un pays de transit mais également un pays d’origine et de transit,

en particulier dans la région, facilité par le Protocole de Libre circulation de 1979 entre les pays de la

Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Selon le profil migratoire CARIM pour

le Niger, près de 90 % des migrants originaires du Niger vivent dans les pays de la CEDEAO (principalement

au Burkina Faso, en Guinée-Conakry, en Côte d'Ivoire et au Nigéria).

Les facteurs économiques et environnementaux sont également des facteurs migratoires importants au

Niger. Les bas niveaux de développement socioéconomique – le deuxième plus bas au monde selon l'Indice

de Développement Humain de 20166 – la pauvreté généralisée, la croissance rapide de la population, les

conditions climatiques défavorables, la sécheresse et les inondations périodiques ajoutés à une économie

4 Consortium for Applied Research on International Migration (CARIM) (2011) Migration Profile, Niger. 5 Note : Les chiffres sont basés uniquement sur des estimations. Les routes migratoires sont amenées à varier en fonction des

circonstances rencontrées pendant le voyage, par conséquent les données collectées dans les lieux de transit peuvent ne pas refléter les données recueillies à destination et ne doivent pas être interprétées comme un compte rendu complet des flux migratoires dans la région. Pour plus d'informations sur la méthodologie de la DTM de l’OIM, voir Matrice de Suivi des Déplacements (DTM) OIM (Janvier, 2017). Un document de méthodologie complet peut être demandé en contactant [email protected]. 6 Programme de diveloppement des Nations Unies (PNUD)(2016) Rapport de développement humain 2016 – Développement humain pour tous, disponible sur http://hdr.undp.org/sites/default/files/2016_human_development_report.pdf (accédé le 24 mai 2017 ).

7

largement tributaire de l'agriculture de subsistance sont tous des moteurs fondamentaux de la mobilité

humaine dans le pays.

Il est important de noter que la migration est devenue une source principale de revenus pour certains foyers

résidant le long des principales routes migratoires au Niger qui fournissent des logements et autres services

aux migrants, en particulier en raison du déclin de l'industrie du tourisme dans le pays (OIM, 2016). La

situation sécuritaire précaire au Niger peut être compromise par la pression croissante sur les ressources

limitées compte tenu du grand nombre de personnes en transit dans le pays et résidant dans des « ghettos

de migrants » dans les principaux lieux de transit (Ibid). À l'inverse, la sécurité peut également être

indirectement affectée par la législation anti-trafic de migrants et par les contrôles plus stricts, en raison

d'un éventuel manque de sources de revenus alternatifs pour les foyers pauvres qui profitent du « business

» migratoire.

Cependant, il est également important de noter que les voyages migratoires dans le désert peuvent souvent

mettre les migrants dans des situations extrêmement précaires et vulnérables, avec des risques critiques

pour leur santé et leur sécurité. Les besoins en matière de protection et d'assistance ne peuvent être

efficacement fournis par les autorités locales et les structures gouvernementales en place, ce qui signifie

que les migrants sont souvent bloqués et vulnérables aux traitements abusifs et à l'exploitation, en

particulier lorsqu'ils atteignent la Libye. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les

mouvements migratoires à travers le Niger, afin que les migrants puissent être protégés et assistés de

manière appropriée, et que des mesures politiques puissent être mises en œuvre pour endiguer les activités

de trafic de migrants. Ce rapport tente de comprendre les facteurs migratoires, les routes et les expériences

des migrants de retour assistés par l'OIM au Niger.

Les migrants participent volontairement à l'exercice de profilage à leur arrivée dans les centres de transit

de l'OIM. Les informations recueillies concernent les profils sociodémographiques de base des migrants, les

raisons de la migration, les sources de financement et les informations avant d'entreprendre le voyage, les

expériences pendant le voyage et dans le pays de résidence avant le retour, les cas de violence vécus en

cours de route ou dans les pays de résidence temporaire, et d'autres aspects. Le profilage se fait souvent

dans la langue du migrant puis traduit en français par les membres du personnel de l'OIM. Le profilage a

plusieurs objectifs, notamment :

Fournir une base de données dans laquelle toute l’assistance de l’OIM est suivie ;

Etablir les besoins en protection que le migrant pourrait avoir et qui entraînerait un suivi en

protection plus détaillé et plus spécifique ;

Collecter des informations qui serviront à informer la réponse programmatique de l'OIM aux

besoins, profils et intentions des migrants ;

Rassembler des informations à des fins de recherche et de plaidoyer à long terme.

Un nombre total de 6 283 migrants ont été interviewés par le personnel de l'OIM au cours de l'année 2016,

soit environ trois fois le nombre de migrants profilés en 2014 (2 127). Le questionnaire administré par les

enquêteurs de l'OIM a été révisé et élargi en 2016. Le libre consentement des migrants est obtenu avant

8

les entretiens et la confidentialité des données personnelles des migrants est entièrement garantie selon

les principes de l'OIM en matière de protection des données7.

Le déchiffrage et l'analyse des données ont été menés par le centre d’Analyse de Données sur les Migrations

(Global Migration Data Analysis Center) de l’OIM, basé à Berlin, en étroite collaboration avec le personnel

de l'OIM au Niger. L'analyse consistait principalement en la réalisation de tableaux croisés. Les niveaux de

désagrégation comprenaient les pays de résidence et d'origine ainsi que l'âge et le sexe, et ont été calculés

à l'aide d'un logiciel statistique.

Certaines limitations importantes des données devraient être prises en compte dans l'interprétation des

résultats contenus dans ce rapport. Tout d'abord, il y a des lacunes dans l'information recueillie – qui est

auto-déclarée – en raison du fait que les migrants ne sont peut-être pas disposés à partager ou ne peuvent

pas se rappeler des détails des trajets longs, difficiles et traumatiques à travers le désert ainsi que des

expériences dans les pays de résidence temporaire (« biais de rappel »). Selon les questions posées, les

éléments de réponses valides dans l'ensemble des données peuvent donc différer. L'OIM s'efforce

d'améliorer davantage le questionnaire afin de minimiser un tel biais, ainsi que la formation des enquêteurs

pour s'assurer qu'ils peuvent établir un rapport avec les migrants et leur laisser suffisamment de temps

pour se remémorer leurs expériences, tout en respectant leur vie privée.

Deuxièmement, et surtout, l'échantillon de migrants interrogés ne peut pas être considéré comme

représentatif de la population migrante voyageant d'Afrique de l'Ouest et du Centre vers l’Afrique du Nord

et l'Europe. Les migrants qui traversent le Niger, souvent après avoir passé un certain temps en Libye ou en

Algérie, sont un échantillon sélectionné de flux migratoires dans la région qui peuvent présenter des

caractéristiques spécifiques, ne reflétant pas nécessairement celles de la population migrante dans la

région (« biais de sélection »). Par exemple, la répartition des migrants par pays d'origine montre que

environ 3 % seulement des migrants interrogés dans les centres de transit de l'OIM viennent du Nigéria,

contre 20 % des 181 000 migrants qui sont arrivés en Italie par voie maritime en 2016.

5.1. Description du nombre de cas

5.1.1. Combien de cas ; quand et quels centres ; catégorie de retour ; référencement vers

les centres OIM

Entre janvier et décembre 2016, l'OIM a recensé un total de 6 283 migrants dans ses quatre centres de

transit au Niger. Le nombre de migrants arrivant dans les centres de transit a été en moyenne inférieur au

cours du premier semestre, avec environ 324 cas par mois entre janvier et juin 2016, alors qu'il a

généralement augmenté au cours du second semestre (723 cas par mois), avec le nombre mensuel de

migrants le plus élevé en novembre 2016 (1 104 – Figure 2). Cela peut être dû à la situation politique au

Niger, les forces de sécurité du Gouvernement étant devenues plus strictes dans la prévention des

mouvements migratoires dans la région d’Agadez.

Hormis ces cas, plus de 186 mineurs non-accompagnés sont arrivés dans les centres en 2016. Parmi eux,

177 ont été assistés en 2016 dans le centre de Niamey, spécialement consacré à l'assistance aux migrants

vulnérables tels que les mineurs, les victimes de la traite des personnes, les femmes vulnérables et les

migrants handicapés.

7 OIM (2010) Manuel de protection de données, disponible sur

http://publications.iom.int/system/files/pdf/iomdataprotection_web.pdf (accédé le 26 mai 2017).

9

Figure 2 : Nombre de cas en 2016, par mois

Environ 75 % des migrants ont été assistés dans les centres de transit situés à Agadez et Arlit

(respectivement 2 274 et 2 487, Figure 3). Moins de 20 % des personnes interrogées ont été aidées dans le

centre de Niamey (1 094) et environ 6 % étaient à Dirkou (428). Lorsqu’on regarde la répartition des

migrants recensés par centre et par mois, le plus grand nombre de migrants assisté par mois a été dans le

centre d’Arlit pendant le mois d'août (626, soit le quart de tous les migrants recensés dans ce centre en

2016) et dans le centre d'Agadez en novembre (513, un cinquième du nombre total recensé dans le centre

en 2016).

Figure 3 : Nombre de cas en 2016, par mois et par centre

En règle générale, les migrants interrogés traversaient le Niger pour rentrer, depuis un pays où ils résidaient

temporairement (habituellement en Libye ou en Algérie), dans leur pays d'origine ou dans leur

communauté d’origine. La grande majorité des personnes interrogées étaient des migrants qui revenaient

volontairement, depuis le pays où ils avaient résidé temporairement, dans leur pays d'origine ou dans leur

communauté d’origine du (78 %, Tableau 1). Ceci peut être compris comme le désir volontaire de rentrer

dans leur pays d’origine parce que l’expérience migratoire n’a pas fourni les résultats escomptés. Près de

15 % des personnes interrogées avaient été soit renvoyées de force au Niger depuis leurs pays de résidence

temporaire, soit appréhendées et leur entrée dans le pays refusée par les autorités de ce pays. Moins de 6

% des migrants n'ont pas répondu à cette question et, pour une petite minorité des cas (0,8 %), la catégorie

215 211

428 426362

302

602

918

381

655

1104

679

0

300

600

900

1200

Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre

Agadez Arlit Dirkou Niamey

10

de retour n'a pas pu être clairement identifiée. Bien que l’OIM accepte dans les programmes d’assistance

seulement des migrants qui cherchent volontairement à rentrer dans leur pays d’origine, ceux qui disent

avoir été forcé de rentrer sont souvent sous la pression de quitter leur pays de résidence temporaire en

raison des autorités ou des circonstances et se retrouvent ainsi bloqués au Niger à la recherche d’un moyen

de rentrer chez eux.

Tableau 1 : Nombre de cas par catégorie de retour

Retour volontaire Retour forcé Pas de réponse Pas de réponse claire

78 % 15 % 6 % 1 %

Moins de la moitié des migrants interrogés sont arrivés aux centres de l'OIM de leur propre initiative (45 %,

Tableau 2). Dans 10,5 % des cas, les migrants ont déclaré qu'ils étaient référés aux centres de l'OIM par des

bureaux d'orientation, tandis que 5,5 % de ceux qui ont répondu ont déclaré qu'ils connaissaient l'existence

des centres d'assistance et de transit de l'OIM par l'entremise de bureaux consulaires ou d'autres autorités

nationales. Près de 11 % des migrants ont été renvoyés à l'OIM par d'autres entités/individus (par exemple

les organisations de la société civile ou autres organisations internationales, les mobilisateurs

communautaires de l'OIM, les entreprises de transport ou d'autres migrants). Il convient de noter que le

taux de non-réponse pour cette question était relativement élevé, un migrant interrogé sur quatre n'ayant

pas donné cette information (soit parce qu'il ne voulait pas, soit parce qu'il ne savait pas comment

répondre).

Tableau. 2 : Référencement vers les centres de l’OIM

Propre initiative Bureau d’orientation Consulat ou autre autorité Autre Pas de réponse

45 % 11 % 5 % 11 % 28 %

5.2. Profil sociodémographique des bénéficiaires

5.2.1. Pays et région d’origine (distribution et cartes, total et par centre)

En ce qui concerne le profil sociodémographique des répondants, la grande majorité des migrants des

quatre centres en 2016 venaient d'Afrique de l'Ouest et du Centre. Près de la moitié des migrants

assistés dans les quatre centres en 2016 venaient de seulement deux pays : la Guinée (24 %) et le

Sénégal (21 %). Ceux-ci étaient suivis par le Cameroun (9 %), la Côte d'Ivoire (8 %), la Guinée-Bissau et

la Gambie (7 % chacun) ainsi que le Mali (6 %). Les nigériens représentaient 5 % du nombre total de

personnes interrogées, alors que les nigérians représentaient environ 4 % du nombre total – bien que

le Nigéria était le premier pays d'origine des migrants arrivant irrégulièrement en Italie par la voie de

la Méditerranée centrale en 2016 (37 551 ressortissants – environ un cinquième du nombre total

d'arrivées en Italie au cours de cette année8) ; cela peut être dû au fait qu'il est généralement plus

facile et plus rapide pour les nigérians de retourner à leur lieu d'origine par leurs propres moyens, au

lieu d'attendre de l’aide pour le retour volontaire dans les centres de transit de l'OIM. Les autres

principales nationalités des migrants dans les quatre centres comprenaient des burkinabè et libériens

(3 %), des ghanéens (1 %), des béninois et togolais (0,5 %).

8 Source : OIM, basé sur les données du Ministère de l’Intérieur italien.

11

Tableau 3 : Pays d’origine des migrants profilés (nombre et % du total)

Total: 6 283

Guinée Sénégal Cameroun Côte d‘Ivoire

1 524 24 % 1 327 21 % 536 9 % 491 8 %

Guinée-Bissau Gambie Mali Niger

441 7 % 419 7 % 397 6 % 307 5 %

Burkina Faso Libéria Sierra Leone Ghana

159 3 % 159 3 % 118 2 % 60 1 %

Bénin Togo Tchad Autre

34 1 % 33 1 % 19 0 % 38 1 %

En ce qui concerne la répartition des nationalités par centre de transit pour les 5 premiers pays

d'origine, plus de la moitié des répondants guinéens sont arrivés dans le centre de transit d'Arlit, tandis

qu'un quart est arrivé dans le centre d'Agadez et 15 % dans le centre de Niamey. Les migrants

sénégalais sont arrivés, pour la plupart, au centre d'Agadez (53 % du nombre total de sénégalais

profilés), 24 % au centre de Niamey et 15 % au centre d'Arlit. Près des deux tiers des migrants

camerounais sont arrivés au centre d’Arlit et un quart dans le centre situé à Agadez. Les bénéficiaires

de Côte d'Ivoire étaient répartis de manière plus égale dans les centres, bien que 45 % d'entre eux se

trouvaient dans le centre Arlit. 75 % des migrants de Guinée-Bissau sont arrivés au centre d'Agadez,

tandis que 15 % étaient dans le centre d'Arlit.

Figure 4 : Pays d’origine des bénéficiaires par centre de transit (5 pays principaux)

Compte tenu de la région d'origine des deux nationalités principales des migrants, environ un sur quatre

des 1 524 migrants guinéens assistés dans les centres de transit de l'OIM au Niger en 2016 venaient de

Conakry, la capitale du pays située dans la région côtière du Sud (Figure 5). Les autres principales régions

d'origine étaient Mamou, dans la partie centre-ouest du pays (12 % du total), Kankan, une grande région

en Guinée orientale (11 %) et Kindia, une région relativement importante dans l'Ouest (10 %). L'information

sur la région d'origine des migrants est absente pour 16 % des migrants guinéens interviewés.

Environ un tiers des migrants sénégalais profilés en 2016 étaient originaires de la région de Kolda, au Sud.

17 % venaient de Tambacounda, une large région située dans le sud-est du pays, et 14 % des répondants

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

Agadez Arlit Dirkou Niamey

Guinea-Bissau Côte d'Ivoire Cameroun Senegal GuineaGuinée Bissau Cameroun Guinée Conakry

12

Source : ESRI. Cette carte n’est fournie qu’à titre d’illustration. Les représentations ainsi que l'utilisation des

frontières et des noms sur cette carte n'impliquent ni jugement sur le statut légal d'un territoire, ni reconnaissance

ou acceptation officielle de ces frontières de la part de l'OIM.

venaient de la région de la capitale, Dakar. Le reste des 1 327 migrants sénégalais assistés dans les centres

de transit de l’OIM en 2016 venaient de diverses régions à travers le pays.

Figure 5: Régions d’origine des migrants guinéens et sénégalais profilés

13

0.6 0.4 0.33.7

44.5

27.5

12.8

6.02.4 0.9 0.4 0.5

0-4 5-9 10-13 14-17 18-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55+

5.2.2. Age, sexe, statut civil

La grande majorité des migrants assistés dans les centres de transit de l'OIM en 2016 étaient des hommes

(93 %) et des jeunes (Figure 6). Environ 72 % des migrants étaient âgés de 18 à 29 ans et 19 % avaient entre

30 et 39 ans. 5 % du total, soit 311 migrants, étaient mineurs (moins de 18 ans). Seulement 4 % avaient 40

ans ou plus (les informations sur l'âge des bénéficiaires manquaient pour 22 personnes). L'âge moyen des

hommes et des femmes était à peu près le même, contrairement à 2014, lorsque les femmes aidées avaient

en moyenne 5 ans de plus que les hommes (la proportion de femmes dans le total en 2014 était semblable

à celle de 2015, soit 5 % des 2 127 migrants qui ont été profilés cette année).

Tableau 4 : Distribution par sexe des bénéficiaires

Hommes Femmes

93 % 7 %

Figure 6: Distribution par âge des migrants profilés (%)

La majorité des migrants profilés en 2016 (58,5 %) étaient célibataires, alors qu'un tiers d'entre eux se

déclarent mariés. L'information sur l'état civil était absente pour 8 % des personnes interrogées (environ

500 personnes, Figure 7). Les données recueillies en 2016 confirment que les migrants qui transitent par le

Niger pour rentrer dans leur pays d'origine sont généralement des jeunes hommes, contrairement à 2014,

les migrants masculins étant plus susceptibles d'être célibataires que mariés – en 2014, les deux tiers des

migrants interrogés dans les centres étaient mariés, alors qu'un tiers d'entre eux étaient célibataires. En

2015, la majorité des migrants étaient également mariés, bien que la proportion des migrants célibataires

était supérieure à celle de 2014 (41 %).

Figure 7 : Statut civil des bénéficiaires (%)

Note: Les pourcentages pour 2014 se réfèrent à un total de 2 890 répondants, pour 2015 à 1 388 migrants au total et pour 2016 à 6 283 individus.

63.153.8

33.332.740.7

58.5

4.2 5.5 8.2

2014 2015 2016

Marié Célibataire Autre/ Sans réponse

14

5.2.3. Niveau de scolarité et alphabétisation

La majorité (60 %) des migrants interrogés dans les quatre centres de transit ont déclaré avoir reçu une

éducation formelle – contrairement à 2014 où une proportion similaire de migrants interrogés avait indiqué

qu'ils n'avaient reçu aucune éducation formelle dans leur pays d'origine. Près de 20 % des migrants profilés

en 2016 avaient atteint l'enseignement primaire, environ 30 % ont déclaré avoir reçu des études

secondaires et près de 9 % avaient fait des études universitaires. Un autre 5 % du total avait un certain

niveau d'éducation (ils ont déclaré fréquenter l'école coranique, mais le niveau d'éducation n'était pas

précisé). 22 % des migrants assistés dans les quatre centres en 2016 ont déclaré ne pas avoir reçu

d'éducation formelle. L'information sur l'éducation n'était pas disponible pour 16 % des personnes

interrogées. Dans l'ensemble, 28 % des migrants interrogés ont déclaré qu'ils ne savaient ni lire ni écrire

(Tableau 5).

Figure 8 : Niveau de scolarité des bénéficiaires (%)

Tableau 5 : Alphabétisation

Alphabétisé Analphabète Pas de réponse

62 % 28 % 10 %

5.2.4. Principales différences par pays d’origine (5 principaux pays d’origine)

Une comparaison des principales variables sociodémographiques entre les migrants des 2 premiers pays

d’origine – Guinée et Sénégal – a révélé que l’âge moyen des répondants de ces deux pays était assez

similaire, soit 24 ans pour les migrants guinéens et 26 pour les sénégalais interviewés. Presque tous les

migrants de ces deux pays dans les centres étaient des hommes (Tableau 2). Le niveau d’analphabétisme

chez les guinéens était généralement plus faible (21 %) que chez les migrants sénégalais (36 %). De même,

alors que presque la moitié des migrants sénégalais étaient mariés, seulement 20 % des guinéens l’étaient

(Tableau 6).

22.318.6

29.8

8.74.6

15.8

Aucun Primaire Secondaire Supérieur Dans unecertaine

mesure (nonspécifié)

Pas deréponse

15

Tableau 6 : Différences principales par pays d’origine (10 pays principaux)

Pays Moyenne

d’âge

%

femmes

%

mineurs

%

mariés

%

analphabètes

% avec

scolarisation

Guinée 24 0.5 5.4 20 21 83

Sénégal 26 1.3 3.4 45 36 80

Cameroun 26 5.8 3.2 16 4 93

Côte d’Ivoire 25 6.1 6.9 21 23 67

Guinée Bissau 27 0.5 1.4 51 43 64

Gambie 25 0.2 9.8 29 29 84

Mali 26 3.3 3 31 31 71

Niger 29 49.5 8.8 81 81 8

Nigéria 25 51.1 6.8 24 18 65

Burkina Faso 25 6.9 6.9 48 36 47

Note : Le nombre de répondants change en fonction du pays et de la question posée.

Les autres différences par pays d'origine principal à noter sont la part relativement élevée de femmes parmi

les migrants nigériens et nigérians dans les centres – respectivement 49,5 % et 51,1 % du nombre total de

migrants de ces groupes. Les mineurs étaient plus susceptibles d'être présents chez les migrants gambiens,

mais aussi chez les nigériens, les ivoiriens, les burkinabè et les nigérians. Les migrants du Niger étaient

mariés pour la plupart, avec un niveau d'analphabétisme élevé et un niveau de scolarité extrêmement faible

par rapport aux migrants des autres pays (8 % avaient une éducation formelle). Les nigériens étaient aussi

plus âgés que les migrants des autres pays, avec un âge moyen de 29 ans. Le niveau d’analphabétisme pour

les migrants de Guinée-Bissau était également relativement élevé (43 %) et un peu plus de la moitié d'entre

eux ont déclaré être mariés. En général, la majorité des migrants ont bénéficié de quelques années de

scolarité, avec des pourcentages particulièrement élevés parmi les camerounais, les gambiens, ainsi que les

guinéens et sénégalais déjà mentionnés.

5.2.5. Femmes

Comme mentionné ci-dessus, les femmes représentaient moins de 7 % du nombre total de migrants arrivés

dans les centres de transit de l'OIM en 2016 (421 au total). Environ 63 % d'entre elles venaient de seulement

deux pays : le Niger (36 %) et le Nigéria (27 %). Les femmes nigériennes venaient toutes de la région de

Zinder – traditionnellement une importante région d'origine des migrants du Niger. Les autres pays

d’origine principaux pour les femmes migrantes dans les centres étaient le Cameroun (7,4 %), la Côte

d'Ivoire (7,1 %) et le Libéria (5 %). La répartition par âge des femmes est similaire à celle des hommes, la

majorité des femmes étaient âgées de 18 à 34 ans ; cependant, 14 % des femmes étaient mineures, contre

5 % dans l'échantillon total. Contrairement à la moyenne de l'échantillon, les femmes étaient plus

susceptibles d'être mariées (56 %), analphabètes (56 %) et de ne pas être allées à l’école (57 %).

En ce qui concerne les pays de résidence temporaire avant d'arriver dans les centres de transit de l'OIM, 61

% des femmes résidaient au Niger, 32 % en Algérie et seulement 6 % en Libye. Plus de 60 % des femmes

nigériennes résidaient au Niger, principalement à Arlit ou Assamakka. Le reste résidait en Algérie, ayant

passé pour la plupart moins d'un an dans le pays. Plus de 70 % des femmes originaires du Nigéria vivaient

également au Niger – principalement à Agadez – généralement depuis moins d'un an. Un petit nombre

d'entre elles résidaient en Libye ou en Algérie avant d'arriver dans les centres de transit de l'OIM.

Près de 40 % des femmes ont été victimes de traitements abusifs ou violents pendant leurs séjours

temporaires dans le pays de résidence – principalement la violence physique, les menaces, la violence

16

psychologique, et la confiscation d'argent. Très peu de femmes ont admis avoir été victimes de violence

sexuelle, soit pendant le voyage, soit pendant la résidence temporaire. Le taux de réponse pour les

questions liées à la violence au cours du voyage était généralement très faible pour les femmes, avec

environ 15 à 20 % des femmes aidées ayant répondu à ces questions. Les types d’abus commis ne semblent

pas être différents de ceux rapportés par les migrants masculins. Cependant il convient de noter que

compte tenu de la sensibilité de ces questions, les femmes sont moins susceptibles de signaler ces

traitements abusifs, en particulier les violences sexuelles.

5.2.6. Mineurs

Comme indiqué ci-dessus, les mineurs représentaient environ 5 % du nombre total de migrants présents

dans les centres de transit de l'OIM en 2016. Près de 60 % d'entre eux ont indiqué qu'ils étaient non-

accompagnés. Parmi eux, 40 % ont indiqué qu'ils avaient passé un certain temps en Algérie et 40 % d'entre

eux avaient résidé au Niger. Seulement quelques-uns avaient passé du temps en Libye avant d'arriver dans

les centres de l'OIM au Niger. La majorité des mineurs non-accompagnés ont également déclaré qu'ils

avaient été victimes d'abus et d'exploitation dans le pays de résidence temporaire – principalement de la

violence physique.

5.3. Le parcours migratoire

5.3.1. Raisons de migration

Les facteurs économiques étaient les principaux motivateurs de la migration pour les migrants assistés

dans les quatre centres de transit de l'OIM au Niger en 2016. 60 % des répondants ont déclaré qu'ils

partaient à la recherche de possibilités d'emploi, alors que 27 % ont déclaré migrer pour échapper à la

pauvreté – soit près de 90 % des 6 283 migrants interrogés ont migré à la recherche de meilleures

opportunités. Une minorité de répondants ont déclaré qu'ils ont quitté leurs pays suivant la promesse

ou une offre de travail ou d'autres raisons (3 % au total). Les informations sur les raisons de la migration

initiale n'étaient pas disponibles pour 9 % des personnes interrogées.

Tableau 7 : Raisons du départ du pays d’origine

Recherche d’emploi

Pauvreté Offre/promesse de travail

Autre Pas de réponse

60 % 27 % 1 % 2 % 9 %

5.3.2. Organisation du voyage, informations avant le départ, financement

L'exercice de profilage de l'OIM comprenait des questions sur le voyage effectué par les migrants pour

chaque étape, y compris lorsqu’ils quittent leur pays d'origine (ou leur résidence habituelle) en route pour

le pays de résidence temporaire en Afrique du Nord – Libye ou en Algérie. Une « étape » du voyage est

généralement comprise comme un voyage d'une ville à une autre où les migrants se sont arrêtés

temporairement pour réorganiser la suite du voyage, bien qu'il ne faille pas oublier que ces expériences

que peuvent varier considérablement d'un migrant à un autre. Les migrants ont été interrogés, entre autres,

sur les individus qui ont organisé le voyage, les informations qu’ils ont reçu (s’ils en ont reçu) avant le départ

et par qui, et comment le voyage a été financé. En ce qui concerne la première question – qui a organisé le

voyage – en période de voyage, la majorité des répondants ont déclaré qu'ils l'avaient organisé eux-mêmes

(56 %), alors que seulement 2 % des répondants (environ 130 individus) ont déclaré l’aide d'un passeur, et

moins d'1 % ont été assistés par d'autres (principalement des amis et parents, Figure 9) ; cela représente

un changement important par rapport à l'exercice de profilage mené en 2014, où près d'un quart des

migrants ont indiqué que leur voyage avait été organisé par des tiers.

17

Fait intéressant, la proportion de migrants qui ont déclaré avoir organisé leur voyage seul diminue à chaque

étape du parcours – à 51 % pour la deuxième étape, 32 % pour la troisième et seulement 11 % pour la

quatrième étape – car le rôle des passeurs semble de plus en plus important lorsque les migrants se

rapprochent de la Libye ou de l'Algérie. Environ 750 migrants (12 % du total) ont déclaré qu'ils avaient été

assistés par des passeurs lors de la troisième ou quatrième étape du parcours, contre 130 à 300 (2-5 %) à

la première et deuxième étape. Cependant il convient également de noter que le nombre de migrants qui

n'ont pas fourni d'informations sur la façon dont les voyages ont été organisés augmente sensiblement à

chaque étape du parcours (environ 77 % du total par rapport à la quatrième étape). Cela peut être dû à

diverses raisons, y compris la réticence à fournir des informations, le manque de mémoire des détails pour

de tels trajets et la difficulté qui en résulte, pour les enquêteurs, à recueillir des informations très détaillées

sur chaque étape du parcours. Toutefois, en limitant l'échantillon aux migrants qui ont fourni des

informations sur les quatre étapes du parcours, le rôle des passeurs à la quatrième étape devient encore

plus important : 44 % des migrants dans cet échantillon ont déclaré avoir eu recours à un passeur contre

48 % qui ont organisé leur propre parcours.

Figure 9 : Organisation du voyage, par étape du voyage (%)

Plus de la moitié des migrants interrogés dans les centres de transit de l'OIM en 2016 ont déclaré ne pas

avoir eu d’informations sur la migration avant de partir (56 %). 30 % ont déclaré le contraire (les 11 %

restants n'ont pas répondu à la question). Pour 72 % des 2 058 personnes qui ont reçu des informations sur

la migration avant de quitter leur pays, leurs proches et leurs amis étaient ceux qui ont fourni de telles

informations (Tableau 8). Les anciens migrants auraient représenté la source de l'information pour 15 %

des migrants. Environ 10 % des répondants ont déclaré avoir obtenu leur information auprès des médias

(principalement Internet), des passeurs et d'autres sources.

Tableau 8 : Sources d’informations pré-départ pour les migrants qui disent avoir reçu ces informations (total : 2 058)

Famille/amis Migrants de

retour

Média/Internet Passeur Autre Pas de

réponse

72 % 15 % 5 % 3 % 2 % 4 %

Note : Les proportions sont calculées sur un total de 2 058 migrants qui ont reçu des informations sur la migration

avant le départ.

Il a également été demandé aux migrants si les informations qu'ils avaient reçues au sujet de l'expérience

de migration se révélaient vraies ou fausses. Plus de 80 % des personnes qui ont donné des informations

sur leurs sources ont déclaré que les informations se révélaient fausses. Seulement 336 personnes (16 %)

ont déclaré que l'information qu'ils avaient reçue s'était révélée vraie. La majorité d'entre eux ont signalé

que leur source d’information venait d’un parent ou d’amis ; cependant même dans les cas où les migrants

0%

25%

50%

75%

100%

1ère étape 2ème étape 3ème étape 4ème étape

Seul Passeur Autre Pas de réponse

18

ont eu leurs informations sur le voyage auprès d’un parent ou d’amis, la plupart était déçue de leurs propres

expériences. Sur les 1 636 migrants qui ont déclaré avoir reçu de fausses informations avant le départ, 74

% ont mentionné qu'ils étaient mal informés sur le risque et, plus généralement, sur les conditions du

voyage (Tableau 9). 11 % ont déclaré que les fausses informations portaient sur l'absence de possibilités

économiques (à leur arrivée dans les pays de destination) ; pour 9 % de ce groupe, les coûts de voyage

étaient beaucoup plus chers que ce qu’ils avaient prévus.

Tableau 9 : Catégories d’informations fausses reçues par les migrants

Risques Conditions du

voyage

Opportunités

économiques

Coûts du

voyage

Autres Pas de

réponse

40 % 34 % 11 % 9 % 1 % 4 %

Note : Les proportions sont calculées sur un total de 1 636 migrants qui ont déclaré que l'information qu'ils

avaient reçue était fausse.

Près de 70 % des migrants ont indiqué qu'ils avaient financé leur voyage de façon indépendante, tandis que

17 % ont emprunté de l'argent à leur famille et à leurs amis pour payer le voyage (Tableau 10). Dans une

minorité de cas, les fonds provenaient de la vente de biens (3 %) ou d'une tierce personne qui couvrait les

coûts.

Tableau 10 : Sources de financement pour le parcours migratoire

Fonds propres Emprunts à la famille/amis

Vente de biens Voyage financé par un tiers

Autres Pas de réponse

68 % 17 % 3 % 1 % 0.5 % 10.5 %

5.3.3. Temps de voyage, voyage seul/avec famille, utilisation de passeurs

La durée du voyage a généralement varié en fonction de l’étape du parcours : alors que la majorité des

migrants qui nous ont donné ces informations avaient parcouru un ou deux jours au départ en moyenne,

la proportion des répondants qui a voyagé pendant 3 à 6 jours a augmenté de manière significative à mesure

que le voyage se poursuivait (Figure 10). Il convient toutefois de noter que les informations sur la durée du

voyage étaient disponibles pour plus de la moitié des migrants par rapport à la première et la deuxième

étape, soit environ 40 % pour la troisième étape et un peu plus de 20 % du nombre total des répondants.

Figure 10 : Temps de voyage, par étape de voyage (%)

0%

25%

50%

75%

100%

1ère étape 2ème étape 3ème étape 4ème étape

1--2 jours 3--6 jours 1 semaine ou plus

19

Les informations sur le temps de trajet total pour au moins une étape du voyage étaient disponibles pour

56 % du nombre total de migrants au centre (un total de 3 530). Comme le montre la Figure 11, la majorité

des migrants ont déclaré avoir voyagé pendant une période de 7 à 14 jours avant d'atteindre l'emplacement

de la résidence temporaire, tandis que le voyage a duré de 1 à 6 jours pour 26 % des migrants profilés. Dans

13 % des cas, le migrant a voyagé pendant une période de 15 à 30 jours, et seulement 1,5 % ont déclaré

que leur voyage a duré plus de 30 jours.

Figure 11 : Temps de voyage total (%)

Environ 80 % des migrants assistés dans les quatre centres voyageaient seuls, alors que seulement 6 %

étaient accompagnés par quelqu'un (l'information n'était pas disponible pour 14 % des répondants).

5.3.4. Violence et traitement abusif pendant le voyage

Les entretiens de profilage dans les centres de transit de l'OIM ont révélé qu'une proportion importante de

migrants étaient confrontés à des cas de traitements abusifs et d'exploitation de tout genre pendant le

voyage. Près de 80 % des migrants qui ont répondu à ces questions (environ 46 % de l’échantillon total, en

moyenne) ont été victimes de traitements abusifs, de violence et d'exploitation à chaque étape de leurs

voyages, depuis leur pays d'origine jusqu’en Afrique du Nord. À titre comparatif, en 2014, environ 41 % des

2 890 migrants interrogés ont déclaré avoir fait face à au moins un type de traitement abusif, violent ou

coercitif. Encore une fois, le taux de réponse relativement faible pour ces questions s'explique en grande

partie par le fait que les personnes qui ont été maltraitées ou exploitées pendant le voyage peuvent ne pas

être disposées à partager ce qu'elles ont subis. Dans tous les cas, ces témoignages illustrent les défis

auxquels sont confrontés les migrants qui voyagent irrégulièrement et leur vulnérabilité aux traitements

abusifs et à la violence.

Le Tableau 11 montre les routes entre les pays où la plupart des violences ont eu lieu selon les témoignages

des migrants. La carte est basée sur le nombre de personnes qui ont déclaré avoir parcouru une certaine

route (d'un pays à l'autre) et qui ont subi un type de traitement violent, abusif ou coercitif pendant le

voyage. Les chiffres ne doivent être interprétés qu'à titre indicatif, étant donné la prévalence des non-

réponses pour les questions liées à la violence et à la difficulté pour les migrants de se rappeler des détails

du voyage initial, y compris les itinéraires spécifiques parcourus et les risques rencontrés. Seuls les

itinéraires où plus de 50 migrants ont été victimes de violence et de traitements abusifs sont mentionnés

ici.

Il semblerait que les routes migratoires du Mali soient les plus risquées pour les migrants, par rapport aux

autres, ce qui signifie que l'instabilité politique et l'insécurité au Mali pourraient bien affecter la sécurité

des migrants qui traversent le pays. Des cas relativement nombreux de violence et de traitements abusifs

semblent également se produire au Niger, en fonction des témoignages des migrants, bien qu'il ne soit pas

clair si les risques concernent le voyage réel ou le séjour temporaire au Niger. Un nombre très élevé de

26.4

59.4

12.7

1.5

1--6 jours 7--14 jours 15--30 jours > 30 jours

20

migrants allant du Niger vers la Libye ou l'Algérie ont également déclaré qu'ils étaient soumis à une sorte

de traitement violent, abusif ou coercitif.

Tableau 11 : Cas de violence et traitement abusif pendant le voyage

Note : Le nombre de migrants qui ont répondu aux questions liées à la violence était plus élevé pour la première

et deuxième étape du parcours (environ 3 700 personnes en moyenne), et il était plus faible pour la troisième et

quatrième étape (2 100 individus en moyenne). Comme expliqué ci-dessus, cela peut être dû aux difficultés à se

rappeler des détails pour chaque étape du voyage.

Pour ceux qui ont admis avoir été victimes de violence et de traitements abusifs, les menaces et la violence

psychologique étaient le genre de traitement le plus récurrent. 42 % des migrants qui ont été victimes de

traitements abusifs pendant leurs déplacements ont déclaré avoir subi ce type d'abus en cours de route

(Figure 12). La confiscation d'argent ou de marchandises était le deuxième type de traitement abusif le plus

courant – plus de 30 % ont été dépouillés de leur argent à un moment donné pendant le voyage (ou plus

d'une fois). 16 % des migrants maltraités ont subi une violence physique ou une agression (la part a

augmenté de 7 % à 27 % de la première à la quatrième étape du voyage). D'autres types de maltraitance

comprenaient la confiscation de documents, la détention, la tromperie et les fausses promesses, le manque

de nourriture et de boissons et, dans une minorité de cas, la prostitution forcée et la violence sexuelle,

selon les témoignages recueillis par le personnel de l'OIM dans les centres.

Figure 12 : Type de violence et traitement abusif subi (moyenne, %)

Note : Ces proportions sont calculées sur le nombre total de migrants qui ont subi des traitements abusifs et des

violences à chaque étape de leurs parcours (moyenne des quatre étapes) – plus particulièrement 2 308

répondants pour la première étape, 1 877 pour la deuxième, 1 576 pour la troisième et 1 018 pour la quatrième

étape du voyage.

Pays de départ Pays d’arrivée N° de migrants soumis à des

traitements abusifs/violents

Mali Burkina Faso 404

Sénégal Mali 341

Niger Niger 308

Mali Niger 287

Guinée Conakry Mali 272

Niger Libye 272

Nigéria Niger 209

Niger Algérie 207

Mali Algérie 186

Cameroun Nigeria 146

Côte d'Ivoire Burkina Faso 115

Algérie Niger 76

Gambie Sénégal 59

41.6

34.8

15.9

7.7

Menaces/ violence psychologique

Confiscation d’argent/ de biens

Violence physique

Autre

21

5.4. Expérience dans le pays de résidence temporaire

5.4.1. Pays et ville de résidence, par pays d’origine

L’Algérie était le principal pays de résidence temporaire pour les migrants profilés en 2016, avec 39 % des

répondants disant qu'ils avaient vécu en Algérie avant de traverser le Niger (Figure 13). Plus de la moitié de

ces migrants avaient résidé dans la ville de Tamanrasset. Environ 20 % d'entre eux vivaient à Alger, Ouargla

et Oran, et 20 % ont mentionné d'autres villes à travers le pays. Environ la moitié des répondants ont déclaré

qu'ils avaient résidé temporairement en Libye (27 %) ou au Niger (23 %) avant d'arriver dans les centres de

transit de l'OIM. En Libye, Tripoli était la principale ville de résidence (près de 40 % des migrants qui avaient

résidé en Libye étaient dans cette ville), suivi de Sabha (23 %). Qatrun et Murzuk ont été mentionnés par

10 % des quelques 1 700 migrants qui avaient résidé en Libye. Un tiers des 1 500 migrants qui avaient résidé

au Niger avaient été situés à Agadez et environ 40 % à Niamey et à Arlit. Séguédine et Assamaka ont été

mentionnés par environ 10 % de ce groupe. Les informations sur le pays de résidence n'étaient pas

disponibles dans 9 % des cas.

Figure 13 : Pays de résidence temporaire (dernière étape avant d’arriver à l’OIM)

La Figure 14 illustre la répartition des migrants profilés par pays d'origine et par pays de résidence

temporaire9. L'Algérie semble avoir été la principale destination (pays de résidence temporaire) pour les

migrants du Burkina Faso, du Cameroun, du Mali, de la Guinée et du Libéria, alors que la majorité des

migrants du Sénégal, de la Guinée-Bissau et de la Sierra Leone avaient résidé en Libye avant de traverser le

Niger. Le Niger semble être le principal pays de résidence pour les migrants nigérians et ghanéens, avec

58 % des nigérians et 76 % des ghanéens disant qu'ils avaient résidé dans le pays avant d'arriver dans les

centres de transit de l'OIM. Les migrants de Côte d'Ivoire, du Niger et de la Gambie étaient en moyenne

plus répartis entre les trois pays de destination/résidence temporaire.

9 L’information pour les deux variables est disponible pour 90 % de l’échantillon total de migrants profilés.

Source : ESRI. Cette carte n’est fournie qu’à titre d’illustration. Les représentations ainsi que l'utilisation des

frontières et des noms sur cette carte n'impliquent ni jugement sur le statut légal d'un territoire, ni reconnaissance

ou acceptation officielle de ces frontières de la part de l'OIM.

22

Figure 14 : Pays de résidence temporaire, par pays d'origine (%)

Note : Le tableau ne comprend que les nationalités dont au moins 50 migrants ont été interrogés.

5.4.2. Durée de séjour, sources de revenus, transferts de fonds

En ce qui concerne la durée de résidence, la grande majorité des migrants interrogés (75 %) ont passé une

période de six mois à un an dans le pays de résidence avant de transiter par le Niger pour rentrer dans leur

pays d’origine ou résidence habituelle (Tableau 12). Dans 7 % des cas, la durée du séjour variait entre trois

et six mois, tandis que 5 % des répondants étaient restés en Algérie ou en Libye plus d'un an (les

informations sur la durée du séjour n'étaient pas disponibles pour 12 % des migrants profilés).

Tableau 12 : Durée de séjour dans le pays de résidence temporaire

Moins de 6 mois De 6 mois à 1 an Plus d’un an Pas de réponse

7 % 75 % 6 % 12 %

En ce qui concerne les sources de revenus dans le pays de résidence, la plupart des migrants qui ont donné

cette information, soit 15 % du nombre total de répondants, travaillaient dans le secteur de la construction

– souvent en tant que peintres, maçons, électriciens, soudeurs et charpentiers (Figure 15). Moins de 5 %

des migrants interrogés ont déclaré qu'ils travaillaient comme petits commerçants ou dans l'industrie des

services – y compris les services domestiques, de transports et alimentaires, généralement comme

gouvernantes, hommes/femmes de ménage, chauffeurs, serveurs ou cuisiniers. 2 % des migrants

travaillaient dans des activités agricoles ou d'élevage. 1 % a déclaré avoir eu recours à la mendicité, bien

que 40 % des migrants interrogés aient déclaré qu'ils n'avaient aucune source de revenus dans le pays de

résidence temporaire. Pour plus d'un cinquième de l'échantillon, les informations sur les sources de revenus

dans le pays de résidence n'étaient pas disponibles.

0%

25%

50%

75%

100%B

urk

ina

Faso

Cam

ero

un

Mal

i

Gu

iné

e

Lib

éri

a

te d

'Ivo

ire

Nig

er

Gam

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Nig

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Sén

éga

l

Gu

iné

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issa

u

Sier

ra L

eon

e

Gh

ana

Algérie Libye Niger

23

Figure 14 : Sources de revenus pour migrants dans le pays de résidence temporaire (%)

5.4.3. Violence et traitements abusifs pendant le séjour, répartis par pays de résidence

Les expériences de violence et de traitement abusifs dans les pays de résidence étaient assez fréquentes,

en particulier en Algérie et en Libye où respectivement 65 % et 61 % des migrants résidant dans ces pays

ont été victimes de tous types de traitements violents ou abusifs. Moins de la moitié des migrants qui

avaient résidé au Niger, avant d'être assistés dans les centres de transit de l'OIM, ont déclaré avoir subi un

tel traitement. La violence physique, les menaces et la violence psychologique sont particulièrement

fréquentes chez les migrants. Parmi ceux qui ont subi des traitements abusifs, plus d'un sur trois en Libye

et en Algérie ont été soumis à un traitement violent et plus d'un sur trois au Niger ont déclaré qu'ils faisaient

face à un certain nombre de menaces et de violence psychologique (Tableau 13). D'autres types communs

d'abus étaient la privation de nourriture, la confiscation des salaires (en particulier en Algérie, avec 8,7 %

des migrants qui y résidaient), la confiscation d'argent ou les restrictions à la libre circulation ; 15 % des

migrants qui ont été victimes de violence en Libye ont déclaré avoir été détenus à un moment donné

pendant leur séjour.

Tableau 13 : Violence et traitement abusif des migrants, par pays de résidence (% des migrants qui ont cité un incident)

Algérie Libye Niger

Détention 2 % 15 % 10 %

Restrictions de mouvement 4 % 2 % 8 %

Confiscation d’argent 8 % 8 % 11 %

Confiscation de salaire 9 % 3 % 2 %

Privation d’argent 9 % 3 % 8 %

Menaces et violences

psychologiques 29 % 27 % 35 %

Violence physique 36 % 38 % 19 %

Autre 4 % 3 % 8 %

Note : Les pourcentages sont calculés sur le nombre totale de migrants ayant dit avoir subis des types d’abus

Durant leur séjour dans le pays de résidence temporaire – un total de 1 064 en Algérie, 1 059 en Libye et 696 au

Niger.

5.4.4. Raison pour quitter le pays de résidence temporaire, par pays de résidence

Les raisons mentionnées par les migrants pour quitter le pays de résidence temporaire varient

généralement en fonction du pays. Pour les migrants qui ont passé quelque temps en Algérie, l'insécurité

14.8

7.2

3.2

3.2

2.4

1.2

40.4

27.7

Construction

Autre/ Non spécifié

Commerce

Services

Agriculture

Mendicité

Aucune source

Pas de réponse

24

générale des moyens de subsistance était la raison la plus fréquente, mentionnées par 46 % des migrants

qui y avaient résidé. 62 % de ceux qui avaient passé quelque temps en Libye sont partis après avoir été

obligés de quitter le pays. Cet indicateur a été exprimé par seulement 30 % de ceux qui ont résidé en Algérie.

Près de la moitié des migrants qui ont vécu au Niger ont déclaré avoir quitté le pays de leur propre initiative,

et un cinquième d'entre eux en raison du manque de possibilités d'emploi.

Tableau 14 : Raisons pour quitter le pays de résidence, par pays de résidence (%)

Algérie Libye Niger

Insécurité 46 % 10 % 2 %

Retour force 30 % 62 % 21 %

Manques d’opportunités de

travail 10 % 5 % 24 %

Propre initiative 5 % 19 % 46 %

Autre 2 % 2 % 3 %

Pas de réponse 7 % 2 % 4 %

5.5. Plans pour l’avenir

5.5.1. Intentions de retour

Les migrants profilés dans les centres de transit de l'OIM ont également été interrogés sur leurs plans pour

l'avenir. 90 % des personnes interrogées ont déclaré vouloir retourner dans leur pays d'origine, alors que

seulement 2 % ont dit qu’ils ne voulaient pas y retourner.

Tableau 15 : Volonté de retourner au pays d’origine

5.5.2. Activité économique souhaitée une fois de retour, et sources de revenus

Lorsqu'on leur a demandé quelle profession ils aimeraient entreprendre lors de leur retour, les migrants

ont donné des réponses variées. Parmi ceux qui souhaitent retourner dans leur pays d'origine, le commerce

était l'activité économique la plus courante souhaitée, un tiers des répondants disant qu'ils voulaient cela

(Figure 16). Environ 20 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles souhaiteraient travailler dans le

secteur de la construction, tandis que 15 % ont préféré les activités agricoles et d'élevage. Les services de

transport et autres services (par exemple, la garde des maisons et le jardinage), ainsi que l'industrie des

services alimentaires, représentaient encore 14 % des réponses. Environ 8 % des migrants souhaitant

retourner dans leur pays ont déclaré vouloir commencer ou poursuivre leurs études.

Figure 16 : Activité économique souhaitée au retour (%)

Oui Non Pas de réponse

90 % 2 % 8 %

33

20.3

14.8

9.6

7.6

3.7

1.9

6.9

2.3

Commerce

Construction

Agriculture

Transport

Études

Services

Industrie des services alimentaires

Autres

Ne sait pas

25

Note : Le nombre total des répondants pour cette question est de 5 451.

En ce qui concerne les sources de revenus, plus de 40 % des migrants qui ont répondu à cette question

(81 % du nombre total de personnes interrogées) ont déclaré qu'ils dépendraient de l'aide financière des

personnes dans leur réseau (Figure 17). Plus d'un sur cinq a déclaré que leur revenu dans le pays d'origine

découlerait des actifs existants, tels que les terres ou le bétail. 18 % auraient recours à des mécanismes de

crédit comme source de revenus, tandis que 7 % comptent sur l'aide financière des membres de leurs

familles.

Figure 17 : Sources de revenus au retour (%)

Note : Le nombre total des répondants pour cette question est de 5 126.

5.5.3. Intentions de continuer la migration et destination souhaitée

Il a également été demandé aux migrants dans les centres de transit de l'OIM s'ils avaient l'intention de

poursuivre leur voyage de migration vers une autre destination. Moins d'un répondant sur cinq a répondu

affirmativement, alors que 68 % des migrants ont déclaré qu'ils ne voulaient plus poursuivre l'expérience

migratoire (Figure 18). Parmi les premiers, l'Italie semble être la destination privilégiée – près de 600

migrants ont déclaré qu'ils voulaient continuer le voyage en Italie ; l'Espagne était la destination privilégiée

pour 3 % des migrants dans l'échantillon, alors que la Libye était toujours la destination favorite pour 1 %

des migrants interrogés. 5 % des répondants ont déclaré qu'ils souhaitaient continuer le voyage vers

l'Algérie, le Maroc et un certain nombre de pays européens.

Figure 18 : Intention de continuer la migration et destination souhaitée

Aucune intention de

continuer

Intention de

continuer

Pas de réponse

68 % 18 % 14 %

Italie Espagne Libye Autre

9 % 3 % 1 % 5 %

41.3

22

17.9

7.4

1

10.3

Aide d’autres personnes

Actifs existants/économies

Crédit

Aide de la famille

Autre

Ne sait pas

26

0.5 0.7 0.22.1

31.6 30.8

18.1

9.1

3.41.7 0.7 0.4 0.6

0-4 5-9 10-13 14-17 18-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60+

5.6. Analyse approfondie

5.6.1. Tendances clé entre 2015 et 2016

Le nombre de migrants profilés en 2016 était plus de quatre fois supérieur à celui de 2015 (1 388). Le

Sénégal était le principal pays d'origine des migrants qui sont arrivés dans les centres de transit de l'OIM en

2015, 36,6 % des migrants étant des ressortissants de ce pays. Les autres principaux pays d'origine étaient

le Cameroun (10,6 %), la Guinée-Bissau (7,9 %), la Gambie (6,7 %) et la Guinée (5,1 %) – qui figuraient parmi

les 10 premiers pays d'origine des migrants arrivés au transit de l'OIM en 2016. 87 % de tous les interviewés

ont déclaré qu'ils avaient quitté leur pays d'origine pour chercher des emplois ailleurs.

Alors que la répartition des migrants à travers les pays de résidence temporaire en 2016 était assez

équilibrée entre l'Algérie, la Libye et le Niger, presque la moitié des migrants profilés en 2015 (48 %) ont

passé un certain temps en Libye avant de retransiter par le Niger – environ le double du pourcentage

enregistré en 2016 (27 %). Le Niger et l'Algérie suivent, avec respectivement 21 % et 14 % des personnes

interrogées. 3 % des migrants avaient résidé au Maroc avant de revenir au Niger (Tableau 16).

Tableau 16 : Pays de résidence temporaire, 2015 (%)

Libye Niger Algérie Maroc Autre Pas de réponse

48 % 21 % 14 % 3 % 1 % 13 %

En termes de caractéristiques démographiques, en 2016 la grande majorité des migrants interrogés étaient

des hommes – 96 % contre 93 % en 2016. Le profil d'âge des migrants était assez similaire à celui enregistré

en 2016 – 62 % des migrants étaient âgés entre 18 et 29 ans, 19 % avaient entre 30 et 39 ans. La proportion

de mineurs dans le groupe était inférieure à celle enregistrée en 2016 – 3,5 % par rapport à 5 %,

respectivement. Compte tenu du nombre beaucoup plus faible de migrants en 2015, le nombre absolu de

mineurs arrivant dans les centres de transit de l'OIM au Niger en 2015 était donc beaucoup plus faible que

l'année suivante.

Tableau 17 : Distribution par sexe des bénéficiaires, 2015 (%)

Hommes Femmes

96 % 4 %

Figure 19 : Age des migrants arrivant dans les centres de transit de l’OIM en 2015 (%)

27

Les niveaux d'éducation des migrants varient selon le pays de résidence, avec tous les migrants ayant résidé

au Maroc qui ont déclaré avoir une éducation formelle, comparé aux niveaux faibles au Niger (42 %) et à

une proportion un peu plus élevée en Libye (61 %) et en Algérie (79 %).

La durée de séjour moyenne (auto-déclarée) dans le pays de résidence temporaire en 2015 n'était que de

68 jours – ce qui est inférieur à celle de 2016 avec la plupart des migrants qui ont déclaré avoir passé entre

6 mois et un an dans le pays avant de revenir. Près de la moitié des migrants qui sont restés au Niger ont

déclaré vouloir partir en raison de l'insécurité dans le pays. Parmi ceux qui avaient résidé en Algérie, le

retour forcé ou le manque de possibilités d'emploi étaient les principales raisons signalées par les migrants.

75 % des migrants qui résidaient en Libye avant leur arrivée dans les centres de transit de l'OIM n’ont donné

aucune raison de leur départ de Libye ; 13 % d'entre eux ont déclaré qu'ils avaient été renvoyés par force

du pays. Environ 6 % ont déclaré qu’ils partaient en raison du manque de possibilités d'emploi et une

proportion similaire donnait l'insécurité comme une raison de quitter la Libye.

Tableau 18 : Raisons du départ du pays de résidence temporaire, par pays de résidence temporaire

En 2015, 60 % des 1 388 migrants interrogés ont déclaré avoir été soumis à au moins un type de traitement

abusif, violent ou coercitif pendant le voyage – contre 41 % en 2014 et 46 % en 2015. Menaces, abus

physique, fausses promesses ou la restriction de mouvements et la confiscation des documents ont été les

types de traitements abusifs les plus cités en 2015.

6. Conclusions

Les entretiens menés auprès des 6 300 migrants assistés dans les quatre centres de transit de l'OIM au Niger

en 2016 témoignent 1) du manque d'opportunités économiques pour de nombreux migrants en Afrique de

l'Ouest et du Centre ; 2) des risques auxquels sont confrontés les migrants pendant leurs déplacements

dans le désert et leur séjour temporaire en Algérie, en Libye ou au Niger ; 3) de la désinformation

généralisée (ou le manque d'informations) sur la réalité des voyages et sur les conditions de vie dans les

pays de résidence temporaire, en particulier en Libye. Les informations présentées dans ce rapport

permettent d'identifier certaines tendances qui doivent faire l'objet d'un suivi régulier et d'enquêter

davantage sur les réponses appropriées, et fondées sur les droits de l'homme, pour faire aux défis de la

migration irrégulière au Niger.

Le nombre de migrants assistés en 2016 était le nombre le plus élevé enregistré en 3 ans et représentait

une augmentation significative par rapport au nombre de migrants arrivant dans les centres de transit de

l'OIM en 2014 (2 127) et 2015 (1 388). Bien que cela puisse être dû à la présence croissante de l'OIM au

Niger, cela peut aussi indiquer que les flux de retour, en particulier de Libye, sont à la hausse en raison de

l'aggravation de la violence et des dangers auxquels sont confrontés les migrants résidant dans le pays.

La plupart des migrants arrivant dans les centres de l'OIM sont des ressortissants des pays de l'Afrique de

l'Ouest, généralement des jeunes hommes et contrairement à 2014, célibataire pour la plupart et avec un

Algérie Libye Niger

Retour forcé 29% 13% 2%

Manques d’opportunités

d’emploi 19% 6% 1%

Insécurité 10% 6% 47%

Autre/pas de réponse 42% 75% 50%

28

certain niveau de scolarité. Selon les données recueillies, ils ont tendance à se déplacer au Niger vers

l'Algérie ou la Libye à la recherche de meilleures possibilités de moyens de subsistance ou d'échapper à la

pauvreté, et restent normalement dans le pays moins d'un an, en raison d'une insécurité ou à cause de

l’expulsion. En 2016, une proportion plus élevée de migrants résidant en Libye ont déclaré qu'ils avaient

été renvoyés par force du pays par rapport à 2015 – ce qui nous donne une indication préliminaire que le

retour forcé de la Libye pourrait avoir augmenté, en termes relatifs, entre 2015 et 2016. De plus ample

recherches sont nécessaires afin de vérifier la véracité de ceci.

Bien que la grande majorité des migrants soient masculins, la proportion des femmes arrivant dans les

centres de transit de l'OIM en 2016 était supérieure de 2 % comparé à 2014 et de 4 % comparé à 2015.

Compte tenu du nombre beaucoup plus élevé de migrants arrivant dans les centres de l'OIM 2016, le

nombre absolu de femmes était significativement plus élevé cette année-là. La plupart des femmes

migrantes venaient du Niger et du Nigéria et résidaient au Niger avant d'arriver dans les centres de l'OIM.

Elles étaient plus susceptibles d'être mariées, analphabètes et sans éducation que les hommes. Les femmes

étaient aussi plus susceptibles d'être mineures que les hommes. Ces éléments soulignent la nécessité

d'approfondir les besoins spécifiques et les vulnérabilités des femmes migrantes – et des mineurs en

particulier – pour informer les programmes ciblés de protection et d’assistance.

Les expériences de violence et de traitements abusifs pendant le voyage et pendant le séjour dans le pays

de résidence temporaire sont dramatiquement habituels chez les migrants, malgré les taux de réponse

relativement faibles pour les questions liées à de telles expériences, en particulier chez les femmes (et plus

encore pour les questions liées à l'exploitation sexuelle). La violence physique et les différents types de

menaces et d'abus psychologiques sont les plus fréquemment signalés par les migrants. Une grande partie

d'entre eux ignore les risques auxquels ils seront confrontés pendant le voyage et à leur arrivée dans les

pays de résidence temporaire. Les informations recueillies par les migrants auprès de leur famille, amis et

autres sources avant le départ se révèlent souvent être fausses, selon les témoignages des migrants.

Il semble donc essentiel de faciliter l'accès à des informations fiables pour les migrants – sur les risques du

voyage, les conditions dans les pays de destination visés et les alternatives possibles – tout en assurant une

protection ponctuelle et ciblée des migrants vulnérables. Comme la majorité des personnes interrogées ont

l'intention de retourner dans leur communauté d'origine, il est également essentiel de garantir une

réintégration socio-économique réussie lors du retour.

Enfin, le rapport a montré que l'exercice de profilage est une source précieuse d'informations sur les

moteurs, les expériences et les risques de migration en Afrique de l'Ouest et du Centre, ainsi que sur les

profils et les intentions des migrants. L'exercice devrait idéalement être complété par une recherche

approfondie auprès des migrants dans les centres, ainsi que des migrants en route, pour mieux comprendre

comment les décisions des migrants sont façonnées pendant le voyage et ce qui différencie les migrants

qui décident de revenir de ceux qui décident de rester en Afrique du Nord ou qui tentent le dangereux

passage méditerranéen. Une mise en œuvre régulière d'un tel exercice permettra d'identifier les tendances

de la migration de retour au Niger et les migrations dans la région de manière plus générale, ce qui

contribuerait à informer des réponses politiques efficaces pour minimiser les risques associés à la migration

irrégulière.