notes du mont royal ← · pdf filevingt fois des cieux l’aigle tomba sans vie. ......
TRANSCRIPT
Notes du mont Royal
Cette uvre est hberge sur Notes du mont Royal dans le cadre dun
expos gratuit sur la littrature.SOURCE DES IMAGES
Google Livres
www.notesdumontroyal.com
OEUVRESDIVERSES
DVARISTE PABNY.
TOME SECOND.
fOEUVRES
DIVERSES
DEVARISTE PARNY,
NOUVELLE DITION
muai: I1 CONSIDMILEXIRT LUGIIHTiI. r
.-..-....
TOME SECOND.
A PARIS,CHEZ DEBRAY, LIBRAIRE,
PLACE nu annaux, no 9.n: Lnuuunnu un r. DIDOT blini.
AN x: -- 1802.
ISNEL ET ASILGA,
POME
IMIT DU SCANDINAVE.
Je n N a s. guerriers , qui poursuivez la gloire,
Tourquoi dEgill troubler le long repos,
Et linviter des hymnes nouveaux?
Des teins passs le Sculde est la mmoire;
Mais sous les ans je succombe, et me voix
Ressemble au vent qui survit lorage;
Son souffle peine incline le feuillage,
Et son murmure expire au fond des bois.
De vos aeux, quadmira mon enfance,
Le souvenir occupe mon silence.
Plus fiers que vous, ils affrontaient les mers.
Leur pied foula ces rivages dserts.
Levez les yeux, voyez sur ces collines
Ces murs dtruits, ces pendantes ruines,
Et ces tombeaux que la ronce couverts.
Un seul, form de pierres entasses,
2. l
ISNELFut par mes mains lev: jour fatal!
Ami dEgifl, digne fils dIngisfal,
Sur toi toujours sarrtent mes penses.
Vaillant [sue], sous la tombe tu dors
Prs dAslga: couple sensible et tendre,
Contre loubli je saurai vous dfendre,
Et lavenir entendra mes accords.
lsnel unjour dit sa jeune amie:
a Chere Aslga, fille de la beaut,
Ton regard seul mon cur attrist
Rend le bonheur; ta prsence est ma vie:
Mais ton alliant sera-t-il ton poux?
Malgr nos vux, quel obstacle entre nous!
Dans un palais ou brille la richesse
Ton heureux pere leva ta jeunesse,
Et chaque jour des messages nouveaux
A ses festins invitent les hros.
Du mien, hlas! je neus pour hritage
Quun toit de chaume , un glaive, et son courage.
Par des exploits il faut te mriter. n
Quoi! tes beaux yeux se remplissent de larmes!
Chere Aslga, tremble de marrter.
Mes compagnons ont aiguis leurs armes;
ET ASLGA.
Impatiens, avides de dangers ,
Ainsi que moi, sur des bords trangers
Ils vont chercher la gloire et les richesses.
An fond du curjemporte tes promesses,
Et sons la tombe elles suivront Isnel:
. Mais quelquefois dans une longue absenceLespoir steint; quun gage mutuel
De ton amant Confirme lesprance;
Que tes cheveux, sur mon casque attachs,
Dans les prils soutiennent ma vaillance;
Et que les miens, garnis de ma constance,
Soient quelquefois par tes levres touches:
Elle approuva cet imprudent change ;
Et dun baiser y joignant la douceur,
Elle rougit damour et de pudeur.
Isnel sloigne: autour de lui se range
De ses guerriers la brillante phalange;
Tpua grands cris appellent les combats,
Et leurs regards promettent le trpas.
Leur jeune chef leur tte se place,
Et par ces mots enflamme leur audace:
a Braves amis, nos pertes ont vaincu;
H
I S N E L
De leur acier lclair a disparu:
Brillons comme eux au milieu du carnage.
Leur front jamais na connu la pleur;
Jamais la mort ntonna leur courage;
Ils linsultaient par un souris moqueur.
La craindrez-vous? le faible qui lvite,
Par la frayeurt demi dsarm,
Dun coup plus sur est perc dans sa fuite;
Pour lui dOdin le palais est ferm;
Du Valhalla les charmantes desses
Ne versent point au lche lhydromel;
Quels droits a-t-il an banquet solennel P
Du froid Nillheim les tnehres paisses
Engloutiront lesclave de la peut
Qui recula dans le champ de lhonneur.
Marchons, amis; le brave doit me suivre,
Le brave seul: si la mort nous surprend ,
Du Valhalla le festin nous attend;
Mourir ainsi, cest commencer vivre. n
A ce hrosjattacbai mondestin.
Je parcourus la vaste Biarmie,
La riche Uplaude, eEt ma robuste main
Dun noble sang fut quelquefois rougie.
E r A s mon:Le nom dlsnel rpandait la terreur,
Et ltranger ce nom tremble encore;
Un incendie avec moins de fureur
Court et stend sur les champs quil dvore.
Mais des combats la sanglante-rigueur
A la piti ne fermait point son cur.
Avec la mort son bras allait descendre
Sur un guerrier quil avait terrass;
Ce guerrier dit: a Malheureuse Ingels,
Sur le chemin pourquoi viens-tu mattendre?
Tes yeux en pleurs me cherchent vainement ,
En vain tes pieds parcourent le rivage;
Plus de retour; sur ce lit du carnage
Un long sommeil retiendra ton amant a.
Isnel sarrte; cette voix touchante,
Le souvenir de sa matresse absente
Sest rveill dans son cur attendri,
Et le pardon termine sa menace:
Sur le rocher telle se fond la glace
Que vient frapper le rayon du midi.
Dans les momens o le cri de la guerre;
Nveillait plus sa bouillante valeur,
Lamour charmait son aine solitaire;
ISNELSa voix alors chantait avec douceur r
n Belle Aslga , quand laube matinale
Leve sa tte au milieu des brouillards,
Sur tes cheveux jattache mes regards.
Lorsque du jour la tranquille rivale
Jette sur nous son voile tnbreux,
Chere Aslega, je baise les cheveux. Il
a Un roi ma dit: Ma fille doit te plaire;-
De nos climats sa beaut fait lorgueil,
Sa flache atteint le timide chevreuil,
Sa lyre est douce, et sa voix est lgue ;
De ses amans sois le rival heureux.
Mais dlAslga lau bais les cheveux. I
a Jlai.vu Rism: dune gorge arrondie
Ses cheveux noirs releveut la blancheur;
Dun frais bouton sa bouche a la couleur ;
Ses longs soupirs et sa mlancolie
Parlent damour; lamour est dans ses yeux.
mis dlAslga jai bais les cheveux. -
I J e sommeillais: une fille charmante
E T A s L o A. 7 ISur mon chevet se penche avec douceur;
Sa pure haleine est celle de la fleur z
Jeune tranger, cest moi, cest une amante-
Qui de son cur toffre les premiers feux..
Mais dAslga je baisai les cheveux. n
Pendant neuf mois sur des rives lointaines.
Il promena son glaive destructeur;
De locan les orageuses plaines
Ne firent point reculer sa valeur.
Les rois tremblans linvitaieut ses ftes,
Et leurs trsors achetaient son oubli.
De ses succs son cur enorgueilli
Se proposait de nouvelles conqutes.
Un soir, assis prs duu chne enflamm,
Il me disait: u Ami de mon enfance,
Roi des concerts , pourquoi ce long silence P
Parle , retrace mon esprit charm
Des tems passs les nobles aventures.
Le nom dOlbrovvn que tout bas tu murmures
Pour mon oreille est encore nouveau n.
-- A quelques pas sleve son tombeau ,
Lui dis-je; il dort auprs de son amie.
Dans les forts qui couvrent la Scanie
ISNELPar son adresse Olbrown tait connu r
Vingt fois de lours ses pieds abattu
Son bras nerveux sut douter la furie;Frapp! par lui dlun trait inattendu ,
Vingt fois des cieux laigle tomba sans vie.
Dans lge heureux dlaimerret dtre aim,.
Aux doux desirs son coeur long-teins ferm
De la beaut mconnaissait lempire z
Il voit Rusla, se dtourne ,4 et soupire.
A ses genoux il portait chaque jour
Dun sanglier la hure.menaante,
Et dun chevreuil la dpouille sanglante.
Il mritait, il obtint son amour.
A mes regards tu seras toujours belle ,.
Rpete Olbrown; un sourire charmant
Dit que Rush sera toujours fidelle;
Et pour sceller cette union nouvelle ,.
Chacun mucha la- Pierre du Serment. r
r au nuit descend; litoile pacifique
sassied au nord sur un lit de frimas.
Prs dnn torrent qui roule avec fracas
Ses flots bourbeux, slleve unltoit rustique;
le-vieux sapins le couvrent de leurs bras:
E T A s L G A.
Cesthl quOlbrown a dirig ses pas.
Trois fois il frappe, et trois fois il coute
Si lon rpond ses vux empresss.
Il nentend rien, et dit: Ses yeux lasss
Au doux sommeil ont succomb sans doute.
Il frappe encore, et soudain il ajoute:
a Belle Rusla , cest moi, cest ton amant
Qui vient chercher le prix de sa tendresse.
Quoi! du sommeil est-ce la le moment?
Rveille-toi, Kuala, tiens ta promesse,
Ne tarde plus: un vent imptueux,
Un vent glac siffle dans mes cheveux;
Sous un ciel pur ltoile scintillante
Du froid naissant atteste la rigueur;
Ne tarde plus , et. que ma voix tremblante,Belle Kuala, passe jusqu ton cur. a
u Un long soupir chapp de sa bouche
Suivit ces mots: il frappe, et cette fois
La porte cede la main qui la touche.
De la pudeur il mnagea les droits. l
Rusla houteu se a voil son visage;
Elle rougit de ses premiers desirs,
Elle rougit de ses premiers plaisirs.
10 ISNELSon jeune sein du cygne offre limage,Quand sur un lac balanc mollement
Il suit des flots le lger mouvement.
Dans sa tendresse elle est timide et douce;
Tantt ses bras entourent son amant ,
Tantt sa main faiblement le repousse;
Et son bonheur fut un enchantement.
Il dura peu; la triimpette clatante
Le lendemain rappela les guerriers.
Rush frmit, et sa voix gmissantes
Maudit en vain les combats meurtriers.
Olbrowu y court. Seule avec sa tristesse
Vcu! alors linquiete Kuala.