"non, tu n'as pas changé" : l'identité au temps des mémoires numériques
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Conférence le 23 juin 2011 à la Bibliothèque Alcazar de MarseilleTRANSCRIPT
"Non, tu n'as pas changé" : l'identité au temps des mémoires numériques
Cycle de conférences"L'information : une nouvelle culture ? »
ADBS, Alcazar, Marseille, 23 juin 2011Alexandre Coutant, ELLIADD, OUN, Université de Franche-Comté
[email protected]@acoutant
Diffusable sous licence Creative Commons – CC BY-SA 3.0http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/
Définir l’identité
• « Qu’est-ce que j’entends par identité ? Pour moi, c’est la cristallisation à l’intérieur d’un individu des rapports sociaux et culturels au sein desquels il/elle est engagée et qu’il/elle est amené à reproduire ou à rejeter » (Maurice Godelier)
• « Processus de construction et de reconnaissance d’une définition de soi qui soit à la fois satisfaisante pour le sujet lui-même et validée par les institutions qui l’encadrent et l’ancrent socialement en le catégorisant » (Didier Demazière et Claude Dubar)
Caractéristiques de l’identité numérique• Contenus partagés sur les différentes plateformes du
Web, notamment participatif
Caractéristiques de l’identité numérique
• Traces des nos navigations et de celles de nos semblables
Caractéristiques de l’identité numérique• Contenus partagés par d’autres
Pourquoi s’intéresser à l’identité numérique ?
• Constat : visibilité accrue et interconnexion des données, du Web 2.0 au Web2
• Conséquences– Politiques : droit à l’anonymat et transparence– Économiques : modèles d’affaires fondés sur un marché de l’exploitation
des données personnelles– Sociaux : fracture numérique– Individuels : injonction à « partager » et à systématiser sa « présence
connectée ». Instabilité identitaire et archivage des traces.
• Comment y faire face ? Exemples : – Expliquer ceci ne réduit pas l’activité sur les réseaux socionumériques– Plusieurs normes s’affrontent
Pluralité de l’identité
• Visibilité vs pluralité :– « Le « soi » cohérent, unique, cette identité
personnelle identique à elle-même en tout lieu, en toute circonstance, est en effet une illusion, mais une illusion socialement bien fondée, c'est-à-dire une illusion qui trouve de nombreux supports linguistiques, symboliques, sociaux (le nom et le prénom, les différents codes et numéros personnels, les diverses occasions verbales de reconstruction a posteriori de la cohérence d'un parcours, d'une identité, d'un "caractère"...) » (Lahire)
Pluralité de l’identité
• Contextes et rôles :– « Chaque individu tient plus d'un rôle, mais la
« ségrégation des publics » le sauve des contradictions, car, d'ordinaire, ceux devant qui il joue l'un de ses rôles ne sont pas ceux devant qui il en joue un autre, ce qui lui permet d'endosser plusieurs personnages sans en discréditer aucun » (Goffman)
• Internet a permis cette expression d’une diversité de facettes
• Interconnexion nuit à cette gestion : effondrement des contextes et pérennité
Rapport individuel à la mémoire
• Supports mnésiques sont des phénomènes anthropologiques
• Nouveauté des supports numériques :– Conservation du flux et non plus sélection du
mémorable– Changement de rôle : expression de soi vs
technique de soi– Tentation objectiviste : métriques de soi et « life
logging »– Dépossession de nos supports mnésiques
Conclusion
• Se déconnecter ?– Pas réaliste : services utiles, goût des
utilisateurs pour leur usage, évolution des rapports aux données personnelles
– Apprentissage aux rôles à adopter dans ces nouveaux cadres : médiation sociale et technique
– Développement de services clairs et maîtrisables
Pour en savoir plus• Bibliographie :
– Arnaud M., Merzeau L., « Traçabilité et réseaux », Hermès, n° 53, 2009.– Kaufmann J-C., L’invention de soi : une théorie de l’identité, Paris,
Armand Colin, 2004.– Licoppe C., L’évolution des cultures numériques, Paris, Éditions FYP,
2009.– Merzeau L., « Présence : de la gestion d’une identité à l’exercice d’une
liberté », Documentaliste, vol. 47, n°1, 2010.– Pignier N. et Lavigne M., Mémoires et Internet, Médiation et
Informations, n° 32, décembre 2010. – Stenger Thomas, Coutant Alexandre, « Ces réseaux numériques dits
sociaux ». Hermès, n° 59, avril 2011.
• En ligne :– Veille en ligne :
http://www.netvibes.com/etudereseauxsociauxnumeriques#Recherche_et_veille_TIC
– Gouvernance et Usages de l’Internet : http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?rubrique321