non à la guerre de mots

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Lettre à l'éditeur

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Page 1: Non à la guerre de mots

Non à la « guerre de mots » François Castilloux

Cette lettre est ma réaction envers l’article War of words between Reynolds and Gravelle d’Allison Loranger paru le 5 avril 2011. Étant un intellectuel en communication et en argumentation, j’ai senti le besoin d’intervenir à ce que j’appelle une révoltante « guerre de mots » carburée par

les candidats électoraux Claude Gravelle et Lynne Reynolds. Ce qui est révoltant ici n’est aucunement lié à leurs plateformes politiques, mais plus précisément au contenu de leurs arguments et de leurs comportements envers l’opposition et la critique. Parmi tous les arguments recensés par la Tribune, ces candidats semblent souvent utiliser des arguments qui décréditent leurs adversaires. Ce genre d’argument n’attaque pas l’argument de l’adversaire, mais plus précisément la personne, dans ce cas-ci, le candidat ou le parti en soi. J’encourage fortement de consulter l’article en question pour mieux comprendre ma réaction. Comparés à Gravelle et à Reynolds, ici je n’attaquerai pas ces personnes, mais plus précisément le contenu de leurs arguments et de leurs répliques, et ce, restant propre à l’argumentation. Mais avant d’approfondir le sujet, je crois qu’il est important de premièrement parler à propos des arguments qui décréditent uniquement l’adversaire et qui ont été utilisés à plusieurs reprises durant la « guerre de mots » entre Gravelle et Reynolds. Dans la discipline de la rhétorique et de l’argumentation, ce genre d’argument est appelé ad hominem et est considéré comme un argument fallacieux. Ce dernier est aussi appelé sophisme. Notez que ce genre d’attaque soulève seulement les défauts et les fautes de l’adversaire et n’explique pas pourquoi l’attaquant est un meilleur candidat que son adversaire. Par exemple, « […] I am not surprise that Lynne Reynolds is saying that my record is not good […] she’s just responding to the party line. » et « It’s a matter of record that he has voted against every initiative that is helping Nickel Belt […] ». L’attaquant éclaircit son image non en soulevant sa propre valeur personnelle, mais seulement en obscurcissant l’image de son adversaire. En d’autres mots, il pense davantage aux défauts de leur adversaire qu’à ses propres qualités. Si l’attaquant ne peut soulever ses propres qualités sans décréditer son adversaire, c’est peut-être parce qu’il n’en a aucun à l’esprit… Par ailleurs, utiliser ce genre d’argument une fois est déjà insultant. L’utiliser répétitivement est de l’hostilité verbale. Lorsque quelqu’un utilise répétitivement, ou pire, seulement ce genre d’argument, cela provoque la colère. La

colère n’est aucunement constructive à une discussion ou un débat. L’hostilité verbale provoque autant la colère chez l’adversaire, dans ce cas-ci, le candidat que la pensée constructive. La colère et l’hostilité verbale doivent être évitées à tout prix pour réaliser un débat propre et constructif. La « guerre de mot » entre Gravelle et Reynolds n’est pas une exception. Au lieu de maitriser une opinion contraire et une critique, les deux candidats ont riposté avec le même genre d’arguments fallacieux. De plus, la colère embrouille la clarté du jugement : la colère est donc une menace au jugement particulièrement lorsque ce jugement recherche le pouvoir. Voulons-nous donner le pouvoir à un candidat dont le jugement semble être facilement influencé par la colère? Devons-nous répéter l’histoire et laisser un jugement qui est embrouillé par la colère monter au pouvoir? Cela sont les raisons pourquoi je considère révoltante cette « guerre de mots » entre Gravelle et Reynolds, et ce, particulièrement lorsque ceux-ci recherchent chacun le pouvoir. Selon les arguments seulement recensés par la Tribune, Reynolds a employé clairement 5 arguments fallacieux ad hominem sur 6 arguments. Et lorsque Gravelle a la chance de répliquer avec de meilleurs arguments constructifs, il réplique en utilisant le même genre d’arguments fallacieux : 6 parmi 8 arguments. Un candidat idéal n’a pas besoin de riposter en décréditant son adversaire. Un candidat idéal est tellement convaincu de ses propres qualités qu’il ne sent pas le besoin de décréditer l’opposition et les opinions contraires. D’une autre part, si Gravelle et Reynolds réagissent avec hostilité en utilisant des arguments fallacieux contre un adversaire ou une critique, nous devons imaginer comment ils vont réagir, une fois au pouvoir, devant la critique du public. Utiliser répétitivement des arguments ad hominem est non-constructif, hostile et même enfantin. Malheureusement, notez que même beaucoup de publicités électorales à la télévision et le débat des chefs utilisent aussi ce même genre d’approche. Ce comportement n’est pas celui d’un député idéal. Ça nous indique le genre de comportement qu’ils ont au Parlement… Pour terminer, j’aimerai compléter le dernier argument de Lynne Reynolds : « Nickel Belt citizens deserve better ». Là-dessus, je suis d’accord avec elle. Les citoyens de Nickel Belt et les Canadiens méritent certainement mieux : ils méritent un député qui a de bonnes idées et qui argumente de façon constructive et non avec des arguments fallacieux et de l’hostilité verbale. Un député qui se concentre davantage à la construction d’idées qu’à riposter en décréditant l’opposition...