•n. battani, marie-daniel chambost, marcel leandri

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Note CEA-N-1184 - Institut d'Hygiène Tropicale et de Médecine Sociale Faculté de Médecine de Marseille et Commissariat à l'Energie Atomique Département de la Protection Sanitaire Centre d'Etudes Nucléaires de Fontenay-aux-Roses CONSIDERATIONS D'HYGIENE ALIMENTAIRE DANS LE CAS DE MOULES CONTAMINEES ACCIDENTELLEMENT PAR L'IODE 131 par •N. BATTANI, Marie-Daniel CHAMBOST, Marcel LEANDRI Septembre 1969 - CEA-N-1184

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Page 1: •N. BATTANI, Marie-Daniel CHAMBOST, Marcel LEANDRI

Note CEA-N-1184 -

Institut d'Hygiène Tropicale et de Médecine SocialeFaculté de Médecine de Marseille

et

Commissariat à l'Energie AtomiqueDépartement de la Protection Sanitaire

Centre d'Etudes Nucléaires de Fontenay-aux-Roses

CONSIDERATIONS D'HYGIENE ALIMENTAIRE

DANS LE CAS DE MOULES CONTAMINEES

ACCIDENTELLEMENT PAR L'IODE 131

par

•N. BATTANI, Marie-Daniel CHAMBOST, Marcel LEANDRI

Septembre 1969 -

CEA-N-1184

Page 2: •N. BATTANI, Marie-Daniel CHAMBOST, Marcel LEANDRI

Institut d'Hygiène Tropicale et de Médecine SocialeFaculté de Médecine de Marseille

et

Commissariat à l'Energie AtomiqueDépartement de la Protection Sanitaire

Centre d'Etudes Nucléaires de Fontenay-aux-Roses

CONSIDERATIONS D'HYGIENE ALIMENTAIRE

DANS LE CAS DE MOULES CONTAMINEES

ACCIDENTELLEMENT PAR L'IODE 131

par

N. BATTANI, Marie-Daniel CHAMBOST, Marcel LEANDRI

Page 3: •N. BATTANI, Marie-Daniel CHAMBOST, Marcel LEANDRI

CONSIDERATIONS D'HYGIENE ALIMENTAIRE

DANS LE CAS DE MOULES CONTAMINEES

ACCIDENTELLEMENT PAR L'IODE 131

Institut d'Hygiène Tropicale et de Médecine SocialeFaculté de Médecine de Marseille (Prof. J. SAUTET)

La pollution accidentelle par radioéléments en milieu marin pourrait

contribuer à l'augmentation du taux de radioactivité de la flore et de la'

faune marine.

Les vecteurs de cette pollution ne sont point spécifiques, car son

mécanisme est directement calqué sûr la physiologie normale de ces orga

nismes et l'état physico-chimique des éléments stables dans l'eau de mer.

Les travaux expérimentaux dans ce domaine ont de multiples buts =

entre autres ils permettent une analyse plus fine des phénomènes physiolo

giques et physico-chimiques intervenant dans le milieu marin, et la

sélection d'indicateurs biologiques à fort pouvoir de concentration pour

détecter d'une manière plus souple un taux de pollution assez bas .

Mais la préoccupation d'un hygiéniste est aussi le transfert à l'homme des

pollutions par la voie des chaines alimentaires.

Nous avons voulu dégager un point de ce transfert, dans le cas parti

culier suivant = après une contamination de Mytilus galloprovincialis par

l'Iode 131, dont les paramètres ont été dégagés dans des travaux antérieurs

(1 à l8), nous avons voulu suivre la destinée de ce radionuclide dans une

préparation culinaire de ces moules.

I. PROTOCOLE EXPERIMENTAL

Pour trouver les meilleures conditions de mesures possibles, les

opérations se sont déroulées ainsi :

Des moules (Mytilus galloprovincialis) de tailles et poids divers

(15 à ^5 g) pour une représentation statistique plus fidèle dans les

résultats expérimentaux, sont contaminées par de l'eau de mer naturelle

additionnée de 10 microcuries par litre d'Iode 131, au départ, deux litres

•de ïolution étant utilisée par animal en moyenne, à une température de

20°C i 2°C. Quatre jouirs après le début des contaminations, en surveil

lant par des comptages quotidiens des animaux et des solutions que nous

x Travail effectué dans le cadre d'un contrat unissant^ le CE.A. (DépartementProtection Sanitaire) et l'I. R. A. M. I. R„ (Faculté de Médecine de Marseille)

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tendons vers un maximum d'activité chez les animaux, on procède au

préalable à un comptage des moules normales.

Ces fruits de mer sont alors séparés en deux lots de 6 moules chacun^

"•«• l'un dont les animaux sont séparés de leur coquille, leur corps et leur

liquide interne, étant seuls recueillis pour la préparation culinaire,

- l'autre dont les animaux sont conservés entiers pour la préparation.

Ces deux lots sont alors préparés suivant une recette culinaire de

moules marinières, mais avec deux variantes !

1°. L'une de ces variantes consiste à faire cuire les lots avec seulement

des ingrédients solides en quantités pondéralement négligeables ( lg de selmarin, 5 g de persil + ail, 6,5 g de margarine)

2°. L'autre ou les deuxJrts sont, introduits dans un milieu liquide decomposition suivante :

100 g d'eau

18 g d'alcool 100 %

1 g de sel marin

5 g de persil + ail

6,5 g de margarine

Les poids totaux sont :

1er lot s 30,5 g ( 6 moules sans coquille )

2eme lot «120,35g (6 moules entières)

Ensuite dans les deux expérimentations après cuisson nous effectuonsdes comptages

1°/ Animaux des 2 lots (entiers ou corps cuits) et sur les coquilles nontraitées du 1er lot.

2°/ Sur le milieu liquide obtenu par cuisson de 10 mn.

En effectuant un bilan, il nous est possible de connaître statistiquement sur un animal "moyen", les pertes en Iode 131 subies par les diversesparties de l'animal dans les deux modes de cuisson envisagés •

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II.

RESULTATS

EXPERIMENTAUX

Milieu

concentré

Milieu

dilué

Corps

1222%

•s^.

Liquide

:Coquille

Corps

12+2

%•:

7629%

:21,05

27,1%

26,6

27,4

%

-J*v_

Liquide

:Coquille

:Différentes

parties:

:"de

î^animal

:

**Répartitioninitia-]

[lemoyenne

del'Iode*

21,05

27,1

%i5

7,82

14,3

S*!1?1

(pour

1f81

L1;ts

î*

.*'

'et

ram

en

ée

a1

00

%

"pourl'animal

entier\

19,53-

6,6%

_>• 'Pertes

totales

*

[moyennes

(résultats

[[pour

animaux

entiers"

•"=

2eme

lot)

",_>*.

17,8

29%

del'activité

totale

initiale

:19,l6

-7*4

%de

l'activité

totale

initiale

:Pertes

ducorps

:.

.%.

________________________

j«+liquide

interne

:-—•—-—

""-"•••"

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--—

——

••:(résultats

pour

•:

:%

de

l'activitéinitiale,

corps

+:animaux

décoquillés

:liquide

*:=1er

lot)

t73

211

%de

l'activité

initiale,

corps+

:48-

c,c>

'liquide

;

5626%

100

%•9,6

23f9%

:o%

Corps

Liauide

Coquille

Corps

100

%

Liquide

0%

Coquille

.Pertes

spécifiques

i:nettes

(ramenées

às

:.1O0

%initial)

:

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4 -

III. DISCUSSION ET CONCLUSIONS

Dans cette expérimentation, nous mettons à jour les ordres de grandeur

des stabilités des complexes biologiques invoqués dans la contamination

radioactive des Moule.s (Mytilus galloprovincialis) par l'Iode 131. Le liquide

interne est lf entité la moins stable, car à la cuisson il est rejeté en

bloc dans le milieu extérieur par simple diffusion résultant de l'ouverture

des valves de l'animal. L« corps libère l'iode sous forme ionique dans le

milieu extérieur, car à la température de la cuisson il y a thermolyse partielle

des protéines iodées et donc déplacement d'un, équilibre de membrane de Donnan

dans le sens de la libération des iodiures et autres formes ioniques simples

de l'iode dans le milieu de cuisson. La coquille dont l'iode est solidement

fixé par adsorption ne rejette l'iode que dans des conditions opératoires

telles qu'elles favorisent la désorption. • -

Or dans les conditions différentes des deux expérimentations, on voit

qu'à chauffage égal,, c'est dans le milieu concentré que l'élévation de tempé

rature est la plus forte, ce milieu ayant une masse calorifique nettement

plus faible ; et nous voyons que c'est dans celui-ci que la coquille se désorbe

légèrement de son iode., et qu'il y a thermolyse des protéines iodées.

Il ne faudrait pas toutefois négliger le caractère statistique de nos

résultats., car nous ne pouvons pas prétendre que dans le 2ème milieu il n'y

a pas rigoureusement pertes d'Iode 1|1 du corps et de la coquille, mais ces

pertes sont faibles et négligeables en première approximation.

Les conclusions pratiques de ce travail pour un hygiéniste sont :

d'une part les animaux tels que les moules retirées d*un milieu pollué parl'Iode 131 présentent un. risque plus grand, quand elles sont crues, de conta

mination externe, au toucher, par la coquille, que de contamination interne

par ingestion du corps et du liquide intravalvulaite.

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D'autre part par cuisson, suivant le milieu de préparation considéréet la température atteinte, le risque de contamination interne peut s'aggraver, événement qui se produit lorsqu'on cuit simplement les animaux sansajouter de sauce liquide et à feu très fort.

Il ne faut pas non plus oublier que les risques de contamination internepeuvent être aggravés si les ingrédients ajoutés recèlent un taux d'Iodestable assez important et que le temps de cuisson se prolonge, car il yaurait alors échange isotopique des iodes, même au niveau de la coquille où1»équilibre d'absorption-désorption

i7.-i * 127 1 131 _ « , 12?131 j• « + \*t I stable v I + I

phase phase *~ — phase phasesolide liquide liquide solide

peut être déplacé facilement dans le sens. 1., dans ces conditions.

Manuscrit reçu le 23 juillet 1969

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Edité par

le Service Central de Documentation du CE.A.

Centre d'Etudes Nucléaires de SaclayBoîte Postale n° 2

91 - GIF-sur-YVETTE (France)