mohammed arkoun et le maghreb pluriel : pour une approche

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Insaniyat n° 43, janvier – mars 2009, pp. 69-79 69 Mohammed Arkoun et le Maghreb pluriel : pour une approche scientifique Abdallah BAKOUCHE * Objet de recherche/problĂ©matique S’inscrivant en faux contre les discours “officiels” nationalistes et/ou des Ă©lites aristocratiques citadines, qui privilĂ©gient dans la culture- identitĂ©-personnalitĂ© maghrĂ©bines les attributs arabe et islamique (quasi exclusivement), soit deux mĂ©moires valorisĂ©es et activĂ©es, quoique opportunĂ©ment associĂ©es Ă  d’autres “mĂ©moires” (i. e. berbĂšre), Mohammad Arkoun dĂ©fend plutĂŽt une dĂ©finition socio-anthropologique des composantes de la culture maghrĂ©bine. A cet effet, il se donne pour tĂąche de valoriser et d’intĂ©grer toutes les Ă©tapes historiques, a fortiori marquantes, que traversa le Maghreb, c’est-Ă -dire latino-romaine, arabo-islamique, turque, française et nationale. LĂ  oĂč les “Pouvoirs centralisateurs” dĂ©fendent et partant justifient une unitĂ© culturelle, soucieuse d’intĂ©gration sociale et politique, M. Arkoun se dĂ©fie de l’“idĂ©ologique”, et oppose le modĂšle d’une sociĂ©tĂ© maghrĂ©bine plurielle, dans ses expressions et ses “mĂ©moires”, assumant pleinement ses hĂ©ritages historico-culturels, malgrĂ© les “ruptures” historiques, Ă  la faveur de la diversitĂ©, et des contrastes, richement Ă©ducatifs. Sa dĂ©marche vise surtout Ă  valoriser les cultures dites “populaires”, sans Ă©critures, injustement opposĂ©es Ă  la culture “savante”, dominante et souvent solidaire de la “raison d’Etat” 1 . A ce titre, son discours * Docteur en Langues, cultures et civilisations de l’Orient. 1 Notre prĂ©sente Ă©tude est essentiellement basĂ©e sur les articles-programmatifs de Arkoun, M. suivants, soit : “Les fondements arabo-islamiques de la culture maghrĂ©bine”, reproduit in Penser l’Islam aujourd’hui, Alger, Ă©d. Laphomic/Enal, 1993 [1re 1986], pp. 207-221 ; “Penser l’histoire du Maghreb”, pp. 48-50. ; “Aux origines des cultures maghrĂ©bines”, pp. 131-134; “L’Islam et le Maghreb, une histoire qui reste Ă  Ă©crire”, in L’Etat du Maghreb, sous la dir. de Camille et Yves Lacoste, Paris, La DĂ©couverte, 1991. ; “Langages, sociĂ©tĂ©s et Religion dans le Maghreb indĂ©pendant”, in

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Insaniyat n° 43, janvier – mars 2009, pp. 69-79

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Mohammed Arkoun et le Maghreb pluriel : pour une approche scientifique

Abdallah BAKOUCHE*

Objet de recherche/problĂ©matique S’inscrivant en faux contre les discours “officiels” nationalistes et/ou

des Ă©lites aristocratiques citadines, qui privilĂ©gient dans la culture-identitĂ©-personnalitĂ© maghrĂ©bines les attributs arabe et islamique (quasi exclusivement), soit deux mĂ©moires valorisĂ©es et activĂ©es, quoique opportunĂ©ment associĂ©es Ă  d’autres “mĂ©moires” (i. e. berbĂšre), Mohammad Arkoun dĂ©fend plutĂŽt une dĂ©finition socio-anthropologique des composantes de la culture maghrĂ©bine. A cet effet, il se donne pour tĂąche de valoriser et d’intĂ©grer toutes les Ă©tapes historiques, a fortiori marquantes, que traversa le Maghreb, c’est-Ă -dire latino-romaine, arabo-islamique, turque, française et nationale. LĂ  oĂč les “Pouvoirs centralisateurs” dĂ©fendent et partant justifient une unitĂ© culturelle, soucieuse d’intĂ©gration sociale et politique, M. Arkoun se dĂ©fie de l’“idĂ©ologique”, et oppose le modĂšle d’une sociĂ©tĂ© maghrĂ©bine plurielle, dans ses expressions et ses “mĂ©moires”, assumant pleinement ses hĂ©ritages historico-culturels, malgrĂ© les “ruptures” historiques, Ă  la faveur de la diversitĂ©, et des contrastes, richement Ă©ducatifs. Sa dĂ©marche vise surtout Ă  valoriser les cultures dites “populaires”, sans Ă©critures, injustement opposĂ©es Ă  la culture “savante”, dominante et souvent solidaire de la “raison d’Etat”1. A ce titre, son discours * Docteur en Langues, cultures et civilisations de l’Orient. 1 Notre prĂ©sente Ă©tude est essentiellement basĂ©e sur les articles-programmatifs de Arkoun, M. suivants, soit : “Les fondements arabo-islamiques de la culture maghrĂ©bine”, reproduit in Penser l’Islam aujourd’hui, Alger, Ă©d. Laphomic/Enal, 1993 [1re 1986], pp. 207-221 ; “Penser l’histoire du Maghreb”, pp. 48-50. ; “Aux origines des cultures maghrĂ©bines”, pp. 131-134; “L’Islam et le Maghreb, une histoire qui reste Ă  Ă©crire”, in L’Etat du Maghreb, sous la dir. de Camille et Yves Lacoste, Paris, La DĂ©couverte, 1991. ; “Langages, sociĂ©tĂ©s et Religion dans le Maghreb indĂ©pendant”, in

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“scientifique”, Ă  la fois ambitieux, exigeant et rigoureux, est anticipateur, et Ă  certains Ă©gards subversifs. Il prend les traits d’un “projet intellectuel exhaustif”, audacieux et laborieux, s’inscrivant sur le long terme, et nĂ©cessitant la collaboration de nombreuses Ă©quipes de chercheurs.

Les rĂ©centes “ouvertures” des RĂ©gimes politiques [centralisateurs]; le cheminement vers la modernitĂ© matĂ©rielle et intellectuelle ; le phĂ©nomĂšne de la mondialisation, la confrontation aux diffĂ©rentes crises sociales, seraient-ils autant de facteurs qui favoriseront la recherche d’autres reprĂ©sentations, quant Ă  la prise en charge de “nouveaux projets culturels” dans le Maghreb post-indĂ©pendance ? Quelles sont les chances de rĂ©ussite et quels sont les milieux qui seraient susceptibles d’ĂȘtre rĂ©ceptifs au “projet culturel/intellectuel exhaustif” de M. Arkoun ? 2

HĂ©ritages historico-culturels : Ă©tat des lieux Contrairement, donc, Ă  la conception nationaliste et aux discours

militants [islamistes], qui rĂ©duiraient les “composantes/fondements” de la culture maghrĂ©bine Ă  deux dimensions arabe et islamique “exclusives”, d’un point de vue anthropologico-sociologique, M. Arkoun postule l’existence de “trois cultures” au moins, correspondant Ă  trois langues, qu’il conviendrait de dĂ©terminer par des enquĂȘtes sociologiques, afin de mieux cerner leurs aires et milieux sociologiques oĂč elles prĂ©dominent. A savoir le berbĂšre avec ses variantes dialectales (Chleuh, Rifain, Mozabite, kabyle, Nefussi), essentiellement pratiquĂ© dans des rĂ©gions parfois d’accĂšs difficile : montagnes de Kabylie, les AurĂšs, Atlas et Rif marocains, Oasis, Mzab, dĂ©sert du Fezzan. La langue arabe prĂ©sente un niveau Ă©crit et savant avec ses dialectes non Ă©crits. Dominant par l’écrit, l’arabe mĂ©dian est essentiellement reprĂ©sentĂ© par des “classes citadines”, enracinĂ©es dans de vieilles

Collectif, Les Cultures du Maghreb, sous la dir. Maria-Angels Roque, Paris, L’Harmattan, 1996, pp. 83-108. Et secondairement, nous rĂ©fĂ©rons Ă  ses autres Ă©crits, en rapport direct avec notre thĂšme. 2 En effet, le combat menĂ© par M. Arkoun - depuis quelques dĂ©cennies- semble porter ses fruits Ă  la faveur des transformations nationales et mondiales. L’auteur s’en fĂ©licite : « Il a fallu attendre l’avĂšnement de Mohammed VI au Maroc pour qu’à une langue rĂ©duite Ă  l’existence prĂ©caire de simples dialectes soit reconnue une existence officielle comme composante du patrimoine national. L’AlgĂ©rie s’est dĂ©cidĂ©e Ă  aller dans le mĂȘme sens aprĂšs des refus radicaux », voir son article (1995), rĂ©Ă©crit rĂ©cemment, « Aux origines des cultures maghrĂ©bines », in, Maghreb : Peuples et Civilisations, sous la dir. Camille, E. et Lacoste, Y., 2 Ă©d. 2004, p. 85.

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traditions arabe et islamique, ou nouvellement promues Ă  des fonctions politiques et Ă©conomiques. Enfin le français que l’auteur qualifie de langue des “super-Ă©lites” chargĂ©e de gĂ©rer les secteurs Ă©conomiques modernes, conserve par ailleurs, une place importante dans les milieux scolaire, universitaire et mĂ©diatique. ParallĂšlement, les usagers du français se trouvent engagĂ©s dans un rapport compĂ©titif avec les arabophones. Encore, d’un point de vue ethno-anthropologique l’auteur souligne le caractĂšre trĂšs mĂ©diterranĂ©en marquant le Nord du Maghreb, surtout la bande du Tell3. En ce sens, il invite Ă  explorer la dimension mĂ©diterranĂ©enne de la personnalitĂ© maghrĂ©bine, en l’occurrence la richesse de la littĂ©rature et de l’architecture latines, la splendeur de l’Eglise d’Afrique pour ainsi restaurer la solidaritĂ© des MaghrĂ©bins avec le monde mĂ©diterranĂ©en. Relativement au Sud, il met en exergue l’appartenance du Maghreb Ă  la “civilisation du dĂ©sert”, qui constitue une rĂ©alitĂ© vivante et enrichissante.

Au terme de cette Ă©numĂ©ration des composantes fondamentales des “profondeurs” du Maghreb, aussi sommaire soit-elle, nĂ©cessitĂ©e par l’exposĂ©, Arkoun nous engage Ă  prendre conscience de l’immense travail de recherche scientifique et de rĂ©flexion Ă  entreprendre, en vue de protĂ©ger, conserver, rĂ©habiliter, revaloriser les diverses expressions et diffĂ©rentes cultures au Maghreb contemporain.

Grandes ruptures : “refoulements” et “oublis” Avant d’exposer les grands axes du projet culturel “scientifique”,

que propose M. Arkoun, en vue de prendre en charge intellectuellement l’histoire et les cultures au Maghreb contemporain, et partant de discuter opportunĂ©ment ses positions, nous ne pouvons faire l’impasse sur ses observations critiques, de portĂ©e socio-anthropologique, qui sont autant de prĂ©alables Ă  une rĂ©Ă©criture moderne de l’histoire du Maghreb, menĂ©s Ă  l’aide de concepts opĂ©ratoires, tels que “impensĂ©s”, “oublis”, etc.

ProcĂ©dant Ă  une “psychologie de l’histoire”, M. Arkoun Ă©voque les “ruptures” dans le long parcours du Maghreb, ayant par consĂ©quent induit des “refoulements” et “oublis”, se traduisant ainsi par les “hĂ©ritages atrophiĂ©s”, Ă  la faveur de mĂ©moires “sĂ©lectives” et partant “orientĂ©es”. Ainsi, il considĂšre que l’Histoire du Maghreb est fragmentĂ©e et lacunaire, car trop marquĂ©e par les dispersions et les 3 Arkoun, M., “Aux origines des cultures maghrĂ©bines”, in L’Etat du Maghreb, pp. 131-132. ; cf. aussi : “ActualitĂ© d’une culture mĂ©diterranĂ©enne”, in Penser l’Islam aujourd’hui, pp. 185-205.

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ruptures culturelles, aussi bien dans ses sources que dans ses phases historiques : romaine, arabe, turque, française, nationale. De telles discontinuitĂ©s gĂ©opolitiques se traduisent par des “refoulements” collectifs dans chaque pĂ©riode historique4.

L’HĂ©ritage savant : Histoire-langues-cultures Dans les articles-programmatifs mentionnĂ©s, M. Arkoun invite donc,

Ă  une rĂ©Ă©criture de l’histoire du Maghreb contemporain, et surtout Ă  la repenser. Parmi les obstacles â€œĂ©pistĂ©mologiques” qui ne cessent de retarder l’avĂšnement d’une Ăšre de “rĂ©Ă©valuation critique” des composantes historico-culturelles, sociologiques et anthropologiques des sociĂ©tĂ©s maghrĂ©bines, l’auteur met en cause les “dĂ©rives” vers un “Islam militant” et un “arabisme abstrait et intolĂ©rant”, accentuĂ©s aprĂšs les indĂ©pendances.

Par ailleurs, il marque sa distance avec ce qu’il appelle les “deux dogmatismes” opposĂ©s, successifs, Ă  savoir la “science coloniale” et la “science nationaliste”, et engage les protagonistes Ă  une “exigence scientifique”, soucieuse de rĂ©tablir les “droits de la connaissance”.

Il place les “sciences humaines et sociales” au coeur de sa dĂ©marche afin de repenser l’“espace maghrĂ©bin”, Ă  l’aide des modifications des programmes d’enseignements scolaires et universitaires ; ainsi que les discours ambiants. A titre d’illustration de sa relecture historique critique de l’“espace maghrĂ©bin”, il trouve injustifiĂ© et arbitraire d’évacuer la prĂ©sence “latino-romaine”, passage pourtant si riche dans ses expressions et oeuvres civilisationnelles ayant marquĂ© l’espace maghrĂ©bin5. En ce sens, malgrĂ© la “rĂ©sistance africaine” Ă  la romanisation, et bien que la “science coloniale” ait fait un usage politique de cette Ă©poque, il rĂ©cuse la “science nationaliste” qui rend impensable le “Maghreb romain”, effaçant ainsi une mĂ©moire porteuse de la dimension mĂ©diterranĂ©enne, qui Ă  l’extrĂȘme participerait de l’“identitĂ© maximale” du Maghreb; outre les dimensions arabe et islamique. Par lĂ , il dĂ©nonce la rupture des pays maghrĂ©bins, du moins

4 Voir Langues, société et religion dans le Maghreb indépendant, in Les Cultures maghrébins, op. cit., pp. 86-89. 5 A titre indicatif, voir, Février Paul-Albert, Approches du Maghreb romain, Edisud, Aix-en-Provence, t. I, 1989 ; t. II., 1990.

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l’AlgĂ©rie avec ses “ressources anthropologiques, gĂ©o-historiques, et gĂ©opolitiques”6.

Par contraste, il serait intĂ©ressant de confronter la vision arkounienne avec d’autres analyses historiques, Ă©manant de quelques intellectuels maghrĂ©bins de sensibilitĂ©s diffĂ©rentes, sans parler de l’historiographie officielle, qui Ă©valuent plutĂŽt « nĂ©gativement » la prĂ©sence romaine au Maghreb. D’abord, nous trouvons particuliĂšrement Ă©loquente la vision quoique Ă©crite sous domination coloniale d’un Aly El-Hammamy : “Rome puis Byzance gouvernĂšrent l’Afrique du Nord au pas de parade. SĂ©nateurs rĂ©gnant sur leurs chaises curules ; CĂ©sars aux fronts laurĂ©s : Imperators drapĂ©s de leur pourpre divine [...] Scipion, Marius, Scylla, CĂ©sar, Auguste, y brillĂšrent d’un fulgurant et rapide Ă©clat. Rome eut en Afrique tout ce qu’elle voulut : villes, capitoles, arcs de triomphe, thĂ©Ăątres, arĂšnes, thermes, aqueducs, casernes, monuments, statuts [
]. Mais, elle n’eut pas autre chose. Sa politique n’était pas de celles qui eussent pu gagner le coeur du BerbĂšre”.

LĂ  oĂč M. Arkoun exalte la splendeur d’une littĂ©rature latine, sans aucun doute riche en elle-mĂȘme, et appelle Ă  mettre en lumiĂšre le rayonnement de l’Eglise d’Afrique, A. El Hammamy a relevĂ© que dans l’ensemble la premiĂšre laissa le BerbĂšre “froid et indiffĂ©rent”, pour n’avoir touchĂ© que quelques fractions isolĂ©es de la population berbĂšre; et la seconde entacha sa mission, rendant Ă©quivoque la “vĂ©ritĂ©â€, et surtout rĂ©tablit l’“esclavage” dont l’abolition avait Ă©tĂ© l’une des finalitĂ©s sociales du Christianisme. Et El Hammamy d’évoquer la fameuse rĂ©bellion de Donat le berbĂšre, Ă©vĂȘque schismatique de Carthage (IV s. J.-C.) ; contrairement Ă  Saint-Augustin : “il ne trahissait pas ses obligations morales”7.

Quant Ă  A. Laroui, l’érudition de son Histoire du Maghreb, Essai de synthĂšse (1970), a Ă©tabli tout simplement que par deux fois, l’ascension du Maghreb a Ă©tĂ© entravĂ©e, d’abord, Ă  cause de l’occupation romaine, et ensuite avec l’intervention française. Enfin, et pour rompre avec l’histoire-rĂ©cit, Ă  relent idĂ©ologique, tant dĂ©criĂ©e par M. Arkoun, nous rapportons un autre point de vue sur le rapport des MaghrĂ©bins avec leur passĂ©, en termes d’“imaginaire religieux et social”. En effet, Mohamed Talbi relĂšve le fait que la Tunisie de son cĂŽtĂ© avait connu une histoire trĂšs contrastĂ©e pendant plus de quatorze siĂšcles [berbĂšre, 6 Voir supra “Aux origines des cultures maghrĂ©bines”, in L’Etat du Maghreb, pp. 133. ; entretien avec M. Arkoun, in Le Monde Arabe dans la Recherche Scientifique”, n ° 5, 1995, p. 11. 7 El Hammamy, Ali, Idriss (Roman historique Nord-Africain), rĂ©Ă©d, Alger, Entreprise Nationale du Livre, 1988, pp. 27-30.

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punique, romaine, judĂ©o-chrĂ©tienne], mais Ă  l’issue de sa rencontre [ainsi que le Maghreb] avec la civilisation arabo-islamique, les civilisations antĂ©rieures sont devenues “inopĂ©rantes dans notre identitĂ© et nos appartenances”, parce qu’“elles ont dĂ©sertĂ© notre mĂ©moire individuelle et collective et n’agissent pas sur notre comportement”, pour ĂȘtre ainsi vouĂ©es Ă  une “histoire morte pour la plupart de nos concitoyens”. Depuis, seule la dimension arabo-islamique “remplit la mĂ©moire et enflamme l’imagination”, a fortiori quand elle “n’est pas contrĂŽlĂ©e par la science”, si bien que l’“imaginaire islamique ou arabe, ou arabo-islamique” n’a pas cessĂ© d’ĂȘtre le moteur de la Tunisie8.

Pour notre part, nous observons que malgrĂ© les tentatives de “manipulation de l’histoire”, auxquelles tous les Etats et Nations ne sont pas Ă  l’abri, nous comprenons l’attitude “gĂ©nĂ©reuse” de M. Arkoun de vouloir intĂ©grer tous les “hĂ©ritages” ayant affectĂ© l’“espace maghrĂ©bin”. A dĂ©faut d’exalter l’Ɠuvre romaine dans la littĂ©rature maghrĂ©bine contemporaine, par ailleurs justiciable de “l’Histoire, ce tribunal des Nations”, nous demeurons rĂ©ceptif Ă  sa dĂ©marche de rĂ©activer la solidaritĂ© des MaghrĂ©bins avec le monde mĂ©diterranĂ©en. Aussi, sommes-nous sensible Ă  sa dĂ©marche “scientifique” qui se veut loin des Ă©vocations nostalgiques, et de la vision conventionnelle, dans le but de potentialiser rĂ©ciproquement le “pensĂ©â€ et l’“impensĂ©â€, parce que servant une mĂȘme finalitĂ©, Ă  savoir apporter un maximum d’éclairage sur des rĂ©alitĂ©s, en l’occurrence Ă  l’histoire des Nations maghrĂ©bines, au-delĂ  des tabous et des dogmes.

L’HĂ©ritage “oral” : Dialectes-cultures-Islam “populaires” Poursuivons l’exposĂ© des observations critiques de M. Arkoun en

matiĂšre de politique linguistico-culturelle appliquĂ©e au Maghreb. Dans l’article-programmatif, consacrĂ©e aux Cultures du Maghreb, l’auteur affiche une intention de “dĂ©dramatiser la question linguistique”. Il y invite Ă  poser les vrais problĂšmes qui conditionnent l’entrĂ©e du Maghreb dans une modernitĂ© curieuse de considĂ©rer Ă©galement toutes les expressions culturelles. S’il souligne que l’“arabe” comme langue officielle est un fait indiscutable, en revanche, il engage les pays maghrĂ©bins Ă  revoir les mĂ©thodes, les domaines et Ă  soumettre davantage l’arabisation Ă  la recherche et aux dĂ©cisions communes, par delĂ  les contingences politiques changeantes. Il s’appesantit surtout sur le phĂ©nomĂšne de la diglossie qui Ă©largit le fossĂ© entre les “lexiques 8 Talbi, M., Plaidoyer pour un Islam moderne, Tunis/Paris, Ă©d. DesclĂ©e de Brouwer, 1998, p. 38.

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scientifiques” sans cesse retravaillĂ©s par les chercheurs occidentaux et la langue “arabe”, qu’il juge “handicapĂ©e” par les usages de l’“imaginaire populiste”.

Aussi, convient-il de prĂ©ciser que cette diglossie se complique davantage, au Maghreb, en raison de la pratique de deux sortes de dialectes trĂšs vivants : les dialectes berbĂšres et les dialectes arabes. Parce que rarement Ă©crits, ces derniers reprĂ©sentent un niveau “oral”, de forme linguistique “dĂ©gradĂ©e”, souligne M. Arkoun, et corollairement produisant des cultures populaires “mĂ©prisĂ©es”, comparativement Ă  la langue arabe savante, noble et sacrĂ©e, intronisĂ©e par le triomphe de l’Etat islamique classique. Justement, c’est contre ce “mĂ©pris” des “cultures populaires exacerbĂ© par les “Etats-Nations-Partis”, qui incriminent le colonisateur d’avoir “avili’ l’arabe/savant, que M. Arkoun s’indigne9.

Dans cette confrontation, opposant les sociĂ©tĂ©s d’écritures, [dont l’archĂ©type est le Saint Coran], soutenues par l’Etat centralisateur, et les sociĂ©tĂ©s primitives/sauvages fonctionnant sur l’“orature”, l’auteur y dĂ©cĂšle un “clivage de portĂ©e anthropologique”. Ce clivage d’“essence idĂ©ologique” opposant JĂąhiliyya/ ‘ilm [gentilitĂ©/science islamique] se verra prolonger sous forme de “pensĂ©e savante/pensĂ©e domestiquĂ©e [Pouvoir central/pĂ©riphĂ©ries dissidentes]. L’opposition de ces forces est illustrĂ©e chez lui par un schĂ©ma “thĂ©orique”, en l’occurrence, un plan supĂ©rieur dominant : oĂč se solidarisent l’Etat, l’Ecriture des historiographes, thĂ©ologiens, juristes, religion officielle administrĂ©e par les “gestionnaires du sacrĂ©â€, etc. En bas, un plan infĂ©rieur dominĂ©, qui reprĂ©sente les sociĂ©tĂ©s segmentaires/orales, qui vĂ©hiculent des cultures populaires/hĂ©rĂ©tiques menacĂ©es de disparition par le secteur socio-politique officiel. Arkoun souligne que les oppositions entre Centre/marges sont rĂ©activĂ©es, voire exacerbĂ©es par le “phĂ©nomĂšne nationaliste” et la “quĂȘte de lĂ©gitimitĂ©â€, d’autant plus mis (es) Ă  l’épreuve par les dĂ©fis nouveaux (modernitĂ©, dĂ©mocratie, Ă©conomie, dĂ©mographie, technologie, etc..). Dans cette perspective, l’auteur nous engage Ă  une “rĂ©Ă©criture moderne de l’histoire de l’Islam” en gĂ©nĂ©ral, et du Maghreb en particulier10.

9 En ce sens, les combats engagĂ©s, aux prises avec les « tabous », semblent aboutir Ă  la faveur des changements politico-sociaux dans le Maghreb d’aujourd’hui. Cf. « En dĂąrija dans le texte », un article signĂ© par Yasrine Mouatarif, rendant compte du lancement d’une revue al-‘amal (en dialecte marocain), (Janvier 2006), ainsi que quelques considĂ©rations sur les rĂ©alitĂ©s linguistiques au Maroc, in L’Intelligent/Jeune Afrique, n° 2353, du 12 au 18 FĂ©vrier 2006. 10 “Penser l’histoire du Maghreb”, in L’Etat du Maghreb, op. cit., p. 49.

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SchĂ©matisĂ©e en termes de dominants et dominĂ©s, la thĂ©orie de “portĂ©e anthropologique”, affĂ©rente aux relations dialectiques entre Pouvoir central/sociĂ©tĂ©s soumises de M. Arkoun nous semble par trop tranchĂ©e. Pour nuancer cette vision “hĂ©gĂ©monique”, imposĂ©e par un “Pouvoir central”, soumettant “absolument” les sociĂ©tĂ©s segmentaires/sauvages, au fil de l’histoire, il nous paraĂźt important de rappeler quelques faits d’ordre “logique” et historique.

Tout d’abord, dĂ©fendre l’“intĂ©gritĂ©â€ des cultures orales, “sauvages”, antĂ©-islamiques, pour traiter dâ€™â€Ă©gal Ă  Ă©gal” avec la sociĂ©tĂ© dâ€™â€œĂ©criture” porteuse du Livre Saint (diffusant le ‘Ilm islamique), signifierait une impermĂ©abilitĂ© face au message/idĂ©ologie islamique et par consĂ©quent le maintien des cultures orales/“sociĂ©tĂ©s sauvages” intactes. Sinon, la “reddition” de ces derniĂšres, face aux conquĂȘtes du Pouvoir/Etat central islamique porteur de message coranique, vĂ©hiculant les “lumiĂšres”, supposerait quelques transformations, se traduisant par des concessions “consenties” par les sociĂ©tĂ©s accueillantes.

Or, envahies puis gagnĂ©es Ă  l’idĂ©al coranique/islamique et Ă  mesure que “les nouvelles lumiĂšres” Ă©clairaient les destins -autrement et a fortiori de façon crĂ©dible11, les sociĂ©tĂ©s d’accueil initialement rĂ©sistantes avaient toute latitude de voir le Pouvoir/force se muer en “autoritĂ©â€, pour reprĂ©senter dorĂ©navant une force de rĂ©fĂ©rence. D’ailleurs la distinction entre “Pouvoir” et “AutoritĂ©â€ est rĂ©appropriĂ©e par M. Arkoun, qui dans maints endroits l’évoque pour faire valoir le concept de “dette de sens” utilisĂ© par Marcel Gauchet12. Aussi est-il attestĂ© que les sociĂ©tĂ©s dites sauvages/primitives, islamisĂ©es ont opposĂ© des “rĂ©sistances” consĂ©quentes, Ă  travers leurs pratiques antĂ©-islamiques (coutumes, valeurs ancestrales, croyances antiques, etc.), et ont rĂ©ussi Ă  infiltrer le droit musulman, d’oĂč la thĂšse qui soutient une formation “laĂŻque” du droit musulman, du moins partielle. Une telle thĂšse est franchement dĂ©fendue par M. Arkoun, qu’il Ă©rige en argument majeur pour prouver la place de la “laĂŻcitĂ©â€ dans les sociĂ©tĂ©s islamiques, dĂšs la formation de l’Etat islamique classique13.

11 Entendre la rĂ©ception des « vĂ©ritĂ©s » religieuses et philosophiques qui sont autant de rĂ©ponses crĂ©dibles et des perspectives nouvelles face aux interrogations majeures : mort, place de l’homme dans l’univers, explication du monde, l’ordre social, destin de la personne, etc. 12 “LaĂŻcitĂ© et Religion : Islam, Christianisme, Occident”, in Dossiers du Centre Thomas More, Lyon, n ° 53, 1989, p. 35. 13 Voir “L’Islam et la laĂŻcitĂ©â€, in Bulletin du Centre Thomas More, Lyon, n° 24, 1978, pp. 22-25. ; L’Islam, morale et politique, Paris, Ă©d. DesclĂ©e de Brouwer, 1986, p. 114, et suiv.

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Par ailleurs, l’Islam dit populaire, qui se vit par opposition Ă  l’Islam qui s’écrit (savant), remporte visiblement la faveur de l’auteur. Il lui attribue la chaleur, la force Ă©motionnelle, l’attachement au « merveilleux » caractĂ©ristiques des peuples sans Ă©criture. Ainsi, il s’évertue Ă  valider l’expression populaire, doublement victime de l’action anti-maraboutique des rĂ©formistes musulmans, intellectualistes et littĂ©ralistes, battant son plein dans les dĂ©cennies vingt/trente/quarante du XX s. ; et des actions « rĂ©volutionnaires » des Etats islamiques, post-indĂ©pendantistes. Il reproche aux ‘UlĂ©mas de ne pas voir Ă  travers le culte des saints l’IdentitĂ© islamique fonciĂšre des groupes ethno-culturels les plus divers. Le sort fait Ă  l’Islam populaire a Ă©tĂ© plus sĂ©vĂšre quand Ă  l’action thĂ©ologique a succĂ©dĂ© l’action nationaliste, pour niveler ses bases sociales et culturelles. Si bien que le noyau religieux, poursuit-il, a subi une double dĂ©perdition : une affirmation thĂ©ologique virant en une religion-idĂ©ologie; et une expression populaire, cĂ©dant le pas aux langages stĂ©rĂ©otypĂ©s. L’ùre des saints aux Ăąmes vibrantes, des inventeurs de symboles, etc., s’est Ă©clipsĂ©e. Arkoun exige une exploitation “scientifique” de ce phĂ©nomĂšne (cf. L’Islam, hier, aujourd’hui, 1978).

Revisitant le mĂȘme domaine, deux dĂ©cennies aprĂšs, l’auteur s’intĂ©resse Ă  ce phĂ©nomĂšne dans le cadre du “fait religieux”. Il manifeste le souci de le rĂ©tablir dans ses dimensions anthropologiques, selon une dĂ©marche de “sociologie des croyances”, qui dĂ©passe Ă  la fois l’a priori thĂ©ologique, (dĂ©finition religieuse orthodoxe) et la dichotomie ethnographique (opposant l’islam populaire Ă  l’islam savant).

Que l’auteur attribue Ă  l’Islam dit “populaire” les “vraies” bases sociales et culturelles, en l’occurrence des peuples maghrĂ©bins, et l’accrĂ©dite de spiritualitĂ© “inaliĂ©nable” comparativement Ă  un Islam “officiel” mobilisĂ© idĂ©ologiquement, cela nous semble dĂ©fendable, mais dans certaines limites. Encore faut-il identifier les “authentiques” institutions confrĂ©riques et leurs saints, reprĂ©sentatifs de cet Islam populaire. Or, il est notamment Ă©tabli que la dĂ©gradation de bon nombre de ces institutions religieuses populaires, soit au point de vue de l’organisation ou de la “spiritualitĂ©â€, Ă©tait antĂ©rieure Ă  l’avĂšnement des Etats-Nations. A cet Ă©gard, le tĂ©moignage d’un Augustin Berque, faisant ressortir les abus, compromissions, perversions et naĂŻvetĂ©s est trĂšs Ă©loquent14. NĂ©anmoins, s’agissant d’établir les responsabilitĂ©s quant Ă  la dĂ©perdition de cette expression spirituelle populaire, d’“expĂ©rience du

14 “Les capteurs du divin”, in Ecrits sur l’AlgĂ©rie, “Archives maghrĂ©bines”, Aix-en-Provence, CRESM, Ă©d. Edisud, 1986, p. 85 et suiv.

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divin”, nous attirons l’attention sur le phĂ©nomĂšne irruptif, tentaculaire et quasiment imparable de la “modernitĂ©â€ qui n’a cessĂ© de bouleverser tous les secteurs des sociĂ©tĂ©s maghrĂ©bines, Ă  l’instar d’autres, lequel phĂ©nomĂšne est excellemment analysĂ© par M. Arkoun. Autres Ă©tapes, autres approches, l’Islam d’expression populaire survit aux Ă©poques colonisation/dĂ©colonisation et bĂ©nĂ©ficie de regards nouveaux, le prenant en charge dans un climat de sĂ©rĂ©nitĂ©, Ă  la faveur d’enquĂȘtes “scientifiques”. En ce sens, l’appel de M. Arkoun encourageant la production d’une littĂ©rature sociologique, psychologique, historique et anthropologique est plutĂŽt entendu, quoique par une minoritĂ©15.

En guise de conclusion Sans doute, l’origine du projet intellectuel exhaustif de prise en

charge critique de l’ensemble des hĂ©ritages maghrĂ©bins, est dictĂ©e par une rĂ©action indignĂ©e de M. Arkoun contre les usages “idĂ©ologiques” envahissants des Etats-Nations maghrĂ©bins post-indĂ©pendants. Dans les limites de cet exposĂ©, nous avons essayĂ© d’en retracer quelques grands axes, et surtout de reflĂ©ter les enjeux qu’ils soulĂšvent. Il s’agit de dĂ©finitions “rĂ©ductrices”, d’essence idĂ©ologique, qui portent essentiellement sur la culture-identitĂ©-personnalitĂ© maghrĂ©bines, et se limitent aux dimensions arabe et islamique. Il en est rĂ©sultĂ© une mĂ©moire “officielle”, sĂ©lective, occultant d’autres mĂ©moires (berbĂšre antique, africain, romain, mĂ©diterranĂ©en, tribal), Ă  cause des “ruptures” “impensĂ©es”. A titre de comparaison, l’Espagne contemporaine assume-t-elle activement la dimension islamique dans la dĂ©finition de son identitĂ© ? Sans ĂȘtre propres Ă  sa psychologie, les mutations que connaĂźt le Maghreb contemporain demeurent sujettes Ă  des dimensions plus dominantes que d’autres, et partant des mĂ©moires plus actives que d’autres, d’oĂč la prĂ©sence imposante de certains hĂ©ritages, en l’occurrence berbĂšre, arabe et islamique. Plus complexes, nous observons que les identitĂ©s stratifiĂ©es en tribale, locale, rĂ©gionale, nationale, communautaire, exclusivement islamique ou arabe, ou les deux Ă  la fois, se combinent et s’activent selon l’intĂ©rĂȘt des groupes, des niveaux culturels, des solidaritĂ©s avec l’extĂ©rieur, et des conjonctures. De ce point de vue, les dĂ©finitions dĂ©crĂ©tĂ©es par les Etats se verraient contournĂ©es d’une façon ou d’une autre. De mĂȘme, en matiĂšre de gĂ©nĂ©alogie historico-culturelle relative au Maghreb, la programmation scientifique que nous propose M. Arkoun, serait-elle

15 Cf. BabĂšs, LeĂŻla, L’Islam intĂ©rieur, passion et dĂ©senchantement, 2000.

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Mohammed Arkoun et le Maghreb pluriel : pour une approche scientifique

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assez dĂ©terminante pour changer nos imaginaires sociaux et religieux ? Ces simples observations formulĂ©es, nous conviendrons qu’il ne fait aucun doute que le pluralisme culturel que dĂ©fend le projet arkounien a le mĂ©rite de provoquer Ă  nouveau des dĂ©bats sur diverses questions culturelles qu’on croyait rĂ©glĂ©es. En fait, son oeuvre en dĂ©ploiement continu, fonctionne comme un contre-systĂšme.

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