mission yungas

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Arbres et forêts 17 septembre 2008 i ENTRE SAINT-PARDOUX ET BELVÈS, la forêt de la Bessède s’est embrasée, cinquante ans durant. Nicolas Lenartowski raconte l’histoire des derniers charbonniers, qui s’est métamorphosée en 1997. Ici, dans une ambiance de fin du monde, le cuiseur vérifie l’étanchéité du four et le bon déroulement de la cuisson du bois. PORTFOLIO Au sommet des Yungas de Philippe Psaila

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Publication dans Terre Sauvage de la mission yungas de Cafotrop.

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Page 1: Mission yungas

Arbres et forêts 17 septembre 2008

i entre saint-pardoux et belvès, la forêt de la Bessède s’est

embrasée, cinquante ans durant. Nicolas Lenartowski

raconte l’histoire des derniers charbonniers, qui s’est métamorphosée en

1997. Ici, dans une ambiance

de fin du monde, le cuiseur vérifie l’étanchéité du four

et le bon déroulement de la cuisson du bois.

PORTFOLIO

Au sommet des Yungas

de Philippe Psaila

Page 2: Mission yungas

Arbres et forêts 18 septembre 2008 Arbres et forêts 19 septembre 2008

Page 3: Mission yungas

Arbres et forêts 20 septembre 2008 Arbres et forêts 21 septembre 2008

i‑Chaleur et poussière Le site sur lequel circulent camions et grues s’est transformé, au fil des ans, en un bourbier noirâtre imprégné de charbon. Le robinet est une source indispensable dans cette ambiance de feu.

l‑maroCains, turCs, portugais... de nombreuses nationalités se côtoient autour des brasiers. Mohamed y a travaillé jusqu’en 1998. Cuiseur, il disposait la terre le long des ouvertures pour assurer l’étanchéité des fours. Il devait l’humidifier constamment. La manœuvre empêchait l’air de raviver les flammes. La combustion, lente, n’en était que meilleure.

jj‑le stoCk de bois provient d’une entreprise de

lambris. Il s’agit surtout de pin et de châtaignier, les essences principales du secteur. Le bruit

des engins réveille la forêt.

i‑remplissage des fours Au lever du jour, la fumée

de la nuit s’est dissipée. Il est temps de réapprovisionner

les monstres de fer. Au fond des fours énormes, on dispose

des rondins en damier, sur lesquels on empile les morceaux de bois.

PORTFOLIOAu sommet des Yungas

Page 4: Mission yungas

Arbres et forêts 22 septembre 2008 Arbres et forêts 23 septembre 2008

Page 5: Mission yungas

Arbres et forêts 24 septembre 2008 Arbres et forêts 25 septembre 2008

Après la Seconde Guerre mondiale, la lueur de

flammes immenses illumine chaque jour la forêt de la Bessède. Ce coin de Dordogne s’enveloppe d’un voile noir pour répondre à la demande de charbon et prend alors des accents du Nord. Des charbonniers de toutes origines s’affairent autour des fours chauffés à plus de 300‑°C. Les ouvriers, qui semblent tout droit sortis de germinal, ne se plaignent pas de la rudesse du travail. Manipulant le feu et les braises, ils pestent contre la suie, cette poussière si fine qui s’insinue partout et colle à la moindre parcelle de peau nue. Paulino, Mohammedine, Pierre... n’en finissent pas de remplir et de vider les bonbonnes d’acier. Enfin, n’en finissaient pas. Car la règlementation européenne a fait la chasse à la pollution. Le site ne rejette presque plus de fumée. Le travail des hommes s’en trouve soulagé et les flammes ont cessé d’embrasé les nuits

jj‑bouadide, le maître du feu, procède à l’allumage des fours. L’opération doit être

rapide car la qualité de la cuisson en dépend.

i‑l’enfer du brasier Huit heures durant, les fours

vont flamber et illuminer la forêt. Les cuiseurs veillent

au bon déroulement de la carbonisation en sondant les fours à l’aide de perches. Leur température atteint les 300‑°C et les fumées envahissent peu

à peu la plaine alentour.

l‑la Cuisson terminée, les fours ont été

abondamment arrosés pour être refroidis. Commence alors

le travail le plus pénible. Munis de pelles,

les charbonniers descendent dans les fours saturés

de poussière pour ramasser et évacuer le charbon.

j‑Comme le repos du guerrier Les nouvelles installations brûlent entièrement les fumées et évitent la pollution des gaz nocifs.Mais Guillaume reste grimé suite à l’opération de vidage des fours. Le charbon refroidi a été transporté jusqu’au hangar où œuvrent les femmes. Il y sera trié, concassé et mis en sacs. Si le travail de ces mineurs de surface a changé, leur foi de charbonnier reste intacte.

Les dernières gueules noires

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