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MINISTERE DE L’EDUCATION DE BASE, REPUBLIQUE DU MALI DE L’ALPHABETISATION ET DES UN PEUPLE - UN BUT- UNE FOI LANGUES NATIONALES ----------------- ---------------- MINISTERE DE L’ADMINISTRATION TERRITORIALE ET DES COLLECTIVITES LOCALES ----------------- RESEAU AGA KHAN DE DEVELOPPEMENT -----------------
Bamako 2008
CURRICULUM D’EDUCATION A LA CITOYENNETE
DANS LE NON FORMEL
2
LISTE DES ACRONYMES
AKDN :
APC :
Arts :
ACALAN :
AE :
AJM :
AMDH :
APDF :
APID :
ACDI :
ANAD :
BIE :
CED :
CNE :
CAP :
CNR-ENF :
CT :
CAF :
CAFÉ :
CAO :
CADEF :
CENAFOD :
CEPROCIDE :
CAFO :
CONEC :
CNJM :
CNEC :
CCC :
CONJDEDEV
COFEM :
DNEB :
DP :
DAE :
DCAP :
DCF :
CPDHD :
EAC : ECOMOG ou COWAS FOMADDH : FEMACAU :
GAR :
Aga Khan Développement Network/Réseau Aga Khan de Développement
Approche Curriculaire par compétences
Art plastique, Art dramatique
Académie Africaine des Langues
Académie d’Enseignement
Association des Juristes Maliens
Association Malienne des Droits de l’Homme
Association pour la Défense des Droits de la Femme
Programme d’Appui au Processus et Institutions Démocratiques
Agence Canadienne de Développement International
Accord de Non Agression et de Défense
Bureau International de l’Education
Centre d’Education pour le Développement ;
Centre National de l’Education,
Centre d’Animation Pédagogique
Centre National des Ressources de l’Education Non Formelle.
Collectivités Territoriales
Centre d’Alphabétisation Fonctionnelle
Centre d’Apprentissage Féminin
Centre Afrika Obota
Comité d’Action pour les Droits de la Femme et de l’Enfant
Centre National d’Appui et de Formation pour le Développement des
Ressources Humaines
Centre de Promotion de la Citoyenneté pour le Développement Durable à la
Base
Coordination des Associations et ONG Féminines
Coalition Nationale pour l’Education Civique
Convention Nationale des Jeunes Juristes du Mali
Campagne Nationale d’Education Civique ;
Communication pour le Changement de Comportement
Convention des Jeunes pour le Développement
Collectif des Femmes du Mali
Direction Nationale de l’Education de Base
Développement de la Personne
Directeur d’Académie d’Enseignement
Directeur de Centre d’Animation Pédagogique
Droits et Citoyenneté des Femmes
Education à la Culture de la Paix, aux Droits Humains et à la Démocratie
Education à la Citoyenneté
Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group
Forum Malien d’Appui à la Démocratie et aux Droits Humains
Fédération Malienne des Clubs, Centres et Associations
Gestion Axée sur les Résultats
3
GP/DCF :
ILAB :
IST :
IEC :
LC :
MEBALN :
MATCL :
MARD :
ONG :
OSC :
ODEF :
OMAES :
PNEC :
PRODEC :
PNUD :
RC DOSCM :
PACKOB/Care
PDCB :
PDRK :
PASED :
REFAMP :
SMT :
SH :
TPI :
UNESCO :
USAID :
VIH/Sida :
Groupe Pivot/Droit et Citoyenneté des Femmes
Institut des Langues Abdoulaye Barry
Infections Sexuellement Transmissibles
Information, l’Education et la Communication
Langues et Communication
Ministère de l’Education de Base, de l’Alphabétisation et des Langues
Ministère d’Administration Territoriale et des Collectivités Locales.
Mouvement de Réflexion et d’Action pour le Développement
Organisations Non Gouvernementales
Organisations de la Société Civile
Observatoire des Droits de l’Enfant et de la Femme
Œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel
Programme National d’Education Civique
Programme Décennal de Développement de l’Education
Programme des Nations Unies pour le Développement
Programme de Renforcement de la Culture Démocratique des Organisations
de la Société Civile au Mali.
Programme d’Appui aux Communes de Koro et Bankass/Care Mali ;
Programme d’Appui au Développement des Communes rurales du cercle de
Dioïla
Appui à la Décentralisation dans la Région de Koulikoro de la SNV ;
Programme d’Appui au Système Educatif Décentralisé;
Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires
Sciences Mathématiques Technologie
Sciences Humaines
Tribunal Pénal International
Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture
Agence des Etats Unis pour le Développement International
Virus de l’Immunodéficience Humaine / Syndrome d’Immunodéficience
Acquise
4
TABLE DES MATIERES AVANT PROPOS 5
INTRODUCTION 7
I CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE 9
1.1 De la compréhension de la citoyenneté 9
1.2 De la compréhension du concept d’éducation à la citoyenneté 10 1.2.1 L’éducation à la citoyenneté comme une socialisation démocratique : 10 1.2.2 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral personnel 11 1.2.3 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral collectif : 11 1.2.4 L’éducation à la citoyenneté comme un ‘’contrat social’’ : 12 1.2.5 L’éducation à la citoyenneté et la transdisciplinarité : 12 1.2.6 L’éducation à la citoyenneté comme préparation au patriotisme : 12
VUE GLOBALE DU CONCEPT 13
II- CONTEXTE ET JUSTIFICATION 14
2.1 ETATS DES LIEUX 16
2.2 LES FONDEMENTS 17 2.2.1. Fondements législatifs 17
2.2.2 Fondements politiques : 18 2.2.3 Fondements historiques 22 2.2.4 Fondements sociologiques 23 2.2.5 Fondements socio-économiques 23 2.2.6 Fondements socioculturels 23 227.Fondements pédagogiques 23
2.3. Réalisations 24
III Finalités, objectif général, objectifs et groupes cibles 26
3.1 Finalités 26
3.2 Objectif général 26
3.3 Objectifs spécifiques : 26
3.4 Groupes cibles 27
IV. LA METHODOLOGIE D’ELABORATION 28
4.1-L’analyse documentaire 28
4.2-Les ateliers 29
V-CONTENUS DU PROGRAMME 30
5.1 FONDEMENTS DU CURRICULUM D’EDUCATION A LA CITOYENNETE DANS LE NON FORMEL AU MALI 30
5.1.1 FONDEMENTS TECHNIQUES (LES CARACTERISTIQUES GENERALES DU CURRICULUM) 30 5.1.2 FONDEMENTS SOCIOCULTURELS 31
5.2. LES COMPOSANTES DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE 32 5.2.1 Les droits humains 32 5.2.2. La démocratie 33 5.2.3 L’environnement et le développement durable 34 5.2.4. La paix et sécurité 36
5
VI. CONTENUS DIDACTIQUES DU PROGRAMME D’EDUCATION A LA CITOYENNETE 37
VII- LES TECHNIQUES D’ANIMATION 46
VIII- MECANISME DE SUIVI ET D’EVALUATION DES ACTIVITES DU PROGRAMME. 47
8.1. Clarification des concepts 47 8.1.1. Le suivi 47 8.1.2. L’évaluation 47
8.2. Les acteurs et les niveaux de prise d’informations 50
CONCLUSION 51
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 53
6
AVANT PROPOS
Le but visé par les auteurs de ce document et le Réseau Aga Khan est
d’ouvrir l’accès à une éducation citoyenne à un nombre toujours plus grand
d’enfants, de jeunes non scolarisés ou déscolarisés et d’adultes analphabètes
(hommes et femmes), pour réduire les disparités et combattre les exclusions
de fait constatées au niveau de cette frange de la société.
Elaboré selon l’Approche par Compétences (APC), le présent document
s’articule autour de quatre composantes de la vie sociale qui sont les droits
humains, la démocratie, l’environnement et le développement durable, la
paix. Ces composantes sont déclinées en compétences dont le
développement s’opère à travers des objectifs et des contenus
d’apprentissage axés sur des thèmes.
On y distinguera d’une part les généralités à savoir l’introduction, le contexte
et justification, les composantes et thèmes, et d’autre part les compétences,
les objectifs et contenus d’apprentissage avec leur cohorte de méthodologie
d’élaboration, de techniques d’animation, de mécanismes de
suivi/évaluation et de conclusion.
En effet, l’absence d’une conscience citoyenne et la non participation des
citoyennes et citoyens à la vie sociale, politique, juridique, etc. constituent
des enjeux majeurs, malgré plus d’une décennie de pratique démocratique.
C’est ainsi que le Réseau Aga Khan Développement Network-AKDN a initié ce
programme d’éducation à la citoyenneté destiné au non formel.
Pour permettre aux diverses communautés d’exercer leurs droits et
responsabilités envers l’Etat et de consolider les avancées démocratiques
dans un contexte pluraliste, il s’avère nécessaire de relever ces défis.
De ce fait, le présent curriculum d’éducation à la citoyenneté dans le non
formel intègre les domaines de mobilisation des énergies dans une
dynamique de progrès économique, social et culturel du Mali.
7
INTRODUCTION
La vie en société a, de tout temps, été marqué par un besoin de démocratie ;
c’est-à-dire une aspiration à plus de justice, d’égalité et de solidarité. Cette
aspiration s’est traduite au XXème siècle, dans la plupart des nations, par
l’instauration d’une démocratie pluraliste.
Ainsi, ce siècle reste marqué par une démocratie pluraliste fondée sur la
protection et la promotion des droits humains. C’est aussi le siècle où le
destin des citoyens ne se joue plus au gré des seules autorités politiques.
En effet, au nom de la bonne gouvernance et de la transparence, les régimes
politiques devraient s’appuyer sur la participation de toutes les forces vives
de la nation. Nous vivons également la montée des grands regroupements
socioéconomiques, face au recul progressif des petites entités peu viables.
C’est l’ère de la consécration de l’universel c’est-à-dire celle du village
planétaire où l’éducation, la formation, la communication et l’information
sont des facteurs de survie au même titre que la nourriture. Du coup,
l’éducation à la citoyenneté comme processus d’assimilation et de
transmission de valeurs républicaines devient un thème majeur.
Sur le plan de l’encrage de la démocratie et de la décentralisation au Mali,
l’éducation à la citoyenneté est à la fois une alternative efficace et une
dynamique porteuse. Du point de vue de l’appropriation des règles et des
valeurs citoyennes, elle est un baromètre qui nous aide à jauger le niveau de
préparation du citoyen et les conditions d’émergence d’acteurs avertis de ce
vaste système qu’est la démocratie.
En effet, la démocratie a beau prôner la transparence, la bonne
gouvernance, la participation libre et consciente du citoyen à la vie publique,
la promotion des droits humains…, elle restera la chose d’une minorité sans
une mise en œuvre efficace et pérenne de l’éducation à la citoyenneté.
8
Aussi, pour que s’instaure une véritable culture démocratique stable, pour
que naisse un espace permanent et dynamique de promotion des droits
humains, il faut nécessairement promouvoir l’éducation et la formation du
citoyen.
L’initiative du Réseau aga Khan, pour le développement d’un curriculum
d’éducation à la citoyenneté destiné au non formel, s’inscrit dans l’optique de
préparation du citoyen pour sa participation responsable à la vie
démocratique.
Mais tout d’abord que faut-il entendre par la notion de citoyenneté ? Que
recouvre le concept d’éducation à la citoyenneté ?
En réponse à ces questionnements nous tenterons d’apporter les
clarifications qui s’imposent. Car l’analyse sémantique ou la
conceptualisation de la notion « d’éducation à la citoyenneté » est un
préalable méthodologique nécessaire dans le processus d’élaboration du
programme.
9
I. CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE
La compréhension du concept de citoyenneté est un préalable à la
conceptualisation de la notion d’éducation à la citoyenneté.
1.1 De la compréhension de la citoyenneté
La citoyenneté, concept aux origines lointaines, car remontant à l’antiquité
gréco-romaine, est l’appartenance juridique et politique d’un homme à la
Cité, à l’Etat. Elle est donnée aux hommes selon les principes de la
naturalisation ou de la naissance.
Selon le nouveau petit Robert (1996 : 383), le citoyen est celui qui appartient
à une cité, qui accepte et qui reconnaît la juridiction de celle-ci, qui est
habilité à jouir des droits et qui se sent astreint aux devoirs correspondants.
Cette définition met en relief d’une part, l’appartenance à une société
organisée, « la cité » et, d’autre part, l’accomplissement du devoir et la
jouissance des droits. Vu sous cet angle, la citoyenneté est la qualité de
citoyen. Notons cependant, ce n’est qu’en 1995 que l’adjectif ‘’citoyen’’
remplace l’adjectif ‘’civique’’ jusqu’alors consacré.
Le petit Larousse illustré (2005 :250) précise que la citoyenneté est la qualité
de citoyen. Situation créée par la pleine reconnaissance aux personnes de
leur statut de citoyen.
Enfin, la citoyenneté, traite donc des relations entre les citoyens (habitants
de la cité) et entre les citoyens et l’Etat, du point de vue de leurs droits et
devoirs civils et politiques.
10
1.2 De la compréhension du concept d’éducation à la citoyenneté
Il s’agit de comprendre « l‘éducation à la citoyenneté » dans son contexte
historique et politique : car, il faut le noter, l’éducation à la citoyenneté est
une donnée historique, liée à l’évolution des idées et des régimes politiques.
Yvonne Hébert et Alan Sears dans « L’éducation à la citoyenneté » définissent
« l’éducation à la citoyenneté » comme « une préparation qui permet aux
individus de participer en tant que citoyennes et citoyens actifs et
responsables à un régime démocratique ».
Cette définition ne couvre pas les dimensions et l’envergure de l’éducation à
la citoyenneté. Alors l’on admettra que l’éducation à la citoyenneté est ce
processus d’éducation qui intègre les valeurs universelles de démocratie
dans un ensemble humain intégrateur, durable et globalisant.
Elle est ce «contrat social » pour lequel le citoyen s’engage à vivre dans sa
cité en harmonie parfaite avec ses concitoyens.
Ainsi, le concept d’éducation à la citoyenneté, couvre les domaines de la vie
sociale tels que:
• les droits humains;
• l’éducation à la démocratie et la décentralisation;
• l’environnement et le développement durable ;
• la bonne gouvernance;
Vu sous cet angle, l’élucidation du concept passe nécessairement par les
dimensions suivantes :
1.2.1 L’éducation à la citoyenneté comme une socialisation démocratique :
Comme telle, elle peut être comprise comme un processus qui consiste à
assimiler, à intégrer, en vue de s’approprier les valeurs et les normes
démocratiques de sa communauté, de son pays. Cependant, cette définition
qui s’appuie uniquement sur les valeurs démocratiques est quelque peu
limitative car l’éducation à la citoyenneté peut couvrir d’autres aspects de
l’être social.
11
1.2.2 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral personnel
L’affirmation de soi, se connaître dans toutes ses dimensions, dans toutes
ses compétences de vie sociale est le premier niveau de l’éducation à la
citoyenneté (l’individu face à lui-même).
Une maxime du Mali ne dit-elle pas que ‘’Jidôn, sodôn, Yèrèdôn de Gnogon
tè’’. La culture des vertus personnelles, les vivre au quotidien en harmonie
avec les concitoyens est un palier nécessaire pour que son propre modèle
civique et moral influence positivement la communauté.
Elle s’inscrit dans la dynamique de l’émergence d’un citoyen modèle,
prototype incarnant la paix, l’équité, la justice… Signalons que l’éducation à
la citoyenneté comme engagement moral personnel consolide l’auto
construction sociale qui n’a de sens que quand elle prépare à l’esprit
collectif.
1.2.3 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral collectif
Le palier supérieur de l’éducation à la citoyenneté vise la collectivité
locale, nationale, sous-régionale et internationale.
A ce titre, elle doit œuvrer à relever le triple défi de la démocratie
comme valeur universelle, de l’immigration et de la multi culturalité de
l’humanité.
De ce point de vue, l’E.A.C., vise l’Homme, sa promotion et son
intégration dans un monde de plus en plus ouvert. Elle doit aider à
briser les barrières de méfiance et de l’isolement, terreau de
l’intolérance. Par exemple, l’Humanité retiendra pendant longtemps les
effets positifs de la chute du mur de Berlin en 1990.
12
1.2.4 L’éducation à la citoyenneté comme un ‘’contrat social’’
L’obéissance aux lois n‘est pas une soumission puérile, elle est le signe d’une
attitude consciente. La citoyenneté n’est pas un attachement servile à une
idéologie : elle est une quête perpétuelle consciente de justice sociale et de
perspective politique collective. Elle se veut non pas une simple adhésion à
une idée politique ou à ses tenants, mais plutôt une participation active au
processus de construction de celle-ci.
Elle vise un devenir collectif intégral, une quête permanente de solidarité et d
partage, un co-devenir. Dans son ouvrage Savoir co-devenir, Boubacar
CAMARA (1996 :172) écrit que <<dans le processus de devenir collectif de
l’humanité, il est vital de promouvoir une culture de la paix et du
développement humain, une culture du partage et de la solidarité, une
culture du don de soi, en un mot la culture du co-devenir. >> Elle consiste
donc à cultiver chez chacun et chez tous, les conditions de vivre en
harmonie avec les autres.
1.2.5 L’éducation à la citoyenneté et la transdisciplinarité
La complexité du concept impose que son traitement soit pluridisciplinaire.
En définitive, le programme d’éducation à la citoyenneté ne devrait pas se
limiter aux seules questions de droits et devoirs du citoyen, aux seuls
principes et règles de la démocratie, encore moins à la seule ambition de la
culture de la paix.
1.2.6 L’éducation à la citoyenneté comme préparation au patriotisme
En perspective, le curriculum de l’éducation à la citoyenneté doit refléter des
centres d’intérêt plus globaux et plus intégrateurs du point de vue du
contenu, des approches pédagogiques et des stratégies d’évaluation. Bref
c’est le lieu de l’inscrire dans une optique d’ouverture et de
constructions/reconstruction pour un lendemain meilleur. Cette littérature
pourrait être schématisée comme suit :
13
VUE GLOBALE DU CONCEPT
Engagement moral collectif
Engagement moral personnel
Transdisciplinarité
Socialisation et ancrage démocratique
Education
à la citoyenneté
14
II. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Il est aujourd’hui indéniable que la citoyenneté est sujette à une crise aiguë,
tant dans les nouvelles démocraties que dans les anciennes ; impliquant le
besoin d’une éducation à la citoyenneté.
En effet, le contexte mondial est marqué par une conjoncture politico-
économique particulière. Les diverses formes d’exclusion et de
marginalisation ne font qu’augmenter. La violence envahit la vie
quotidienne : l’incivisme, l’intolérance, le racisme, la xénophobie, l’intégrisme
religieux, politique et économique prennent de l’ampleur. La démocratie se
porte plutôt mal à cause de la déconfiture du tissu social. La vie
démocratique perd de plus en plus de sa vitalité à cause de l’indifférence des
citoyennes et citoyens vis à vis des devoirs civiques comme par exemple le
vote, le respect des valeurs éthiques.
Les intérêts de l’éducation à la citoyenneté sont multiples. Elle est un
facteur de consolidation des acquis de la démocratie. Car malgré ses valeurs,
la démocratie n’est pas un système achevé. Elle est un processus qui exige
l’implication conséquente d’un nombre important d’acteurs de qualité.
C’est l’épineuse question de la légitimité démocratique que connaissent la
plupart des pays africains qui se sont lancés dans la voie démocratique.
Le Mali a entamé, depuis les évènements de mars 1991, un long processus
de démocratisation et de décentralisation avec de vastes reformes ayant
abouti à l’émergence d’une société civile active dans toutes les sphères
d’activités socio-économiques et politiques. Toutefois, en matière d’éducation
à la citoyenneté, le Mali n’en a pas été un terrain vierge. L’éducation civique
et patriotique développée depuis la première République a posé les jalons
sûrs d’une éducation citoyenne.
15
Cependant, force est de reconnaître que depuis les consultations
référendaires de 1992, les résultats enregistrés à l’issue des différentes
élections nationales (municipales, législatives et présidentielles), ont été
caractérisés par une timide participation des populations aux divers
scrutins. Pire, on constate un désintérêt de plus en plus manifeste pour la
cause politique.
Face à ce sentiment de faible exercice de la démocratie, une éducation à la
citoyenneté s’impose. Celle-ci apparaît comme une opportunité et une
exigence de la démocratie et de la décentralisation au Mali. En consacrant le
principe de gestion du pouvoir par et pour le peuple, le Gouvernement et les
partenaires maliens au développement reconnaissaient l’impérieuse
nécessité d’instaurer et de développer une culture démocratique aussi bien
au sein des institutions que de la population.
Fort de ce constat, le gouvernement de la République du Mali, à travers le
Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales
(MATCL), a initié un vaste Programme National d’Education à la Citoyenneté
(PNEC) en vue « d’analyser les pratiques en cours en matière de promotion
des Droits humains et de bonne gouvernance » et de « proposer une synergie
d’actions entre acteurs étatiques et non étatiques » pour « capitaliser les
bonnes pratiques ».
L’apprentissage des valeurs (humaines, socioculturelles) nationales et
internationales constituent l’ossature et l’armature du présent curriculum.
Nous prendrons appui sur la permanente volonté politique des autorités de
faire du malien « un citoyen patriote et bâtisseur d’une société démocratique,
un acteur du développement profondément ancré dans sa culture et ouvert à
la civilisation universelle, maîtrisant les savoir-faire populaires et aptes à
intégrer les connaissances et compétences liées aux progrès scientifiques,
techniques et à la technologie moderne. » article 11 Loi d’orientation sur
l’éducation n°99-046/du 28 décembre 1999. Bâtir l’éducation à la
citoyenneté sur les acquis sociaux reste donc un pari à gagner.
16
2.1 Etats des lieux
Rappelons que le Mali est un pays où l’éducation à la citoyenneté bénéficie
d’un terrain favorable à son épanouissement. En effet, si la déclaration
universelle des droits de l’homme du XXème siècle est aujourd’hui un
patrimoine de l’humanité, la charte du Mandé (rencontre de
kouroukanfouga) au XIIIème siècle mettait déjà l’humain au centre des
préoccupations de la société en son article VII.
Sur le plan culturel, le kôtèba, le kôrôduga, le gnôgôlon, le sanankouya,
pour ne citer que ceux-là, sont des illustrations importantes intégrant les
démarches d’apprentissage de vie collective. Ils cimentent les relations
sociales et constituent un moyen efficace de lutte contre la méfiance
interethnique et intergénérationnelle.
Aussi, toutes les constitutions du Mali, de l’indépendance à nos jours,
contiennent des dispositions majeures en relation avec les libertés
fondamentales de l’homme. La constitution du 25 février 1992, la plus
récente, a, dans son titre 1er, 24 articles dont 17 sont consacrés aux droits et
devoirs de la personne humaine.
De même, les différents pactes (national et social) ont révélé la nécessité du
recours à la concertation, au dialogue, pour le règlement pacifique des
différends. Ici, nous mettrons surtout l’accent sur : les fondements et les
réalisations.
17
2.2 Les fondements
L’adaptation de l’enseignement aux exigences actuelles et futures de la
société, à travers une révision ou une réorganisation de la structure et du
contenu des programmes, a toujours été une préoccupation majeure du
système éducatif malien.
Les réformes ou aménagements qui en découlent, quelle qu’en soit l’ampleur,
prennent toujours corps sur des bases objectives inspirées de contextes
parfois très divers qui servent de matrice et de référence aux changements
envisagés.
Ainsi l’élaboration d’un curriculum d’éducation à la citoyenneté destiné au
non formel tire sa justification de considérations législatives, politiques,
historiques, sociales, socioculturelles, socio-économiques et pédagogiques
2.2.1. Fondements législatifs
De la réforme du système éducatif en 1962 à sa refondation en 1994, en
passant par les différents séminaires nationaux, conférences, débats et
forums organisés, la quête de renouveau pédagogique pour l’amélioration de
la qualité de l’enseignement s’est manifesté de façon constante tant dans le
formel que dans le non formel.
L’éducation non formelle est régie par des dispositions législatives
réglementaires à travers la Loi n°99-046/du 28 décembre 1999, portant loi
d’Orientation sur l’éducation qui stipule, en son article 42 que « l’éducation
non formelle a pour but de mettre en œuvre toute forme appropriée
d’éducation des jeunes non scolarisés ou déscolarisés et d’adultes en vue
d’assurer leur promotion sociale, culturelle et économique ».
Le Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC), à
travers cette loi a opté pour une éducation non formelle rénovée bénéficiant
de la même importance que celle accordée à l’enseignement fondamental.
18
2.2.2 Fondements politiques
L’option de démocratisation/décentralisation de l’enseignement ouvre de
grandes opportunités d’expansion de l’éducation. Au nombre des droits
reconnus à chaque citoyen, figurent en bonne place l’éducation,
l’instruction, la formation (articles 17 et 18 de la Constitution). Le caractère
obligatoire de l’enseignement attesté par la Constitution (article 18) et la Loi
d’Orientation sur l’Education (article 6) trouve son application, en ce qui
concerne l’offre tout au moins, dans l’affirmation du PRODEC faisant de
l’ »éducation pour tous » le premier des onze axes prioritaires de son plan
décennal
L’éducation non formelle est un secteur émergeant dont la politique a été
adoptée le 17 janvier 2007 en Conseil des Ministres. Elle bénéficie d’un
investissement continu et accru de l’ensemble des acteurs, notamment les
Ministères en charge de l’éducation et les différents partenaires. Le cadre
institutionnel actuel des structures en charge de l’éducation non formelle se
présente comme suit :
Le Niveau central :
la Direction Nationale de l’Education de Base (DNEB) qui abrite en son sein
une Division Alphabétisation et une Division Centre d’Education pour le
Développement ;
le Centre National des Ressources de l’Education Non Formelle (CNR-ERF).
A ceux-ci s’ajoutent les structures d’appui et de recherche comme l’Institut
des Langues Abdoulaye Barry (ILAB), le Centre National de l’Education
(CNE), la Fondation Karanta, l’Académie Africaine des Langues (ACALAN) et
l’Université de Bamako.
19
La DNEB : Créée par l’ordonnance N°00-048/P-RM du 25 septembre 2000,
elle a pour mission :
• d’élaborer les éléments de la politique nationale en matière de
développement de l’Education de Base en relation avec les autres
structures compétentes ;
• de veiller à la mise en œuvre de cette politique dans un cadre unifié ;
• d’assurer la coordination, le contrôle technique et le suivi des services
régionaux et des services rattachés de l’Education de Base.
En ce qui concerne spécifiquement l’éducation non formelle, à travers les
divisions Alphabétisation et Centre d’Education pour le Développement, la
DNEB est chargée :
• de préparer les éléments de la politique de la DNEB dans les domaines
de l’alphabétisation et des Centres d’Education pour le
Développement ;
• de coordonner et suivre l’exécution de ces politiques en relation avec
les Académies d’Enseignement.
Le CNR-ENF : Créé par l’Ordonnance n°01-023/P-RM du 21 mars 2001, il a
pour missions de concourir à la mise en œuvre de la politique nationale en
matière d’éducation non formelle.
A cet effet, il est chargé :
• d’assurer la coordination les activités de tous les opérateurs œuvrant
dans le cadre de l’alphabétisation et des centres d’éducation pour le
développement ;
• d’assurer la formation des opérateurs du secteur non formel de
l’éducation ;
• d’appuyer les opérateurs dans la formulation et la conduite des projets
d’alphabétisation et de post-alphabétisation ;
• d’assurer la production, la publication et la diffusion du matériel
didactique dans le domaine de l’éducation non formelle ;
20
• de mettre à la disposition des acteurs du secteur non formel de
l’éducation un centre de documentation, d’information et de
communication sociale et créer un répertoire informatisé des
opérateurs du secteur non formel de l’éducation ;
• de rendre disponibles les services des ressources humaines,
techniques et logistiques pour les intervenants dans le secteur non
formel de l’éducation.
Niveaux déconcentré et décentralisé :
Les Académies d’Enseignement (AE), les Centres d’Animation Pédagogique
(CAP) et les Collectivités Territoriales (CT).
Les Académies d’Enseignement (AE) sont chargées :
• de coordonner au niveau régional les activités des services de
l’éducation en collaboration avec les collectivités territoriales ;
• d’apporter les appuis techniques nécessaires aux différents acteurs :
structures déconcentrés, collectivités territoriales, communautés,
promoteurs privés, entre autres ;
• de superviser et contrôler les établissements d’enseignement
secondaire et supérieur.
Au niveau de l’Académie d’Enseignement, l’éducation non formelle est
représentée au sein de la Division Education de Base par une section CED et
une section Alphabétisation.
Les Centres d’Animation Pédagogique (CAP) ont pour mission la mise en
œuvre de la politique éducative du ministère chargé de l’éducation en
relation avec les collectivités territoriales. L’éducation non formelle est
représentée au niveau du CAP par un conseiller chargé de CED et un
conseiller chargé de l’alphabétisation.
21
Les Collectivités Territoriales (CT) ont pour missions entre autres :
• d’élaborer leurs programmes de l’éducation non formelle ;
• de définir la carte des CED, des CAF et des CAFE ;
• de participer à l’élaboration des curricula et du calendrier des CED,
CAF et CAFE ;
• de gérer les compétences transférées par l’Etat en matière d’éducation
non formelle ;
• de participer à la détermination des sites des CED, CAF et CAFE à
créer ;
• de participer au suivi et à l’évaluation du système éducatif.
Les Organisations de la Société Civile : (OSC)
Au Mali, les Organisations de la Société Civile (OSC) occupent une place de
choix en matière de conception et de mise en œuvre de programmes
d’éducation à la citoyenneté dans le contexte démocratique.
Elles sont à la fois conceptrices et exécutrices de leurs propres programmes
d’éducation à la citoyenneté. On peut les catégoriser en deux grands
groupes : les OSC spécialisées dont le mandat et les activités sont
principalement tournées vers l’éducation à la citoyenneté et celles opérant
dans plusieurs domaines soutenues par les partenaires techniques et
financiers.
Parmi les structures spécialisées on peut retenir, le Centre Afrika Obota
(CAO), la Coalition Nationale pour l’Education Civique (CONEC) et ses ONG
et Associations membres comme SOS Civisme Mali, la Convention Nationale
des Jeunes Juristes du Mali (CNJM), la Fédération Malienne des Clubs,
Centres et Associations UNESCO (FEMACAU), la Convention des Jeunes
pour le Développement (CONJDEDEV), le Mouvement de Réflexion et
d’Action pour le Développement (MARD).
22
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et/ou Associations
Concernant ce second groupe, le nombre d’intervenants dans le domaine de
l’éducation à la citoyenneté est aussi assez élevé. C’est le cas surtout du
Groupe Pivot/DCF et de ses huit associations membres (l’AJM, l’AMDH,
l’APDF, le CADEF, la COFEM, le FOMADDH, l’ODEF, le REFAMP/Mali), du
CENAFOD, du Centre Djoliba, du CEPROCIDE et de la CAFO. On recense
également de nombreuses ONG internationales, telles que CARE
International, Hellen Keller International, Winrock et Save the Children.
L’expérience montre que les pratiques à la matière par les OSC et l’Etat dans
une certaine mesure, confinent l’éducation à la citoyenneté dans sa
dimension électorale. Les activités portant sur les autres dimensions
notamment la promotion des droits humains nécessitant une approche de
longue haleine et un gros financement sont peu soutenues.
2.2.3 Fondements historiques
Etant donné la rapidité de l’évolution sociale à notre époque, un système
éducatif qui ne se situerait pas dans une perspective de changement de
comportement deviendrait vite anachronique. Les attentes sociales invitent à
une éducation à la citoyenneté destinée au non formel.
La création des centres d’Education pour le Développement (CED), des
Centres d’Apprentissage Fonctionnel (CAF), et des Centres d’Apprentissage
Féminin (CAFé), l’existence des Organisations de la Société Civile (OSC), des
Associations et Organisations paysannes, des jeunes précocement
déscolarisés ou non scolarisés constituent un terrain favorable à
l’application d’un tel curriculum.
23
2.2.4 Fondements sociologiques
Pluralisme politique et décentralisation créent des conditions nécessaires et
indispensables à une plus grande implication des communautés dans la
formation et l’information des masses.
2.2.5 Fondements socio-économiques
Les exigences en matière d’éducation pour le développement national, le
combat contre les défis mondiaux nécessitent une formation de toute cette
masse analphabète pour un changement de comportement. D’où
l’impérieuse nécessité de cultiver une éducation citoyenne par le futur agent
de développement et bâtisseur d’une société démocratique.
2.2.6 Fondements socioculturels
Conçu pour des groupes cibles multiethniques et multiculturels, ce
curriculum sera axé sur les valeurs de tolérance, de solidarité, d’entraide, de
civisme, de liberté,…. La maîtrise des thèmes et contenus par
l’apprentissage/formation pour le renforcement de l’identité nationale et
l’instauration de la cohésion sociale est une option politique et culturelle qui
doit être soulignée avec force.
227. Fondements pédagogiques
Les innovations pédagogiques (Pédagogie Convergente, PFIE, EVF/EMP,
l’éducation à la culture de la paix, aux droits humains et à la démocratie,
l’institutionnalisation des CED, CAF, CAFé etc.) contribuent la réussite
d’une éducation à la citoyenneté. Dans ce domaine, leurs méthodologies de
formation, en dépit de leur spécificité, vont dans le sens de la voie tracée en
matière d’apprentissages significatifs, à la fois par le contenu, le processus
(d’apprentissage), le lieu (où ils s’effectuent) et le public cible.
24
Un curriculum pertinent rejoint à la fois l’expérience des apprenants et
l’environnement physique et humain de ceux-ci. D’où un certain nombre de
dispositions particulières à prendre en considération :
• application d’approches pédagogiques actives ;
• passage d’une logique d’enseignement vers une logique de
formation/apprentissage à travers des activités d’apprentissage ;
• pratique de l’évaluation formative tout au long des apprentissages ;
• valorisation du travail individuel et du travail de groupe.
2.3. Réalisations Au Mali l’éducation à la citoyenneté est fondamentalement dans des
programmes et projets de bonne gouvernance et de droit humain. Parmi ces
programmes on peut citer, entre autres :
• Les Programmes de Gouvernance Démocratique et Gouvernance
Partagé de l’USAID ;
• Le programme d’Appui au processus et Institutions Démocratiques
(APID) du PNUD.
• Le Programme de Renforcement de la Culture Démocratique des
Organisations de la Société Civile au Mali. Œuvre Malienne d’Aide à
l’Enfance du Sahel (OMAES) et World Education Inc ;
• Le Projet Droits et Citoyenneté des Femmes (DCF) financé par l’Agence
Canadienne de Développement International (ACDI) :
• Le Projet Femme et Gouvernance Locale. Winrock International :
• Le Programme d’Appui aux Communes de Koro et Bankass (PACKOB)
Care Mali ;
• Les Programmes d’Appui au Développement des Communes rurales du
cercle de Dioïla (PDCB), et d’Appui à la Décentralisation dans la
Région de Koulikoro (PDRK) de la SNV ;
• Le Programme d’Appui au Système Educatif Décentralisé (PASED) du
MEN (2000- 2007) ;
• La Campagne Nationale d’Education Civique (CNEC), 2004 ;
• Programme National d’Education à la Citoyenneté PNEC 2005-2008.
25
Toutefois, ces programmes développés n’ont pas toujours fait l’objet de
partage entre les différents acteurs concernés. De même, il n’a pas existé de
cadre de référence sur leurs contenus, les différents acteurs n’ayant toujours
pas été en relation et ayant même plutôt eu tendance à évoluer
parallèlement sur le terrain. Ce manque de coordination explique du coup la
différence de domaines thématiques, de groupes cibles, de priorités
sectorielles, de zones d’intervention et d’approches méthodologiques dans la
mise en œuvre desdits programmes.
Pour palier ces insuffisances et redonner à l’éducation à la citoyenneté toute
sa plénitude dans le non formel, il y a lieu d’intégrer les différents thèmes et
contenus dans un seul et même curriculum afin d’obtenir l’harmonisation
pour l’atteinte de résultats probants donc d’impacts à moyen et long terme
26
III. FINALITES, OBJECTIF GENERAL, OBJECTIFS ET GROUPES CIBLES
3.1 Finalités
L’éducation non formelle est une composante du système éducatif malien.
Elle a pour finalités de former un citoyen patriote et bâtisseur d’une société
démocratique, un acteur du développement, profondément ancré dans sa
culture et ouvert à la civilisation universelle, maîtrisant les savoir-faire
populaires et apte à intégrer les connaissances et compétences liées aux
progrès scientifiques, techniques et à la technologie moderne.
3.2 Objectif général
Ce programme d’éducation à la citoyenneté vise à former les maliennes et
maliens aux valeurs citoyennes.
3.3 Objectifs spécifiques :
• Affirmer son identité sociale, culturelle, nationale et supranationale;
• Développer sa capacité de vivre ensemble dans une société
démocratique et de droits basée sur l’égalité et le respect de l’autre;
• Participer activement à la vie politique et/ou à la société civile ;
• Promouvoir l’intégration interculturelle et économique de toutes les
citoyennes et de tous les citoyens maliens ;
• Favoriser la pratique des droits et devoirs des citoyennes et citoyens et
leur participation aux prises de décision concernant la vie en société ;
• Renforcer la cohésion et le lien social entre les citoyennes et citoyens
maliens.
27
La formation à l’ECPDHD et partant à la citoyenneté était seulement prise en
charge par l’éducation formelle. Le présent curriculum de l’éducation à la
citoyenneté, destiné à l’éducation non formelle, contribuera à la formation
des adultes hommes et femmes, des jeunes filles et garçons déscolarisés ou
non scolarisés. La démocratie malienne s’en trouvera renforcée.
3.4 Groupes cibles Le présent curriculum d’éducation à la citoyenneté s’adresse aux
populations maliennes en général, et en particulier, aux CAF, aux CAFé, aux
CED, aux groupements associatifs d’hommes, de femmes, de jeunes non
scolarisés ou déscolarisés, aux OSC, aux ONG ainsi qu’aux organisations
rurales. Il se veut un outil pédagogique devant servir à transcender le
disfonctionnement des approches d’éducation à la citoyenneté sur le terrain.
28
IV. LA METHODOLOGIE D’ELABORATION
Il s’agit de la démarche d’élaboration mise en œuvre pour la conception du
présent curriculum. Elle s’articule autour des axes essentiels suivants:
1) l’analyse documentaire ;
2) Organisation d’ateliers.
4.1-L’analyse documentaire Pour ce qui est de l’analyse documentaire, elle a porté sur un nombre
important de documents de référence constitué de documents généraux,
d’ouvrages spécialisés et des publications sur des sites Web. On retiendra :
Les communications
Des communications écrites d’acteurs œuvrant sur le terrain pour
l’éducation à la citoyenneté (PNEC, CNE, ONG, les OSC, les Associations…),
lors de l’atelier de définition des orientations organisé par le Réseau Aga
Khan. Au cours de cette rencontre, ces structures ont fourni une gamme
variée de productions très utiles sur la citoyenneté. L’examen de ces
documents a permis de faire l’état des lieux des expériences menées en la
matière sur le terrain.
La revue de la littérature
On peut ici citer les productions du CNR-ENF, de la DNEB, du CNE, et du
MATCL. Leur exploitation a permis de dégager les éléments de contexte et de
justification relatifs à la nécessité d’élaboration d’un curriculum d’éducation
à la citoyenneté destiné au Non Formel. Par ailleurs, ces documents ont
également permis de déterminer les éléments de structuration dudit
curriculum que sont: les composantes, les thèmes, les compétences, les
objectifs, les contenus d’apprentissages, et les techniques d’animation. La
revue de la littérature a été complétée par des informations tirées des
productions internationales sur la thématique. D’autres informations
complémentaires ont été tirées des sites internet.
29
4.2 Les ateliers Divers ateliers ont contribué à la réalisation du présent document. Un atelier
de définition des orientations pour le développement d’un curriculum
d’éducation à la citoyenneté, organisé par le Réseau Aga Khan, a permis de
faire l’inventaire d’un certain nombre de thèmes pertinents.
L’atelier de définition des orientations
Tenu à l’Hôtel Kempeski du 7 au 8 Novembre 2007, cet atelier de définition
des orientations a regroupé les acteurs de terrain (ONG, OSC), les
techniciens des Ministères en charge de l’éducation, du Ministère de
l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, et des représentants
des PTF. Il a aussi permis de faire l’état des lieux des activités sur le terrain
et d’identifier des thèmes majeurs pour l’élaboration d’un curriculum
d’éducation à la citoyenneté.
Les ateliers de conception
De façon périodique et régulière, l’équipe d’élaboration a procédé à des
productions séquentielles en ateliers. Elle a toujours fonctionné en deux
sous-groupes, travaillant sur les mêmes rubriques à partir des consignes.
Les travaux en ateliers ont été sanctionnés par des plénières de mise en
commun.
Les ateliers de validation interne
Co-organisés par le CNE et le Réseau Aga Khan, ces différents ateliers de
validation ont enregistré la participation de partenaires et d'acteurs opérant
sur le terrain. Fondés sur la méthode participative, les ateliers de validation
interne ont alterné présentation des productions par l’équipe de rédaction,
travaux de groupes autour de consignes suivis de plénières.
L’atelier national de validation
Cet atelier national d’échange a permis de partager le produit avec un large
public. Il a bouclé le cycle d’élaboration par la validation du curriculum.
Le programme ainsi conçu s’inscrit dans l’optique d’une approche par
compétences préconisée par le PRODEC.
30
V. CONTENUS DU PROGRAMME
5.1 Fondements du curriculum d’éducation a la citoyenneté dans le non formel au mali
5.1.1 Fondements techniques (les caractéristiques générales du curriculum) La reforme actuelle du système éducatif malien prônée par le Programme
Décennal de Développement de l’Education (PRODEC) préconise l’Approche
par compétences (APC) qui est une démarche globale et systémique dans les
apprentissages, contrairement à l’approche programme centré sur un
ensemble de thèmes et contenus notionnels enseignés souvent sans liens
apparents les uns avec les autres.
Pour opérationnaliser l’approche par compétences, le curriculum préconise
de façon générale, des profils de compétences, des objectifs, des contenus,
des méthodes pédagogiques, des ressources matérielles et des modes
d’évaluation dans les différents domaines de formation qui sont au nombre
de cinq (5) pour le système éducatif formel :
− Langues et communication (LC) ;
− Sciences Mathématiques et Technologie (SMT) ;
− Sciences Humaines (SH) ;
− Arts ;
− Développement de la Personne (DP).
A la différence de la pédagogie traditionnelle fondée essentiellement sur
l’activité du maître, l’approche par compétences place l’apprenant au centre
de l’activité d’apprentissage.
31
Il devient ainsi l’artisan de sa propre formation. L’apprentissage en APC
s’effectue selon un processus à la fois cognitif, affectif et social. Il préconise
une pédagogie active dont les principes sont fondés sur :
− le vécu et l’environnement de l’apprenant;
− une pédagogie différenciée ;
− une pédagogie de groupe ;
− une pédagogie de projets éducatifs ;
− une démarche de résolution de situations problèmes ;
− des activités et réalisations des élèves à partir d’expériences de vie ;
− une pédagogie qui prend en compte les erreurs des élèves dans
l’organisation des activités d’apprentissage.
5.1.2 Fondements socioculturels
Ceux sont les valeurs humaines (la bonté, l’honnêteté, la droiture,
l’altruisme…), sociales et culturelles que le curriculum doit intégrer afin de
développer ou de promouvoir la paix.
Dans le cadre du non formel, l’on ne saurait se contenter de ces seuls
principes. Aussi, le contenu de l’éducation à la citoyenneté fera appel à
l’apprentissage des valeurs fondamentales ou principes de liberté, d’égalité,
d’unité dans la diversité, d’équité, d’égalité de chances, d’égalité en droit et
responsabilité, de solidarité, de coopération, de paix, de tolérance, de
fraternité, d’ouverture à l’autre, d’accueil et de respect de la différence,
d’entraide, de partage équitable dans la gestion commune des richesses,
d’hospitalité, de générosité, d’esprit d’engagement, de responsabilité,
d’honnêteté, d’autonomie, d’harmonie, de dignité, d’identité, etc.
32
5.2. Les composantes de l’éducation a la citoyenneté
Du contenu de l’éducation à la citoyenneté, le Bureau International de
l’Education (BIE) dégage quatre (4) dimensions principales considérées ici
comme des composantes qui sont :
5.2.1 Les droits humains
Nous entendons très souvent parler de « droit de l’Homme », de « droits
humains », de « droit de la personne humaine » ou même parfois de « droits
des êtres humains » … toutes ces expressions font référence au même
concept. Ici nous retiendrons la terminologie des « droits humains ».
Les droits humains constituent de nos jours un enjeu incontournable. Ils
témoignent des principes généraux qui permettent à l’Homme d’être, d’agir
et de s’épanouir au sein de sa communauté et/ou de la communauté
internationale.
Les droits humains sont les mêmes pour tous, dès la naissance, sans
distinction de race, de sexe, d’âge, de religion, d’ethnie, d’opinion politique,
de statut social ou d’origine nationale. Les « droits humains » se présentent
comme un ensemble cohérent de principes juridiques fondamentaux qui
s’appliquent par tout dans le monde tant aux individus qu’aux peuples.
De ce fait, ils sont universels, inaliénables et indivisibles. La déclaration
universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948, proclame
deux types de droits, classés en générations :
− Les droits humains de la 1ère génération sont les droits civils et
politiques ;
− Les droits humains de la 2ème génération sont les droits
économiques, sociaux et culturels.
33
Aujourd’hui, on parle également les droits humains de la 3ème génération. Ce
sont les droits dits fondamentaux, fondés sur l’idée de solidarité.
5.2.2. La démocratie La démocratie est un des aspects primordiaux de l’éducation à la
citoyenneté. Il faut reconnaître qu’on ne naît pas citoyen démocrate, on le
devient. La démocratie s’apprend, elle se construit à coup de connaissances
et d’expériences pratiques, parfois même au prix d’âpres luttes.
Ce n’est pas un idéal naturel, c’est une démarche patiente, une construction
qui demande la constante mobilisation de la volonté.
La démocratie a pour but de préparer et de conscientiser les jeunes à la vie
civile et politique et à s’y engager activement en prenant part, aux débats,
aux activités politiques, aux décisions qui les concernent. Les sociétés
démocratiques honorent les valeurs de tolérance, de coopération et de
compromis. Selon Mahatma GANDHI, « l’intolérance est en soi une forme de
violence et un obstacle au développement d’un véritable esprit
démocratique ».
Selon Federico Mayor, la démocratie est une pratique, un mode d’action.
C’est en l’appliquant qu’on la justifie ; c’est en s’en servant qu’on la légitime.
Le terme démocratie est formé à partir de deux mots grecs : demos qui
signifie ‘’peuple’’ et Kratein qui signifie ‘’gouverner’’ ; la démocratie peut
donc être définie comme le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le
peuple.
La composante démocratie traite de l’Etat de droit, la gouvernance, les
élections, la décentralisation, les forces politiques…
34
5.2.3 L’environnement et le développement durable
L’environnement, qu’il soit physique, social ou culturel, joue un rôle
important dans la vie des hommes et des sociétés. De plus en plus, il est cité
parmi les indicateurs de développement humain. Selon qu’il soit riche ou
pauvre, il détermine la qualité de la vie.
Conscientes des relations d’interdépendance entre l’homme et la nature, à
l’instar d’autres nations, les autorités maliennes engagent l’État et les
citoyens à assurer l’amélioration de la qualité de la vie par la protection de
l’environnement, du patrimoine culturel malien, africain et mondial.
Cette volonté politique malienne annoncée au préambule de la Constitution
malienne du 25 février 1992, est traduite en son article 15 comme suit :
‘’Toute personne a droit à un environnement sain. La protection, la défense
de l’environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour
tous et pour l’État’’.
Ainsi, l’État malien exprime non seulement l’importance vitale de
l’environnement dans le processus de développement mais aussi ses enjeux
géopolitiques. Pour mieux appréhender toutes les dimensions de la question
environnementale découvrons tout d’abord ce qu’est l’environnement.
Le mot environnement est d’un usage si courant que les scientifiques ne s’en
accordent pas sur un sens déterminé. Toutefois, l’environnement peut être
compris comme étant l’ensemble des composantes vivantes et non vivantes
qui nous entourent et qui nous permettent d’organiser notre vie quotidienne.
En d’autres termes, c’est ce système organisé par la présence en un lieu plus
ou moins large (biotope) de différents êtres et les interactions entre eux
(biocénose).
35
Ainsi, l’environnement comprend l’homme, les autres êtres vivants et tous
les éléments du milieu, qu’ils soient naturels, transformés ou créé par
l’homme.. Il est un système qui peut être subdivisé en deux sous systèmes.
Le sous système naturel : il comprend les éléments géophysiques ou facteur
abiotiques (le sol, le relief, le climat, l’hydrographie etc.) et ses facteurs
biotiques (la flore et la faune).
Le sous système humain ou socio système : il comprend l’ensemble des
éléments du milieu « créés ou transformés par l’homme » et qui intègrent les
dimensions sociales, culturelles, politiques et économiques. Ce sont aussi les
croyances et les pratiques qui organisent la vie en société.
Entre ces deux sous systèmes et au sein de chacun d’eux s’opèrent diverses
interactions qui crée un processus dynamique et interactif:
− de formation transformation,
− d’équilibre-déséquilibre,
− de destruction régénération.
Ainsi, en mettant en relation la question de l’environnement et de
développement durable, les aspects tels que les rapports commerciaux de
libre échange, l’évolution technologique, la croissance démographique,
l’érosion des sols, les pollutions, la dégradation du cadre de vie, la
coopération entre les pays, la dette extérieure des pays du Tiers monde, la
santé, la sécurité, les conflits, la pauvreté seront, entre autres, abordés.
36
5.2.4. La paix et sécurité
La paix peut être définie comme étant une situation de personnes qui vivent
en bonne intelligence. Elle peut être assimilée aussi à une situation de
rapports calmes entre citoyens ou absence d’agitation.
Dans la perspective du BIE (1995), la paix est un produit et un processus de
la pratique de la citoyenneté démocratique pluraliste, inspirée par les droits
humains et orientée vers un développement durable. La paix sociale c’est-à-
dire, le partage pacifique et égalitaire d’une même appartenance, est donc le
résultat d’un ensemble de conduites démocratiques tirant sa substance des
droits humains.
Le développement et la liberté sont les dividendes de la paix. La paix a un
prix. Nous devons donc investir, non pas dans l’armement, mais dans
l’éducation en général et plus particulièrement dans l’éducation citoyenne
pour instaurer un état de dialogue perpétuel entre les hommes.
De même, l’acte constitutif de l’UNESCO (1945) affirme ‘’qu’une paix fondée
sur les seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne
saurait entraîner l’adhésion unanime, durable et sincère des peuples et que,
par conséquent, cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité
intellectuelle et morale de l’humanité’’.
Comme composante du présent curriculum la paix traite des contenus
comme la protection des personnes et des biens, la paix et la sécurité, les
mécanismes de prévention, de surveillance et de maintien de la paix…
En conclusion, l’éducation à la citoyenneté doit être au cœur de toute
mission éducative de masse. Comme stipulé dans le préambule de l’acte
constitutif de l’UNESCO, ‘’les guerres prenant naissance dans l’esprit des
hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les
défenses de la paix’’, cela pour permettre aux hommes et aux femmes de
comprendre, de se comprendre et de contribuer à l’essor d’un développement
durable.
37
VI. CONTENUS DIDACTIQUES DU PROGRAMME D’EDUCATION A LA CITOYENNETE
Les différentes dimensions ou composantes qui sont des entités
sémantiquement distinctes, entretiennent des liens de complémentarité
forte. Elles seront progressivement déclinées en compétences, objectifs et
contenus d’apprentissage. Pour des raisons de lisibilité, chaque tableau est
annoncé par un titre qui en précise le contenu.
38
Tableau I : Vue d’ensemble du curriculum : composante et thèmes
Composantes
Les droits humains
La démocratie L’environnement et le développement durable
La paix/La sécurité
Thèmes • Les types de
droits • Les instruments
de droits humains
• Les mécanismes de protection et de promotion des droits humains
• Droit Humanitaire International
• Les institutions de la République
• L’approche genre
• La souveraineté nationale
• La constitution du 25 février 1992
• L’état de droit et la démocratie
• La gouvernance • Les élections • Les voies légales
de recours • L’administration • La
décentralisation • Les forces
politiques et sociales
• Les média • La morale et le
civisme
• L’éducation environnementale et le développement humain durable
• Les défis/problèmes
mondiaux
• • La paix et la cohésion sociale • L’apprentissage interculturel • Les mécanismes de prévention,
de surveillance et de maintien de la paix
• La paix et la sécurité • La protection des personnes et
des biens
39
Tableau II : thèmes et contenus de la composante Droits Humains
Composante Thèmes Contenus
Droits Humains
Les Institutions de la République
- Concepts/définitions : État, Nation, République - Les Institutions de la République : -le Président, -le Gouvernement, -l’Assemblée Nationale, -la Cour Suprême, -la Cour Constitutionnelle, -la Haute Cour de Justice, -le Haut Conseil des Collectivités, -le Conseil Economique, Social et Culturel
L’approche genre
-La femme en politique (l’histoire du droit de vote des femmes dans le monde) - L’inégalité entre la femme et l’homme - Le travail féminin - La nécessité de participation des femmes à la gestion de la vie politique - Les violences faites aux femmes
La souveraineté nationale
-Les symboles de la souveraineté nationale -La défense de la souveraineté nationale
Les types de droits - Concept de droit, origines - Droits politiques et civils, - Droits économiques et socioculturels - Droits spécifiques - Droit international humanitaire
La constitution du 25 février 1992
- Préambule, - Droits et devoirs - Respect de la constitution
40
Tableau III : thèmes et contenus de la composante Démocratie
Démocratie
L’Etat de droit et la démocratie -La démocratie -Les fondements de l’Etat de droit -La séparation des pouvoirs : Législatif Exécutif Judiciaire -Le respect de la légalité
La gouvernance -La gouvernance démocratique ; -la gouvernance locale, -la délinquance financière
Les élections -Les lois électorales, -le droit de vote, -la campagne électorale, -le scrutin, -la corruption en situation électorale, -les élections dans un système démocratique
Les voies de recours légaux -Les différentes catégories de recours légaux L’administration
-Les services publics : les organes, les compétences, le bon usage, les droits et devoirs de l’administré -La décentralisation : les structures déconcentrées et décentralisées
Les forces politiques et sociales -les partis politiques -La charte des partis -Les syndicats -La société civile
41
Les média -Les différents média -La liberté de la presse -Le rôle et l’utilisation des média
La morale et le civisme -Les vertus morales et sociales -Le code de la route -L’amour de la patrie -Le respect des engagements -Le respect des biens publics et privés -Le travail bien fait/la conscience professionnelle
42
Tableau IV : thèmes et contenus de la composante Paix Paix
La paix et la cohésion sociale
- Définitions - Facteurs de cohésion : La solidarité Le bon voisinage L’entraide/assistance Le partage
L’apprentissage interculturel
Les alliances à plaisanterie (le sinankuya, les relations intergénérationnelles, intercommunautaires et interpersonnelles)
Les mécanismes de prévention, de surveillance et de maintien de la paix
Les types de mécanismes de prévention de surveillance et de maintien de la paix : Mécanismes locaux et nationaux Mécanismes Régionaux Mécanismes Internationaux Les modèles de gestion des conflits : L’arbre à palabre ; Les griots ; Les sages ; Le médiateur ; L’ANAD ; L’ECOMOG ; Le TPI ; Les tribunaux populaires au Rwanda Vérité et réconciliation en Afrique du Sud
43
Tableau V : thèmes et contenus de la composante Environnement et Développement Durable Environnement et Développement Durable
Education Environnementale et Développement Durable humain
- l’homme et son environnement - les activités nuisibles à l’environnement en milieux : .Rural .Urbain
Les défis/problèmes mondiaux
Quelques problèmes généraux de l’environnement: la scolarisation universelle la sécurité alimentaire la pauvreté le paludisme les IST et le VIH/Sida l’eau les catastrophes naturelles : . la sécheresse, . les invasions acridiennes, . les inondations . la Violence et le terrorisme Les drogues et la toxicomanie
44
Tableau VI: composantes, compétences et objectifs d’apprentissage
Composantes Compétences Objectifs d’apprentissage
Droits humains
S’investir pour la promotion des droits humains
Connaître les Institutions de la République Susciter la participation des femmes aux affaires publiques Accepter la différence Lutter contre les stéréotypes et les préjugés Respecter les symboles de la souveraineté nationale Contribuer à la défense de la souveraineté nationale Connaître ses droits et ses devoirs Jouir de ses droits et s’acquitter de ses devoirs S’approprier la Constitution du 25 février 1992 Respecter les prescriptions de la Constitution
Démocratie
Promouvoir les valeurs et les principes d’une société démocratique
Connaître les principes et les valeurs de la démocratie Respecter les valeurs et les principes démocratiques dans un Etat de droit Connaître la gouvernance démocratique Lutter contre la délinquance financière Participer aux élections démocratiques Œuvrer pour des élections transparentes et équitables User des recours légaux pour défendre ses droits Connaître le rôle et les tâches de l’administration publique dans un Etat démocratique Connaître les droits et devoirs fondamentaux de l’administré S’approprier la nécessité de la décentralisation Percevoir les avantages de la décentralisation Connaître le rôle et la responsabilité des forces politiques et sociales dans le processus démocratique Connaître les différents moyens de communication de masse Appréhender les fonctions des média dans un environnement démocratique Se comporter en bon citoyen
45
La Paix
Agir pour le maintien de la paix
Vivre en harmonie avec les autres Manifester une attitude favorable aux valeurs morales et sociales Adopter les valeurs sociales interculturelles Développer des capacités de négociation et de dialogue Développer les capacités de médiation
L’Environnement et le Développement Durable
Gérer son environnement pour un développement durable
Améliorer la qualité de son cadre de vie Protéger les ressources de son environnement Restaurer son environnement Prévenir les catastrophes naturelles Lutter contre les catastrophes naturelles Se familiariser avec quelques défis/problèmes mondiaux Militer pour la sécurité alimentaire Militer pour la scolarisation universelle Lutter contre le Paludisme, les IST et le VIH/ Sida Appréhender la problématique de l’accès à l’eau Lutter contre les pollutions Lutter contre la violence sous toutes ses formes Lutter contre l’usage des drogues/stupéfiants et la toxicomanie
46
VII- LES TECHNIQUES D’ANIMATION
Au-delà des connaissances théoriques nécessaires à la formation d’un bon
citoyen, le curriculum d’éducation à la citoyenneté vise essentiellement un
changement de comportement chez les cibles. Pour atteindre cet objectif un
certain nombre de techniques a été identifié.
Par techniques d’animation, il faut entendre la manière de s’y prendre pour
favoriser l’acquisition des connaissances, des attitudes et des pratiques.
C’est aussi les stratégies qui mettent l’apprenant en situation de réflexion,
d’action, de communication, d’interaction, d’échange et de recherche
individuelle ou collective à travers des activités d’enseignement et
d’apprentissage. Il s’agit en fait d’aider les formateurs à mettre réellement en
pratique la pédagogie active.
Dans cette perspective, chacune des techniques est présentée de façon
simple et pratique:
- Description ;
- intérêts pédagogiques ;
- préparation – organisation ;
- procédure.
47
VIII. MECANISME DE SUIVI ET D’EVALUATION DES ACTIVITES DU PROGRAMME.
8.1. Clarification des concepts
8.1.1. Le suivi
Le suivi est un ensemble d’opérations rapprochées qui consistent à vérifier
l’adéquation ou la cohérence des objectifs du programme avec les
réalisations concrètes sur le terrain. Comme tel, le suivi peut-être synonyme
de supervision, de surveillance, de contrôle. Son but est vérifier l’effectivité
du processus enclenché afin de l’ajuster au besoin. Il existe, entre autres :
− le suivi de proximité : il est généralement menée par les acteurs à un
niveau local;
− le suivi-appui : il mené par le personnel d’encadrement en vue d’un
correctif immédiat.
8.1.2. L’évaluation La littérature sur l’évaluation retient plusieurs définitions.
Pour Jean Marie Deketele évaluer signifie :
− recueillir un ensemble d’informations suffisamment pertinentes,
valides et fiables (la collecte de données),
− examiner le degré d’adéquation entre cet ensemble d’informations et
un ensemble de critères adéquats aux objectifs fixés au départ ou
ajustés en cours de route (l’analyse des données)
− prendre une décision (la prise de décision).
Quant à Daniel Stufflebeam, il attire tout d’abord l’attention des évaluateurs
sur le fait que l’évaluation n’a pas pour but primordial de démontrer telle ou
telle insuffisance mais plutôt d’améliorer les résultats. La définition qu’il
donne de l’évaluation met en relief trois dimensions.
48
Pour lui, l’évaluation est le processus par lequel on délimite, obtient et
fournit des informations utiles permettant de juger et de prendre des
décisions pertinentes. Elle doit se situer une logique d’appréciation des
progrès accomplis sans perdre de vue les sources de contraintes et de
difficultés.
L’évaluation est donc un moyen de renseigner les acteurs et les bénéficiaires
sur le fonctionnement du projet. De l’analyse des points de vue de ces
différents auteurs, on retient que :
L’évaluation est une démarche qui permet de porter un jugement sur
un fait, un résultat, un produit, une activité etc. en vue de prendre des
décisions. Ce jugement doit s’appuyer sur l’analyse des informations
pertinentes et suffisantes qui donnent un sens à la prise de décision.
En définitive, l’évaluation est un processus de réflexion et d’action. Elle
comprend :
− la fixation de buts et d’objectifs ;
− la sélection de critères ;
− la collecte, le traitement et l’analyse des données ;
− la prise de décision.
Quel mécanisme de suivi pour ce programme ?
Il s’avère nécessaire d’élaborer, parallèlement aux activités du programme,
une méthodologie de suivi et d’évaluation qui pourra juger de l’application
du programme, de l’assimilation des connaissances, de l’acquisition
d’attitudes et de développement de compétences civiques des groupes cibles.
Ainsi donc, cette évaluation va porter aussi bien sur le processus
d’apprentissage/formation que sur les produits qui en sont issus.
49
Dans un cas comme dans l’autre, le mécanisme de suivi des activités du
présent programme sera basé sur les principes de la Gestion Axée sur les
Résultats (GAR). Ce qui signifie l’existence d’une matrice logique retraçant
les objectifs, les activités et les résultats attendus. Les démarches peuvent:
- partir d’un état des lieux fondé sur des sources d’informations
(résultats d’enquêtes, rapports d’activités, cahiers de bord, etc.) ;
- générer des informations à partir des critères pertinents
d’évaluation relatifs aux comportements des apprenants.
L’approche participative fait appel aux groupes cibles en amont et en aval.
Elle intègre à la fois le processus et les résultats. A ce titre elle est la mieux
indiquée.
50
8.2. Les acteurs et les niveaux de prise d’informations
Tableau N°1 Objectifs du suivi et de l’évaluation du curriculum de l’éducation à la citoyenneté
Activités Objectifs
Suivi-appui Suivi- évaluation
Objectif général
Appuyer les acteurs impliqués dans la mise à l’essai du curriculum
Evaluer la mise à l’essai du curriculum
Objectifs spécifiques
Collecter des informations auprès des acteurs et formateurs
Evaluer les pratiques d’animation et les perceptions
Collecter des informations auprès des cibles
Collecter des informations auprès des acteurs et des cibles
Analyser les informations et assurer l’appui - conseil
Proposer des recommandations
Tableau N°2 Plan de suivi
Volets Informations à recueillir
Activités Outils Périodicité
Structures impliquées
Suivi-appui
Pratiques d’animation
Visites de CED, CAF, Café…
Grille d’observation
2 fois/an 3 fois /an 1 fois /mois
CNE, DNEB, AE CAP ONG OSC DNCTL
Opinions des acteurs impliqués dans la mise à l’essai
Entretiens avec les différents acteurs impliqués
Guide d’entretien et questionnaires,
2 fois/an 3 fois /an 1 fois /mois
CNE, DNEB, AE CAP ONG OSC DNCTL
Suivi -évaluation
Evaluation d’effets et d’impacts
Administration d’outils de collecte d’informations
- Test de rendement - Questionnaire - Guide d’entretien -Grille d’observation etc.
1 fois / an CNE, DNEB, AE CAP ONG OSC DNCTL
51
CONCLUSION L’approche par compétences du curriculum préconise un changement
qualitatif du système éducatif malien.
Le présent curriculum d’éducation à la citoyenneté, qui s’inscrit dans cette
optique, est un outil d’apprentissage/formation conçu à l’intention de toute
la population malienne notamment les non scolarisés et les déscolarisés, des
jeunes, des vieux, hommes et femmes.
Ce produit qui est le fruit de l’engagement du Réseau Aga Khan au côté du
gouvernement malien, dans la recherche d’un mieux-être du malien non
scolarisé ou précocement déscolarisé, est destiné au non formel. Il répond
ainsi à une des options fondamentales du PRODEC qui souhaite que
l’application du curriculum ne soit pas limitée au seul système formel. Il se
propose donc d’atteindre, à travers les CED, les CAF, les CAFé, les
associations et organisations paysannes, les OSC etc., un public très
hétérogène mais dont la participation à la vie publique est incontournable et
très déterminante.
Son application nécessite l’implication à la fois du secteur privé et du
secteur public. Grâce à ses composantes de démocratie, de paix, de droits
humains, d’environnement et développement durable et leurs pendants de
thèmes, de compétences, d’objectifs et de contenus, il vise la réalisation d’un
changement de comportement, une cohésion sociale qui ne peut se
construire que sur des valeurs partagées, un discours commun et la
réduction de l’écart entre les maliennes et les maliens afin que ceux-ci aient
le sentiment de participer à un projet commun.
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D’une application très simple, sa mise en œuvre fait appel à des activités
intra muros ou extra muros, en fonction de la disponibilité du public cible,
évitant ainsi d’enfermer l’animateur/formateur dans un carcan. Les
différentes techniques d’animation proposées concourent à cette aisance
recherchée dans la mise en œuvre du présent programme.
Tout comme la mise en œuvre implique le privé et l’Etat, le mécanisme de
suivi nécessite également une action participative de la part de tous les
acteurs.
L’efficacité du présent programme passe indubitablement par l’élaboration
et la mise en œuvre d’un guide du maître et d’un module de formation à
l’intention des animateurs/formateurs.
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