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Mémoire de PFE Partie01 Japon - Tokyo

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Sommaire

Introduction ............................................ P05

I - Japon .......................................... P07

Japon_Géographie et géologie .............. P08

01. Superficie et frontières02. Relief03. Climat04. Les risques naturels

Japon_Démographie .............................. P12

01. Une surpopulation et un maque d’espace relatif02. Une maitrise démographique précoce03. 127 millions d’habitants en 2005

Japon_Culture et traditions .................... P16 01. L’esprit japonais02. Les modes de vie03. Religion04. Architecture

II - Tokyo ........................................ P27

Tokyo_Histoire ........................................ P28

01. La période Edo02. La restauration Meiji et la course à la modernité03. Les début du XXe siècle04. Le grand tremblement de terre du Kanto et la deuxième Guerre Mondiale05. L’après guerre06. Les années 1960-197007. L’heisei boom08. La crise

Tokyo_Orientation .................................. P36

01. Des limites qui s’éloignent toujours02. La place de l’eau dans la ville03. La Vie urbaine Tokyo_Projets de la ville ......................... P76

01. Tokyo Big Change – The 10 years plan02. Tokyo JO201603. Fibercity – Tokyo 2050

Le monde ne cesse de s’urbaniser. En 1900, 10 % de la population vivait dans les villes. En 2000, cette proportion passe à 50 % et, d’ici à 2025, le nombre de citadins pourrait atteindre près de 5 milliards d’individus, atteignant ainsi 60 % d’urbains. Les villes se multiplient, acceuillent de plus en plus d’individus et consomment de plus en plus d’espace.

En 1950, seules New York et Londres comptaient plus de 8 millions d’habitants. Trente trois mégalopoles sont annoncées pour 2015 et Tokyo sera la seule ville riche à continuer à figurer sur la liste des dix plus grandes villes. (1)

Cependant, le Japon, qui accueille aujourd’hui la plus grande agglomération urbaine du monde grâce à ses 36,4 millions d’habitants en 2005 (2) , doit faire face à un problème inverse.

En 2005, le Japon a connu son pic de croissance démographique à près de 130 millions d’habitants. Avec un taux de natalité stable à environ 1,36~1,38 enfant par femme, la population japonaise devrait cependant passer en dessous de la barre des 100 millions d’habitants en 2050. Les prévisions pour 2100 vont dans le même sens et la population devrait diminuer encore et n’atteindrait plus que 60 à 70 millions d’habitants si la tendance se poursuit.

introduction

(1) Source : Selon les projections des Nations Unies, 2004(2) Source : Selon le rapport 2007 des Nations unies sur les agglomérations urbaines

C’est ainsi que, naturellement, je me suis intéressée aux conséquences que cette décroissance de population pourrait avoir sur la ville de Tokyo.

Afin de mieux comprendre le projet, il m’a paru nécessaire d’exposer, dans un premier Tome, les caractéristiques propres au Japon et à Tokyo ; le second Tome est quant à lui consacré au projet.

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01. Superficie et frontières

Le Japon comprend quatre iles principales qui sont Honshu (un peu plus vaste que l’Angleterre), Hokkaido, Kyushu et Shikoku. On dénombre près de quatre mille autres petites îles. Okinawa, la plus importante de ces dernières, se situe à peu près au centre d’un archipel allant de la pointe Ouest de Honshu et pratiquement jusqu’à Taiwan.

Le pays est scindé en neuf régions. Du Nord au Sud, elles sont Hokkaidō, Tōhoku, Kantō, Chūbu, Kansai, Chūgoku, Shikoku, Kyūshū et Okinawa.

D’une superficie de 377 435 km², le Japon se compose d’une chaine d’îles dont l’épine dorsale est formée d’un arc montagneux de 3000 km. Le pays s’étend du 25° parallèle Nord, à la pointe sud d’Okinawa, au 45° parallèle Nord, à l’extrémité septentrionale de Hokkaido. Le Sud du territoire se trouve ainsi au même niveau que des villes comme Le Caire et Miami, le Nord à la hauteur de Milan et de Montréal.

02. Le Relief Les montagnes couvrent près de 75 % de la surface du Japon. Le plus haut sommet du pays

est le Mont Fuji. C’est un volcan et sa forme est très régulière. Il culmine à 3 776 mètres et est l’un des principaux symboles du pays.

« Les montagnes couvrent près de 75 % de la surface du Japon »

On retient deux plaines principales au Japon qui sont : - la plaine du Kantô qui est maintenant couverte par l’agglomération de Tōkyō - la plaine d’Hokkaidō au nord

Du fait du manque de surfaces planes, de nombreux terrains en pente ou à flanc de colline sont cultivés.

03. Le climat

S’étirant des tropiques à la mer d’Okhotsk, l’archipel du Japon présente une grande variété d’écosystèmes et de climats. Peu de pays possèdent à la fois des récifs de corail et des pics enneigés.

Du Nord au Sud le climat se définit de la façon suivante : - Sapporo, sur l’île de Hokkaidō : un été chaud et un hiver long, froid et très neigeux. - Tōkyō, Nagoya, Kyōto, Ōsaka, et Kōbe, dans

Japon _géographie et géologie

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la partie Est de l’ile de Honshū : climat qualifié de subtropical humide, avec un hiver relativement doux et un été chaud et humide. - Fukuoka, sur l’île de Kyūshū : un hiver doux et un été long. - Okinawa, l’archipel le plus au sud : c’est ici que le climat est le plus clément. Les températures hivernales sont proches de 16°C en moyenne et ne descendent jamais en-dessous de 10°C.

« Le pays possède à la fois des récifs de corail et des pics enneigés »

L’archipel japonais est touché par les tempêtes tropicales et les typhons qui ont surtout lieu entre juin et octobre.

04. Les risques naturels

Le Japon est un archipel volcanique, situé sur la « ceinture de feu du Pacifique » Il est l’une des zones les plus sismiques du globe. L’archipel se situe à jonction de quatre plaques tectoniques ; la plaque eurasienne, la plaque nord-américaine la plaque pacifique et la plaque philippine.

« Pourtant très urbanisé, le japon est l’une des zones les plus sismiques du globe »

On ne dénombre pas moins de 265 volcans dont une vingtaine qui sont actuellement en activité.

On estime à plus d’un millier le nombre de tremblements de terre qui se produisent chaque année sur le territoire. La plupart d’entre eux s’avèrent heureusement trop faibles pour être perceptibles.

Le phénomène touche particulièrement la région du Kanto où se situe Tokyo mais les séismes peuvent frapper partout dans l’archipel, comme l’a montré la catastrophe de Kobé en 1995.

Vue du Mont Fuji depuis Tokyosource : wikimedia - Mount Fuji

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Japon _démographie

01. Une surpopulation et un manque d’espace relatif

Rappel : la densité de population On définie couramment la densité depopulation comme le nombre de personne par unité de surface (généralement le km²).

A titre d’exemple, les pays européens ont une densité moyenne qui oscille entre 100 et 393 hab./km². - France : 112 hab./km² (2)- Allemagne : 231 hab./km²- Pays-Bas : 393 hab./km²

Les pays ou territoires présentant les plus hautes densités de population sont : - Le Caire : 35 420 hab./km²- Manhattan : 25 835,21 hab./km²- Paris : 24 448 hab./km²

Le pays est peuplé très inégalement, mais les contrastes de peuplement ne dépendent pas uniquement des conditions physiques.Seuls 28 % du territoire sont considérés comme techniquement habitables selon les critères du ministère de la Construction qui se fondent sur une déclivité inférieure à huit degrés. Ces facteurs sont effectivement contraignants.

« Seuls 28 % du territoire sont considérés comme techniquement habitables selon les critères du ministère de la Construction »

La densité de population au Japon est de 339,7 habitants/km² et passe à 1 523 habitants/km² en ne considérant que les zones habitables. (3)Plus de 50 % de la population vit sur 2 % du pays.

02. Une maitrise démographique précoce

Au cours du XVIIe siècle, la population du Japon a plus que doublé. Puis, c’est la stagnation, voire le déclin. Une série de catastrophes naturelles telles que des séismes, des éruptions volcaniques, ou encore des refroidissement climatiques dans certaines régions entrainent directement morts, famines, épidémies… et déciment de ce fait les excédents démographiques naturels. L’instabilité et la misère poussent aussi la population à freiner les naissances. Une maîtrise de la fécondité semble avoir été très tôt acquise au Japon. Elle provient à la fois des conjonctures socio-économiques, mais aussi d’une conception de la vie, du couple et de la famille.

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Densit%C3%A9_de_population(3) Selon le rapport du CIA World Factbook - 2005

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« Une maîtrise de la fécondité semble avoir été très tôt acquise au Japon »

Puis, la croissance démographique résulte essentiellement d’une diminution de la mortalité qui a lieu grâce aux progrès médicaux et de l’hygiène publique au XXe siècle. Le taux de natalité baisse régulièrement : 40 ‰ environ au XVIIe siècle, 35 ‰ au XVIIIe siècle, 30 ‰ au cours du XIXe. En 1920, il remonte à 35 ‰. C’est à cette période que le pays accomplit sa transition démographique. Le retard de l’âge du mariage, voire la diminution elle-même des mariages entraine une baisse de la fécondité. Les effets de l’industrialisation, de l’urbanisation et d’une certaine prospérité économique viennent ensuite s’y ajouter. Le taux de mortalité passe de 30 ‰ au cours du XVIIIe siècle à 25 ‰ jusqu’en 1920 puis chute régulièrement par la suite.

03. 127 millions d’habitants en 2005

En 2005, les taux de natalité et de mortalité arrivent au même niveau et se situent tous deux à 8,5 ‰. Pour la première fois depuis le début du

XIXe siècle le Japon voit sa démographie diminuer. La population se situe à 127 millions d’habitants. « Le Japon voit sa démographie diminuer depuis 2005 »

Grâce aux progrès médicaux, au système de santé, à l’hygiène générale et à une alimentation plus saine qu’ailleurs, l’espérance de vie à la naissance est au Japon, la plus importante du monde :

- 85,59 ans pour les femmes en 2003 - 78,64 ans pour les hommes en 2003

« L’espérance de vie à la naissance est la plus importante du monde au Japon »

Depuis 1995, la proportion de personnes âgées (≥ 65 ans) dépasse la proportion de jeunes (< 15 ans). Plus de 27,4 millions de personnes ont plus de 65 ans, dont 12,7 millions plus de 75 ans ce qui représente 10 % de la population nipponne.

La part des plus de 65 ans pourrait grimper à 40,5 % d’ici 2055 au rythme actuel.

Carrefour de Shibuyasource : IloveTokyo.fr

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Japon _culture&traditions

01. L’esprit japonais

La culture japonaise peut sembler hermétique au premier abord. En découvrant le Japon, les étrangers sont fréquemment marqués par une apparente absence d’individualisme et un manque de franchise. Formés au sein de la famille et entre amis et collègues, les liens sociaux apparaissent cependant souvent plus profonds et plus durables.

La fidélité, la loyauté et le respect d’autrui sont des valeurs essentielles. Les Japonais voient dans l’égoïsme l’un des plus grands défauts de l’esprit humain. Le groupe est primordial. Contrairement à d’autres sociétés ou l’amitié peut s’avérer éphémère, au Japon, elle dure souvent toute une vie.Au Japon, la règle première dans les rapports sociaux est sans doute de prendre en considération les sentiments d’autrui. Cela implique donc qu’il faut garder ses propres sentiments et émotions pour soi.

02. Les modes de vie

- En Ville

La grande majorité des japonais vit dans les grandes villes. L’emploi du temps des citadins est

souvent surchargé. Les horaires de travail peuvent être épuisants et les trajets sont généralement très longs. Il y a encore dix ans, il n’était pas rare que les employés vivent, travaillent, mangent et dorment dans l’entreprise. Cependant, le monde du travail et la sphère privée sont actuellement en mutation, les nouvelles générations ne voulant plus se tuer à la tâche.

« En 2004, sur une population de 127 millions d’habitants, 80 millions de japonais possédaient un téléphone portable. Tokyo compte plus de six millions de distributeurs automatiques »

Les foyers composés d’un père employé de bureau, d’une mère au foyer et d’un ou deux enfants studieux n’ont pas entièrement disparus, mais la famille traditionnelle évolue au gré des mutations sociales et de la conjoncture économique. Les femmes travaillent de plus en plus. Le chômage est proche de 5 % depuis quelques années, ce qui est un chiffre élevé pour le pays.

- A la campagne

Les petits villages de paysans ou de pêcheurs perdus dans les montagnes ou perchés sur les falaises n’accueillent plus qu’un japonais sur quatre. Les migrations massives d’après guerre

Distributeurs dans le Parc Inokashirasource : Photo personelle

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ont dépeuplé les campagnes tout en modifiant le tissu social et les paysages. Aujourd’hui encore, les jeunes partent en grand nombre vers les villes. Par manque d’entretien, des rizières délaissées glissent le long des collines.

Désormais 15 % seulement des foyers paysans parviennent à vivre de la seule agriculture. La plupart des travailleurs ruraux cumulent plusieurs emplois. Certains parviennent à en obtenir des revenus supérieurs à ceux des citadins, mais cette situation témoigne néanmoins de la crise des communautés rurales et de leur difficulté à maintenir le mode de vie traditionnel.

03. Religion

Au Japon, seuls le bouddhisme et le shintoïsme ont profondément marqué la culture. La plupart des japonais pratiquent les rites des deux religions. Il est littéralement admis que le shintoïsme, littéralement la « voie des divinités », est né au Japon.

04. Architecture

- architecture traditionnelle

Hormis sur l’Ile d’Hokkaido, les maisons sont construites en prévision de la chaleur de l’été. Les matériaux légers sont privilégiés. Ce choix se justifie également par la présence des tremblements de terre, qui proscrit l’emploi de matériaux lourds comme la pierre ou la brique.

Les murs extérieurs des maisons typiques se composent d’une structure de poteaux et de poutres en bois.

Des paravents amovibles en papier de riz, ou shoji, divisent l’intérieur des maisons. Un lieu est parfois réservé à la cérémonie du thé. L’harmonie de l’espace est primordiale et repose sur l’utilisation de matériaux naturels et un arrangement réfléchi des meubles et des accessoires.

Mariage dans le parc Yoyogi - Tokyosource : Photo personnelle

Maison traditionnelle - Niigatasource : Photo personnelle

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Particulièrement ancrées dans la tradition, les maisons de ville machiya étaient autrefois construites par les marchands des centres urbains. Jusqu’à très récemment, les vieux quartiers de Tokyo et quelques secteurs de Tokyo renfermaient des ruelles étroites, bien ordonnées, bordées de maisons de ce type. La plupart ont toutefois été victimes de la frénésie de construction.

- architecture contemporaine

L’architecture japonaise est actuellement l’une des plus novatrices de la planète et exerce une grande influence sur le reste du monde. Elle sait allier tradition et modernité.

Le gout traditionnel pour les espaces simples et harmonieux, inspirés de l’ordre naturel, se retrouve dans les créations des architectes contemporains qui lui associent désormais des matériaux ultra modernes et des techniques de construction occidentales.

- En 1868, pendant la Restauration Meiji, le Japon s’ouvre pour la première fois à l’architecture occidentale. Les méthodes de construction en bois traditionnelles sont combinées à des structures occidentales.

- La nécessité de reconstruire le Japon après la Seconde Guerre mondiale donna une forte impulsion à l’architecture japonaise, plaçant ainsi les constructions contemporaines japonaises parmi les plus impressionnantes en terme de technologie et de conception formelle.

Au milieu des années 1960, le Japon avait développé un style unique et commença à attirer l’attention du reste du monde.Le Corbusier eu une influence majeure sur Kenzo Tange, architecte japonais le plus célèbre de l’après-guerre. Il a notamment construit les bureaux du Tokyo Metropolitan Government dans le quartier de Shinjuku qui occupent l’édifice le plus haut de la capitale.

- Dans les années 1960, un groupe d’architectes dont Kazuo Shinohara, Kisho Kurokawa, Fuhimiko Maki et Kinoyori Kikutake initia

le Mouvement Métabolisme. Celui-ci privilégiait dans les constructions les espaces et les fonctions flexibles, au détriment des formes fixes.

Fumihiko Maki avança de nouvelles idées d’urbanisation basées sur le principe du «cocooning» autour d’un espace intérieur, un concept spatial japonais adapté aux besoins urbains. Il préconisa également l’usage d’espaces ouverts.

- Dans les années 1980, une nouvelle génération d’architectes japonais s’imposa sur la scène internationale, dont Tadao Ando, Itsuko Hasegawa et Toyo Ito. Ce groupe d’architectes plus jeunes continua d’explorer le modernisme et le post modernisme, tout en manifestant un regain d’intérêt pour l’héritage architectural japonais.

Les réalisations de Tadao Ando en particulier, se caractérisent par une fusion du modernisme classique avec les styles japonais. Elles combinent des matériaux comme le béton avec des motifs géométriques typiques de l’architecture traditionnelle japonaise. Un usage dépouillé et délicat des matériaux l’a souvent conduit à concevoir des espaces consacrés à la méditation ou à la religion.

Mairie de Shinjuku - Architecte Kenzo TangeSource : wttp://www.japonpassion.fr

22 23Mediathèque de Sendai - Architecte Toyo ItoSource : www.miyagitheme.jp/.../sendai_mediatheque.jpg

Musée d’Arts Contemporains de Naoshima - Architecte Tadao AndoSource : www.mimoa.eu/images/4794_l.jpg

24 25Moriyama House - Architecte Ryue NishizawaSource : The Japn Architect n°66 - photo personnelle

Glass Shutter House - Architecte Shigeru BanSource : Archilab Japon 2006

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Tokyo_histoire

Le Japon, dont le nom signifie « Aux racines du soleil levant » a des origines très anciennes. L’histoire du pays, non exempte de tensions est marquée par une alternance de fermetures et d’ouvertures aux étrangers. Aux XIe et XIIe siècles, le pays reçoit l’influence du bouddhisme et de la culture chinoise ; au XVe et XVIe siècles, il accueille les Européens ; à partir du XIXe siècle, il s’ouvre à l’occident et au monde.

01. La période Edo

La ville, située sur un estuaire, s’appelait originellement Edo, ce qui signifie «porte de la baie».

En 1590, Tokugawa Ieyasu s’établit à Edo. Il prit le titre de shogun (généralissime), en opposition plus ou moins déclarée à l’empereur. Sa dynastie conserva le pouvoir pendant quinze générations. Il inaugura une politique d’exclusion à l’égard des européens, que ses successeurs maintiendront pendant près de trois siècles. La cour impériale demeura à Kyoto, l’ancienne capitale fondée en 794, mais le centre politique du pays s’était déplacé vers le nord.L’autarcie imposée par le Shogunat dura presque trois siècles. Elle a eu une profonde incidence sur la culture de la ville d’Edo et de la nation toute entière.

L’isolement n’empêcha pas le développement du pays, mais favorisa certainement son autonomie et sa différence, marquant pas là son caractère de manière irréversible.

En 1657, le grand incendie de Meireki subi par Edo cause de graves dévastations : 60 % des édifices, donc 350 temples et sanctuaires, partirent en fumée et le nombre de morts s’éleva à plus de cent milles. C’est une des catastrophes majeures de l’histoire de la ville parmi les nombreuses qu’elle a subit au cours des siècles.

L’histoire d’Edo est en effet marquée par une succession de destructions et de reconstructions, qui expliquent l’aspect toujours nouveau d’une ville pourtant très ancienne. On y remarque ainsi une acceptation résignée de l’instabilité et d’un renouvellement d’une part, mais aussi son extrême attachement aux traditions d’autre part.

Lors de la reconstruction de la ville, diverses mesures visèrent à empêcher d’autres désastres : la densité de population fut réduite de façon drastique et le gouvernement lança un programme délibéré d’extension du territoire. Vers

1670, Tokyo occupait déjà près de 63 km². (A titre comparatif, Paris se concentre aujourd’hui sur un espace restreint de 87 km²). Dans les premières années du XIXe siècle, elle comptait 800 000 habitants, ce qui en faisait la plus grande métropole du monde. Au milieu du XIXe siècle, elle dépassa le million d’habitants et fut dotée d’un système élaboré de canaux et d’équipements hydrauliques destinés à assainir les lieux et à empêcher les continuelles inondations. La densité de peuplement de la ville basse de Shitamachi continuait d’être très élevée. Elle atteignait 70 000 habitants au km². Son réseau de voies de communication, protégé par des entrées fermées, était déjà labyrinthique.

Les japonais ne sortirent de l’isolement qu’en 1853.

Des navires militaires américains pénétrèrent dans la baie d’Edo et contraignirent le gouvernement japonais à inaugurer une nouvelle ère d’échanges commerciaux. La rédaction d’un premier traité nippo-américain date de 1854.

En 1858, Yokohama, qui n’était qu’un village de 300 habitants situé sur le delta du fleuve Oka, devint l’un des quatre ports mentionnés par le traité. Ce fut le début de son développement très rapide. En 1889, la ville comptait 120 000 habitants, et 600 000 en 1930.

02. La restauration Meiji et la course à la modernité

En 1868, le shogunat militaire fut aboli et la dynastie Meiji, aux mains de l’empereur Mutsuhito, reprit le pouvoir. Edo devint la nouvelle capitale du pays et fut rebaptisée Tokyo. La cour et toute l’administration impériale, qui siégeaient depuis plus de mille ans à Kyoto vinrent s’installer à Tokyo. La cité était déjà immense et couvrait déjà près de 80 km².

La restauration Meiji unifia l’empire. Elle constitue un phénomène sans précédent et d’une portée exceptionnelle : elle inaugure une période révolutionnaire d’ouverture vers l’Europe. Une culture millénaire, notamment sur le plan architectural, se trouva ainsi confrontée, de manière

tout à fait inattendue, aux nouveautés venant de l’Europe. Contraints à une remise en question de leurs traditions, le Japon et Tokyo en particulier commencèrent alors une course controversée vers la modernité.

En 1872, un nouvel incendie avait détruit les arrondissements centraux de Ginza et Tsukiji (situés entre le Palais Impérial et la Baie de Tokyo), habités à l’époque par de nombreux étrangers. Il fut alors décidé que les édifices seraient désormais construits de façon à pouvoir résister au feu. Le matériau traditionnel, le bois, fut abandonné.Le processus d’occidentalisation se poursuivit avec la réalisation d’un nouveau centre social, véritable point de rencontre entre japonais et européens. En 1886, la construction d’un nouveau quartier administratif, cette fois dans le voisinage du Palais Impérial, fut décidée.

En 1888 est créée la Tokyo City Improvement Ordinance. C’est la première tentative de gestion urbaine moderne de la nouvelle capitale. Elle a pour objectif d’améliorer le réseau des voies de communication (rues et voies ferrées) de garantir un approvisionnement suffisant en eau, d’aménager les fleuves, les parcs, les ponts, les marchés, les cimetières et les jardins.

La préoccupation permanente d’adaptation aux standards occidentaux a ainsi marqué pendant plus d’un siècle la politique de travaux publics.

03. Les débuts du XXe siècle

Les débuts du XXe siècle coïncident pour la capitale avec une nouvelle et très forte tendance à l’occidentalisation. Tokyo était devenue entre-temps une préfecture qui comptait 2 400 000 habitants en 1905.A la mort de l’empereur Mutsuhito en 1912, la capitale était déjà pratiquement une cité moderne au sens occidental du terme. Les projets gérés par l’Ordonnance d’amélioration de Tokyo City Improvement Ordinance se poursuivirent jusqu’à la fin de l’année 1918.

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A la fin de la première guerre mondiale, en 1919, fut promulguée la City Planning Law, première approche systématique de la difficile planification des métropoles contemporaines.

La loi ne recourait pas seulement au zoning, elle tenait également à promouvoir le regroupement des petites parcelles anachronique du cadastre, selon un règlement directement inspiré de la loi allemande.

La croissance démographique, d’abord développée par l’industrialisation amorcée à la fin de la guerre puis par une forte immigration intérieure, se poursuivit de façon irréversible, contraignant la ville à affronter de difficiles problèmes de gestion.

En 1920, la population de la ville de Tokyo avait pratiquement doublé en un peu plus de deux décennies et atteignait 3 700 000 habitants.

04. Le grand tremblement de terre du Kanto et la deuxième Guerre Mondiale

Tokyo a subit au cours du XXe siècle deux destructions massives : le tremblement de terre du Kanto de 1923 et la Seconde Guerre Mondiale.

- Le 1er septembre 1923, la ville fut secouée par un violent séisme, demeuré tristement célèbre sous le nom de Kanto-daijishin, «le grand tremblement de terre du Kanto». Ce ne fut pourtant pas le séisme qui causa les dommages principaux mais plutôt ses effets indirects. Plus de 50 % des édifices, encore majoritairement en bois, brûlèrent dans les incendies nés de la secousse et propagés par un vent violent. Il y eut près de 150 000 morts. - Le pacte signé en 1940 fit du Japon l’allié de l’Italie et de l’Allemagne. En 1941, l’amiral Isoroku Yamamoto, vice premier ministre de la Marine mit en œuvre un plan insensé visant à supprimer la présence américaine dans le Pacifique.

Le 7 décembre 1941, la flotte japonaise attaqua par surprise la base navale américaine de Pearl Harbour, dans les îles Hawaï. Le jour suivant, les Etats-Unis déclarèrent la guerre au Japon, mais la réaction se fit longtemps attendre.

Le premier bombardement ne frappa Tokyo qu’en avril 1942. Un nombre croissant de raids aériens se succédèrent au cours des trois années suivantes.

Le soir du 9 mars 1945, un bombardement qui allait durer toute la nuit commença. Plusieurs centaines de bombardiers B 29 déversèrent sur la ville basse plusieurs milliers de bombes explosives et incendiaires. L’incendie éclata de manière infernale dans la partie la plus peuplée de Tokyo qui ne fut alors plus qu’une plaine carbonisée.

Les bombardements se poursuivirent jusqu’au mois d’aout. Tokyo subit au total 68 raids aériens. Le 6 aout 1945, une bombe atomique fut lancée sur Hiroshima et, trois jours plus tard, une autre sur Nagasaki. Anéanti, le Japon fut contraint à la reddition.

Dans son autobiographie inédite, l’architecte Arata Isosaki rapporte : « Sur l’archipel, le ciel était bleu et sans nuage en ce 15 aout 1945, jour de la reddition du Japon. J’étais alors un garçon de quinze ans et même si je sentais qu’une époque allait finir, je n’avais aucune idée de ce qui allait commencer. Tout ce que je savais, c’est que le vacarme avait cessé. Et pendant un instant, ce fut un calme absolu […]. Pendant toute ma jeunesse et jusqu’à ce que j’aie commencé à étudier l’architecture, je me suis constamment trouvé en face de la destruction et de l’élimination des objets physiques qui m’entouraient. »

Sans avoir subi la dévastation nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki, Tokyo sortit néanmoins de la guerre comme on sort d’une catastrophe.

En février 1944, sa population était de 7 300 000 habitants ; en novembre 1945, soit quelques vingt et un mois plus tard, elle n’en comptait plus que 3 500 000, tous réduits à la famine. Un quart de la

ville était rasé jusqu’au sol ; la moitié des maisons, les antiques temples de Meiji-jingu et de Senso-ji, le château d’Edo était détruits: dans le centre, dans un rayon allant d’Hibiya à Shinjuku – soit près de 8 km – plus rien ne restait debout.

05. L’après guerre

Le pays demeura occupé par les alliés, principalement par les américains, de 1945 à 1952. Les forces armées furent démantelées, les possessions coloniales abandonnées. L’ancienne haute classe sociale perdit son pouvoir économique et politique. L’empereur fut obligé de renoncer à son statut divin. Une nouvelle constitution fut promulguée en 1947. Selon celle-ci, l’empereur devenait un simple symbole de l’état.

Pendant une longue période Tokyo ne sembla pas pouvoir renaitre. Pourtant les années 1950 virent peu à peu se produire une extraordinaire croissance démographique et économique.

En 1955, la population de Tokyo atteignit 8 millions d’habitants.

La demande de main d’œuvre de la part des industries dans un pays encore fermé à l’immigration allait entrainer l’affut dans la capitale des populations des zones rurales les plus pauvres. L’année suivante fut promulgué la Capital Region Development Law, un plan régional ambitieux, modelé sur le Greater London Plan de 1944. Comme pour Londres, le plan proposait la création de cités satellites et d’une « ceinture verte » destinée à endiguer l’expansion urbaine. L’idée de cette ceinture verte n’eut qu’une vie brève, en raison de l’opposition des municipalités limitrophes qui y voyaient une limite à leur propre droit au développement.

Tremblement de terre du KantoSource : http://aboutjapan.japansociety.org

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06. Les années 1960-1970

La croissance de la capitale se poursuivit d’une manière de plus en plus chaotique et incontrôlable. En 1960, Tokyo comptait 9 676 000 habitants, près de 12 millions si l’on considère l’ensemble de la métropole.

Les conditions de vie commencèrent à y devenir difficiles et onéreuses. Au milieu des années 1960, pour la première fois, l’émigration intérieure dépassa l’immigration. Il ne s’agissait évidement pas d’un véritable départ, mais plutôt d’un phénomène de concentration de la population dans les banlieues résidentielles, qui s’accompagnait d’un important va-et-vient journalier des travailleurs.

Une série de nouvelles lois favorisait les mécanismes régulateurs du marché immobilier résidentiel. La propriété en commun d’un immeuble fut autorisée en 1962, ce qui rendit possible la création de véritables copropriétés.

En 1963, les limitations de hauteur furent réajustées. C’est à partir de cette date que la forme de la ville change profondément, devenant de plus en plus verticale

La nécessité d’exploiter au maximum les cubages autorisés et de s’extraire de l’enchevêtrement des normes à respecter poussèrent souvent les concepteurs à adopter des plans irréguliers qui suivaient la forme, également irrégulière, des lots de terrain et à donner aux derniers étages de curieuses silhouettes en pyramide tronquée afin de respecter les normes d’ensoleillement. Cette formule allait devenir partie intégrante de la scène urbaine contemporaine.

Les Jeux olympiques de 1964 donnèrent une impulsion appréciable à la planification urbaine. C’était les premiers Jeux se déroulant en Asie, depuis l’annulation forcée de ceux prévus au Japon en 1940. Ils constituèrent pour Tokyo une vitrine sur le monde : leur gestion fut vécue comme

une nouvelle affirmation de l’identité nationale retrouvée, après deux décennies de grave désarroi psychologique provoqué par la guerre.

En prévision des Jeux Olympiques, un programme intensif de construction d’autoroutes urbaines fut lancé. Il tentait de résoudre les problèmes toujours plus graves posés par la circulation et n’épargnait aucun emplacement de la ville, à l’exception du Palais impérial.

Une ligne ferroviaire à grande vitesse desservie par les Shinkansen (équivalent du TGV) fut inaugurée vers Kyoto et Osaka, la deuxième région métropolitaine du pays. Cette distance de 530 kilomètres était franchie en trois heures et dix minutes. En dépit du succès remporté par ces couteuses interventions, de sérieux problèmes de pollution touchaient la ville dans son ensemble.

Au début des années 1970, Tokyo comptait 11 400 000 habitants. Dans le but de décongestionner les quartiers du centre, on finit par construire les cités satellites envisagées plus de vingt auparavant.

Les plans d’urbanisme des années 1950 ne prévoyaient pas seulement une décentralisation régionale, mais aussi une véritable décentralisation intérieure grâce à la création de centres villes substitutifs. Ils virent le jour d’abord à Shibuya, Shinjuku et Ikebukuro, puis à Ueno/Asakusa, Osaki et Kinshicho/Kameido et enfin sur les îles crées artificiellement dans la baie. Cette réaction ne fut que partielle mais elle fut imposée d’une importante infrastructure ; elle amorça la transformation de la ville en un système polycentrique. Celui-ci est encore le sien aujourd’hui.

07. L’Heisei boom

L’expansion des années 1980 conduisit Tokyo à pulvériser tous les records et à atteindre des niveaux de prospérité sans précédent : c’est l’Heisei Boom ( la bulle ) qui durera jusqu’au début des années 1990. La croissance économique

Bombe atomique - NagasakiSource : http://contexts.org

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entraina celle de la ville bien au delà de sa sphère d’influence traditionnelle. Produisant des services et des biens financiers en pourcentages croissants, Tokyo rejoignait le groupe de tête des classements nationaux aussi bien qu’internationaux.

Bien que dispersé politiquement et militairement, Tokyo était en somme devenue une superpuissance encombrante sur le plan économique et financier, rivale de Londres et de New-York.

Mais le boom avait aussi des conséquences négatives. La ville se voyait contrainte d’accueillir des flux migratoires, souvent illégaux, provenant surtout de Taiwan et de Corée du Sud, mais aussi de Hong Kong, de Chine, des Philippines, de Thaïlande, d’Indonésie, d’Inde et même d’Iran.

L’augmentation vertigineuse des prix et l’éloignement consécutif des quartiers du centre de larges catégories de la population, surtout les jeunes, commençait à poser un problème. Le coût élevé des logements entrainait peu à peu leur redimensionnement.

Gregotti, architecte italien et professeur à l’Institut architectural de Venise, écrivait : «Tout est extrêmement cher au Japon, non seulement pour un occidental, mais aussi pour la majeure partie des japonais, pour lesquels le standard soviétique honni de 12 m² d’habitation par personne constituerait, dans le pays le plus riche du monde, un objectif inaccessible. »

Les surfaces moyennes des appartements passèrent de 57 m² en 1980, à 49 m² en 1983 et 46 m² en 1987.

L’industrie d’avant-garde de la construction a été l’actrice principale du boom. Elle ne produisait pas seulement des bâtiments, mais aussi des infrastructures audacieuses et couteuses : des îles artificielles dans la baie de Tokyo, comme celle de l’aéroport de Kansai, en face d’Osaka ; des ponts les plus longs de la planète ; des tunnels sous-marins comme celui qui relie Honshu à Hokkaido (53 km). Ponts, viaducs et tunnels sont les plus nombreux du monde par unité de distance.

Cette machine productive avait des dimensions exceptionnelles : dans les années 1990, avec 3 % de la population mondiale regroupée sur 0,3 % de la surface du globe, le Japon produisait 13 % du produit brut mondial annuel et dépassait celui des pays de l’Union européenne et des Etats-Unis réunis.

08. La crise

Aussitôt après ; de façon inattendue, le Japon tout entier devait glisser dans une période de crise. On découvrit de graves faits de corruption politique. Un véritable monde souterrain de pauvres commençait à peupler Sanya, un district négligé appartenant aux municipalités de Taito et d’Arakawa. Les sans-abri étaient également nombreux dans le parc d’Ueno et dans la gare de Shinjuku. Démissions et suicides (30 000 en 1998 ; 33 000 l’année suivante) ébranlèrent fortement la société.La compétitivité de la nation, la première au monde au début des années 1990 chuta entre le 16e et le 18e rang en 2000. La crise entraina une réduction drastique de tous les programmes d’urbanisme et de construction, tout en n’ayant qu’une incidence relative sur le niveau de vie très élevé des japonais.

Le Japon demeure aujourd’hui encore le pays le plus riche du monde. Cette crise, essentiellement financière s’éternise et se révèle difficile à surmonter.

Tour Capsule Tokyo - Kisho KurokawaSource: Kisho Kurokawa, Architectural Record

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Tokyo_Orientation

01. Des limites qui s’éloignent toujours

A - Ville centrifuge

« Ce paysage urbain, nous l’observons à travers les yeux d’un oiseau de nuit qui volerait très haut dans le ciel. Depuis ce point de vue panoramique, la ville apparaît comme une gigantesque créature. Ou même comme un agrégat de corps vivants. S’étendant jusqu’à d’insaisissablesconfins,desvaisseauxsanguinsinnombrables, irriguent les cellules, les régénèrent inlassablement. Les vaisseaux convoient des informations nouvelles, recyclent les anciennes. Créent de nouvelles contradictions, effacent les anciennes. En tous lieux, les corps agrégés clignotent au rythme des battements du cœur, s’échauffent, se meuvent. L’heure est proche de minuit, le pic d’activité est passé mais les échanges indispensables au fonctionnement vital restent incessants. Tel un continuo, la ville bruit. Monotone, monocorde, intégrant cependant des pressentiments.»

Haruki Murakami, Le passage de la nuit, 2004

Tokyo ne cesse de surprendre. On pourrait la comparer à un cyclone. Sa forme est chaotique et dynamique. Elle s’étend indéfiniment. La ville semble tournée autour d’un centre vide.

Cet espace coïncide avec le Palais Impérial et le grand parc qui l’environne. Celui-ci est enfermé derrière de hauts murs. Il demeure inaccessible physiquement, mais aussi psychologiquement.

« Tokyo ressemble à un cyclone. La ville présente un étonnant paradoxe : elle possède bien un centre, mais celui-ci est vide. »

Pour de multiples raisons, les villes d’Occident sont concentriques. Le centre semble être le lieu de la vérité. Il est toujours plein. C’est en lui que se rassemblent et se condensent les valeurs de la civilisation telles que la spiritualité, le pouvoir, l’argent, la marchandise, etc.

Tokyo présente un étonnant paradoxe : elle possède bien un centre, mais celui-ci est vide. Toute la ville tourne autour d’un lieu à la fois interdit et indifférent, demeure d’un empereur que l’on ne voit jamais.L’une des deux villes les plus puissantes de la modernité est donc construite autour d’un anneau opaque de murailles, d’eaux, de toits et d’arbres, dont le centre lui-même n’est plus qu’une idée évaporée.

« La ville se constitue essentiellement de constructions neuves ou récentes. »

Une autre caractéristique étonnante de la ville, est qu’elle est presque entièrement constituée d’édifices neufs ou au moins de constructions récentes. Il est en effet très difficile de trouver des édifices ayants plus de cent ans à Tokyo. Au Japon, les temples ont une durée de vie moyenne de 30 ans.

Fumihiko Maki observe avec détachement:« Le paysage urbain n’est pas alourdi par le passé, parce qu’on n’a pas permis à ce dernier de s’accumuler. Dans ce paysage de transition, les vestiges humains datent tout au plus de quelques décennies. » (4)

Sur ce point, la capitale japonaise diffère profondément de toutes les autres grandes métropoles européennes et de New York. Tokyo s’apparente en fait davantage à des villes américaines telles que Los Angeles, ou à des villes asiatiques au développement récent telles que Séoul, Shanghai, Hong Kong ou Singapour. Mais elle est beaucoup plus grande et beaucoup plus densément peuplée que ces dernières.

La structure de Tokyo est très différente de celle des villes européennes. Elle respecte le paysage naturel, elle est souple et flexible, ouverte et disséminée sur le territoire, facilement adaptée à la croissance urbaine et à ses modifications continuelles. Mais c’est surtout une structure essentiellement centrifuge. Elle s’oppose ainsi à la tendance centripète des structures urbaines occidentales, qui sont orientées

de façon obsessionnelle vers le centre, le lieu de densité maximale.

« La structure de Tokyo respecte le paysage naturel. Elle est souple et flexible, ouverte et disséminée sur le territoire, facilement adaptée à la croissance urbaine et à ses modifications continuelles. »

Arata Isosaki a observé à ce propos: «Aucune ville du Japon ne ressemble aux villes européennes. En Europe, la ville est une application du contraste avec la nature : nature et ville sont deux concepts opposés. En Europe, la ville doit tenir compte d’une structure particulière dénommée «urbaine». Au Japon, nous n’avons pas une telle structure. Tokyo est une « ville-amibe », avec sa prolifération amorphe et les changements auxquels elle est soumise, comme la palpitation d’un organisme. Et, comme une amibe, elle fait preuve d’une intégrité physique et d’une capacité de régénération lorsqu’elle est endommagée. » (5)

« Au Japon, la ville est une sorte de village qui croit naturellement grâce au « pouvoir de la nature ».

La transformation de l’Edo féodale en une Tokyo moderne n’a pas effacé toutes les empreintes. Comme on aurait pu s’y attendre, les traces du passé affleurent un peu partout dans la ville contemporaine, même si, d’année en années, il devient de plus en plus difficile de les reconnaître.

(4) Source : Tokyo Architecture et Urbanisme (4-5) Source : Tokyo Architecture et Urbanisme

38 39 Rue du quartier de Kichijoji - Musashino-shi Source : Photo personnelle

Vue depuis les toits du Quartier de Higashi Matsubara - Setagaya-ku Source : Photo personnelle

40 41Vue depuis la Tour Mori dans le quartier de Roppongi - OuestSource : Photo personnelle

Vue depuis la Tour Mori dans le quartier de Roppongi - EstSource : Photo personnelle

42 43Vue depuis le centre de Tokyo

Source: Six strata - Roppongi Hills defined, Horie Toshiyuki

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B - De multiples limites administratives

La métropole de Tokyo est située dans le sud de la région du Kanto, positionnée approximativement au centre de l’archipel.Tokyo est bordée à l’Est par la rivière Edogawa et la préfecture de Chiba. A l’ouest, les frontières sont les montagnes et la préfecture de Yamanashi, au Sud la rivière Tamagawa et la préfecture de Kansagawa et enfin au nord la préfecture de Chiba.

La région de la Métropole de Tokyo, que l’on appelle aussi l’aire du « Grand Tokyo » rassemble Tokyo, et les préfectures de Saitama, Kanagawa et Chiba.

La métropole Tokyoïte rassemble 26 % de la population japonaise.

La « Capitale Nationale Régionale » rassemble la région de la métropole de Tokyo ainsi que les préfectures de Gunma, Tochigi, Ibaraki et Yamanashi.

La préfecture de Tokyo est divisée en plusieurs zones administratives. La partie « centrale » de la ville est divisée en 23 arrondissements spéciaux (-ku en japonais), et la zone Ouest est composée de 26 villes (-shi), 3 bourgs (-machi) et un village (-mura). (04)

La préfecture de Tokyo s’étend sur 25 kilomètres du nord au sud et 90 kilomètres d’Est en Ouest.

Les îles de Izu et Ogasawara situées dans l’Océan Pacifiques sont aussi incluses dans Tokyo, en dépit de leur éloignement géographique. Ces deux îles rassemblent deux bourgs et sept villages.

Les 23 arrondissements spéciaux

Les 23 arrondissements spéciaux couvrent une aire de 621 km² et se situent à l’Est de la ville proche de la Baie de Tokyo.

La population est estimée à 8,65 millions de résidents et la densité est de 13 913 hab./km²

Les commerces et les quartiers d’affaires sont concentrés dans cette zone. Cette région de Tokyo possède un réseau de transport très développé.

La région Tama

La région Tama couvre environ 1 160 km². Sa population actuelle décroit et représente actuellement 4,11 millions d’habitants. La densité de population est estimée à 3 542 km² (soit environ quatre fois moins que dans les 23 arrondissements spéciaux)

Les îles

Les iles regroupent une surface d’environ 406 km². La population des îles continue de diminuer et se compose aujourd’hui de 28 000 habitants. La densité de population est très faible dans les îles par rapport aux terres fermes. On l’estime à 70 hab./km².

(04) Bourg : En anglais, les 26 villes sont traduites par «cities» et les trois bourgs par «town». Il faut ainsi y voir une différence dans la taille des villes, les «cities» étant plus grandes que les «town»(05) selon les estimations de septembre 2007

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C - Un chemin de fer prédominant

Il est impossible de parler du développement de Tokyo, sans évoquer son principal allié, le chemin de fer. La ville s’est en effet développée autour des gares, véritables centres urbains.

C’est le chemin de fer qui semble structurer la ville.

A Tokyo, le train transporte tous les jours plusieurs millions de voyageurs. La primauté du rail dans les déplacements joue un rôle majeur dans la structuration urbaine. A chaque gare, on retrouve une véritable panoplie de services pour les usagers et ce sont ainsi de véritables « centres-satellites » qui s’y créent. Tokyo est fortement dominée par le transport ferroviaire.

Le rail occupe 55 % des trajets en moyenne mais surtout, c’est lui qui assure l’essentiel des longs trajets dans la ville.

Primauté du rail

Le train de banlieue n’est qu’une composante d’un système de transports complexe et multimodal. Dans le centre, le rail se combine avec le métro avec lequel il se confond sur certains tronçons. A l’autre extrémité des lignes, en grande banlieue, il se combine au transport automobile ou au deux roues. Mais c’est le seul moyen de transport capable d’acheminer chaque jour plusieurs millions de voyageurs vers le centre et ceci sur des distances considérables et en des temps records. On observe le même schéma à Osaka. Ainsi, ce sont de gigantesques bassins d’emplois qui ont ainsi pu se développer à Tokyo et à Osaka, qui atteignent respectivement 40 et 50 kilomètres de rayon.

Un trafic aussi important et sur d’aussi longues distances nécessite bien entendu une excellente organisation. Le chemin de fer est articulé avec d’autres modes de transport. Il est ainsi en conformité horaire avec les services de bus et des emplacements de parking (automobiles et vélos) sont prévus à proximité des gares.

Le transport ferroviaire lui-même est hiérarchisé. Il existe ainsi divers niveaux de vitesse. On retrouve par exemple jusqu’à six trains différents sur la ligne JR Chuo, allant du train Local au Rapid Express. Ces trains sont coordonnés et s’attendent aux principales gares pour permettre aux voyageurs de changer de train en fonction de leur destination. Une telle organisation requiert une ponctualité sans faille.

Mais les chemins de fer Tokyoïtes ne se contentent pas d’être rapides et ponctuels. Ils sont confortables et propres. Ils offrent une panoplie de services aux voyageurs. On peut ainsi y trouver des conveniences stores, ouverts 24h/24, des activités culturelles, sportives et ludiques. Des services sont parfois même proposés sur les quais, comme des fleuristes ou des restaurants. Dans les gares les plus importantes, on retrouve même des grands magasins sur plusieurs étages.

Certaines gares sont ainsi de véritables « univers de services » et c’est le cas par exemple de Shinjuku, Shibuya, Shinagawa, Tokyo etc.

Initiatives privées

Il semble que les pouvoirs publics aient largement contribués à promouvoir le rail pour l’exploitation d’un réseau public à l’échelon national, mais le succès du chemin de fer dans les régions urbaines relève avant tout de l’initiative privée.

Les compagnies ferroviaires privées, fondées à la fin du XIXe ou à la fin du XXe, ont joué un rôle déterminant dans la morphogenèse de la banlieue de Tokyo, et tout particulièrement dans l’ouest. La diversification très précoce de ces opérateurs, vers l’aménagement résidentiel et la distribution, a généré des structures urbaines à dominante pavillonnaire, avec une concentration de services autour des gares. L’articulation du transport ferroviaire à des services de bus, gérés par les mêmes opérateurs, a permis la construction massive de maisons individuelles pour les classes moyennes, dans les zones éloignées des gares.

Le trafic du centre est assuré par les deux réseaux publics de métro (exploités par la

régie Eidan et la préfecture de Tokyo). Celui de la banlieue est assuré par les compagnies privées et par la JR East (issue de l’ancienne compagnie publique JRN qui a été privatisée en 1987).

La convergence entre le trafic de la banlieue et du centre s’effectue dans les grandes gares de la Yamanote, à partir desquelles se sont développés de véritables centre satellites. (fukutoshin).

La structure multipolaire qui en résulte tend toutefois à privilégier l’ouest de l’agglomération. Les raisons en sont multiples. Le plateau de Musashino a été défriché précocement, la morphologie en coteau étant plus propice à l’aménagement résidentiel que les terres inondables de l’est, qui, de surcroit accueillent de nombreuses industries.

Ceci explique que les grandes gares de l’Ouest sont largement prédominantes, et tout particulièrement celles se Shinjuku, Shibuya et Ikebukuro. Ce sont plus d’un million de passagers qui transitent quotidiennement dans ces gares.

Première gare au monde pour le trafic de voyageurs, avec un afflux supérieur à deux millions de passagers par jour, Shinjuku est même bien plus qu’une gare : c’est un véritable réseau. La station accueille en effet quelques douze stations exploitées par six opérateurs différents. Elles sont reliées entre-elles par un vaste dédale de tous-terrains et on ne dénombre pas moins de 80 sorties (et jusqu’à 200 si l’on comptabilise celles des galeries commerçantes souterraines).

Entrée de la Gare JR de Shinjuku (compagnie JR uniquement)Source : Photo personnelle

48 49 Gare de Shimo-Kitazawa - Setagaya-kuSource: Photo personnelle

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02. La place de l’eau dans la ville

A - La baie de Tokyo – extension des territoires sur l’eau

Le plateau continental, soit la surface maritime inférieure à 200 mètres de profondeur (440 000km²), équivaut à plus d’une fois la surface terrestre du pays (377 737km²).La délimitation en zones économiques exclusives (ZEE), multiplie celle-ci par douze, soit plus de 4,5 millions de kilomètres carrés. Du cinquantième rang mondial en surface terrestre, le Japon arrive ainsi au sixième rang en surface totale.

Le plateau continental est ainsi perçu comme une surface largement utilisable et constructible.

Depuis la période Edo (1603-1867), on remarque que de nombreuses terres ont été gagnées sur la mer et la morphologie de la Baie de Tokyo a été profondément modifiée.

Durant la période de « Haute croissance » (1955-1975) les plans d’agrandissement du port de Tokyo se multiplient. A partir de la seconde Guerre Mondiale, les ressources naturelles s’amenuisent de manière profonde et rapide alors que l’environnement naturel était d’une très grande richesse dans la baie.

Aujourd’hui, la superficie totale de ces terre-pleins représente 4 500 hectares divisés en une trentaine de blocs qui s’enfoncent de plus en plus dans la baie.

Une digue a aussi été construite pour protéger les zones urbaines de la montée des eaux en cas de typhon.

Les habitants de Tokyo se sont ainsi retrouvés complètement dépossédés de la mer. Les extensions urbaines ont rendu la mer inaccessible et presque invisible. Mise en quarantaine, elle a alors été considérée comme une source de désastres éventuels.

Cependant, à partir des années 1980, les activités industrielles vont se reculer et même quasiment disparaître. Les terre-pleins se tournent vers d’autres usages comme l’accueil

d’infrastructures urbaines et participent aussi à l’extension du réseau de transport routier et de l’infrastructure aéroportuaire.

Proche du centre de Tokyo, le littoral ne semble pas aménagé. Il est difficile de distinguer les fleuves de la Baie de Tokyo puisque celle-ci a été très fortement urbanisée.

Dans les préfectures de Chiba et de Kanagawa, la où les densités sont plus faibles et les activités moins nombreuses, les espaces côtiers semblent mieux mis en valeur. On note la présence de nombreuses plages sur lesquelles se pressent les Tokyoïtes dès le printemps.

54 55 Baie de Tokyo - Vue depuis la Tokyo Tower, Minato-kuSource: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Odaiba_from_Tokyo_Tower_Day.jpg

56 57 Baie de Tokyo - Shibaura Minato-kuSource: Tokyo Nobody, Masataka Nakano

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2 - Les rivières : un patrimoine délaissé

Tokyo est sillonnée de rivières. Nombreuses sont celles qui prennent leur source au nord ou à l’ouest de la ville et viennent se déverser dans la Baie de Tokyo entre les arrondissements de Edogawa-ku et Shinagawa-ku.

Leur largeur varie de quelques mètres à près d’un kilomètre à l’embouchure de la rivière Araka-gawa.Dans l’arrondissement de Koto-ku, on remarque la présence de nombreux canaux.

La ville apparaît ainsi marquée par une forte présence de l’eau. Cependant, face à une urbanisation très rapide, la place des fleuves semble avoir perdu de son importance.

Nihonbashi River - Chuo-kuSource: Photo personnelle

60 61Kandagawa River - Musashino-shiSource: Photo personnelle

Shibuya River - Shibuya-kuSource: http://www.fgautron.com/weblog/ - Frederic Gautron

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02 : Vie urbaine

A - Les commerces

Les commerces font partie intégrante de la vie à Tokyo. Ils sont partout ; ouverts tous les jours de la semaine et de jour comme de nuit. Il en existe de toutes tailles.

Tokyo pourrait être assimilée à la capitale du shopping.

On peut distinguer trois catégories de commerces:

- Les « combinis » (contraction japonaise de convenience stores). Il en existe partout à Tokyo,

dans les zones commerçantes comme dans les zones résidentielles. Ils sont ouverts tous les jours et 24h/24. On peut y trouver de la nourriture, des magazines, des produits de beauté, etc.

- Les magasins de taille moyenne dans lesquelles on peut se procurer nourriture, habillement, accessoires etc.

- Les grands magasins. Il y en a toujours au moins un à chaque grande station de métro. Ils se développement sur plusieurs étages et proposent un maximum de services.

64 65 Rue commerçante du quartier de Harajuku - Shibuya-kuSource: photo personnelle

66 67Rue commerçante du quartier de Kabuki-cho - Shinjuku-ku

Source: photo personnelle

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B - Les activités

Les activités sont concentrées essentiellement dans la partie centrale de Tokyo définie par la ligne Yamanote.

On remarque que les principales zones d’activités sont située en plein centre de la ville et dans les zones desservies par la ligne Yamanote.

Quartier d’affaires de Shinjuku - Shinjuku-kuSource: photo personnelle

Le principal centre d’activités se situe à Shinjuku, mais les quartiers d’Ikebukuro, de Shibuya, Shinagawa, Tokyo Eki ou encore Roppongi et Minato sont aussi très dynamiques.

On constate d’importants flux de travailleurs de la périphérie vers le centre le matin, et, inversement, du centre vers la périphérie le soir.

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C - La culture

Les espaces culturels sont généralement regroupés par quartier.

Les principaux musées se localisent ainsi : - dans le parc de Ueno - dans le quartier de Roppongi - à proximité de la Baie de Tokyo

Le quartier de Ueno s’apparente au coeur culturel de Tokyo.

Il regroupe aussi de très nombreuses universités. La majorité d’entre-elles s’étalent du parc Ueno à la rivière Kandagawa, au sud du Palais Impérial.

Certains quartiers de la ville présentent une forte concentration en cinémas ou en théâtres. C’est le cas notamment de Kabuki-cho (Shinjuku) et de Ginza.

21 21 design sight - Tadao AndoSource: http://farm3.static.flickr.com/2398/2453523779_e96736644b_b.jpg

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D - Les espaces verts

Tokyo est une ville qui semble manquer d’espaces verts.

Dans la partie centrale de la capitale (définie par la Yamanote) on ne note la présence que de très peu espaces verts :

- Le parc Ueno Onshi- Le jardin du Palais Impérial ( mais partiellement accessible au public)- Le parc de Shinjuku Gyoen- Le cimetière et le parc d’Aoyama- Le parc de Yoyogi

Les rues ne sont que très rarement bordées d’arbres et les abords des fleuves et des canaux sont, le plus souvent dénués de traitement.

La périphérie ne semble pas disposer de plus d’espaces verts et le Parc Inokashira, situé à dix kilomètres à l’ouest de Shinjuku apparaît comme l’un des plus importants.

Cependant, comme Tokyo s’étend considérablement vers le sud et vers l’ouest, la ville dispose également d’un littoral aménagé et de montagnes à moins d’une heure de métro du centre de la ville.

Parc de Ueno - Taito-kuSource : Photo personnelle

74 75Mont Takao - Préfecture de TokyoSource : Photo personnelle

Kanagawa - préfecture de TokyoSource : Photo personnelle

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Tokyo_projets de la ville

01 : « Tokyo Big Change – The 10 years plan »

En décembre 2006, le Tokyo Metropolitan Government formule le « Tokyo’s Big Change : The 10 years plan ». Celui-ci présente notamment une vision de la ville pour les Jeux Olympiques de 2016 ainsi que la politique que Tokyo devra mettre en œuvre afin d’atteindre ses objectifs.

En août 2006, Tokyo est choisie comme ville candidate pour les Jeux Olympiques de 2016.

En 1964, les Jeux Olympiques avaient permis un développement des infrastructures urbaines de la ville sans précédent. Les jeux de 2016 pourraient à nouveau être une opportunité pour la transformation de la ville afin de la rendre plus fonctionnelle et plus attractive.

Tandis que la population totale du Japon va diminuer, il est estimé que la population devrait continuer d’augmenter dans le centre de Tokyo.

Cette donnée est déterminante dans l’élaboration d’un plan urbain réaliste pour Tokyo.

Le but de ce plan est aussi de faire de Tokyo un nouveau modèle pour le XXIe siècle.

Tokyo possède une histoire et des traditions qui remontent à plus de 400 ans. La ville moderne s’est vraiment développée depuis 140 ans. Pour poursuivre son développement, la ville considère qu’il est nécessaire de prendre ces trois initiatives :

- Reconsidérer les « héritages négatifs » du XXe siècle. Du fait de sa rapide expansion, Tokyo n’a pas été en mesure de construire assez rapidement des routes accompagnant son expansion. On remarque notamment beaucoup de routes non rectilignes et il en résulte des problèmes de trafics.

- Présenter un Tokyo plus fonctionnel et plus attractif. En réduisant le trafic routier et les embouteillages qui en découlent, il apparaît possible de réutiliser pleinement la ville et de profiter plus aisément de ses commodités et de son confort. Il est alors essentiel de favoriser le développement urbain et de créer un environnement plus homogène.

- Faire de Tokyo une ville « belle et sûre » et laisser un meilleur héritage aux générations futuresAfin de rendre la ville plus attirante, il est prévu de réaménager les zones ayant des vues sur l’eau et notamment la baie de Tokyo. Parallèlement, des projets visant à réduire les risques liés aux tremblements de terre sont aussi en cours.

Les trois perspectives du « 10 Years Plan »

- S’ouvrir sur le futur et développer les recherches scientifiques et technologiques.- Présenter un nouveau système pour le développement des ressources humaines à Tokyo.- Poursuivre un développement dynamique en coopération avec les villes asiatiques.

Les huit objectifs la politique de la ville

- Restaurer Tokyo comme une cité de l’eau et de la verdure.

Les espaces au bord de l’eau ont été perdus avec le développement rapide de Tokyo. Il est ainsi prévu dans le plan urbain de Tokyo de reconstituer les paysages et ainsi redonner de la valeur à la ville.

La ville prévoit notamment dans ce cadre de doubler le nombre de routes bordées d’arbres.

- Transformer Tokyo grâce aux trois routes circulaires. Le but de cette transformation est tout d’abord de décongestionner le trafic. Les routes seront disposées de manière à relier la mer et les transports aériens. Cela permettra de créer une meilleure cohérence et de mieux relier les éléments importants de la ville qui se sont développés au XXe siècle.Ces routes permettront aussi de réduire les temps de transports et garantiront un meilleur respect de l’environnement.

- Faire de Tokyo la ville avec les plus basses consommations énergétiques du monde. L’objectif est ici de laisser un environnement heureux aux générations futures grâce à des mesures luttant contre le réchauffement climatique.

Tokyo aimerait à cet effet devenir un modèle en matière de développement durable.

- Renforcer la préparation aux catastrophes naturelles et en augmenter la crédibilité.

Tokyo prévoit de devenir plus résistante face aux risques sismiques. Les immeubles importants, les routes de transports, les écoles et les hôpitaux devront tous être des modèles de résistance face à ce risque.Par ailleurs, la ville souhaiterait augmenter les mesures anti-terrorisme.

- Créer la première ville qui soit adaptée au vieillissement de la population.

Le Japon est devenu le pays ou la population est la plus vieillissante. La ville devra donc s’adapter et proposer des aménagements en conséquence. Tokyo devra aussi être une ville vivante pour les enfants.

- Faire de Tokyo une ville plus culturelle, touristique et industrielle.

Tokyo a pour objectif de devenir un centre culturel asiatique et d’attirer des personnes du monde entier.

Parallèlement, la ville souhaiterait s’orienter vers de nouvelles technologies et idées.

- Créer une société ou toute personne motivée peut poursuivre ses ambitions.

- Favoriser le sport et promouvoir les rêves des enfants.

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02 : Tokyo 2016 – Ville candidate

En mai 2007, le CIO lance le processus de candidature pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2016 et Tokyo se porte ville candidate. Dès lors, la ville se lance dans de vastes projets de développement urbain.

Un des objectifs premiers pour la ville est de faciliter la réappropriation de son front de mer. Tokyo retrouvera alors son affinité historique avec l’eau.

Ce projet s’inscrit dans le plan d’urbanisation « Tokyo Big Change – The 10 years plan » Le concept pour les Jeux Olympiques et ce plan d’urbanisation sont très complémentaires. Ils partagent en effet concept, objectifs, engagements et ressources tant sur la période précédant les Jeux Olympiques de 2016 que pendant leur déroulement.

Concept des Jeux Olympiques de Tokyo

Le centre de Tokyo fera office de Parc Olympique. Les sites olympiques seront regroupés en deux zones opérationnelles :

- la zone Héritage- la zone de la Baie de Tokyo

Tous les sites de compétitions de Tokyo ainsi que les commodités lui étant relatives seront situées au sein de ce « parc » Olympique dans un rayon de 8 km autour du stade Olympique. Celui-ci, situé sur le front de mer sera au cœur de la ville, à l’intersection des zones Héritage et de la Baie de Tokyo. A l’intérieur du Parc Olympique de Tokyo se trouveront également quatre autres noyaux et six sites de compétition indépendants. Cette configuration permettra d’amener les Jeux au sein des différents quartiers et communautés de Tokyo. Une attention toute particulière sera portée sur la réutilisation des sites majeurs construits pour les Jeux Olympiques de 1964 et la zone Yoyogi notamment sera un des sites majeurs de compétition.

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03 : Tokyo 2050 – Fibercity

A - Présentation Hidetoshi Ohno

Architecte et urbaniste japonais, Hidetoshi Ohno s’intéresse au développement durable de l’urbanisme à Tokyo.Dans son étude Fibercity / Tokyo 2050, il propose une réorganisation urbaine dans laquelle l’environnement serait prédominant. Il propose d’intégrer la décroissance démographique du Japon et d’en tirer une valeur positive dans les projections urbaines à venir.

B - Présentation des principes de Fibercity Tokyo 2050

En 2005, la population japonaise atteint les 127 millions d’habitants mais on estime qu’elle se réduira à 100 millions en 2050. Le Japon aura alors perdu plus d’un cinquième de sa population.

Parallèlement, il faut noter que le phénomène s’associe à un vieillissement de la population. En 2050, la part des 65 ans et plus représentera alors plus d’un tiers de la population au Japon.S’y ajoute l’idée de population dépendante. On considère comme dépendants, les enfants et les personnes âgées qui ne sont donc pas en mesure de travailler.En 2005 ils représentaient 46,9 % de la population et devraient atteindre 66,5 % en 2050. Ainsi, il y aurait deux personnes dépendantes pour une personne active.

Se pose alors la question de la forme urbaine. La décroissance de la population a-t-elle un impact sur l’allure des villes ?

On pourrait imaginer que la surface des habitations augmente si la population décroit. Mais le nombre de maisons vacantes risque d’augmenter. Il est fort probable que, naturellement, les classes aisées se déplacent vers le centre, au détriment des classes populaires qui resteront ainsi dans des banlieues délaissées.

De plus, les familles avec personnes âgées qui vont être amenées à se multiplier et vont chercher à se rapprocher des commodités et des axes de transport.

Ainsi, pour des raisons écologiques et sociales les villes compactes apparaissent plus rationnelles.

C - Quatre stratégies d’intervention

Hidetoshi Ohno a définit plusieurs stratégies d’intervention qui peuvent interagir ensemble selon les zones considérées.

Vision de Tokyo en 2050 - Hidetoshi Ohno Source : Fibercity - JA63

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Stratégie 01 : Greenfinger - doigts verts

En utilisant le système ferroviaire pour créer un réseau de villes compactes, Green Finger propose une réorganisation de la ville et de ses banlieues puisque celles-ci seront sérieusement affectées par la diminution de la population. Nous avons vu précédemment que l’on estime que la population urbaine cherchera à se rapprocher des stations de train et des centres d’activité.

Hidetoshi Ohno propose alors de concentrer la population urbaine dans un rayon de 800 mètres des stations de train.

Stratéhie 02 : Green partition - partition verte

Cette stratégie s’applique à des zones résidentielles spécifiques. Il existe encore dans Tokyo de nombreux quartiers où la structure des habitations est en bois. Dans ces zones, en cas de tremblement de terre, les incendies se propagent rapidement.

L’objectif de Green partition est de minimiser les dommages d’incendies éventuels en divisant l’espace par des « pare-feu verts ».

Les chemins ainsi créés peuvent servir de voie de secours et d’évacuation tout en rendant ces espaces plus agréables à vivre. On considère ici que des aires vertes peuvent être créées grâce à la libération de terrains vacants. Elles occuperaient alors près de 10 % des districts réaménagés.

Le réseau n’étant pas suffisant, il faudra créer des stations supplémentaires. Il sera alors plus dense et plus compact.

Les zones situées à l’extérieur de ce périmètre seront progressivement délaissées et pourront alors devenir de grandes zones vertes.

Stratégie 01 Green FingerExemple d’application du concept dans une banlieue de Tokyo

Source : Fibercity - JA63

Stratégie 02 - Green partitionExemple d’application du concept dans une zone résidentielle de Tokyo

Source : Fibercity - JA63

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Stratégie 03 : Green Web - toile verte

Cette proposition vise à reconvertir les autoroutes urbaines (shuto expressways) en parcs linéaires. Ces autoroutes ont été créées en 1964 en prévision des Jeux Olympiques et concentrent aujourd’hui 28 % du trafic. On prend ici pour hypothèse que le trafic routier diminuera si la population diminue. Il devient alors possible de créer des « couloirs verts » en plein centre de la ville.

Stratégie 04 : Urban wrikle - ride urbaine La stratégie Urban Wrinkle se concentre sur la rénovation de points remarquables dans la ville et ainsi en faire ressortir leur potentiel.

On pense ici aux rues en pente, au bord des rivières dont le caractère, à défaut d’être mis en valeur est souvent gâché.

Stratégie 03 - Green WebExemple d’application du concept sur l’autoroute urbaine qui longe la rivière Sumida

Source : Fibercity - JA63

Stratégie 04 - Urban wrinkleExemple d’application du concept à Shinagawa - Requalification et extension du canal Takahama

Source : Fibercity - JA63

Stratégie 04 -Urban wrinkleExemple d’application du concept sur la rivière Shibuyagawa

Source : Fibercity - JA63