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FORUM EURO-MEDITERRANÉEN DES INSTITUTS ÉCONOMIQUES EURO-MEDITERRANEAN FORUM OF ECONOMIC INSTITUTES SECONDE CONFERENCE DU FEMISE Marseille, 29 & 30 Mars 2001 Le FEMISE bénéficie du soutien financier de la Commission des Communautés Européennes The FEMISE Network Benefits from the Financial Assistance from the Commission of the European Communities Institut de la Méditerranée Palais du Pharo 58, Boulevard Charles Livon 13007 Marseille Tel : 00 33 (0) 491 31 51 95 Fax : 00 33 (0) 491 31 50 38 [email protected] LES DÉTERMINANTS DES ALLIANCES INDUSTRIELLES STRATÉGIQUES NORD-SUD : QUELQUES ENSEIGNEMENTS TIRÉS DES ALLIANCES EURO-MÉDITERRANÉENNES Bertrand BELLON, Adel BEN YOUSSEF & Anne PLUNKET Université de Paris-Sud, Adis, GDR International du CNRS EMMA, France TABLE RONDE #2 - 30 Mars 2001 ROUND TABLE #2 - March 30 th 2001 LES ÉCHANGES EURO-MÉDITERRANÉENS EURO-MEDITERRANEAN TRADE

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Page 1: Marseille, 29 & 30 Mars 2001 - Mafhoum › press2 › 80E12.pdfBertrand BELLON, Adel BEN YOUSSEF & Anne PLUNKET Université de Paris-Sud, Adis, GDR International du CNRS EMMA, France

FORUM EURO-MEDITERRANÉEN DES INSTITUTS ÉCONOMIQUESEURO-MEDITERRANEAN FORUM OF ECONOMIC INSTITUTES

SECONDE CONFERENCE DU FEMISE

Marseille, 29 & 30 Mars 2001

Le FEMISE bénéficie du soutien financier de la Commission des Communautés EuropéennesThe FEMISE Network Benefits from the Financial Assistance

from the Commission of the European Communities

Institut de la MéditerranéePalais du Pharo

58, Boulevard Charles Livon 13007 MarseilleTel : 00 33 (0) 491 31 51 95 Fax : 00 33 (0) 491 31 50 38

[email protected]

LES DÉTERMINANTS DES ALLIANCES INDUSTRIELLES

STRATÉGIQUES NORD-SUD : QUELQUES ENSEIGNEMENTS

TIRÉS DES ALLIANCES EURO-MÉDITERRANÉENNES

Bertrand BELLON, Adel BEN YOUSSEF & Anne PLUNKET

Université de Paris-Sud, Adis, GDR International du

CNRS EMMA, France

TABLE RONDE #2 - 30 Mars 2001

ROUND TABLE #2 - March 30th 2001

LES ÉCHANGES EURO-MÉDITERRANÉENS

EURO-MEDITERRANEAN TRADE

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A. Ben Youssef - A. PLUNKET - B. Bellon (2001) - FEMISE 1

Les déterminants des alliances industrielles stratégiques

Nord-Sud :Quelques enseignements tirés des alliances euro-méditerranéennes

Une étude FEMISE

29 janvier 2001

Adel BEN YOUSSEF Anne PLUNKET & Bertrand BELLON

Adis, Faculté Jean Monnet ; Université de Paris-Sud

GDR International du CNRS EMMA

Résumé

L’objet de ce papier consiste à caractériser et mettre en perspective les principaux déterminants des

alliances industrielles entre entreprises du Nord et du Sud à partir d’une étude euro-méditerranéenne. Le

raisonnement est fondé sur une étude menée auprès de 56 entreprises en partenariat entre des capitaux européens

et des capitaux égyptiens et tunisiens (Plunket et alii, 2000).

Abstract

This paper provides some characteristics and empirical analysis of key determinants of industrial alliances

between north and south businesses. The empirical analysis has been conducted on a sample of 56 joint ventures

and other cooperative arrangements, based in Tunisia and Egypt (Plunket and al, 2000). The hypothesis is that

industrial alliances represent some of the most efficient tools for technology transfers and competencies learning.

In the double context of globalization and of regional north-south agreement (euro-mediterranean agreement

established in 1995, agreement are susceptible to fulfill the North enterprises objectives and to give to the South

counterpart opportunities for catching up, especially respecting to technology and organization.

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A. Ben Youssef - A. PLUNKET - B. Bellon (2001) - FEMISE 2

Cet article caractérise et met en perspective les principaux déterminants des alliances industrielles entre

entreprises du Nord et du Sud. Le travail est conduit à partir d’une étude euro-méditerranéenne menée auprès de

56 entreprises en partenariat entre des capitaux européens et des capitaux égyptiens et tunisiens (Plunket et alii,

2000). Il s’agit d’une première phase d’un travail en cours (1). Ces premiers résultats, qui s’inscrivent dans un

courant dynamique d’analyse de la coopération industrielle (2), présentent déjà un niveau de signification

suffisant pour pouvoir être présentés et débattus.

Tout porte à penser que l’évolution récente des comportements stratégiques de coopération nord-sud

constitue, avec des chances de succès sensiblement plus grandes qu’à travers les formes antérieures de

« coopération » ou d’aide au développement, un outil efficace de « mise à niveau » des entreprises du sud. A ceci

s’ajoute, potentiellement, la construction d’avantages spécifiques au sein des opportunités de la nouvelle division

internationale du travail. Les alliances industrielles impliquent en effet la construction de mécanismes

garantissant la compatibilité des processus productifs (et non seulement des produits finis), dont la mise en place

de règles et plus largement d’institutions dont on peut percevoir certains éléments comme les certifications ISO

9000 ; les systèmes juridiques ; ou les programmes globaux de « mise à niveau ». Elles vont permettre, sous

certaines conditions et pour un nombre limité de firmes du Sud, d’acquérir les capacités technologiques et

organisationnelles adaptées à l’ouverture des marchés.

Bien que ces résultats ne doivent être considérés que comme la première phase d’un travail en cours, il

n’en demeure pas moins qu’elle s’attache à mettre en exergue les grandes lignes de la dynamique inter-firmes

propre à la zone de libre-échange euro-méditérranéenne. ainsi que de tirer quelques critères concernant les

modes de transferts technologiques et organisationnels entre firme du nord et firmes du sud de la Méditerranée

dans le cadre de la dynamique engendré par la ZLE.

La thèse selon laquelle, la dynamique institutionnelle enclenchée par les accords de libre-échange

devrait s’accompagner d’une dynamique d’alliances industrielles inter-firmes entre les deux rives de la

Méditerranée a constitué une des raisons essentielles qui a motivé les pays du Sud de la Méditerranée à signer les

accords qui leur ont été proposés. Il a été admis que les alliances industrielles devraient consolider

l’interdépendance économique régionale, à travers un réaménagement de la carte des spécialisations, mais

surtout permettre un véritable développement économique pour les pays méditerranéens. Principalement, notre

étude montre que les alliances industrielles n’ont pas connu une expansion aussi rapide que celle souhaitée par

les pays du Sud. En revanche, lorsque celles-ci on tu être réalisées, on constate l’émergence d’une véritable

dynamique d’apprentissage et de transferts de savoirs-faire. Les effets de diffusion technologiques et

organisationnels pour le reste de l’économie demeurent toutefois faibles pour le moment. Ce dualisme est peut-

être une caractéristique transitoire ; mais il est bien réel.

1. LA MULTIPLICATION DES ALLIANCES INDUSTRIELLES STRATEGIQUES

Les alliances stratégiques constituent des accords à long terme conclus entre des firmes indépendantes.

Ce sont des arrangements coopératifs mis en place pour atteindre des objectifs stratégiques (Lorange et Roos,

1982). Elles représentent une modalité de rapprochement de deux ou plusieurs firmes, juridiquement

indépendantes, ayant pour objet de mettre en commun des ressources financières, humaines et de savoir-faire

dans le but de réaliser conjointement des activités portant sur un domaine stratégique tel que la R&D, la

production, la commercialisation, etc. Les firmes s’entendent sur un objet, des moyens, le partage et le contrôle

des résultats selon des modalités plus ou moins formelles. Dans la majorité des cas, elles signent des contrats qui

régissent les aspects juridiques et économiques de leur alliance, de même que sa durée. Il arrive également

qu’elles choisissent des arrangements plus formels, telles que des filiales communes, des joint-ventures.

L’alliance est une alternative aux stratégies d’intégration autant qu’aux stratégies de marché. La

multiplication de celles-ci à partir des années quatre-vingt peut s’interpréter comme une réponse stratégique au

1 L’étude a été effectuée par le Centre de Recherches ADIS à Paris, le CEDEJ au Caire et le GREP associé à l’IRMC à Tunis.Les participants à cette étude sont, outre les auteurs, Anne Plunket, Ridha GOUIA, Najoua BOUFADEN, FrançoiseCLEMENT et Karim SAID. Cette étude a été commanditée par la FEMISE – Contrat N°9901012 Voir en particulier les trois publications complémentaires et de synthèse récentes : « La coopération industrielle »,coordonné par Colette Voisin, Anne Plunket et Bertrand BELLON, Economica, 2000 ; « The Dynamics of IndustrialCooperation », coordonné par Anne Plunket, Colette Voisin et Bertrand BELLON, Edward Elgar, Londres (sous presse2001) ; et « La coopération indutrielle et le développement méditerranéen », coordonné par Bertrand Bellon et Ridha Gouia,au CPU, Tunis (sous presse 2001).

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A. Ben Youssef - A. PLUNKET - B. Bellon (2001) - FEMISE 3

changement rapide de l’environnement concurrentiel. Les firmes cherchent essentiellement, à résoudre les

problèmes relatifs aux échecs de marché (Williamson, 1985), à consolider ou à préserver des positions

concurrentielles (Porter et Fuller, 1986) et enfin à absorber et internaliser des connaissances spécifiques extra-

murales (Hamel, Doz et Prahalard, 1989 ; Kogut, 1988). Le choix du partenaire est dicté d’une part par la

recherche de complémentarité entre firmes3, d’autre part, par la proximité du contexte culturel et social (Gulati,

1995).

Un certain nombre de typologies ont été proposées pour appréhender la diversité des objectifs et des

formes de coopération (Chesnais, 1988, Hagedoorn, 1990, Yoshino et Rangan, 1995). Les distinctions peuvent

être faites selon le type (a), l’objet (b), ou le degré de formalisation (c). (a) Ici, ils peuvent être verticaux ou

horizontaux ; les accords verticaux se situent le long des filières de production entre utilisateurs et producteurs et

s’expliquent par la combinaison de ressources (actifs et savoir-faire) complémentaires. Les accords horizontaux

concernent davantage la mise en commun de ressources similaires entre concurrents. Par la voie des alliances – à

la différence des fusions et des acquisitions, ou de simples accords de vente sur le marché – les partenaires

conservent leur flexibilité opérationnelle, évitent d’absorber des actifs non-voulus et accroissent leur stock de

connaissances et de compétences ; (b) les finalités poursuivies peuvent être très différentes : elles peuvent porter

sur la recherche et le développement de procédés et de produits, reposer sur des cessions ou des échanges de

licences (transfert de technologie), et enfin toucher la production ou la commercialisation ; (c) les alliances

peuvent être tacites, s’appuyer sur des contrats, des prises de participation croisées ou encore la création de

filiales communes.

Les résultats des alliances en termes de création de valeur, de durée et de stabilité dépendent aussi bien

de leur environnement que du processus même de collaboration. Ainsi, l’expérience passée, la structure de

l’industrie, la structure de gouvernance, l’asymétrie entre partenaires, l’intensité de R&D, etc. constituent autant

de facteurs structurels contribuant à l’évolution de l’alliance. Parallèlement à ces facteurs, l’équité dans la

distribution des résultats, la dépendance réciproque, la proximité organisationnelle et/ou culturelle et les

processus d’acquisition de compétences sont autant de facteurs découlant du processus de collaboration effective

permettant d’inscrire la relation dans la durée.

2. DEUX LOGIQUES D’ALLIANCES : NORD-NORD ET NORD-SUD

La majorité des alliances technologiques internationales ont lieu entre pays industrialisés de la Triade,

Amérique du nord-Europe-Japon (Dodgson, 1993, Radosevic, 1999 ; Dussauge et al., 2000) et ont pour objet des

développements technologiques de pointe ou des grands projets complexes. Les alliances au sein de la Triade

sont majoritairement contractuelles, inter-nationales et inter-sectorielles. En effet, d’une part, aucune législation

ne force les entreprises à s’associer à des partenaires locaux en vue de faire de la production ou de la R&D dans

les pays industrialisés tandis que les législations antitrusts continuent d’avoir une fonction importante. D’autre

part, les marchés de ces pays sont plus ouverts et transparents. Les entreprises soupèsent alors une palette de

stratégies possibles, en vue de la création de nouveaux produits de fabrication en coopération ou de programmes

de recherche pré-concurrentielle. Le plus souvent, elles formalisent leurs alliances par des contrats plutôt que par

des entreprises en co-participation afin de conserver toute leur flexibilité de R&D, financière et opérationnelle.

Toutefois, la mondialisation de l’économie et l’internationalisation croissante des firmes ont amené de

nombreuses firmes du Nord à s’allier avec des firmes du Sud (30% des IDE sont désormais nord-sud en 2000,

contre 20% en 1990). Il existe, au moins, trois raisons principales à ce constat. D’une part, l’implantation des

firmes multinationales dans les pays du Sud s’appuie de plus en plus sur des alliances industrielles fondée sur

des complémentarités globales (commerciales et technologiques des uns, productifs des autres le plus souvent.).

D’autre part, les firmes du Sud longtemps récepteur passifs de transferts de technologies amorties développent

de plus en plus des pratiques de mise à niveau, des réformes organisationnelles et même, dans un nombre

croissant de cas, des centres de recherche et développement qui intéressent les firmes du Nord. Enfin, un certain

nombre de firmes multinationales ont été conduites à délocaliser leur centre de R&D dans les pays du Sud

(B.Navaretti et C.Carraro, 1999).

Les formes, les motivations et les modalités des alliances NN diffèrent substantiellement des alliances

NS. En effet, si l’on retient l’analyse de Dussauge, Garette et Mitchell (2000) on peut considérer que

majoritairement les alliances NN sont davantage des alliances d’échelle où les firmes cherchent la réalisation

3 De nombreuses études tendent à démontrer que la recherche de complémentarité est au cœur des alliances dans le secteurbancaire (Chung et alii, 2000), le secteur automobile (Nohria et Garcia-Pont, 1991) et le secteur des biotechnologies(Hamilton, 1991).

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A. Ben Youssef - A. PLUNKET - B. Bellon (2001) - FEMISE 4

d’économies d’échelles à des niveaux élevés de complémentarité. Les accords NN ont pour objet de compléter

ou d’acquérir des savoirs et des savoir-faire pour développer des produits et des procédés innovants. Les

alliances NS sont davantage des alliances bâties sur la recherche de complémentarités globales. Elles s’appuient

sur des technologies génériques, améliorables à la marge. D’autre part et partant de la constatation précédente,

les actifs mis en place par les firmes lors des alliances sont plus asymétriques lorsqu’il s’agit d’une alliance NS

et plus équilibrées dans la majeure partie des alliances NN. Enfin, généralement, les alliances NN

s’accompagnent d’opérations de rationalisation et de diminution des effectifs. Alors même que les alliances NS

peuvent conduire à des créations d’emploi, du fait que la taille optimale de la firme du sud n’a pas été atteinte4.

D’ailleurs, parmi les objectifs majeurs de l’alliance pour les firmes du Sud figure le fait d’atteindre une taille

critique lui permettant d’exploiter les économies d’échelle.

Dans les accords Nord-Nord, les alliances peuvent être horizontales ou verticales. Dans le premier cas,

les entreprises disposent souvent de connaissances technologiques similaires dans la mesure où elles agissent

dans des domaines d’activité proches. Les entreprises chercheront à mettre en commun leurs savoirs et savoir-

faire ainsi que des ressources financières afin de développer soit des composants ou des procédés, soit des

nouveaux produits (production en commun avec partage de profits, partage de la production et du monde en

zones géographiques, etc.). Ces alliances portent généralement sur des aspects informationnels et cognitifs qui

représentent aujourd’hui les facteurs de production les plus stratégiques, les plus risqués et ceux susceptibles de

bénéficier le plus des fertilisations croisées. L’alliance permet donc un accroissement de connaissances par

coopération plutôt que par achats sur étagères.

Dans le cas des alliances verticales, il s’agit d’accords entre des firmes dont le métier est différent. Elles

se situent généralement à des positions différentes de la chaîne de valeurs d’une filière de production. Dans ce

cas, les recherches s’orientent autour du développement des composants ou de procédés nécessaires à la mise au

point d’un produit final pour le partenaire qui se situe en aval du processus. S’il y a effectivement un processus

commun aux partenaires d’accroissement de connaissances, ce type d’accord se construit d’abord sur l’échange

de connaissances existantes comme support à la création de connaissances nouvelles. Ainsi, lorsqu’il s’agit de

développer un procédé nouveau (ou modifié), ou un composant nécessaire au développement d’un nouveau bien

final. L’utilisateur final n’a pas nécessairement pour objet d’acquérir ou de maîtriser la technologie de son

partenaire ; son intérêt est de participer à la spécification du composant ou du procédé. Ce type de relation très

courante est qualifiée d’accord « producteur-utilisateur » (Lundvall, 1988).

3. CONTOURS ET GOUVERNANCE DES ALLIANCES

Dans une perspective dynamique, on s’aperçoit que lorsque les entreprises du sud accroissent leurs

capacités technologiques, elles s’engagent dans des accords plus proches de ceux des firmes du nord. Pour

comprendre cette évolution, nous proposons de comparer les alliances Nord-Nord et Nord-Sud selon deux

aspects : le contenu technologique et la gouvernance structurelle des accords.

L’analyse des alliances est en contradiction avec l’analyse des comportements industriels de la pensée

économique dominante. Elle n’est reconnue que comme une exception temporaire par rapport aux modèles de

concurrence, ou d’intégration et de concentration. A partir du moment où les alliances sont considérés comme un

mode propre de structure et de gouvernance (Voisin et al, 2000), elles peuvent se comprendre à travers des outils

spécifiques, qui viennent s’articuler avec les outils classiques de l’économie industrielle.

La théorie des coûts de transaction constitue une approche pertinente pour comprendre certains aspects

du choix de la gouvernance des activités économiques. Son objet principal : le choix entre le marché et la

hiérarchie pour intégrer ce que Williamson (1991) a qualifié de « formes hybrides » parmi lesquelles les

alliances stratégiques. Parmi les risques d’opportunisme, deux sont plus pertinents pour notre analyse : le risque

d’expropriation des technologies et celui des résultats. Dans les relations Nord-Sud, l’expropriation des

technologies est fonction de la capacité d’absorption des partenaires du sud.

4 La forte présence de PME/PMI, voire des micro-entreprises informelles, dans les PVD s’accompagne de déséquilibres detaille et de déficits organisationnels. Ce qui constitue une source d'inefficience. Elles exploitent notamment très faiblement leséconomies d’échelle. L’ouverture des marchés et les alliances industrielles pourraient amener les firmes des PVD à diminuerles gaspillages, à adopter des technologies plus efficaces et à exploiter les économies d’échelle.

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A. Ben Youssef - A. PLUNKET - B. Bellon (2001) - FEMISE 5

Tableau 1 - Caractéristiques générales des alliances technologiques (Plunket, 1999)

GOUVERNANCE STRUCTURELLE DE L’ALLIANCE (coûts de transaction)

Forme de l’accord Incitations Risques d’opportunisme

• Accord avec prise de

participation (joint-venture)

• Accord contractuel sans prise

de participation (contrats non-

traditionnels)

• Efficacité du processus de

production

• Qualité et spécifications des

produits

• Source et délais

d’approvisionnement

• Expropriation des technologies

• Expropriation des résultats

CONTENU TECHNOLOGIQUE DE L’ALLIANCE (compétences et évolutionnisme)Objet de l’accord Caractère nouveau de la

technologie

Conditions

• Technologie de production

(outil de production, procédés

de production)

• Technologie de produit

• Echange et création de

technologie

• Transfert unilatéral de

technologie existante

• Capacité d’absorption

technologique des partenaires

• Capacité organisationnelle et

managériale

4. SPECIFICITES TECHNO-ORGANISATIONNELLES DES ALLIANCES NORD-SUD

Dans les alliances technologiques Nord-Sud, le type d’accord et le degré de connaissances nouvelles

créées dépend de la capacité d’absorption du partenaire du sud. La capacité d’absorption comprend deux

dimensions. La première renvoie à la capacité d’assimiler les technologies transférées (qualité de l’équipement,

normes et standards de production, etc.). La deuxième correspond à la capacité d’assimiler les compétences

managériales et organisationnelles qui permettront de travailler avec l’entreprise du nord (qualification de la

main d’œuvre, taux d’encadrement, aspects culturels tels que la relation au temps, l’application des accords

oraux ou la discipline, la langue, etc.). Au-delà, la capacité d’absorption ne se limite pas à l’aptitude de

l’entreprise à enclencher un processus d’apprentissage susceptible de favoriser l’assimilation des connaissances

existantes mais aussi de nature à générer des connaissances nouvelles. Notons, que la capacité d’absorption est

d’autant plus élevée que l’entreprise est dotée, préalablement à la recherche d’un partenaire, d’un certain

potentiel technologique,, organisationnel et culturel. Les connaissances nécessaires pour assimiler et utiliser des

technologies associées à des productions ou des produits intensifs en main-d’oeuvre ne sont évidemment pas les

mêmes que celles requises par des procédés complexes de haute technologie très intensive en capital.

Ainsi, plus la capacité d’absorption du partenaire du sud est faible et plus l’accord s’appuiera sur un

transfert unilatéral de technologies existantes et plus la technologie sera incorporée dans des équipements ou des

composants à assembler. Ainsi, selon le degré de développement de l’entreprise du sud, l’accord suit un

continuum allant de transferts d’équipements limité à l’assemblage de produits conçus au nord, vers des accords

s’appuyant sur la conception commune, puis la conception indépendante, voire la création de technologies.

L’examen des réponses des chefs d’entreprises lors de cette enquête montre que les principales

prédictions théoriques sont confirmées. Le transfert technologique est souvent unilatéral et porte sur des

technologies matures. Grâce aux alliances, les firmes du sud ont renouvelé leur outil de production et mis en

œuvre de véritables processus d’apprentissage dynamiques. Dans certains cas, mais de manière marginale, on

assiste à des phénomènes de création de nouvelles technologies. Il s’agit le plus souvent d’extension de domaine

d’application de technologies et de savoir faire préalablement maîtrisés localement. Toutefois, l’absence de

ressources financières au sud et/ou de qualifications limitent la portée de telles dynamiques.

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A. Ben Youssef - A. PLUNKET - B. Bellon (2001) - FEMISE 6

(i) Transfert technologique unilatéral portant sur le processus de production.

Tandis que la majorité des accords tunisiens et égyptiens porte sur les produits, qu’il s’agisse de

produits finis ou semi-finis, le transfert de savoirs-faire porte d’abord sur les procédés de production. Il s’agit de

la première étape de la recherche d’une baisse des coûts et d’accroissement de la qualité des produits. Ceci est

largement corroboré par la mise en place ou le recours à la normalisation des produits et des procédés

(normes nationales et normes ISO 9001, 9002, 9003, etc.). Dans la plupart des cas le transfert est unilatéral et

concerne davantage le produit que les processus de production. En revanche, il n’existe pas de transferts à

proprement parler en ce qui concerne le produit dans le sens où la conception reste majoritairement du ressort

des européens.

Cette situation doit être nuancée pour les cas où il y a adaptation des produits à la demande locale et

ceux où l’entreprise produit à la fois pour son propre compte et en sous-traitance. Par ailleurs, il apparaît que la

nature du transfert est intimement associée à la forme que peut prendre l’accord. Ainsi, dans le cas de relations

de sous-traitance, le transfert apparaît relativement faible sachant que le partenaire du sud apparaît comme un

simple exécutant coupé du processus de conception du produit. Néanmoins, certains accords de sous-traitance

sont caractérisés par un engagement plus important de la part du partenaire du nord du point de vue financier et

humain pour pallier les lacunes et insuffisances de la part du partenaire du sud. Dans le cadre des relations de

licence, le transfert des capacités technologiques et organisationnelles semble plus élevé. L’entreprise du sud

arrive même, dans certains cas, à s’approprier la technologie et à la réutiliser pour ses propres produits. Enfin, le

type de transfert effectué à travers les joint-venture semble plus important notamment en raison du rôle

structurant des cadres issus de l’entreprise du nord.

(ii) Du transfert technologique au transfert de compétences managériales.

Le transfert de compétences managériales est d’abord une nécessité technique pour la réalisation du

produit. C’est avec l’expérience que le partenaire local découvre le besoin de ce transfert sur l’ensemble de son

activité. Si le transfert technologique est réclamé par tous les partenaires du Sud comme une nécessité de

l’alliance, le transfert de compétences managériales est plus souvent perçu comme une contrainte imposée par le

partenaire du Nord ; le transfert managérial n’est finalement accepté que comme contrepartie de l’accès aux

débouchés extérieurs.

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A. Ben Youssef - A. PLUNKET - B. Bellon (2001) - FEMISE 7

La nature du transfert entre les partenaires évolue avec le temps. Dans un premier temps, le transfert

semble le plus souvent se réduire à la maîtrise de procédés de production standards. Le volet managérial et

l’introduction de procédés de production et de technologies de produits plus complexes ne semblent intervenir

que dans un second temps. La faiblesse du transfert managérial vient du fait qu’il n’est conçu que comme un

relais du transfert technologique. L’ordonnancement de la séquence transfert technologique comme préalable à

un transfert organisationnel ralentit considérablement les effets du transfert. Cependant certains grands groupes

européens accompagnent, dès l’origine, transfert technologique et transfert organisationnel.

(iii) Les alliances vecteur de modernisation de l’outil de production.

Les accords ont eu pour impact de moderniser des équipements par acquisition ou renouvellement de

l’outil de production. En conséquence, l’intensité capitalistique progresse sensiblement, en même temps que la

productivité. On a pu remarquer que peu après le démarrage de la relation de coopération, l’entreprise du Sud se

trouvait contrainte de renouveler partiellement ou complètement son matériel. Celle-ci est effectivement à même

de surmonter relativement les contraintes inhérentes au processus de transfert technologique. L’adoption du

programme tunisien de « mise à niveau » a permis de renforcer la capacité d’adaptation aux nouvelles

exigences en termes de normes de qualité et de standards de fabrication. En Egypte, on obtient des résultats de

même nature mais plus lentement, sous la contrainte du marché et de la concurrence.

(iv) Les résultats dépendent de la vitesse et de la durée du transfert.

La durée et la vitesse du transfert de technologie qui varient d’un cas à l’autre, conditionne les résultats de

l’alliance. Elles dépendent à la fois de facteurs institutionnels (lenteurs administratives, obtention

d’autorisation,…), mais aussi de facteurs propres à l’alliance (distance technologique, distance culturelle,

formation du personnel..). Comme la rentabilité des investissements lourds engagés dépend de l’assimilation de

nouvelles technologies et de ses adaptations, il est nécessaire d’accélérer l’apprentissage et l’assimilation des

nouvelles technologies. Ceci explique les efforts de formation des cadres des pays du Sud, la présence de cadres

expatriés du Nord – souvent à la demande de la firme du Sud- . Toutefois, comme ces processus sont très

évolutifs, il serait nécessaire d’évaluer séparément la durée de chaque type de changement à partir de critères

précis, comme le temps de formation, les effets de l’obtention d’un ISO, les modifications du contrat signifiant la

reconnaissance d’une compétence acquise etc. Ceci pourrait faire l’objet d’un prolongement de cette recherche.

(v) La capacité d’absorption technologique un préalable nécessaire au processus de rattrapage

technologique.

La capacité d’absorption technologique des firmes du Sud demeure faible, en dépit de changements

récents. Avec une longue tradition du marché protégé et une grande maîtrise des barrières à l’entrée, les firmes

égyptiennes et tunisiennes n’ont pu entretenir un potentiel technologique et organisationnel important. En effet,

le tissu industriel est composé de deux types de firmes qui sont présentes dans notre échantillon (3). Le premier

type est celui des entreprise anciennement publiques, de taille plus importante, héritières de pratiques lourdes et

difficilement réformables. Le second, celui des entreprises « assez jeunes » avec de réels potentiels de

développement mais sans expérience, soufrant d’absence d’effets d’échelle et de manque de structures pour fixer

des savoirs-faire techno-organisationnels. Ces facteurs ont limité les transferts.

Il faut noter cependant que cette première vague d’alliance a toujours permis de moderniser, en partie les

équipements, d’engager un processus d’apprentissage, de remettre en cause l’organisation interne et dans

certains cas d’augmenter la taille des entreprises. Ces changements permettront la construction et la

consolidation d’une capacité d’absorption technologique sur lesquels pourront s’asseoir les nouvelles vagues

d’alliances.

5. INCITATIONS ET RISQUES D’OPPORTUNISMES DANS LES ALLIANCES NORD-SUD.

Il apparaît que la nature des transferts issus des alliances stratégiques est intimement associée à la forme

des accords qu’il s’agisse de relations de sous-traitance, de relations de licence ou d’accord de joint venture. Les

alliances Nord-Sud, n’échappent pas au choix entre diverses structures de gouvernance (contractuelle vs

hiérarchique) qui ont pour objet d’assurer une certaine efficacité, en même temps que d’agir sur les incitations

des partenaires et de contrôler les risques d’opportunisme.

3 Une troisième catégorie, très diversifiée et absente de notre échantillon, est composée des entreprises privées locales quirestent en marge de tout problématique de coopération et de compétitivité en milieu ouvert.

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Les incitations de départ des firmes dans les alliances Nord-Sud sont faciles à établir. Alors que les firmes

du Nord, recherchent essentiellement l’a garantie de leurs marchés par l’exploitation de nouveaux avantages de

coûts (de main d’œuvre, taux d’imposition ou taxes douanières) ; elles choisissent la délocalisation d’activités

intermédiaires permettant de prolonger le cycle de vie des produits ; elles peuvent également trouver de

nouveaux débouchés (actuels ou potentiels comme les entreprises agroalimentaires). Les firmes du Sud, sont

orientées vers la recherche d’une garantie de marchés à l’exportation ; à ceci s’ajoute, mais dans un second

temps le soucis d’acquérir une sécurité d’approvisionnement, de bénéficier des aides à l’investissement étranger

et d’être garanti d’un approvisionnement en matière de production et de conception de produits. La question de

l’assistance financière est beaucoup plus complexe et variable (entraînant à la fois des questions de propriété du

capital, de transparence des affaires et de conception du profit).

Le risque d’expropriation des savoir-faire est souvent limité par le fait que bon nombre d’entreprises qui

s’allient avec des firmes du sud se limitent à transférer des technologies arrivées à maturité. Cette stratégie leur

permet de prolonger le cycle de vie de leurs procédés et de leurs produits tout en conservant pour leurs propres

activités celles qui sont à la pointe de la technologie. En outre, les firmes du sud n’ont ni les connaissances

technologiques, ni les capacités financières de développer des applications propres et de détourner les résultats

des alliances. Les problèmes de gouvernance ne semblent pas être insurmontables dans les alliances Nord-Sud,

voire même plus facile à établir comparativement aux alliances Nord-Nord. Toutefois, deux facteurs nécessitent

une attention particulière : « la confiance » et la « barrière culturelle ». La confiance est un déterminant

essentiel expliquant la nature des transferts et l’ampleur des résultats obtenus par la coopération. Elle nécessite

en général une certaine durée de la relation ainsi qu’une répétition minimale des accords (M.L Cabon-Dhersin,

2000). La barrière culturelle et de la langue est aussi importante lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre une activité

nouvelle dans un pays en développement. L’opposition et l’incompatibilité des pratiques managériales et

commerciales, peut expliquer l’échec de certaines alliances. En général la firme du nord imposer le plus souvent

son standard au nom de l’efficience de ses pratiques.

L’examen attentif des accords montre que les alliances se sont, très généralement, accompagnés par (i)

des prises de participation unilatérales de la part des firmes du Nord ; (ii) un engagement dans un processus de

qualité par la firme du Sud ; (iii) un risque d’expropriation des résultats faibles ; (iv) une orientation de la

relation à long terme comme en témoigne la confiance entre les partenaires. Il n’en demeure pas moins que des

obstacles culturels et qu’un manque de qualification des travailleurs interfèrent souvent pour remettre en cause

ces « coopérations » inter-firmes.

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(i) L’engagement financier de la firme du Nord.

Dans les deux échantillons tunisien et égyptien la plupart des accords sont accompagnés de prise de

participation unilatérale, plus ou moins importante, de la part de l’entreprise du Nord dans celle du Sud. Les

prises de participation sont habituellement utilisées pour protéger des actifs spécifiques que ceux-ci soient

tangibles (équipements de production) ou intangibles (savoir-faire, brevets, marques, etc.). Mais cette action

n’est pas nécessairement imposée : il apparaît que, dans bon nombre d’accords de nos deux échantillons, le

partenaire local ait cherché à s’assurer un réel engagement de la part du partenaire du Nord sur la durée. A partir

du moment où la firme du Nord consent à investir dans l’entreprise du Sud, cela peut indiquer un investissement

à relativement long terme. En contrepartie, la firme du Sud peut consentir à s’investir à son tour dans un

processus de modernisation, de restructuration et de mise à niveau de ces capacités technologiques et

managériales, puisqu’elle a en quelque sorte une forme d’assurance relativement au fait qu’elle ne sera pas

abandonnée par son partenaire en cours de route. Simultanément, la prise de participation permet à la firme du

Nord d’intervenir plus largement dans la gestion de l’entreprise du Sud. Elle s’assure ainsi d’un minimum de

transparence et d’une adoption de règles managériales compatibles avec les siennes.

(ii) L’engagement de la firme du Sud dans un processus d’amélioration de la qualité.

L’engagement du partenaire du sud dans un processus d’amélioration de la qualité, passant souvent par un

processus de certification (4), peut être interprété comme un signal en vue d’inscrire l’alliance dans la durée et de

respecter les exigences du partenaire du Nord. Notre étude tend à démontrer que dans la moitié des cas étudiées,

l’entreprise du Sud concentre l’intérêt de son alliance sur le processus de production et cherche à remettre en

cause sa propre organisation interne et ses méthodes de production. La certification de qualité paraît alors

comme une étape nécessaire dans le processus de restructuration. Elle a pour finalité, entre autres, d’envoyer un

signal clair vers la firme du nord quant à ses réelles motivations d’engager la relation dans la durée.

Les relations entre partenaires semblent assez bien reposer sur un schéma de réciprocité de type

« donnant-donnant ». Le transfert technologique et ou de ressources financières par la firme du Nord est

conditionné par le respect des délais et un engagement vers un processus d’amélioration de la qualité de la part

du partenaire du sud. On retrouve des stratégies qui accroissent les chances de réussite d’une alliance (Cheung et

alii, 2000).

(iii) Le risque d’expropriation des résultats est faible.

Le risque d’expropriation du savoir-faire et de l’expertise des firmes du Nord est limité. En général et

comme nous l’avons signalé celui-ci dépend, de la capacité d’absorption des entreprises du Sud qui est

habituellement assez faible, - sauf pour les cas d’entreprises produisant parallèlement sous leur propre marque, -

de l’expérience passée de la firme notamment en matière de production, de la maturité des technologies

employées. Ces facteurs restent relativement faibles.

En dehors de toute considération d’incitation et d’opportunisme, il y a tout simplement le fait que le

partenaire du sud peut ne pas avoir les capacités technologiques, managériales et organisationnelles qui

permettent une bonne qualité, un système de production efficace, etc., et, par conséquent, la dépendance du

partenaire du sud reste grande et nécessite un investissement élevé du partenaire du Nord. Les situations les plus

difficiles d’accords sur le terrain proviennent de l’éloignement de routines bien établies (Doz, 1996). Ceci est le

cas lorsque le partenaire du sud avait l’habitude de produire un bien similaire avec une ancienne technologie

qu’il maîtrisait.

(iv) lorsque la confiance s’instaure, les relations s’orientent à long terme.

Engagés dans de nouvelles relations, les partenaires ont le plus souvent recours à des contrats assez

formalisés (classiques au sens de Williamson), avec des clauses de résolution de conflits et de rupture éventuelle.

Nous avons pu observer dans ces premiers résultats un important respect mutuel des engagements : transferts de

technologies et garantie des débouchés contre amélioration des processus productifs et délais de livraison. Les

alliances NS en Méditerranée qui réussissent évoluent simultanément vers davantage de flexibilité et de durée.

Dans la majeure partie des études de cas, et notamment en Tunisie, il est signalé qu’un climat de confiance tend

4 La certification présente l’avantage d’être établi selon des normes internationales (non pas édictées directement par lepartenaire du nord) et d’être appliquée localement, par des agences nationales. Elle permet donc une certaine souplessetemporaire et des capacités d’adaptation au fur et à mesure du « rattrapage » du pays dans son ensemble.

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à s’instaurer et que les modalités coopératives sont élargies. De simple exécutant on passe à un statut de

partenaire, l’échange de personnel est assez fréquent et on commence à s’intéresser aussi bien au processus de

production et aux modalités de gestion qu’au produit fini. Bref, les relations de coopération sont orientées à long

terme.

Certaines normes relationnelles5 prennent le pas sur les contrats formels permettant de minimiser la

distance culturelle et de mettre en place un processus d’apprentissage réciproque. La plupart des entreprises

locales estiment avoir bien négocié leurs contrats et toutes estiment leur clientèle satisfaite de leurs produits (sur

le plan technique et de la qualité). Les relations avec les partenaires sont jugées bonnes (confiance, respect des

engagements), même si des points de divergence forts restent toujours en négociation (parfois en conflits

latents). Toutes les alliances ont permis aux firmes locales d’acquérir les compétences nécessaires à la

reproduction d’une technologie de base de standard européen, sensiblement supérieure aux standards locaux

moyens et à ceux de leur production antérieure.

(v) Les barrières culturelles sont réelles mais tendent à diminuer.

Selon les déclarations recueillies au cours des entretiens, certaines firmes européennes trouvent les

relations avec leurs partenaires locaux « épuisantes » ; les actionnaires de certaines firmes locales pensent que

leur partenaire européen les spolie ; des firmes qui tentent d’externaliser leur production déplorent le peu

d’autonomie de ses sous-traitants ; et certaines firmes locales aimeraient bénéficier des conditions financières

des filiales de leurs partenaires et non être traités aux même conditions financières que des fournisseurs ou des

clients ordinaires.

Force est de constater que l’implication du partenaire étranger dans le fonctionnement interne de

l’entreprise locale est généralement source de tensions lorsque celle-ci intervient brusquement. De plus, elle se

heurte à des facteurs culturels sources de multiples dysfonctionnements (particulièrement vrai pour l’Egypte).

Une plus grande proximité culturelle existe entre les entreprises tunisiennes et leurs homologues du Nord. En

conséquence, les cadres expatriés en Tunisie, en raison du capital de confiance dont ils jouissent auprès du

personnel local, jouent davantage le rôle de « facilitateur » et d’intermédiaires dans les conflits. En revanche, en

Egypte, l’implication de l’entreprise du Nord est bien davantage considérée comme une intrusion par les niveaux

hiérarchiques inférieurs. Ces récriminations n’invalident pas les aspects bénéfiques des alliances, avérés par leur

pérennité et le nombre croissant d’entreprises candidates.

Pour conclure, un des résultats majeurs des enquêtes effectuées dans le cadre de notre recherche concerne

les formes d’organisation spécifiques de coopérations entre firmes de tailles asymétriques et de compétences

inégales. La coopération est bien réelle en dépit de nombreux problèmes culturels et informationnels. Elle tend à

évoluer avec la durée de la collaboration et un climat de confiance qui semble s’instaurer.

Les enquêtes réalisées en Tunisie et en Egypte ont montré que les alliances entre firmes du Nord et du Sud

de la Méditerranée sont perçues par les partenaires comme bénéfiques du point de vue du renforcement de la

position compétitive à long terme ; c’est à dire de la diversification de l’économie locale, de l’intégration

internationale des firmes nationales, des transferts de connaissances et de l’amélioration des normes, en

particulier de la qualité.

Du point de vue des firmes du Nord, l’alliance consolide sa compétitivité coût sur ses marchés

traditionnels ; elle stabilise ou accroît la part de marché local et offre des possibilités de délocalisation. La bonne

volonté du personnel local et sa capacité d’apprentissage est reconnue par tous. Les alliances ont permis aux

firmes étrangères de connaître les pré-requis de la conquête du marché local ou de maîtriser ce marché local sur

des produits plus chers que les produits locaux de substitution.

Pour les firmes du Sud, l’alliance permet d’accroître l’activité (de 50% à 100%), de gagner des niches de

compétitivité plus rentables, d’acquérir de nouvelles compétences. La partie technique du transfert est considérée

comme réussie par les toutes les firmes de Sud, sous gestion locale ou européenne, même si la plupart des firmes

locales réclament un élargissement de la gamme et un approfondissement du transfert technologique. La

motivation principale des entreprises tunisiennes à contracter avec un partenaire étranger est depuis plusieurs

5 Le lecteur peut examiner à ce sujet l’article de Artz et Brush (2000) qui étudie l’émergence des normes relationnelles entrefirmes asymétriques – donneurs-d’ordre –sous-traitants – dans l’industrie des équipements industriels américaine.

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années l’accroissement de leurs débouchés sur le marché européen. Les entreprises égyptiennes ont d’abord

recherché à travers le partenariat à renforcer leurs positions concurrentielles sur leur marché local. Dans la

perspective du désarmement tarifaire, les nouvelles alliances visent toutes l’accès au marché extérieur.

Annexe 1.

Description de l’échantillon des accords et des entreprises du Sud.

L’échantillon choisit présente différents types d’accords recensés dans les statistiques officielles (pour la

Tunisie) ou connus par les ambassades européennes (pour l’Egypte). Ces deux échantillons ne prétendent pas

représenter toutes les configurations d’accords existantes dans chacun de ces deux pays. En effet, les statistiques

officielles restent indigentes quant aux informations relatives aux alliances. Elles n’incluent pas les alliances de

type contractuel (sans prise de participation, sans IDE et sans aides de l’Etat du Sud, tels que des programmes de

Mise à Niveau). En Tunisie, l’échantillon se veut néanmoins représentatif des activités existantes et

potentiellement porteuses de croissance. Les 26 cas étudiés en Egypte, en revanche, ne présentent pas la même

diversité par rapport au pays. En revanche, ils donnent des exemples de différentes variantes d’alliances

possibles dans un même secteur, voire pour un même produit. Ils illustrent et enrichissent certaines de nos

hypothèses sur les motivations des alliances, puis leurs diverses formes de réalisation dans un contexte

économique en mutation (Plunket et alii, 2000).

Types d’accord selon les pays.

Tunisie Egypte Total

Sous-traitance seule11 1 12

Licence seule8 5 13

Joint venture (avec/sans licence et sous-traitance)11 20 31

Total30 26 56

Secteurs d’activité

Tunisie Egypte Total

Chimie, caoutchouc, verrerie 10 1 11

Industrie mécanique et électrique et électronique 8 8 16

Textile, cuir, chaussure 6 1 7

Agro-alimentaire 6 1 5

Informatique, technologie de l’information 4 4

Automobile et véhicules de transports 6 6

Equipement (traitement de l’eau, élevage agricole) 5 5

Métallurgie et traitement des métaux 5 5

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