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Harry Markowicz La langue des signes : réalité et fiction In: Langages, 13e année, n°56, 1979. pp. 7-12. Citer ce document / Cite this document : Markowicz Harry. La langue des signes : réalité et fiction. In: Langages, 13e année, n°56, 1979. pp. 7-12. doi : 10.3406/lgge.1979.1826 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1979_num_13_56_1826

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Page 1: Markowicz Harry. La langue des signes  réalité et fiction. In Langages, 13e année, n°56, 1979. pp. 7-12

Harry Markowicz

La langue des signes : réalité et fictionIn: Langages, 13e année, n°56, 1979. pp. 7-12.

Citer ce document / Cite this document :

Markowicz Harry. La langue des signes : réalité et fiction. In: Langages, 13e année, n°56, 1979. pp. 7-12.

doi : 10.3406/lgge.1979.1826

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1979_num_13_56_1826

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Harry MARKOWICZ La Maison des sciences de l'homme

LA LANGUE DES SIGNES : RÉALITÉ ET FICTION 1

On attribue souvent au langage gestuel les caractéristiques suivantes : c'est une langue universelle dont la grammaire est pauvre par rapport au langage oral, le vocabulaire concret et figuratif, et elle consiste en des gestes quelconques accompagnés d'expressions du visage. D'autres ajoutent que c'est un calque de la langue parlée. Cet article a pour but de montrer que ces idées ne correspondent pas aux observations et aux analyses linguistiques de plus en plus fréquentes des langues dont la modalité est visuelle.

La langue des signes est universelle

On a souvent dit que le langage gestuel est une langue universelle, facile à apprendre, et un moyen de communication à l'échelle mondiale. On retrouve cette idée dans les écrits des premiers auteurs sur la langue des signes française (LSF), tels que l'abbé DE L'EpÉE, créateur de l'éducation publique pour les sourds dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, ou RÉMY-VALADE, professeur à l'Institut Impérial des Sourds-Muets à Paris, qui rédigea la première grammaire de la LSF en 1854. Ces auteurs pensaient que le langage gestuel reproduisait les objets et les événements à la façon d'un peintre qui reproduit la scène présente à ses yeux. Selon DE L'EPÉE et RÉMY-VALADE, le langage gestuel est une langue naturelle qui unit les sourds du monde entier. D'après eux, si les entendants apprenaient à communiquer avec la langue des signes, le monde aurait d'emblée une excellente langue universelle.

Cependant, même un regard rapide sur les langues des signes connues dans le monde invalide cette théorie. Les langues des signes française, britannique, japonaise, danoise, ainsi que d'autres, diffèrent autant les unes des autres que les langues orales entre elles. Un sourd qui voyage au-delà des frontières n'est pas plus apte à comprendre la langue des signes du pays visité que l'entendant ne l'est à comprendre la langue orale de ce même pays. Néanmoins, les sourds jouissent de certains avantages dans leurs efforts pour communiquer avec d'autres nationalités. D'abord ils arrivent à surmonter, au moins partiellement, l'obstacle linguistique qui les sépare des sourds d'un autre pays en utilisant les gestes des mains en forme de pantomine. Sans avoir recours à la langue orale ou au langage gestuel, les sourds de pays différents communiquent entre eux avec une aisance remarquable, bien qu'avec moins d'effica-

1. Une version plus longue de ce texte a été publiée en anglais sous le titre American Sign Language : Fact and Fancy, Washington, D.C., Gallaudet College (1977). Une traduction et adaptation en français par Lysiane PAUL-GROSJEAN sera publiée prochainement par Coup d'œil. Centre d'études des mouvements sociaux, Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, 54, boulevard Raspail, 75270, Paris, CEDEX 06.

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cité et de rapidité que dans leur propre langue des signes. C'est cette communication gestuelle, mais pantominique, qui donne l'impression que les sourds ont une langue commune.

Aussi, de façon assez générale, les sourds vivent des expériences qui présentent plus de points communs avec les sourds de n'importe quel pays qu'avec celles des entendants de leur propre pays. La vision des choses et les valeurs qui résultent de l'appartenance à une minorité semblable jouent peut-être un rôle plus grand dans l 'intercompréhension qu'on ne le pensait précédemment, et le facteur langue commune deviendrait alors secondaire.

Un dernier point : certaines langues des signes sont liées historiquement. La LSF fut apportée aux Etats-Unis au XIXe siècle, où elle se mélangea aux langues des signes utilisées jusqu'alors par les Américains (WOODWARD, 1978). Ce mélange devint la langue standard aux Etats-Unis et dans certaines régions du Canada. De nos jours, bien que la langue des signes américaine (LSA) et la LSF diffèrent, elles possèdent en commun un certain nombre de signes et de traits grammaticaux.

Rendre compte de la réalité passe nécessairement par les mots

On reproche souvent au langage gestuel d'être « conceptuel » au lieu de se référer à des mots de la langue orale. Le langage gestuel n'est à cet égard nullement différent de la langue orale, la fonction principale de la langue consistant à évoquer les signifiés. Ceux-ci sont représentés par des signes dans le langage gestuel. La LSF n'étant pas un code du français, les signes ne se réfèrent pas à des mots, mais directement aux signifiés.

Le langage gestuel utilisé entre eux par les sourds, en France comme dans d'autres pays, est une langue indépendante avec ses propres règles de formation (niveau phonologique), de syntaxe, de morphologie et de sémantique. C'est la langue primaire de la majorité des sourds adultes, celle qu'ils utilisent dans la vie quotidienne, en dehors du travail. Le langage gestuel sert de lien principal à la communauté des sourds, c'est le symbole d'identification le plus important entre ses membres (MARKOWICZ et WOODWARD, 1978). Parce que seul un faible pourcentage d'enfants sourds ont des parents sourds, le langage gestuel se transmet de génération en génération d'écoliers dans les écoles de sourds, en particulier dans les internats. La socialisation des enfants sourds se fait principalement dans ces écoles (MEADOW, 1972). Pour la grande majorité des enfants sourds qui ont grandi en internat, que leurs parents soient sourds ou entendants, qu'ils puissent ou non s'exprimer oralement, le langage gestuel est leur langue primaire.

Tout comme les membres d'autres groupes minoritaires, les sourds ont des contacts avec la langue parlée du pays où ils vivent, contacts plus ou moins riches selon leurs aptitudes dans cette langue. Un sourd pourra choisir entre deux langues, la LSF ou le français, en fonction de la situation dans laquelle il se trouve. En plus, pour communiquer avec des entendants qui connaissent plus ou moins le langage gestuel, il utilisera un pidgin — le français signé ou le français visuel, combinant le vocabulaire en signes avec la syntaxe du français. Il s'agit donc d'une situation de diglossie classique, avec un continuum de variétés entre la LSF et le français visuel. Cependant, la variété prestigieuse se trouve être le pidgin (STOKOE, 1969). Etant donné que le pidgin est utilisé dans les situations formelles (telles une conférence ou la télévision) et pour converser avec des non-membres de la communauté des sourds, il est facile de comprendre comment on pourrait conclure que la langue des signes est un code manuel/ visuel de la langue parlée.

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Les signes ne sont que des gestes

En français, quand on parle de la langue des signes, on dit souvent « faire des gestes ». Réduire la langue des signes française à de simples gestes indique une conception totalement erronée de cette langue. L'équivalent serait de décrire une langue orale qu'on ne connaît pas comme étant constituée de simples bruits.

Bien que des modalités différentes soient mises en jeu, l'analyse linguistique montre des ressemblances frappantes entre l'organisation du langage gestuel et du langage oral. Les signes offrent une combinaison simultanée de la configuration de la (ou des) main(s), de l'orientation des paumes, du déplacement des mains, et de leur emplacement sur le corps ou près du corps (STOKOE, 1960). Ici aussi, des règles de formation précisent les combinaisons possibles pour exécuter un signe. Les combinaisons qui violent ces règles sont considérées comme des signes « impossibles », bien que ces combinaisons puissent exister dans d'autres LS. Notons que les utilisateurs des langues des signes sont aussi peu conscients de ces règles que le sont ceux qui utilisent une langue orale.

En comparant de vieux dictionnaires de la langue des signes et des films faits par l'Association Nationale des Sourds aux États-Unis, en 1913, avec la LSA contemporaine, on peut observer une typologie des changements (FRISHBERG, 1975). Dans une perspective sociolinguistique, les variations régionales, sociales, raciales et sexuelles en LSA se traduisent par des structurations semblables à celles qu'on a observé dans les langues parlées (WOODWARD et ERTING, 1975). Les changements apportés par l'histoire ne se font donc pas au hasard ni de façon sporadique, mais obéissent à des schémas réguliers.

La langue des signes est figurative

On parle souvent du langage gestuel comme d'une langue figurative ou imagée. Mais il faut cependant garder à l'esprit plusieurs points lorsque l'on parle du caractère figuratif des signes. Tout d'abord, comme nous l'avons mentionné plus haut, les signes varient d'une langue des signes à l'autre pour un même concept.

Deuxièmement, si les signes étaient réellement « figuratifs », les entendants seraient capables, avec quelques instructions seulement, de comprendre les sourds utilisant ces signes. Or, comme l'expérience le prouve bien, apprendre à communiquer dans une LS demande autant de temps, d'effort et de motivation que l'apprentissage d'une langue orale qui nous est étrangère.

Troisièmement, des signes qui semblent figuratifs lorsqu'ils sont présentés de façon isolée deviennent souvent impossibles à identifier lorsqu'ils apparaissent dans le flot de la conversation. Ceci n'est pas seulement dû au débit rapide avec lequel on emploie les signes, mais aux modifications qu'ils subissent dans l'enchaînement de la phrase.

Quatrièmement, le caractère figuratif des signes ne semble pas jouer de rôle dans l'acquisition de la langue des signes par les enfants sourds. Par exemple, pour le jeune enfant dont le père n'a pas de moustache, le signe PAPA n'a pas de caractère figuratif.

Cinquièmement, les usagers de la LS tentent souvent d'expliciter les signes. Voici une explication typique : PAPA se fait en attrapant le bout d'une moustache imaginaire parce que les « papas » portent ou portaient des moustaches. Si chaque signe

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pouvait ainsi être expliqué, les arguments qui soutiennent la thèse « figurative » se trouveraient renforcés. Mais un rapide examen montre que certains signes possèdent plusieurs « explications ». Les etymologies de ce type ne présentent d'ailleurs souvent aucun rapport avec l'histoire authentique du signe. Elles fonctionnent probablement comme moyens mnémotechniques et, à cet égard, se révèlent utiles pour les entendants au moment de l'acquisition du signe.

Ce qu'il faut donc retenir à propos du caractère figuratif des signes et de l'aspect étymologique qui leur est attribué, est que ni l'un ni l'autre ne jouent de rôle primordial dans la communication normale en LS. Il faut cependant préciser que l'expression poétique et la création des néologismes ont recours au caractère figuratif du langage gestuel (BELLUGI et KLIMA, 1978 ; KLIMA et BELLUGI, 1975).

La langue des signes est concrète

Un des mythes les plus persistants à propos du langage gestuel est que, bien qu'il puisse exprimer des concepts concrets, sa capacité à rendre l'abstraction est limitée. Cependant, tout comme le langage oral, le langage gestuel peut créer des signes nouveaux, donner un sens nouveau à d'autres signes, et faire des emprunts à d'autres langues quand le besoin s'en fait sentir. Les utilisateurs d'une langue des signes ont de nombreux contacts avec la langue parlée de la culture environnante. Ainsi ils peuvent incorporer à leur langue des éléments de cette langue par l'épellation. L'alphabet manuel français comprend 26 configurations, chacune d'entre elles correspondant à une lettre de l'alphabet écrit. Par la dactylologie (représentation des mots par des configurations de la main, lettre après lettre) tout mot français peut être visualisé en LSF, quand il ne se trouve pas de signe disponible pour un concept particulier. Une étude portant sur la LSA montre que des mots anglais dactylologies peuvent souvent entrer dans' la langue des signes par des procédés réguliers, tout comme les mots sont empruntés d'une langue à une autre (BATTISON, 1978).

Il existe d'autres procédés pour créer de nouveaux signes, qui utilisent les mécanismes de grammaire propres à la langue. Un moyen consiste à former un signe composé, un autre à donner un sens un peu différent à un signe déjà en usage. Dans les deux cas a lieu une modification systématique de la forme du signe. Un autre moyen, c'est l'invention d'un signe à partir d'une représentation mimétique (BELLUGI et Klima, 1978).

La LSF comprend beaucoup de signes exprimant des idées abstraites, telles que AIMER, ESPÉRER et CROIRE. Bien que ces signes aient un aspect figuratif, ils fonctionnent comme des symboles à la façon des mots des langues orales. Quand nous utilisons des expressions telles que « passer au peigne fin » ou « ruminer », nous faisons abstraction de l'image du peigne et du ruminant et leur accordons un sens nouveau, « examiner soigneusement » et « ressasser les mêmes idées ». De la même façon, même quand un signe présente un aspect figuratif, son sens n'est pas limité à cet aspect.

Le langage gestuel peut exprimer autant de nuances que le langage oral. Il n'y a aucune limite à ce que peut exprimer une langue des signes, à l'exception des restrictions faites par les membres de la communauté des sourds dans le choix de ses thèmes et de ses sujets. L'hypothèse qu'en LS la communication n'est réduite qu'à des échanges informels à cause des lacunes inhérentes de son vocabulaire se révèle sans fondement.

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La langue des signes n'a pas de grammaire

La traduction mot à mot d'une langue à une autre donne très souvent des phrases non grammaticales ou incompréhensibles. Ceci peut s'illustrer aisément en traduisant les phrases anglaises suivantes :

How old are you ? * Comment vieux es-tu ? (Quel âge as-tu ?) J have been missing you. * J'ai été manquant toi. (Tu m'as manqué.) En se fondant sur ces exemples, il ne serait pas sérieux de prétendre que l'anglais

n'a pas de grammaire. Cependant l'idée selon laquelle la LSF est non grammaticale ou a une grammaire

pauvre provient de traductions de signe à mot en langue orale. Cette hypothèse se fonde sur l'idée que la structure de la LSF serait identique à celle du français. Cette hypothèse est fausse puisque la LSF est une langue indépendante. Il est vrai, certes, que la LSF n'a pas certaines caractéristiques inhérentes au français, tels les articles, le verbe être et la voix passive. Mais le français, par ailleurs, n'utilise ni la « localisation » ni la « direction », qui ont des fonctions grammaticales précises en LSF, ni les flexions qui marquent l'aspect sur les verbes, permettant d'exprimer avec un seul signe une phrase aussi complexe que « Je suis malade souvent et chaque fois ça dure longtemps » (PEDERSEN).

La localisation. — Puisque la LS consiste en mouvements exécutés dans l'espace, les références pronominales se font par la désignation de cet espace, d'après des règles régulières. Plusieurs emplacements (« locations ») peuvent être définis et le rester jusqu'à la fin de la conversation. Ainsi, la phrase « Pierre écrit à son ami chaque fois qu'il est malade » ne présente aucune ambiguïté en langage gestuel.

La direction. — Cette deuxième catégorie concerne exilement l'utili^ition de l'espace à des fins grammaticales. Par exemple, les pronoms « sujet » et « objet » peuvent être inclus dans le verbe (signe) par un déplacement qui s'effectue de l'« acteur » vers le « destinataire ». Par conséquent la phrase « Je te montre » n'utilise qu'un seul signe.

En regardant de nouveau le signe MONTRER, nous découvrons un autre trait important de la langue des signes : l'encodage simultané de plusieurs éléments d'information. En langage gestuel, l'information est comprise dans le signe ; ainsi la distinction entre « Je te montre » et « Tu te montres » est une flexion interne, indiquée par la direction dans laquelle le signe est fait. « Je te montre continuellement » est également exprimé par le même signe MONTRER, modifié, en plus de la directio- nalité, pour indiquer l'aspect « continu ». Si l'ordre des signes ne semble pas jouer un grand rôle dans la syntaxe du langage gestuel, il n'en est pas de même des flexions, qui, elles, semblent y occuper une place importante. Ces flexions se manifestent dans la direction, mais en particulier dans la qualité du mouvement du signe.

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REFERENCES

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