marie verkindt : une femme enseignementcatholique...rencontre avec une fem-me pour qui lutter contre...

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Portrait Marie Verkindt : Une femme contre la misère Actualités Risquer l’aventure du Carême Initiatives Attention, éco-école ! Europe L’école catholique en Suisse Culture Musée/Exposition/ Livres/ Multimédia Enseignement catholique www.enseignement-catholique.fr Numéro 321, février 2008, 4,50 ACTUALITÉS DOSSIER Place aux tout-petits !

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Page 1: Marie Verkindt : Une femme Enseignementcatholique...Rencontre avec une fem-me pour qui lutter contre l’exclusion n’est pas un vain mot. INITIATIVES Environnement Attention, éco-école

PortraitMarie Verkindt :Une femme contre la misère

ActualitésRisquer l’aventure du Carême

InitiativesAttention, éco-école !

EuropeL’école

catholique en Suisse

CultureMusée/Exposition/Livres/ Multimédia

Enseignement catholiquewww.enseignement-catholique.fr

Numéro 321, février 2008, 4,50 €ACTUALITÉS

DOSSIER

Place aux tout-petits !

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« Paroles, regards et sens »

4 années de réflexions, de témoignages

et d’actions au sein des communautés

éducatives.

5 heures de reportages et de prises de parole,

réunies dans un doubleDVD.

Double DVD : Paroles, regards et sens L’exemplaire : 22 €Nom / Établissement : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : ................................... Ville : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..... . . . .

Souhaite recevoir : ........................ exemplaires. Ci-joint la somme de : ........................ € à l’ordre de AGICEC277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71.

4e Journée des communautés

éducatives

7 décembre 2007

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N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 3

som

mair

e ÉÉDDIITTOORRIIAALL

L’audace des tout-petits 5AACCTTUUAALLIITTÉÉSS

Enseignement catholique 6Éducation 13Religion 18Revues express/Agenda 20

PPOORRTTRRAAIITT

Marie VerkindtUne femme contre la misère 36Professeur d’histoire-géographie et directrice adjointedu collège Charles-de-Foucauld, à Tourcoing, MarieVerkindt est engagée depuis trente ans au sein du mou-vement ATD Quart Monde. Rencontre avec une fem-me pour qui lutter contre l’exclusion n’est pas un vainmot.

IINNIITTIIAATTIIVVEESSEnvironnement

Attention, éco-école ! 38Se soucier de la nature, s’interroger sur nos pratiqueset nos sociétés, agir à son échelle… Au-delà des beauxdiscours, l’écologie s’inscrit dans un mode de vie etde pensée qui se forme dès le plus jeune âge. Exempleà Saint-Bernard, une école de Cambrai, qui a déjàbien engagé son Grenelle.

RREESSSSOOUURRCCEESSHHUUMMAAIINNEESS

SOS profs en détresse 40Changer de discipline, instaurer de nouvelles rela-tions avec les élèves ou quitter l’enseignement… Lescarrières des professeurs ne sont pas à l’abri d’aléas,et l’enseignement catholique progresse donc dans sagestion des ressources humaines.

PPAARROOLLEESS DD’’ÉÉLLÈÈVVEESS

Opération Brésil : en mémoire d’Iqbal 42À Notre-Dame-d’Espérance, des élèves de Segpa ontpermis qu’une bibliothèque s’ouvre au Brésil. Cet éta-blissement de Saint-Étienne maintient un lien privi-légié avec « O Semeador », un centre qui accueille desenfants pauvres. Un beau projet qui a redonné dusens aux apprentissages.

EEUURROOPPEE

L’école catholique en Suisse 44En Suisse, pays où l’on compte presque autant de sys-tèmes scolaires que de cantons, et pas moins de quatrelangues officielles, il n’est pas facile de s’organiser auplan fédéral. L’enseignement catholique n’échappepas à cette règle. Son avenir – sinon sa survie – passepar une plus grande implication de l’Église.

RREEPPOORRTTAAGGEE

Les Fourneaux de Marthe et Matthieu 46Mettre la main à la pâte peut permettre de reprendrepied dans sa vie. Aux Fourneaux de Marthe et Matthieu,à Suresnes, une quarantaine de jeunes adultes psy-chotiques se réinsèrent en produisant petits-fours,pains surprises et autres délices…

FFAAIITT RREELLIIGGIIEEUUXX

Musique religieuse et champs disciplinaires 48En novembre dernier, l’Ifer invitait à réfléchir sur unthème nouveau : « Littérature, musique et religion ».Compte rendu d’une enseignante qui a suivi avecenthousiasme cette semaine de formation.

CCUULLTTUURREE

Musée 52France, terre d’asileLa toute nouvelle Cité nationale de l’histoire de l’immi-gration veut contribuer à construire un regard positif surces hommes et ces femmes d’origine étrangère venus s’ins-taller en France depuis 200 ans.

Exposition 53Du pays noir au pays vertPays’âges, une exposition proposée par le musée d’His-toire naturelle de Lille, entraîne le visiteur dans unetraversée de l’histoire. Celle d’un paysage, avec unequestion : quels rapports homme et nature doivent-ils cultiver pour rester vivants ?

Livres /Multimédia 54Pratique 58

Photos couverture : E. du Closel, D. R., V. Leray. Sommaire : Laboratoire R. Maes., V. Leray, M.-C. Jeanniot, M. Mathgen,E. du Closel.

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38

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DOSSIER / PLACE AUX TOUT-PETITS ! 24

Face aux questions qui se posent sur l’éventualité de ne plus scolariser les moins detrois ans, l’enseignement catholique n’aurait-il pas une place à prendre dans ce débat

sur la petite enfance en proposant des structures d’accueil ? Certaines écoles ont ouvertdes jardins d’enfants ou des crèches multiaccueils dans l’enceinte de leur établissement, il y a de longues années. Aujourd’hui, on voit apparaître des projets de crèchesd’application liées à des lycées proposant des filières sanitaires et sociales.

Ce numéro comporte un encart CCFD « enveloppe deCarême » posé sur la 4e de couverture.

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« Le fonctionnement d’un conseil d’établissement, celui d’un conseil de classe, d’un conseil de discipline

ou des instances représentatives des personnelstémoignent du regard porté sur chaque personne et des moyens qui lui sont donnés pour grandir ».

Un textepromulgué par la Commissionpermanente le 11 mai 2007

Les instances de participation et de concertation... L’exemplaire : 2,00 €

Nom / Établissement : ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : ....................................... Ville : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Souhaite recevoir : ........................ exemplaires. Ci-joint la somme de : ........................ € à l’ordre de AGICEC

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71.

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N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 5

Éditorial

« En vérité je vous le dis :

quiconque n’accueillepas le Royaume de Dieu

en petit enfant, n’y entrera pas. »

(Marc 10,15)

L’enseignement catholique a depuis longtemps une tradition etune expérience dans l’accueil de la petite enfance, notammentgrâce au jardin d’enfants qui constitue, pour certains d’entrenous, le premier souvenir d’un trop lointain passé. Même si,

comme en attestent les témoignages du dossier « Place aux tout-petits ! »,cette pratique originale est restée vivante sous des formes diverses, le développement des classes maternelles a conduit à la scolarisation desenfants en bas âge, et ce avant même trois ans. Le traditionnel débat sur les avantages et les inconvénients d’unesocialisation des enfants par la famille ou par des institutions éducativesest désormais largement dépassé. Il a été profondément renouvelé parle développement du travail des femmes, l’évolution des modèlesfamiliaux et la nécessité de faciliter l’insertion scolaire de beaucoupd’enfants dont les parents ne sont eux-mêmes pas parfaitement intégréssur les plans professionnel et social. Des enfants ont besoin de nous pour grandir, des familles attendent denous une aide pour les accompagner dans leur mission de premierséducateurs. Au moment où l’Éducation nationale se désengage à l’égard des moinsde trois ans, le temps est sans doute venu pour les établissementscatholiques de redécouvrir leurs savoir-faire spécifiques pour l’accueildes tout-petits dès dix-huit mois (ou même en deçà) et de les mettre à ladisposition de tous. Ce chantier exigera d’inventer des formules très variées, adaptées auxcontextes locaux. Sortons des sentiers battus ! Utilisons, en ce domainecomme dans les autres, nos espaces de liberté ! Sachons être aussiaudacieux que des enfants !

Éric de LabarreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

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Reta

il

L’audace des tout-petits

Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AGICECn Directeur de la publication > Paul Malartren Rédacteur en chef > Gilles du Retail n Rédacteur en chef adjoint > Sylvie Horguelin n Ont participé à la rédaction dece numéro > Claude Berruer, André Blandin, Élisabeth du Closel, Véronique Glineur, José Guillemain, Marie-Christine Jeanniot, Virginie Leray, Yves Mariani, Père Patrice Marivin, Isabelle Mimart, Irène dePalaminy, Mathilde Raive, Françoise Récamier, Étienne Verhack nÉdition > Dominique Wasmer, Marie-Françoise Comte (rédacteurs-graphistes), René Troin (secrétaire de rédaction)n Diffusion etpublicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet-Wane, Jean-Noël Ravolet et Marianne Sarkissian (commandes) n Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 n E-mail > [email protected] n Abonnement > 45 €/an n Numéro de commission paritaire >0707 G 79858 n Imprimeur > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

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6 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

actus/enseignement catholique

ANCFP : inquiétude et volonté d’innovationverture, d’adaptation et d’inno-vation ? Pour les responsables de l’ANCFP1,l’avenir manque de visibilité.Pourtant l’aspiration des futursenseignants est limpide. Elleconsiste à recevoir une formationadaptée aux conditions d’exer-cice de la relation éducative. « Sitous, soit du côté institutionnel, soitdu côté des personnes concernées, sontprêts à entonner les louanges de la for-mation, il n’y a plus de consensus surla définition de son contenu, ni sur samise en œuvre dans la réalité des dis-positifs », indique Pierre Abgrall.Pour le président de l’ANCFP,

les centres de formation ne se sont ja-mais contentés d’emprunter les sen-tiers battus et d’explorer les seulescontrées déjà balisées. Contrairementà ce que certains voudraient laissercroire, ils ne s’arc-boutent pas surl’existant. Il n’est certes pas irration-nel de préserver des intérêts acquis.[Mais] il serait suicidaire d’aban-donner des pratiques, un fonction-nement et des principes éthiques quiparticipent au dynamisme de l’insti-tution “enseignement catholique” ». Après avoir exprimé sa confian-ce aux membres des CFP, Éric deLabarre, secrétaire général del’enseignement catholique, les a

invités à relever le défide la transformation dela formation des maîtreset à travailler ensembleà une rénovation qui de-vrait s’inscrire dans uncadre universitaire ausein duquel les facultéscatholiques ont sansdoute un rôle particu-lier à jouer. GDR

1. Association nationale des centresde formation pédagogique de l’en-seignement catholique. Internet :www.cfp-france.org

Dans son rapport, rédigéau nom de la Commis-sion des affaires cultu-relles du Sénat et déposé

le 31 janvier 2008, le sénateurJean-Claude Carle a pris acte desinterrogations et des réflexionsqui entourent les dispositions l’ar-ticle 89 (cf. ci-dessous) de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004, re-lative aux libertés et responsabili-tés locales, depuis leur adoptionpar le Sénat. « Afin de prendre lamesure des difficultés réellementsoulevées par l’application de cetexte, déclare Jean-Claude Carleen introduction de son rapport,votre rapporteur a procédé à l’au-dition de l’ensemble des acteursconcernés par un article dont l’in-

discutable complexité même paraîtde nature à nourrir indéfinimentla polémique. Toutefois, il ressortde ces auditions que la mise enœuvre des dispositions de l’article89 précité se fait désormais le plussouvent dans un climat de relativesérénité, les concertations régu-lières menées depuis son adoptionayant permis d’aboutir à un com-promis satisfaisant pour chacunet reposant sur des bases juri-diques solides. Dès lors, il n’y apas lieu, aux yeux de votre rap-porteur, de venir ébranler ni parune abrogation, ni par une inter-vention législative intempestive,les bases de ces accords qui ontpermis de mettre en œuvre les dis-positions de l’article 89 dans un

FORFAIT D’EXTERNAT POUR LES ÉLÈVES NON RÉSIDENTS

L’article 89 est maintenu par le Sénatclimat d’apaisement. Ce dernierest un bien précieux. Il doit doncêtre préservé. » En conséquence de ses auditionset de ses débats, la Commissiondes affaires culturelles du Sénata rejeté les propositions de loimodifiant ou abrogeant l’article89. Les propositions de loi exa-minées et soumises au vote dessénateurs le 6 février 2008 ontété également repoussées. L’ar-

ticle 89 se trouve ainsi confortédans son bien-fondé. GDR

Les centres de formation pé-dagogique (CFP), chargésde la formation des maîtresdu premier degré de l’en-

seignement catholique, ont ma-nifesté leur inquiétude lors de leurassemblée générale du 18 janvier2008.En effet, devant une organisationde la formation qui, à moyen ter-me, devrait entrer dans une dy-namique européenne, le master 2devenant le diplôme d’entréedans la fonction d’enseignant,comment les CFP vont-ils trou-ver leur place ? À l’heure où ils’agit de préciser les objectifs de l’école primaire, des’interroger sur la condi-tion d’enseignant, de renouveler une part im-portante des effectifs, de réduire les dépensesde l’État en matière degestion du système sco-laire, comment repen-ser la formation desmaîtres, lui donner lesens de sa mission sansrenier son histoire, sesqualités, tout en privi-légiant sa volonté d’ou-

Emile Édouard était de cesfigures qui disent la réa-lité et la subtilité de la Ca-raïbe. Derrière la placi-

dité et la bonhomie du directeurdiocésain de Fort-de-France, avecun peu de patience et d’amitié,se découvraient peu à peu uncœur, un regard. Il faut avoir vuÉmile à la première heure dé-ambuler dans la cour ou les ga-leries du Séminaire-Collège, at-tentif à chacun etparticulièrementaux enfants. La malice s’allumaitalors au passage de tel ou tel qu’ilarrêtait d’un mot, d’un regard.Oui, Émile était bien « un cœurqui voit ». Il semblait alors riresous cape et dire à chaque en-fant les paroles du psaume : « Jete loue pour cette vie, mon Dieu, oùtu ne m’offres rien de moins chaquematin que la possibilité de renaître ! »Homme de Fidélité et d’Espé-rance, il nous redit l’ardente né-cessité de continuer le cheminqui, sur les traces d’Anne-MarieJavouhey et de toutes les grandesfigures de la Martinique, metl’homme debout.

YVES MARIANI

uArticle 89 - Modifié par la loi n° 2005-380 du 23 avril 2005 : « Les trois premiers alinéas de l’articleL. 212-8 du Code de l’éducation sont applicables pour le calcul des contributions des communes aux

dépenses obligatoires concernant les classes des écoles privées sous contrat d’association. La contributionpar élève mise à la charge de chaque commune ne peut être supérieure, pour un élève scolarisé dans uneécole privée située sur le territoire d’une autre commune, au coût qu’aurait représenté pour la commune derésidence ce même élève s’il avait été scolarisé dans une de ses écoles publiques ou, en l’absence d’écolepublique, au coût moyen des classes élémentaires publiques du département. »

Un éducateurnous a quittés

D.R

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Une idée, une action

ESPOIR À LA FAVELA

Démarche folle ? Bernadette Marchand, autrefoisenseignante, vit aujourd’hui au Brésil et

donne de l’espoir aux plus pauvres. Membre de la communauté catholique du Chemin-Neuf, laïqueconsacrée dès ses 21 ans, elle a trouvé sa place au Brésil, à une époque où fleurissaient lescommunautés ecclésiales de base. Dom HelderCamara l’appelait... Ce qu’elle est venue y faire ?Elle l’explique dans la lettre trimestrielle qu’elleadresse à tous ceux qui la soutiennent : « Tenterd’apprendre et de vivre proximité, présence de partage, d’écoute, de tendresse [...]1. » Où ?D’abord dans une favela de São Paulo, sur lemonte dos urubus, le mont des charognards ;maintenant, au quartier de Santa Terezinha, à Salvador de Bahia. Aujourd’hui âgée de 72 ans, Bernadette Marchandcontinue d’œuvrer auprès des plus démunis. Signed’amour, de disponibilité. Toute simple, fragile,capable de soulever des montagnes et d’en perdrele sommeil. Son association, Criança e Familia, a monté une crèche maternelle, un accueil pour les jeunes mères et leurs bébés, un centre de formation professionnelle pour les adolescents,une formation de base pour les jeunes filles et un accompagnement social, avec développementdes techniques d’artisanat, pour les adultes. Dernière initiative en date : le lancement deparrainages d’enfants. Chaque parrain ou marraines’engage à verser 25 euros par mois (8,50 eurosaprès déduction fiscale) durant cinq ou six ans,pour scolariser un enfant avec qui il échange par courriels (traduits du et en portugais).Il faut à Bernadette bien du courage pour former, garder, ou remplacer ses collaborateurs ou encore se remettre des agressions, des vols, des menaces, courants, et, accessoirement, assumerla paperasserie ! « Nous sommes débordés, avecdes complications croissantes de comptabilité et de bureaucratie, écrit-elle. Le travail a doublé endeux ans et nous ne sommes que trois pour gérer450 enfants et quarante employés…, et je suistoujours incompétente en informatique. » N’hésitezpas à prendre de ses nouvelles : Bernadette a, elle aussi, besoin qu’on pense à elle ! MCJ

1. Lettre semestrielle de l’association (avril 2007).

uContact : Association Criança e Familia France (CRIFAF), 92 avenue de Villiers, 75017 Paris. Tél. : 01 47 63 61 60.

Internet (site en portugais) : http//criancafamilia.free.frE-mail : [email protected]

N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 7

Le 16 janvier dernier, s’est tenue à Parisla deuxième Journée du volontariatdans l’enseignement catholique, à l’ini-tiative du Secrétariat général et de la

Délégation catholique pour la coopération(DCC). L’enseignement catholique et la DCC1

ont, en effet, signé en 2006 un « projet parta-gé ». Il consiste à faciliter le départ à l’étrangerdes membres des communautés éducatives, àvaloriser l’expérience acquise de ceux qui ren-trent, à favoriser les jumelages et à accueillirceux qui viendraient d’ailleurs. Deux fois plusde participants que l’année dernière étaientvenus pour cette Journée « afin d’envisager com-ment participer davantage à l’éducation à l’uni-versel », a précisé Pierre Robitaille, responsablede la mission pastorale au Secrétariat général.« Aller se frotter ailleurs permet un regard nou-veau », a souligné le père Pierre-Yves Pequeux,directeur du Service national de la Mission uni-verselle de l’Église de France. Premier témoignage apporté, celui d’YvesCasaux. C’est en commençant par partir lui-même en Bosnie, distribuer vêtements et mé-dicaments, qu’il a suscité chez les jeunes deson collège-lycée forestier, à Limoux (Aude),l’envie de s’engager. L’institut Saint-Joseph2,où il est cadre éducatif, a, depuis, poursuivil’aventure à Madagascar (la Bosnie devenantinsécure) avec des collèges de brousse, danslesquels la petite troupe se rend cet été encore.Objectif : faire connaissance et reconstruire

des salles de classe en piteux état. Cette ren-trée, des collégiens ont déjà pu profiter dutravail réalisé l’an passé : « Ils étaient tout étonnéset ravis de susciter des remerciements, des sourires. Ilss’aperçoivent qu’à leur âge, ils peuvent être utiles ! »De son côté Iwona Ramonada, d’origine polo-naise, enseignante de sport dans le même ins-titut, a organisé un voyage-prise de contactdans un lycée de Poznan qui comporte aussiune section forestière. « Les élèves ont identifié laPologne par rapport à ce qui n’était pour eux que “lebloc de l’Est” et commencé à comprendre… » Demanière générale, on peut souhaiter que tousles élèves puissent effectuer au moins un stageà l’étranger, au cours de leur scolarité, pours’ouvrir à l’universel. L’après-midi a été consa-cré à l’exploration des différentes formes deréinvestissement, en France, de l’expérienceacquise ailleurs, dans des démarches de for-mation ou de pastorale. « Nous nous réjouissonsdu temps qui a été pris pour partager ces expériencesd’ouverture et de solidarité », a conclu FulgenceKoné, animateur de la journée. MCJ

1. Adresse : 106 rue du Bac, 75007 Paris. Tél. : 01 45 65 96 65.Internet : www.ladcc.org2. Adresse : BP 97 - 11303 Limoux Cedex. Tél. : 04 68 74 60 00.Internet : www.saintjoseph-limoux.com

uS’ouvrir à la mission universelle, un document de 12 pages pourles animateurs travaillant avec des enfants et des jeunes et les uti-

lisateurs des outils pédagogiques de l’Enfance Missionnaire et du ServiceMissionnaire des Jeunes. Adresse : Enfance Missionnaire, 5 rue Monsieur,75343 Paris Cedex 7. Tél. : 01 53 69 17 58. Internet : www.mission.cef.fr

Réinvestir une expérience à l’étranger

Les 12 et 13 janvier 2008, l’Urcec1 organisait à Issy-les-Moulineaux une session intituléeLa dynamique de la transmission – surtout de la transmission de l’inspiration des fonda-teurs… Reprenant le fil conducteur de l’ouvrage collectif qu’il a dirigé2, Mgr Dagens a réaffirmé l’urgence de l’engagement éducatif, inscrivant résolument l’enseignement

catholique dans le système éducatif français et dans l’Église. Il a invité les cent vingt participantsreprésentant plus de cinquante congrégations « à inscrire leurs charismes à frais nouveaux dansl’engagement éducatif global ». Bernadette Delizy a souhaité qu’aux côtés des religieux ou reli-gieuses, les laïcs se comportent en « héritiers » directs des fondateurs dans une relation de frater-nité, tandis qu’une table ronde réunissant délégués de tutelle et formateurs, manifestait, commela présidente de l’Urcec dans sa conclusion, l’urgence de donner un visage nouveau à ces charismes pour les confronter aux défis éducatifs d’aujourd’hui. ANDRÉ BLANDIN1. Union des réseaux congréganistes dans l’enseignement catholique. 2. Pour l’éducation et pour l’école. Des catholiques s'engagent, Odile Jacob, 2007, 294 p., 25 €.

Transmettre l’inspiration des fondateursD

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§

« Quels établissements voulons-nous dirigerdemain ? Pour quoi ? Pour qui ? Par qui ? ».C’est de l’avenir qu’il a été question lors du congrès du Snceel qui a réuni des chefsd’établissement et leurs adjoints, les 23 et 24 janvier dernier, au CNIT, à la Défense.

L’établissement scolaire doit rester pre-mier, a rappelé Éric de Labarre en ou-verture du congrès du Snceel1. Cetteprimauté donnée dans l’organisation

de l’enseignement catholique à l’établissement2

tient à ce que celui-ci est avant tout un lieu oùse rencontrent « un besoin éducatif avéré » et « uneintuition éducative ». Elle tient aussi, a poursui-vi le secrétaire général de l’enseignement catholique au fait que les établissements sont« des lieux de vie qui aident à grandir », dans les-quels « les équipes éducatives sont les mieux à même[parce que proches des jeunes] d’ajuster les pratiquespour s’adapter aux besoins nouveaux ». Éric de Labarre a plaidé pour « un renouvelle-ment et un approfondissement des relations entre l’État et les établissements privés ». Pas questionpour autant de sortir de la loi Debré de 1959ou de la loi Rocard de 1984 qui « constituent deséléments d’un consensus national ». « En acceptantde s’inscrire dans le cadre [de ces] lois […], l’ensei-gnement catholique a accepté d’inscrire son inter-vention dans le cadre d’une association au servicepublic. Mais association ne signifie pas assimilation.Nous souhaitons un enseignement catholique contrac-tualisé, pas un enseignement catholique administré.[L’enseignement catholique] doit […] réinvestir la relation contractuelle avec l’État. » Mettant en gar-de contre une propension naturelle à s’inscri-re dans les cadres indiqués par la puissancepublique, Éric de Labarre a invité les chefsd’établissement à exploiter les espaces de liberté que leur laisse la loi. Il a aussi profité dece rassemblement pour adresser un messagede confiance aux chefs d’établissement. Desresponsables qui doivent conjuguer « l’appel enmission et le désir de servir », « l’association à l’État et la participation à un service d’Église », « le global et le local », et qui, pour Éric de Labarre, ne sauraient être des « tièdes ». Au-delà des compétences, au-delà du temps, laresponsabilité de chef d’établissement « enga-ge, pour une période définie, toute la personne ».Autre invité à l’honneur de la première jour-née du congrès : le philosophe et ancien mi-nistre, Luc Ferry qui s’est livré à une brillanteanalyse de l’état de l’école. « Pédagogie de l’auto-construction du savoir », croyance en l’antérioritéde la motivation sur le travail, « primat d’un mo-dèle ludique basé sur la liberté de l’enfant », « illusiondu jeunisme » : il y a là des éléments qui expli-quent la crise que traverse notre école. Mais au-delà, si le système éducatif est en panne, c’est

parce que, plus fondamentalement, nous avonsvécu un changement de paradigme moral etéducatif. Et Luc Ferry d’expliquer que « noussommes passés d’une école de l’élévation, d’une écoledu “deviens un autre” à une école de l’épanouissementindividuel, une école du “deviens qui tu es” ».Revaloriser « la pédagogie du travail » – une pé-dagogie que le philosophe situe à mi-cheminde la « pédagogie du dressage fondée sur l’autoritéde l’adulte » et du « modèle ludique [qui fait la partbelle] à la liberté de l’enfant » –, revaloriser le rô-le des adultes : telles sont deux des préconisa-tions avancées par Luc Ferry.

Pour Anne Barrère3, les chefs d’établissementsont au cœur du changement. Il leur revientde passer de ce que Pierre-André Taguieff4

qualifie de « bougisme », ce « mouvement du pro-grès séparé d’un sens collectif », au changement.Ce sont eux qui peuvent « donner un sens localau changement éducatif ». Ce changement au niveau de l’établissement, explique Anne Barrère, est fortement lié à la culture de l’éva-luation. On évalue beaucoup dans le systèmeéducatif, on produit de nombreux chiffres etindicateurs qui visent à aider les acteurs à éclai-rer leurs pratiques. Quel usage en fait-on dansles établissements ? Quels sont les effets de cetusage sur les résultats des élèves ? Et AnneBarrère d’inviter les chefs d’établissement,dont elle ne doute pas qu’ils sont ou serontdes « militants de l’évaluation », à « donner [auxdiagnostics chiffrés] un sens au niveau local ».

VÉRONIQUE GLINEUR

1. Syndicat national des chefs d’établissement de l’enseignementlibre, 15 rue du Val-de-Grâce, 75005 Paris. Internet : www.snceel.org2. De fait, le Statut de 1992 consacre son titre 1er à l’établis-sement catholique d’enseignement.3. Sociologue, professeur à l’Université de Lille-3 et membredu laboratoire Proféor.4. Cf. Pierre-André Taguieff, Le sens du progrès, Flammarion,2004, 448 p..

8 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

actus/enseignement catholique

Snceel : des chefs d’établissement au cœur du changement

Le Synadec a tenu son assemblée générale des 25 et 26 janvier 2008 à Marseille. Ce fut l’occasion de s’interroger, entre autres,sur l’accueil des enfants de deux ans et la suppression des cours le samedi.

La question de l’application du forfaitd’externat pour les élèves non-résidentsne pouvait échapper aux membres duSynadec1. Fernand Girard, délégué gé-

néral de l’enseignement catholique aux rela-tions politiques et internationales, avec son en-thousiasme habituel, a réaffirmé le bien-fondéde l’article 89 de la loi de décentralisation touten signalant qu’il n’était « pas utile d’embraser lepaysage au moment des élections municipales ». « Nousdevons faire avancer son application dans le temps[…] et faire confiance aux cellules diocésaines pourle forfait. Elles unissent les esprits et maîtrisent lesdémarches de façon raisonnable », a-t-il précisé. Quant à la formation initiale et continue desenseignants, elle demeure un point essentielde préoccupation des chefs d’établissement.François David, président de la fédération

Formiris, a rappelé qu’il revenait aux chefsd’établissement de préparer les orientationsde la formation et de donner du sens aux de-mandes. Il a insisté sur le principe de subsi-diarité, sur la fonction de l’établissement, pointde départ et d’arrivée de la formation, et surune organisation à la fois paritaire, institu-tionnelle et associative au travers des territoireset de la fédération. En conclusion, François David a souligné la question majeure du re-crutement pour faire face au manque d’en-seignants dans les années à venir. En s’appuyant sur les points clefs de différentstextes publiés ces dernières années par le Cnec2,Véronique Dintroz-Gass3, Patrice Mougeot4,Roger Gaborit5 et Xavier Nau6 ont alors reprécisé la place, le rôle et la mission des pa-rents d’élèves, des membres des Ogec, des en-seignants et des chefs d’établissement, notam-ment au travers de leur formation. En cettepériode où l’école redéfinit ses contours et sesexigences, la vie de la communauté éducativeest indispensable. Elle nécessite la reconnais-sance de la responsabilité de chacun de sesmembres et repose sur le dialogue. Les deux terrains de réflexion ouverts par leSynadec lors de cette assemblée – l’accueil dela petite enfance et la suppression des cours lesamedi – donnent raison à cette nécessité deconcertation, de débat et d’innovation. Com-ment, en effet, répondre aux demandes desfamilles et des collectivités si l’école ne peut plusadmettre des enfants avant l’âge de trois ans ?

Luc Ferry et Yves-Jean Thomas, président du Snceel.

Le Synadec, un « partenaire

de terrainincontournable »

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Lors de la journée nationale du 14 janvier2008, intitulée L’enseignement technique a de l’avenir, Patrice Hauchard, président de l’Unetp1, organisateur de ce temps fort del’enseignement catholique, a situé résolumentson syndicat dans la voie de la rénovation de l’enseignement professionnel. Une rénovation qui exige la mise en place de réseaux, de solidarités et de concertations.

Si la décision la plus visible de la réorga-nisation de l’enseignement profession-nel se situe autour du bac pro, qui se pré-parera désormais en trois ans et non en

quatre, sa restructuration exprime surtout lavolonté de lutter contre les sorties du systèmescolaire sans qualification et de mettre en œuvreune insertion professionnelle toujours plus exi-geante en Europe. Pour Élisabeth Arnold, sous-directrice des formations professionnelles auministère de l’Éducation nationale, les trans-formations proposées visent « à élever le niveau dequalification ». Actuellement, précisait-elle, « pour100 élèves en première année de BEP2, 94 effec-tuent la terminale BEP, 44 se retrouvent en premièrebac pro et seulement 39 en terminale professionnel-le. Sur ces 39 élèves, 30 obtiendront le bac pro…

N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 9

Enseignement professionnel : un avenir en réseau

Nous sommes ainsi loin de l’ambition des 80 % desjeunes au bac. L’idée est donc de raccourcir le cur-sus, de lui donner plus de fluidité, plus de lisibilitéet de mieux motiver les jeunes sur cette formation ». Toujours durant son intervention, ÉlisabethArnold indiquait que cette modification du bacpro, qui exige de redéfinir les filières de for-mation professionnelle, amène à « redéfinir leschamps professionnels, à construire un BEP réno-vé, fondé sur des prérequis et qui pourra être présentétout au cours de la formation en trois ans, à réorga-niser les cursus, à établir de nouvelles passerelles,notamment avec le CAP3, et à adapter les textes en

vigueur ». Le BEP reste donc un diplôme deniveau V, mais il se situera désormais dans lecursus du bac pro. Une nouvelle carte de laformation prenant en compte les CAP et lesbac pro sera établie. Cependant, avant la gé-néralisation de ce nouveau système prévue dèsla rentrée 2009, l’année 2008/2009 sera unepériode d’expérimentation, d’étude, de dia-logue et d’information.Après l’énoncé de ce dispositif, les différentsorganismes de l’enseignement catholique im-pliqués dans la formation professionnelle ontété invités à s’exprimer. Si, d’une façon géné-rale, il est bien accepté, plusieurs ont soulevédes questions et marqué des points d’insis-tance. Nous retiendrons particulièrement lanécessité : d’imaginer un soutien et un ac-compagnement pédagogiques pour les élèvesqui seront en difficulté au cours de ces troisannées de formation ; de permettre aux jeunesd’être non seulement de bons professionnelsmais aussi de savoir donner le meilleur d’eux-mêmes et de construire leur personnalité ; derevaloriser la formation du CAP ; de mieuxinformer les collégiens ainsi que les parentssur ces filières de formation ; de relier bac proet BTS ; de donner aux enseignants des ou-tils pour adapter leurs actions au travers denouvelles propositions de formation. Sur ce dernier point, des décisions seront prisespar Formiris à la fin du mois de mars, a indi-qué son secrétaire général Roger Gaborit. « Le bac pro en trois ans constitue une avancée in-déniablement positive, mais qui n’est pas sans en-jeux…, car le raccourcissement du cycle profession-nel pose la question des jeunes les plus en difficultéet des modalités de leur prise en charge. […] Il estsouhaitable de renforcer le partenariat avec nos in-terlocuteurs dans les rectorats et les conseils régio-naux pour organiser, dans l’intérêt général, l’offre deformation dans les territoires. […] Les défis que nousavons à relever peuvent être l’occasion de renforcerles liens entre les établissements techniques et profes-sionnels en recourant de façon raisonnée et plus sys-tématique au concept de “lycée des métiers” », a sou-ligné alors Éric de Labarre, secrétaire généralde l’enseignement catholique. Patrice Hauchard devait clore la matinée parl’affirmation de la volonté d’entreprendre untravail en réseau, qui débutait d’ailleurs dèsl’après-midi de cette journée, de développerune culture de l’innovation, d’être attentif auxpetites structures éducatives et à un traitementéquitable entre l’enseignement public et l’en-seignement catholique.

GILLES DU RETAIL

1. Union nationale de l’enseignement technique privé. Inter-net : www.unetp.org2. Brevet d’études professionnelles.3. Certificat d’aptitude professionnelle.

(cf. p. 28). Sans oublier la question des rythmesd’apprentissage propres aux enfants, commentà l’occasion de la suppression des cours le samedi matin, réarticuler l’accompagnementet le soutien scolaire, le travail en équipe desenseignants, leurs obligations de service, la ren-contre avec les familles… ? « Convaincu que les équipes éducatives qui vivent àproximité des jeunes sont les mieux à même d’ajusterles pratiques pour s’adapter aux besoins nouveaux »,Éric de Labarre, a appelé à « quatre points d’at-tention : développer une école de toutes les intelli-gences qui récuse l’uniformité des apprentissages, évi-ter la marginalisation des élèves, assumer une écoledu premier degré par cycles, fonder le pari éducatifsur la confiance ». Pour le secrétaire général del’enseignement catholique, cela suppose uneculture de l’accompagnement des équipes édu-catives et repose sur le chef d’établissement,véritable pierre d’angle de l’équilibre de l’éta-blissement. Dans ce contexte, « le Synadec est unpartenaire de terrain, présent dans les différentes

instances de l’enseignement catho-lique et, en fait, un acteur incon-tournable, » a-t-il souligné. Pour être au plus près de la réa-lité des chefs d’établissement, lerapport d’orientation qui a suivices interventions a mis en avanttrois engagements du syndicat :renforcer son rôle de partenairede terrain par le développementde son réseau de délégués (par

la diffusion d’informations ainsi que par desformations et par une présence auprès de sesadhérents pour l’application du statut, l’ac-compagnement, le conseil et si besoin leur dé-fense) ; être un partenaire représentatif deschefs d’établissement du premier degré danstoutes les instances et avec les autres syndicatsde chefs d’établissement ; être un partenaireforce de propositions en participant avec lesautres syndicats de chefs d’établissement à l’évo-lution de l’enseignement catholique et en confir-mant la place du Synadec, seul syndicat spéci-fique de chefs d’établissement du premierdegré. GDR

1. Syndicat national des directeurs et directrices d'écoles catholiques. Internet : www.synadec.org2. Comité national de l’enseignement catholique.3. Présidente de l’Union nationale des associations de parentsd’élèves de l’enseignement libre (Unapel).4. Secrétaire général de la Fédération nationale des organismesde gestion de l’enseignement catholique (Fnogec).5. Secrétaire général de la fédération Formiris.6. Secrétaire général de la FEP-CFDT.

Patrice Hauchard et Élisabeth Arnold.

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Le conseil d’administration du Synadec.

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10 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

actus/enseignement catholique

Le 8e congrès de la Communion missionnaire des éducateurs s’est tenu à Lille, les 26 et 27 janvier dernier. Xavier Dufour, secrétaire de ce mouvement qui rassemble une centaine d’adhérents dans toute la France, était présent...

Pouvez-vous nous présenter votre mouvement ?Xavier Dufour (notre photo) : Née en 2000, laCommunion missionnaire des éducateurs1

propose des temps de rencontre et de forma-tion aux parents, enseignants, éducateurs pourpartager leur expérience et vivre leur missionà la lumière de l’Évangile.

Comment s’est déroulé votre dernier colloque sur le thème « Aux sources de l’éducation » ?X. D. : 140 personnes, majoritairement desenseignants, étaient venues à Lille pour suivreles nombreuses conférences proposées. Le thè-me choisi était suffisamment large pour croi-ser différentes approches. Laurent Lafforgue,mathématicien (médaille Fields en 2002) etauteur de La débâcle de l’école, une tragédie in-comprise (2007), a ouvert le débat de façon in-cisive. Selon lui, le système éducatif, perfor-mant jusque dans les années 60, est au borddu gouffre. Son incapacité à transmettre lescontenus les plus élémentaires serait due, pourune bonne part, aux dérives pédagogiques liéesà une idéologie perverse : celle qui sacrifie la

Les directeurs diocé-sains se sont retrou-vés, du 28 au 30 jan-vier 2008, au monas-

tère de Bouvines (notre photo),pour leur session fonda-

mentale. Au programme : une réflexion autour du thème suggérépar le texte récent des évêques pour l’orientation de la catéchèse enFrance : Nouvelles orientations catéchétiques, nouvelles responsabilités.Vivre l’Évangile au quotidien. Les interventions de deux enseignantsdu Centre Lumen Vitae1 sont parties de constats, « signes destemps », qui obligent à repenser l’annonce de la foi. André Fossion a appelé à passer d’une « pastorale d’encadrement sous leparadigme de la maîtrise (qui rive l’autre à des modèles de vie et de com-munauté chrétiennes) pensée pour lui et sans lui » à une « pastorale d’en-gendrement qui favorise l’avènement et la renaissance d’une communautécroyante ». Il faut travailler sur les conditions qui rendent la foi dési-rable. C’est bien le choix des évêques de France d’une pédagogie del’initiation : « une démarche qui cherche à réunir les conditions favorablespour aider les personnes à se laisser initier par Dieu qui se communique àeux2 ». Au centre de cette démarche, la Parole de Dieu, en privilégiantdans un premier temps la prédication de Jésus sur le Royaume parrapport à la prédication sur Jésus.Pour Philippe Bacq, la pastorale d’engendrement s’appuie sur les

Béatitudes qui « nous disent le style de vie de Dieu et nous révèlent queDieu est présent dans ceux qui vivent de cette manière-là ». Avant la caté-chèse ordonnée, il s’agit d’entrer en relation avec les personnes pourune première annonce. « Une première annonce donne à entendre ce quifait vivre les croyants, selon la pédagogie même du Christ qui sans cesse s’ap-proche, rencontre, cherche la relation, appelle à la conversion et à la foi3. »La session s’est terminée à Lille, où le responsable du service diocésainde catéchèse, le père Laurent Dubrulle, et le père Raphaël Buyse, vi-caire épiscopal, ont présenté le projet catéchétique du diocèse. Un éta-blissement catholique ne vit pas isolément, mais travaille à une res-ponsabilité catéchétique partagée. À cette fin, l’évêque « dote son diocèsed’un projet global de catéchèse par lequel il indique ses priorités et ses choixd’organisation4 ».Au cœur de la session, l’eucharistie autour de Mgr Defois et la visite dela cathédrale de Tournai, où la Parole de Dieu anime l’architecture etl’iconographie. Les directeurs diocésains, responsables pastoraux char-gés de l’annonce, ne peuvent contribuer à évangéliser que si, d’abord,ils se laissent évangéliser. CLAUDE BERRUER

1. Situé à Bruxelles, capitale de l'Europe, le Centre Lumen Vitae offre une formation adaptée aumonde d'aujourd'hui en catéchèse, en pastorale des communautés et en éducation chrétienne.2. Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France, Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, 2006,116 p., 11 €, p. 65.3. Ibidem, p. 81.4. Ibidem, p. 98.

« Aux sources de l’éducation »

transmission des contenus objectifs au primatde la relation à l’élève.

Comment l’auditoire a-t-il reçu ces propos ?X. D. : Cela a créé un vrai débat ! Mgr AndréLéonard, évêque de Namur et auteur de nom-breux ouvrages de philosophie, s’est centré,

Rendre la foi désirable…

pour sa part, sur la notion de liberté : une liberté qui doit se construire, non pas commesource d’elle-même, mais reçue, en dette d’exis-tence vis-à-vis de l’Être (selon Heidegger). Àl’éducateur de « conduire hors de » le jeunepour lui permettre d’y accéder. Ce discoursplein de sagesse et d’espérance a permis deréconcilier contenus et relation pédagogique…

Il a aussi été question de la Bible qui serait éducative…X. D. : En effet, selon le père Jean-Luc MarieFoerster, prieur du couvent des Dominicainsde Lille, la Bible est une parole inspirée qui ac-compagne le lecteur et grandit avec lui. Elle nous révèle aussi ce que pourrait être l’ho-rizon de toute parole éducatrice : que Dieu « est venu sauver ce qui était perdu ». L’éducateurchrétien ne peut être animé par autre choseque l’espérance que Benoît XVI résume ainsi :« Quoi qu’il arrive, je suis attendu par l’Amour. »

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE HORGUELIN

1. Communion missionnaire des éducateurs, 18 rue de la Gla-cière, 75013 Paris. Tél. : 06 63 79 15 16. Internet : http:communioneduc.free.fr

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N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 11

Ce que j’ai appris de plus clairà l’école, c’est que j’étais dé-bile ! » Pour que ce cri deprotestation d’un élève

de BEP1 soit entendu, et que l’éco-le contribue à épanouir des per-sonnalités plutôt qu’à les abîmer,l’Institut supérieur Ozanam2 deNantes a proposé, le 23 janvierdernier, une journée sur le thè-me de l’estime de soi. « Notre pro-position de réflexion pédagogique etéducative a connu un franc succès,avec 200 enseignants, directeurs, res-ponsables de pastorale ou personnelséducatifs. Soit 50 des 80 lycées deLoire-Atlantique représentés, plus cinq établissements de Vendée et deCharente-Maritime », s’est félicitéJacques Chaillot, le directeur dio-césain. Au menu, trois ateliers pour troismanières d’interroger la questiondu jour.Alfred Bartolucci, chercheur auCentre d’études pédagogiquespour l’expérimentation et leconseil3 (Cepec), a présenté l’éva-luation comme un moyen de va-loriser chaque réussite, avec l’ai-de du portfolio et de la progressionpar compétences. L’assistance aexprimé son inquiétude quant àla perception négative que pour-raient en avoir les parents, les ins-pecteurs d’académie ou la hié-rarchie. Tous ont cherché commentconcilier ces nouvelles pratiquesavec les contraintes administra-tives et institutionnelles. Patienceet dialogue, a conseillé l’interve-nant, en encourageant à oser desévaluations à plusieurs vitesses etdes activités différenciées dans unemême classe.Pendant qu’Eirick Prairat, cher-cheur à l’université Nancy-2,rompait le silence qui entoure la

L’indispensable estime de soi

notion de sanction, pour en re-découvrir les vertus éducatives,Philippe Watrelot, président del’association CRAP4-Cahiers pé-dagogiques, abordait le vivreensemble. « La note de vie scolaireet, surtout, le socle commun qui luidonne tout son sens, représentent unlevier majeur de transformation despratiques. La qualité d’écoute desparticipants qui sont venus en équi-pe, montre qu’ils sont prêts à se

lancer », a-t-il constaté avec satis-faction.Enfin, André Jaligot, membre del’Association pour la recherche et la formation en pédagogie5

(Arfop), a proposé une synthèsesur l’indispensable estime de soi.Contre « l’anorexie scolaire », il pro-pose, au-delà du « ressassement dela remédiation ou de l’analyse psycho-logique, déconnectée de l’école », unnouveau départ de l’élève. Sa

Le 23 janvier 2007, l’Institutsupérieur Ozanam de Nantes a proposé une journée de réflexion éducative et pédagogique très suiviesur le thème : « Changer de regard pour faire grandir la personne ». Au menu : évaluation,sanction et vivre-ensemble.

recette : rompre avec un passéscolaire douloureux pour mieuxl’accepter et investir un autre pro-jet. Pour faciliter le processus, il recommande de souder lesgroupes-classes autour de règlesde vie et de projets définis en com-mun. Le tout jalonné de bilansréguliers, voire d’un dispositifd’accompagnement des élèves.« Tout le monde repart avec des ques-tions et des perspectives plein la tête »,s’est réjoui Christian Dollet, le directeur de l’Institut supérieurOzanam, qui entend d’ailleurs« poursuivre les échanges sur le siteinternet de l’Institut où figureront lesactes du colloque ainsi que les remarqueset questions des participants. » Ren-dez-vous est aussi pris pour s’in-terroger, l’an prochain, sur la déontologie enseignante. VL

1. Brevet d’études professionnelles.2. Adresse : 15 rue Leglas-Maurice, BP 44104 -44041 Nantes Cedex 1. Tél. : 02 51 81 64 58.Internet : www.institut-ozanam.org3. Adresse : 14 voie Romaine 69290 Craponne.Tél. : 04 78 44 61 61. Internet : www.cepec.org4. Cercle de recherche et d’action pédago-giques. Internet : www.cahiers-pedagogiques.com5. Sur internet : www.arfop.fr

De gauche à droite : Christian Dollet, directeur de l’Institut supérieur Ozanam, Jacques Chaillot,directeur diocésain de Nantes, et Didier Groleau, directeur diocésain adjoint chargé du 2d degré.

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L’Association internationale derecherche sur la pédagogiechrétienne (AIRPC) a tenusa première assemblée gé-

nérale ordinaire, le 15 janvier 2008,à Paris, sous la présidence de Louis-Marie Piron, en présence d’Éric deLabarre et Claude Berruer. Cettejeune association, fondée en janvier2007, s’est d’abord donné commeobjectif une nouvelle édition, revueet augmentée de façon significati-ve avec plus de cent cinquante no-

tices supplémentaires, du Diction-naire historique de l’Éducation chrétienned’expression française publié sous la direction de Guy Avanzini, RenéCailleau, Anne-Marie Audic et Pierre Pennisson. Cette entrepriseest étayée par un vaste réseau in-ternational de collaborateurs, d’ins-titutions et de congrégations, et pro-longée par des colloques et desséminaires. Nous vous proposonsd’y participer en soutenant la ré-édition du Dictionnaire. AB

Nom / Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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BON DE SOUTIEN

Promouvoir la pédagogie chrétienne

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12 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

actus/enseignement catholique

Al’initiative d’ASP1 et del’Adrep2, chaque collègeet lycée de l’enseignementcatholique a reçu au cours

du mois de janvier 2008 un DVDproduit par la société Promesse tv,invitant les élèves, notamment de3e, à entrer dans 10 filières pro-fessionnelles et technologiques.Si rien ne vaut le contact avec laréalité, le documentaire apporteà la fois des informations précisessur les filières, et un éclairage subjectif et af-fectif susceptible de convaincre et de motiverles jeunes. Les 10 films ont l’ambition de permettre auxélèves de réfléchir sur leurs goûts, leurs ca-pacités, leurs souhaits. Ils provoqueront desdiscussions, inciteront au débat et inviterontles jeunes à mettre des mots sur la perceptionde leur avenir ainsi qu’à se débarrasser deleurs a priori et de leurs craintes. D’une duréede 6 à 10 minutes chacun, ils donnent la pa-role à des élèves, des enseignants, des res-ponsables d’établissement, des anciens élèves,des professionnels… filmés dans leurs classes,leurs ateliers, leurs lieux de stage ou leurs en-treprises. Ce premier DVD de la collection « Les filières filmées » est accompagné d’un

livret pédagogique à téléchargersur internet (cf. « Savoir + »). Réa-lisé sous forme de fiches, ce livretoffre des propositions concrètesd’animation et a pour objectifs defaire connaître les parcours de for-mation de ces filières, d’en fairedécouvrir les spécificités et d’aiderl’élève dans son choix d’orienta-tion.Pour augmenter cette collectionavec toute la rigueur nécessaire,ses auteurs ont besoin de connaître

les initiatives des établissements ainsi que lesréactions et les interrogations des élèves, desenseignants et des parents. Pour permettre cetéchange, le site internet déjà évoqué est à ladisposition des communautés éducatives. GDR

1. Au Service de la Profession – syndicat national de collectede la taxe d’apprentissage. Internet : www.asponline.org2. Animation et développement des relations école-profes-sion. Internet : www.adrep-infos.com

Des films pour bâtir son orientationS’accrocher…

Trois mois dans les écoles catéchétiques duSénégal… et bien des surprises. Outre ladésorganisation de ces écoles, l’absence

de formation pédagogique des enseignants,c’est le divorce entre le discours et la réalité,entre les directives ministérielles et le vécuquotidien qui, chaque jour, continue de noussurprendre.Dans « nos » écoles, les leçons de langageconsistent à répéter, à « parcœuriser » desphrases stéréotypées, bien loin des préoccupa-tions quotidiennes. Les enfants restent les brascroisés pendant des heures à écouter unmaître expliquer. Ils n’ont ni livres ni matérielpédagogique. Du coup, ils quittent l’école sansesprit critique, sachant peu lire et mal écrire.Cet enseignement ne semble développer chezles enfants sénégalais qu’une mémoire, qu’unrespect de l’autorité, qu’une mentalité de sui-veur…Nous avons organisé quatre matinées de for-mation pédagogique sur le rôle de l’ensei-gnant, le règlement intérieur d’un établisse-ment, la gestion des conflits dans une équipe,le cahier de préparation et l’utilisation du ta-bleau… Et aussi des dizaines de rencontres, enoctobre, pour préparer des cours, une progres-sion pour la semaine, du matériel ; des visitespédagogiques en novembre et en décembre,suivies de rapports, de discussions, d’analyses,de critiques. Or rien ne semble avoir changé !Les pédagogies traditionnelles, l’utilisation dela « chicotte » (lanière de cuir pour corriger lesenfants), les habitudes ont la peau dure. Quefaire ? Boucler nos valises ? Non ! S’accrocher ?Il faudra encore et encore expliquer, montrer,construire avec les matériaux de récupération,convaincre toujours et toujours. Il faut dutemps ! Pourquoi vouloir obtenir sur quelquesmois ce qu’en France nous avons mis des an-nées à construire ? Et puis si on y regarde bien,depuis quelques semaines, les enseignantscommencent à s’interroger, à questionner, àproposer… C’est un petit frémissement qui endit long sur leur volonté de parfaire leur ensei-gnement… Des enfants, eux aussi, commen-cent à s’exprimer : « C’est bien mieux que l’an-née dernière ! » ou encore « Elle est bien plusjolie, la classe, cette année ! ». Continuons àsemer et guettons les nouvelles pousses !

ARMELLE ET MICHEL BANCHEREAUVolontaires pour la Délégation catholique

pour la Coopération, au Sénégal.

Lettre duSÉNÉGAL Diocèse de Thiadiaye, janvier 2008

D. R

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Fondée par des établissements catho-liques accueillant des enfants intel-lectuellement précoces, l’associationPrekos, présidée par Guy Pican a

tenu son assemblée générale le 16 janvier2008. L’année dernière, son activité étaitguidée par les orientations adoptées en2006 : consolidation de la structure asso-

ciative, développement du soutien et de l’apport aux adhérents. Il s’agit à présent de clari-fier l’information qui leur est adressée, ainsi qu’aux directions diocésaines, instances aca-démiques, organisations syndicales de chefs d’établissement et services de l’enseignementcatholique. L’accent sera mis notamment sur les dispositifs « appui-conseil » et « conseild’experts ». D’autre part, Prekos souhaite le maintien de relations étroites avec les représentants des di-recteurs diocésains, Jean-Luc Guillemin et Élisabeth Meyer, ainsi qu’avec l’AFEP1 au traversde l’action de sa présidente Sophie Cote. Également à l’étude : un dispositif de reconnais-sance des projets des établissements adhérents et la poursuite des actions de formation. Le groupe « appui-conseil », initié il y a un an, propose désormais un dispositif completd’aide à tout établissement (école, collège ou lycée) qui le souhaite pour informer leséquipes pédagogiques ou les parents d’élèves, mettre en route ou relancer un projet, éva-luer une expérience… Parallèlement, un « conseil d’experts » a été constitué. Enfin, uneuniversité d’été se déroulera à Lyon, du 25 au 27 août 2008. Elle sera animée notammentpar Jeanne Siaud-Facchin, Fabrice Bak, le Dr Olivier Revol, André Giordan et un inspec-teur général de l’Éducation nationale. GDR

1. Association française pour les enfants précoces. Internet : www.afep.asso.fr

uContact : « Prekos », Collège Gerson, 31 rue de la Pompe, 75116 Paris. Internet : www.prekos.asso.fr (on y trouvera les coor-données des délégations régionales) - E-mail : [email protected]

Conseil d’expertspour les enfants

« précoces »

Savoir +

uLes 10 premières filières présentées : « Arts appliqués »,« Bois et matériaux associés », « Comptabilité »,

« Électrotechnique », « Horticulture », « Hôtellerie-Restauration »,« Mode », « Productique Mécanique », « Sanitaire et Sociale », « Vente ». Site internet dédié : www.filieresfilmees.com

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N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 13

actus/éducation

La rémunération estcitée par 61 % desFrançais commeleur première mo-

tivation dans le travail, de-vant l’épanouissementpersonnel (55 %) et le faitd’acquérir des connais-sances et des savoir-fai-re (33 %). Pour autant,l’argent reste relative-ment tabou dans notrepays. Et l’éducation à l’ar-gent, problématique. En 2008, les enfants sont constam-ment sollicités par la publicité etmême par les banques : dès 16 ans,un jeune sur deux a sa carte ban-caire. 80 % des 15-20 ans mettentde l’argent de côté, et 55 % disentéprouver le besoin d’établir unbudget. Ils sont 78 % qui aime-raient savoir lire une feuille depaie et être mieux informés surla gestion d’un budget. Si 41 %citent internet comme moyen d’in-formation, et non comme une

Comment parler d’argent aux enfants ?

source de conseil fiable, les ensei-gnants ne sont mentionnés com-me référents en matière d’argentque par 8 % des jeunes1. Quantaux parents, même s’ils sont lespremiers et seuls informateursdans 80 % des cas, ils ne saventpas toujours expliquer clairement,ou ne veulent pas parler argentavec leurs enfants. 73 % des Fran-çais disent d’ailleurs ne pas s’yconnaître en placements finan-ciers.

C’est donc à leur adresse,et dans un esprit de parta-ge d’informations entreadultes et jeunes, que l’Ins-titut pour l’éducation fi-nancière du public2 (IEFP),créé en juin 2007, a conçuun guide1 en partenariatavec les éditions « Autre-ment ». Pratique, élémen-taire mais clair, il précise lesnotions de base, avec unminimum d’esprit critiquequi permet de se dégager

de l’acte réflexe : acheter, payer…De quoi, sans doute, donner en-vie aux enseignants d’économiede se pencher sur la question pouren dire plus. Ils sont d’ailleurs di-rectement concernés par un es-pace réservé sur le site internet la-financepourtous3, qui vient de s’ouvriraux enfants (7-12 ans essentielle-ment) et leur propose de décou-vrir les notions d’épargne, deconsommation et de budget à tra-vers des quiz, des fiches théma-

tiques, un dictionnaire… Aux en-seignants volontaires, donc, de cli-quer et de donner leur avis et leurssuggestions sur d’autres thèmes àaborder ou modes de présenta-tion : l’Institut pour l’éducationfinancière du public attend leursréactions et répondra à leurs ques-tions. MCJ

1. Informations extraites du livre de JulietteSalin, Vos enfants et l’argent, Autrement, 2008,64 p., 15€.2. Adresse : Palais Brongniart, Place de la Bourse, 75002 PARIS. Tél. : 01 49 27 55 36.Association d’intérêt général, l’IEFP proposenotamment des outils pédagogiques à desti-nation des enseignants et des jeunes. 3. Adresse : www.lafinancepourtous.com

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actus/éducation

J e vous remercie pour votre livre, il m’a per-mis de parler à mon enfant de la mort de sonpère », a confié une maman à OlivierDouzou, lors du premier Salon du

Livre auquel il participait. Cet auteur, édi-teur et illustrateur de l’album Jojo la mache1

a ainsi vérifié « le pouvoir du livre auprès destout-petits ». C’est lui qui vient de mettre enpage et d’illustrer La petite histoire des bébés etdes livres, une jolie brochure sur le dévelop-pement « culturel » des bébés. Et ce, à la de-mande de la présidente de l’association« Actions culturelles contre les exclusionset les ségrégations » (A.C.C.E.S.2), la psy-chanalyste Marie Bonnafé. Cette brochureest offerte aux familles qui participent auxanimations de l’association, un peu par-tout (au pied des immeubles ou dans les consultations PMI3). Elle a été présentéele 14 janvier dernier, lors d’un colloque organisé au Centre Georges-Pompidou, àParis. On y dit de quelle manière le psychismedes petits se nourrit de mots : ceux des his-toires lues à voix haute, ceux des comp-tines, des albums qui permettent que« quelque chose s’affirme dans notre âme ». Desmots qui permettent au bébé de quitter samère, symboliquement, pour aborder lesrivages de la culture. Plus tard, sur lesbancs de l’école, il arrivera ainsi suffisam-ment solide et mis en appétit pour avoirenvie d’apprendre à lire. « Entre deux et trois ans, lit-on dans la bro-chure, tous les enfants qui accèdent au langage,

Le premier chapitre de ce nouveau guide, rédigé par un journaliste, Fabrice Hervieu-Wane,avec l’aide d’un spécialiste de la pédagogie, Vincent Troger1, est consacré à l’autorité : signedes temps. Il convient, en effet, de la refonder pour aborder sereinement le « plus beau mé-tier du monde ». Ce manuel pratique et réfléchi est truffé d’informations et de conseils avisés

(les derniers chiffres en matière de violences scolaires, par exemple, « Ce que dit et ne dit pas le Coran… à l’usage des profs en classe », « Que faire quand on craque ? »), de titres d’ouvrages spé-cialisés « nourrissants », de sites, de récapitulatifs des positions ministérielles – via les circulaires…Un portrait ajusté de Xavier Darcos permet de faire plus ample connaissance avec l’actuel ministrede l’Éducation nationale et ses idées clefs. Le déroulé des thèmes traités dit bien quelle représenta-tion l’auteur se fait du métier : complexe et décisif pour la vie d’un enfant. Ainsi trouve-t-on expo-sés successivement : « Les élèves et leurs familles », « Préparer ses cours », « Faire la classe »… Sansoublier « Suis-je un prof qui permet aux élèves d’apprendre à apprendre ? » – « La question defond ! » précise Fabrice Hervieu-Wane. MCJ

1. Maître de conférences à l’Institut universitaire de formation des maîtres de Nantes, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Histoire

de l’enseignement technique (L’Harmattan, 2003).

uFabrice Hervieu-Wane, Le plus beau métier du monde ! – guide du jeune enseignant - école, collège, lycée – édition 2007-2008, Sciences humaines,256 p., 17 €. En librairie ou à commander sur le site www.scienceshumaines.com - Un site internet permet débats et échanges d’expériences entre

enseignants sur les thèmes traités : www.leplusbeaumetierdumonde.com

Lisons des histoires aux bébés

14 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

dans toutes les familles, ont une soif et une curiosité égales pour l’écrit. Ils veulent savoir ceque ça veut dire et cela, en même temps qu’ils ap-prennent à parler. C’est l’âge d’or pour leur liredes histoires à voix haute ! » « L’importance de latransmission par les récits pour toute éducationculturelle et pour tout apprentissage a été dé-montrée, écrit ailleurs4 Marie Bonnafé. Il estessentiel de concerner les familles, trop souventexclues, voire méprisées, lorsqu’on conçoit un pro-jet éducatif ou culturel. Nous devons réfléchir àrétablir plus d’harmonie entre ce qui est transmisau sein de la famille et ce qui est transmis à l’ex-térieur. »Cette brochure trouvera son public à l’heu-

Guide malin pour profs débutants

re où la Direction de la lecture et du livre,présente au colloque en la personne de Benoît Yvert5, et le ministère de l’Éduca-tion nationale s’apprêtent, au cours de l’an-née 2008, à honorer6 le seul secteur de l’édi-tion qui monte, qui monte : l’édition jeunesseet ses + 16 % en 2007 ! MCJ

1. Éditions du Rouergue, 1993. C’est l’histoire d’une vachequi perd tous ses attributs – cornes, queue… –, lesquels seretrouvent petit à petit dans le ciel. 2. Adresse : 28 rue Godefroy-Cavaignac, 75011 Paris. Tél. : 01 43 73 83 53. 3. Protection maternelle et infantile.4. Dans Les Cahiers d’A.C.C.E.S. n° 2, « Du colportage à lacamionnette », p. 30. 4. Directeur du livre et de la lecture au ministère de la Cultu-re et de la Communication, président du Centre national dulivre.6. Notamment lors de l’opération Lire en fête, d’une exposi-tion à la Bibliothèque nationale, et d’un partenariat entre écri-vains et collèges en difficulté : « À l’école des écrivains ».

uA.C.C.E.S. a été fondée, il y a 15 ans, par lapsychanalyste Renée Diatkine, avec Marie Bonnafé.

L’association organise des séminaires et anime en Seine-Saint-Denis, ainsi qu’à Vitry, Aubervilliers et en Normandie, unobservatoire des pratiques de lecture avec les jeunes enfants.On peut lui commander le texte paru après un colloque de1999 : « Premiers récits, premières conquêtes, une littératureau berceau » (8 € + 2 € de frais de port). A.C.C.E.S.,subventionnée par le ministère de la Santé, organise desstages de sensibilisation ou d’approfondissement à la lectureaux tout-petits en février, mai, septembre et novembre 2008.Une exposition sur le thème « Le livre, c’est bon pour les bébés »est diffusée par l’association qui l’a conçue et réalisée (prix : 2 500 €). A.C.C.E.S. sur internet : www.acces-lirabebe.fr

Savoir +

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En août 2007, le Haut Conseilde l’éducation (HCE), dansson rapport sur l’école pri-

maire1, épinglait l’école mater-nelle : « L’école maternelle ne metpas tous les élèves dans les conditionsde réussir à l’école élémentaire. » Etle HCE de pointer « sa responsa-bilité dans l’échec scolaire à long ter-me [qui] ne peut être éludée ». Fortde ce constat, Xavier Darcos achargé Alain Bentolila2 d’identi-fier les réformes nécessaires àune refondation de ce niveaud’enseignement. En décembredernier, le linguiste a remis sonrapport3 au ministre.Pour Alain Bentolila, la maternelledoit être « une école à part entière, etnon une école entièrement à part ».Pour ce faire, il propose une nou-velle configuration des cycles, lesclasses maternelles constituant lecycle 1. « Des horaires et des pro-grammes devraient être précisés parniveau de classe, les compétences [de-meurant] réparties sur le cycle. »D’autre part, « des progressions[spécifiques], fondées sur de véri-tables objectifs, devraient être pro-posées ».Autre préconisation : un recen-trage sur l’apprentissage du lan-gage oral. « Bien des enfants arri-vent à la porte de l’école de laRépublique en situation d’extrêmeinsécurité linguistique et de terribledéficit culturel », souligne le lin-guiste. Aussi la maîtrise de la langue,dont il est rappelé qu’elle consti-

larisation obligatoire dès trois ans.À l’inverse, le rapport recomman-de un « désengagement progressif »de la scolarisation à deux ans, « lamaternelle n’apport[ant] pas actuel-lement une réponse satisfaisante ethonorable à des enfants de deux ansqui sont à un stade crucial de leurdéveloppement ». À charge maintenant pour le mi-nistre, qui a également reçu unesérie de propositions de la Direc-tion générale de l’enseignementscolaire sur le même sujet, de fai-re connaître ses décisions4. VG

1. L’école primaire - bilan des résultats de l’École - 2007 (cf. ECA 317, pp. 48-49).2. Alain Bentolila est professeur de linguistiqueà l’université Paris-V.3. La maternelle : au front des inégalités lin-guistiques et sociales.4. Certaines des recommandations formuléespar Alain Bentolila figurent au nombre des pro-positions soumises à discussion par Xavier Darcos pour définir un nouvel horizon pourl’école primaire (cf. ECA 319, p.12).

Pour une maternelle à part… entière

En décembre dernier, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la perfor-mance (DEPP) a livré les résultats d’une étude conduite sur les acquis des élèves enfin d’école primaire, en histoire, en géographie et en éducation civique1. À l’issue du

cycle 3, seuls 28 % des élèves affichent des performances qui permettent de « considérerqu’ils maîtrisent de façon satisfaisante les exigences de connaissances et de compétences atten-dues par les programmes ». 15 %, en revanche, ne maîtrisent pas les acquis attendus. Unpeu plus du quart ne dispose que de connaissances parcellaires. Quant aux autres élèves

(30 % des effectifs), ils « ont une compréhension des concepts spécifiques aux disciplines, qui doit offrir un appui auxapprentissages du collège ». Au-delà de ces résultats, l’étude conduite par la DEPP montre que les élèves dontles taux de réussite sont les plus élevés sont ceux qui maîtrisent le mieux la langue française. VG

1. Note d’information 07.44, « Bilan histoire, géographie et éducation civique à la fin de l’école ». Disponible sur www.education.gouv.fr (rubrique « Outils/Évaluations et statistiques »). À noter : la Note d’information 07.45 s’intéresse aux « compétences des élèves en histoire, géographie et éducation civique en fin de collège ».

tue un préalable indispensable àl’apprentissage de la lecture, doit-elle devenir « l’objectif essentiel del’école maternelle ». Le rapport in-vite à « enrichir, de façon régulièreet progressive, le stock lexical de chaqueélève », et à « constituer un “trésorlexical” dans chaque classe, à raisond’un mot nouveau par jour ».Également au centre des recom-mandations : la formation des en-seignants. On ne peut, expliqueAlain Bentolila, traiter de la mê-me façon les enseignants qui vontaccompagner de jeunes enfants etceux qui prennent en charge despréadolescents. Et l’universitairede proposer d’insérer dans la for-mation des enseignants un mo-dule obligatoire de spécialisationde 50 heures environ.Enfin, parce que « certains enfants,souvent les plus fragiles, ne vont àl’école maternelle que de manière par-tielle », il convient de rendre la sco-

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE, ÉDUCATION CIVIQUE

Bilan mitigé pour l’école

En brefÉDUQUER AU DÉVELOPPEMENTDURABLEDans la foulée du Grenelle del’environnement, Xavier Darcos a mis enplace un groupe de travail sur l’éducation au développement durable. Objectif de ce groupe, « approfondir les questionsconcrètes qui se posent aux acteurs del’Éducation au développement durable etfaire toute proposition à ce sujet ». Deuxdomaines seront privilégiés : les contenusd’enseignement et la formation – initiale etcontinue – des personnels de l’Éducationnationale.

CODE DE PAIX SCOLAIREXavier Darcos a décidé de « lancer lechantier de la rédaction d’un code de paixscolaire national ». Ce code « rassemblera,dans une langue claire, concise et accessibleà tous, les règles de conduite en vigueur au sein des établissements scolaires de notre pays ainsi que les sanctions prévueschaque fois qu’elles seront enfreintes ». Il constituera « la référence commune del’ensemble de la communauté éducative ».Le ministre a par ailleurs annoncé qu’ilentendait développer l’enseignement dudroit au lycée. « Cet objectif, a-t-il précisé,doit faire partie intégrante de la réflexionque je veux mener dans les prochains moissur l’avenir du lycée. »(L’intégralité du discours du ministre del’Éducation nationale est disponible surwww.education.gouv.fr - rubrique « Toutel’actualité ».)

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET RECHERCHE Calqué, pour ce qui est de la forme, sur L’état de l’École, dont il constitue « le complément et le pendant », L’état del’Enseignement supérieur et de la Recherchevise « à procurer, à partir d’indicateurs clefs,une vision synoptique du système éducatiffrançais d’enseignement supérieur, derecherche et d’innovation, de ses évolutions,des moyens qu’il met en œuvre et de ses résultats ». (L’état de l’Enseignement supérieur et de laRecherche, n° 1, novembre 2007. Documentdisponible sur www.education.gouv.fr(rubrique « Outils/Évaluations et statistiques »).

AUDIT DE MANUELSXavier Darcos met en place un « auditexterne » sur les manuels d’économie de la filière ES. La commission d’audit présidéepar Roger Guesnerie, professeur au Collègede France, devait commencer ses travaux au début de février et rendre ses conclusionsà la fin de mai. « Le but de cet audit, précisel’entourage du ministre, est d’apaiser la polémique [autour de l’enseignement des sciences économiques et sociales] et de trouver une position d’équilibre entre lesparties pour mieux adapter l’enseignementde l’économie moderne, de toutes lesfacettes de l’économie d’aujourd’hui ».

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actus/éducation

16 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

C’est en fait une véritable« révolution copernicienne »que l’École est en train devivre : tel est le constat éta-

bli, dans un rapport conjoint1, parles inspections générales : « Jamaisl’École n’avait été interpellée de ma-nière aussi forte et aussi urgente quedepuis le développement d’internet,qui apparaît comme une des plusgrandes mutations techniques de l’his-toire humaine – au même titre quel’invention de l’imprimerie […]. » Il convenait en conséquence deredéfinir le rôle qui incombe ausystème éducatif face à ces mu-tations et de préciser la respon-sabilité de l’École en matièred’éducation aux médias. Une édu-cation qui doit être adossée auxapprentissages scolaires – « L’école,en effet, pas plus qu’elle ne peut conti-nuellement empiler des savoirs nou-veaux, n’a pas à courir indéfinimentderrière les évolutions techniques »– et viser à « [d]onner aux élèvesles moyens d’une attitude positive,

Donner à la sociétéfrançaise l’impulsiondécisive et nécessairepour qu’elle accorde,

dans l’éducation de ses jeunes,la même place à la culture etaux arts que celle qu’elle a finipar accorder au sport » : tel estl’objectif visé par les propo-sitions qu’Éric Gross1 for-mule dans un rapport 2 re-mis en décembre dernier àChristine Albanel et XavierDarcos, respectivement ministrede la Culture et de la Communi-cation et ministre de l’Éducationnationale.Au nombre des recommandationsavancées – recommandations quirépondent d’ailleurs aux attentesde Nicolas Sarkozy3 –, la valorisa-tion et la transmission de la di-mension culturelle et artistique desdisciplines existantes et la créationd’un enseignement obligatoired’histoire des arts pour tous lesélèves. Ce dernier, précise Éric

consciente et critique face aux pro-duits, aux contenus et aux servicesofferts par les technologies d’in-formation et de communication[…] ». Le défi est de tailleet le système éducatif doitle relever : « Il n’est paspossible, soulignent lesrapporteurs, de faire l’im-passe sur un domaine de for-mation qui s’inscrit indiscu-tablement dans les missions tradi-tionnelles de l’École […] : donneraux élèves des éléments de méthodeet de réflexion afin qu’ils puissent de-venir des citoyens avertis et auto-nomes, qu’ils soient capables de s’adap-ter aux changements et de maîtriserleur destinée […] ». Reste que l’état des lieux dressépar les inspections généralesmontre qu’il y a encore beau-coup à faire au sein des établisse-ments scolaires : de nombreusesopérations – à commencer par « la Semaine de la presse et desmédias dans l’école » – se mettent

en place ; elles restent toutefoissouvent événementielles. D’autrepart, « un nombre encore très im-portant d’établissements ne sont pascouverts […] ». La situation n’estpas meilleure dans les classes : siles programmes comportent denombreuses références à l’éduca-tion aux médias, cette dernière,constatent Catherine Becchetti-Bizot et Alain Brunet2, peine às’installer dans les pratiques desenseignants, ou reste l’affaire demilitants. Les rapporteurs invitent à « pas-

Gross, « devrait se structurer commeun parcours trouvant ses points d’ap-pui et ses points d’accroche dans dif-férentes disciplines et mobilisant lacoopération des professeurs de ces dis-ciplines ». Un groupe de travail ad’ailleurs été mis en place. À char-ge pour ses membres de « propo-ser, en liaison avec les groupes disci-plinaires, les dispositions générales etparticulières d’un enseignement del’histoire des arts obligatoire pour tousles élèves de l’école, du collège et dulycée […] avec un objectif d’applica-

tion à la rentrée scolaire 2008 ». Encore faut-il que les profes-seurs soient formés à l’éduca-tion artistique et culturelle.Pour ce faire, Éric Gross sug-gère d’« évaluer, [lors des concoursde recrutement], le goût et les com-pétences des candidats dans le domaine artistique et culturel »,de « systématiser le partenariaten formation initiale IUFM-DRAC4 », ou encore de « déve-lopper la formation continue des

enseignants par le réseau des éta-blissements culturels ». VG

1. Inspecteur général de l’Éducation nationale.2. Un enjeu reformulé, une responsabilité devenue commune. Rapport disponible surhttp://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/074000761/0000.pdf3. La lettre de mission adressée par le prési-dent de la République à Xavier Darcos dispo-sait, en effet, qu’il convenait de renforcer l’en-seignement artistique et culturel, et qu’à ceteffet devait être créé un enseignement obli-gatoire d’histoire de l’art.4. Respectivement : Institut universitaire de for-mation des maîtres et Direction régionale desaffaires culturelles.

Place à la culture et aux arts

ser au stade d’une démarche globa-le, construite et pilotée » et avancent 12 propositions « d’amélioration dela situation ». Il convient d’abordde donner à l’éducation aux mé-dias « une légitimité plus forte » et de« réaffirmer au plus haut niveau[ses] principes généraux, [ses] enjeuxet [ses] objectifs dans le cadre de l’École : en clarifier la définition, enrappeler l’obligation et en circons-crire le champ ». Nul besoin, en re-vanche, de faire de l’éducation auxmédias une discipline ; elle doitêtre « une voie “traversante” des dis-ciplines fondamentales » et « tous lesprofesseurs, quelle que soit la matièreenseignée, sont […] concernés par sesobjectifs et doivent les intégrer à leurenseignement ». Les inspections sug-gèrent toutefois de « réserver untemps et/ou un espace bien identifiépour cet enseignement, au moins pen-dant les années de collège » et de « désigner un référent de l’éducationaux médias dans chaque établisse-ment [le professeur documentalistepar exemple] ». Au nombre des autres recom-mandations : l’élaboration d’« unréférentiel de compétences permet-tant d’établir une progressivité del’école au lycée et de mettre en placeune évaluation à l’intérieur des dis-ciplines », le développement de laformation des enseignants et despersonnels d’encadrement, ou en-core le renforcement des parte-nariats qui permettront de « mettrel’accent sur la pratique ». VG

1. L’éducation aux médias - enjeux, état deslieux, perspectives (août 2007). Rapport dis-ponible sur http://www.pressealecole.fr/IMG/pdf/rapport_inspection_generale.pdf2. Respectivement inspectrice générale de l’Éducation nationale et inspecteur général del’administration de l’Éducation nationale et dela Recherche.

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Événement. Cette Semaine, qui revient chaque année, est propice à l’éducation aux médias.

Des pistes pour éduquer aux médias

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En bref299 EUROSC’est le prix de l’Eee PC, un ordinateurportable que la société Asus vient de mettre sur le marché. Après le XOde l’OLPC, le Classmate d’Intel,l’Ordipost de Domobox et le Linutop IIde Linutop, les mini PC (à mini-prix) sous Linux ont le vent en poupe. Et tousont des arguments à faire valoir pour le monde scolaire.

VIDÉOSelon le site Newteevee, l’encyclopédieen ligne Wikipedia expérimente la possibilité d’ajouter la vidéo à ses articles avec une technologiepermettant de modifier le contenu des vidéoclips, dans l’esprit des wikis.Dans le même temps, Aude Carasco,dans un article du quotidien La Croix,nous apprend que dorénavant les internautes chinois ne pourront plus diffuser leur vidéos librement sur internet afin de « sauvegarder les intérêts de la nation et du public et le développement sain et ordonné du secteur audiovisuel ».http://newteevee.com

MISSION E-EDUCLe ministre de l’Éducation nationale,Xavier Darcos, a demandé à Jean Mounet, le président de SyntecInformatique, de lui faire despropositions pour pouvoir identifier « les leviers de développement destechnologies de l’information et de lacommunication à l’École ». Une missiond’autant plus importante que « les technologies de l’information et dela communication sont indispensablespour la croissance, pour l’emploi, ledynamisme du pays et le projet decivilisation du XXIe siècle », comme l’adéclaré Jean Mounet en faisant allusionaux conclusions du rapport remis auprésident de la République par JacquesAttali ainsi qu’à celui qu’il a lui-mêmeremis au Medef le 18 janvier dernier.

Les réseaux informatiques, et notammentinternet, sont aujourd’hui omniprésents.Contrairement à une opinion répandue, ilne s’agit pas d’une zone de non-droit, et lesrègles juridiques qui y sont applicables sontnombreuses et en constante évolution. Poury faire face, les Caec1 de Bretagne et des Paysde la Loire ont mutualisé leurs ressources.

C’est en 2006, avec la mise en place des chartesinformatiques dans les établissements scolaires,que tout a commencé. Si la nécessité d’un tex-te fixant les responsabilités de chacun est ap-

parue nécessaire dès que les accès à internet et l’usa-ge des services multimédias s’y sont généralisés, la rédaction s’est révélée complexe. Un projet decharte type, lancé par le ministère de l’Éducation nationale dès le début des années 2000, n’a pu abou-tir à la publication d’un texte réglementaire. Aujourd’hui encore, le ministère ne propose qu’une« Métacharte2 » « élaborée dans le but d’aider et d’inspi-rer les écoles et les établissements d’enseignement ». C’est donc pour assister les établissements catholiquesdes régions Bretagne et Pays de la Loire que les deuxCaec ont réuni un groupe de travail ad hoc. Animé parCatherine Guinoiseau, coordinatrice réseaux pour l’en-seignement catholique des Pays de la Loire, et Éric Ser-vain, secrétaire général de l’association Netec3 en Bre-tagne, ce groupe a reçu l’appui de Me Régis Lechien,un avocat brestois dont le cabinet est spécialisé dans laréglementation des technologies de l’information. Compte tenu des besoins régionaux, ses travaux ontabouti à la publication, en mai 2007, de deux sériesde modèles de chartes que les établissements peu-vent s’approprier pour les intégrer à leur règlementintérieur. Chacune des séries comprend trois textes :deux chartes élèves (une pour le primaire et une pourles collèges et lycées) et une charte pour les person-nels enseignants et les salariés des Ogec4. Ces textessont publiés sur Juritice5, le site internet ouvert encommun par les deux Caec.Le travail n’est pas pour autant terminé. D’abord par-ce que l’innovation technologique, comme les nou-veaux usages générés par les utilisateurs, rendrontnécessaire une mise à niveau périodique de ces chartes.C’est pourquoi Juritice assure une veille juridique etdiffuse les informations nécessaires, par exemple surla conduite à tenir en cas de phishing6 (« hameçon-nage ») sur le site de l’établissement ou encore sur le

droit à l’image dans un espace internet non public(cas des trombinoscopes). Ensuite parce que les éta-blissements scolaires sont amenés à manipuler, dansdes traitements automatisés, des données à carac-tère personnel qui entrent dans le champ de la loi informatique et libertés7. Or, plus le réseau offre depossibilités (utilisation de la biométrie, espaces nu-mériques de travail, mise en œuvre de la « Base élèves1er degré », etc.), plus les contraintes juridiques aug-mentent.

RéférenceAussi, Juritice est devenu le point d’appui des « cor-respondants Cnil8 ». Ceux-ci ont vocation à être lesinterlocuteurs spécialisés en matière de protectionde données à caractère personnel, tant pour le res-ponsable des traitements, que dans les rapports dece dernier avec la Cnil. Cette fonction, si elle n’est pasobligatoire, permet d’alléger les procédures et « tra-duit l’engagement des responsables à respecter les dispo-sitions légales ».Pour la Bretagne, c’est l’Urapel9 qui assurera cettemission. Les Udapel10 le feront pour les diocèses.À terme, une « norme enseignement catholique » de-vrait être mise en place et servir de référence aux éta-blissements pour le développement de leurs bases dedonnées.Enfin, avec la formation prévue de tous les anima-teurs TICE aux problématiques juridiques liées à l’usa-ge de l’informatique et des réseaux, c’est à la mise enplace d’une véritable « culture informatique et libertés »que Juritice aura contribué. C’est en tout cas le vœud’Éric Servain.

JOSÉ GUILLEMAIN

1. Comités académiques de l’enseignement catholique.2. Sur internet : www.educnet.education.fr (rubrique « Légamédia »).3. L’association Netec, créée en septembre 2006, gère le réseau informatique de l’enseignement catholique de Bretagne. Elle est pré-sidée par Martial Limouzin, directeur diocésain de Vannes. Adresse :www.netec.fr4. Organismes de gestion de l’enseignement catholique.5. Adresse : www.juritice.org6. « Technique utilisée par les escrocs en ligne, visant à usurper l’identitéd’une personne ou d’une entité connue » (source : www.dicodunet.com).7. Loi du 6 janvier 1978, modifiée par la loi du 6 août 2004 pour prendreen compte les directives communautaires sur le sujet.8. Cette fonction a été introduite en août 2004 avec la réforme de laloi « Informatique et libertés ». Internet : www.cnil.fr 9. Union régionale des associations de parents d’élèves de l’enseigne-ment libre (Apel). 10. Unions départementales des Apel.

Pour une culture informatique et libertés

des adultes étaient équi-pés d’une connexion in-ternet à domicile, en Fran-

ce, en 2007, contre 43 % en 2006. C’est ce querévèle la 8e enquête annuelle du Centre de re-cherche pour l'étude et l'observation des condi-tions de vie (Credoc), réalisée pour le comptedu Conseil général des technologies de l’infor-mation (CGTI) et de l’Autorité de régulation descommunications électroniques et des postes(Arcep). On y apprend également que le tauxd’équipement en ordinateurs personnels est au-jourd’hui de 64 % et que le nombre de connexionsà internet s’accélère. www.cgti.org/rapport.php

53 %LE CHIFFRE DU MOIS

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D.R

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actus/religion

Du 12 janvier 2008 jusqu’àPâques, et spécialement du-rant toute la période du Carê-me, Pax Christi France monte

une grande opération d’informationet de soutien, baptisée Pâques avec leschrétiens d’Irak. Elle est conduite en par-tenariat avec Justice et Paix, la Fédéra-tion protestante de France, l’Œuvred’Orient et le réseau Chrétiens de laMéditerranée.Entre les 11 et l6 février, une déléga-tion conduite par Mgr Marc Stenger,président de Pax Christi France, se ren-dra en Irak. Autres temps forts de cet-te préparation à Pâques : la retransmission té-lévisée par Le Jour du Seigneur de la messe desRameaux, depuis l’église Saint-Eustache à Paris, précédée d’un magazine d’actualité surl’Irak ; et toujours le 16 mars, un concert, don-né à Lyon par le Chœur de l’abbaye de Sylvanès, en présence du cardinal Barbarin.

Pour entrer dans cet appel à la solidarité, PaxChristi tient à la disposition de toutes les com-munautés éducatives qui le désirent, un livretliturgique1 rassemblant textes et prières, ain-si que d’autres documents et témoignages,dont une vidéo intitulée Le calvaire des chrétiensd’Irak2.

Pâques avec les chrétiens d’IrakDans le même temps, les personnes etles communautés qui souhaitent en-voyer des messages de solidarité auxchrétiens d’Irak (en français et/ou enanglais) peuvent le faire en s’adressantsoit à Pax Christi, soit à Pèlerin, soit auxAmis de La Vie3.De même, les dons pour les chrétiensd’Irak peuvent être versés sur un comp-te spécial ouvert pour cette opération4.

GDR

1. Téléchargeable au format PDF à l’adresse :http://paxchristi.cef.fr/chretiens-irak.htm - On peutégalement obtenir ce livret par téléphone, en appe-lant le 01 44 49 06 36.

2. Adresse : www.mission-chaldeenne.org/video/le-calvaire-des-chretiens-d-irak.wmv3. Association des lecteurs de l’hebdomadaire La Vie : www.amisdelavie.org4. Soit par chèque au compte : Pax Christi-Opération Chrétiensd’Irak 2008, 5 rue Morère, 75014 Paris. Soit par virement à :Pax Christi-Opération Chrétiens d’Irak, Banque Quilvest Paris -Banque : 43789 - Guichet : 00001 - Compte : 42394502002 -Clé : 29. Soit via le site de Pax Christi : www.paxchristi.cef.fr

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Le 17 janvier dernier, La Croix a publiéles résultats d’une enquête exclusive1

sur les évolutions de l’islam en Francedepuis 1989. Ils reflètent à la fois le

renforcement des pratiques religieuses et lameilleure intégration des musulmans.Concernant l’appartenance religieuse, unemajorité de musulmans (71 %) se reconnais-sent dans une définition confessionnelle del’islam (« musulmans croyants »). Parmi eux, 33 % se déclarent « croyants et pratiquants ».La tendance de fond est une stabilisation del’affirmation d’identité religieuse. Ainsi, la pratique du jeûne du Ramadan estnettement en hausse : en 1994, 60 % desmusulmans déclaraient jeûner pendant toutle Ramadan, contre 70 % en 2007. Les 55 anset plus demeurent les plus nombreux, maisla proportion des jeunes est en augmen-tation aussi bien chez les moins de 25 ansque chez les 25-34 ans. Le pourcentagedes musulmans qui déclarent ne pas avoirjeûné est en diminution de 12 points de-puis 1989 (32 % en 1989 contre 20 % en2007). SH

1. Sondage Ifop réalisé pour La Croix à partir d’un échantillonde 537 personnes de 18 ans et plus qui ont déclaré apparte-nir à une famille d’origine musulmane, habitant en France.Résultats sur : www.la-croix.com

Prendre une Bible en main estun acte courageux ! D’abordparce que c’est un livre épais,ensuite parce qu’il n’est pas

toujours aisé de comprendre en quoices lignes nous concernent… »,constate Philippe Baudassé,auteur de La Bible, livre de vie.Prêtre depuis 17 ans, en paroisse, tout enétant aumônier de lycée, de clinique, puis deprison, il a voulu faciliter la tâche à tous les au-dacieux. Son petit guide est de fait bien utilepour entrer dans les Écritures. Il offre des repères « avant de se lancer seuls dans les pages

Le Ramadan en France

Un guide pour la Bible

La Fondation d’Auteuil propose cette année de vivre le Carême enportant dans la prière les jeunes qu’elle accueille. Comment ?Grâce à une éphéméride dont on arrachera chaque jour un

feuillet. Ce « parcours de Carême » pourrait être suivi par des élèvesdans le cadre de la catéchèse… Sur chaque feuillet, on trouve un versetde la Bible, une prière d’enfant malmené par la vie et une intention deprière. Des phrases simples mais fortes qui invitent à la méditation, àl’intercession et à la communion avec ces enfants qui souffrent. SH

uPour recevoir gratuitement l’éphéméride, contactez le service relations bienfaiteurs - Tél. : 01 44 14 75 20 - E-mail : [email protected]

Une église en construction dans le Kurdistan irakien, région où se sont réfugiés de nom-breux chrétiens (image extraite du film de Fulvia Alberti, Mgr Rabban, évêque en Irak).

ardentes de ces lignes lues, relues et mé-ditées à travers tous les âges ». Ce seraun résumé de l’histoire d’Israël, descartes de la Palestine, des élémentssur la vie quotidienne au temps deJésus. Mais aussi des réponses à desquestions que tous les lecteurs seposent : « La Bible explique-t-elle lemal ? », « Le Dieu de l’Ancien Testament et celui du NouveauTestament est-il le même ? », « Qu’est-ce qu’un évangile ? »... Pasd’illustrations mais une maquette

aérée avec des textes courts, simples et lim-pides. L’auteur nous convie avec enthousiasmeet pédagogie à « l’aventure la plus passionnantequi soit, à savoir aimer et se laisser aimer ». SH

uPhilippe Baudassé, La Bible, livre de vie, coll. « GuidesTotus », Sarment/Éditions du Jubilé, 190 p., 9 €.

Une éphéméride spéciale Carême

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Risquer l’aventure du Carême

La foi, ça commence par les pieds parce qu’il faut y aller » : souvent, on parlede grandes épopées de

sportifs, d’explorateurs ou d’en-treprises. Dans nos établisse-ments, nous avons aussi la chance,chaque année, d’avoir un tempsprivilégié pour oser l’épopée inté-rieure et aussi extérieure. Il y ades cimes à gravir en nous, il y ades aventures à oser risquer entrenous. Notre aventure est parfoisexigeante, demande de l’entraî-nement, de la préparation afinque nos efforts soient progres-sion, en nous et autour de nous, etqu’ainsi grandisse Pâques, la Pré-sence, le Passeur de Vie, au-delàde toutes morts par l’Amour of-fert. Sur notre carte de route :trois mots à mettre en œuvre, àconjuguer dans notre quotidien :Aumône, Jeûne, Prière...

AUMÔNE : « Risquer la personnecomme un être en devenir »Le Carême n’a pas pour but denous améliorer pour être pluscontents de nous-mêmes, mais pourêtre mieux au service de Dieu etde nos frères. Parfois, à l’école, noslenteurs, nos échecs nous exaspè-rent. La première grâce à deman-der en Carême est peut-être la grâ-ce de la patience. Non pas nousdemander ce que nous allons ar-rêter mais bel et bien ce que nousallons commencer. Je pense ici aux lycéens de la villede Vannes, qui, après une marche,iront à la découverte de l’abbayede Timadeuc pour mieux com-prendre que ces quarante jours nesont pas faits pour les grandes ré-solutions mais plutôt pour un nou-veau commencement !

JEÛNE : « Risquer la personnecomme un être fragile »Le temps du Carême est, dit-on,le temps du jeûne ou encore letemps du désert. Carême veut di-re « quarante » : comme les qua-rante ans du désert du peuple juif,

les quarante jours au désert de Jésus. Dans un univers encombréde choses inutiles, de biens consom-mables, à la place de nos réponsestrop simples sur le sens immédiatde la vie, le désert permet de re-cueillir les échos de ce qu’un mon-de surchargé de bruits nous em-pêche d’entendre. Il permet degoûter des questions plus vastes,plus hautes et plus profondes. Seulle vide en soi et autour de soi, l’ab-sence d’appui et d’abri immédiat,permettent d’affronter ce qui re-monte du fond de notre cœur etque l’habitude et les occupations

nous dissimulent en temps normal.Je pense ici à ce collège de centre-ville, à Lorient, qui avec son pro-fesseur, a travaillé, réfléchi et misen scène le livre d’Éric-EmmanuelSchmitt : Oscar et la dame rose.

PRIÈRE : « Risquer la personnecomme un être relié »Le Carême est, nous l’avons dit,l’occasion de contempler nos exis-tences pour nous réjouir de ce quiest vivant et regarder lucidementles terres intérieures qui ont soif.Qu’est-ce qui fait que j’aime unepersonne, que je passe du temps

avec elle ? La prière, c’est la mêmechose... avec Dieu. Il faut passer dutemps avec Dieu pour apprendreà le connaître, pour lui parler etpour l’écouter. Dans nos établisse-ments, nous sommes invités à cher-cher et à trouver des moments, deslieux qui permettent l’intériorité,la prière. Ainsi, nous pourrons par-ler au Christ de notre vie en attentede renouveau.Je pense à l’école de Theix qui, unefois de plus, cette année, le Ven-dredi Saint, fera le pari d’emme-ner tous les enfants des cycles 2 et3 vivre le chemin de croix du Christsur le magnifique site de Callac-en-Plumelec. Je pense encore à celycée, qui à la demande de quelquesjeunes « qui veulent aller plus loin »,va mettre en place chaque vendredide Carême une heure d’adorationeucharistique à l’oratoire de l’éta-blissement...

PÈRE PATRICE MARIVIN Délégué à la pastorale

pour le diocèse de Vannes

En campagne avec le CCFDDu 6 février au 18 mars 2008, le CCFD1 propose un temps de solidarité qui s’inscrit dansles 40 jours du Carême. La brochure Vivre le Carême 2008 (téléchargeable sur internet, àl’adresse ci-dessous) présente des pistes pour animer, prier, se ressourcer. Il s’agit, cette année, de revisiter le développement durable à la lumière de la Parole de Dieu, del’enseignement social de l’Église, des expériences missionnaires... Par ailleurs, l’opération« Bouge ta planète ! » se tiendra le 8 ou le 15 mars, selon les diocèses : 100 000 jeunes,âgés de 11 à 18 ans, sont invités à devenir acteurs d’un monde plus solidaire en mon-tant des animations créatives et ludiques dans 500 lieux à travers la France (voir tous

les détails et le bulletin d’inscription sur internet). Parrainées par des adultes, ces animations permettentde collecter des fonds destinés aux projets soutenus par le CCFD. SH

1. Comité catholique contre la faim et pour le développement, 4 rue Jean-Lantier, 75001 Paris. Tél. : 01 44 82 80 00. Site : www.ccfd.asso.fr

Savoir +

uDu mercredi des Cendres (6 février 2008)au jour de Pâques (23 mars 2008),

Le Jour du Seigneur invite les internautes à suivreune retraite en ligne en partenariat avec les frè-res dominicains de la « Retraite dans la Ville ».Au programme : conférences, lectures et chantsen vidéo, envois de textes par e-mail, et échangesavec les autres retraitants et un prêtre. Adresse : www.lejourduseigneur.com

Lieu de pèlerinage. Callac, dans le Morbihan, abrite un chemin de croix exceptionnel. Ses quatorzestations sont composées de 51 personnages grandeur nature taillés dans le granit. On peut levisiter virtuellement en se rendant sur le site internet de la communauté des Augustines deMalestroit : www.augustines-malestroit.com

À peine venons-nous de sortir des fêtes de Noël, que, déjà, nous entrons dans le temps du Carême. En communauté éducative, nous sommes conviés à retrouver le temps de l’essentiel :

regarder ce que nous vivons et écouter ce que Dieu nous promet.

D. R

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actus/revues express / agenda

L’immigration telle qu’on l’enseigne

L a revue Diversité a consacré un numéro à l’histoire de l’enseignement de l’histoirede l’immigration1. Un enseignement dont

Marie Raynal2 souligne qu’il « agit comme unrévélateur de la manière dont l’immigration a étéet est encore perçue dans la société française : unapport étranger, extérieur à l’histoire nationale ». L’enseignement de l’histoire de l’immigra-tion, c’est précisément l’objet d’une enquêteconduite par l’INRP3, et dont les premièresconclusions sont présentées par Bruno Falaizedans « Histoire de l’immigration et pratiquesscolaires ». L’étude a d’abord porté sur lesprogrammes scolaires, mettant en évidencepour le second degré « l’absence remarquable del’histoire de l’immigration dans les programmesd’histoire, c’est-à-dire là où on aurait pu l’attendreprincipalement ». Seule exception, les programmesd’histoire de 1re STG4, entrés en vigueur en2006, qui traitent de « façon notable » la ques-tion. Et Bruno Falaize de conclure qu’en l’étatactuel des programmes, de collège comme delycée général, « aucune approche historique expli-cite ne permet de dire [l’histoire de l’immigra-tion] en lieu et place de son inscription dans soncontexte ».Même constat pour les manuels scolaires enusage dans le second degré : leur examenmontre que si l’histoire de l’immigration estbien présente, elle l’est « de manière le plus sou-vent diffuse ». D’autre part, parce qu’ils met-tent l’accent sur les aspects contemporains del’immigration, « ces manuels présentent moinsune histoire de l’immigration proprement dite qu’une“éducation” à l’immigration ». Quant aux pratiques des enseignants, elles s’ap-puient sur « l’actualité parfois la plus brûlante » :« Tout se passe, explique Bruno Falaize, commesi dire l’histoire de l’immigration ne pouvait êtrepensé autrement que par le biais du très contempo-rain. Comme si, là encore, le poids du contexte social,politique et mémoriel ne permettait pas à des appren-tissages disciplinaires et finalement plus historiques(plus apaisés ?) de trouver leur place. »Au nombre des autres contributions, celle quia trait aux images montrant les immigrés dansune vingtaine de manuels scolaires d’histoi-re, de géographie et d’éducation civique. Cesimages, rapporte Marie Lavin, sont le plussouvent « porteuses d’informations “négatives” ».L’immigré est d’abord un individu en souf-france, qui a dû fuir son pays parce que celui-ci était en guerre, parce qu’il y était victimede persécutions ethniques, parce qu’il y

connaissait la misère. Autre image : celle del’immigré au travail, là encore « plutôt présentéeavec une connotation négative ». Ainsi, le clichélégendé « Ouvrier marocain en prière aux usinesTalbot à Poissy en 1984 » qui peut « induire unevision de l’immigré refusant l’intégration, se can-tonnant à ses croyances ». Plus étonnantes, lesimages qui présentent l’immigré comme « unhomme “‘invisible” ». Et Marie Lavin de citer lesphotographies de zones frontières sans pré-sence humaine, et d’autres qui donnent à voir« des ouvriers alignés ou massés dans une cour d’usi-ne, dont on ne distingue pas précisément les visages »ou encore « des immigrés allongés sur des bancsd’église, enroulés dans des couvertures et réduits àdes formes oblongues et colorées, sans visages et sanscorps, occultés ». Pour Marie Lavin, c’est « dansce domaine que les auteurs de manuels devraientfaire porter leurs efforts : […] il est nécessaire d’in-dividualiser l’immigré, de lui donner une identitéprécise, de le repérer comme tel au sein d’un grou-pe […], de lui donner, au fond et tout simplement,davantage d’humanité ».

VÉRONIQUE GLINEURLa revue Diversité (Ville-École-Intégration) est disponible dansles centres départementaux et régionaux de documentation

pédagogique (adresses sur www.sceren.fr) ainsi qu’à la Librairiede l’éducation, 13 rue du Four, 75006 Paris. Elle peutégalement être commandée au Centre de ressources

Ville-École-Intégration, 91 rue Gabriel-Péri, 92120 Montrouge. Prix du numéro : 10,80 €.

1. N° 149 (juin 2007).2. Rédactrice en chef.3. Institut national de recherche pédagoqique.4. Sciences et technologies de la gestion.

L’élitisme républicain mis à mal

Qu’en est-il de l’élitisme républicain sur lequel repose le système éducatif français ?s’interroge la revue Administration et Édu-

cation dans son dernier numéro1. Force est dereconnaître que cet idéal d’élitisme républi-cain – dont Jean-Pierre Chevènement rappe-lait, quand il était ministre de l’Éducation natio-nale, qu’il était fondé sur « le travail, le mérite, letalent » et non sur « l’origine, les privilèges et l’argent » – est mis à mal par l’observation desparcours scolaires. Celle-ci montre, en effet,que l’origine sociale détermine encore l’entréedans l’élite. Ainsi, rappelle Marie Duru-Bellat2, « alorsque le poids des enfants de cadres supérieurs etde professeurs est d’environ 15 % dans la popu-lation des 20-24 ans, ils représentent […] 52 % des effectifs des [filières d’excellence] que sont lesCPGE3 [et plus de 80 % de ceux] des écoles lesplus prestigieuses ». Écoles dont le statut d’an-cien élève « confère, selon Alain Michel4, unesorte de rente viagère pour la carrière profession-nelle ». Difficile en conséquence, note la socio-logue, de soutenir que « l’élite est dégagée de façon “républicaine” ».Devant d’aussi fortes inégalités sociales de

carrière scolaire, il apparaît évident de militerpour plus d’égalité des chances. « Mais, pour-suit Marie Duru-Bellat, réaliser cette égalité […] reste un horizon dans une société où les inégali-tés sociales sont précoces, cumulatives et impor-tantes. » Quant au « principe de justice » sur le-quel se fondent l’élitisme républicain et sescorollaires, le mérite et la responsabilité indi-viduelle, il convient d’en souligner les limites :« Il est clair que ce modèle est cohérent. […] Cohérent et pratique, le culte de la responsabilitéindividuelle vient à point nommé pour tous ceuxqui veulent réduire le rôle de l’État […]. Pour au-tant, s’il ne s’agit pas de dénier une place – im-portante – au principe du mérite ni à la fictionde l’égalité des chances, il faut admettre qu’unesociété organisée sur le seul principe de l’égalitédes chances et donc de la compétition perma-nente, fût-elle juste, serait invivable. »À lire aussi dans ce numéro les contributionsd’historiens qui « expliquent comment notre idéalrépublicain d’égalité des chances et de cohésion natio-nale s’est forgé au cours de notre histoire particu-lière » ; ou encore le récit d’expériences conduitesdans l’enseignement secondaire ou supérieur,qui visent à « donner au terme “élitisme républi-cain” une signification concrète ». VG

Administration et Éducation, Association française desadministrateurs de l’éducation, 28 rue du Général-Foy,

75008 Paris. Prix au numéro : 15 €.

1. N° 116 (décembre 2007), « L’élitisme républicain en ques-tion ».2. Sociologue, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris.3. Classes préparatoires aux grandes écoles. 4. Inspecteur général de l’Éducation nationale et rédacteur enchef d’Administration et Éducation.

Trophées APAJH4e éditionInscriptions jusqu’au 15 avril 2008Pour tousCréés par la Fédération APAJH (Associationpour adultes et jeunes handicapés), ces Tro-phées poursuivent un double objectif : en-courager et promouvoir les initiatives, pu-bliques et privées, favorisant la pleine ci-toyenneté des personnes en situation dehandicap ; sensibiliser l’opinion publique etchanger le regard sur le handicap. Ceconcours est ouvert aux administrations etservices publics, aux entreprises, aux villes etcollectivités locales, et bien sûr, aux établisse-ments scolaires. En 2008, quatre Trophées APAJH récompen-seront des initiatives prises dans les catégories : «Droit à l’école et à la culture » ; « Insertion pro-fessionnelle » ; « Accessibilité d’une ville » ; « Grande entreprise citoyenne ». Seules les troispremières sont ouvertes au concours. Les Trophées APAJH seront décernés le 9 juin

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2008, à Paris, au Palais des Congrès, dans lecadre d’une soirée qui mettra à l’honneur leCanada, pays pionnier en matière d’insertiondes personnes en situation de handicap. Plus de renseignements et dossier de candidature enligne sur : http://trophees.apajh.org

Conférences de CarêmeParis (75)Du 10 février au 16 mars 2008Cathédrale Notre-Dame de ParisSix dimanches durant, à 16 h 30, la cathédra-le Notre-Dame de Paris accueillera les Confé-rences de Carême. Cette année, personnali-tés chrétiennes et représentants du mondede la culture contemporaine livreront leurperception de la question de Jésus à ses dis-ciples : « Qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16,15).–10 février 2008 : Claude Lepelley (histo-rien) et le père Rafic Nahra (bibliste). – 17 février 2008 : Jean de Loisy (conserva-teur et critique spécialiste de l’art contempo-rain) et Benoît Chantre (éditeur). – 24 février 2008 : François Villeroy de Galhau(chef d’entreprise) et le père Édouard Herr(théologien). – 2 mars 2008 : Maurice Godelier (anthropo-logue) et Mgr Jérôme Beau (théologien). – 9 mars 2008 : Fabrice Midal (philosophe etspécialiste du bouddhisme) et Rémi Brague(philosophe, spécialiste des philosophies mé-diévales juive et arabe et de l’histoire duchristianisme européen). – 16 mars 2008, dimanche des Rameaux :Cardinal André Vingt-Trois.Les conférences seront diffusées en directsur France Culture et sur KTO, et en diffé-ré (suivies d’un débat), chaque dimanche à18 h 15 sur RCF, et à 20 heures sur RadioNotre-Dame et les radios de la Cofrac. En-fin, dès le 9 mars, un volume regroupanttous les textes des conférences sera dispo-nible chez l’éditeur Parole et Silence. Informations, podcast et comptes rendus sur : www.catholique-paris.com

Semaine Art PassionAntibes (06)Du 1er au 9 mars 2008CathédraleCette année, c’est Frédérique et Jean-PierreFrancès qui dirigent les 70 et quelques co-médiens antibois engagés dans La Passion.Le texte éternel, inspiré des Évangiles, estsoutenu par la musique du compositeurbelge Luc Baïwir. Ce spectacle phare de laSemaine Art Passion sera donné cinq foisentre le 4 et le 9 mars. Soulignons que la représentation du 4 mars (à 20 h 30) seratout particulièrement dédiée au jeune pu-blic et celle du 8 mars (à 15 heures) aux seniors. Autre habitué d’Antibes, le comédien

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Dominique Czapski interprétera Le GrandInquisiteur, un chapitre des Frères Karamazovde Dostoïevski qui pose des questionsd’ordre philosophique et religieux. L’OtoñoPorteño Quartet entraînera les spectateursdans une traversée de l’univers du tango. En-fin, tout poème étant une invitation à la ren-contre et au partage, quelques-uns des comé-diens de La Passion s’empareront du thèmedu Printemps des poètes : « Éloge de l’Autre ».Thème qui sera aussi celui de la tradition-nelle « exposition enfants » organisée dans lecadre de la Semaine Art Passion. Les élèves,de la maternelle jusqu’au collège, sont invi-tés à s’inspirer de l’art et de l’artisanat dumonde entier pour imaginer des objetsusuels, des collages, des broderies, des ta-bleaux… Leurs œuvres, réalisées dans lecadre de l’établissement scolaire ou du grou-pe de catéchisme, devront être déposées à lacathédrale entre le 25 et le 29 février. Leproduit de leur vente ira au projet deconstruction et de réfection d’écoles au Viêt-nam ou au Brésil entrepris par la congréga-tion des Dominicaines de Notre-Dame-du-Très-Saint-Rosaire de Monteils (Aveyron).Programme détaillé, horaires et tarifs sur le site internet :www.antibes-art-passion.com - Pour l’exposition enfants,s’adresser à Frédérique Francès – tél. : 06 03 98 35 48 –e-mail : [email protected]

XIe Semaine du Marais chrétienParis (75)Du 8 au 16 mars 2008Église Saint-Merri, Temple réformé de la Bastille, Marie du IIIe arrdtLa Semaine du Marais chrétien, c’est, en pério-de de carême, une invitation lancée à quelque10000 spectateurs, croyants et incroyants, à serencontrer autour de la beauté des lieux et desœuvres d’art, et à réfléchir autour d’un thème.Celui de cette année, « Vivre dans la ville », n’estpas sans rapport avec l’actualité. Il est notam-ment présent dans les œuvres du sculpteur Arnaud Brochard, de la calligraphe JoanneLim ou du poète Rainer Maria Rilke, qui seront exposées ou lues durant cette Semaine. Pour connaître le détail des 40 spectacles, concerts,conférences, expositions et visites au programme :http://maraischretien.free.fr

« Les lundis du documentaire »Paris (75)17 mars 2008L’Arlequin, 76 rue de Rennes, 75006Dans le cadre de ces « Lundis du documen-taire » qui reviennent une fois par mois, leService chrétien du cinéma programme Shtetls(1991). À travers des centaines de photos (dontcertaines de Roman Vishniac), d’images inédites et de reconstitutions réalisées dansl’ancienne Tchécoslovaquie, en Hongrie, enPologne et en Roumanie, ce documentaire

du Centre Simon-Wiesenthal dessine un por-trait intime de la communauté juive d’Euro-pe de l’Est avant la Shoah.Projection à 13 h 30. Autres renseignements au 01 55 79 95 90.

Semaine de la presse et des médias dans l’école19e éditionDu 17 au 22 mars 2008PartoutLe thème de cette Semaine 2008, « Une info,des médias », permettra d’analyser le traite-ment réservé à une information dans diffé-rents médias : la presse écrite, la radio, la télé-vision et internet. Rappelons que cette initia-tive du ministère de l’Éducation nationale,coordonnée par le Centre de liaison de l'en-seignement et des médias d'information,s’inscrit dans les objectifs du socle communde connaissances et de compétences qui in-dique au chapitre des « compétences socialeset civiques » que les élèves devront « être édu-qué[s] aux médias et avoir conscience de leur placeet de leur influence dans la société ».Sur internet : www.clemi.org

« Rencontres de printemps » de l’ISP-FormationParis (75)Du 25 au 27 mars 20083 rue de l’Abbaye (75006)Le thème de cette session proposée parl’Institut supérieur de pédagogie, « Latransmission du métier », ne fait pasconsensus, surtout quand les métiers ap-préhendés sont en phase de transforma-tion, voire de mutation profonde. Et le mé-tier d’enseignant est de ceux-là. Ces troisjournées ont pour objectif de « clarifier etmettre en relief les constituants de la transmissionet les conditions favorables pour qu’elle s’opère ».Parmi les questions et thèmes explorés :« Qu’est-ce que la transmission ? Comments’opère-t-elle ? », « Transmission horizonta-le et transmission verticale », « La validationdes acquis de l’expérience »… Citons, entreautres intervenants : Yves Clot (enseignant-chercheur au Conservatoire national desars et métiers, spécialiste de l’histoire dudéveloppement des activités de ceux quitravaillent, et des rapports entre langage ettravail) ; Alex Lainé (docteur en sciences del’éducation, spécialiste de la validation desacquis de l’expérience (VAE) et des histoiresde vie) ; Frédérique Lerbet-Séréni (profes-seur en sciences de l’éducation à l’universitéde Pau et des Pays de l’Adour, et responsabledu laboratoire de processus d’accompagne-ment et de formation).Renseignements et inscriptions : [email protected] [email protected] ou [email protected]

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PUBLIRÉDACTIONNEL

Partenaires

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Dossier

Face aux questions qui se posent sur

l’éventualité de ne plusscolariser les moins

de trois ans,l’enseignement

catholique n’aurait-ilpas une place à

prendre dans ce débat sur la petite enfance en proposant

des structures d’accueil ?

Certaines écoles ont ouvertdes jardins d’enfants ou des crèches multiaccueils

dans l’enceinte de leur établissement, il y a de longues années.Aujourd’hui, on voitapparaître des projetsde crèches d’application

liées à des lycées proposant des filièressanitaires et sociales.

puissent ou non être scolarisés,l’enseignement catholique n’au-rait-il pas une place à prendredans ce débat sur la petite enfan-ce ? À Formiris, un groupe detravail s’est mis en place sur lascolarisation des deux ans. Dirigépar Sylvie Crépy, il propose despistes de réflexion, des grilles dequestionnement et des points de

vigilance, le tout intégré dans unprojet d’école. Par ailleurs, la di-rection diocésaine de Vendéeréalise actuellement un dossiersur le sujet, composé de deux livrets : « Faut-il inscrire ounon ? » et « Des propositions innovantes d’accueil des enfantsdans et hors l’école ». À la direction diocésaine du

Place aux

tout-petits !Mans, autre exemple, ChantalBourmault, enseignante déta-chée pour la pédagogie en ma-ternelle, s’interroge sur la miseen place de « classes passerelles »,sas qui permettraient de passerprogressivement de la crèche àla maternelle. Mais si un décretd’application était publié, inter-disant la scolarisation aux moinsde trois ans, il resterait à s’inter-roger sur la création de nou-veaux dispositifs d’accueil de lapetite enfance : jardins d’en-fants, structures multiaccueils…en s’appuyant sur le « plan petiteenfance » de Philippe Bas, an-cien ministre délégué à la Sécu-rité sociale, aux Personnesâgées, aux Personnes handica-pées et à la Famille, présenté le 7 novembre 2006. Celui-ci pré-conisait de créer 40 000 placesde crèche supplémentairespour les enfants de moins detrois ans, en cinq ans. Des directeurs diocésains, descongrégations et des chefs d’éta-blissement commencent à s’inter-roger. « Il y a un gros besoin deplaces pour les petits », commenteAlain Sulmon, directeur de l’en-semble scolaire Pastre - Grande-Bastide, à Marseille. En janvier2009, une structure multiaccueildevrait voir le jour sur le terrainde son établissement, et servir decrèche d’application pour sesélèves de sections sanitaires et sociales (cf. p. 27) « Nous sommesconcernés par la prise en charge de

À Bonsecours. « Maman, les P’tits Bateaux » à l’heure de la sieste.

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Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2006, 10 %des 2,4 millions d’enfantsde moins de trois ans, soit240 000 enfants, n’ont pas

de solution de garde. En 2007, lesécoliers de deux ans ont vu leursrangs se réduire de 7,9 % par rap-port à l’année précédente. Le gou-vernement annonce, en outre, qu’ilva supprimer des enseignants surla toute petite section de maternelle,et donc, par voie de conséquence,l’accueil des 2-3 ans dans les classesmaternelles. Certaines écoles ca-tholiques, qui ont choisi d’accueillirdes 2-3 ans pour pallier la baisse deleurs effectifs, craignent de voir desclasses, voire des établissements fer-mer, surtout en zone rurale. Si la suppression de l’accueildes moins de trois ans n’est pasclairement annoncée, XavierDarcos précise qu’il n’est « passûr que la scolarisation précoce soittoujours avantageuse. Tous les en-fants de deux ans n’ont pas le mini-mum d’autonomie requis pour pro-fiter d’une scolarisation précoce ».Le ministre de l’Éducation natio-nale dit encore que, « pour toutesces raisons, l’enseignement précoce nepeut être considéré comme une obli-gation du service public éducatif ». D’autre part, même s’il est contro-versé et sujet à polémique, le rap-port Bentolila (cf. p. 15) préconisede « rendre obligatoire la scolaritédès trois ans révolus, pour faire de lamaternelle une école à part entière ». Alors, que les petits de deux ans

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C’est toujours rafraîchis-sant, une crèche, mêmedans des murs vétustes.Tout est à hauteur despetits d’hommes hauts

comme trois pommes. Il y a deschaises en miniature ; des petits litsà barreaux, des poussettes, des bi-berons et des toilettes lilliputiennes ;des guirlandes partout ; aux murs,des dessins pleins de couleurs quireprésentent de drôles d’animaux,des bonshommes, des maisons, dessoleils ; sur les étagères, des pin-ceaux, des crayons, de la pâte à mo-deler ; un tas de jeux pédagogiquesavec des cubes, des éléments quis’emboîtent les uns dans les autres ;des livres musicaux… Une crèche, c’est un universjoyeux, lumineux, coloré. Un uni-vers feutré qui s’égaye avec les ba-billages et les cris des enfantsquand la sieste est terminée. En 1985, Nicole Renaudin, direc-trice de l’école Saint-Joseph, à Sal-vagnac (Tarn), une école de deuxclasses logée dans un vieux château,qui a gardé son âme d’antan avecson piano droit, son armoire bour-rée de vieux livres, sa banquette etson superbe escalier de pierres qui

menait aux douves, a sans douteété pionnière en créant un jardind’enfants. Il existait bien autrefoisdes garderies ouvertes par les reli-gieuses et religieux. Mais elles ontquasiment toutes disparu. À la retraite depuis quelques mois,Nicole se souvient qu’à l’époque, elle a été acculée à l’ouverture deson « Jardin des Lutins ». En 1984,elle scolarisait des petits de deuxans dans une classe comprenantaussi des enfants de CP. L’inspec-teur de l’Éducation nationale pas-se par là, s’insurge contre ce fait etlui interdit dorénavant la scolari-

Dans l’enseignementcatholique, crèches

multiaccueils et jardinsd’enfants ne sont pas

nombreux. Souventcréées pour maintenir

une école en zonerurale, ces structures

n’en sont pas moins de vrais lieux

de préparation à l’univers scolaire.

l’enfance, dit-il. Et pourquoi pas dela petite enfance, s’il y a un service àrendre ? L’enseignement catholique,dans ce domaine, a été trop frileux.Pourquoi l’idée n’a-t-elle jamais étéémise ? » « 90 % des familles vien-nent chez nous pour les services,poursuit Élisabeth Thoreson, di-rectrice diocésaine d’Albi. Si laporte d’entrée n’est pas ouverte, onrisque de ne pas nous connaître. » « Dans l’enseignement catholique,nous n’avons pas assez de projetsavec les collectivités territoriales,pour d’autres types de créations plus lo-cales, ajoute pour sa part EugèneBulteau, directeur diocésain deRouen. Les crèches en feraientpartie. Se lancer dans cette dé-marche permettrait de sortir duchamp de l’enseignement. Il estbon de chercher d’autres partena-riats. Quand on réfléchit à l’édu-cation des enfants, cela n’exige-t-il pas de s’intéresser à la petiteenfance ? »

Beaucoup d’énergieCertains sont passés à l’acte de-puis de longues années mainte-nant. Souvent ce sont des petitesécoles de deux à trois classes, quiont vu dans cette création de jar-dins d’enfants ou de crèches as-sociatives un moyen de survie.On les compte sur les doigts desdeux mains. Car, curieusement,elles n’ont pas fait d’émules.Certes, les contraintes sont exi-geantes, et il faut beaucoupd’énergie pour parvenir à sesfins. Sans compter l’obligation derentabilité. Mais quand on y par-vient, quelle satisfaction de pou-voir apporter aux tout-petits cedont ils ont besoin, sans les noyerdans des classes de maternellesurchargées. D’autres projets, tout récents,voient le jour par le biais decrèches d’application. Le lycéeBel-Orme de Bordeaux est sansdoute pionnier dans le domaine,et son projet a été considéré com-me expérimental par le rectoratqui lui accorde des moyens. Un chantier est ouvert. L’ensei-gnement catholique va-t-il entrerdans cette stratégie éducativemalgré les difficultés ?

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sation des moins de quatre ans, luioctroyant malgré tout une déro-gation pour conserver ce systèmejusqu’à la fin de l’année scolaire.« Je pense qu’une des raisons de cette in-tervention était le souci d’effectifs qu’avaitl’école publique du village, raconte Nicole avec le recul. Je craignais, quantà moi, la fermeture de mon école. » De juin à septembre 1985, Nicoleva effectuer un parcours du com-battant pour maintenir l’accueil destout-petits, soutenue par une de sesamies, enseignante devenue infir-mière, « une aide précieuse car je nesavais vraiment pas à qui m’adresser ».De démarche en démarche, elle ob-tiendra l’agrément du médecin dela PMI1 pour l’ouverture d’un jar-din d’enfants, une structure asso-ciative dont l’Ogec2 est partie pre-nante, pour les 2 à 5 ans. Jardind’enfants qui deviendra en quelquesorte une forme d’école maternel-le sans en avoir ni le nom ni l’insti-tutrice pour la faire fonctionner,une telle structure sortant du champde l’Éducation nationale.Les débuts se font avec les moyensdu bord. Bénévolat, contrats aidés

Une passerelle vers la maternelle

Béatrice Thomas, directrice du « Jardin desLutins », à Salvagnac.

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Dossier/Place aux tout-petits !

sans qualification. Jusqu’à l’arri-vée de Béatrice Thomas, en 1990.Cette éducatrice de jeunes enfantsdirige aujourd’hui « Le Jardin desLutins » devenu, en 2005, struc-ture multiaccueil avec un agré-ment pour accueillir 20 enfants de18 mois (dérogation à 16 mois etdemi) à 5 ans, de 8 h 30 à 18 heures.Pour cela, il a fallu rénover tota-lement les locaux, passer d’unesurface de 2 m2 à 7 m2 par enfant,embaucher du personnel qualifié(une auxiliaire de puériculturenotamment), respecter des tempsd’ouverture (185 jours/an) impo-sés par la caisse d’allocations fa-miliales (CAF) et un taux de rem-plissage d’au moins 50 %, faire unprojet pédagogique.

Lutins, Kalinours et Petits Bouchons…« Les législations se sont beaucoup ren-forcées ces dernières années, commenteBéatrice Thomas. Le médecin PMInous contrôle en permanence et passetrès régulièrement. Mais nous avonstoujours eu de très bons rapports.Une confiance s’est établie au fil desannées, car nous n’avons jamais agisans prévenir. Ainsi, ne nous a-t-ellepas obligés à embaucher une puéri-cultrice comme directrice. Mon ex-périence était jugée suffisante. Noussommes, en outre, la seule structurede ce type dans le village et le can-ton. Nous rendons un vrai serviceaux familles. » « Même si elles sontnombreuses à inscrire ensuite leursenfants à Saint-Joseph, il n’y a au-cune obligation à le faire, commenteDelphine Tatin, la toute nouvelledirectrice de l’école. Les famillesgardent leur totale liberté de choix. »Même écho dans toutes les struc-tures. Mais que l’on sorte des « Lu-tins », de « Kalinours », jardin d’en-fants adossé à l’école Saint-Louisdu petit village de Vernierfontaine(380 habitants dans le Doubs), de« P’tit Bout’ Chou », dans les bâti-ments de l’école Saint-Gabriel àBordeaux, des « Petits Bouchons »,lié à l’école Sévigné, toujours à Bordeaux, de « la garderie » del’école Saint-Jean-Baptiste à Allan(1 385 habitants, dans la Drôme),ou encore de « Maman, les P’titsBateaux » à Bonsecours, aux portesde Rouen, on choisit majoritaire-

ment de rester dans l’école atte-nante. Parce que les enfants ontdes repères. Parce que les visagessont connus. Parce que les passe-relles mises en place entre la crècheet l’école sont évidentes et prépa-rent vraiment les enfants à effec-tuer « le passage » en douceur. «Unlien très fort existe entre nos enfants et la petite maternelle, commente Anne Brulis, puéricultrice et di-rectrice de “P’tit Bout’ Chou”. Il ya des échanges une fois par semaine.Des travaux en commun sur un thè-me. Les petits s’acclimatent à l’école,progressivement. On en parle, et il y atout ce que l’on met autour. » « Le jardin d’enfants “Kalinours”est une réponse éducative importan-te, fait remarquer à son tour Pas-cale Viennet, directrice de l’écoleSaint-Louis, à Vernierfontaine.Pour nos tout- petits, nous avons deuxéducatrices de jeunes enfants. C’est unluxe par rapport aux classes mater-nelles. Il y a donc tout un accueil, unsuivi de chacun, un début de sociali-sation. Certes, nous n’avons pas d’ins-titutrices. Mais la formation des édu-catrices jeunes enfants est très pointuesur l’enfant en maternelle. Il n’y a doncaucun souci. Au contraire. Les enfantssont tellement mieux pris en charge. » À Bonsecours, il suffit d’ouvrir uneporte pour passer de l’univers de

la crèche à celui de la petite sec-tion de maternelle. « Quand les pa-rents ont pris la décision de choisirde scolariser leur enfant à Notre-Dame, et quand l’enfant est propre,on fixe une date pour une entrée pro-gressive à l’école, explique ClaudineBureau, directrice de “Maman,les P’tits Bateaux”. Les enfantsconnaissent bien l’institutrice, IsabelleCoussin, qui est également la direc-trice. Ils la voient dans le jardin, ilsont déjà été invités à goûter dans saclasse. Pendant l’adaptation qui sefait à n’importe quel moment de l’an-née, l’école n’a lieu que le matin. L’en-fant est donc inscrit à la crèche à mi-temps et à l’école à mi-temps. Cetteadaptation ne doit pas durer plusd’un mois. Pour se sentir écolier, l’en-fant doit être à plein temps à l’école.Il peut avoir deux ans et demi, peuimporte, s’il est prêt. De la façon donton procède, cela ne pose aucun pro-blème. Cela se fait en douceur. Aubout de quinze jours, quand il voitles copains aller à la cantine, il a en-vie de les suivre. Il n'y a donc au-cune rupture. »

Désirs de crècheAvant d’être à la crèche, ClaudineBureau était directrice de Notre-Dame, une école de cinq classes,et institutrice en petite section dematernelle. C’est elle qui a voulula crèche, en 1993. Un vrai défi.Son président d’Ogec la suit. « J’avais des demandes d’inscription enmaternelle d’enfants de deux ans, voireplus jeunes encore. Les parents recher-chaient une structure pour que leurs en-fants vivent en collectivité. Il y avaitdes bâtiments vides dans l’école, d’an-ciens dortoirs. L’idée d’une crèche afait son chemin. Je me suis lancéedans l’aventure sans savoir ce quim’attendait. » Comme à Salvagnac, il y a troisans, la crèche est devenue mul-tiaccueil, plus difficile à gérer quel’accueil régulier à la semaine. Enoutre, elle reçoit des tout-petits dèstrois mois. Et dès le départ, Clau-dine Bureau a été autorisée à enprendre la direction, à conditiond’être assistée d’une puéricultri-ce. « Dans ma motivation, il y avaitavant tout l’accueil du jeune enfant.Un service à rendre aux familles désem-parées par le manque de structures.C’est toujours la même idée qui me

suit. Nous allons fusionner avec l’éco-le Nazareth du Mesnil-Esnard, com-mune voisine sur laquelle nous allonsnous implanter. La crèche va suivre,avec une augmentation de sa capaci-té d’accueil à 45 enfants. Tout ça pourla rentrée de septembre 2008. » Derrière ces désirs de crèche, vé-ritable service rendu aux familles,il y a certes l’idée de faire connaîtrel’enseignement catholique et sesvaleurs à des personnes qui n’y se-raient peut-être jamais venues. Maisau-delà, il y a cette belle opportu-nité de pratiquer un accueil en sou-plesse et de porter une véritableattention à chaque enfant. « C’estautre chose qu’une classe maternellesurchargée », s’exclament les inté-ressées. Mais il faut y croire. Celanécessite un gros investissementpersonnel, une adhésion de l’équi-pe enseignante et des parents, lamise en place d’une continuité édu-cative et une gestion rigoureuse.Et il faut parfois faire face à quelquesdifficultés avec l’inspection d’aca-démie qui peut y voir une « concur-rence déloyale ». Mais au bout ducompte, tout le monde s’y retrou-ve. Les enfants, les premiers. Quelbonheur de les voir faire la transi-tion crèche-école sans heurts et sanspleurs !

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Protection maternelle et infantile.2. Organisme de gestion de l’enseignementcatholique

sLa Fondation d’Auteuil s’est tou-jours préoccupée des jeunes les

plus en difficulté, par le biais de mai-sons d’enfants ou d’internats. Au fildes années, elle a été amenée à inter-venir auprès d’enfants de plus en plusjeunes. D’où l’idée de créer, dans lesquartiers défavorisés, des structuresmultiaccueils réservées en priorité auxfamilles en difficulté, afin de faire de laprévention le plus tôt possible. C’est làune nouvelle orientation du conseild’administration. « En intervenant avant

Fondation d’Auteuil : prévenir le plus tôt possible

À Bonsecours, il suffitd’ouvrir une porte

pour passer de la crèche à la petite section

de maternelle.

Claudine Bureau, directrice de « Maman, lesP’tits Bateaux », à Bonsecours, près de Rouen.

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l’école, on crée plus facilement un liende confiance avec les familles », com-mente Valérie Löchen, directrice veilleet stratégie au siège de la Fondation, àParis. À Strasbourg, dans le quartierHautepierre, vient d’être inaugurée unecrèche multiaccueil, située dans le mê-me bâtiment que le centre médico-social. À Marseille, sous la houlette deMarie-Françoise Zerbonne, chargée deprojets de développement dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, unehalte-garderie a ouvert ses portes en

décembre. En cours, une crèche qui sera située dans un immeuble où setrouveront également un service pa-rentalité et une résidence sociale de 30 logements pour familles monopa-rentales. Car l’idée de la Fondation, c’estaussi de créer des conditions d’aide auxfamilles : dispositif de garde d’enfantsà domicile, accueil de dépannage etd’urgence, création de passerelles avecdes classes maternelles… Aujourd’hui,sept structures multiaccueils sont enprojet, dont une à Paris. EDC

euil : prévenir le plus tôt possible

Apprendre à langer, àdonner le bain, le bi-beron, à porter untout-petit, à le cou-vrir, à apaiser un cha-

grin, à dispenser des soins de base ; apprendre à faire un lit, àrepasser le linge… Autant degestes que les élèves des filièressanitaires et sociales doivent savoir effectuer. Dans les lycées proposant detelles formations, il existe bienune salle de puériculture. Maisl’apprentissage s’effectue surdes poupons en Celluloïd. Aulycée technologique et profes-sionnel Bel-Orme, à Bordeaux,sous tutelle des Filles-du-Cœur-de-Marie, labellisé « ly-cée des métiers », grâce notam-ment au BTS économie socialeet familiale, les jeunes pour-ront dorénavant être encontact avec des tout-petitsbien vivants. Et ce, par le biaisd’une crèche d’application, unprojet en couveuse depuisquelques années qui va voir lejour en septembre 2008 grâceau dynamisme et à la volontéde l’équipe pédagogique. « En travaillant non plus sur des bébésen Celluloïd mais avec des enfants, on

sortira du seul geste de savoir-fairepour aller vers de l’éducatif », com-mente le directeur Jean-PierreWellhoff, heureux de parvenir àconcrétiser cette expérience. Une première en France, semble-t-il. Il n’existerait, en effet, aucu-ne structure de ce type sur tout leterritoire. Des projets sont encours chez les Salésiens, notam-ment au groupe scolaire Pastre -Grande-Bastide, à Marseille,mais aucun ne semble aussi éla-boré que celui de Bel-Orme.

Apprendre les bons gestesLes structures d’application dans l’Éducation nationale existent depuis de nombreuses années :

restaurant, garage, ferme aquacole... Deux lycées catholiques innovent en créant une crèche d’application pour leurs élèves en filières sanitaires et sociales.

Genèse. Bel-Orme fait partie d’unréseau de trois établissements pro-fessionnels avec Saint-Michel, àBlanquefort, lycée hôtelier com-portant un restaurant d’applica-tion, et Saint-Augustin, à Bordeaux,ouvrant sur des professions liées àl’esthétique et possédant son propresalon de maquillage.

Projet expérimentalPour proposer une véritable pro-fessionnalisation à ses élèves, Bel-Orme a songé à une crèche d’ap-plication. L’idée, déjà lancée il y aune dizaine d’années, n’aboutit pas.Le lycée s’enfonce dans une crisefinancière. Il se relève et le pro-jet est relancé, notamment par Michèle Broine, directrice adjoin-te et ancienne infirmière. Par chance, une maison jouxtantle lycée est en vente. Pour les be-soins de mise aux normes d’unetelle structure multiaccueil pour lapetite enfance, elle devra cepen-dant être démolie. Pour laisser place à un nouveau bâtiment plusfonctionnel, pouvant accueillir20 tout-petits de trois mois à trois

ans. Dix-huit places seront réser-vées aux familles du quartier, etdeux aux enfants de mères céliba-taires, élèves de l’établissement. Outre les partenaires classiques –mairie, CAF, conseil général, PMI –, Bel-Orme reçoit le soutiendu rectorat qui promeut la crèchecomme projet expérimental. Quin-ze heures d’enseignement sontmises à disposition pour assurerle lien crèche-école. Car un vraiprojet pédagogique a, en effet, étéconçu, en lien avec les enseignants,

parfois d’anciens professionnels dela santé. « Cette crèche est l’équiva-lent de n’importe quelle structure d’ap-plication, avec une réserve impor-tante, le respect du rythme des enfantsafin de les perturber le moins possible,commente Michèle Broine. Celaveut dire que les élèves y auront accès à des heures très précises, le matin et le soir. Ils pourront aussi êtreprésents pour les repas et ponctuelle-ment l’après-midi pour des activitésludiques et éducatives. » Il y aura, d’autre part, un va-et-vient permanent entre la crèche etles élèves qui auront un intérêt pra-tique à utiliser la structure. Pourtraiter le linge, par exemple. Oupour l’entretien des locaux. « Cequi signifie un maillage très fin entreles personnels de la crèche et les enseignants. Nous allons mettre en

En attendant les vrais bébés. Au lycée Bel-Orme, à Bordeaux, on apprend à langer, laver, donner le biberon... avec des poupons en Celluloïd.

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Dossier/Place aux tout-petits !

place des projets communs. Il y auraregards croisés des uns et des autres. »Cette structure aura donc de mul-tiples vocations. Lieu de vie desenfants et lieu de formation desélèves, elle permettra de déve-lopper le sentiment d’apparte-nance à un milieu professionnel,de faciliter une pédagogie deconstruction des savoirs, de dé-velopper un processus d’ap-prentissage lié à l’observation di-recte des besoins des enfants etde leur évolution. « Ce qui ne dis-pensera pas des stages à l’extérieur,poursuit Michèle Broine. Toutcomme nous recevrons des stagiaires. »Dans l’établissement, on entendgarder l’esprit de la congrégation,l’ouverture à la société. La crèchey contribuera. Outre l’accueil desenfants, le souhait de l’équipe estde créer un service mandataire degarde à domicile, d’être à l’écou-te des parents, de les informer, demener des actions et des débatsliés à la parentalité.

MultipartenariatAutre lieu, autre projet. À Mar-seille, dans le IXe arrondissement,l’ensemble scolaire Pastre - Grande-Bastide, situé sur un magnifiqueterrain de 13 hectares au pied descalanques, propose également desfilières sanitaires et sociales. Pointde départ de la réflexion du di-recteur, Alain Sulmon : l’accueildes tout-petits. « Nous avons tou-jours eu une tradition d’accueil dèsl’âge de deux ans. La crèche était unvague projet. Nous n’y pensions pasvraiment puisque nous avons une classe “bambis”, hors contrat, pour les 2-3 ans. Nous cherchions, ces der-nières années, à la faire repasser souscontrat. Cette toute petite section accueille aujourd’hui 20 enfants. » Vient l’annonce du gouvernementpermettant de penser que l’on sedirige inéluctablement vers uneinterdiction de scolariser les en-fants de moins de trois ans. Pourne pas interrompre ce service d’ac-cueil rendu aux familles, AlainSulmon pense « crèche ». Un pro-jet tout ficelé lui arrive par la mai-rie, ce qui lui évitera les tracasse-ries des démarches administrativeset la gestion parfois délicate d’unetelle structure.

L’organisme Crèche Attitude, quigère une vingtaine de crèches enFrance, a été chargé par deux cli-niques du IXe arrondissement deMarseille de travailler sur un pro-jet de structure multiaccueil de 30 places pour les enfants de leurpersonnel. Il s’adresse à la mairiepour trouver un lieu d’implanta-tion. Alain Sulmon, qui entretientdes liens étroits avec cette dernière,

est contacté. « Crèche Attitude cher-chait non pas un terrain pour instal-ler cette crèche, mais un endroit pourcréer un partenariat », précise-t-il. Rencontres. Débats. Propositions.Un projet à trois volets s’élaboreentre Crèche Attitude, le directeurde l’établissement et les sœurs salésiennes de Don Bosco qui ontla tutelle. À savoir : l’accueil destout-petits ; une crèche d’applica-

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Lors de son assemblée générale des 25 et 26 janvier 2008, à Marseille(cf. pp. 8-9), le Synadec* a décidé d’examiner la question de l’accueil de

la petite enfance en réponse aux éventuelles décisions de ne plus prendre en compte les enfants de moins de troisans dans le système scolaire, et aux attentes des familles. Les témoignages et réflexions recueillis au cours d’unetable ronde menée sur ce sujet ont montré que l’accueil, des enfants de deux ans notamment, devait être travailléau travers de concertations entre les parents, les enseignants, les représentants de la petite enfance et les élus. Ildoit y avoir une pluralité de réponses, car, en fonction de l’intérêt de l’enfant et de son contexte de vie, la typolo-gie d’accueil peut être différente d’un enfant à l’autre. Cependant les demandes des familles sont telles qu’« il fau-dra bien, comme le soulignait le maire de Roquevaire (Bouches-du-Rhône), André Niel, trouver des solutions, et les communes devront s’appuyer sur des structures déjà existantes là où cela est possible pour faire face aux situations des enfants et des familles, cela au moindre coût possible ». Pour Martial Limouzin, directeurdiocésain de Vannes, « le temps est donc venu de se saisir de cette opportunité éducative pour montrer les capaci-tés d’adaptation des écoles de l’enseignement catholique », et, ajoutait Valérie Beauchamps, présidente de l’Udapel**de Vendée, de « travailler ensemble à un projet social et éducatif, y compris en réseau d’écoles ». Des outils sontindispensables pour mener à bien cette réflexion. Pascal Gaulon, directeur de l’école Sévigné, à Issoire (Puy-de-Dôme) propose dès à présent un PowerPoint de synthèse des différents dispositifs et de leurs exigences. GDR

* Syndicat national des directeurs et directrices d'écoles catholiques. Internet : www.synadec.org** Union départementale des associations de parents d’élèves de l’enseignement libre.

Trouver des solutions

tion pour former les élèves ; unprojet intergénérationnel avec lamaison de retraite des sœurs joux-tant le lycée. Crèche Attitude, parl’intermédiaire de Marie Pelen, chefde projet Bouches-du-Rhône, semontre intéressée par l’aspect pé-dagogique et le lien avec les per-sonnes âgées. À l’heure où nous écrivons ces lignes,le projet est en bonne voie de réa-lisation. Si tout va bien, la crèchedevrait être opérationnelle en jan-vier 2009. Et entraîner la créationd’autres structures de ce type dansle réseau d’établissements salésiens.

ÉLISABETH DU CLOSEL

uNée en 2004, Crèche Attitude est une en-treprise qui crée et gère des structures

d’accueil à fort contenu pédagogique et qualita-tif pour les tout-petits. L’une de ses finalités estde contribuer à améliorer le service rendu auxusagers en soulageant les collectivités publiquesd’une gestion de plus en plus lourde de leursstructures petite enfance. Elle gère actuellementune vingtaine de structures en France, conçuesselon un même esprit au service du développe-ment de l’éveil de l’enfant. Sur internet : www.creche-attitude.fr

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Lycée Bel-Orme, Bordeaux. De gauche à droite : Jean-Pierre Wellhoff, le directeur, Martine Barbe, l’économe, et Michèle Broine, la directrice adjointe.

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maîtrise correcte du langage, déterminantepour le succès de la scolarité. Pour certains, vivant souvent dans des ghettos sociaux, iln’est pas facile de se trouver projeté à trois ansdans le milieu scolaire, et cette violence peutentraîner un rejet rapide de l’école. Derrière tout cela, il existe bien sûr des pro-blèmes financiers. L’accueil à l’école d’un en-fant de deux ans coûte cher à l’État. Le confierà la branche famille de la Sécurité sociale, c’esten quelque sorte faire appel aux cotisationsdes salariés.

Pourtant, c’est grâce à l’appui de la CNAF que des structures passerelles,intermédiaires entre la famille et l’école, se sont créées à partir des années 1980…J.-L. D. : Oui, la CNAF sait mener une expé-rimentation, l’évaluer, en rendre compte,diffuser ses recherches. Même si le retour sur

Un vide à combler !

investissement de pareilles entreprises estdifficilement mesurable, sinon en termes deprévention de l’échec scolaire, de la délin-quance… Le terme de classes passerelles quia été retenu (cf. encadré), indique bien quel’objectif recherché ici est une transitionentre le suivi sanitaire du tout-petit, pratiquéà la crèche, et l’entrée dans le monde éducatifde l’école… Dans les trois ans à venir, il va falloir trouver des solutions, innover dans cesens. Si l’enseignement catholique est le pre-mier, ou l’un des premiers, à lancer des expé-riences, il ne peut qu’être favorablement accueilli. Et venir en aide aux familles dontles 2-3 ans se trouvent en marge serait tout àson honneur. Il est évident, aujourd’hui, que les modesde garde sont devenus un enjeu électoralpour les maires, aussi bien que le loge-ment, et une forte motivation pour les en-treprises désireuses de s’implanter sur unecommune. La redynamisation d’un tissuéconomique passe aussi par l’importance

Des lieux d’accueil toujours insuffisantspour les très jeunes enfants et une écolematernelle qui accueille de moins en moinsles deux-trois ans. Que pensez-vous de ce bilan ? Jean-Louis Deroussen : Entre l’obligation descolariser les enfants à six ans et une politique,ancienne, qui cherche à mieux harmoniservie professionnelle et vie familiale, on constateun vide ! Il manque un nombre important destructures qui permettent aux couples encharge d’un jeune enfant – entre trois mois et trois ans – de continuer à travailler. Le besoin brut serait de 1 246 179 places, selonl’enquête Insee 2005. Là-dessus, on sait que155 244 parents ont dû arrêter de travailler,faute de trouver une solution de garde auprès d’une structure d’accueil collectif ouindividuel, ou encore auprès de leur famille.

C’est tenable, un pareil fossé ? J.-L. D. : Non, ce n’est pas tenable. Le prési-dent de la République a d’ailleurs déclarévouloir mettre en place un droit opposableau mode de garde. À qui faudra-t-il décla-rer : « Moi, je veux continuer à travailler et trou-ver une solution de garde pour mon enfant » ? À la mairie ? À la CAF ? Et quelle solutionva-t-on proposer ? Une crèche à proximitédu logement ou du lieu de travail des pa-rents ? Une assistante maternelle ? Nous nesommes pas encore, aujourd’hui, en mesu-re d’apporter une réponse satisfaisante auxattentes des parents. Mais, comme l’a an-noncé Xavier Bertrand2, ce droit opposablesera mis en place. Et d’ores et déjà, il nousfaut nous mettre au travail pour apporterdes solutions aux plus petits…

N’y a-t-il pas une urgence particulièrepour les enfants de deux à trois ans quin’ont pas été admis à la crèche et ne serontplus admis dans les petites sections d’écolesmaternelles qui restreignent leur accueil,alors qu’ils auraient souvent un grandbesoin d’être socialisés ?J.-L. D. : En effet, ils manquent parfois d’ac-compagnement parental pour acquérir une

Jean-Louis Deroussen est président du conseil d’administration de la Caisse nationale des allocations familiales, la Cnaf1, depuis octobre 2006. Cet établissement public assure,

depuis quarante ans, une mission de service public en accompagnant les familles dans leur vie quotidienne : garde des enfants, soutien à la parentalité… Le projet d’ouverture de lieux d’accueil pour les tout-petits dans l’enseignement catholique lui semble intéressant.

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Jean-Louis Deroussen président du conseil d’administration

de la Caisse nationale des allocations familiales

*Métropolitaine et Dom.

Répartition par âges des enfants de moins de 6 ans en France* au 1er janvier 2007

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Dossier/Place aux tout-petits !

accordée par les communes à l’accueil desjeunes enfants.

Un montage financier est donc possible avec vous ? J.-L. D. : Oui, dans la mesure où toutes les fa-milles sont accueillies dans un esprit de neu-tralité. Une CAF ne peut pas financer un pro-jet servant des intérêts particuliers. Ni un pro-jet qui demanderait une participation exces-sive aux familles. Mais un directeur d’écolepeut passer une convention avec une CAF parle biais d’un contrat « enfance et jeunesse ». Ilpossède souvent des locaux, sait accueillir lesenfants, les parents, dispose de personnels derestauration, de jeunes en formation qui peu-vent intervenir et voir là un débouché concretà leur travail. Pour ce qui est de la réglementa-tion, très exigeante en personnel, parexemple, pour les structures d’accueil sani-taires comme les crèches (un adulte pour huitenfants), elles se modulent, après discussionavec l’État, en fonction du projet. Des aména-

gements ont déjà été obtenus, par exemplepour créer des microcrèches accueillant septou huit enfants : on a pu les regrouper sous lahoulette d’un seul directeur responsable deplusieurs structures, de façon à ne pas alour-dir la charge financière. S’il y avait un projetd’expérimentation de l’enseignement catho-lique, je vois mal la branche famille refuser d’yparticiper d’une manière ou d’une autre.Bien entendu, les maires doivent être asso-ciés. S’ils se trouvent confrontés à des citoyensqui leur opposent leur droit à un mode degarde, ils ne peuvent qu’accueillir favorable-ment d’éventuels partenariats…L’enseignement catholique a longtemps étéun laboratoire pédagogique, comme en témoigne le succès de la notion de commu-nauté éducative : il a peut-être la possibilité de répondre à ces demandes nouvelles des parents, en accompagnant l’ouverture des enfants sur la vie.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Les prestations sont versées par l’intermédiaire des 123 caissesd’allocations familiales (CAF) qui couvrent le territoire français.En plus des prestations légales, les CAF développent une ac-tion sociale en faveur des familles en difficulté financière ou so-ciale. Tous les quatre ans, une convention d’objectifs et de ges-tion (COG) contractualise les relations entre l’État et la CNAF.2. Ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité.

Il y a déjà belle lurette que la réflexion surla scolarisation des tout-petits a conduitles professionnels à relativiser les bien-faits de leur intégration trop précoce

à l’école maternelle. Le rapport d’Évelyne Sullerot, sociologue, critiquait déjà, en 1981,la scolarisation des enfants de deux ans. Fran-çoise Dolto faisait de même en 1984. En1998, un rapport1 de Jean Ferrier, inspecteurgénéral de l’Éducation nationale, regrettaitque cette population fût trop négligée, et lerapport de la Défenseure des enfants, en2003, restait fort critique sur les effets d’unescolarisation – sur fond d’école maternelle deplus en plus centrée sur les apprentissagesdepuis la mise en place des cycles et d’uneévaluation systématique – engagée dès deuxans. Depuis le milieu des années quatre-vingt, des lieux-passerelles entre les familleset l’école maternelle ont donc progressive-ment vu le jour dans l’école publique. Objec-tif : établir un partenariat institutionnel etmultiprofessionnel qui facilite le passaged’un jeune enfant (resté avec sa mère) à l’éco-le maternelle, et accompagne ses parents. Ledéveloppement de ces lieux a d’abord étélent. Ils seraient plus de soixante aujourd’hui.À partir de 1995, en effet, une circulaire de la

CNAF a permis la prise en charge des dé-penses en personnel non enseignant dans lecadre de la politique de la ville, et facilité leurdéveloppement. « Ce fut un élément déterminantsans lequel nous n’en serions pas là aujourd’hui »,constate Luce Dupraz, historienne et socio-logue, impliquée dans des recherches-actionssur la petite enfance2. Certains lieux ont fêtéleurs 20 ans, d’autres sont morts, de nou-veaux se sont créés3. On évaluait leurnombre à 60 en 2000, dans 25 départements.Ils seraient particulièrement présents à Rou-baix (sous l’influence du pédiatre MauriceTitran) et à Mulhouse, notamment. Essentiel : ces lieux (situés dans l’école, à côtéou au sein d’une structure d’accueil, commeune ludothèque, une crèche ou une halte-garderie) sont toujours pensés pour faciliterl’adaptation ultérieure de l’enfant à l’école

maternelle et sortir des ghettos toutes catégo-ries. Un esprit qui induit une collaborationentre professionnels de la petite enfance etenseignants de maternelle (ministère de l’Éducation et ministère du Travail et des Affaires sociales, chargés de la petite enfanceet chargés des affaires scolaires au sein desmairies…). Cet esprit ne devrait pas seperdre, s’inquiète la chercheuse Luce Dupraz, au motif qu’un décret du 1er août2000 prolonge maintenant d’un an (detrois à quatre ans) le séjour des jeunes en-fants en structure d’accueil petite enfance(et structures périscolaires) autonomes. Ilsy seront toujours aussi coupés de l’écolematernelle si aucune passerelle entre lesdeux univers n’a été construite. MCJ

1. « Améliorer l'efficacité de l'école primaire ».2. C’est avec elle qu’a démarré en 1990, à la demande du Fondsd’action sociale et avec le soutien de la Fondation de France,un travail sur les conditions d’émergence et de survie des lieuxpasserelles entre la famille et l’école maternelle. Son ouvrage,Le temps d'apprivoiser l'école : lieux et actions-passerelles entreles familles et l'école maternelle publié en 1995, présente onze monographies de passerelles. Les cahiers de la Fondationde France, 40 avenue Hoche, 75008 Paris. Tél. : 01 44 21 31 34. 3. Éditée par le CDRP de Lyon, la vidéo L’école à petits pas ra-conte le travail fait dans cette région. On peut la commander auservice documentation du CDRP, 47 rue Philippe-de-Lassalle,69004 Lyon.

Des passerellesentre la famille

et l’école

« Je vois mal la CNAF refuser des propositions

de l’enseignement catholique »

Répartition des enfants de moins de 3 ans selon le mode de garde principal adopté

par les parents entre 8 heures et 19 heures

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2.Parents Assistant maternel agréé Crèche

Mode de garde informel (membre de la famille autre que les parents, amis, voisins ou autres personnes extérieures Autre mode de garde payant (garde à domicile, baby sitter, nourrice, jardin d’enfants et halte-garderie) Autres (dont école)

70 %

1 %3 %4 %

9 %

13 %

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Ces professionnels disposentde compétences adaptées aux besoins des enfants de deux ans ;– une amplitude d’ouvertureproche parfois de celles descrèches, ce qui permet d’éviterla recherche d’un moded’accueil complémentaire à l’école pour les parents qui travaillent ;– des projets pédagogiquesadaptés à certains enfants(handicapés, par exemple).

Le multiaccueil (0 à 6 ans)Aujourd’hui, près des troisquarts des équipements sontdes « multiaccueils », associantle plus souvent accueil régulieret accueil occasionnel. On les retrouve aussi sous ladénomination « maisons de la petite enfance ». Lesmultiaccueils proposent parfoisdes structures passerelles avecl’école maternelle, des lieuxd’accueil parents-enfants, unaccueil périscolaire, des relaisassistants maternels, des lieuxd’éveil… Il arrive aussi qu’ilsoffrent un accueil familialquand l’enfant est très jeune,puis le passage progressif à unaccueil collectif, favorisant sonéveil et la découverte de la viede groupe quand l’enfant estplus grand, avant l’entrée àl’école maternelle. Peu importeen fait leur appellation ou letype d’accueil proposé, leurobjectif est d’apporter la plusgrande souplesse possible dans les solutions proposéesaux parents. Le multiaccueilest donc une notion ouverte à la créativité.

Normes d’accueilrequisesLe nombre de placesChaque structure est agréée parle président du conseil général

en fonction d’un nombremaximum de places. Le décretn° 2007-230 du 20 février 2007fixe ce nombre en fonction du type d’établissement ou du service d’accueil.

Les locaux La réglementation en vigueurne fixe aucune norme en cequi concerne la superficie oula configuration des locaux.L’article R 2324-28 du Codede la santé publique précisesimplement que « les locaux et leur aménagement doiventpermettre la mise en œuvre du projet éducatif ». « Lesprescriptions parfois diffuséesn’ont donc aucune base juridiqueet ne doivent pas être un motif defreinage ou de refus d’autorisationd’ouverture d’une structure »,précise les Caisses d’allocationsfamiliales (CAF). On trouvetoutefois, dans le guide de la Mairie de Paris, « unenomenclature des locaux ». Elleprécise que pour une crèche de 60 places, il faut prévoir un local de 607 m2, et pourune halte-garderie de 20 placesune surface utile de 162 m2.

Les périodes d’ouvertureLa durée et les périodesd’ouverture sont définies parle gestionnaire et le directeur,

sLes possibilitésd’accueil des moins

de 6 ans sont nombreuses :à temps plein ou partiel,accueil occasionnel,collectif, familial ouparental, multiaccueil. Ci-dessous, vous trouverezles formules d’accueilcollectif qui peuvent sesubstituer à la scolarisationdes moins de 3 ans1.

Les crèches collectives(0 à 6 ans)Elles proposent un accueil de type régulier, c’est-à-dire un accueil dont le rythme estprévu avec les parents surplusieurs semaines. Ellespeuvent être ouvertes tous lesjours de la semaine, huit heureset demie par jour, par exemple,ou encore tous les après-midi.Aucune norme réglementairene s’oppose à un accueil aprèstrois ans, âge d’entrée à l’école,et ce jusqu’à six ans – surtout si l’enfant est porteur d’unhandicap qui repousse son entrée à la maternelle.

Les jardins d’enfants(2 à 6 ans)Ils accueillent des enfants dedeux à six ans. Ils présententune formule d’accueil à mi-chemin entre la crèche et l’école maternelle.Les caractéristiquesprincipales de cette formuled’accueil sont :– la présence de professionnelsde la petite enfance (notammentdes éducateurs de jeunesenfants) qui permet desrelations adulte/enfant plusindividualisées et la vie en pluspetits groupes d’enfants.

Quelles formules d’accueil proposer ?

Fiche pratique 1

Sources : Guides pratiques Accueil de la petite enfance, ministère de la Santé et des Solidarités,et Comment créer un établissement d’accueil des jeunes enfants, Mairie de Paris et Caissesd’allocations familiales.

uAccueil régulier : des plageshoraires d’accueil de l’enfant

sont définies pour l’année. Cet accueilpeut être à temps partiel.

uAccueil occasionnel : il necorrespond pas à une inscription

annuelle ou il se déroule sur des plageshoraires variables. L’admission peuts’effectuer en urgence.

uAccueil collectif : l’enfant estaccueilli en collectivité, encadré

par des professionnels de la petiteenfance.

uAccueil familial : prise en chargede un à trois enfants, au domicile

d’une assistante maternelle agréée par le service de la Protection maternelle et infantile (PMI).

uMultiaccueil : les établissementsou services peuvent associer

un accueil régulier ou occasionnel, ou un accueil familial et collectif.

Définitions

en concertation avec les autrespartenaires (communes,personnels…). Elles doiventfigurer dans le projet et lerèglement de fonctionnement.

1. Signalons aussi la microcrèche quiregroupe, au sein d’un local, troisprofessionnels accueillant au maximum 9 enfants de moins de 6 ans (cf. l’articleR.2324-47 du Code de la santé publique,issu du décret n° 2007-230 du 20 février2007 paru au JO du 22 février 2007).

Type d’établissement Capacité d’accueil Référence dans le Codemaximale de la santé publique

Crèches collectives 60Article R. 2324-25

Jardins d’enfants 80Multiaccueil collectif et familial 100 Article R. 2324-26Accueil d’enfants en surnombre à hauteur de 10 % des places autorisées Article R. 2324-27

Règles relatives aux capacités d’accueil maximales(en nombre de places d’accueil)

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Dossier/ Place aux tout-petits !

Deux catégories principales de pro-fessionnels interviennent dans lesétablissements ou services d’ac-cueil d’enfants de moins de sixans : les personnels de direction et

les personnels chargés de l’accueil et de l’enca-drement des jeunes enfants.

Personnels de directionIl s’agit d’abord des professionnels dont lafonction consiste à organiser le cadre de tra-vail, à encadrer et à soutenir ceux qui sont enrelation directe avec les enfants : le directeurde l’établissement et, quand la structure d’ac-cueil a une capacité supérieure à 60 places,son adjoint.Un décret du 20 février 20071, pris dans lafoulée du plan Petite enfance2, est venu assou-plir les exigences de qualification et d’expé-rience professionnelles requises pour assurerla direction des structures d’accueil des en-fants de moins de six ans. L’article R. 2324-34 du Code de la santé pu-blique dispose que les fonctions de directionpeuvent être confiées :– « soit à une personne titulaire du diplômed’État de docteur en médecine ; – soit à une personne titulaire du diplôme d’État de puéricultrice justifiant de trois ansd’expérience professionnelle ;– soit à une personne titulaire du diplôme d’État d’éducateur de jeunes enfants, à condi-tion qu’elle justifie d’une certification […] at-testant de compétences dans le domaine del’encadrement ou de la direction, […] de troisans d’expérience professionnelle [et] que l’éta-blissement […] comprenne dans son effectifune puéricultrice diplômée d’État ou, à dé-faut, un infirmier ou une infirmière diplôméed’État justifiant au moins d’une année d’expé-rience professionnelle auprès de jeunes en-fants ». Si elles ont une capacité d’accueil inférieureou égale à 40 places, les structures d’accueil

et veiller au respect des compétencesdes professionnels ;– animer et soutenir le travail d’équipe …l Dans le champ des relations avec lesfamilles et les enfants, en fonction duniveau de délégation accordé par legestionnaire, le directeur :– organise l’accueil et les modalités de participation des familles, il est legarant de la qualité des relations avecelles, et assure un rôle de tiers entreles parents et les accueillants ;– participe aux décisions d’admissiondes enfants ;– définit, avec l’équipe, les principes de répartition des enfants dans lesstructures et veille à l’organisation des espaces et des temps, en cohérenceavec le projet pédagogique…l Dans le champ des relations avec les partenaires externes, le directeur :– établit et entretient les relations avec les partenaires professionnels et institutionnels utiles à la mise en œuvre du projet de service ;– rend compte de l’activité del’établissement et de son fonctionnementaux partenaires institutionnelscompétents pour surveiller ou contrôlerson bon fonctionnement.

Quant au directeur adjoint, il doit justifierd’un diplôme de puériculteur (ou de puéri-cultrice), d’éducateur (ou d’éducatrice) dejeunes enfants ou d’infirmier (infirmière) etde deux ans d’expérience professionnelle.

Les personnels d’encadrementet d’accueil des jeunes enfantsPuéricultrices, éducateurs de jeunes en-fants…, ces personnels sont directement im-pliqués dans la vie quotidienne des enfants. Les dispositions réglementaires du Code dela santé publique prévoient que l’effectif dupersonnel placé auprès des enfants est :— « d’un professionnel pour cinq enfants qui nemarchent pas », dans l’hypothèse où l’établis-sement accueillerait de très jeunes enfants ;— « d’un professionnel pour huit enfants quimarchent » (articles 2324-43 et R. 2324-44).Pour ce qui est des jardins d’enfants, ce ratio« personnels d’accueil et d’encadrement /

des enfants de moins de six ans peuvent êtredirigées par un « […] éducateur de jeunes en-fants diplômé d’État justifiant de trois ansd’expérience professionnelle, sous réserve qu’ils’adjoigne le concours […] d’une puéricultricediplômée d’État ou, à défaut, d’un infirmierdiplômé d’État justifiant au moins d’une an-née d’expérience professionnelle auprès dejeunes enfants » (article R. 2324 -35 du Codede la santé publique).Si leur capacité d’accueil est inférieure ou éga-le à 20 places, leur direction pourra égale-ment être confiée à « une puéricultrice diplôméed’État justifiant de trois ans d’expérience profes-sionnelle » ou « à un éducateur de jeunes enfantsdiplômé d’État justifiant de trois ans d’expérienceprofessionnelle » (article R. 2324 -35 du codede la santé publique).

Le directeur s’assure que les missions et les obligations imparties à l’établissement d’accueil par la réglementation sont assurées de manière satisfaisante à l’égard des usagers, des institutions chargéesde l’autorisation et de la surveillance,des financeurs et des partenaires avec lesquels il a établi des relations.Cette responsabilité implique que la personne chargée de la directionassure un certain nombre de fonctions.l De manière générale, le directeur :– participe à l’élaboration du projet et du règlement de fonctionnementde l’établissement ou service, et veille à leur mise en œuvre et à leuractualisation ;– assure la gestion administrative etfinancière de l’établissement ou servicequ’il dirige ;– veille à la sécurité des enfants, alerteles autorités compétentes, notammenten cas d’accident, de décès ou dedébut d’épidémie.l Dans le champ des ressourceshumaines, il peut également, enfonction du niveau de délégationaccordé par le gestionnaire :– recruter ou participer aurecrutement du personnel ;– organiser la définition des rôles etdes fonctions selon le projet éducatif

Mission et fonctions du directeur

sL’accueil des enfants de moins de six ans implique

la mobilisation de personnels aux qualifications et auxcompétences diverses et complémentaires.

Fiche pratique 2

Quels personnels ?

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enfants » est porté à un professionnel pour15 enfants en moyenne, âgés de 3 à 6 ans.Ces ratios s’apprécient en fonctions dunombre d’enfants effectivement et physi-quement présents dans l’établissement ouservice d’accueil, quel que soit le nombre deplaces théoriques autorisées.À noter que le directeur assurant la direc-tion de l’établissement ou du service d’ac-cueil peut désormais être comptabilisé pourau plus la moitié du poste au titre du ratiod’encadrement des enfants.Les personnels chargés de l'encadrement etde l’accueil des enfants doivent être des pué-ricultrices diplômées d'État, des éducateursde jeunes enfants diplômés d'État, des auxi-liaires de puériculture diplômés, des infir-miers diplômés d'État ou des psychomotri-ciens diplômés d'État (article R. 2324-42 duCode de la santé publique).

LA (LE) PUÉRICULTRICE(TEUR)La fonction de puéricultrice(teur) estde contribuer à la santé de l’enfantdans ses différents milieux de vie. Pour ce faire, elle (il) doit :– identifier les besoins des enfants et y répondre ;– promouvoir un milieu de vie adaptéà ses besoins au moment de l’accueilen établissement ;– contribuer au développementpsychoaffectif, à la prévention et à lasurveillance médico-sociale de l’enfant. Elle (il) assume également desresponsabilités de gestion etd’encadrement et est chargé(e) de former, d’organiser et d’animerl’équipe de la structure des soins à l’enfant dans la crèche.

L’ÉDUCATEUR(TRICE) DE JEUNES ENFANTSL’éducateur(trice) de jeunes enfantsexerce une fonction d’accueil des jeunes enfants et de leurs familles.Il (elle) :– assure la prise en charge du jeuneenfant dans sa globalité en lien avec safamille. Cela suppose une éthique, desconnaissances et des techniquesspécifiques. Cela implique, en outre,un travail en équipe, l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation desprojets éducatifs et sociaux et lacontribution au projet de la structure ;– a un positionnement particulier dansle champ du travail social. Spécialistede la petite enfance, il (elle) a pour

Les différentes fonctions d’accueil

mission d’adapter ses interventions aux différentes populations, de luttercontre les risques d’exclusion, deprévenir les inadaptations socio-médico-psychologiques. Il (elle) crée un environnement permettant la construction de liens sociaux et un accompagnement de la fonctionparentale ;– dispose d’une fonction d’expert(e)petite enfance. Il (elle) est acteur(trice)des politiques sociales territoriales : il (elle) formule et recense les besoinsen modes d’accueil, participe à laconcertation et aux partenariatslocaux, favorise et veille à l’adéquationentre les politiques sociales et leurmise en œuvre dans l’environnementoù il évolue.

L’AUXILIAIRE DE PUÉRICULTUREL’auxiliaire de puériculture accueille etencadre les enfants. Elle (il) fait partied’une équipe et est placée sous le contrôle d’un responsable(puériculteur(trice), éducateur(trice),infirmier(ère)).Elle (il) prend en charge les enfantsindividuellement ou en groupe. Sesactivités suivent le rythme des enfants.Elle (il) veille à leur sécurité et à leurbien-être : elle (il) assure la surveillanceet les soins et organise des jeux et desactivités d’éveil.

Par ailleurs, les fonctions d’accueil des jeunesenfants peuvent être assurées, pour moitiéau plus de l'effectif de l’établissement, pardes personnes titulaires des diplômes ouqualifications suivantes : CAP « petite en-fance » ; technicien(cienne) de l’interventionsociale et familiale (TISF) ; brevet d’Étatd’animateur technicien spécialité « activitéssociales et vie locale », option « petite en-fance » ; BEP option « sanitaire et sociale » ;CAP fonctions d’aide à domicile ou diplô-me d’État d’auxiliaire de vie sociale ; diplô-me d’État d’aide médico-psychologique ;BEPA, option « services aux personnes » ;certificat de qualification professionnelle « Garde d’enfants » ; ou encore titre pro-fessionnel d’assistant(e) de vie.

CAP PETITE ENFANCELe CAP petite enfance dispense uneformation qualifiante aux agentsspécialisés des écoles maternelles, quiassistent les enseignants pour l’accueil,l’animation, l’hygiène des très jeunes

Diplômes et qualifications requis

enfants, ainsi que pour la préparationet la mise en état de propreté des locaux et du matériel.La formation vise à donner auxcertifiés les capacités et lescompétences pour s’informer(notamment identifier les besoins de l’enfant), s’organiser, réaliser(aménager des espaces de vie,entretenir les locaux, préparer et servirles repas, assurer les soins d’hygiènecorporelle et le confort de l’enfant,assurer la prévention et la sécurité,mettre en œuvre des activitéséducatives et de loisirs), communiquer(recevoir et transmettre un message,accueillir, dialoguer, sécuriser,s’intégrer dans une équipe de travail).

BREVET D’ÉTAT D’ANIMATEURTECHNICIEN SPÉCIALITÉ « ACTIVITÉS SOCIALES

ET VIE LOCALE », OPTION « PETITE ENFANCE »Le brevet d’État d’animateurtechnicien de l’éducation populaire et de la jeunesse sanctionne uneformation de niveau IV dans le secteurde la jeunesse et de l’éducationpopulaire. Il atteste d’uneconnaissance approfondie, d’unespécialité technique (en l’occurrence :« activités sociales et vie locale », option« petite enfance ») et d’une capacité à l’utiliser dans le cadre d’une pratiqueprofessionnelle de l’animation.L’animateur(trice) technicien(ne) estchargé(e) de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer des projets et activités d’animation dans tous les domaines.

BREVET D’ÉTUDESPROFESSIONNELLES,OPTION « SANITAIRE ET SOCIALE »Le titulaire de ce diplôme assurel’accueil, les soins d’hygiène corporelle,l’alimentation, le confort et la sécuritédes enfants. Il anime des activités,contribue au développement et à l’éducation de l’enfant, assurel’entretien et l’hygiène de l’espace de vie, en s’inscrivant dans un travaild’équipe.

1. Décret n° 2007-230 relatif aux établissements et servicesd’accueil des enfants de moins de six ans et modifiant le Code de la santé publique.2. Plan lancé en novembre 2006, par Philippe Bas, alors mi-nistre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, auxPersonnes handicapées et à la Famille, qui visait à multiplier lenombre des places d’accueil en crèche.

Source : guide pratique Accueil de la petite enfance,ministère de la Santé et des Solidarités.

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Dossier/Place aux tout-petits !

Il existe plusieurs modes de gestion desétablissements d’accueildes jeunes enfants : la gestion municipale,

associative, par une entrepriseprivée... Une école opterapour la gestion associative quiexiste depuis plus d’un siècle.Les personnels petite enfancesont alors employés parl’association qui perçoit les participations familiales.

Par ailleurs, les Caissesd’allocation familiales (CAF)participent au fonctionnementdes structures d’accueil de la petite enfance en versantdes prestations de service auxgestionnaires. Depuis 2002, il s’agit de la prestation deservice unique (PSU). Il n’existe qu’une seule etmême prestation pour toutesles structures accueillant desenfants de moins de quatreans. Un barème nationalunique est appliqué pour tousles enfants et pour tous lestypes de structures d'accueil. Il est, dans tous les cas, calculésur une base horaire. Cetteaide prend en charge 66 % ducoût de revient horaire, dans

la limite d’un plafond. En 2007, cette aide estd’environ 3,76 € par heure.Dans ce cas, le gestionnairedoit appliquer aux parents unetarification imposée par la CAF(le prix plafond imposé est de5,70 € de l’heure). Cettetarification est modulée enfonction des ressources desparents (12 % des revenusimposables). La faibleparticipation des parents quiont des revenus très peu élevésest automatiquementcompensée par la CAF. La modulation des tarifs estdonc financièrement neutrepour le gestionnaire.

L’aide de la CAF couvreenviron 30 à 40 % du budgetde fonctionnement desstructures. Aussi, il estindispensable de recourir aux aides octroyées par lescollectivités locales (communesou conseil général), si l’on neveut pas créer des structuresprivées à but lucratif, typeSARL, et donc demander uneparticipation très importanteaux familles. Il est conseillé dene pas se cantonner aux fondspublics : tous les partenariats

sLa création d’unestructure pour

les tout-petits estonéreuse. Quant au coûtde fonctionnement, il estsupérieur à celui d’uneclasse maternelle en raisonde l’exigence d’unpersonnel qualifié plusnombreux1. Les salairesdes personnelsreprésentent, en effet,80 % des charges. Voici lesaides dont on dispose…

Fiche pratique 3

sont les bienvenus. Une sociétévoisine peut être intéressée parle projet et apporter une aideappréciable.

Où s’informer ?Pour les questions relatives à la réglementation et aux normesapplicables aux établissementd’accueil, ainsi que pour lesinformations statistiques utiles à la définition des besoins, on s’adressera au président du conseil général (via le servicede la Protection maternelle et infantile), en sa qualité de président de la commissiondépartementale de l’accueil des jeunes enfants (CDAJE).Pour les questions relatives aux financements (prestation de service unique, par exemple),on s’adressera à la CAF. Cette dernière peut aussi, en sa qualité de membre de laCDAJE, disposer d’informations,notamment statistiques, sur les besoins en matière d’offred’accueil sur le territoire ciblé.

1. En crèche, il faut compter 1 professionnelpour 5 enfants qui ne marchent pas, et 1 pro-fessionnel pour 8 enfants qui marchent, et enmaternelle 1 agent territorial spécialisé desécoles maternelles (ATSEM) pour 30 élèves.

uTous les établissements ou services d’accueil mis en place par une personne physique ou une personne morale de droitprivé sont subordonnés à l’autorisation du président du conseil général. Attention : l’autorisation du conseil général ne

peut être refusée en référence à un nombre de mètres carrés minimal dans la structure. Il n’existe pas de norme réglementairesur ce point (cf. fiche 1, p. 31). Le président du conseil général dispose d’un délai de trois mois après la réception d’un dossiercomplet pour rendre sa décision. Par ailleurs, pour les établissements de droit privé, le président du conseil général devra demander l’avis du maire de la communed’implantation future de l’établissement ou du service. Le recueil de l’avis du maire est obligatoire mais ne lie pas l’avis duprésident du conseil général. Un établissement peut donc être autorisé malgré un avis défavorable du maire. Toutefois, le dossierde demande d’avis devra justifier d’un réel besoin en matière de structure d’accueil. Or il se peut que certaines communespréfèrent créer leurs propres structures d’accueil, voire agrandissent celles existantes pour accueillir les 2-3 ans, si le gouver-nement supprime les enseignants dans les petites sections de maternelle...

Quel montage financier ?

Autorisations

Sources : Guide pratique Accueil de la petite enfance, ministère de la Santé et des Solidarités et Fnogec.

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construire et/ou celui d’unchangement d’affectation du local.

4. Élaborer le projetd’établissement et le règlement intérieurLe projet d’établissement et lerèglement intérieur font partiedu dossier de demanded’autorisation defonctionnement présenté auprésident du conseil général. Il s’agit de décrire le cadre de vie proposé aux enfants, les méthodes pédagogiquesprévues et les relationsinstaurées avec les parents. Ces règles de fonctionnementdoivent être consignées parécrit dès l’origine. Ellespourront évoluer durant la phase de mise au point du projet.

5. Élaborer un budgetprévisionnel de fonctionnementParallèlement à la conceptionde l’aménagement des locaux,il convient d’élaborer unbudget annuel defonctionnement. Celui-citiendra compte des charges de l’établissement (personnelet autres), des produits(participations familiales,prestations de la CAF…), de la capacité d’accueil et de la fréquentation.

6. Prévoir le recrutement des salariésLa qualification des personnelschargés de l’accueil des enfants

est réglementée. Outre lerespect de la réglementation, il est recommandé de veiller à la qualité du personnelembauché. Les écolesd’auxiliaires de puériculture,d’éducateur-trice(s) de jeunesenfants et de puériculteur-trice(s) peuvent être contactées.

7. Déposer le dossier dedemande d’autorisationde fonctionnementL’article L. 2324-1 du Code dela santé publique dispose que

sVouloir créer unestructure d’accueil

pour la petite enfance est un projet passionnantmais très prenant. Voici les sept étapes clefsqu’il vous faudra parcourir.

1. Constituer unepersonne moralePour une association loi de 1901, les formalités àaccomplir sont simples.L’association doit être déclaréeà la Préfecture dont dépend le siège de l’association.

2. Choisirl’implantationIl faut choisir uneimplantation où les besoinsdes familles ne sont pascouverts. Un espace extérieur(jardin, cour, terrasse) estrecommandé. Il importe des’assurer que le propriétairedu local pressenti accepte dedonner par écrit l’autorisationd’ouvrir dans ces lieux unestructure d’accueil de la petiteenfance.

3. S’assurer que les locaux sont adaptésLes locaux doivent êtreadaptés à l’accueil, aux repas,au sommeil, à l’hygiène, aubien-être des jeunes enfants. Il convient de s’assurer duconcours d’un architecteDPLG (diplômé par legouvernement) car le projetd’aménagement nécessitera le plus souvent un dépôt de demande de permis de

Sept étapes pour monter son projet

Fiche pratique 4

uDeux guides pratiques à consulter : – L’Accueil de la petite enfance : à télécharger sur le site du ministère de la

Santé et des Solidarités, 84 pages, mai 2007, très complet. Il s’adresse à l’ensembledes acteurs de l’accueil des enfants de moins de 6 ans et apporte des informations sur la législation et la réglementation en vigueur. Adresse : www.travail-solidarite.gouv.fr (rubriques : « Famille /Enfance » / « Guides pratiques » / « L’accueil de la petite enfance »)– Comment créer un établissement d’accueil des jeunes enfants : à télécharger sur le site de la Mairie de Paris, 54 pages, décembre 2005. Cette plaquette, réaliséeavec la Caisse d’allocations familiales de Paris, aide à sérier les étapes du projet et à hiérarchiser les priorités. Adresse : www.paris.fr/portail (rubriques : « Solidarités » / « Familles & PetiteEnfance » / « Accueil des tout-petits » / « Accueil collectif »)

uDes données statistiques sur l’accueil des 0-6 ans : L’accueil du jeune enfant en 2006 : à télécharger sur le site de la Caisse

nationale d’allocations familiales (Cnaf), 31 pages. Cette publication est réalisée par l’Observatoire national de la petite enfance (piloté par la Cnaf).Adresse : www.caf.fr (rubriques : « Élus et collectivités » / « Nos activités » /« Chiffres clés »).

uDes rapports et des conférences : L’Observatoire de l’enfance en France s’intéresse à la petite enfance dans

sa globalité, de la naissance à six ans. Parmi ses membres : la MGEN, la MAIF, La Ligue de l’enseignement, la CASDEN… Son site internet a pour vocation de partager des connaissances et des expériences entre les différents acteurs. Des conférences et des rapports peuvent être téléchargés. Adresse : www.observatoiredelenfance.org

uUne aide à la création d’une structure d’accueil petite enfance : Elle est apportée par une association : Mimosae. Son président, Alain Mauny,

a participé à la réalisation d'une quinzaine de structures multiaccueils de 25 à 65 places et à la gestion de 10 d'entres elles. Une formation intitulée « La boîte à outils du porteur de projet crèche » aura lieu les 28 et 29 février 2008 à Marseille ou les 17 et 18 mars 2008 à Paris (particulier : 595 €). Adresse : www.mimosae.com

Informations en ligne

« […] la création, l’extension et la transformation desétablissements et services géréspar une personne physique oumorale de droit privé accueillantdes enfants de moins de six anssont subordonnées à uneautorisation délivrée par leprésident du conseil général,après avis du maire de lacommune d’implantation ». Le dossier de demanded’autorisation doit comporterplusieurs pièces : une étude de besoins, l’adresse del’établissement, ses statuts, ses objectifs, les modalitésd’accueil…

Source : Guide Comment créer un établissement d’accueil des jeunes enfants, Mairie de Paris et Caisses d’allocations familiales.

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désespérer d’un enfant. Manifester que l’on croit en lui, c’est créer un lien auquel il pourra serattacher… »

Une aventure singulièreOn pourrait continuer cette litanie. Avectrente années de recul, trente années d’enga-gement à ATD Quart Monde, et quelques-unes de plus d’enseignement, Marie Verkindtaffirme : « L’essentiel de ma formation de prof tient

à deux éléments : d’abord, le mo-dule sciences de l’éducation, à travers notamment la penséede Pierre Bourdieu montrantque l’école est le haut lieu de la reproduction des inégalitésentre classes dominantes etclasses dominées ; et puis tout lereste, que j’ai appris et que jecontinue d’apprendre à traversmon expérience auprès des pluspauvres. »Petit retour en arrière pourmieux appréhender sa dé-marche.Une enfance apparemmentsans heurts. Un passé àl’école, « valorisant et positif ».Un désir d’enseigner qui nela lâchera jamais. Pas assezdouée pour les maths, Marieopte pour l’histoire-géogra-phie, « une manière de parlerdu monde, de la société, du pa-trimoine ». Une foi chrétien-ne qu’elle interroge, adoles-cente, et d’où émerge uneévidence : « L’Évangile doit setraduire en actes. » Quelques animations de co-lonies de vacances. Une en-vie de s’engager sans savoircomment la concrétiser. Un

mariage avec un étudiant en droit à 22 ans,et, « au cœur de notre projet de couple, l’envie denous battre pour plus de justice sur la terre ». Belleet généreuse idée ! Comment la mettre enactes ? La réponse viendra très vite d’une af-fichette scotchée sur un mur de la faculté deLille. On demandait des animateurs pour ac-compagner des enfants d’ATD Quart Mondeen vacances à la montagne. Réunions d’in-formation, inscriptions, voilà qui allait scellerpour toujours l’engagement futur du jeune

Marie Verkindt Une femme contre la misèreProfesseur d’histoire-géographie et directrice adjointe du collège Charles-de-Foucauld, à Tourcoing,

Marie Verkindt est engagée depuis trente ans au sein du mouvement ATD Quart Monde. De cette expérience auprès des personnes les plus pauvres, elle a tiré sa réflexion pédagogique.

Rencontre avec une femme pour qui lutter contre l’exclusion n’est pas un vain mot.

ÉLISABETH DU CLOSEL

Cheveu court, gros pull pourparer aux frimas de l’hiver, àl’affût de tout, Marie Verkindta fait de sa vie un engage-

ment, et de son engagement à ATDQuart Monde une manière de dévi-sager le monde et l’Autre avec uneattention toute singulière. Cet Autrequ’elle va chercher sur son terrainplutôt que de l’amener sur le sien. Quand on dialogue avec elle, « je crois »revient souvent. Un « je crois » ferme,incontestable, indiscutable. Un cre-do inhabituel, qui s’est forgé au fildes ans, au fil des rencontres avec lagrande pauvreté, au contact de cespersonnes dites du quart-monde.Les « pas-comme-les-autres ». Ceuxet celles que l’on regarde souventavec un regard condescendant etpour qui des hommes et des fem-mes – l’abbé Pierre, le père JosephWresinski, Geneviève de Gaulle-Anthonioz… – se sont levés pourleur donner la parole, leur rendreleur dignité, leur force, leur gran-deur, leur place à part entière dansla société. Un credo qui s’est construitprogressivement entre cet engage-ment, sa foi chrétienne et son expé-rience de professeur d’histoire-géo-graphie-instruction civique et de directriceadjointe de collège. Il pourrait débuter ainsi :« Je crois qu’il existe un potentiel en chacun, pouvant le mener à la réussite ; je crois dans la so-lidarité entre les enfants ; je crois en la rencontreentre personnes très différentes, au partage des sa-voirs, à l’enrichissement mutuel ; je crois qu’un re-gard positif porté sur un enfant peut l’aider à semettre en route ; je crois que plus des enfants sonten difficulté, plus il faut leur proposer des projetsambitieux pour les honorer. Il ne faut jamais

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couple, et celui de Marie en particulier. « Enl’espace de quelques semaines, j’ai perdu toutes mescertitudes. J’arrivais avec une éducation et desconvictions. Plus rien ne tenait face à ce que je dé-couvrais. Je ne connaissais rien à la grande pau-vreté. Autant dire que “je suis tombée à la cave”.Je visitais les familles qui vivaient dans des cou-rées, des logements insalubres, dans des conditionsinimaginables. J’étais totalement déconcertée parcequ’elles changeaient d’avis continuellement. Il n’yavait rien de stable, de rassurant. Tout mon systèmede pensée a été bousculé. » Le jour du départ, dans le train, Marie, embarquée pour une aventure singulière, a une envie folle de faire demi-tour. « J’ai pris le risque de l’expérience parce qu’il y avait toute une équipe derrière. » Thierry, Pascal,Magdalena…, ces enfants, Marie ne les ou-bliera jamais. Tellement inattendus dansleurs réactions. Agités, excités, mais curieuxde tout, de la vie des abeilles, des fourmis. Etcapables de faire silence pour entendre lasuite d’une histoire. Ce qui choque la jeunefemme, c’est de voir qu’aucun d’eux n’est ca-pable d’écrire une lettre à ses parents. « Lapire des injustices, pour moi. Cela a fondé tout lereste. Pourquoi, même à douze ans, ne savent-ilsni lire ni écrire, alors qu’ils vont à l’école ? Celareste un grand scandale. »

Pendant le séjour, une volontaire permanentedu mouvement consigne questions, étonne-ments, réactions de chacun des animateurs.« Elle nous demandait toujours de noter ce quenous remarquions de positif chez les enfants. Ilnous fallait réfléchir à nos activités pour que cesjeunes progressent. Cela m'a ancrée dans l'idée qu'ilfallait s'acharner à découvrir le potentiel de cha-cun afin de dégager une pédagogie de la réussite. »

Petits faits et jeuxTrente ans ont passé depuis l’expériencefondatrice. Marie est aujourd’hui « alliée1 ».Par le biais des bibliothèques de rue, des uni-versités populaires, du croisement des sa-voirs et des pratiques – actions et réflexionsmenées par le mouvement –, elle aiguise tou-jours plus ses perceptions et tente d’entrerdans la compréhension des personnes vivantla précarité. Cela déteint sur son enseignement. Et sur lesvaleurs qu’elle souhaite faire passer auprèsde son équipe éducative. Ses projets d’éta-blissement sont nourris de ces expériencesqui rejoignent son « credo ». Chez elle, les

« C’est un chemin vers la paix, et pas seulement une lutte

pour les droits de l’homme. »

50 ans de présence avec les plus pauvresATD Quart Monde* a 50 ans. Depuis 1957, les volontaires-permanents dumouvement s’engagent au quotidien avec les personnes très pauvres. Unemême volonté : redonner aux plus démunis leur rôle de premiers acteurs dela lutte contre la pauvreté. Revenons sur l’histoire. En 1956, le père Joseph Wresinski (1917-1988) entre pour la première fois dans le camp de Noisy-le-Grand où survivent 252 familles isolées en situation de très grande précarité. Ilne quittera plus ces familles et le monde de la misère dont il est lui-même issu.Rompant avec les schémas traditionnels de l’assistanat et de la charité, il fon-de en 1957 le mouvement ATD Quart Monde. Dès les débuts, des personness’engagent au côté de cet homme hors normes. Tout un travail de présence et

de dialogue s’instaure avec les démunis. Ce qui permet au mouvement de développer des projetsbasés sur leurs expériences et leurs besoins. Depuis les débuts, des avancées concrètes ont été réa-lisées. Une des clefs pour vaincre l’exclusion est de créer un dialogue durable entre les personnes vi-vant la misère et celles d’autres milieux. Aujourd’hui, le combat n’est que plus actuel et nécessaire.

TaporiEnsemble contre la misère, l’amitié pour vaincre l’exclusion**, tel est letitre de la mallette pédagogique Tapori*** (la branche enfants d’ATDQuart Monde), destinée aux enseignants pour sensibiliser les enfants de7 à 12 ans aux questions de l’exclusion et les aider à découvrir les valeurs de fraternité, de solidarité, d’entraide, en refusant à leur niveaula misère et l’exclusion. Ils travailleront à partir de trois livres riches du

vécu et des connaissances de ceux qui vivent misère et exclusion. De plus, des fiches permettentd’initier les enfants aux problématiques et à l’histoire de la grande pauvreté et de l’exclusion. Lamallette est inscrite dans le cadre des parcours civiques proposés par le ministère de l’Éducationnationale et l’association Civisme et démocratie (Cidem).

Sourires du mondeIl y a cinq ans, Belles familles, ouvrage réalisé par Jean-Louis Saporito (cf.ECA 275, pp. 36-37) avec la complicité d’ATD Quart Monde, nous faisaitdécouvrir des familles photographiées en France, chez elles, dans leurs ca-ravanes ou leurs logements précaires, plongées dans la grande pauvreté maisinfiniment vivantes. C’est leur sourire, élargi aux dimensions du monde, quel’on retrouve dans Sourires du monde****. Au Guatemala, en Thaïlande,en Pologne, au Liban, le photographe a retrouvé cette même force de viequi éclate à chaque page. Sourires du monde, comme un grand moment

de lumière pour rendre leur dignité à ces personnes noyées dans le quotidien et l’indifférence. EDC

* Sur internet : www.atd-quartmonde.asso.fr** Présentation et extraits sur le site des éditions ATD Quart Monde : www.editionsquartmonde.org (cliquer sur « Pour lesenfants » puis sur « Livres/autres médias »).*** Sur internet : www.tapori.org**** Éditions Les Arènes, 2007, 142 p., 2007, 23,75 € (les bénéfices sont reversés à ATD Quart Monde).

idées fourmillent, même si elle ne peut pastoutes les mettre en œuvre : objectifs réussite,solidarité entre enfants avec soutien mutuel,découverte de l’autre par le biais d’une mul-titude de petits faits et jeux, participation à lajournée du 17 octobre – Journée mondialedu refus de la misère –, rencontres entre en-fants venus d’origines très différentes,groupes Tapori2… Trente ans ont passé. Marie tire un premierbilan. « Cette expérience à ATD m’aide à être encommunication avec parents et élèves. À approfon-dir l’ensemble de mes relations humaines. C’est unchemin vers la paix, et pas seulement une lutte pourles droits de l’homme. Cela me fait vraiment croireen la force des enfants. Quand je vois ce qu’ils sontcapables de faire dans le quart-monde pour que cela se passe bien en famille ! Ils ont d’immenses

richesses. On n’exploite pas assez cela à l’école. Cequi caractérise le plus ces personnes en grande pré-carité, ce sont les ruptures qu’elles vivent en perma-nence. Or, ne pas pouvoir prévoir empêche d’ap-prendre. Être en contact avec eux oblige à être enrecherche permanente dans notre métier de prof. Età ne jamais renoncer devant un enfant, quelles quesoient les difficultés. » Y croire, donc… k

1. Être « allié » aux plus pauvres, cela veut dire, pour des per-sonnes ne vivant pas la précarité et la pauvreté, s’investir dansdes actions d’ATD Quart Monde et/ou agir dans leur environ-nement (professionnel, familial, associatif) en se formant avecle mouvement.2. « Tapori » est le nom donné en Inde aux enfants des rues,ceux qui quittent leur famille ne pouvant subvenir à leurs be-soins. Ils se retrouvent dans les gares pour mettre en communce qu’ils ont. Les groupes Tapori s’adressent donc aux enfantsafin que soient menées des actions pour faire en sorte qu’au-tour d’eux, aucun enfant ne soit rejeté, isolé.

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ferment systématiquement le rangpour s’assurer que les portes nerestent pas ouvertes. Leur force deproposition, voire de décision, rendtous les élèves acteurs de la dé-marche. Ainsi Romane, sept ans,raconte : « J’ai pensé que, comme onécrivait beaucoup, on devrait aussi recycler les cartouches. Et on a décidéde le faire ! Dans la cour, on ramasseles papiers à tour de rôle, mais on a demoins en moins de travail parce qu’ily a de moins en moins de papiers. »

IncollablesAutre grand projet de l’année :donner davantage d’envergure autriage des déchets mené dans l’éta-blissement. Pour cela, les partena-riats, que la démarche éco-école in-cite à nouer, s’avèrent très utiles.La venue d’employés des servicestechniques de Cambrai et des am-bassadeurs développement durablede la communauté d’aggloméra-tion a beaucoup marqué les en-fants. Comme Hugo, ils se révèlentincollables sur la valorisation des

Se soucier de la nature, s’interroger sur nos pratiques et nos sociétés, agir à son échelle… Au-delà des beaux discours, l’écologie s’inscrit dans un mode de vie et de pensée qui se forme dès le plus jeune

âge. Exemple à Saint-Bernard1, une école de Cambrai, qui a déjà bien engagé son Grenelle.VIRGINIE LERAY

Paré pour le Grenelle desécoles ? » demande XavierDarcos, le ministre de l’Éducation nationale (cf.encadré). « Plus que prêts ! »

peuvent répondre en chœur les430 élèves de « l’éco-école2 » Saint-Bernard de Cambrai (Nord). Avecdix autres établissements pilotes,elle a obtenu, en mai 2007, ce nou-veau label entérinant la sensibili-sation des jeunes élèves à l’envi-ronnement. Affiché à l’entrée del’école, ce certificat vert couronnetrois années concentrées sur l’éveilà la nature, l’éducation au recy-clage des déchets et la traque augaspillage énergétique. Mieux en-core, il vient apporter un cadrestructurant et des outils pour ac-compagner ce travail.Ainsi un éco-comité de suivi, misen place à la rentrée, se réunit cinqfois par an pour lister les objectifsà atteindre, organiser leur mise enœuvre et évaluer les progrès réa-lisés. Majoritaires dans ce conseil,aux côtés d’enseignants, de parentset de représentants des collectivi-tés locales : la vingtaine de délé-gués verts – deux par classe –, élusà l’issue d’une campagne très ani-mée. « La journée de formation reçueau moment de la délivrance du labelnous a donné des clefs pour mieux re-lier nos activités écologiques au pro-gramme ou pour impliquer davantageles enfants. L’élection de délégués quimotivent les autres, relaient les sugges-tions et participent à l’organisation desinitiatives fonctionne très bien. Ils pren-nent leur rôle très au sérieux et dirigentmême les débats lors des réunions ! »s’amuse Catherine Dutreux, en-seignante de maternelle. Dans certaines classes, les jeunesélus sont chargés d’approvisionnerune table en livres, documents etannonces diverses. Ailleurs, ils

Initiatives / environnement

détritus : « Il ne faut pas se tromperentre poubelle verte et poubelle jaune.Et surtout, se méfier des bouteilles avecune croix rouge ou une tête de mortqui polluent beaucoup, ou des pilesqu’il faut porter à la déchetterie. » Clément, lui, a découvert avec émer-veillement ces « voitures électriquesqui sont très peu polluantes ». Tous onten tête les containers que leur a re-mis la Ville à cette occasion. Avecl’aide des Arts décoratifs de Cam-brai, ils vont les customiser3… àgrand renfort d’objets de récupé-ration, bien sûr. Car Saint-Bernardaime à transformer l’art plastiqueen art écologique… En 2005, la

Attention, éco-école !fresque sur les moyens de loco-motion propres (des engins à laJules Verne, tout bariolés), qui dé-core la cour, a été réalisée avec lesmêmes moyens.Le message est d’autant mieux in-tégré par ces éco-citoyens en her-be, qu’il se décline dans une mul-titude de gestes quotidiens : destimbales « en dur » ont remplacéles gobelets à usage unique, et desgoûters collectifs les portions em-

ballées individuellement. Fondsd’écrans d’ordinateur ou jeux desociété exploitent le thème du développement durable… Jusqu’àl’atelier origami où les enfants don-nent une seconde vie aux feuillesusagées. « Au début, ils rechignaientà ramasser un papier qu’ils n’avaientpas eux-mêmes laissé par terre ; main-tenant, ils font attention au moindre ro-binet qui goutte… », observe BrigitteDhaussy, l’enseignante de CM1.Une posture d’autant plus natu-relle pour les élèves, que les adultesl’adoptent aussi : les circulaires àl’intention des parents sont en-voyées par e-mail et, en salle desprofesseurs, un tableau permet derelayer les informations impor-tantes sans inflation de photoco-pies. Petit à petit, les interrupteurss’équipent de minuteries et l’achatde papier recyclé est envisagé.

Main verte et tri des déchets. Dans le parc del’école, les enfants apprennent les techniquesde jardinage naturelles. Dans leurs classes, ils récupèrent les bouchons en plastique.

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Un volet santé parachève ce pro-jet d’établissement baptisé « Bas-kets et fourchette ». Une diététi-cienne intervient en classe et aidel’équipe de restauration à élaborerun menu bio hebdomadaire. Despersonnels de la Sécurité socialeont aussi expliqué à Clara qu’il fal-lait être multicolore pour avoir unebonne hygiène alimentaire : « Lebleu des produits laitiers ; la viande, lepoisson ou les œufs qui sont rouges ;les fruits et légume verts ; le marrondes féculents ; les graisses, jaunes com-me le beurre ; et un peu de rose pourles bonbons… Sans oublier l’eau, trans-parente, la meilleure des boissons ! »

Côté basketsLes enfants apprennent en plus àmanger des produits de saison etdu terroir, issus de leur potager-école ou du jardin médiéval avecses légumes d’autrefois, ses plantesmédicinales ou aromatiques etses fleurs. En sommeil depuis ladernière récolte de potirons, pourHalloween, les cultures n’attendentque la sortie des bulbes du prin-temps pour reprendre. Seuls lesépouvantails veillent sur le pluvio-mètre qui permet de mesurer l’eaude pluie récupérée pour l’arrosa-ge ou le ménage.Côté baskets, les élèves les usent,notamment en marchant une heu-re aller-retour pour se rendre aujudo. Et les parents ne sont pas enreste : à force de semaines bapti-sées « Marchons vers l’école » etd’incitations répétées à l’usage duvélo ou du covoiturage, de plus enplus de piétons se retrouvent pourdiscuter, sous le porche de l’école,en attendant la sortie des enfants.Les élèves jouent, en effet, les porte-parole écologiques chez eux.Ainsi, Benjamin a convaincu sonpère d’installer un récupérateurd’eau de pluie et un panneau so-laire à la maison ! Dans le mêmeesprit, les questionnaires élaborésafin d’évaluer l’empreinte énergé-tique de l’établissement ont aussiété distribués dans les familles. His-toire que chacun réalise qu’il prendtrop de bains ou se penche sur l’iso-lation de son domicile : « Les men-talités évoluent et les parents s’inté-ressent davantage aux activitésécologiques menées à l’école. Elles sont

même une nouvelle occasion de dia-logue avec eux », remarque PatriciaFrémeaux, une ancienne mèred’élève très impliquée dans la viede l’établissement.Pour diffuser leurs bonnes pra-tiques, deux élèves de CM2 ont mê-me interpellé le maire par cour-rier sur les illuminations de Noël.Ils ont appris, dans sa réponse, queles ampoules LED utilisées avaientune faible consommation, mais quemalheureusement non, on ne pou-vait pas brancher les guirlandes surdes éoliennes !Le 1er avril prochain, premier jourde la Semaine du développementdurable, l’école va franchir un autrecap en organisant un forum de l’en-

L’école, quartier général du changement des mentalitéssXavier Darcos a voulu que le Grenelle de l’environnement se poursuive dans les établissements scolaires,

collant ainsi aux préconisations de la circulaire* du 8 juillet 2004 et de la note** du 19 mars 2007 sur l’édu-cation au développement durable. Le 29 novembre dernier, il a officiellement lancé le Grenelle de l’environne-ment dans les écoles, sous le parrainage de l’explorateur Nicolas Vanier et en partenariat avec le ministère del’Environnement. Les établissements du second degré désireux de mettre en place une action peuvent présenterleur candidature sur un site dédié*** servant aussi de banque de documents et d’outils pédagogiques. En mai, une quinzaine de projets pilotes seront sélectionnés parmi eux. Sur le modèle de l’opération éco-école, lancée dans le premier degré l’an dernier, ce dispositif vise à structurer et à mettre en cohérence les multiplesAgenda 21 et autres initiatives isolées lancées dans les établissements. Dans les deux cas, les participants bénéfi-cient d’outils et de conseils, profitent de forums et de jeux pédagogiques, mais pas de financement. Pour orga-niser sa conférence-débat du 1er avril, l’école Saint-Bernard compte donc sur son éco-caisse. Depuis septembre,la vente à la sortie des classes de goûters baguette-chocolat a généré 300 euros de recettes. Un bon début, d’au-tant que la mairie de Cambrai s’est engagée à prêter des salles pour l’événement. À noter enfin que le dévelop-pement durable est revenu récemment dans l’actualité ministérielle : le 29 janvier dernier, un groupe de travailprésidé par Jacques Brégeon, professeur à l'Ecole Centrale Paris, directeur du Collège des hautes études de l'en-vironnement et du développement durable a rendu ses conclusions à Xavier Darcos. VL

* N° 2004-110, publiée au BO 28 du 15 juillet 2004. ** Publiée au BO 13 du 29 mars 2007. *** Adresse : www.lecoleagit.fr

vironnement pour les enfants. Aumenu, une douzaine d’ateliers animés par des élèves de Saint-Bernard et des intervenants del’Ademe4, de l’Agence de l’eau, del’ONF5, et un goûter… bio. À entendre les enfants discourirsur les éoliennes de Hollande, ledémantèlement du nucléaire enAllemagne, la disparition du Groen-land ou la sécheresse en Afrique,les débats promettent d’être riches.Pour Sylvie Debliqui, la directrice,« ils appréhenderont ainsi les dimen-sions économique et sociale du déve-loppement durable pour dépasser l’éco-logie pure et devenir des éco-citoyensaccomplis. C’est de cet objectif final quenotre projet d’établissement tire toute sa

cohérence : il y a bien sûr l’entretien denotre beau parc, la guerre aux papierspar terre, mais aussi des actions de so-lidarité avec le Burkina, des collectesde vêtements ou la Banque alimen-taire. Nous voulons faire comprendreaux enfants que tout cela découle d’unemême logique. Que tout est lié. » k

1. Adresse : 5 rue de Roubaix, 59400 Cambrai.Tél. : 03 27 81 23 63. Site internet : http://saintbernard.cambrai.free.fr - E-mail :[email protected]. Pour mieux connaître ce label internationald’éducation à l’environnement, cliquer surhttp://eco-ecole.org3. La customisation, c’est l’art de décorer unobjet avec des matériaux peu coûteux et beau-coup d’imagination. 4. Agence de l’environnement et de la maîtri-se de l’énergie. Internet : www.ademe.fr5. Office national des forêts : www.onf.fr

Se déplacer propre.Cette fresque,inspirée de l'universde Jules Verne, a étéréalisée enpartenariat avec les Arts décoratifs de Cambrai. Les élèves ontpréparé lesmaquettes en classeavant de tracer lescontours du décor et des véhicules.

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sur des éoliennes !

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délais de prise en charge posaient problème.Depuis, la création de cellules diocésainesnous permet d’intervenir préventivement,avant que le problème ne s’enkyste, avec uneréponse immédiate et sur mesure », expliqueMichel Dorveaux, directeur de Formiris-Bretagne. Résultat, une quinzaine de pro-fesseurs ont déjà été accompagnés durantle premier trimestre 2007, contre une dizaine par an avec l’ancien système.Les deux dispositifs suivent une mêmeprogression, débutant toujours par unephase de diagnostic, menée de préférencede manière collégiale : « Tout comme pourles bilans, nous prenons les décisions tous en-semble : nous sommes toujours sur le fil entreproblème personnel et professionnel, et mieuxvaut avoir plusieurs points de vue et plu-sieurs épaules pour porter cela », expliqueGuy Calande.

Ensuite, un tuteur prend en charge le suivi,en fonction du profil de l’enseignant, de samatière et de ses besoins, pour un accom-pagnement à la carte. Les visites en classesuccèdent aux entretiens particuliers, dansou hors de l’établissement. Beaucoup dedialogue et d’écoute, de lectures et deconseils balisent ce cheminement. « Le pro-fesseur, qui a souvent le nez dans le guidon,retrouve la distance indispensable pour tra-vailler sa posture pédagogique », résume GuyCalande.Bien souvent, un soutien psychologique axésur la pratique professionnelle parachève ledispositif. Mais attention, il ne peut s’agirque de thérapie comportementale, d’aideen matière de gestion des conflits, de rap-pels sur la psychologie des adolescents. « La plupart du temps, comme les difficultésdu professeur déteignent sur son moral ou quedes problèmes privés sont à l’origine de ses

SOS profs en détresseChanger de discipline, instaurer de nouvelles relations avec les élèves,

ou quitter l’enseignement… Les carrières des professeurs ne sont pas à l’abri d’aléas, et l’enseignement catholique progresse donc dans sa gestion des ressources humaines.

soucis, nous lui recommandons d’engager pa-rallèlement un accompagnement extérieur. Lelui faire accepter est souvent la première vic-toire dans la mesure où beaucoup de ces ensei-gnants sont dans le déni », précise MichelDorveaux.

Quitter l’enseignement…Autre difficulté, pointée par CatherineFauchille, partie prenante du dispositif duNord - Pas-de-Calais en tant que directricede Formiris : « L’accompagnement reste dansle cadre institutionnel : une interaction entrele maître, le chef d’établissement, l’accompa-gnateur, et Formiris Nord - Pas-de-Calais.Mais, lorsque l’enseignant nourrit des griefs àl’encontre de l’institution, le positionnementpose d’autres questions. La gestion des res-sources humaines aurait donc besoin d’êtreplus clairement identifiée dans l’enseignementcatholique afin de mieux répondre aux attentesdes enseignants. »Malgré tout, ces accompagnements parvien-nent à soulager une détresse qui, occultée,pourrait conduire à des drames. Sans être lapanacée. « Il arrive, dans de rares cas, que desenseignants refusent de changer leurs pratiquesou que le malaise soit trop profond pour être résolu par le suivi. On amène alors progressive-ment la personne à consulter un médecin-conseil, à envisager une préretraite ou une réorientation professionnelle », reconnaît Anne Pois, accompagnatrice rennaise. Il s’agit alors de quitter l’enseignement,car la majorité de ces enseignants ne peu-vent pas envisager une réorientation dansune autre matière où ils éprouveraient trèscertainement les mêmes difficultés rela-tionnelles et/ou pédagogiques. Formirispeut soutenir certains projets de reconver-sion dans d’autres secteurs d’activité. Mais,en la matière, priorité est donnée aux reconversions imposées par des raisonsmédicales. D’où la nécessité de traiter lesdifficultés des enseignants le plus enamont possible. k

1. Centre national de formation de l’enseignement techniqueprivé. 2. Institut de formation pédagogique.

Ressources humaines

VIRGINIE LERAY

Personne ne nie plus que des acci-dents de parcours professionnelsurviennent aussi dans le secteurpourtant réputé protégé de l’ensei-

gnement. Il peut s’agir de difficultésconjoncturelles, extérieures, liées parexemple à une réduction des heures decours pour certaines matières. Dansd’autres cas, plus complexes, des ensei-gnants rencontrent des problèmes de ges-tion de classe, causés par un, ou bien sou-vent, plusieurs facteurs : public sensible,fragilité personnelle, lacune didactique oupédagogique. Parce que nul n’est à l’abrid’une faiblesse, à tout moment de sa car-rière, et parce que ces situations s’avèrentdélicates à vivre pour tous, des dispositifsd’accompagnement se mettent en placedans l’enseignement catholique. C’estnotamment le cas en Bretagne et dans leNord où, fruit d’une réflexion de longuehaleine, deux pôles régionaux se sontcréés, en lien avec les directions diocé-saines.À Lille, c’est le CNFETP1 qui a initié la re-cherche : « Nous avons commencé par propo-ser des formations ciblées sur la gestion de laviolence ou du stress. Mais ces réponses didac-tiques, tout comme l’action de conseil pédago-gique, ont montré leurs limites : elles ne pren-nent pas en compte l’affect personnel, toujourstrès important. Des initiatives d’accompagne-ment individualisé ont donc vu le jour çà et là,et, depuis 2003, nous les avons unifiées ausein d’une cellule d’écoute, de soutien d’ac-compagnement et de médiation (Cesam) », raconte Guy Calande, le directeur. La cel-lule d’une dizaine de personnes – respon-sables diocésains, professeurs, chefs d’éta-blissement, personnel éducatif…– suit ainsichaque année entre dix et quinze profes-seurs, tant de l’enseignement techniqueque général, Cesam travaillant en lien avecl’IFP2 local.En Bretagne, le dispositif s’est égalementcherché. Voilà cinq ans, il s’agissait d’uneformation longue dont bénéficiaient lesprofesseurs en situation d’échec : « Les

Beaucoup de dialogue et d’écoute, de lectures et de conseils balisent

ce cheminement.

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Fatima Saddedine,professeur de français

Pendant 21 ans, dans le même établissement, le lycée Notre-Dame-des-Dunes1, à Dunkerque,Fatima Saddedine, professeur de

français, s’investit au maximum auprèsde ses élèves, « le souci de l’échéance deleurs examens toujours à l’esprit et désireusede lier la pédagogie à une rencontre humai-ne avec eux ». Mais cette implication l’aexposée. En 2004, une de ses élèves s’ef-fondre sous le poids de ses problèmespersonnels. Fatima Saddedine ne s’enremet pas : deux ans et demi d’une dé-pression sévère l’éloignent des classes.« Et, sans accompagnement à mon retour, jene pense pas que j’aurais pu continuer »,avoue-t-elle aujourd’hui, un an aprèsavoir repris. « J’ai développé un tel senti-ment de culpabilité que j’avais perdu touteconfiance en moi. Je ne me sentais plus ca-pable d’enseigner alors que c’est une pas-sion, érigée en idéal et héritée d’une tradi-tion familiale : tout ce qui constituait monidentité a été ébranlé. Je me retrouvais paniquée face aux élèves. Persuadée qu’ilsne voyaient que mon mal-être. »Insomniaque, en proie à une perpétuelleremise en question, Fatima Saddedine varetrouver son équilibre au contact dePascaline Provoost2, « une rencontre lumi-neuse, un soutien moral indispensable ».L’accompagnatrice, qui vit son rôle « com-me une mission permettant de partager l’im-mense joie que je trouve moi-même à ensei-gner », vit donc la même passion des

élèves et du métier que son accompa-gnée. Et sait trouver les mots justes : « Elle m’a répété que les élèves accrochaientavec moi. Qu’ils ne se rendaient pas comptede mon état. Cela m’a rassérénée. » Si Fati-ma n’avait guère besoin de conseils mé-thodologiques ou pédagogiques, elle atout de même bénéficié d’un recadrageutile : « Pour me rassurer, je recherchais laperfection, consacrant six heures à préparerune séance, voulant aller le plus loin pos-sible. Pascaline m’a redonné des repères,m’a remise dans la normalité… Et j’ai arrê-té de préparer des cours trop ambitieux ! »Pascaline Provoost, elle, a attaché unegrande importance à l’expérience :« Alors qu’en formation, on transmet un stockde connaissances prédéfini, la personne est aucentre de l’accompagnement, bien plus subtil.Elle fixe les objectifs, là où nous devons l’em-mener. Dans le cas de Fatima Saddedine, ils’agissait de revaloriser quelqu’un au potentielénorme. » Alors, quoi de plus gratifiant,en effet, que d’avoir remis sur les railsune pédagogue si accomplie ? VL

1. Adresse : 60 rue du Sud, 59140 Dunkerque. Tél. : 03 28 66 40 10. Internet : www.ndd-dk.com 2. Professeur d’anglais au lycée Ozanam (50 rue Saint-Gabriel, 59800 Lille. Tél. : 03 20 21 96 50). Elle a suivide nombreuses formations en rapport avec l’accompa-gnement à l’Institut de recherches et d'applications pé-dagogiques et à l’Association pour la formation des pro-fessionnels de l'enseignement technique privé (AFPETP),à Lille. Elle s’est aussi formée aux techniques de déve-loppement personnel de programmation neurolinguis-tique et à la méthode Gordon.

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Le point

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Accompagnement, mode d’emploiProcédureEn général, ce sont les chefs d’établissement qui adressent unedemande d’accompagnement aux dispositifs existants. Une directiondiocésaine ou un professeur peuvent aussi solliciter un soutiendirectement, mais, ensuite, le chef d’établissement doit êtreimpérativement associé à la démarche.Un suivi à la carteAprès un diagnostic établi à partir de l’observation des pratiques en classe, de questionnaires remplis par l’enseignant et son directeurainsi que d’entretiens, l’accompagnement, de durée variable, se déroule en au moins cinq rencontres sur l’année, dans l’établissement ou un lieu plus neutre. L’appui de collègues,dans ou hors de l’établissement, est aussi recherché. Une écouteactive rogérienne* permet au professeur d’échafauder de nouvellesstratégies relationnelles. Des formations complémentaires sur l’autorité ou la communication peuvent aussi être suivies.ContactsNord - Pas-de-Calais– Centre national de formation de l’enseignement technique privé,178 rue Sadi-Carnot, 59320 Haubourdin. Tél. : 03 20 10 31 90.Internet : www.cnfetp-lille.com - E-mail : [email protected]– Ou Formiris Nord - Pas-de-Calais : 1 rue des Promenades, 59110 La Madeleine. Tél. : 03 20 14 51 51. E-mail : [email protected]’adresser aux directions diocésaines bretonnes ou à Formiris-Bretagne, 45 rue Fernand-Robert - CS 16917 - 35069 RennesCedex. Tél. : 02 99 14 33 44. Internet : www.arpecbretagne.org E-mail : [email protected] la reconversionFermeture des filières de comptabilité, désaffection pour l’allemand,suppression de matières techniques… Des professeurs, trèscompétents mais dont l’emploi est menacé, doivent se reconvertirdans une autre matière. Les associations territoriales de Formiris les aident à établir un parcours de formation en fonction de leursaspirations et des places disponibles dans les disciplines d’accueilenvisagées. Une fois ce parcours validé par les inspecteurspédagogiques régionaux, un congé de formation peut être délivré à l’enseignant en reconversion qui reçoit 85 % de son salaire brut. Il peut aussi demander à enseigner à titre dérogatoire et à mi-tempsdans la matière d’accueil visée. Depuis la rentrée 2007, 94 dossiersde reconversion sont en cours de traitement dans toute la France.Les accompagnements pour un changement de secteur d’activité sont beaucoup plus rares. Ne serait-ce que parce que, lorsqu’il prendun congé de formation, un professeur doit ensuite des heures à l’Éducation nationale.

* Carl Rogers (1902-1987), psychologue américain, a privilégié, dans son approche de l’écoute, une relation entre le thérapeute et le client,fondée sur l’empathie.

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parooles d’d’élèvves

Yanis :C’est important d’aider lesenfants du Brésil. Le Brésil,c’est un pays très pauvre,surtout dans le Nord-Est.Les enfants sont obligés detravailler pour aider leursfamilles à vivre ; ils n’ontpas de vêtements, dechaussures ou de matérielscolaire. Grâce au centre,ils peuvent aller à l’école. Romain :Ils sont accueillis gratuite-ment. Les plus jeunes vont

à l’école le matin, et après ils ont à manger. L’après-midi, c’est un autre groupe qui est accueilli après avoir déjeuné. C’est importantparce que chez eux ils ne peuvent pas manger, leurs parents sont trop pauvres.Clément :Le centre ne peut recevoir les enfants que quelques heures par jour. Il faudraitqu’il puisse les accueillir plus longtemps pour leur apprendre à lire, à écrire. Pourça, il leur faut de l’argent. C’est là qu’on peut les aider. L’année dernière, on a récolté 2 850 euros : ils ont permis de construire la bibliothèque. Cette année, ondoit la remplir. Jérémy :Il faut acheter des étagères, des livres, des jeux éducatifs et plein d’autres choses.Pour ça, on fait des actions : on a vendu des billets de tombola, on a fait des bûches deNoël, des pizzas. On va faire un concert avec « La clé des chants »… L’argent qu’on récupérera, on l’enverra aux sœurs pour qu’elles achètent ce qui leur manque.Romain :Nous, nous avons la chance d’aller à l’école. Eux, ils ne vont pas à l’école parce qu’ilssont obligés de travailler. Nous, nous nous plaignons toujours de ne pas avoir assez.Eux n’ont rien et ne se plaignent pas. Ils sont pourtant obligés de tra-vailler. Ils n’ont pas à manger,ils marchent pieds nus.Clément :Si on les aide en leur permet-tant d’aller à l’école, ils pour-ront avoir un métier qui leurpermettra de vivre et de sortirde la misère. C’est importantque les enfants aillent à l’école.Les éducateurs brésiliens nousont expliqué que si les enfantsn’apprenaient pas à lire et àécrire, ils risquaient d’en venirà la mendicité, à l’esclavage,d’être enrôlés dans des bandes,ou encore de « tomber » dans laprostitution.

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Opération Brésil : e n mémoire d’Iqbal

Tout a commencé avec le documentaire surIqbal Masih qui a été présenté aux élèves deSegpa1 », explique Colette Goutailler2,professeur à Notre-Dame-d’Espérance3,à Saint-Étienne (Loire). « Iqbal Masih,

poursuit l’enseignante, c’est un jeune enfant escla-ve au Pakistan, mort pour avoir osé s’élever contreson bourreau, la mafia du tapis indien ; il avait pu-bliquement émis son désir d’apprendre à lire et de de-venir avocat pour défendre les enfants esclaves du monde entier. » Ce documentaire, explique Colette Goutailler, a troublé les élèves : « Ils se sontpris à rêver de changer le monde. » Restait à trou-ver comment continuer le combat d’Iqbal, comment aider à la scolarisation de ces enfantsaujourd’hui contraints, à travers le monde, à travailler.« La congrégation Notre-Dame, qui assure la tutellede l’établissement, est implantée au Brésil, expliquela directrice de Notre-Dame-d’Espérance, Annick Redon. Elle a créé à Juazeiro do Norto uncentre d’éducation communautaire, baptisé “O Semea-dor”. Celui-ci propose aux enfants ou aux adoles-cents des cours d’alphabétisation, des activités périscolaires […]. Par ailleurs, il offre à chacun

À Notre-Dame-d’Espérance, des élèves de Segpa ont permisqu’une bibliothèque s’ouvre au Brésil. Cet établissement de Saint-Étienne maintient un lien privilégié avec « O Semeador »,un centre qui accueille des enfants pauvres. Un beau projetqui a redonné du sens aux apprentissages.

Romain, Horly et Clément

Joël, Jérémy et Yanis

Agir ensemble. Tous prêts pour la deuxième phase de l’opération Brésil !

l’opportunité d’un repas quotidien. Lacongrégation souhaitait mettre en place unebibliothèque. C’est autour de ce projet quesont mobilisés les élèves de Segpa. »

Dans un premier temps, ces derniers ontcollecté les fonds nécessaires à la construc-tion d’une bibliothèque. Toutes les classesde la Segpa se sont engagées dans diffé-

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Yanis :Des éducateurs brésilienssont venus dans l’école. Onles a interrogés sur leur pays.Ils nous ont expliqué quebeaucoup de personnes vi-vaient dans des favelas, desendroits de très grandepauvreté. Horly :Ils nous ont dit qu’au Bré-sil, il y a de grandes inéga-lités : 80 % de la popula-tion vit avec moins dedeux euros par jour.Romain :Le Brésil, c’est un pays quiconnaît un fort développement économique. Mais ilconnaît aussi une dégradation de son environnement avec la surexploitation et ladestruction de la forêt amazonienne. L’Amazonie, c’est le poumon de la Terre,c’est une pharmacie vivante qui, aujourd’hui, est dévastée par l’homme qui coupeles arbres. Cindy : Les éducateurs brésiliens nous ont aussi parlé des conditions de vie dans leurpays. J’ai découvert les difficultés que rencontraient les habitants. Mais ils nousont aussi parlé de leurs fêtes, de leurs danses, de leurs chants. Tout ça m’a permisde mieux comprendre pourquoi je fais l’opération Brésil, de savoir où va l’argentqu’on récupère et à quoi il sert.Jérémy :Quand on écoute les éducateurs brésiliens, ça donne envie de continuer : il y atrop d’enfants qui ne peuvent pas manger, qui sont obligés de travailler et qui nepeuvent pas aller à l’école pour apprendre. Quand on apprend à lire à un enfant,c’est toute sa famille qui en profite. Joël : Dans les familles pauvres, il n’y a pas de livre, pas de journal. Alors quand un enfant revient avec un livre, sa famille est heureuse, elle aussi. En fait, quandles enfants ont des livres, c’est leur famille, leurs voisins, leurs amis qui en profitent. Horly :Avec l’opération Brésil, on a travaillé toutes les matières. Quand on a abordé ladécouverte du Brésil, on a étudié les trois grands déséquilibres du pays, on a alorsfait de la géographie.Clément :Quand on a dû vendre nos bûches, on a dû calculer le prix de revient, le prix devente et le bénéfice : on a fait des maths. Quand on a écrit aux sœurs qui sont là-bas, on a travaillé le français. Joël : En fait, avec l’opération Brésil, on a fait toutes les disciplines !

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE GLINEUR

paraît important que des enfants apprennent à lire etqu’ils puissent avoir un métier », écrivent les élèvesde 3e Segpa aux religieuses qui œuvrent au Bré-sil. Ainsi, au nombre des projets mis en place aucours de l’année scolaire 2007-2008, un spectaclechoral qui aura lieu, en mai prochain, à l’églisede la Terrasse, à Saint-Étienne. L’objectif de ces opérations, expliquent les élèves,est de contribuer à « remplir la bibliothèque que lesautres élèves de Notre-Dame-d’Espérance ont aidéà construire ». Il s’agit, précisent les religieusesde la congrégation, de mettre les livres à la dis-position du plus grand nombre : « Nous avonspu observer que ces petits livres sont non seulement“dévorés” par les enfants de notre centre, mais aussipar leurs frères et sœurs, et même par leurs parents.Il faut savoir que dans ces familles très pauvres, iln’existe aucun livre, aucune revue, aucun journal.L’enfant qui arrive à la maison avec un livre prêtépar le “Semeador” est accueilli avec une grandejoie par toute la famille, et une pointe de curiosité. »Pour Colette Goutailler, l’opération Brésil « a ap-porté de la motivation chez les élèves ; elle a constituéle support à un travail pédagogique » : les diffé-rentes disciplines ont été mobilisées autour d’uneaction commune, et le projet a ainsi permis de re-donner sens aux apprentissages. Ainsi, certainsélèves ont-ils trouvé là l’occasion de « faire » dufrançais, des mathématiques, de la géographie.Elle a, par ailleurs, permis à tous de se familiari-ser avec les enjeux du développement durableou du commerce équitable. Au-delà, elle a étépour eux une opportunité de s’engager pour lapremière fois dans une œuvre humanitaire. Et désormais, ces élèves cernent au mieux cequ’est la vie au Brésil. Ils ont, en effet, accueilliune délégation brésilienne qui a pu répondre àleurs interrogations et témoigner de ce qui étaitvécu dans ce pays. « Avez-vous eu la chance de fai-re des études ou avez-vous travaillé jeune ? » ; « Est-ce que la vie là-bas, au Brésil, n’est pas tropdifficile ? » ; « Que se passe-t-il dans votre pays ac-tuellement ? » ; « Y a-t-il beaucoup de chômeurs ? »...Telles ont été les questions auxquelles les Brési-liens ont répondu.« Si l’on pouvait agrandir notre minuscule biblio-thèque ! Acheter d’autres livres, des revues intéres-santes, des jeux pédagogiques… et mettre tout ce ma-tériel à la disposition de ces personnes tellement “af-famées” de savoir ! Nous pourrions ainsi atteindrenon seulement les enfants et adolescents qui fréquen-tent notre centre, mais aussi leurs familles, leursamis, leurs voisins. » C’est à la concrétisation dece vœu des religieuses qui s’investissent aucentre d’éducation communautaire, que se sont attelés les élèves de Segpa de Notre-Dame d’Espérance. VG

1. Section d’enseignement général et professionnel adapté.2. Responsable pédagogique de la Segpa et professeur principalde la 3e Segpa.3. Institution Notre-Dame-d’Espérance, 16 rue Jean-Révollier, 42000Saint-Étienne.Tél. :04 77 93 54 20. Internet : http://nde42.free.fr

Opération Brésil : e n mémoire d’Iqbal

rentes actions : fabrication et vente debûches de Noël, organisation d’un cous-cous, d’une tombola… Cette année, l’opé-ration Brésil a été reconduite. « Nous allons

essayer de continuer le projet de l’an passé pourvous aider pour votre bibliothèque. Nousavons pris conscience de vos problèmes et nousallons travailler pour vous soutenir. Il nous

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Demet, Cindy et Wassila

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ÉTIENNE VERHACK1

La Suisse n’est guèreétendue et relative-ment peu peuplée : ses 41 285 km2 de superficie abritent 7,41 millions d’habi-tants. Ce pays fédéralse compose de 26 can-tons, ayant chacun

une Constitution, un parlement, un gou-vernement, une large autonomie fiscale etdes compétences étendues, notamment dansle secteur scolaire. D’un canton à l’autre, les différences sontgrandes. Ainsi, celui de Zurich compte plus de 1,26 million d’habitants, quand celui d’Appen-zell Rhodes Intérieures n’en recense que 15 000. Les Suisses se partagent entre quatre languesofficielles : l’allemand (63,7 %), le français(20,4 %), l’italien (6,4 %) et le romanche(0,5 %). Restent 9 % de la population qui ontune autre langue maternelle, une situationdue à la forte présence de résidents étrangers(ils représentent 20,6 % de la population). Le panorama religieux, pour sa part, est relati-vement peu différencié, avec 42 % de catho-liques et 35 % de protestants2.

L’Église et les cantonsEn Suisse, le statut des religions varieselon les cantons ; la Confédération negarantit que la paix religieuse. Dans laplupart des cantons, les Églises catho-lique romaine et évangélique réforméesont reconnues de droit public et peu-vent même percevoir des impôts3.Dansdeux cantons, ceux de Genève et deNeuchâtel, il y a une séparation entreles Églises et l’État, et dans un autre lasituation est encore floue. En général,le système fonctionne bien, même sil’on peut rencontrer ici ou là, quelquesproblèmes. Les plus grandes différences

mières écoles gratuites pour filles. Suivirent,entre autres, les Marianistes et les Frères desécoles chrétiennes. Cette forte présencecongréganiste a été mise en cause une pre-mière fois au XIXe siècle, à cause d’un impor-tant processus de laïcisation qui a mené à lasuppression de plusieurs ordres religieux, etune deuxième fois, à partir des années 1960, àcause cette fois du manque de vocations tou-chant plusieurs congrégations. Conséquencede ce qui précède : nombre d’écoles catho-liques sont passées sous le contrôle direct descantons, sans que l’Église locale s’alarme véri-tablement de ce changement d’identité.

OrganisationLa Fédération des écoles catholiques de Suisse (KSS/ECS/SCS4) est présidée par BeatBollinger. Son secrétariat est assuré VreniFehr-Hegglin. À la Conférence des évêques suisses (CES),Mgr Pier Giacomo Grampa, évêque de Luga-no, est responsable des écoles catholiques.Son adjoint est Mgr Martin Werlen, père abbéd’Einsiedeln. Ce dernier se charge, en fait, dela plupart des relations avec les établisse-ments, la majorité étant de langue allemande.Il existe un annuaire des écoles catholiques de

Suisse (ECS), qui regroupe les écolespar régions linguistiques et géogra-phiques (cf. « Contacts et liens »).

EffectifsAu total, durant l’année scolaire2005-2006, les écoles catholiques deSuisse accueillaient 9 861 élèves etétudiants : 6 205 élèves pour le degréprimaire et le degré secondaire 1 ; 3 056 élèves pour le degré secon-daire 2 ; 600 étudiants dans le degrétertiaire5.

Formation des enseignantsIl n’existe aucun organisme de forma-tion pédagogique spécifiquement

En Suisse, pays où l’on compte presque autant de systèmes scolaires que de cantons, et pas moins de quatrelangues officielles, il n’est pas facile de s’organiser au plan fédéral. L’enseignement catholique n’échappe pas

à cette règle. Son avenir – sinon sa survie – passe par une plus grande implication de l’Église.au niveau des cantons se situent dans le do-maine financier : si dans certains d’entreeux, les Églises sont riches, dans d’autres lesressources sont au contraire limitées. Unautre problème réside dans le fait que lescantons ne reconnaissent de droit public quela corporation (organisée de façon démo-cratique) et non pas la structure canoniquede l’Église (il y a de fait deux structures pa-rallèles) ; en outre, les diocèses regroupentplusieurs cantons qui vivent souvent des si-tuations très différentes.

Un peu d’histoire Comme à peu près partout en Europe dans lepassé, en Suisse, les écoles catholiques étaientessentiellement des établissements de congré-gations spécialisées dans l’enseignement. AuXVIIe siècle, les Ursulines y créèrent les pre-

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Suisse romande. Notre-Dame-du-Lac, à Genève.

Faire l’école en Europe

Nombre d’écoles catholiques sontpassées sous le contrôle directdes cantons, sans que l’Église

locale s’alarme véritablement dece changement d’identité.

L’école catholiqueen Suisse

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catholique. En ce qui concerne la formationcontinue des enseignants, la fédérationKSS/ECS/SCS a très peu de moyens et ne peutdonc organiser que des rencontres ponc-tuelles. Soulignons que les écoles catholiquescollaborent étroitement avec la KAGEB/FECAS6. Cette fédération, qui œuvre dans ledomaine de l’éducation des adultes, regroupeune trentaine de maisons de formation catho-liques, de services spécialisés et d’associations àtravers le pays.

FinancementEn Suisse, la liberté d’enseignement est garan-tie partout, mais, dans leur majorité, les can-tons n’accordent aucun financement auxécoles catholiques, ni, plus généralement, auxétablissements d’enseignement privé.

Problèmes d’avenir… Les problèmes actuels de l’école catholique enSuisse tiennent surtout dans :– une diminution rapide du nombre des éta-blissements, due aux nombreuses fermetureset au nombre insuffisant de créations ;

– une grande difficulté à travailler au plan fédéral, essentiellement à cause des obstacleslinguistiques ;– le fait que les écoles catholiques ne soient pastoujours la préoccupation majeure de l’Églisede Suisse (sauf au Tessin, où l’on rencontremême deux écoles diocésaines, et à Zurich oùles écoles catholiques sont subventionnées parl’Église locale). Le risque est grand de ne plus voir bientôt enSuisse qu’une vingtaine d’écoles au total, et quine pourront être sauvegardées que si l’Égliseou les cantons assurent leur financement. k

1. Secrétaire général du Comité européen pour l’enseignementcatholique (CEEC). 2. Les résultats du recensement effectué en 2002 indiquentque la Suisse comptait quelque 300 000 musulmans, 130 000 orthodoxes, un peu plus de 21 000 bouddhisteset près de 15 000 juifs. (Source : www.religion.info).3. Dans le canton de Fribourg, par exemple, les communautéscatholique, protestante et juive, qui jouissent d’un statut dedroit public, bénéficient d’un impôt spécifique, prélevé auto-matiquement dès lors que le contribuable déclare appartenir àl’une de ces trois communautés (Source : www.religion.info).4. Katholischen Schulen Schweiz/Écoles catholiques de Suis-se/Scuole Cattoliche della Svizzera. Le site internet de l’ensei-gnement catholique suisse (cf. encadré pour l’adresse) présente

uFédération : Écoles catholiques de Suisse (ECS),Alpenquai 4, Case postale 2069, CH–6002 Lucerne.

Tél. : +41 41 227 59 80. Fax : +41 41 227 59 81. Internet : www.ecolescatholiques.ch E-mail : [email protected] Chargé des relations internationales (et plus particu-lièrement de l’Europe) : Don Patrizio Foletti, Directeur duCollegio Papio, CH–6612 AsconaTél.: +41 91 785 11 65. Fax: +41 91 785 11 69.E-mail : [email protected] Pour consulter l’annuaire en ligne des écoles catholiquesde Suisse : www.ecolescatholiques.ch (rubrique « Écoles »).l Pour de plus amples informations sur la vie de l’Église,on consultera le portail francophone des catholiques deSuisse : www.catholink.ch

Contacts et liens

une entrée pour chacune des trois langues principales du pays.5. Même si en matière de système scolaire, chaque canton ases particularités, on peut considérer que le degré primaire etle degré secondaire 1, qui recouvrent les années de scolaritéobligatoire, accueillent les élèves de 6 à 15 ans, et correspon-dent à nos école primaire et collège. 6. Katholische Arbeitsgemeinschaft für Erwachsenenbildungder Schweiz und Liechtensteins /Fédération pour l’éducationcatholique des adultes de la Suisse et du Liechtenstein. Internet : www.fecas.ch

Suisse allemande. Kollegium St. Michael, à Zug. Suisse italienne. Istituto Sant’Eugenio, à Locarno.

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STRATÉGIE BTS-LMD L’exemplaire : 1,50 € ; 1,00 € à partir de 100 ex.

Nom / Établissement : ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Un document élaboré par Renasup (Réseau National d’Enseignement Supérieur privé)

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planning de commandes, tout en veillant àêtre prêt à l’heure. Les clients (TF1, FranceTélécom, La Poste, André ou le Crédit Lyon-nais…) apprécient le travail bien fait. Au pro-gramme de ce jour, pas moins de 1 100 cana-pés à tartiner. Demain, ce sera un cocktail de2 000 personnes à assurer. Les verrines seremplissent de guacamole, le pain surprisemonte d’un étage, grâce à la dextérité de Léaet Hugo, infirmiers stagiaires, qui travaillent

ici dans le cadre de leur formation, épiso-diquement mais régulièrement. Car « la sécurité vient de la stabilité de l’équipe »,explique Suzanne Vidon, créatrice de cette structure originale.Comment se restructurer dans un travailaussi exigeant avec un personnel qui peutavoir des défaillances ? Avec l’aide de bé-névoles (ils sont vingt en tout) qui tien-nent leurs promesses de sérieux et de ré-gularité, font face aux coups de feu, avecet comme les autres, et sont priés de par-ler cinéma plutôt que bleus à l’âme – lespsys, c’est dehors qu’on les voit. « Quandc’est raté, c’est nous qui le mangeons, mais mal-heureusement, cela n’arrive pas souvent ! »Manon sourit et continue de battre sa pâte à crêpes. « Vous avez vu, comme ils ont l’air heureux ? Cesont nos enfants ! » De grands enfants, deplus en plus adultes et autonomes, dont,en effet, Suzanne s’occupe avec amour.Elle leur donne chaque semaine descours de tai-chi-chuan (pour eux, elle apassé son brevet de monitrice), organisedes randonnées, des visites de musée etdes séjours à la montagne : « Huit jourspour apprendre à vivre ensemble ! »

C’est la conviction d’une issue possible à la ma-ladie mentale qui l’a toujours guidée. « Je n’aipas fait tout cela pour une idée mais pour des personnes que j’aimais », admet-elle sans lamoindre coquetterie.Sacrée histoire, en effet, que celle d’une petitedame qui ne demandait rien à personne, sinon de pouvoir prendre ses clients au sérieux! « J’ai été amenée à… Jamais, je n’ai déci-dé de créer un atelier de cuisine pour handicapés ! »

Les Fourneaux de Marthe et MatthieuMettre la main à la pâte peut permettre de reprendre pied dans sa vie.

Aux Fourneaux de Marthe et Matthieu, à Suresnes, une quarantaine de jeunes adultes psychotiques se réinsèrent en produisant petits-fours, pains surprises et autres délices…

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

C’est une histoire qui me dépasse ! LePatron, là-haut, m’a mise dans lacrème au beurre ! » déclare SuzanneVidon. Une charlotte sur la tête,

l’œil brillant, elle ouvre les portes des Four-neaux de Marthe et Matthieu – un trai-teur-Centre d’aide par le travail (CAT),géré par une association loi 19011.Nous voici dans 300 m2 en plein cœur deSuresnes, dans la banlieue ouest de Paris.Passé la porte d’entrée, on descend un es-calier, et le cœur des cuisines est atteint.C’est là que s’activent, à mi-temps, unevingtaine d’employés handicapés. Enrupture, à la suite d’une dépression oud’un choc émotionnel trop fort, ils souf-frent d’une maladie qu’on appelle psy-chose ou schizophrénie, considérée à jus-te titre comme très invalidante. Ils sont tous suivis par un psychiatre et as-treints à un traitement médicamenteux àvie. Mais ici, dans ce ventre chaleureux,ils travaillent, tout simplement, et ga-gnent leur vie. Pas n’importe comment :malaxer, broyer, donner forme, avec at-tention et précision, rééduque les cinqsens, repose le cerveau et le système nerveux.Faire la cuisine fait du bien, c’est commencer àse reprendre en main, à s’ancrer, avec lesautres, dans une réalité charnelle et simple.C’est aussi faire travailler sa mémoire, son at-tention, sa concentration…De la concentration, il en faut aujourd’hui àLucas pour garnir sans faillir des centaines depetits-fours, à Arnaud, grand professionnel etchef de cuisine, pour garder un œil sur son

Reportage

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Léa et Hugo. Pour ces jeunes infirmiers en stage, le pain surprise n’a plus de secret.

Aux Fourneaux. Un planning de pros à suivre de près ; les verrines de guacamole ; Suzanne Vidon en compagnie de Julia, jeune psychologue en stage, et d’Emmanuel, l’un des employés du CAT.

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e et MatthieuQuatre enfants, un mari compréhensif et dé-voué, un cabinet libéral de praticienne de laméthode du docteur Vittoz 2, Suzanne étaitanimée par la passion de comprendre l’uni-vers morcelé et angoissant dans lequel se meu-vent les psychotiques. Ces hypersensibles sontdevenus comme « poreux » à un monde exté-rieur qui les assaille et les agresse, alors queleur intellect n’est plus d’aucun secours. « Pourrecharger ses batteries, il faut alors arrêter de pen-ser, sentir la vie de façon concrète. »

Avec des amisCe qu’elle sait, elle le met en pratique, dans sacuisine. Notamment, avec Thomas3, un gar-çon venu de l’autre bout de la France, que dixans de psychiatrie avaient difficilement stabilisé.Aucun médecin ne pensait possible de soula-ger davantage sa souffrance. Là, debout, dansle salon de Suzanne, lui que la maladie avaitrendu sans réaction, s’entend dire : « Écoutez,Monsieur, vous n’êtes pas handicapé physique nisocial. Vous avez fait des études, donc vous êtes intelligent, ce n’est pas possible qu’il n’y ait plusd’avenir pour vous ! » « Alors, raconte Suzanne, pour la première fois,j’ai obtenu un regard vivant et j’ai décidé d’agirpour ceux qui souffrent de psychose. »Au nom des bienfaits du travail manuel, ellepense d’abord à la réfection d’appartements,pour Thomas et aussi Emma, ses patients sui-vis en consultation individuelle. Puis, elle ren-contre le fondateur de La Table de Cana 4, le père Franck Chaigneau. Depuis toujours,Suzanne aime faire la cuisine… Sa maison estassez grande pour y faire travailler Thomas etEmma, ainsi que d’autres qui rejoignent l’en-droit peu à peu. Ils y passent de plus en plus detemps : « On faisait des tartes pour les copains deuxaprès-midi par semaine, et j’ai vu arriver trois autrespsychotiques alors que je n’avais rien demandé. » Au bout de deux mois de ce système D, sonmari estime impossible de continuer ainsi. « Jeme suis alors décidée à aller voir le maire de Suresnes pour lui demander une cuisine plusgrande, convaincue qu’il refuserait. Mais il m’ena proposé une dans une annexe de la mairie ! Àchaque fois que je pensais : cette fois, ça y est, jesuis bloquée, j’avais une réponse positive et la voies’ouvrait. J’ai souvent eu l’impression d’être por-tée par une énorme vague. » Suzanne ferme donc son cabinet de psychothé-rapeute, va voir un grand traiteur qui lui pro-pose son aide pour la former. Il lui apprend àfaire la ganache comme une professionnelle.

Une compétence qu’elle transmet aussitôt. Ellerencontre ensuite Michel Gilibert, alors secré-taire d’État chargé des handicapés et des acci-dentés de la vie, et comprend qu’elle va devoirentrer dans les normes administratives : faireconstater qu’elle fait tourner… un CAT !

C’est en 1991 que les Fourneaux de Marthe etMatthieu sont ainsi agréés, à l’essai, pour troisans. L’expérience est finalement validée par laDDASS5 qui ne peut que constater l’excellen-ce des résultats. Le nom ? Suzanne l’a trouvédeux ans plus tôt, avec des amis, en bavardant.« Fourneaux » s’imposait, « Marthe » aussi, maisla flanquer de Marie aurait exclu tous ceuxpour qui l’Évangile n’est qu’une belle histoire(et les employés du CAT sont tous de confes-sions différentes ou athées). Ce sera donc « Matthieu » : « Entre une besogneuse et un contrô-leur des impôts, on aurait de bons patrons ! »Ensuite, tout s’enchaîne. Une publicitaire, sœurd’un malade, dessine le logo. « Quand on faitquelque chose pour les autres, avec beaucoup d’éner-gie, on est à chaque fois aidé ! Si je n’avais pas étécroyante, je le serais devenue…», raconte Suzanne.Aujourd’hui, Thomas travaille toujours auCAT et a trouvé son équilibre affectif et social. Emma fait maintenant de l’archivage chez undentiste et mène une vie paisible. Suzanne, à69 ans, passe peu à peu la main et n’assure plusau CAT que deux après-midi par semaine,plus les cours de tai-chi-chuan : « Je suis un peu

la grand-mère de tout le monde ! » Des profes-sionnels, dont un chef de cuisine, deux cuisi-niers et un pâtissier diplômés sont venus ren-forcer l’équipe. C’est Thierry Colin, le directeur, qui assure lacontinuité commerciale et administrative de lamaison, et surtout l’accueil des jeunes adulteshandicapés. Les candidats voient un psy-chiatre, un psychologue et… lui : « Si les avis sontconcordants, c’est oui. Je me base sur la capacité et la motivation à se plier aux exigences d’un travail collectif : apprendre, recevoir des consignes de travail, être contrôlé et subir parfois des engueulades. »

Avec les banquiersCinquante pour cent des candidatsrenoncent6, confrontés à la réalité d’un travailqui exige de se lever tôt, de se faire évaluer, derecevoir des ordres. « Des éléments de naturestructurante mais frustrante. Tout le monde n’apas envie d’assumer cela », explique Thierry.Une fois intégré à l’équipe, on se forme en binôme, par la méthode classique de l’appren-tissage. Et bientôt, pesées et nettoyage, essen-tiels dans ce travail physique très réglementé,n’ont plus de secret pour personne. Au bout de trois ans, certains s’installent, prati-quement à vie. D’autres « nous quittent car ilspeuvent gérer leur maladie, n’en ont plus honte et ontleurs projets », dit Suzanne. Environ 5 à 10 % deseffectifs se réinsèrent en milieu ordinaire tousles ans. « Ils reviennent nous dire bonjour ! »Bientôt, il leur faudra noter une nouvelleadresse sur leur carnet : les Fourneaux démé-nagent, pour plus grand. 1 200 mètres carrés àColombes. Avec l’aide des banquiers, qui savent repérer les affaires qui marchent ! k

1. Adresse : 25 rue Émile-Duclaux, 92150 Suresnes. Tél. : 01 46 9704 09. E-mail : [email protected] - Les dons pouraider le CAT sont déductibles des revenus imposables. Passer descommandes est aussi un moyen de l’encourager. Les livraisons sefont dans un rayon d’environ 30 kilomètres autour de Paris. Lesproduits sont préparés pour une consommation le jour même.2. Roger Vittoz (1863-1925), médecin suisse, a élaboré uneméthode de rééducation du contrôle cérébral.3. Les prénoms ont été changés.4. Autre CAT traiteur. 5. Direction départementale des affaires sanitaires et sociales.6. Il n’y a que 44 places, le CAT est souvent obligé d’inscriresur liste d’attente.

« Je me suis dit qu’entre une besogneuse et

un contrôleur des impôts, on aurait de bons patrons ! »

Relais. Suzanne Vidon à côté du directeur, Thierry Colin.

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Musique religieuseet champs disciplinaires

Fait religieux

ISABELLE MIMART

Oui, j’étais toute remplie du conte, etje brûlais de le redire. » Je n’ai pro-bablement pas la naïveté de Zer-binette qui prononce ces mots dansLes Fourberies de Scapin (Acte III,

scène 4), mais j’ai son enthousiasme. Commentvous « redire » toute la richesse de la semaine« Littérature, musique et religion » ? L’intitulé de cette session, qui s’est déroulée àl’Ifer de Dijon du 19 au 23 novembre 2007,était à la fois rassurant – « littérature » et « religion » ont déjà figuré dans les thèmes denos semaines de travail – et un peu déconcer-tant – « musique » annonçait une nouveauté.D’autant que ce sujet, tout à fait original dansles programmes de formation, s’adressait à tousles enseignants – et donc pas aux seuls pro-fesseurs de musique. Mais, lors de ces jour-nées, nous sommes toujours invités à une ou-verture bien au-delà de notre discipline. « La musique dans sa dimension créatrice et spi-rituelle », « La musique spécifique du christianis-me », « Les rapports ambigus entre texte et mu-sique dans le religieux »… Ce ne sont que

quelques titres de conférences, il n’est pasquestion d’en donner ici une liste exhaustive,mais d’entrer davantage dans la probléma-tique de la semaine afin de « la conter ».Le piano et le lecteur de CD, à côté de latable des conférenciers, n’étaient pas des élé-ments de décor. Ils nous annonçaient quenous allions vivre cette semaine avec la mu-sique. La découverte du patrimoine est tou-jours centrale dans nos sessions. Ici, nousétions certains de faire l’expérience quoti-dienne du patrimoine musical, certains d’enêtre nourris au cœur des apports de nosconférenciers.

Pour tenter d’être claire dans le conte desgrands moments de ces cinq journées siriches, je suivrai trois lignes conductricesentre lesquelles il y a bien sûr des liens quechacun est amené à faire différemment : une

ligne sensible, une autre plus intellectuelle,une dernière que je qualifierai de déroutante.Toutes se rejoignent évidemment sous lesigne de l’enrichissement de nos pratiques pédagogiques.La première intervention véritablement mu-sicale, celle de Mgr André Dupleix2, a consti-tué l’approche sensible. Il nous a entraînésdans la dimension créatrice de la musique, enaccompagnant ses propos d’illustrations pic-turales et musicales – l’ouverture de La flûteenchantée de Mozart, Le vent de l’Esprit deMessiaen, notamment – pour montrer « lesperspectives infinies » auxquelles invite l’art. Il nous a proposé ensuite, aux côtés d’un compositeur et de deux chanteuses, une démonstration vivante et émouvante du faitque la musique est pétrie d’humain – doigtssur le piano, voix, corps, fragilités étaient palpables –, laissant pourtant déjà soupçon-ner que « la musique est, peut-être, la forme la plus accomplie de l’acte créateur […], qu’elleest l’art qui transmet le plus », nous interpellantdès à présent aussi dans nos préoccupa-tions d’enseignants – « L’art musical est un artpédagogue ».

Étudier une œuvre religieuse

fait partie du socle commun.

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En novembre dernier, l’Ifer1 invitait à réfléchir sur un thème nouveau : « Littérature, musique et religion ». Compte rendu d’une enseignante

qui a suivi avec enthousiasme cette semaine de formation.

Au piano. Yves Audard (à gauche) et Mgr André Dupleix ont enrichi leurs propos de quelques illustrations musicales.

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des contradictions, par rapport à la placedu chant, perceptibles jusque dans LesConfessions de saint Augustin avouant « […]parfois j’accorde au chant plus d’honneur qu’iln’y convient », avant de s’extasier plus loin :« […] s’il y a du chant c’est enflammé » (et notreconférencier de préciser que chez Calvin c’est« en flambé » !). Que dire de la musique qui rayonne par elle-même car elle fait naître une expérience parses propres résonances? L’écoute à ce mo-ment-là d’un extrait de la Passion selon saintJean de Bach (« Le reniement de Pierre »)nous propose tous les « possibles » : le texte estpremier dans le récitatif, puis il y a un mouve-ment d’intériorisation dans « Seigneur, prendspitié face à mon péché », puis une appréhen-sion du texte plus forte dans le choral « Jésusest ma joie ». De la méditation à la mystique du XVIIe siècleavec Fénelon, le lien s’est tout naturellementfait avec l’apport de François-Xavier Cuche,rejoignant l’entrée privilégiée « Littérature etreligion », car l’œuvre de Fénelon, avant toutthéologien mystique, se déduit de son attitudespirituelle. La conférence, passionnante, aévoqué la doctrine du « pur amour » qui dis-tingue cinq degrés dans l’amour de Dieu, de-puis l’amour de pure concupiscence jusqu’àl’amour totalement désintéressé – le « puramour », donc – qui prône le sacrifice de cha-cun pour la prospérité de tous. A été développé ensuite l’immense apport duchef-d’œuvre de Fénelon, Les Aventures de Télémaque publié en 1699. Nous, en tant queprofesseurs, avons été fascinés par ce modèlede pédagogie qui met au cœur de sa dé-marche le récit initiatique. Une question cen-trale a alors été posée : pourquoi un mythepaïen pour exprimer en réalité une penséechrétienne ? Si, chez Bossuet, le modèle poli-tique vient de l’Ancien Testament, chez Féne-lon, il vient de l’Évangile ; on peut dire que lafigure christique y est omniprésente. Il s’agitbien du message chrétien mythologisé dans lerécit fictif. La conclusion nous a proposé un retour versla musique car le style de Fénelon, fait de« fondus enchaînés », de répétitions et redon-dances, de nombreuses juxtapositions, relèved’un univers musical dont le phrasé estproche de celui des opéras, toujours plein depassion. Le Télémaque est davantage uneépopée qu’un roman, donc une œuvre poé-tique, musicale et métaphorique. Il n’est passurprenant que l’on ne compte plus les opé-ras inspirés de Fénelon : Campra, Scarlatti,Gluck, Mozart avec le célèbre Idoménée, roi deCrète. La conférence de Patrick Piguet, « La mu-sique, part sacrée de la poésie », a relié subtile-ment tous les domaines déjà évoqués. L’ap-

proche sensible dans la musique se retrouvaitici dans la poésie ; la notion de rapport au sacré, déjà présente, se révélait encore davan-tage avec le mouvement poétique pour qui nesuit pas la musique. « Qu’est-ce donc que lamusicalité dans la poésie ? » « La musique est-elle lapart sacrée de la poésie ? » De questionnement enquestionnement, des réponses s’esquissaient :« La musicalité dit la présence au monde […], elle pui-se dans l’éternel », a dit le poète Yves Bonnefoy, en1991, au cours d’une conférence sur Mozart.Une musique qu’il voyait aussi comme « unepromesse intenable en poésie ». Ces derniersmots, Patrick Piguet les laissaient à notre mé-ditation, alors que son intervention s’achevaitsur un poème d’Yves Bonnefoy, À la voix deKathleen Ferrier3, et sur la dernière partie – in-terprétée par Kathleen Ferrier, en 1952, trèspeu de temps avant sa mort – du Chant de laterre de Mahler.

Approche du hip-hopLa demi-journée consacrée à la mouvancehip-hop, animée par Jean-Louis Bischoff 4,professeur de philosophie, et quelques-uns deses étudiants de l’École supérieure d'art et decommunication de Paris, a été très riche. Peut-être peut-on dire que cette ligne-là est plus déroutante, non pas parce qu’elle manqued’intérêt, mais parce qu’il s’agit d’un domai-ne mieux connu des jeunes – donc de nosélèves – que de nous-mêmes. Beaucoup d’en-seignants présents ont effectivement avoué« ne rien y connaître ». Les propos de Jean-Louis Bischoff présentantd’abord la genèse et les grandes étapes du mouvement ont donc été très écoutés. Des extraits musicaux, des clips vidéo, une approche de textes de rappeurs ont permisde faire saillir les valeurs de la tribu musicale,contrebalancées par ses contre-valeurs.

La répétition de la maîtrise de la cathédraleSaint-Bénigne, proposée le lendemain, ré-pondait parfaitement à ces propos : desjeunes, qui auraient pu être nos élèves, onttravaillé le chant sous la direction d’AlainChobert. Il s’agissait de chants liturgiques deNoël, une forme d’enseignement du fait reli-gieux par le biais de la musique. Le rythme, ladynamique s’avéraient les mêmes que dansnos classes, seul le contenu pouvait être diffé-rent. Recommencer, encore et toujours, maisseulement après des encouragements fré-quents : les « Je vous félicite » invitaient, en effet, à faire toujours mieux et toujours plusensemble.L’émotion, la pédagogie, l’approche sensiblepar le savoir-être, le savoir-faire, nous ont peuà peu menés vers une exigence peut-être plusintellectuelle car tout est lié : nous ne pouvonsnous passer du savoir savant pour être profes-sionnellement crédibles.

La place du chantLes sessions de l’Ifer, soutenues par le secré-taire général de l’enseignement catholique,Éric de Labarre, nous proposent de rencon-trer des spécialistes et des chercheurs qui nousexposent brillamment leur travail, sans inter-médiaire. Ce fut le cas avec Emmanuel Bellanger, directeur de l’Institut d’art sacré deParis, François-Xavier Cuche, professeurémérite de l’université Marc-Bloch à Stras-bourg, ou Patrick Piguet, professeur à l’Insti-tut d’art sacré de Paris. Le premier, évoquant « les rapports entre texteet musique dans le cadre religieux », a préciséque si l’on applique une musique sur un texte,il y a déformation du texte, mise en espace dece texte dont l’intermédiaire est un corps, unevoix humaine. Apparaissent alors trois typesd’exigences : d’ordre esthétique (y a-t-il adé-quation entre la grandeur du mystère expri-mé dans le texte et la beauté de la musique ?) ;d’ordre éthique (quel est le lien entre ce quiest chanté et ce qui est vécu ?) ; d’ordre spiri-tuel (y a-t-il un don particulier, une possibi-lité nouvelle d’être touché par la Parole deDieu ?). D’extraits musicaux (chants grégoriens à lacathédrale de Strasbourg, Palestrina, Monte-verdi, petit motet de Sébastien de Brossard)en propos, les questions s’enchaînaient enco-re : quelle est véritablement la fonction de lamusique ? Comment la perfection d’uneconception polyphonique très architecturéechez Palestrina cherche-t-elle à montrer laperfection de Dieu ? Ou encore, avec Monte-verdi et le surgissement du chant soliste : com-ment la voix est-elle fascination car elle estl’imitation des mouvements de l’âme ?Emmanuel Bellanger a également évoqué

Voix immortelle. La « version légendaire » du Chant de laterre de Mahler, enregistrée par Kathleen Ferrier, peu detemps avant sa mort, a porté la méditation des stagiaires.

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Fait religieux

Le mouvement hip-hop, né dans le Bronxdans les années 70, pour canaliser la violencedes gangs, se déploie dans la sphère esthé-tique, dans la sphère corporelle et dans l’écri-ture. Certains noms – James Brown, BeastieBoys, Public Enemy, NTM ou Eminem – nenous étaient pas inconnus, mais leur revendi-cation de l’amour du bruit, leur révol-te sociale, la perversion, ou encore l’in-flation de l’ego avaient tendance ànous rendre aveugles aux valeurs derespect (envers les autres rappeurs, lesautres ethnies, la famille) explicitespourtant dans ces mots : « […] l’afri-cain est mon frère. / Le musulman, lejuif, je respecte leurs prières5. »Un enjeu de taille a été soulevé : le reli-gieux et le spirituel présents dans cesmouvements musicaux ne sont pasforcément dangereux ou sataniques,les instances chrétiennes les prennent-elles suffisamment en compte? Pour-quoi refuser de s’intéresser à cesformes musicales souvent alimentéespar l’islam ? Ne sont-elles que du « spi-rituel sauvage » ? Peut-être pourrait-on chercher dans « le petit » de « l’infi-niment grand », peut-être y rencontrerions-nous l’Homme tiraillé entre vice et vertu ? Les étudiants qui travaillent avec Jean-LouisBischoff, en lien avec l’Ifer, ont proposé uneremarquable recherche sur un des mouve-ments musicaux contemporains. Pourquoi nepas répondre « présent » à leur offre d’inter-vention dans les établissements ? Il s’agit, sanschercher la nouveauté pour la nouveauté,sans faire de « jeunisme », de toujours tendrevers une culture libre qui ne peut se concevoirsans la diversité. Notre rôle de professeur neconsiste-t-il pas à maintenir des liens entre la

culture du passé et celle d’aujourd’hui, afin dene pas faire des mouvements contemporainsun art à part ?

Concert d’orgueLa journée entièrement confiée à Yves Audard, inspecteur pédagogique régionalde musique, organiste titulaire de Saint-Thibault à Joigny (Yonne), a donné toute sacohérence à l’ensemble de notre semaine. Elle a constitué une extraordinaire synthèsedes autres journées. Une présentation de lamusique spécifique du christianisme a mon-tré que notre époque se nourrit toujours deshéritages antiques, a rappelé que la musiquedes chrétiens a engendré une écriture musi-cale universellement adoptée, et a favorisél’éclosion d’une polyphonie consciente etconstruite. Nous avons été peu à peu invités à aller au-delà de cet enrichissement historique vers lafaçon de l’enseigner ; et nous qui, dans notregrande majorité, n’étions pas spécialistes demusique, avons été touchés par la ressemblan-ce des pratiques pédagogiques, quelles quesoient nos disciplines. Nous avons particuliè-rement apprécié de prendre la place de l’élè-ve ; nous avons… chanté, travaillé sur des

rythmes, écouté de la musique, suivi les lignesmélodiques au piano afin de comprendrecomment on peut faire étudier une œuvre auprogramme du baccalauréat : les Litanies pourorgue de Jehan Alain. Ce fut une démonstra-tion brillante, qui ne s’est pourtant jamais en-fermée dans la technicité. Nous avons étéconvaincus que tout est possible, que nous nedevons pas nous priver d’oser proposer unevéritable culture artistique à des adolescentsd’aujourd’hui ! D’autant plus que, nous rap-pelle celui qui est bien à ce moment-là un re-présentant officiel de l’Éducation nationale,

étudier une œuvre religieuse fait partie dusocle commun, puisqu’il s’agit d’aider lesélèves à approfondir notre culture, en parti-culier, la culture européenne. C’est au côté de Dominique Richaud, orga-niste titulaire de l’église du Sacré-Cœur de Dijon et facteur d’orgue, qui nous a accueillis,que nous avons retrouvé Yves Audard pourun concert d’orgue – c’est alors qu’entred’autres œuvres merveilleuses, nous avons re-connu les Litanies déjà évoquées, et ce « tour-billon joyeux » a pris un sens infiniment richepour chacun de nous, initié auparavant : laculture, l’intelligence, la pratique pédago-gique et l’émotion se rejoignaient ! Gérard Gobry6 a terminé notre parcours parune méditation sur l’inspiration, l’écriture,l’œuvre d’art qui passe de l’homme à l’hom-me, insistant sur le mystère de l’homme créa-teur. C’est par une réflexion sur la nature hu-maine que commence et s’achève toujours laquestion du fait religieux, ainsi exprimée parJean Dalès7 : « Le fait religieux, c’est l’homme. »Les sessions de l’Ifer sont une interpellationde chacun dans sa propre situation éducative.À travers le « savoir savant » reçu, chacun auraà s’engager dans un questionnement person-nel de pédagogue. René Nouailhat8 reditsouvent : « Il y a de l’observable, mais au-delà…,

que faire de l’indicible et de l’in-visible? » Une semaine aussi riche quecelle-ci a semé mille élé-ments de réponse pour enri-chir la réflexion des ensei-gnants que nous sommes.k

1. Institut de formation pour l’étudeet l’enseignement des religions, Centreuniversitaire catholique de Bourgogne,69 avenue Aristide-Briand, 21000 Dijon.Tél. : 03 80 73 45 90. Internet :www.cucdb.fr2. Secrétaire général adjoint de laConférence des évêques de France.3. Extrait du recueil Hier régnant désert (Mercure de France, 1959).4. Auteur de Tribus musicales, spiri-tualité et fait religieux – enquête surles mouvances rock, punk, skinhead,gothique, hardcore, techno, hip-hop,L’Harmattan, 2007, 291 p., 26,50 €.

5. Extrait de Shoota Babylone du groupe Assassin. 6. Directeur de l’Ifer. 7. Père jésuite, décédé en janvier 2007. À lire, sa contribu-tion, intitulée « Le fait religieux n’est-il pas l’homme lui-même ? », dans « Relier enseignement et fait religieux »,hors-série d’Enseignement catholique actualités (mars 2005),pp. 24-25.8. Fondateur de l’Ifer, responsable de la mission « Enseigne-ment et Religions » du Sgec.

uIsabelle Mimart, professeur de lettres au lycée d’Amboise à Albi (Tarn), est coordinatrice diocésaine

de la mission « Enseignement et religions » du Secrétariat général de l’enseignement catholique.

Savoir +

Chefs d’orchestre. Gérard Gobry (à g.) et René Nouailhat, respectivement directeur et fondateur de l’Ifer.

Culture jeune. Jean-Louis Bischoff a analysé des courantsmusicaux dont la plupart des adultes ignorent tout.

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LE FAIT RELIGIEUX DANS LES DISCIPLINES : 8 € l’exemplaireune intégration progressive 6 € l’ex. à partir de 5 ex. ; 5 € l’ex. à partir de 10 ex.

NOM / ÉTABLISSEMENT : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ADRESSE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CODE POSTAL : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VILLE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . exemplaires. Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . € à l’ordre de AGICEC

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culture /musée

La toute nouvelle Citénationale de l’histoire de l’immigration veutcontribuer à construire un regard positif sur ces hommes et ces femmesd’origine étrangère venuss’installer en Francedepuis 200 ans.

Cela faisait près devingt ans qu’on enparlait. Vingt ans quedes historiens et des militants associatifs por-

taient cette Cité nationale de l’histoire de l’immigra-tion. Sans cesse ajournée par les gouvernements suc-

cessifs, elle sera finalement lancée par JacquesChirac en 2002. Il aurait dû inaugurer le

lieu en avril 2007. Mais bien des obs-tacles se sont dressés sur la route dece délicat projet. Comment muséi-fier un phénomène vivant et visible ?À cette question se sont ajoutés desretards de chantier, et la démissionbrutale de huit historiens du conseilscientifique, au printemps dernier.Ils marquaient ainsi leur oppositionà la création d’un ministère de l’Im-

migration et de l’Identité nationale. Le choix même du lieu n’est pas sans ambiguïté,

puisque ce mémorial de l’immigration a élu domiciledans le pompeux Palais de la Porte Dorée, à l’orée dubois de Vincennes, à Paris, construit pour l’expositioncoloniale de 1931. Autant dire à la gloire des colonieset de l’Empire français. Résultat ? La Cité n’a ouvert que le 10 octobre dernier,en pleine polémique sur la position du gouvernementvis-à-vis de l’immigration – reconduites en masse de« sans-papiers » à la frontière, amendement Marianisur les tests ADN, notion d’immigra-tion choisie… Et l’inauguration s’estfaite en catimini. Mais faisons fi, un instant, de tout ce-la. Prenons un ticket d’entrée1 et mon-tons au troisième étage de cet immensebuilding. Car il faut aller visiter l’ex-position permanente de la Cité, inti-tulée Repères, pour se faire sa propreopinion. Le sujet est délicat, son trai-tement ne l’est pas moins. On sort delà un peu rasséréné. Aucune positiontranchée, manichéenne. Une tentati-ve, plutôt, de montrer la réalité d’uneimmigration, vieille de 200 ans, lespoints communs entre hier et au-jourd’hui. France, terre d’asile ? Ellea parfois ouvert ses bras tout grands,elle les a aussi parfois refermés

violemment, rejetant derrièreses frontières tous ceux quin’avaient pu y entrer à temps.La muséographie peut dé-router. Mur d’images et objetspersonnels d’immigrés d’hieret d’aujourd’hui ; valises, postesde radio et autres vieux jouetssuspendus ; images satiriquesévoquant le regard des Fran-çais sur les « étrangers » ; élé-ments d’archives, photos de

presse, textes, cartes du monde retraçant le parcoursde ces populations en transit… se confrontent à desœuvres contemporaines et à des installations souventémouvantes parlant des troubles identitaires, des foyersde travailleurs, des absents, du sentiment d’être en sus-pens entre deux mondes, de n’être jamais tout à faitd’ici et plus tout à fait de là-bas…On s’y perd un peu, au début. Puis, progressivement,émergent une cohérence et, pour le visiteur, une envied’aller plus loin. L’exposition permet, de manière interactive, de faire se rencontrer les dimensions historique, sociologique et artistique.

Raisons vitalesIl y a aussi ce que l’on aimerait voir et que l’on ne voitpas pour l’instant, notamment le lien entre les anciennescolonies et tous ces « indigènes » venus sur le sol du colonisateur et qui n’ont pas toujours pu trouver leurplace et être acceptés en raison de préjugés tenaces.Manque ou oubli volontaire ? Dans un tel lieu, on peutpenser que le sujet sera un jour véritablement traité.Quoi qu’il en soit, cette Cité devrait faire réfléchir, et fai-re passer un message de tolérance et d’ouverture auxautres cultures. Car l’exil est rarement un choix volon-taire, mais souvent dicté par des raisons vitales. Et

parce que derrière tous ces regards ettoutes ces histoires, il y a des personnes.Des personnes qui ont immigré par-fois au péril de leur vie. Et des vies quise sont fracassées contre l’incompré-hension et le rejet.

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Au prix (plein tarif) de 5 € (en période d’exposition)ou de 3 € (hors période d’exposition). Il existe des ta-rifs réduits et de nombreux cas de gratuité. On en trou-vera le détail, en même temps que d’autres rensei-gnements, dans la rubrique « Infos pratiques » du siteinternet de la Cité (cf. ci-dessous).

uCité nationale de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte-Dorée, 293 avenue Daumesnil,

75012 Paris. Réservation obligatoire pour les groupes :01 53 59 64 30. Internet : www.histoire-immigration.frEn 2008, « Année européenne du dialogue intercultu-rel », la Cité organisera colloques, conférences et expo-sitions temporaires.

À LIRE

l Une partie de la populationfrançaise plonge ses racinesdans l’ex-empire colonial.Combien de stéréotypes,d’idées reçues sur l’immigréd’aujourd’hui viennent del’image de l’indigène d’hier ?Ce livre viendra combler lemanque dont nous parlonsdans notre article surl’exposition. Pascal Blanchard, Nicolas Bancel,De l’indigène à l’immigré,Découvertes/Gallimard, 2000,128 p., 12,50 €.

l En retraçant les grandesétapes des migrations qui ontmarqué notre pays, l’auteurbrosse le portrait d’une Franceriche de sa diversité. Émile Temime, France, terred’immigration,Découvertes/Gallimard, 160 p., 13,50 €.

l Des dessinateurs de BDretracent neuf récits de vie de sans-papiers. Ils passent la frontière ou se font larguerdans le désert à moins que la mer ne les refoule. C’est aussi un album sur la peur etl’horreur de devoir fuir sa terre.David Chauvel et Alfred (dir.),Paroles sans papiers, Delcourt,2007, 72 p., 14,95 €.

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France, terre d’asile

Des objets du quotidien des immigrants.

Les extraits de films jouent un rôle essentiel.

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culture /exposition

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Les expositions consacrées au travail hu-main sont assez rares pour être signa-lées. En voici une de grande qualité. In-titulée Pays’âges1, elle est labellisée d’inté-

rêt national par le ministère de la Culture et dela Communication. Et ce, à l’heure où le site dubassin houiller du Nord - Pas-de-Calais est enpasse d’être classé par l’Unesco. En 1907, dans ce qui était encore le quartierdes facultés de Lille, on inaugurait le muséehouiller de la ville au sein du musée d’Histoirenaturelle. Aujourd’hui, sur 1 000 m2, on y saluecet anniversaire, en retraçant l’épopée de cequi fut la principale activité économique de cet-te région modelée par l’or noir. Première salle, dépaysante : nous sommes enpleine forêt équatoriale. Eh oui ! Il y a 300 mil-lions d’années, une vaste forêt recouvrait lePas-de-Calais, l’Angleterre, la Belgique, l’Alle-magne et la Silésie2, explique Sophie Beckary,conservateur de l’exposition. Voyez ce gigan-tesque lépidodendron3 et son « morceau » deracines : seize mètres de long. Impossible d’endéployer la ramure sous un plafond de huitmètres (des banderoles l’évoquent). Végétaux et animaux, apparusau fil des ans, sont eux reproduits en taille réelle : un mille-pattesd’un mètre de long, une libellule de 70 centimètres d’envergure. Peu à peu, le bois dont les racines baignent dans l’eau se décompose.Une carte géologique du bassin minier, faite de plaques de verre su-perposées, nous permet de suivre le travail du temps et l’enfouisse-ment des veines. À partir de 1665, on découvre le charbon dans leBoulonnais, mais son exploitation, présentée dans les salles sui-

vantes, prendra plus d’ampleur à l’est. L’activitéhumaine, qui se situait près des rivières, vamaintenant se concentrer dans les villes. La ma-chine à vapeur permet à l’industrie de se libérerde l’emprise de l’eau.

Terrils de jeuLes métiers du charbon sont ensuite exposés :des ouvrières, les « hiercheuses », poussaient les wagonnets remplis de minerai. Des enfants, les « galibots », travaillaient aussi comme ma-nœuvres. « Le propos de l’exposition n’est pas de déni-grer le pays noir, mais de mettre l’accent sur lesprouesses techniques qui ont marqué cette époque. »Une époque que racontent des maquettes –comme celle des hauts-fourneaux de Denain,construite par le personnel de l’usine pour l’Ex-position universelle de 1889. Le charbon contri-buait alors à éclairer les villes, puisqu’en brûlantil dégageait le gaz de houille qui alimentait lesbecs de gaz. La dernière salle nous propulse dans l’avenir :des terrils sont devenus terrains de jeu. Dans un

million d’années, que restera-t-il ? Des déchets radioactifs, c’est cer-tain. « Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nosenfants », disait Saint-Exupéry…

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Jusqu’au 3 août 2008. Musée d’Histoire naturelle, 19 rue de Bruxelles, 59000 Lille. Tél. : 03 28 55 30 80. Réservation pour les visites de groupes : 03 28 55 30 87.2. Région répartie entre la Pologne, l’Allemagne et la République tchèque.3. Fougère arborescente fossile ayant participé à la formation du charbon.

Pays’âges, une exposition proposée par le musée d’Histoire naturelle de Lille, entraîne le visiteur dans une traversée de l’histoire. Celle d’un paysage, avec une question :

quels rapports homme et nature doivent-ils cultiver pour rester vivants ?

Du pays noir au pays vert

Géant ! Un lépidodendron de 16 mètres avec unelibellule de 70 centimètres, ça n’existe plus.

Deux documents liés à l’exposition Pays’âges offrent aux enseignants des approches thématiques très différentes.

Le catalogue* explore les trois facettes de l’exposition : géologique, industrielle et technique, artistique. La parole est auxspécialistes. Patrick De Wever, professeur de géologie au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, Jean Broutin, professeur depaléobotanique et de paléoécologie à Paris-6, et Didier Néraudeau, professeur de géologie à Rennes-2, expliquent les fos-siles, ces archives terrestres qui nous racontent la forêt d’où est né le charbon. Jean-Pierre Laveine, conservateur universitreau musée d’Histoire naturelle de Lille, s’intéresse à la formation du charbon, en tant que tel. Son collègue, André Dhainaut,revient sur l’extraction du charbon et le rôle des ingénieurs des mines et des géologues. Quant à Patrick Le Nouëne, direc-teur des musées d’Angers, et Sandrine Balan, directrice du musée municipal de Semur-en-Auxois, ils s’arrêtent sur les œuvres

de peintres locaux – tels Louis-Étienne Watelet et Louis-Bernard Coclers – qui dessinent la naissance de paysages industriels. Le dossier pédagogique, disponible en ligne**, souligne les nombreux liens avec les programmes du primaire et du secondaire, d’une exposi-tion qui « se prête particulièrement bien à une exploitation transversale ». Citons quelques titres des neuf fiches pédagogiques : « Les fossileset la fossilisation », « La révolution industrielle », « Lecture du paysage actuel », « Les énergies dans le paysage de demain »... MCJ

* Édité par le musée d’Histoire naturelle de Lille, 10 €.** Il compte 28 pages téléchargeables au format PDF, à l’adresse : www.programme-itineraires.fr/images/enseignants%20paysages.pdf - Soulignons que les enseignants peuvent effectuer une prévisite de l’exposition (sur réservation uniquement, au 03 28 55 30 87) et que les 7-12 ans se verront remettre un livret de visite à l’accueil du musée.

DES PISTES POUR LES ENSEIGNANTS

D.R

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LA VOIEPROTESTANTEdClaude Demissy, pasteur de l’Église

protestante réformée d’Alsace et de Lorraine, dresse un état des lieuxde la religion à l’école, en Europe. Il s’arrête plus longuement sur la situation française, après le rapportDebray de 2002. Il plaide pourl’approche protestante d’uneprésentation de la différence religieusepermettant à l’élève « de produire son propre système de valeurs » quand,selon lui, le choix de l’Église catholiqueest autre. Dans les manuels des départements concordataires, par exemple, « les religions autres que catholiques n’apparaissent pas ».Cet ouvrage, orienté, voit dans leprotestantisme « une voie originale pour sortir du combat entre religion et école publique ». Un point de vue àdécouvrir comme une utile contributionà un sujet toujours polémique. CB

Claude DemissyLa religion à l’écoleOlivétan, 2007108p., 14€

dDisparu le 14 avril 2007, l’historien René Rémond était unobservateur attentif de la vie politique et de la société fran-

çaise. Catholique « conciliaire », y compris « quand la mode ad-vint chez certains de faire la moue devant le concile », commele rappelle avec justesse le journaliste Bruno Frappat dans sa pré-face en forme d’hommage, « il pensait que toute question hu-maine valait engagement, réflexion, association du cœur, del’intelligence, de la culture et de la foi ». En parcourant ces chro-niques et ces entretiens publiés régulièrement dans La Croix, Pèlerin et Panorama depuis 1973, on retrouvera la pertinence,la profonde humanité et l’actualité des réflexions de celui quifut le président de la Fondation nationale des sciences politiques.

Un homme qui, en 1997, au plus fort de la mobilisation des intellectuels contre le projet de loi Debré portant « diverses dispositions relatives à l'immigration », récusait, chez certainsdes opposants, une « forme de démagogie populiste » consis-tant à « opposer les gens d’en haut et les gens d’en bas » aurisque de faire le lit du Front national.

MATHILDE RAIVE

René Rémond, Bruno Frappat (préface)Chroniques françaises - 1973-2007

Bayard/La Croix 287p., 15€

RETOUR SURUN AFFRONTEMENTdEn 1956, l’Action catholique

française, inspirée en grandepartie de textes pontificaux de Pie XI, s’est trouvée confrontée à une grave crise existentielle avec la disparition de l’Associationcatholique de la jeunesse française(ACJF) née en 1886 à l’initiatived’un laïc, Albert de Mun. En cause : deux conceptions du rapport de l’Église au monde moderne. Deux hommes aux idées divergentes s’affrontent : Maurice Blondel et Jacques Maritain, son cadet.Philosophie réintégrée dans le fait religieux ou lien vital entre catholicisme et métaphysiqued’Aristote, les deux positions sont analysées ici avec recul et objectivité. MR

Jean-Hugues SoretPhilosophes de l’Action catholique -Blondel-MaritainCerf485p., 44€

LES RELIGIONSDU MONDEdLes religions et les croyances

ont maintenant leur dictionnaire :un outil exhaustif pour comprendre les religions monothéistes (judaïsme,christianisme, islam), les traditionsorientales (hindouisme, bouddhisme etautres philosophies de la sagesse) et lesautres formes de spiritualités (animisme,syncrétisme, sectarisme…). Cette éditionqui reprend l’essentiel des textes duLarousse des religions publié en 2005permet de situer chacune d’elles dans l’échelle du temps. Chaqueconfession est étudiée selon six critères :son histoire, ses dogmes, ses rites, ses institutions, son implantationgéographique et sa vision de l’homme.Le lecteur se promène ainsi dans lemonde et le cœur des hommes quicherchent un sens à leur vie. Un instrument de culture générale utileaux enseignants et aux jeunes. MCJ

Henri Tincq (dir.) Petit Larousse des religionsLarousse800p., 19,90€

INTRODUCTIONAU CATHOLICISMEdAutour de trois grands

thèmes – la Bible, l’Église, la Foi – et d’une centaine de chapitres aux intitulés aussi divers que « Les voyages de Paul », « Le temps des missionnaires », « La séparation de l’Église et del’État », « Jésus ressuscité » ou « Le chrétien et la paix », cet ouvrageaborde tous les aspects ducatholicisme avec le même objectif :simplicité et clarté. Porté par unemaquette dynamique jouant sur des textes courts, agrémentés de photographies, de reproductionsd’œuvres d’art et de nombreuxencadrés, cette encyclopédie, enrichie d’un dictionnaire des saints et d’un calendrier liturgique, se révèleune excellente introduction auxarcanes de la religion catholique. MR

Christine Pedotti, Michel DubostPetite encyclopédie du catholicismepour tousMame/Théo320p., 19,90€

UN CHRÉTIEN ENGAGÉ

culture /livres

321 Livres pp 54-57 DEF 6/02/08 15:56 Page 54

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RÉUSSIRSA VIEdLes moments sont rares

aujourd’hui, où l’on peut se poser pour partager sa foi. Donnerà vivre l’expérience chrétienne dans un cadre communautaire est l’une de ces occasions. Elle ne s’improvisepas. Être à l’écoute et disponible, offrir un espace de parole, aller à la rencontre des individualités, voilà quelques bases nécessaires aux accompagnateurs de ce type de rencontres. Accompagné d’un petitrecueil de textes issus des Évangiles, de la littérature ou de la vie, ce « guide pratique » permet de s’engager dans une démarchecatéchétique, muni de conseils pour préparer, organiser puis réfléchiren groupe au sens de la vie, au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. MR

Mireille Prévost, Roland Lacroix,Denis Villepelet (préface)Qu’est-ce que réussir sa vie ?L’atelier96p. (+ recueil de textes de 64p.), 15€

LA BELLEDE PIERREdCroyants ou non, ils sont

nombreux à s’être inspirés de Notre-Dame de Paris pour leurs prières ou leurs œuvreslittéraires. La romancière KatherineMansfield, par exemple, qui, à la datedu 16 mai 1915, écrit : « J’adore cette grande cathédrale. La petite vueque j’en ai en ce moment me montredes clochetons pointus et grêles […].On dirait un croquis à la plume tracépar quelque gnome. » Prix Nobel de littérature en 1921,Anatole France décrit la cathédrale « lourde comme un éléphant et finecomme un insecte ». En 2002, le cardinal Lustiger rend un vibranthommage à cet « édifice, vivant par la foi et la prière des fidèles […] ».Vivant aussi par les mots de quelque200 auteurs (du Moyen Âge à nos jours) réunis ici. MR

Pascal TonazziFlorilège de Notre-Dame de ParisArléa270p., 20€

TROIS SŒURSCHINOISESdPas de prénoms, simplement

des numéros dans ce roman. Les filles, en Chine, ne valent pasdavantage. Au pays de l’enfantunique, les parents ne rêvent que de donner le jour à un garçon.Chassées de leur campagne par leshumiliations, les sœurs Trois, Cinq etSix, découvrent le monde en mêmetemps que les mœurs d’une grandeville. En 2001, à Nankin, elles ouvrent les yeux. Nous les ouvrons avec elles, face à un univers méconnu où lesimmeubles sortent de terre plus viteque l’éclair, où les longs nez sontencore des curiosités, où la police est corrompue. À force de courage et de persévérance, les jeunesfemmes finiront par faire mentir le dicton populaire qui veut que les baguettes soient plus fragiles que les poutres. MR

Xinran, Prune Cornet (trad. du chinois)Baguettes chinoisesPhilippe Picquier344p,. 19€

NOS ANCÊTRESLES CHRÉTIENSdIrénée naît en Asie Mineure

entre 130 et 140. Dans sonenfance, il entend Polycarpe, l’évêque de Smyrne, évoquer l’apôtre Jean qu’il a connu. À travers la tradition orale,Irénée remonte ainsi jusqu’à Jésus ! On le retrouve presbytre de lacommunauté chrétienne de Lyon quand éclate la persécution de 177 qu’il décrit : sa lettre est la plus ancienneattestation du christianisme en Gaule !En nous plongeant dans les écrits de ce Père de l’Église, dont les plus belles pages sont rééditées par le Cerf, c’est le IIe siècle que nousdécouvrons. Mais aussi la vision d’un croyant inspiré qui pose un regardémerveillé sur l’homme, sommet de la Création. SH

Irénée de Lyon (textes choisis etprésentés par Jean Comby et DonnaSingles ; textes d’Irénée traduits parAdelin Rousseau) La gloire de Dieu c’est l’homme vivantCerfColl. « Trésors du christianisme », 126p., 12€

dDeux parties distinctes composent cette passionnanteanthologie de la scène européenne depuis la fin de la

Seconde Guerre mondiale. D’abord, une analyse détaillée desspécificités régionales du Nord à l’Est en passant par l’Europeorientale, centrale, méridionale, anglophone, germanophoneet néerlandophone. Puis des exemples, suivant un principeidentique pour tous les auteurs : une courte biographie et unextrait de leur œuvre. Quelques noms sont déjà connus :Harold Pinter, Rainer Werner Fassbinder, Eduardo De Filippoou Peter Handke. D’autres moins. Citons le dramaturge alba-nais Ilirjan Bezhani, le Hongrois George Tabori ou l’anglaiseCaryl Churchill. Autant d’écrivains en prise directe avec les

combats qui ont émaillé le siècle. De la reconnaissance desfemmes à la lutte contre les dictatures, des errances intimesaux conflits politiques en Ulster, au Portugal ou dans les paysde l’ex-Union soviétique, ils furent là pour écrire, témoigner.Parfois au prix de leur liberté.

MATHILDE RAIVE

Michel CorvinAnthologie critique des auteurs

dramatiques européens (1945-2000)Scéren/Éditions théâtrales

704p., 36€

THÉÂTRE DE L’EUROPE

N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 55

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PRÉSENCEDES MOINESdHistorien, spécialiste du Moyen

Âge, l’auteur de ce nouveautitre de la collection « Découvertes »,consacré à l’histoire du monachismeen Occident, est également directeurdu laboratoire « Histoire, pouvoirs,identités » de l’université d’Avignon.Une qualité qui lui permetd’appréhender avec éruditionl’évolution du regard que les sociétésoccidentales ont porté sur ces hommeset ces femmes qui vivent leur foi loin des vacarmes du monde. Engagement spirituel, charnel et bien souvent politique, la viemonastique peut s’enorgueillir d’avoir survécu à toutes les secousses de l’histoire. Malgré des tempsdifficiles, les communautés continuent d’être porteuses d’espoir.En consultant ce petit ouvrage, on réalise à quel point. MR

Guy LobrichonLes moines d’Occident - l’éternitéde l’EuropeDécouverte Gallimard160p., 12,30€

dPublié en Suisse en 1952, introuvable depuis longtemps,ce drôle de conte de Noël n’avait jamais été réédité dans

son format initial. Deuxième livre pour enfants imaginé par lepoète Jacques Prévert avec la complicité de la jeune peintre Elsa Henriquez, il met en scène – à la manière du Guignol tra-ditionnel – la parabole du riche et du pauvre. Ici, « Le Monsieur »confronté au représentant des sans-logis, et « L’Individu » accompagné de ses amis. Au cours d’une étrange soirée de réveillon, « Le Chien », « Le Chat », « Le Petit Garçon », « LaJeune Femme » et les deux principaux protagonistes enchaî-nent dialogues cocasses et situations fantasques. Déstabilisé

peu à peu par la seule force des mots, « Le Monsieur » se voitobligé de céder la place et d’offrir le gîte et le couvert aux pauvresqui se sont invités chez lui. Agrémenté de dix planches dessi-nées, ce petit théâtre coloré offre au lecteur une parfaite illus-tration du monde de Prévert qui trouve des échos dans le nôtre.Un vrai bonheur. À partir de 4 ans. MATHILDE RAIVE

Jacques Prévert (texte), Elsa Henriquez (ill.)Guignol

Le Cherche Midi32p., 9€

LES MARTYRSDE GORCUMdÀ la fin du XVIe siècle,

les confrontations religieusesentre catholiques et protestants fontrage dans les Pays-Bas espagnols(Belgique et Pays-Bas). En 1568, le chef des protestants,Adriaan Dierickxsz van den Heuvel,est chassé de Gorcum, sa ville natale,par le duc d’Albe chargé par Philippe IIde faire la chasse aux hérétiques. Il promet de revenir « se venger des curés ». À son retour,accompagné d’une armée de Gueuxcommandée par l’amiral Lumey, il tient ses promesses.Dix-neuf papistes innocents, qui refusèrent de renier leur foi,même sous la torture, furent pendusdans une grange, le 9 juillet 1572. Le sacrifice de ces martyrs, béatifiés à Rome en 1675, nous est conté en bande dessinée.À partir de 8 ans. MR

Geert De SutterN’ayez pas peur !BD Coccinelle48p., 10,45€

LA MORT EST-ELLELA FIN DE TOUT ?dUn jour ou l’autre,

tous les humains rencontrent la mort. Pour tous, la mort est un immense mystère. Pourquoi la viedoit-elle s’arrêter ? Est-ce que ça faitmal de mourir ? Y a-t-il quelquechose après la mort ? Autant de questions auxquelles il n’est pas facile d’apporter une réponse ! Filotéo, le magazinedes 8-13 ans qui s’interrogent sur « Dieu, le monde et moi », aborde le mystère de la mort, en dialoguantavec ses lecteurs dans un dossier,très riche, de 14 pages.Et pour aborder la fête de Pâques, un récit de l’Évangile : « Le tombeauvide », fait l’objet d’un débat avec un groupe de lecteurs. Sylvain nous dit :« Moi, je crois que si Dieu a ressuscitéJésus, c’est pour nous dire que l’amour,ça fait vivre, même après la mort. »Un numéro à ne pas rater ! MR

Filotéo, n° 189 (février-mars 2008)Bayard JeunesseEn kiosque, 7,30€

www.filoteo.fr

À LA CRAIE,SUR LE SOLdEn suivant le jeu de marelle

dessiné à la craie sur le sol des cours d’école, les auteurs de ce bel album ont imaginé de nous raconter les différentsépisodes de la vie d’une petite fille de dix ans. Case après case, de la terre jusqu’au ciel, Marie est mise en situation dans un universde collages en trois dimensions, sortes de boîtes photographiées en grand sur la page de droite, puis réduites pour prendre place dans le jeu. Cette idée formidableservie par la légèreté d’un textepoétique calligraphié en forme de colimaçon par un auteur fantaisisteest transcendée par l’imaginationpicturale d’une illustratrice très douée.Héroïne d’un conte surprenant, Marie,dans sa robe rouge, nous enchante. À partir de 4 ans. MR

Germano Zullo (texte), Albertine (ill.)La MarelleLa Joie de lire28p, 14,90€

LE RICHE ET LE PAUVRE

culture /livres jeunesse

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CHANSONSÀ GESTESdComptines, berceuses ou jeux

de doigts, l’éveil musical destout-petits trouvera dans cette série de vingt-quatre créations musicalesimaginées par les musiciens du groupe Mandarine, une sourceoriginale d’inspiration. Ludiques et pédagogiques, elles permettent aux enfants de reconnaître les partiesde leur visage avec Croqueloup,de s’exercer à la souplesse avecDansons sous les ponts, au mime avec Magik Moustik, ou de mémoriser les jours de la semaine avec Bonhomme semaine. Ce disqueadapté aux enfants de 18 mois à 6 ans, a été réalisé par une compagniequi donne des spectacles dans les crèches et les écoles, et anime des ateliers pour les professionnels de l’enfance. MR

MandarineMiniaturesL’Autre Distribution1 CD (+ 1 livret, 32 p.) 16€

http://assomandarine.chez-alice.fr

UNE HISTOIREINDÉMODABLEdDepuis sa première publication

en 1956, l’histoire de Poule Rousse s’est vendue à plus de730 000 exemplaires. Emblématiquede la collection du Père Castor, ce récit fidèle à l’original est basé surla simplicité d’un texte en adéquationavec des illustrations stylisées. Il raconte l’amitié d’une poulegrassouillette et d’une astucieusetourterelle. Désormais accompagnéed’un CD mis en musique par Hugues Le Bars, l’aventure des deuxamies, leur entraide face au renard ne manquera pas de séduireles petits à partir de 3 ans. Grâce à la voix claire d’une comédienne, ils découvriront le charme d’un classique dont leurs parents raffolaient déjà, même sans récitant ni musique. MR

Étienne Morel (texte), Lida (ill.),Hugues Le Bars (musique)Poule RoussePère Castor/Flammarion1 livre-CD, 32p., 9,90€

UNE VIDÉOTHÈQUEEN LIGNEdSur son site internet, Le Jour

du Seigneur met en ligne unevéritable vidéothèque. Déjà plus de 400 films sont en accès gratuit. Unevraie mine d’images qui devraientintéresser les enseignants et lesanimateurs en pastorale scolaire. Fautede place, nous ne présenterons ici quequelques titres : Abouna Khalil, ledernier Samaritain (Khalil Jaar, prêtrepalestinien, secourt les chrétiens d’Irakréfugiés en Jordanie, notre photo) ;Il suffit d’aimer (un portrait inédit desœur Emmanuelle) ; Le temps desfondations (les origines des troisgrandes religions du Livre racontées auxenfants). L’ensemble du catalogue (quis’enrichit au fil des dimanches) est àdécouvrir à la rubrique « Les vidéos duJour du Seigneur » (adresse ci-dessous).Ajoutons qu’Enseignement catholiqueactualités se fera volontiers l’échod’éventuels travaux ou débats organisésdans des classes ou des groupes decatéchèse à partir de ces films. RT

www.jds.tv

ACTUALITÉDU LIVRE RELIGIEUXdLe Centre français de radio

télévision (CFRT), KTO et la librairieLa Procure s’associent pour proposer lepremier magazine mensuel consacré aulivre religieux. Baptisé L’esprit des lettres,il est présenté par Pierre-Luc Séguillon(notre photo). Le journaliste politique a choisi de s’investir dans une émissionlittéraire parce qu’il croit que « ledialogue entre l’auteur et l’animateur,loin de se substituer à la lecture du livre,doit au contraire susciter la curiosité etl’envie de lire l’ouvrage ». Le 24 janvierdernier, le premier numéro réunissait,dans le cadre de la librairie La Procure,Frédéric Boyer (Les Aveux, POL),Sébastien de Courtois (Chrétiensd’Orient sur la route de la soie, La Tableronde) et Lucien Jerphagnon (La louve etl’agneau, Desclée De Brouwer). Sansoublier les libraires-chroniqueurs pourleur « coup de cœur », la « meilleure ventedu mois »... Prochains rendez-vous lesjeudis 28 février, 27 mars, 24 avril, 29 maiet 26 juin, toujours à 20 h 50.IDP

www.ktotv.com

dVous avez aimé Lara Croft? Vous allez adorer Lena Green.Même profil – physique « parfait », diplômes universi-

taires brillants, caractère bien trempé, sportive aguerrie – etmême… virtualité ! Mais, si Lara est une guerrière, Lena estune écologiste pacifique. Parrainée par la Fondation Nicolas-Hulot, l’héroïne du « premier jeu d’aventure écologique » apour mission de lutter contre le braconnage, la déforestationet le réchauffement climatique. Elle traque les biotrafiquants,vient en aide aux espèces menacées et aux populations locales. Ses alliés ? Un biologiste, une vétérinaire et une série de « Sentinelles Ushuaïa » disséminées autour du globe.

Ses ennemis ? L’entreprise Rexlire Inc. et ses biopirates. L’actiontrépidante propulse le joueur du Botswana aux plaines glacées du Groenland dans des paysages en 3D d’une beautéà couper le souffle. L’objectif ? Sensibiliser les jeunes aux menaces qui planent sur notre Terre.

MATHILDE RAIVE

CollectifUshuaïa, le jeu - à la poursuite des biotrafiquants

Mindscape/Strass ProductionsUn dévédérom PC, 39,90€

LENA CONTRE LES BIOPIRATES

culture /multimédia

N° 321, FÉVRIER 2008 Enseignement catholique actualités 57

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58 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

pratique /petites annonces

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58 Enseignement catholique actualités N° 321, FÉVRIER 2008

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Nom/ Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Page 60: Marie Verkindt : Une femme Enseignementcatholique...Rencontre avec une fem-me pour qui lutter contre l’exclusion n’est pas un vain mot. INITIATIVES Environnement Attention, éco-école

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