marie-josée bousquet, professeure de clinique à rimouski ... · le cas ailleurs (les chercheurs...

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TÉMOIGNAGE D’UNE PÉDIATRE EN RÉGION «ON SUIT LES PATIENTS DE LA POUPONNIÈRE À 18 ANS» Marie-Josée Bousquet, professeure de clinique à Rimouski PAGE 16 Sabine Elowe, professeure au Département de pédiatrie et chercheure au CHU de Québec PHOTO LE SOLEIL, ERICK LABBÉ LE QUOTIDIEN DE LA CAPITALE | QUÉBEC, 117 e ANNÉE, N° 112 lesoleil.com | LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 INNOVER EN SANTÉ Incursion à l’hôpital virtuel PAGE 10 Dossier spécial sur la Faculté de médecine de l’Université Laval À LA FACULTÉ DE MÉDECINE L’ENGAGEMENT EST PANDÉMIQUE DU CENTRE- VILLE DE QUÉBEC À GASPÉ PAGE 18 Un réseau de recherche clinique en expansion UNE PANDÉMIE À L’UNIVERSITÉ LAVAL DE JEUNES CHERCHEURS CONTAMINENT LA FACULTÉ DE MÉDECINE PAGE 2

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TÉMOIGNAGE D’UNE PÉDIATRE EN RÉGION«�ON SUIT LES PATIENTS DE LA POUPONNIÈRE À 18 ANS�»Marie-Josée Bousquet, professeure de clinique à Rimouski PAGE 16

Sabine Elowe, professeure au Département de pédiatrie et chercheure au CHU de Québec

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ABBÉ

LE QUOTIDIEN DE LA CAPITALE | QUÉBEC, 117e ANNÉE, N° 112 lesoleil.com| LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013

INNOVER EN SANTÉ

Incursion à l’hôpital virtuelPAGE 10

Dossier spécial sur la Faculté de médecine de l’Université Laval

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

L’ENGAGEMENTEST PANDÉMIQUE

DU CENTRE- VILLE DE QUÉBEC À GASPÉ PAGE 18Un réseau de recherche clinique en expansion

UNE PANDÉMIE À L’UNIVERSITÉ LAVALDE JEUNES CHERCHEURS CONTAMINENT LA FACULTÉ DE MÉDECINE PAGE 2

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 2

SOPHIE [email protected]

S abine Elowe et PatrickRochette sont deux jeuneschercheurs-professeursrattachés à la Faculté de

médecine de l’Université Laval quiont choisi Québec pour faire leurcarrière. Sabine, 37 ans, est origi-naire de Toronto, a fait son post-doctorat à Munich, en Allemagne,où elle a rencontré son conjoint.Rien ne la prédestinait à installerses pénates ici. Et pourtant...

Patrick, 35 ans, est natif de Qué-bec. Un retour aux sources étaitplus naturel, mais après avoir passéplusieurs années à l’Université Yalepour ses deux postdoctorats, il seserait bien vu faire carrière auxÉtats-Unis. Mais, les deux sont una-nimes : d’un point de vue de cher-cheurs, les offres qu’ils ont reçuesde l’Université Laval étaient trèscompétitives. «Les infrastructu-res de recherches que nous avonsici sont de haut calibre», relateMichel J. Tremblay, vice-doyen àla recherche et aux études supé-rieures à la Faculté de médecine.«On a des plateaux technologi-ques et des laboratoires hyper spé-cialisés», ajoute-t-il fièrement. EtPatrick Rochette confirme : «Onn’a rien à envier à personne, dit-il. Y’a rien qu’on avait à Yale qu’onn’a pas ici... on a même mieux»,renchérit-il.

Sabine Elowe, qui a l’habitudedes grandes villes et d’une forteinternationalisation, trouve quecet aspect manque un peu à Qué-bec. Elle reconnaît toutefois qu’il ya un vent de changement favorableà cet égard. Et pour elle, Québecreprésente un bon compromisentre l’Europe, les États-Unis etle Canada. «Le style de vie nousconvient très bien à Québec, laconciliation travail-famille [elle estmaman de jumeaux de 18 mois] estbeaucoup plus facile que dans lesgrandes villes, la distance avec mafamille est raisonnable... et les pen-tes de ski sont proches», rigole lasportive. Il y a aussi eu une «ques-tion de timing», admet Sabine :son conjoint est aussi chercheur

et chacun a trouvé un bon poste,à Québec, en même temps, dansleur domaine.

«Quand on attire des cher-cheurs, la qualité de l’environ-nement de vie est importante,indique Michel J. Tremblay. Si leou la conjointe ne trouve pas soncompte à Québec, le chercheurn’acceptera pas le poste», estime-t-il. Et Québec semble avoir lesatouts nécessaires tant pour lesconjoints chercheurs que pourles autres!

FACTEURS FACILITATEURSPatrick Rochette serait bien resté

aux États-Unis pour y faire carrière.Mais la fin de ses postdoctorats acoïncidé avec la crise financière de

2008-2009. «Les labos fermaient, lerecrutement était absent», regrette-t-il. «Et la titularisation là-bas estimpossible alors qu’ici c’est envisa-geable.» À la Faculté de médecinede l’Université Laval, le stress d’em-ploi est moindre. Le poste qui estoffert aux professeurs-chercheursleur assure un salaire pendanttrois ans, ce qui n’est pas toujoursle cas ailleurs (les chercheurs doi-vent alors faire des demandes desubventions pour leur salaire, dèsle départ). Ce salaire leur sera versétant qu’ils ne décrochent pas unesubvention pour se payer, ce quilaisse le temps de rédiger au mieuxles différentes demandes de fonds(pour le salaire et pour la recher-che). Il y a donc un très bon soutien

aud é b u tde carriè-re. C’est unavantage nonnégligeable, puisquela carrière de chercheur n’estpas des plus faciles.

Il y a aussi une certaine aidefinancière des centres de recher-che, souvent pour le matérielscientifique, ce qui permet auchercheur de rentrer dans le vifde la science dans des délais rai-sonnables. L’Université Laval metaussi à disposition des ressour-ces humaines qui épaulent leschercheurs pour déterminer lesdifférentes sources de finance-ment, pour bonifier les demandes

de sub-vention,

v é r i f i e rque le tout

est conformeaux contraintes

d e s o rg a n i s m e ssubventionnaires. Un

système de mentorat est aussiinstauré pour accompagner lesjeunes chercheurs qui lancentleur laboratoire. Il faut ce qu’ilfaut quand on veut attirer lesmeilleurs!

Un autre avantage à être cher-cheur affilié à une université, c’estla liberté, mot qui est revenu dansla bouche de nos deux chercheurs.«On peut avoir plus d’imagination,ce sont nos idées que l’on dévelop-pe, on a une liberté de recherche»,se réjouit Sabine Elowe.

québec, pôle de recherche en santé LES DOSSIERSSPÉCIAUX DUSOLEIL

QUÉBEC FAIT PARTIE DU PELOTON DETÊTE DES VILLES NORD-AMÉRICAINES

POUR SON VOLUME D’ACTIVITÉS DERECHERCHE EN SANTÉ. LA PRÉSENCE

FORTE ET L’IMPLICATION DE LA FACULTÉDE MÉDECINE DE L’UNIVERSITÉ LAVALNE SONT PAS ÉTRANGÈRES À CETTE

SPÉCIFICITÉ MÉCONNUE DE LA CAPITALE.AUJOURD’HUI, LE SOLEILVOUS PRÉSENTE

DES CHERCHEURS QUI ONT CHOISIQUÉBEC POUR FAIRE CARRIÈRE.

LA RECHERCHE DESABINE ELOWE

L’ERREUR EST...CELLULAIRE

Sabine Elowe s’intéresse à la division cellulaire,non pas au stade embryonnaire, mais au stade

de la production des gamètes, soit lesspermatozoïdes et les ovules. Au moment detoute division cellulaire, le potentiel d’erreurs

est énorme. Ces erreurs, à la création des gamè-tes, peuvent générer des pathologies (cancers,

stérilité, etc.) chez les êtres quiseront issus de ces gamètes. Sabine veut

mieux comprendre ces divisionscellulaires et ces erreurs.

SOPHIE GALL

Pour Sabine Elowe, Québec représente un bon compromis entre l’Europe,les États-Unis et le Canada. — PHOTO LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

Faire carrièreà Québec

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 3

chercheursen sciences de la santé,rattachés à la Facultéde médecine del’Université Laval

millionsdrainés par la rechercheà Québec en bourses, encontrats et en subventions.Ces fonds proviennent degrands organismessubventionnairesprovinciaux, nationauxet internationaux.

eplacequ’occupe Québecau Canada selon sonvolume d’activités derecherche biomédicaleà l’Université Laval.

centresde rechercheaffiliés àl’Université Laval

priorités derecherches

cancerinfectiologieet immunologiemédecine régénératriceet moléculaireneuroscience et santémentaleperte d’autonomieet réadaptationreproduction, génétique,périnatalité etdéveloppementsanté cardiovasculaire,respiratoire etmétabolismesanté des populations

Le chercheur en sciences de la santén’est pas le génie asocial en blouseblanche qui passe ses nuits et sesjours dans son laboratoire à fairedes expériences incompréhensibles.À l’Université Laval, les chercheurssont aussi professeurs. Leur tempsest donc segmenté entre enseigne-ment et recherches. L’enseignementpeut se donner magistralement,à des étudiants de premier cycleuniversitaire, mais il est donnémajoritairement aux étudiants àla maîtrise et au doctorat qui intè-grent le laboratoire du chercheur. Ilsapprennent du chercheur pipetteset éprouvettes à la main, en déve-loppant des projets d’expériences,en analysant des résultats, etc.

Un chercheur est avant tout pas-sionné et convaincu. Son bureau,c’est son labo, mais c’est avant tout

sa tête. La recherche, c’est d’abordun monde d’idées. Les horairesde 9 à 5, c’est de la théorie pources savants. En pleine expérien-ce, en cours de rédaction d’articlescientifique, en pleines deman-des de subvention, les journéeset les semaines peuvent n’avoir nidébut ni fin. À d’autres moments,le rythme peut être plus détendu.SOPHIE GALL

Le travailde chercheur

LA RECHERCHE EN SANTÉ À QUÉBEC

La sérieDemainLe laboratoire comme unepetite entreprise. Devenirprofesseur-chercheur, c’estaussi devenir gestionnaire...

LA RECHERCHE DEPATRICK ROCHETTE

COUP DE SOLEILDANS L’ŒIL

L’œil est exposé aux radiations UV aumême titre que la peau. La cornée subit

les mêmes dommages, mais aucuncancer ne s’y développe. Patrick Rochetteveut comprendre pourquoi et cherche

à découvrir les effets et lesdifférentes pathologies queles rayons solaires causent

à nos yeux. SOPHIE GALL

«On a rien à envierà personne. Y’a rien qu’onavait à Yale qu’on n’a pas ici...on a même mieux»,mentionne le chercheurPatrick Rochette.

PHOTO LE SOLEIL,

ERICK LABBÉ

Michel J. Tremblay, vice-doyen à la recherche et auxétudes supérieures à laFaculté de médecine del’Université Laval.

PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

3161889

CAMPUSSANTÉ

Laissez-vous contaminerwww.fmed.ulaval.ca

Nos jeunes chercheurs sontporteurs d’espoir. Ilscontribuent à l’avancementdes connaissances et àl’amélioration de la santéde la population. Ils sontnotre relève en santé.

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

L’ESPOIREST PANDÉMIQUE

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 4

québec, pôle de recherche en santé

SOPHIE [email protected]

«A voir son proprelabo, c’est com-me partir de lamaison, c’est

nous qui décidons», dit d’embléeMathieu Laplante, 32 ans, profes-seur-chercheur rattaché la Facultéde médecine de l’Université Laval.Quand on quitte la maison, on metce qu’on veut dans le frigo. Celasignifie que dans son propre labo,on fait ce qu’on veut dans la recher-che. Mais quand on quitte la mai-son, c’est aussi à nous de gérer lebudget, les factures, les obligations,etc. Quand on a son propre labo,c’est la même chose. Autrement dit,devenir chercheur signifie qu’ondevient du même coup le patronde sa petite entreprise.

«C’est mon propre business», lanceMathieu Laplante, qui a son labora-toire depuis un an et demi. Business :un mot qui revient dans la bouchede Steve Bilodeau, 34 ans, lui aussiprofesseur-chercheur à la Faculté demédecine et à la tête d’une chaire derecherche du Canada. Il a son labodepuis moins d’un an.

Mathieu Laplante est arrivé dansun centre de recherche déjà bienéquipé, «donc [il a] pu faire du laboassez vite». De plus, dès le départ,la Faculté de médecine donne unebourse qui assure le salaire d’unétudiant diplômé. Très rapidement,Mathieu a donc engagé une per-sonne qui a pu travailler aux expé-riences, pendant que lui a eu lapossibilité de passer beaucoup detemps à faire des demandes de sub-ventions — qu’il a obtenues. Le laboa donc pris son erre d’aller. Mathieua maintenant cinq employés, etl’activité scientifique va bon train.«Ça s’est enclenché assez vite, maisça peut être beaucoup plus long»,admet-il. «L’argent, c’est le nerf dela guerre», laisse-t-il tomber.

Steve Bilodeau s’est installé dansun laboratoire… vide. Il s’est doncattelé à son ordinateur pour fairedes demandes de subventions,

qu’il aluiaussiobtenues.Se u l e m e n tpar la suite, il aengagé des gens qui, dans un pre-mier temps, ont fait des deman-des de soumission pour l’achat dumatériel scientifique.

Au moment de notre rencontre,une livraison venait d’avoir lieu, lelaboratoire était rempli de boîtes decarton. Prochaine étape : la recher-che. «Je savais que ça prendraità peu près un an pour s’installer,raconte-t-il. J’apprends la job degestionnaire sur le tas. L’écriture

de subventions,c’est du temps

bien investi parceque c’est là que les

idées se mettent en place.Mais commander du matériel,

c’est pas ce qu’il y a de plus inté-ressant. Mais le temps passé à biendémarrer ton labo est gage de sasolidité», philosophe-t-il. Cetteannée n’est donc pas une annéede recherche perdue.

«UN BEAU GRAND BATEAU»«On fait plus de gestion que de

recherche, c’est ce qui est difficileau début», dit Mathieu. «Du jourau lendemain, tu te retrouves à

gérer des ressources humaines,des budgets, un labo… tu gères lebateau», ajoute-t-il. Et chacun ades affinités différentes avec cesnouvelles responsabilités.

«Il y a un côté gambler , ditMathieu. Si tu fais une expérien-ce coûteuse, faut que ça marche,sinon c’est de l’argent perdu. Maisplus le degré de risque est haut,plus il y a un potentiel important»,explique-t-il. Et qui dit potentieldit éventuellement publication,reconnaissance des pairs, ce quiouvre la porte à davantage desubventions… «C’est une rouequi tourne.» «Il faut aussi définirton identité de patron», indique

Mathieu Laplante. «Faut faire dela gestion de personnel, faut êtreun boss… J’avais peur d’être tropfin, trop lousse…»

Steve voit cet aspect autrement :«J’aime la gestion des ressourceshumaines. C’est intéressant parceque tu formes des gens à penser.»

Une des volontés des deuxchercheurs est de rester le plusproche possible des expérien-ces, malgré leurs obligations degestionnaires.

«Ce n’est pas frustrant pourautant, parce que c’est la pas-sion qui conduit tout ça. C’est lecôté pur de la science qui motive»,conclut Mathieu Laplante.

Le labocomme unepetite entreprise

DEVENIR PROFESSEUR-CHERCHEUREST UN ACCOMPLISSEMENT QUI

S’ACCOMPAGNE D’UN NOUVEAU DÉFI :CELUI DE GÉRER SON LABORATOIRE,

SES RECHERCHES, SES FONDS,SES RESSOURCES HUMAINES. LOIN

D’AVOIR ÉTUDIÉ POUR CELA, LECHERCHEUR DEVIENT, MALGRÉ LUI,

UN GESTIONNAIRE. AUJOURD’HUI,LE SOLEILVOUS PRÉSENTE DES

CHERCHEURS DE QUÉBEC QUIDÉCOUVRENT CETTE RÉALITÉ.

Mathieu Laplante a maintenant cinq employés, et l’activité scientifique va bon train.— PHOTOS LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

LES DOSSIERSSPÉCIAUX DUSOLEIL

LA RECHERCHEDE MATHIEU LAPLANTE

UNE GÉNÉTIQUENON ÉQUITABLE

«Les humains ne sont pas tous égaux devantl’obésité», dit Mathieu Laplante. Cette pathologierelève de déterminants génétiques que le jeune

chercheur veut identifier. Le cancer, une patholo-gie qui vient d’une croissance cellulaire non sou-haitée, partage étrangement plusieurs similitu-des avec l’obésité. M. Laplante veut comprendre

le lien entre les deux maladies et analyserleurs mécanismes communs. Il travaille

au sein de l’Institut universitaire decardiologie et de pneumologie

de Québec. SOPHIE GALL

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Pour Steve Bilodeau, «le temps passé à biendémarrer ton labo est gage de sa solidité».

Obtenir des subventions pour larecherche n’est pas une mincetâche et rien n’est gagné d’avance.Beaucoup de chercheurs déposentdes demandes, peu reçoivent uneréponse positive des organismessubventionnaires. Le taux de suc-cès oscille entre 15 % et 20 %. Etquand on essuie un refus, on cogneà d’autres portes et on retente sachance plus tard.

EN CHIFFRESAvec l’ensemble des subventions

qu’il a obtenues, Mathieu Laplan-te peut compter sur un budgetde 250 000 $ par an, pour deuxannées. Les trois années suivan-tes, il se verra octroyer 200 000 $par an.

Steve Bilodeau a obtenu plusieurssubventions : une première lui per-met de compter sur 750 000 $ pourcinq ans (150 000 $/an), une autrelui assure 200 000 $ pour deux

ans (100 000 $/an), sa chaire derecherche lui octroie 100 000 $ paran pour cinq ans (renouvelable).S’ajoutent à cela 275 000 $ pourl’achat d’équipement.

«Nous sommes toujours à larecherche de financement alorsles chiffres changent en fonctiondu succès que l’on a avec nosdemandes», précise MathieuLaplante.

La Faculté de médecine de l’Uni-versité Laval offre du soutien pourla gestion de ces fonds. SOPHIE GALL

À la loteriedes subventions

La sérieDemainLa pratique ou la recherche?Pourquoi choisir l’une oul’autre voie? Pourquoi ne paschoisir les deux?

«Pour être chercheur, il faut êtreconvaincu», dit d’emblée Michel J.Tremblay, vice-doyen à la recher-che et aux études supérieures à laFaculté de médecine de l’Univer-sité Laval.

Il faut commencer par un bac-calauréat en science (et non pasen médecine, la plupart des cher-cheurs n’étant pas médecin), puisune maîtrise, puis un doctorat. Sui-vent un ou plusieurs postdoctoratsà l’extérieur avec la crème des cher-cheurs au niveau mondial, dansle domaine qui intéresse le jeunechercheur.

«Aller à l’extérieur est crucial, ditM. Tremblay. Ça bonifie la forma-tion, on apprend d’autres techno-logies, d’autres visions, d’autresfaçons de faire.»

Lorsqu’on est jeune chercheur,on a besoin d’avoir une certaineréputation pour pouvoir obtenirdes subventions. Et cette répu-tation s’acquiert très tôt : déjà àla maîtrise, il faut demander (et

obtenir) des bourses d’excellence.Puis, tant à la maîtrise qu’au doc-torat, il faut publier, obtenir l’avaldes pairs. Pour obtenir un labo, ilfaut donc baigner dans l’excellen-ce, l’innovation, la détermination,la passion. SOPHIE GALL

Parcoursdu combattantet du passionné

«Avoir un labo,c’était la continuité.Mais la positionne garantit pasle succès»— Mathieu Laplante

«La recherche,je ne vois pasla fin»— Steve Bilodeau

LA RECHERCHEDE STEVE BILODEAU

LES BOGUES CELLULAIRESÀ la base, toutes nos cellules ont le même ADN et

donc la même information et le même potentiel dedéveloppement. Pourtant, toutes ne se développent

pas de la même façon, car elles utilisent différentsprogrammes pour effectuer différentes fonctions.Steve Bilodeau, chercheur au CHU de Québec, veut

comprendre ce qui contrôle le programme de chaquecellule pour pouvoir saisir ce qui se passe dans un

contexte de maladie. «Il y a quelque chose quichange le programme, ce qui affecte lafonction», explique-t-il. Et cela touche

toutes les fonctions humaines.SOPHIE GALL

3161892

CAMPUS SANTÉ

Laissez-vous contaminerwww.fmed.ulaval.ca

Nos jeunes chercheurs sontporteurs d’espoir. Ilscontribuent à l’avancementdes connaissances et àl’amélioration de la santéde la population. Ils sontnotre relève en santé.

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

L’ESPOIREST PANDÉMIQUE

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 6

québec, pôle de recherche en santé LES DOSSIERSSPÉCIAUX DUSOLEIL

PRATIQUE OU RECHERCHE? CERTAINSCHERCHEURS SE SONT POSÉ LA QUESTION À

UN MOMENT OU À UN AUTRE DE LEUR CURSUS.CHOISIR L’UNE OU L’AUTRE DES VOIES N’EST

TOUTEFOIS PAS UNE OBLIGATION : UN CLINICIENPEUT BIEN ENTENDU ÊTRE AUSSI CHERCHEUR.

LA VIE S’ORGANISE ALORS AUTREMENT.AUJOURD’HUI,LESOLEILVOUS PRÉSENTE DESCHERCHEURS QUI ONT LA PRATIQUE QUI LEUR

DÉMANGE LE BOUT DES DOIGTS.

SOPHIE [email protected]

P atr ick Archambault ,36 ans, porte de nombreuxchapeaux : il est urgen-tologue et intensiviste à

l’Hôtel-Dieu de Lévis en plus d’êtreprofesseur-chercheur rattaché à laFaculté de médecine de l’UniversitéLaval. «50 % du temps, je suis cher-cheur, l’autre 50 %, je travaille auxurgences ou aux soins intensifs»,dit-il, même si son temps n’est pastoujours aussi équitablement répar-ti. Et pour ceux qui se le deman-dent : oui, Patrick Archambault aune vie à côté de ses métiers. Il aune conjointe, deux jeunes garçons,il adore le plein air et la cuisine. Etle hockey aussi!

Pendant sa résidence en méde-cine d’urgence, Patrick a commencéune maîtrise en épidémiologie, undomaine plus axé sur la recherche.«Et à la fin de tout ça, j’ai fait ma sur-spécialité en soins intensifs», expli-que-t-il. Patrick est un passionné,mais pas de ceux qui cultivent unepassion pour tout sans pouvoir sedécider. «C’est simplement qu’un demes mentors m’a éveillé à la méde-cine basée sur les recherches pouralimenter les décisions cliniques»,se souvient-il. «Alors, pourquoi nepas produire cette recherche-là etpratiquer en même temps?»... Effec-tivement, pourquoi pas?

Selon Patrick Archambault, le pro-fil de chercheur-clinicien est de plusen plus encouragé pour amener unesprit critique, pour cibler la recher-che sur les patients et sur les grandesquestions auxquelles les cliniciensse frottent quotidiennement.

CONCILIATION DIFFICILELa recherche et la clinique sont

toutefois deux réalités difficilesà concilier dans la vie de tous lesjours. Les rythmes de vie changentconstamment. «En clinique, tu asdes horaires, mais qui peuvent êtreà n’importe quelle heure du jour oude la nuit. En recherche, tu peuxfaire du 8 à 5, sur semaine seule-ment, mais ça, c’est quand tu n’espas en période de demandes desubvention», mentionne Patrick.

Dans ces périodes de demandes defonds, le rythme est si soutenu qu’ilarrive que Patrick doive cesser detravailler à l’hôpital pour quelquesjours ou quelques semaines. Celapeut créer des incompréhensionsde la part des collègues cliniciens,qui ne voient pas la recherche avecle même engouement que Patrick.

En recherche, les pressions nesont pas les mêmes qu’en clinique.«En recherche, c’est beaucoup pluscompétitif, le stress est à plus longterme. Alors qu’en clinique, le stressest plus immédiat, mais aussi plusponctuel», relate le médecin.

«Ce qui est difficile avec ce doublerythme, c’est qu’on voudrait voir larecherche aller plus vite», note lechercheur. «C’est pas évident defaire 100 % du travail de rechercheen 50 % du temps.»

Clinique et recherche apportentchacune leur lot de gratifications.

D’un point de vue financier,la clinique est beaucoup pluspayante que la recherche. «Jesuis sept fois mieux payé enclinique», calcule Patrick. Surle terrain, c’est aussi très valo-risant de soigner quelqu’un,de sauver des vies... un typede «récompense» qui arrivesouvent.

«GRATIFIANT»Mais en recherche, «le feedback

est plus long et plus rare, maisquand il arrive, c’est très, très gra-tifiant, et notre action est sur uneéchelle plus grande», note-t-il. «Ladécouverte, c’est le nirvana deschercheurs. Mais la valorisationn’est pas garantie non plus», ajou-te-t-il. En tant que chercheur, «onest tous des humanistes, on veuttous changer le monde, laisser unemarque», clame-t-il.

À ter-me, PatrickArchambault vou-drait garder ce rythme à 50–50.Mais il est réaliste : en vieillissant, ilse voit plus laisser tomber la pratique

que la recher-che. Rien à voir

avec la passion dumétier, mais plutôt avec

les exigences de ses spécialités : êtreurgentologue et intensiviste est trèsdemandant.

Pratiqueou recherche :un faux dilemme

Selon Patrick Archambault, le profil de chercheur-clinicien est de plus en plusencouragé. — PHOTO LE SOLEIL, PASCAL RATTHÉ

LA RECHERCHE DEPATRICK ARCHAMBAULT

DES WIKIS À L’HÔPITALPatrick Archambault cherche une méthode pour vulgariser la re-cherche pour les cliniciens afin qu’ils puissent utiliser les résultatsde recherche et changer (et améliorer) la pratique en fonction de

ces résultats. Il pense que le wiki serait une bonne manière de pro-céder. Le wiki est un site Web dont le contenu est collaboratif. Lespages du site sont modifiables par tous, ou par une communauté

ciblée, selon les cas. Les médecins manquent malheureusement detemps pour lire tous les articles qui touchent à leur spécialité, les

résultats d’une recherche peuvent donc être mis en application trèslongtemps après publication. Avec le wiki, Patrick Archambault sou-

haite accélérer le transfert et l’utilisation des connaissances, touten les vulgarisant. Bien sûr, il s’agirait de wikis adaptés à la médecine

qui permettraient, à l’échelle de la province, le partage des prati-ques exemplaires, des savoirs et des savoir-faire. Patrick Archam-

bault développe un projet pilote de wikis à l’Hôtel-Dieude Lévis, mais son but principal en tant que chercheur est

de prouver que le wiki serait une bonne façon dedisséminer les connaissances et d’améliorer

la qualité des soins.SOPHIE GALL

Page 7: Marie-Josée Bousquet, professeure de clinique à Rimouski ... · le cas ailleurs (les chercheurs doi-vent alors faire des demandes de subventions pour leur salaire, dès ledépart).Cesalaireleurseraversé

LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 7

Le recrutement de personnes ensanté ou malades est indispensableà la réalisation de plusieurs projetsde recherche. La participation à larecherche permet d’avoir accèsà de nouvelles approches, à destraitements expérimentaux et à destechnologies de pointe avant qu’ilssoient disponibles pour l’ensemblede la population. Les projets nesont donc pas limités à l’expéri-mentation de nouveaux médica-ments. Participer à un projet derecherche, c’est :• contribuer de manière impor-

tante au développement desconnaissances dans un domaineparticulier

• enrichir ses propres connaissances• bénéficier de nouvelles pratiques

dans un cadre sécuritaire• aider d’autres personnes qui

sont dans la même situation quenous

• ultimement, c’est collaborer àl’amélioration de la santé etdu bien-être de la société toutentière.Les participants à une recherche

entreprise par un professeur-cher-cheur universitaire sont assurésque le projet a été approuvé parun comité d’éthique. SOPHIE GALL

Source : Faculté de médecinede l’Université Laval

Pourquoi participer àdes projets de recherche?

Patrice Brassard est médecin. Kiné-siologue, plus précisément. Maisil n’a jamais pratiqué. «Même si laprofession ne s’arrête pas à ça, jene voulais pas travailler dans ungymnase, admet-il. Je ne voulaispas appliquer les recettes, maisplutôt faire évoluer les recettes,faire avancer les recherches... Je mesuis aperçu très tôt que j’aimais lathéorie», ajoute-t-il.

Patrice a donc adapté sa for-mation pour devenir professeur-chercheur en physiologie... Riend’étonnant pour un passionné dufonctionnement du corps humaindans toutes ses dimensions. Il estactuellement chercheur à l’Institutuniversitaire de cardiologie et depneumologie de Québec. Le grandavantage qu’a Patrice Brassard,c’est qu’il fait de la recherche-cli-nique, soit de la recherche avecdes patients, ce qui le rapproche,en quelque sorte, de la pratique.«Je garde une saveur clinique, c’estle meilleur des deux mondes!»s’exclame-t-il.

Amélie Achim est professeure-chercheuse en psychiatrie et en

neurosciences, rattachée à l’Institutuniversitaire en santé mentale deQuébec. Elle s’intéresse particuliè-rement à la schizophrénie.

Avant de commencer ses études,elle était éducatrice spécialisée etsentait la frustration de ne pas enconnaître assez sur la maladie men-tale. Cela l’a amenée à étudier danscette branche.

Maintenant qu’elle est chercheu-se, la pratique lui manque un peu.«Mais une éducatrice spécialiséeavec un postdoc, ça se place mal»,rigole-t-elle. Sa chance toutefois,c’est de faire de la recherche cli-nique, et donc d’être plus prochedes patients que les chercheursfondamentaux.

«Et quand on fait de la recher-che clinique, les résultats sont plusdirectement applicables», souligne-t-elle. Amélie ne regrette pas sonchoix : «Avoir les deux chapeaux[chercheuse et clinicienne] et excel-ler, c’est difficile, c’est un gros man-dat», pense-t-elle. «Et ce n’est pasparce que je ne pratique pas, queje ne peux pas changer la pratiqueclinique», conclut-elle. SOPHIE GALL

Près des patientsmême sansla pratique

La recherche-clinique,soit de la recherche avecdes patients, rapprochePatrice Brassard de lapratique. — PHOTO LE SOLEIL,

JEAN-MARIE VILLENEUVE

Amélie Achim est professeure-chercheuse en psychiatrie et en neurosciences.— PHOTO LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE

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CAMPUS SANTÉ

Laissez-vous contaminerwww.fmed.ulaval.ca

Nos jeunes chercheurs sontporteurs d’espoir. Ilscontribuent à l’avancementdes connaissances et àl’amélioration de la santéde la population. Ils sontnotre relève en santé.

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

L’ESPOIREST PANDÉMIQUE

Page 8: Marie-Josée Bousquet, professeure de clinique à Rimouski ... · le cas ailleurs (les chercheurs doi-vent alors faire des demandes de subventions pour leur salaire, dès ledépart).Cesalaireleurseraversé

LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 8

SOPHIE [email protected]

Ê tre admis en médecinen’est pas simple. Chaqueannée, seuls 230 candidatssur les 2500 qui déposent

une demande sont admis. «Etquand on commence la formation,on a l’impression d’être face à l’Eve-rest», dit Marie-Hélène Cormier,médecin-résidente en médecinefamiliale (résidence d’une duréede deux ans).

«Mais l’accompagnement et laformation sont très adéquats»,pondère-t-elle. Rénald Bergeron,doyen de la Faculté de médecinede l’Université Laval, le confirme.«On est très fier de les accueilliret on a à cœur de leur donner lemaximum pour qu’ils deviennentles professionnels dont la société abesoin. On les aide donc à absor-ber les connaissances, mais aus-si les enjeux desquels ils serontresponsables.»

Quand on est médecin-résident,on pratique quotidiennement, maistoujours sous la supervision d’unmédecin. La résidence fait partieintégrante de la formation et dureplus ou moins longtemps selon laspécialité choisie. Cette portion ducursus est hybride : à la fois forma-tion (aux yeux de l’Université Laval,les résidents sont encore étudiantsà temps plein et payent des droitsde scolarité) et professionnalisa-tion (ils sont rémunérés). «On esten pleine crise d’identité quand onest résident», rigole Marie-Hélène.«C’est une dualité entre humilité etconfiance en soi, entre consolida-tion des acquis et apprentissagesnouveaux», ajoute-t-elle.

Guillaume Leblanc, 28 ans, estmédecin-résident en anesthésie,une spécialité qui demande cinqans de résidence. «C’est stimulant la

résidence, on est impliqué dans lesprises de décision, on pose les ges-tes techniques et on a une respon-sabilité envers les patients. On estétudiant et professionnel, c’est unbeau mélange des deux», indique-t-il. Et plus les années passent, plusla professionnalisation est grande,le tout pour une transition réussievers le jour où ils seront médecins…tout court.

QUOTIDIEN EXIGEANTAprès une formation exigean-

te, la résidence l’est tout autant.

Généralement, Guillaume a descours entre 7h et 8h le matin, avantd’amorcer sa journée dans les blocsopératoires pour endormir les gens.S’ajoutent à cela les lectures, lesprojets de recherche, les gardesdans les hôpitaux de jour, de soir,de nuit. Marie-Hélène, quant à elle,suit des cours formels le mercrediaprès-midi, mais a des rencontresformatives avec son médecin deréférence après chaque consul-tation qu’elle fait. Elle aussi étu-die encore, fait des gardes dansles hôpitaux, à n’importe quelle

heure, les pathologies ne se pré-sentant pas toujours en semaine,entre 9h et 17h. «La résidence, c’estpas le moment le plus équilibrédans une carrière», souligne Marie-Hélène, tout en gardant un largesourire. «Il y a une intensificationet une irrégularité des horaires»,convient-elle. «Mais oui, on a unevie en dehors de l’hôpital et dans lemilieu, il y a un souci de nous pré-server», remarque-t-elle. Guillaumeconstate aussi cette attention. Ilprend plusieurs fois par année desvacances pour voyager. Dernier

périple en date : l’ascension duKilimandjaro. Après avoir escaladél’Everest de la formation en méde-cine… «Il y a des sacrifices à faire,mais il y a moyen de garder un bon

DEVENIR MÉDECIN…OU ESCALADERL’EVEREST LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

FORME DIFFÉRENTS EXPERTS DE LA SANTÉ : DU MÉDECIN ÀL’ORTHOPHONISTE, EN PASSANT PAR LE KINÉSIOLOGUE OU LEPHYSIOTHÉRAPEUTE. LE SOLEILVOUS PROPOSE UNE INCURSIONDANS LA RÉALITÉ DES MÉDECINS RÉSIDENTS ET VOUS DONNEUN APERÇU DES DIVERS CURSUS OFFERTS PAR LA PLUS VIEILLEFACULTÉ D’AMÉRIQUE DU NORD À DONNER UNE FORMATIONMÉDICALE EN FRANÇAIS.

La sérieDemainL’apprentissage par simulationdans un centre ultra sophisti-qué ou quand le virtuel flirteavec le réel...

québec, haut lieu de formation en santé

Guillaume Leblanc, 28 ans, est médecin-résident en anesthésie, une spécialité qui demande cinq ans de résidence. — PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

ÊTRE EXPERT…ET PLUS ENCORE

«J’ai eu envie de faire médecine au cégep.C’était un phénomène de gang, on est plusieursamis à avoir suivi cette formation», se souvient

Guillaume. «Mais j’ai su tout de suite que je voulaisêtre un spécialiste, un expert, c’est pour ça quej’ai choisi l’anesthésie. C’est un mélange entrela technique, les connaissances, la physiologie,

la pharmacologie. Mais l’aspect humain dela médecine me manquait un peu. Alors j’ai

décidé de faire une seconde spécialitéen même temps qu’anesthésie,

en soins intensifs.»

équilibre de vie», ponctue-t-il.

La sérieDemainL’apprentissage par simulationdans un centre ultra sophisti-qué ou quand le virtuel flirteavec le réel...

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Stéphanie Lacoursière, 22 ans, enest à sa quatrième année d’étudesen physiothérapie. Entre juin etaoût 2012, elle a passé deux moisau Sénégal dans le cadre d’un pro-gramme de mobilité optionnel, maiscrédité. «Là-bas, on était les profes-sionnels. La plupart du temps, onétait seules, mais on était supervi-sées par une physiothérapeute quivenait de Dakar une fois de tempsen temps», explique Stéphanie. Lajeune fille au grand sourire a apprisà adapter ses interventions. «Le han-dicap est vu comme une malédic-tion au Sénégal. Mais tu ne peux pasjuger ça, il faut intégrer ce point devue dans la pratique si on veut êtreefficace et avoir de l’impact», note-t-elle. Pas le choix : il faut adopterune approche axée sur le client, sescroyances, ses coutumes, etc. ChloéDe Bellefeuille Vigneau, conseillè-re à la gestion des études pour levolet international à la Faculté demédecine, va dans le même sens.«Ces stages internationaux et inter-culturels développent la capacitéd’adaptation à tout ce qui influen-ce la santé des populations et lessoins apportés à cette population.Ça peut être la culture, la politi-que, les aspects sociosanitaires,la religion, la médecine tradition-nelle, etc.» C’est aussi l’occasionde se frotter à d’autres approchesmédicales, à d’autres pathologies.

Puisque le superviseur n’était paslà souvent, Stéphanie a appris àse faire confiance et à apprendrepar elle-même. «C’est là qu’on voitqu’en trois ans, on a fait beaucoupde chemin», dit-elle. Elle a aussiappris à travailler sans techno-logie et sans diagnostic. «De telsvoyages, ça brasse les certitudes,les pratiques et ça élargit les pers-pectives», est persuadée Mme DeBellefeuille Vigneau.

Mais au-delà de l’expérienceprofessionnelle, il y a aussi l’expé-rience personnelle. «On a habitéavec les familles, dans la commu-nauté. Il y avait beaucoup d’en-traide et de chaleur», se souvientla physiothérapeute en devenir.Marquée par cette ambiance, Sté-phanie est revenue en dévelop-pant un projet pour favoriser lasociabilité au sein de la Faculté.SOPHIE GALL

À l’échelle internationale

Pour devenir médecin, on s’inscritau doctorat de premier cycle, d’unedurée de quatre à cinq ans (selon lerythme de l’étudiant). Ce doctorat estdivisé en deux parties : le préexternat(trois ans théoriques, avec stagesd’observation) et l’externat (deux ansdans les hôpitaux). Suivent des exa-mens de fin de cursus qui permettentd’obtenir un doctorat en médecine.Débute ensuite la période de résiden-ce. La durée de cette résidence variede deux à six ans selon la spécialitéchoisie par le futur médecin. Lors dela résidence, l’étudiant est qualifié demédecin-résident (il peut pratiqueret prescrire) mais demeure sous lasupervision d’un médecin. À la finde sa résidence, le jeune médecinpeut décider de faire une surspécia-lité pour une durée d’un à deux ans,selon les cas. SOPHIE GALL

D’étudiant à médecin

La Faculté de médecine offre huitprogrammes de premier cycle :médecine, ergothérapie, kinésio-logie, physiothérapie, sciences bio-médicales, sciences cognitives dulangage, sexualité humaine, toxico-manie. De nombreux experts de lasanté passent donc sur les bancs decette faculté. Ces enseignementssont donnés dans le même pavillonafin de privilégier la collaborationinterprofessionnelle. Dans leur pra-tique, tous ces experts auront à tra-vailler ensemble (et avec d’autres,

les infirmières et les nutritionnistes,parexemple).L’organisationscolaireestdonccalquée lepluspossiblesurl’organisation clinique, ou personnene travaille en silo.La Faculté de médecine offre aussides programmes de deuxième ettroisième cycle en biologie cellu-laire, en épidémiologie, en kinésio-logie, en médecine expérimentale,en microbiologie-immunologie, enorthophonie, en neurobiologie, enphysiologie-endocrinologie et ensanté communautaire. SOPHIE GALL

Les différents programmesde formation

À droite, Stéphanie Lacoursière, en compagnie du jeune Adji, 16 ans, et de sacollègue étudiante en physiothérapie Caroline Villemaire. Adji avait les jambestroprepliéespourpouvoirutiliserdesbéquilles, les interventionsdesdeuxjeunesfemmes ont pu régler ce problème. — PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANIE LACOURSIÈRE

Marie-Hélène Cormier, médecin-résidente en médecine familiale (résidenced’une durée de deux ans) — PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

ENTRESTÉTHOSCOPEET CODE CIVIL

À 29 ans, Marie-Hélène en est déjà à sadeuxième carrière. Et son premier métier n’a

rien à voir avec la santé : Marie-Hélène a été avocatependant un an et demi. «J’ai aimé la démarche

intellectuelle du droit, mais j’avais besoin de concret,de la proximité avec les gens. Ce changement de cap,

ça a été un pari. Quand j’ai commencé les cours demédecine, je suis restée membre du Barreau [elle l’est

toujours], car je n’étais pas certaine de mon choix.Mais dans la première session, on a eu troisheures d’observation aux urgences et ça a

été déterminant, je n’ai plus euaucun doute après ça»,

raconte-t-elle.

TEMPS D’ÉTUDESPOUR DEVENIR MÉDECINSELON LES SPÉCIALITÉS

Temps minimal · · · · · · · · · 6 ansTemps maximal · · · · · · · 12 ans

DIFFÉRENTS TEMPSDE RÉSIDENCE SELONLES SPÉCIALITÉS

Médecine familiale · · · · · 2 ans

Cardiologie · · · · · · · · · · · · · ·3 ans

Pédiatrie · · · · · · · · · · · · · · · ·4 ans

Médecine interne,neurologie · · · · · · · · · · · · · ·5 ans

Chirurgie cardiaque,neurochirurgie · · · · · · · · · ·6 ans

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Nous innovons sans cessepour offrir une formationadaptée à la pratiqueprofessionnelle et auxbesoins de la population.

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

LA COMPÉTENCEEST PANDÉMIQUE

6 ans

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québec, haut lieu de formation en santé LES DOSSIERSSPÉCIAUX DU SOLEIL

FINI LE TEMPS OÙ LES FUTURS SOIGNANTSAFFÛTAIENT LEURS TECHNIQUES UNIQUEMENT

SUR DES ANIMAUX OU SUR DES CADAVRES.LA TECHNOLOGIE A PRIS LE DESSUS. À LA

FACULTÉ DE MÉDECINE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL,LE CENTRE APPRENTISS, DOTÉ DE MANNEQUINSHYPER SOPHISTIQUÉS, PERMET AUX ÉTUDIANTS

DE VIVRE DES SITUATIONS MÉDICALES D’UNRÉALISME ÉTONNANT. LE SOLEIL S’EST INVITÉ AU

CŒUR DE CES SIMULATIONS.

SOPHIE [email protected]

C e matin-là, au Cen-tre Apprentiss, la sériede simulations prévueplonge les étudiants aux

urgences, devant des patients quiconnaissent différents problèmescardiaques. Ces patients s’appellentPierre Tremblay, Raoul Faucher ouThomas Vadeboncoeur. Ces der-niers sont en fait des mannequinsqui peuvent changer de patho-logie, de nom, de sexe, d’âge enfonction du but pédagogique de lasimulation. Entre deux séances, lestechniciens du Centre Apprentisschangent les vêtements du man-nequin, ainsi que sa perruque. Ily a une réelle volonté de rendrela situation la plus réaliste possi-ble. «Plus on augmente le réalisme,plus les étudiants vont adhérer àla simulation et plus ça augmenteleur schème de pensée», mentionneMélanie Pelletier, responsable desimmersions cliniques au CentreApprentiss. «D’ailleurs, on ne ditpas mannequins, mais patients»,ajoute-t-elle. Les étudiants doiventoublier qu’ils ont devant eux unesorte de robot.

Et on se laisse leurrer facilementtant ces «patients» sont des machi-nes ultra-perfectionnées. Avant quela simulation commence, on s’ap-proche de l’un d’eux. Au touché,la sensation de cette fausse peau

est troublante, la cage thoraciquebouge au rythme de la respiration,les yeux clignent. «Les patients fonttout, explique Mélanie Pelletier. Ilspeuvent parler, crier, vomir, fairepipi, leurs pupilles réagissent à lalumière», énumère-t-elle. Ils peu-vent, bien entendu, saigner (du fauxsang, rassurez-vous), faire une réac-tion allergique, convulser, mourir…Les logiciels auxquels sont reliésces «patients» leur permettent deréagir aux procédures et aux médi-caments administrés, des compli-cations peuvent être programmées.Le mannequin accoucheur peutmettre au monde un enfant par voiebasse — un piston installé dans leventre de la «mère» pousse le bébé(par la tête ou par le siège, selon lescas) au rythme des contractions— ou par césarienne. Le bébé enquestion, à terme ou prématuré(il y a des mannequins bébés dedifférentes tailles et poids), peutévidemment pleurer.

PÉDAGOGIQUEL’immersion clinique simulée est

une méthode pédagogique qui vise«à évaluer des compétences quil’étaient peu il y a 10 ans, commele savoir comportemental», relateMélanie Pelletier. «En plus des com-pétences cliniques, le Centre per-met aux étudiants de développerdes compétences de leadership,de gestion de crise, de travail et decommunication en équipe», expli-que le Dr Gilles Chiniara, directeurscientifique du Centre Apprentiss.

La philosophie derrière ce moded’apprentissage par simulation estassez simple : le développementde compétences professionnelles

multiples et complexes dansun environnement sécuritairepour le patient. «On évite quele patient [le vrai] ne soit l’ob-jet d’étude», dit le Dr Chinia-ra. «Quand la simulation estdisponible, ça devient mêmeun impératif éthique puis-que cela diminue le nombred’erreurs lorsque les gestessont posés pour la premièrefois dans le réel», indique-t-il.

Retour à la simulation. Ce jour-là, ce sont des séances accélérées,mais le temps réel est aussi prati-qué à d’autres occasions. Les qua-tre étudiants appelés auprès du«patient» Tremblay ont 10 minutespour poser un diagnostic et déciderd’un traitement. Dans la salle decontrôle, située derrière un miroirsans tain, les techniciens et le clini-cien-professeur observent les étu-diants, déclenchent par ordinateurles symptômes du patient, et fontla voix du patient. Ainsi, quand lesétudiants interrogent ce dernier,il répond (ou grogne, ou se plaint,etc.), toujours en fonction du but

péda-gogique.On a mêmeentendu un jeune«patient» être badin avec une jeuneinfirmière… le réalisme peut être detout genre. Si bien que parfois, lesétudiants sont mis dans des situa-tions délicates : un technicien peutjouer le rôle d’un médecin beau-coup trop autoritaire, ou celui d’une

infir-m i è r e

incompé-t e n t e , o u

celui d’un pèrepaniqué, qui rentre

dans la salle d’urgence etvoit son fils mal en point entre lesmains des médecins… car ce n’estpas toujours la pathologie qui estcompliquée. Autant de situations àgérer qu’il vaut mieux avoir vécuesune première fois de manière fictiveavant de se lancer dans le réel.

À L’HÔPITALVIRTUEL

Les mannequins sont si perfection-nés qu’ils peuvent réagir à différen-tes manœuvres médicales, telles quele massage cardiaque. — PHOTO LE SO-

LEIL, YAN DOUBLET

Les mannequins clignent des yeux, parlent et peuvent simuler une multitudede réactions ou de symptômes. — PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

AVANT ET APRÈSLA SIMULATION PAR

IMMERSION CLINIQUEAvant de lancer les étudiants dans une simulation par

immersion clinique, il faut qu’ils aient développé un savoir et unsavoir-faire. Le savoir concerne les connaissances théoriques. Lesavoir-faire s’acquiert lors de simulations procédurales. Certai-nes salles du Centre Apprentiss y sont consacrées. Par exemple,pour apprendre à intuber un patient, les étudiants peuvent pra-tiquer sur les portions de mannequin beaucoup moins sophis-tiquées, mais qui ont les attributs nécessaires pour ce geste

précis. C’est le moment de faire et de refaire la procédure, de setromper, de poser les questions aux professeurs. La simulation

par immersion clinique vient ensuite et permet de conjuguersavoirs, savoir-faire et savoir-être.Après chaque simulation

par immersion clinique, il y a une séance de débreffageavec le clinicien-professeur. Toute la simulation est

enregistrée par vidéo. «On analyse les faits a posterioriet c’est à ce moment-là que la plus grosse partie

de l’apprentissage se fait», soutient leDr Gilles Chiniara. SOPHIE GALL

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Lors des simulations d’accouche-ment, le ventre de la mère est fermé.Un piston expulse le bébé progressi-vement, au rythme des contractions.— PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

Emmanuelle Careau et le Dr Jean Maziade — PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

«La collaboration interprofes-sionnelle, c’est le lien qui unit desexperts complémentaires autourd’un objectif commun, pour aug-menter l’efficacité de l’interven-tion», explique le Dr Jean Maziade,responsable du développementpédagogique sur la collaborationinterprofessionnelle à la Facultéde médecine de l’Université Laval.

«Le but, c’est de commencercette collaboration au niveau dela formation pour qu’ensuite, auniveau professionnel, ça fonction-ne bien, ajoute-t-il. Si la forma-tion se fait en silo, ça va perdureren silo», mentionne sa collègueEmmanuelle Careau, professeu-re-chercheuse dans le domaine del’interprofessionnalisme.

«Et on ne peut pas penser travailleren santé sans cette collaboration»,indique-t-elle. Ainsi, dès le début ducursus, les étudiants issus des diffé-rentes spécialités suivent des coursconjoints obligatoires et vivent des

simulations communes. «Les gensse forgent donc une identité pro-fessionnelle au contact des autreset non uniquement en fonction deleur spécialité», dit Mme Careau.

Pour un patient, bon nombre despécialistes peuvent être appelés àintervenir. «Et la collaboration ne sefait pas uniquement entre profes-sionnels, mais aussi avec le patient,le conjoint du patient, le psycholo-gue, l’agent pastoral, le travailleursocial…», illustre le Dr Maziade.Cette formule d’apprentissage per-met d’éviter les visions restreintes.«Et ça donne de la valeur ajoutéeaux soins», conclut le Dr Maziade.SOPHIE GALL

Un apprentissagebasé sur lacollaborationprofessionnelle

Le Centre Apprentiss ne sert pasuniquement à former les futursmédecins. Plusieurs spécialités dessciences de la santé bénéficientdes installations : orthophonie,pharmacie, sciences infirmières,etc. La physiothérapie en profiteaussi. Lors de notre passage dansles locaux, les étudiants suivaientun atelier et s’entraînaient entreeux sur les techniques de mobili-sation de l’épaule et pour acquérirles méthodes d’analyse et d’éva-luation d’une épaule douloureuse.«Pour notre métier, il faut déve-lopper certaines habiletés, on doitsentir avec nos mains, voir, et ondoit communiquer avec la person-ne, ce qui nous oblige à avoir deslaboratoires de pratique», souligneSylvie Morin, chargée d’enseigne-ment en physiothérapie. «Les étu-diants aiment ça, ils sentent qu’ilsapprennent un métier. Ça mobilisedes connaissances qui sont alorscontextualisées. Ils s’habituent àdifférentes morphologies», ajoute-t-elle. SOPHIE GALL

Simulationpourtoutes lesspécialités

Une étudiante en physiothérapie s’entraîne à la mobilisation de l’épaule sur sacamarade, en compagnie de Sylvie Morin (à gauche), chargée d’enseignement.— PHOTO LE SOLEIL, PATRICE LAROCHE

2000 m2Superficie du CentreApprentiss

1 M$Prix d’une salle desimulation de haut niveau

16Nombre de mannequinssimulateurs

40 000 $à 250 000 $Prix moyen d’unmannequin, selonsa complexité

3 à 4 moisTemps de travailrequis pour préparerun scénariode simulation

La sérieDemainÊtre médecin, c’est êtreapprenant à vie...

EN CHIFFRES

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Nous innovons sans cessepour offrir une formationadaptée à la pratiqueprofessionnelle et auxbesoins de la population.LA COMPÉTENCE

EST PANDÉMIQUE

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

LAISSEZ-VOUS CONTAMINER

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québec, haut lieu de formation en santé LES DOSSIERSSPÉCIAUX DU SOLEIL

CE N’EST PAS PARCE QU’UN MÉDECIN,SPÉCIALISTE OU NON, A TOUS LES DIPLÔMES ET

LES AUTORISATIONS NÉCESSAIRES À LA PRATIQUEQU’IL QUITTE TOTALEMENT LES BANCS D’ÉCOLE.

LA FORMATION CONTINUE EST UN IMPÉRATIFPOUR CES EXPERTS DE LA SANTÉ, ET CE, JUSQU’ÀLA FIN DE LEUR PRATIQUE. RENCONTRE AVEC CES

APPRENANTS À VIE.

SOPHIE [email protected]

«C’ est passion-nant d’êtrem é d e c i n ,mais c’est de

l’ouvrage», lance Julie Thériault,43 ans, médecin de famille qui pra-tique en gériatrie. François Ratté,44 ans, urgentologue, opine duchef en l’entendant. Et pour cause!Ces deux médecins diplômés etpraticiens suivent des formationsfréquemment.

«On est obligés, dit M. Ratté. Cha-que médecin décide de son plande formation selon sa spécialitéet ses besoins», explique-t-il. Cesformations sont créditées, et lesprofessionnels de la santé doiventaccumuler un certain nombre decrédits sur cinq ans et montrerpatte blanche si les autorités com-pétentes le leur demandent. «J’aireçu une lettre dernièrement medemandant mon plan de dévelop-pement professionnel», indiqueJulie Thériault. «Ça se fait de façonaléatoire, mais quand on reçoit lalettre, on doit fournir les preuves[attestations] des différentes forma-tions suivies et expliquer à quoi çanous a servi dans notre pratique»,explique-t-elle. Une simple forma-lité pour elle, qui a eu la confirma-tion que tout était conforme auxattentes.

Et selon François Ratté, cettedynamique est totalement nor-male, même essentielle. Que cesoit scientifiquement ou techno-logiquement parlant, tout évoluetrès vite. «Tu ne peux pas t’asseoirsur tes lauriers, car tu peux faci-lement devenir incompétent, etrapidement», souligne-t-il.

FORMATIONS MULTIFORMESLes formations que doivent sui-

vre les médecins peuvent prendretoutes sortes de formes. Cela va ducolloque au congrès (en tant queparticipant ou conférencier), enpassant par la formation formelle,la formation en ligne, les séancesde perfectionnement technique,les revues de lecture, les recherchespersonnelles, etc. Certaines de cesformations sont organisées par laFaculté de médecine de l’Univer-sité Laval.

«Une fois par mois, les urgentolo-gues, on se retrouve à l’université eton partage des connaissances, onfait la présentation de cas spéciaux,on aborde un sujet spécifique»,illustre M. Ratté. Ces regroupe-ments de cliniciens spécialistessont aussi le moment de dépouillerla littérature scientifique. «On lit eton se positionne par rapport à ça,on détermine si ça va changer lapratique, on reste critique», ajou-te-t-il. «Ce que je trouve difficile,c’est que la littérature est trufféede pièges. Certaines compagniespharmaceutiques s’associent à unclinicien pour démontrer l’effica-cité d’un médicament. Il y a un ris-que de mousser les effets positifs.Mais parfois, ça peut aussi amenerdes choses intéressantes», dit leDr Ratté. La Faculté de médecinede l’Université Laval a pris acte del’importance de former les jeunesmédecins à cette lecture critique

de la littérature. Ce type d’appren-tissage fait aujourd’hui partie dela formation de base des étudiantspuisque ces futurs médecins aurontà exercer ce jugement tout au longde leur carrière.

TECHNOLOGIESEn médecine, les technologies

sont très présentes. Machines, logi-ciels... ça en fait des compétences àactualiser en plus des savoirs médi-caux! Le Dr Ratté y va d’un exemple :«On a maintenant accès à l’écho-graphie en salle d’urgence, pourdéceler une grossesse, mais aussien cas de traumatologie, pour voirs’il y a du sang ou d’autres liquidesdans l’abdomen ou pour des écho-graphies cardiaques, par exem-ple.» Au moment de sa formationde base, le Dr Ratté n’a pas étudiécette pratique alors réservée auxradiologistes. Il a donc dû faire du«rattrapage».

L a D re

Thériault,spécialisteen gériatrie,suit un certainnombre de formationsqui n’ont rien à voir avec lamédecine pure et dure. «On faitde l’accompagnement de fin devie, on n’a pas besoin de techni-ques pour ça, mais de compétenceshumaines...»

«C’est très stimulant de se retrou-ver dans le rôle d’apprenant, on est

contentd’ a v o i r

d e n o u -v e a u x o u t i l s

pour être de meilleursmédecins. Et on est sensibilisé aufait qu’on en a pour toute notrevie. Et ça fait partie de la curiositéqu’on a», philosophe Julie Thé-riault en concluant qu’ultimement,«toutes les formations sont pour lepatient».

APPRENANTSÀ VIE

Julie Thériault, 43 ans, médecin de famille en gériatrie, et François Ratté,44 ans, urgentologue, sont deux médecins diplômés et praticiens qui suiventdes formations fréquemment. — PHOTO LE SOLEIL, PATRICE LAROCHE DES FORMÉS

ET DES FORMATEURSLes Drs Thériault et Ratté sont des apprenants à vie,

mais sont aussi des formateurs à la fois auprès d’étudiantset de leurs pairs. En plus de suivre des formations de

contenus, ils se perfectionnent en pédagogie en suivantdes cours à la Faculté de médecine de l’Université Laval.

«On apprend à évaluer les étudiants en difficulté, àenseigner à des grands groupes», indique François

Ratté en guise d’exemple. «Ou on apprend lesfaçons de bien annoncer le retrait du permis de

conduire aux aînés», dit Julie Thériault.Des têtes bien remplies qui remplissent

les têtes des autres.... SOPHIE GALL

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Rénald Bergeron, doyen de la Faculté de médecine de l’Université Laval— PHOTO LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

«Vaste sujet», lance Rénald Berge-ron, doyen de la Faculté de méde-cine, à l’évocation de l’avenir de laformation.

Les connaissances purementscientifiques et médicales évo-luent sans cesse et se conjuguentà la technologie, «pour laquelle lespossibilités sont énormes», dit-il.

«Puis il y a les modèles d’organi-sation qui évoluent aussi», dans leshôpitaux ou les centres de santé,une évolution dont la formationdoit aussi tenir compte.

«Et, bien sûr, on doit conserverl’humanisation des soins», insiste-t-il. «Dans la médecine d’aujourd’huiet de demain, les patients sont aussides décideurs et il faut savoir quandc’est habile de faire participer lepatient», explique M. Bergeron.

«Et ça peut être le patient ledécideur, mais aussi l’avocat ou leconjoint...», laisse-t-il tomber. «Il

faut donc que tous nos étudiantssoient formés à cette approche cen-trée sur le patient.»

«La formation qu’on doit don-ner doit aussi insister sur le “com-ment rester en santé”», soulignele doyen. Prévenir vaut toujoursmieux que guérir... un vieil adagequi n’a jamais été aussi actuel.

SEPT COMPÉTENCESSelon Rénald Bergeron, sept

g ra n d e s c o m p é t e n c e s s o n taujourd’hui inculquées aux soi-gnants de demain : être expert,communicateur, collaborateur,gestionnaire, promoteur de la san-té en plus de faire preuve d’érudi-tion (une érudition à entretenir)et de professionnalisme ajustéaux situations toujours plus nom-breuses et complexes. On est doncloin du médecin qui n’est qu’unebible de diagnostics. SOPHIE GALL

L’avenir dela formation

400Nombre de crédits,sur cinq ans, que doitaccumuler un médecinspécialiste enformation continue

250Nombre de crédits, surcinq ans, que doitaccumuler un médecingénéraliste en formationcontinue

90 %des professionnels de lasanté au pays participentaux programmes demaintien descompétencesSources : Collège Royal desmédecins et chirurgiens duCanada et Collège desmédecins de famille du Canada

EN CHIFFRES

Dès le début de leur formation, les étu-diants sont avisés qu’ils auront à se formerà différents points de vue et qu’ils devrontsans cesse, au cours de leur carrière, actua-liser leurs connaissances.

«D’ailleurs, la signature de la Faculté,c’est “ma faculté pour la vie”», mentionneGaétane Routhier, vice-doyenne à la péda-gogie et au développement professionnelcontinu. Les outils qui sont inculqués auxétudiants enracinent les bonnes habitudesen terme de formation continue : réper-toire des apprentissages, réflexion sur sespropres pratiques, etc.

«Certains outils développés pour les étu-diants sont parfois mis à disposition desprofessionnels», indique Mme Routhierqui voit dans la pédagogie de la Faculté de

médecine un continuum qui débute dèsle début du cursus universitaire et qui sepoursuit jusqu’à la fin de la carrière.

L’adaptabilité des outils de formationa aussi son importance, selon Mme Rou-thier. «Tant le contenu que la forme desformations doivent être souples», affirme-t-elle. Les sujets des formations doiventtenir compte des besoins exprimés parles praticiens.

EN LIGNEEt si les formats conventionnels de ces

formations — le regroupement autourd’un expert ou les colloques — sont encored’actualité, les formations en ligne, lesvidéoconférences et autres recettes évi-tant aux praticiens de se déplacer sont

très populaires, surtout auprèsdes professionnels des régionsqui ont parfois de la difficultéà trouver quelqu’un pourgarder le fort lorsqu’ils doi-vent s’absenter. «La Facultéa un grand rôle, puisqu’ellea l’obligation de maintenirles compétences dans sonréseau», précise Mme Rou-thier. Et comme le réseaude la Faculté de médecine del’Université Laval s’étend danstout l’est du Québec, il faut êtreinventif pour s’assurer que chaqueacteur, aussi éloigné soit-il, demeu-re à la fine pointe des connaissances.SOPHIE GALL

Un continuum adaptableQUESTION

D’IMPUTABILITÉDepuis 2012, la Faculté de médecine a une

Direction de l’imputabilité sociale et du profession-nalisme dont le mandat est de s’assurer que la for-mation des praticiens est en adéquation avec les

besoins changeants de la population. La formationdoit être façonnée en fonction des réalités duterritoire couvert et de sa société. La Faculté

de médecine ne doit pas être une tourd’ivoire, il est impératif qu’elle reste au

diapason pour toujours adapter au mieuxles réponses cliniques. SOPHIE GALL

3161925

CAMPUS SANTÉ

www.fmed.ulaval.ca

Nous innovons sans cessepour offrir une formationadaptée à la pratiqueprofessionnelle et auxbesoins de la population.LA COMPÉTENCE

EST PANDÉMIQUE

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

LAISSEZ-VOUS CONTAMINER

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 14

québec, source d’un vaste réseau en santé

SOPHIE [email protected]

T out commence à Rome.Non, le réseau uni-versitaire en santé n’apas des antennes qui

se déploient jusque-là. Mais lamétropole italienne a vu naî-tre Arnaud Samson, aujourd’huidirecteur régional des affairesmédicales pour la Côte-Norddu Québec. Médecin de familleà Baie-Comeau depuis 1976, leDr Samson a été un acteur impor-tant dans la mise en place du réseaude formation universitaire en santé.

Après avoir quitté Rome et fait unsaut en Europe, Arnaud Samsonentame ses études de médecineà l’Université Laval. Son diplômeen poche, il cherche un poste. «Jevoulais aller à un endroit où il yavait un réel besoin de médecinsde famille, je voulais pratiqueret non pas passer mon temps àréférer à des spécialistes», se sou-vient-il. Il savait donc qu’il pose-rait ses pénates en région, maisne savait pas où précisément. Çaa été à Baie-Comeau, ville qu’il n’ajamais quittée depuis.

Dans les années 80, il a été l’undes pionniers du réseau univer-sitaire en santé en devenant lepremier médecin-enseignant deBaie-Comeau. Ailleurs dans l’estdu Québec, d’autres médecins ontfait de même. «L’Université Lavalcherchait des milieux de stage etj’ai été le seul médecin de la ville àaccepter. J’accueillais un étudiant àla fois, je lui enseignais, il me suivaitpartout. Il était logé chez nous»,ajoute-t-il, riant de ce contextepédagogique un tantinet improvisé.Avec le temps et la pertinence del’expérience, le nombre d’étudiantsa augmenté, si bien qu’un appar-tement a été loué. «Des initiatives

similaires se retrouvaient ailleurs enrégion, mais étaient indépendantesles unes des autres», souligne deDr Samson.

Si, à l’époque, rien n’était arrimé,on sentait le réseau se dessinergrossièrement, jusqu’à ce que leDr Samson soit nommé responsa-ble des stages en région à l’Uni-versité Laval. «Là, c’était les réelsbalbutiements du réseau actuel! Laquestion des logements a été réglée,ainsi que celles de la rémunérationdes médecins-enseignants, de ladéfinition et de l’uniformisationdes programmes. Tout a été de plusen plus organisé», explique-t-il. À

Baie-Comeau, une maison a mêmeété achetée pour loger les médecinsrésidents (étudiants).

LA FORCE DU RÉSEAU«La grosse difficulté des régions,

c’est que les jeunes vont faireleurs études de médecine dansles grands centres urbains, ils ren-contrent l’âme sœur et ne revien-nent pas», note Arnaud Samson.Le réseau facilite donc un éven-tuel retour ou une découverte desrégions pour les étudiants qui n’ensont pas originaires. «Aujourd’hui,les gens qui ont été formés enrégion souhaitent généralement

rester, car ils aiment leur pratique»,remarque-t-il.

Le réseau a aussi permis de boni-fier la qualité des soins en région,impact non négligeable sur le bien-être des communautés. «Pas que laqualité des soins était basse avant»,précise-t-il, mais la venue d’étu-diants pousse toujours vers l’avant.«Le fait d’être en réseau avec plu-sieurs autres endroits permet à tousde bénéficier des bons coups desautres», ajoute le Dr Samson. Uneémulation mutuelle positive.

«La connaissance, les recherchesse font encore majoritairement enville», indique M. Samson. «On a

donc besoin de cette proximité,de ce réseautage, pour en profiter.»

La superficie sur laquelle s’étendle réseau pourrait être une barrièreà l’efficience du projet, mais bien aucontraire : «Grâce au réseau et auxtechnologies, la distance perd del’importance», conclut le Dr Samson.

L’ÉTENDUEDES SOINS ETDU SAVOIR

LA FACULTÉ DE MÉDECINE DEL’UNIVERSITÉ LAVAL A DESRAMIFICATIONS JUSQUE DANSL’EST DU QUÉBEC. QUE CE SOITPOUR LES SOINS OU POURL’ENSEIGNEMENT, LA FACULTÉPEUT COMPTER SUR UN VASTERÉSEAU QUI PERMET AUX RÉGIONSD’AVOIR DES STRUCTURES ET DESSERVICES MÉDICAUX POINTUS.LESOLEILS’EST ENTRETENUAVEC QUELQUES ACTEURS DE CERÉSEAU UNIVERSITAIRE EN SANTÉ.

Directeur régional des affaires médicales pour la Côte-Nord du Québec, le Dr Arnaud Samson a été un acteur important dans la mise en place du réseau deformation universitaire en santé. — PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

La sérieDemainLes régions, une autre façonde pratiquer la médecine

LA RECHERCHEEN RÉGION

La médecine régionale est une mé-decine de proximité, principalementfamiliale, un domaine dans lequel il

se fait de la recherche, mais encore àpetite dose. Et ce peu de recherchese fait généralement plus en ville.

Mais selon Arnaud Samson, on est àl’aube d’une amélioration. D’après lui,chaque région expérimente actuel-

lement des choses en matière derecherche en médecine familiale et leréseau permettra, à terme, un essorde ce type de recherche qui pourra

aussi sortir des centres urbains.

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 15

Lac-Etchemin

Trois-PistolesRimouski

GaspéBaie-Comeau

Principaux lieux d’enseignement(comprenant aussi Joliette)

Territoire couvert par le réseaude l’Université Laval(comprenant les Îles-de-la-Madeleine)

Autres lieux d’enseignement du réseau

CAPITALE-NATIONALE

UMF Haute-ville

UMF Laurier

UMF Laval

UMF MaizeretsUMF St-François d’Assise

UMF de Lévis

«Le réseau de la santé de la Faculté de méde-cine de l’Université Laval existe depuislongtemps, mais il n’y avait que des soins,l’enseignement était limité à la ville», sesouvient le Dr Jean Ouellet, adjoint du doyende la Faculté de médecine et responsable del’enseignement en région. Puis, vers 1975,il y a eu une volonté d’étendre l’enseigne-ment dans l’est du Québec. Ainsi, dans denombreuses infrastructures médicales detout l’est du Québec (UMF, hôpitaux, sallesd’urgence, cabinets médicaux, etc.), des étu-diants ont été formés aux spécificités de lapratique en région. Le réseau permet donc àla Faculté de médecine d’avoir des environ-nements pédagogiques et cliniques variés.

PRÉSENCE STIMULANTECette dynamique a eu différents impacts

sur la médecine en région. Devenir lieud’enseignement nécessite que les connais-sances soient à la fine pointe; les médecins-enseignants sont donc sans cesse forméstant en terme de contenu que de pédago-gie. Ils ont accès à de multiples ressourcesuniversitaires : sans réseau, la chose seraitimpossible. La présence d’étudiants estdonc stimulante pour le milieu de pratique.

Pour répondre aux exigences pédago-giques, les milieux médicaux de régionse sont améliorés, question que la for-mation — tout spécifique soit-elle — soituniformisée à la grandeur du réseau. «Leréseau évite les disparités de région enrégion, et c’est toujours au bénéfice dupatient», insiste le Dr Jean Ouellet.

Bien entendu, avoir des médecins rési-dents (étudiants) en région améliore leschances de recrutement, ce qui est unavantage non négligeable pour certainesrégions éloignées. SOPHIE GALL

VOUS AVEZDIT RÉSEAU?

LE RÉSEAU EN CHIFFRES

410 009km2

Superficie duterritoire sur lequelle réseau s’étend

3350enseignants-praticiensrépartis dansle réseau

1,8millionde Québécoisdesservis parle réseau

12unitésde

médecinefamiliale(UMF) qui sont deslieux de formationimportants

2campusclinique

+ de nombreuxmilieux de stageet de formationen région là où iln’y a pas d’UMFSource : Réseauuniversitaire intégréen santé de l’Université Laval

SOURCE : FACULTÉ DE MÉDECINE

DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

www.fmed.ulaval.ca

Notre réseaude collaboration

ÀQuébec et dans plusieurs régions,près de 3000 cliniciens s'engagentdans la formation de notre relève ensanté et dans les soins à la population.L’ENGAGEMENT

EST PANDÉMIQUE

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

LAISSEZ-VOUS CONTAMINER

3165424

9principaux établissementsd’enseignement clinique dont 2 campus cliniques régionauxSource : Réseauuniversitaire intégréen santé de l’Université Laval

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 16

québec, source d’un vaste réseau en santé

GRÂCE AU RÉSEAU DE FORMATIONDE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DEL’UNIVERSITÉ LAVAL, LES RÉGIONS DEL’EST DU QUÉBEC SONT DEVENUES DESPÔLES MÉDICAUX ESSENTIELS OÙ SEMARIENT PRATIQUE ET FORMATION.DANS CES ZONES ÉLOIGNÉES DESGRANDS CENTRES URBAINS, LAPRATIQUE EST SPÉCIFIQUE, SOUVENTTRÈS DIVERSIFIÉE. UNE FORMATIONADÉQUATE S’IMPOSE. CETTEACTION MÉDICALE SUR PLUSIEURSFRONTS PLAÎT TANT AUX MÉDECINSENSEIGNANTS QU’AUX MÉDECINSRÉSIDENTS.

SOPHIE [email protected]

M arie-Josée Bousquetest pédiatre. «Mais jevoulais faire des soinsintensifs néonataux et

les seuls endroits à offrir ce type deposte aux pédiatres, c’est en région,parce qu’en ville, il faut avoir faitune surspécialité», explique-t-elle.Cette situation est typique de lamédecine pratiquée en région : fau-te de surspécialiste, un spécialistetel un pédiatre est exposé à un largeéventail de situations médicalesqu’il ne verrait pas en ville. Marie-Josée Bousquet a donc parfait saformation et, en plus de sa clien-tèle pédiatrique née à terme, elletraite maintenant des bébés nés à30 semaines de grossesse, qui font1 kg et moins. «Rimouski est l’en-droit où il y en a le plus en dehorsdes grands centres», indique-t-elle.

«Ce que j’aime, c’est la diversité destâches, on a plus d’autonomie, on vaau bout des connaissances ici, alorsqu’en ville, on réfère beaucoup plusvite à d’autres spécialités», estimecelle qui endosse aussi le rôle degastroentérologue pédiatrique oupneumologue pédiatrique quandce type de cas se présentent. «Cette

polyvalence est très stimulante, maisaussi très exigeante», reconnaît laDre Bousquet. «Il faut des connaissan-ces très vastes et beaucoup de curio-sité», ajoute-t-elle. Puis il faut fairepreuve d’humilité, car malgré le désirde soigner le patient jusqu’au bout, ilfaut parfois se résoudre à le transférerdans un grand centre. Ces transfertsdemandent aussi des connaissanceset une sensibilité particulière. Il fautagir au bon moment, ni trop tôt, nitrop tard. Et il faut aussi gérer lesimpacts qu’ont de tels transferts surla famille, sur le vécu du patient…parfois si jeune.

LE FEU POUR LA MÉDECINEMarie-Josée Bousquet est aussi pro-

fesseure-clinique en pédiatrie. «C’estun plus!» s’exclame-t-elle. «Ça aideà garder nos connaissances à jour,car les résidents posent de bonnes

questions», rit-elle. «Ils mettent beau-coup de vie, apportent une énergienouvelle, ce sont des jeunes qui ontle feu pour la médecine», raconte-t-elle. Et pour ces étudiants en finde parcours, la pratique en régionest très motivante puisqu’ils sontexposés à de multiples situations.«C’est une autre façon de pratiquer»,dit Mme Bousquet qui, cette semai-ne-là, en plus du travail quotidien,avait mené ses étudiants auprès d’unpatient en soins intensifs, un autreaux soins palliatifs et un troisièmequi avait besoin de réanimationen salle d’accouchement. «Prati-quer et enseigner, ça fait des grossessemaines, mais on est fier de le faire»,termine-t-elle.

Cet enthousiasme est partagé par laplupart des résidents qui terminentleur formation médicale en région.Mirika Gagné termine sa résidence

à Gaspéen juin2 0 1 3 ,elle seramédecinde famillespécialiséeen obstétriqueà Baie-Comeau.«Ce que j’apprécieen région, c’est qu’onapprend à régler le pro-blème le plus possible puisquel’accès aux spécialistes est plus diffi-cile. Il faut qu’on devienne assez bondans tout, c’est plus de responsabi-lités, mais c’est ce qui est stimulant.En fait, on devient davantage un chefd’orchestre qu’un médecin parmitant d’autres», compare-t-elle.

Myriam Gosselin, en premièreannée de résidence à l’UMF de Gas-pé, se plaît bien en région. En plus

d’avoirl’impres-

sion d’allerau bout de ses

compétences, elle apprécie le travaild’équipe. Selon elle, «les gens sontfacilement accessibles, il y a moinsde hiérarchie». Originaire de Laval,elle n’imaginait pas se plaire autanten région, même si son instinct luidictait de pratiquer hors des grandscentres. «Aller à la plage après sajournée de travail, c’est bien», dit-elle en riant.

UNE AUTREFAÇON DEPRATIQUER

La pédiatre Marie-Josée Bousquet, que l’on peut voir ici avec William, un de ses jeunespatients, soutient que de travailler en région l’expose à un large éventail de situationsmédicales. — PHOTO COLLABORATION SPÉCIALE CARL THÉRIAULT

Myriam Gosselin, en première annéede résidence, à Gaspé.— PHOTO LE SOLEIL, PASCAL RATTHE

LE FLEUVE, LE SKIET LE CRABE

Si la vie en région n’est pas faite pour tout lemonde, il y a des médecins comblés profes-sionnellement qui en plus, profitent à 100 %de leur milieu de vie en région. «À Rimouski,il y a un environnement de qualité pour vivreet élever quatre garçons», dit Marie-Josée

Bousquet. «C’est une ville avec beaucoup deservices, on travaille face au fleuve, on a la

plage à cinq minutes de la maison, on met faci-lement le kayak à l’eau, les pistes de ski sont à15 minutes, on fait du covoiturage pour aller

travailler…», énumère-t-elle. «Puis il y a la sai-son du crabe», rigole-t-elle. Un atout majeur

parmi tant d’autres…

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 17

La sérieDemainLe réseau, un facilitateurde recherche pour etpar les régions

Histoire d’unerenaissanceÀ Sainte-Anne-des-Monts, leservice d’obstétrique a ferméfin 2007 en raison du décèsprématuré du médecin qui enétait responsable. Plus tard,apprenant la nouvelle, CélineLeclerc, médecin de famille etprofesseure agrégée à la Facul-té de médecine de l’UniversitéLaval, en a fait son cheval debataille.

Dans un premier temps, ellea monté une équipe de méde-cins-enseignants qui a pu rem-placer et former le médecin etles infirmières sur place inté-ressés par l’obstétrique. Maisle service s’étant arrêté depuistrop longtemps, Céline Leclercs’est aperçue que tout était àréactualiser : l’organisation debase du service, les locaux, leséchographies, le matériel, lesprotocoles étaient à réécrire,la pharmacie a remettre à jour…Il a fallu mobiliser des expertsdans le réseau universitaire ensanté pour remettre d’aplombce service d’obstétrique. Etc’est ce réseau qui a permis àcette équipe d’être effectiveet qui a facilité le partage desconnaissances nécessaires àl’aboutissement du projet.

Depuis avril 2012, le serviceest à nouveau en fonction. De laformation continue est offerteaux infirmières et du mentoratau médecin. Et la bonne nou-velle, c’est que depuis mars2013, un autre jeune médecinen obstétrique est arrivé.

Il n’y a pas encore de méde-cins résidents qui peaufinentleur formation à Sainte-An-ne-des-Monts, il faut encoreroder le service — mais à longterme, c’est dans les plans.SOPHIE GALL

SOPHIE [email protected]

Le Dr Guy Drouin, de Gaspé, estmédecin-enseignant depuis 20 ans.Aujourd’hui, il est aussi responsa-ble des stages de médecine fami-liale pour le réseau universitaireen santé de la Faculté de médecine.Autrement dit, c’est grâce àlui que les stages sont tou-jours bonif iés pour que les

étudiants y trouvent leur compte.«Je travaille à l’amélioration desstages en région. On essaye dedévelopper les connaissances enpédagogie au niveau régional. Cen’est pas toujours facile», admet-il.

PRESSION AU TRAVAIL«L’enseignement, ce n’est pas

toujours une priorité pour lesmédecins qui pratiquent enrégion, car ils ont beaucoupde pression au travail et sont

très occupés», explique-t-il.Leur demander de se déplacer enville pour suivre une formationpédagogique relève souvent del’impossible pour ceux qui ont dela difficulté à se faire remplacer.«On déplace donc la formationpédagogique localement», men-tionne Guy Drouin. Ainsi, les étu-diants bénéficient du savoir demédecins spécialistes des régionset toujours mieux formés enpédagogie.

Un médecin-enseignantau service des étudiants

Le docteur Guy Drouin travaille à l’amélioration des stages des médecins en formation en région. — PHOTO COLLABORATION

SPÉCIALE GENEVIÈVE GÉLINAS

«En région, on faitle suivi des patientsde la pouponnière à18 ans. On est là pourla première rentréescolaire, pourl’adolescence…Ce ne sont pas tousles médecins qui ontcette chance-là»— Marie-Josée Bousquet,pédiatre à Rimouski

«En région, on voitle patient dans sonensemble, pendantplusieurs années.Il y a une continuitédes soins. J’aimece suivi longitudinal»— Mirika Gagné, médecin résidenteà Gaspé

Le folkloreL’apprentissage en région estdifférent de l’apprentissage enville, assure Guy Drouin. «Etparfois, les étudiants citadinsont une impression de “folk-lore” parce que les traitementssont différents.»

Prenons le cas d’un infarctus.«En ville, on traite le patient ensalle d’hémodynamie, le car-diologue procède à une inter-vention au cœur en passantpar l’artère», explique-t-il. Enrégion, «on utilise la throm-bolyse, c’est un médicamentqu’on injecte au patient. Sou-vent, les étudiants ont entenduparler de ce traitement, maisne l’ont jamais vu», rigole-t-il. Et la question du mieuxou du moins bien ne se posepas. L’important, c’est que lepatient soit traité adéquate-ment, dans son milieu naturel.SOPHIE GALL

3165434

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Notre réseaude collaboration

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À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 18

SOPHIE [email protected]

Q ui dit recherche, ditlaboratoires. Et qui ditrecherche en région, ditlaboratoires en région.

La chose est assez peu commune;on a en effet l’habitude de voir leslaboratoires au sein des univer-sités ou dans les grands centreshospitaliers urbains. La Dre FranceLégaré avait une autre vision de laquestion. Intéressée par la recher-che en soins de première ligne enmédecine familiale, elle a eu l’idéede développer un réseau de recher-che implanté dans les 12 Unitésde médecine familiale (UMF) duréseau de formation de la Facultéde médecine de l’Université Laval.Autrement dit, dans les 12 UMF, ducentre-ville de Québec à Gaspé, il ya un espace réservé à la recherche.«Nos sujets de recherche, ce sont lesmédecins et les patients, c’est doncessentiel d’être sur le terrain, dansles milieux cliniques», expliqueFrance Légaré.

Mais c’est un secret pour per-sonne, la masse critique des cher-cheurs est concentrée dans lesgrands centres. «Effectivement, iln’y a pas de chercheurs à l’annéedans ces locaux, mais des étudiantsdiplômés et des professionnels derecherche les occupent pendantquelques semaines, ou quelquesmois, c’est variable selon les recher-ches», mentionne-t-elle. Avoir àdisposition ces espaces permetaux équipes de recherche d’êtreefficaces (les laboratoires sont bienéquipés) et de ne pas empiéter surle terrain des médecins en régionen occupant leurs bureaux.

Une pratique médicale améliorée«Le but de ces recherches en

médecine familiale est d’amé-liorer les pratiques médicales etles soins», dit la Dre Légaré. «Lesétudes peuvent porter sur la pra-tique médicale actuelle pour encomprendre les impacts sur lepatient. Et une fois qu’on com-prend, on peut faire des études

pour améliorer le tout». Les équi-pes de recherche développent demultiples sujets.

Mais pourquoi établir des labo-ratoires dans 12 UMF alors que cegenre d’études pourraient se fairedans un grand centre, dans quel-ques UMF, et les résultats obte-nus pourraient être appliqués enrégion? «La médecine de premièreligne se fait dans des contextes pré-cis», répond France Légaré, «et cescontextes ne sont pas les mêmesici qu’en région», ajoute-t-elle. Dèslors, saisir une spécificité régionalenécessite que les chercheurs soientsur place. Ainsi, «les régions se sen-tent impliquées dans la recherche

universitaire», précise l’experte ensoulignant que les médecins régio-naux n’ont pas l’impression quedes résultats de recherches menéesen ville sont appliqués aveuglé-ment, sans adaptation, à leur pra-tique spécifique. «Et les régionsnous donnent aussi des questionsde recherche», se réjouit-elle. Des

questions auxquelles les chercheurscitadins n’auraient jamais pensé,mais qui ont toute leur importance,spécifie-t-elle.

Toutes ces recherches ne se fontpas en silo, les résultats circulent.«Ce qui est trouvé en région peutservir à Québec et inversement»,termine la Dre Légaré.

DES LABOSDANS TOUT L’ESTDU QUÉBEC

LA RECHERCHE EN SOINSDE PREMIÈRE LIGNE ET ENMÉDECINE FAMILIALE A LE VENTDANS LES VOILES. DE NOMBREUXCHERCHEURS SONT LOCALISÉSICI, À QUÉBEC, MAIS TRÈS PEUEN RÉGION. POURTANT, LAMÉDECINE DE PREMIÈRE LIGNEY EST CRUCIALE. POURCE DERNIER TEXTE DE LA SÉRIE,LE SOLEIL SE PENCHE SUR CETTERÉALITÉ EN PLEINE ÉVOLUTION.

québec, source d’un vaste réseau en santé

Le réseau de recherche mis sur pied par France Légaré permet de développer des laboratoires de recherche en régionsplutôt que de les concentrer uniquement dans les grands centres. — PHOTO LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

Fédérer lesforces vivesLa recherche en soins de pre-mière ligne connaît un bel essordepuis quelques années. SergeDumont(photo),directeurscien-tifique du CSSS Vieille-Capita-le, qui est affilié à la Faculté demédecine pour la recherche etl’enseignement,travailleàlamiseen place d’un regroupement dechercheurs qui s’intéressent àla médecine de première ligne.«Lapremièreligneenglobebeau-coup d’éléments et nécessiteune vision qui intègre la santé etle social», dit l’expert. Ces cher-cheursque l’onsouhaitefédérerpour rassembler les forces vivessont donc issus de plusieurs do-maines : médecins, mais aussitravailleurs sociaux, infirmières,pharmaciens, etc. La collabora-tion interprofessionnelle, tantdans les soins que dans les re-cherches,estunincontournable.«On est imputable socialement,ondoitconnaîtrelapopulationetses besoins pour bien cibler lesaméliorations et développer lespratiques», affirme M. Dumont.Sicecentrederecherchethéma-tique voit le jour d’abord à Qué-bec, le projet vise tout de mêmeàsoutenir,àterme,«unecapacitéde recherche en région», selonles mots de Serge Dumont. LeréseaudeformationdelaFacultéde médecine sera alors un faci-litateur puisque des ressourcesseront déployées pour «soute-nir le transfert des connaissan-ces dans les milieux cliniques del’estduQuébecetsupporterd’unpoint de vue méthodologique etscientifiqueles initia-tives dévelop-pées par leschercheursen région»,spécifieM. Dumont.SOPHIEGALL

«Nos sujets de recherche, ce sont les médecinset les patients, c’est donc essentiel d’être surle terrain, dans les milieux cliniques»— Dre France Légaré

Page 19: Marie-Josée Bousquet, professeure de clinique à Rimouski ... · le cas ailleurs (les chercheurs doi-vent alors faire des demandes de subventions pour leur salaire, dès ledépart).Cesalaireleurseraversé

LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 19

É va Ouedraogo (photo)est Ivoirienne. En 2000,elle a obtenu son docto-rat en médecine à Abid-

jan. «Mais je ne me sentais pascapable de pratiquer la médecine,c’était trop de responsabilités. Etma curiosité intellectuelle m’apoussé à compléter mon docto-rat», se souvient-elle. Toutefois,être formé en recherche en Côted’Ivoire n’était pas chose facile,surtout en épidémiologie, domai-ne qui intéressait Mme Ouedraogo.Ni une, ni deux, elle a sauté dansun avion et a fait une maîtrise àla Faculté de médecine de l’Uni-versité Laval. Aujourd’hui, elle estmédecin de famille à Chandler, enGaspésie, en même temps qu’elleest stagiaire postdoctorale. Elleconjugue donc pratique et recher-che, bien loin de Québec.

C’est lors de sa résidence qu’ellea eu la piqûre pour Chandler. Elles’y est installée depuis juillet 2012.«C’est magnifique ici et la pratiquede la médecine est beaucoup plusvalorisante qu’en ville parce qu’onfait beaucoup plus de choses»,dit-elle.

Le sujet de recherche d’Éva Oue-draogo porte sur le transfert desconnaissances, plus précisémentsur l’adoption par les cliniciensdes résultats de recherches dansleur pratique quotidienne. Lesrecherches médicales sont nom-breuses, mais leurs résultats nesont pas toujours faciles à intégrerdans la pratique alors qu’ils pour-raient permettre une améliorationdes soins prodigués aux patients.«Je voudrais trouver les interven-tions efficaces qui vont permettrel’intégration de ces résultats dansla pratique de la médecine fami-liale», explique-t-elle. Ses recher-ches touchent à la fois la pratiquedans les grands centres urbainset en région. Mais les interven-tions ne sont pas toujours lesmêmes, que l’on se trouve en villeou en périphérie. «Je dois tenir

compte des spécificités localespour moduler les interventions»,mentionne-t-elle. Ainsi, sa prati-que à Chandler l’aide beaucoup.Et comme Mme Ouedraogo a goûtéà la vie de médecin en ville lorsde sa résidence, c’est une réalitéqu’elle connaît bien aussi.

UNE EXCEPTIONIl y a donc des chercheurs en

région. «J’ai même un collègue enAbitibi», dit-elle en rigolant, touten reconnaissant que cela resteune exception. «Mais la rechercheet la région sont conciliables»,assure celle qui, toutefois, doitcomposer avec deux difficultés. Lemanque de temps est la premiè-re : les médecins de famille enrégion sont très sollicitéset il est parfois difficiled’accorder assez detemps à la recherche.Elle estime y consa-crer, en moyenne,une semaine parmois. Deuxièmedifficulté : la dis-tance entre Chan-dler et Québec, làoù sont basés sesmentors. Malgréles technologies,il y a la nécessitéde se rendre régu-lièrement en vil-le. Mais le jeu envaut la chandel-le puisque pourla recherche enmédecine fami-liale, la pratiqueest essentielle :«Les questions derecherche nais-sent dans la prati-que quotidienneet la validationdes résultats se faitaussi dans la pra-tique quotidien-ne», conclut-elle.SOPHIE GALL

DE LA CÔTE D’IVOIREÀ LA GASPÉSIE UNE

RECHERCHE QUIGAGNE DU TERRAIN

Les chercheurs, au sens premier du terme, sont très peunombreux en région. «Par contre, il y a de nombreux autres

professionnels, des pharmaciens, des infirmières, des médecinsen région qui participent à distance aux différentes recherches sur les

soins de première ligne», indique Rénald Bergeron, doyen de la Facultéde médecine de l’Université Laval. La recherche en soins de première

ligne n’a pas toujours eu l’importance qui lui est accordée aujourd’hui (parrapport à la recherche fondamentale, par exemple), mais depuis quelquesannées, elle gagne du terrain. La Faculté de médecine veut soutenir et déve-lopper cette capacité de recherche. La volonté d’améliorer les pratiques depremière ligne est d’autant plus importante en région que c’est ce type demédecine qui y est majoritairement pratiquée. La continuité des servicesentre première, deuxième et troisième lignes est aussi importante pourles régions qui, en raison de leurs spécificités, ne peuvent compter

que sur des surspécialistes éloignés. «Il faut toujours travailler à lafluidité des relations», rappelle Rénald Bergeron. Cette fluidité

entre les différentes lignes, même à distance, permet auréseau de jouer pleinement son rôle pour que les pa-

tients, où qu’ils soient, bénéficient d’une qualitéde soins équivalente d’un bout à l’autre

du réseau. SOPHIE GALL

«C’est magnifique ici etla pratique de la médecineest beaucoup plusvalorisante qu’en villeparce qu’on fait beaucoupplus de choses»— Éva Ouedraogo

Sujets de recherche

Principaux axes de recherche en médecinede première ligne à Québec :• Vieillissement• Santé mentale• Maladies chroniques• Évaluation et organisation des services• Transfert des connaissances• Pratique de collaboration interprofessionnelle

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www.fmed.ulaval.ca

Notre réseaude collaboration

ÀQuébec et dans plusieurs régions,près de 3000 cliniciens s'engagentdans la formation de notre relève ensanté et dans les soins à la population.L’ENGAGEMENT

EST PANDÉMIQUE

À LA FACULTÉ DE MÉDECINE

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Page 20: Marie-Josée Bousquet, professeure de clinique à Rimouski ... · le cas ailleurs (les chercheurs doi-vent alors faire des demandes de subventions pour leur salaire, dès ledépart).Cesalaireleurseraversé

LUNDI 16 SEPTEMBRE 2013 20

Le Soleil est heureux d’appuyer le développement du savoir de la Faculté de médecine de l’Université Laval

Première faculté de médecine francophone en Amérique

4 000étudiants

3 350professeurset enseignants

200membres du personneladministratif

73programmesde formation

9principaux établissements de formation clinique

4centres derecherche afilliés

125 M$en contrats et subventions de recherche

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POUR FORMER LA RELÈVE AUX QUATRE COINS DU QUÉBEC

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