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Maria Dolores OQUELI TURCIOS DESS Economie et Environnement 2001-2002

SOMMAIRE I. INTRODUCTION.................................................................................................................... 3 II. CONTEXTE DU STAGE ...................................................................................................... 4

A. L’entreprise d’accueil ...................................................................................................... 4 1. Organisation de l’IRD.................................................................................................. 4 2. Missions et domaines d’activité de l’IRD.................................................................... 5 3. L’IRD à La Réunion .................................................................................................... 5

B. Un milieu naturel à préserver........................................................................................... 6 1. L’île de la Réunion....................................................................................................... 6 2. Le système récifal de la Réunion ................................................................................. 7 3. Les mesures de protection du système récifal.............................................................. 8

C. Objectifs du stage........................................................................................................... 10 1. Estimation de la valeur socio-économique des récifs de la Réunion......................... 10 2. Assurer l’intégration d’un acteur-clef dans le processus de création de la réserve naturelle ............................................................................................................................. 12

III. LES PECHEURS TRADITIONNELS : UN USAGER PARTICULIER ...................................... 14 A. Le secteur de la pêche .................................................................................................... 14

1. Un secteur historiquement marginal .......................................................................... 14 2. La pêche professionnelle............................................................................................ 14

B. La pêche traditionnelle réunionnaise ............................................................................. 15 1. Ses caractéristiques générales .................................................................................... 15 2. Une pêcherie aux multiples facettes .......................................................................... 17 3. Principaux résultats existants..................................................................................... 21 4. Nécessité d’une étude approfondie ............................................................................ 22

IV. PROPOSITION D’ENQUETE ............................................................................................. 24 A. Méthode d’élaboration du questionnaire et premiers résultats ...................................... 24 B. Description du questionnaire ......................................................................................... 30

1. Informations générale concernant le pêcheur ............................................................ 30 2. La pratique, les techniques, l’effort de pêche et la production .................................. 30 3. Les perceptions et représentations des pêcheurs........................................................ 31

C. Recommandations et perspectives ................................................................................. 32 1. La présentation du projet ........................................................................................... 32 2. Le recensement .......................................................................................................... 32 3. Déroulement de l’enquête .......................................................................................... 32

V. CONCLUSION ..................................................................................................................... 34 VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................ 35 VII. ANNEXES........................................................................................................................ 37

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I. INTRODUCTION

Le milieu récifal de l’île de la Réunion est aujourd’hui fortement menacé par la forte évolution démographique, le développement des infrastructures touristiques, l’essor des activités sportives et nautiques, l’exploitation des ressources… La nécessité de maintenir le patrimoine naturel de la Réunion, de protéger son littoral et ses récifs coralliens, a fait l’objet d’une sérieuse prise de conscience depuis quelques années. Elle a conduit à la création de l’association « Parc Marin » en 1997 et à la formalisation d’un projet de mise en réserve naturelle.

Les logiques et enjeux, tant sociaux qu’économiques et culturels, qui animent cet écosystème sont d’une complexité grande. Afin d’en comprendre les mécanismes et dans l’espoir de faciliter le processus de concertation et les éventuelles prises de décision à venir, des projets sont apparus, avec comme principal objectif une meilleure connaissance de l’écosystème, de ses acteurs et des étroites relations socio-économiques qui les unissent. Les pêcheurs traditionnels forment un groupe spécifique parmi ces acteurs, et la prise en compte de leurs préoccupations demeure un facteur clef en vue de la concrétisation du projet de réserve naturelle.

Le stage « Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion » s’est donc inscrit dans ce contexte, avec une double ambition. D’une part, l’enquête permettra d’acquérir certaines données exploitables pour un projet en cours d’« Estimation de la valeur socio-économique des récifs coralliens ». Mais elle servira surtout de canevas pour l’acquisition d’une base de connaissances concernant l’exploitation halieutique du milieu récifal. De tels acquis seront en effet essentiels pour favoriser une meilleure insertion des pêcheurs à pied dans le cadre de la mise en place d’une réserve naturelle.

Une fois décrit le contexte général, le présent rapport permettra de mettre en évidence la situation particulière des pêcheurs à pied de la Réunion, et la nécessité d’une étude approfondie. Le projet d’enquête mise au point durant ce stage sera ensuite exposé en détail, accompagné de recommandations jugées utiles à son bon déroulement.

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II. CONTEXTE DU STAGE

A. L’entreprise d’accueil

Créé en 1944, l’Office de Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM), ensuite dénommé Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération, est finalement devenu l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) en Novembre 1998.

L’IRD est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle des ministres chargés de la Recherche et de la Coopération. Il dispose d’un budget de l’ordre de 175 millions d’€uros, et compte un effectif de 2500 agents dont 800 chercheurs, 750 ingénieurs et administratifs et des personnels locaux.

L'IRD mène des recherches en Afrique, dans l'Océan Indien, en Amérique latine, en Asie et dans le Pacifique. Il dispose, pour ce faire, de 36 implantations dont cinq en France métropolitaine (Paris, Bondy, Montpellier, Brest et Orléans), cinq dans les collectivités Territoriales d'Outre-Mer (Polynésie Française, Martinique, Guyane, La Réunion, Nouvelle-Calédonie) et dans 26 pays situés essentiellement dans la zone intertropicale.

1. Organisation de l’IRD

L’actuel organigramme de l’IRD se décompose de la façon suivante :

• Les Organes de Décision : Conseil d'administration, Direction Générale, Secrétariat Général ;

• Les Instances Consultatives : Comité consultatif d'éthique et de déontologie (CCDE), Conseil scientifique, 4 Commissions scientifiques sectorielles (CSS), et 2 Commissions de gestion de la recherche et de ses applications (CGRA1 et 2) ;

• 5 Départements Scientifiques: - Département Milieux et Environnement (DME) - Département Ressources Vivantes (DRV) - Département Sociétés et Santé (DSS) - Département Expertise et Valorisation (DEV) - Département Soutien et Formation des communautés scientifiques du Sud (DSF)

• Les Directions et Délégations - Direction des Personnels (DP) - Direction des finances (DF) - Délégation aux relations internationales (DRI) - Délégation à l'Outre-Mer (DOM) - Délégation aux Systèmes d'Information (DSI) - Délégation à l'Information et à la Communication (DIC) - Délégation à l'Evaluation et à la Perspective (DEP)

• Les Services - Service des affaires juridiques (SAJ) - Service d'Administration du Siège (SAS)

• Les centres régionaux en France • Les représentations à l’étranger • Les Unités de Recherche (UR) et de Services : 97 au total

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2. Missions et domaines d’activité de l’IRD L’Institut de Recherche pour le Développement a pour mission de « développer des projets scientifiques centrés sur les relations entre l’homme et son environnement dans la zone intertropicale ». En effet, l’ensemble des multiples projets de l’IRD sont finalisés par sa vocation première d’être un institut de recherche au service du développement. Pour ce faire, l’institut oriente ses activités selon trois axes fondamentaux : la recherche, l’expertise, et la formation.

Comme le montre l’organigramme de l’IRD, cinq départements scientifiques se partagent les différents secteurs d’activités :

• Département Milieux et Environnement (DME) Ce département s’intéresse à tout ce qui concerne la géosphère ; les objectifs concernent la compréhension des phénomènes, l'évaluation des ressources, les risques (variabilités climatiques), les sols (leur formation, leur maintien et leur dégradation), l'eau continentale (sa gestion et ses usages), les océans et l'action de la biosphère y compris celle de l'homme sur ces milieux.

• Département Ressources Vivantes (DRV) Le DRV est à l’origine de diverses recherches scientifiques sur les ressources en bois, les ressources génétiques, biotechnologiques ou phytosanitaires, l'halieutique, etc.

• Département Sociétés et Santé (DSS) Il a pour vocation d'analyser les facteurs humains et sociaux du développement. Il s'efforce de mobiliser les compétences disciplinaires très diverses, de la biologie à l'économie, en passant par l'épidémiologie, l'anthropologie, la géographie, etc.

• Département Expertise et Valorisation (DEV) Le DEV contribue à la valorisation des résultats des recherches par de nombreux dépôts de brevets, des expertises collégiales et une participation active à des créations d'entreprises.

• Département Soutien et Formation des communautés scientifiques du Sud (DSF) Il a pour ambition de contribuer au renforcement des capacités de recherche des pays partenaires, et de lutter contre l'isolement des chercheurs du Sud. L'objectif est d'aider les chercheurs à s'insérer dans les réseaux internationaux de production scientifique. Pour ce faire, le département s'est fixé trois axes d'intervention : le soutien direct à des équipes, le soutien à la formation, initiale et continue des individus et le soutien "institutionnel".

L'IRD conduit des recherches en liaison avec les institutions d'enseignement supérieur et de recherche françaises et avec ses partenaires du Sud. 40 % de ses agents travaillent hors métropole, 600 de ses techniciens sont originaires du Sud et ses programmes de recherche associent directement des chercheurs étrangers.

3. L’IRD à La Réunion

Le stage de fin d’études s’est déroulé dans les bureaux de l’antenne réunionnaise de l’IRD, situés à Ste-Clotilde. L’équipe y est composée de 5 chercheurs et 13 collaborateurs. En 2001, elle disposait d’un budget (fonctionnement + convention de recherche) de 267 K€.

Actuellement, l’antenne IRD de la Réunion travaille plus particulièrement sur des sujets tels que :

1. La surveillance de l’Environnement Assisté par Satellite avec l’élaboration de :

- cartes quotidiennes de températures de surface de la partie ouest de l’Océan Indien. - cartes hebdomadaires d’indice de végétation. - cartes pour la détection de feux de végétation en Afrique de l’est et Madagascar.

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2. La pêche hauturière de grands pélagiques (thons et espadons) pour étudier les réponses des populations de thons tropicaux à la variabilité de l’environnement et à l’exploitation par la pêche.

3. Le comportement des poissons pélagiques et ses conséquences sur la capturabilité. 4. Les cyanobactéries marines pour estimer la capacité biologique des lagons coralliens,

suivre les pollutions éventuelles et déterminer les risques écotoxicologiques associés. 5. L’estimation de la valeur socio-économique du récif. 6. L’environnement urbain à La Réunion pour étudier les mécanismes de densification

urbaine. 7. Les populations et espaces à risques sanitaires (avec le cas du diabète à La Réunion).

B. Un milieu naturel à préserver

1. L’île de la Réunion Située dans l’hémisphère sud, légèrement au Nord du tropique du Capricorne, l’île de La Réunion fait partie, avec les îles Maurice et Rodrigues, de l’archipel des Mascareignes. Elle se trouve dans la partie Sud-Ouest de l’Océan Indien par 55°30’ de longitude Est et 21° de latitude Sud. Orientée dans la direction NO-SE, sur une longueur maximale de 70 km, elle occupe une superficie d’environ 2 500 km².

La Réunion est une île volcanique et montagneuse. Elle est constituée de deux massifs accolés : le Piton de la Fournaise (2 631 m), volcan toujours en activité, et le Piton des Neiges (3 069 m), massif plus ancien, se trouvant au centre de l’île et dominant trois cirques aux parois abruptes : Cilaos au sud, Mafate au nord-ouest et Salazie au nord-est. INSEE [17]. Des rivières, aux débits importants, ont largement entaillé les pentes en creusant de profonds sillons perpendiculaires à la côte.

Les Français prennent possession de l’île en 1638 et l’appellent île Bourbon. La colonisation de l’île commence en 1665. La variété ethnique est l'une des caractéristiques essentielles de la population réunionnaise. Elle est cependant délicate à étudier, puisque, depuis 1848, toute question relative à l'origine ou à la couleur des individus est soigneusement bannie des recensements, afin d'éviter toute accusation de racisme. Depuis trois cents ans, plusieurs populations d’origine européenne, asiatique ou africaine se sont mêlées :

• les Créoles: nés à la Réunion, • des Français nés en Métropole ou "Z'oreils", • des Indiens noirs dits Malabars, • des Indiens d'origines musulmane : les Z'arabes, • des Chinois, • des Africains, • des métisses, dont la majorité sont des afro-malgache [14].

La langue officielle est le français, mais la langue d’usage est le créole. On compte une grande majorité de catholiques, hindouistes et musulmans.

L’île de La Réunion, qui compte un peu moins d’un million d’habitants (728 400 au 1er janvier 2001), se distingue par sa forte évolution démographique. Le taux d’accroissement annuel (1,72 % en 1999) y est sept fois plus élevé que le taux moyen européen, essentiellement à cause de la jeunesse de la population (45,8% de la population a moins de 25 ans, contre 32,2% en France métropolitaine et 30,7% dans l’U.E.) qui favorise la natalité. La forte pression démographique a aggravé le chômage depuis une vingtaine d’années (taux de chômage de 38,2% en avril 1998, contre 11,4% en France m. et 10,1% dans l’U.E.). INSEE [17].

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Le département de La Réunion a été créé en 1946, avec le statut particulier de Département d’Outre-Mer. Son territoire se confond avec celui de la Région, instituée par la loi de décentralisation de 1982. INSEE [17]. Ce département se subdivise en 4 arrondissements (sous-préfectures), 24 communes et 49 cantons. Les données de population de l’INSEE sont disponibles en Annexe 1.

Pendant plus d’un siècle, la canne à sucre était la principale ressource de l’île. Plus récemment, l’économie s’est tournée vers le tourisme dont le chiffre d’affaire dépasse aujourd’hui celui généré par la filière sucrière : le secteur de l’agriculture et pêche ne représente plus que 4,3 % du PIB et la filière canne à sucre-rhum, 9% alors que le secteur tertiaire est dominant (68,5 % du PIB et plus de 75% des emplois) IFRECOR [16].

2. Le système récifal de la Réunion Comme le montre la figure 1, les récifs coralliens de la Réunion sont très localisés, à l’ouest de l’île, et constituent une ceinture discontinue d’une longueur totale de 25 km; soit à peine 12% du périmètre total de l’île, qui avoisine 210 km. Les plages ne s’étendent que sur environ 40

km. Figure 1 : Localisation des récifs coralliens de la Réunion

(source : NOAA’s Coral Health and Monitoring Program Homepage)

La Réunion est une île d’origine volcanique relativement « jeune ». Les édifices coralliens qui se sont développés sur le socle rocheux sous-marin, fortement pentu, sont encore considérés comme des écosystèmes juvéniles, vu leur faible extension. La superficie des zones coralliennes est en effet négligeable (12 km²) par rapport à celle de l’île. L.MONTAGGIONI [20].

Les principaux édifices coralliens de la Réunion sont : - le complexe récifal de Saint Gilles/La Saline, le plus grand (9 km), - les récifs de Saint Leu - le récif de L’Etang Salé

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- le récif de Saint Pierre

Bien que la plupart des récifs de la Réunion soient de type frangeant (Saint Gilles/La Saline, Saint Leu), il existe aussi quelques bancs récifaux (Cap La Houssaye, Boucan Canot), qui correspondent à un stade primitif de colonisation volcanique par le corail, et des plate-formes récifales (Saint Gilles Nord, Souris Chaude, Pointe des Châteaux, Grand Bois) qui sont le résultat d’un développement ultérieur.

Ces différentes formations récifales (bancs, plate-formes et récifs frangeants) ne constituent pas des entités morphologiquement distinctes, mais une succession des formes ayant une origine commune. Ainsi le développement des bancs récifaux peut conduire à une plate-forme récifale, puis à un récif frangeant, parfois encore embryonnaires et ultérieurement à un récif barrière ou à un atoll (qui n’existent pas encore à la Réunion).

Les écosystèmes récifaux de l’île de la Réunion ont fait l’objet de très nombreuses recherches depuis 1967. Les premiers signes de dégradation ont été signalés dès la fin des années 70 par C. Bouchon de l’Université de la Réunion. OCEA-DIREN [21]. Depuis, des études réalisées régulièrement ont témoigné d’une amplification de ces manifestations : une mortalité corallienne importante, une inhibition de la calcification, une diminution de la richesse et de la diversité spécifique, un développement important d’espèces opportunistes (algues molles, éponges, échinodermes), une diminution régulière de l’abondance et la diversité des populations de poissons et une modification des peuplements de poissons.

Ces dégradations sont le résultat de plusieurs facteurs aussi bien :

• d’origine naturelle : cyclones, exondations, blanchissement, crues exceptionnelles ; • que d’origine humaine : la pollution par des eaux usées (domestiques, industrielles,

agricoles), la destruction du couvert végétal (entraînant une érosion intense des terres et des dépôts massifs de sédiments sur les coraux), l’extraction des coraux (dégradation mécanique), les prédations sur les poissons, crustacés et coquillages, la surfréquentation de la côte balnéaire et le piétinement des récifs. [1].

En effet, 82% de la population est concentrée sur la frange littorale, où la densité à l’hectare peut atteindre des valeurs de 3 à 4 fois supérieures à la densité moyenne de l’île (260 hab./km²). Ce sont les côtes ouest (à récifs) et nord-ouest qui subissent la plus forte pression urbaine. IFRECOR [16].

La pression anthropique sur ce système récifal est donc élevée, notamment sur la commune de Saint Gilles, principale station balnéaire pour les habitants de l’île, mais aussi pour le tourisme international en constante progression. Selon COI-UNESCO [11] il y en a eu 430 000 visiteurs en 2001, dont les dépenses se sont élevées à 276 millions d’euros). INSEE [17].

3. Les mesures de protection du système récifal Dès l’apparition des premiers signes de dégradation des récifs coralliens, à la fin des années 1970, les premiers arrêtés de limitation des activités halieutiques sont signés. Puis, au cours des années 1980, les collectivités locales financent de grands programmes de sensibilisation du public et de construction de stations d'épuration.

Des orientations en matière de planification et d’aménagement du territoire sont prises au sein du Schéma de Mise en Valeur de la Mer (SMVM), qui constitue le volet littoral du SAR (Schéma d’Aménagement Régional) et a valeur de prescription d'aménagement. Dans la version approuvée le 6 novembre 1995, les récifs coralliens et les pentes externes y sont officiellement reconnus comme zones sensibles, et font l’objet d’une protection forte. En 1997, le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau) préconise de nouvelles mesures. L'idée d'une structure spécifique, émise lors d’un colloque sur les récifs coralliens au

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début des années 1990, est alors reprise. Une étude pour la mise en place d'un Parc Marin est alors diligentée et conduit finalement à la création de l’Association du Parc Marin de la Réunion (APMR), le 17 juillet 1997.

a) Le Parc Marin de la Réunion Le Parc Marin est une association créée pour gérer l’espace récifal des 7 communes adhérentes : Saint-Paul, Trois-Bassins, Saint-Leu, Etang-Salé, Saint-Louis, Saint-Pierre, et Petite-Ile. L’espace lui-même s’est appelé Parc Marin de la Réunion à la suite d’un arrêté préfectoral. L’association est chargée de remplir les missions suivantes :

1. Informer, sensibiliser et éduquer ; 2. Elaborer et animer un programme scientifique ; 3. Mettre en oeuvre des moyens complémentaires en matière d'application des

réglementations ; 4. Contribuer à l'amélioration des protections réglementaires ; 5. Devenir un partenaire privilégié en matière de développement durable et de gestion

intégrée. L'Assemblée Générale de l'Association est composée de 3 collèges : les institutionnels, les socioprofessionnels, les usagers associatifs.

Un Conseil Scientifique composé de 12 experts fournit un avis sur le programme d'actions de l'Association et élabore un programme scientifique.

Les ressources nécessaires à son fonctionnement sont fournies par le Conseil Régional (50%), le Conseil Général (25%) et les 7 communes adhérentes (25%). Des financements spécifiques permettent la réalisation des actions entreprises par l'Association ; ils proviennent du Conseil Régional, du Conseil Général, de l'Union Européenne et de la DIREN.

La zone de compétence du Parc Marin s’étend du Cap la Houssaye à la pointe de Boucan-Canot, et du port de St-Gilles-Les Bains à la commune de Trois-Bassins, jusqu’à moins cinquante mètres de profondeur. Les récifs coralliens de St-Leu, St-Pierre et Petite Ile son en réserve de la laisse de haute mer jusqu’au front récifal. Sa zone d’influence quant à elle s’étend entre la rivière des Galets et la commune de Petite Ile (Annexe 2).

Parmi les actions menées par le Parc Marin, on peut citer :

• l’intégration du Parc Marin de la Réunion dans un réseau local et extérieur, partenaire privilégié pour tout ce qui concerne le littoral à la Réunion, mais aussi en France : présence du Parc Marin à Paris, en mars 1998 lors de la mise en place de l’IFRECOR ;

• la définition d’une signalétique sur les lieux de passage, avec l’installation de 70 panneaux sur les arrières plages afin d’informer le public de la réglementation et du comportement à adopter face aux récifs coralliens ;

• le suivi scientifique de l’évolution du profil des plages, travaux conduits en partenariat avec l’Université de la Réunion ;

• le suivi de l’état de santé des récifs coralliens sur quatre sites pilotes de Saint-Gilles et Saint-Leu afin d’étudier le recouvrement corallien et de compter les poissons présents dans ces zones ;

• la réalisation d’une enquête sur l’assainissement des eaux usées domestiques ; • la mise en place d’un système de mouillage sur les sites de plongée ; • la formation et la sensibilisation des élus.

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b) Vers une Réserve Naturelle Remise en 1994 au Conseil Régional, une "Etude concertée à caractère scientifique, économique et juridique en vue de la création d'un Parc Marin sur les lagons et de la mise en place d'une structure opérationnelle de gestion" avait alors permis de définir la plupart des orientations prises depuis sur le milieu récifal. APMR [5]. Le statut de 1997 étant vulnérable aux aléas politiques locaux (tout arrêté préfectoral pouvant être modifié par un nouvel arrêté), il était indispensable de pérenniser la structure de gestion et l’espace associé.

Les solutions de biotope, de parc national et de réserve naturelle ont été envisagées comme outil juridique de protection. L'arrêté de biotope n'était pas envisageable puisque le milieu récifal ne contient aucune espèce protégée ; l'option Parc National a été écartée (décision de D.Voynet lors de sa venue en déc.1999) du fait de la forte pression anthropique. APMR [6].

La réserve naturelle s’avère donc, par défaut, l’outil de protection le plus adapté pour les récifs coralliens réunionnais et les espèces qui y vivent. Le statut de réserve naturelle donnera à l’organisme gestionnaire (probablement le Parc Marin) les moyens nécessaires pour lutter contre le braconnage et protéger les récifs, par l’assermentation de son personnel. OCEA-DIREN [21].

Concernant les structures de gestion, il semble difficile de pouvoir envisager que des acteurs privés soient à la fois juges et parties sur un thème à forte connotation environnementale. Trois formes juridiques sont donc possibles : l'association, le syndicat mixte et le Parc Naturel Régional. Les bureaux d'études BCEOM/IARE ont proposé de mettre en place la structure associative choisie en 1997 pour une question de souplesse, celle-ci devant assurer les missions de sensibilisation et d'information. OCEA-DIREN [21]

Bientôt, une évolution vers les étapes de syndicat mixte, puis de Parc naturel régional devrait permettre de disposer d’un outil plus efficace pour parvenir à une préservation des récifs coralliens. La structure de gestion "Parc naturel régional" couplée à l'outil juridique de protection "Réserve Naturelle" permettra en effet d'allier une réglementation forte et adaptée sur les zones marines menacées. APMR [7],[8].

C. Objectifs du stage

Dans le contexte précédemment décrit, le stage de « Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion » répond à un double besoin formulé par l’IRD.

1. Estimation de la valeur socio-économique des récifs de la Réunion

Ce projet de l’IRD de la Réunion, d'une durée de 27 mois, financé par l'Union Européenne et l'Etat, a commencé ses activités au mois d’Août 2001 et s'inscrit dans le cadre de l'Initiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR).

Son analyse consiste à « dépasser la vision strictement biologique d’écosystème récifal pour l’inclure dans une approche plus large intégrant l’homme : un éco-socio-système ». Pour ce faire, elle cherche à associer une réflexion géographique et des outils méthodologiques développés en économie de l’environnement. L’intérêt principal d’une telle étude réside dans la mise à disposition des gestionnaires de données facilement intégrables dans les processus de prise de décision.

En effet, lorsqu’ils sont limités à des considérations d’ordre biologique et écologique, les arguments en faveur de la préservation des récifs ne font pas souvent le poids dans la balance des décideurs. Considérer le patrimoine récifal sous l’angle de sa valeur socio-économique pourrait aider à renverser le déséquilibre de cette balance.

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a) Démarche méthodologique (G. DAVID, E. MIRAULT [13]) Une étude socio-économique du littoral récifal doit permettre d’acquérir une meilleure connaissance des usagers-acteurs, des espaces-ressources, et des étroites relations socio-économiques qui unissent ces ensembles.

La première étape consiste à identifier, localiser et recenser les différents usagers et acteurs du récif. Un inventaire est effectué sur la base d’observations directes, systématiques et objectives des activités auxquelles se livrent les individus.

Une deuxième étape doit permettre de délimiter géographiquement les zones occupées par les usagers, et donc d’établir une cartographie des usages du lagon et du littoral par catégorie de bénéficiaires.

La multiplicité des usages et des acteurs rend impossible une comparaison objective des actions d’aménagement. Disposer d’un indicateur commun est donc une nécessité pour les décideurs. Compte tenu de son aspect universel, la valeur économique constitue une solution envisageable pour arbitrer entre différentes options (utilisation et préservation, court et long terme, …). La phase suivante tente donc d’estimer la valeur économique du récif, autrement dit de rajouter une dimension supplémentaire à la valeur purement écologique évaluée par les scientifiques. Cette valeur économique d’un bien environnemental est composée de plusieurs termes (valeur d’usage, d’existence, d’option, de legs) qui peuvent être évalué de différentes façons (méthode des flux, des coûts de transport, des prix hédonistes, méthode contingente).

La quatrième étape permet ensuite d’évaluer la valeur sociale du littoral récifal, autrement dit estimer l’importance des rapports qu’établissent les hommes avec ce milieu, mais aussi les liens qu’ils tissent entre eux à propos de ce même milieu.

A ce stade de l’étude, un Système d’Information Géographique permet de croiser et d’intégrer l’ensemble des données recueillies lors des étapes précédentes. On obtient alors une cartographie des différents usages et leur valeur associée.

L’ensemble du projet n’est pas seulement une étude scientifique mais vise à des objectifs de gestion. Une restitution doit donc être prévue à la fin du projet, et permettra aux différents acteurs et gestionnaires concernés de s’approprier les résultats.

b) Les acteurs et usagers du littoral récifal de la Réunion Les premières phases du projet ont permis d’identifier 16 usages et donc 16 catégories d’usagers :

Des questionnaires ont ensuite été élaborés pour chacune de ces catégories, excepté pour celle des pêcheurs traditionnels. En effet, le groupe des pêcheurs traditionnels constitue un usager à part pour plusieurs raisons, que nous développerons dans le prochain chapitre. On peut citer entre autres :

Surf / bodyboard Plongée sous-marine (bouteille) Plongée en apnée Détente et plage Baignade Pêche à pied Pêche sous-marine Hôtellerie

Photos/ vidéos Recherche scientifique Bars-Restaurants Commerces Protection/conservation Plagistes/location de matériel Planches à voile Pédalos/canoës

Source E. MIRAULT [19]

• la méconnaissance du secteur halieutique, • la grande diversité des pratiques de pêche traditionnelles à la Réunion, • le caractère prohibé de la majorité des types de pêche.

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Sa prise en compte dans le projet d’estimation de la valeur socio-économique des récifs de la Réunion nécessite donc un traitement particulier, et demeure indissociable d’une connaissance approfondie des pêcheries réunionnaises.

Bien que l’obtention de données directement utilisables par ce projet d’estimation de la valeur socio-économique n’ait pas été notre ambition première, l’élaboration du formulaire d’enquête a tâché de prendre en compte les besoins de cette étude. Les données éventuellement requises pourront être extraites de la base de connaissances après application de l’enquête.

2. Assurer l’intégration d’un acteur-clef dans le processus de création de la réserve naturelle

a) Constat d’une vulnérabilité La mise en place d’un système d’aires protégées en zone littorale est un scénario maintes fois répété en différents points de la planète. Sa réussite, loin d’être évidente, est entièrement conditionnée par la méthode employée d’une part, et par les particularités du contexte d’autre part. L’île de la Réunion n’échappe pas à cette règle. Les conflits apparus depuis la création du Parc Marin et les expressions de mécontentement de certains usagers sont la preuve de la vulnérabilité du processus de création d’une réserve naturelle.

Dans le cas de la protection du milieu récifal réunionnais, les premières mesures ont été prises sur la base de considérations essentiellement écologiques concernant la biodiversité et la richesse écologique du milieu. A l’initiative de la DIREN, un projet de Réserve Naturelle Marine englobant la majeure partie du littoral récifal de la Réunion est désormais en cours de négociation, et devrait conduire à l’élaboration d’un texte réglementaire. L’Etat a donc chargé l’Association Réunionnaise d’Education Populaire (AREP) d’un rôle de médiateur, avec pour objectif d’assister la DIREN dans l’obtention d’un consensus entre les différents usagers directs et indirects du milieu.

b) Constat d’une lacune Le choix délicat entre préservation du milieu récifal et maintien des usages soulève depuis longtemps des problématiques inconciliables. Seule une véritable concertation et la prise en compte de l’ensemble des acteurs concernés par la mise en place de cette réserve peuvent conduire à une solution acceptable par tous.

Dans le cas du système récifal de la Réunion, une phase de concertation et de négociations avec les usagers du « lagon » a bel et bien succédé aux considérations purement écologiques qui avaient motivé les premières mesures. L’IRD estime cependant que le groupe des pêcheurs traditionnels n’a pas été suffisamment pris en compte, ou que son importance a été sous-évaluée. La méconnaissance de cette catégorie d’usagers, et surtout son caractère informel sont à l’origine de cette lacune.

Afin de remédier à cette situation et de palier à un éventuel blocage du processus, l’IRD a donc envisagé un projet « d’approche halieutique globale en vue d'une meilleure insertion des pêcheurs à pied, dans le cadre de la mise en place d'une réserve naturelle ». Le projet prévoit la mise en œuvre d’un processus de concertation visant à rendre les petits pêcheurs à pied partenaires de la future réserve naturelle. Il s’agit de faire connaître et adhérer les pêcheurs et leur famille au projet de réserve, en leur démontrant qu’ils peuvent y trouver un intérêt.

L’acronyme CAC résume les 3 objectifs du projet :

1. Connaître : - les informations générales concernant le pêcheur ; - la pratique, les techniques, l’effort de pêche et la production ; - les perceptions et représentations des pêcheurs quant à eux-mêmes, quant au milieu récifal, quant au Parc Marin ;

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- leur vision de l’avenir. 2. Accompagner : soutenir les petits pêcheurs dans l’organisation de projets personnels de

reconversion professionnelle. 3. Communiquer : identifier les supports de communication adéquats pour réaliser les 2

premiers objectifs, mais surtout pour instaurer une relation partenariale entre les pêcheurs, les pouvoirs publics et les gestionnaires.

Le stage de « Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion » s’inscrit donc dans le cadre de l’objectif Connaître. Outre l’acquisition des nouvelles connaissances sur les pêcheurs à pied de la Réunion, l’enquête permettra de cerner leurs perceptions et représentations. Finalement, le positionnement du présent stage comme réponse à un double besoin peut être résumé à l’aide de la figure 2.

DIRENIRD la Réunion

Programme d'Estimationde la Valeur Socio-économiquedes Littoraux Coralliens de la

Réunion

Projet de créationd'une Réserve Naturelle (englobant la majeure partie du

littoral récifal de la Réunion)

Informations relatives auxUsagers et Acteurs du littoral récifal de la Réunion

ValeurSocio-économique du

littoral récifal

Réserve Naturelle

Pêcheurs à piedRestaurants Clubs deplongée Commerces Recherche

scientifique

Stage de Maria Oqueli"Conception d'un systèmed'enquête pour l'étude del'activité halieutique des

pêcheurs à pied de la Réunion"

Systèmed'enquête

auprès desacteurs

Systèmed'enquête

auprès despêcheurs

Approche halieutique globale en vue d'une meilleure insertion

des pêcheurs à pied,dans le cadre de la mise en place

d'une réserve naturelleConcertation

et Processus de Décision

etc ...

proposition de l'IRD

Figure 2 : Insertion du stage au sein des projets l’IRD

Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion 13

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III. LES PECHEURS TRADITIONNELS : UN USAGER PARTICULIER

A. Le secteur de la pêche

1. Un secteur historiquement marginal Depuis l’époque de sa colonisation au XVIIème siècle, l’économie de la Réunion a toujours été principalement basée sur l’agriculture. Face à un océan rude et inhospitalier, sur une île ne disposant pas de port naturel, les hommes ont préféré mettre en valeur leurs terres avec diverses cultures telles que le café ou la canne à sucre.

Bien que les activités maritimes aient eu un rôle tout à fait secondaire dans le développement économique de l’île, il ne faut pas croire à l’inexistence de la pêche, bien au contraire. En fait, les produits de la mer ont toujours occupé une place importante dans l’alimentation créole (cari poisson, cari zourite), et les Réunionnais ont naturellement développé plusieurs modes d’exploitation des ressources halieutiques : les activités de pêche et de cueillette sur les récifs frangeants, la pêche à la senne de plage et la pêche côtière en barque. W. BEGUE [9]. Mais il s’agissait alors d’une pêche de subsistance, avec de faibles moyens, et l’exercer était souvent considéré comme peu respectable voire dévalorisant.

Malgré des apparences marginales, la pêche joue depuis ses origines un rôle significatif dans le mode de vie de certaines communautés de la population réunionnaise, et elle est devenue au fil des années un élément culturel et patrimonial fort, que l’on souhaite préserver.

De nos jours, une observation globale du secteur permet de différencier deux branches bien séparées :

• La pêche professionnelle, exercée comme activité rémunératrice principale ; • La pêche dit traditionnelle, exercée comme activité complémentaire, de subsistance, ou

de loisir.

C’est ce deuxième type de pêche qui entre en jeu dans l’éco-socio-système du littoral récifal réunionnais, et qui sera abordé plus loin.

2. La pêche professionnelle

Sur l’île de la Réunion, la pêche professionnelle en milieu corallien et plus généralement en mer, est longtemps restée une activité marginale, considérée sans potentialité économique réelle du fait de l’éloignement des bancs de thons, de l’étroitesse du plateau continental et de la dimension très réduite des zones récifales. OCEA-DIREN [21]. Depuis trois siècles que l’île de la Réunion est peuplée, les activités de pêche n’ont jamais été un point fort de son économie. R. ROBERT [22].

Pourtant, elle a connu une forte évolution durant les dernières décennies, et un réel essor depuis le début des années 1990, sous l’impulsion d’une volonté politique de développement. Les collectivités territoriales et les représentants de l’Etat ont commencé à considérer ce secteur comme une opportunité de développement viable pour le département, et ont soutenu sa croissance de diverses façons : subventions pour la modernisation des embarcations et des moteurs, installation de DCP, détaxe sur le carburant…)

Bien que les différents organismes utilisent parfois des définitions différentes, on peut dire que la pêche professionnelle réunionnaise se décompose en :

• une petite pêche orientée vers l’exploitation des poissons pélagiques autour des DCP ; • une pêche au large et lointaine, se résumant principalement à la pêche palangrière, et

qui cible les espadons et les thons ;

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• une pêche industrielle qui exploite les stocks de langouste et de légine autour des Terres Australes et Antarctiques Françaises. D. ROOS [25].

Le tableau 1 ci-dessous reflète bien le récent essor de la pêche professionnelle :

1990 1993 1997 1998 1999 2000

Petite pêche(1) et pêche côtière(2) nombre d'inscrits au rôle 382 415 532 557 594 659 nombre d'unités armées 257 333 330 311 300

Pêche au large(3) nombre d'inscrits au rôle 22 33 46 84 77 102 nombre d'unités armées 10 11 15 12 12

Grande pêche(4) nombre d'inscrits au rôle 123 69 100 106 134 136 nombre d'unités armées 2 6 5 5 6

Description1 Sortie en mer de moins de 24 heures 2 Sortie en mer entre 24 heures et 96 heures 3 Sortie en mer entre 5 et 21 jours4 Sortie en mer de plus de 21 jours ou bateaux de 10 000 tonneaux

(Source INSEE)

Tableau 1: Evolution des effectifs de pêcheurs professionnels

B. La pêche traditionnelle réunionnaise

1. Ses caractéristiques générales

a) Une tentative de définition Définir ce type de pêche n’est pas chose aisée. Si l’on s’en tient aux textes juridiques, les deux seuls types de pêcheurs recensés sont les pêcheurs professionnels et les pêcheurs de loisir. En effet, la pêche à pied ne possède pas de statut officiel. Bien qu’un texte réglementaire soit paru récemment, il ne concerne que les pêcheurs à pied de la métropole.

Pour tenter de cerner les limites de cette pêche traditionnelle, on peut dire qu’elle se pratique à pied (sans bateau) ou en plongée (apnée ou air comprimé). Elle s’exerce sur les récifs coralliens, ou sur la dépression en arrière du platier (faussement dénommée « lagon »). Elle utilise des engins spécifiques, et répond à des objectifs précis : l’autoconsommation, la vente, le loisir, la vocation…

Même si elle est souvent justifié par le gain complémentaire qu’elle procure (en argent ou en captures), la pratique de la pêche répond à des motivations différentes selon la situation. En tâchant d’être le plus exhaustif possible, on peut lister à la Réunion les cas suivants :

• des pêcheurs traditionnels avec des autorisations pour la pêche de capucins nains (49). • des pêcheurs, issus de la branche professionnelle (ayant un permis), qui possèdent un

bateau, vivent de la pêche, et trouvent dans la pêche à pied et la pêche sous-marine une activité de subsistance lorsque les conditions climatiques ne leur permettent pas de sortir en mer. Leur pratique est avant tout motivée par la vente de leurs captures.

• des personnes exerçant déjà une activité professionnelle, et qui pratiquent la pêche comme une activité complémentaire durant leur temps libre, le week-end. Ce sont des pêcheurs traditionnels qui pêchent pour l’autoconsommation, par loisir ou par vocation (héritage culturel).

• des personnes sans activité professionnelle, dont la principale activité est la pêche mais Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion 15

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qui n’ont pas de permis. Ils considèrent la pêche comme une activité de subsistance (autoconsommation et/ou vente des captures) en complément des aides sociales qu’ils perçoivent (chômage, RMI, allocations…).

• des pêcheurs de loisir, qui prospectent toujours le même espace halieutique (la pente externe) et toujours dans un but commercial. Pour cette raison, on préfère les dénommer opportunistes.

• des chasseurs sous-marins : certains sont affiliés à la fédération nationale de plongée sous-marine sportive, mais ne sont pas autorisés à commercialiser leurs prises.

• les vrais pêcheurs de loisir.

b) Une récente évolution A l'origine et jusqu’à ces dernières décennies, la grande majorité des communautés de pêcheurs pratiquait une activité d’exploitation des ressources marines sur les bases d’une économie de subsistance. Les activités de pêche en zone récifale étaient pratiquées traditionnellement par un faible nombre de pêcheurs, souvent pluri-actifs. Disposant de faibles moyens, leur production restait souvent très limitée, et leur permettait d’assurer à leur famille un modeste repas. Les connaissances et techniques de pêche étaient et sont encore transmises de père en fils, d’une génération à la suivante. Cet héritage culturel constituait d’ailleurs la condition essentielle pour qu’une personne puisse poursuivre la pratique d’un art de pêche. Parmi ces usages caractéristiques de la tradition réunionnaise, on peut signaler la pêche des capucins nains (Mulloidichtys flavolineatus) qui demeure l’activité la plus répandue de la pêche traditionnelle de la Réunion et se pratique essentiellement sur des fonds sableux peu profonds.

De même que la composante professionnelle, la pêche traditionnelle, longtemps restée une activité secondaire dans le paysage économique de l’île, a connu récemment de profondes transformations techniques y sociales. Depuis quelques années, elle représente une activité de moins en moins marginale, pratiquée par une part sans cesse croissante de la population.

Plus récemment, cette situation a évolué sous l’influence de plusieurs facteurs parmi lesquels un développement de la population tardif et accéléré, et la mise en place des aides sociales. D’une part, sous la pression démographique constante des dernières décennies, et face au taux de chômage alarmant qui lui est associé, une partie de la population active sans emploi a pu disposé de plus temps pour s’adonner à des pratiques jusqu’alors marginales, dont la pêche. D’autre part, l’apparition des aides sociales a favorisé l’accroissement du parc automobile, libérant ainsi les habitants de l’île de toute contrainte de distance, et leur permettant d’accéder aux zones de pêche privilégiées, quelle que soit leur lieu de résidence. Aux pêcheurs traditionnels s’est aussi ajouté un grand nombre de jeunes : se trouvant sans emploi, et ne pouvant accéder aux aides d’insertion, certains se voient contraints à pêcher, même s’ils ne sont pas attirés par cette activité. Selon des données de l’INSEE [17], près d’un jeune sur deux de moins de 30 ans était au chômage en 2000.

Contrairement à toute attente, il n’existe pas de village de pêcheurs à proprement parler sur le littoral réunionnais. Dans les années 1970-80, on trouvait ce que l’on appelle en langue créole des «kartié pésèr», où certaines personnes cultivaient, et d’autres, pêchaient. G.TREMBLAY [28]. La distinction de tels quartiers n’est plus vraiment possible aujourd’hui. Les pêcheurs sont bien répartis sur l’ensemble des communautés du littoral récifal. Il n’y a pas de regroupement bien marqué, si ce n’est dans le lotissement de Carrosse (du canton de St-Gilles), dans lequel furent relogés des pêcheurs à l’époque de l’essor touristique.

Les évolutions techniques et sociales des pratiques ont conduit les pêcheurs à se réorganiser. Il existe actuellement 4 associations de pêcheurs traditionnels : « Pêches et traditions », le « Collectif des pêcheurs traditionnels », « l’Association de sauvegarde la pêche traditionnelle », « l’Association des petits pêcheurs de St-Pierre ». Leurs objectifs, tous très

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similaires, s’articulent autour de la sauvegarde de la pratique traditionnelle de la pêche, la défense de leurs intérêts, dans le souci du respect et de la préservation de l’environnement. Leurs principales demandes sont l’obtention d’un statut officiel de pêcheur, et la mise en place de règles identiques pour tous les usagers.

2. Une pêcherie aux multiples facettes

a) Une pêcherie multi-engins et multi-espèces Les pêcheurs traditionnels utilisent un panel extraordinaire de techniques et d'engins pour capturer les poissons, langoustes, et poulpes présents dans les "lagons" de l'île. La capture de certaines espèces requière parfois l’usage de plusieurs engins.

Les différents arts de pêche utilisés par la pêche à pied sont les suivants : 1. la senne de plage pour la capture de poissons ; 2. un filet (longueur 6m, hauteur 1,5m, maille de 8 à 10cm) pour la capture de langoustes,

de homards et de crabes à marée basse ; 3. le filet fixe (trempe), qui mesure 50m de long, 2m de haut, maille de 35mm, manipulé

par 1 ou 2 pêcheurs ; Dans le passé, les pêcheurs confectionnaient eux-mêmes leurs filets. Désormais, ils les achètent dans le commerce et se contentent de leur ajouter la corde et les flotteurs.

4. la gaulette : morceau de bambou, pourvu d’une ligne et d’un hameçon ; 5. la canne à pêche: canne munie d’un moulinet

Ces deux engins (gaulette et canne) sont utilisés pour la capture du poisson le plus apprécié des consommateurs réunionnais, le macabit (mérou).

6. la baguette ou bâton de bois : c’est un morceau de filao (Casuarina equisetifolia), un arbre qui se trouve en bord de mer.

7. la foëne (frine en créole): sorte de harpon, fait d’un bout de bois de 5cm de diamètre et de 1,50 m de long, au bout duquel se trouvent 3 ou 4 pointes en acier, longues de 6 cm.

8. la barre ou baguette en fer : c’est une baleine de parasol, légèrement recourbée, parfois utilisée pour les coquillages et burgaux.

Ces 3 techniques (6, 7 et 8) sont surtout utilisées pour la capture de zourites (poulpes). 9. Binette et pioche: pour le ramassage de moules.

Les différents arts de pêche utilisés pour la pêche sous-marine (apnée ou bouteille) sont :

10. le fusil de chasse 11. le bâton en bois, la foëne et la barre en fer sont également utilisés en plongée.

Les techniques de pêche à pied et de pêche sous-marine peuvent aussi être utilisées de façon combinée :

12. Pêche à la gaulette dite "béké" : le pêcheur utilise la gaulette avec un palmes-masque-tuba. Elle se pratique surtout en période de marée haute ;

13. Pêche "batte de l’eau" : c’est une variante de la pêche avec filet pratiquée par 7-8 pêcheurs. Des pêcheurs équipés de masque localisent les bancs de poissons, battent l’eau pour les effrayer et les orienter vers un filet soutenu par d’autres pêcheurs. Selon les pêcheurs, il existe 40 propriétaires de filets de ce type sur la commune de St-Paul.

Le tableau 2 est une synthèse des différentes pratiques de pêche selon l’engin utilisé. L’importance et l’impact de la pêche dans le lagon, soit sur la ressource (espèces pêchées), soit sur le récif (piétinement, arrachage, retournement), sont encore mal connus. Ce sont donc des estimations d’impact qui sont présentées, de manière semi-quantitative, sur la base d’observations personnelles. Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion 17

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Afin de maintenir leur production toute l’année, en fonction des saisons et des ressources disponibles, les pêcheurs doivent diversifier leur pratique. Il existe une corrélation évidente entre les types de captures et les engins de pêche utilisés. Pour cette raison, plus les objectifs des pêcheurs traditionnels sont ambitieux (pêche multi-espèces), plus ils doivent s’équiper et diversifier leurs engins de pêche. Les types de captures peuvent être regroupées en trois grandes catégories :

1. Les poissons. Sont essentiellement retenus les capucins nains, les mulets, les mérous, les carangues et les perroquets. La majorité des poissons se trouvent dans la zone sableuse et dans les passes des récifs coralliens, sauf les mérous qui trouvent refuge dans les coraux du platier et du brisant;

2. Les crustacés qui englobent les crabes et les langoustes ; 3. Les mollusques, représentés par les coquillages, les moules, les zourites (poulpes)

et les burgaux. C.FOUGEROUX [15].

Leur prix de vente varie selon la saison, l’abondance de la ressource et sa qualité. Les prix moyens de quelques-unes de ces espèces permettent de donner un ordre de grandeur de leur valeur :

Mérous ≈ 80 à 120 F/kg ≈ 12 à 18 €/kg Capucins nains ≈ 1 F l’unité ≈ 0,15 € l’unité Congres, murènes ≈ 40 à 50 F/kg ≈ 6 à 7 €/kg Perroquets ≈ 40 F/kg ≈ 6 €/kg Carangues ≈ 35 F/kg ≈ 5 € l’unité Mulets ≈ 40 F/kg ≈ 6 €/kg Langoustes ≈ 130à 150 F/kg ≈ 20 €/kg Crabes ≈ 80 F/kg ≈ 12 €/kg Zourites ≈ 40 à 50 F/kg ≈ 6 à 7 €/kg Burgaux ≈ 4 F/unité ≈ 0,6 €/kg

Source : Données de C.Fougeroux [15] actualisées au cours des missions de terrain

Les différentes formes d’utilisation ou de commercialisation des prises recensées sont les suivantes :

autoconsommation (famille) restaurants poissonneries coopératives intermédiaires (accapareurs) vente sur le bord de la route vente à des amis ou voisins vente à des riverains (par commande)

La zone de pêche aussi est fortement corrélée à l’espèce recherchée. La pêche traditionnelle peut donc se pratiquer dans une zone précise ou dans plusieurs espaces. Parfois, une même espèce peut se déplacer à travers tout le système récifal…

La répartition spatiale des pratiques de pêche doit donc être analysée selon deux niveaux : d’une part, une localisation transversale le long de la côte, souvent liée au lieu de résidence du

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pêcheur ; et d’autre part, une localisation sur le système récifal, en fonction des zones géomorphologiques :

la pente externe : zone en pente, à croissance maximale des peuplements de coraux ; le front récifal : zone de déferlement des vagues ; le platier récifal : zone horizontale qui peut présenter une grande variété de biotopes ; la passe : discontinuité du récif ; l'arrière récif et lagon : cuvette sédimentaire (d’étendue et de profondeur supérieure

dans le cas du lagon). C. CONAND et al [12]

D’autres facteurs influencent également l’activité des pêcheurs traditionnels. En fonction des saisons, du cycle lunaire, des courants, du vent et des marées, ils adaptent leurs pratiques afin d’améliorer leur production. De façon générale, la pêche traditionnelle se pratique toute l'année, mais la fréquentation des sites de pêche est intense de novembre à avril (l’été) y plus limitée de mai à octobre (l’hiver).

b) La réglementation existante La première réglementation mise en place était souple (de 1976 à 1992). Elle commença avec la loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature ; à laquelle est venu s’ajouter l’arrête préfectoral n° 2862/DAG.R/2 du 21 juillet 1976 concernant la pêche traditionnelle. Depuis 10 ans, de nouvelles mesures en ont fait une réglementation plus sévère. Désormais :

• La pêche à pied et à la ligne (gaulette) est autorisée de façon circonscrite. Elle est interdite sur la barrière récifale du Port de St Gilles-La Saline

• La pêche au filet de capucins : Il existe deux cas de figure. D’une part les 49 pêcheurs professionnels qui disposaient déjà d’autorisations individuelles et qui sont soumis aux conditions de pratique de l’arrêté n° 1905/DAG.R/2 du 25 mai 1976. D’autre part, en 1999, suite à des manifestations sur la voie publique, d’autres autorisations furent délivrées. Les principales règles à respecter sont : vente interdite, prise maximum de 3kg/personne/jour, à moins de 25m du rivage (hautes eaux), filet de 10m de long sur 3m de haut, maille de 8mm de côté. Les autorisations devront être présentées sur toute demande des agents de l’Etat habilités en matière de police des pêches et des Eco-gardes du Parc Marin. Les Eco-gardes marins, parfois accompagnés de scientifiques, pourront également réaliser des pesées et des mesures.

• La Pêche sous-marine est interdite en permanence dans le lagon, ainsi que de nuit hors du lagon. Elle est pourtant pratiquée, notamment la nuit à l’aide de lampes, tout autour de l’île avec une nette préférence pour les fonds coralliens de l’ouest.

• La cueillette est partiellement réglementée (certaines zones et espèces sont interdites).

En 1992, l’idée de réserve de pêche est instituée par arrêté préfectoral, mais cette mesure entre véritablement en application avec l’arrêté n°03769 du 29 décembre 1999. Par cette arrêté, l’ensemble des récifs coralliens sont considérés comme réserve. Ainsi, toute action de pêche est formellement interdite dans ces zones, à l’exception de la pêche à la ligne et de la pêche aux capucins nains qui bénéficie d’une réglementation spécifique.

Ces articles sont à l’origine des conflits existants. L’évolution des différents arrêtés n’a pas toujours été comprise par les pêcheurs traditionnels, qui se demandent comment une tradition encouragée avant 1976 est progressivement devenue prohibée au début des années 1990.

Selon l’arrêté préfectoral n°03769 du 29 décembre 1999, il existe trois autorités compétentes : la brigade de la Nature, les Affaires Maritimes et la Gendarmerie Maritime. Afin que soit respectées les réglementations, ils organisent des missions, de jour comme de nuit, et plus particulièrement pendant la période de pêche des capucins nains. Les infractions peuvent être

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sanctionnée par un procès-verbal, la confiscation du matériel ayant permis le braconnage, des amendes de 3000 à 150000 F, voire des peines de prison.

L’application de la réglementation constitue un réel problème. N’ayant pas été mise en place sur les bases d’un consensus, ou du moins d’une concertation, très peu de pêcheurs la respectent. Beaucoup la considèrent comme étant inadaptée au contexte : elle a été mise en place sans tenir compte des spécificités locales, ni de l’avis de ceux qui vivent de la pêche. Ces règles sont d’ailleurs très mal connues de ceux qu’elles visent : une majorité des pêcheurs rencontrés au cours de la mission n’ont pas été capables de répondre aux questions concernant la réglementation.

3. Principaux résultats existants A cause du caractère informel de la pêcherie réunionnaise, aucun des différents organismes et institutions qui travaillent en relation avec la pêche réunionnaise (Affaires Maritimes, Comité Régional des Pêches Maritimes, IFREMER, etc) ne disposent de statistiques fiables concernant le nombre total de pêcheurs en activité sur le littoral récifal. Il existe néanmoins quelques estimations. Selon des données du Colloque de Gestion Intégré des Zones Côtières [2], la pêche traditionnelle à pied concernerait environ 1500 personnes.

Les références bibliographiques disponibles auprès de l’IRD de la Réunion ont permis d’accéder à d’autres rapports, particulièrement intéressants et souvent très utiles à la compréhension et à la connaissance du contexte dans lequel évoluent les pêcheurs traditionnels. Des halieutes, des géographes, et des anthropologues sont à l’origine de ces études. Il serait utopique de vouloir décrire l’ensemble des résultats obtenus ; elles seront donc présentées de façon synthétique ci-dessous. La lecture de ces ouvrages constitue un préalable essentiel à toute participation à une étude concernant les pêcheurs traditionnels :

(i) R. ROBERT (1979) [22]- Activités de pêche maritime à La Réunion Description des pratiques et activités de pêche réalisées dans le lagon de la Réunion.

(ii) VIE OCEANE. (1996) [29] Contribution à l’évaluation de l’impact de la chasse sous-marine sur les récifs coralliens de l’île de La Réunion. 31 p + annexes.

« 216 t/an, ce serait dans le meilleur des cas la production halieutique récifale réunionnaise mais seulement si les écosystèmes coralliens de cette région étaient considérés en bon état de vitalité. »

(iii) D. ROSS, J.F. FANTON, B. CAUVIN, E. TESSIER (1999) [24] - Etude sur la pêcherie de capucins nains (Mulloidichtys flavolineatus). Ile de La Réunion. IFREMER.

S’agissant de la pêche aux capucins nains, le rapport réalisé par l’IFREMER sur les résultats de la campagne 2001 indique en conclusion : « La diminution des captures, de l’effort de pêche et des rendements annuels sont les indicateurs caractéristiques d’une pêcherie en déclin. (…) Si l’évolution observée dans les dernières années se confirme, la baisse de rentabilité de l’activité risque de se substituer aux mesures de limitation d’accès à la ressource. Ceci conduirait alors à un arrêt progressif de la pêcherie, signe d’un appauvrissement biologique sensible des zones récifales réunionnaises et de leur biodiversité. »

(iv) C. ARNAUDIES (2000) [4] - De la représentation à l’appropriation de l’espace littoral : l’exemple du Parc Marin de La Réunion.

Son ambition est de donner, à travers le cas particulier des pêcheurs à pied, un aperçu global des représentations, des modes d’appropriation de l’espace côtier et des conflits existants.

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(v) C. FOUGEROUX (2000) [15]- Les pêcheurs traditionnels et les institutions publiques.

A travers une approche géographique, son objectif est de décrire de façon globale la pêche traditionnelle et les problèmes qui lui sont associés.

(v) S. LOUPY (2001-02) [18] - Les pécheurs du lagon (La Saline-L’Hermitage), un groupe spécialisé ?

Elle aborde des thèmes tels que l’organisation sociale des pêcheurs, la place qu’ils occupent dans la société, la définition qu’ils donnent d’eux-mêmes, les savoirs et les techniques pratiquées.

(vi) APMR – CRPMEM - IFREMER. (2001) [3] Activités halieutiques dans les lagons de l’île de La Réunion. Rapport pour le compte de la DIREN Réunion.

Ce rapport aborde les thèmes de l’activité halieutique dans les « lagons » et le suivi des peuplements de poissons dans le lagon de Sainte-Gilles-La Saline.

(vii) D. ROOS, G. BERTRAND, P. CHABANET, M. TAQUET, E. TESSIER, et J.L. GUEBOURG (2002) [23]- La pêche sous-marine à la Réunion

Dans le contexte social réunionnais, avec un fort taux de chômage, l'activité de braconnage liée à la pêche sous-marine est relativement importante. De ce fait, il est souvent difficile de recueillir des données fiables concernant cette activité. Ce programme de recherche était axé autour de deux objectifs principaux : 1) donner les premiers éléments pour décrire et quantifier la pêche sous-marine à La Réunion et 2) estimer l'effort de pêche.

4. Nécessité d’une étude approfondie

Cette présentation du secteur de la pêche à la Réunion à travers : a. les données extraites des différentes références bibliographiques, b. les rencontres avec les différents acteurs du processus de création de la réserve, c. les observations effectuées directement sur le terrain,

a permis de mettre en évidence la méconnaissance d’une catégorie d’usagers qui occupent pourtant une place sensible. L’incohérence des différentes estimations du nombre total de pêcheurs en est l’illustration parfaite.

a) Une volonté commune La pêche traditionnelle à la Réunion est encore très mal connue. En effet, aucune étude globale n’a encore été réalisée à ce jour : bien qu’il existe plusieurs rapports précis décrivant certains types de pêcheurs, ils n’ont jamais fait l’objet d’une enquête commune. Pourtant, il existe une forte demande d’études socio-économiques sur ce sujet de la part des gestionnaires susceptibles de participer à des processus de décision.

Lors d’une réunion de l’Association du Parc Marin de la Réunion en août 1998, le groupe de travail « Analyse des techniques de pêche et gestion de la ressource » a émis la proposition d’une étude « d’approche socio-économique de la pêche de loisir réalisée dans les « lagons », laquelle prendrait en compte non seulement un « volet sociologique », mais également un volet « halieutique », l’objectif étant de répondre aux questions « qui ? quoi ? où ? comment ? combien ?. »

Dans le cadre du colloque de Gestion Intégrée et Développement Durable des Zones Côtières en juin 1999 [2], un groupe de travail consacré à la pêche a fortement recommandé la mise en place de programmes de recherche sociologiques et halieutiques soutenus par les partenaires locaux.

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b) Les informations requises De graves lacunes existent concernant le nombre de pêcheurs, le nombre total d’engins dont ils disposent, l’effort global de pêche, la production et les zones principalement fréquentées. Le questionnaire élaboré servira de canevas à la collecte de certaines de ces informations. Outre l’application de l’enquête, il faudra envisager un recensement ainsi qu’un système plus rigoureux pour l’estimation de l’effort de pêche et de la production à travers des échantillonnages de terrain systématiques par exemple.

c) Des données pour une étude en suspens Comme nous l’avons déjà signalé, la mise en place d’un système d’aires protégées uniquement basé sur des considérations biologiques et écologiques est voué à l’échec. Les variables socio-économiques sont essentielles au processus de décision qui accompagnent la création d’une aire protégée [27].

En d’autres termes, considérer un stock de poissons en tant que ressource est une vision restrictive, car il constitue également un produit économique. En partant de ce principe, on peut alors considérer ce même stock comme un « capital naturel », non pas menacé par l’homme, mais au contraire valorisé dans certaines conditions d’exploitation. Pour prolonger cette métaphore, on peut assimiler les gestionnaires du processus de mise en réserve naturelle à des conseillers en patrimoine, chargés d’aider les usagers à atteindre un équilibre, une situation optimale entre l’exploitation (la pêche par exemple), et la génération d’intérêts (production d’organismes par exemple).

Dans le cas du système récifal de la Réunion, l’IRD pense qu’une façon d’envisager cet équilibre serait de :

1. connaître le nombre total de pêcheurs ; 2. déterminer la capacité maximale de charge (nombre maximal Nmax de

pêcheurs tolérés sans menacer le maintien de l’écosystème et ayant une production n’excédant pas la prise maximale équilibrée) par un croisement des diagnostics biologiques et des efforts de pêche ;

3. réduire le nombre de pêcheurs à cette limite Nmax. Les pêcheurs ayant la possibilité de continuer à pratiquer leur activité devront être accompagnés afin d’assurer le maintien de la situation d’optimum. Ceux ayant été écartés devront faire l’objet de mesures de réinsertion.

Cette étude ambitieuse n’est pas actuellement planifiée et reste en suspens. Elle pourra éventuellement être mise en marche en appui du processus de concertation avec le groupe des pêcheurs traditionnels.

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IV. PROPOSITION D’ENQUETE

Le questionnaire reste le meilleur moyen à notre disposition pour collecter les données requises par une étude telle que la nôtre. Afin d’assurer la qualité des résultats, il doit être conçu de façon à motiver l’enquêté et l’enquêteur, et ainsi favoriser leur coopération.

A. Méthode d’élaboration du questionnaire et premiers résultats

Afin de mettre au point un questionnaire efficace, pertinent et remplissant les objectifs fixés, il a été décidé de procéder par « tâtonnements » successifs, jusqu’à obtention d’un ensemble fond-forme satisfaisant.

Une première version du questionnaire a d’abord été élaborée à l’aide des différentes sources d’information disponibles, parmi lesquelles des enquêtes des Affaires Maritimes, des questionnaires déjà appliqués à la Réunion ou dans d’autres pays, et surtout des informations recueillies sur le terrain. Cette première version contenait des items très détaillés sur les aspects sociologiques, économiques, et sur l’activité de pêche.

Une première mise à l’épreuve du formulaire a pu être effectuée grâce à la collaboration de quelques pécheurs rencontrés au cours d’une réunion entres pêcheurs et DIREN. Leurs observations, complétées de celles formulées par des experts de l’IRD, du GREQAM et de l’IFREMER ont permis d’effectuer quelques ajustements.

Il est apparu que l’enquête, sous sa forme initiale, durait trop longtemps. Au lieu de nous apporter plus de données, la multiplication des questions risquait de décourager les personnes interrogées. Dans un premier temps, on a donc éliminé certains items trop spécifiques, et on a inclus davantage de questions sur les revenus et le financement des engins de pêche. Ces modifications étaient destinées à réduire la taille du questionnaire d’une part, pour faciliter le travail de terrain, et d’autre part, à cibler nos efforts sur la collecte de données pertinentes.

Dans un second temps, certaines questions ont été reformulées afin de faciliter les réponses de l’interlocuteur. La deuxième version du questionnaire est donc devenue plus simple, plus claire, avec un meilleur enchaînement des questions.

Afin de mettre cette nouvelle version à l’épreuve, une tournée a été organisée auprès des communautés déjà visitées. Les contacts établis lors de la première mise à l’épreuve, ont aussi permis, par le jeu des relations des uns et des autres, de rencontrer de nouveaux pêcheurs. Ces rencontres sur le terrain ont occupé en grande partie les trois dernières semaines de présence à la Réunion.

Il est important de rappeler que la configuration géographique de l’île, la localisation des communautés, les commodités de transport, les distances parcourues à la rencontre des pêcheurs, la durée de l’enquête … sont autant de facteurs qu’il est nécessaire de prendre en compte. La phase de conception et de mise à l’épreuve du questionnaire a aussi permis de détecter ces difficultés, qu’il faudra prévoir et planifier pour limiter les pertes de temps et assurer l’efficacité de l’enquête.

Durant les missions de terrain, les entretiens se sont déroulés dans les habitations des pêcheurs, en ayant pris soin d’organiser un rendez-vous auparavant. En plusieurs occasions, on a essayé de mener ces entretiens sur la plage, dès le retour de la pêche ; cependant, en raison du caractère prohibé de leur activité, les pêcheurs se montraient souvent méfiants, et les quelques informations recueillies risquaient d’être peu fiables.

La présentation de l’enquête aux pêcheurs interrogés a également été testée. De l’introduction du questionnaire peut dépendre le succès de l’entretien. L’enquête a donc été présentée comme

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faisant partie du projet d’évaluation de la valeur socio-économique des récifs réunionnais. Intégrer le questionnaire à un programme officiel déjà reconnu, plutôt que d’en faire une étude à part, a permis de placer les pêcheurs dans des conditions propices à l’échange d’information. A ce stade, il faut signaler que, contrairement aux multiples mises en garde reçues, les rencontres avec les différents pêcheurs se sont toujours déroulées dans une très bonne ambiance.

Les données recueillies au cours de ces mises à l’épreuve ne permettront pas d’extraire des résultats ou de tirer des conclusions, puisque l’enquête a été effectuée sans suivre aucun schéma d’échantillonnage. Néanmoins, elles sont précieuses, et surtout indispensables pour corriger le questionnaire et mesurer la faisabilité de l’enquête proprement dite.

L’enquête, sous sa forme définitive, est présentée dans les pages suivantes. En effet, puisqu’elle constitue un produit du stage, il a été choisi de l’inclure au développement du rapport, et non pas de la reporter en annexe comme cela se fait normalement.

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Concep d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion 29

tion B.

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Description du questionnaire

Le questionnaire est composé de quatre grandes parties, qui abordent les thèmes suivants : 1. les informations générales concernant le pêcheur ; 2. la pratique, les techniques, l’effort de pêche et la production ; 3. les perceptions et représentations des pêcheurs quant à eux-mêmes, quant au milieu

récifal, quant au Parc Marin ; 4. leur vision de l’avenir.

Le questionnaire lui-même est facile à appréhender ; néanmoins, quelques justifications et précisions par rapport à certains items peuvent aider à sa compréhension et à son application.

1. Informations générale concernant le pêcheur

Item Précisions / Justification Informations Générales

Nom, Prénom, sexe Commune de résidence, quartier Quelle est votre situation de famille ? … etc

La liste des noms et adresses des pêcheurs sera normalement obtenue lors du recensement préalable à l’enquête. Les informations générales doivent être complétées au moment de l’enquête.

Occupation principale

En ce moment, avez-vous un travail ? Quel type de travail exercez-vous ? Avez-vous un contrat ? De quel type ?

Si le pêcheur soutient que sa principale profession est ‘pêcheur’, il faut insister pour savoir s’il exerce une autre activité lucrative (autre que la pêche), même s’il s’agit d’un travail informel ou non déclaré.

Temps plein ou Temps partiel ? Connaître le temps de travail permettra de déterminer le temps disponible pour la pêche, et donc si elle est pratiquée de façon permanente ou occasionnelle.

Recevez-vous, vous et votre famille, des aides sociales, en complément de vos revenus ?

Il est très important de connaître et bien différencier les ressources et les revenus du pêcheur, et ceux des autres membres de sa famille, d’où la différenciation des ressources dans le tableau. Remarque importante : à la Réunion, il est fréquent que les pêcheurs se réfèrent à une personne retraitée comme étant « salariée ». De la même façon, ils ont l’habitude de confondre chômage et ASSEDIC. Les pêcheurs interrogés ont donné les chiffres sans faire de difficultés. Ils utilisent encore souvent les francs.

2. La pratique, les techniques, l’effort de pêche et la production Ce thème nous permet d’accéder à des informations concrètes sur la pratique de la pêche. Elles seront particulièrement utiles pour évaluer l’effort de pêche, déterminer les engins les plus utilisés et identifier les zones de pêche les plus fréquentées.

Item Précisions / Justification Historique À quel âge avez-vous commencé à pêcher dans le lagon ? Quel âge avez-vous ?

Bien que le 2ème question, concernant l’âge du pêcheur, soit une question d’ordre général, c’est à cet endroit qu’elle « passera » le mieux.

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Type d’activité / Type de pêcheur

Possédez-vous un permis de pêche ? Vous pratiquez la pêche sous quelle forme ?

La 1ère question concerne le statut du pêcheur. Il est nécessaire de tenir compte de ce que beaucoup des pêcheurs traditionnels (sans permis de pêche), se considèrent et s’autoproclament « pêcheurs professionnels » ou « vrais pêcheurs ». C’est pourquoi, afin d’éviter cette confusion, on a prévu de demander quel est l’organisme qui a délivré le permis en question. La 2ème question permet de définir de quel « type » de pêcheur il s’agit, selon sa pratique.

L’effort de pêche

Combien de sorties faîtes-vous en moyenne ?

Cette question apporte une précision à la façon dont le pêcheur s’investit dans cette activité. Evidemment, une parfaite connaissance de ces paramètres ne pourra être obtenue que par un suivi journalier ou mensuel de l’activité.

Zones de pêche

Quelle est l’extension de votre secteur de pêche ? A l’intérieur de ces limites, quelles sont vos principales zones de pêche ? Pour quelles raisons ? Dans quels secteurs du lagon pêchez-vous ?

De cette façon, les réponses concernant les lieux de pêche fréquentés peuvent être globales et permettre la définition des grands secteurs de pêche du lagon (amers, référence propres au pêcheur). Puis, ces grands secteurs pourront être décrits de façon plus spécifique à l’aide des questions suivantes.

Type de pêche (engins utilisés)

Quel engins de pêche utilisez-vous généralement ? Cette question permet d’établir un inventaire de tous les engins utilisés et possédés par le pêcheur.

A quand remonte votre dernière sortie de pêche ? A partir de cette question, afin de recueillir des données concrètes, l’enquêteur s’intéressera plus particulièrement à la dernière sortie de pêche.

Les captures / Destination/ Commercialisation

Quelles espèces et quelle quantité (poids et nombre d’individus) avez-vous capturé lors de votre dernière journée de pêche ?

Le poids des captures reste une estimation, car certains pêcheurs n’utilisent pas de balance. La production est scindée en 3 grandes classes (Poissons / Crustacés / Mollusques).

A qui étaient destinées les prises ? à la famille ? à la vente ? à qui ? quelle quantité et à quel prix ? Qui se charge de vendre les captures ? Type de vente

Cette question est nécessaire pour pouvoir distinguer la production commerciale de l’autoconsommation, et la vente occasionnelle de la vente systématique. Ces questions permettent aussi d’évaluer la façon dont s’investissent les membres de la famille dans l’activité de pêche.

Dans le cas d’une pêche en équipe (filets), comment êtes-vous payé ?

Dans le cas de la pêche en équipe, cela permet d’avoir une idée de la répartition des gains entre le propriétaire et les autres pêcheurs (en général, la composition des équipes ne varie pas). Est-ce l’argent qui est réparti ou sont-ce les captures ?

3. Les perceptions et représentations des pêcheurs Ce que représente la pêche pour les pêcheurs traditionnels, et la perception qu’ils ont du milieu dans lequel ils exercent cette activité sont les thèmes abordés dans cette partie du questionnaire. La vision qu’ont les pêcheurs du Parc Marin est aussi évoquée.

Les questions utilisées dans cette section sont plus ou moins ouvertes et permettent de laisser les pêcheurs s’exprimer librement. Elles sont très importantes car elle apportent des

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informations sur la façon dont la communauté de pêcheurs a intégré l’idée de Réserve Naturelle et de Parc Marin, et a été impactée par les différentes mesures prises.

Même si leur vision des choses reflète souvent leur intérêt de pêcheur, leurs réponses peuvent fournir des éléments de réflexion éventuellement réutilisables pour le développement et la gestion de la future réserve.

C. Recommandations et perspectives

1. La présentation du projet Avant d’aller à la rencontre des communautés et de commencer un processus d’enquête ou d’entretiens, il est fortement conseillé que soit présenté le projet, au moins de façon générale, aux autorités en relation avec la pêche, aux sous-préfectures, et ce à titre d’information.

Il faut également accorder un soin tout particulier à la présentation du projet auprès des pêcheurs et des Associations de pêcheurs. Dès le début, il est indispensable de leur expliquer en détails les principe de l’étude et les résultats attendus, afin d’éviter par la suite d’éventuels malentendus et pertes de temps. Cette phase préalable permettra de garantir une meilleure fiabilité des données recherchées. Ces dernières concernent des sujets souvent délicats et les pêcheurs peuvent se sentir méfiants et parfois répondre sur la défensive. Pour cette raison, il est essentiel de leur faire comprendre qu’ils constituent un usager parmi l’ensemble des acteurs du littoral concernés par l’étude, et que la même démarche est en cours avec ces autres usagers.

Avant d’appliquer l’enquête, il sera indispensable de se familiariser avec les données du sujet et de « s’approprier » l’ensemble du matériel de référence (description des arts et techniques de pêche, des espèces, des zones, etc …) afin de faciliter le dialogue et la saisie des données.

2. Le recensement S’ils sont intégrés dès le début dans le processus, les présidents des Associations peuvent jouer un rôle capital dans le déroulement de l’enquête. Grâce à leur collaboration, une première liste de noms et coordonnées de pêcheurs pourrait être établie, et ainsi faciliter leur localisation par les enquêteurs. Cette liste devra être complétée auprès des communautés au moment de l’enquête. Cette étape permettre également de cartographier leur répartition spatiale.

Il faudra utiliser une définition très large du terme « pêcheur », et inclure toute personne pratiquant une activité de pêche dans le « lagon », à pied ou sous-marine, au minimum une fois durant l’année en cours. Le résultat constituera une première estimation du nombre total de personnes pêchant dans le lagon (premier recensement), mais ne reflètera pas la véritable activité de pêche puisqu’elle inclura des pêcheurs avec des rythmes de pêche différents.

3. Déroulement de l’enquête Bien qu’il n’y ait pas de communautés de pêcheurs à proprement parler, la majorité des pêcheurs à pied se répartit tout au long du littoral, sur les deux arrondissements situés au Sud-Ouest de l’île : St-Paul et St-Pierre. La communauté de St-Paul pourrait constituer un bon point de départ pour le travail d’enquête, et en particulier les quartiers de La Saline-L’Hermitage, La Saline-Trou d’Eau, Le Barrage, St-Gilles-Les Bains, Bruniquel, St-Gilles-L’Hermitage, Carrosse. En effet, ces quartiers sont ceux qui concentrent un grand nombre de pêcheurs et représentent la portion la plus large du littoral récifal. On pourra continuer ensuite par les communes de Trois-Bassins, de St-Leu, de L’Etang Salé et de Saint Pierre.

Les missions sur le terrain ont permis de constater que la principale langue utilisée entre les pêcheurs est le créole. En général, les jeunes parlent couramment français; mais les pêcheurs plus âgés, même s’ils comprennent bien le français, préfèrent parler créole. Pour cette raison, il serait souhaitable que l’enquête soit menée dans cette langue, de préférence par des enquêteurs

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originaires de l’île. L’enquête doit en effet être réalisée dans un climat de confiance, afin que les données soient pertinentes et fiables. C’est aussi pour cette raison que, compte tenu du caractère parfois prohibé de leurs activités, les pêcheurs se sentiront davantage libres de s’exprimer si l’entrevue se passe dans leur habitation plutôt que sur la plage. On pourra aussi prévoir la formation de pêcheurs-enquêteurs au sein des communautés, qui pourraient réaliser eux-mêmes les enquêtes sous la supervision d’un anthropologue.

D’après les précédentes études réalisées auprès des pêcheurs, une grande majorité de ces derniers a une formation scolaire limitée. Pour cette raison, il est recommandé de procéder, dans tous les cas, à des entretiens directs pour améliorer la fiabilité des résultats. Outre l’application du questionnaire, l’enquêteur devra également essayer de multiplier les occasions de s’entretenir de façon informelle avec les pêcheurs, et les encourager à porter un regard sur leurs pairs (voir item 3.3 du formulaire). Le recoupement d’informations acquises directement avec des données nuancées par le regard des autres permettra de valider et de rendre plus fiables les renseignements recueillis.

Pour faciliter le contact avec les pêcheurs, l’enquêteur devra se plier à leur rythme de vie et ne sera donc pas maître des délais de réalisation de l’enquête. Etant donné que les pêcheurs peuvent exercer plusieurs activités pendant la journée, un rendez-vous devra être fixé au préalable, de préférence à leur convenance. Afin de limiter l’influence de des contraintes, il faudra prévoir un planning suffisamment souple à la fois en temps et en ressources.

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V. CONCLUSION

La situation des pêcheurs traditionnels du lagon de la Réunion est l’illustration d’un problème récurrent lors de la mise en place d’un système d’aires protégées en zone littorale. En effet, il existe toujours un décalage entre la vision du protecteur de l’environnement et celle des divers acteurs et usagers.

Dans le cas du système récifal de la Réunion, les scientifiques veulent avant tout préserver la biodiversité et le patrimoine naturel, : ils abordent alors l’écosystème en fonction de sa valeur écologique. Ils ont d’ailleurs la chance d’avoir à leur disposition de multiples sources d’information puisque le « lagon » de la Réunion est l’un des écosystèmes coralliens les plus étudiés au monde (90% du lagon a été étudié. IFRECOR [16]). De leur côté, les usagers considèrent que le « lagon » représente un capital et l’envisagent donc dans sa fonction économique. Malheureusement, les défenseurs de ce point de vue n’ont que peu, voire pas de données disponibles pour étayer leur théorie et augmenter le poids de leurs arguments dans la balance des décideurs.

Le présent rapport a permis de mettre en évidence de graves lacunes dans le cas particulier des pêcheurs traditionnels réunionnais. La méconnaissance de cet usager et par conséquent son intégration limitée aux étapes de la concertation risquent de compromettre la réussite de l’actuel processus de création d’une réserve naturelle… à moins que les résultats de l’enquête ne débouchent sur de nouveaux terrains d’entente.

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VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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5. Association Parc Marin de La Réunion. 1999. Rapport d'activité 1998. 33 p + annexes

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17. INSEE. Tableau Economique de La Réunion. Edition 2001-2002. 210 p.

18. LOUPY S. 2001. Les pécheurs du lagon (La Saline-L’Hermitage), un groupe

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19. MIRAULT E. 2002. Estimation de la valeur socio-économique du récif. Rapport intermédiaire (mars 2002). IRD. 18 p.

20. MONTAGGIONI L., FAURE G. 1980. Les récifs coralliens des Mascareignes (Océan

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22. ROBERT R. 1979. Activités de pêche maritime à La Réunion. Cahiers d’outre mer. Vol.32. N°127. pp. 253-279.

23. ROOS D., BERTRAND G., CHABANET P., TAQUET M., TESSIER E.,

GUEBOURG J L . 2002. - La pêche Sous-Marine à La Réunion. The Journal of Nature, 2002, vol. 14 no 1. 65-70 p.

24. ROSS D., FANTON J.F., CAUVIN B., TESSIER E. 1999. Etude sur la pêcherie de

capucins nains ( Mulloidichtys flavolineatus). Ile de La Réunion. IFREMER. 31 p.

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26. Schéma d’Aménagement Régional. SAR. Rapport 1995. Région Réunion . Conseil

Régional. 184 p.

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outil de protection de l’environnement et de développement local. Maîtrise d’ethnologie. Université de la Réunion. 145 p + annexes.

29. VIE OCEANE. 1996. Contribution à l’évaluation de l’impact de la chasse sous-marine

sur les récifs coralliens de l’île de La Réunion. 31 p + annexes.

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VII. ANNEXES

Annexe 1 : Population des communes, arrondissements et cantons en 1999.

Annexe 2 : Limites géographiques du Parc Marin de la Réunion

Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion 37

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Maria Dolores OQUELI TURCIOS DESS Economie et Environnement 2001-2002

Conception d’un système d’enquête pour l’étude de l’activité halieutique des pêcheurs à pied de la Réunion 38