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Montpellier-Le-Vieux n’est pas une ville en ruines. Ce sont des roches, parfoisde centaines de mètres de haut, qui semblent effectivement les ruines d’uneancienne cité, vues de loin. D’autant qu’elles semblent dessiner des rues, desavenues, des places…Cette appellation aurait été donnée par les bergers qui faisaient la transhumance.Ils ne connaissaient qu’une grande ville : Montpellier, familièrement désignéeen patois « Lou Clapas », qui signifie « le tas de pierres ». Voyant au loin ces amas rocheux, ils les appelèrent tout naturellement « Lou Clapas Vieil », traduit par Montpellier-Le-Vieux.Ce chaos dolomitique est impressionnant. Les photos n’en donnent qu’unefaible idée… J’espère que au moins quelques-uns parmi vous s’intéressent à la géologie,sans cela ce diaporama sera terriblement ennuyeux ! Que ceux qui n’aiment pascette science me pardonnent !

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La LégendeLas faderellas son passadas per aqui… (les fées sont passées par là)Elles sont venues des garrigues du Sud, les trois petites fées, poursuivies par lemauvais génie Mourghi : Amy, la sérieuse, Amyne, la rêveuse, et Benjamine la rieuse. De leurs mains, à la hâte, elles construisirent une citadelle fantastique, avec ses remparts, ses palais, ses ponts, ses places et ses monuments. Elles plantèrent despins, des chênes, des herbes folles et des fleurs sauvages. Et tout cela faisait un telunivers d’enchevêtrement mystérieux que même Mourghy le malin s’y perdit et renonça. Alors commença pour elles une longue période de paix et de bonheur.Lasses, même les fées se lassent du bonheur… La nostalgie des garrigues s’empara d’elles, et elles s’en retournèrent près de la mer et du soleil.La ville s’endormit alors dans son silence. Puis, sans doute amenés là par quelquediable, le Vent, la Pluie, la Neige sont revenus et se sont acharnés sur la cité.Las farfadellas s’en son tornadas ! (les fées sont reparties).Mais leur souvenir habite toujours la cité. Dans la rigueur des ordonnances, la sérieuse Amy reste présente. Le chant des oiseaux, le bruissement du vent, le grelotdes troupeaux ne sont-ils pas les échos du rire de Benjamine ? Et cette atmosphère étrange n’est-elle pas l’image même du rêve d’Amyne ?Las farfadellas son aqui, la farfadellas mestrejas la somi.(Les fées sont ici, les fées maîtresses du songe) D’après André Delon

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Dès les temps les plus reculés, les rochers de Montpellier-Le-Vieux ontservi d’abris naturels aux animaux, et l’homme y a trouvé refuge.Des ossements d’Ursus Speleus découverts dans une grotte montrent quele site était déjà constitué au début du quaternaire.À l’écart des « drailles », ces grandes voies de transhumance qui sillonnaientles causses, le site, seulement connu des gens du voisinage, resta longtempsignoré. Il faut dire que l’aspect fantastique de ces rochers ruiniformes dominantl’épaisse forêt qui couvrait alors les lieux favorisait l’éclosion de légendesplus terrifiantes que celles des trois petites fées !N’était-ce pas là quelque cité antique, bâtie par des géants et ravagée par Satanlui-même ?Ce n’est qu’en 1883 que M.de Barbeyrac découvre le site. Il en est alors fait mentionà la Société de Géographie de Toulouse, sous le nom de Montpellier-Le-Vieux.

Historique

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Notions géologiques

Remontons à plus de 200 millions d’années en arrière. (Cela vous donne le vertige ? Cramponnez-vous !) La mer occupe alors la région. Climat tropical.Dans cette mer chaude et peu profonde, analogue à celle des atolls du Pacifiqueactuel, des coraux et des algues calcaires construisent des récifs autour desquelsvivent en abondance éponges, mollusques, oursins et crustacés. Les coraux sontfragiles et cassent, leurs débris s’accumulent en un sable fin autour et au seinmême du récif. La barrière récifale est continuellement renouvelée, reconstruitepar une multitude d’organismes et d’animaux marins qui vivent autour et auxdépens du récif. Ces organismes finissent par mourir, leurs restes et leurssquelettes vont ainsi contribuer à l’édification de la roche. Comment ? Tous cesdébris tombent sur le sol et forment une boue riche en carbonate de calcium. Lescouches s’accumulent. Peu à peu, se tassant sous leur propre poids, ces couchessuccessives chassent l’eau qu’elles contiennent et se transforment en roche calcaire.Ainsi, près de 300 m de roches vont se former, mais tout de même en 10 millionsd’années ! Plus tard, dans cette masse encore poreuse, des circulations de solutionsde sels, notamment de magnésium, vont transformer le calcaire en dolomie.

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On voit bien ici les couches successives, et le plissementde ces strates. Ce n’est pas passionnant, la géologie ?

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Longtemps encore la mer occupera la région, déposant couche après couche d’autres roches sur les dolomies jurassiques. Mais ce sont pourtant ces dolomiesqui forment actuellement le site de Montpellier-Le-Vieux.Un grand chambardement est responsable : il y a environ 100 millions d’années,les Alpes et les Pyrénées émergent et commencent à se mettre en place.Au fond des mers, les récentes assises calcaires à peine consolidées vont subirde formidables poussées. Bien que roche compacte et rigide, les couches calcairessoumises à ces poussées se plissent ou se fracturent. Sous ces énormes pousséestectoniques, la masse des grands Causses s’élève progressivement et la merdisparaît peu à peu de la région. Peu à peu !!! Car il faudra 80 millions d’annéespour que les Causses émergent complètement !À peine à l’air libre, ces reliefs subissent l’attaque des éléments. Les eaux de pluievont, en désagrégeant et entraînant les terrains qui les recouvrent, mettre à nu lesassises dolomitiques. De loin, cette dolomie peut paraître massive et dure, mais en se rapprochant, ellenous apparaît caverneuse comme une dent cariée. De plus près encore, on remarquedes parties dures, et d’autres qui s’effritent sous les doigts en donnant une sortede sable très fin : le « grésou », en patois local.

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Débris de roches provenant de l’érosion, et jonchant le sol autour desgrands rochers monolithiques. Partout des fleurs de toutes sortes, detoutes couleurs, mais je n’ai pas eu la possibilité de les photographier.

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Cette dolomie est donc très hétérogène, et c’est là une partie de l’explicationdes formes tourmentées des rochers deMontpellier-Le-Vieux. Mais commentexpliquer ces alignements rectilignes qui forment des « rues », des « avenues »,et se coupent presque à angle droit ???Revenons au début du grand chambardement.Des tensions s’exercent, des couchesrésistent, se plient et finissent par céder. Ainsi font se former des réseaux de petitescassures parallèles. (Enfin, petites…à l’échelle du site, qui couvre 120 ha !) Cesfissures sont autant de zones de faiblesse, et les déformations successives lesamplifieront.

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De sa lente et éprouvante montée du fond desmers, la roche hérite d’un réseau decicatrices : ce sont les diaclases et les failles. La roche fragilisée par la fracturation,y est moins dure et souvent plus perméable.Les eaux d’infiltration vont circuler en suivantces fissures, faisant leur lent travail d’érosion.Cette action dissolvante élargira les passages, les transformant en « canaules ».Ces canaules donneront les rues et les ravins du site, et, localement, de leurréunion naîtront les « cirques » du site actuel(ou « places »).

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Bon. Jusque là, j’ai suivi. Mais d’ou viennent ces formes étranges, figurantdes silhouettes d’animaux souvent, d’où viennent ces creux, ces niches, cesanfractuosités, ces arches, ces encorbellement défiant les lois de l’équilibre ?Eh oui, toujours de l’érosion !C’est dans la formation même de la roche, dans sa structure intime, que résidele mystère. Souvenez-vous ! Nous avons vu que ces roches étaient hétérogènes, que certaines parties étaient dures, d’autres friables. Dans les roches dolomitiquescoexistent des cristaux de calcite et des cristaux de dolomie. Ces cristaux sonteux-mêmes de tailles différentes,et peuvent former des couches à fins cristauxou « micrites », et des couches à gros cristaux ou « sparites ». Toutes ceshétérogénéités vont entraîner une corrosion et une érosion différentielles. (Je vousrassure, la phrase n’est pas de moi !)

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Les eaux de pluie se chargent d’acidedans l’atmosphère. En pénétrant dans lesroches, elles dissolvent les carbonates,à l’intérieur de la roche, créant des vides,tandis que les éléments non dissous se transforment en « grésou ». Il se forme doncintérieurement des cavités de toutes dimensions,plus ou moins remplies de sable.Mais l’érosion continue son travail ! Certaines deces cavités se fragilisent, puis s’ouvrent. Le sables’écoule au pied de la roche, et les formes lesplus bizarres sont ainsi sculptées.

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Dans combien de milliers d’annéesce rocher qui semble pourtant enéquilibre instable s’écrasera-t-ilsur les arbres qui entourent lepied de son « piédestal » ?

On appelle cela un « roc camparolié ».

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Le Touring Club de France a ouvert et entretient des circuits fléchés permettant de visiter le site. Mais il est impossible de tout découvriren une seule visite ! Il y a aussi un circuit en petit train, qui dure une heure trente. Vousnous voyez sur le départ. J’en profite pour vous présenter ma sœuret mon beau-frère !Le petit train, c’est formidable, mais, lorsqu’on a un appareil à la main,c’est frustrant. Vous ne pouvez imaginer toutes les belles photos quej’aurais aimé vous partager ! Notamment de la flore, très riche. La dolomieest un amendement excellent pour les terres ! À préciser d’ailleurs qu’ily a aussi de la dolomie dans les Alpes (les Dolomites, cela vous dit quelquechose ?) et dans les Pyrénées. Mais elle est bien plus homogène. Elle estexploitée dans des carrières et vendue comme amendement naturel. Monbeau-frère exploitait une de ces carrières.

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Partout, la flore colonise la roche. Pas seulement à Montpellier-Le-Vieux, mais sur tout le Causse. Ils ont même 35 espèces d’orchidéeset il existe, entre autres circuits touristiques, un « safari-orchidées »,notamment très prisé par les japonais ! Nous, nous passons enautocar, ou en petit train… Adieu, les orchidées !Mais enfin, nous avons tout de même vu beaucoup de choses.Et, même de l’autocar, nous avons pu admirer bien des coussinsfleuris, aux couleurs éclatantes !

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Tous ces rochers ont reçu des noms évocateurs, donnés par lespremiers bergers, et qui ont été respectés.

Ainsi, c’est « le chameau » qui vous dit « au revoir ».

J’espère ne pas vous avoir trop ennuyés…

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Je me suis aidée pour les textes de l’excellent livre « Montpellier-Le-Vieux »,des Éditions « l’Aven Armand »Musique : Cançon des vendemias (chanson de vendanges) extraite d’un CDédité, ainsi que le livre documenté qui l’accompagne (notamment tous lestextes, leur origine et leur traduction) par « Les Vagabonds des GrandsCausses ».

Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la [email protected]://jackydubearn.over-blog.com/Site : http://www.jackydubearn.fr/