mapm/defr méthodes de multiplication des abeilles et n

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Introduction Beaucoup d’observations montrent que, sans être géré par l'homme, un rucher livré entièrement à lui-même tend, dans un délai variable, à disparaître ou perdre la majorité de ses effectifs. Pour être effi- cace, l'intervention humaine doit cibler la conservation, l’augmentation et l'amélio- ration du cheptel. Conservation du cheptel apicole Phase capitale en apiculture traditionnel- le et fixiste, la conservation du cheptel apicole est assurée soit: par la capture et la mise en ruche des essaims provenant des souches conser- vées l'année précédente, pratique encore très courante au Maroc, surtout avec les ruches traditionnelles. par le piégeage ou la cueillette des essaims vagabonds. Cette technique tend à disparaître. Avec de tels procédés, le cheptel augmen- te, se maintient ou régresse, directement influencé par les conditions des miellées. Evalué sur quelques années, le cheptel croît lentement mais sans sélection et sou- vent avec des souches essaimeuses donc moins productives et le plus souvent agres- sives. Il faut signaler qu'à ce stade de «domestication» de l'abeille, la récolte du miel et de la cire est fatale à la ruche. La surveillance et la capture des essaims natu- rels représentent une tâche fastidieuse incompatible avec le mode de vie actuel. De nos jours, la conservation du cheptel dans les ruchers est assurée par des méthodes moins aléatoires: essaimage artificiel, division des colonies, paquets d'abeilles recevant une reine sélectionnée. Augmentation du cheptel Les dimensions et le niveau d’une exploi- tation apicole moderne exigent des tech- niques telles que l'essaimage naturel (plus rarement), l'essaimage artificiel et l’élevage de reines. Essaimage naturel C'est l'acte biologique qui garantit, par une division de la colonie en deux parties sensiblement égales, la multiplication et par conséquent la pérennité de l'espèce. Il reste difficile à contrôler et à maîtriser. Au Maroc, il a lieu a partir du mois de Février dans les zones côtières et Mars à l‘intérieur du pays. L’essaimage est réali- sé pendant la miellée quand le groupe d'abeilles peut se procurer facilement une alimentation abondante et riche indispen- sable pour l'élaboration rapide des rayons de cire nécessaires à l'élevage des larves et au stockage de la nourriture. Certaines années, il peut y avoir, outre les essaims primaires, des essaims secondai- res, tertiaires, quaternaires par divisions successives. Le départ répété de ces mini- colonies affaiblit considérablement la souche. Ces essaims ne peuvent assurer leur survie hivernale; sans valeur, ils pos- sèdent, au moment de leur départ de la ruche, plusieurs reines qui peuvent être utilisées (avec précaution car elles sont vierges) pour le remérage de colonies déficientes. Economiquement, les essaims primaires et secondaires sont les seuls à avoir un inté- rêt apicole. L'essaimage naturel en apiculture moderne, ne peut être une formule recommandable pour une croissance planifiée du cheptel. Essaimage artificiel Les méthodes utilisées pour l'essaimage artificiel reposent toutes sur une observa- tion faite par l'allemand Schirach, au siècle dernier. Dans une colonie si, pour une rai- son quelconque, la reine vient à disparaît- re, les ouvrières ont la faculté, en disposant d'œufs fécondés ou de très jeunes larves, d'élever de nouvelles reines. Cette possibi- lité biologique implique que les abeilles nourrissent les larves choisies avec la gelée royale et agrandissent les cellules occupées par les futures reines au préjudice des voi- sines (cellules de «sauveté»). De cette façon la survie de la colonie est assurée. BULLETIN MENSUEL D'INFORMATION ET DE LIAISON DU PNTTA TRANSFERT DE TECHNOLOGIE EN AGRICULTURE Royaume du Maroc Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime MAPM/DEFR Avril 2010 PNTTA Méthodes de Multiplication des abeilles et amélioration du cheptel apicole SOMMAIRE 187 Conservation du cheptel apicole................... p.1 Elevage des abeilles en apiculture extensive... p.2 Elevage des abeilles en apiculture intensive.. ..p.3 Méthodes d’élevage des reines..................... p.4 Méthodes de greffage des larves.......... .........p.5 Programme National de Transfert de Technologie en Agriculture (PNTTA), DEFR, B.P: 6598, Rabat, www.vulgarisation.net Bulletin réalisé à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, B.P:6446, Rabat, Tél-Fax: (0537) 77-80-63, DL: 61/99, ISSN: 1114-0852 Apiculture

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Page 1: MAPM/DEFR Méthodes de Multiplication des abeilles et n

IntroductionBeaucoup d’observations montrent que,sans être géré par l'homme, un rucherlivré entièrement à lui-même tend, dansun délai variable, à disparaître ou perdrela majorité de ses effectifs. Pour être effi-cace, l'intervention humaine doit cibler laconservation, l’augmentation et l'amélio-ration du cheptel.

Conservation du cheptel apicole Phase capitale en apiculture traditionnel-le et fixiste, la conservation du cheptelapicole est assurée soit: ● par la capture et la mise en ruche desessaims provenant des souches conser-vées l'année précédente, pratique encoretrès courante au Maroc, surtout avec lesruches traditionnelles.● par le piégeage ou la cueillette desessaims vagabonds. Cette technique tendà disparaître. Avec de tels procédés, le cheptel augmen-te, se maintient ou régresse, directementinfluencé par les conditions des miellées.Evalué sur quelques années, le cheptelcroît lentement mais sans sélection et sou-vent avec des souches essaimeuses doncmoins productives et le plus souvent agres-sives. Il faut signaler qu'à ce stade de«domestication» de l'abeille, la récolte dumiel et de la cire est fatale à la ruche. Lasurveillance et la capture des essaims natu-rels représentent une tâche fastidieuseincompatible avec le mode de vie actuel.De nos jours, la conservation du chepteldans les ruchers est assurée par desméthodes moins aléatoires: essaimageartificiel, division des colonies, paquetsd'abeilles recevant une reine sélectionnée.

Augmentation du cheptel Les dimensions et le niveau d’une exploi-tation apicole moderne exigent des tech-niques telles que l'essaimage naturel (plusrarement), l'essaimage artificiel etl’élevage de reines.

Essaimage naturelC'est l'acte biologique qui garantit, parune division de la colonie en deux partiessensiblement égales, la multiplication etpar conséquent la pérennité de l'espèce. Ilreste difficile à contrôler et à maîtriser. AuMaroc, il a lieu a partir du mois de Févrierdans les zones côtières et Mars àl‘intérieur du pays. L’essaimage est réali-sé pendant la miellée quand le grouped'abeilles peut se procurer facilement unealimentation abondante et riche indispen-sable pour l'élaboration rapide des rayonsde cire nécessaires à l'élevage des larveset au stockage de la nourriture. Certaines années, il peut y avoir, outre lesessaims primaires, des essaims secondai-res, tertiaires, quaternaires par divisionssuccessives. Le départ répété de ces mini-colonies affaiblit considérablement lasouche. Ces essaims ne peuvent assurerleur survie hivernale; sans valeur, ils pos-sèdent, au moment de leur départ de laruche, plusieurs reines qui peuvent êtreutilisées (avec précaution car elles sontvierges) pour le remérage de coloniesdéficientes.

Economiquement, les essaims primaires etsecondaires sont les seuls à avoir un inté-rêt apicole. L'essaimage naturel en apiculture moderne,ne peut être une formule recommandablepour une croissance planifiée du cheptel.

Essaimage artificiel Les méthodes utilisées pour l'essaimageartificiel reposent toutes sur une observa-tion faite par l'allemand Schirach, au siècledernier. Dans une colonie si, pour une rai-son quelconque, la reine vient à disparaît-re, les ouvrières ont la faculté, en disposantd'œufs fécondés ou de très jeunes larves,d'élever de nouvelles reines. Cette possibi-lité biologique implique que les abeillesnourrissent les larves choisies avec la geléeroyale et agrandissent les cellules occupéespar les futures reines au préjudice des voi-sines (cellules de «sauveté»). De cettefaçon la survie de la colonie est assurée.

BULLETIN MENSUEL D'INFORMATION ET DE LIAISON DU PNTTA

TRANSFERT DE TECHNOLOGIEEN AGRICULTURE

Royaume du Maroc

Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime

MAPM/DEFR ● Avril 2010 ● PNTTA

Méthodes de

Multiplication des abeilles etamélioration du cheptel apicole

SOMMAIRE

n°187● Conservation du cheptel apicole................... p.1● Elevage des abeilles en apiculture extensive...p.2● Elevage des abeilles en apiculture intensive....p.3● Méthodes d’élevage des reines.....................p.4 ● Méthodes de greffage des larves...................p.5

Programme National de Transfert de Technologie en Agriculture (PNTTA), DEFR, B.P: 6598, Rabat, www.vulgarisation.netBulletin réalisé à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, B.P:6446, Rabat, Tél-Fax: (0537) 77-80-63, DL: 61/99, ISSN: 1114-0852

Apicul ture

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S'il évite les pertes de l'essaimage naturelen le prévenant, l'essaimage artificiel a sur-tout l'avantage d'intervenir au moment leplus opportun pour l'apiculteur. Il permet laplanification d'un programme d'extensiondans une exploitation; il ouvre la voie auxméthodes modernes d'apiculture, d'élevagedes reines et de sélection.

Amélioration du cheptel Comme dans tout élevage, l'améliorations'identifie à une forme de sélection. En api-culture pratique, où subsiste le handicapdes accouplements incontrôlables, il nepeut s'agir que de sélection massale. A unstade élaboré, il faut envisager un élevageartificiel de reines pour la multiplicationdes souches retenues et un remérage sys-tématique des colonies tous les 2 ans. Pourla production, les critères de sélection lesplus recherchés par les apiculteurs sont: ● un instinct d'amassage développé; ● une bonne résistance aux maladies; ● une bonne adaptation au milieu; ● l'absence de propension à l'essaimage etau pillage; ● la douceur et la bonne tenue au cadrelors des visites.

Elevage des abeilles enapiculture extensive

L'apiculture extensive consiste essentiel-lement dans la mise en œuvre de tech-niques simples, rapides, efficaces nenécessitant qu'un minimum de maind’œuvre sur chaque colonie, alors quel'apiculture intensive vise des rendementsunitaires plus importants mais exige desinterventions fréquentes et relativementcompliquées. De plus en plus largement pratiquée,l'apiculture transhumante ou pastoralepeut être considérée comme une formed’apiculture extensive adaptée aux condi-tions actuelles. Les miellées successivessur lesquelles sont installées les coloniesfavorisent grandement l'accroissement ducheptel sans manipulation complexe. L'évolution de l'agriculture, de la sylvicul-ture, les transformations du milieu fontqu'actuellement l'exploitation de ruchessédentaires devient de moins en moinsrentable. La colonie, si elle n'était dépla-cée, perdrait alors en assurant le dévelop-pement de son couvain tout le bénéficede la récolte; ensuite il lui faudrait survi-vre dans des conditions difficiles.

Aujourd'hui, avec ces conditions fluctuan-tes, il semble plus aisé et plus rentabled'exploiter de nombreuses colonies trans-humantes plutôt que de rechercher desstations privilégiées où, sans déplace-ments, on appliquerait les méthodesintensives à grand rendement sur unequantité restreinte de colonies. L'élevage en apiculture extensive est fondésur différentes méthodes d'essaimage arti-ficiel par division des colonies fortes aux-quelles on fournit par surcroît les nourris-sements spéculatifs nécessaires pour pal-lier, à un moment précis, le manqued'abeilles et les déficiences possibles de lamiellée. Parmi les techniques éprouvéeson peut citer les suivantes:

Essaim sans recherche de la reine Diviser la colonie en 2 lots égaux (abeilles,couvain ouvert et operculé, provisions),chacun des lots est logé dans une ruchemunie d'une partition. Installer les deuxruches à 20 cm l’une de l'autre, àl'emplacement initial de la souche; les buti-neuses reviendront et se répartiront entreles deux. Deux heures après cette opéra-tion, observer les deux colonies. Chez l'une(A) l'activité paraît normale; l'autre (B) estagitée, fébrile, elle est orpheline.Prendre la ruche A, la déplacer dequelques mètres dans le rucher, les buti-neuses reviendront en B installée alors àla place de la souche. Résultats de l'opération, nous avons: ● en A la moitié des jeunes abeilles, lamoitié du couvain ouvert et operculé, lamoitié des provisions et la reine qui conti-nue sa ponte. Il manque les butineuses. Ilfaut donc nourrir en conséquence. ● en B la moitié des jeunes abeilles, lamoitié du couvain ouvert et operculé, lamoitié des provisions et les butineuses.Une reine sera élevée et pendant ce tempsn'ayant pas de couvain à nourrir lesabeilles accumuleront des réserves.

Essaim avec recherche préalable de lareine Rechercher la reine (avantage du marqua-ge systématique), l'isoler dans une boîteavec le cadre où elle se trouve. Diviser la colonie de la manière suivante:● 3 cadres de jeune couvain recouverts deleurs abeilles, 1 cadre de provisions; ● le reste de couvain, la reine et soncadre, le reste des provisions.

La partie orpheline prend la place de lasouche et capture les butineuses. L'autrepartie, installée dans le rucher, est nourriesi nécessaire. Cette technique, rendueplus laborieuse par la recherche de lareine, équilibre mieux la division d'unecolonie que la précédente.

Plusieurs essaims avec une ruche(Méthode de l'éventail) Cette technique comporte plusieurs pha-ses et doit être obligatoirement appliquéetrès tôt en saison apicole. La colonie doitrépondre aux conditions suivantes: ● Posséder une très forte population sti-mulée par des nourrissements spéculatifs; ● Disposer d'une bonne reine âgée dont ilfaut raisonnablement se séparer.

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Calendrier des opérations relatif à une divi-sion de la ruche selon la méthode en éventailDate Les opérations

J Orphelinage par suppression de la reine

J+3Récolte de la gelée royale dans les cellulesde sauveté qui sont toutes volontairementdétruites. Les abeilles entreprennent alorsun autre élevage.

J+12

Division de la colonie en 3, 4 ou 5 parties(nuclei) suivant l'importance de sa popula-tion et le nombre de cellules royalesdisponibles. Pour chaque nucleus, il faut:• un cadre de couvain operculé avec aumoins une cellule royale,• un cadre de provisions,• les abeilles recouvrant ces 2 cadres, • un ou deux cadres de cire gaufrée ouencore un ou deux cadres bâtis. Les nuclei ainsi constitués sont logés cha-cun dans une ruchette 3 ou 4 cadres oudans une ruche partitionnée. Ils sontinstallés à l'emplacement de la souche sui-vant la disposition dite de «l'éventail».Surveiller l'entrée des butineuses dans lesdifférents nuclei qu'il faut rapprocher ouéloigner pour obtenir une répartitionéquitable. Réduire les entrées à quelquescentimètres. Nourrir à la dose d'un litre desirop par semaine.

J+20 Surveiller les ruches partitionnées qu'ilfaut peut-être agrandir

J+30Contrôler la ponte des jeunes reines.Agrandir au fur et à mesure des besoins etcontinuer à nourrir à raison d'un demi-litre de sirop par semaine.

Rucher moderne Rucher traditionnel

Essaim d’abeilles

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Autant d'essaims que de ruches Cette méthode se déroule en plusieursphases et nécessite la possession de trèsbonnes souches: ● Jour J: orphelinage de la ou des sou-ches, en fonction du nombre d'essaims àfaire, suppression de la reine. ● Jour J + 9: contrôler rapidement lenombre de cellules royales disponibles.Retirer autant d'essaims sans reine dessouches que l'on veut essaimer. Trois à sixheures plus tard, distribuer une celluleroyale par essaim. Déplacer les souches etles essaims capteront les butineuses.Nourrir les souches et les essaims. ● Jour J + 30: vérifier la ponte des reinesdans les nouvelles colonies. Cette méthode peut être considéréecomme convenant bien à la sélectionmassale puisqu'elle multiplie les descen-dants d'une souche déterminée sans faireappel à un élevage de reines séparé.

Elevage des abeilles enapiculture intensive

Où commence et où se terminel'apiculture intensive par opposition àl'apiculture extensive? Il est difficile de lepréciser. Toutefois, on peut considérer quel'apiculture dite intensive repose sur destechniques caractérisées par l'exploitationd'un faible nombre de colonies dont ontire le maximum de produit.Les méthodes intensives ne se prêtentguère à la transhumance moderne. Parailleurs, elles demandent pour leur réalisa-tion correcte beaucoup d'attention et detemps. Faut-il exploiter beaucoup deruches à rendement moyen avec un mini-mum de travail et de frais, ou moins deruches à gros rendement avec de multiplesinterventions? La réponse à cette question n'a jamais étédonnée d'une façon satisfaisante car elledépend de très nombreux facteurs. Ce qu'onpeut dire c'est que l'apiculture intensive, enraison des conditions médiocres des miel-lées métropolitaines, ne rencontre guère lafaveur des professionnels. Les résultatsobtenus ne sont ni constants ni généraliséset, en cas d'absence de miellée, la quantitéde sirop de nourrissement à distribuer estconsidérable, et sert uniquement à assurerla survie des colonies. De plus, rares sont lesrégions où l'on enregistre des mielléesmoyennes mais permanentes donnant lesmeilleurs résultats dans la pratique destechniques d'apiculture intensive.

Elevage des reinesLe cycle évolutif de la reineTout comme les autres hyménoptères,l’abeille passe par trois stades évolutifsavant de devenir adulte: Le stade de l’œuf,le stade larvaire et le stade nymphal. Chezl’abeille, les individus de toutes les castesvivent les derniers jours de la période lar-vaire et la totalité de la phase nymphaleen cellule fermée (operculée). Le cycle dela reine est beaucoup plus court que celui

des autres castes; la larve royale éclot troisjours après la pente de l’œuf et demeurelarve pendant cinq jours et demi. Le tempstotal de développement est de seize jours;ce temps peut varier légèrement. La différenciation entre la reine etl’ouvrièreGénétiquement, il n’y a pas de différenceentre l’œuf qui devient une ouvrière et celuiqui devient une reine. C’est entre le premieret le troisième jour de vie de la larve ques’amorce la différenciation. Les larves choi-sies par les abeilles pour devenir reinesbénéficient d’une alimentation différenteen qualité et en quantité. La gelée royale,très sucrée, leur est donnée en grandequantité. Cette alimentation stimule lefonctionnement d’une glande spéciale (cor-pora allata) qui secrète l’hormone juvénile,responsable des différences morpholo-giques et physiologiques entre la reine etles ouvrières. En effet, la reine est plus gros-se; son système reproductif est pleinementdéveloppé et fonctionnel; ses glandes peu-vent secréter des hormones spécifiques; salongévité est supérieure à celle des ouvriè-res; ... Grâce à une réserve accumulée aufond de l’alvéole, la larve royale se gave denourriture avant de tisser son cocon et dese transformer en nymphe. A l’opposé, lalarve d’ouvrière est nourrie de façon parci-monieuse; au moment de l’operculation,aucune réserve de nourriture n’est consti-tuée dans son alvéole.

Les cellules royales érigées A l’état naturel, l’élevage royal est déclen-ché à l’occasion d’un orphelinage, los despréparatifs pour essaimage et dans le casde supersédure, c’est-à-dire lorsqu’unecolonie sent le besoin de remplacer lareine défaillante. Le nombre de cellulesroyales érigées dans chacune des circons-tances est variable. C’est dans le cas desupersédure qu’il est le plus réduit. Quandil s’agit de supersédure ou d’essaimage,l’élevage est commencé en présence de lareine à partir d’œufs qu’elle a été incitéeà pondre dans des cupules (bases de cel-lules royales) érigées dans le prolonge-

Transfert de Technologie en Agriculture Page 3 N° 187/Avril 2010

De l’oeuf à la reine: 16 jours

De l’oeuf à l’ouvrière: 21 jours

Cadre avec deux cellules royales

Cellules mâles (opercule convexe) et d’ouvrières

Protocole de division d’une ruche populeuse ennucleus (Méthode de l'éventail)

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ment du rayon ou en parallèle avec celui-ci. Dans les cas d’orphelinage, l’élevagecommence quand les abeilles sentent ladisparition de la reine, à partir de larvesoccupant des cellules d’ouvrières qui sontremodelées pour accommoder la futurenymphe royale. Les cellules royalesd’orphelinage sont la plupart du tempsplus dissimulées dans le rayon. Par lasuite, les parois de l’embryon de la celluleroyale sont prolongées au fur et à mesureque la larve se développe. Une fois termi-née, la cellule a grossièrement l’apparenced’une arachide en position verticale pre-nant naissance dans la cire du rayon.

Les facteurs influençant la productionde reines de qualitéDeux facteurs influencent la qualité desreines. Le premier facteur est l’âge de lalarve au moment de l’amorce du processusde différenciation.Plus la différenciation s’effectue tôt dansla vie de la larve, plus le poids de la reineadulte est élevé et plus ses ovairescontiennent d’ovarioles. Les reines éle-vées à partir de larves plus jeunes ont ten-dance à pondre davantage. Ce facteurexplique l’observation des apiculteurs àsavoir que les reines issues de cellules desupersédure ou d’essaimage sont habi-tuellement d’excellentes pondeuses. Cesreines sont en effet élevées à partir de lar-ves tout juste écloses. A l’opposé, les rei-nes élevées dans des conditionsd’orphelinage sont rarement de qualitépuisqu’elles sont la plupart du temps éle-vées à partir de larves relativement âgées.Le deuxième facteur déterminant est laquantité de nourriture absorbée par lalarve royale. Ici encore, les larves nourriesau maximum deviennent des reines depoids élevé dont les ovaires contiennentun grand nombre d’ovarioles. La qualité dela nutrition dépend principalement dunombre d’abeilles nourrices en rapportavec la quantité de couvain à nourrir, del’état des provisions de la colonie.Rappelons que ce sont les abeilles âgéesde six à treize jours qui sont responsablesdu nourissement des larves.

Les méthodes d’élevagedes reines

Elevage spontané Il n'est guère utilisé en raison des inconvé-nients et des aléas déjà mentionnés. Ilfaut stimuler une colonie en maintenantou réduisant son volume habitable. Si lesautres conditions (climatiques, miellée,...)sont remplies. Le processus d’essaimagenaturel se déclenche et l'élevage royal estassumé. Les cellules «mûres» sont décou-pées avec précaution (sauf une carl'instinct d'essaimage est parfois irréversi-ble) et greffées dans les ruches à rémérer,orphelinées 4 à 6 heures avant.

Elevage par supersédure Souvent, le renouvellement spontané desreines apporte des déboires à l'apiculteur.En effet, quand les abeilles constatent ladéficience de leur mère, l'organisme decelle-ci est déjà sénile et n'engendre plusdes œufs de choix. Il en résulte fréquem-ment une descendance médiocre incapa-ble, bien que jeune, d'assurer un rythme deponte satisfaisant pour l'épanouissementd'une colonie. Il ne faut pas attendre cestade. Il convient d'agir par artifice (divi-sion de la colonie avec une partitionmunie d'une grille à reine) en donnant auxabeilles «l'impression» d'un vieillissementprématuré de leur reine. Ce procédé, comme le précédent, est trèslimitatif quant au nombre de larves éle-vées et même dans une exploitationmoyenne, il est préférable d'avoir recoursaux méthodes décrites ci-après.

Elevage par orphelinageCe sont les techniques employées par lesprofessionnels et les éleveurs spécialisésdans la vente des reines. Méthode MILLERLe principe consiste à faire élever naturel-lement par une «ruche éleveuse» des œufsprélevés dans une colonie sélectionnée. Lenombre des cellules édifiées est nettementplus important que dans les élevages spon-tanés ou dans les supersédures.Déroulement des opérations: ● garnir de cire gaufrée un cadre avecdeux ou trois triangles de cire, les som-mets orientés vers le bas; ● introduire ce cadre au centre du nid àcouvain de la ruche sélectionnée;

● retirer le cadre quand il est garni d’œufs(2 à 3 jours) et le placer en élevage dansune ruche orphelinée au préalable; ●neuf à dix jours après, les cellules édifiéesen bordure du rayon sont prêtes pour leurintroduction dans les ruches à rémérer. La méthode MILLER ne demandant quepeu de manipulation et pas de matérielspécifique à l'élevage est intéressantepour l'amateur. Méthode DOOLITTLE et PRATTAvec des variantes, cette méthode est uti-lisée par tous les éleveurs internationaux,les grands professionnels, les centresd'enseignement et de recherche et les pro-ducteurs de gelée royale. La méthode DOOLITTLE est plus connuesous les noms de «méthode du greffagedes larves» ou «cupules artificielles». C'estla méthode la plus répandue actuellementdans le monde. La grande majorité deséleveurs professionnels de reinesl'utilisent. C'est également la base de laméthode de production intensive de geléeroyale communément utilisée. Elle prévoitpour la première fois, le transfert de larvespar l'éleveur dans des cellules artificielles.Le matériel nouveau qu'elle requiert et lesdiverses opérations qu'elle nécessite ontsuscité un vocabulaire particulier (enca-dré ci-contre).

Description de la méthode dugreffage des larves

Préparation des barrettes porte-cupulesLes barrettes mesurent environ 25 mm delarge et 7 à 8 mm d'épaisseur. Leur lon-gueur est égale à la mesure intérieure ducadre de ruche porte-barrettes.

Familiarisation des cupules La familiarisation des cupules permet auxabeilles d'ébaucher les cellules royales etd'y déposer la substance d'acceptation.Elle est indispensable pour assurer la suitede l'élevage. Les barrettes sont installéesdans un cadre préparé à cet effet. On uti-lise un cadre normal de corps de ruche àl'intérieur des montants duquel destaquets sont fixés de façon à retenir lesbarrettes. Ce cadre est introduit dans unecolonie ou dans le finisseur pour unedurée de 24 heures en début et en fin desaison, de 4 à 6 heures en pleine saisond'élevage pendant laquelle les abeilles ris-queraient d'édifier des constructions natu-relles de rayons sous les barrettes. Lesbarrettes sont retirées de la colonie justeavant les opérations de greffage.

Transfert de Technologie en Agriculture Page 4 N° 187/Avril 2010

Cellule royale

Ouvrière nourissant une larve de reine

Familiarisation des cupules

Aspect d’un cadre après passage dans la ruche sélectionnéepuis la ruche éleveuse. Remarquer la charge du cadre en cel-

lules royales (Méthode Miller)

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Le starter Le starter est créé le premier jour del'élevage. Il est constitué de: ● une ruchette de 4 ou 5 cadres compre-nant un cadre de provisions de miel et depollen, exempt de toute trace de couvain,un cadre bâti vide, un nourrisseur cadrerempli de sirop de sucre et le cadre avecles cupules artificielles; ● 1 à 1,5 kg d'abeilles prélevées dans uneforte colonie contenant beaucoup de cou-vain naissant (colonie éleveuse).

Le greffage des larves Il a lieu 1 à 3 heures après la constitutiondu starter. Un cadre contenant des larvesâgées de 12 à 24 heures est prélevé dansune colonie sélectionnée. On dépose unegoutte de gelée royale légèrement diluéeavec de l'eau tiède, à l’aide d'une petitespatule de verre ou de métal ou encore uncompte-gouttes, dans chaque cellule fami-liarisée. A l’aide d'un picking on prélève lesjeunes larves une à une dans le cadre et onles dépose délicatement sur la gelée roya-le dans chaque cupule. Pour éviter de lablesser on glisse l'extrémité du pickingsous la larve en passant dans la gelée, enévitant autant que possible de la retour-ner. L'opération doit être effectuée sousun très bon éclairage, à une températurequi ne doit pas être inférieure à 25 °C, pardes personnes douées d'une bonne vue etd'une bonne dextérité.

Le finisseur C'est une forte colonie logée dans uneruche comportant 10 ou mieux 12 à 17cadres. La ruche est divisée en deux par-ties par une grille à reine. La reine déve-loppe sa ponte normalement dans le com-partiment A. Dans le compartiment B, der-rière la grille à reine, on place un cadre dejeune couvain qui attirera de nombreusesnourrices dans ce compartiment. Cetteopération peut être faite à la création dustarter. Le lendemain, le starter est trans-féré dans ce compartiment B en plaçanttout d'abord le cadre de cellules royalesmaintenant ébauchées puis le cadre richeen pollen et enfin le cadre vide du starterdans lequel les abeilles auront entreposéle sirop du nourrisseur au cours de leurclaustration. On complètera par un autrecadre de provisions si le compartimentd'élevage est prévu pour 5 cadres.

La pratique de la méthode DOOLITTLE a introduitdans le vocabulaire apicole un certain nombre determes (souvent anglo-saxon) dont les éleveursse servent soit pour désigner du matériel ou del'outillage, soit pour évoquer une opération parti-culière. En voici la liste avec leur signification,dans l'ordre logique de leur utilisation dans uneopération d'élevage. Starter: Ruchette à 4 ou 5 cadres, à dessousgrillagé, sans sortie possible d'abeilles, que l'onpeuple par un «paquet d'abeilles» (donc sansreine) de 1 kg à 1,5 kg environ, ce qui permet defaire démarrer l'élevage royal.

Finisseur (ou Finisher): ruche utilisée pour lafinition des cellules royales, à leur sortie du star-ter. Peuplé d'une forte colonie, il est divisé endeux compartiments dont l'un, orphelin, à 4 ou 5cadres recevra le contenu du starter et l'autreconservera le reste de la colonie. Une grille à reineverticale sépare les deux compartiments. On uti-lise souvent à cet effet de vastes ruches à 15 ou 17cadres limitant ainsi les risques d'essaimage de lapartie pourvue d'une reine. Ce matériel permetl'agrandissement de cette partie par la posed'une hausse standard. On appelle également lesfinisseurs des «ruches éleveuses».

Greffages de larves: ce terme consacré par lapratique apicole est impropre. Il s'agit en fait d'unsimple transfert de jeunes larves d'ouvrières deleur cellule d'origine dans une ébauche de celluleroyale appelée «cupule». Cupules: ce sont des ébauches de cellules royalesgénéralement en cire mais qui peuvent égale-ment être en matière plastique.

Familiarisation: c'est l'opération qui consiste àplacer dans une colonie normale des cupulesvides (préalablement fixées sur barrettes, ellesmêmes placées dans un cadre «porte-barrettes ».Les abeilles de cette colonie ébaucheront la cons-truction des cellules royales et y déposeront unesubstance dite de «familiarisation» qui favoriseraleur acceptation.

Acceptation: elle a lieu si les abeilles ont amorcél'élevage royal de la larve transférée; il y a présen-ce de la larve vivante et de gelée royale dans lacellule; la cupule est travaillée et rattachée ausupport par des contreforts de cire. L'acceptationpeut se constater dès le lendemain de l'opérationde constitution du starter, au moment de sontransfert dans la ruche éleveuse (finisseur).

Cadre avec Barrette «porte-cupules»: c'est uncadre avec deux petites planchettes de bois (typebas-de-cadre de hausse), sur lesquelles on fixeles cupules avant leur mise en familiarisation. Picking: outil très fin permettant le transfert delarves (greffage). C'est une tige généralement enmétal (les apiculteurs utilisent souvent à cet effetun fragment de rayon de bicyclette) effilé à runede ses extrémités et replié à angle droit; il formeainsi une petite spatule permettant la prise deslarves dans des cellules d'ouvrières ■.

Terminologie et outils utilisés dans le greffage des larves

Cadre avec deux barrettesporte cupule

Fixateur porte cupule

Porte cupule

Cupule en plastique

Ruchette stater

Finisseur ou ruche éleveuse

Placement du cadre “porte-barrettes”

Acceptation

Picking avec larve

Cupules “greffées”

Le greffage des larves nécessite un éclairage et unebonne loupe pour faciliter l’observation des larves

Page 6: MAPM/DEFR Méthodes de Multiplication des abeilles et n

La récolte des cellules royales Dix jours après le greffage, les cellulesroyales sont retirées du finisseur. Les cel-lules royales et les reines qu'elles contien-nent sont très fragiles. Il faut éviter toutchoc et tout refroidissement. Il est bon deles mettre dans une boîte avec du cotonpour les déplacer.

Calendrier d'élevage Comme toute opération méthodiquemenée dans le temps, le lancement d'unélevage de reines requiert un planningprécis que rien ne viendra modifier si l'onveut éviter de graves déconvenues. Voicisimplifié le calendrier retenu par la majo-rité des apiculteurs: ● Début mars: Stimulation des coloniesstarters (ou ruches éleveuses);● J 0: Greffage des larves sélectionnées;● J +3: Contrôle de l'acceptation descupules;● J +6: Protection des cellules avec lesprotections en plastique;● J +10: Introduction des cellules royalesavec protège cellule dans les nucléis;● J +15: Contrôle de l'éclosion;● J +25: (15j après l'introduction des cel-lules royales) Début de ponte de la reine.

Confection des nuclei En fait, les nuclei ou les ruchettes defécondation sont des mini ruches dont lapopulation adulte comprend uniquementdes jeunes abeilles et la population larvai-re du couvain operculé. On y introduit unecellule royale «mûre» qui, en principe, estacceptée sans difficulté. La diversité desmodèles de nuclei n'a d'égale que la diver-sité des variantes dans l'élevage des rei-nes. Les professionnels ne peuvent donnerqu'un minimum de population à chaquereine en attendant le contrôle de ponte,aussi ont-ils songé à des cadres démonta-bles qui regroupés par 2 ou 4 forment uncadre normal de ruche. Il est plus facile defaire accepter une reine à une populationréduite qu'à une population forte.

Peuplement des nuclei Il se fait 8 jours après le surgreffage, aumoment le plus favorable au butinagequand les abeilles sont à l'extérieur. Il fautautant de ruchettes 3 cadres que de nucleià constituer, un filtre composé par lecorps d'une ruchette dont le fond est

obturé par une grille à reines (ce disposi-tif filtrera les mâles et empêchera le pas-sage toujours possible de la reine, lors dubrossage). Déroulement des opérations: ● ouvrir une forte ruche, choisir un cadrede couvain bien operculé, le débarrasserdes abeilles par brossage, l'introduire dansla ruchette; ● prendre un cadre de provisions suffisan-tes (miel et pollen), brosser les abeilles, leplacer également dans la ruchette; ● disposer le filtre sur la ruchette, brosser300 ou 400 g de jeunes abeilles recou-vrant du couvain ouvert, fermer le filtre àl’aide du couvre-cadres de la ruchette; ● enfumer légèrement en faisant glisser lecouvercle, ceci pour accélérer la descentedes insectes; ● attendre quelques minutes, retirer le fil-tre, compléter rapidement avec un cadreconstruit, refermer; ● mettre en cave ou au frais en attendant lamise en place le lendemain au crépuscule.

Introduction des cellules dans les nucleiLe matin du 10e jour, les alvéoles royauxsont découpés dans les barrettes ettransportés, calés dans du coton, dans desboîtes calorifugées jusqu'au rucher defécondation. La ruchette ouverte avecprécaution, on pique la cellule dans lecadre de provisions contre le couvain ouon la coince très légèrement entre lestêtes de cadre si la population est suffi-sante. Nourrir avec 1/2 litre de sirop.Pendant toute la durée de l'utilisation dunucleus on veillera à son alimentation. Le 13e jour, au cours d'une visite rapide,on contrôle le pourcentage des naissancesdans les ruchettes. La découpe régulièrede l'opercule est un gage de réussite.

Contrôle de ponte Ce n'est que le 6e jour après leur éclosionque les reines atteignent leur maturitésexuelle. Ceci ne signifie pas qu'elles vontimpérativement accomplir leur vol defécondation à ce moment précis. Lesconditions atmosphériques jouent un rôleprépondérant et elles peuvent, si la per-turbation est de longue durée, concourir àl'obtention de sujets médiocres (insuffi-sance de la réserve de sperme). Les condi-tions requises sont: une températureminimale de 20 °C, un temps ensoleillé etun vent faible. Si 15 jours après l'éclosion la ponte n'estpas commencée, il faut admettre que lareine est et restera une non-valeur, quel-les que soient les raisons de ce retard. Vingt jours après l'éclosion, on procède aucontrôle de ponte. Celle-ci doit être abon-dante et régulière. Tout couvain en«mosaïque» est suspect et doit faire pensersoit à une déficience, soit à une maladie. Sans plus tarder, il faudra procéder àl'enlèvement des reines pour libérer lesnuclei qui seront renforcés par l'apportd'un cadre de couvain operculé et prêt àrecevoir une nouvelle cellule royale.

ConclusionAllant de la cueillette des essaims naturelsà l'élevage industriel des reines en passantpar l'essaimage artificiel et l’apiculturedite «intensive», le lecteur peu familierdes abeilles aura sans doute eul'impression à la lecture de ce bulletin dese trouver plongé dans un monde bizarreoù les sciences biologiques voisinent avecune technique tantôt incroyablement pri-mitive et tantôt fort complexe. Tel est, en effet, l'élevage des abeilles.Lorsqu'il suit de très près la nature,l'homme peut exploiter les abeilles, prati-quement, sans intervenir dans les proces-sus biologiques qui président à la propaga-tion de l'espèce. Dès lors qu'il veut accroît-re son gain, il affine sa technique, use detoutes les astuces, perfectionne son maté-riel, mais il faut remarquer en toute humi-lité que, toujours il utilise sa connaissancedes mœurs et de la physiologie de sesabeilles sans jamais rien pouvoir leur impo-ser qui ne soit compatible avec les pro-grammes millénaires de la vie de la ruche. Les techniques d'introduction des reines,particulièrement délicates constituentsans doute l'exemple le plus caractéris-tique de cette dépendance de l'apiculteurà l'égard de la biologie des abeilles. Nousvenons de voir qu'il n'existe pas de recetteinfaillible pour introduire une reine dansune ruche. Ceci veut dire que nous ne pos-sédons pas encore tous les élémentsnécessaires pour résoudre le problème,donc que les ouvrières obéissent à desrègles beaucoup plus complexes que cellesque nous avons découvertes jusqu'ici. Que l'arsenal des techniques d'élevage etla complexité plus ou moins grande dumatériel ne nous fassent pas perdre de vuel’essentiel. En matière d'élevage, le succèsdépend pour beaucoup d'un «sens desabeilles» que tout bon apiculteur éleveurdoit obligatoirement posséder. Ce sensdes abeilles qui est fait d'observationspatientes, de réflexion, de concentrationet même de passion sur un fond solide deconnaissances théoriques est certaine-ment le facteur décisif qui conditionne lesuccès en apiculture ■.

Transfert de Technologie en Agriculture Page 6 N° 187/Avril 2010

Pr. Mohammed SAREHANE

Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II,Complexe Horticole d’Agadir

Récolte de cellules royales

Ruchette de fécondation