Manifestations et ampleur du phénomène d’ensablement dans la vallée du fleuve Niger: région de Niamey

MAMADOU IBRAHIM1‐3‐4, GAUTIER EMMANUELE1, BOUZOU MOUSSA IBRAHIM3, DESCROIX LUC2, LE BRETON E1, BRUNSTEIN DANIEL1, FARAN MAÏGA OUMAROU3, MOUSSA NOMA IBRAHIM3, QUANTIN GUILLAUME4., KONÉ

ABDOULAYE4 , SEYNI SEYDOU5, AMADOU ISSAKA5 , ALLASSANE HAMISSOU6

COLLOQUE INTERNATIONAL EN ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALENIAMEY, RÉPUBLIQUE DU NIGER - 26 AU 29 MAI 2009

CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE : enjeux et outils pour l’évaluation des impacts et l’élaboration de plans d’adaptation

Ibrahim.Mamadou@cnrs-bellevue.fr

(1)– Laboratoire de Géographie Physique (LGP) /CNRS UMR 8591, Tel : 00 33 (0) 145075583, 1 Place Aristide Briand 92195 Meudon, France.(2) Laboratoire de Transferts en Hydrologie et Environnement (LTHE), UMR 5564, BP : 53, 38041, Grenoble, Cedex 9, Tel. 00 33 (0) 476827089(3)Département de géographie, Université Abdou Moumouni, BP: 418, Tel : (00227) 20316144, Niamey, Niger (4)- Institut de Recherche pour le Développement (IRD) Niamey, BP: 11416, Tél: 00 227 20752610 Niger(5) – Programme de Lutte Contre l’Ensablement (PLCE/ ABN) Niamey Niger Tél.: 00 227 20723102, Niamey Niger (6)-INRAN Niamey, Laboratoire des Sols (LABOSOL /INRAN)

PLAN

INTRODUCTION

1. PROBLÉMATIQUE

2. OBJECTIFS DE L’ETUDE 

3. HYPOTHÈSES DE L’ETUDE 

4. MATÉRIELS ET MÉTHODES

5. RÉSULTATS DE L’ÉTUDE

6. DISCUSSION

CONCLUSION

INTRODUCTIONLE FLEUVE NIGER

Longueur total: 4200 kmSuperficie du bassin <<contributif>>:

1.500 000 km² sur 9 pays riverains dont 5 pays directement traversés (Guinée, Mali, Niger, Bénin, Nigeria)

LE MOYEN NIGER Le fleuve Niger traverse le Niger sur 550

km de son cours moyen sous climat sahélien: -200 à 700 mm de pluie en moyen par an; -4 à 5 mois de pluie de mai à octobre-Environ 2000 mm d’évapotranspiration annuelle

Dans  la  région  de  Niamey, l’hydrologie  est  dominée  par  le fleuve  Niger  et  la  trentaine  de koris  qui  charrient  eaux  et sédiments vers le fleuve 

Le Kori Boubon en rive gauche du fleuve, en amont de Niamey, principal 

bassin versant témoin de l’étude: 158 km²

Le Kori Gorou Banda en rive droite du fleuve en aval de Niamey: 1.8 

km²

Le kori Gorou Kirey en rive droite du fleuve , en aval de Niamey

aussi:22.61 km²

L’ étude porte sur la vallée du fleuve Niger dans la région de Niamey et 3 bassins versants des koris néo‐exoréiques alimentant cette vallée:

LOCALISATION DE LA ZONE ÉTUDIÉE

Les koris sont de petits cours d’eau à écoulement temporaire ou occasionnel, plus ou moins chargés en fonction de sa configuration et de l'état de son écosystème. Ils deviennent fonctionnels pour quelques heures selon l’événement pluvieux enregistré dans leurs bassins

1. PROBLÉMATIQUE

Les sols dégradés et nus, pourvoyeurs du ruissellement ont été multipliées par 6 de 1975 à 2005 dans le bassin versant du kori BoubonLa brousse tigrée régulière (végétation naturelle des plateaux cuirassés) a été réduite de moitié entre 

1975 et 2005, aujourd’hui elle a presque totalement disparue

Les changements d’usage des sols dans le bassin versant du kori Boubon (1975-1989-2005)

Irrégularité des précipitations au Sahel

2008, année humide à Boubon : 648 mm enregistrés avec 4 événements supérieurs à 40 mm

LE FLEUVE NIGER DANS LA RÉGION DE NIAMEY

•Débit journalier de 1850 m3 (mi‐janvier 2009): crue guinéenne  forte en 2009 

•Débit  journalier  moins  de  50  m3 

(début  juin  2008)  :  étiage  de  plus  en plus sévère 

LES DÉBITS DU FLEUVE ÀNIAMEY

LE RÉGIME DU FLEUVE NIGER À NIAMEY

un  régime  hydrologique  très  perturbépendant la crue locale (août à septembre) par  les  apports  des  koris  et  les  grands affluents du Niger  (Sirba et Gouroual) en amont de Niamey

Régime  sahélien  du  fleuve  à Niamey mais  avec  2  pics  plus  ou  moins  bien marqués

Les objectifs de cette étude:

Étudier  la dynamique hydro géomorphologique récente de koris de  la région de Niamey et  la 

vallée du fleuve Niger 

Comprendre les causes et les facteurs de la dynamique hydro sédimentaire actuelle de koris et 

leurs interrelations avec le fleuve Niger

Enfin évaluer les transferts hydro sédimentaires des koris vers le fleuve et au niveau du fleuve 

lui‐même.

2‐OBJECTIFS DE L’ETUDE

3‐ LES HYPOTHESES DE L’ETUDE

Les  changements  d’usage  des  sols:  déboisement  de  la  végétation  naturelle  (Brousse  tigrée  par 

exemple),  les mises en  culture  continues de  terres de versants  sont à l’origine de  l’augmentation du 

ruissellement dans les bassins des koris 

Les événements pluvieux exceptionnels et les pluies très intensives sont la principale cause de la 

dégradation hydrologique actuelle des koris: naissance et exoréisme des koris depuis quelques 

décennies, à l'origine de l’ensablement du fleuve . 

4. MATÉRIELS ET MÉTHODES DE L’ETUDE

Trois approches développées au cours de cette étude

Recherches bibliographiques – Les enquêtes auprès des usagers et experts de la question

Suivis cartographiques et diachroniques depuis les années 1950: exploitation d’images satellites- photographies aériennes –images pixy etc.

Mesures et observations directes sur le terrain

Quelques outils de mesures

Ligne de grain du 5 septembre 2008 dans le bassin versant du kori Boubon

Le pluviomètre de référence( N° B1, situéà mi-bassin au niveau du camp) a enregistré25 mm et celui de (Boubon CSI N° B5) a enregistré 6 mm le 5 septembre 2008

Les pluies exceptionnelles: Les pluies supérieures à 40 mm sont de plus en plus fréquentes Les crues exceptionnelles transforment

radicalement les milieux sahéliens:

-disparition des mares;

-de grands recul de berges de koris;

-des ponts emportés avec morts d’hommes parfois et des champs de culture inondés

De très fortes disparités de la pluie à l’échelle spatiale et temporelle dans ces petits bassins sahéliens

5. PREMIERS RÉSULTATS DE L’ÉTUDE

Écoulement torrentiel du kori

•Kori Boubon , pas encore jaugé•des jaugeages au flotteur prévues pour l’été 2009

La crue du 18 août 2008 au pont de Boubon :le pic de la crue atteint 2.15mLa crue des koris de la région de Niamey dure maximum 4 heures de temps

DES ÉCOULEMENTS TRÈS CHARGÉS DU FLEUVE • Taux de concentrations de MES (matières en suspension) dans le fleuve

Niger à Boubon, Banituri et Niamey

Les taux de MES mesurées à Boubon et Banituri sont largement supérieurs aux taux moyens observés à Diré (sortie du Delta  intérieur) au Mali  (300 mg/l) par Olivry C. 2002; à Kandadji au Niger  (500 mg/l) par Gallaire R. 1993 en période d’apports des affluents. (saison de pluie). Hors période d’apports des koris (Novembre à Avril),  les MES du 

fleuve chutent à moins de 100 mg/l à Niamey

LE PHÉNOMÈNE D’ENSABLEMENT 

LES MANIFESTATIONS•Étiages sévères et exhaussement du lit

Pérennisation des bancs de sables nus de plus en plus vastes et nombreux dans le fond du lit du fleuve 

Blancs non végétalisés témoins d’apports importants de MES dans la région de Niamey

• Les zones de confluences vallée du fleuve Niger et kori‐ affluents

La situation en 1975

Le  lit  du  kori  Boubon  n’est  pas marquéOn  note  la  présence  des  ligneux  sur 

l’emplacement  actuel  du  cône,  témoin d’une dynamique alluviale très récenteL’emprise  des  dépôts  du  cône 

n’atteint pas le lit du fleuve

La situation aujourd’hui

Le  cône a une  largeur dépassant 300 m Les  dépôts  alluviaux  du  cône  sont 

moins évacués par le fleuveLe  lit du  fleuve se  rétrécît de plus en 

plus au niveau des confluences avec les 

koris

Cas de la confluencefleuve Niger et kori Boubon

Néo-exoréisme des koris : Évolution du réseau de ravines et mares dans le bassin versant du kori Karma

1956SITUATION D’ENDOREISME

1975 SITUATION D’EXOREISME

De 1956 à 1975, le réseau de ravine du bassin du kori de Karma a été multiplié par 10: Les deux mares situées dans le bassin en 1956 sont complètement colmatées en 1975

LES PROCESSUS HYDRO‐EROSIFS ACTUELS À L’ÉCHELLE DES KORIS

Exemple de la mare de Kabé: colmatage de la mare et fin d’endoréisme du kori Karma

•Conséquences des pluies exceptionnelles . 

238 mm enregistrés entre 25 juillet et le 5 août 2007 (soit 50,85% du cumul annuel (468 mm en 2007 dans le bassin)

13 morts enregistrés au passage d’un taxi de brousse

Pont emporté sur  le kori Soudouré:  le 4 août 2007, 78 mm enregistrés dans  le bassin  (soit 16,66% du  cumul annuel en 2007)

La dynamique récente des koris: néo-exoréisme des écoulements

Profil en travers N°6 sur le kori Boubon entre 15 juin et le 15 septembre 2008

Profil en travers N°5 sur le kori Boubon entre 15 juin et le 15 septembre 2008

•Évolution annuelle des profils en travers sur le kori Boubon

Berge stableet protégée

par une haie de prosopus plantée en 1985

Effondrement et recul de berge (2.15m en 2008), berge sans protection

Recul de berge et encaissement du lit , hauteur de berge 5.5m

L’essentiel des alluvions mobilisées proviennent des berges et de l’encaissement des lits des koris

Ruissellement et pertes en terres dans le bassin versant du kori Boubon

Les taux d’érosion sont assez élevés dans ces régions à substrats superficiels essentiellement sableux Le développement des terres des croûtes d’érosion, nues et dégradées accentuent les pertes en terre et le 

ruissellement tant sur les versant qu’à l’échelle des koris

•Ruissellement en nappe sur le plateau de Boubon

•Ravinement sur un versant du Bassin versant du kori Boubon

Jachère jeune de 4 ans Mil à la levée Croûte d’érosion

6. DISCUSSION 

Thevoz  Corinne.  al.  (1994)  constate  aussi  une  dynamique  très récente des koris de la région de Niamey. Ils lient cette situation àla très forte anthropisation des milieux, aux événements pluvieux exceptionnels et au substrat géologique régional sableux.

Gallaire  Robert.  (1993)  disait  <<hors  période  d'écoulement  des affluents,  le  transport  solide  devient  légèrement  supérieur  àKandadji (170 km en amont de Niamey) qu’à Niamey; cela montre que le fleuve, sur ce bief, perd alors de sa compétence>>.

CONCLUSION

Les  koris  constituent  la  principale  source  du d’ensablement  de  la  vallée  du  fleuve  Niger  dans  la région de Niamey

Au Sahel, les impacts de l’anthropisation des milieux et du changement climatique sont extrêmement liés.

Au vu des premiers résultats, il est certain que:

MERCI POUR VOTRE ATTENTION

NOS REMERCIEMENTS AUX INSTITUTIONS ET PROGRAMMES SUIVANTS :

L’INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DÉVELOPPEMENT (IRD)

PROGRAMME ANALYSE MULTI‐ DISCIPLINAIRE DE LA MOUSSON AFRICAIN 

LABORATOIRE DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE (LGP) / CNRS

PROGRAMME DE LUTTE CONTRE L’ENSABLEMENT (PLCE) /AUTORITÉ DU BASSIN DU NIGER (ABN)

DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE, UNIVERSITÉ ABDOU MOUMOUNI NIAMEY NIGER

INSTITUT DE GÉOGRAPHIE DE PARIS, UNIVERSITÉ PARIS PANTHÉON –SORBONNE (PARIS 1)

AGRHYMET NIAMEY