l'uranium au coeur des débats à l'aiea à...

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Automne 2011 Numéro 14 La lettre de l'Itésé 29 29 Eté 2014 Numéro 22 La lettre de l'Itésé Brèves La «réélectrification» de l’hydrogène est cependant jugée non compétitive sur le plan économique. Le CEA (DRT/DEN/DAM) a présenté 6 communications orales et un poster dans les domaines suivants : l’analyse technicoéconomique, l’électrolyse de la vapeur à haute température et la coélectrolyse, l’électrolyse PEM. La communication présentée par l’Itésé faisait suite à la fin du projet ANR VItESSE² visant à évaluer un procédé de production de méthanol à partir d’émissions de CO 2 industrielles et d’hydrogène produit de façon flexible, afin de proposer un outil supplémentaire d’aide à la gestion du système électrique. Les résultats obtenus en collaboration avec EDF et RTE montrent que seuls des scénarios très volontaristes en termes d’installation de puissance faiblement carbonée (i.e. EnR et nucléaire), assortie d’interconnexions étendues, permettent d’observer une opportunité pour la production flexible d’hydrogène, à la fois en termes de compétitivité économique et d’impact carbone. Première édition de l'Energy Systems Conference par Christine MANSILLA, Itésé L a première édition de la conférence ENER (Energy Systems Conference) s’est tenue à Londres du 24 au 25 juin 2014. Avec 300 participants environ, quatre sessions plénières (avec la participation de Lord Stern) et plusieurs sessions techniques en parallèle, les sujets traités ont couvert des thématiques assez larges : la modélisation du système énergétique et en particulier électrique, les politiques énergétiques, les équilibres offredemande, l’intégration des systèmes et le concept de résilience, etc. Comme pour le WHEC, la communication à laquelle a contribué l’Itésé faisait suite à la fin du projet ANR VItESSE². Les résultats obtenus en collaboration avec EDF et RTE ont dans ce cas insisté sur l’opportunité permise par la production flexible d’hydrogène d’effacer l’écrêtement des énergies renouvelables, dans le cas de scénarios très volontaristes en termes d’installation de puissance faiblement carbonée. L'uranium au coeur des débats à l'AIEA à Vienne par Antoine MONNET, Itésé Plus de 250 participants venant de 70 pays D u 22 au 27 juin 2014, l’International Symposium on Uranium Raw Material for the Nuclear Fuel Cycle (URAM) s’est tenu à Vienne dans les locaux de l’agence de l’ONU pour l’énergie atomique (AIEA). Ce congrès rassemble tous les 5 ans les acteurs de l’amont du cycle du combustible nucléaire et particulièrement les entreprises minières d’uranium. Un marché et une industrie en recherche de stabilité Ebranlée par un épisode de volatilité des prix majeurs en 2007 et par l’accident de Fukushima en 2011, l’industrie minière d’uranium cherche encore en 2014 des repères solides pour développer ses projets à moyen terme. Alors que l’édition 2009 du symposium était marquée par des prix élevés de l’uranium et une situation favorable à l’exploration et la découverte de nouveaux gisements, il est ressorti de l’édition 2014 que les prix bas que connait aujourd’hui le yellow cake ont mis un frein majeur à l’activité d’exploration. Beaucoup s’accordent à dire que l’incertitude sur le calendrier de réouverture des réacteurs japonais contribue à maintenir des prix bas, alors que pas moins de 70 nouveaux réacteurs sont en construction dans le monde et devront être alimentés en combustible sous peu. Cet apparent paradoxe se retrouve dans la capacité de production minière actuelle : les sources d’approvisionnement secondaires contribuent de moins en moins à l’approvisionnement en combustible mais une partie des nouveaux projets miniers qui doivent

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Page 1: L'uranium au coeur des débats à l'AIEA à Viennei-tese.cea.fr/_files/LettreItese22/BREVES/AIEA.pdfcalendrier de réouverture des réacteurs japonais contribue à maintenir des prix

Automne 2011 ­ Numéro 14 ­ La lettre de l'I­tésé 2929Eté 2014 ­ Numéro 22­ La lettre de l'I­tésé

Brèves

La «ré­électrification» de l’hydrogène est cependant jugéenon compétitive sur le plan économique.Le CEA (DRT/DEN/DAM) a présenté 6 communicationsorales et un poster dans les domaines suivants : l’analysetechnico­économique, l’électrolyse de la vapeur à hautetempérature et la co­électrolyse, l’électrolyse PEM. Lacommunication présentée par l’I­tésé faisait suite à la findu projet ANR VItESSE² visant à évaluer un procédé deproduction de méthanol à partir d’émissions de CO2industrielles et d’hydrogène produit de façon flexible, afinde proposer un outil supplémentaire d’aide à la gestiondu système électrique. Les résultats obtenus encollaboration avec EDF et RTE montrent que seuls desscénarios très volontaristes en termes d’installation depuissance faiblement carbonée (i.e. EnR et nucléaire),assortie d’interconnexions étendues, permettentd’observer une opportunité pour la production flexibled’hydrogène, à la fois en termes de compétitivitééconomique et d’impact carbone.

Première édition del'Energy SystemsConferencepar Christine MANSILLA,

I­tésé

La premièreédition de laconférence ENER(Energy SystemsConference) s’esttenue à Londresdu 24 au 25 juin2014. Avec 300participantsenviron, quatresessions plénières(avec laparticipation deLord Stern) etplusieurs sessions techniques en parallèle, les sujets traitésont couvert des thématiques assez larges : la modélisationdu système énergétique et en particulier électrique, lespolitiques énergétiques, les équilibres offre­demande,l’intégration des systèmes et le concept de résilience, etc.Comme pour le WHEC, la communication à laquelle acontribué l’I­tésé faisait suite à la fin du projet ANRVItESSE². Les résultats obtenus en collaboration avec EDFet RTE ont dans ce cas insisté sur l’opportunité permisepar la production flexible d’hydrogène d’effacerl’écrêtement des énergies renouvelables, dans le cas descénarios très volontaristes en termes d’installation depuissance faiblement carbonée.

L'uranium au coeur desdébats à l'AIEA àViennepar Antoine MONNET,

I­tésé

Plus de 250 participants venant de 70 pays

Du 22 au 27 juin 2014, l’International Symposium onUranium Raw Material for the Nuclear Fuel Cycle(URAM) s’est tenu à Vienne dans les locaux de l’agencede l’ONU pour l’énergie atomique (AIEA). Ce congrèsrassemble tous les 5 ans les acteurs de l’amont du cycledu combustible nucléaire et particulièrement lesentreprises minières d’uranium.Un marché et une industrie en recherche de stabilitéEbranlée par un épisode de volatilité des prix majeurs en2007 et par l’accident de Fukushima en 2011, l’industrieminière d’uranium cherche encore en 2014 des repèressolides pour développer ses projets à moyen terme. Alorsque l’édition 2009 du symposium était marquée par desprix élevés de l’uranium et une situation favorable àl’exploration et la découverte de nouveaux gisements, ilest ressorti de l’édition 2014 que les prix bas que connaitaujourd’hui le yellow cake ont mis un frein majeur àl’activité d’exploration.Beaucoup s’accordent à dire que l’incertitude sur lecalendrier de réouverture des réacteurs japonaiscontribue à maintenir des prix bas, alors que pas moinsde 70 nouveaux réacteurs sont en construction dans lemonde et devront être alimentés en combustible souspeu.Cet apparent paradoxe se retrouve dans la capacité deproduction minière actuelle : les sourcesd’approvisionnement secondaires contribuent de moinsen moins à l’approvisionnement en combustible mais unepartie des nouveaux projets miniers qui doivent

Page 2: L'uranium au coeur des débats à l'AIEA à Viennei-tese.cea.fr/_files/LettreItese22/BREVES/AIEA.pdfcalendrier de réouverture des réacteurs japonais contribue à maintenir des prix

30 La lettre de l'I­tésé ­ Numéro 22 ­ Eté 2014

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compenser cette baisse restent en attente. Ils serontpourtant nécessaires à moyen et long terme. Comme lesouligne Robert Vance, membre organisateur de l’AIEAaccrédité par l’OCDE/AEN, les sources secondaires vontcontinuer à jouer un rôle important, même dans un avenirplus lointain. En effet, l’enrichissement d’uraniumappauvri peut représenter des quantités importantes. Deplus, si certains stocks d’uranium ont fini d’être mis sur lemarché (fin des accords HEU), d’autres se créent,notamment en Chine, où l’on profite des prix bas pourpréparer les besoins futurs à moindre coût.Un avenir à long terme moins incertain ?La demande future de la Chine en combustible nucléaireest bien un point qui a fait l’unanimité à Vienne cettesemaine : CNNC annonce une consommation de 24 ktUen 2030 contre 4 ktU en 2010. L’incertitude sur le chiffren’inquiète personne : la demande d’uranium vaaugmenter très rapidement en Chine, et plusgénéralement en Asie.Du point de vue des producteurs, cette tendance forteconfirme que l’épisode de prix bas n’est qu’une mauvaisepasse à surmonter. A de multiples reprises lors ducongrès, cela a aussi soulevé la question de la disponibilitédes ressources. En témoignent quatre des cinq nouvellessessions ajoutée à l’occasion l’édition 2014 : futur del’uranium et prochains terrains d’exploration, évaluationdes ressources, gisements associés au thorium et auxterres rares, ressources non conventionnelles.Le CEA a été particulièrement présent sur la thématiquedu long terme. Sa contribution pour la session concernantles ressources non conventionnelles a été triple :­ en chimie extractive, un exposé des résultatsprometteurs d’un procédé innovant pour extrairel’uranium de l’acide phosphorique (DEN/Marcoule/DRCP) ;­ un exposé technico­économique éclairant la réponse quepeuvent apporter les ressources d’uranium issues desroches phosphatées face au défi d’un parc nucléairegrandissant (I­tésé) ;­ un exposé technico­économique pointant les limites desressources d’uranium présentes dans les cendres decharbon (I­tésé).In­situ leaching (ISL) et phosphates à l’honneurL’ISL a fait l’objet de la 5ème nouvelle session de l’édition2014 du symposium. Son développement rapide et récenta propulsé cette technique de production au premierrang : elle représente près de 50 % de la productionminière et les réserves associés aux gisements gréseux

(gisements qu’exploite l’ISL) dépassent les gisements liésà des discordances (parmi lesquels on compte les minescanadiennes à très hautes teneurs). On pourra néanmoinssouligner que le Kazakhstan, fleuron de l’ISL et depuispeu premier pays producteur d’uranium, était peureprésenté à Vienne. Peu d’information donc sur lacapacité du Kazakhstan à confirmer son formidable essorsur le long terme.Les phosphates ont aussi fait l’objet de nombreusesdiscussions, tant techniques (avec notamment laperspective d’extraire des terres rares, en plus del’uranium, comme sous­produit de l’acide phosphorique)que stratégiques. Pour P. Woods (membre organisateurde l’AIEA), cela ne fait plus de doute : la productiond’uranium à partir des roches phosphatées va avoir lieu,sera rentable, et pourrait devenir assez populaire avec ledéveloppement d’usines de traitement intermédiaires(extraction décentralisée du concentré d’uranium ettraitement centralisé pour la précipitation du yellowcake).