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    Éloge de la mobilité

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    Collection Collection l’Aube poche essail’Aube poche essai

    © Éditions de l’Aube, 2011 www.aube.lu

    ISBN 978-2-8159-0233-5

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    Jean Viard

    Éloge de la mobilité Essai sur le capital temps libre

    et la valeur travail

    avec la collaboration de Ugo Rollin

    éditions de l’aube

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    Du même auteur : La Campagne inventée (avec Michel Marié), Actes Sud, 1977 La Dérive des territoires, Actes Sud, 1981 Penser les vacances, Actes Sud, 1984 ; l’Aube poche, 2007Le Tiers-Espace, ou la nature entre ville et campagne,

    Méridiens Klincksieck, 1990 La Société d’archipel, l’Aube, 1994 Marseille, une ville impossible, Payot, 1995 Au bonheur des campagnes (avec Bertrand Hervieu),

    l’Aube, 1996 ; l’Aube poche, 2001 La France qui change : pourquoi les travailleurs votent FN,

    Seuil, 1997; l’Aube poche, 2004 Court traité sur les vacances, les voyages et l’hospitalité des

    lieux, l’Aube, 2000 ; l’Aube poche, 2006L’Archipel paysan, la fin de la république agricole (avec

    Bertrand Hervieu), l’Aube, 2001 ; l’Aube poche, 2005 Le Sacre du temps libre, la société des 35 heures,

    l’Aube, 2002; l’Aube poche, 2004 Main basse sur la Provence (avec Daniel van Eeuwen),

    l’Aube, 2004 Le Nouvel Âge du politique, l’Aube, 2004 Dialogues sur nos origines. Des champs, des provinces

    et d’ailleurs (avec Marc Pottier), l’Aube, 2005 Éloge de la mobilité, l’Aube, 2006 ; l’Aube poche, 2008Du franc à l’euro. La vérité sur les prix (dir.), l’Aube, 2007 Le Président a promis (dir.), Seuil, 2007 Lettre aux paysans (et aux autres) sur un monde durable,

    l’Aube, 2008 ; l’Aube poche, 2010 Ce que régions veulent dire (avec Alain Rousset), l’Aube, 2009 Fragments d’identité française (avec Marc Pottier), l’Aube,

    2010

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    À Pascal Perrineau, en amicale complicité

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    Introduction

    1936-2006  : soixante-dix ans après le Front populaire et la création simultanée de la semaine de cinq jours et des congés payés, les relations dans nos sociétés entre les hommes, les groupes sociaux et les lieux ont radicalement changé. Là où en 1936 chacun parcourait 5 kilo mètres par jour, nous parcourons aujourd’hui, cha cun, chaque jour, physiquement près de 45 kilomètres, et, virtuel lement, des milliers – ne serait-ce que par la télé vision, internet et les portables. Nos villes se sont étalées dans l’espace, le tourisme est devenu le grand constructeur des hauts lieux, des régions entières ont étédépeu plées, d’autres, repeuplées. La télévision,l’auto mobile et le téléphone se sont généralisés, plus de 60  % des Français quittent chaque année leur domi cile durant leurs vacances, 50 % auront bientôt une connexion internet. Un monde quasimentinverse de celui de 1936 où le départ était l’exception,

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    le télé phone rare, la radio une découverte, et la séden tarité la règle ! Aussi, en ce début de xxie siècle, 55 % des kilomètres que nous parcourons le sont pour des déplacements liés à la famille et à l’amitié, aux loisirs et aux vacances. Même dans les déplacements de proximité, dès les années 1980, le travail ne représente plus que 33 % des déplacements. Léon Blum n’en espé rait sans doute pas tant !

    Et ces changements extraordinaires ne seraient encore rien si l’on n’ajoutait que la vitesse des déplace ments physiques et virtuels a littéralement explosé ; la vitesse… et la démocratisation de son accès, même s’il existe un groupe de néosédentaires peu mobiles dont les pieds restent souvent le premier moyen de dépla ce ment. En France, noussommes passés en un siècle de 3  000 voitures à 30 millions de véhicules. Enfin, internet est apparuet a maillé le monde, contournant large ment les frontières géographiques, culturelles, histo riques ou politiques – mais excluant la part non électrique du monde. Quand on pense qu’il n’y a pas si longtemps, les informations progressaient à la vitessedu déplacement des hommes  ! Au mieux. Mais n’ou blions pas aussi que les attentats, les grèves lesplus dures et les cris de révolte se concentrent dans les transports, avions, trains, voi tures (brûlées) et autour des enjeux du pétrole qui alimente nos

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    moteurs. Autrement dit, les objets de la mobilité sont au cœur de nos modes de vie, y compris dans leurs dimensions révoltées ou dans les grands équilibres planétaires.

    Parallèlement, en France, la durée moyenne devie est passée au fil du xxe siècle de 500 000  à 700 000 heures, soit une augmentation historiquede 40 %. La durée légale du travail, elle, a diminué de presque les deux tiers pour atteindre aujourd’hui67  000 heures (42 années à 35 heures hebdomadaires). Vie plus longue, travail plus court, croissance de l’emploi fémi nin, mobilité exponen tielle, voyage généralisé dans les pays déve loppés (plus de800 millions de touristes inter nationaux), instantanéité planétaire, économie souve raine des tempslibres et des transports, réorga nisation des usagesdes territoires… Sommes-nous face à un étalement du déjà connu, un allon gement répé titif du même, ou bien face à un nouvel espace-temps individuel et collectif, un mouvement radi cal de distan ciation et de réorganisation de nos exis tences ? Et comment se produisent, dans ce nouvel ensemble, les normeset les valeurs longtemps élabo rées, comme à deuxmains, entre les religions et le travail ? Comment lier ces données temporelles et spatiales avec les nou velles irrégularités de nos vies telles que les déména gements, les ruptures, les changements

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    d’emploi, le chômage ? Quatre millions de Françaisont par exemple changé de région ces dix dernières années ; nous faisons quatre fois plus l’amour que nos grands-parents ; le taux de divortialité a atteint 40  %  ; 47  % des enfants naissent hors ou avant mariage… Et de combien auraient crû toutes ces tendances à l’irré gu larité et à la rupture si le chômage ne nous rendait pas beaucoup plus pru dentsdepuis trente ans ? Quitte-t-on en effet facilement «  un mari riche en période de crise  », suivant la vieille formule bourgeoise ? Ose-t-on l’installation dans le Sud, dans une ville moyenne ou un bourg bien équipé, à la campagne ? Déjà on le fait massivement, mais qu’en serait-il si le chômage disparaissait  ? Le taux de démissions volon taires s’est effondré dans les entre prises au point que la durée moyenne du lien salarié-entreprise a augmentédepuis vingt ans en France, compen sant la « flexibilité de l’emploi  » 1. N’oublions pas cette part de France qui rêve de chan ge ment et à laquelle la pression du chômage impose la permanence – y compris pour comprendre la montée des votes extrémistes comme soupape d’expression de ce désir de mobilité contenu (en particulier à l’ultragauche).

    L’ensemble des temps libres – privés, familiaux,télé visuels, de loisir, de culture, de week-ends et courts séjours, de vacances et de voyages – a pris

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    très nette ment le pas sur le temps de travail. Nous disposons de plus de 400 000 heures de temps nontravaillé hors sommeil, quand nos anciens d’avant 1914 disposaient en tout et pour tout de 100 000 heures. La masse d’heures n’indique pas la hiérarchie des valeurs, mais quand même… Chacunvoit bien que la place du travail dans la société a été bousculée, et ce bien au-delà des 35 heures qui sont dans cette histoire seulement une étape. Une étape symbolique, toutefois importante, car là se clôt le temps collectif industriel qui avait si difficilement pris le pas sur l’ordre du temps de l’église au xixe siècle. J’y reviendrai.

    Nous pouvons avancer que nous avons appris de la crois sance des « fenêtres de repos » (loisirs, télévision, week-ends, vacances, retraites…), un art de vivre nouveau qui découle moins directe ment du tra vail, de l’effort, du faire ensemble, du pri mat du nous et du collectif, et chaque jour davantage d’un culte du je, du relationnel, de la diversité, du ludiqueet de la mobi lité. En soixante-dix ans, nous sommes, si l’on peut dire, passés par la fenêtre des congés payés : passage d’une domi nation de la valeur travail danslaquelle les luttes sociales et le patronat éclairé ont ouvert des brèches, à une société submergée par les valeurs du temps libre et du temps à soi où triomphe l’individuation. Une société où le travail doit

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    recon quérir sa légitimité dans un ordre dont il n’est plus le producteur principal ; travail des deux genres,comme on dit aujourd’hui, où famille et univers des temps libres viennent télescoper les solides certitudes hiérarchiques des uns ou la vision en classes labo rieuses des autres.

    Parallèlement, que crée cette explosion des mobi lités ? Dans la société où sans cesse nous nous absen tons les uns aux autres, y compris dans les familles et les couples, chacun part le matin parcourir un archipel improbable, y compris nos enfants. L’invention des télé phones portables est venue à point nommé permettre une forme de continuité relationnelle du « où es-tu chérie ? ». Mais qu’est-ce que cela bouleverse au niveau des territoires, des pays, des continents, et même entre continents, oùdes foules de non-habitants déambulent en permanence ? En France, 62 millions d’habitants, 75 millions de touristes étrangers, 150 millions de tou ristes nationaux, sans parler des 80  millions de courts séjours. Qu’est-ce qui se joue entre l’habitant et sondouble voyageur ? Saurions-nous encore vivre sans ce regard du passant  ? Est-il seulement une ressource moné taire et un envahisseur indélicat, un voyeur qui nous chosifie, un consommateur de l’intime d’autrui  ? Quel immense travail n’avonsnous pas fait pour rendre le moindre recoin de notre

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    territoire désirable, typé, accueillant ? Les paysanseux-mêmes s’y sont mis, et pas seulement le tempsdu salon de l’Agriculture. Mais que crée ce voisinagedes diversités  ? Pourquoi certaines (les immigrés) nous émeuvent plus que d’autres (les tou ristes)  ? Sans même parler de la vision quotidienne de laterre à la télévision – ne fût-ce que pour les prévisions météorologiques ou par des émissions comme Thalassa. Comment habitons-nous cette terre parcourue, observée, regardée ? Ces questions peuventsembler très abstraites. Pourtant, il s’agit de prendre acte de la mise en mobilité de nos vies en trois ou quatre générations dans des cultures où les normes et les valeurs sédentaires domi naient – et souvent dominent encore. Comme l’écrit Alain Ehrenberg, «  le fait capital de l’individualité au cours de la seconde moitié du xxe siècle est en effet la confrontation entre la notion de possibilité illimitée et celle de l’immaîtrisable 2  ». Dans le monde sédentaire d’hier, il y avait des groupes mobiles liés aux pouvoirs, à la misère ou au désir d’expansion et de conquête. Mais les normes et les valeurs étaient localisées, au mieux natio nales, et reliées par dessystèmes de croyance, religion de l’au-delà, puis de l’ici-bas. Il y avait un dedans (le village, la classe, larégion, la France…) et un dehors – ce que définissait à proprement parler « la barbarie ». Or, dans un

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    monde mobile, dans le proche, dans l’intime,comme au niveau de la planète, comment seconstruisent les normes, les valeurs, les appartenances, les territoires de ce nouvel espace-temps ? « La barbarie » est devenue authenticité, le déplacement banalité. Comment se construisent alors les peurs de ce temps de l’unité de l’humanité, et du globe, porté par la quête de la diversité des cultures,des genres et des aven tures ? Identité des hommes,identité des territoires, domi nation d’une élite hypermobile, repli des pauvres et fuite d’une partdes forces vives du Sud vers le Nord… L’identité est le nouvel étendard de ce monde doréna vant clos et la mise en tourisme du monde n’y est paspour rien.

    Il faut penser les congés payés et le tourisme de masse dans cette perspective  : ils sont coïncidents du mélange de la classe rentière avec les classes labo rieuses, et concordants de l’expansion coloniale. Le monde indus triel a surexploité l’homme, puisgénéralisé et limité le travail. La conquête occidentale du monde a induit cette relecture des lieux qui permet le tourisme et légitime le déplacement sans but. Pétrarque ne s’excusait-il pas de l’inutile énergiedépensée à grimper au sommet du mont Ventoux ? Le tourisme a dû inven ter le désir du patrimoine, de la mer, de la montagne, de la campagne…, et faire

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    de la cité un décor qui se visite. Mise en désir, artialisation, mise en paysage, actions qui embellissent le réel et le figent en l’état de sa décou verte. La beauté d’un paysage doit être éternelle. Ce n’est pas comme celle du corps qui croît, resplendit, puislutte contre le temps, et un jour, cède à la générationmontante. La montagne Sainte-Victoire, elle, est immuable depuis Cézanne et l’attrait mondial de la Provence. Car elle a été faite œuvre, et ne peut plus vivre librement sa vie de montagne.

    Dans le mouvement même de cette réinvention des lieux et du beau, se créent de nouveaux gestespour y parvenir, de nouveaux codes pour voir, vivreet se voir «  voir  ». Les mobilités de temps libres, comme la télé vision qui est, si l’on peut dire, unemobilité arrêtée (le corps est arrêté mais l’œil et lemental sont mobiles), me semblent, en ces matières,les deux foyers les plus innovants des pratiques sociales des cinquante dernières années. C’est pourquoi nous nous attacherons particulièrement aux normes et aux valeurs qu’ils ont contri bué à façonner. Jusqu’à parler, à propos de cette société de mobilité, de la création d’une «  nouvelle culture légitime » qui tend à prendre le pas sur les anciennes cultures des sociétés rurales et des sociétés industrielles, cons truites d’abord autour du travail et de ses valeurs. Cette nouvelle culture légitime peut,

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    dans d’autres champs sociaux, être appelée zapping,instabilité des ménages, courts séjours, mutationsde la famille, autonomie des individus… Autrement dit, la mobilité n’est plus seulement un phénomène pratique, technique, spatial, elle semble être devenue une norme définissant des règles et des valeurs avec lesquelles se réorganisent ce qu’on appelait jadis « les superstructures  ». La vie des individus dans ce monde-là est d’abord trajet, changement, cheminement, irrégularité plus qu’état, situation  ; désir et quête de devenir plus que position et statut.

    Ainsi cet essai se donne-t-il pour objet d’exposer comment une culture de la mobilité née dans les temps libres a fini par submerger la vieille opposition entre les sédentaires, les nomades et les migrants largement struc turés par les relations de travail, ou au travail. Nous cher cherons comment cette culture de la mobilité nous a permis de nous approprier le temps, ce temps qui est aujourd’hui « à nous », celui-là même qui fut à Dieu si longtemps, et si souvent encore ailleurs, puis qui fut dévolu au travail par la Révolution française et larévolu tion industrielle. Mais si nous nous sommes approprié notre temps, chacun de ses usages doit alors sans cesse rebâtir sa légitimité à l’occuper – y compris le professeur dans sa classe, l’élu dans sa commune ou le travail dans nos vies.

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    Cette recherche prolonge ce que j’avais exposé dans le Court Traité sur les vacances, les voyages et l’hospitalité des lieux, puis dans Le Sacre du temps libre 3. Elle en élargit le propos dans deux directions essentielles. D’une part, en travaillant sur l’articulation des transformations des temps sociaux et desmutations des relations à la mobilité et aux territoires. D’autre part, en ouvrant à des interrogationssur les bouleversements des liens sociaux qui découlent de ces évolutions – en particulier sur la privatisation des liens sociaux, l’absentéisme social et la place du travail.

    Pour construire notre réflexion, nous allons dans une première période analyser le nouvel ordre du temps – allongement de l’espérance de vie, place du travail, de l’emploi féminin, des générations, rôle nouveau des rythmes scolaires, du sentiment de manque de temps aussi… Dans une deuxième période, nous étudierons les conséquences spatiales de ce nouvel ordre du temps et la dynamique créatrice entre transformations des cadres du temps et réoccupations des espaces et de leurs usages. Puisune analyse factuelle des relations de l’opi nionpublique avec les 35 heures depuis huit ans viendra nous éclairer sur les aspirations actuelles et sur les contradictions de l’opinion. Enfin, nous tenteronsde rassembler ce qui nous paraît être les bases de ce

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    que nous avons appelé une nouvelle culture légitime  : celle qui cherche sa voie après deux siècles d’hégémonie de la valeur travail.

    Introduction

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