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LLEE SSYYSSTTÈÈMMEE ÉÉDDUUCCAATTIIFF IINNDDIIEENN Travail de validation
EDUCATION COMPARÉE : APPROCHE THÉMATIQUE – SP 2015 Professeur : Dr. Jean-Luc Gurtner
Date de remise : 27.05.2015
Etudiantes :
Liliana Bastos Silva
Stéphany Deppeler
Caroline Savary
Gisèle Semedo
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Sommaire
1. L’Inde ................................................................................................................................................... 3
2. Le système éducatif indien .................................................................................................................. 3
3. Education et alphabétisation .............................................................................................................. 5
3.a. Etat des lieux avant 2010 ............................................................................................................. 5
3.b. Grand changement de 2010 ......................................................................................................... 9
4. L’enseignement ................................................................................................................................. 11
4.a. Ecoles publiques ......................................................................................................................... 11
4.b. Ecoles privées ............................................................................................................................. 14
5. Le problème de l’éducation des femmes en Inde. ............................................................................ 15
6. Références bibliographiques ............................................................................................................. 18
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1. L’Inde En 2015, l’Inde compte plus de 1.26 milliard d’habitants pour une superficie de plus de 3 millions de
kilomètres carrés. Ces chiffres placent l’Inde au second rang des pays les plus peuplés du monde
après la Chine et en septième position en ce qui concerne la superficie du pays.
Quant à son organisation politique, l’Inde est une république fédérale avec une forme de
gouvernement parlementaire. Cette république se compose de 35 états et territoires. Au niveau
national, on retrouve un Conseil des Ministres avec le Premier ministre qui agit en tant que conseiller
du Président, chef constitutionnel du pays. Il en va de même au niveau des états : chacun possède un
Conseil des Ministres avec un ministre-chef à sa tête. Ce dernier conseille le gouverneur de l’état.
Une des grandes particularités de l’Inde est le nombre important de langues différentes que l’on
décèle dans le pays. Bien que les seules langues officielles soient l’anglais et l’hindi, dix-huit autres
langues jouissent du statut de langue constitutionnelle. La présence si marquée de l’anglais dans ce
pays a été héritée de la période coloniale ; en effet, l’Inde a été une colonie britannique de 1750 à
1947. On retrouve cette influence dans de nombreuses écoles, notamment les écoles privées qui
sont nombreuses à proposer un enseignement en anglais.
En ce qui concerne les religions, l’hindouisme est la religion plus représentée dans le pays puisqu’il
réunit 80% de la population. L’islam arrive en seconde position, suivi par le christianisme et le
sikhisme. L’importance de ces religions en Inde est non-négligeable ; elles ont notamment favorisé le
système des castes, théoriquement aboli depuis 1950, mais qui conserve pourtant une influence
considérable, de par son imprégnation historique à la vie des Indiens, sur les mœurs actuelles de la
population.
2. Le système éducatif indien Le système éducatif indien est ce que l’on peut appeler un système à deux vitesses. On constate une
forte dualité entre les écoles privées et les écoles publiques.
En raison de la grandeur du pays, les décisions concernant l’éducation en Inde se prennent à
plusieurs niveaux. Il est également important de mettre en évidence les grandes divergences en ce
qui concerne la géographie des différentes régions et l’héritage socioculturel du pays. Ces
considérations nous amènent à un système déconcentré et décentralisé.
Tout d’abord, au niveau du pays, le gouvernement central prépare des plans d’action au niveau
national. En parallèle, le Conseil National de Développement, avec comme représentants les
différents Ministres en chefs des états, donne un caractère national à la planification d’ensemble et
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la mise en place du programme. À côté de cela, les gouvernements des différents états et territoires
planifient un programme dans leur région respective. (UNESCO, 2011)
Les années scolaires, partagées en trois trimestres, débutent généralement à la mi-juillet et se
terminent à la mi-mai. Les 220 jours d’école que compte une année scolaire se répartissent durant
cette période du lundi au samedi (Ecoles du monde, n.d.). En ce qui concerne la structure du système
éducatif indien, le cursus se scinde en quatre cycles.
Le pré-primaire n’est pas très fréquenté car très exigent. Il est composé des crèches - publiques et
privées - ainsi que des “pre-primary school”, qui auraient le statut de maternelles chez nous. Le pré-
primaire est très sélectif : parents et enfants passent des entretiens afin d’obtenir une place dans les
meilleures écoles. D’ailleurs, l’école pré-primaire semble déjà très axée sur les apprentissages, se
concentrant sur la lecture et écriture de mots de base. (Ind’épendante, 2011)
Le primaire se sépare en deux cursus: le “primary school” qui dure 5 ans et le “upper primary school”
qui dure 3 ans. Ce cycle primaire dure au total 8 ans, de 6 à 14 ans et représente le cycle de scolarité
obligatoire. Lorsque cette scolarité est terminée, les élèves reçoivent un certificat qui est délivré par
l’école. Dès le “secondary school” les élèves peuvent choisir de se diriger vers des formations
techniques ou continuer dans la voie des études. Cette voie d’études est à nouveau scindée en deux
cycles, le “secondary school” et le “higher secondary school”. La durée totale du secondaire est de
quatre ans dans la majeure partie des états.
L’accès à l’enseignement supérieur (tertiaire) se fait en fonction de la réussite aux examens de fin de
secondaire. Cet enseignement est généralement dispensé dans des universités, des facultés ou des
instituts polytechniques. (CIEP, 2014)
Source: OCDE, 2012.
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Le pays comprend trois sortes d’écoles ; chacune d’entre elles suit le cursus préconisé par l’État. Dans
un premier temps, les “government schools” sont gérées et financées par le gouvernement. Les
avantages de ces écoles sont notamment les faibles frais de scolarisation. Dans un second temps, on
retrouve les écoles privées. Dans ce cas, les frais liés à la scolarité sont plus importants et donc plus
facilement accessibles aux classes moyennes et urbaines. Pour terminer, il existe en Inde des écoles
privées subventionnées par le gouvernement. Les frais sont moindres, rendant ces écoles ainsi
accessibles aux moins favorisés.
En ce qui concerne le secondaire, on peut relever le fait que plus de 60% de ces établissements sont
privés. (UNESCO, 2013)
3. Education et alphabétisation
Durant les vingt dernières années, l’Inde a fourni des efforts considérables afin de réduire
l’analphabétisation et d’augmenter l’accès à l’éduction. Plusieurs mesures ont été prises et le Right
to Education Act en est le résultat.
3.a. Etat des lieux avant 2010
Avant que le Right to Education Act ne soit entré en vigueur en 2010, d’autres mesures ont été
adoptées en Inde pour rehausser le taux d’alphabétisation qui, comme nous le voyons sur le
graphique ci-dessous, s’est continûment élevé au fil des décennies depuis l’indépendance indienne,
mais qui n’a cependant décollé abruptement à aucun moment. En effet, en 1951, seuls 18,33% de la
population étaient alphabétisés contre 65,38% en 2001. Notons également que les trois premières
années de recensement – 1951, 1961 et 1971 – comprennent dans le taux d’alphabétisation les 5 ans
et plus tandis que les trois dernières – 1981, 1991 ainsi que 2001 – se basent sur les 7 ans et plus ; il y
aurait ainsi une légère fluctuation de la courbe si la classe d’âge avait été la même pour les six
recensements. (UNESCO, 2006)
Les causes qui entravaient, et entravent encore, la progression rapide du taux d’alphabétisation des
Indiens sont les suivantes selon Buisson (Buisson, 2005) et le site Ecoles du Monde (Ecoles du Monde,
n.d.) :
1. L’accès à l’école est refusé aux basses castes malgré l’abolition des castes de 1950, et est
également difficile pour les tributs minoritaires ou même des groupes minoritaires religieux – par
exemple les musulmans qui ne représentent qu’un peu moins de 15% de la population.
2. L’éducation des femmes est négligée : elles sont souvent mariées avant leur majorité, les parents
ne voient donc pas l’intérêt de les envoyer à l’école car elles n’auraient pas l’utilité de tout ce
savoir. Par ailleurs, dans certains cas, les mères leur font subir à leur fille un sort analogue au leur
et ne se soucient guère de la solidarité.
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3. Les conditions dépendent aussi de la géographie globale et locale : non seulement, l’Inde est un
territoire très vaste sur lequel se répartissent plus d’un milliard d’individus, mais en plus, il y a des
inégalités de traitement selon les états et les ressources. Par exemple, en région montagneuse, il
y a moins d’infrastructures à disposition. En outre, l’éloignement des écoles rurales du domicile
est parfois si conséquent que les enfants (influencés par la volonté de leurs parents peut-être) se
découragent et préfèrent ne pas se rendre à l’école. Les différences de taux d’alphabétisation
entre les états et les territoires ne sont pas des moindres et évoluent en fonction de leur taux
d’alphabétisation précédent comme le démontre le graphique ci-dessous.
Dans certains états et territoires, on peut constater que ça évolue très vite ; c’est souvent dû au
fait que ces régions ont bénéficié de plusieurs vagues d’éducation, notamment l’atteinte
d’objectifs coloniaux ou religieux (pour les religions moins représentées dans la population).
4. Certains parents analphabètes estiment que l’école est une perte de temps puisqu’elle ne leur a
pas servi à eux, qui s’en sont sortis simplement avec leur savoir-faire agricole ou technique.
5. Le travail des enfants est une source d’argent puisqu’ils font partie de la main d’œuvre exploitable
directement par les familles : alors que depuis 1992, l’Inde applique la convention relative à
l’interdiction du travail des enfants, les familles pauvres ne peuvent donc pas se permettre de se
priver de leur main d’œuvre.
6. La scolarité, bien que gratuite, coûte alors en matériel et en perte de main d’œuvre.
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7. La dépendance hiérarchique des écoles privées induit un manque d’attrait pour les écoles
publiques, qui deviennent donc moins performantes. Si l’on prend l’exemple de deux régions
différentes du même état, le Kérala, le gouvernement a dû intervenir pour rétablir un équilibre
entre la quantité d’écoles privées et la quantité d’écoles privées comme on le voit sur le
graphique ci-dessous :
Tableau 1 : Intervention du gouvernement dans la réduction des disparités régionales dans le secteur de l’éducation*
Travancore-Cochin Malabar
Année Nombre total Écoles Nombre total Écoles
d’écoles publiques (%) d’écoles publiques (%)
1950-1951 4249 43,56 4282 3,04
1955-56 4666 40,87 4669 2,7
1960-61 5264 38,24 4524 31,63
1965-66 5684 43,07 4905 32
1980-81 6274 39,85 5236 34,15
1985-86 6672 39,22 5464 33,93
1990-91 6656 39,66 5477 34,07
* Ramanathaiyer S., Mcpherson S. (2000), p. 64.
Pour essayer d’agir sur ces différents éléments perturbateurs et augmenter le taux d’alphabétisation,
l’Inde a dû mettre en œuvre des mesures, dont la célèbre National Literacy Mission (NLM) qui a eu
un grand impact dans l’ensemble du pays selon nos recherches. Les objectifs principaux de la NLM
ont été fixés jusqu’à 2007 ; ils traitent des différents points :
1. l’atteinte du taux de 85% d’alphabétisation de la population pour que l’Inde soit considérée, selon
la définition de l’UNESCO, comme pays totalement alphabétisé ;
2. la réduction de la différence à 10% ou moins entre le taux d’alphabétisation des hommes et des
femmes ;
3. la réduction des écarts sociaux et régionaux ;
4. la formation des 15-35 ans surtout en ce qui concerne les compétences de lecture, écriture et
calcul puisqu’ils représentent la population active sur laquelle il faut agir pour prévaloir le
sentiment de bien-être et l’utilité de ses savoirs ainsi que des nouvelles valeurs.
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Afin d’atteindre de tels objectifs, la NLM a mis sur place un projet en deux temps : d’abord la Total
Literacy Campaign puis le Post Literacy Program.
La Total Literacy Campaign était donc une campagne qui consistait à aller à l’encontre des personnes
analphabètes et d’amener le savoir à eux. Elle s’est produite en des temps différents et spécifiques
aux régions (à partir de la fin des années huitante) souvent par le biais de volontaires qui pouvaient
apporter leur aide au projet grâce à leurs connaissances. En prenant en considération l’avis de ces
gens illettrés, en les faisant participer, en leur inculquant les bases de lecture par exemple, la
campagne amenait ces analphabètes à se rendre compte de l’utilité de l’éducation, qui finissaient par
la prendre au sérieux. (National Literacy Mission - India, n.d.)
Si l’on prend le cas concret du Kérala où l’émancipation de l’éducation a plutôt bien fonctionné au
cours des décennies, la Total Literacy Campaign a passé plusieurs jours en 1988 dans des villes et
dans des villages à proposer des animations telles que théâtres, chants, organisation de débats,
apprentissage de la lecture etc. Elle les faisait même réciter une promesse : « Je jure solennellement
de faire mon possible pour libérer ma mère l’Inde de l’analphabétisme et de donner à ceux qui
souffrent et qui sont dans la peine l’arme de l’éducation. » Non seulement, on veut que la population
prenne au sérieux l’alphabétisation de la population mais encore, la dimension sociale du problème –
l’inclusion des rejetés. (Buisson, 2005)
Afin de garder ces nouveaux-lettrés et leur attrait pour l’éducation, la NLM a dû alors organiser le
Post Literacy Program, qui s’occupe quant à lui d’éviter les risques de retour au quotidien sans besoin
de l’alphabétisation ou de sombrer à nouveau dans l’illettrisme… Pour préserver l’impact positif des
campagnes d’alphabétisation totale, le Post Literacy Program prend surtout en considération
l’identification des besoins des nouveaux-lettrés pour mettre en œuvre non seulement des occasions
d’apprentissage, mais également une atmosphère socio-économique, politique et culturelle propice
à un tel environnement d’apprentissages. (National Literacy Mission, n.d.)
Les résultats de ces mesures sont négatifs pour certains objectifs, mais positifs pour d’autres : en
effet, en 2007 le taux d’alphabétisation totale n’a pas atteint les 85%, le taux est monté jusqu’à un
peu plus de 60% mais cela fait quand même la formation de 150 millions de nouveaux-lettrés. De
plus, l’écart du taux des hommes et des femmes perdure, par contre la NLM s’est réellement
focalisée sur les femmes qui ont participé à 60% dans ces projets contre 40% pour les hommes. En ce
qui concerne les côtés positifs : les personnes appartenant à une caste de niveau inférieur
représentent 23% des nouveaux-lettrés et il y avait 12% de personnes de tribus mésestimées.
L’augmentation des volontaires a également démontré que le problème de l’analphabétisme avait
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été examiné et compris par une partie non négligeable de la population indienne. (National Literacy
Mission - India, n.d.)
On observe l’état des lieux suivant en 2009 :
Âge taux d’alphabétisation total taux d’alphabétisation des hommes taux d’alphabétisation des femmes
Moins de 15 ans 79,7 % 85,9 % 73,8 %
Plus de 15 ans 62,3% 73,5% 51,3%
Le taux d’alphabétisation des moins de 15 ans a évolué favorablement par rapport au taux des plus
de 15 ans, mais doit impérativement se réhausser pour atteindre un taux d’alphabétisation total. De
plus, on remarque que les différences entre garçons et filles sont plus petites en ce qui concerne les
moins de 15 ans, alors qu’elles restent importantes pour les adultes. La NLM a vraisemblablement
apporté des améliorations au contexte d’apprentissage des jeunes ; elle a servi d’intermédiaire à la
progression de l’alphabétisation du pays, cependant elle n’a pas pu provoquer à elle seule une
réforme complète et globale de la population. (Ecoles du Monde, n.d.)
3.b. Grand changement de 2010
La loi Right to Education Act entrée en vigueur le 1 avril 2010 dans le pays rend l'école primaire
gratuite et obligatoire pour les enfants de 6 à 14 ans. Les buts de cette loi touchent les aspects
économique et social de la société. En effet, la loi cherche à former la jeunesse afin de garantir
l'avenir économique du pays. De plus, elle vise à atténuer les différences entre les groupes sociaux
(hommes-femmes, riches-pauvres). Cette loi n'est cependant pas une nouveauté en soi. Elle est le
prolongement logique d'un programme national lancé en 2002, appelé Education pour tous, soit
Sarva Shiksha Abhiyan (SSA) en Inde. Ce programme possède les mêmes finalités que la loi, si ce n'est
que rien n’est obligatoire concernant les gouvernements, les parents et enfants. Des progrès
conséquents ont pu être réalisés grâce à ce programme, progrès que la Right to Education Act tente
de généraliser à l’ensemble de ses jeunes entre 6 et 14 ans. (Ecoles de la terre, 2011; OCDE, 2011;
UNESCO, 2010)
Depuis l’introduction de cette loi, l’état est tenu de financer les coûts directs et indirects de
l'éducation de ces enfants. Il doit en outre assurer une place pour tous dans une école du voisinage.
Si une telle école n'est pas disponible, il doit assurer le transport et en assumer les frais. Il est aussi
stipulé que les élèves doivent si possible pouvoir suivre l'enseignement dans leur langue maternelle.
De plus, afin de donner une chance aux enfants défavorisés, les écoles privées ont désormais
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l’obligation de réserver 25% de leurs places aux enfants de cette classe sociale. Cela affirme la
volonté de l’Inde de réduire les écarts sociaux. (OCDE, 2011)
Cette loi devrait ainsi permettre à environ 8 millions de jeunes Indiens de pouvoir suivre une
éducation de base durant 8 ans. Il est clair qu'une telle obligation requiert de nombreux
changements ainsi que du temps. L'Inde a fourni pour ce projet de gros efforts qui méritent d'être
poursuivis et améliorés sur certains points.
L'application de cette loi a demandé des adaptations sur le terrain. En effet, il a fallu construire les
infrastructures nécessaires à l'accueil de ces nouveaux élèves. Certaines infrastructures devaient se
mettre en place avant l'entrée en vigueur de cette loi. Cependant, de nombreux états ont refusé
d'investir dans ce domaine avant la date fatidique.
Cette loi nécessitait aussi de nombreux enseignants supplémentaires. Le gouvernement avait ainsi
prévu de former 1 million d’enseignants en 5 ans. Cependant, lors de la mise en place de la loi, la
formation ne s’était pas encore réalisée, ce qui a provoqué un affligeant manque d'enseignants dans
tout le pays. Bien que la loi limite à 30 le nombre d'élèves par classe, à cause de l'insuffisance, de
nombreuses classes se retrouvent surpeuplées. (Ecoles de la terre, 2011; Ecole du monde, n.d.;
OCDE, 2011)
Une année après l'entrée en vigueur de la loi, 97% des jeunes ciblés sont scolarisés (contre 75% en
2002). Ceci est un bon début, mais n'atteint pas encore la totalité de cette population. Quelques
facteurs peuvent expliquer cela. Le premier facteur se trouve dans la loi en elle-même. En effet,
celle-ci ne stipule aucune responsabilité des enseignants envers les parents. Cela a pour conséquence
de déresponsabiliser les enseignants dans leur rapport à leur métier. De plus, les parents, ne se
sentant pas impliqués, auront tendance à moins influencer positivement et à moins soutenir leurs
enfants. De plus, beaucoup de parents n'ont pas suivi de scolarité. Cela influence aussi leur vision de
l'école et les retient d'y envoyer leurs enfants. Ainsi la mentalité de la population est plus influencée
par la culture et les expériences que par la loi. Cette dernière ne peut prétendre changer les
mentalités par son entrée en vigueur.
Force est de constater, dans un deuxième temps, que malgré la construction de nouvelles écoles,
certaines régions rurales retirées ne possèdent toujours pas d'infrastructures scolaires, ce qui peut
aussi expliquer le pourcentage encore incomplet d'élèves scolarisés. (Ecoles de la terre, 2011; Ecole
du monde, n.d.; OCDE, 2011)
Dans ce pays, le terme scolarisation n'est pas synonyme de fréquentation et d'éducation. En effet,
malgré l'entrée en vigueur de la loi, de nombreuses absences d'élèves, mais aussi d'enseignants sont
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à constater. De plus, de nombreux élèves abandonnent leur scolarité en cours de route. Des retards
au niveau des compétences scolaires chez certains élèves en sont une cause, mais aussi une
conséquence. Par conséquent, ces éléments influencent directement la qualité de l'enseignement et
de l'éducation. (Ecoles de la terre, 2011; Ecole du monde, n.d.; OCDE, 2011)
4. L’enseignement
Ce chapitre dépeint la qualité de l’enseignement dans les écoles publiques en Inde. Nous nous
concentrerons sur le niveau primaire, car c’est celui-ci qui est touché par les dernières réformes
indiennes. Malgré la variété des branches enseignées à ce niveau (langues, mathématiques, arts,
environnement, sciences sociales, éducation du travail, art de vivre (CIEP, 2014)), les compétences
des élèves restent bien trop souvent insuffisantes.
4.a. Ecoles publiques
L’enseignement public indien est perçu négativement par la population. En effet, celui-ci souffre de
nombreux manques dont nous allons décrire quelques aspects sélectionnés.
Les classes sont trop nombreuses
Tout d’abord, il est important de dépeindre les conditions d’enseignement de l’école indienne. Le
premier point à prendre en compte est celui de la surpopulation des classes. En effet, la moyenne du
pays s’élève à trente-cinq élèves pour un enseignant par classe en 2004 (La banque mondiale, 2014).
Ce chiffre, datant d’avant la loi de 2010 et de l’augmentation consécutive d’élèves, indique une
première difficulté à donner classe pour les enseignants, qui ne peuvent accorder du temps à tous les
jeunes apprenants.
L’aspect matériel aide également à comprendre le problème. En effet, le manque de matériel et
d’infrastructures scolaires entrave l’enseignement de manière considérable. Certaines classes se font
à l’extérieur, à même le sol. Toutes les classes ne se donnent pas avec les mêmes moyens. Il existe
également une grande inégalité en matière de qualité, qui découle en partie de ce manque de
matériel. A vrai dire, les institutions scolaires urbaines peuvent bénéficier de meilleures conditions
d’apprentissage que des écoles rurales. (Sarangapani, 2014).
Aussi, le nombre estimé d’enseignants manquants s’élève à 1,4 million. De ce manque découle une
remise en question de la formation enseignante.
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Classe de lecture dans le Maharashtra
(http://www.asmae.fr/files/u1666/classe_de_lecture-2691.jpg)
Les enseignants
Il est important de préciser que l’école publique indienne souffre d’un taux d’absentéisme de ses
enseignants plutôt élevé. En effet, 25% des enseignants ne se présentent pas au travail chaque
matin. Cela représente un problème considérable pour le développement de l’enseignement public.
Au niveau salarial, il est à préciser que la classe enseignante est située juste au-dessus du salaire
moyen anglais (120-130 euros) selon journal du net (2015) avec un salaire pouvant aller de 150 à 360
euros par mois. De plus, l’expérience n’apporte pas de hausse salariale. Ce salaire peut être
considéré comme trop faible par rapport à la charge de travail du point de vue des enseignants, ce
qui pourrait expliquer en partie le taux d’absentéisme élevé. Il faut ajouter ici que des enseignants de
mathématiques et de français sont les mieux rémunérés, ce qui indiquent la perception positive dont
bénéficient ces branches en Inde (Ecoles du Monde, n.d.).
Il faut ajouter que le métier est très protégé d’un point de vue interne. En effet, la loi empêche le
licenciement des enseignants, ce qui leur offre un statut de liberté d’action. Qu’ils se présentent au
travail ou non, ils continuent de recevoir leur salaire chaque mois. A noter qu’un seul directeur sur la
totalité, qui représente un peu moins de trois mille écoles, a osé licencier un enseignant pour cause
de ses absences, ce qui montre que la pratique n’est pas du tout courante.
Ces éléments démontrent que la perception du métier d’enseignant se différencie de la nôtre.
Souvent, on nous parle de vocation lorsque l’on évoque ce métier. L’approche indienne diffère. La
vision de l’enseignement est plutôt perçue comme une possibilité de gagner de l’argent facilement et
sans effort.
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Il est à noter que les autorités tentent de lutter contre ce statut quo. De plus en plus de visites de
classes, à l’improviste, sont organisées. La moitié du temps, celles-ci révèlent des pratiques
d’enseignement inadaptées de par le contenu inexistant des cours. Ceci relève un autre problème de
l’enseignement public indien : les enseignants sont-ils formés adéquatement ? Quels outils reçoivent-
ils pour amener leurs élèves à la réussite ? (Ecoles du Monde, n.d.)
La formation des enseignants
Les enseignants indiens bénéficient d’une formation spécialisée, qui est décriée. Une fois leurs
études secondaires terminées, les enseignants du primaire se forment pendant deux ans dans des
instituts spécialisés. Pour les futurs enseignants du secondaire I, il leur est demandé d’obtenir un
Bachelor en éducation ou en enseignement général, une formation sur une année qu’ils peuvent
suivre après l’obtention d’un Bachelor en humanités, en sciences ou en commerce. En ce qui
concerne les enseignants du secondaire II, il leur est demandé d’obtenir un Master en éducation à la
suite de leur Bachelor.
Cette formation semble adéquate sur le papier, cependant elle se retrouve contestée pour son
manque d’applicabilité sur le terrain. Les enseignants ne se sentent pas préparés par leur formation
(World Education Services, Canada, 2004).
Résultats
On constate que ces éléments ont des conséquences directes sur l’école publique indienne
(Sarangapani, 2014). En effet, 50% des jeunes écoliers de dix ans ne savent pas lire un texte simple.
60% d’entre eux ne savent pas faire une division et 50% des jeunes indiens choisissent une formation
professionnalisante plutôt qu’académique à la sortie du secondaire I à 14 ans. Pourtant, les autorités
énoncent des souhaits encourageants quant au futur de l’enseignement indien.
En effet, le travail fait sur le curriculum depuis le début des années 2000 démontre de nombreux
buts définis, comme l’abandon de l’apprentissage par cœur, le travail à faire sur le ressenti des élèves
par rapport au sentiment d’angoisse et d’échec. Aussi, on retrouve l’émergence du désir d’un
enseignement visant à la compréhension et à la formation de sens, ceci grâce à une contextualisation
locale qui permettrait d’insister sur le caractère concret de l’enseignement. Ils souhaitent également
développer l’esprit critique des élèves en leur soumettant plusieurs points de vue. Une réforme de la
formation professionnelle ainsi que de l’enseignement religieux pourrait voir le jour. Aussi, il est à
noter l’envie d’une introduction du concept d’évaluation globale continue pour les élèves. Un travail
sur la formation des enseignants est également discuté. Ils souhaitent en effet l’unifier. Un système
national pourrait aussi voir le jour, ce que souhaitent vivement les autorités.
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Toutes ces idées d’amélioration pourraient aider au développement du système scolaire public
indien si elles venaient à se réaliser. Cependant, à l’échelle de la grandeur du pays et du grand
nombre d’écoliers, ainsi que du faible nombre d’enseignants, cela ne présage pas des changements
immédiats pour les jeunes indiens, dont les familles décident de plus en plus de les placer dans le
secteur privé qui dispose de nombreux attraits séduisants. (Sarangapani, 2014; Ecoles du monde, n.d;
World Education Services, 2004)
4.b. Ecoles privées
La mauvaise réputation des conditions d’enseignement dans les écoles publiques indiennes entraîne
des conséquences inattendues et des prises d’initiative de la part de la population.
Une étude menée par l’India Institute en collaboration avec l’Université de Newcastle (Tooley, 2012)
intitulée The Private School Revolution in Bihar a permis de mettre en évidence que les écoles privées
devenaient de plus en plus nombreuse dans l’état du Bihar. Bien que l’état recensait 350 écoles
privées, les chercheurs ont relevé la présence de 1574 écoles privées, la majeure partie non-
répertoriée au niveau de l’état.
Cette étude très complète a relevé les raisons pour lesquelles les parents choisissaient d’envoyer
leurs enfants dans le privé plutôt que dans le public.
Source: Tooley, 2012
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La qualité de l’enseignement arrive en première position des raisons évoquées par les parents.
Relevons également le fait que certains enfants suivent un double cursus en fréquentant non
seulement l’école publique mais également l’école privée : étant donné que l’école publique ne dure
en général qu’une demi-journée, plusieurs élèves profitent de la deuxième partie de la journée pour
approfondir leurs connaissances, voire pour suivre un programme d’un niveau plus complexe.
5. Le problème de l’éducation des femmes en Inde.
La déclaration des objectifs du Millénaire a été adoptée par l’ONU en 2000. Cette déclaration compte
huit objectifs que les nombreuses nations et organisations ont convenu d’atteindre en 2015. Parmi
ces objectifs, on peut notamment relever l’objectif 2 qui stipule qu’il faut “assurer l’éducation
primaire pour tous d’ici 2015” et l’objectif 3 qui a pour but d’ “éliminer les disparités entre les sexes à
tous les niveaux du système éducatif d’ici 2015”. (ONU, 2000)
Cette disparité est très marquée en Inde. Bien que des progrès importants dans tous les domaines
aient été effectués durant les deux dernières décennies, il subsiste encore un certain nombre de
disparités.
Plusieurs facteurs expliquent ces différences entre le taux de scolarité des filles et celui des garçons.
En premier lieu, malgré le fait que l’âge légal pour se marier se situe à dix-huit ans en Inde, un
nombre très important de filles sont mariées avant d’avoir atteint cette majorité. Cette proportion
est encore plus élevée dans les régions rurales où 55% des jeunes filles sont mariées avant d’avoir
atteint l’âge légal. (Lambotte-Sagliari, 2010)
Suite à ces mariages, les filles doivent souvent rester au foyer pour s’occuper de la maison et des
éventuels enfants du couple. On retrouve cette tendance dans les graphiques proposés par
l’UNESCO.
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Source: UNESCO.org
Si on observe attentivement ces graphiques, on peut relever que durant les cycles du pré-primaire
ainsi que du primaire, jusqu’à 14 ans, le pourcentage de filles est plus important que le pourcentage
de garçons. En revanche, dès que l’on s’intéresse au cycle du secondaire, la tendance s’inverse et les
écarts sont plus marqués entre le score des garçons et celui des filles. Ces chiffres peuvent
s’expliquer par la problématique du mariage précoce des jeunes filles en Inde. On peut également
émettre l’hypothèse que durant les cycles du primaire, les garçons sont plus facilement utilisés pour
travailler à la maison.
Si l’on s’intéresse à l’évolution de ces scores, on peut mettre en évidence le fait que depuis 2004 et
ceci jusqu’à l’année 2011, au niveau secondaire particulièrement, l’écart entre le pourcentage de
garçons et le pourcentage des filles diminue progressivement ce qui est très encourageant.
Un autre aspect peut expliquer ces distinctions, il s’agit de la représentation du statut de la femme
dans la société indienne. Dans certaines régions, plus particulièrement dans les régions rurales, les
communautés sont très patriarcales et les filles sont régulièrement considérées comme des
personnes sans valeurs. Des membres de certaines communautés considèrent que la place de la
femme est à la maison à s’occuper du foyer : ils ne voient pas l’intérêt d’envoyer les filles à l’école.
(Lambotte-Sagliari, 2010)
D’autres éléments peuvent entrer en jeu afin d’expliquer ces chiffres. Tout d’abord, comme dans de
nombreux pays, le problème de la proximité de l’école avec le domicile. Les parents sont plus
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réticents à envoyer à l’école leur fille si cette dernière doit parcourir un long chemin pour s’y rendre.
Le risque d’agression sur le chemin de l’école est très élevé. Le problème des sanitaires est
également à mettre en évidence. Dans les établissements des milieux ruraux, les écoles ne sont pas
toujours équipés de toilettes séparées pour les filles. Les parents craignent pour la sécurité de leurs
enfants. (Lambotte-Sagliari, 2010)
Pour tenter d’effacer ces inégalités, de nombreuses associations sont présentes en Inde afin de
sensibiliser les familles à l’importance de l’éducation de femmes. Ces associations privilégient
notamment la scolarisation à domicile et l’éducation des femmes adultes à partir de leurs
expériences vécues tous les jours dans leurs communautés. Ces enseignements prennent donc du
sens et servent l’intérêt des femmes et de la communauté. (Lambotte-Sagliari, 2010)
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