lipome rétro-péritonéal infiltrant chez un labrador retriever · thorax est enfin réalisé...

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Revue Méd. Vét., 2015, 166, 5-6, 148-153 Introduction Les tumeurs adipeuses les plus rencontrées chez le chien sont le lipome, le lipome infiltrant et le liposarcome. Le lipome est une tumeur bénigne du tissu adipeux composée de cellules adipeuses bien différenciées sans évidence d’anaplasie. Le lipome infiltrant a la même composition mais possède en plus une invasion locale en infiltrant les muscles sous- jacents ainsi que les tissus fibreux. Enfin, le liposarcome est une tumeur maligne moins fréquente dérivant des lipoblastes [14]. Le lipome est la tumeur canine sous-cutanée la plus fréquente (prévalence de 6 à 17%) [3]. Sa localisation intra- cavitaire, qu’elle soit intra-thoracique ou intra-abdominale, existe chez le chien mais elle est peu rapportée [7]. Son caractère infiltrant reste quant à lui sporadique. Le symptôme principal d’un lipome intra-abdominal est la présence d’une distension abdominale [2, 7]. Des examens complémentaires d’imagerie sont nécessaires avant de prévoir une exérèse chirurgicale, curative la plupart du temps [5, 10, 15]. L’objectif est de présenter l’approche diagnostique complète, comprenant notamment les examens complémentaires d’imagerie et l’approche thérapeutique chirurgicale, d’un cas de lipome infiltrant intra-abdominal d’origine rétro-péritonéale chez une chienne Labrador Retriever. CAS CLINIQUE Une chienne Labrador Retriever stérilisée de 10 ans est présentée pour second avis concernant la présence de masses sous-cutanées évoluant depuis 3 ans. Aucune modification de l’état général, du niveau d’activité ou de l’appétit de l’animal n’est rapportée par le propriétaire. Lors de l’examen clinique, deux masses sous-cutanées sont observées. Celles-ci sont fermes, mobilisables, non adhérentes au plan sous-jacent et non douloureuses : l’une se situe sur le flanc gauche et mesure environ 2 cm de diamètre; l’autre en regard du coude droit, d’environ 3 cm de diamètre. Une distension abdominale marquée est mise en évidence (figure 1). La durée d’évolution est inconnue car la distension abdominale était considérée par le propriétaire comme un état d’embonpoint marqué. Le score corporel est évalué à 4/9 durant la consultation, la chienne ne présentant aucune surcharge adipeuse corporelle hormis la distension abdominale. La palpation abdominale en région crâniale met en évidence une organomégalie (hépatomégalie ou splénomégalie) ou la présence d’une masse abdominale. Le reste de l’examen clinique et des paramètres vitaux sont dans les limites de la normale. RÉSUMÉ Une chienne Labrador Retriever stérilisée de 10 ans est présentée pour deux masses sous-cutanées évoluant depuis 3 ans. L’examen clinique met en évidence une distension abdominale marquée compatible avec l’existence d’une organomégalie ou d’une masse intra-abdominale. L’analyse cytologique des masses sous-cutanées confirme la suspicion de lipomes émise lors de l’examen. Des radiographies ainsi qu’une échographie abdominales et un examen tomodensitométrique sont réalisés et confirment la présence d’une masse de grande taille occupant la majeure partie de l’abdomen. Cette masse présente un aspect compatible avec un lipome prioritairement mais un liposarcome ne peut être exclu. L’analyse cytologique réalisée au chevet du patient confirme la présence d’une masse de nature adipeuse. L’exérèse chirurgicale est réalisée et permet de conclure à une origine rétro- péritonéale avec infiltration des muscles lombaires sous-jacents. Durant la chirurgie, une gastropexie et une néphropexie gauche sont également réalisées en raison de l’augmentation de l’espace péritonéal et de la mobilité des organes. Enfin, l’analyse histologique confirme l’hypothèse principale de lipome infiltrant. Trois mois après la chirurgie, la chienne est en pleine forme et ne présente aucun signe clinique. Mots-clés : Distension abdominale, lipome infiltrant, espace rétro-péritonéal, chien, tomodensitométrie. SUMMARY Infiltrative retroperitoneal lipoma in a Labrador Retriever A 10-year-old female neutered Labrador Retriever dog was presented for the evaluation of two subcutaneous masses that had evolved over a period of 3 years. Physical examination revealed marked abdominal distention secondary to either an enlarged organ or an intra-abdominal mass. e subcutaneous masses were suggestive of lipomas as confirmed by cytological analysis. Abdominal x-rays, ultrasound and CT scan were performed and confirmed the presence of a large mass occupying most of the abdomen. Based on imaging, this mass was again suggestive of a lipoma although a liposarcoma could not be excluded. Cytologic examination confirmed the adipose nature of the mass. e latter was surgically excised and exploration of the abdomen revealed a retroperitoneal origin with infiltration of the underlying lumbar muscles. A gastropexy and leſt nephropexy were also performed due to increase abdominal vacuity and suspected visceral mobility. Finally, histopathological analysis confirmed the hypothesis of an infiltrative lipoma. ree months aſter surgery, the dog was sound and alert with no sign of recurrence. Keywords : Abdominal distension, infiltrative lipoma, retroperitoneal space, dog, CT. Lipome rétro-péritonéal infiltrant chez un Labrador Retriever Q. BRIAND 1 *, V. LIVET 1 , D. FAU 1 , Q. CABON 1 1 VetAgro Sup Campus Vétérinaire de Lyon, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy L’Etoile, FRANCE *Corresponding author: Email: [email protected]

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Revue Méd. Vét., 2015, 166, 5-6, 148-153

BRIAND (Q.) AND COLLABORATORS148

Introduction

Les tumeurs adipeuses  les plus rencontrées chez le chien sont le lipome, le lipome infiltrant et le liposarcome. Le lipome est une tumeur bénigne du tissu adipeux composée de cellules adipeuses bien différenciées sans évidence d’anaplasie. Le lipome infiltrant a la même composition mais possède en plus une invasion locale en infiltrant les muscles sous-jacents ainsi que les tissus fibreux. Enfin, le liposarcome est une tumeur maligne moins fréquente dérivant des lipoblastes [14]. Le lipome est la tumeur canine sous-cutanée la plus fréquente (prévalence de 6 à 17%) [3]. Sa localisation intra-cavitaire, qu’elle soit intra-thoracique ou intra-abdominale, existe chez le chien mais elle est peu rapportée [7]. Son caractère infiltrant reste quant à lui sporadique. Le symptôme principal d’un lipome intra-abdominal est la présence d’une distension abdominale [2, 7]. Des examens complémentaires d’imagerie sont nécessaires avant de prévoir une exérèse chirurgicale, curative la plupart du temps [5, 10, 15].

L’objectif est de présenter l’approche diagnostique complète, comprenant notamment les examens complémentaires d’imagerie et l’approche thérapeutique chirurgicale, d’un cas de lipome infiltrant intra-abdominal d’origine rétro-péritonéale chez une chienne Labrador Retriever.

CAS CLINIQUE

Une chienne Labrador Retriever stérilisée de 10 ans est présentée pour second avis concernant la présence de masses sous-cutanées évoluant depuis 3 ans. Aucune modification de l’état général, du niveau d’activité ou de l’appétit de l’animal n’est rapportée par le propriétaire.

Lors de l’examen clinique, deux masses sous-cutanées sont observées. Celles-ci sont fermes, mobilisables, non adhérentes au plan sous-jacent et non douloureuses : l’une se situe sur le flanc gauche et mesure environ 2 cm de diamètre; l’autre en regard du coude droit, d’environ 3 cm de diamètre. Une distension abdominale marquée est mise en évidence (figure 1). La durée d’évolution est inconnue car la distension abdominale était considérée par le propriétaire comme un état d’embonpoint marqué. Le score corporel est évalué à 4/9 durant la consultation, la chienne ne présentant aucune surcharge adipeuse corporelle hormis la distension abdominale. La palpation abdominale en région crâniale met en évidence une organomégalie (hépatomégalie ou splénomégalie) ou la présence d’une masse abdominale. Le reste de l’examen clinique et des paramètres vitaux sont dans les limites de la normale.

RÉSUMÉ

Une chienne Labrador Retriever stérilisée de 10 ans est présentée pour deux masses sous-cutanées évoluant depuis 3 ans. L’examen clinique met en évidence une distension abdominale marquée compatible avec l’existence d’une organomégalie ou d’une masse intra-abdominale. L’analyse cytologique des masses sous-cutanées confirme la suspicion de lipomes émise lors de l’examen. Des radiographies ainsi qu’une échographie abdominales et un examen tomodensitométrique sont réalisés et confirment la présence d’une masse de grande taille occupant la majeure partie de l’abdomen. Cette masse présente un aspect compatible avec un lipome prioritairement mais un liposarcome ne peut être exclu. L’analyse cytologique réalisée au chevet du patient confirme la présence d’une masse de nature adipeuse. L’exérèse chirurgicale est réalisée et permet de conclure à une origine rétro-péritonéale avec infiltration des muscles lombaires sous-jacents. Durant la chirurgie, une gastropexie et une néphropexie gauche sont également réalisées en raison de l’augmentation de l’espace péritonéal et de la mobilité des organes. Enfin, l’analyse histologique confirme l’hypothèse principale de lipome infiltrant. Trois mois après la chirurgie, la chienne est en pleine forme et ne présente aucun signe clinique.

Mots-clés : Distension abdominale, lipome infiltrant, espace rétro-péritonéal, chien, tomodensitométrie.

SUMMARY

Infiltrative retroperitoneal lipoma in a Labrador Retriever

A 10-year-old female neutered Labrador Retriever dog was presented for the evaluation of two subcutaneous masses that had evolved over a period of 3 years. Physical examination revealed marked abdominal distention secondary to either an enlarged organ or an intra-abdominal mass. The subcutaneous masses were suggestive of lipomas as confirmed by cytological analysis. Abdominal x-rays, ultrasound and CT scan were performed and confirmed the presence of a large mass occupying most of the abdomen. Based on imaging, this mass was again suggestive of a lipoma although a liposarcoma could not be excluded. Cytologic examination confirmed the adipose nature of the mass. The latter was surgically excised and exploration of the abdomen revealed a retroperitoneal origin with infiltration of the underlying lumbar muscles. A gastropexy and left nephropexy were also performed due to increase abdominal vacuity and suspected visceral mobility. Finally, histopathological analysis confirmed the hypothesis of an infiltrative lipoma. Three months after surgery, the dog was sound and alert with no sign of recurrence.

Keywords : Abdominal distension, infiltrative lipoma, retroperitoneal space, dog, CT.

Lipome rétro-péritonéal infiltrant chez un Labrador Retriever

Q. BRIAND1*, V. LIVET1, D. FAU1, Q. CABON1

1VetAgro Sup Campus Vétérinaire de Lyon, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy L’Etoile, FRANCE

*Corresponding author: Email: [email protected]

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Étant donné le motif initial de consultation, les deux masses sous-cutanées sont ponctionnées à l’aiguille. L’analyse cytologique révèle de grandes cellules rondes homogènes, en amas, au cytoplasme clair et au noyau de petite taille et renforce ainsi la suspicion clinique de lipome. Afin de procéder à une anesthésie générale pour certains examens d’imagerie, une biochimie sanguine est réalisée et ne révèle aucune anomalie.

Différents examens d’imagerie sont ensuite réalisés pour explorer la distension abdominale. Des radiographies abdominales (face et profil) révèlent une masse intra-abdominale de grande taille, d’opacité graisseuse, s’étendant du diaphragme au pubis, majoritairement latéralisée à gauche et repoussant l’ensemble des organes à droite de l’abdomen (figure 2).

Une échographie abdominale est alors effectuée et confirme la présence d’une masse de taille très importante puisque dépassant le champ échographique en longueur, largeur et profondeur, localisée majoritairement dans la partie ventrale gauche de l’abdomen et repoussant l’ensemble des organes abdominaux dans la partie dorsale droite. La partie dorsale de la masse atteint la colonne vertébrale. Le diagnostic différentiel d’une masse d’échogénicité graisseuse

et de cette taille inclut  un lipome et un liposarcome. La visualisation des différents organes est compromise par la présence de cette masse. Un déplacement du rein gauche, de la rate et de l’estomac à droite de l’abdomen est noté. Outre ce déplacement, l’ensemble des organes abdominaux semble dans les limites de la normale. Une aspiration à l’aiguille fine de la masse est réalisée sous contrôle échographique. Une émulsion graisseuse est retrouvée sur la lame et des adipocytes sont observés. Toutefois, la lame n’a pas été envoyée pour analyse cytologique par un pathologiste spécialiste.

Un examen tomodensitométrique de l’abdomen et du thorax est enfin réalisé (Scanner General Electric Brightspeed Elite 16. Coupes de 0,625 et 1,25 mm d’épaisseur) sous anesthésie générale (Protocole : Diazépam 0,25 mg/kg IV (Valium, Roche), Propofol 4 mg/kg IV (Propovet, Axience SAS), avec relais isoflurane (IsoFlo, Axience SAS) dans 100% d’oxygène) afin de connaître l’étendue précise de cette masse et réaliser un bilan d’extension pour vérifier l’absence de métastase pulmonaire. Sur les images de l’abdomen réalisées avant injection de produit de contraste (Iodaxinol - VISIPAQUE 300mgI/ml – 2ml/kg), la présence de la volumineuse masse intra-abdominale est observée, en regard de l’abdomen gauche et dépassant le plan médian. Elle présente une densité de type lipidique hypodense par rapport aux parenchymes environnants, un aspect homogène et une forme grossièrement ovoïde. Cette masse mesure dans ses plus grandes dimensions 250x400x100 mm. Elle est visible depuis le diaphragme, latéralisée à gauche, bien individualisée et s’étend jusqu’au pubis en repoussant modérément la vessie (figures 3 et 4). Le reste des structures ne présente pas d’anomalie visible. On note une adénomégalie lombo-aortique (environ 25x13x20 mm). Sur les images réalisées après injection de produit de contraste par voie intraveineuse, aucun rehaussement significatif de la masse hypodense n’est visible, renforçant ainsi l’hypothèse de l’origine graisseuse. Les organes abdominaux présentent un rehaussement normal. Sur les images du thorax, aucune métastase n’est mise en évidence.

Figure 1 : Distension abdominale préopératoire. La chienne est placée en décubitus dorsal et tondue juste avant la chirurgie : la distension abdominale est flagrante.

Figure 2 : Radiographies abdominales, vues de profil (à gauche) et ventro-dor-sale (à droite). Une masse intra-abdominale de grande taille, à l’opacité graisseuse est visible. Elle s’étend du diaphragme au pubis, majoritairement latéralisée à gauche, et repousse l’ensemble des organes à droite de l’abdomen.

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Après réalisation des différents examens complémentaires, une exérèse de la masse intra-abdominale ainsi que des 2 masses sous-cutanées est décidée et réalisée le lendemain de la consultation. L’intervention est réalisée sous anesthésie générale gazeuse après induction (Protocole : Méthadone 0,2 mg/kg IV (Comfortan, Sogeval), Midazolam 0.2 mg/kg IV (Midazolam, Aguettant), Propofol 4 mg/kg IV (Propovet, Axience SAS), avec relais isoflurane (IsoFlo, Axience SAS) dans 100% d’oxygène). Une analgésie grâce à une perfusion continue de morphine (0,2 mg/kg/h, Morphine, Aguettant), lidocaine (50 µg/kg/min, Lurocaïne, Vetoquinol) et kétamine (10 µg/kg/min, Ketamine 1000, Virbac) et une injection de méloxicam (0,1 mg/kg SC, Loxicom, Bayer Healthcare) sont réalisées ainsi qu’une antibioprophylaxie à base d’amoxilline-acide clavulanique (30 mg/kg IV répétée aux 2h, Augmentin, GlaxoSmithKline).

Une laparotomie médiane xipho-pubienne est pratiquée. Une masse graisseuse bien délimitée de taille très importante, directement sous la ligne blanche et mobilisable est alors observée. Cette masse graisseuse est extériorisée (figure 5). Elle se trouve avec le rein gauche dans l’espace rétro-péritonéal. Les organes abdominaux sont ainsi repoussés vers la droite.

Une dissection de la masse depuis l’espace rétro-péritonéal est mise en œuvre ainsi qu’une dissection de la capsule rénale gauche. Les deux uretères sont repérés avant que la dissection ne soit poursuivie de façon digitée. Une zone infiltrant les muscles lombaires est alors observée à l’insertion des piliers du

diaphragme. Une effraction du fascia des muscles lombaires par la masse est mise en évidence, avec une continuité du lipome au sein des muscles lombaires. Cette portion infiltrante est difficilement disséquée et empêche l’exérèse complète de la masse (figure 6). Le poids de cette masse est de 4,8 kg. L’hémostase de la zone d’infiltration musculaire du lipome est soigneusement réalisée à l’aide d’un bistouri électrique monopolaire. Un rinçage abdominal est mis en œuvre avec du NaCl 0,9% stérile tiédi. Deux fragments de la masse abdominale sont envoyés pour analyse : un premier prélèvement au cœur de la tumeur et un deuxième au niveau de l’infiltration musculaire.

Le rein gauche, libre dans l’abdomen, et l’estomac sont fixés respectivement par une néphropexie gauche et une gastropexie droite. La néphropexie est réalisée en plaçant 4 points simples (fil résorbable monofilament polydioxanone 3-0 (PDS, Ethicon)) à travers la capsule rénale et la paroi abdominale dans la fosse rénale. La technique de gastropexie

Figure 3 : Images tomodensitométriques abdominales, en coupe trans-versale. Sur l’image de gauche, la coupe est située au niveau du rein gauche (tête de flèche noire), lequel est complètement repoussé à droite de l’abdomen. Sur l’image de droite, la coupe est située au niveau du rein droit (+ noir). Une masse intra-abdominale est observée (astérisque blanc), de densité de type lipidique hypodense par rapport aux parenchymes environ-nants, d’aspect homogène et de forme grossièrement ovoïde. Cette masse est latéralisée à gauche et repousse tous les organes abdominaux vers la droite.

Figure 4 : Images tomodensitométriques abdominales, en coupe sagittale à gauche et en coupe dorsale à droite. La masse (astérisque blanc) est visible depuis le diaphragme, latéralisée à gauche, repousse tous les organes abdominaux vers la droite et s’étend jusqu’au pubis.

Figure 5 : Extériorisation de la masse intra-abdominale après laparotomie médiane xipho-pubienne. La masse est encapsulée.

Figure 6 : Masse rétro-péritonéale, de consistance lipidique, après son exérèse (4.8 kg). L’échelle, située en bas à gauche de la photographie, représente 8 cm.

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choisie est la gastropexie incisionnelle  : une incision de 6 cm de la séreuse et de la musculeuse gastriques est réalisée au niveau de l’antre pylorique, puis une seconde incision de même taille est faite au niveau du péritoine et du muscle transverse de l’abdomen, à droite, caudalement à l’insertion des piliers du diaphragme. Les deux incisions sont apposées et suturées entre elles par 2 surjets, utilisant un fil résorbable monofilament polydioxanone 2-0 (PDS, Ethicon). De nouveaux rinçages abdominaux sont effectués puis une fermeture standard en 3 plans suivie de l’exérèse des deux masses sous-cutanées terminent la procédure chirurgicale.

Après la chirurgie, la douleur postopératoire est gérée par injection de morphine (0,1-0,3 mg/kg IV) (Morphine, Aguettant) toutes les 4 heures selon le score de douleur. Le lendemain, l’animal est rendu à ses propriétaires. Il est maintenu au repos strict pendant 2 semaines avec port de la collerette obligatoire jusqu’au retrait des points sous 12-15 jours. Une administration de méloxicam à 0,1 mg/kg per os q24h (Loxicom, Bayer Healthcare) est débutée pour une durée de 7 jours.

Au retrait des points, la plaie est bien cicatrisée, propre et non suintante.

A l’analyse histo-pathologique, la totalité des 2 prélèvements est composée de tissu adipeux normotypique. Le 2ème échantillon est caractérisé par la présence d’un abondant tissu adipeux normotypique qui, par endroits, infiltre le plan musculaire. En conclusion, l’aspect histologique est compatible avec un lipome, infiltrant multifocalement le tissu musculaire.

Le pronostic est considéré comme bon mais le risque de récidive est annoncé comme important.

Trois mois après la chirurgie, l’animal est en pleine forme et ne présente aucun signe clinique.

Discussion

L’originalité de ce cas tient dans la localisation rétro-péritonéale du lipome, ainsi que dans son caractère infiltrant dans les muscles para-lombaires. Bien que le lipome soit la tumeur mésenchymateuse la plus fréquente chez le chien, avec une prévalence de 16%, sa localisation intra-abdominale est rare. En effet, la localisation sous-cutanée représente 98% des cas mais le lipome peut également être intra-cavitaire dans 2% des cas [16]. Les lipomes intra-thoraciques et intra-abdominaux n’ont été rapportés que sporadiquement, tout comme d’autres localisations peu fréquentes pour les lipomes, telles que le canal pelvien, l’espace rétro-péritonéal ou l’espace péricardique [10, 16]. La prédisposition au lipome a été observée chez les femelles, les individus âgés, les obèses, le Labrador Retriever, le Pinscher et le Schnauzer miniature [2, 23, 26]. Bien que ces prédispositions n’aient pas été décrites pour les lipomes intra-cavitaires, étant donné le faible nombre de cas décrits, il peut être considéré que ces

prédispositions sont également valables pour les lipomes dans les localisations autres que le tissu sous-cutané.

La localisation intra-abdominale a été décrite pour la première fois en 1981 et son origine était alors inconnue [16]. Un cas de lipome rétro-péritonéal a été décrit chez un Cocker américain de 8 ans. Cette masse avait la particularité d’avoir une extension intra-thoracique extra-pleurale via le trigone lombo-costal (mise en évidence par examen tomodensitométrique) [10]. Le lipome rétro-péritonéal est rare chez le chien et chez l’homme [9, 10]. Il peut prendre des dimensions considérables (plus de 15 cm chez l’homme) et la douleur entraînée est souvent reportée en région lombaire chez l’homme [9].

Le caractère infiltrant du lipome est rapporté de façon sporadique. Le lipome infiltrant est similaire au lipome simple de par son contenu en adipocytes bien différenciés mais diffère de par sa nature infiltrant les muscles squelettiques le plus fréquemment et son fort taux de récurrence en cas d’exérèse [19]. Il est rapporté chez l’homme et le chien. Les extrémités des membres sont la localisation la plus fréquente chez le chien. Le Labrador semble être une race prédisposée au lipome infiltrant mais cela n’a pas été prouvé à ce jour [2]. Le lipome infiltrant est également à distinguer du lipome intermusculaire. Ce dernier se situe entre les muscles et n’a été décrit qu’au niveau des membres pelviens ou thoraciques. Il se distingue majoritairement du lipome infiltrant par le fait que sa dissection lors de la chirurgie est bien plus facile et permet généralement une exérèse complète de la masse [4, 25].

Les symptômes associés à la présence d’un lipome intra-abdominal sont une distension et un inconfort abdominaux avec une compression potentielle des différents organes allant jusqu’à une possible obstruction gastro-intestinale ou urinaire. Une extension intra-pelvienne est possible et peut entraîner du ténesme. La croissance du lipome est lente et les signes cliniques n’apparaissent que lorsque sa taille est très importante [5, 10, 16]. Un lipome intra-thoracique peut quant à lui entraîner des signes respiratoires (toux, dyspnée, intolérance à l’effort) [10]. Concernant le cas présenté, aucun signe clinique n’a été rapporté par le propriétaire dont le motif de consultation était la présence de lipomes sous- cutanés.

Les tumeurs intra-péritonéales les plus courantes chez le chien sont les sarcomes et notamment l’hémangiosarcome, ce qui est également le cas chez l’homme (25 à 45%) [1, 9, 10, 13]. Dans le cas plus précis d’une masse rétro-péritonéale d’aspect graisseux, le diagnostic différentiel comprend le lipome et le liposarcome. Le liposarcome métastase rarement chez le chien, chez lequel sa localisation première est la région axiale en sous-cutanée [1].

Des examens complémentaires d’imagerie sont nécessaires lors de la présence d’une distension abdominale associée à un lipome intra-abdominal infiltrant. La radiographie est le moyen d’imagerie le plus souvent utilisé

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dans le diagnostic de lipome intra-cavitaire chez l’animal. Elle permet de conclure à la présence d’une masse d’opacité graisseuse [16], sans toutefois que l’extension de la masse ou son caractère infiltrant ne puissent être précisés. L’étendue des lipomes infiltrants est beaucoup mieux déterminée avec l’examen tomodensitométrique, bien que les marges de la tumeur puissent être difficiles à distinguer de la graisse corporelle normale. Il est également rare qu’un rehaussement apparaisse après injection d’un produit de contraste [18]. De plus, l’examen tomodensitométrique est recommandé si une autre lésion lipomateuse est suspectée [11, 18] car il permet parfois de faire la différence entre un lipome et un liposarcome  : le liposarcome a une échogénicité similaire mais est plus vascularisé et envahit plus fréquemment les structures adjacentes [7].

A l’examen cytologique, les adipocytes observés au sein d’un lipome sont de grandes cellules rondes homogènes, isolées ou en amas, au cytoplasme clair et au noyau de petite taille. L’aspect cytologique du lipome infiltrant est similaire. En cas de liposarcome, les prélèvements sont plus riches en adipocytes. Ces cellules sont alors fusiformes ou de forme irrégulière et présentent un cytoplasme basophile pouvant contenir des vacuoles lipidiques. Des nucléoles peuvent être visibles. Ces cellules sont de taille variable, tout comme leur noyau et leur rapport nucléo-cytoplasmique [21]. Ainsi, la cytologie préopératoire peut déjà permettre une orientation du diagnostic. Cependant, si l’aspiration a lieu dans une zone bien différenciée, il est impossible de distinguer lipome et liposarcome. De ce fait, la cytologie étant moins sensible et spécifique que l’histologie, un bilan d’extension complet est recommandé pour s’assurer de l’absence de métastase avant la chirurgie. Dans le cas présenté ici, il a été décidé de ne pas envoyer la lame de cytologie réalisée car celle-ci présentait les aspects classiques d’un simple lipome. Cependant, la distinction lipome/liposarcome ne peut se faire par simple examen macroscopique des cellules et il aurait été judicieux de la faire interpréter par un cytologiste spécialisé, comme pour les deux masses sous-cutanées. L’exérèse suivie de l’examen histologique a donc été décidée ici. En effet, l’aspect échographique et tomodensitométrique de la masse, la rareté des liposarcomes ainsi que le bilan d’extension négatif chez ce patient orientaient fortement vers un lipome ou un lipome infiltrant avec une hypothèse de liposarcome faible, bien que ne pouvant pas être formellement exclue. Toutefois, l’analyse cytologique demeure un examen généralement indispensable dans la démarche diagnostique avant l’exérèse de toute masse.

L’histologie constitue l’examen de choix pour permettre la différenciation entre lipome et liposarcome, bien que la cytologie puisse fortement orienter le diagnostic. Histologiquement, les lipomes ont un aspect bien délimité et peu cellulaire et possèdent des cellules au cytoplasme clair et au noyau de petite taille, ressemblant à du tissu adipeux normal, tandis que les liposarcomes sont caractérisés par une augmentation de la cellularité, avec des cellules au noyau bien visible et un cytoplasme variablement abondant comprenant une ou plusieurs gouttelettes lipidiques. La

différence entre lipome simple et lipome infiltrant ne peut se faire qu’avec un prélèvement contenant une infiltration musculaire permettant de montrer le caractère invasif du lipome infiltrant [14]. C’est le cas ici où un des 2 prélèvements contenaient des fragments de muscles infiltrés.

L’exérèse chirurgicale constitue le traitement de choix dans le cas des lipomes simples cavitaires, bien que d’autres techniques, via l’injection intra-lésionnelle de stéroïdes par exemple, aient été décrites [12]. Chez la plupart des patients, l’intervention chirurgicale est curative et le taux de récidive est faible, environ 2% [10, 16]. Ainsi, le pronostic en cas d’exérèse chirurgicale du lipome intra-abdominal est bon voire excellent. Toutefois, des cas de récidive ou d’apparition d’un second lipome existent [7, 16]. Tout comme le lipome simple, le lipome infiltrant est une tumeur bénigne mais son taux de récidive est supérieur et atteint 36 à 50%, y compris après exérèse chirurgicale complète. En cas de radiothérapie seule (pour les lipomes infiltrants de petite taille) ou postopératoire, ce taux chute fortement [8, 17]. Ainsi, au sujet du cas ici présenté, le lipome étant rétro-péritonéal et infiltrant les muscles lombaires, le faible taux de récidive annoncé semble à nuancer. Cependant, étant donné la croissance lente d’une telle masse et l’âge de l’animal, il est plus que probable qu’aucun signe de récidive ne se manifeste.

Dans le cas présenté ici, une néphropexie gauche et une gastropexie incisionnelle droite ont également été réalisées. En effet, après retrait de la masse, le rein gauche était libre dans l’abdomen. Dans le cas d’un rein détaché de l’espace rétro-péritonéal, une fixation de celui-ci est recommandée pour minimiser les risques de déplacement et de torsion du pédicule vasculaire [24]. En ce qui concerne l’estomac, le retrait du lipome a entraîné un vide très important dans la cavité abdominale. Certaines études ont montré que lors de splénectomie, les chiens avaient plus de risques de faire une torsion gastrique. Certains de ces auteurs ont avancé la vacuité abdominale secondaire à la splénectomie comme une des explications possibles d’augmentation de ce risque [15, 20, 22]. Par comparaison, dans le cas présenté, la gastropexie incisionnelle a été décidée dans le but de prévenir une torsion gastrique en postopératoire du fait de l’extrême vacuité abdominale secondaire au retrait de la masse et des potentiels relâchements des ligaments péri-gastriques [6].

Conclusion

Le cas de lipome rétro-péritonéal infiltrant présenté ici est atypique de par la taille très conséquente de la masse intra-abdominale mise en évidence et l’absence de signe clinique engendré. Cela met en lumière l’importance d’effectuer un examen clinique exhaustif sans se limiter au seul motif de consultation. Des examens complémentaires de cytologie puis d’imagerie sont ensuite nécessaires à l’investigation d’une telle pathologie. Le traitement de choix est l’exérèse chirurgicale la plus large possible. Enfin, le diagnostic de certitude est permis grâce à l’analyse histologique.

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LIPOME RÉTRO-PÉRITONÉAL INFILTRANT 153

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