l’influence du milieu sur les opérations terrestres en afg.pdf

49
Institut Royal Supérieur de Défense 120 Div 5/01/2009 Research paper Pierre PIRSON Major L’influence du milieu sur les opérations terrestres conduites en Afghanistan lors de l’opération ENDURING FREEDOM Analysez l’influence qu’a exercé le milieu lors de la planification et de la conduite des opérations terrestres pendant l’opération ENDURING FREEDOM. Identifiez, commentez et justifiez les principales lessons learned liées aux caractéristiques spécifiques de ce milieu particulier. Formulez les recommandations éventuelles susceptibles de favoriser l’efficacité future des unités terrestres dans ce type d’environnement.

Upload: hollevoet-joachim

Post on 26-Oct-2015

21 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Influence of the Environment on operations in Afghanistan

TRANSCRIPT

Page 1: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

Institut Royal Supérieur de

Défense

120 Div

5/01/2009

Research paper

Pierre PIRSON Major

L’influence du milieu sur les opérations terrestres conduites en Afghanistan lors de l’opération ENDURING FREEDOM

Analysez l’influence qu’a exercé le milieu lors de la planification et de la conduite des opérations terrestres pendant l’opération ENDURING FREEDOM. Identifiez, commentez et justifiez les principales lessons learned liées aux caractéristiques spécifiques de ce milieu particulier. Formulez les recommandations éventuelles susceptibles de favoriser l’efficacité future des unités terrestres dans ce type d’environnement.

Page 2: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 3: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

i

Table des matières

Table des matières ..................................................................................................................... i

Listes des annexes ..................................................................................................................... ii

Introduction .............................................................................................................................. 1

Chapitre I : Le cadre du conflit .............................................................................................. 2

Section 1 : Le cadre géographique de l’Afghanistan ........................................................ 2

Section 2 : Rappel historique ............................................................................................ 4

Section 3 : Conclusions partielles ..................................................................................... 6

Chapitre II : La chute du régime taliban ............................................................................... 7

Section 1 : Les objectifs et le concept de la coalition ....................................................... 7

Section 2 : Le déroulement du conflit contre le régime taliban ........................................ 7

Section 3 : Les enseignements de la lutte contre le régime taliban ................................... 9

Section 4 : Les valeurs confirmées .................................................................................. 13

Chapitre III : L’opération Anaconda ................................................................................... 15

Section 1 : Objectif et déroulement de l’opération Anaconda ........................................ 15

Section 2 : Les enseignements de l’opération Anaconda ................................................ 16

Section 3 : Autres enseignements .................................................................................... 20

Chapitre IV : Recommandations .......................................................................................... 21

Conclusions et recommandations ......................................................................................... 22

Page 4: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

ii

Listes des annexes

Annexe A : Carte politique de l’Afghanistan Annexe B : Topographie de l’Afghanistan Annexe C : Carte des routes et de l’enneigement de l’Afghanistan Annexe D : Carte de la répartition ethnolinguistique Annexe E : Carte de la situation des camps de réfugiés Annexe F : Tableau comparatif de l’emploi des munitions de précision Annexe G : Bibliographie

Page 5: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 1 / 23 -

Introduction

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 dirigés contre le World Trade Center et le Pentagone, les soupçons américains se portent immédiatement sur Oussama Ben Laden et son réseau terroriste al Qaeda. Le Président des Etats-Unis, G. W. Bush, considère ces attentats comme une agression contre la nation des Etats-Unis, et entre de facto en guerre contre le terrorisme international. Parce que le régime des Talibans ne se cache pas de coopérer pleinement avec le leader du réseau, Oussama Ben Laden, une coalition internationale conduite par les Etats-Unis, lance l’opération militaire baptisée « Enduring Freedom » dans le but de renverser ce régime, mais aussi de capturer Oussama Ben Laden et ses lieutenants.1

Ce conflit est caractérisé par le milieu et la géographie très particulière de l’Afghanistan. Pays de montagnes, au climat très froid en hiver et très chaud en été, à la population très hétérogène, d’une superficie équivalente à celle de la France (outre-mer inclus), l’Afghanistan présente un environnement plutôt hostile, n’offre aucun accès direct à la mer et ne possède que peu d’infrastructures routières ou aéroportuaires. Les forces armées soviétiques s’étaient pourtant déjà engagées dans une pareille entreprise dans les années ’80, avec le résultat que nous connaissons : une guerre longue de 10 ans, un conflit qui s’est enlisé et soldé par un échec.

L’objectif de ce document est de déterminer l’influence de cet environnement sur la planification et la conduite des opérations terrestres durant l’opération Enduring Freedom, et d’en dégager les principaux enseignements. Une description préalable du milieu afghan est proposée en tenant compte autant de la géographie du pays que du contexte historique particulier du conflit.

Ce document présente ensuite une approche chronologique des opérations depuis le début du conflit jusqu’à la chute du régime des Talibans ainsi qu’une étude particulière d’une bataille baptisée « Opération Anaconda », bataille majeure de ce conflit. Les enseignements relatifs à l’influence du milieu sur les opérations sont ainsi dégagés suivant l’approche concernée des évènements. Ces leçons apprises de ce conflit ont pour but d’identifier les adaptations éventuelles à apporter aux unités de la composante terre afin de mieux les préparer à opérer dans le futur dans un environnement aussi difficile que celui de l’Afghanistan.

Certes, des exemples de bataille en milieu montagneux ne manquent pas dans l’histoire, que ce soit dans un passé lointain ou plus récent, mais l’opération Enduring Freedom se distingue particulièrement en raison du mode opératoire choisi par les dirigeants de la coalition, du niveau de technologie et de précision des moyens utilisés, et de la rapidité des résultats obtenus par les forces de la coalition2. Néanmoins, la guerre conduite en Afghanistan par les forces de la coalition reste particulière dans la mesure où il s’agit d’un conflit de type asymétrique, qui s’est déroulée dans des circonstances exceptionnelles, puisqu’elle est également la réponse immédiate aux évènements du 11 septembre 2001. Dès lors, vouloir généraliser des enseignements tirés d’un conflit qui se serait produit dans des circonstances uniques pourrait s’avérer très dangereux pour la conduite d’opérations futures sur d’autres théâtres dans des conditions trop différentes3. Pour cette raison, nous resterons particulièrement attentifs à ce que les enseignements dégagés restent généralisables, ou restent valables indépendamment des circonstances spécifiques de ce conflit.

1 Maj EMG MONNERAT L., « L'opération "Enduring Freedom" en Afghanistan est une victoire de la pensée non conventionnelle », dans Check Point, 12 octobre 2002, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0033-AfghanistanEnduringFreedom.html, novembre 2005 2France, Ministère de la Défense, Commandement de la Doctrine et de l’Enseignement Militaire Supérieur de l’Armée de Terre, Objectif Doctrine n° 38, « L’engagement en terrain montagneux et enneigé », 2003, 61 p, http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/publications/Objdoc/Numeros/numeros_entiers/objdoc_38.pdf , octobre 2005 3 CORDESMAN A.H, “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, 171p. http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf, novembre 2005, p. 16

Page 6: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 2 / 23 -

Chapitre I : Le cadre du conflit L’objectif de ce chapitre est d’analyser les éléments essentiels constitutifs du milieu afghan. Cette étude du milieu comprend aussi bien le cadre géographique du pays (terrain, climat, voies de communications, population, économie, …), mais aussi le contexte historique du conflit. Cette approche historique a pour but de mieux comprendre le choix du concept opérationnel retenu par les leaders de Enduring Freedom.

Section 1 : Le cadre géographique de l’Afghanistan

1. Situation géographique

L'Afghanistan est un pays d'Asie centrale, entouré du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, de la Chine, du Pakistan et de l'Iran (voir carte en annexe A). Sous sa nouvelle constitution, le pays est aujourd’hui officiellement nommé République d’Afghanistan.

L’Afghanistan est dominé par le massif de l'Hindukush. Plus de 100 sommets dépassent les 6000 mètres, le plus haut étant le Naochak dans le Pamir à plus de 7 500 mètres. L'Hindukush s’étend sur plus de 950 kilomètres depuis le Pamir au nord-est à la frontière iranienne (voir carte en annexe B).

Le climat est de type continental aride, avec des étés chauds et des hivers froids. La neige des montagnes est la principale sinon la seule source d'eau dans un pays où il ne pleut que trop rarement. Etant donné l’altitude, il est évident que l’enneigement du pays est très important en hiver, et pour cette raison, une grande partie du territoire devient inaccessible durant la majeure partie de cette saison. En mars, les neiges commencent à fondre. Les rivières gonflent et atteignent alors leur débit maximum. Un réchauffement trop rapide du temps peut provoquer des crues violentes et imprévisibles. Il existe quatre cours d’eau principaux : les fleuves Amu Darya, Hari Rud, Helmand et Kaboul. Seul le fleuve Kaboul va jusqu'à la mer, les autres s'évaporant dans des déserts ou dans la mer d’Aral4. Le réseau routier du pays est pauvre, puisqu’on compte seulement environ 17000 Km de routes plutôt praticables, dont seulement 9200 Km de routes accessibles durant toute l’année (voir carte en annexe C). Cela s’explique par la nature du relief et l’impossibilité de financer un véritable réseau routier en raison de la pauvreté du pays et de ses habitants. Au nord, l’accès routier principal du pays passe par le tunnel de Salang, qui a été construit avec l'aide soviétique dans les années 60 dans le but de réduire les lignes de communication entre la capitale et la frontière de l’URSS. Ce tunnel, long de 1,7 Km, est situé à une altitude de 3300 mètres. La passe de Khyber, couloir naturel, est l'un des passages les plus importants entre l'Afghanistan et le Pakistan5. Afin de compenser le manque d’infrastructure routière, plusieurs aéroports ont été construits, et parfois développés d’avantage afin de pouvoir accueillir des aéronefs de plus grande capacité suivant l’importance des localités desservies. L’aéroport principal est celui de Kaboul, aéroport international. Ensuite arrivent les aéroports de Maza-e-Sharif, Bagram, Jalalabad, Qandahar, Herat et Kunduz, tous de taille plus réduite. On trouve encore de petits aérodromes régionaux, tels que ceux de Maymanah et de Feyzabad ou de Farah6. Au total, une quarantaine de petits aérodromes permettent ainsi de desservir les localités les plus importantes, aérodromes d’importance et de qualité toute relative en regard de nos aéroports et aérodromes occidentaux.

4 Encyclopédie Wikipédia, http://encyclopedie-fr.snyke.com/articles/geographie_de_l_afghanistan.html, octobre 2005 5 R. NYROP and D. SEEKINS, USA, The American University, “Foreign Area Studies: Afghanistan Country Study and Government Publications”, janvier 1986, http://www.gl.iit.edu/govdocs/afghanistan/Infrastructure.html, Ch 3, novembre 2005 6 Ibid

Page 7: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 3 / 23 -

Les seules provinces boisées sont le Nouristan et Paktia, mais la déforestation menace les rares forêts restantes. D’autres provinces, sans la présence d'un ingénieux système appelé "qarez", surtout dans l'est et le sud du pays, seraient des plaines arides ou des montagnes de cailloux. Ce système est constitué d’une série de puits (jusqu'à 30 mètres de profondeur) interconnectés qui captent la nappe aquifère et amènent l'eau à des dizaines de kilomètres de sa source7.

2. Ressources économiques

L'Afghanistan est un pays rural très pauvre, mais en dépit de la médiocrité du sol, environ 90 % de la population active pratique l'agriculture. Le blé, le maïs, le riz, l'orge, le coton, les fruits et légumes sont les cultures principales. Cependant, un grand nombre d'agriculteurs ont dû abandonner leur village, et la production agricole, en raison de la destruction des canaux d'irrigation et des champs de mines. Cet exode a entraîné une baisse importante de la production agricole depuis 1979. Le pays compte très peu d'industries. Un petit nombre d'ateliers fabriquent des produits textiles et quelques usines produisent du ciment, des allumettes ou des produits alimentaires. Il y a également quelques mines de charbon, de cuivre, d'or et de sel. Le sous-sol est riche en minéraux, mais de nombreux gisements sont inexploités. L'Afghanistan est un des plus grands producteurs au monde de lapis-lazuli, une pierre précieuse. Les populations nomades pratiquent l'élevage des moutons, des chèvres, des bovins, des ânes et des chevaux8.

L’économie souterraine, elle, se nourrit de toutes sortes de trafics, des pièces électroniques aux aliments en passant par les vêtements, mais surtout de l’opium. La culture du pavot s’est encore étendue depuis la chute du régime des talibans, et touche des régions qui étaient épargnées avant la guerre. Cette évolution du marché de la drogue en Afghanistan devient transnationale, implique aussi bien des chefs de guerre (warlords), que leaders politiques, voire des membres du gouvernement9. On estime ainsi que 90% du PNB de l’Afghanistan trouve son origine dans cette économie informelle. La production de l’opium, d’héroïne et de morphine, représente 60% du P.I.B licite et occupe 7% des terres cultivables. On estime ainsi que 87% de la production mondiale d’opium serait d’origine afghane.

3. La démographie

La population afghane, essentiellement rurale, peut être divisée en quatre principaux groupes ethniques: les Pashtouns (38 %), les Tadjiks (25 %), les Hazaras (19 %) et les Ouzbeks (6%). On compte également quelques ethnies moins importantes: les Aimaks (3,7 %), les Farsiwans (2,8 %), les Turkmènes (1,4 %), les Brahuis (1 %), les Baloutches (0,5 %) et les Nuristanis (0,5 %). Cette population est en grande majorité analphabète et vit en dessous du seuil de pauvreté. Ces ethnies ne sont, ni clairement, ni uniformément réparties géographiquement (voir annexe D). De plus, suite aux longues années de conflit, un pourcentage énorme de cette population vit toujours (parfois depuis la guerre de résistance contre les troupes soviétiques) dans des camps de réfugiés installés essentiellement en Iran et au Pakistan (voir annexe E). Du point de vue religieux, plus de 99 % de la population est musulmane, dont 80 % de rite sunnite et 20 % de rite chiite10.

7 Encyclopédie Wikipédia, http://encyclopedie-fr.snyke.com/articles/geographie_de_l_afghanistan.html, octobre 2005 8 Encyclopédie de l’Agora, http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Afghanistan , novembre 2005 9 KHOSROKHAVAR F., dans Le Monde Diplomatique, octobre 2004, p.8 et 9 http://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/KHOSROKHAVAR/11583 , décembre 2005 10 Jacques LECLERCQ J., « L'aménagement linguistique dans le monde », 2000, http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/afghanistan.htm, décembre 2005

Page 8: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 4 / 23 -

a. Les Pashtouns. Considérés comme majoritaires (38 %), les Pashtouns sont des cultivateurs et des éleveurs. Ils vivent dans le sud et le sud-est de l’Afghanistan (presque la moitié du pays), ainsi que dans les provinces pakistanaises. On compte 20 millions de Pashtouns dans le monde, dont 8 millions en Afghanistan et 12 millions au Pakistan. Dans l’histoire, les Pashtouns se sont souvent opposés aux Tadjiks, politiquement et militairement. C’est au sein de l’ethnie des Pashtouns qu’est né le mouvement taliban.

b. Les Tadjiks. Les Tadjiks (25 % de la population) sont des cultivateurs et des commerçants qui comptent parmi les descendants des plus anciens habitants du pays. Ils constituent un ensemble de peuples ayant une culture et une langue commune (le dari, qui est un langage persan). Le mot Tadjik désigne en Afghanistan tous les habitants sunnites, de langage perse, du pays. Les Tadjiks sont plus dispersés que les Pashtouns et habitent surtout dans la partie nord-est du pays. On trouve des Tadjiks en Afghanistan, mais aussi au Tadjikistan, en Ouzbékistan, au Kazakhstan, en Iran et en Chine, pour un total de quelque 11 millions de personnes, dont sept en Afghanistan11.

c. Les Hazaras. Les Hazaras (19 % de la population), peuple d’agriculteurs et d’éleveurs, se considèrent parfois comme des Tadjiks. Mais leur principale caractéristique identitaire est d’être des musulmans chiites dans un pays majoritairement sunnite. Pourchassés par les Pashtouns sunnites, les Hazaras chiites ont fini par se cantonner dans les plateaux et vallées du centre du pays. Beaucoup de Hazaras ont émigré vers les grandes villes, notamment à Kaboul, mais beaucoup d'autres ont fui vers les pays voisins à la suite des guerres et de la haine dont ils ont été victimes de la part des Pashtouns12.

d. Les Ouzbeks. Cette minorité turcophone (parlant l'ouzbek) de 1,4 million de personnes habite au nord de l’Afghanistan, près de la frontière avec le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. On trouve surtout des Ouzbeks en Ouzbékistan (16,5 millions), mais également au Kirghizistan, au Tadjikistan, en Chine et en Turquie. Ce sont, en principe, des musulmans sunnites, mais beaucoup sont non pratiquants. En Afghanistan, les Ouzbeks sont considérés par la branche dure sunnite comme des «infidèles»13.

Section 2 : Rappel historique

1. L’Afghanistan depuis son indépendance à l’occupation soviétique. Etat reconnu indépendant depuis 1919 à l’issue d’une guerre menée contre les troupes britanniques, l’Afghanistan devient un royaume en 1926. De coup d’état en coup d’état, le pays devient successivement une monarchie constitutionnelle en 1963, ensuite une république d’obédience communiste en 1977. Un traité d’amitié est alors signé entre le régime communiste d’Afghanistan et l’Union Soviétique. Plusieurs tribus montagnardes et groupes islamiques, regroupés sous le nom de moudjahiddins (combattants de Dieu), se rebellent contre le régime communiste anti-islamique. De crainte de voir le gouvernement communiste renversé, le 25 décembre 1979, les troupes soviétiques entrent en Afghanistan, officiellement pour y restaurer l’ordre en appui du régime en place14. A cette invasion, considérée par les Afghans comme une véritable atteinte à leur identité culturelle et religieuse, répond un mouvement de résistance auquel les soviétiques ne semblaient pas s'attendre. Au fil des années, des milliers de Musulmans issus de nombreux

11 Jacques LECLERCQ J., « L'aménagement linguistique dans le monde », 2000, http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/afghanistan.htm, décembre 2005. 12 Ibid. 13 Ibid. 14Association Thucydide, « Histoire de l'Afghanistan depuis le VIème siècle av. J.C »., 2001/2002, http://www.thucydide.com/realisations/utiliser/chronos/afghanistan.htm , décembre 2005

Page 9: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 5 / 23 -

pays vont rejoindre les résistants afghans (moudjahiddins). En 10 ans de guerre contre les Soviétiques, l'Afghanistan est devenu le centre symbolique de la renaissance fondamentaliste islamique. La lutte contre l'Union Soviétique symbolise bien plus qu'une lutte d'un peuple contre un occupant : dans l'esprit des islamistes fanatisés venus en "renfort" (tel Oussama Ben Laden), il s'agissait avant tout d'une lutte contre les "valeurs occidentales", le "Grand Satan" soviétique n'étant que l'un des ennemis désignés15. Jusque 1992, la guerre civile fait près de 1,5 million de victimes. Durant le conflit, quelques 5 millions d’Afghans fuient le pays et trouvent refuge dans les pays voisins (Iran, Pakistan, Ouzbékistan…). En 1989, les Soviétiques retirent leurs troupes du pays16.

2. L’avènement du régime des talibans. En 1992, le régime communiste tombe. Il s’en suit alors une nouvelle guerre civile et religieuse. Cette guerre se déroule entre factions moudjahiddins opposées, suivant des clivages religieux, ethniques ou encore régionaux. En avril 1992, les forces tadjiks du commandant Ahmed Shah Massoud, alliées aux miliciens ouzbeks du général Rachid Dostom, prennent de vitesse celles du Hezb-e-Islami de Gulbuddin Hekmatyar d’origine Pashtoune, et pénètrent les premières dans Kaboul. Un gouvernement issu de la résistance afghane prend alors le pouvoir, mais les dissidences internes sont très vives et dégénèrent rapidement en affrontements. Le mouvement taliban, mouvement islamiste de la ligne dure17, alors conduit par le mollah Omar, le principal allié de Oussam Ben Laden, émerge. Il propose à la population une alternative au pouvoir et à la guerre entre les belligérants. La ville de Qandahar constitue le berceau de ce mouvement, véritable fief des Pashtouns. En 1993, le gouvernement né de la résistance est déchiré. Le commandant Massoud se retire et laisse la place à Gulbuddin Hekmatyar. Entre 1994 et 1996, l’offensive des Talibans, soutenue par l’armée pakistanaise, conduit à la conquête de l’essentiel du pays. Seule la partie nord-est du pays reste aux mains des forces tadjiks et ouzbeks du Commandant Massoud. Dans ce réduit du pays, les différentes parties opposantes au mouvement taliban s’unifient alors et portent le nom de « l’Alliance du Nord ». Le Mollah Omar, chef charismatique des Talibans et « Commandeur des Croyants », dirige le pays et instaure la dictature fondamentaliste des Talibans.

3. Le rôle de Oussama Ben Laden En 1996, Oussama Ben Laden fuit l’Arabie Saoudite. Après un séjour au Soudan, il rejoint l’Afghanistan. Pour la première fois, il appelle alors les populations musulmanes au djihad contre les États-Unis. En février 1998, sous l’égide d’un « Front islamique mondial pour le djihad contre les Juifs et les croisés », il lance une nouvelle offensive médiatique contre les Occidentaux et leurs alliés et appelle à la « libération du monde musulman ». Au mois d’août de la même année, deux attentats visent les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et de Dar es-Salaam (Tanzanie). Les États-Unis ripostent en lançant une soixantaine de missiles contre les camps du réseau terroriste en Afghanistan. A la suite d’un attentat-suicide perpétré en octobre 2000 contre un destroyer américain à Aden, qui se solde par la mort de 17 Marines, Ben Laden se vante du succès de l’opération.18 Grâce à la protection des talibans, Ben Laden demeure en sécurité en Afghanistan, où il participe à la lutte contre les moudjahiddins du commandant Massoud dont il serait le

15 Association Thucydide, « Histoire de l'Afghanistan depuis le VIème siècle av. J.C »., 2001/2002, http://www.thucydide.com/realisations/utiliser/chronos/afghanistan.htm , décembre 2005. 16 Institut National de l’Audiovisuel, « Afghanistan : de l’indépendance à la chute des Talibans », avril 2004, http://www.ina.fr/voir_revoir/afghanistan/chronologie.fr.html , janvier 2005 17 ALLIX S., « De la résistance à la prise de Kaboul, l’histoire secrète des Talibans », dans Le Monde Diplomatique, janvier 1997, page 4 et 5, http://www.monde-diplomatique.fr/1997/01/ALLIX/7564.html , décembre 2005 18 « Oussama Ben Laden », dans Encyclopédie Encarta, 2005, http://www.horaz.com/horazyclopedia/Savoir/B/Ben_Laden.htm, janvier 2005

Page 10: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 6 / 23 -

commanditaire de l’assassinat, le 9 septembre 2001. Au lendemain des attentats dirigés le 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone, les soupçons américains se portent immédiatement sur Ben Laden et son réseau Al Qaida, seul capable d’élaborer une offensive d’une telle ampleur. Considérant ces attentats comme « un acte de guerre », le président américain, G.W. Bush, lance la guerre contre le terrorisme international et indique vouloir capturer Ben Laden « mort ou vif ». Une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis voit le jour. Le 7 octobre 2001, l’opération « Enduring Freedom » débute. Son objectif est de renverser le régime taliban et de traquer Ben Laden.19

Section 3 : Conclusions partielles

1. Au lendemain du 11 septembre 2001, la volonté américaine de capturer Ben Laden, et de lutter contre les gouvernements qui lui offrent aide et protection, était très forte. Néanmoins, l’échec de l’armée soviétique en Afghanistan ne manquait pas de faire réfléchir. Il indiquait fortement qu’une intervention conduite comme les Soviétiques l’avaient fait, sans tenir suffisamment compte de la spécificité du pays, de ses habitants et de son milieu en particulier, risquait bien de conduire à un enlisement comparable. La spécificité du milieu, liée au relief et à la haute altitude, à la rigueur du climat, à la pauvreté du réseau routier et de l’ensemble des infrastructures de communication, empêchait de penser un conflit en Afghanistan de manière classique. Un environnement aussi hostile, occupé au départ par des troupes aussi irrégulières qu’étaient celles des Talibans et de leurs alliés, ne permettait en effet pas de penser la conduite d’un conflit en Afghanistan de manière conventionnelle.

2. Les Talibans étaient conscients de l’avantage qui leur était offert par la rudesse de l’environnement du pays. Forts de l’expérience acquise durant la guerre contre les Soviétiques, ils s’estimaient intouchables. Ils jugeaient improbable ou vouée à l’échec une intervention de forces militaires occidentales sur leur territoire.

3. La guerre civile conduite par les troupes de l’Alliance du Nord contre le régime des Talibans, était toujours en cours et devait impérativement être prise en compte. Il convenait de tirer avantage de cette opposition armée au régime. Il fallait ainsi tirer profit de la haine ressentie de manière pratiquement unanime par la population à l’égard du régime en place, afin de ne pas être considéré comme des envahisseurs du territoire afghan.

4. Etant donné la multitude des ethnies, des clans, des connexions, des alliances parfois éphémères, mais aussi des haines ancestrales entre ces clans, il était impératif d’agir avec des éléments autochtones alliés. En effet, seuls les Afghans disposaient de la pleine connaissance de ces connexions ainsi que de leur passé, du pays, et de l’ennemi qu’ils combattaient depuis si longtemps.

5. Il importait également de connaître les limites de la collaboration avec les opposants au régime. En effet, les alliances entre ces clans pouvaient être aussi éphémères que les luttes pouvaient être violentes lorsque ces alliances se rompaient. Les conflits entre ces clans peuvent aussi parfois cesser moyennant quelques règlements financiers ou autres arrangements entre les parties opposantes, et cela dans la plus grande discrétion… De même, les haines étaient telles qu’elles ont parfois conduit à de véritables attrocités de la part des vainqueurs de l’Alliance du Nord, à l’insu ou contre la volonté des leaders de la coalition.

19 « Oussama Ben Laden », dans Encyclopédie Encarta, 2005, http://www.horaz.com/horazyclopedia/Savoir/B/Ben_Laden.htm, janvier 2005.

Page 11: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 7 / 23 -

Chapitre II : La chute du régime taliban

Section 1 : Les objectifs et le concept de la coalition

1. Objectifs de Enduring Freedom Les objectifs assignés à la coalition emmenée par les Etats-Unis ont été fixés par le Président Bush dans un discours prononcé devant le Congrès le 20 septembre 2001. Il s’agissait en l’occurrence de mettre un terme aux activités terroristes en Afghanistan, de détruire les camps d’entraînement et autres infrastructures essentielles, de capturer ou de neutraliser les dirigeants du réseau al Qaïda, y compris bien sûr Oussama Ben Laden20.

2. Concept Avant tout, il était clair que l’opération devait être conduite en tenant compte des erreurs commises lors des campagnes soviétiques précédentes. Les premier enseignements qu’il fallait en tirer était de tout mettre en œuvre pour éviter d’être perçus comme des envahisseurs, et ainsi éviter un enlisement. Il a donc été rapidement décidé que l’action devait être menée de concert avec l’opposition armée de l’Alliance du Nord. Ainsi, l’essentiel des combats à mener contre le régime des Talibans devait être conduit par l’Alliance du Nord, encadrée et appuyée par des Forces Spéciales. Ces Forces Spéciales étaient, entre autre, la liaison nécessaire d’une part pour coordonner les efforts de la coalition avec l’Alliance, et d’autre part pour lui fournir tout l’appui aérien possible. Dans une deuxième phase, après la chute du régime des Talibans et la mise en place de nouveaux dirigeants, les forces terrestres de la coalition devaient alors intervenir directement sur le territoire, afin de neutraliser définitivement les forces de al Qaeda.

Section 2 : Le déroulement du conflit contre le régime taliban

1. Phase 1 : L’insertion d’agents paramilitaires et de Forces Spéciales Globalement, la tâche de ces Forces Spéciales était de collecter des renseignements sur le dispositif des Talibans, de convaincre les chefs de clans ou les « seigneurs de guerre » (warlords) anti-talibans de collaborer à l’effort d’ensemble en coordination avec les frappes de la coalition. Ces Forces Spéciales, équipées du matériel requis de transmission et de désignation d’objectifs, devaient ainsi guider les frappes aériennes en coordination (ou en appui) de l’effort de guerre de l’Alliance du Nord. Chaque détachement inséré était constitué d’une force de 12 à 15 hommes comprenant des Forces spéciales, avec un à deux opérateurs de la CIA chargés des contacts avec les chefs de guerre anti-taliban, un à deux contrôleurs aériens avancés (Forward Air Control-FAC), et d’autres personnes disposant de qualifications telles que les explosifs ou les transmissions. Ces Forces Spéciales pouvaient à tout instant compter sur un appui feu aérien et logistique (sous réserve de conditions météorologiques favorables). A la demande, ils pourront toujours compter sur le parachutage de containers de matériel aussi divers que vêtements, nourriture, armement et munitions, …21

2. Phase 2 : Les frappes aériennes Les premières frappes aériennes sont déclenchées à partir du 7 octobre 2001 à l’aide de missiles de croisière et de missions aériennes d’attaque au sol. Leurs objectifs sont essentiellement constitués d’installations de défense antiaérienne et d’infrastructures de

20 « Opération Enduring Freedom – Afghanistan » dans Global Security, juillet 2005, http://www.globalsecurity.org/military/ops/enduring-freedom.htm, décembre 2005 21 Maj EMG MONNERAT L., « L'opération "Enduring Freedom" en Afghanistan est une victoire de la pensée non conventionnelle », dans Check Point, 12 octobre 2002, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0033-AfghanistanEnduringFreedom.html, novembre 2005

Page 12: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 8 / 23 -

commandement. Ces frappes sont concentrées initialement sur les villes de Kaboul, Jalalabad et Qandahar. En quelques jours, les installations de défense antiaérienne, de communication et les infrastructures d’entraînement sont détruites ou fortement endommagées22. Les résultats initiaux de la campagne aérienne sont d’autant plus efficaces que les Talibans ne réalisent pas de suite ce qui leur arrive. Trop confiants dans la localisation de leurs positions, ils restent de longue période en observation, très nettement découpés sur des lignes de crêtes, ne se doutant pas qu’ils font l’objet d’acquisition d’objectif par des systèmes d’arme qu’ils n’imaginent, ne voient, ni entendent arriver23.

3. Phase 3 : La progression des forces de l’Alliance du Nord et de la coalition A partir du 2 novembre, les positions des Talibans face à l’Alliance du Nord sont décimées et l’offensive terrestre devient possible. Le 9 novembre, la bataille de Mazar-e-Shariff est engagée et dure moins d’une journée. Rapidement, les combats dégénèrent en une série de massacres pérpétrés par les combattants de l’Alliance du Nord qui donnent libre cours à leur soif de vengeance24. La chute de Mazar-e-Sharif est le prélude à l’effondrement du régime, et la marche de l’Alliance du Nord sur Kaboul est devenue inexorable. Le 13 novembre, Kaboul tombe après de très brefs combats conduits en villes. Les Talibans ne s’accrochent pas et prennent la fuite en direction des montagnes. Ils se regroupent en particulier autour ou dans la ville de Qandahar, berceau et bastion du régime, mais surtout dans la vallée de Tora Bora, à environ 50 Km au sud-est de Jalalabad. Environ 2000 combattants y rejoignent les complexes d’abris et de positions fortifiées au milieu des montagnes. Le 16 novembre débutent les combats pour la ville de Kunduz. Ces combats sanglants conduits par les forces de l’Alliance du Nord, appuyés par de puissants bombardements US, durent neuf jours, à l’issue desquels les Talibans se rendent25. Fin novembre, Qandahar est la dernière ville bastion aux mains des Talibans. Environ 3000 combattants de l’Alliance du Nord, conduits par un certain Hamid Karzaï, actuel président de la République d’Afghanistan, menacent la ville. Le 25 novembre, une compagnie du Corps des Marines effectue une pénétration à bord de six hélicoptères sur environ 640 kilomètres afin de s’emparer de l’aéroport de la ville. Une heure plus tard, la piste est opérationnelle et sécurisée. Le balai des C-130 peut commencer, et débarquer des fantassins supplémentaires et des véhicules blindés légers. La première base US en Afghanistan se déploie. Pendant ce temps, les frappes aériennes sur les positions talibanes dans la ville se poursuivent. Le 6 décembre, le mollah Omar qui se trouve à l’intérieur de la ville, se manifeste et fait connaître son intention de rendre la ville sous certaines conditions. Les dirigeants US, laissant entendre qu’il n’est pas question d’amnistie le concernant, refusent toute négociation. Le 7 décembre, il s’enfuit dans les montagnes au nord-ouest de la ville. Qandhar tombe alors aux mains de l’Alliance du Nord.

4. Phase 4 : La lutte contre les poches de résistance Alors que la chute de la ville de Qandahar s’annonce, un rassemblement d’environ 2000 combattants d’al Qaeda s’opère dans les vallées de Tora Bora. Les troupes de l’Alliance du Nord, toujours encadrées par les Forces Spéciales qui continuent de coordonner les frappes aériennes, poursuivent leur traque. Le 5 décembre, les troupes de al Qaeda doivent abandonner les positions situées dans les vallées, ainsi que leur armement lourd, gagner des positions situées en altitude, et profiter des complexes d’abris ou de caches offerts par la montagne. La bataille de Tora Bora se prépare.

22 “US Invasion of Afghanistan” dans Encyclopédie Wikipédia, juillet 2005 http://en.wikipedia.org/wiki/U.S._invasion_of_Afghanistan, décembre 2005 23 Ibid. 24 Ibid. 25 Ibid.

Page 13: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 9 / 23 -

Cette bataille débute bientôt et sous la pression de l’Alliance du Nord, les forces de al Qaeda demandent une trêve afin de préparer leur reddition. Cette trêve, négociée et accordée par l’Alliance du Nord, aurait permis à la majeure partie des combattants de Oussama Ben Laden et à lui-même de s’enfuir et de gagner la frontière du Pakistan. Au bout de la trêve, les combats reprirent et se terminèrent avec la conquête des dernières positions le 17 décembre par l’Alliance du Nord. Mais force devait être de constater que la majorité des combattants ennemis, et surtout les dirigeants d’al Qaeda eux-mêmes, s’étaient dérobés car les chemins d’exfiltration qui conduisent vers le Pakistan n’étaient pas gardés! Néanmoins, à l’issue de cette bataille, le régime des talibans avait définitivement cessé d’exister.

Section 3 : Les enseignements de la lutte contre le régime taliban

1. Le Command and Control a. Besoin en imagerie pour le Command and Control Durant les combats en montagne, une des difficultés majeures réside dans la conduite de la bataille. Souvent, les unités de combat sont très dispersées, et les communications entre elles sont rendues difficiles à cause du relief. La technologie permet aujourd’hui une visualisation du champ de bataille, et ce en temps réel. Cette visualisation est rendue possible à partir de différents vecteurs, qu’il s’agisse de satellite, d’avion, ou de « drone » (Unmanned Aerial Vehicule -UAV) ou de n’importe quel autre vecteur capable de transporter une caméra. Cette imagerie permet au commandement, depuis son échelon le plus élevé, d’intervenir directement, le cas échéant en contact direct avec l’échelon en exécution. Elle permet aussi de déléguer ou de garder la responsabilité de l’engagement de l’objectif par une autorité située à des milliers de kilomètres du champ de bataille. Cette autorité peut ainsi visualiser en temps réel la globalité ou une partie du champ de bataille, et garder si nécessaire, le contrôle sur l’engagement effectif à son niveau. Cela s’avère d’autant plus nécessaire suivant l’importance et la sensibilité des objectifs à engager. b. Les besoins en bande passante L’environnement de l’Afghanistan, le contexte de la guerre et le type d’ennemi face à la coalition ont dicté le concept des opérations. Ce concept n’était possible qu’au moyen d’une forte capacité de commandement et de contrôle, basée sur des moyens de transmission performants. Or, ces échanges d’informations s’appuient encore aujourd’hui sur des supports électromagnétiques classiques. Enduring Freedom a mis en évidence le fait que la densité des communications ne cesse de s’accroître, que ce soit au sein des armes, au sein des composantes et entre composantes, ainsi qu’entre le théâtre d’opération et les grands états-majors sur le territoire national,. Il en résulte une saturation des bandes passantes militaires. Il devient donc urgent de trouver de nouvelles solutions techniques (fiables et sécurisées) qui permettent la mise en œuvre des différents systèmes d’arme. Ce besoin en bande passante concerne aussi bien la transmission de données sur support informatique, que les moyens de transmission radio classiques et satellitaires26.

2. L’acquisition du renseignement a. La concentration des efforts de tous les organes de recherche Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la détermination américaine de traquer et de trouver les responsables des attentats est très forte. Il en résulte ainsi une ferme volonté de coopération entre tous les organes nationaux de recherche du renseignement27. Par exemple, la CIA collabore pleinement et travaille de concert avec le commandement

26 CORDESMAN A.H, “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, 171 p., http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf, Nov 2005, p. 93 27 Maj EMG MONNERAT L., « L'opération "Enduring Freedom" en Afghanistan est une victoire de la pensée non conventionnelle », dans Check Point, 12 octobre 2002, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0033-AfghanistanEnduringFreedom.html, novembre 2005

Page 14: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 10 / 23 -

militaire. Cette collaboration se matérialise ainsi sur le terrain jusque dans la constitution des équipes de Forces Spéciales en liaison avec les troupes de l’Alliance du Nord. La planification et la conduite des opérations étaient basées sur des informations disponibles avant le début des hostilités, recoupées par celles apportées par l’Alliance du Nord, mais également par l’observation directe via l’imagerie satellitaire, les reconnaissances aériennes, l’utilisation de drones, ou encore la mise en œuvre de Special Forces. Or, certains renseignements étaient également obtenus auprès de la population contre paiement. Comme on peut le deviner, cette manière d’acquérir de l’information peut produire de très bons résultats, mais peut également conduire à certains travers. Tout le problème résidait dans la fiabilité des informations et surtout des informateurs, la population, même favorable à l’action de la coalition, étant d’abord préoccupée par ses propres moyens de subsistance. b. Le cycle IPB (Intelligence Preparation of the battlefield).

(1) L’étude du terrain L’Afghanistan est un pays pauvre, dont une large partie du territoire est inhabitée en raison du relief et de l’altitude. Pour cette raison, il n’existait que peu de cartes géographiques précises et à jour. De nombreuses cartes établies par les militaires russes durant l’occupation soviétique étaient disponibles. Mais elles n’existaient pas en quantité suffisante et leur qualité laissait à désirer. Il a donc fallu utiliser toutes les ressources disponibles pour l’établissement de cartes précises, nécessaires à la conduite des opérations terrestres comme aériennes. Les moyens militaires à la disposition des services cartographiques pour ce faire n’étant pas suffisant, des contrats avec des firmes civiles ont donc été établis afin de répondre aux besoins urgents en la matière28. La particularité de l’environnement montagneux était telle que des cartes actualisées devaient être établies suivant les saisons, avant d’être reproduites. Le principal défi était de répondre à la demande, en temps voulu, avec un produit de qualité, à savoir avec des cartes précises. Or, malgré le haut degré de technologie des moyens mis en œuvre pour l’établissement de ces cartes, des écarts d’environ 400 mètres restaient encore possible entre la représentation sur carte et la réalité du terrain, erreur due principalement à la nature du relief. Le Command and Control des unités engagées dans le milieu tellement difficile de l’Afghanistan aura été facilité par les supports-cartes digitalisés29. Les développements récents de la cartographie ne s’arrêtent pas à la production de cartes sur support papier. Des services cartographiques peuvent aujourd’hui alimenter un système informatique dans le but de créer une image topographique avec la situation des unités sur le terrain. Il s’agit du Combat Terrain Information System (CTIS) 30. Ce système permet aux commandants de disposer, en une seule image intégrée, des informations relatives au positionnement de ses unités et des unités ennemies, sur une carte digitale qui reprend en arrière-plan l’image réelle du terrain, tenant compte également des données relatives à la météo. (2) L’analyse des possibilités de l’ennemi L’organisation des troupes du régime taliban était très peu développée. Les actions des talibans étaient peu coordonnées, et s’apparentaient nettement à des procédés de guérillas. Il s’agissait plus pour les Talibans de s’opposer aux mouvements et aux actions de l’Alliance du Nord, de rester à l’abri des frappes aériennes, plutôt que de procéder à une

28 Maj EMG MONNERAT L., « L'opération "Enduring Freedom" en Afghanistan est une victoire de la pensée non conventionnelle », dans Check Point, 12 octobre 2002, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0033-AfghanistanEnduringFreedom.html, novembre 2005. 29 Lieutenant-colonel James E. HARRIS, US Army, « Combattre en digital ou analogique », dans Military Review, décembre 1999, http://www.checkpoint-online.ch/ , partie doctrine, décembre 2005 30 BAUMANN J., „The virtual battlefield“ dans Directions Magazine, juin 2003, http://www.directionsmag.com/article.php?article_id=338 , janvier 2005

Page 15: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 11 / 23 -

manœuvre bien définie. A cet effet, ils occupaient des positions défensives, soit en montagne, soit dans les principaux centres urbains,. Leurs possibilités d’action étaient très limitées, car au contraire de la plupart des mouvements de guérillas existant de par le monde, ils ne disposaient pas de l’indispensable soutien de la population pour pouvoir se fondre dans la nature et « durer ». Pour ces raisons, les actions conduites par les Talibans se sont limitées à l’occupation de positions défensives « fortes » en montagne, et à certaines actions de type raids, embuscades, … Force est également de constater que les engagements en milieu urbain, qui étaient tellement redoutés au début du conflit, ne se sont pas produits, ou en tout cas dans des proportions très limitées.

3. Le processus « Joint Targetting » Le concept d’opérations retenu par la coalition en raison du contexte du conflit et du milieu environnant impliquait donc une campagne marquée essentiellement par le caractère résolument « joint » (inter forces) et « combined » (multinational) des opérations. Les capacités technologiques mises à la disposition d’une armée moderne telle que celle des Etats-Unis permettent de réduire de manière drastique les délais nécessaires au processus d’acquisition et de traitement des objectifs. Ce processus est caractérisé par les phases suivantes : « find – fix – Track – target – Engage – Assess». Enduring Freedom, en raison du milieu de l’Afghanistan qui permet au défenseur de rapidement trouver un couvert ou un abri après avoir été repéré, a mis en exergue toute l’importance de pouvoir réduire ces délais. Suite à ce conflit, les américains se sont fixés comme objectif, dans le cadre de la transformation de leurs forces armées, d’acquérir les moyens nécessaires pour pouvoir réduire la durée de ce cycle pour les opérations de Close Air Support en moins de dix minutes31. La capacité de pouvoir boucler ce cycle dans des délais proches du temps réel tout au long des opérations conduites par la coalition a sans conteste été une, sinon la clé du succès de cette phase des opérations. Le conflit d’Afghanistan a montré de manière très nette l’importance de la mise en œuvre des moyens d’acquisition de haute technologie, d’armements et de munitions de haute précision. Ainsi, la proportion des armes de haute précision utilisées s’est considérablement accrue en regard d’autres conflits récents (voir tableau comparatif en annexe F). Il est devenu impératif que tous les moyens ISR (Intelligence Surveillance and Reconnaissance), utilisés au sein de la composante terre ou ailleurs, contribuent pleinement à l’élaboration de l’image opérationnelle commune (Common Operationnal Picture : COP) afin d’en obtenir un rendement maximal. Dans le cadre du conflit mené par les forces de la coalition, les Etats-Unis disposaient de la capacité technologique d’intégrer ces données transmises via différents canaux, ou différentes composantes. Cette intégration au niveau « Joint » a permis d’obtenir une COP très précise, laquelle permet d’assigner des missions d’appui feu à des éléments de la composante aérienne dans des délais proche du temps réel. Ces données initiales pouvaient trouver leur origine depuis des organes de recherche divers tels que Forces Spéciales, drones (Predators)32, … L’opération Enduring Freedom a également permis de mettre en lumière certaines difficultés pour opérer de la sorte au niveau « Combined ». En effet, de nombreuses unités de Forces Spéciales venant de différents pays ont participé aux opérations. La mise en œuvre de ces unités a été compliquée du fait de l’incompatibilité de différents systèmes (radios, supports informatiques,…) Mais le besoin en personnel qualifié de ce type au sein des forces de la coalition était tel que les Etats-Unis ont été très heureux de trouver auprès de leurs alliés des Forces spéciales disposant des capacités physiques, indispensables pour

31 CORDESMAN A.H, “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, 171 p., http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf, Nov 2005, p.37 32 Ibid., p. 40

Page 16: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 12 / 23 -

évoluer dans un milieu aussi difficile que celui de l’Afghanistan, et des connaissances techniques suffisantes en matière de « Close Air Support » (Appui aérien rapproché)33.

4. L’appui feu Durant le conflit, l’efficience du Close Air Support a été telle que certains ont osé déclarer que l’appui aérien pourrait vraisemblablement se substituer à l’appui feu conventionnel classiquement réalisé par les unités d’artillerie ou les mortiers. Néanmoins, il est aussi apparu clairement que ce type d’appui a lui aussi ses propres limites. En effet, lorsque l’ennemi est constitué en petites unités, dispersées dans un environnement complexe tel que le milieu montagneux, ou encore dans des conditions météo défavorables, il est parfois plus opportun de privilégier des éléments d’appui feu terrestres (artillerie ou mortier) afin de soutenir plus efficacement les troupes au contact. Le Close Air Support, malgré ses possibilités accrues en raison des avancées technologiques, ne reste qu’une partie de l’ensemble du concept appui feu classique. Ceci reste vrai malgré les difficultés techniques qui pourraient parfois être liées à leur déploiement en milieu montagneux. Les munitions d’artillerie connaissent également une évolution dans le domaine de la précision. Ainsi, le système baptisé « High Mobility Artillery Rocket System » pourra lui aussi dans le futur être connecté à certains organes ISR tels que drones ou autres. Ce système permettra l’emploi de munitions classiques, mais également l’emploi de munitions de haute précision. Ces possibilités techniques risquent donc fort d’ouvrir de nouvelles perspectives aux unités d’artillerie, surtout dans la mesure où la dimension des dommages collatéraux est devenue prépondérante dans le cadre des conflits modernes34.

5. L’emploi des drones sur le champ de bataille Dans un milieu montagneux, le relief génère inévitablement un nombre incalculable d’angles morts, qui ne permettent que difficilement la mise en œuvre de radar de surveillance du champ de bataille, hormis dans des zones ou des vallées ouvertes. Les drones de surveillance et d’acquisition d’objectif ont constitué une alternative formidable à ce problème. La tendance relative à l’emploi de drones s’est ainsi considérablement renforcée. Que ce soit dans le cadre de la recherche d’informations, de l’acquisition ou même de la frappe d’objectifs, l’intérêt de ces moyens est multiple. Leur développement s’accroît d’ailleurs en permanence en raison des possibilités techniques offertes par ces vecteurs (continuité de l’observation, qualité et résolution des images, discrétion, …). Les capacités de ces moyens d’acquisition d’information, de targetting ou de frappe, sont devenues telles que leur utilisation dans le cadre des conflits conduits par des armées modernes en devient incontournable. Ce fait est déjà une réalité, à tel point que, dans le cadre du programme de modernisation du Corps des troupes de Marine des Etats-Unis, il est ainsi prévu de mettre à la disposition de tous les bataillons d’infanterie une unité de drones tels que les Dragon Eyes. Ces drones sont très facilement transportables et sont destinés à la recherche de l’information et à la visualisation des zones d’engagement35. D’autres robots sont également apparus pour la première fois sur le champ de bataille. Des robots baptisés PackBots ont été utilisés pour la fouille d’abris ou de grottes dans les montagnes. Ces robots peuvent être équipés de douze caméras, et de lanceurs de grenades ou d’autres types d’armement. Ils sont chenillés et ont une grande capacité de résistance aux chocs. Ils sont facilement transportables et manipulables à distance. Ils disposent également d’une grande autonomie. Il est clair que le développement de ces moyens sera toujours croissant, car ils permettent l’engagement de moyens létaux sans devoir exposer son propre

33 Maj EMG MONNERAT L., « L'opération "Enduring Freedom" en Afghanistan est une victoire de la pensée non conventionnelle » », dans Check Point, 12 octobre 2002, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0033-AfghanistanEnduringFreedom.html, novembre 2005 34 CORDESMAN A. H., “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf, p. 38, novembre 2005 35 Ibid, p 40-41,novembre 2005

Page 17: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 13 / 23 -

personnel. Dans la perspective d’opérations conduites suivant la politique du « zéro mort » en fin de mission, de telles opportunités ne laissent aucune autorité civile ou militaire indifférente.

6. La manœuvre Durant cette phase du conflit, la plupart des combats a été conduit par les troupes de l’Alliance du Nord, encadrées et renforcées par des unités de Special Forces. Il n’existe que peu (ou pas) de documents relatifs aux pertes encourues par les forces de l’Alliance du Nord. Il en est de même quant aux procédés de combat et à la tactique utilisés de part et d’autre. Il est donc malaisé de vouloir tirer des enseignements en la matière sur base de ces combats. Ce conflit aura particulièrement souligné l’efficacité des Forces Spéciales agissant en coordination avec la composante aérienne36. Si l’efficacité de celles-ci dans un milieu tel que celui de l’Afghanistan n’est plus à démontrer, il faut néanmoins savoir reconnaître leurs limites. Ainsi, lorsque les dernières forces véritablement constituées du régime taliban se sont regroupées dans la vallée de Tora Bora, les unités de Forces Spéciales ne disposaient pas des effectifs suffisants pour pouvoir couvrir l’ensemble des itinéraires de repli de l’ennemi dans les montagnes. Beaucoup regrettent dès lors d’avoir sans doute laisser passer la meilleure opportunité d’éliminer ou de capturer la majorité des forces ennemies, ainsi que leurs dirigeants37.

Section 4 : Les valeurs confirmées

1. Le mouvement au sol et les limitations au mouvement en hélicoptère Dans un environnement aussi éprouvant que celui de l’Afghanistan, la mobilité des unités reste souvent un défi. La pauvreté et le piteux état du réseau routier, en plus du relief, ont pour conséquence de sérieuses restrictions de liberté de mouvement, spécialement en hiver. Ces restrictions ne facilitent certainement pas la manœuvre, et encore moins l’appui logistique. Lorsque les conditions météorologiques sont favorables, l’appui des hélicoptères constitue une excellente alternative si ces moyens sont disponibles en quantité suffisante. Néanmoins, la haute altitude impose des limitations techniques à leur emploi. Ainsi, même pour les appareils les plus performants tels que les Apaches, il était très difficile de voler en stationnaire et de garder une visée constante pour l’engagement d’objectifs dans ces conditions38. Le mouvement par la route reste bien entendu possible. Mais la difficulté du terrain et l’étroitesse des sentiers ont constitué des obstacles tels, que les Forces Spéciales ont régulièrement dû renoncer à l’emploi de leurs véhicules organiques, constitués pour l’essentiel de jeeps multi rôles de type Hummer. Très souvent, ces unités ont dû recourir à la location d’autres véhicules plus légers (jeeps), plus étroits et mieux adaptées aux difficultés du terrain.

2. L’appui génie a. Appui à la mobilité

Comme nous l’avons vu, les voies de communication du pays sont plutôt rares et en mauvais état. Il est donc important de disposer des moyens nécessaires au maintien en état ou à la réouverture de ces lignes de communication, notamment durant l’hiver.

36 Maj EMG MONNERAT L., « L'opération "Enduring Freedom" en Afghanistan est une victoire de la pensée non conventionnelle » », dans Check Point, 12 octobre 2002, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0033-AfghanistanEnduringFreedom.html, novembre 2005 37 CORDESMAN A. H., “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, 171 p. http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf , p. 101, Nov 2005 38 France, Ministère de la Défense, Commandement de la Doctrine et de l’Enseignement Militaire Supérieur de l’Armée de Terre, Objectif Doctrine n° 38, « L’engagement en terrain montagneux et enneigé », 2003, 61 p, http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/publications/Objdoc/Numeros/numeros_entiers/objdoc_38.pdf , octobre 2005

Page 18: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 14 / 23 -

Etant donné la pauvreté du réseau routier, l’activation des installations aériennes (pistes et autres infrastructures) doit être assurée le plus rapidement possible. Ces installations doivent au plus vite être certifiées libres de mines et d’engins non explosés (Unexploded Object - UXO) afin de les rendre utilisables dans les meilleurs délais. Cela est d’autant plus vrai que la phase la plus critique est celle du déploiement. Les pistes doivent être utilisables par les transporteurs tactiques (C-130), mais également, au plus tôt, par de plus gros porteurs (C-17). Pour ce faire, des éléments génies doivent être déployés en suffisance avec les premières unités sur la zone des opérations, avec les moyens nécessaires (démineurs, engins de chantiers, …)39

b. Mines et environnement Les emplacements prévus pour l’installation des cantonnements, comme les lignes de communication, devaient également être certifiés libres de mines et UXO. Les sites retenus pour les cantonnements devaient être également dépollués de produits toxiques tels que acides, amiante, déchets radio-actifs, hydrocarbures, … L’enlèvement de pareils déchets incombait également aux troupes du génie40.

c. Force Protection Très rapidement, les possibilités d’action de grande envergure des Talibans ont été réduites de manière drastique. Les attentats devenaient ainsi un des risques majeurs pour les forces de la coalition. Pour se préserver au mieux de ce risque, il a donc été indispensable d’établir un dispositif solide afin d’assurer la protection des troupes dans leurs cantonnements. Cette protection ne pû être assurée qu’au prix de travaux de campagne ou d’infrastructure durable. Lors du choix des sites, il a fallu tenir compte du relief environnant, des possibilités de protection contre les tirs directs, et d’établissement de postes d’observation qui ne soit pas dominés par les crêtes avoisinantes. Or, ces travaux devaient être effectués dans des délais les plus courts possibles avec du matériel acheminé par air tant que les lignes de communication terrestres n’étaient pas établies et sécurisées.

d. La cartographie C’est également le corps du génie qui est en charge de l’établissement des cartes. Le service responsable de cette production est dénommé le Topography Engeneer Center (TEC). Le matériel de production est sensible et délicat, et fait appel à l’imagerie satellitaire. Il a fallu dès lors user de mille précautions pour préserver ce matériel en état de fonctionnement. Cela semble avoir été un défi étant donné le taux de poussière ambiant, très élevé en Afghanistan41.

39 Lieutenant Commander F. A. MUCKE, “Operation enduring freedom from the military engineer perspective”, dans Engineer: The Professional Bulletin for Army Engineers, juillet 2002, http://www.findarticles.com/p/articles/mi_m0FDF/is_2002_July/ai_93208409 , décembre 2005 40 CHARTIER R., “Environmental Issues Associated With Operation Enduring Freedom” in “Engeneer” décembre 2003, http://www.wood.army.mil/ENGRMAG/PDFs%20for%20Oct-Dec%2003/Chartier.pdf , novembre 2005 41 Chief Warrant Officer 3 KASTEN D., “Operation Enduring Freedom: A Waypoint Toward Geospatial Engineering Transformation”,dans Engenee n° 29, juin 2003, http://www.wood.army.mil/ENGRMAG/PDFs%20for%20Apr-Jun%2003/Kastenprint.pdf, novembre 2005

Page 19: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 15 / 23 -

Chapitre III : L’opération Anaconda

Section 1 : Objectif et déroulement de l’opération Anaconda

L’objectif de cette opération était de réduire une concentration de combattants de al Qaeda et de Talibans. Ceux-ci s’étaient repliés située dans la vallée de Shah-e-Kot, au sud de la ville de Gardez, dans le sud-est du pays42. L’opération débuta le 1 mars 2002, et la majorité des combats se sont déroulés à plus de 3000 métres d’altitude. Dans un environnement difficile et sous un climat très rude, la montagne y était favorable au défenseur, et offrait de nombreuse possibilités de refuges, de caches et de galeries profondes. Avant tout, il fallait éviter de reproduire l’erreur commise durant la bataille de Tora Bora, et donc prendre les mesures pour empêcher l’ennemi de s’échapper. L’opération Anaconda fut menée à cette fin de manière conjointe par des forces de l’Alliance du Nord, rebaptisée depuis lors en Afghan National Army (ANA), et par des effectifs conséquents de la coalition. D’une manière très brève, l’idée de manœuvre était la suivante: avec les forces de l’ANA, attaquer les troupes de al Qaeda et les obliger à se replier dans la vallée où une position défensive forte devait être installée par les forces de la coalition. Une fois l’ennemi pris entre les deux forces alliées, le forcer à se rendre ou le détruire complètement. L’effort principal de cette attaque devait être placé sur la force d’attaque de l’ANA. L’opération Anaconda fut la plus grande action de la coalition durant Enduring Freedom de par son envergure et les effectifs engagés: plus de 1500 soldats US issus de différentes unités (10th Mountain Division, 101st Airborne Division, 75th Ranger Regiment, 160th Special Operation Aviation Regiment et Special Operation Forces), renforcés par environ 200 soldats alliés de la coalition (Australie, Canada, Danemark, France, Allemagne, et Norvège)43. Environ 1000 soldats afghans issus de l’ANA, constituaient la deuxième entité participant aux opérations. Des Forces Spéciales poursuivaient leur encadrement, toujours dans le but de renforcer l’action de l’ANA grâce à l’appui aérien et de coordonner sa manœuvre avec celle de la coalition. Les unités de combat de la coalition ont toutes été aérotransportés sur le champ de bataille. Très rapidement après le début de l’offensive de l’ANA, malgré les appuis feux de la coalition, cette attaque devait ralentir, puis pratiquement piétiner. Du côté de la coalition, dix minutes après que les premiers éléments aient été déposés au sol, le plan bascule44. Les premiers éléments de la coalition furent débarqués sur un terrain si défavorable et tellement soumis aux tirs ennemis qu’il a fallu les extraire. En effet, dès que les premières forces US débarquent des hélicoptères, elles sont très violemment prises à partie par un ennemi bien supérieur en nombre à celui qui était attendu. Les effectifs de l’ennemi avaient été estimés à environ 150 combattants, mais leur nombre était en réalité de 1000 à 1500. La valeur des combattants de al Qaeda avait également été sous-estimée. L’ennemi avait appris les leçons des combats précédents, et n’était plus aussi naïf qu’auparavant. En réalité, la majorité des combattants ennemis durant l’opération Anaconda n’étaient plus les guerriers d’al Qaeda ou les Talibans rencontrés lors des premières heures du conflit, mais plutôt des combattants arrivant de Tchétchénie, d’ex-Yougoslavie,… , et donc plutôt aguerris45. Ces combattants avaient appris à faire feu et aussitôt se soustraire à la riposte de l’aviation. Ils savaient également comment engager les hélicoptères de combat.

42 “Operation Anaconda: a day by day guide to the first week of fighting” dans The Time, 10 mars 2002, http://www.time.com/time/covers/1101020318/popup/index.html , décembre 2005 43 “Operation Enduring Freedom – Operations” dans Global Security, juillet 2005, http://www.globalsecurity.org/military/ops/enduring-freedom.htm, décembre 2005 44 BAY A., “A Full Report on Operation Anaconda -. A Complete After Action Interview with COL Weircinski”, 27 juin 2002, http://www.strategypage.com/onpoint/articles/20020627.asp#top , décembre 2005 45 CORDESMAN A. H., “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, 171 p. , http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf, p. 101, novembre 2005

Page 20: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 16 / 23 -

Les Américains devaient donc complètement modifier leur plan d’action, basculer leur effort principal et renforcer leurs effectifs d’environ 400 soldats supplémentaires pour venir à bout de cette résistance. Au terme de dix jours de combats soutenus de part et d’autre, les Talibans et autres combattants de al Qaeda sont écrasés. On estime le nombre d’ennemis tués à plusieurs centaines. Au vu de ces pertes infligées et des pertes de la coalition (huit soldats tués), la victoire de celle-ci est incontestable. L’opération Anaconda a été, et est toujours, qualifiée de réel succès par les alliés. Cela est sans doute vrai également dans la mesure où al Qaeda et les Talibans n’ont plus jamais conduit par la suite d’autres véritable opérations, d’envergure réellement significative. Suite à cette opération majeure, d’autres actions ont été planifiées et exécutées afin de réduire les dernières poches de résistance. Cependant les résultats n’ont plus jamais été comparables. L’ennemi ne se déplaçait qu’en groupe de cinq à six individus, et ne conduisait plus que de petites actions de très faible envergure de type harcèlement. Ces actions s’apparentaient beaucoup plus à des actions terroristes plutôt qu’à tout autre procédé de combat. La coalition avait donc ensuite pour objectif la stabilisation et la sécurisation du pays, action toujours en cours actuellement. Néanmoins, des opérations de recherche, de neutralisation et/ou de fouille d’objectifs conduisent encore et toujours à des combats d’envergure limitée. La plupart se déroulent surtout dans la région sud du pays, proche de la frontière avec le Pakistan.

Section 2 : Les enseignements de l’opération Anaconda

1. Le Command & Control a. Les rigueurs et les particularités du combat en montagne sont telles que l’opération a

confirmé toute l’importance de la place du commandement tactique. Ce commandement était suffisamment proche de la ligne des combats afin de vraiment saisir leur intensité, de jauger le potentiel des unités et des efforts physiques à fournir suivant l’altitude et la météo. Cette perception de la réalité n’est pas possible depuis les QG installés trop loin de la ligne de combat malgré les prouesses technologiques qui permettent la visualisation du champ de bataille. L’écart de perception entre l’échelon de commandement et les grands QG aurait ainsi conduit à des demandes incessantes de point de situation auxquelles les commandants tactiques devaient répondre46. Or, les deux premiers jours de cette opération ont nécessité toute la flexibilité et l’esprit d’initiative de la hiérarchie, surtout en raison de la grave méprise relative aux possibilités de l’ennemi.

b. Le relief a été, une nouvelle fois, un obstacle à surmonter en ce qui concerne les liaisons radio, qu’il s’agisse des ondes FM ou autres. L’armée US est actuellement à la recherche de nouvelles solutions ou de nouveaux systèmes radio plus performants capables de surmonter cette limitation technique. Malgré la modernité des moyens mis en œuvre, en raison du terrain très fermé et très compartimenté, les niveaux de coordination les plus élevés devinrent fréquemment ceux des échelons peloton ou compagnie, niveaux auxquels les commandants devaient bénéficier d’un maximum d’autonomie. Comme toujours dans pareille situation, dans un terrain fermé et compartimenté, le combat reste conduit de manière décentralisée.

c. Néanmoins, pour pouvoir assurer en permanence la coordination entre les troupes au sol et les différents appuis aériens (hélicoptères ou avions), il fallait absolument garder une liaison entre troupes au sol, QG à Baghram et ces appuis aériens. Cela fut garanti par des moyens de liaison satellite de type TACSAT (Tactical Satellite) qui reliaient ces différentes entités, ou éléments.

46 CORDESMAN A.H, “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, 171p., http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf, novembre 06, p40

Page 21: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 17 / 23 -

2. Une planification basée sur une mauvaise évaluation de l’ennemi a. La planification de l’opération a débuté longtemps avant le début effectif de celle-ci.

Ceci afin d’étudier toutes les possibilités, de synchroniser, et d’effectuer le « wargaming » de chacune des manœuvres possibles47. Ces différentes possibilités d’action étaient basées sur des informations relatives à l’ennemi, rapportées par différents moyens ISR (Intelligence Surveillance & Reconnaissance). Ces différents moyens ont notamment permis de détecter et de localiser très précisément une partie de l’ennemi. Malheureusement, Les systèmes ISR étaient constitués et « limités » à des moyens techniques de détection tels que drones, imagerie satellite ou photo aérienne. Bien que très performants, ils ne pouvaient rapporter que des données brutes auxquelles il manquait un autre élément indispensable au renseignement, à savoir le renseignement humain (HUMINT). Ainsi, ces supports techniques n’ont pas permis de relever certains détails d’importance, tels que des positions de tirs mortier préparées, des emplacements pour les trépieds mortiers coulés dans du béton, des champs de tir mitrailleuse préparés,…bien que cela soit techniquement réalisable. D’autre part, malgré leur haut degré de performance, ces moyens d’observation ne permettent pas de visualiser ou de reconnaître le contenu des complexes de galeries dans les montagnes sans y introduire un moyen quelconque. Pour ces raisons, ils nécessitent une orientation pointue de l’effort de recherche.

b. De même, on s’attendait à ce que l’ennemi, comme d’habitude, cesse très vite les combats et gagne quelques positions dans la profondeur, frappe une nouvelle fois pour ensuite se disperser dans la nature et disparaître. Il semble qu’on ait quelque peu oublié les leçons du passé. Les forces soviétiques avaient déjà conduit deux opérations de grande envergure contre la résistance afghane dans la même zone, et celles-ci s‘étaient toutes deux soldées par un échec. En réalité, les positions de combat occupées par l’ennemi étaient des positions reconnues et préparées de longue date. Elles avaient été améliorées dans la perspective d’un combat contre les forces de la coalition, en tenant compte de leur supériorité aérienne.

3. La manœuvre et le mouvement a. De nouveau, il n’existe que peu de publications relatives à la manœuvre et aux procédés

appliqués durant cette bataille. Mais il est clair que le plan de l’opération Anaconda a donc du être modifié très rapidement après les premiers contacts avec l’ennemi. Il semble bien que les commandants américains aient très vite réalisé l’ampleur du problème, et soient parvenus à adapter le plan initial dans des délais très courts. Ainsi, ils n’ont pas hésité à extraire les premiers éléments tombés au contact de l’ennemi, et qui étaient dans une situation délicate, plutôt que de vouloir maintenir coûte que coûte le plan initial. Cette adaptation du plan a pu être réalisée grâce la grande souplesse offerte par les unités d’hélicoptères de transport et aux appuis feux, tant organiques qu’inter forces. Sans cet appui des hélicoptères, la coalition n’aurait jamais pu, dans un environnement tellement difficile, renverser aussi vite la situation.

b. Les forces de la coalition disposaient d’une capacité de combat de nuit bien supérieure à celle de leurs ennemis. Ainsi, les alliés privilégiaient les mouvements de nuit afin de surprendre l’ennemi au lever du soleil, voire même de l’attaquer.

c. Le combat en montagne, en raison de la nature même du terrain, des possibilités d’appui, des liaisons, des distances, devient très souvent décentralisé. Anaconda n’a pas fait exception à cette caractéristique, et il semble bien que très souvent, l’échelon le plus bas auquel le combat a pu être décentralisé au sein de la coalition ait été le peloton.

47 MAC ELROY R. H., « Fire support for operation Anaconda – interview of Maj Gen F. Hagenbeck, Commanding General of the 10th Mountain Division”, in Field Artillery, septembre 2002, http://sill-www.army.mil/famag/Go_to_War_Primer/OpAnaconda.pdf , décembre 2005

Page 22: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 18 / 23 -

4. L’appui feu a. Il n’existait pas de batterie d’artillerie sur le théâtre afghan au moment de l’opération.

Pour des raisons techniques, de courbe balistique des projectiles difficilement compatible dans un environnement montagneux, de volume et de poids à transporter, la solution de l’appui mortier pour fournir l’essentiel de l’appui feu, était sans aucun doute préférable à l’artillerie. L’appui feu organique était donc fourni par des mortiers de calibre 60, 81 et 120 mm. Les mortiers de calibre 60 mm étaient sous contrôle des commandants de compagnie, tandis que les échelons bataillon conservaient le contrôle de toutes leurs pièces de 81 mm et de deux autres de 120 mm. Le reste des mortiers 120 mm étaient centralisés au niveau de la Task Force, en appui général de la manœuvre48.

b. Le « close air support » (CAS) était essentiellement fourni par les hélicoptères de combat Apaches, les avions d’appui au combat terrestre de type A-10 et les AC-130 « Gunships », version du C-130 d’appui au combat terrestre. Néanmoins, les commandants tactiques ont gardé une préférence pour l’appui feu organique. L’appui aérien pouvait se voir limité par les conditions météo ou par la nuit trop sombre en montagne à cette période de l’année (même avec NVG -Night Vision Goggles), tandis que l’appui feu organique offrait plus de disponibilité et de souplesse49.

c. L’ennemi avait appris à réagir à l’approche d’avions ou d’hélicoptères. Pour les déloger des galeries où ils se réfugiaient, il aurait fallu des munitions de type JDAM (Joint Direct Attack Munition), munitions de précision à grand effet de pénétration et de destruction d’objectifs enterrés. Mais ces munitions sont coûteuses et n’existaient qu’en quantité limitée. L’appui aérien ne constituait donc pas un appui efficace en toutes circonstances. Pour ces raisons, il a été utilisé pour l’attaque de cibles à caractère fixe ou statique, tandis que l’appui organique restait préféré pour l’appui au combat des troupes en mouvements.

d. La nature même du combat décentralisé a imposé aux unités de disposer du nombre nécessaire d’observateurs avancés (Aie, Mor ou CAS) formés et entraînés. Durant l’opération, chaque tir d’appui mortier a été effectué sur des objectifs ennemis repérés sous contrôle d’observateur avancé. Cela s’explique par la volonté des commandants d’éviter au maximum les dommages inutiles et une surconsommation de munitions. Celles-ci devaient en effet être acheminées par voie aérienne, mais il semble bien qu’aucune unité ne soit jamais tombée à court de munition. Par contre, le nombre d’observateurs d’appui aérien (Forward Air Controler – FAC) formés n’était pas suffisant. L’idéal aurait ainsi nécessité un FAC par peloton, ce qui dépassait le potentiel des unités. Pour faire face à tous les besoins générés par un environnement aussi hostile, la formation de personnel qualifié FAC doit donc devenir ou rester une priorité. De plus, le maintien des connaissances en fonction de l’évolution de la technologie doit être garanti. Cette formation ou entraînement doit impérativement s’inscrire dans un cadre « Joint », mais aussi « Combined » (multinational).

e. Du matériel de détection de tir de contrebatterie (radar de détection de type Firefindar Q-36) était prêt à être acheminé sur la zone d’opération, mais il semble que cela ne fut jamais fait en raison du manque de place disponible à bord des hélicoptères de transport, et du peu de tir d’artillerie ennemi.

48 Lieutenant Colonel BENTLEY C., « Afghanistan Joint and Coalition Fire Support in Operation Anaconda » in Field Artillery, septembre 2002, http://sill-www.army.mil/famag/Go_to_War_Primer/OpAnaconda1.pdf , janvier 2005 49 MAC ELROY R. H., « Fire support for operation Anaconda – interview of Maj Gen F. Hagenbeck, Commanding General of the 10th Mountain Division”, in Field Artillery, septembre 2002, http://sill-www.army.mil/famag/Go_to_War_Primer/OpAnaconda.pdf , décembre 2005

Page 23: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 19 / 23 -

5. L’appui génie a. Initialement, les unités du génie étaient prévues pour effectuer des missions classiques.

Dans le cadre de l’appui à la mobilité, il s’agissait essentiellement de réaliser des brèches dans des champs de mines. D’autre part, l’appui à la contre mobilité était planifiée via la pose d’obstacles sur certains itinéraires. Ces obstacles avaient pour but de renforcer les positions défensives prévues ou d’interdire certains accès. Très vite, il est apparu que le plan initial ne pourrait être suivi. Ainsi, les troupes du génie ont surtout contribué à l’appui à la mobilité, la reconnaissance des abris et autres galeries de l’ennemi (mines, piégeages et détection NBC), pour ensuite procéder à leur destruction systématique à l’aide d’explosifs.

b. L’appui génie était organisé de manière classique. Il était ainsi articulé avec des éléments de la force de un peloton de génie de combat par bataillon, réparti au pro rata d’une section de génie par compagnie. Mais, comme déjà souligné dans un paragraphe précédent, le combat était très décentralisé. Les délais nécessaires au passage d’une unité à appuyer à l’autre étaient tels que les unités du génie étaient parfois même scindées au pro rata d’une équipe de sapeurs par peloton. Ceci en raison des déplacements qui devaient être effectué à pied avec l’équipement au complet. Le transport du matériel devait donc aussi être réalisé à dos d’homme (à l’exception de l’un ou l’autre véhicule de type « Hummer », mais aux possibilités également limitées). L’explosif de type C4, un explosif très puissant, était aussi transporté de la sorte. Ces contraintes expliquent également pourquoi il fallait absolument réduire au maximum les déplacements entre unités50.

6. L’appui logistique Toutes les unités ayant participé à l’opération ont été aérotransportées. Cela signifie qu’après avoir été déposées au sol, celles-ci disposaient d’une autonomie relativement limitée. L’appui logistique revêtait donc toute son importance. Le balai des hélicoptères a été essentiellement organisé sur base de 24 hélicoptères de type CH 47 « Chinook ». Ce type de machine était le moyen préféré pour le transport en raison des charges utiles à transporter et des limitations techniques imposées par l’altitude. Ainsi, des hélicoptères de type CH 57 « Blackhawk », pourtant présents dans le théâtre afghan, ont été peu utilisés durant l’opération en raison de leur faible capacité de transport à ces altitudes. Mais il semble bien que l’appui logistique et les évacuations médicales n’aient souffert d’aucune rupture51. Il est important de souligner que l’ennemi ne disposait pas (ou plus) de véritable défense anti-aérienne. Malgré le peu de moyens dont il disposait, les dégâts infligés aux hélicoptères de transport furent relativement importants. Les lacunes de l’analyse des possibilités de l’ennemi auraient put conduire à des drames et des pertes nettement plus importantes que celles que connurent les forces de la coalition. Au total, les forces de la coalition n’eurent à déplorer la perte « que » de huits tués durant cette opération Anaconda, dont cinq lors de la perte de deux hélicoptères de transport52. Le concept d’appui logistique pour une opération d’une pareille envergure doit impérativement répondre à ce qu’on appelle une logistique de l’ «avant». En raison du milieu, du peu de voies de communication et de moyens de transport, les unités en ligne

50 Capt DACUNTO J. et Capt ARNOLD B., “Light Engineer Lessons Learned in the Contemporary Operational Environment” dans Engeneer, mars 2003, http://www.wood.army.mil/ENGRMAG/PDFs%20for%20Jan-Mar%2003/Dacunto.pdf , décembre 2005 51 BAY A., “A Full Report on Operation Anaconda -- America's First Battle of the 21st Century. A Complete After Action Interview with COL Weircinski”, 27 juin 2002, http://www.strategypage.com/onpoint/articles/20020627.asp#top , novembre 2005 52 Maj EMG MONNERAT L., « Les hélicoptères de combat US ont brillé durant l'opération Anaconda », dans Check Point, mars 2003, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Direct/Dir0019-ApacheOperationAnaconda.html , décembre 2005

Page 24: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 20 / 23 -

doivent disposer d’un maximum d’autonomie. Il est impératif de pousser vers l’avant les moyens logistiques jusqu’au premier client, ce qui signifie dans le cadre d’un combat aussi décentralisé, jusqu’au niveau des pelotons. Cette tâche doit être coordonnées par les unités logistiques elles-mêmes, les unités en ligne n’ayant pas les capacités de se réapprovisionner ou de conduire des évacuations (d’ordre matériel ou médicale) avec leurs propres moyens.

Section 3 : Autres enseignements

1. Le leadership A l’instar de l’opération Anaconda, toutes les missions conduites en milieu montagneux impliquent nécessairement une grande autonomie des différents commandants. Que ce soit durant des opérations de guerre ou durant des missions de sécurisation (défense en surface, maintien de la paix ou autres), les distances à parcourir et les liaisons radio difficiles impliquent que le commandant tactique doit pouvoir faire preuve d’esprit d’initiative, d’autonomie et de leadership. Il est très fréquent que des missions soient conduites au niveau section, qu’il s’agisse de patrouilles ou d’autres procédés. Le commandant désigné, qu’il soit jeune officier ou sous-officier, doit pouvoir réagir à son niveau, car il est le seul à pouvoir prendre les premières mesures pour assurer la sécurité, voir la survie de son unité en cas d’incident majeur. L’entraînement en milieu montagneux reste le meilleur moyen pour préparer de jeunes cadres à être confrontés à de telles situation, et un tel apprentissage du leadership restera valable pour toute autre situation.

2. L’emploi des chars en milieu montagneux Les forces de la coalition n’ont jamais utilisé de chars lourds dans leur lutte contre les Talibans ou al Qaeda. Par contre, les soviétiques en avait fait un usage intensif sans que cela ait changé l’issue de leur guerre en Afghanistan. Néanmoins, il serait hasardeux de vouloir tirer des conclusions sur base de ces combats conduits durant Enduring Freedom. En effet, s’il est clair que l’arme blindée trouve peu de terrains de prédilection dans un pays montagneux, et que son déplacement est très difficile en de très nombreux endroits du pays, il existe toujours des compartiments plus ouverts dans les vallées qui sont plus facilement tenus sous le feu d’une unité char que d’une unité d’infanterie. Si les forces de la coalition n’ont pas eu recours à l’emploi des chars lors de ses combats, c’est surtout en raison des difficultés à acheminer du matériel aussi lourd sur le théâtre des opérations. De plus, l’ennemi disposait de peu de chars. Ceux-ci étaient des modèles anciens, aisément réduits au silence par d’autres moyens.

3. Les opérations psychologiques (PsyOps) et la coopération civilo-militaire (CIMIC) Il était impératif que la population afghane ne perçoive pas la coalition comme une forme d’envahisseurs. Au contraire, elle devait être perçue comme une force amie qui venait prêter main forte à l’Alliance du Nord pour se débarrasser du régime des Talibans. Pour ce faire, il fallait d’une part débuter par une campagne d’information et par des opérations psychologiques (Psy Ops). Durant la première phase du conflit, cette campagne a été effectuée avec des moyens de la composante aérienne, en charge de larguer des tracts et autres feuilles d’information afin de sensibiliser la population aux objectifs de la coalition. De même, la campagne CIMIC a débuté sous une forme analogue. En effet, en même temps que les premières frappes aériennes, des largages de rations de nourriture ont été organisés à l’attention de la population civile.

Page 25: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 21 / 23 -

Chapitre IV : Recommandations

1. Les engagements « joint » et « combined » Enduring Freedom est une opération particulièrement remarquable en raison des caractères « joint » et « combined » des combats. Le concept opérationnel retenu par les dirigeants de la coalition en raison notamment du milieu et des circonstances de la guerre, explique ces caractéristiques dominantes. Cette opération a souligné l’importance pour les composantes terrestres de poursuivre l’acquisition de supports techniques destinés au command and control intégrables ou compatibles au sein de coalitions futures ou d’organisations multinationales telles que l’OTAN, l’EUROCORPS, … Etant donné l’évolution constante des moyens de contrôle (observation en temps réel du déroulement des opérations, …), les procédures relatives à l’emploi de ces moyens doivent être uniformisées et surtout entraînées lors d’exercice qui soient eux-mêmes « joint » et « combined ».

2. Le renseignement L’opération Anaconda aura démontré combien la qualité du renseignement reste primordiale. La montagne permet très facilement à un ennemi de camoufler ses moyens ainsi que ses intentions La technologie permet aujourd’hui l’acquisition d’informations très précises dans des délais très courts. Mais cette technologie élevée reste un moyen complémentaire du HUMINT. Les moyens dédiés au HUMINT doivent être maintenus prioritairement car cet élément reste essentiel pour orienter les efforts de recherche.

3. L’appui feu Le Close Air Support (CAS) a été déterminant durant toute l’opération Enduring Freedom, en raison de l’efficacité et de la précision des munitions, mais aussi de la disponibilité des moyens aériens (hélicoptères ou avions). Or, le milieu de la montagne impose très souvent la conduite des opérations de manière décentralisée. Il est donc impératif de disposer d’équipe Forward Air Control (FAC) en grand nombre de manière à pouvoir fournir les appuis aériens à chacune des unités décentralisées. Le CAS reste néanmoins grandement dépendant des conditions météo, mais aussi de l’altitude. Pour cette raison, il ne se substituera jamais complètement aux appuis artillerie ou mortier. C’est pourquoi il importe de poursuivre le développement et l’acquisition des futurs munitions de précision pour l’artillerie et les mortiers, afin de garantir autant que possible une continuité de l’appui feu, suivant les mêmes capacités de précision, indépendemment du système d’arme utilisé.

4. L’appui génie Les conflits conduits en milieu montagneux requièrent aujourd’hui la disponibilité de bases aériennes aussi tôt que possible. Les troupes du génie doivent donc être rapidement engageables dans le cadre de l’appui au déploiement (dégagement des pistes, déminage, …) Il reste donc toujours très important pour ces troupes de disposer de l’ensemble des moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs tâches, mais ces moyens doivent être rapidement projetables par avion de transport tactique (type C-130) Dans le cadre de l’appui aux opérations de combat en montagne (ouverture d’itinéraire et déminage, Recce NBC, destructions, …), les troupes du génie doivent pouvoir disposer de matériel transportable par les pionniers eux-mêmes. Il s’agit également de tenir compte d’une grande décentralisation possible des moyens, étant donné la difficulté de déplacer le personnel et le matériel entre les unités à appuyer dans un milieu aussi exigeant.

5. L’emploi des Forces Spéciales Les Forces Spéciales de la coalition ont été engagées en grand nombre tout au long du conflit. Le concept opérationnel retenu exigeait la mise en œuvre d’unités capables d’agir de manière autonome en milieu difficile et en coordination avec toutes les composantes de la coalition. Pour des armées de taille plus réduite, il faut voir là une opportunité unique. En effet, le budget de ces armées ne leur permet plus de pouvoir acquérir toutes les capacités et

Page 26: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 22 / 23 -

de suivre le rythme des évolutions technologiques. La formation, et le cas échéant la mise à disposition de Forces Spéciales, formées et entraînées dans un cadre « joint » et « combined », constitue un effort à la mesure de ces armées.

6. L’emploi des hélicoptères Le mouvement des unités dans un milieu montagneux est difficile et lent lorsqu’il est conduit au sol. Le déplacement de ces unités en hélicoptère, ainsi que l’appui feu délivré par les hélicoptères de combat permet donc de retrouver l’avantage de la souplesse, de la rapidité et de la surprise. Il est cependant impératif de conserver à l’esprit les limitations techniques de ces appareils, liées à l’altitude et à la météo. De même, les unités doivent être entraînées à travailler avec ce type d’appui car si la projection des unités de combat est simple en soi, l’appui logistique réalisé avec ces mêmes moyens l’est beaucoup moins en raison des coordinations et du savoir-faire requis.

7. L’entraînement des unités Le combat en montagne est difficile et exigeant, tant sur le plan des procédés tactiques à exécuter que sur le plan du leadership et de la condition physique. Ainsi, l’entraînement des unités de combat dans un tel environnement restera toujours un avantage, car les unités reconnues capables d’évoluer dans un milieu aussi difficile que celui de la montagne sont généralement engageables dans d’autres milieu.

Conclusions

Les objectifs stratégiques de l’opération Enduring Freedom ont été atteints avec un nombre très limité de pertes dans les rangs des troupes alliées, et dans des délais très courts. Cette opération a ainsi été un succès. De prime abord, on pourrait en tirer un maximum d’enseignements afin d’être préparés au mieux pour des conflits futurs, qui pourraient être conduits dans un environnement comparable. Pourtant, il est impératif de conserver à l’esprit que ce conflit s’est déroulé dans des circonstances exceptionnelles. En effet, « Enduring Freedom » a débuté juste après les attentats du 11 septembre 2001. Ceux-ci avaient généré une large coalition de pays, réellement unis face à un ennemi commun, un ennemi littéralement isolé, lâché de sa population et de ses alliés. Le concept d’opération développé par les stratèges américains a tenu compte des différentes dimensions du conflit en rapport avec le milieu, à savoir les aspects géographiques du pays, le cadre de la guerre civile toujours en cours à l’intérieur des frontières et les enseignements des conflits précédents, conduits par l’armée soviétique. Dans cette optique, les stratèges américains ont réellement innové en privilégiant dans un premier temps la mise en œuvre en grand nombre de Forces Spéciales. Leur mission principale a été de coordonner les efforts de l’Alliance du Nord et d’établir les liaisons nécessaires afin de réaliser en temps voulu les frappes aériennes sur des objectifs choisis et ciblés. On ne dispose que de très peu de chiffres relatifs aux pertes de l’Alliance du Nord, mais cette stratégie a été d’une grande efficacité dans la mesure où le régime des Talibans a rapidement cessé d’exister. Ce concept a cependant également montré ses limites puisqu’à l’heure actuelle, les principaux leaders du régime n’ont pas été arrêtés ou éliminés, ni Ben Laden lui-même. Une caractéristique essentielle de Enduring Freedom a été l’interopérabilité. Il apparaît clairement que celle-ci nécessite de disposer des moyens de commandement et de contrôle pleinement intégrés, lesquels doivent s’appuyer sur une technologie de pointe, sur un réseau de communication hautement performant, et sur une mise en commun de tous les inputs. Le conflit d’Afghanistan, conduit dans un environnement montagneux tellement difficile, a connu une issue décisive et rapide en raison notamment du commandement intégré optimal de la coalition. Celui-ci était quasi inexistant du côté ennemi après les premiers bombardements aériens. Il importe plus que jamais pour les commandants de la composante terre non seulement de se familiariser avec cette dimension « Joint » des combats, mais surtout d’y entraîner tous les

Page 27: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

- 23 / 23 -

cadres susceptibles de participer aux opérations de demain. Cette familiarisation doit constituer une priorité pour tous les commandants, à chaque niveau de la hiérarchie. Les combats décentralisés conduits durant l’opération Anaconda ont démontré cette nécessité puisque des commandants de peloton ont pu se voir renforcer d’éléments du génie, d’observateurs avancés ou de FAC, ont pu devoir travailler avec des appuis hélicoptères, … Cette réalité impose donc d’entraîner tous les cadres, y compris les plus jeunes, à cette interopérabilité afin que les différents appuis proposés soient utilisés au mieux de leur possibilité à l’instant fatidique des combats. L’opération Enduring Freedom a vu la mise en œuvre de forces militaires équipées d’armements et de matériels modernes. Les technologies de pointe utilisées dans les moyens de commandement et de contrôle, les moyens de détection ou les drones, dans un grand nombre de munitions de précision, ont donc pleinement montré leur redoutable efficacité. Elles ont également montré leurs limites dans un environnement tel que celui de l’Afghanistan. La montagne permet en effet à un ennemi capable d’en utiliser au mieux les avantages, de dissimuler aussi bien les moyens que les intentions. Il est donc important pour les composantes terrestres modernes de s’inscrire dans cette évolution technologique sans pour autant imaginer trouver ainsi la solution à tous les nouveaux problèmes tactiques. L’opération Anaconda a montré qu’autant ces moyens modernes apportent une aide précieuse au commandement, autant la décision peut également reposer sur le leadership des commandants, et ce à chaque niveau de la hiérarchie, sur un appui feu plus classique comme celui offert par les mortiers, … Ainsi, bien qu’il importe pour la composante terrestre de s’inscrire dans cette évolution de la technologie, il convient néanmoins de ne pas négliger ou remettre en cause l’entraînement aux procédés classiques, avec des moyens apparemment plus simples, mais qui offrent certainement plus de souplesse et plus de disponibilité.

Page 28: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 29: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe A

Afghanistan : carte géopolitique

53

53 Disponible sur http://www.lonelyplanet.com/mapshells/middle_east/afghanistan/afghanistan.htm , 31 janvier 2006

Page 30: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 31: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe B Appendice 1/2

Afghanistan : topographie

54

54 Disponible sur http://www.operations.mod.uk/img/veritas/map.gif , 31 janvier 2006

Page 32: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 33: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe B Appendice 2/2

Afghanistan : topographie

55

55 Disponible sur http://www.operations.mod.uk/img/veritas/afghanmap.jpg , 31 janvier 2006

Page 34: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 35: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe C Appendice 1/3

Afghanistan : carte des routes principales et géographie politique

56

56 Disponible sur http://www.afghana.com/GetLocal/Afghanistan/Provinces.htm , 31 janvier 2006

Page 36: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 37: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe C Appendice 2/3

Afghanistan : carte de l’enneigement

57

57 Disponible sur http://www.msnbc.com/news/1250670.jpg , 31 janvier 2006

Page 38: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 39: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe C Appendice 3/3

Afghanistan : carte de l’enneigement

58

58 Disponible sur http://a740.g.akamai.net/f/740/606/1d/image.pathfinder.com/time/2001/underthreat/winter/images/map_winter.jpg ,jan 2006

Page 40: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 41: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe D

Afghanistan : répartition ethnolinguistique

59

59 Disponible sur http://tfphoenixiii.org/afmaps.htm , 31 janvier 2006

Page 42: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 43: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe E

Afghanistan : situation des camps de réfugiés

60

60 Disponible sur http://edition.cnn.com/SPECIALS/2001/trade.center/refugee.map.html , 31 janvier 2006

Page 44: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 45: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe F

Evolution de l’emploi des munitions de précision

61

61 CORDESMAN A. H., “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf, p. 33, novembre 2005

Page 46: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 47: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe G 1/2

Bibliographie Maj EMG MONNERAT L., « L'opération "Enduring Freedom" en Afghanistan est une victoire de la pensée non conventionnelle », dans Check Point, 12 octobre 2002, http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Monde/Mon0033-AfghanistanEnduringFreedom.html

France, Ministère de la Défense, Commandement de la Doctrine et de l’Enseignement Militaire Supérieur de l’Armée de Terre, Objectif Doctrine n° 38, « L’engagement en terrain montagneux et enneigé », 2003, 61 p, http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/publications/Objdoc/Numeros/numeros_entiers/objdoc_38.pdf

CORDESMAN A.H, “The Ongoing Lessons of Afghanistan: Warfighting, Intelligence, Force Transformation, and Nation Building”, mai 2004, 171p. http://www.csis.org/media/csis/pubs/afghanlessons.pdf

R. NYROP and D. SEEKINS, USA, The American University, “Foreign Area Studies: Afghanistan Country Study and Government Publications”, janvier 1986, http://www.gl.iit.edu/govdocs/afghanistan/Infrastructure.html, novembre 2005

KHOSROKHAVAR F., dans Le Monde Diplomatique, octobre 2004, http://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/KHOSROKHAVAR/11583 , décembre 2005

Jacques LECLERCQ J., « L'aménagement linguistique dans le monde », 2000, http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/afghanistan.htm, décembre 2005

Lieutenant-colonel James E. HARRIS, US Army, « Combattre en digital ou analogique », dans Military Review, décembre 1999, http://www.checkpoint-online.ch/ , partie doctrine, décembre 2005

BAUMANN J., „The virtual battlefield” dans Directions Magazine, juin 2003, http://www.directionsmag.com/article.php?article_id=338 , janvier 2005

ALLIX S., « De la résistance à la prise de Kaboul, l’histoire secrète des Talibans », dans Le Monde Diplomatique, janvier 1997, http://www.monde-diplomatique.fr/1997/01/ALLIX/7564.html , décembre 2005

« Opération Enduring Freedom – Afghanistan » dans Global Security, juillet 2005, http://www.globalsecurity.org/military/ops/enduring-freedom.htm, décembre 2005

France, Ministère de la Défense, Commandement de la Doctrine et de l’Enseignement Militaire Supérieur de l’Armée de Terre, Objectif Doctrine n° 38, « L’engagement en terrain montagneux et enneigé », 2003, 61 p, http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/publications/Objdoc/Numeros/numeros_entiers/objdoc_38.pdf,octobre 2005

Lieutenant Commander F. A. MUCKE, “Operation enduring freedom from the military engineer perspective”, dans Engineer: “The Professional Bulletin for Army Engineers”, juillet 2002, http://www.findarticles.com/p/articles/mi_m0FDF/is_2002_July/ai_93208409 , décembre 2005

CHARTIER R., “Environmental Issues Associated With Operation Enduring Freedom” in “Engeneer” décembre 2003, http://www.wood.army.mil/ENGRMAG/PDFs%20for%20Oct-Dec%2003/Chartier.pdf , novembre 2005

Chief Warrant Officer KASTEN D., “Operation Enduring Freedom: A Waypoint Toward Geospatial Engineering Transformation” ,dans Engeneer n° 29, juin 2003, http://www.wood.army.mil/ENGRMAG/PDFs%20for%20Apr-Jun%2003/Kastenprint.pdf, novembre 2005

BAY A., “A Full Report on Operation Anaconda -. A Complete After Action Interview with COL Weircinski”, 27 juin 2002, http://www.strategypage.com/onpoint/articles/20020627.asp#top , décembre 2005

MAC ELROY R. H., « Fire support for operation Anaconda – interview of Maj Gen F. Hagenbeck, Commanding General of the 10th Mountain Division”, in Field Artillery, septembre 2002, http://sill-www.army.mil/famag/Go_to_War_Primer/OpAnaconda.pdf , décembre 2005

Page 48: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf
Page 49: L’influence du milieu sur les opérations terrestres en AFG.pdf

IRSD – 120 Div Enduring Freedom :

L’influence du milieu

Annexe G 2/2

Lieutenant Colonel BENTLEY C., « Afghanistan Joint and Coalition Fire Support in Operation Anaconda » in Field Artillery, septembre 2002, http://sill-www.army.mil/famag/Go_to_War_Primer/OpAnaconda1.pdf , janvier 2005

Captain DACUNTO J. et Capt ARNOLD B., “Light Engineer Lessons Learned in the Contemporary Operational Environment” dans Engeneer, mars 2003, http://www.wood.army.mil/ENGRMAG/PDFs%20for%20Jan-Mar%2003/Dacunto.pdf , décembre 2005

Colonel J. R. MARTIN, “Defeating Terrorism: Strategic Issue Analysis”, Strategic Studies Institute, U.S. Army War College, Carlisle Barracks, Carlisle, 103 p., janvier 2002

Lieutenant Colonel G.K. HERRING, “THE WAR IN AFGHANISTAN: A STRATEGIC ANALYSIS “, Strategic Studies Institute, U.S. Army War College, Carlisle Barracks, Carlisle, 33 p., avril 2003

Dr. CONRAD C. CRANE, “The U.S. Army’s initial impressions of Operation Enduring Freedom and Noble Eagle”, Center for Strategic Leadership, U.S. Army War College, Carlisle Barracks, Septembre 2002