libération du jeudi 23 avril 2015

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    LO

    CAILLARD(SRIEHIPSTER

    INSTO

    NE)

    FL

    ORENTTANET

    Le latinetlegrec tirent

    la languePAGES 2-5

    Paris: le jihadistesetrahit tout seulUnattentatdjouparhasardenFrance? Untudiantalgrienquiauraitfoment lattaquedunegliseVillejuif a t arrt aprsavoirlui-mmeappelleSamupouruneblessure lacuisse.

    ENQUTE,PAGE 11

    Accusesdlitisme,leslettresclassiquescraignentdtresacrifiesparleprojetderformeducollge.Lesenseignantssemobilisent, toutcommelesprofs

    dallemand,quisesententgalementmenacs.

    Le fish&chipstoutes les sauces

    Journecouverte Saint-Malo,ambianceparfaitepourserestaurercommedansuntakeawaydeBrightonEtsionrevisitait leclassiqueanglais?

    TU MITONNES, PAGE 20

    LVIVRE ET MENTIR THRAN,NOUVELLES HUMANISTESDUN NOUVEL IRAN

    CAHIERCENTRAL

    1,80 EURO. PREMIRE DITION NO10552 JEUDI 23 AVRIL 2015 WWW.LIBERATION.FR

    IMPRIM EN FRANCE / PRINTED IN FRANCEAllemagne 2,50 , Andorre2,50 , Autriche3,00 , Belgique1,90 , Canada5,00 $, Danemark29 Kr, DOM 2,60 , Espagne2,50 , Etats-Unis5,00 $, Finlande2,90 , Grande-Bretagne2,00 , Grce2,90 ,Irlande 2,60 , Isral 23 ILS, Italie 2,50 , Luxembourg 1,90 , Maroc 20 Dh, Norvge 30 Kr, Pays-Bas 2,50 , Portugal(cont.) 2,70 , Slovnie 2,90 , Sude 27 Kr, Suisse 3,40 FS, TOM 450 CFP, Tunisie 3,00 DT, Zone CFA 2 300CFA.

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    Environ19% deslves de cinquime

    Par LAURENTJOFFRIN

    Quo vadis?

    Hic et nunc, NajatVallaud-Belkacemsapprte expdierad patreslelatinet legrec.Les langues mortes vontbientt mourir. Moriturite salutantFaut-il,devant cettedcision priseex cathedra,se contenterdun de profundis? Ex antecomme ex post, en aucun

    cas.La ministre se trompe.Errarehumanum est,dira-t-on.Certes,mais

    perseverarediabolicumEx abrupto, oncroitqueces languessont surtoutprisesdeslites, quelleservent surtout dsignerarbitrairementle necplusultrade la mritocratie, se dbarrasser du vulgum

    pecus.Notre enqute,de visu,tend montrer lecontraire.Outre quellesfont vivretant bien quemal fluctuat necmergitur le souvenirutiledesavantages de lapaxromana, o lesethnies

    diffrentesaccdrent lacitoyennet e pluribusunum elles sontaussiun exercicequi tend mieux formerles lves,mutatis mutandis, lapratique des languesen gnral.Les rformessont bienvenues et onnesaurait se contenterentous temps du statu quo.Les programmes nesauraienttrereconduitsne varietur. Mais la tabularasanest pasunepolitique. La protestationadhocdesprofsde grecet delatin estconvaincante. Les

    missi dominicidelamodernitnontpastoujours raison.Ni vetoni quiproquo:les langues mortesdoivent survivre, le dbatviendraensuite.Primovivere, deinde

    philosophare. Laministreentendra-t-elle lappeldunpasshonorable?Aleajacta est.

    DITORIAL Craignantpour leurdiscipline, latinistes,hellnistes etgermanistesdnoncent une rformedes collgesqui seveutpourtantgalitaire.

    De lallemandau

    latin, les languesqui dclinent

    Elle esprait que sa rforme ducollge passerait comme unelettre la poste. Rat. Laminis-tre de lEducation fait face

    une fronde des lites. Najat Vallaud-

    Belkacem sattaque(un peu)aux filiresdites dexcellence, qui garantissent certains enfants (et leurs parents)dtre dans la meilleure classe ducollge. Danssa rformeprsentemi-

    mars, la minis-tre a annonc laquasi-fin des

    classes bilangues(deux langues ds lasixime). Dsormais, tous les lves at-taqueront la deuxime langueen cin-quime, et non plus une minorit ensixime,et le gros destroupes en qua-trime.Colre noire desgermanophileslancien PremierministreJean-MarcAyrault en tte (lire ci-contre) quicraignent que leur langue, dj malen point, en ptisse encore. Alorsque lapprentissage du chinois, par

    exemple, est, lui, en plein boom(lire page 5).Cette bataille sajoute une autre quipassionne, sinon hystrise,une partiedesFranaisdepuisquelquessemaines:limbroglio sur lavenir du latin et dugrec. Les latinistes craignentla mortdeleurdiscipline. Ilsont tempt coupsde tribunes dans la presse, de ptitionsenligne: 35000signatures pour deuxdentre elles. LUMP a saut piedsjointsdans labataillesur lair du nivel-

    lement par le bas, trouvant un chojusqulAssemble nationale.Errarehumanumest, perseverare diabolicum,a lanc la dpute UMPVirginie Duby-

    Muller par un mercredi de printemps.La rue de Grenelle a lch du lest,maisles latinistescontinuent de crierlentourloupe.

    QUI FAITDU LATIN ET DUGREC?19%des lvesde cinquime font du la-tin, contre 25%en 1996. Plus onaug-mente enge eten niveau dtude,plusles effectifs baissent: 15% continuenten troisime, raison de trois heuresparsemaine.Mais seuls 5% poursuivent

    Par MARIEPIQUEMALLESSENTIEL

    LE CONTEXTEPourdes raisons diffrentes,le grec, le latin et lallemand

    se sentent menacs. Les deuxpremiersestiment faire les fraisdune rforme qui veut briser lescodes de llitisme; le troisimenest pluspris par les lves.

    LENJEUFaut-il tre galitaire par le hautou par le bas ? En dautrestermes, faut-il supprimer le latinet le grec ou permettre tous deltudier? Une vraie politiquedes langues semble ncessaire.

    unefois quilssont aulyce. Legrecan-cien, enseign partir de la troisime,neconcerne quepeudlves: 1,5%destroisimes et un 1% des lycens. Toutcumul,500000 lves apprennentunelangue ancienne dans le secondaireaujourdhui.

    Mais celapourraittrebien plus, as-sne avec fougueFranois Martin,vice-prsident de la Cnarela (Coordinationnationale des associations des ensei-gnants de languesanciennes). Prof de-puis treize ans, il maintient que, tropsouvent, les rectoratstranent despiedspourouvrir desclasses alors quela de-mande, elle,est l. Jen ai fait lexp-rience,commetant dautres. Dans moncollge du 93, 40 lvestaient inscritsetune seule classe de 25 a t ouverte!Le latin et le grec tant des options,lesrectoratsne sont pastenusdouvrirsystmatiquementdes classesdans touslestablissements.Certainscollgesneproposent plusde latin et de grec depuisun bail. Combien? Le ministreindiquenepas avoircette donne, nile nombre

    denseignants latinistes et hellnistesparmiles 31000 professeursde lettresen collge.Lanne dernire, Franois Baluteau,professeur duniversiten sciencesdelducation Lyon, a men lenqutesur500 collges,piochs un peu par-tout: en zone urbaine comme rurale,dansles quartiers chics desgrandes vil-les comme en priphrie. Son travailportaitsur tous lesenseignements op-tionnels, et donc sur le

    DCRYPTAGE

    Suite page 4

    REPRES Catgorie socia edes collgiensen 2014

    Les enseignants titu aires en angues

    ENEMBLEDES LVES

    collgiens

    latinistes(13% des collgiens) ALLEMAND ANGLAISARABE

    CHINOIS

    ESPAGNOLITALIENRUSSE

    en 2003

    en 2014*

    Source : ministre de lEducation nationale

    trsfavorise favorise moyenne dfavorise

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    EVENEMENT

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    Unvieux trait oblige lenseignementdufranais enAllemagneetde lallemandenFrance.Undiktat qui hrisse.

    Les collgiensau bordde lincidentdiplomatique

    Maisquel foin! LancienPremierministre Jean-Marc Ayrault,professeur dallemand dans

    uneautre vie, a adress lasemaineder-nire unelettre ouverte Najat Vallaud-Belkacem pourlui faire partde sonin-quitude.La rforme du collge aura

    pour consquen ce la disparition denombreuses classes bilangues [] quiontpermis lallemand derester latroi-sime langue vivante enseigne enFrance. Cet enseignement,insiste-t-il,se situe aucur dela coopration fran-co-allemande. Une soixantainede d-putsdu groupe damiti France-Alle-magneen ont remisunecouche dslelendemain.De lautre ct de la frontire, cesten-core pire: cette dcision de revenir surles classes bilangues irrite jusquausommet. Le gouvernement allemand aragi de faoninhabituellementviru-lente. Ce projet ne doit pasvoirle jour,a balanc la secrtaire dEtat, MariaBhmer. La chancelire, Angela Merkel,et leministre desAffaires trangresse-

    raient prts peser detout leur poids contre ladcision de la ministrefranaise de lEducation.Pourquoi des ractionsaussienflammes?Engagement. Lenjeudpasse largement le ca-dre pdagogique, ilest politique.Et di-plomatique. Le trait de lElyse, quiliedepuis1963 laFranceet lAllemagne,prvoit explicitementque lesdeux gou-vernements sefforc[ent] de prendre desmesures concrtes en vue daccrotre lenombre dlves allemands apprenantlalangue franaiseet celuides lves fran-ais apprenantla langueallemande. Unengagement raffirm lors descrmoniesdu cinquantime anniver-

    saire du trait parFranoisHollande etAngela Merkel.Sauf que, dans lesfaits,cestpluscom-pliqu. Les petits Franais veulent demoinsen moinsapprendrelallemand.Et lespetits Allemandsne se passion-nent gure plus pour le franais. EnFrance, les collgiens ne sont plusque 6,5% opter pour lallemand enpremire langue et 14,6%en deuximelangue en quatrime.Les classes bilan-guesanglais-allemand permettaientde

    doper les effectifs, en rameutant 11%des siximes. Soit, tout cumul,485000 collgiens. Do linquitude.La ministre veut rassurer, affirmantmmeson ambition dele dvelop-per. Pour preuve, dit-elle,les classesbilangues seront maintenues pour les

    lvesayantcommenc lallemand enprimaire et lenombre depostes de profsdallemand au concours est pass de199en 2010 514lanne dernire.Dsintressement.Ct allemand,moinsdun tiers des lves apprennentle franais, chiffre en baisse. En 2011,1,5 million de collgienssuivaient descours de franais,soit300000 demoinsquen 2007. Du coup, pourrespecterlefameux trait, dans certains Lnder,comme le Bade-Wurtemberg (fronta-lier), le franais est obligatoire ds leprimaire, au grand dam des parents.470colesprimaires et 60 lycessontconcerns ( lexception de quelquestablissements proposant le latin enpremire langueobligatoire). Maislesfamilles se rvoltentcontre le diktat du

    franais. Plusieursplaintes ontt d-poses depuis lintroduction de lobli-gation dans le primaire, en 2002, et partirdu secondaire, en 2007. La me-sure est jugeinjusteet discriminatoireparce quedfavorisant certainsenfantssurle marchdu travail. La Sarre(elleaussifrontalire avecla France)va plusloinencore.La rgion a dcid dintro-duire le franais pourtousds le jardindenfants, avec lobjectif de devenirbi-

    lingue lhorizon2043,date laquelleune nouvelle gnrationarrivera sur lemarch du travailLOfficefranco-al-lemandpour lajeunesse sinquite: Lamesure unilatrale franaise vaavoir desconsquences sur lapprentissagedu fran-aisen Allemagne. Ilsera bienplusdif-ficile pourles autorits de continuersoutenir ou imposer par endroitsle franaisen premire langue.

    M.P.et NATHALIE VERSIEUX( Berlin)

    En France, 6,5% descollgiens optentpour lallemand en premire langueet 14,6% endeuxime langueenquatrime. En Allemagne, moins duntiers deslves apprennent lefranais.

    RENTRE 2016La rforme du collge sappliqueralors de la rentre 2016. Leconseilsuprieur de lducation, quiregroupe des syndicats enseignantset des reprsentants des parents,sest prononc le 10 avril, en faveurdu texte port par Vallaud-Belkacem.

    Supprimer les langues anciennes,la formation humaniste,la traditionclassiquedulatin et dugrec,cest un dni de politiquesociale.

    FranoisBayrou prsidentdu Modemet mairede Pau, lui-mmeagrg de Lettresclassiques23ansetancienprof

    Jonathan Bouchet-Petersen vous en dit plusau micro de Florent Chatain.

    www.liberation.fr

    RADIO

    SCANNEZ ET DCOUVREZ!

    nt dulatin, contre25% en1996.PHOTOLOCAILLARD(SRIEHIPSTER INSTONE)

    LIBRATIONJEUDI 23 AVRIL 2015 3

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    latin et le grec.Pre-mier constat qui la surpris: environ10% des collges de son chantillonneproposentpas decoursde latinni degrec du tout.Je ne mattendais pas

    autant, dit-il.

    LEPROCSENLITISMEEST-ILFOND?Dansltude de Franois Baluteau, unautre lment saute aux yeux: plus lecollge rassemble des lves issus demilieux favoriss,plusil aura desclas-sesde latin et de grec. Cest statistique-mentimplacable. Dansles beauxquar-tiers,les classes de latin et de grec sontplusnombreuses. Les effectifssuiventla mme logique.Les donnes viennentcettefoisdu ministre: 1 lvesur 5 ve-nantdune famille trs favorise faitdulatin, cest 1 sur 12 quand le collgiengrandit dans un milieu dfavoris.Oui, il y a de llitisme, mais il faut sedemander pourquoi, rpond, amer,Franois Martin.Cest le ministre qui

    le cre en organisant un manque daccsaux options. Il fustige la pratiquedes chefs dtablissement, faisant letri entre les lves. Pour lui, tousgagneraient faire plus de latin et degrec si la chance leuren tait donne.Comme Augustin dHumires Meaux,en Seine-et-Marne,prof latinisteen-gag (lire page 4), il parle des bienfaitsdes languesanciennespour tous. Legrec, parexemple: tous leslves se re-trouvent sur un mme pied dgalit enapprenant crire, dchiffrer. Celaredonne un allant certains lves endifficult.

    DEMAIN, AVEC CETTE RFORME,QUI FERA DULATIN?Najat Vallaud-Belkacem assure que

    100% des lves seront amens enfaire,puisque lenseignementdes lan-guesanciennes sera nonplusune optionchoisie parles lvesmaislun desen-seignements pratiquesinterdisciplinai-res (EPI) doncobligatoire. Cesplagesdetroisheures parsemaine quedevrontsapproprierles profs leurguise, tourde rle, pourfaire classe autrement et plusieurs. Parexemple, un professeurdhistoire-gographieferaun cours surla dmocratie athnienneavecsonaco-lyte prof de lettreset hellniste.Lideest de dcloisonner les disciplines,dencourager linventivitpdagogiqueet decaptiver leslves voil le pro-gramme (sur le papier).Lenseignement des languesanciennestrouvera sa place dans lenseignement

    pratique interdisciplinaire intitullangueset cultures de lantiquit,ra-bchele ministre. Mais vous ne voyezpas le problme?snerve FranoisMartin. Lesheures dgagespour lesEPIsimputentsur lesheures desmatires. Lelatin nexiste plusdans la grille horaire. Ilva falloir aller qumander les collguespour quilsnous donnent un peu de leursheures pour enseigner le latin! Cestla mort assure.Pour calmer la fronde, le ministrede lEducation a propos que les ta-blissementsqui le souhaitentpuissentrajouter le latin et le grec commeenseignement de complment.Colre de Franois Martin: Cest untour de passe-passe, encore! Les chefsdtablissement auront le choix entreproposer les langues anciennes ou fairedes ddoublements de classe, en mathspar exemple. Que croyez-vous quilsvont choisir?

    AJean-Vilar,tablissementsituenpleine zoneurbainesensibledeSeine-et-Marne,unprofesseurdelettresclassiquesdmocratiseavecsuccsgrecet latin.

    AMeaux, des lycens

    mtamorphoss

    Suite de la page 2

    AISNE

    MARNE

    AUBE

    YONNE

    ESSONNEESSONNE

    Melun

    ParisSEINE-ET-

    MARNE

    20 km

    Meaux

    Legrecancien,qui est enseign partirde la classe detroisime, ne concerneque peudlves: 1,5% des troisimes et un 1% des lycens.

    Souvent, lecoursest aussi mort quela langue.L, le prof estvraimentengag.Arieta est lve lati-

    niste en premire scientifique au lyceJean-Vilar de Meaux (Seine-et-Marne),lun desderniersde France enterme derussite au bac il y a quelques annes(aujourdhuiil estprochedela moyennenationale avec 85% de reus). Sesparentssont kosovars et nont pas faitdtudessuprieures.La jeune fille sestplongedansle Gaffiot grce un prcepteur atypique,AugustindHumires,prof delettresclassiques.Alors quele procsen litisme du latin etdu greca t rouvert parle projet derforme ducollge,lenseignant sebatpour dmo-cratiser Homre et Snque dans lequartierpopulaire de Beauval,classenZUS (zone urbaine sensible). Arieta et

    sescamarades en sont convaincus: Cenest pas une matire litiste. Tous nosamis nous prennentpour desfous.Ils necomprennent pas que ce sont des heuresqui nous favorisent.Bonus. Ce soir,ils sont unepetite di-zaine stre runis pour expliquerauxfuturs lycens,face camra, ce queles langues anciennes leur apportent.Quest-ce quun collgien de troisimequidort encourspeut trouverdans legrec

    etle latin?demande Augus-tin dHumires. Druscilliarpond:Javais dnormesdifficults lcrit, et leslan-

    gues anciennesmont aid mieuxma-triserla grammaire, identifierles compl-ments, les propositionsPouvoir faireunetymologiedans uneintro dephilo, afait ressortirune copie,enchaneYannis.Le prof sedit: Mais do il connat a?

    REPORTAGE

    LIBRATIONJEUDI 23 AVRIL 20154 EVENEMENT

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    FranoisBaluteau, sociologue, actelmergencedenouvellespriorits,chezles parentset les lves:

    Le chinois,une optionprestigieuse

    Professeur luniversitLyon-II, le

    sociologue Fran-ois Baluteau anotamment pu-

    bli Enseignementau collge et sgr-gation sociale(d.Academia,2013).Est-il, selon vous, encoreutile denseigner lelatin etlegrec aux lves?Utile? Oui, bien sr, celapermetde mieux apprhen-derla languefranaise. Maisest-ce que, pour autant, ilfaut lui donner une placequivalente celle quilavaitilyadixouvingtans?Cestlaquestionquejemeposeentant que sociologue. Ny a-t-il pas dautres enseigne-mentsqui ontune lgitimit prendre une partie de la

    placequoccupaientle latinet le grec autrefois? Je lepense. Que les langues an-ciennes soient enrecul aujourdhuime semblecoh-rentavec lvolution de notresocit. Le temps scolairenest pasextensible linfini,les moyens financiers nonplus. Il est normal que desarbitrages soient faits.La suppression de la quasitotalitdes classesbilanguesva-t-ellefreiner les stratgiesde contournement des fa-milles?Non,cest vident.Ces stra-tgiesse construiront,com-

    me cest dailleurs djle casaujourdhui,sur dautres op-tions, artistiques ou sporti-ves,par exemple.Il nestpasrare que les chefsdtablis-sement choisissent des lvesayant un bon niveau scolairedans les sections sportives.Il faut aussibien avoir les-prit que ces stratgies decontournement que vousvoquez sontdoubles.Dunct, en effet, elles ser-vent lesfamilles quisouhai-tent que leur enfant ailledansun tablissementayantune bonne rputation.Maiselles sont aussi construitespar leschefs dtablissementeux-mmes.A lchelle locale,en propo-santtelleou telle option,lesprincipaux cherchent atti-

    rer les meilleurslves, et am-liorer limage deleur tablisse-ment.Lapprentissage

    du chinois est-ilaujourdhui une

    option qui entre dans cettelogique?Oui. Lapprentissagedu chi-nois se dveloppe au collgeet, trs clairement, cestuneoption prestigieuse, surtoutpropose dansles tablisse-mentsfavorisssocialement.Comme lest encorele russe,et dans unecertaine mesurelallemand.Et larabe?Comme le portugais, larabeest plus souvent proposdansles tablissements dfa-voriss. La stratgie du chefdtablissementest alorsto-

    talement diffrente. Lundeux mexpliquait avoirouvertcette section pourr-

    pondre un besoinsocial des lves.Cest entout casce

    quejaiconstat en menantmontude lanne dernireauprs de 500 collges. Ilfaudrait voir si monanalysetient sur lensemble des7100 collges.Le ministre dit travailler une carte des langues.Mais,pour linstant,personnenest en mesurede dire queltablissement propose telleoption,langueou autresCest un problme. Lcole

    franaiseest moins transpa-rente quelle ne devraitltre. Il y a cette ide, en-core trs ancre, de consid-rerque donner trop dinfor-mations aux parents, cestencourager une conceptionconsumriste de lcole.Evi-demment, vousnotez leffetpervers: les plus favorisssont lesplus actifs dansla re-cherche de cette informa-tion, et y ont accs. Je suisdonc pour plus de transpa-rence, condition de lac-compagner dunergulation.Caril nestpas normal quily ait de telles diffrencesdans les options proposespar les tablissements. Cenestpas galitaire.

    Recueilli parMARIE PIQUEMAL

    D

    R

    INTERVIEW

    tote et une kyriellede manuels.Pourles plus privilgis, beaucoup de chosesla matrisedu franais, la mythologiesont disposition dans le cadrefamilial.Pas pour les autres, rappelle lensei-gnant. Les programmes sontpenss pourles enfants des lites. On a oubli que lefranais ntait pas si simple.

    Dynamique. En vingt ans passs Meaux, lhellnistea inscrit latin et grecdans le paysage scolaire local. Surles 1065 lves de Jean-Vilar,une tren-tainesuitles coursde latin-grec.Il a vu

    passerdes fratries,sibienquunedynami-que sestenclenche:Comme mes troissurs en ont fait, jene me suis pas troppos la question. Enmdecine, a a aidma sur, tmoigne

    Anoussia.Les rsultats sontl, puisquetrois quartsdes latinistesobtiennent lebac avecmention,nettementau-dessusdes rsultats de ltablissement.Mlissa, ancienne lve revenue sur-veiller les tudes, a dcroch une li-cencedhistoire avantde se lancer dansdestudes darchologie: Culturelle-ment, a ma normment aide.

    Le magister faittoutpour entretenirlaflamme. A lattedunecohorte dan-ciens lves, le primipile dHumiresfait chaque anne la tourne dunesoixantaine de classes de collgespourconvaincreles adolescents dapprendreleursrosa rosa, les fameuses dclinai-sons latines. Lablationprogressive du

    latinmene par les gouvernementssuc-cessifs le dsespre. Il accuse: En pra-tique, il y a peu de profs de franais quisont forms aulatin.Il y a quelque chosede confortable dans le fait de taper surcettematire. Onse sent bien entirantsurun prtendu litisme, alorsque llitismenestplus l. Les classes litistes aujour-dhui, ce sontles classeseuropennes, lesclassesde chinois Carnot.Latinetgrecsontsesyeuxun vecteurdgalit des chances,et qui plus estde grandes valeurs rpublicaines: Leslangues anciennes,cest un terrainneu-tre. La coupure parrapport lactualitpermet de parlerde thmes sensiblesau-jourdhui,et pourtant fondamentaux: lacitoyennet, laloi, laplacede la religion.Loin des options sgrgatives poin-tes du doigt par Fdration des con-seilsde parents dlves.

    Envoy spcial MeauxLOUIS NADAU

    Leslycens dfendenten chur leshu-manits:Dans les matires scientifi-ques,a aide comprendre les notations,enlangue,cest unvrai bonus. Eta rap-porte des pointspour le bac.Jusqu21 heures,le petit groupe vientfaire desheuressup dtudeet de sou-tien dans lasalledunbtimentmunici-

    pal.Il vnre un profsincre, qui nh-site pas nous bousculer, mais quiprendtoujours le temps pour nous faire com-prendre.En bas de HLM hrisss deparaboles, les jeunes sont encadrs

    par lesanciens lvesdAugustin dHu-mires, membres de Mtis,associationquil a cre en 2003. Un dessin re-prend au mur la clbre affiche dunefemme,manches retrousses, affirmantWe can do it. Dans la bibliothque,une version traduite et simplifie desMtamorphosesdOvide destine auxlves de primaire,des ouvrages dAris-

    Cenest pas unematirelitiste.Tous nosamis nous prennentpourdesfous. Ils necomprennentpasque ce sontdes heures quinousfavorisent.Arieta latinisteen premirescientifique Jean-Vilar

    umul,500000 lvesapprennentune langue anciennedans le secondaire aujourdhui.PHOTOSLOCAILLARD (SRIEHIPSTERIN STONE)

    LIBRATIONJEUDI 23 AVRIL 2015 EVENEMENT 5

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    LArabieSaouditedcrtelafindelaTemptesurleYmenLeroyaumenouedsormaisdes alliancesencoulissepourempcher lesHouthisdereprendrepied.

    La menace desrebelleshou-

    this est carte: cest cequaassurlArabieSaou-dite en annonant mardi

    soirla fin dela campagnede bom-bardementsbaptise Tempted-cisive,lanceil y a prsdunmoisau Ymen. Pour le ministre de laDfense,les frappes sontparvenuesavec succs liminerles menacespesant sur la scurit de lArabieSaouditeet despays voisins.SelonRiyad,lheure maintenantest la phasediplomatique mme sileroyaume sautorise toujours desfrappesponctuelles dsquil esti-mera sa scuritmenace.Ainsi, leporte-parole de la coali-tion, le gnralAhmed al-Assiri, napas excluque la

    coalition puisse intervenir pourempcherles mouvements des re-belles. Il a ajout quele blocusma-ritime serait maintenu.Reste que les rebellesnont nulle-mentperdudu terrain ni annoncquils cessaient leur offensive. Ilsmenacenttoujours Aden, la grandeville du Sud, et se sont emparsmercredimatindu campdunebri-gadefidleau prsidentAbedRabboMansourHadi,prsde Taz,dansle

    sud-ouest du Ymen. Aprs cettevictoirerebelle,les bombardementsde la coalition mene par lArabie

    Saoudite en fait, cest surtoutRiyad quiest lamanuvre ontrepris dans cettergion, contredi-santlannoncede la findes opra-tions ariennes.

    TRIBUS.Cest donc une phase di-plomatico-militairequi sengage,sans grande visibilit jusquausommet entre le prsident BarackObama etles dirigeants du Conseilde coopration du Golfe (ArabieSaoudite,Qatar, Bahren,Kowet,EmiratsArabesUnis, Oman)prvupourle 13mai laMaison Blanche.Il y a aussi de lagitation dans les

    coulisses,souligne DavidRigoulet-Roze, chercheurrattach lInstitut fran-

    ais danalyse stratgique. Ce quidonne uneindication surde possiblesngociations en cours. En changede larrtde sa campagnearienne,Riyad pourrait avoirobtenule d-partde lex-prsidentymniteAliAbdallah Saleh et de sa famille Oman le seul pays du CCG navoirpas particip ou soutenu lacampagnemilitaire saoudienne. Sice dpartest confirm,les rebelleshouthis,qui avaient conclu avec lui

    une alliance, sentrouveraient mi-litairement affaiblis puisque laGarde rpublicaine,les forces pr-

    toriennesde lex-chef de lEtat quipsentsur lissue descombats, seretirerait alors.Sansdouteaussi Riyad semploie-t-il aussi secrtement nouer denouvelle alliance avec lestribus.Le

    gnral Abderrahmane al-Halili,quicommande 25000hommesetest la tte de la rgion orientale,sestsemble-t-ilralliau prsidentAbed Rabbo Mansour Hadi, tou-

    jours rfugidans leroyaume saou-dien.Pourtant, dunpoint de vue strat-gique, lopration saoudienne ap-paratcomme un semi-chec puis-que les Houthis nont pas recul.Visiblement, les Saoudiens nontjamaiseu loccasiondintervenirausol, contrairement ce quilsavaientlaiss entendre. Les bom-bardementsont semble-t-il permisde dtruire lesmissiles balistiques

    de la Garde rpublicaineentrepossdans un dpt prs deSanaa.Dunpointde vue diplomatique,en re-

    vanche, lebilande Riyadestmoinsmitig.Le nouveau roi, Salmane, a affirmson leadership non seulement ausein du monde sunnite maisdabord au sein du monde arabe,

    jouant dailleurs pluslesliens de lasolida-rit arabe contrelIran, allie desHouthis, que lesliens confessionnels.Lentre sur unthtre militaire des

    Saoudiensest un tournantdansla r-gion, soulignele chercheur KhattarAbou Diab.Encore inimaginableil ya quelque mois, cette interventionsaoudienne est essentielle car elle

    marque le premier coup darrt lexpansion de Thran dans la r-gion. En plus, ilfautla voir comme uncri destination de lAmriquepourlui faire comprendre quelleest alletrop loin dansses relations avec lIranet quellene doit pasoublier sesallisarabes. Ce tournantconcide aussilentre en licede la jeune gnra-tiondes dirigeants saoudiens, dontMohammed ben Salmane, nommparsonpreministre dela Dfense

    lors de son accession au trne, le23 janvier2015, et MohammedbenNayyef, dsign,lui, commeprince

    hritieren second.

    FAITACCOMPLI.Les Etats-Unis ontsalu larrt des bombardementsquils avaient dabord applaudi,fournissantensuiteun soutien lo-gistique aux bombardierssaoudienset du renseignement. Washington,dun ct, montreainsi quilsou-tient Riyad: le porte-avionsamri-cain Rooseveltstaitmme rappro-chlundi du Ymenpour surveillerun convoi de neufbateaux iraniens,dont deux militaires, suspect detransporterdes armes destinationdes rebelles.De lautre,la satisfac-tion affiche par le dpartementdEtat devant la fin de loprationTempte dcisive semble indi-

    querque lAmrique navait gureapprcidtre place devantle faitaccompli parRiyad et sesallis.Thran sest aussi flicit delarrtdes frappes, estimant quil sagitdun premier pas. Sansdoute lesoutien de Thran aux Houthisest-il moins ferme que ne le pr-tendent Riyad et Washington, neserait-ce quepourne pasmettre enpril laccord final surson activitnuclaire.

    Par JEAN-PIERREPERRIN

    Inimaginable il y a encore quelquemois,cetteintervention marque lepremier coupdarrt lexpansionde Thran dans la rgion.LechercheurKhattarAbouDiab

    ANALYSE

    944Cest, au minimum, le nombrede victimes civiles des combatsau Ymen, selon lOrganisationmondiale de la sant, le 17 avril.Golfe dAden

    YMEN

    ARABIESAOUDITE

    200 km

    Aden

    Sanaa

    LES DATES CLSw 19 mars Grande offensivelance par les rebelles houthis.w 26 mars Opration Temptedcisive par la coalition arabe.w 14 avril Rsolution du Conseilde scurit imposant un embargosur les armes contre les Houthis.

    REPRES Nous tions contrecetteaction militaire,nousjugions quela solutionau Ymen viendraitde la ngociation.MarziehAfkhamdu ministreiraniendesAffairestrangres

    Dessoldatssaoudiens, Najran, la frontire avec le Ymen, seprparant destirs dartilleriesur le pays voisin,le 21 avril. PHOTOHASANJAMALI.AP

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    Royaume-Uni:EdMilibandenpleineprioderenaissanceLetravailliste jouit dunbrusque regaindepopularit deuxsemainesdes lections.

    Par SONIADELESALLE-STOLPERCorrespondante Londres

    Il y a quelques semaines, il taitWallace (de Wallace & Gromit),lepandaaux yeuxtristesou Edlerouge laccent nasillard. Les

    conservateurs tapaient avec bonheursur une cible facile et les troupes tra-vaillistes se dsespraient du manquecriant de charismede leur champion.Ctait avant. Avant le lancement de

    la campagne pour leslectionsdu7mai,oEdMiliband, 45 ans, diri-

    geantdu Labour et cetitre candidat auposte de Premier ministre, semble sou-dain se rvler. Il estaujourdhui com-par James Bondet toute une srie dehros romantiquespar un fan-club quinen finit pasde grossir.Abbya 17 ans,prparesonbac eta crsur Twitterlehashtag #Milifandom (Milipour Mili-

    band, fan pour fan et dom commedans kingdom). En quarante-huitheu-res, le sujetdevenaitlun des plusdis-cut surTwitteret Abby gagnait 14000abonns.La Toilesestemballe, multi-pliantles montages duvisagedEd Mili-band surun torse nuet muscl,mer-geant des vagues de locan,lanant des illadeslangou-reuses,le toutsurfondde mu-siquesirupeuse souhait.Sou-dain, Ed Miliband nest plusgaucheet maladroit. Il estjustebeau gosseet vraimentcool. Ila mme expliqu sur la BBCque sa femme, Justine Thornton, unejuriste, avaitinitialement pens quil yavait erreursur la personne.

    MIRACLE. La machine communiquerdu Parti conservateur a bien entendurpliquimmdiatement,en sortantdeson chapeau ses Cameronettes

    les fans de David Cameron. Mais lacontre-attaque est tombe plat, lesadolescentes nont pas suivi.Dans une campagne plutt morosejusquici, la renaissance dEd Milibandtient du petit miracle. Pour autant, leLabour se garde biende crier victoire et

    les sondages, silspenchentces derniersjours lgrement en faveur des tra-vaillistes,ne semballent pas: lesdeuxgrandesformations restent au coude coude, avec 34 35%des voix.Surtout,aucun des deux partis ne semble enmesurede remporter unemajorit ab-solue au Parlement,soit 325 siges. La

    perspectivedune nouvelle coalition oudun gouvernement minoritaire restedonc dactualit.

    SURPRISE.Mais,subtilement,la narra-tionautourdEd Milibanda chang. Ilrevientde loin. De cinq ansdimpopu-larit record. Aprs tout, il estle tratre,celui quia tu lefrre.En 2010, aulen-demaindes lectionsqui ontport aupouvoir la coalition entre conservateurset libraux-dmocrates, le Labour secherche un chef. Aprs treizeannesaupouvoir, le New Labour est mort, d-considr,le parti sansdirection. DavidMiliband,ancien ministre des Affairestrangres, proche de Tony Blair, sem-blele candidatdsign. Saufquau der-niermoment, sonfrre Ed, quatre ansplus jeune, proche de Gordon Browndont il a t ministre de lEnvironne-ment,se lance dans lacourse. A la sur-prise gnrale, il est lu chef du

    PROFIL

    Subtilement, la narration autourdEd Milibanda chang. Il revientdeloin. De cinq ansdimpopularitrecord. Aprs tout, il est letratre,celui qui a tu lefrre.

    Ledirigeant du Labour, EdMiliband, en campagne Ipswich, danslest de lAngleterre,mercredi.PHOTODARRENSTAPLES.REUTERS

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    parti,avec une avance minusculede1,3% desvoix. LeLabour estdchir,la famille Miliband aussi. David quittelapolitique etsexile New York,o ildirige lorganisation caritative Interna-

    tional RescueCommittee. Les deuxfr-res ne se reparlent quedepuis peu.EdMilibandvoqueavecdifficultcet pi-sode. Il reconnat volontiers navoirpasforcmentmesur lpoquetoutesles consquencesde son choix.Rcemment,Michael Fallon,ministreconservateur de la Dfense,a soulignque quelquun capable de poignarderdans le dos son frre pourrait bienfaire de mme avec le Royaume-Uni.La classe politique, y compris dansles rangsconservateurs, sestinsurgecontrecette sortie.Pas David Cameron.Ed Miliband sest content de sourire,de rpter que,justement,il a la peaudure, quil est formidablement rsi-lient. Lpisode de son frre? Il estlapreuve de sadtermination, desacapa-

    cit faire deschoix difficilesen casdencessit,a-t-il assen.Soudain,les mdias retrouvent la m-moire, se rappellent quiltait un jeuneattachparlementaire,puis jeunemi-nistresousBrown, endurant et ttu. EdMilibanda grandi dans unefamille trspolitise. Son pre, Ralph, rfugi deBelgiqueen 1940, venaitdune famillejuive polonaise, comme sa mre, Ma-rion Kozak,qui a pass laguerrecacheen Pologne. Ralph Milibanddeviendraprofesseur laLondon Schoolof Eco-nomics et lun des plus importantsthoriciens du marxisme. Sesdeux filsontembrassune gauche plusmodre.

    CONFIANT. Depuisson arrive la ttedu Labour, Ed Milibandtente, avec dif-

    ficult, de redonner une me sonparti. Il insiste sur les ingalits dansla socit britannique, sur les laisss-pour-compte de la reprise conomique.Il sest fait un ennemi vie en tenanttte lempirede presse tout puissantde RupertMurdoch(le Times, le Sun, lachaneSkyNews). En 2011, aprs la r-vlation descoutestlphoniques ill-galespratiques par des journalistes dugroupe, il insiste pour lancer une en-qute publique.David Cameron, initia-lement contre, sera oblig de plier.Ed Milibandrefuse,par ailleurs, de pro-mettre un rfrendum sur lEurope,contrairement David Cameron qui enannonce un pour 2017.Deux dbats tlviss lont montrcombatif mais aussi dtendu et con-

    fiant. Preuve de linquitude descon-servateurs, la cavalerie a tdploye.Jusquici trs discret, le maire de Lon-dres, Boris Johnson, en embuscadepour ladirectiondu partisi DavidCa-meron tait battu, sest lanc dans lacampagneen fanfare. Lactuel Premierministre, lui, a surtout mis en gardecontre unealliance entrele Labouret ledangereuxScottish National Party(SNP), formation indpendantiste encourse pour remporter une cinquan-taine des59 sigescossais (lireci-con-tre). Ed Milibanda exclutoutecoalitionavec leSNP, maispas unealliance moinsformelle.Mme lancien Premiermi-nistre John Major, 72 ans,a tsorti duplacardpour promettrelapocalypseencas darrive de Miliband au 10,Dow-ning Street. Il est, aprs tout,le dernierconservateur avoir gagnunemajoritabsolue aux lections britanniques.Ctait en 1992, il y a vingt-troisans.

    Lacandidateduparti indpendantiste estporte par lavaguepost-rfrendum.

    Elleest, daprs le trs con-servateur Daily Mail, lafemme la plusdangereuse du

    Royaume-Uni. Elle est aussi,daprs le Daily Telegraph, cellequi a pris en otage les lections.Pour le maire conservateur deLondres, Boris Johnson, elle estune Lady Macbeth en talonsaiguilles ouun roi Hrode enjupons. La frocit des attaquescontre Nicola Sturgeon, 43 ans,dirigeante du parti indpendan-tistecossais,le Scottish National

    Party(SNP), est la mesure de lasurprise quellea cre dansunecampagne assez terne. En effetelle pourrait bien tre celle quioffrira les cls du 10, DowningStreetau dirigeantdu Labour EdMiliband (lireci-contre).Alors que lessondages sont tou-jours trsserrs entre conserva-teurs et travaillisteset quaucundes deux partis nesembleen me-sure de dcrocherla majoritab-solue au Parlement, le SNPpour-rait oprer une razzia sur unecinquantaine des59 sigescos-

    sais. Il radiqueraitainsipratiquement leLabour de la rgion,o il ft longtempsmajoritaire. Le Particonservateur, qui nedisposeen Ecossequedun sige, a depuislongtemps disparu du paysage.Elan politique. Tombe danslamarmitedu SNP 16ans, an-cienne avocate, fille dune infir-mire et dunlectricien, NicolaSturgeonest pourtantle symbole

    dune dfaite.Le 18 septembre, leSNP perdait le rfrendum surlindpendancecossaise. Et pas-sait ct, selon les termes deson chef de lpoque, Alex Sal-mond,dela chance dunegn-ration. Pourtant,depuis,le nom-bre dadhrentsdu SNPa plus quetripl, pour atteindre environ100000 membres. Sachant quele Parti conservateur compte150000 adhrentset lestravaillis-tes 200000. Le formidable lansuscit par la campagne pour lerfrendum a donc subsist en

    Ecosse. Notammentgrce la machinelectorale du SNP, re-marquablement bienrode.Surtout, Salmond,parailleurs candidat unsige de dput, sest

    prudemment effacpour laisserlaplace sonancienne numro 2,Nicola Sturgeon.Formidableani-mal politique, AlexSalmond sus-cite aussi des ractions de rejetpidermiques. Ce nestpas le cas

    de Sturgeonqui, avec un sens dudiscourspos et unerpartiecin-glante, sestnaturellement impo-se. Son aisance lors des dbatslectoraux a pat et sa capacit rpondre aux attaques de toutbord,dont un nombre considra-ble de rflexions sexistessur sestailleurs colors et ses talonsaiguilles, nontfait que renforcersapopularit. Elle-mme, en tantque FirstMinister du gouver-nementde lassemble cossaise,nest pas candidate un sige Westminster. Mais elle a claire-

    mentstipul que,leaderdu SNP,elle seracelle qui prendra partaux dcisions et toutengociationaprs lescrutindu 7 mai.Nuclaire. Endpitdesesnom-breuxappelsdupied,leLabourapourle momentcarttoute coa-lition avec le SNP. Mais pas unealliance. Paradoxalement, alorsquelle nhsite pas rappelerquelle est toujours, terme, enfaveur de lindpendance delEcosse et contre le maintien delarsenal nuclaire britannique,

    Nicola Sturgeon joue les rassem-bleurs. Ellerappellergulirementquelledisposeduneexpriencedes gouvernements minoritaires( lassemble cossaise) et queces derniers nont pas entrandapocalypse en Ecosse.Marie depuis 2010 Peter Mur-rell, directeur de la stratgie duSNP, elleest unelectricevoraceetreconnat quellesurprise treune fan de la srie danoise Bor-gen surune femme Premier mi-nistre.

    S.D.-S. ( Londres)

    Nicola Sturgeon imprime sonmotifcossais auxlectionsgnrales

    REUTERS

    LE CALENDRIERw 30 mars Dissolutiondu Parlement et dbut de lacampagne lectorale.w 2 avril Premier dbat tlvisopposant les sept partis en lice.w 16 avril Second dbat publicavec les cinq partis dopposition,sans David Cameron ni le libral-dmocrate Nick Clegg.w Jeudi 7 mai Elections gnralesbritanniques pour lire le 56e Par-lementdu Royaume-Uni.

    REPRES

    Sion doit choisir entre

    leParti national cossaiset leParti travailliste[en Ecosse], je pense quevoter pour les travaillistesserait plus raisonnable.LordNormanTebbitancien chefdu Parti conservateur

    650Cest le nombre de dputs quicomposent le Parlement britan-nique. Autant de siges pourvoirpour les diffrents partis en licedans ces lections. Pour formerun gouvernement majoritaire,une formation politique doitobtenir au moins 326 siges.

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    A deux jours des commmorations du centenairedu gnocide armnien, les associationsorganisatrices semobilisent. Benjamin Abtan,du mouvement antiracisteEgam (au centre surla photo), et Nicolas Tavitian, delUnion gnrale armnienne de bienfaisance ( droite)tenaient mercredi une confrencede presse Istanbul.En parallle, le prsident turc sest rjoui de la volontdes Etats-Unis de ne pas qualifier comme tel les massa-cres dArmniens perptrs en 1915. Je naimerais pasentendre Obama dire quelque chose comme a,et je nemy attendspas de toute faon. Pour la Turquie, la

    position amricaine est trs claire, elle est contrela reconnaissance du gnocide,a dclar Erdogan.La Maison Blanche a appel mardi une reconnaissancepleine, franche et juste des massacres de centainesde milliers dArmniens perptrs par lEmpire ottoman partir de 1915 mais elle a, comme toujours, vitdutiliser le mot gnocide. Vendredi, Ankara clbreraen grande pompe le 100e anniversaire de la meurtrirebataille de Gallipoli, ou des Dardanelles, qui la opposdavril 1915 janvier 1916 contre les Franaiset les Britanniques. PHOTOROMAINCHAMPALAUNE.REA

    Branle-bas de combatau sommet de lEtatfranais: de Manuel

    Valls Franois Hollande,enpassant par LaurentFabius,toutle mondeest surle pontpour appeler lIndonsie la clmence. Cest quelheure est grave: Serge At-laoui pourrait tre le premiercitoyenfranais excut de-

    puis 1977. Ce nest quunequestionde temps,avaitditle prsidentindonsien,JokoWidodo, surnomm Jo-kowi, propos de sa pro-messe de passer par les ar-mes dix condamns mortpour trafic de stupfiants(dontneuf trangers, parmilesquelsune femme). Depuismardi,la date se rapproche:la Cour suprme a rejet lesderniers recours, ceux deSerge Atlaoui et du GhanenMartin Anderson. Il ny adonc plus dobstacle lgal.Selon le ministre de la Jus-tice, les excutions auront

    lieu aprs la finde laconf-rence afro-asiatique ven-dredi,mais avant ledbut duramadan, mi-juin.

    Ces excutions peuvent-elles tre vites ?Le Premierministre franais,Manuel Valls, a tweet quedfendre Serge Atlaoui, cestrappeler la ferme oppositionde

    laFrance lapeine demort.Et FranoisHollandea lancun appel Jakarta pourrenoncer une excutionquiserait dommageablepourlIndonsie, dommageablepour les relations que nousvoulons avoir avec elle.Au-deldesmots, lepouvoirfranais reste dmuni: Jo-kowi dtestant quon luimette la pression, toutesles interventions pourraientavoirun effetcontraire. Sur-tout, le chef de lEtat indo-nsienest convaincuque lesexcutions (en particulierdtrangers) sont efficaces

    contre le trafic de stups (ilsetrompe) et positivespoursonimage de fermet (l, il apeut-tre raison). Six per-sonnes ontt excut(dontcinqtrangers) en janvier,etJokowi veut sa deuximefourne,pariant quaucunpays nimposera en repr-sailles un boycott la pre-mire conomie dAsie du

    Sud-Est.

    Qua fait Serge Atlaoui?Il nest videmment pas untrafiquant, explique sonavo-cat, Me Richard Sdillot.Cestun petitouvrier quia tmanipul et auquel on a pro-pos untravailbienpay parceque loin de chez lui, sans ja-mais luidire queles machinesquil allait souder auraientvocation un jour fabriquerdes produits stupfiants,enloccurrence de lecstasy.Atlaoui, 51ans, pre de qua-tre enfants, a t arrten2005 etcondamn mort

    en 2007.Le principal con-damn,celui qui a tout orga-nis, a expos le mme re-cours, stonneM e Sdillot,et il est examin depuis dix-huitmois, alorsque celuiduFranaisa t rejet. Le mi-nistre franais des Affairestrangres, qui a convoqumercredi pour la troisimefois lambassadeur dIndo-

    nsie, avait relev mardi:Tout le monde reconnatquilna jou quun rle mineur, supposerquil aitjou un rle,et ceux qui dirigeaient cetteaffaire de drogue, qui taientdesIndonsiens, nont pastcondamns la mme peine.

    Quel moyen de pressionsur les Indonsiens?Un seul: 227 Indonsienssont condamns mort danslemonde,dont168 en Malai-sie,et lIndonsie rclamelaclmence. Unecontradictionqui ntouffepas Jokowi.

    MICHEL HENRY

    SergeAtlaouidsormaissans

    recoursdevantlapeinecapitaleINDONSIEParis demande grce pour leFranais condamnmortpour trafic destupfiants.MaisleprsidentJokowisembleinflexible.

    ISTANBULERDOGAN CLBRE UN CENTENAIRE POUR EN CACHER UN AUTRE

    Retraite anticipe: Michele Leonhart, patronnede lAgence amricaine de lutte contre la drogue (DEA),en poste depuis 2007, mettrafin sa carrire en mai.Cette dmission fait suite un scandale la mettant

    indirectement en cause.Un rapport administratif publien mars avait rvl que lors dorgies organisesen Colombie, des agents de la DEA auraient reudivers cadeaux (prostitues,argent, armes)de la partde cartels de drogues. Cest ce scandale qui serait lorigine de son dpart annoncmardi, pluttque le fait que Leonhart tait en dsaccord avecladministration Obama, notamment sur la lgalisationde marijuana dans certains Etats amricains(elle y est oppose). PHOTOREUTERS

    ENTACHE PAR UN SCANDALE, LA CHEFDES STUPS AMRICAINS DMISSIONNE

    Combattre les trafiquants dhommes[]nest passeulementunequestionde scurit et de terrorisme,mais de dignit humaine.

    MatteoRenzi prsidentdu Conseil italien,quia dfini

    mercredi lespasseursde migrantsen Mditerranecommedes marchandsdesclavesdu XXIe sicle, laveille du sommetextraordinairedelUE surle sujet

    70Cest le nombrede jours quil reste lIranet aux grandes puissances (Chine, Etats-Unis, France,Royaume-Uni, Russie et Allemagne) pour parvenir unaccord dfinitifsur le nuclaireiranien avant le 30 juin.Lesngociations ont repris mercredi Vienne (Autriche)pourune dure dau moins quarante-huit heures. La findes sanctions sera au cur du dialogue.

    Nouvelle tactique. Le prsident russe a surpris son homo-logue amricain, mardi, en proposant lacteur et ralisa-teur Steven Seagal comme consul honoraire en Californieet en Arizona. Vladimir Poutine souhaiterait ainsirenforcer une relation, aujourdhui ternie, entre la MaisonBlanche et le Kremlin, Steven Seagalfaisant office dinter-mdiaire, selon le site BuzzFeed. Le chefde lEtat russeavait dj mis cette proposition en 2013, lorsquil avaitrencontr Barack Obama au sommet du G8.Les autori-ts amricaines, confuses, avaient alors ragi en dclarantau site amricain: Notre premire raction a t:Cest une blague. Lamiti liant Steven Seagal etVladimir Poutine serait ne dune passion commune pourles arts martiaux ily a quelques annes. Si le prsidentrusse ne sest jamais ouvertement dclar fan des filmsdu ralisateur amricain, ce dernier a affirm quePoutine tait lun des plus grands dirigeants au monde,peu aprs lannexion de la Crime.

    STEVEN SEAGAL POUR RCHAUFFERLES RELATIONS RUSSIE-TATS-UNIS?

    LHISTOIRE

    LES GENS

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    LesuspectdeVillejuifprojetaitdattaquerdesglises

    Plac engarde vuedimanchematin,SidAhmed

    Ghlam,24ans,dtenaitun fusildassautetdesarmesdepoing.DesdocumentsvoquantAl-Qaedaonttretrouvs sondomicile.

    La Francevient dchapperdepeu unnouvel atten-tat, quatre mois peineaprs lestueriesde janvier.

    Mercredi, le ministre de lIntrieur,Bernard Cazeneuve, a annonclarrestation de SidAhmed Ghlam,un tudiant algrien de 24 anssuspectde fomenter une attaqueimminente contre une ou deuxglises situes Villejuif (Val-de-Marne).Projet dont il auraitaffinles modalits avec un hommepouvant se trouveren Syrie,selonle procureur de Paris, FranoisMolins,qui a tenu une confrencede presse mercredi aprs-midi.

    KALACHNIKOV. Linterpellationa eu

    lieudimanchematin,dans descir-constances pour le moins rocam-bolesques. Vers 9 heures, Sid Ah-medGhlam appelle leSamu aprsavoirt touchpar balle la cuisseetjuste au-dessusde larotule.Il ditavoirt agress aupistolet plombparun hommequilauraitrackett.En ralit, il se serait lui-mmebless la suite dune mauvaisemanipulation de son arme feuA leur arrive dans le XIIIe arron-dissement, les secours pr-viennentla police. Pendantson transfert lhpital, lespoliciers remontent ses traces desang, et aboutissent sonvhicule,dans lequel ils dcouvrent unekalachnikov avec des chargeurs

    garnis, des pistoletsautomatiques,un gyrophare, trois tlphonesportables et un GPS. Selon RTL,sonidentit a alors dclenchplu-sieurs alertes au sein des autoritsjudiciaires et policires.Elve en lectronique lcoleSupinfo(XIVe arrondissement), SidAhmed Ghlam a rejoint la Franceen2001 dans lecadre duregroupe-ment familial. De 2001 2003, ilstablit avec ses parents Saint-

    Dizier (Haute-Marne). Sans pa-piers,il retourneensuite en Algrie,o ilpasseson baccalaurat, etnerevienten Franceque sept ansplustard. En 2011, il sinstalle Paris,dans la chambre 310 dune rsi-

    dence tudiante situe proximit de la bibliothqueFranois-Mitterrand. Cest

    la premirefois quonentend parler delui depuis quila prislappartement.Il ny a eu aucun signalement, ilpayait son loyer normalement, dans

    les200 euros parmois, a expliquConstance Blanchard, porte-paroledu Crousde Paris. Dtect par lesservices de renseignement pourson appartenance la mouvanceislamisteradicale, il faisait lobjetdune fiche S poursret deltat, ce qui implique une sur-veillance.Toutefois,aucune couteadministrative navait t engagele concernant.Lors de sa confrence de presse,

    Franois Molins a indiqu quetrois kalachnikovs supplmentaires,des gyrophares, quatre gilets pare-balles ainsique plusieurs brassards depolice ont t perquisitionns audomicile deltudiant. SidAhmedGhlam disposait galement dunedocumentation en arabe voquant lesorganisations terroristes Al-Qaeda etEtat islamique. Il aurait voqu lacommission dun attentat avecun homme pouvant se trouver enSyrie.Ce dernier lui aurait demand

    explicitement de ciblerparticulire-ment une glise, a ajout leprocureur de Paris.

    TURQUIE. Placen garde vue dsdimanchedepuisson litde lHtel-Dieu, lhomme a dabord fourniaux policiers des explicationsfantaisistes avant de senfermerdans le mutisme. Il aurait toutefoisconfess un voyage de dixjoursenTurquie en 2015. Le parquet anti-

    terroriste a confi lenqute enurgence la section antiterroristede la brigade criminelle de Pariset la Direction gnrale de lascurit intrieure (DGSI).En outre, les enquteurs soupon-nent SidAhmedGhlam du meurtredAurlie Chtelain,professeuredefitness de 32 ans,retrouve mortedimanchematin, Villejuif,sur lesige passager de son vhicule.Lhomme aurait tent de lui drobersa voiture. Mre dune fille de

    5 ans, elle a tabattue dune balleentrepar lpaule. Des traces delADNde lindividuont tretrouvesdans le vhiculede lavictime, unesurle frein main, lautre sur le bas decaisse gauche, a rvl FranoisMolins.Par ailleurs, les premiresanalyses balistiques ainsi quelexploitation des donnes GPS ontpermis dtablir la prsence de SidAhmed Ghlam Villejuif.Depuis, plusieurs interpellations

    ont t ralises dans lentouragede SidAhmedGhlam, notammentdans le quartier sensible du Vert-Bois, Saint-Dizier. Ltudiantvenait y passer des week-endsen famille. Ces dernires annes,certainsde sesproches se seraientradicaliss.

    VOLETS CLOS. Mercredi matin,la Brigade de rechercheet dinter-vention (BRI) a arrtune femmede 25 ansvtue dune burqa.Selon

    des voisins, elle louait un petitpavillon o elle rsidait depuisquelquesmoisavecdeux enfants enbasge, lesvolets toujours clos. Elleestactuellementen garde vueau36, quai des Orfvres, Paris.Sa sur, Anglique, a assurquelle pratiquait fond lislam,mais quelle ne parlait pas deterrorisme. Elle sest convertie il y aenviron deux ansmais elle napas depetit ami.

    Par WILLY LE DEVIN

    BernardCazeneuve et Manuel Valls, mercredi, la sortie dune desglises de Villejuif menaces par le projet dattentat.PHOTOKENZOTRIBOUILLARD. AFP

    REPRES Nous sommes dansunesituationde fragiliten facedemenaces quisont faites, pourpartie,dextrmisme dlirant.FranoisBayrou lemaireModemde Pau,cemercredi,sur RMC

    Face un certainnombredindividus prts tout,il faut accepterquelascurit primesur un certain nombrede rgles.NicolasSarkozymercredi

    Vouloir sen prendre une glise,cest senprendre un symbole dela France, cest lessencemme de laFrancequon a vouluviser.ManuelValls Villejuif,mercredi

    Lesconsquences sontdj graves parce quilyaunefemmequi,selontoute vraisemblance,attueparceluiquia tarrt.FranoisHollande mercredi

    RCIT

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    FRANCE 11

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    ClaudeBartolone,Marie-Pierrede la Gontrie

    et Jean-Paul Huchon(de haut enbas).

    PHOTOSJEAN-MICHELSICOT,

    OLIVIERLABAN-MATTEI.AFP

    LAURENTTROUDE

    Rgionales:Bartolonerefusedednouerle

    sacdenudsfrancilienLElyseespraitvoir leprsidentde lAssemblenationalersoudre leduelentre Jean-PaulHuchon etMarie-Pierre delaGontrie.MaispourBarto, cest non. Pour linstant.

    Par LAUREBRETTON

    U

    n troisime homme vous man-queet tout estcompliqu.Pressparlexcutif deseprsenteraux

    rgionales en Ile-de-France,endcembre, histoire de dminer une pri-maire virant la ptaudire, Claude Barto-lone a annonc mardi soir Franois Hol-landequil ntait finalementpas preneur.Entreune visite officielle Rome et un d-placement en Nouvelle-Caldonie, le prsi-dent delAssemblea dn avec lechefdelEtat lElyse pour luiexpliquerque lesconditions ntaientpas runiespour lui.

    MAELSTRM. Pour Hollande, ctaitpour-tantune excellente solution. Eloignantlespectre dun dueldltre entre Jean-PaulHuchon, prsidentsortant et candidattouscrocsdehors un quatrimemandaten d-pitdes statuts du PSqui linterdisent, et sapremirevice-prsidente Marie-Pierre dela Gontrie, qui sest lance en dcembre

    dernier.Manuel Valls,lui, ne pouvaitpasvoir dun mauvais il une candidatureBartolone, neutralisant celuiquune partiede la majorit prsente comme le seul enmesure de le remplacer Mati-gnon. Pour ajouter un peu depiquant ce maelstrm, lesdeux principaux lieutenants du Premierministre soutiennentchacun un candidatet interprtent chacun leforfaitde Bartoen leurfaveur. Ilny a plus dobstacle unecandidature de rassemblement des socialistes.Toutela divisionorchestre par descamaradesfcheux doit cesser,plaide Carlos da Silva,dputdelEssonneet partisande Huchon.Maispour LucCarvounas, Marie-Pierredela Gontrie estplus mme de faire lunion gauche, avec lescommunistes etles co-logistes. Et puis, le rapport de forces interneet la dynamiquesont en sa faveur, insistelesnateur-mairedAlfortville.Elle reprsenteune offre politiquenouvelleau momento leslecteurs ontbesoinet envie dea. L-des-

    sus,Julien Dray,cart deslistes dparte-mentales en mars,sestmis menacer lePS dune candidature dissidente si Marie-Pierrede la Gontrie remportaitla primairefin mai, tandis que la section PS de Con-

    flans-Sainte-Honorine, fief historiquedeJean-Paul Huchon, sestrangederrire lavice-prsidente de la rgion. Bref, huitmoisdu scrutin, cestle bazartotal gau-che dansla rgionla plus peuple(et laplusriche) de France.Pour nombre dedirigeants rgionaux,cestla faute de ltage du dessus, celui delexcutif. Dsle moisde septembre 2012,ClaudeBartoloneavait faitpasser lElyseune note sur le problme de lIle-de-France, pyramide desgeset alliances po-

    tentielles gauche lappui. HollandeetValls sont aucourantdepuis toujourset ilsontchoiside ne paschoisir.Cest de lapolitique

    duchiencrevau filde leau, l-cheunelue. Malgr des appelsdu pied avec ses chaussures en

    pointure 70, Huchonna pas russi se fairerecaser ailleurs, balance un prochede Ma-rie-Pierre de la Gontrie.Toutsest emballautour dunsondage secret commandparle PS et rvl samedipar Libration. Seloncette tude Harris Interactiveportantsur lepremier tour, avec 21% dintentions devote, Jean-PaulHuchon, Claude Bartoloneet lancienministreBenotHamonarriventtous trois galit face la candidate delUMPValrie Pcresse,crdite de 25% dessuffrages. Ilny a pas desauveur socialisteet donc exit Bartolone, sest empress declamer le camp Huchon. Quand lquipeBartolonea surtout insist surla partiequa-litative du sondage,nettement plus favora-

    ble au prsident de lAssemble, notam-mentsur sa capacit rassemblertoutelagauchefrancilienne. Les soutiens de Marie-Pierre de la Gontrie, eux, se sont rjouisquelle ne soitquetrois points ( 18%)

    derrire de telles personnalits nationalesdont le prsident de la rgion depuis dix-sept ans.Pour un ministre, cette tudemontresurtout que Huchonet de la Gontrieontde faibles chances, pasloin dtrequiva-lentes, de lemporter face Pcresseet quilnousfautun candidatcapablede rassemblertoute lagaucheou demettrelescolos enslipsilsse prsentent contre nousquandmme.EntendezBartolone. Selonplusieurs sourcessocialistes, le deuxime toura galementt test par le PS et donne une lgre

    avance ladroitequel quesoitlecandidatde gauche. Ilnen fautpasplus auxpartisansde Huchonpouraccuser Bartode lchet.Il ne va pas lcher la proie pourlombre, autrementdit la prsi-dence de lAssemblecontreune

    dfaite potentielle en dcembre,raille un prochede Huchon.

    HIC. Vu laprogressionde ladroiteaux mu-nicipales et aux dpartementales en Ile-de-France,Bartolone veut des garanties, re-connatun ancien ministre. Comme pou-voir rester au perchoir pendantla campa-gne, lautomne prochain, et y resteren casdchec.Voiresassurer quilny aura pasde primaire silfinissait par cderaux sir-nesde lexcutif. Le hic, cest quele PSesten pleins prparatifspour son congrs. Alheure o chaque courant faitcampagneau seindun parti qui senorgueillitdtreun parangon de dmocratie interne, il pa-rat difficile,pour ne pas dire impossible,de dbrancher une consultation militante,prvue le 28 mai. Pour quela saga prennefin, il manque encore deux pisodes quipeuvent tre autant de rebondissements.Le retrait de Bartolone est-il dfinitif? Etsi oui, qui apportera-t-il sonsoutien?

    ANALYSE

    Valls nepouvait pasvoir dunmauvaisil une candidature Bartolone,neutralisant celui quunepartiede lamajoritprsente comme leseulenmesure de le remplacer Matignon.

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    ChantalJouannodoitconduire une listeUDI.Lafusionaveccelle de ladroite ausecondtourest acte.

    Une candidature au

    centre qui agace lUMPL

    hypothse de voirconcourir deux listesde droite, lune UMP

    et lautre UDI,pour lespro-chainesrgionalesen Ile-de-France, ne fait pas lunani-mitau seinde laformationde centredroitconduiteparJean-Christophe Lagarde.Certaines voixslventpourrclamer lunionds le pre-mier tourentre lUMPet sonalli centriste, au nomdelefficacit politique.Rservoir.En ltat,la listecentriste sera conduite par

    Chantal Jouanno, snatricede Paris luesousltiquetteUMP. Etsur cette candida-ture, il y aura zro ngocia-tion, avertit Jean-Christo-phe Lagarde, dput mairede Drancy (Hauts-de-Seine),bien dcid dfendre unecandidature centriste ind-pendantedans la rgionca-pitale: la porte-drapeau delUDI rpond la sociologiefrancilienne et offre la can-didatede lUMP, Valrie P-cresse, un rservoir de voixau second tour. La fusion deslistes entre lesdeux tours estdjacquise.Un apport cen-triste nonngligeable puis-queselonun rcentsondagede linstitut Louis-Harris,lakarateka Jouannoest crdi-tede 10%des intentions de

    vote.Malgr ce bonscore, lechoixde Lagarde estcontesten interne. Le dput Mau-rice Leroy,rlu la ttedudpartement du Loire-et-Cher, fait partie des parti-sans dune liste communeUMP-UDI emmene ds lepremiertour par lancienneministre Valrie Pcresse,chef de file de lopposition auconseil rgional.Il suffit de regarder ce quisestpass auxdpartementa-les. Partout o nous sommespartis unis, nous avons ga-

    gn, constate Maurice Le-roy pour qui en 2004, lacandidature d Andr Santiniavaitdu sens. Il avaitalorsfait17%. Et ce nest pas un son-dage qui donne ChantalJouanno 10%qui vientcon-tredire tous ceux qui la don-nent 5%. Les mauvaiseslangues de lUDI ne se pri-ventpas deglosersurle coli-brique la candidate centristesest choisicomme emblmede campagne. Cest le seuloiseau capablede faire du volstationnaire comme elle dansles sondages, rigole un ad-versaire de sa candidature.Une espce qui rassemblenombre danciens partisansdHerv Morin lui-mmeassur de conduire une listedunion dans la Normandie

    runifie. Tout comme Phi-lippe Vigier, galementadoub dans la rgion Cen-tre. Pasbesoin dtre grandclerc pourcomprendre que lesamisde Nicolas Sarkozy sonten train de monter au crneaupour dfoncer la candidaturedeJouanno afinde mieux b-tonner la leur,dnonce unproche de Jean-ChristopheLagarde.Sellette. Dautant quausein de lUMP, certainssnervent du sortparticuli-rement favorablerservaux

    cousins centristes. Sur lesseptrgionsjugesgagnablespar la droite aux rgionalesde dcembre,lUDI condui-rait les listes danstroisden-treelles, Normandie, Centreet Bourgogne. Maisla candi-daturede Jouanno en Ile-de-Franceagacesuffisammentlepatron de lUMP quelle aconseill lElyseavantdedevenirministre des Sportspourremettreen causecetterpartition.Seraitalorssur lasellette, Franois Sauvadet,chefde file delUDI enBour-gogne-Franche-Comt qui,dans cette rgion que ladroite jugegagnable,fait faceaux ambitions de lUMPAlainJoyandet, lequelse ver-rait bientte de liste.

    CHRISTOPHE FORCARI

    REPRES

    ChezEE-LV en Ile-de-France, Emma-nuelle Cosse a t lue samediavecprsde 70% des voix. Elle sera chefde file femme. Chez les hommes, il yaura un second tour. Pierre Serne seraface Julien Bayou ou Stphane Gati-gnon, qui saffrontent. Lorsque les deuxchefs de file seront choisis, le conseilfdral dsignera la tte de liste finale,le9 mai.

    624Cest,en milliards deuros, le PIB(Produit intrieurbrut) de la rgionIle-de-Francepour lanne 2012 selonlInsee, ce qui reprsente 30% de larichesse produite en France.

    CALENDRIER

    La primaire PS, qui doit en ltat dpar-tager le prsident sortant de la rgionIle-de-France, Jean-Paul Huchon, can-didat un quatrime mandat, et savice-prsidente Marie-Pierre de laGontrie, se tiendra le 28 mai, en vuedesrgionales des 6 et 13 dcembre.

    12Cest, en millions, le nombre dhabi-tantsde lIle-de-France rgion la pluspeuple du pays, soit 18,7% de lapopulation nationale (64,2millions).

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    A320:Pourquenosmontagnesnesoientpasassociesquaucrash

    continuent se succder des pro-ches des victimes. Les habitantsredoutent prsent lafflux decurieux. Ona peur quedesgens d-

    barquentavec des polespour gratter la terre etchercher des dbris de

    lavion, souligne Pascal. Etpuisonne voudraitpas quenos montagnes nesoient associesquau crash,un peucomme le montSainte-Odile, dansle Bas-Rhin,marqupar la catas-trophearienne de 1992.

    DBLAYAGE. Nadge, sa voisine decaisse, confie quellene regardeplus lamontagne de lamme faon.Pour cette mre defamille,il a aussifallu rassurer sesdeux filles scolari-ses au Vernet,la commune la plusproche de la zone du crash. Ellesontbeaucoup parl de la catastropheen classe,relve-t-elle. Difficile de

    faire autrement: lcole, qui ac-cueille9 lves, estsitueen margedu village,face au terrain o,justeaprs le drame, les autorits ontinstall une stle en mmoire desvictimes. Pour viterquilsne croi-sent chaque jour les familles en-

    deuilles, lamairiea dplacprovi-soirement lesenfants dansle centredu village. Le btiment de lcoleest dsormais occup par unequipe de laLufthansa venue enca-drerles oprations de dblayagedesdbris de lavion et organiser les

    dplacementsdes famillesde victi-mes.Depuisla catastrophe, environ600 personnessontvenues se re-cueillir au Vernet.Prs de la stle, une chapelle ar-dentea tamnage,dansun localde lhtel-restaurantlInattendu.Il

    y a un mois, TeddyBartoli, le grant deltablissement,et sonpouse Christelle onttout lch pourse ren-dredisponibles, allantjusqufermerleur se-condrestaurantduLu-beron,o ilsrsident

    lanneavecleurs enfants. Une lo-gistique folle,souffle Christelle,quinapas beaucoupdormidepuis. Jene sais mme plus quel jour onest.Mais pas question de lcher sonposte. Jetravaille de5 23 heures,impossiblede demander un employ

    LaviondelaGermanwingssest cras il y a unmoisentre LeVernet etPrads-Haute-Blone, oleshabitants apportent toujours leuraideaux famillesetenvisagent lavie aprs lacatastrophe.

    Le fond de lair est encorefrais,mais plusassez pourmaintenir lescoulesblan-ches qui disparatront

    bienttdes massifsalentours.Cestle printemps Seyne-les-Alpes et,dans le grand champ face au par-kingde lIntermarch,seulsquel-ques oiseaux piailleurssopposentausilence.Ilyaunmoispeine,letapage des pales dhlicoptresoccupait tout lespace.Cestdepuisce terrain que les secours senvo-laient vers la montagne voisine,derrire le col de Mariaud, l o,le24marsenfindematine,lA320de la Germanwings sest cras.Les jours qui suivirent, Pascal, le

    grantdu supermarch,a vudfilergendarmeset militaires, descentai-nes de journalistes, des ministresfranais,allemandset espagnols etmme leprsidentde laRpublique.Ces cho-ses-l, normalement,onneles voitqu latl. L,ctaitcheznous Pour rpondre lurgence,sonquipe sest dmene: ouver-ture 7 heures pour la pause-cafdes secouristes, fermeture retardejusqu ce quil ny ait plus per-sonne dansles rayons.Cestnette-ment plus calme depuisquinzejours,concde le jeune homme. Depuisunedizainede jours,les journalistesplusde 300 justeaprsle crashsont partis.Pareil pourles quipesdintervention qui quadrillaient leprimtre.Seuls quelques gendar-mesont tmaintenus pourgarderlesaccs au site. Sinon, au village,

    Par STPHANIEHAROUNYANEnvoyespciale dansles Alpes-de-Haute-ProvencePhotosOLIVIERMONGE.MYOP

    Lesitese prteaurecueillement.Ilyadesstlesunpeupartout.Cest lamentalitdes gensdemontagne, onaura toujours unepensepourlesvictimes.Jean-LouisBietrix guidedans largion

    REPORTAGE

    A proximitdu restaurantde Teddyet ChristelleBartoli,o une

    chapelleardentea tamnage.Unestlepermet auxfamillesdesvictimeset auxhabitantsde serecueillirau pieddela montagnedu Vernet.

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    une telle plage ho-raire. Et puis cestmon rle, je fais unpeu la maman. Dailleurs, cestcommeaquelontsurnomme les no-vices de lquipededblayage qui ontremplac les jour-nalistes dans lh-tel. Depuis lundi,le coupleaccueillegalementles famillesdes victimespourle djeuner.Laprs-midi, Jean-Louis Bietrixprendle relais. Cegendarme lare-traite, aujourdhuiguidede monta-

    gne, est lun des nombreux habi-tants avoir propos bnvolementsesservices. Sonrle: organiserunebalade pourrapprocher lesfamillesdusite ducrash, toujoursinaccessi-ble. Elles nont pasencore rcuprle corpsde leur proche, rappelle-t-il.Cette promenade leur permet de seraccrocher quelque chose. Lepar-cours du guide longe la rivire,au pied de la montagne.Je leurmontre les fleurs, on coute lesoiseaux Peu peu, ils posentdes questions, un peu comme silssappropriaientles lieux.

    MLZES.La marche se prolongejusquau barrage des gendarmesqui surveillentles accsau site. ales ramne la ralit. Je leur parlealors de l-haut. Je dis que cest unendroit paisible, que lt, il y a desvaches, des moutons. Cette monta-

    gne, elle est vi-vante. En fin deparcours, Jean-Louis ramne lesfamilles sur unebutte do lonaperoit le col deMariaud. Cestl-bas, au milieu desmlzes, que de-vrait tre rige la

    stle en mmoire des victimes.Franois Balique, le maire duVernet et sonhomologue de Prads-Haute-Blone, le village situ delautre ct de la zone de crash, ytravaillentactivement. Lidal se-

    rait davoir une chapelle ardentecompltementvitre pourpouvoirserecueillir face la montagne,r-sumeFranois Balique. Le tout delamanirela plus sobre et laplusin-tgre au paysage,prcise llu,qui voudrait crerun espace desi-lence autourdu col.Dj,la chasse a tinterdite. Et silaroute crepouraccderau siteva tre goudronne,seuls quelquesvhicules pourront lemprunter.Dautres chemins pdestres serontouverts, et cest Jean-Louis, leguide,qui a t mandat pour d-terminer les itinraires: Lesiteseprte au recueillement.Dailleurs, ily a desstles un peupartout en mon-tagne, plein de petitesplaques. Cestla mentalit desgens de montagne,onaura toujours une pense pourles vic-times. Et a, cestrassurant pourlesfamilles.Plusieurs dentre elles

    ont dj prvude revenircet t.Afin deles accueillir aumieux, lesdeux communes vont runir en-semble leur conseil municipal,le 29 mai. Lenjeu est importantpour une valle plutt habitue un tourisme modr,familial. Leslus voudraient surtout viter toutcommerce de curiosit.Onne veutpas voir dargent,insiste FranoisBalique. On taitpauvre avant,on lerestera aprs. Jespreque mesadmi-nistrs continueront tre lahau-teur. Il faut aussi penser auxgnra-tions futures: certains parents devictimes ont des enfants qui, leurtour, voudront venir. Il faudrafaire un

    travail de pdagogie avec lesjeunes.

    DPOLLUTION.Si les municipalitsesprent tre prtes pour cet t,laccsau site dpendra de lavan-ce desoprations de dpollution.Il fautencore nettoyer les4 tonnesde krosne et dhuile qui ontimprgn le sol.Ce nestquaprsque la stle pourra tre construiteet la chapelle ardente de lInat-tendu dplace l-haut, librant lapetite pice de Christelleet Teddy.Avant le drame, ils avaient prvudy installer un espace bien-tre.Maiscomment voulez-vous faire unspaici aprs tout a, dit Christelle,trangle par lmotion. Cesttropdur Son maritempre: Il fautlaisser du temps. Pour linstant, onva tout faire dans lintrt des fa-milles. Mais nous aussi, il va falloirquon apprenne vivreavec.

    Le24 mars, lA320 de laGermanwings sest crasderrire le col deMariaud, sur le territoiredes communes du Vernet(123 habitants) et de Prads-Haute-Blone (186). Lessecours se sont installs Seyne-les-Alpes, communevoisine de 1420 habitants,mieux quipe pour cetype dinterventions.

    REPRES

    Unlienparticulieretdurable sest tablientre leshabitantsetles familles devictimes. Nousavonsouvertnos portesetnotrecur.Franois Baliquemaire du Vernet.

    ALPES-DE-HTES-

    PROV.

    Digne-les-Bains

    50 km

    ITALIE

    ALPESMAR

    VAR

    Le Vernet

    Seyne-les-Alpes

    Prads-Hte-

    Blone

    150Cest le nombre de mortsdans lecrash delA320de la Germanwings,144 passagers et 6 mem-bres de lquipage.

    La reproductionde nos petites annonces

    est interdite

    Le Carnet

    Emilie Rigaudias0140105245

    [email protected]

    CARNET

    DCS

    DominiquePajotle journaliste

    domjy pajotl'artiste

    s'enest allle 3 avrildernier.Marielle,Sacha, Jrmy,Laet Anne-Marieont

    dispersses cendresenborddemer Landrellec, souslesoleiletleregardmudesbigorneauxet desgolands.

    Solong Dom !

    Batriceet PhilippeKoeppel,ses enfants,

    Laura etCyril,sespetits-enfants,ontla tristesse devousfaire

    partdu dcsde

    Suzanne Koeppel,neDebray le14 avril1922,survenule 17 avril2015.

    33,rueQuincampoix75004Paris

    MmeDanileOnnainty,sonpouse,

    M.et MmeGeorgesChabat,sessuret beau-frre,M.ArnaudChabat,

    sonneveu,

    ontla douleurde vousfaire partdu dcsde

    M. MarcelONNAINTYavocathonoraire,

    ancienprofesseurdedroit,

    ancienlvede Science Po,

    survenu Neuilly-sur-Seine,le17 avril2015,

    danssa 79meanne.

    Unhommage luiserarendulejeudi 23avril, 11heures,

    aucrmatoriumduMont-Valrien,

    ruedu Calvaire, Nanterre.

    Tl. 01 40 10 52 45

    Fax. 01 40 10 52 35

    Vous pouvez nous faire parvenirvos textes par e.mail :

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    Le Carnet

    LIBRATIONJEUDI 23 AVRIL 2015 FRANCE 15

  • 7/21/2019 Libration du Jeudi 23 Avril 2015

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    Laurent Stefanini,lac-tuelchef du protocolelElyse, sera-t-il oui

    ou non ambassadeur deFrance auprs du Saint-Sige? Entre Rome et Paris,

    laffaire est empoisonnedepuis plusieurs semaines,court-circuite surtout parles rumeurs. Pour le mo-ment, rien ne semble tredfinitivement arrt.LEly-se a fait savoir, en tous lescas,quil maintenaitla can-didature de Stefanini,catho-lique et finconnaisseurdesarcanes romaines, et quilattendait toujours une r-ponsedu Vatican. En revan-che, la confusion rgne surlesintentionsrelles du papeFranoisqui a pris,ces der-niers jours, le dossier enmain. Aprs lui avoir critpersonnellement, Stefanini

    a treu,en priv,samedi,par Franois.Avoir obtenuun rendez-vous avec le papeestune marquerare deconsi-dration,explique lhisto-rien PhilippeLevillain, sp-cialistede la papaut.Discrtion. Reste que, de-puis,deux versions contra-dictoires circulent surla te-neur de cet entretien dunquartdheure. Le papea-t-iloppos un niet LaurentStefanini? A-t-il argu dufaitquil navaitpas apprcilattitude de la France qui,aprs avoir vot le mariagepour tous, lui envoyait unambassadeur gay? Ou a-t-ilpass au gril le diplomatepour se faire lui-mme sonopinion? Impossible detrancher tantque le Vatican

    garde le silence, habitu rglerces affaires-l dansladiscrtion.Quoi quil en soit,la candi-dature de Laurent Stefanini,qui a t numro 2 delam-

    bassade de France auprs duVaticande20012005,aes-suy un tir de barragesfourni. Lesrumeurs vont bontrainafin decontrerla nomi-nationde ce diplomatechoisipar Franois Hollande.Au Vatican, le bruit a ainsicouru que Laurent Stefa-nini, 55 ans, avait soutenupubliquement le mariagepourtous.Cestcela (etnon

    son homosexualit) qui luiaurait barr la route de laVilla Bonaparte, sige delambassade.Rien naccrdite pourtantun telengagement du diplo-mate, rputpluttde droiteet tenant dune conceptiontraditionnelle de la famille.Les attaquessont venues deplusieurs milieux.Accord leplus souvent en fin de car-rire, le poste dambassa-deur auprs du Saint-Sigedemeure trs convoit, ali-mentantles rivalits. Et cela,mme si lambassadeest unepetite reprsentation onofficient quune poignede diplomates. Leposte estprestigieux, souligneencore

    lhistorienPhilippe Levillain.Plante au milieu dun trsbeau jardin, la villa Bona-parte est un lieu extrme-ment agrable et lesrseauxdu Vatican restent parmiles

    mieux informsau monde.Cardinal.La nominationdun gay, discret sur sa vieprive, a aussi mcontentcertains milieuxcatholiquesconservateurs. Pourtant,le diplomate bnficie dusoutien du cardinal AndrVingt-Trois, archevque deParis, qui sest adress lui-mme au pape en ce sens.LhebdomadaireValeurs ac-

    tuellesest le pre-mier avoir d-gain, en mars,contre Stefanini,dvoilantson ho-mosexualit etvoquant une

    provocationdeHollande.Mise en

    cause dans cette affaire, LaManif pour tous a jur sesgrands dieux, parla voix desa prsidente Ludovine de laRochre, ny tre pourrien,craignantsurtout de se fairetaxer dhomophobie.Si la candidature de LaurentStefanini pose indniable-mentdes problmes au Vati-can, les motifs ne sont pastout faitclairs. Sonhomo-sexualit semble bien avoirtinstrumentalisede diff-rentscts.Selon unesource Rome, une autre rumeurcirculait sonsujet,des lienssupposs (mais dmentis)avec desmilieux catholiquesintgristes.

    BERNADETTE SAUVAGET

    Accord le plus souvent enfinde carrire, le postedambassadeurauprs duSaint-Sige demeuretrsconvoit, alimentant lesrivalits.

    ImbrogliodiplomatiqueentreParisetleVaticanPAPAUTLechoix dufutur ambassadeur franaispatine, sur fondderumeurs dhomophobie.

    Le chef du protocole LaurentStefaniniau palais de lElyse le 10 avril. PHOTOALAINJOCARD. AFP

    Par AMANDINECAILHOL

    Laprimedactivitouverteauxtudiants,oui,maiscomment?

    Bonne nouvellepour lestudiantssalariset lesapprentis. Aprs plu-

    sieurs jours de tergiversa-tionset de paroles contradic-toires entre ministres,lexcutif a tranch : ilspourront bnficier de laprime dactivit (fusion duRSA-activit et de la primepourlemploi).Cest MarisolTouraine,la ministredes Af-

    faires sociales, qui la an-nonc,aprs la prsentationduprojetdeloisurledialo-guesocialen Conseildes mi-nistres. Et ce, alors mmequeletexteportparlemi-nistre du Travail ne prvoitpas sonouverture aux actifsen formation initiale ou enapprentissage. Un amende-ment gouvernemental devradoncle corriger.

    Le dbat nest pas nouveau.Lorsde la prsentationde laprime,le 3 mars,le Premierministre avait voqu unerflexionsur ladfinitiondesjeunes actifs ligibles. Avant

    de glisserque certainssujetsrest[ai]ent ouverts la discus-sion. Maisdj, le ministredu Travail se montrait r-serv. Tousles tudiantssa-laris ne sontpas modestes. Nevaut-il pas mieux concentrerlesmoyens surles bourses?interrogeait un membre ducabinet renvoyant la ques-tion au Parlement. Ctaitsans compterlinterventiondu prsident de la Rpubli-que,dimanche,sur Canal+,en faveur duneextensiontoutes lespersonnes qui sont

    dans les petits boulots.Dslors, le ministre du Travailavait beau faire de la rsis-tance,ctaitpli. Le prsi-dent de la Rpublique a sou-hait que ce dispositif puissebnficier aux jeunes qui tra-vaillentquel quesoit leur sta-tut, rsume Touraine. Maisseuls ceux qui gagnent aumoins0,8 Smic pourrontenbnficier. Passuffisant pour

    treize associations(la Fnars,le collectif Alerte, etc.) quidemandent, dansune lettre Franois Hollande,unac-cs plein et entier [des jeunesactifs] la prime dactivitsans conditionde revenu. El-lesdnoncentun mcanismediscriminatoire [qui] vacrerune ingalit de traitement.Premiers touchs: les tu-diants salaris qui perce-vaientla primepourlemploiet se retrouvent exclus de laprime dactivit.

    Si lquationpolitiqueest sol-de,une autre reste traiter:lefinancement. Bercy a dj

    annonc que lextension neserait pas unedpensesup-plmentairedu budgetinitialde4 milliards deuros. Quant Marisol Touraine, elle es-time quellene doit pas setraduire par une rduction si-gnificative de la prime verseaux autres actifs.De quoinourrir encore quelquesd-bats.Un dirigeantde lamajo-rit sagace: A enveloppeconstante, desgens vont forc-mentsortir du dispositif.Pour-quoi taper sur les smicards etnonsur leshautssalaires.

    DROIT DE SUITE 66761Cestle nombre depersonnesqui taient

    incarcres au 1er

    avrilen France. Ce chiffreest stable par rapportau mois prcdent,maisest toujours largementsuprieur la capacitrelle daccueil desprisons franaises.Parmices dtenus figurent756 mineurs (+4,4% surun mois) et 2158femmes(+4% sur un mois).

    Je suis parfois unpeu tonndevoirquele prsident dela Rpublique

    soumet au Conseilconstitutionneluntexte quil a lui-mmerdig.Jimaginequesillaprsent au Conseildesministres, quilprside,cest quildoit tre assurquece texteest lgal.NicolasSarkozylemercredi22 avril, Nice,ausujetdelaloisurle renseignement

    Un genre de marche arrire. Quelques semaines avantle congrs du Partisocialiste Poitiers (du 5 au 7 juin),Pierre Moscovici, commissaire europen, a signla motion majoritaire des responsables du parti: celledu premier secrtaire de Solfrino,Jean-ChristopheCambadlis. Pasde souci. Mais aprs stre fait gronderpar les conservateurs allemands,qui lui ont reproch dejouer contrela CDU, le parti de droite dAngela Merkel,lancien ministre de lEconomie et des Finances de Fran-ois Hollande a dclaravoir sign la motion sans lavoirlue, et regrette sa signature, selon lExpress. Pour rappel,le 14 avril, Lib publiait un article au titre vocateur:Congrs PS: ce texte que les ministres auraient dmieux lire avant de signer. PHOTOAP

    MOSCOVICI REGRETTESON BLANC-SEING LAMOTION CAMBADLIS

    LES GENS

    Toulouse, mercredi matin:un homme court,nu, der-rire une femme lint-rieur de la gare Matabiau.Des agents de la policeferroviaire linterpellent.Ils pensentdabord une agression sexuelle.Lhomme nu, furieux, lche la police: La femme quevous laissez partir, cestune prostitue qui ma pris

    ma sacoche, mes papiers!Lhomme nu accusela prostituede lui avoirdrob sa sacochedansun htel de passeprsde la gare. Changementde programme. La policegarde le suspectsoussurveillance et part la poursuite de la prosti-tue de 33 ans. Cettedernire est interpelleavec la sacochedu client,qui contient des papiersdidentit et plus de500 euros. La prostitueest place en garde vue lhtel de policeet lhomme quitte la gare,toujours nu, pour rcup-rer ses affaires dansla chambre dhtel. Le toutsous le regard des usagers.

    LHOMME POILSTAIT FAITPLUMER

    LHISTOIRE

    LIBRATIONJEUDI 23 AVRIL 201516 FRANCEXPRESSO

  • 7/21/2019 Libration du Jeudi 23 Avril 2015

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    FranceTl

    attendunevision

    LeCSAdevraitannoncercejeudi lenom

    duprochainprsidentdugroupe.Portraitrobotdupatron idal.

    Mais quallaient-ils tousfaire danscette galre?Alorsque leCSA devraitfaire connatrece jeudi

    sonchoixdu futur patronde FranceTlvisions,ils sont 7 (sur 33 dos-

    siers dposs) figurer dans uneshort listresteofficieuseet quiena tonnplus dun: lePDGac-tuel, Rmy Pflimlin,candidat sareconduction,deux femmes(Del-phine Ernotte-Cunci la ttedOrangeFranceet NathalieCollinen charge de la transition numri-que la Poste aprs tre passe parla musique chez EMI France et lapresse crite Libration,puis lObs), un haut fonctionnaire(ChristopheBeauxde laMonnaiedeParis)et trois routiers confirmsdelaudiovisuel (PascalJosphe, Cy-rille du Peloux et Robin Leproux).Auditionns mardi et mercredi huis clos parleshuitsages duquaiAndr-Citron,ces prtendants la

    magistratureaudiovisuellepubliquesuprmeaurontfort faire sils d-crochent la timbale. Plac sous ladouble surveillance du CSA et dugouvernementqui lenjoindront faire montrede plusdaudacedanslesprogrammes,lludevra en r-sum faire mieuxavecautant,si cenest moins.Car la dotationpubli-que sera probablement en baissedici 2020, a prvenule gouverne-ment. Djcomplique au dpart,latchedu CSA qui vientdassis-terimpuissant au naufrage de Ma-thieu Gallet quil avaitretenu il y aun an pour laprsidencede RadioFrancea tlargementpollue parla procdure retenue.Son anony-mat destin ne pas gner les

    candidats vis--visde leurs actuelsemployeursa tattaqu detoutesparts en raison de son opacit. Laporte ouverte aux intoxet peauxdebananes en tousgenres, qui aurontmarqu cette campagne danti-chambre et que dnonce DidierQuillot,un descandidatsconduitsparle CSA.Sansattendre sonnom,Librationdessineen creux et sousforme de portrait robot le profilidal de celuiqui gouvernera pourlescinqprochaines annesaux des-tines dun mastodonte en pleinemutation.

    LE PATRONCOMME GARANTDE LA STABILITAprs la grve traumatisante quevientde connatre Radio France,lapluslongue de sonhistoire, un pro-filrassurant,capablede faire bou-gerce super-tankersans faire trop de

    vagues, commele ditun connais-seur du dossier, serait plus quebienvenu. Avecson ctforce tran-quille, le dbonnaireRmy Pflimlinsevoit cetteaunecommele can-didat idal. Sonentouragevanteunmanager quia sufavoriserlesd-

    partsnaturels(le groupe estpasslan dernier sous la barre des10000 salaris landernier)et an-nonce une rduction du dficit,de 38,4 millions deuros en 2014 9,8 millions deuros budgtspour2015. Uneposture de gestion-

    naire compatible avec une culturede service public. Elle sest djpaye au prix fort selonles syndi-cats qui, linstarde laCFDT, aler-tent sur des situations de stressextrme France Tl. Commandconjointement par la direction et

    lessyndicats, lerapport delexpert Henri Vacquindcrit une situation so-ciale trs dgrade, quelesconomiesrclames parune tutelle publique sanslesmoyens desesobjectifs

    ne vont pas arranger. La raisonpourlaquelle de nombreux obser-vateurs mettent en garde contreun profil de gestionnairecost-killer,qui risqueraitde mettrele feu social lamaison.Celui de DelphineEr-notte,par exemple, associe parles

    syndicats lpisode des suicideschez Orange du temps o DidierLombard en taitle prsident.

    UNCHEF QUI SERAIT UNPRODE LA TLVISIONOutreRmyPflimlinqui sedmnepourmettre en avantla rorienta-tion rcente desprogrammesversdes sries ambitieuseset les succsdaudience dans linformation,plusieursprofils peuventse targuerdunevraie connaissance danscedomaine.A commencerpar PascalJosphe, de loin le meilleur con-naisseur des programmes de touslescandidats. Mais il luimanque larputation de managerde chocdunRobin Leproux,dontla longuecarrire chezM6 plaidepourses ta-lentsde commercial ou encore de

    Cyrilledu Peloux,ex-professionnelde la tl prive (TF1, TPS).

    UNE BOSSAU FMININIl ny en a plus que deux en liceaprslvictionde Marie-ChristineSaragosse, ex-favorite qui dirigelaudiovisuel extrieur et dont lacandidaturena pas tretenue par

    le CSA.Lingnieure de formationDelphineErnotte a pourelle la r-putation dunegestionnaire au cor-deau et sa connaissance des r-seauxtlcoms unepoque olesusages de la tlvision sont enpleine mutationnumrique. Sansdoute plus politique dans sa ges-tion, pluttmarque gaucheaprsses passages Libet lObs, Na-thalie Collinsest faitconnatre delexcutif pouravoirngoci lac-cord entre lesjournauxet Google.Reste que ces deux femmes nontaucuneexprience dansla tlvi-sion. Et certainsne manquentpasde faire observer quenombre den-treprises de laudiovisuel public(INA, CNC, France Media Monde)

    sont dj diriges pardes femmes.

    LAS DES RSEAUXLensemble des candidats nenmanquentpas et les ontmobilisspour sefaire valoiret affinerleursargumentaires. Maisla palmedansce domaine revient sans doute lnarque marqu droite Chris-tophe Beaux,dj administrateurde France Tlvisions o il a tnomm par le CSA, ce qui luidonnelavantage dloyal, selonses concurrents de connatredans le dtail les comptes de lamaison.Un accs dont sest servile prsident de la Monnaie de Paris le budget dunestationrgionalede France3, persifleun de sesd-tracteurs pourcontester la ges-tion de Pflimlin. Dans son genre,un profil doutsider la MathieuGallet, version comptable.

    Par CHRISTOPHEALIX

    Avecson ctforce tranquille,le dbonnaire prsident sortantRmyPflimlin se voit commele candidat idal.

    Dansles locaux de FranceTlvisions, Paris, en juin2010.PHOTOVINCENTNGUYEN. RIVAPRESS

    28,8%Cest la partdaudience deFrance Tlvisions en 2014.Six ans plus tt, le groupetait encore 35%.La tlvi-sion publique a largementsouffert de la concurrencedes chanes gratuites dela TNT.

    REPRES

    Ici, les chantiersse conoiventdans ladure.[]France Tl est unpaquebot,unemaisoncomplique. Onavancedoucement.

    BrunoPatinonumro2de FranceTlvisions,dans lObs, le28mars

    LIBRATIONJEUDI 23 AVRIL 2015

    ECONOMIE 17

  • 7/21/2019 Libration du Jeudi 23 Avril 2015

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    RanaPlaza:lesesclavesdutextiletoujourssansdroitsAuBangladesh, deux annesaprs ledrame, les rformes restent insuffisantes.

    Le fondsdindemnisationdesvictimes, deux ans aprsleffondrement du RanaPlaza,a toujoursun troude

    6 millions de dollars combler(5,6 millions deuros) sur les30 millions de dollarsncessaires pour in-demniser les familles.En raisonde ce manque, lesvicti-mesnontreu que70%de leur d.Aprs bien des tergiversations,Benetton a t le dernier en date

    annoncer, le 17 avril, quil allaitpayer1,1milliondedollars(1 milliondeuros). Mais cette somme, fixeunilatralementpar lefabricant ita-lienaprsune expertise prive,pa-rat insuffisanteaux yeuxdes orga-nisations comme Clean ClothesCampaign (CCC), qui luirclament5 millions de dollars.Unedizainede marquesnauraienttoujourspasmisla main lapoche,selon les responsables du fonds

    dindemnisation. Les donationssont values en fonction du liendesmarques avec le Bangladeshetde leurimplicationdans lesateliersduRana Plazaet,daprs CCC, seulsle britanniquePrimark et le cana-dien Loblawontdonnce quon at-tendait deux. Au-del des ques-

    tions dindemnisation,les conditions de travaildes ouvriers du textile

    restentproblmatiques, malgr lespromesses faites.Des efforts sonten cours pour amliorer la scuritdansles usines, maisle gouvernement

    et lesmarquesoccidentales peuventetdoivent faire plus pour que les stan-dards internationaux sappliquent auxdroits des travailleurs, estimelONG HumanRights Watch(HRW)dansun rapport trs completpublimercredi et intitul Ceux qui rel-vent la tte souffrent le plus.

    MANUVRES. Ledroit sesyndi-querlibrementest un despointslesplus pineux: il nexiste gure au

    Bangladesh, o lespatrons multi-plient les tactiques violentes afindempcher les revendications.Comme HRW le remarque, sil yavaiteu dessyndicatsdansles ate-liersdu Rana Plaza pourrelayerlescraintes des employs devant les

    fissures apparues les jours prc-dant le drame, la catastrophenaurait pas eu lieu. Limmeubleaurait tvacu. Si le Bangladeshne condamne pasles patrons respon-sablesde manuvresantisyndicales,les pratiquesayant provoqu des mil-liers de morts vont se perptuer,craint Phil Robertson, de HRW.Car, malgr de rcentes rformescenses faciliter la cration de syn-dicats,ceux qui syaventurentsont

    victimes de menaces, intimida-tions,licenciements, agressionsphy-siquescommispar le managementoudes hommesde main. Munir aracont lONG: Ils montfrappavec des crosses de hockey, montcass la jambe droite. [] Un des

    gangsters a hurl quesil mentendait pro-noncer nouveau lenom dusyndicat, il mecouperait la langue.Une employe a rap-port quelle avait tbattue alors quelle

    tait enceinte, puisforce au travailde nuit, et finalement vire, parcequelle voulaitmonter un syndicat.Une autrea reu lavisite,chez elle,de gangsters qui ontmenac delui briserles mains et lesjambessielle revenait lusine. Unsyndi-caliste raconte que ses collgueslinterpellentsur le thme: Mmevous, les organisateurs, tes battuspar le management, alorscommentcomptez-vous nousprotger, et quel

    sera notre sort si on vous rejoint?Un autre, licenci, sest entendudire: Tu cherchais crerun syndi-catet maintenant tu es vir. Pourquoivoudrions-nous en crerun ?

    Dans ce climat,seules10% desusi-nes de textile,qui emploient80%de femmes, ontun syndicat.Et lesconditions de travail restent prou-vantes:les pauses pipisontparfoisrefuses et leau disponibledans lesateliers, o rgneune chaleur in-tense, nest pas toujours potable.Depuis leRana Plaza,le gouverne-menta embauchdes inspecteursdu travail mais leurtche rested-mesure, surtout en labsence devol