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In medio stat virtus L’Hebdo national de l’Économie n Du dimanche 20 au Samedi 26 novembre 2016 n n°60 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro nÉLECTIONS AMÉRICAINES L’ART DU GOOD DEAL DE DONALD TRUMP SONNE-T-IL LE GLAS POUR LES NÉOCONSERVATEURS ? page 3 nEFFICACITÉ DES TRANSACTIONS TRANSFRONTALIÈRES CAP SUR L’AGRÉGATION DE COMPTES BANCAIRES Page 16 nDÉCÈS DE MALEK CHEBEL LE DÉFENSEUR DE « L’ISLAM DES LUMIÈRES » N’EST PLUS Page 16 cresus.dz CrIse, dIversIfICatIon de L’éConomIe, CoLLeCtIvItés LoCaLes, aPC, Projet du nouveau Code CommunaL… CRISE DU LAIT « QUE CEUX QUI SONT DERRIÈRE, SACHENT QUE C’EST… » LAID ! LES DÉTAILS DE L’USINE DE CAMIONS FUSO DE DIAMAL DE NOTRE ENVOYÉ EN INDE, NEIL RYAD n Pour un nouveau modèle de développement local n Les communes pauvres peuvent-elle se passer de l’assistanat ? n Les recommandations Dossier pages 5 à 11 MOT À DIRE CROIRE EN NOVEMBRE 4Par S. Méhalla C roire en Novembre et ne pas le vivre, c’est malhonnête. Croire en Novembre c’est, quelque part, user d’un fiat historiquepour rendre éternelle la gloire.La foi, rendre éternelle. Utile pour vaincre le breakdown. Croire en Novembre, c’est de participer au débat urgent actionnant une société sous perfusions : bureaucratiques, culturelles, identitaires, économiques… Sublimer ses vaines colères que de croire en novembre. Donner sens au citoyen que l’on voudrait construire, donner des raccourcis à l’espoir pour évincer le fâcheux visage dont l’Algérie n’a guère l’expression cautionnée. Croire en Novembre ! C’est avoir le tact courageux de chasser le mensonge, l’hypocrisie. La force de nettoyer l’être de sa lâcheté. Grandir dans les yeux des autres que Novembre. D’arracher sa pomme de terre, ses grappes de raisin, sa pastèque, son melon… sans avoir recours aux bras des « arracheurs » africains glissés entre les mailles de nos frontières « poreuses ». Novembre, se mettre droit-debout devant le : « Ce-que- peuple-veut-destin-veut ». N’est-il pas dit dans le saint coran qu’Allah ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les individus qui le composent ne modifient ce qu’est (de corrompu) en eux-mêmes ? Ça aurait été croire en Novembre que de modifier le faux en nous ! Changer en évoluant. De la révolution à l’évolution. La quête est de se constituer en vraie nation. Forte. Décomplexée. Invulnérable. Désaltérée de la « gorgée » du baril qui détient sur elle le pouvoir de fixer en bourse la cotation de notre respect. La menace qui détient de notre suffocation. Croire en Novembre ! Aurait, peut-être, été de dépasser les débats d’appartenance. « Je pense, donc je suis » nous aurait, peut-être, suffit comme programme, aidé à lancer nos premiers pas en raisonnant nos frivoles déraisons. Croire en Novembre aurait été de chasser la plèbe des prétendus « représentants » absents du peuple, souvent idiots, clientélistes… Nous sommes éreintés.Oh que oui ! Ereintés ! D’avoir perdu le sens de ce sacré Novembre à cause de cette meute d’hyènes reniflant une opportunité dans l’ère, se vantant de détenir le dernier logiciel pour reconstituer la République des « sauvageons » que nous sommes. Croire en Novembre ! Aurait été tout simplement de réinventer la Cité des novembristes qui a vu nos martyrs coiffer la survie pour nous léguer un sacré 11 en réponse à tous nos actes ratés. À nos martyrs, l’éternelle gloire ! S. M L’ÈRE WALYIATE INDUSTRIE MÉCANIQUE Page 23 Page 4

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In medio stat virtusL’Hebdo national de l’Économie n Du dimanche 20 au Samedi 26 novembre 2016 n n°60 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro

nÉLECTIONS AMÉRICAINES L’ART DU GOOD DEAL DE DONALD TRUMP SONNE-T-IL LE GLAS POURLES NÉOCONSERVATEURS ?

page 3nEFFICACITÉ DESTRANSACTIONSTRANSFRONTALIÈRES CAP SUR L’AGRÉGATION DECOMPTES BANCAIRES

Page 16

nDÉCÈS DE MALEK CHEBELLE DÉFENSEUR DE « L’ISLAMDES LUMIÈRES » N’EST PLUS

Page 16cresus.dz

Crise, diversifiCation de l’éConomie, ColleCtivitésloCales, aPC, Projet du nouveau Code Communal…

CRISE DU LAIT

« QUE CEUX QUI SONTDERRIÈRE, SACHENT

QUE C’EST… » LAID !

LES DÉTAILS DE L’USINE DE CAMIONS FUSO DE DIAMAL DE NOTRE ENVOYÉ EN INDE, NEIL RYAD

n Pour un nouveau modèle de développement localn Les communes pauvres peuvent-ellese passer de l’assistanat ? n Les recommandations

Dossier pages 5 à 11

MOT À DIRECROIRE ENNOVEMBRE

4Par S. Méhalla

Croire en Novembre et ne pas levivre, c’est malhonnête. Croire enNovembre c’est, quelque part,

user d’un fiat historiquepour rendreéternelle la gloire.La foi, rendre éternelle.Utile pour vaincre le breakdown. Croire en Novembre, c’est de participerau débat urgent actionnant une sociétésous perfusions : bureaucratiques,culturelles, identitaires, économiques… Sublimer ses vaines colères que decroire en novembre. Donner sens au citoyen que l’on voudraitconstruire, donner des raccourcis àl’espoir pour évincer le fâcheux visagedont l’Algérie n’a guère l’expressioncautionnée. Croire en Novembre ! C’est avoir le tactcourageux de chasser le mensonge,l’hypocrisie. La force de nettoyer l’être desa lâcheté. Grandir dans les yeux desautres que Novembre. D’arracher sapomme de terre, ses grappes de raisin,sa pastèque, son melon… sans avoirrecours aux bras des « arracheurs »africains glissés entre les mailles de nosfrontières « poreuses ». Novembre, semettre droit-debout devant le : « Ce-que-peuple-veut-destin-veut ». N’est-il pas ditdans le saint coran qu’Allah ne modifiepoint l'état d'un peuple, tant que lesindividus qui le composent ne modifientce qu’est (de corrompu) en eux-mêmes ?Ça aurait été croire en Novembre que demodifier le faux en nous ! Changer en évoluant. De la révolution àl’évolution. La quête est de se constitueren vraie nation.Forte. Décomplexée. Invulnérable. Désaltérée de la « gorgée » du baril quidétient sur elle le pouvoir de fixer enbourse la cotation de notre respect. Lamenace qui détient de notre suffocation.Croire en Novembre ! Aurait, peut-être,été de dépasser les débatsd’appartenance. « Je pense, donc je suis» nous aurait, peut-être, suffit commeprogramme, aidé à lancer nos premierspas en raisonnant nos frivoles déraisons. Croire en Novembre aurait été dechasser la plèbe des prétendus «représentants » absents du peuple,souvent idiots, clientélistes…Nous sommes éreintés.Oh que oui !Ereintés ! D’avoir perdu le sens de ce sacréNovembre à cause de cette meuted’hyènes reniflant une opportunité dansl’ère, se vantant de détenir le dernierlogiciel pour reconstituer la Républiquedes « sauvageons » que nous sommes.Croire en Novembre ! Aurait été toutsimplement de réinventer la Cité desnovembristes qui a vu nos martyrs coifferla survie pour nous léguer un sacré 11en réponse à tous nos actes ratés.À nos martyrs, l’éternelle gloire !

S. M

L’ÈRE «WALYIATE»

INDUSTRIE MÉCANIQUE

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Page 4

l'observatoire français des conjonc-tures économiques (OFCE), un laboratoi-re classé à gauche, pointe la menace dedécrochage de l'appareil productif fran-çais et le risque imminent de déclin.L'OFCE signale que tous les voyants de lacompétitivité sont au rouge. L'industriefrançaise qui a eu un rôle central dans leprocessus de croissance est reléguée ausecond rang. Crédit Pixabay

Le constat est accablant, parce qu'ilconfirme très sérieusement le déclin et lamenace d'un décrochage par rapport àl'économie mondiale. Au passage, cetteétude reconnait que la politique écono-mique du gouvernement a été un échec,puisque le pays n'a pas réussi à revenirdans la course internationale. Les salariés de l'industrie perdent leurjob et mettent leur équilibre personnel et

familial en danger. La maison est hypo-théquée, les enfants n'ont pas les moyensd'aller à l'école, la voiture achetée à crédita vieilli et, du coup, l'avenir se bouche. Unavenir encore assombri par les vaguesd'immigrations. Le problème aujourd'hui est que la Fran-ce est prise en tenaille entre le dynamis-me des pays de l'Europe du sud et ceux dunord. Les pays sudistes se redressent

Grèce

L’économie retrouve de l’oxygèneC’est une bonnenouvelle pour legouvernement grec.Le pays a enregistrédeux trimestresconsécutifs de crois-sance positive, selondes estimationspubliées lundi 14novembre par l’El-stat, l’institut natio-nal de la statistique. Le produit intérieur brut(PIB) a progressé de 0,5 % au troisième tri-mestre par rapport au précédent, après unecroissance de 0,2 % au deuxième trimestre.Techniquement, deux trimestres consécutifs dehausse de cet indicateur marquent un retourde la croissance, même si le gouvernement etla Commission européenne prévoient encoreun recul du PIB de 0,3 % pour l’ensemble del’année 2016. Selon Athènes, le pays doitrenouer avec une croissance annuelle en 2017,prévue à 2,7 %. La Grèce a par ailleurs dégagéun excédent budgétaire primaire (hors servicede la dette) de 6,49 milliards d’euros sur lesdix premiers mois de 2016, dépassant de 5,2milliards d’euros son objectif, grâce à desrecettes fiscales en hausse, a annoncé lundi leministère des finances.

Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016442

L’Hebdo national de l’Économie, édité par la SARL CeliGne éd. & Com.

direCteur de PubliCation SAMIR MEHALLA

rédacteur en chef Kamel Aït Bessaïservice correction Mohamed Bennaï rédaction-administration 41, rue Mokhtar KRITELI Blida téléfax : 025 225 849

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à l’oreille de Crésus

les paradis fiscaux devraient être consi-dérés «comme les porteurs d'une dange-reuse maladie» et mis en «quarantaine»par la communauté internationale, esti-ment dans un rapport publié mardi le prixNobel d'économie américain Joseph Stiglitzet l'expert anti-corruption suisse MarkPieth.«Les régulateurs américain et européendevraient traiter les paradis fiscaux commeles porteurs d'une dangereuse maladie.Sans contrôle, ça peut se propager commeun virulent virus», écrivent-ils dans ce rap-port, parmi une série de proposition desti-nées à combattre «l'économie souterrai-ne».Selon les deux auteurs, l'Europe et lesÉtats-Unis, «en tant que leaders écono-miques», doivent prendre la tête de la luttecontre les paradis fiscaux, qu'ils définissentcomme des «juridictions qui sapent lesnormes mondiales en matière de transpa-rence financière et des entreprises».«Il y a un point de vue largement partagé,selon lequel ces paradis existent unique-ment parce que les États-Unis et l'Europeregardent ailleurs», estiment Joseph Sti-glitz et Mark Pieth.Or, «si les paradis fiscaux servent decentres pour (...) l'évasion fiscale ou facili-tent de quelque manière que ce soit la cor-ruption ou les activités illicites, ils agissentcomme des parasites et devraient être iso-lés de la communauté financière mondia-le», poursuivent-ils.Selon eux, la détention d'un compte par unparticulier dans un paradis fiscal pourraitfacilement être interdite, tout comme le faitd'être actionnaire, directeur ou administra-teur d'une entité localisée dans une de ces

«juridictions non-coopératives».De même, l'établissement par une banquede relations avec ces pays pourrait êtrerendue «illégale».Parmi leurs autres constats et propositions,la nécessité de s'attaquer, non pas seule-ment aux banques, mais aussi aux intermé-diaires comme «les cabinets d'avocats» quijouent «un rôle pivot» dans l'opacité desmontages financiers.Ils invitent également à renforcer la protec-tion des lanceurs d'alerte, à lutter contreles arrangements fiscaux, ainsi qu'à identi-fier les véritables bénéficiaires des entre-prises et des comptes offshore.«Le secret doit être abordé de manière glo-bale et il ne doit y avoir aucune toléranceen cas de déviation des normes mondialesétablies», concluent-ils.

il y a une semaine, le Premier ministre indien a soudaine-ment invalidé les plus grosses coupures de la monnaie locale,les billets de 500 et 1 000 roupies, et obligé toute la populationà échanger ces billets contre de nouveaux billets, afin d'obligerceux qui cachent du liquide chez eux à le déclarer. Cette mesu-re spectaculaire a paralysé une grande partie de l'économie etcréé une grave pénurie de liquide. Pour la deuxième fois endeux jours, Narendra Modi a défendu son plan-surprise deremplacement des grosses coupures. Le Premier ministre amême assuré qu'il était prêt à risquer sa vie pour lutter contrele détournement d'argent organisé par les riches. Vingt-six mil-liards de billets, représentant 86 % de la valeur fiduciaire encirculation, sont soudainement devenus inutilisables. Mais cesont les Indiens les plus modestes qui en paient le prix, pourl'instant. Ils passent des journées entières à faire la queue pour

échanger leurs billets. Et les petits commerçants, qui n'ont pasde machines à carte bancaire, eux, ont vu leurs clients dispa-raître depuis une semaine.Pour Gurbachan Singh, chercheur à l'institut indien de statis-tiques, la mesure n’est pas efficace, car ceux qui ont gagné illé-galement de l’argent depuis plusieurs années ont déjà blanchil’essentiel et peuvent toujours le faire, notamment par le biaisde l’or. Le gouvernement aurait plutôt dû miser sur les infor-mations fiscales et les services secrets, estime-t-il. « Il est sûrque cette mesure a effrayé, mais c'est une solution à courtterme. Et s'il n'y a pas de changement sur le plus long terme,on pourrait très rapidement se retrouver à la case départ »,prédit le chercheur. Le Premier ministre a en effet assuré quesa lutte contre la corruption et l'évasion fiscale ne s'arrêteraitpas là.

Inde

LA DÉMONÉTISATION PARALYSE L’ÉCONOMIE

ECONOMIE FRANÇAISE

RISQUE DE DÉCROCHAGE

Paradis fiscaux

Un prix Nobel de l’économie veut les mettre en quarantaine

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évenementLa planète n’est pas la seule en ce moment, comme en Italie et en Nouvelle Zélande, à faire trembler la terre et leshommes. La politique a décidé de suivre le mouvement et l’élection de Donald Trump comme président des Etats-

Unis peut être assurément, elle aussi, considérée comme un véritable tremblement de terre pour lesnéoconservateurs américains. Mais qui sont exactement ces hommes qui tentent par tous moyens depuis des

dizaines d’années, d’influer sur la nomination des présidents et leur politique étrangère internationale ?

l’art du Good deal de donald trump sonne-t-il le glas pour les néoconservateurs ?

4Par Patricia mazy

néoCons, à la base des intellosC’est à l’occasion de la guerre d’Irak de2003 que les néoconservateurs américainsont attiré l’attention du monde et sontdevenus partie intégrante du paysage desrelations internationales. Pourtant, ilsétaient apparus longtemps auparavant surla scène politique américaine. Ce n'est pasun mouvement politicien, il n'y a ni élus, niélecteurs portant l'étiquette « néoconser-vateurs », et il n'y a pas de base écono-mique, ethnique, religieuse ou régionale.L'étiquette « néoconservateur » pourraitfaire penser à une identité bien définie,alors que c'est l'inverse : cette étiquettedésigne des réalités très différentes aucours des âges. D’abord, actifs sur les ques-tions de politique intérieure, les néoconser-vateurs des années 1960 et 1970 étaient enfait des intellectuels, pour la plupart socio-logues et politologues, qui s'inquiétaientdes tournants pris par le libéralisme aucours de cette décennie tumultueuse, enparticulier des grands programmes sociauxde guerre à la pauvreté qui leur semblaientutopiques et contre-productifs. En 1980, ils vont travailler pour RonaldReagan, qui propose une politique étrangè-re « faucon » et une plus grande « clartémorale » dans la lutte contre l'URSS.Les néoconservateurs récents sont sur-tout les héritiers du deuxième âge : aprèsune traversée du désert consécutive à lachute du Mur de Berlin, un nouvel avatardu néoconservatisme apparaît, cette foisclairement à droite, côté républicain, etpresque exclusivement centré sur la poli-tique étrangère. Les néoconservateurs desannées 1990 et 2000 veulent une Amériqueactive à l'étranger, une Amérique qui façon-ne le système international plutôt que delaisser d'autres forces, éventuellement mal-veillantes, le faire, et une Amérique quifavorise la démocratie, car seul selon eux,ce régime assure la paix et la sécurité sur lelong terme. Souvent venus du Parti démo-crate, nombre de néoconservateurs ontémigré vers le Parti républicain de RonaldReagan en opposition à la politique deJimmy Carter, perçu comme un présidentfaible face à l’Union soviétique. riChard Perle, john bolton,

donald rumsfeld, robertKaGan… russie, Chine et G. m. o. Au lendemain des attentats du 11 sep-tembre, l’establishment traditionnel de lapolitique étrangère est incapable de don-ner à Bush une explication. En revanche, lesnéoconservateurs ont pensé l’après-guerrefroide et le Proche-Orient. Pour eux, le statuquo fondé sur des régimes dictatoriaux aabouti à une catastrophe économique etsociale. De cette faillite est né le terrorisme.Il faut donc bouleverser ce statu quo. Or,Saddam représente la quintessence de cesrégimes. Leur raisonnement, très intellec-tuel, est un des éléments qui ont poussé à laguerre. Un think-tank washingtonien d’oùsont sortis les plus va-t-en guerre des néo-conservateurs américains de l’administra-tion Bush : Richard Perle, John Bolton,Donald Rumsfeld… et Robert Kagan, unancien de l’administration Reagan pensentque l’Amérique se doit de faire « le saleboulot » contre les puissances émergentes

que sont la Russie et la Chine, alors que lavieille Europe sombre dans un pacifismehautement suspect et coupable.Les guerres « contre le terrorisme », lan-cées après le 11 septembre, pour imposerdes changements de régime en Afghanis-tan, en Irak, et ailleurs, c’est eux. Les révo-lutions de couleur, c’est eux encore. Si, ennovembre 2008, le peuple américain, enélisant comme président Barack Obama,avait espéré un moment pouvoir se débar-rasser de cette folie guerrière, la déceptionfut réelle car celui-ci installe à la MaisonBlanche une équipe néoconservatrice. la Guerre ContinuePour commencer, Obama nomme en2013 Susan Rice une vraie guerrière dégui-sée en mouton, partisane de la guerre enIrak. Avec, Samantha Power l’ambassadriceUS aux Nations unies intime de GeorgeSoros et Hillary Clinton secrétaire d’État,c’est Susan Rice qui a organisé la guerre enLibye en 2014. C’est Mme Clinton, sur insis-tance de Madeleine Albright, qui a faitembaucher la secrétaire de Dick Cheney,Victoria Nuland (l’épouse de RobertKagan). Avec Rice, c’est Nuland qui a orga-nisé le coup d’État en Ukraine pour intimi-der la Russie. Lorsque Donald Trumpsemble être le candidat républicain qui feraface à Hilary Clinton, la situation se préciseet Robert Kagan déclare alors que DonaldTrump et les Républicains lui donnent lanausée au point qu’il s’oriente désormaisvers Mme Clinton dont la politique étrangè-re lui convient à merveille. Le charmeopère et cette dernière fait savoir qu’ellen’exclut pas de nommer Victoria Nuland,comme secrétaire d’État ! Robert Kagandéclare : « Je dirais que tous les républi-cains professionnels en politique étrangèresont anti-Trump. » Pour la petite histoire, ilfaut rappeler qu’en tant que co-fondateurdu centre de réflexion néoconservateurProject for a new american century, Kagana joué un rôle de premier plan dans la pro-motion d’une invasion unilatérale de l’Irakpar les États-Unis et a insisté pendant desannées pour dire que tout s’était très bienpassé. Malgré les effets catastrophiques decette guerre, Kagan a toujours prétenduque la politique étrangère des États-Unis aucours des 25 dernières années a été « unsuccès extraordinaire ». Pour les néocon-servateurs, il est clair que Clinton va exa-cerber les tensions avec la Russie, augmen-ter la belligérance militaire au Moyen-Orient et, généralement, ignorer l’hostilitécroissante de l’opinion publique américai-ne envers ces interventions à l’étranger.Elle représente ainsi la candidate la plusinterventionniste, et la plus rassurantepour l’élite américaine de la politiqueétrangère.

alors Pourquoi leur Plan etleurs idées n’ont Pas abouti ? Les Américains ont choisi Trump en par-tie parce qu’ils ont senti qu’ils avaientbesoin d’un instrument contondant pourécraser l’élite qui a gouverné et méconnul’Amérique depuis au moins les dernièresdécennies. Il s’agit d’une élite qui non seu-lement s’est emparé de presque toutes lesrichesses produites par le pays, mais aenvoyé avec désinvolture des soldats éta-

suniens dans des guerres de choix, commesi la vie des soldats de la classe ouvrièren’avaient que peu de valeur.En ce qui concerne la politique étrangè-re, l’élite avait confié la prise de décisionaux néoconservateurs et à leurs collèguesinterventionnistes libéraux, une coalitionarrogante d’élitistes qui subordonnaientsouvent les intérêts des États-Unis à ceuxd’Israël et de l’Arabie saoudite pour unavantage politique ou financier. Les choixde guerre de la coalition libéraux-fau-cons/néoconservateurs ont été désastreux,de l’Irak à l’Afghanistan en passant par laLibye, la Syrie et l’Ukraine. Pourtant cettecoalition de « je-sais-tout » n’a jamais eu decomptes à rendre. Les mêmes personnes, ycompris les guerriers en pantoufles desmédias et les « spécialistes » des think-tanks, se relèvent d’une catastrophe àl’autre sans aucune conséquence pour leur« pensée de groupe » fallacieuse. Plusrécemment, ils ont lancé une nouvelle, coû-teuse et dangereuse guerre froide avec laRussie.trumP, le tournant ? Trump, quoi que l’on en pense, a étél’une des rares personnalités publiques àavoir osé défier la « pensée de groupe » surles points chauds actuels en Syrie et en Rus-sie. En réponse, Clinton et de nombreuxdémocrates ont choisi de s’engager dans unmacarthysisme sans fard, où on a vu Clin-ton elle-même qualifier Trump de « marion-nette » de Vladimir Poutine lors du dernierdébat présidentiel. Ainsi, la victoire deTrump marque une répudiation des néo-conservateurs parce que la « nouvelle guer-re froide » a été largement incubée dans lesthink-tanks de ceux-ci, ressuscitée par desfonctionnaires interchangeables au sein duDépartement d’État et nourrie par la propa-gande des médias occidentaux qui ontdépeint Poutine comme un instigateur detroubles et Bachar Al-Assad comme res-ponsable du conflit en Syrie, ce qui est loind’être le cas. Donald Trump n’est pashomme à se laisser faire mais l’important

pour lui est toujours de trouver un « gooddeal ». Va-t-il s’appuyer sur des républi-cains traditionnels qui ont tant fait pourgâcher le pays et le monde ou trouvera-t-ildes réalistes avec de nouvelles idées quimarieront la politique avec les intérêts etles valeurs américaines fondamentaux ? Dans l’attente des décisions de Trumpen matière de politique internationale,selon lesquelles durant sa campagne, ilvoulait mener une politique moins hostile àla Russie et avait une position critique vis-à-vis des guerres menées par les États-Unisau Moyen-Orient, les personnes qu’il vanommer au niveau de l’exécutif et sur les-quelles il va s’appuyer pour prendre sesdécisions seront un bon indicateur de latournure de son action future. Il y a mal-heureusement plusieurs néoconservateursqui se sont rapprochés de lui et même siTrump souhaite opérer, par rapport à sesprédécesseurs, un tournant significatifdans le sens d’une politique étrangère noninterventionniste, il risque de se heurteraux obstacles considérables que représen-tent le « deep state » (l’Etat à l’intérieur del’Etat) arc-bouté sur une politique étrangè-re interventionniste et agressive, lesgroupes d’intérêts particuliers qui ont desinistres motivations pour ces guerres et lapropagande médiatique qui alimente lafrénésie guerrière. Trump réfléchit à unecandidature présidentielle depuis desannées, et il a su capter la colère profondequi traversait l'Amérique. Grâce à ses ins-tincts politiques exceptionnels, il a vu ceque personne d'autre n'avait su voir : legigantesque ras le bol d'un pays en quêtede protection contre les effets déstabili-sants de la globalisation, de l'immigrationmassive et du terrorisme islamique. En cesens, Donald Trump s'est dressé contre lemodèle dominant plébiscité par les élites etla corruption à Washington, faisant preuved’une personnalité sacrément indépendan-te et d’ un côté indomptable qui pourraient,sans mettre fin définitivement au clan desnéoconservateurs, les empêcher à nouveaude conduire le monde vers un réel désastre.P.m.

ELECTIONS AMÉRICAINES

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algérie

4Par boualem rabah

Pendant plusieurs jours, on a assisté à des scènesparfois surréalistes : des files ininterrompuesdevant les épiceries et les véhicules livreurs dulait en sachet. Des images qui nous renvoientvers un passé douloureux qu’on pensait qu’ilétait définitivement enterré, en l’occurrence, les grandespénuries de la fin des années 1980 et du début des années1990. Ce n’est pas tout à fait le même scénario, mais lasituation a suscité plus de débats. Sur les réseaux sociaux etdans les médias, la rareté du sachet de lait est devenue lesujet « politique national » par excel-lence. Où se situe le problème ? Pour-quoi peine-t-on à résoudre la problé-matique de la poudre du lait quicontinue d’aspirer des sommes colos-sales en devise ? Dans sa réaction faceà la persistance de la pénurie, leministre de l’Agriculture, du Dévelop-pement rural et de la Pêche, Abdesse-lam Chelghoum, n’a pas mâché sesmots. Selon lui, il n’y a « aucune pénu-rie de lait » et si cette dernière existe« elle ne pourrait être qu’organisée ». « Je suis formel : dansles conditions actuelles, il ne peut pas y avoir de pénurie delait et si celle-ci venait à se manifester, cela voudra direqu’elle est organisée », indique-t-il.

qui joue aveC le lait des alGériens ?Dans sa déclaration, le ministre insinue des choses. Maisil n’est pas allé jusqu’à clarifier le fond de sa pensée. « Queceux qui sont derrière cette situation, sachent que nousn’allons pas rester les bras croisés », lance-t-il. Selon lui, laquantité de poudre de lait « qui est attribuée aux laiteriessuffit largement à couvrir les besoins de la population ensachets de lait ». Qui joue avec le lait des Algériens ? Abdes-selam Chelghoum accuse les producteurs des produitsdérivés. « La survenue d’une pénurie ne pourra qu’attesterque le produit attribué n’a pas été utilisé aux fins aux-quelles il était dédié initialement. Les informations dont jedispose attestent que l’organisme chargé d’attribuer desquotas de poudre de lait aux laiteries, fussent-ellespubliques ou privées, ont pêché par une exagération dansl’utilisation de ce produit par rapport à la consommationde la population », soutient-il. Le ministre fera remarquerqu’il n’a fait que « rationnaliser les attributions et procéderà la redistribution de la poudre de lait en fonction de para-mètres rigoureusement définis ». « Il est anormal que desparties profitent d’une situation pour se remplir les poches

au détriment des citoyens », dénonce-t-il. Avant le ministre,l’Office interprofessionnel du lait (ONIL) qui gère l’impor-tation et la distribution de la poudre du lait accuse, luiaussi, « certaines laiteries qui spéculent sur le dos descitoyens avec les subventions de l’Etat ». L’ONIL affirmeavoir même mené une enquête qui a touché plus de 100 lai-teries. L’étude a révélé, selon l’organisme, « beaucoup d’ir-régularités dans l’utilisation de la matière première sub-ventionnée destinée à la production du lait en sachet ontété relevé ». Il y a d’abord la fraude sur la quantité depoudre utilisée pour la production d’un litre de lait ensachet, qui est inférieure aux normes exigées. « Selon lesnormes, 103 grammes de poudrede lait sont nécessaires pour unlitre de lait, alors que certainstransformateurs utilisent beaucoupmoins que ça », précise l’Office.Mais les producteurs ne se laissentpas faire. Précisant que la produc-tion « n’a pas baissé », ils accusent àleur tour les distributeurs qui don-nent des quantités astronomiques àcertains commerçants, dont lesdétenteurs de cafés maures. «Quand un seul café maure obtient jusqu’à 16caisses de lait en sachet, il est évident qu’il n’enrestera pas beaucoup pour le citoyen », expli-quent certains producteurs. Mais est-il l’uniqueproblème ? Pas si sûr.Selon les derniers chiffres du Centre nationalde l'informatique et des statistiques des douanes(CNIS), les importations de l’Algérie en matièrede la poudre du lait ont sensiblement baissédurant le premier semestre de l’année en cours :172.902 tonnes contre 210.303 tonnes, soit uneréduction de près de 18% par rapport à la mêmepériode de l’année 2015. La facture a égalementreculé à 414,2 millions de dollars, contre près de 630 mil-lions à la même période de l’année écoulée, ce qui repré-sente une baisse de 34,2%. La baisse des prix de cette den-rée sur le marché international, souligne le CNIS, seraitégalement à l’origine de la réduction de cette facture. le Combat diffiCile

de la ProduCtion loCaleAvec un budget annuel de près de 2 milliards de dollars(Musd) (1,91 Musd en 2014 et 1,04 Musd en 2015) l’Algé-rie figure parmi les plus grands importateurs de la poudredu lait au monde. Chaque année, le pays importe près de400.000 tonnes de poudre. Ces dépenses astronomiques

ont contraint, depuis 2008, le gouvernement à changer depolitique. Pour réduire ces importations de ce produit, il aopté pour le développement de la filière locale du lait. Plu-sieurs mesures ont été prises en faveur des éleveurs et desopérateurs de ce secteur : augmentation de la subventiondu lait cru et encouragement de l’investissement. Le buttracé à l’époque était de faire baisser les importations de lapoudre de lait de 50% à l’horizon 2019. Dans ce sens, legouvernement avait même décidé de fixer le prix de réfé-rence du litre de lait cru de vache à 50 DA. Une sommesrépartie comme suit : 36 DA le prix de cession du lait cruaux laiteries et 14 DA de subvention de l’Etat. Dans le cadrede cette nouvelle stratégie, les autorités ont égalementrecouru à l’importation des vaches laitières pour augmen-ter la production nationale de cette matière. Ainsi, entre2010 et 2013, l’Algérie a importé 115.944 vaches à hauteperformances qui s’ajoutent au cheptel bovin laitier exis-tant estimé à 1,6 million de têtes. Certes des résultats ontété obtenus avec notamment l’augmentation de la produc-tion nationale à 3,3 milliards de litres, dont 2,5 milliards delitre de lait de vache. Mais, nous sommes encore loin de satisfaire les besoinsnationaux qui sont de l’ordre de 4,5 milliards de litres paran. L’Algérie est aussi loin de l’objectif tracé pour 2019 quiconsiste à porter la pro-duction nationale delait à 5 milliards delitres par an, dont deuxmilliards de litres delait cru collectés. Ceretard est expliqué dansune étude du Bureaunational d'étude sur ledéveloppement rural(BNEDER), rendupublic au début de l’an-née en cours. Selon cetorganisme, la « poudre de lait importée pour la productiondu lait et autres produits laitiers figure parmi lescontraintes majeures au développement de la productionlaitière nationale ». Celle-ci, ajoute la même source, pâtit aussi d'un granddéficit fourrager. « D’un côté, il y a beaucoup de lait recons-titué (à partir de la poudre) sur le marché et, de l’autre côté,il y a ce déficit fourrager qui ne permet pas aux éleveurs deproduire convenablement », précise le BNEDER. Aussi, ladifférence du prix entre le lait en sachet (25 DA) et le lait devache n’encourage pas les éleveurs à fournir des effortssupplémentaires. b. r.

UNE ÉNIèME PÉNURIE DE CE PRODUIT A ÉTÉ ENREGISTRÉE DÉBUT NOVEMBREPourquoi l’algérie « se noie-t-elle»…

dans un sachet de lait ?

« Spéculation » et « détournement » ou « réduction des quotas de lapoudre» ? La énième pénurie de lait en sachet constaté, au début du mois

de novembre en cours, a ravivé la polémique entre les responsables duministère de l’Agriculture et les producteurs. Le premier accuse et les

seconds se défendent. Mais, entre-temps, le citoyen trinque.

ENTRE 2010 ET 2013, L’ALGÉRIE AIMPORTÉ 115.944 VACHES À HAUTEPERFORMANCES QUI S’AJOUTENT

AU CHEPTEL BOVIN LAITIEREXISTANT ESTIMÉ À 1,6 MILLION DETÊTES. CERTES DES RÉSULTATS

ONT ÉTÉ OBTENUS AVECNOTAMMENT L’AUGMENTATION DELA PRODUCTION NATIONALE À 3,3MILLIARDS DE LITRES, DONT 2,5MILLIARDS DE LITRE DE LAIT DE

VACHE.

QUI JOUE AVEC LE LAIT DESALGÉRIENS ? ABDESSELAMCHELGHOUM ACCUSE LES

PRODUCTEURS DES PRODUITSDÉRIVÉS. « LA SURVENUE D’UNE

PÉNURIE NE POURRAQU’ATTESTER QUE LE PRODUITATTRIBUÉ N’A PAS ÉTÉ UTILISÉAUX FINS AUXQUELLES IL ÉTAIT

DÉDIÉ INITIALEMENT.

4Par Kamel a.b.

Les participants à cet atelier ontexaminé les possibilités d'ac-croître l'offre foncière, de simpli-fier les procédures administra-tives et de replacer le tourismeau cœur des dynamiques du développe-ment local. Ils se sont penchés aussi sur lerôle des collectivités locales dans l'accom-pagnement des entreprises et dans la pro-motion de l'agriculture.Dans son allocution d'ouverture, le Pre-mier ministre, Abdelmalek Sellal, aprèsavoir transmis aux participants les encou-ragements du président de la République,Abdelaziz Bouteflika, à "redoubler d'ef-forts" pour atteindre les objectifs fixés, les aexhortés à « libérer les énergies et les ini-tiatives et à reléguer à la marge les réflexesde passivité et de bureaucratie ».Il a, dans ce sens, appelé les élus locauxà s'impliquer "pleinement" dans ce qui doitêtre désormais « une préoccupation quoti-dienne et un objectif essentiel » des collec-tivités locales : « l'amélioration de l'attrac-tivité, l'implantation des projets et le capta-ge des investissements ».Soulignant que la croissance sera doré-navant cherchée dans l'entreprise sur labase du nouveau modèle économique decroissance, il a invité les responsables et lesélus locaux à accorder une importance par-ticulière à l'accroissement de l'offre fonciè-re, la simplification des procédures admi-nistratives, l'accompagnement des opéra-teurs et le replacement des PMI, du touris-me et de l'agriculture au cœur des dyna-miques de développement local.Il a indiqué que « malgré la contractionde ses revenus pétroliers depuis troisannées, l'Algérie continue de résister et dedéployer des efforts pour préserver la sta-bilité de ses indicateurs macroécono-miques », ajoutant que le gouvernement,comme en 2016, tablait sur un taux decroissance de 3,9% pour 2017.Le Premier ministre a insisté aussi sur lapréservation de la souveraineté de la déci-sion économique nationale. 2017 sera «notre dernière chance pour opérer unchangement de vision économique privilé-giant la culture du travail », a-t-il exhorté.Plus de prérogatives aux walis dans lagestion des investissements locauxLes participants à l’atelier sur le « Rôledes collectivités locales dans la promotionde l'investissement » ont appelé à accorderaux walis plus de prérogatives dans la ges-tion des investissements locaux, notam-ment en ce qui concerne la décentralisationdes décisions relatives à l'approbation desprojets d'investissement et à l'attributiondu foncier industriel.La décentralisation des décisions rela-tives à l'approbation des projets d'investis-sement agricoles, industriels et touris-tiques a été à la tête des propositions for-mulées lors de cet atelier. Les intervenants,notamment les walis, ont mis en exerguel'impact d'une telle mesure sur la facilita-tion des procédures administratives d'at-tribution des autorisations d'investisse-ment.Il s'agit principalement de la décentrali-sation des avis émanant des secteurs minis-tériels exigeant la délivrance d'actes d'ur-

banisation notamment quand il s'agit depetits et moyens projets, ainsi que l'attribu-tion aux walis de la prérogative d'approba-tion de ce genre de projet.Les participants ont également appelé àla décentralisation des procédures de récu-pération des terres agricoles se trouvantdans les zones urbaines telles que les zonesd'extension touristiques, les nouvellesvilles et les zones d'activité en attribuantaux walis le pouvoir de les récupérer sansrecourir à la procédure actuelle de reclassi-fication par le conseil interministériel.Appelant à la révision des textes relatifsà ces procédures et à l'ouverture d'uncompte d'affectation spéciale pour l'indem-nisation des propriétaires des terresreclassées, les participants ont demandé lamise en place d'un texte de loi permettantaux walis de récupérer par le biais d'uneprocédure administrative directe lesassiettes foncières attribuées et non exploi-tées par les investisseurs.Ils ont aussi appelé à faciliter la récupé-ration du foncier industriel excédentairedétenu par les entreprises économiquespubliques et à instituer une taxe forfaitaireannuelle à même d'amener les entreprisesbénéficiaires à exploiter ce foncier.Cette taxe inscrite au titre de la loi definances 2016 a été fixée à 3%, une taxeconsidérée toutefois très marginale par lesparticipants qui ont appelé à son relève-ment.Les participants ont également appelé àconfier la réalisation des pôles industrielsaux walis au lieu de l'Agence nationale d'in-termédiation et de régulation foncière(ANIREF) pour réduire les délais de leurlivraison imputant le retard accusé dans laréalisation de 50 pôles industriels au faitqu'une seule entreprise s'en charge à tra-vers 39 wilayas.Ils ont en outre suggéré l'exonérationdes investissements en cours au niveau deszones industrielles et des zones d'activité

de l'obligation d'obtenir des avis auprèsdes services concernés à l'exception deceux liés aux dangers industriels et l'encou-ragement de la création de mini-zones d'ac-tivité au niveau des communes, notammentau niveau des chefs-lieux des daïras au pro-fit des petites et micro-entreprises.Le ministre de l'Intérieur et des Collecti-vités locales, Nouredine Bedoui, a appelé àprendre des mesures urgentes à même dedynamiser l'investissement dans uneconjoncture marquée par une situationéconomique difficile.Ces mesures seront mises en œuvre àpartir du mois prochain, a précisé leministre qui a affirmé que l'une des priori-tés de son secteur à l'heure actuelle estl'orientation économique et l'investisse-ment des collectivités locales soulignant àce propos qu'il « est impératif qu'une partiedu budget alloué à la wilaya soit consacréeà la concrétisation de cette vision écono-mique, et ce, à travers l'aménagement dezones industrielles et de zones d'activité ».« Désormais, il ne faut plus compter surle trésor public pour la réalisation des dif-férents projets en cours, car la conjonctureéconomique et financière ne le permet pas», a ajouté le ministre.Le ministre a indiqué par ailleurs queses services s'attelaient à une prochainerévision des codes communaux et dewilaya, conformément à la dernière révi-sion constitutionnelle.Les modifications qui seront introduitesdans ces codes visent à « lever les obstacles» et permettre une action plus efficace descollectivités locales.Il a plaidé aussi pour une « révision » dela fiscalité et des finances locales à traversl'institution d'un cadre fiscal et financierpermettant aux communes de sortir deleurs « difficultés financières ».Libérer les initiativesPlusieurs ministres se sont succédépour mettre en exergue les priorités devant

permettre de dynamiser le développementlocal.Le ministre de l'Industrie et des Mines,Abdessalem Bouchouareb a, notamment,indiqué que les travaux de réalisation de 50parcs industriels destinés à l'investisse-ment, seront lancés avant la fin du 1er tri-mestre 2017.Le ministre de l'Agriculture, du Déve-loppement rural et de la Pêche, AbdesselamChelghoum, a fait savoir, de son côté, que lesecteur agricole a attribué une superficiede plus de 600.000 hectares pour la réalisa-tion de projets structurants d’un montantde 600 milliards de dinars.Une commission pour le suivi des réso-lutionsLa rencontre gouvernement-walis a étésanctionnée par la mise sur pied d’unecommission gouvernementale pour assu-rer le suivi et l’application sur le terrain desrecommandations.Les différents départements du gouver-nement travailleront de "manière concer-tée et organisée" sur la base de ces recom-mandations dont le suivi et l’applicationseront assurés par la mise en place d’unecommission gouvernementale, a indiqué leministre de l’Intérieur.Il a estimé qu’ « il n’y a pas de com-munes riches et d’autres pauvres », et a faitobserver que « l’application des recom-mandations sur le terrain prouveront lecontraire ».M. Bedoui a expliqué que les réformesinitiées au niveau local notamment et tou-chant divers domaines comme la fiscalité etl’accès au foncier, permettront à chaquecommune de mettre en valeur ses potentia-lités. Pour le ministre, il s’agit « d’insufflerl’esprit d’entrepreneuriat » aux respon-sables locaux afin de se démarquer de «l’esprit de l’assistanat », estimant à cet effetque l’Algérie entame « un tournant décisif ».Kab et agence

Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016 445

Dossier: repenser le localRÉUNION GOUVERNEMENT-WALIS SUR LE DÉVELOPPEMENT LOCALPour un nouveau modèle de développement local

Une réunion gouvernement-walis, axée sur le rôle des collectivités locales dans la promotion de l'investissementet la modernisation du service public, a eu lieu samedi à Alger, en présence du Premier ministre, Abdelmalek

Sellal, et de membres du gouvernement.

446 Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016

4Par moncef Wafi

Au menu de ce rendez-vous, lapromotion de l'investissement,la responsabilisation des waliset la « promotion » des maires.Si cette rencontre rentre dansun cadre ordinaire, le contexte lui est loind’être anodin puisqu’il prolonge deux,voire trois années difficiles et anticipe surun 2017 crucial, de l’aveu même du Pre-mier ministre, Abdelmalk Sellal. La mercuriale pétrolière, boostée parl’accord d’Alger, en attendant la réunion deVienne, a été quelque peu plombée parl’élection de Trump à la tête de la premièrepuissance mondiale et, de ce fait, toutes lesprévisions optimistes sur un retour del’embellie des prix du pétrole, se trouventfortement hypothéquées. L’économie algé-rienne étant fortement dépendante ducours du brut, la logique veut qu’elle se pré-occupe de trouver d’autres ressources fis-cales de substitution et quoi de mieux ou deplus simple que de se tourner vers la fisca-lité ordinaire pour renflouer les caisses del’Etat. Et qui mieux que les walis pour fairela transition entre les Assemblées locales etles ministères de la République. La ren-contre du Palais des nations entre le staffgouvernemental avec les walis, quelquessemaines après le large remaniement qui atouché leurs rangs, a été l’occasion de fairele point mais surtout de prioriser lesactions du gouvernement dans sa quêted’argent. Si a priori cette rencontre revêt uncaractère éminemment économique, ellene peut échapper à une lecture politiqueconvoquée par l’urgence sociale et entrete-nue par les directives données par Sellal.En effet, et pour mener cette guerre enga-gée par le gouvernement, les collectivitéslocales sont placées au cœur de cette nou-velle bataille avec pour objectif de mettresur les rails la stratégie économique locale.Ainsi, le wali devra théoriquement avoir unrôle central en matière de prise de décisionet aura les pleins pouvoirs, le « seul maîtreà bord », selon les propres termes de Abdel-halim Merabti, le directeur des ressourceshumaines au ministère de l'Intérieur et desCollectivités locales. Le but étant de recen-trer les responsabilités parfois diluéesentre plusieurs secteurs. Les walis sontainsi sensibilisés à la nécessité de trouverdes sources de revenus, plutôt rappelés àcette mission à laquelle ils ont été mobiliséslors des rencontres régionales initiées toutau long de l’année entre NoureddineBedoui et les walis. Une mission que cer-tains walis n’ont pas réussi à mener à bon

port et, pour nombre d’observateurs, lemouvement qui a touché leur rang étaitattendu d’autant que lors de ses rencontresrégionales d’évaluation, en juillet dernier,le ministre de l’Intérieur et des Collectivitéslocales les avait appelé à se bouger. des Walis sous PressionIl n’était pas allé par quatre cheminspour leur rappeler l’urgence de la situationet les attentes du gouvernement en termesde gestion locale, de rationalisation desdépenses et de développement écono-mique. L’Algérie n’a plus d’argent à gas-piller, c’est en substance le message fermedu ministre, lorsqu’il évoquait la fin del’Etat providence qui payait de sa « poche »les déficits de gestion. En affirmant quec’est aux collectivités locales de sedébrouiller pour trouver leurs propressources de financement, Bedoui dresse unconstat d’échec de ces mêmes responsablesconditionnés par la persistance «de l’espritde la rente» et des transferts financiers del’Etat. Il ne pouvait que regretter la tendan-ce dépensière des collectivités locales àl’encontre de toute rationalisation malgréles instructions et orientations du gouver-nement. Au cours de cette même rencontre,le ministre de l’Intérieur a égalementdéploré la passivité des walis, loin du ter-rain de la gestion locale des finances etdans la priorisation des dépenses commu-nales. En abordant cette question, Bedouimettait le doigt sur un sujet tabou, celui durôle du wali. Une omnipotence dénoncéepar les élus locaux mais des objectifs endeçà des attentes du pouvoir central dont ilest le représentant. Ce rappel à l’ordreconcerne aussi les administrationspubliques coupables d’une bureaucratisa-tion indécrottable. Le ministre, plus offen-sif que jamais, rappellera l’intransigeancede l’Etat devant le laxisme de certains res-ponsables incompétents, prévenant même

de les congédier. La piqure de rappel deBedoui renseignait sur le peu de résultatengrangé par l’action gouvernementale etson coup de gueule répond à des impératifsd’urgence dictée par la crise et l’apathie desresponsables. Lors de cette dernière ren-contre de novembre, le même messageétait adressé à ces walis devenus soudaine-ment comptables de leur gestion devantAlger. Bedoui a ainsi souligné que l'évalua-tion de la performance des gestionnaires sefera sur la base des activités et de la créa-tion des emplois, des entreprises et de l'in-vestissement, l’aplanissement des bar-rières bureaucratiques ainsi que la régula-risation du foncier. En substance, le messa-ge du gouvernement est clair : l'avance-ment des projets et la consommation desaffectations budgétaires ne constituerontplus les seuls indices de fiabilité de la ges-tion locale. Un rappel à la dure réalité del’Algérie d’aujourd’hui obligée de trouverd’autres sources de financement public.L’autre axe de réflexion dégagé lors de cetterencontre entre le gouvernement et leswalis est le rôle des communes. Le ministrede l’Intérieur a révélé les grandes lignes duprojet de la révision prochaine du codecommunal et de wilaya dont, notamment,l’autorisation à donner aux maires de sous-crire à des crédits bancaires pour la réali-sation des projets liés au développementlocal. Le nouveau code en question, actuel-lement en phase d’élaboration au niveau duministère de l’intérieur, prévoit égalementdes dispositions devant permettre aux éluslocaux davantage de latitude dans le choixde la politique de gestion à mener.les maires, Chair à Canon ?Pourtant, cette liberté de manœuvren’est que relative puisque l’Administrationcentrale garde un contrôle permanent surle travail des édiles à travers l’élargisse-ment des prérogatives des secrétaires

généraux des communes à même d’harmo-niser, explique le ministre, leur action aveccelle des P/APC et assurer une exécutiondes plus optimales de la stratégie décidéepar les responsables locaux. Le nouveaustatut de secrétaire général des communes« va assurer la continuité du service publicet de l'Etat au niveau local », a-t-il, en outre,précisé. L’Etat donne l’impression qu’il s’estenfin rendu compte de l’obsolescence descodes communal et de wilaya, complète-ment dépassés et dans la conception etdans les objectifs tracés. Sa révision répondainsi à l’impératif vital de faire des com-munes, un stimulant pour les investisse-ments, désormais crédo du nouveau modè-le économique de croissance cher à Sellal.Ne pouvant plus dorénavant se reposer surle seul budget de l’Etat, les communes seretrouvent dans l’obligation de chercher denouvelles recettes pour régler leurs diffi-cultés financières et contribuer ainsi audéveloppement local et national. Pour cela,les nouveaux maires à élire en avril pro-chain doivent au moins avoir un niveauintellectuel appréciable et un minimumd’honnêteté pour mener à bien leurs mis-sions. Les maires seront dorénavant seulsface à leurs administrés et la sentence deBedoui sur les communes riches et pauvressonnera longtemps à leurs oreilles. Ilsdeviennent de parfaits fusibles à sauter encas de mécontentement populaire. En effet,ils devront composer avec la décision del’Etat de ne plus dépenser un sou supplé-mentaire sur le compte des budgets com-munaux mais aussi s’ingénier à trouver dequoi financer les projets liés au développe-ment local. Les participants à la réuniongouvernement-walis n’ont trouvé d’autrespropositions que celle d’augmenter lestaxes locales pour pallier la crise financière.En effet, la commission chargée de la réfor-me des finances et de la fiscalité localespour un développement pérenne, prévoitune panoplie d’impôts à l’image de taxessur l’habitation, assainissement, utilisationdes routes communales par les détenteursde gros engins, environnement etc. Destaxes qui auront sans doute une incidencedirecte sur les citoyens appelés à payerencore plus cher certains services qu’ilsobtenaient, parfois, gratuitement dansbeaucoup de localités. Bedoui a expliquéque les réformes initiées au niveau localtouchant divers domaines comme la fiscali-té et l’accès au foncier, permettront àchaque commune de mettre en valeur sespotentialités, histoire de se démarquer del’esprit d’assistanat qu’on lui a inculquédepuis l’indépendance.m. W.

RENCONTRE GOUVERNEMENT-WALISun emballage

économique pourune question

politiquePrésentée dans un emballage de développement

local et placée sous le sceau de l’urgence, la dernièrerencontre entre le gouvernement et les walis a été

l’occasion de rappeler certaines prioritésgouvernementales et d’en acter d’autres mettant

l’exécutif au-devant de la scène.

Dossier: repenser le local

47Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016

4Par boualem rabah

Le gouvernement qui leur deman-de, depuis quelques mois, dechercher elles-mêmes les finan-cements nécessaires à leur déve-loppement, pourrait fairemarche arrière, car la réalité est trop com-plexe. Elle a été d’ailleurs esquissée par leministre des Finances, Hadji Baba Ammi,lors de son intervention à l’occasion de laréunion gouvernement-walis. Son constatest sans appel. « La majorité des collectivi-tés locales avaient une capacité de finance-ment négative et sont, à cet effet, grande-ment dépendantes des dotations budgé-taires de l’Etat pour pouvoir accompagnerles actions de développement local »,explique le grand argentier du pays. Selonlui, le faible revenu des collectivités localesest dû essentiellement au fait que lesrecettes non fiscales ne représententqu’une part négligeable (2%). En revanche,indique-t-il, le reste des revenus globauxdes collectivités locales est composé de87% de la fiscalité locale et de 11% desdotations budgétaires. Ce faisant, HadjiBaba Ammi présente une ébauche de ce quidevrait être accom-pli en matière deréforme. Ainsi,dans le domaine dela fiscalité et desfinances locales, leprincipal problèmedont se plaignenttous les gestion-naires au niveaulocal, le ministreprécise que laréforme pourraits’articuler autourde l’élargissementde l’assiette fiscale par le développementd’activités économiques sur le territoire dela wilaya et la diversification des res-sources financières. Dans la foulée, il a pré-conisé de procéder à une fusion de certainsimpôts locaux ayant la même finalité : l’uni-fication de six taxes écologiques générantun rendement bien en deçà de leurs coûtsadministratifs et la fusion de trois taxesliées aux biens immobiliers, en l’occurren-ce, la taxe foncière, la taxe d’assainissementet la taxe d’habitation. Le ministre suggèreégalement l’actualisationdes bases d’imposition et larévision du taux d’imposi-tion des divers impôts ettaxes locaux, inchangésdepuis plusieurs années. Ilcite, dans ce cas, le foncierdont la teneur fiscale nereprésente que 10% de lavaleur du marché.

réformes : entre urGenCe etComPlexité de la réalitéLes mesures proposées par le ministredes Finances apporteront-elles des res-sources financières suffisantes pouvantremplacer les aides de l’Etat ? Le montantdes recettes fiscales et locales ont enregis-tré, selon le ministre, une augmentationconsidérable durant les seize dernièresannées. Elles sont passées de 91 milliardsde dinars en 2000 à 410 milliards de dinars

en 2015, soit une aug-mentation cumulée de348%. Toutefois,enchaîne-t-il, leurpart dans la fiscalitéordinaire a diminuéavec une fiscalité loca-le passée de 30%durant les années1990 à seulement 10,8% actuellement.Hadji Baba Ammi note une concentrationau niveau de quatre impôts totalisant 98%des recettes de la fiscalité locale. Il s’agit,selon le ministre, de la taxe sur l’activitéprofessionnelle avec 58%, la taxe sur lavaleur ajoutée avec 35%, la vignette auto-mobile avec 2,7% et l’impôt forfaitaireunique avec 2%. « Mais la réduction de 2%à 1% (sur le chiffre d’affaires des entre-prises) de la taxe sur l’activité profession-nelle (TAP) engendrera un énorme manqueà gagnerpour cesmunicipali-tés », sou-ligne-t-il.Réagissant àce débat surles réformesdes missionsdes collecti-vités locales,les élus locaux ont tous relevé la difficultédu processus proposé par le gouverne-ment. Selon eux, une cessation brusque desaides de l’Etat mettrait inéluctablement lescollectivités dans une situation inconfor-table, voire délicate. Et pour cause, les APCn’ont jamais eu les coudées franches pours’autogérer. Dépendant entièrement de lawilaya et des projets des développementssectoriels provenant des ministères, noscommunes ont été habituées à l’assistanat.

« Pour appliquer les nouvelles réformes, ilfaut aller progressivement. Il faut commen-cer par redonner des prérogatives aux éluslocaux en révisant le code communal et lecode de wilaya. Ensuite, il faut libérer l’ini-tiative et lever l’épée de Damoclès, qui estla menace de poursuites judiciaires, quipèse sur les élus », soutiennent plusieursélus avec lesquels nous avons eu une dis-cussion sur ce sujet. De plus, ces derniersréclament la révision du système de recou-vrement des impôts qui doit être, selon eux,du ressort descommunes. «Actuellement, lesrecettes fiscalesne vont pas direc-tement dans lescaisses de la com-mune. C’est leTrésor qui récu-père la cagnotteavant de procé-der à une réparti-tion annuelle desbudgets aux communes. Comment financerdes projets de développement ? C’est toutsimplement impossible », ajoutent-ils, rap-pelant au passage la résistance des citoyensqui refusent systématiquement le paiementdes impôts.tonneaux des danaïdes En tout cas, plus de la moitié des com-munes seront confrontées à des lende-mains incertains. Environ 958 communessur les 1541 existantes sont considéréescomme étant pauvres. Il s’agit notammentdes localités à vocation agricole qui ne dis-posent pas de recettes fiscales. Selon uneétude du ministère de l’Intérieur, 62% descommunes sont pauvres et 31% restentmoyennement riches, c'est-à-dire qu’elles

peuvent prendre en charge leurs dépensesobligatoires, alors que 7%, soit 103 munici-palités, sont considérées comme étantexcessivement riches. L’autre indice sur ladifficulté de la nouvelle mission qui seraconfiée aux communes est le surendette-ment. Depuis le début des années 2000, legouvernement a procédé à l’effacement, àplusieurs reprises, des dettes des com-munes. La dernière opération est trèsrécente. Elle a concerné 322 communesréparties sur 25 wilayas du pays. Le mon-tant global de cettedette s’élevait à plus de30 milliards de dinars.Contrairement à ce quel’on pouvait imaginer,c’était la wilaya d’Algerqui vient en tête avec 37commune endettéesjusqu’au cou. Elle estsuivie par la wilaya deTizi Ouzou avec 27 APC.La prise en charge de ladette, rappelons-le, estassurée par le compte d’affectation spécialdu Trésor n° 302-061 intitulé « dépensesen capital ». Et l’effacement de cette dette aété pris suite au rapport conjoint desministres des Finances et de l’Intérieur etdes Collectivités locales. Ces opérationsdémontrent que nos collectivités localessont devenues comme des tonneaux desDanaïdes qui siphonnent toutes les enve-loppes financières allouées, sans pourautant retrouver leurs équilibres budgé-taires. Ainsi, le désengagement, sans aucu-ne période de transition et sans prépara-tion des mentalités aux nouveaux change-ments, risque de créer un précédent dans lepays : des collectivités en faillite et inca-pables de prendre en charge les besoins deleurs citoyens… b. r.

ELLES SONT CONTRAINTES D’ALLER VERS L’AUTOFINANCEMENTles communes pauvres peuvent-elles

se passer de l’assistanat ?Quelles perspectives pour les communes déshéritées ? Placées, désormais, entre l’enclume du manque de moyens

et le marteau du désengagement de l’Etat en raison de la crise financière, plusieurs APC sont aujourd’hui à lacroisée des chemins. Comptant entièrement sur les dotations budgétaires de l’Etat, plus de la moitié descollectivités locales risquent de se retrouver impuissantes face à la pression de leurs propres citoyens.

Dossier: repenser le local

UNE CESSATION BRUSQUE DESAIDES DE L’ETAT METTRAITINÉLUCTABLEMENT LES

COLLECTIVITÉS DANS UNESITUATION INCONFORTABLE,

VOIRE DÉLICATE. ET POUR CAUSE,LES APC N’ONT JAMAIS EU LESCOUDÉES FRANCHES POUR

S’AUTOGÉRER.ACTUELLEMENT, LES RECETTES

FISCALES NE VONT PASDIRECTEMENT DANS LES CAISSES

DE LA COMMUNE. C’EST LETRÉSOR QUI RÉCUPÈRE LA

CAGNOTTE AVANT DE PROCÉDERÀ UNE RÉPARTITION ANNUELLEDES BUDGETS AUX COMMUNES.

EN TOUT CAS, PLUS DE LA MOITIÉDES COMMUNES SERONTCONFRONTÉES À DES

LENDEMAINS INCERTAINS.ENVIRON 958 COMMUNES SUR LES

1541 EXISTANTES SONTCONSIDÉRÉES COMME ÉTANT

PAUVRES. IL S’AGIT NOTAMMENTDES LOCALITÉS À VOCATION

AGRICOLE QUI NE DISPOSENT PASDE RECETTES FISCALES.

Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 201648

Dossier: repenser le local

quelles formations et quellesprérogatives pour les élus ?

Les rencontres relatives à la promotion de l’investissement qui se suivent et se ressemblent, auront-elles cettefois un impact réel sur le développement de l’investissement ?

4Par K. benabdeli

Les multiples rencontres Gouver-nement-Walis focalisent surtoutsur la recherche de sources definancement et de répondre auxpréoccupations des citoyens parl’amélioration des conditions socio-écono-miques, ce qui est une aberration en pério-de de crise. La modernisation du servicepublic et la relance du développement localsont les deux autres objectifs ; il faut direque ces buts ne sont que du réchauffépuisque les différents gouvernements s’ysont attelés et n’ont pas eu de résultats. La libération des initiatives est lemaître-mot de cette rencontre même si cetobjectif ne ressort pas dans les déclarationsdes responsables. Un nouveau terme éco-nomique et organisationnel est entré dansle vocable de nos responsables : « le sur-passement de soi », mais est-ce possibledans une situation de crise et une désorga-nisation totale des structures de base impo-sée par une absence de professionnalisme ?La commune est déjà définie dans l’ar-ticle premier de l'ordonnance n° 67-24 du18 janvier 1967 portant Code communal,comme la collectivité territoriale politique,administrative, économique, sociale et cul-turelle de base. La commune occupe-t-elleréellement une place centrale dans le systè-me d’organisation politique de l’Etat algé-rien comme le stipule nettement l’article 84de la loi 90-08 du 7 avril 1990 relative à lacommune ? Même si elle constitue unmaillon solide entre la représentation poli-

tique et les citoyens, au travers des poli-tiques publiques qu’elle a charge de conce-voir et de mener à bien, la commune resteun maillon ligoté entre les mains du chef dedaïra et du wali.Sans une opération réparatrice profon-de qui vise à corriger la tendance des auto-rités centrales à s’ériger en centre d’impul-sion unique ou principal, il est illusoire dedévelopper le local. En Algérie, c’est une organisation cen-tralisée avec tous les pouvoirs et les collec-tivités territoriales sont perçues commedes collectivités secondaires, privées de lafaculté de concevoir et d’élaborer des poli-tiques publiques au bénéfice de leurs terri-toires.Là, se pose le problème de l’aménage-ment et de l’organisation du territoire avecun découpage incompréhensible où unpays si vaste comme l’Algérie est découpéen 8 régions, 48 wilaya et 1541 communes.La régionalisation géographique et écolo-gique a totalement été ignorée volontaire-ment et, de ce fait, aucune stratégie à trèslong terme n’est possible. Comment déve-lopper un territoire sans en connaître sespotentialités et, qui plus est, aucune com-mune n’a une carte des ressources éda-phiques, hydriques, minières, agricoles etc.La politique de développement locals’articule autour des élus et, dans ce volet, ily a lieu de souligner que la qualification etla représentativité réelle n’est pas recon-nue par les citoyens qui ont de tout temps

été bernés dans le choix de leurs élus pourdiverses raisons. Un président d’APC peut-il se charger de recueillir les impôts locauxsachant l’état de délabrement de sa com-mune en matière d’organisation. Un autrepoint doit être soulevé : les codes de la com-mune et de la wilaya autorisent-ils de tellesactions ?En Algérie on parle de décentralisationdepuis les années 1975 sans jamais y par-venir pour des raisons de manque d’organi-sation, de volonté politique et surtout depréservation du droit d’imposer d’en hautavec tous les avantages qui en découlent.La décentralisation reste un vœu pieucar en 2016 un président d’APC ne peut pasgérer librement sa commune. Le présidentd’APC et les membres de l’exécutif commu-nal ne peuvent devenir, du jour au lende-main, des entrepreneurs. Ignorant pour laplupart les règles fondamentales de ges-tion, de développement et de management,comment des élus peuvent-ils se transfor-mer en agents de développement ? La question reste posée aux décideursqui continuent de mettre la charrue avantles bœufs.Les walis, les ministres, les élus n’aurontpas les outils du développement en absencede stratégie à moyen et long terme quis’inscrive dans un aménagement du terri-toire bien réfléchi et des équipementsstructurant de bonne qualité. En 2016 nos routes et autoroutes sont

dans un état lamentable, le réseau de distri-bution de l’eau potabledéfectueux, leréseau Internet qui fonctionne par à-coups,des zones industrielles délaissées, deszones d’activités abandonnées, des villessales, des transports chaotiques, des incivi-lités permanentes, des agressions, uneconduite improvisée, la bureaucratie, lesdossiers interminables, …etc.Les élus locaux demeurent de simplesexécutants en l’absence de texte réglemen-taire les protégeant.Le jour où les walis et les chefs de daïraauront pour seul rôle le contrôle et l’inspec-tion pour faire respecter la réglementationet la lutte contre la bureaucratie et la cor-ruption, les collectivités locales pourront, siune nouvelle réglementation sur la commu-ne et la wilaya est promulguée rapidementtel que promis lors de cette rencontre Gou-vernement-Walis faire réellement du déve-loppement local. L’organisation de la commune est àrepenser au même titre que celle de la daïraet de la wilaya. Il faudrait avoir l’audace defaire des walis des représentants de l’Etatsans pour autant qu’ils soient des acteursdu développement car ils ne possèdent pasles formations et les qualifications néces-saires dans l’hydraulique, le bâtiment, lesroutes, les aménagements urbains, l’indus-trie, etc.Par temps de crise, il est demandé auxélus de faciliter des procédures et l’accom-pagnement des investisseurs pour créerune dynamique économique dans les com-munes. Il est également demandé aux élusd’inventer de nouveaux modes de gestiondes collectivités locales et d’adopter desfacilitations au profit des investisseurspour créer une dynamique de développe-ment dans les communes et attirer desfonds dormants et les injecter dans lamachine économique à travers l'investisse-ment. Les élus locaux sont également invi-tés à réfléchir sur les projets d'investisse-ment partant d'une vision porteuse, notam-ment dans les domaines du tourisme et del’agriculture, selon la spécificité de lawilaya. Ces super-élus doivent contribuer demanière efficace à procurer des recettesaux communes et à la wilaya, avant d'insis-ter sur la création de petites zones d’activi-tés et les généraliser dans les communes envue de créer une dynamique économique etdes postes d’emploi.Mais ces élus ont-ils la capacité de créercette dynamique d’accompagnement ?Le développement deviendra possibleque lorsque la révision de certaines loisorganiques, comme les codes de la commu-ne et de la wilaya aient lieu avec plus deprérogatives aux élus.La crise liée à la chute du prix des hydro-carbures et les conséquences sur le budgetde l’État a amené enfin les pouvoirs publicsà changer de discours et de stratégie. Lacréation de richesse, le rôle économiquedes collectivités locales, la valorisation derichesses multiples et avérées mais igno-rées devront, avec une volonté politique,booster le développement local.K. b.

RÉUNION GOUVERNEMENT-WALIS

Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016 449

4Par rania aghiles

«Je suis désolé, mais la réalité est là : ce n’estpas moi qui ai donné le marché à la sociétéqui fait des travaux devant mon bureau ».L’homme qui s’exprime ainsi n’est pas unsimple ouvrier communal. C’est le cri dedétresse d’un maire d’une commune de l’intérieur du paysà qui nous posions la question sur la longue durée qu’a prisle chantier de l’embellissement du chef-lieu de sa commu-ne. L’édile, issu d’un parti de l’opposition, a expliqué quec’est la DUCH (Direction de l’urbanisme, de la constructionet de l’hydraulique), qui dépend de la wilaya, qui a attribuéle marché. Le maire est donc réduit à « verbaliser » lescitoyens qui commettent de petites infractions au code dela route ou qui stationnent mal leurs véhicules. Et encore !Par l’entremise d’un code communal et de wilaya quidonne l’essentiel des pouvoirs aux représentants de l’admi-nistration, les collectivités locales ne disposent de prati-quement aucun pouvoir leur permettant d’attribuer desmarchés publics. Et lorsque cela est fait, c’est la routeouverte à tous les dérapages.Puisque les grands marchés relèvent de l’autorité cen-trale et de wilaya, il ne reste aux maires que de petites tran-sactions de proximité. C’est le cas de l’éclairage public oude l’embellissement de certains espaces dans certainsquartiers ou villages. Et comme ces contrats ne sont pasénormes, la loi permet aux responsables de procéder parune simple opération de gré à gré, sans passer par des avisd’appels d’offres publics. Et c’est souvent à ce niveau qu’in-tervient la corruption ou les pots de vins. C’est le cas de ceprésident d’APC d’une commune de l’intérieur du pays quis’arrange à saboter l’éclairage public de sa ville pour ensui-te s’empresser de réparer les pots cassés. Mais, très vite, lesélus et cadres de la commune se sont rendu compte quec’est toujours le même entrepreneur qui effectue les tra-vaux de réparation. Ce qui soulève alors des soupçons depots-de-vin. Mais il semblerait, selon les témoignages d’unélu, que le premier responsable de la commune, pourtantdépourvue d’infrastructures de base, n’est pas à son pre-mier forfait. Il est habitué aux petites combines.

Porte ouverte à la raPineMais comment se fait-il que tels comportements soientencore possibles ? En l’absence d’une réglementation clai-re, les responsables locaux sont souvent livrés à eux-mêmes. Certains d’entre eux pensent même que gérer sacollectivité sans aucun contrôle est un droit inaliénable. Or,souvent, les autorités passent à l’acte et sanctionnent lesmaires indélicats. Des dizaines de présidents d’APC sontainsi sanctionnés, depuis les dernières élections locales de2012, à l’échelle nationale. Rien que dans la capitale, unevingtaine de maires sont soit sous les verrous soit poursui-vis en justice pour des délits liés à la mauvaise gestion ouencore à la violation de la réglementation dans l’octroi desmarchés publics.des Garde-fous manquantsPour mieux encadrer l’attribution des marchés publics,les autorités ont mis en place une loi qui se veut à la foissouple et dissuasive. Ainsi, pour accélérer l’attribution decertains marchés, le gouvernement a doté les maires et leswalis d’un article qui leur permet de faire recours à la seulepublicité locale pour des marchés dont le montant nedépasse pas 100 millions de centimes. « Les avis d’appelsd’offres des wilayas, des communes et de leurs établisse-ments publics sous tutelle portant sur des marchés de tra-vaux ou de fournitures et d’études ou de services, dont lemontant, suivant une estimation administrative, est égal ouinférieur, respectivement, à cent millions de dinars(100.000.000 DA) et à cinquante millions de dinars(50.000.000 DA), peuvent faire l’objet d’une publicité loca-le selon les modalités ci-après : * la publication de l’avisd’appel d’offres dans deux quotidiens locaux ou régionaux ;et * l’affichage de l’avis d’appel d’offres aux sièges concer-nés : - de la wilaya ; - de l’ensemble des communes de lawilaya ; - des chambres de commerce et d’industrie, de l’ar-tisanat et des métiers, et de l’agriculture de la wilaya ; - dela Direction technique concernée de la wilaya », précise-t-on dans l’article 65 de la loi sur les marchés publics.Or, selon des témoignages de plusieurs responsableslocaux, ce genre de facilitations peut pousser l’ordonnateur(donc le maire ou le wali) à commettre des dépassements.

Car, il est connu qu’au niveau local, la concurrence est sou-vent moins rude. Cela donne donc latitude aux rares sou-missionnaires d’imposer leurs lois et aux responsables dechoisir les heureux élus.Bien sûr qu’en plus du Code des marchés publics, lesautorités ont mis en place un arsenal législatif sensé empê-cher les responsables locaux de jouer avec les denierspublics. Cela est notamment contenu dans le Code pénal.Des articles particulièrement sévères y figurent.formation, le Parent PauvreAu-delà de leur appartenance politique, les élus locauxnotamment les membres des exécutifs communaux souf-frent dans leur écrasante majorité de véritables problèmesde compétences. Ils passent souvent du statut de militant àcelui de gestionnaire des deniers publics sans véritable-ment être préparés. Car, en plus de la tâche politique quileur revient, ces élus locaux se trouvent être des représen-tants de l’Etat au niveau local. A ce titre, ils ont des denierspublics à gérer en plus de la mission de maintien de l’ordrepublic et de la paix civile dans leur territoire. Or, cela s’ap-prend.Cela a conduit le ministère de l’Intérieur à organiser, àplusieurs reprises, des sessions de formations en faveurdes élus locaux. Des cycles de formations ont notammentporté sur la fiscalité locale, l’Etat civil et bien sûr le cadrelégislatif qui régit les collectivités territoriales.A l’approche des élections locales de 2017, la questionde la gestion des ressources financières des communes vase poser avec plus d’acuité. Car, en plus de ces handicapsliés à la formation et la rigidité du système fiscal, les res-ponsables locaux seront confrontés à un code communal etde wilaya qui ne leur laisse pas trop de choix. Et le déve-loppement local, déjà mis à mal et vivotant avec les seulesaides de l’Etat, va encore recevoir un coup de massue avecla baisse des recettes pétrolière. Et les maires à qui ondemande de se transformer en managers, ne sauront pro-bablement pas dans quelle direction il faut aller. Et entresatisfaire les besoins de leurs administrés et répondre auxexigences de la loi, le choix sera plus que difficile.

r. a.

A L’AUNE DE L’AUSTÉRITÉles marChés PubliCs à vau-l’eau

Pressions de tous genre, corruption et cadre législatif insuffisant : l’octroi des marchés publics dans lescollectivités locales n’est jamais une œuvre facile. Entre le respect de la loi et la réalité sociopolitique du pays, les

maires et dans une moindre mesure les walis et les chefs de daïra ne savent pas trop comment s’y prendre.Certains de ces dirigeants tentent de garder les formes, tandis que d’autres se conforment, plutôt, à la règle

voulue par la société dans laquelle ils vivent.

Dossier: repenser le local

Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 20164410

les principales recommandations

Une rencontre et des recommandations : la réunion gouvernement-walis, qui se tient chaque année depuislongtemps, a revêtu, cette année, un cachet bien particulier. Elle intervient dans un contexte marqué par une

crise économique née notamment de la chute des prix du pétrole. Et comme à chaque pathologie lourde il faut untraitement adéquat, la réunion qui s’est tenue le 12 novembre a abouti à des recommandations pour le moins

claires et réalistes.

4Par rania aghiles

Certaines des trois grandesrecommandations sont directe-ment liées aux ressources finan-cières des collectivités locales.Les participants à cette ren-contre, qui a réuni les membres du gouver-nement et les 48 walis de la République, ontégalement émis des résolutions sur le fonc-tionnement de l’administration locale etsur la meilleure manière de mettre fin à labureaucratie qui empoissonne la vie descitoyens algériens.

la fisCalité loCale, la ClefPour pousser les collectivités locales àparticiper à l’effort économique du pays,les participants à la rencontre – y com-pris les représentants du gouvernement– ont estimé que la réforme de la fiscalitélocale est primordiale. Pour cela, il nefaut pas compter sur les seules disposi-tions fiscales contenues dans la Loi deFinances. Les participants ont approuvéla proposition du ministère de l'intérieurde créer de nouvelles taxes pour consoli-der les capacités financières des collecti-vités locales à l'instar d'une taxe sur l'ex-ploitation de salles de fêtes, une taxelocale sur les autorisations d'exploitationd'entreprises et une autre sur les certifi-cats de qualification et de classificationprofessionnelles des entreprises, d’ex-ploitation de sites touristiques et natu-rels (forêts, lacs, campings familiaux...),une taxe publique sur l'exploitation descarrières ou encore une taxe sur les auto-risations d'abattage en milieu urbain.Les participants ont également préco-nisé de créer une taxe forfaitaire agricoleapplicable aux agriculteurs et une tarifi-cation pour l'usage des chemins commu-naux et de wilaya par les grands promo-teurs (engins mobiles). Il est recomman-dé la création d'un impôt destiné à finan-cer la caisse de solidarité et de garantiedes collectivités locales applicable auxautorisations préalables pour l'importa-tion de produits toxiques présentant unrisque particulier et les produits cosmé-tiques.Le secteur de tourisme doit égalementêtre mis à contribution. Il est d’ailleurspréconisé d’augmenter et de généraliserde la taxe de séjour à toutes les activitésde séjour pour englober tous les hôtels ycompris ceux qui ne sont pas classés etde hisser à 70% la valeur de la partie àconsacrer à la commune de l'impôt sur lerevenu global et de celle réservée à la col-lectivité locale de l'impôt sur l'environ-nement appliquée aux activités pol-luantes.utilisation maximale du

Patrimoine CommunalContrairement aux idées reçues, il «n’y a pas de communes pauvres et d’autresriches », comme l’a confirmé le ministrede l’Intérieur et des collectivités locales,NouredineBedoui, à la fin de la rencontregouvernement-walis. L’affirmation dumembre du gouvernement ne vient pasdu néant. Il existe, bel et bien, un patri-moine immobilier dans les communes.Sauf que si cette « richesse » est facile-ment quantifiable dans les grandes villes,notamment celles qui comptent deszones industrielles ou une danse activitécommerciale, la tâche est plus difficiledans les zones rurales ou les régions

agricoles. C’est dans ce sens que lesrecommandations portent sur lesmesures à adopter pour garantir l'exploi-tation du patrimoine des communes(bibliothèques municipales, crèches,gares de transports de voyageurs, mar-chés de proximité et locaux commer-ciaux) à l'effet de les rentabiliser. Lesparticipants ont appelé à actualiser lesloyers sur la base des indices de référen-ce notamment pour le foncier et locaux àusage d'habitation, industriel et commer-cial.Il a été, également, convenu de mettreen place un cadre règlementaire pourl'octroi des crédits bancaires avec untaux d'intérêt soutenu pour la réalisationde projets rentables. Par ailleurs, il a étépréconisé de relancer le mode de finan-cement provisoire sur le budget de l'Etatet d'augmenter les prélèvements au pro-fit de la caisse de solidarité et de garantieafin de renforcer les capacités finan-cières des collectivités locales.Ces recommandations sont une suitelogique aux récentes déclarations duministre de l’Intérieur qui s’est adresséeaux nombreux responsables locaux leurdemandant de ne plus compter sur lebudget de l’Etat pour financer des pro-jets. Il a demandé notamment aux walisde « devenir des managers » et de trouverde nouvelles sources de financement.Commission de suiviPour concrétiser toutes les recommanda-tions de cette rencontre, le ministre de

l’Intérieur a annoncé la mise en placed’une commission de suivi. Il s’agit, selonles termes du ministre de l’Intérieur,NouredineBedoui, d’un groupe qui seracomposé de membres de gouvernementissus des secteurs directement liés audéveloppement local. C’est le cas de l’Ha-bitat, des finances, de l’Industrie, del’Agriculture et du tourisme. Ce sont desdomaines où des investissements sontsouvent opérés.Pour le ministre, il s’agit « d’insufflerl’esprit d’entreprenariat » aux respon-sables locaux afin de se démarquer de «l’esprit de l’assistanat », estimant à ceteffet que l’Algérie entame « un tournantdécisif ».

« Nous sommes dans l’obligation depasser d’une économie basée sur les reve-nus du pétrole à une économie diversifiéequi repose sur l’initiative et l’innovation »,a-t-il dit.Sauf que le ministre de l’Intérieur, àl’image de l’ensemble du gouvernement,est conscient que toutes ces recomman-dations ne peuvent être concrétiséessans une nouvelle révision des lois envigueur. Ainsi, NoureineBedoui a lui-même annoncé une révision prochainedu Code de la commune et de la wilaya,qui a déjà été revu en 2012 dans le cadredes réformes politiques initiées àl’époque par le président Bouteflika. En parallèle, certains participants ontrecommandé de donner plus de préroga-tives aux walis. Il s'agit principalement

de« la décentralisation des avis émanantdes secteurs ministériels exigeant la déli-vrance d'actes d'urbanisation notammentquand il s'agit de petits et moyens projets,ainsi que l'attribution aux walis la préro-gative d'approbation de ce genre de projet».Les participants ont également appelé à «la décentralisation des procédures derécupération des terres agricoles se trou-vant dans les zones urbaines telles que leszones d'extension touristique, les nou-velles villes et les zones d'activité en attri-buant aux walis le pouvoir de les récupé-rer sans recourir à la procédure actuellede reclassification par le conseil intermi-nistériel ».Toujours dans le même registre, lesparticipants ont également appelé àconfier la réalisation des pôles indus-triels aux walis au lieu de l'Agence natio-nale d'intermédiation et de régulationfoncière (ANIREF) pour réduire les délaisde leur livraison imputant le retard accu-sé dans la réalisation de 50 pôles indus-triels au fait qu'une seule entreprise s'encharge à travers 39 wilayas.Il reste maintenant à savoir si cesrecommandations vont être suivies d’ef-fet. Surtout que malgré la bonne volontéaffichée par les autorités, le cadre législa-tif actuel ne permet pas une grandemarge de manœuvre aux collectivitéslocales. D’où la nécessité de libérer lestextes en suspend.

r. a.

Dossier: repenser le local

411Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 2016

SERVICES COMMUNAUxPour un service public de qualité

en faveur des citoyens

4Par s. méhalla

«La commune est l ’Etat aumicroscope », selon MAOTSE-TOUNG, premierPrésident de la Républiquepopulaire de Chine. A traverscette définition, la commune, en termes deservice public, se mesure à l’Etat mais enpetite échelle dont l’autorité communale(le président de l’Assemblée populairecommunale et le secrétaire général,responsable de l’administration locale), al’obligation de satisfaire l’ensemble desbesoins exprimés par les citoyens enservices publics fournis par les différentsservices communaux ou par leursmandataires moyennant un coût ( ladépense), supporté par les ressourceslocales, exécutées dans un cadre d’unbudget voté.1)Le service public est une activité exercéepar les différents services communaux ouses mandataires en assurant ou assumantune prestation pour satisfaire les besoinsdes citoyens et des personnes publiques ouprivées, dans le cadre de l’intérêt généralou d’une prestation onéreuse suite à uncontrat unilatéral de l’administration com-munale.Le service public rendu aux citoyens doitobéir au principe d’égalité et de neutralité,lesquels sont des principes incarnés par laconstitution et que le nouveau code com-munal n’a pas repris et que la réalité de lagestion communale ne respecte guère.Pour faire respecter ces deux principesconstitutionnels, il va falloir que lescitoyens, à travers des organisations parti-sanes, syndicales, comités de quartier et devillage, s’immiscent dans la gestion de leurcommune afin de contribuer à la discussionsur les choix et le suivi des actions entre-prises par l’autorité communale en matièrenotamment d’équité dans les opérations derecrutement pour favoriser la qualificationau lieu de l’affiliation, de distribution delogements sociaux afin de donner la chanceaux vrais nécessiteux ..,Il y a lieu d’indiquer dans ce contexte que lewali, en plus de son pouvoir de tutelle, peutprendre toutes les mesures relatives aumaintien de la sécurité, la salubrité et la

tranquillité publiques ainsi que la continui-té du service public dans le cadre du ren-forcement de l’action menée par l’autoritécommunale même si, parfois en pratique, ilest constaté une confusion entre l’interven-tion du wali pour se substituer au présidentd’APC en sa qualité de représentant del’Etat.2)En plus de ses services classiques, lacommune dispose de six (6) autres servicescommunaux prévus par l’article 149 de laloi 11-10 du 22 juin 2011 relative à la com-mune, représentant : « l’entretien de la voi-rie et signalisation routière, l’éclairagepublic, les fourrières, les abattoirs commu-naux, les espaces de culture et de loisirsrelevant de son patrimoine, les espaces desport et de loisirs relevant de son patrimoi-ne et les espaces verts ».3)Les politiques menées en Algérie enversles collectivités locales notamment les com-munes, suivent des voies parfois diffé-rentes et ce, suivant les spécificités descommunes mais demeurent proches quantà leurs enjeux et à leurs objectifs en matiè-re d’amélioration de prise en charge desbesoins des populations.Le but recherché est de mener des actionsde service public et de prendre desmesures sans préalablement aviser la tutel-le, ce qui va animer sa volonté d’améliorersa gestion financière des ressourcesallouées au bénéfice de son développe-ment.En effet, les dépenses des communes aug-mentent chaque année pour faire face auxbesoins croissants des populations et lesfinances locales sont de plus en plus, à ceteffet, sollicitées. Une gestion transparenceet efficace, afin de permettre la préserva-tion des acquis sociaux et des services quel’Etat est en obligation de fournir à la popu-lation, s’impose, désormais, aux communes. En effet, l’autonomie financière, étant à lafois juridique et technique ; elle est impor-tante pour les communes, sans elle, lesactions de développement local seronthypothéquées.La décentralisation de l’acte de gestion,

adoptée comme étant un principe de basepour l’organisation administrative, fait descollectivités territoriales, notamment lescommunes, un cadre de participation descitoyens à la gestion des affaires publiques,même si celles-ci ne disposent pas de res-sources suffisantes pour faire face aux dif-férents besoins du citoyen et, parfois, nemaîtrisent pas leur utilisation.Ces instances de la commune, devant défi-nir les objectifs d’un meilleur développe-ment local et leur adaptation aux attentesdes populations, par inscription de leursactions dans le cadre de la législation et dela réglementation en vigueur. 4)Les agents de la comptabilité publiquechargés de l’exécution du budget de la com-mune dont le président d’APC est l’ordon-nateur principal et le trésorier communalest le comptable assignataire des opéra-tions budgétaires et des opérations finan-cières de la commune.Le président d’APC gère aussi pour lecompte de l’Etat les plans communaux dedéveloppement (PCD) et toutes les opéra-tions d’équipement et d’investissement ins-crites sur l’indicatif du wali de rattache-ment relatives aux programmes sectoriels.Les dépenses du budget communal sontsoumises au visa d’engagement préalabledu contrôleur financier des communes, cequi donne un plus de maitrise et rationalitédans l’utilisation des crédits budgétairespar contre, il subit beaucoup plus de len-teur pour les bénéficiaires de la dépensecommunale engendrée par la charge desdossiers et des fois le manque de qualifica-tion et d’expérience professionnelle du per-sonnel à charge.Les services publics des communes sontfinancés, notamment par les produits de lafiscalité locale et ceux issus de la réparti-tion de la fiscalité ordinaire à l’instar de laprépondérance des ressources pétrolières,les produits issus de la gestion et d’exploi-tation (redevances patrimoniales, doma-niales et emprunts), les subventions etdotations et les produits des dons et legs.Le nouveau code communal considèrel’emprunt comme l’un des moyens finan-

cier et le réserve exclusivement aux créditsd’équipements. Par contre, son rembourse-ment constitue une charge courante defonctionnement et le recours à l’emprunt,vu le manque de fiscalités locales reste,néanmoins, une liberté fictive pour lescommunes.Le Fonds commun des collectivités locales(FCCL) est un instrument de mise en œuvredes politiques nationales de développe-ment local dont les ressources parviennentde la fiscalité, notamment ordinaire etminière, qui agit par des dotationsannuelles de péréquation destinées notam-ment aux communes pauvres pour alimen-ter les sections de fonctionnement, d’équi-pement et d’investissement de leurs bud-gets.Ce genre de financement centralisé pareffet de solidarité institutionnelle, est desti-né à promouvoir le développement localdans le cadre des orientations et objectifsfixés par le Plan national de développement(PND). Les dépenses des finances locales sontconstituées de dépenses de fonctionne-ment et de dépenses d’équipement et d’in-vestissement.Les dépenses de fonctionnement ont uncaractère permanent aux communes defaire face à ses charges et obligations cou-rantes financées par les ressources de lacommune.Les dépenses d’équipement et d’investisse-ment sont financées sur fonds propres de lacommune et/ou sur les plans communauxde développement (PCD).Elles sont constituées par toutes les opéra-tions de dépense qui se caractérisent parl’augmentation de la valeur du patrimoinede la commune telles que l’acquisition dematériels durables, la construction oul’aménagement de bâtiments existants, etc.Selon le code communal, la section d’équi-pement et d’investissement est constituéedes charges d’amortissement de la dette,des dépenses d’équipements publics et desdépenses de participation en capital à titred’investissements.Les dépenses d’équipement public transi-tent à travers quatre grandes catégories deprogrammes, à savoir : les programmessectoriels centralisés (PSC), concernant leséquipements publics centralisés des admi-nistrations centrales, des EPA, des institu-tions dotées de l’autonomie financière etdes administrations spécialisés et les pro-grammes sectoriels déconcentrés (PSD),concernant les programmes d’équipementinscrits à l’indicatif du wali. Il est indiqué que les programmes relevantdes plans communaux de développement(PCD) dont les dépenses réalisées au coursdes deux dernières années sont en nettedécroissance et probablement il soient demême pour les deux années à venir, si lacrise persiste encore.Les investissements réalisés sur les pro-grammes complémentaires de soutien à lacroissance (PCSC), dont les recettes et lesdépenses sont retracées dans un compted’affectation spéciale, portaient sur desactions très diversifiées, mais se concen-traient pour l’essentiel sur l’AEP, les assai-nissements urbains, l’ouverture, la réfec-tion des chemins communaux et laconstruction de bâtiments communaux,sont en nette baisse par rapport aux annéesprécédentes. s. méhalla

Dossier: repenser le local

4redouane mohammedi

La problématique dans cetteoptique, paraît simple à poser.Elle peut se résumer par la ques-tion de savoir s’il faut faire avan-cer à marche forcée une organi-sation minée de contradictions ou bienopter pour le changement radical.Mais il nedevrait pas s’agir que du bâti, les institu-tions doivent, elles aussi être concernées.C’est cela l’enjeu des programmes de réha-bilitation à engager en profondeur. Parceque la peinture sur une façade ne suffit pasà couvrir les lacunes des gestionnaires ni àeffacer la profondeur du sens des tags quiexpriment la mal vie et les injustices. Lestraumatismes générés par les différentespolitiques urbaines volontaristes à souhait,sont loin d’être résorbés et « la promotion

de la culture civique et environnementale àtravers le plan de relance des plans de ges-tions des déchets et des espaces verts » n’ypourra rien à elle seule. C’est du déjà dit héoui ! Comment prendre assez de recul pourn’être ni dithyrambique ni trop critiqueavec ce qu’elle représente aujourd’hui ?Faut-il en convenir, mais les faits donnentraison aux faits. il pleuvra encore et tou-jours là où c’est mouillé.C’est pour cela qu’il nous paraît juste dedire que traiter la Ville ce n’est pas seule-ment traiter son urbanisme et ses dysfonc-tionnements mais c’est traiter l’ensembledes questions ancrées dans la logique desacteurs qui les produisent. Donc de sa poli-tique. Des opérations antérieures (« débi-donvillisation », réhabilitation du vieux bâti,volontariat dans les cités…) n’ont pasdonné raison à ceux qui pensaient que lesinterventions techniques suffiraient à pro-duire de profonds changements. Ou bienfaut-il encore croire que « les modificationsanarchiques opérées par les citoyens » ontété faites la nuit, en catimini et à l’abri deces autorités.C’est vrai que la crise d’aujourd’hui trou-ve sa genèse dans les erreurs accumuléesdes dizaines d’années durant mais elle estaussi et surtout, celle des systèmes d’enca-drement et de gestion qui perdurent. Lasolution c’est maintenant qu’il faut la trou-ver et elle ne peut être que l’expressiond’une volonté politique. Il ne faudra plus deces opérations « coups de poing » quiconsistent à agir là où les problèmes se «visibilisent » mais plutôt chercher à maîtri-ser les mécanismes qui les fabriquent. Et nepas oublier que la conception que l’on sefait de la ville est étroitement liée à notremode de vie.Ce n’est même pas la peine d’aller cher-cher à comprendre, quelque part dans lesforteresses de nos institutions. C’est biende forteresse qu’il s’agit et ce, depuisquelques années maintenant et, pour nousles habitants, c’est d’une préparation à la «guerre » qu’il va s’agir à s’attendre, dès lorsque nous voulons « se la jouer » citoyens.Droit de regard dans les « affaires » de lacommune par le biais des assembléespubliques : faudra même pas y penser. Lasalle des délibérations existe en effet danscette forteresse, mais ce sont les délibéra-tions qui n’existent pas. Les titres de telleou telle structure existent aussi et sontmême mis en évidence par des écriteauxbien vissés sur les nouvelles portes. Unenote précisant les jours de réception y est

bien affichée, et un préposé nous rappelleraqu’il faut bien lire « avant de venir » ! Ainsi,il apparaît évident que les erreurs de ges-tion ou les errements dans la ville, sontaussi de la faute des élus et des respon-sables de l’exécutif qui sont tous comp-tables aussi, de leurs actes auprès de leurministère de tutelle (directions déconcen-trées). S’engager dans cette trajectoire c’estce qu’on appelle réfléchir « politique ».Parce qu’une politique, c’est des objectifs àfixer, des mécanismes à mettre en place etdes hommes à désigner pour les actionner. Pour revenir à l’action conjointe et soli-daire indispensable à la gestion d’un terri-toire et par rapport au devenir des habi-tants, il faudra aussi rappeler aux lecteursque 12 commissions permanentes relevantde l’APW, (Assemblée Populaire de Wilaya)sont censées « travailler » et élaborer desplans d’action. C’est donc avec eux qu’ilfaut chercher les raisons de ce marasme. Ilsont en effet bien voté tous les budgets, ordi-naires, primitifs et extraordinaires, dans lecalme et la sérénité et un supplément desatisfaction ! De plus, ils sont là depuisassez longtemps pour pouvoir rendrecompte et expliquer au premier magistratce qui va et ne va pas. La loi du 21 février2012 relative à la wilaya le précise dansl’article 14 : «L'Assemblée populaire dewilaya tient, chaque année, quatre sessionsordinaires » et elle peut se réunir « en sessionextraordinaire à la demande de son prési-dent, du tiers (1/3) de ses membres ou à lademande du wali » (Art 15). Donc tout estdit clairement et consigné par la loi, poursavoir situer les responsabilités. Tout comme nous ne pouvons non plusnous contenter du « cri » d’un wali pour

dire que « c’est la volonté des élus qui faitdéfaut aujourd’hui, ni plus ni moins ». Non.Le mal réside dans la manière de gouvernerla ville et non dans la ville comme nousavons souvent à le constater quand nouslisons ou écoutons la réaction des habi-tants.Quel est le média qui ne rapporte pas aumoins une fois par jour la situation désas-treuse de nos villes ? Des routes complète-ments trouées, des fils électriques qui netiennent qu’à un autre fil, des trottoirs quin’existent plus, des travaux inachevés, desgravas qui jonchent les artères principales,des poteaux électriques ou de lignes télé-phoniques prêts à rendre l’âme sur la têtedes passants, des niches de poubellesdébordant de déchets anciens de plus detrois ou quatre jours parce qu’un camionchargé du ramassage d’ordures ménagèresles aurait oubliés,…et ce n’est pas de tropque de rappeler le quotidien que subissentles habitants. Une pluie et cela suffit pourque la ville redécouvre son visage « vérolé »,celui des promesses et des discours politi-ciens. Pendant ce temps-là dans les bureauxrenouvelés chaque année, et bien calfeutrésau chaud, des différents sièges en perpétuelréaménagement, des mairies, des circons-criptions administratives, des daïras, deswilayas et des ministères, les «respon-sables» cogitent sur leur après. Ils pronosti-quent sur leur devenir. Alors que la Ville,poursuivant sa chute, va ressembler deplus en plus à un puzzle, ou les figures àassembler seraient des espaces éclatésqu’on aurait du mal à définir et à replacerpar rapport au projet devant la préfigurer,tant est qu’il y en ait eu un, et à gérer telle-ment ils sont soumis à de multiples ins-

tances de décisions sans que celles-ci nesoient prises par aucune d’elles. De quoiécœurer les plus hautes autorités qui alorsvont marteler une évidence en affirmantque « les villes sont conçues pour vivre et nonpour dormir ». Mais bien entendu que laVille c’est uniquement la vie ! quand onl’aura compris alors la ville, il faudrad’abord l’aimer, la vivre, et la séduire auquotidien. il faudra la mériter tout sim-plement pour ce qu’elle doit être. UneVille en vrai. Il en fut pourtant question un,jour, du temps du Gouvernorat du Grand-Alger, dans la défunte Charte de l’Habitat de1997, de la construire.C’est pour cela qu’il y a lieu de se débar-rasser de ces préjugés et des passionsqu’ils induisent pour penser à la gouver-nance de nos villes. Même dans la réflexionil ne doit pas exister des zones d’exclusion.Mais tout ça pour dire, qu’il est urgent d’ad-mettre qu’une cité se gère et que les postesde responsabilité se méritent. L’élu et legestionnaire : entre les deux il y a ou ildevrait y avoir les citoyens conscients deleur mission ici-bas.Il ne suffit pas de quelques opérationscosmétiques pour remédier à ce fléau. Ilfaut comprendre d’abord cette situationpour agir, chacun depuis sa position et sur-tout pour l’intérêt des habitants, desfamilles qui n’aspirent qu’à vivre en toutesécurité et quiétude. des opérations chocset hyper médiatisées n’ont jamais abou-ties à faire des habitants des citoyens.Pour notre part et pour paraphraser ledéfunt cinéaste allemand Fassbinder : « Cequ’on est incapable de changer, il faut aumoins le décrire ».

r. m.

Dossier: repenser le local

« Les changements changentseulement le mal de place »

Nous avions tenté en faisant un petit survol sur la commune, de constater qu’au nom de l’urgence on nerépondait que superficiellement à ses souffrances. Nous le confirmerons encore pour la Ville.

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liFe stYle414Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 2016

Lalita, l’âme libre de la merENTRETIEN AVEC LUISA BRANDI,

Qui, un jour n’a pas rêvéd’emporter avec lui, lesouvenir sensuel,merveilleux etintemporel de lalumière, des couleurs etdes reflets liés à unmoment de bonheur aubord de la mer ? Cettesensationextraordinaire estdésormais possiblegrâce à l’exclusivecollection Lalita d’unecréatrice de modeitalienne, Luisa Brandi,qui a su reproduire lamagie de la nature etcapturer à jamaisl’image d’une vaguepour en faire des voiles,des caftans et des robes.Ses créations, uniques etinimitables, puisquechacune d’entre elles acapturé l’image d’uninstant, racontent àtravers la photographieet la soie, la mer del’archipel toscan et, enparticulier, de celle del’ile d’Elbe. Les couleurs,la fantaisie et latransparence changentselon la nature desfonds marins, du vent,des nuages et de tantd’autres élémentsnaturels empreints delumière et de refletaussi purs qu’un cristal. La soie et l’essencemême de l’eau semélangent pourexprimer dans touteleur sensibilité la magieet la beauté de la merqui semble revivre dansle mouvement flou etléger du tissu. Chaquevoile, chaque robe sontl’unique exemplaired’un instant fugitif quela nature nous offre. Ilsfont revivre un reflet demer unique etmerveilleux, disparu àjamais et pour qui lesrevêtira, l’impression dese mouvoir libre et sansfin dans la transparencedes fonds marins.

4entretien réalisé par Patricia mazy

Crésus : Comment en es-tu arrivée à lacréation artistique dans le domainede la mode ?luisa brandi : Tout est né à partir d’uncours de photographie. Après une premièreannée en 2011-2012, j’ai commencé à pho-tographier la mer et j’ai noté que, en meservant uniquement de mes yeux, je nevoyais pas certaines choses. J’ai eu tout letemps de réfléchir sur les images et, à par-tir de là, j’ai eu l’intuition que peut-être lesimages pouvaient être mises sur soie pourrestituer la sinuosité très féminine qui estparticulière à la mer. Par conséquent, j’aicommencé à faire des prototypes avec cesphotos et, sincèrement, j’ai été très émo-tionnée quand j’ai vu les premiers résultatscar dans un certain sens j’avais donné uneimmortalité à ces fragments de solitude.Cela est né en fait du respect de la nature.Comme îlienne, je suis très liée à la meravec laquelle j’ai grandi et qui a toujourscaptivé mon intérêt surtout en périodehivernale. Je me suis rendu compte que lamer est un réel mystère pour notre imagi-naire. Par exemple si je demande à quel-qu’un quelle est la couleur de la mer, il estfort probable qu’il me réponde que la merest bleue. En réalité, la mer n’et pas tou-jours bleue et j’ai cherché à rompre cettevision pour offrir les couleurs que mèrenature m’a prêtées et qui sont le jaune, levert, le bleu ciel, le gris et tant d’autres. J’aiainsi réalisé que la palette des couleurs estinfinie et incroyable. Tu as donc commencé à réaliser desvoiles. Pourquoi ce choix ?J’ai commencé avec les voiles car j’ai penséque la soie était le meilleur support pourrestituer vitalité à la mer. C’est de plus untissu naturel qui respecte la nature.

Quand j’ai commencé à faire des défilés, j’airemarqué que le mouvement de la soie surles mannequins donnait vraiment l’impres-sion de voir la vague se mouvoir lentement.Cela constitue la beauté et la nouveauté duproduit que j’ai créé. Dans la mode, c’estdifficile de créer quelque chose de nouveaumais je dois dire, à ma grande satisfaction,que c’est réussi et que le produit est magni-fique.Chaque voile a le nom d’une plage del’île d’Elbe ?Oui, je propose par exemple le vertEnfola ou le vert Pianosa qui sont complè-tement différents.Cela dépend en fait de la nature desfonds marins, du ciel, du temps qu’il fait, carsur l’ile il y a des climats légèrement diffé-

rents selon que l’on se trouve au nord ou ausud…Oui tout à fait. Dans l’archipel toscan,sur l’île de Pianosa, par exemple, on peutvoir des jaunes très intenses, très lumineuxet quand le soleil se reflète sur la mer, l’eauest digne du plus beau cristal. Peu après, tu as commencé à créerdes vêtements ?Oui, je suis passée aux vêtements pourfemmes. J’ai énormément d’idées mais montravail est complètement artisanal et je faisappel à plusieurs partenaires pour la pro-duction de la soie, l’impression… et je suistrès pointilleuse, donc cela prend du temps.Le chiffon de soie vient de Côme en Italie,les meilleurs pour la soie. Pour les vête-ments, j’ai choisi pour l’instant un tissus

naturel à base de bambou mais ce ne serapas l’unique. Je souhaiterais réaliser unerobe de mariée car si je me mariais à 54 ansje souhaiterais avoir un habit très originalavec le reflet de la mer et en particuliercelui que l’on trouve sur la plage des Ghiaieprès de PortoFerraio à laquelle je me suisaffectionnée car il y existe, outre des refletstrès clairs allant vers le blanc, une intimitétrès pure.Comment peut-on pour acheter l’unede tes créations ?La personne intéressée peut m’appelerpersonnellement ou m’envoyer un mail entrouvant mes coordonnées sur mon site ousur celui de l’Oasis DuLuxe, le nouveau sitedu luxe dans le monde. Il ne faut pas oublierque chaque voile, chaque caftan, chaquerobe sont uniques. Ils représentent unevague donc un instant qui n’existera plusjamais et que je ne reproduis jamais plusd’une fois. Cela fait partie de la magie de lanature qui nous offre des choses mer-veilleuses lorsque nous savons regarder etécouter dans le silence. Je propose donc àchaque cliente un produit complètementpersonnalisé et adapté à ses goûts. Chaquemodèle est unique et je peux faire choisir àla cliente parmi toutes les photos, le refletde mer qui lui plaira le plus en fonction dela couleur, du mouvement de la mer, de lalumière… Pour les mesures, la longueuraussi, il n’y a pas de règle. Je m’adapte ausouhait de la cliente. Des projets pour le futur proche ?J’ai l’intention d’ajouter à la collectiond’été une collection hivernale et je travailledonc énormément sur de nouvelles photosavec aussi un autre thème que la mer quisera également merveilleux. Mais, pourl’instant, c’est encore un secret. Ce seracomplètement nouveau et d’une éléganceincroyable. En outre, je suis allée chez noscousins Corses, cet été, et j’envisage avec

eux certaines collaborations.Comment définis-tu ton produit ?Mon produit est pure émotion. Il doitremplir d’émotion à première vue la per-sonne qui le voit. C’est comme pour unbeau tableau ou une belle chanson, on s’ar-rête, on écoute et on ressent un sentimentde bien-être et de bonheur. Les jeux delumière et d’eau portent à ressentir l’inti-mité du photographe qui est resté 6 ou 7heures à regarder la mer, le soleil, lesnuages et qui choisira seulement pour toutce temps deux ou trois photos et cela pourdes raisons personnelles. Je choisis mesmeilleures photos en fonction des élémentsnaturels par exemple pour le vent, jeprends mes photos lorsqu’il y a le meilleurmistral ou sirocco. On ne peut pas le fairetous les jours, parfois une seule fois par an.Pour le sirocco, j’ai attendu des mois pourne pas avoir d’algues et ainsi cueillir la plusbelle lumière des fonds marins. C’est uneœuvre d’art et il faut du temps pour la réa-liser.Quels sont les types de vêtements quetu réalises ?Pour l’été, ce sont des vêtements quipeuvent se porter aussi bien avec deschaussures hautes que sans talons. Commeon représente les couleurs de la nature,c’est très versatiles, donc cela se prête àdiverses occasions. Il y a des robes courtes,d’autres longues et cela pour toutes lesformes, toutes les tailles et tous les âges. Jecrée des modèles pour la plage, pour laville, pour la soirée ; en réalité, je m’adapteau besoin de la clientèle selon ce qu’elleaime porter et l’endroit où elle aime le por-ter. Un caftan peut se porter sur la plage ouen vacances toute la journée mais peutaussi être habillé pour le soir. Il en est demême pour les robes, les voiles qui peuventservir de paréos mais aussi d’écharpe pourle jour ou pour une soirée habillée. P. m.

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Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 2016liFe stYle

4Par nassim b.

Déjà transformée par l’utilisa-tion d’internet depuisquelques années, la relationentre banques et clients subitune nouvelle transition due àla démocratisation des smartphones. Onrecense aujourd’hui plus de connexions auxcomptes en ligne via les applicationsmobiles que via les sites internet classiquessur des postes fixes. Associée à un taux demultibancarisation record dans la zoneeuro (un client européen sur trois possèdedes comptes dans au moins deux enseignesdifférentes), cette transformation fait appa-raître des nouveaux services de consulta-tion de comptes (Personal Finance Manage-ment ou Agrégateurs) déjà utilisés par plusde 2 millions de personnes en France. Lamise à jour de la directive européenne surles services de paiement va accentuer cephénomène et sévèrement impacter lebusiness modèle des banques.

fonCtionnement aCtuel et ser-viCes ProPosés Ces nouvelles applications, issues de laFinTech, proposent des services innovantsdans le domaine bancaire, la fonction prin-cipale étant l’agrégation, au sein d’uneunique plate-forme, des comptes d’unclient.

les fonCtionnalités qui endéCoulent sont multiPles : • Solde total sur les comptes • Suivi de consommation en direct et surle long terme • Catégorisation des dépenses (loyer,shopping, restaurant…, via le code commer-çant utilisé lors de la transaction) et notifi-cation à chaque paiement • Anticipation des soldes en fin de mois • Analyse des comportements d’épargne • Initiation de virements (SoFort)• Rapatriement de factures pour lesassocier aux comptes correspondants(MoneyDoc) L’agrégateur apparaît alorscomme une intelligence artificielle, qui ana-

lyse les données du client et lui donne desconseils sur la gestion de ses comptes. Cer-taines institutions bancaires traditionnellesproposent d’ores-et-déjà ce type de fonc-tionnalité sur leurs applications mobilesmais refusent l’agrégation multibancaire(pour des raisons de concurrence et d’ex-clusivité sur les données). Pour offrir tousces services, ces plates-formes utilisent lesdonnées fournies par le client. Celui-ci estobligé de donner sonidentifiant ainsi que sonmot de passe pourchaque compte qu’il sou-haite ajouter. Les appli-cations « webscrappent» affichent alors les don-nées sur les sites afin deles rapatrier. risques PotentielsLes procédés techniques utilisés sontsources de nombreux avertissements,notamment de la Commission nationale del’informatique et des libertés (CNIL) : • Le fait que les agrégateurs possèdentles identifiants et mots de passe de leursclients est un problème majeur, on ne saitpas à quel point les serveurs sont protégéscontre le hacking. Certaines plates-formesrendent compte de failles potentiellesconnues. • D’un point de vue juridique, donnerses identifiants bancaires peut être uneentorse à la convention de compte. Labanque peut donc se décharger de respon-sabilité en cas d’utilisation frauduleuse desdonnées client.• Les agrégateurs ne sont pas soumis ausecret bancaire et les informationsrecueillies peuvent être utilisées à des finscommerciales (publicité ciblée, newslet-ter…) qui sont le fonds de commerce de cesFinTech.

Cadre juridique En 2007, le Parlement européen vote laDirective sur les Services de Paiements(DSP) qui fournit le cadre juridique néces-saire à la mise en place d’un marché euro-

péen unique des paiements. Elle a pour butde rendre les transactions transfrontalièresaussi efficaces et sûres qu’au sein des Etatsmembres. Par conséquent, elle tend à ren-forcer la concurrence en ouvrant les mar-chés de paiement aux nouveaux venus plusinnovants et dissociés des groupes ban-caires (accroît l’efficacité et diminue lescoûts). Le 5 Octobre 2015, cette directive estrévisée (DSP2) afind’améliorer la légis-lation sur la sûretédes données ban-caires. Elle ouvre parailleurs le marché del’UE aux entreprisesqui offrent des ser-vices de paiementaux consommateurs(ou entreprises) fondés sur l’accès aux don-nées des comptes, autrement dit les agréga-teurs (prestataires de services d’initiationau paiement, prestataires de services d’in-formation sur les comptes). Elle renforce enplus le droit des consommateurs en rédui-sant leur responsabilité en cas de paiementnon autorisé (remboursement incondition-

nel pour les prélèvements en euros). Enconséquence, le principal frein levé est lasécurité. Les banques devront ouvrir leurssystèmes d’information aux agrégateurs,leur octroyant ainsi un accès propre et dif-férencié des clients, de manière à garantirla sécurité des informations jugées confi-dentielles et personnelles (identifiants, etmots de passe). Les agrégateurs devrontêtre enregistrés auprès de l’Autorité decontrôle prudentiel et de résolution(ACPR). L’Autorité bancaire européenne doitencore définir les modalités techniquesrelatives à la directive (degré d’ouverturedes systèmes d’information), tandis que laD.S.P2 entrera en vigueur en janvier 2018. ConCurrenCe

et désintermédiation L’avantage des FinTech est certain. Dèslors que ces plateformes auront suffisam-ment abouti (sécurité, rendu visuel…), lesapplications bancaires seront obsolètes.Elles conduisent à une désintermédiationde la relation banque/client et gagnent unascendant marketing et commercial trèsfort grâce à la collecte des données multi-bancaires. Les acteurs traditionnels sontdonc en passe de devenir de simples pro-ducteurs de produits bancaires. Certainesbanques ont déjà réagi en acquérant ou enfinançant des agrégateurs (rachat de Fidu-ceo par Boursorama et levée de fonds de 2millions d’euros pour Linxo par CASA et leCrédit Mutuel). Elles ne voient donc pas,pour la plupart, en ces FinTech un dangerpotentiel, mais plutôt une opportunité d’as-seoir un nouveau modèle afin de parfaire larelation déjà bien établie qu’elles ont avecleurs clients. Cas de la maifEn novembre, la Maif ouvre son agréga-teur Nestorau grand public. Cettedémarche s’inscrit dans le cadre de la stra-tégie de transformation digitale engagéepar le groupe entre 2015 et 2018. En s’ap-puyant sur les innovations récentes etl’ubérisation qui met le consommateur aucentre de l’attention, la Maif tente de modi-fier son corps de métier en offrant notam-ment une nouvelle plate-forme de services.L’assureur veut devenir l’interlocuteur pri-vilégié de la relation bancaire sans avoir àproposer lui-même des comptes bancaires.Reconnaissant le modèle innovant proposépar les FinTech actuelles, la Maif voit enNestor le moyen d’aller encore plus loin enposant sa plate-forme sur le socle solided’une marque reconnue et qui inspireconfiance. Mieux encore, l’agrégateur de laMaif a été conçu avec le soutien de Linxo(racheté par BForBank), l’un des leadersdans le domaine. n.b.

416Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 2016

Finance EFFICACITÉ DES TRANSACTIONS TRANSFRONTALIèRES CaP sur l’aGréGation

de ComPtes banCaires

L’ASSUREUR VEUT DEVENIR L’INTERLOCUTEUR PRIVILÉGIÉ DELA RELATION BANCAIRE SANSAVOIR À PROPOSER LUI-MÊMEDES COMPTES BANCAIRES.

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CHRONIQUE D’UN BAS DE LAINEQuand l’Occident se… «Trump»

Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 2016

Par Rachid EZZIANE

Depuis quelquesannées, l’Occident secherche une sortiehonorable de sa pro-fonde crise multidi-

mensionnelle. Il y a, tout d’abord,la crise financière avec sesbailleurs de fonds radins, égoïsteset snobs, sans oublier les banqueset leurs taux usuraires dépouillantà la tronçonneuse les travailleurset les plus démunis. Vient ensuitela crise du partage des richessesavec ses inégalités salarialesentre hommes et femmes, entrecadres supérieurs et salariés,entre paradis fiscaux et taxationtous azimuts pour le petit peuple.Le tout enrobé de mal-être, detrouble d’identité et de boatpeople en rade. Alors, et au lieu d’aller chercherles vraies causes de ce marasmechronique qui n’a que trop duré,qui a fait coulé beaucoup d’encreet de salive, car tout n’était quepalabres et dialogues de sourdsdepuis le début, et comme ils’agissait de flegmon à traiter plu-tôt que d’abcès à crever, car le malest dans la vision et non dans laplaie, sans que personne ne s’enaperçoive, à tort ou à raison,même plus à tort qu’à raison, toutle monde se fourvoya, les expertsen premier (pour quelques divi-dendes de plus-values), le doigtdans l’œil on s’engagea dans lelabyrinthe des fausses solutionsqui ont plus ajouté de l’huile sur lefeu qu’apporté de l’eau au moulinen faisant supporter tout le poidsde leurs maux sur les pauvrespeuples du Sud de la planète. Sima phrase « proustienne » vous aquelque peu incommodés pourbien assimiler mon idée, je vousprie aimablement de bien vouloirpoursuivre votre lecture car j’ail’intention d’y apporter des expli-cations. Comme nous le savons tous, etsans être obligé de s’étaler dansles tréfonds de l’histoire, l’Occi-dent a bâti son empire après s’êtreservi, par la ruse et la baïonnette(même si on savait déjà à l’époquequ’on pouvait tout faire avec cettedernière sauf s’assoir dessus,comme disait Talleyrand, ministreau temps de Napoléon), desrichesses des pays du Sud. Il (l’Oc-cident) en a tellement puisé etépuisé, durant des siècles, mal-heureusement sans jamais s’as-souvir, que ça lui est resté en tra-vers de la gorge. Et en voulantdégorger sa conscience pleine deremords non dits, mais que tout lemonde insinue, c’est toutes sesentrailles qui se mirent à expulserbile et vomi. Et voilà ce qu’il advint:Depuis quelques années, disonsvingt ans, une nouvelle classe depoliticiens et d’intellectuels vit lejour en Europe et au USA, aveccomme seule idée ─ de salut : l’en-fer, c’est les autres. Les Sudistesc’est eux les barbares. Et c’esteux les responsables de notremalaise. Le 11 septembre 2001 futle couronnement de l’idée avec,comme on le sait, un président va-

t-en guerre qui incarna l’orienta-tion sous toutes ses formes. Lasuite des années après septembre2001 on la connaît. Les peuples duSud, notamment les musulmans,en ont goûté de cet enfer, ô com-bien injuste !Partout, dans le monde occidentalsoufflèrent les vents de la haine dumusulman et de l’autre qui n’estpas des nôtres. On y revintpresque à la case de départ dessiècles de conquêtes avec, et ilsont osé le dire sans honte ni humi-lité, le droit à l’ingérence. Mêmequ’ils l’ont appliquée dansquelques pays juste avec le motifde la raison du plus fort est tou-jours la meilleure…Mais au bout de quelques annéesde poudre aux yeux. De pilonnagede villes et paisibles villages, etoù les morts se sont comptés parmilliers, entre hommes, femmes etenfants, à la fin, on ne trouva rienen Irak, ni armes chimiques nicanon géant, encore moins enLibye et l’on ne trouvera rien enIran. Car tout n’étaient et n’est quesimulacre et marchand de sable.N’était le discernement dequelques intelligences, ilsauraient détruits tous les pays del’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Et ils l’auraient fait,comme autrefois, sans remords nireproche. Peut-être, avec beau-coup d’enthousiasme. En réalité, et les décideurs de l’Oc-cident le savent, ni le problème, nila solution, ne sont là. Car tout estdans le dessein. Dans la perspecti-ve d’un monde meilleur. Mais au lieu d’aider les pays duSud à émerger économiquement,en compensation de plusieurssiècles d’oppression et de pillagede leurs richesses,les gouvernantsoccidentaux, par leur silence etleur vision réduite uniquement àleur cote de popularité, fermèrentles yeux sur l’ascension fulgurantedes partis populistes dans plu-sieurs pays européens. Dansquelques pays, ils sont déjà aupouvoir, comme en Hongrie et enPologne. L’Autriche l’avait raté deprès. Même le Brexit en est uneforme déguisée. En France, c’estdéjà l’euphorie de l’extrême droiteavec à sa tête Marine Le Pen etconsorts. Le vent du populisme enEurope s’est vu ajouter d’autresailes de haine envers les sudistesavec l’élection de Donald Trumpcomme quarante-cinquième prési-dent des Etats-Unis d’Amérique. «J’appelle à un arrêt total et com-plet de l’entrée des musulmansaux Etats-Unis jusqu’à ce que lesélus de notre pays comprennentce qui se passe », avait-il dit lorsdes primaires en décembre 2015,avait dit un eurodéputé proche ducandidat à la présidentielle fran-çaise, Alain Juppé, au lendemainde la victoire de Trump. Dansquelque temps, par l’effet domino(théorie chère à l’Establishmentaméricain car inventée par ceslaboratoires pour justifier l’inter-vention des Etats-Unis dans lemonde et arrêter la propagation ducommunisme durant la guerre froi-

de. Mais cette même théorie desdominos fut reprise par l’Adminis-tration de Georges W. Bush, au len-demain des attentats de sep-tembre 2001, en proposant d’inver-ser la donne pour la refonte duGrand Moyen-Orient), je disaisdonc que dans quelque temps, parl’effet domino de la contagionTrump, s’ancrera dans le mondeoccidental l’idée de l’enfermementsur soi, et l’on verra une coursecontre la montre pour qui saura enfaire plus et mieux. Les candidatsse bousculent déjà au portillon dela haine de l’autre – musulman,africain, mexicain, ceux aux yeuxbridés et tous les basanés dumonde…A mon humble avis, sans êtrechauvin ni communautaire, jecrois que l’Occident se Trump…pardon, se trompe, et même setrempe les idées dans de l’acidesulfurique. Car l’on a beau frapperle sol d’un champ sans y rien culti-ver, aucune plante n’y poussera. Ilen est de même avec les hommes.Avec la violence et l’exclusion,sans y cultiver la confiance et lerespect, à défaut de la considéra-tion, on n’arrivera jamais à en faireun ami. Amis occidentaux, frères par lesliens de la terre, si le monde estdevenu un village, comme on veutnous le faire croire à coups d’OMCet de libres échanges, n’est-il pasjudicieux et opportun, pour une «terre des hommes », d’appeler àun partage des richesses dumonde ? Car les vrais respon-sables de ce qui se passe dans lemonde ne sont pas les pauvres dumonde, mais bien ceux qui ontaccaparé toutes les richesses dumonde par la ruse et la rapine.C’est eux qui alimentent cettehaine de l’étranger pour pouvoirs’enrichir sans mesure…Peuple d’Occident, frères dans la «terre des hommes », si les extré-mistes veulent à tout prix nousfaire croire que l’enfer c’est lesautres, sachez que le paradis c’estaussi les autres. Car si nous nesommes pas vigilants, les tenantsdu statu quo et leurs médias nousferont détester les gens oppriméset aimer ceux qui les opprimentcomme dans le syndrome deStockholm où les otages dévelop-pent de la sympathie pour leursgeôliers sans être conscientsqu’ils peuvent les abattre à toutmoment. Vous êtes naïf, monsieur, diront demoi, çà et là, quelques madrés. Jepréfère être naïf et aimer mon pro-chain que rusé et « homo hominilupus », un loup pour mes frèresles hommes. Et puis, n’avons-nous pas, nousautres, la majorité silencieuse,une part de responsabilité de cequi arrive au monde de par notresilence ? Car, comme disait Ein-stein : « Le monde est dangereux àvivre, non pas tant à cause deceux qui font le mal, mais à causede ceux qui regardent et laissentfaire ».

R. E.

L’Occident a bâtison empire après

s’être servi, par laruse et la

baïonnette (mêmesi on savait déjà à

l’époque qu’onpouvait tout faire

avec cette dernièresauf s’assoir dessus,

comme disaitTalleyrand,

ministre au tempsde Napoléon), des

richesses des paysdu Sud. Il

(l’Occident) en atellement puisé et

épuisé, durant dessiècles,

malheureusementsans jamais

s’assouvir, que çalui est resté en

travers de la gorge.

418Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016

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COMMUNIQUÉLa COMPAGNIE NATIONALE ALGERIENNE DE NAVIGATION (CNAN-MED), offreaujourd’hui une multitude de services réguliers directs et/ou à la demande, constituant unimportant corridor en Méditerranée Occidentale et Adriatique, et reliant l’axe Nord/Sud etvice-versa. Notre flotte actuelle est composée de six (6) navires polyvalents dont deux (2) enpropriété (MV GOURAYA & MV TITTERI), réceptionnés dans le cadre du développement dela Compagnie qui prévoit l’acquisition de sept (7) navires polyvalents LO/LO et RO/RO d’ici2018.

CNAN MED, est capable aujourd’hui de transporter toutes sortes de marchandises : Conte-neur (y compris IMO CL. 1), Conventionnel, Matériel Roulant (y compris le hors gabaritH/H), Colis lourds (jusqu’à 450 tonnes) et Matériel de Projet (Projets d’état et autres), à tra-vers un service personnalisé et dédié.

De plus, la clientèle de CNAN MED bénéficiera d’une disponibilité permanente de conte-neurs de type standard (20’/40’ DV/HC/PW) et spécial (20’/40’ OT/FR).CNAN-MED bénéficie d'une certaine notoriété sur l'ensemble du territoire Algérien, et notam-ment d'une priorité d'accostage dans tous les ports du pays, mais dispose Egalement, mainte-nant d'une flotte de navires adapté aux besoins du marché.

Ci-dessous, un récapitulatif des services assurés par CNAN MED :liGne italie

Trois services sont disponibles avec une fréquence décadaire:

1/Un service Conteneur depuis La Spezia vers les ports d’Alger & Oran, marquant un transittime entre 48 & 72 heures.2/Un service Mixte depuis Gênes vers les ports d’Oran & Mostaganem, marquant un transittime entre 48 & 72 heures.3/Un service Mixte depuis La Spezia vers les ports de Bejaia & Skikda, marquant un transittime entre 36 & 48 heures.

Outre les services ci-haut cités, s’ajoutent les services suivants :

n Service desservi à la demande et soumis au minimum inducement, depuis les ports deDjendjen& Annaba.n Service rentrant dans le cadre de notre activité Tramping & Projet cargo, en sortie des portsde Livourne ; Naples & et ports de la Mer Adriatique.n Service intermodal pour la desserte de l’hinterland, qui nous permet de couvrir le nordd’Italie (Piemonte, Lombardie, Trentino, Emilia-Romagna, Toscane, Veneto, Friuli-Venezia-Giulia).

liGne sud-franCe

Cinq services sont disponibles avec des fréquences variables, entre décadaire, hebdomadaireet bimensuelle :

1/ Un service Conteneur depuis Marseille vers le port d’Alger assurant une fréquence heb-domadaire, avec départ à jour fixe (chaque vendredi) et marquant un transit time entre 36&48 heures.2/ Un service Conteneur depuis Marseille vers le port d’Oran, assurant une fréquence bimen-suelle et marquant un transit time entre 48 &72 heures.3/Un service Mixte depuis Marseille vers les ports d’Oran & Mostaganem, assurant une Fré-quence décadaire et marquant un transit time entre 48 & 72 heures.4/ Un service Mixte depuis Marseille vers les ports de Bejaia, Skikda & Annaba, assurant unefréquence décadaire et marquant un transit time entre 36 & 48 heures.5/ Un service RO/RO depuis Marseille vers le port d’Alger ; assurant une fréquence bimen-suelle et marquant un transit time entre 36 &48 heures.

Outre les services ci-haut cités, s’ajoutent les services suivants :4 Service desservi à la demande et soumis au minimum inducement, vers les ports de Sète& Fos S/ Mer.4 Service intermodal pour la desserte de l’hinterland qui nous permet de couvrir les régionsde Rhône-Alpes, Auvergne, Bourgogne, Franche-Comté, Centre.4 Services desservis à la demande, depuis l’Île-de-France et Haute/Basse Normandie.

liGne esPaGne Trois services avec fréquences hebdomadaire & bimensuelle sont disponibles :

1/ Un service Conteneur depuis Barcelone &Castellon vers le port d’Alger, assurant une fré-quence hebdomadaire et marquant un transit time entre 24 & 36 heures.2/ Un service Conteneur depuis Barcelone &Castellon vers le port d’Oran assurant une fré-quence bimensuelle et marquant un transit time entre 24 & 36 heures.3/ Un service Mixte depuis Barcelone vers les ports de Bejaia, Skikda & Annaba, assurant unefréquence bimensuelle et marquant un transit time entre 36 &48 heures.

À ceux-là s’ajoutent les services suivants :

l Services mixtes opérés à la demande depuis Barcelone vers le port de Mostaganem &depuis Castellon vers le port de Bejaia.l Service intermodal pour la desserte de l’hinterland qui nous permet de couvrir la région deMadrid.l Services opérés à la demande, depuis le Nord de l’Espagne.

Promotion des exPortations nationalesDans la perspective de promouvoir l’export du produit national, et conformément aux direc-tives issues des hautes instances de l’Etat; CNAN MED propose des offres attrayantes pourson service export :En conteneurs ou en remorques à travers ses services directs à destination de France (Mar-seille), Espagne (Barcelone/Castellon) et Italie (La Spezia/Gènes) et autres ports à la deman-de.Nous assurons également des solutions à l’export, à destination du Moyen Orient & del’Afrique de l’Ouest en collaboration avec des partenaires, à travers des transbordements faitsà partir de Gênes et de Marseille respectivement.

actUalité

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIREWILAYA DE BISKRADIRECTION DE LA SANTE ET DE LA POPULATION

AVIS D’APPEL D’OFFRES NATIONAL OUVERTAVEC EXIGENCE DE CAPACITES MINIMALES

La Direction de la Santé et de la Population de la Wilaya de Bis-kra, sise avenue Hakim Saadane Biskra - Numéro d’identifica-tion fiscale (NIF) du service contractant 097407019066714,lance un Avis d’appel d’offres national ouvert avec exigence decapacités minimales relatif au projet de :

Réalisation d’un hôpital de psychiatrie 120 lits àM’chouneche :

Lot : Réalisation et équipement d’un forage 300 ml de profon-deur à M’chouneche

Condition de présélection :Les entreprises intéressées et titulaires d’un certificat de quali-fication (Activité principale hydraulique) Catégorie 03 et plus(code 303-34), peuvent se présenter à la Direction de la santéet de la population de la Wilaya de Biskra sise avenue HakimSaadane Biskra, pour retirer le cahier des charges.Présentation des offres :Les offres doivent être présentées sous plis cacheté avec men-tion « à n’ouvrir que par la commission d’ouverture des plis etd’évaluation des offres « Avis d’appel d’offres national ouvertavec exigences de capacités minimales pour : Réalisation etéquipement d’un forage 300 ml de profondeur à M’chou-neche, comporte trois plis séparés et cachetés, dossier de can-didature, l’offre financière sur la dénomination de l’entreprise,la référence et l’objet de l’appel d’offres conformément à l’ar-ticle 67 du décret présidentiel n° 15/247 du 16 septembre2015 portant réglementation des marchés publics : Dossier de candidature : contient déclaration de candidature

et les pièces désignées au cahier des charges. Offre technique : contient le cahier des charges signé, daté etportant à la dernière page la mention manuscrite « lu etaccepté » déclaration à souscrire tout document permettantd’évaluer l’offre technique. Offre financière : contient la lettre de soumission, le bordereaudes prix unitaires (PBU) le détail quantitatif et estimatif (DQE)et la décomposition du prix global et forfaitaire (DPGF). La durée de préparation des offres et lieu de dépôt : La duréeest fixée à 21 jours à compter de la première parution du pré-sent avis sur les quotidiens nationaux ou BOMOP. Les offres doivent être déposées au bureau de la commissiond’ouverture des plis et évaluation des offres à la Direction de laSanté et de la Population de la Wilaya de Biskra, sise avenueHakim Saadane Biskra, à 10 h00 au plus tard du 21e jour àcompter de la date de la première parution du présent avissur les quotidiens nationaux ou BOMOP. Délai de validité des offres : les entreprises soumissionnairesresteront engagées par leurs offres pendant 120 jours à partirde la date de dépôt des offres. L’ouverture des plis, dossier de candidature technique etfinancière : se fera le jour correspondant à la date de dépôtdes offres à 10h30 en séance publique au siège de la Direc-tion de la Santé et de la Population de la Wilaya de Biskra,bureau de la commission d’ouverture des plis et évaluation desoffres. Cet avis tient lieu d’invitation.

419Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016

KAMEL DYNAMITE

un ex desassuranCes qui assureJ’ai eu un entretien à cœur ouvert avec Amara LATROUSqui a grimpé les échelons dans la SAA pour devenir son P-dg avant de partir en retraite qui ne peut-être que solide-ment assurée. Il était le boss du 5 Bd Ché à Alger qu’il arénové avec beaucoup de classe.

Kamel Dynamite : En activant sans aucuneconcurrence étrangère, les sociétés d'assurancealgériennes criaient haut et fort qu'elles accusaientde grosses pertes.Amara Latrous : Pas du tout. Les deux entreprisespubliques naissantes (Caar et Saa) et la Cnma (mutuelleagricole spécialisée) exploitaient le marché concurrem-ment avec une dizaine de sociétés étrangères (dont la Startunisienne). Bien que celles-ci pratiquaient la sélection derisques (n'assuraient pas les mauvais risques, elles leslaissaient à la Saa et à la Caar), aucune société mêmeétrangère ne dégageait de grosses pertes.Pourquoi alors toutes ces sociétés algériennesaugmentent leurs prestations en prétextant despertes et des manques à gagner ?Depuis qu'elles exercent, aucune société, publique ou pri-vée, n'a subi de grosses pertes, sauf à leur démarrage pourcertaines. Aujourd'hui, elles continuent à gagner de l'ar-gent, peu ou prou. C’est vrai que certains risques qu'ellespratiquent, notamment et surtout l'assurance Responsabi-lité civile obligatoire automobile, est effectivement défici-taire, mais ce déficit est compensé par les bénéfices tirésdes autres risques non obligatoires. Il faut préciser que letarif auto obligatoire (Risque Collusion) est fixé par lespouvoirs publics qui considèrent que puisque les assu-reurs gagnent dans les autres risques non obligatoires,celles-ci n'ont qu'à faire des compensations. Mais ceci estune hérésie.Les assurés, y compris ceux de la Saa, se plaignentdes retards accusés pour les remboursements. Et lesdirecteurs parlent de consignes les obligeant àtraiter très rapidement tous les dossiers et derembourser le plus rapidement les assurés et ayants-droit. La discordance est due à quoi ?Il n'y a pas de discordance. Le ministère des Finances ainstruit les assureurs d'avoir à accélérer les indemnisa-tions des victimes d'accident auto. Les assureurs ontrépondu à cette injonction mais comme la plupart d'entreelles croulent sous l'effet du nombre de déclarations d'ac-cidents (elles reçoivent 1 million de déclarations auto/an),certaines ne suivent pas le rythme. Mais depuis quelquesannées déjà, elles ont fait de gros efforts pour apurer lesanciens stocks de dossiers sinistres bien qu'il en resteencore un peu. Toutefois, ce phénomène risque de perdu-rer si les assureurs ne se départissent pas de leur organi-sation en investissant beaucoup dans la formation et lesnouvelles technologies et en brisant les carcans de labureaucratie qui étouffe l'initiative et l'innovation dans lemanagement. Ceci dit, les victimes qui se plaignent, igno-rent souvent leurs devoirs et leurs droits et les litiges quiles opposent à leurs assureurs naissent souvent de leurméconnaissance des dispositions de leurs contrats d'assu-rance qu'ils ne lisent pas. En tout état de cause, les retardsqui persistent encore ne sont pas dus au manque d'argent

puisque le montant des sinistres dû par lesassureurs aux victimes est consigné dans lescomptes de ceux-ci sous l'œil vigilant de l'auto-rité de contrôle qu'est le ministère desFinances.Pourquoi les assureurs, SAA compris,refusent d'assurer les motos ?Il faut savoir qu'aucun assureur ne peut refu-ser d'assurer un risque sauf s'il n'est pas assu-rable, c’est-à-dire un risque certain de se pro-duire. Il y a des sociétés qui refusent d'assurerles motos pour des raisons de prudence maiselles sont dans l'illégalité dès lors qu'elles ontété agréées pour pratiquer ce risque. Ellesn'ont pas le droit. Les concernés peuvent saisirles Dg des sociétés des agences concernées.Est-ce une initiative des chefs d'agence ou uneinitiative autorisée par la DG officieusement pourréduire les pertes sachant que les motards sont trèsexposés?Oui, c’est possible mais en douce.Vous dites que chez nous dans le cas où on refused'assurer une moto, on doit se plaindre à la DG.Comment y accéder avec les agents d'accueil qui fontfuir le plus téméraire ?Il faut alors se plaindre à la Direction des Assurances auministère des Finances.La SAA assure-t-elle les grosses compagniesalgériennes et autres telles que Air Algérie,Sonatrach, Naftal, El Hadjar, Snvi,..?Toutes les sociétés citées étaient assurées à la SAA. Mais,depuis, elles sont allées là où on fait du dumping. Pour lesgrands risques, tous les assureurs du monde entier se par-tagent le risque en se réassurant chez les réassureurs qui,eux-mêmes se réassurent entre eux. Les sociétés algé-riennes comprises.Avec la crise qui s'annonce, las Saa ne sera-t-elle pasobligée un jour de faire du dumping ou y a-t-il une oudes lois qui le lui interdisent?La SAA n'a jamais fait de dumping et je ne pense pas qu'el-le soit obligée de le faire car elle a les moyens de santépolitique. Elle gagne assez bien sa...vie. En fait, en Algériecomme ailleurs, les crises éco ne gênent pas beaucoup lesassureurs. Au pire, leur activité ne peut que ralentir et lesrésultats (pour ceux qui font des bénef) ne peuvent êtrequ'amoindris.Avec tout l'argent qu'amassent les assureurs, aucund'entre eux, en ma connaissance, ne fait quoi que cesoit pour sensibiliser contre les accidents de la route,pas de spots, pas d'études. Ils sont absents. Pourquoi ?C’est la vérité... vraie mais ce n'est pas leur job et ils nesavent pas faire. Ils ont toujours été disposés à financerdes campagnes de sensibilisation mais les pouvoirspublics ne font rien pour les associer aux campagnes

qu'ils organisent, campagnes qui n'aboutis-sent à presque rien au regard du nombred'accidents, de morts et de blessés toujoursélevés. C’est de la poudre aux yeux, tant quele gouvernement ne prend pas le taureaupar les cornes et non par la queue.Quel est le produit SAA qui lui rapporte leplus de bénéfice?C’est un ensemble de risques et notammentl'automobile.En chiffre, ça donne quoi annuellement?Je ne connais pas les résultats récents maisc’est autour de 3,5 Mds de Da. La SAA publiechaque année ses résultats.

La SAA a beaucoup de produits inconnus par legrand public. Est-ce la faute à la SAA qui ne sait pasou n'arrive pas à toucher les clients ou est-ce parceque l'algérien n'a qu'une seule culture assurance:L'assurance à montrer à l'agent de circulation?La faute est partagée mais pas seulement à la SAA. Lesassureurs dorment sur leurs lauriers puisque les clientsparticuliers viennent acheter l'assurance obligatoire quiest la plus vendue pour se protéger et pour le...gendarme.Mais les assureurs font quand-même beaucoup d'informa-tion dans les agences et c'est mieux que la publicité àlaquelle on fait peu attention. Il faut croire que, pour cer-tains, l'assurance n'est pas un gadget derrière lequel onfait des chaînes pour se faire servir parce qu’on en estfriand. En 1962, les compagnies d'assurance étrangères,surtout françaises, avaient le monopole en Algérie. En1963, naquit la CAAR puis la Société Algérienne d'Assu-rance dont 39% du capital était détenu par les Égyptiens.Un an après naitra la Mutuelle Algérienne d'Assurance desTravailleurs de l'Éducation et de la Culture. En parallèle, àla même période il y avait six compagnies françaises, troisbritanniques, une italienne, une américaine, une indienne,une zélandaise et la Star tunisienne. En 1966 toutes lesentreprises d’assurance furent liquidées sauf les mutuelleset la SAA fut nationalisée. En 1975, l’ordonnance 72-29 du 05-07-1973 abroge lalégislation française qui gérait les assurances algérienneset les risques à couvrir furent partagés : la CAAR obtint lesgros risques et le transport terrestre, aérien et maritimeet la SAA les petits risques : l'automobile, le vol, les bris deglaces, les dégâts des eaux, les multirisques d'habitation,les assurances de personnes, l'incendie et l'explosion. En1985 la CAAT voit le jour par le décret n° 85-82 d'avril1985. L'ordonnance n° 95-07 du 25 janvier 1995 permetla naissance des compagnies privées et autorise les opéra-teurs étrangers à installer des succursales en Algérie. Lesquinze compagnies d’assurance en Algérie ont dégagé76.5 milliards de dinars en 2009 de chiffre d’affaires quiatteint en dix ans les 425%. Malgré ce pourcentage, lestaux de pénétration n’ont pas dépassé 0,61% en 2008 bienen deçà des assureurs voisins tunisiens et marocains.Avec l’ouverture du marché, chaque assureur doit s’assu-rer qu’il propose des produits qui assureraient son main-tien sur le marché où le client ne devra pas être berné.

la salle D’attente

4Par rachid ezziane

i - la derniere nuit de l’emir de abdelKader djemaïVendredi 24 décembre 1847. « Depuisdeux jours et deux nuits, il pleuvait sur Dje-mâa-Ghazaouet, un petit port au nord-ouest de l’Algérie, situé à une centaine dekilomètres de la frontière marocaine. Cesoir-là, les larmes de l’émir Abdelkader etde ses compagnons étaient cachées au fondde leur cœur. Ils venaient, après une résis-tance longue et acharnée, de connaître ladéfaite. Durant plus de quinze ans, ilsavaient lutté contre une armée solidementéquipé et bien nourrie. Une armée qui était,à l’époque, la plus puissante du monde. Laplupart d’eux n’avaient jamais vu de si prèsla mer, touché son écume blanche ou grise,senti ses odeurs, le goût de son sel. Ilsn’avaient pas non plus éprouvé l’âpreté deses vagues, la dureté de ses rochers etl’éclat parfois aveuglant de ses reflets… »Ainsi allait commencer une nouvellepage d’histoire. Un patriarche âgé de qua-rante ans, vieux de mille et une batailles ;vaincu plus par les intrigues des siens et del’ennemi que par l’art de la guerre, venaitde déposer les armes pour commencer uneautre vie loin de la terre qui l’a vu naître etdes siens qu’il avait défendus durant plusde quinze ans. Le livre d’Abdelkader Djemaï revientsur cette première nuit d’après la reddition.Car d’habitude, dans les règles scientifiquesde l’écriture de l’Histoire (la grande), l’his-torien ne garde que les grands évènements,les dates, les traités et tout ce qui peut tou-cher le plus grand nombre d’êtres et,notamment, les plus influents. On oubliesouvent les états d’âme, les émotions et lesimpressions ressenties par ceux-là mêmequi font l’Histoire. De la Smala, la ville voyageuse, avec sessept mille tentes toutes bariolées de cou-leurs de l’arc-en-ciel avec l’étoile rouge etson croissant symboles du sacrifice et del’identité, au pont du bateau, Le Solon, aveccomme seuls bagages les souvenirs et leshabits qu’ils portaient, Abdelkader et sesfidèles hommes, parents, fils et prochescompagnons, savaient que c’en était finiavec le destin des années passées et qu’unnouveau et mystérieux autre destin lesattend…« Dans le crépuscule livide et sans âmequi agonisait, la frégate du capitaine Jaurèsressemblait de plus en plus à un oiseau demauvais augure. Elle avait été baptisée LeSolon, du nom d’un poète et législateurathénien du début du VIe siècle A.-J.-C. Fai-sant partie des sept sages de la Grèce, il ins-taura la démocratie. L’heure d’embarquerétait maintenant arrivée. L’atmosphèredevenait de plus en plus fébrile. On enten-dait les appels, les ordres des officiers per-cer le silence de l’hiver. Coiffés d’un cano-tier et pistolet accroché à la grosse ceintu-re, les membres de l’équipage de ligneétaient vêtus d’un paletot, d’une chemiseblanche, d’une cravate et d’un pantalon deserge bleue… /… Dans la pâleur du jour, levent coupant le bruit des machines et desflots noirs qui battaient les flancs de l’As-modée, l’Emir continuait de cacher seslarmes. Enveloppé dans son burnous, ilsavait en ces moments où le temps sem-blait se précipiter qu’il emportait au fondde son cœur un morceau de cette terre quil’avait vu naître, grandir et combattre poursa liberté.»Ainsi clôt Abdelkader Djemaï La derniè-re nuit de l’Emir. Mais entre le premierparagraphe, cité plus haut et ce dernier,

avec la magie du verbe bien châtié, il nousfait vivre l’épopée de ce personnage horsnorme, de deux siècles en avance de sontemps. Les vingt-six chapitres qui formentla trame du livre, Abdelkader Djemaï narre,raconte, décortique et pioche le passécomme l’étude d’une œuvre d’art. Car la viede l’Emir Abdelkader est une œuvre d’Art.Une partition de la grande symphoniehumaine. Abdelkader Djemaï est né en 1948 àOran. Il a été journaliste et a collaboré àplusieurs journaux algériens. Auteur dis-cret, dit-on, mais dont l’œuvre est proli-fique et diversifiée. Il a touché à tous lesstyles, romans, nouvelles et pièces dethéâtre. Mémoires de nègre est son pre-mier roman, édité en 1991 aux éditionsENAL (Alger). S’ensuit : Michalon, Camping,Zorah sur la terrasse Matisse à Tanger ,aux éditions Seuil (France).Le présent ouvrage que nous présen-tons, La dernière nuit de l’Emir Abdelkadera été édité aux éditions Barzakh à Alger.ii - abdelKader

de Kebir mustaPha ammiK. M. Ammi, dans son ouvrage écrit avecun style de maître du verbe et de la bellestylistique, nous fait dévoiler un autreEmir Abdelkader. « Si l’on connaît le guer-rier, combattant loyal et farouche qui, de1832 à 1847, mena la résistance algériennecontre la France, on connaît moins bien lepenseur, le mystique, l’homme qui écrivitdans le livre des Haltes : « Tout être est monêtre », dit Kebir Ammi. Et c’est de cet Abdelkader qu’il nousparle dans le présent ouvrage que nousprésentons. Le premier chapitre commencepar l’énigmatique titre : « L’homme inatten-

du ». Inattendu par tous les chrétiens dumonde, car aucun d’eux, encore moins lesFrançais qui l’avaient eu pendant quinzeans comme ennemi de guerre, ne pouvaits’attendre à un tel engagement humanitai-re, à l’époque où, pour un oui ou pour unnon, on se faisait la guerre des cent ans. Etc’est à Damas, un été 1860, qu’AbdelkaderEl-Djazaïri, oui, il est Algérien (avec un Amajuscule), avec son acte de bravoure,d’humanisme et de tolérance, (que même lemot à l’époque n’était utilisé pas par ceux-là même qui se disaient porter la civilisa-tion des arts et des lettres), en avance surson temps d’un siècle ou deux, dit aux chré-tiens qui fuyaient la mort certaine : « Vousêtes mes frères, l’entendront-ils répéter,d’une voix douce, en regardant l’immensitédu ciel, ces hauteurs béantes. Et ils verrontune main écrire sur ses lèvres avec uneencre que nul ne voit : « Tout être est monêtre », écrit Kebir M. Ammi dans ce premierchapitre. Et il le conclut avec : « Ainsi pour-raient être rapidement évoqués les événe-ments qui ont ensanglanté Damas en juillet1860 et au cours desquels plus de dix millepersonnes ont échappé à la mort. »Le titre du deuxième chapitre résume àlui seul toute l’œuvre de l’Emir : « L’univer-sel supérieur ». « Il accomplit l’universel àl’instant où les événements enferment lesuns et les autres dans le strict respect descontingences dogmatiques.» Dixit KebirAmmi en page 17. Au troisième chapitre,Kebir Ammi, en réponse au titre du premierchapitre « L’homme inattendu », pose pourson lecteur la question : Qui est cet homme ? S’ensuit alors, chapitre après chapitre, « D’un frère de tous les hommes » à « Lesémeutes contre les chrétiens », soit vingt-

cinq chapitres, les uns plus époustouflantsque les autres par la teneur du sujet et lapureté du style. « J’ai voulu ce livre comme une traver-sée de ces hautes terres, celles de lamémoire, territoires de l’obscur où lesombres n’ont de cesse, c’est un jeu pourelles, de brouiller les pistes, d’effacer lesempreintes de la pensée…/… De nombreuxpoètes m’ont accompagné dans ce voyage.Leur présence s’est imposée à cepériple…/… Ils partagent peu de choses enapparence avec l’Emir Abdelkader, maisl’essentiel, quand on y regarde de près.Leur parole restitue certaines fois avec unetroublante précision, ce qu’aucune autreparole ne sait rendre », conclut Kebir Mus-tapha Ammi ce merveilleux hommage qu’ilrend à l’Emir.Kebir Mustapha Ammi est né en 1952 àTaza, au Maroc, d’un père algérien et d’unemère marocaine. Il vit en France depuisplus de trente ans. Dans tous ses écrits, ilest toujours question d’universalité et de «partage du monde » par la culture et la lit-térature. Car la culture et la littérature sontles meilleurs passeports identitaires à fairevaloir entre les peuples et les pays. Il a àson compte plusieurs ouvrages, entreromans et essais. Nous citerons : Sur les pasde Saint Augustin , Feuille de verre , Lepartage du monde , La fille du vent , Le cielsans détours , Les vertus immorale, Mar-dochée ... r. e.

Abdelkader De Kebir Mustapha Ammi

Editions Presse de la renais-sance, 2004, France.

420Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016littératUre

l’emir abdelkader dans l’histoire et la littérature

D’innombrables ouvrages ont été écrits sur la vie de l’Emir Abdelkader. De la simple biographie, comme celle de Charles-Henry Churchill, à ceuxqui ont trait à ses combats, idées et engagements humanitaires. J’en ai lus quelques-uns. Mais deux de ces ouvrages m’ont particulièrement

intéressé de par, d’abord, le style d’écriture de leurs auteurs, ensuite, les sujets qu’ils traitent. Le premier, La dernière nuit de l’Emir deAbdelkader Djemaï et le deuxième, Abdelkader de Kebir Mustapha Ammi.

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littératUre Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 2016

BISKRA, MIROIR DU DESERT DE MOHAMED BALHIode à une ville

C’est un beau livre entièrement dédié à une ville. Pas n’im-porte quelle ville, celle de l’auteur. Une ville qu’il aime,qu’il affectionne et qui l’a vu naître. Une ville en avance surson temps et qui était la Mecque des touristes et de la jet-set venant des quatre coins du monde. Un livre qui retrace avec une poésie empreinte de nos-talgie de cette ville surnommée la Reine des Zibans.C'est dans cet univers féerique que l'auteur plonge lelecteur. Vingt-cinq chapitres, suivis d'un épilogue, d'im-pressions et de notes bibliographiques, composent ce beaulivre qui est agrémenté de photographies d'époques quiracontent l’histoire de Biskra, même si certaines d’entreelles sont trop pixélisées. Ces photos sont soit des clichésen noir et blanc d’époque, soit des tableaux de maîtresayant séjourné dans cette ville enchanteresse. Ces artistesn’ont pu résister à peindre la beauté de la ville et de sespaysages. Ces toiles ont-elles tout dévoilé ? Pas si sûr, carmême aujourd’hui, la magie opère de toujours. Elle est là.La magnificence des sites naturels est intacte. Car ils sontce qu’on appelle « la carte maîtresse », voire l’atout d’untourisme de qualité. En effet, dès les premières pages et après lecture dupremier chapitre de Miroir du désert, on comprend mieuxpourquoi cet intérêt ou engouement pour Biskra.

Dans son écriture, l’auteur donne libre cours àl’amour qu’il voue à sa ville. La description est telle-ment captivante que le lecteur est happé par la cavalca-de de mots. Ahmed Balhi, avec une simplicité et unelimpidité sans pareil, il raconte l’histoire de la cité. Cettecité qu’il porte toujours dans son même cœur même s’ill’a quittée pour aller vivre à Alger. Sa ville d’adoption. Au fil des pages, le lecteur se laisse aller pris dans letourbillon de la découverte. Les chapitres sont commedes haltes obligatoires qu’il doit marquer pour mieuxcomprendre, mieux s’imprégner. Dans sa tirade des-criptive, l’auteur revient sur les moments forts de laReine des Zibans. Fluidité est le maître mot dans cetouvrage. Ce qui rend la lecture aisée. Donc captivante.Tellement la description imagée est très présente. Lelivre raisonne comme une sérénade, une belle chansond’amour. A travers mots et images, il revient sur les tracesd'une cité, qui a été une destination privilégiée d' «hiverneurs », un haut lieu du tourisme mondain. Enarrière-fond, il y a, bien sûr, la réalité coloniale, avec sesclichés, ses fantasmes et ses discours.A. I.

le défenseur de «l’islam des lumières »n’est plus

Après une lutte, la maladie a été plusforte. Elle a eu raison de son combat. Lepenseur et anthropologue des religionsMalek Chebel n’est plus. Il est décédé le12 novembre à Paris (France) dessuites d’une longue maladie. Il a étéinhumé dans sa ville natale, Skikda(Algérie). La nouvelle de son décès,annoncée par ses proches, a eut l’effetd’une bombe dans le milieu intellectuelalgérien et français. Le défunt était connu et réputé poursa réflexion sur l’islam, sa culture, sonhistoire, sa vie intellectuelle et sesécrits sur l’érotisme (anthologie). Ilétait également connu pour êtreproche de la pensée soufie. Par ailleurs,il s’est entre autres remarqué pour sesprises de position publiques en faveurd’un islam libéral d’une part, et, d’autrepart, d’une réforme de l’islam quiinclut certains aspects de la modernitépolitique. Tous ceux qui l’ont connu et côtoyés’accordent à dire qu’il était « précur-seur » dans sa pensée en proposant unregard neuf, des analyses pertinentes

surtout en ce qui concerne la place dela femme dans l’islam. Sur ce sujet, ilavait beaucoup écrit, ainsi que sur laconception et la relation de l’hommeau plaisir. Ce sont des thèmes qu’ilaffectionnait beaucoup et à travers les-quels, il apportait un regard neuf etsurtout une fraîcheur dans l’analyse etl’angle d’attaque sans tomber dansl’amalgame ni le cliché. « Avec sa vervehabituelle et surtout avec une humilitétranchant avec ses immenses connais-sances, il abordait l’islam sous toutes sesfacettes, mais surtout sous le prisme desa vision moderniste et ouverte, qui enfont l’héritier, avec des variantes sur laforme, d’un Mohamed Arkoun ou d’unMalek Bennabi », confie Nadjib Stam-bouli, journaliste et auteur algérien.En 2008, il a été décoré chevalier dela Légion d’honneur par Nicolas Sarko-zy qui était président, qui lui a déclaré: « Grâce à vous, la France découvre, ouredécouvre, un islam qui connaît etaime la vie, le désir, l’amour, la sexuali-té. »Dès l’annonce de son décès, lestémoignages fusaient de toute part. Le

ministre de la Culture Azzedine Mihou-bi, dans son message de condoléances,a souligné les qualités intellectuellesdu défunt, déclarant que c’est « un despenseurs spécialisés dans les questionscomplexes de l'islam ». Et d’ajouterqu’il s'est attaché durant trois décen-nies à donner aux lecteurs arabes etceux de l'Occident une « lecture plusaudacieuse et moderne de l'islam baséesur une vision objective et scientifique, àl'abri du radicalisme et de l'extrémisme». « Malek Chebel, respecté dans lesmilieux intellectuels en France, était lepremier à introduire le concept del‘islam des Lumières’ en Occident, entraquant toute tentative de nuire à l’is-lam et de l’utiliser à des fins politiques »,a affirmé le ministre.De son côté, le ministre français del’Intérieur , Bernard Cazeneuve adéclaré qu’« au moment où doit s’affir-mer un islam de France, pleinementancré dans les valeurs de la République,la figure et l’œuvre de Malek Chebeldemeureront ainsi une référence et unguide pour tous ceux, musulmans et nonmusulmans, qui sont attachés à l’Islamdes Lumières ». Ajoutant : « Elles sontune incitation à dépasser les préjugésqui entourent cette religion. Elles sontaussi une espérance, à la hauteur dusuccès public qu’ont trouvé sesouvrages. »La trentaine de livres écrits parMalek Chebel est un leg qu’il fautsavoir exploiter à sa juste valeur. « Jepense que le meilleur hommage c’estd’inviter les gens à connaître sesinnombrables œuvres d’exégèse et devulgarisation de l’islam et de revoir lesémissions dans lesquelles il a participé,les irriguant de sa hauteur de vue », aconfié Nadjib Stambouli.

amine idjerBio express•Malek Chebel est né en 1953 àSkikda, et est décédé le 12 novembre2016 des suites d’une longue maladie àParis.

•Il arrive en France en 1977 etobtient, en 1980, un premier doctoraten psychopathologie clinique et psy-chologie à l’université Paris VIIe. •En 1982, il obtient son doctoratd’ethnologie à Jussieu et en 1984 sondoctorat de sciences politiques à l’Ins-titut d’études politiques de Paris. •En 1995, il est habilité à la direc-tion de recherche à la Sorbonne. •Il était connu comme psychanalys-te, philosophe mais surtout pour sestravaux d’anthropologie qu’il a menésur les religions.•Il était spécialiste du monde arabo-musulman et initiateur du concept «Islam des Lumières ».•A son actif, trente-cinq livrespubliés. •Il était l’auteur de nombreux essaisdont Le Corps en islam (PUF, 1984), LeSujet en islam (Seuil, 2002), Diction-naire amoureux de l’islam (Plon,2004), Dictionnaire encyclopédique duCoran (Fayard, 20014) ou encoreAnthologie sur l’rotisme arabe (Bou-quins, 2014).•Il est également l'auteur de plu-sieurs enquêtes et analyses ainsi quedes articles de presse sur l'Islam et lemonde musulman.•En 2009, il a publié une traductiondu Coran en français.

déCÈs de maleK Chebel

Pourfendre l’idéologie technique :Malgré l’éclatement de bulleInternet il y a dix ans, celui de labulle financière en 2008, l’exis-tence d’un nombre croissantd’internautes, les atteintes aux libertés et latraçabilité, rien n’y fait. Il n’y qu’un seulcamp, celui du progrès .Avec un paradoxede plus ; une confiance totale à l’égard del’information, et aucune méfiance à l’égarddes industries qui sont pourtant les piliersactuels du capitalisme le plus classique…pourquoi une telle confiance en Google ,Microsoft et les autres, persuadés qu’ils nesont animés que par l’altruisme et larecherche du bonheur de l’autre ? Pour-quoi ce basculement du thème de la libertéà la réalité de la puissance du nombre etdes monopoles n’est-il pas interrogé ?Pourquoi la question des masses, tant criti-quée pour les médias est-elle ici si brillam-ment saluée ? Pourquoi les hommes deWikileaks seraient-ils naturellement ver-tueux ? Pourquoi n’y a-t-il jamais d’interro-gation sur la face noire de l’information ?Pourquoi ces entreprises centralisées,secrètes, seraient-elles des parangons devertu dans leur activité ? Pourquoi lemonde doit-il adhérer à l’amendement n°1de la Constitution américaine qui interdittoute réglementation au nom de la liberté,mais qui n’empêche pas ce pays d’être lapremière puissance du monde en matièred’exportations, d’industries de l’informa-tion, de la communication et de la connais-sance et la seconde en matière d’industriesde l’armement ? Ces questions sont indis-pensables à poser, si l’on veut éviter lesrisques de la génération perdue d’Internet,une génération qui, après avoir cru que toutchangerait avec le Net, réaliserait doulou-reusement que l’histoire et la société sontbeaucoup plus complexes que les systèmesd’information.La ligne de démarcation entre l’hommeet la technique ? La place que l’on accorde-ra demain à Internet dans l’éducation. C’estun outil supplémentaire, mais rien d’excep-tionnel pour résoudre une des questionsles plus compliquées : comment trans-mettre d’une génération à l’autre le patri-moine de l’humanité pour se préparer à unmonde inconnu, où croire quelles machinesindividualisées et interactives seraient plusefficaces ? Ce serait alors oublier que toutetransmission des savoirs est un compromishumain, mystérieux, irrationnel, beaucoupplus compliqué et hasardeux que le bran-chement des machines. Croire qu’Internetserait le nouveau paradigme de l’éducation,c’est réduire celle-ci à un transfert d’infor-mations et d’interactivité. C’est oublier lepoids essentiel des affects. C’est oublier lalenteur de ce processus qui n’a rien à voiravec la vitesse des systèmes d’information.C’est croire que l’éducation est liée à lamodernité. L’éducation depuis toujoursn’est pas moderne mais « a-moderne », carelle assure le passage entre le patrimoinede l’humanité et ce qui, demain, par défini-tion, sera autre chose que la modernitéd’aujourd’hui. Le sens de l’éducation estévidemment beaucoup plus complexe quel’adaptation à la modernité et si les tech-niques peuvent être utiles, c’est à la condi-tion de se souvenir que dans le savoir,comme dans la communication, le plussimple concerne les techniques, le pluscompliqué les hommes et la société. Autre-ment dit, le rapport de l’éducation à Inter-net est un test, grandeur nature et en tempsréel, du poids de l’idéologie technique et dutemps réel. Mais l’éducation n’est jamais dutemps réel. C’est probablement un des pro-cessus les plus lents et hasardeux de l’expé-

rience humaine. Pourquoi vouloir à ce pointle rationaliser ?Ouvrir le débat fonctionnel/normatif.Celui-ci n’oppose pas communicationhumaine et technique, mais la part respec-tive du normatif et du fonctionnel dans lesdeux types de communication. Pour cela, ilest nécessaire de sortir de la seule logiquetechnique en favorisant la complémentaritéentre les médias de masse et les nouvellestechnologies. La force d’Internet est de per-mettre un accès à un volume considérabled’informations et à des interactions nonmoins considérables, à condition de rappe-ler que cela suppose de la part des parte-naires de partager les mêmes codes. Onretrouve toujours le même défi théorique :en facilitant l’échange tous azimuts d’infor-mations de toutes natures, le Net peutautant favoriser l’essor d’un espace publicélargi que la segmentation de cet espacepublic en autant de micro communautés oumême accentuer des formes d’incompré-hension. La production, la circulation etl’interactivité des informations ne suffisentpas à créer un modèle politique ni à définirune orientation normative. Ne serait-ce queparce que la vitesse d’échange plus rapidedes informations et les interactions accélè-rent aussi des formes d’incommunicationauxquelles on n’avait pas pensé. On retrouve toujours cette aphorie : l’in-formation ne suffit plus à communiquer, ilfaut négocier. Internet reposant sur unelogique d’information est efficace pour unecommunication soit strictement fonction-nelle, soit de type communautaire. Lesmédias, à l’inverse, par la prééminence dela logique de l’offre et de l’échelle de diffu-sion, illustrent le deuxième sens du motcommunication, normatif, qui rappelle l’im-portance de la négociation entre points devue souvent différent. Cette vitesse de pro-duction de l’information, des échanges et

de l’interactivité tant recherchée depuisdeux siècles, peut devenir un accélérateurd’incommunication, supprimant le temps dont les individus et les sociétés ont besoinpour appréhender l’autre. d.W.

Wolton…aDes

4Par dominique Wolton

422Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 Novembre 2016INTERNET ET LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION

les enjeux théoriques et contemporains (suite)

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Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016aUto

4Par Naïl Ryad

Dans le cadre de lareglémentationrégissant l'activitéautomobile enAlgérie, le projetd’une usine d’assemblage decamions de marque Fuso etDAF par Diamal entame désor-mais sa dernière ligne droiteavant d’entrer en production.Ainsi et en marge du lance-ment commercial de la marqueFuso sous sa coupe, les diri-geants de Diamal, en présencedu représentant de Daimler,M.Motais, ont dévoilé l’étatd’avancement de l’usine d’as-semblage de Sidi Moussa et lesdétails la concernant. Sur unterrain de plus de 70.000M m²ou DIAMAL est déjà implantéavec un parc de stockage, uncentre de livraison et prochai-nement une zone sous douane,cette usine de 5000m² estdotée de deux lignes de pro-duction de 125 m de long cha-cune et aura une capacité deproduction de 5000 unités/an.Un volume qui sera atteint entrois étapes, la première verrala sortie de 1700 unités/an,puis une seconde qui verra ledédoublement de la produc-tion avec 3400 unités/an puisune troisième étape qui luipermettra d’assembler les5000 unités par an.Pour son entrée en production,

l’usine affichera un taux d’inté-gration de 23% (l’achat del’équipement en local étantconsidéré par l’état commeintégration, main d’œuvre,lubrifiants...) et devraitatteindre les 50 % à l’horizon2020 avec l’intégrationd’autres composants comme laboîte par exemple puisque desnégociation sont en cours avecla SNVI pour les boîtes ZF. Uneannée 2020 qui verra égale-ment le nombre d’emploisatteindre les 300 postesdirects et 400 postes indirects.Pour son démarrage, l’usine adéjà recruté 20 cadres etagents de maîtrise ainsi que 65opérateurs qui auront à assem-bler le Canter type FE et le FJ

en attendant d’autres modèlesaussi bien Fuso que ceux de lamarque DAF avec la gammedes camions et tracteurs rou-tiers de gros tonnage de lamarque néerlandaise et dontl’entrée en production est pré-vue pour le second semestre2017. A noter que cette usineest totalement neuve aprèsl’abandon de l’idée de délocali-ser l’unité marocaine et que saproduction pourrait égalementvoir une partie dédiée à l’ex-portation vers d’autres paysafricains ou le Groupe CFAOest fortement implanté.La prévision est de lancer laproduction des unités piloteset la formation du personneldès le mois de novembre 2016,

et de façons concomitante avecl’homologation de l’usine ainsique les premiers camions pro-duits, par le Ministère de l’In-dustrie et des Mines.L’entrée en service de cetteusine, qui sera prête au moisde décembre prochain, nedevrait pas tarder, les pre-miers "kits CKD sont déjà auport d’Alger" et il ne reste quele quitus définitif du ministèrede tutelle pour entamer l’aven-ture, ce qui ne saurait tarderpuisque le premier camionFUSO Made in Algérie verra lejour en Décembre 2016,annonce Diamal. La productiondevrait commencer par unecentaine de camions par moisen 2017 pour tendre vers 300

industrie méCanique : les détails de l’usine decamions fuso de diamal

L’usine de camions Fuso de Diamal située à Sidi Moussa est quasiment prête pourentamer l’assemblage des camions Canter et FJ, a annoncé mercredi dernier le

représentant de la marque, Diamal.

Diamal : Usine "New Holland Agriculture"en projet

a l’occasion de l’annonce de son usineFuso en Algérie et du lancement de cettemarque sous sa coupe, Diamal a déclarédisposer de la carte New Holland Agricul-ture.Leader mondial du secteur des machinesagricoles (tracteurs, moissonneuses-bat-teuses, machines à vendanger, presses &autres), New Holland Agriculture estdésormais représentée en Algérie parDiamal.Les responsables de la filiale algériennedu groupe CFAO avancent également lapossibilité de produire une partie destracteurs en Algérie.Toyota : La production du C-HR commence en Turquie

toyota motor Manufacturing, Turkey(TMMT) lance officiellement la produc-tion de son nouveau crossover C-HR surson site de Sakarya, en Turquie devenantainsi le huitième modèle Toyota produiten Europe. Le C-HR, premier modèleToyota fabriqué hors du Japon à partir dela nouvelle architecture TNGA (ToyotaNew Global Architecture), est désormaisassemblé sur la même ligne que lesCorolla et Verso faisant que TMMT passe-ra de 50 000 à 280 000 véhicules par an.Les quelque 350 millions d’euros addi-tionnels investis dans le site industrielportent l’investissement total à 1,7 mil-liard d’euros depuis le début d’exploita-tion en 1994.Le Toyota C-HR est également le fruitd’une collaboration entre plusieurs sitesde production européens du Groupe etdes fournisseurs implantés en Europe.La nouvelle motorisation hybride 1,8litre du crossover est issue de ToyotaMotor Manufacturing UK (TMUK) à Dee-side, au nord du Pays de Galles, où unsupplément d’environ 9,1 millions d’eu-ros a été investi dans le site industriel etdans de nouveaux équipements.Le troisième site européen impliqué dansla construction du C-HR est Toyota MotorManufacturing Poland (TMMP) basé àWalbrzych, en Pologne. Il fournira lesboîtes de vitesses manuelles du moteur1,2 litre turbo. De plus, c’est TMMP quiproduira à partir de 2018 la boîte-ponthybride actuellement fabriquée au Japon.Les équipementiers européens fournis-sent l’essentiel des pièces détachées ducrossover : sur 135 sous-traitants, 134sont établis en Europe dont 71 en Tur-quie.

l’usine eminauto-jaC deRelizane devrait voir ses pre-mières unités sortir le pro-chain mois de février, rap-portent des sources internesd'EminAuto. L’usine d’assem-blage de camions JAC d’Emi-nAuto à Tamazoura (54 kmd’Aïn Témouchent) verra sespremières unités sortir deses chaînes au mois defévrier prochain avec, pourcommencer, deux modèlesque sont le le JAC 1040 S, uncamion de moyen tonnage etla camionnette Bosseur, deuxmodèles nouveaux chez le constructeurchinois, rapporte la même source.La capacité de production de la chaînede montage sera de 10,000 unités pour lapremière année (6000 camions 1040 S et4000 Utilitaire Bosseur). Emin Auto annon-ce que la capacité totale de 50,000 unitéssera atteinte lors de la 5eme année avantd’aller crescendo vers la mise en place de la

seconde zone de production et atteindreentre 70,000 et 100,000 unités/an au boutde 10 ans. Le taux d’intégration est fixé à 8% pour la première année pour atteindreles 30 % sur cahque modèle produit à la finde la première phase de l’usine, soit cinqans. Un taux d’intégration qui passera à 70% lors de la 10eme année. L’export étantune des exigences du ministère de l’Indus-

trie et des Mines, l’usine JAC de Tama-zougha n’entamera cet aspect quelors de la 3eme année avec 6000 uni-tés à l’export, 3000 de chaque modè-le, avec comme objectif d’arriver à30,000 lors de la 5eme année dudébut de la production. Enfin, l’expor-tation devrait atteindre entre 40,000et 75,000 unités entre la 6eme et10eme année. L’usine JAC de Relizaneoffrira pour ses débuts 270 postes detravail dans différents départements(voir tableau), pour atteindre 450employés lors de la 10eme année. Laformation sera également de la partieavec une première vague pour 75employés et atteindre 160 à la 5eme année.La feuille de route du projet JAC dévoileégalement le coût de l’investissement,celui-ci étant de 128 millions de Dollars(soit 13 743 000 000 DA), mais qui ne com-prend pas la zone d’extension. Un investis-sement dont 70 % sera issu d’empruntsbancaire, l’apport personnel étant de 30 %,représentant 4 122 900 000 DA.

EMIN AUTOles premiers jaC

sortiront en février

Crésus # 60 du dimanche 20 au samedi 26 novembre 2016

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