letude du syntagme nominal a travers not

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LETUDE DU SYNTAGME NOMINAL A TRAVERS NOTRE-DAME DE PARIS

EMMANUEL ABAYOMI ONIETAN Licence en Franais; Matrise en Sciences du Langage PGA/UJ/7084/91

Une thse au DEPARTEMENT DE LANGUES ET LINGUISTIQUE de la Facult de Lettres, Dpose lEcole des Gradus, Universit de Jos, en partielle realisation des conditions requises pour lAttribution du Diplme de DOCTORAT en Franais (option Syntaxe Franaise) de lUNIVERSITE DE JOS.

Avril, 2004

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DECLARATION Je dclare que cette thse est le produit de ma recherche personnelle et elle a t rdige par moi. Elle na t prsente pour une tude suprieure aucune Universit. Toute citation a t accuse reconnue aux moyens de notes de fin de chapitre et rfrences.

Emmanuel A. ONIETAN

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CERTIFICATION

LE DIPLOME DE DOCTORAT en Franais (option Syntaxe) a t confr vu les procsverbaux attestant que lintress a satisfait dans les formes rglementaires aux preuves du contrle des connaissances et des aptitudes sanctionnant cette thse.

G.T. Teke Ph.D, Matre de confrences Examinateur Interne S. O. Aje Ph. D, Professeur Directeur de Thse . T. Adejir Ph.D, Professeur Associ Chef de Dpartement V.O. Okeke Ph.D, Professeur Examinateur Externe

Doyen de la Facult de Lettres

. Doyen de lEcole des Gradus

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REMERCIEMENTS Je dois remercier Dieu tout dabord car en lui je vis et agis. Puis je remercie mon Directeur de thse Monsieur le Professeur Samuel O. Aje pour sa bienveillance, ses nombreux conseils et suggestions, sa patience et son soutien financier pour le succs de cette thse. Sa famille est remercier galement parce quelle a temoign de la patience, de la gentillesse et de la bont pour moi. Eunice, Lois et Joseph aussi sont remercis pour leur amour, leur persvrance et leur soutien, et pour avoir sacrifi de chres heures afin que mes tudes et ma thse soient menes leur terme. Je loue lUniversit de Maiduguri pour sa politique formatrice et remercie les autorits de lUniversit pour avoir sponsoris mes tudes doctorales et cette thse. Les anciens et le prsent Chefs de Departement, le corps enseignant et le personnel administratif du Dpartement de Langues et de Linguistique, Universit de Maiduguri reoivent mes remerciements pour leur encouragement. Jtends ces remerciements au feu Monsieur le Professeur Wilhelm Seidensticker, aux Professeurs D. S. M. Koroma et B.R. Badejo et au personnel de la Facult des Lettres, Universit de Maiduguri. Aussi, je reconnais la bienveillance du personnel du service de Recrutement et de Formation de lUniversit de Maiduguri, et dautres Services relevant de la formation. Le personnel de la Bibliothque Ramat de lUniversit et celui du Dpartement de Langues et de Linguistique de lUniversit reoivent galement mes remerciements. A Jos, nombreux taient ceux qui ont contribu lachvement de mes tudes doctorales. Je reconnais donc la contribution des personnes suivantes: les anciens et le prsent Chefs de Dpartement, le corps enseignant et le personnel administratif du Dpartement de Langues et de Linguistique, Universit de Jos; Monsieur le Professeur.

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Ibrahim James, le Professeur S.O. Aje, et le personnel de la Facult de Lettres, Universit de Jos; les anciens Doyens, le feu Doyen, le prsent Doyen et le personnel de lEcole doctorale de lUniversit de Jos; Monsieur le Professeur M. A. Adekunle; Monsieur le Professeur Amali du Dpartement de Thtre. Pour leur soutien financier, matriel et moral je remercie infiniment aussi les personnes suivantes: Messieurs les Professeurs H. Jungraithmayr, Talmy Givn, Jonathan Owens et les Docteurs Rudolf Leger, Uwe Seibert, Lubasa Nti Nseendi et Messeurs H. A Balami et Kalejaiye. Les personnes mentionnes ci-aprs mont donn de lencouragement: Messieurs les Docteurs Buahin, K. Opoku Agyeman, le Professeur Idris O. Amali du Dpartement dAnglais, Universit de Maiduguri, Monsieur Akeju et Mallam Samaila. Pour la phase technique de ce travail, je dois aux personnes suivantes beaucoup de remerciements: Messieurs John N. Simon et Ima Balami pour la dactylographie de cette thse; le Docteur Michael P. Noku qui a mis presque tous les accents, qui a verifi une partie des fautes de frappe et le format du premier exemplaire de la thse; Monsieur Ima Balami pour limpression du premier exemplaire; et Monsieur Kehinde Adebayo pour la photocophie. Finalement, pour lhospitalit de M. Patrick Lenormand, le Rvrend T. A. Showunmi, Monsieur remerciements. Et pour toutes les autres trop nombreux citer, je leur dis grand merci . E. Adeniran et Monsieur M. A. Adio je leur dis mille

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DEDICACE Cette thse est ddie CELUI QUI donne la vie et tous ceux qui tudient la syntaxe franaise

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Rsum Le but de cette thse est dtudier les six cents phrases et propositions puises dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, de dterminer les rles de leurs divers groupes nominaux, verbaux et prpositionnels, et danalyser des mmes syntagmes en fonctions syntaxiques. Les mobiles de la thse sont les suivants: valoriser la notion de fonction syntaxique comme un excellent outil danalyse textuelle; affirmer limportance des fonctions dites non essentielles (Chevalier et al, 1964) et produire un ouvrage de rfrence pour la syntaxe franaise. Pour ce qui concerne la mthode de recherche, pour commencer, nous nous sommes document sur divers ouvrages de linguistique gnrale et de grammaire. Pour le relev des phrases dans Notre-Dame de Paris, nous lavons fait la main. Ces phrases ont subi plusieurs niveaux de tris et de classements. Finalement, elles ont t soumises lanalyse en functions syntaxiques. La thse comporte lINTRODUCTION, quatre chapitres danalyse syntaxique et une conclusion. LINTRODUCTION prsente le sujet de la thse. Puis, il met en vedette et dfinit les termes-cls de la recherche. Le sous-titre APPROCHE justifie notre choix du fonctionnalisme pour la phase analytique du travail. Afin de mettre en appetit le lecteur, nous avons insr un APERU HISTORIQUE DES FONCTIONS GRAMMATICALES et des points de vue modernes de la notion de fonction syntaxique. Nous navons pas oubli dnoncer nos raisons pour le choix de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo comme louvrage principal de cette tude. Le PREMIER CHAPITRE prsente les fonctions essentielles du syntagme nominal. Pour commencer, nous prsentons les diverses structures des syntagmes

nominaux tel que nous les trouvons dans Notre-Dame de Paris. Ce nest quaprs cela que nous examinons les fonctions. Le sujet de la phrase est celui qui fait laction exprime

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par le verbe. Mais quand une phrase est tourne la voix passive, le sujet change de position et de nom. Il se trouve en finale et se nomme complment dagent. Avant de commencer ltude des complments, nous avons montr dans un sous-titre spar combien la complmentation est importante dans la syntaxe et dans la communication. Pour ce qui concerne le complment dobjet direct, cest la personne ou lobjet sur lequel passe laction du subjet. Aprs se trouvent deux fonctions dont les syntagmes apparaissent souvent aprs le complment dobjet direct. On les appelle complment dobjet indirect et complment dattribution. Au dbut du DEUXIEME CHAPITRE, nous prsentons la phrase. Aprs, le verbe est examin avant de prsenter la transitivit. La transitivit, cest la capacit qua un verbe de recevoir ou de refuser un complment dobjet. Ensuite, nous traitons la fonction attribut qui exprime travers des noms et des adjectifs qualificatifs les caractristiques ou les qualits dune personne, dun objet ou dune chose. Une marque de lattribut est quil est reli au sujet ou lobjet par la copule (tre) ou un copulatif. Enfin, nous terminons ce chapitre par ltude de la fonction apposition qui montre limportance de la qualification en syntaxe. Ltude des fonctions essentielles se terminent au TROISIEME CHAPITRE. Neuf complments circonstanciels assurs par des groupes prpositionnels et exprimant le lieu, le temps, la cause, la manire, le moyen, la comparaison, laccompagnement ou labsence, le but et la distance sont examins. Au dernier chapitre, on a vu les fonctions secondaires du nom. Elles sont assures par des mots qui qualifient ou compltent ou dterminent le nom. Ce sont lpithte, adjectif construit cte cte avec le nom; le complment qui prcise le nom et le complment qui complte le sens de ladjectif qualificatif. Nous avons vu galement les divers dterminants du nom qui comprennent les articles et les adjectifs dterminatifs.

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Enfin, nous avons considr lapostrophe, fonction du nom bien reprsente dans NotreDame de Paris que nous trouvons intressante pour cette tude. Parmi les mrites de ce travail, il faut mentioner une nouvelle catgorisation des fonctions syntaxiques en fonctions primaires et secondaires Ci-dessus, les critres didentifier le complment dobjet direct ont t dj numrs. Aussi, limportance de la complmentation en syntaxe aussi bien que dans la communication a t galement dj souleve. Enfin faut-il dire quen tant quoutil danalyse, la fonction syntaxique peut servir laborer des langues indignes dAfrique.

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Abstract The aims of this thesis are to study over six hundred sentences and clauses extracted from Victor Hugos Notre-Dame de Paris, to determine the roles of their various nominal, verbal and prepositional phrases and to analyse these same phrases into syntactic functions. The objectives of the thesis are: to promote the concept of syntactic function as an excellent analytical tool for textual analysis; to affirm the importance of the so-called non-essential functions (Chevalier et al, 1964) and to produce a good reference material on French syntax. The thesis comprises an introduction, four chapters of syntactic analysis and a conclusion. The Introduction presents first of all the subject of the thesis. After this, the key-words of the research are singled out and defined. In order to stimulate the readers appetite, we have also included in the Introduction a summary of the history of grammatical functions and views of modern schools of linguistics on the subject of our thesis. Another sub-heading presents our reasons for the choice of Notre-Dame de Paris as the principal work of this research. Chapter One presents the essential functions of the noun phrase. To start the presentation, samples of different structures of the noun phrase as found in the novel are presented. After this, individual functions are examined. The subject of the sentence, which comes first is the person who does the action expressed by the verb. But when a sentence is transformed into the passive voice, the subject changes position and takes a new name. Thus, the subject moves to the final position and it is named agent

complement or by-phrase (Quirk et al, 1994). Before the study of complements proper we show under a separate sub-heading the importance of complementation in syntax and in communication. As for the direct object complement, it is the person or object upon whom or upon which the action of the subject passes. After this, we examine two

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functions whose phrases appear often after the latter.

These are the indirect object

complement and the attributive complement also known as the dative. In Chapter Two, the topics studied are the sentence, transitivity and two other essential functions of the noun. The first topic we examined is the French sentence. The second topic to be considered is transitivity. Transitivity is the capacity that a verb has to receive or refuse an object complement. The third topic to be considered is the attributive which expresses through nouns and adjectives the characteristics or qualities of a person, an object or a thing. A mark of these nouns and adjectives is that they are linked to their subject or object by copulars, which are a restricted number of verbs belonging to this particular class. The last topic we examined in this chapter is the apposition, which deals with qualification in syntax. The study of essential functions is further taken up in Chapter Three. Here, nine circumstantial complements, functions of prepositional phrases, are examined. These express place, time, cause, manner, means, comparison, accompaniment or absence, aim and distance. In the last chapter, secondary functions of the noun are studied. These functions are expressed by words which qualify, complete or determine the noun. They are, namely, the epithet, which is the adjective constructed directly beside a noun. The next one is the complement which completes the meaning of a noun. Then we have yet another Further, various

complement which gives additional information on an adjective.

determinants of the noun are considered. Finally, we considered the apostrophe, which is another function of the noun. Though not reckoned with syntagmatically, apostrophes are frequent in Notre-Dame de Paris and they are of interest to our study. Among the merits of this doctoral thesis is a recategorisation of syntactic functions into primary and secondary. In Chapter One, the criteria for identifying the direct

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object complement are enumerated.

In all the four chapters, the importance of

complementation in syntax as well as in communication is clearly shown. Finally, it is necessary to say that, as an analytical tool, syntactic function can equally be applied to indigenous languages of Africa.

0.0

INTRODUCTION

0.1 SUJET La notion de fonction est trs importante en grammaire. Beaucoup dtudes et de recherches menes par les coles fonctionnalistes portent sur cette notion. Parmi les linguistes qui ont travaill sur les fonctions grammaticales, nous citons Martinet (1962, 1979), Benveniste (1966,1974 ), Tesnire ( 1969 ), Lepschy (1970a ), Givon ( 1984c, 1990 ), Halliday ( 1994 ), Popin (1993 ), etc. Comme le titre le suggre, nous faisons dans cette thse une tude des fonctions de plus de six cents syntagmes et propositions relevs de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Les fonctions tudier sont dites syntaxiques du fait qu'elles se considrent sur l'axe syntagmatique, celle de la chane parle et la communication crite. Elles s'appellent galement fonctions grammaticales1. Dans la prsente tude, les constituants de la phrase qui nous intresse sont le nom et le verbe. La grammaire fonctionnelle a baptis le nom avec ses complments groupe nominal, abrg en GN. Le verbe et ses complments est appel groupe verbal, abrg en GV. Certains linguistes fonctionnalistes emploient les termes syntagme syntagme verbal la place de ces derniers (Gousseau, 1997). Dans un travail de cette dimension, on ne doit pas prendre au hasard les donnes. Les phrases et syntagmes nominaux qui seront analyss en fonctions syntaxiques sont tirs de Notre-Dame de Paris. Mais disons toute de suite que notre vise est la promotion de lanalyse en fonction syntaxique; que loutil danalyse est la thorie fonctionnelle; et que le corpus hugolien sert de matriel analyser. Cest en quelque sorte une alliance entre la linguistique et la littrature; l'analyse d'un texte littraire des fins linguistiques. nominal et

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Nous continuons lIntroduction en expliquant davance les principaux termes de cette tude susceptibles daider la comprhension du contenu de cette thse. 0.2 DEFINITION DES TERMES Dj, dans les paragraphes prcdents lon a rencontr au moins trois des termes dfinir ou expliquer. Sans procder par ordre alphabtique, le terme fonction2 vient en tte. Chez Baylon et Fabre (1995), la dfinition de fonction est courte mais claire: le rle dun mot ou dun groupe de mots dans un nonc . Dans le Robert (Tome 3), la fonction est dfinie comme Rle grammatical que joue un terme dans un nonc. Cela est une dfinition linguistique. Pour la dfinition de fonction grammaticale, il faut se reporter Ducrot et Todorov, (1981) qui la dfinissent comme la relation qu'entretient un constituant avec les autres constituants de la phrase. Mais daprs Moeschler et Auchlin (1997), les fonctions grammaticales dsignent les relations que les groupes de mots entretiennent avec le verbe. Un autre terme apparent celui-ci est cas qui est dfini par Harris (1968, 251)comme le rle grammatical dun item, dun constituant au sein dune phrase. En plus, poursuit-il, quand le cas marque une relation grammaticale telle que le sujet, le complment dobjet direct (COD), on peut lappeler cas grammatical3. Pour le terme constituant, Dubois et al (1999 ), dans leur Dictionnaire de

linguistique et des sciences du langage, le dfinit comme: "tout morphme ou syntagme qui entre dans une construction plus vaste" Ci-dessous nous donnons un exemple de

constituants dans la perspective fonctionnelle : (1) S + Prd = SN + SV; SN + SV + SN SN et SV peuvent sanalyser en de plus petits constituants: (2) (3) SN ---> Dt + N SV ---> V; V+ Dt + N

Ou alors lanalyse en constituants immdiats :

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La manne / tombe 1 2

Les constituants immdiats de cette phrase simple sont indiqus par les chiffres 1 et 2. Mais pousse, lanalyse donnera La et manne comme constituants immdiats du groupe nominal sujet et tombe le seul constituant du GV (Crystal 1983). Pour sa part, le terme construction mentionn dans la dfinition de constituant est selon Crystal (1983) "un pattern", cest--dire "une squence dunits ayant une identit fonctionnelle dans la grammaire dune langue." Mentionnons galement le terme monme, invent par Martinet, qui a fait lobjet de plusieurs de ses tudes, et englobe ce qu'on appelle traditionnellement morphme et mot. Il y a aussi analyse, un terme ne pas oublier, qui est dfini comme la dtermination de la fonction des lments grammaticaux et syntaxiques dune proposition. Ce sous-titre serait incomplet sans dfinir les termes nonc et phrase. Crystal (1983 :370 ) dfinit lnonc comme une squence de parole au sujet de laquelle aucune prsomption na t faite en ce qui concerne la thorie linguistique . Une dfinition de lnonc qui cadre bien avec notre travail est celle du DFC: Proposition, phrase dans laquelle une pense est mise 4. Pour ce qui concerne la phrase, nous prenons de Oxford Advanced Learners Dictionary (1992 : 1152) cette dfinition grammaticale: la plus grande unit de la grammaire, contenant dordinaire un sujet, un verbe, un objet, etc., et exprimant une dclaration, une question ou un ordre5. Une autre dfinition de la phrase est celle de Robert Pour Tous : assemblage oral ou crit capable de reprsenter lnonc complet dune ide .

4

Ayant dfini les termes-cls de cette tude, nous passons aux raisons qui nous ont incit entreprendre cette recherche.

0.3

PROBLEMATIQUE DE LETUDE Jusqu prsent, il y a des dbats par les linguistes fonctionnalistes sur certains

termes

utiliss,

par

exemple

les

paires

fonction

essentielle/non

essentielle,

essentielle/accessoire et primaire/secondaire. En plus, il y a des imprcisions sur certains fonctions. Enfin, les fonctions dites non essentielles sont soit relegus soit ngligs. Il fallait attendre Baylon et Fabre (1995 ) pour une revalorisation de ces fonctions. 0.4 MOBILE DE LETUDE Ce que nous proposons dans ce travail est dtudier plus de six cents phrases puises dans Notre-Dame de Paris; de dterminer les rles de leurs divers groupes nominaux, verbaux et prpositionnel et de les analyser en fonctions syntaxiques. Les mobiles de la thse sont les suivants : a. valoriser la notion de fonction grammaticale ou syntaxique comme un outil danalyse textuelle b. affimer limportance des fonctions dites non essentielles (Chevalier et al, 1964 ) c. prparer un matriel de rfrence sur la syntaxe franaise.

0.5 DELIMITATION DE LETUDE Prcisment, nous appliquons la notion thorique de fonction syntaxique ou grammaticale plus de six cents phrases et propositions puises dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Les fonctions tudies sont au nombre de vingt deux . Au premier chapitre, il y en a cinq : sujet, complment dagent, complment dobjet direct, complment dobjet indirect et complment dattribution. Au deuxime chapitre, le

5

prdicat est trait quoiquil soit prsent partout dans le travail et quil ait reu dabondantes analyses. A ceci sajoutent les fonctions attribut et apposition. Au troisime chapitre sont prsents neuf complments circonstanciels. Les circonstances que nous avons tudies sont celles de lieu, temps, cause, manire, moyen, comparaison, accompagnement, but et distance. Au quatrime chapitre, les fonctions qui sont prsentes sont celles dpithte, de complment de nom, de complment dadjectif, dapostrophe et de dtermination.

0.6

APPROCHE Pour atteindre notre but, nous nous servons de la thorie fonctionnelle. Issue du

structuralisme, le fonctionnalisme de lEcole de Prague a inspir beaucoup de linguistes et grammairiens europens. Selon Lepschy (1970a : 92), Martinet qui est lun des fondateurs de cette thorie, a tudi les fonctions grammaticales. Jakobson (1963), lui aussi, a

travaill sur les lments particuliers de la langue, mais il a tabli en plus six fonctions de lactivit langagire elle-mme6. Mais pour ce travail nous ne considrons que les lments lexicaux et grammaticaux de la langue fonctionnant sur laxe syntagmatique. Ltiquette fonctionnel est privilgie dans ce travail du fait quavant darriver au stade danalyse en fonctions, il faut avoir franchi les stades de la nature des mots de la phrase et de la structure de la phrase. Quoique la notion de fonction grammaticale soit dj dfinie, elle vaut une laboration ici. En termes simples, la fonction grammaticale est le rle que joue un mot ou un groupe de mots7 dans une phrase. Exprim autrement, cest la relation qui existe lintrieur dune phrase, entre un mot ou un groupe de mots et le reste de la phrase et, en particulier, entre un mot quelconque et le verbe.

6

La notion de fonction grammaticale est calque sur les squences de lnonc doues de sens. Ce que nous sommes en train daffirmer cest qu'on ne peut pas dcouper la phrase nimporte comment. La cause en est qu'elle a un ordre tabli. Mais plus important que lordre est la structure. Dans la phrase suivante les squences smantiques primaires sont spares par les barres obliques tandis que les parenthses encadrent la seule squence secondaire:

Beaucoup de Nordiques/ prfrent/ les centres touristiques/ du Midi (de la France)/.

Mais si on pousse le dcoupage jusqu'au bout, on distinguera les dterminants et lpithte. On constate donc qu' la lumire de la linguistique moderne, chacune des squences tablies correspond une fonction grammaticale. Or une tude approprie des fonctions grammaticales rend plus facile la comprhension de la structure de la phrase. Cette comprhension aidera, de sa part, lanalyse8; et lanalyse aidera certainement la construction des phrases sur les modles appris. Cette tche a t rendue encore plus facile par la dcouverte dune frappante correspondance entre les fonctions grammaticales et les variables de la situation de communication9. Pour conclure ce sous-titre, nous prsentons les constituants de diverses phrases dans la perspective fonctionnelle : Niveau catgoriel PHRASE = GN + GV Niveau fonctionnel S + PRED

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GN + GV +GN GN + GV + GN + GN GN + GV + GP GN + GV +GP + GP

S + PRED + COD S + PRED + COD + COI S + PRED + CC S + PRED + CC +CC

Il ny a pas que les structures ci-dessus dans ce travail. Dautres structures plus compliques que celles-ci sont prsentes dans les analyses. Afin dclairer et expliquer certaines phrases et propositions de ce travail, nous empruntons la grammaire gnrative transformationnelle les notions thoriques de structure de surface et structure profonde (Chomsky, 1965). Les explications ne seront pas la manire des gnrativistes.

0.7

APERU

HISTORIQUE

DE

LA

NOTION

DE

FONCTIONS

GRAMMATICALES Nous avons annonc dans le sous-titre prcdent loutil-cl de notre analyse et pourquoi il a t choisi. Il faudrait ajouter cela une vue des ides qui ont engendr la notion de fonction grammaticale10. Il sera galement mentionn les noms dillustres personnes qui ont invent et dvelopp certaines des fonctions que nous connaissons aujourd'hui. Ltude des langues naturelles remonte lEgypte et puis lInde antique; et selon Rocher11, le premier des modles grammaticaux, celui de Panini, comporte une description claire et minutieuse du sanskrit. un temps si recul, Panini a dcouvert dans ses tudes des cas grammaticaux. Mais il ne connaissait pas le cas agent12. Nanmoins, ses connaissances en ce qui concerne lordre des mots et la structure de la phrase taient non ngligeables. La tradition grammaticale grco-romane des sicles suivants a t certainement influence par les prodigieux efforts du prcurseur Panini.

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Aprs le fondement des tudes grammaticales en Egypte et en Inde vient lAntiquit florissante grecque qui connat une tradition grammaticale trs renomme. Platon avec les rhtoriciens appels Sophistes connaissent et dfinissent le sujet (onoma) et le prdicat (rhma). Pour eux, onoma est celui qui accomplit les actions et rhma ce qui exprime les actions. Chez les Stociens, cest ltude des cas grammaticaux qui domine. Dabord, ils tablissent quatre cas13: le nominatif qui est propre au sujet; laccusatif, cas indiquant lobjet direct; le gnitif qui rpond la question lequel? ou laquelle?; et le datif, qui reprsente le complment dattribution. Puis, aprs quelques difficults ils tablissent le vocatif14, cas analogue la fonction apostrophe. Au deuxime sicle avant notre re vivait le grammairien Appolonius Dyscole dAlexandrie (Egypte) dont la syntaxe est beaucoup apprcie de nos jours. Appolonius a jet des lumires sur le problme de lordre des mots de la parole et sur la notion de construction.15 De lAntiquit nous passons au Moyen Age16 o foisonnent galement des tudes grammaticales. En gnral, bon nombre de grammairiens de cet ge taient daccord sur lordre SVO. Cependant, ils avaient des avis divergents sur les termes utiliss et sur le sens de tels termes. Pour Jean de Gnes, par exemple, subjectum et praedicaturn sont des termes logiques et non pas grammaticaux17. A la place de subjectum et praedicatum dautres grammairiens mdivaux emploient suppositum et appositum, le premier dsignant le groupe nominal devant le verbe et le deuxime tout autre groupe nominal derrire le verbe. Les deux termes taient employs formellement. Pour ce qui concerne la dtermination des constructions transitive et intransitive, on se reporte au latiniste Priscien18, continuateur dAppolonius Dyscole. A cette mme poque

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(prcisment au 14e sicle) nat lemploi smantique de la paire agent (persona agens, celui qui fait laction) et patient (persona pasiens, qui subit laction)19, cest--dire le COD. Le seizime sicle franais a connu des grammairiens comme le mdecin Jacques Dubois (1531) avec son Introduction la langue franaise, Louis Meigret (1550) et son Trett de la grammere franoeze, et les deux Estienne20. Ce ntait qu'aux sicles suivants que la grammaire a connu un essor sans prcdent en France. De 1607 1660, les grammaires dusage ou pratiques rgnaient. Aprs, ctaient les principes grammaticaux. Un an avant la publication de la fameuse Grammaire de Port - Royal, Chiflet tudie parmi dautres problmes celui de lordre naturel Sujet Verbe Complement dans sa Parfaite Grammaire de la langue franaise. Mais parmi les penseurs qui ont le plus contribu aux tudes grammaticales en France partir de la deuxime partie du dix-septime sicle, il faut mentionner dabord les Port-Royalistes Arnauld, Lancelot et leurs collaborateurs. Dans leur Grammaire Gnrale et Raisonne publie en 1660, il y a un mlange danalyse du discours laristotlienne et lanalyse du raisonnement la cartsienne do apparat les jumelages nom-substantif, verbe-procs/action et adjectif-qualit. Les mots qui se trouvent gauche du trait dunion sont du domaine du discours et ceux droite relvent de la pense. Il apparat une autre ide dans la Grammaire Gnrale et Raisonne qui recoupe une ide moderne, celle qui consiste rapprocher les formes linguistiques et le fonctionnement de la pense. Ensuite, deux autres noms qui rsonnent dans la tradition grammaticale franaise sont Condillac et Beauze. Condillac publie sa Grammaire en 1756 et cre la notion de circonstanciel. Mais Beauze est connu pour lanalyse des units de la phrase en fonctions. Deux sicles aprs, deux linguistes, Tesnire et Martinet, forms par lEcole de Prague, et dautres ont dvelopp et rpandu cette notion de fonction en linguistique21.

10

Il y a un autre grammairien trs clbre lui aussi pour ses contributions en matire de grammaire et surtout pour ses tudes portant sur la fonction grammaticale. Rdacteur lEncyclopdie, Dumarsais publie Logique et principe de grammaire en 1769. Cest lui qu'on doit la notion de complment. Ce terme existait peut-tre avant, mais il est clair que lexpos de Dumarsais sur ce sujet pse plus que les autres22. Quant lui, lordre naturel est celui qui correspond Sujet + Verbe avec divers complments. Cest ce qu'il appelle lordre de la construction simple. Or lordre du franais, son avis, concide avec cet ordre. Pendant le dix-huitime sicle, le problme de lordre des mots de la phrase a t trs dbattu. Le dbat, si important et intressant, a continu jusqu' nos jours. Cest ce qui explique lexistence aujourd'hui de nouvelles ides en ce qui concerne les fonctions. Nous en parlerons, inter alia, ci-dessous.

0.8

REVALORISATION DES FONCTIONS BASEE SUR LES DIVERSES TENDANCES GRAMMATICALES Jusqu'ici on a vu ce que des grammairiens et philosophes ont dit de la nature et de la

structure de la phrase et ses constituants. La question de lordre des mots de la phrase a t aussi trs dbattue. Egalement, nous avons dlibr sur les dbuts de la notion de fonction. Maintenant tournons la discussion vers ce que disent les linguistes contemporains de lide de fonction. Pour raliser pleinement cela, il sera examin plusieurs courants, coles et oeuvres de certains linguistes. Nous commenons avec le Structuralisme Europen fond au dbut du vingtime sicle avec les Cours de Linguistique Gnrale de lillustre linguiste suisse Ferdinand de Saussure (1916). Au dbut de ce courant, Saussure (op. cit.) distingue entre langue (le systme) et parole (son actualisation ou usage quotidien)23. Aprs, il fait une sparation

11

nette entre la synchronie - tude dun donn du langage et la diachronie - tude des changements du langage travers le temps24. Ensuite, le courant Structuraliste sest bti une rputation autour de la notion de structure25. Jusque-l, la notion de fonction na reu aucune proccupation. Ce nest que quelques annes plus tard que cela se fera. En empruntant la classification de Chiss et al (1977), il sera vu ci-aprs les hritiers de Saussure et la linguistique europenne. Dabord, nous tudierons les apports des coles fonctionnalistes. Puis, nous verrons le Structuralisme amricain avec quelques-uns de ses thoriciens et continuateurs. Enfin, il sera question du courant gnrativiste. LEcole Fonctionnaliste, fonde par des linguistes du Cercle de Prague, sest appropri le terme fonction et y a travaill vivement. Mais il faut remarquer que ces linguistes taient structuralistes avant dtre fonctionnalistes. Selon Lepschy (1970a , p.108), le choix de ltiquette fonctionnel au lieu de structural indique que laspect fonctionnel est le plus rvlateur, et non pas qu'il doit tre tudi lexclusion dautres. En vrit, on ne peut divorcer la fonction de la structure, car la structure est la base de la fonction affirme Givon (1990, p. 978). Pour ce qui concerne les activits des fonctionnalistes, quatre domaines de la linguistique sont couverts: la phonologie, la morphologie, la syntaxe et la communication. Ces linguistes ont commenc par dcouvrir des fonctions au sein des units minimales du langage: phonmes et monmes. Cette qute a t pousse jusqu' la dcouverte des fonctions au niveau dautres lments du langage, y compris les constituants de la phrase26. Jakobson, dans les Essais de Linguistique Gnrale27, explique les six fonctions du langage. Lepschy28 constate que celui-ci prend en compte non seulement les fonctions dlments

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particuliers du langage mais aussi celles du langage en gnral, voire de la communication verbale. De ces champs dactivits, nous allons considrer les diverses coles fonctionnalistes, leurs reprsentants et leurs contributions au dveloppement des fonctions grammaticales. Les classements de Allerton (1979) et Lepschy (in Sebeok, 1975) serviront de guide.

0.8.1 LEcole de Prague Lors des sances des linguistes praguois, les termes topic et comment29 taient lordre du jour. Termes psychologiques pour des linguistes pr- et post-saussuriens30, ils subissent des raffinements et reoivent des explications sous la plume de Mathesius31 dont les thses sont prsents par Firbas (1964).

0.8.2 LEcole Fonctionnaliste Franaise Les tudes portant sur la notion de fonction grammaticale connaissent un grand dveloppement en France. Martinet, chef de file de lcole, qui travaille dans les domaines de la phonologie et de la grammaire, tablit des fonctions aux niveaux des phonmes et monmes32. Il participe au dbat sur la fonction de sujet33. Dautres linguistes dont les travaux sont pertinents notre tude sont Tesnire et Benveniste (op. cit.). Les apports du premier sont immenses. Il distingue entre ltude des espces de mots et les fonctions34. Hormis cela, il rduit le prdicat au verbe35, ce qui quivaut au syntagme verbal de Chomsky (1965). Sur lide de dpendance, Tesnire (op. cit) maintient que dans un nonc les relations de dpendance convergent sur un seul lment: le prdicat.

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Les ides de Tesnire (op. cit) ont connu un essor dans sa cration des notions actants et circonstants. Selon lui, dans un nonc, il y a seulement trois actants ou personnages (sujet, objet dun verbe actif ou complment dagent dun verbe passif et le bnficiaire) mais plusieurs circonstants qui dsignent la situation de communication36. Dans les ouvrages de Benveniste (1966 et 1974), huit chapitres sont consacrs aux fonctions syntaxiques ( Tome 1 : les Chapitres 13 17; Tome 2 : du Chapitre 11 au Chapitre 13 ). Voici dj dimportants reprsentants du courant fonctionnel; mais il en reste dautres non moins importants.

0.8.3 LEcole de Londres Elle sappelle galement LEcole Britannique, ce qui est plus appropri, vu lexistence St. Andrews (Glasgow) dune petite quipe de linguistes doctrine

fonctionnelle37. C'est Firth (1934-1951) qui a conduit LEcole Londonienne la renomme avec ses thories runies dans Papers in Linguistics38. Ses ides ont inspir Halliday qui est devenu la puissance derrire la grammaire systmique39 que loue Adejare (1990) dans une communication40. La plus saillante de ses ides est la formule (S) P (C) (A)41. Daprs les ides empuntes d Adejare42

, une claire distinction est faite entre les higher

metatheoretical categories (HMC) et les lower metatheoretical categories (LMC).

HMC LMC

Subject Nouns, Pronouns

Predicator Verb

Complement Nouns, Pronouns

Adjunct Adverbs, Nouns, Prepositional group

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De mme, il est noter que la troisime des HMC est Complement au lieu de Object. Cela est ncessaire parce que dans la mme position il ny a pas que les complments dobjet mais il y a aussi les adjectifs en fonction dattribut. En quelques mots, llment obligatoire de la formule (S) P (C) (A) est le predicator. Subject, Complement et Adjunct sont les lments optionnels de la proposition43. En somme, vu de prs, on constate la possibilit au moyen de cette formule de rendre compte dune grande varit de propositions de langues naturelles que dautres formules. Avant de survoler les courants

linguistiques amricains, il faudrait noter que le Fonctionnalisme Europen a engendr des dizaines douvrages grammaticaux ou syntaxiques et des manuels scolaires base fonctionnelle. Tout rcemment Popin a publi Le Prcis de Grammaire Fonctionnelle du Franais, Tomes l et 2 (Paris: Nathan, 1993).

0.8.4 Le Structuralisme Amricain Au sein du Structuralisme Amricain sest fonde LEcole Distributionnelle de Bloomfield. Dans le Chapitre 9 de son Langage44 o il fait un expos sur la smantique, il donne ce schma de la communication humaine: Situation du Locuteur -------> Parole -----> Rponse de linterlocuteur

Parmi ce qu'il en dit, une chose qui intresse notre travail cest que dans la situation o communique le locuteur il se trouve certains objets et vnements. A notre avis, si le schma est bien compris, ces objets et vnements de la situation de communication auxquels se rfre le locuteur dans sa parole pourraient se traduire en notions syntaxiques telles que sujet, prdicat, complments dobjets et complments circonstanciels.

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Dans le mme ouvrage, Bloomfield (Op. cit) explique ce qu'il appelle constituants immdiats. Lactant et laction sont, pour lui, les deux constituants immdiats de la construction minimale45; puis, chacune de ces constructions occupe une position; certains mots ou groupe de mots peuvent apparatre dans la position actant et certains autres dans la position action. Il va plus loin en affirmant que actant et action sont des fonctions. Bolinger, un autre structuraliste amricain, est cit par Givon (1984) comme lun des pratiquants du fonctionnalisme46. Il faut mentionner aussi Pike, inspir du

Distributionnalisme bloomfieldien. Sa thorie tagmmique47 privilgie aussi la notion de fonction grammaticale. Longacre (1965), disciple de Pike, dfinit la fonction et prsente les fonctions grammaticales la manire des hommes de thtre: le verbe reprsente le complot; le sujet, le COD et le COI se traduisent en dramatis personae; les squences exprimant le temps, le lieu, la manire, le moyen, etc. sont comme lestrade et son support. On voit l un lien troit avec les actants et circonstants de Tesnire (op. cit.). Le courant fonctionnaliste comporte galement lapproche typologique des universaux structuraux et fonctionnels48 de Greenberg et la Grammaire Relationnelle, un dveloppement de la Grammaire Gnrative des annes 70, qui prend comme notion de base les relations grammaticales telles que sujet et objet49. Pour clore le courant structuro-fonctionnaliste amricain, nous mentionnons lapproche typologique fonctionnelle de Givon50. Cette revalorisation des fonctions serait incomplte sans couter ce qu'en disent les gnrativistes.

0.8.5 Le Gnrativisme Chomsky, fondateur du courant gnrativiste, sest inspir directement de la Grammaire Traditionnelle de Jesperson et du structuralisme propag par Z.S Harris51.

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Larrive de Chomsky sur la scne linguistique aux annes 50 a beaucoup remu la pense linguistique moderne. Ds lanne 1957, cet homme de science avait fait le point sur le caractre logique du sujet grammatical52. A part cela, il a fait une distinction nette entre ce qu'il appelle notions fonctionnelles (S, PRED, COD, etc). et notions catgorielles (GN, GV)53. Mais cest celles-ci qu'il privilgie dans ses tudes. Au dpart, dans la thorie gnrative, la considration du sens et de la fonction tait rare. Sur cette phase du dveloppement de la thorie, Jakobvitts et Miron (eds. 1967) remarquent que cest un moyen formel de reprsenter le groupement des mots de la phrase. Nanmoins, comme nous lavions dj signal avant, cette thorie a donn lieu dautres qui reconnaissent limportance de la fonction en grammaire54.

0.9 NOTRE-DAME DE PARIS: CRITERES DE CHOIX Pote, romancier, dramaturge et politicien, Victor Hugo est n Besanon en 1802. Il crit pendant lpoque du romantisme. Durant sa carrire littraire, il crit peu prs trente uvres dont plus de sept romans (Rinc et Lecherbonnier, 1986). Notre-Dame de Paris, roman colossal, crit dans un style historique, image dune ville et dun sicle (le quinzime), a connu non seulement un grand succs mais aussi un grand public. Ecrit en 1831, ce roman est une redcouverte du Moyen Age franais. Trois thmes y rsonnent: la vie culturelle et artistique de Paris et du 15e sicle, la cathdrale ellemme et lart gothique. Ces aspects de la France mdivale, disons-le, sont pour ltudiant de franais un complment essentiel lalimentation de son bagage culturel. A part cette courte introduction au roman, il convient de mentionner les critres que loeuvre a satisfaits avant dtre retenu pour cette tude. Sans aucun doute, cette uvre tmoigne dune rare rudition. Il est caractris par une grande richesse lexicale et une somptuosit verbale incomparable (Lagarde et Michard, 1969). Hugo choisit et emploie

17

ses mots de sorte rendre vif les descriptions. Son pouvoir de description est illimit. Il faut ajouter ce tableau la richesse syntaxique du roman qui se manifeste dans les grandes varits de constructions : phrases composes extrmement longues pour les descriptions; phrases en style conversationnel; phrases courtes et phrases simples trs significatives qui ponctuent les dialogues; une abondance dadjectifs (attributs et pithtes) et dapostrophes; emploi dnumrations; constructions qui abondent en divers complments circonstancielsS; etc. Et quoique Hugo crive sur un sujet historique datant du Moyen Age, son franais

sinsre dans le franais contemporain.

0.10 METHODE DE RECHERCHE Vu la nature de cette tude, il ne sera pas attendu lutilisation doutils de recherche. Avant la rdaction il a fallu faire des lectures plusieurs niveaux. Une lecture attentive et systmatique de Notre-Dame de Paris a t accompagn dun relev manuel rigoureux, minutieux et dtaill de phrases et propositions renfermant des centaines de groupes nominaux, verbaux et prpositionnel. Ces donnes ont subi plusieurs niveaux de tris et

classements. Puis, elles ont t mises dans vingt-et-un dossiers, chaque dossier correspondant une fonction syntaxique . Le dernier classement comportait la dtermination de lusage que nous allions faire dun item et la place quil allait occuper dans un chapitre, dans un sous titre ou dans une srie dexemples. Pour la phase explicative et analytique, nous avons adopt lanalyse quantitative du contenu. Pour ce faire, nous avons d lire abondamment ce qui concerne la grammaire fonctionnelle. A la base de chaque analyse se trouvent des explications sur la nature et la structure des syntagmes et propositions tudis. Nous ne nous sommes pas limit la seule analyse fonctionnelle. Nous avons emprunt galement des ides la pragmatique et la

18

grammaire gnrative (structure profonde / superficielle ) pour rendre clair le sens des phrases et propositions. Il faut ajouter qu'une tude de cette importance ne connatra pas sa pleine ralisation sans une rflexion profonde. 0.11 ORGANISATION DE LA THESE Ce travail est divis en cinq chapitres. Il y a un chapitre introducteur et quatre chapitres analytiques. Nous sommes dj presque la fin du premier chapitre qui comporte neuf sous-titres. Nous avons dbut avec lintroduction du sujet de la thse. Aprs, nous avons dfini les termes qui rsonnent tout le long de la thse. Ensuite est prsent le mobile de ltude. Puis ensuite, nous prsentons lapproche adopte pour atteindre notre mobile. Le sous-titre Aperu Historique des Fonctions Grammaticales jette des lumires sur la notion de fonction grammaticale et son volution travers les sicles. Le sous-titre suivant comporte un survol de diverses tendances grammaticales et ce qu'elles disent des fonctions grammaticales. Un autre sous-titre est consacr aux critres que nous avons considrs avant de retenir Notre-Dame de Paris comme louvrage principal de notre tude. Lavant-dernier sous-titre concerne la mthode de recherche o nous expliquons la faon dont cette recherche sur les fonctions t mene. On clt le chapitre avec le prsent sous-titre. Dans le deuxime chapitre sont tudies les fonctions du nom qui sorganisent autour du verbe. On dfinit dabord le syntagme nominal et on lillustre dexemples. Aprs on se lance dans les fonctions du syntagme nominal proprement dites. Le sujet vient en tte, puis le complment dagent. Aprs on essaie dexpliquer ce que cest qu'un complment. Une srie de complments dobjet suivent. La double transitivit annonce ce qui va suivre. Au troisime chapitre on commence par une explicitation de la notion de transitivit et son comportement. Cela concerne uniquement les complments dobjet. Pour complter le chapitre nous ajoutons d'autres fonctions du syntagme nominal, savoir les fonctions attribut, apposition et apostrophe.

19

Le complment circonstanciel, complment de verbe et complment essentiel la phrase galement, fait lobjet de notre tude au quatrime chapitre. Il ny a que dix complments qui sont traits. Le cinquime chapitre est consacr ltude des fonctions accessoires, celles qui se trouvent dans les syntagmes nominaux et prpositionnels. Ici, il sagit de lpithte, du complment du nom et de ladjectif qualificatif. Ce chapitre inclut galement la fonction de dtermination qui concerne divers dterminants. Cette thse a certainement une conclusion. Elle comprend un survol des ides principales du travail. Les rubriques Observations et Recommandations suivent. Enfin, nous relanons le sujet dans lespoir que dautres chercheurs continueront o nous avons termin. Il faut ajouter que tous les syntagmes et phrases qui illustrent chaque chapitre sont tirs de Notre-Dame de Paris. Ils sont numrots du premier au dernier et les notes sont mises la fin de chaque chapitre.

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NOTES ET REFERENCES1

Cette appelation est encore courant. En fait, elle date de l'Antiquit et regroupe la morphologie et la syntaxe. La syntaxe est donc une discipline de la grammaire.2

Ce terme sera labor au sous-titre APPROCHE.

Remarquez la parfaite symtrie entre les dfinitions de fonction et cas dune part, et entre fonction grammaticale et cas grammatical de lautre. Pour la premire paire, Robert et Harris emploient le mot rle et pour la deuxime paire cest le mot relation qui est utilis.3 4

Nous prfrons mise nonce que DFC a utilis. Notre traduction.

5

6

Ces fonctions langagires sont dveloppes dans ses Essais de linguistique gnrale 1,. Les fondements du langage, Traduit et prfac par Nicolas Ruwet en 1963.7

Un groupe de mots peut se dcomposer en groupe nominal, groupe verbal, groupe prpositionnel et groupe adverbial. Le Oxford Advanced Learners Dictionary nous donne des dfinitions pertinentes du nom analysis et du verbe analyse: Analyse (fr) - tude de quelque chose en examinant ses parties et leur relations; analyser - sparer quelque chose en parties afin d'tudier sa nature et sa structure (Ces dfinitions sont traduites de langlais). Une autre acception de analyser, cest examiner et expliquer. De ces dfinitions, on peut dduire que lanalyse fonctionnelle inclut galement lanalyse grammaticale dite grammaire traditionnelle.8 9

Voir Mauger (1955, pp.15 - 158). Ce point sera dvelopp au chapitre consacr aux complments circonstanciels.10

Lhistoire des fonctions grammaticales ne peut scrire hors de celle de la grammaire.

Cest le tmoignage des critiques de Panini enregistr par Rocher (in Sebeok 1975 : pp.4, 5, 26).11 12

Rocher (op. Cit. p.26).

13

Jan Pinborg Classical Antiquity : Greece in Sebeok (op. cit., pp. 82 et 85). Il faut noter le progrs fait jusque-l en ce qui concerne lanalyse des constituants de la phrase en unites casuelles. Malgre ce progrs, certains des cas prsentent des confusions. Les exemples ci-dessous sont tirs de Moore (1962, p.6): (i) Cas ablatif - d'o ? Cas locatif - o ? Remarque: dans lanalyse fonctionnelle, ces deux cas se rsument en complement circonstanciel de lieu, mais avec quelque nuance. (ii) Le cas datif manquait la nuance dont il est dou aujourd'hui., par exemple, dans

21

- donner quelque chose Yaro et - envoyer quelque chose Paris, il nest pas question dun seul cas; aujourd'hui, Yaro est complment dattitbution appel COI par certains et Paris complment de lieu exprimant la direction.14

Ibid. Pinborg (OP. Cit; p. 119).

15

16

Voir Anton Nehring (1953) pour un bilan de la linguistique du Moyen Age.

17

W. K. Percival in Sebeok (Op. Cit., pp. 234 - 235). Pour une discussion moderne de ces deux termes, voir Ducrot et Todorov (1981).18

Percival in Sebeok, Ibid. Ibid.

19

Cest en 1557 que Robert Estinenne publie le Traict de la grammaire franoise. Louvrage de Henri Estienne parut en 1582.20

Lanalyse en fonction ne sapplique pas uniquement la syntaxe. Lanalyse fonctionnelle concerne aussi la phonologie et forcment la morphologie puisque les tudes portant sur les monmes sont nombreuses. Voir par exemple Lepschy (1970a), Martinet (1960, 1962 et 1975), Mulder (1968), inter alia.21

Daprs Ducrot et Todorov (op. cit., pp. 22, 212). Beauze aussi, un contemporain de Dumarsais, a contribu au dveloppement de la notion de complment.22 23

Givon (1984c, p.5). Op. cit.

24

25

Anzias (1967), Lepschy (1970a), Leroy (1971), Lapalombara (1976), inter alia, fournissent des dtails sur la thorie structuraliste. A part les claircissements fournis par les fonctions dj connues, il a t cr dautres qui prennent en compte tous les constituants de la phrase.26 27

Op. cit. Op. cit., p. 92.

28

29

Traduits themes et propos en franais; sur ces deux notions, la Structurele Syntaxis de A. W. de Groot (1949) s'impose. Voir Bolinger et Sears (1981) et le chapitre entitul LOrganisation Smantique de l'Enonc dans le Dictionnaire Encyclopdique de Ducrot et Todorov. Ils y mentionnent aussi les fonctions dites logiques. Pour eux, la structure smantique dun nonc est bipartite: un sujet logique qui dsigne lobjet au sujet duquel lon affirme quelque chose et un prdicat logique30

22

qui est ce qui est affirm. Ces deux fonctions correspondent la distinction sujet-prdicat des structures syntaxiques dnoncs.31

Voir Ducrot et Todorov (op. cit., pp. 271 et 272).

32

Voir Martinet (1965 et 1975). Ses Elments de linguistique gnrale dont la premire dition parut en 1960 contient une brillante prsentation des fonctions des phonmes et monmes.33

Ce fait est mentionn par Ducrot et Todorov ( op. cit., p. 213).

34

Ducrot et Todorov en font un rsum dans leur Dictionnaire Encyclopdique. Mais voir Tesnire (1965) Chapitre 49 pour les dtails.35

Ducrot et Todorov (op. cit., pp. 212 et 213).

36

Voir la fin du sous-titre APPROCHE (infra) et comparer ces ides avec celles de Longacre in Bloch (1965, pp. 65, 66).37

Voir, par exemple, Mulder (1968, 1997), inter alia. London: Oxford University Press, 1957. Voir Halliday (1970 et 1985).

38

39

Communication prsente lors dune confrence organise par le Dpartement de Langues et Linguistique, Universit de Maiduguri en mai 1990.40 41

Halliday (op.cit). Op. Cit., p. 14. Ibid. London: Geogre Allen and Unwin Ltd; 1933 (1969). Cest la constructiion minimale de langlais dont il sagit. Le seul ouvrage cit par Givon, cest Bolinger (1952). Parmi les adeptes de la Tagmmique, il faut citer Longacre, Hockett et Greenberg.

42

43

44

45

46

47

Cit par Givon (1984: 6, 9). Laspect fonctionnel de cette approche est vident dans Greenberg (1966). Cambridge: MIT Press.48

La Grammaire Relationnelle est cite dans le Dictionnaire de Crystal (1983). Voir aussi les ouvrages suivants: Chung (1975, 1976a, 1976b, 1981) et Kimenyi (1976, 1980).50

49

Comme dans Givon (1975c, 1976a, 1976c, 1979b, 1980b, 1981a, 1981b, 1984c, 1990), inter alia.

23

Voir la figure de Allerton (1979) entitule Some Schools and individuals in modern linguistics.51 52

Cest le tmoignage de Ducrot et Todorov (op. cit., voir les notes la page 270). Chomsky (1965: 68). Cf les HMC et LMC de Halliday (supra). Par exemple, la Grammaire Relationnelle dj mentionne.

53

54

CHAPITRE PREMIER

1.0

FONCTIONS DU GROUPE NOMINAL

1.1

LE GROUPE NOMINAL Le groupe nominal est une unit de la phrase comportant un mot ou plus. Quelle que

soit la place qu'il occupe dans la proposition, il a une fonction syntaxique. Unit majoritaire des constituants de la phrase, il est soit: Un nom propre: 1. Gringoire regarda. (259). 2. Quasimodo pleurait (412). Un nom commun: 3. J'ai laiss exprs la clef la porte (333). 4. Il parle sa langue cette crature (324). Un pronom personnel: 5. Il but a longs traits. Sa soif tait ardente (320). 6. La pauvre accuse avait l'air de les regarder,...(349). 7. Cependant la jolie fille tait l, le regardant avec ses grands yeux, lui tendant son tambour,...(263). Un pronom indfini: 8. Tout s'effaait dans la licence commune (257). 9. ... chacune des sections de cette procession grotesque avait sa musique particulire (264).

23

1.2

STRUCTURE GENERALE DES GROUPES NOMINAUX DANS NOTREDAME DE PARIS A part les groupes nominaux cits ci-dessus, nous proposons ci-aprs les structures

de quelques-uns des groupes nominaux recueillis dans Notre-Dame de Paris afin de montrer combien ils sont riches et de faire savourer nos lecteurs le gnie de Victor Hugo en ce qui concerne la variation en construction syntaxique. Cet chantillon des syntagmes comporte sept espces. Premire espce La premire espce comprend des groupes nominaux dtermins et qualifis mais sans complments de nom. Ces groupes nominaux prsentent des dterminants divers: Exemples: 10. La dernire cathdrale gothique (305) 11. Une nouvelle assise (305) 12. Vingt-trois matresses tours (285) 13. Une espce de triangle noirtre (316) 14. Cette vitre tumultueuse (338) 15. Sa fatale passion (362) Structure des syntagmes 10 15 : Dt. + Nom + Adj. qual. Mais les syntagmes nominaux suivants n'ont pas de dterminants: 16. rclamations humiliantes (320) Structure : Nom + Adj. v erbal (participe prsent) 17. buveur plus aguerri (339) Structure : Nom. + Comparatif + Adj. Les adjectifs qualificatifs pithtes sont d'une variation frappante. Nous avons tabli les terminaisons suivantes partir de seize groupes nominaux :

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Consonne +e , -x, -ce, -ier, -tre, -iant(e), -eil(le), -eux, -euse, -i, -if, -ive, -esse. On y trouve aussi l'emploi de l'adverbe d'intensit qui modifie le sens de l'adjectif pithte: 18. Une trs douce et plaisante existence 19. des espces de cavaliers fort singuliers (313) C'est le comparatif dont il s'agit dans buveur plus aguerri. Dans une entre la plus superbe du monde, nous avons un superlatif. Mais la tour nous parat trange. On esprait un dterminant dfini (l'entre la plus superbe) et non un dterminant indfini (une entre la plus superbe). Nanmoins il existe une tour similaire en anglais: a most wonderful entrance / gate, ce qui nous suggre que cela peut passer galement en franais. Deuxime espce La deuxime espce concerne des GN n'ayant pas d'pithte mais recevant des complments de nom introduits par de et un seul introduit par sans, prposition de sens privatif. Exemples: 20. Cette hydre de tours (285) 21. Une furie de larmes (313) 22. Un bahissement sans fin (313) 23. Une jalousie d'une espce inoue (362) Structures : Dt. + Nom + Prp. + Nom; Dt. + Nom + Prp. + Dt. + Nom + Adj. Troisime espce Les GN de la troisime espce ont des complments de nom comme ceux de la deuxime mais les syntagmes sont qualifis. Voyez dans les quatre exemples suivants la richesse des dterminants et de la qualification:

25

24. toute la sve intellectuelle de la socit (305) Structure : Prdt. + Dt. + Nom + Adj. 25. la couche la plus infrieure du peuple (320) Structure : Dt. + Nom + Superlatif + Adj. 26. de fraches et joyeuses voix d'enfants (355) Structure : Dt (Prp.) + Adj. + Conj. +Adj. + Nom 27. quelque bonne me charitable de bourgeois et de bourgeoise (320) Structure : Dt. + Adj. + Nom + Adj. Quatrime espce La quatrime espce concerne le groupe nominal deux complments de nom. Il constitue un grand sous-titre de ce travail. De ce fait il ne sera pas accord beaucoup d'attention ici. Il suffit donc de parler de sa structure. C'est un groupe nominal dtermin, ayant pour la plupart des adjectifs pithtes. Au GN est joint deux sries de complments de nom, le deuxime compltant le premier. Au niveau des complments de nom il peut y avoir de la coordination. Exemple: 28. la riche et luxuriante vgtation Groupe nominal de renouvellement (305) 2e Complment de nom Cinquime espce La cinquime srie prsente des GN contenant plusieurs adjectifs pithetes la fois. Exemples: 29. Une bonne grosse frache mre de trente-six ans (312) Adj. Adj. Adj. N d'une poque / 1er Complment de nom

26

30. Les plus charmants fins cheveux noirs (313) Adj. Adj. N Adj.

31. Ses jolis pieds roses (313) Adj. N Adj. L'exemple suivant a deux pithtes coordonnes; le premier est un participe pass passif et le deuxime un participe prsent. Tous deux ont une valeur adjective: 32.le sonneur de cloches chevel et haletant (366) Sixime espce On a trouv aussi deux groupes nominaux qui prsentent un intrt particulier. Ils concernent la catgorie grammaticale de nombre,. Les deux groupes nominaux se trouvent la page 306 de Notre-Dame de Paris: 33. les revenus des greffes, civil et criminel de la prvt 34. les revenus civils et criminels des auditoires d'Embas du Chtelet. Dans (33), il est question de deux greffes, l'un civil et l'autre criminel. L'absence des marqueurs du pluriel aprs civil et criminel est exprs. Mais dans (34), il s'agit de plusieurs revenus les uns civils et les autres criminels. Septime espce Pour terminer l'tude des groupes nominaux, nous prsentons un cas de mise en relief: 35. Le prtre que les jeunes filles avaient remarqu au haut de la tour septentrionale pench sur la place et si attentif la danse de la bohmienne, c'tait en effet l'archidiacre Claude Frollo (326) Le syntagme nominal mis en relief, c'est l'archidiacre Claude Frollo. L'outil de mise en relief, c'est le pattern GN..., c'tait + GN

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GN..., Prsentatif

+

GN.

Dans un pattern de ce genre, le deuxime GN est un attribut du premier GN. En plus, il y a des prcisions sur le complment d'objet direct Le prtre. Ces prcisions sont effectues au moyen de deux adjectifs qualificatifs apposs disjointement au COD. Quoique loigns du COD, les adjectifs mis en apposition entretiennent une troite relation avec le mot qualifi.

1.3 FONCTIONS DU GROUPE NOMINAL Ce qui suit concerne la fonction du nom par rapport au verbe (ce qui est plus important) et aussi par rapport au nom. Le groupe nominal peut tre sujet d'un verbe. Pour ce qui concerne la fonction de complment, le GN peut tre complment d'agent du verbe passif, complment d'objet direct ou indirect et complment diverses circonstances. Mais par rapport un autre nom, le groupe nominal remplit la fonction de complment1. Dans la position attribut il peut y avoir le nom et l'adjectif. Ce fait est vrai pour l'apposition. Pour l'pithte, il est construit ct du nom qu'il qualifie. L'apostrophe est la fonction du GN qui n'est pas dtermine par rapport un autre GN. Dans ce chapitre il ne sera tudi que les fonctions sujet, complment d'agent, complment d'objet direct et indirect, complment d'attribution, attribut, apposition et apostrophe. Mais pour assaisonner et expliciter ces fonctions, nous traiterons en plus les notions de complment et transitivit.

1.4 FONCTIONS ESSENTIELLES Toutes les fonctions mentionnes dans le paragraphe prcdent sont fondamentales, voire essentielles2 la phrase. Puisqu'elles se construisent autour du verbe, elles se

dterminent par rapport a celui-ci (Chevalier et al, 1964).

28

De plus, il est noter que ces fonctions fondamentales ne concernent que les constituants immdiats de la phrase. C'est au sein des constituants immdiats individuels que se trouvent les lments qui remplissent les fonctions accessoires. Ces lments sont ceux qui sont retranchables des groupes nominaux, pronominaux et adverbiaux. Par ces faits mme on peut appeler primaires les fonctions fondamentales, et secondaires les fonctions accessoires. Ci-aprs, nous traitons la fonction sujet. 1.4.1 LA FONCTION SUJET A premire vue, I'on dirait que la notion de sujet est simple, et comprise mme ds l'cole lmentaire. Mais vu de prs, on sait qu'il n'en est pas ainsi. Or le sujet grammatical est un lment de la syntaxe trs diverse nature, qui intresse le linguiste. D'aprs Grevisse (1980, p.172), le sujet d'une phrase peut tre exprim par un nom, un pronom: personnel, possessif, dmonstratif , relatif, interrogatif ou indfini, ou par des mots substantivs: le pronom, l'adjectif, l'infinitif, le participe prsent et le participe pass. Aussi le sujet peut tre une proposition entire. Le sujet dsigne la personne ou l'objet qui fait l'action exprime par le verbe, ou qui est dans un certain tat, disent Capelle et Frerot (1979, p.7). Autrement dit, le sujet est l'tre ou l'objet dont on dit quelque chose, entendre Grevisse (Ibid.). Dans les pages suivantes seront vues les multiples faces du sujet travers ses nombreux formes et emplois dans Notre-Dame de Paris.

Le sujet simple Comme point de dpart, il faut considrer le sujet simple dans la structure G + V. Dans les exemples qui seront tudis le sujet est exprim par des particules indfinies et des groupes nominaux :

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Particules: 36. Nul ne bougeait du cardinal, de l'ambassade et de l'estrade (255) 37. Rien ne pouvait dsensorceler l'auditoire (256) 38. Tout s'effaait dans la licence commune (257) Remarque: on voit clairement que les trois particules substantives sont en position de sujet. En plus, elles rgissent parfaitement les verbes qui les suivent. Nul, adjectif indfini, est comme personne qui est un pronom indfini. Nul dsigne un tre humain; mais rien, particule indfinie qui marque la ngation , se rfre a un objet non humain. Tout, qui peut tre sujet ou complment d'objet direct d'un verbe, est un pronom. Dans la phrase 38, tout reprsente l'ensemble des couches sociales prsentes au thtre des grimaces. A part les trois exemples ci-dessus, il faut tudier deux autres (les numros 39 et 40) : 39. aucune de ces beauts n'tait sentie ni comprise (256) Cet exemple comporte une particule qui marque la ngation - aucune - qui est un pronom indfini. Ce pronom possde un complment. La particule et son complment font ensemble le sujet de la proposition. Mais la particule toute seule suffit a remplir ladite fonction. Ce fait serait rendu clair par la paraphrase du syntagme. 39a. Parmi ces beauts, pas une n'tait sentie ni comprise ou 39b. Parmi ces beauts, aucune n'tait sentie ni comprise Il est bien vident que dans les paraphrases la particule et son reprsentant maintiennent leur position de sujet. 40. ...chacune des sections de cette procession grotesque avait sa musique particulire (N-D, P. 264)

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Nous avons dans cet exemple un groupe nominal sujet similaire au prcdent. Seulement celui-ci possde deux complments: un complment de pronom possdant lui-mme un complment de nom. Chacune, figurant en tte du GN, est un pronom indfini dsign comme "reprsentant distributif" dans ABC de Grammaire Franaise (1969:39). On pourrait substituer chacune des (de + les) le prdterminant toutes et le dterminant les. On aurait donc : 40a. toutes les sections de cette procession grotesque avaient leurs musiques particulires. Ce jeu de substitution, quoiqu il ait du sens, engendre un changement de fonction. Dans la proposition de dpart, chacune tout seul peut grer le verbe de la proposition: 40b. chacune (...) avait sa musique particulire. Pronoms Personnels : A ce dbut de l'tude du sujet, il importe de voir le pronom personnel en fonction de sujet. Du dbut la fin de Notre-Dame de Paris, le roman prsente une prdominance de il personnel (rgissant un verbe) et non personnel (en tte de locutions verbales). Mais puisqu'il ne s'agit pas de faire une tude statistique des pronoms personnels sujet, nous en signalons un petit nombre grammaticales. 41. il avait une fort belle robe rouge qu'il portait fort bien(252) 42. Vous avez l une jolie bte, dit Gringoire (275) 43. J'accepte cet enfant, dit le prtre (289). Plus tard dans ce chapitre nous accorderons une place quelques cas de construction impersonnelle avec le pronom il vid de son contenu smantique. ici. De l'exemple 41 a 43 on a des verbes conjugus des personnes

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A la page 333 de Notre- Dame de Paris, nous entendons l'emploi du pronom pluripersonnel On a la bouche de Jehan, frre cadet de l'archidiacre Claude Frollo et garon savant et gt. 44. Vous voyez qu'on fait son grec (333) 45.Vous voyez, bon frre Claude, qu'on sait son latin (333) Le on employ dans les deux exemples reprsente je, premire personne du singulier3. Le sujet en construction impersonnelle Le mot en considration est le pronom impersonnel il. D'aprs le Dictionnaire alphabtique et analogique de la Langue Franaise (T. 3, P. 588), ce mot sert a introduire les verbes impersonnels, et toutes sortes de verbes employs impersonnellement. Ce pronom, il est vrai, s'emploie devant des verbes conjugus la troisime personne du singulier. Par exemple: il faut, il existe, il importe, il est vrai que, etc. Mais il ne dsigne pas le genre masculin. Ce il est un mot grammatical, et non pas lexical. Selon les grammaires, c'est un mot contenu vide. Nanmoins, il remplit une fonction grammaticale, celle de sujet. Paul Robert (Ibid.) citant Bruneau, affirme que il est "sujet apparent" et que ce qui suit le verbe est le sujet logique ou "rel". Nous avons t chanceux de trouver des phrases pour illustrer quatre des cinq emplois de ce pronom neutre dans le Dictionnaire alphabtique et analogique. Les quatre emplois sont prsents ci-dessous. Le premier emploi de il concerne les verbes de ncessit. Toutes les phrases cites ne contiennent que le verbe falloir l'indicatif prsent et au pass simple: 46. Il fallut bien se rsigner des deux parts (255) 47. Il faut pourtant rendre justice notre ami Jehan (257) 48. Il fallut que Gringoire se contentt de cet loge (258)

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49. Il faut que j'aie la mine aumnire pour qu'on me demande ainsi la charit dans l'tat de maigreur o se trouve ma bourse (268) 50. Il faut que vous sachiez mon nom ( 298)

Pour l'analyse des sujets apparent et rel, nous exploiterons la phrase 50. Son sujet apparent, comme nous le savons d'avance, est le pronom il. Son sujet rel est la proposition conjonctive que vous sachiez mon nom. Mais si on reconstruit la phrase et qu'elle devient Que vous sachiez mon nom est ncessaire, on remarque que la proposition conjonctive qui est le vrai sujet de la phrase a pris la position de sujet. On remarque galement que le sujet apparent de tout l'heure a disparu et que le verbe de dpart n'y est plus. Il a subi une mtamorphose. D'un verbe de ncessit, il est devenu une locution verbale, mais le temps de dpart subsiste. On verra, toutefois, que dans certains autres emplois les verbes de dpart subsistent ou rsistent. Le deuxime emploi de il touche les verbes d'tat: Exemples: 51. ... mais, travers tant d'interruptions, il tait difficile de dmler quoi il servait (256) 52. Il me semble, vous dis-je, que vous avez entendu le bruit de leurs sabots...(267) 53. Il parait, dit Gringoire, que celui-la parle aussi (268) 54. Il est vrai qu'Homrus a mendi par les bourgades grecques, ... (260) 55. Il est certain que Gringoire tait dans une cruelle perplexit (401) 56. A vrai dire, il restait encore quelques spectateurs, les uns pars, les autres groupes autour des piliers, femmes, vieillards ou enfants, ... (259) Parmi toutes les phrases du deuxime emploi, il y a une qui vaille une analyse particulire. C'est la phrase 56. Elle a comme sujet apparent le pronom impersonnel il et comme sujet rel

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le syntagme quelques spectateurs. Deux autres groupes nominaux sont apposs au sujet rel. Enfin vient une explicitation du sujet rel par l'numration femmes, vieillards ou enfants. Pour ce qui concerne l'emploi de il devant les verbes intransitifs, nous n'avons relev qu'un exemple: 57. Alors il lui vint une solution dsespre. ( 260) Mais manquer qui est un verbe a la fois transitif et intransitif se trouve dans ce mme emploi! 58. Guillemette Maugerepuis, regarde ce mufle de taureau, il ne lui manque que des cornes (257) En dernier lieu, il faut mentionner l'emploi dans lequel le pronom il gre les verbes pronominaux impersonnels. Exemples: 59. Les coliers se turent. Puis il se fit un grand remue - mnage, ...(247) 60. Alors il se fit autour de l'trange personnage un cercle de terreur et de respect ...(259) 61. ... il s'tait lev une fume, une vapeur pour ainsi dire...(269) Puis on compte parmi les emplois de il non personnel son rle de sujet dans le prsentatif il y a et sa variante stylistique il est. Exemples: Il y a: 62. Il n'y avait de meuble propre au sommeil qu'un assez long coffre de bois, (277) 63. Il y a dans la chapelle de ce collge du bois de la vraie croix, (339) 64. Je voudrais sortir d'ici, monsieur. J'ai froid, j'ai peur, et il y a des btes qui me montent le long du corps (351) 65. Il y avait une lumire une fentre d'un rez-de-chausse (364) 66. Il y a encore un coquin d'arbre qu'on appelle le luxurieux (400) Il est:

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67. Il est peut-tre d'autres lecteurs qui n'ont pas trouv inutile d'tudier la pense d'esthtique et de philosophie cache dans ce livre, (242) 68. Il n'est pas besoin de nous arrter pour conter la chose (312) Enfin, il y a le il sujet qui s'emploie pour dire l'heure: 69. il tait midi (352) Le nom ou groupe nominal Ce n'est pas notre premire fois d'tudier le nom ou le groupe nominal dans ce travail. Ce qui nous proccupe dans ce palier, c'est le rle du nom propre ou commun ou d un groupe nominal en tant que sujet d'une phrase. Les exemples qui seront discuts ci-dissous comportent trois propositions ayant des noms propres comme sujet et cinq phrases dont les sujets sont des groupes nominaux. Les trois phrases a nom propre sujet sont les suivantes: 70. Gringoire se boucha les oreilles (263). 71. Claude Frollo avait t destin ds l'enfance par ses parents l'tat ecclsiastique (N-D, P. 289) 72. Phoebus se mit donc assez promptement l'esprit en repos sur la charmeresse Esmeralda (356) Pour ce qui concerne les groupes nominaux sujet, le plus simple est celui-ci: 73. L'insolence tait rare, et personne ne s'en tait aperu au premier moment, l'attention tant tourne ailleurs (254) Dans les deux propositions en question, les noms communs sujet sont dtermins par l'article dfini fminin singulier lid. Puis nous avons un nom sujet deux dterminants: 74. Les deux amis se mirent en routes vers la Pomme d'Eve (338)

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Notez en premier lieu l'article dfini masculin singulier et le numral cardinal, l'un indiquant le nom sujet est au pluriel et l'autre donnant le chiffre exact de cette pluralit. Ensuite, nous prsentons deux phrases ayant chacune un sujet qualifi par un pithte: 75. La pauvre cigale s'arrta court (263) 76. Cette observation concluante parut dissiper tous les doutes de Gringoire (346) A partir d'ici, le sujet connatra de plus amples analyses. Il sera prsent de faon montrer les beauts de la langue et l'art de Hugo en ce qui concerne la combinaison des mots pour former des phrases. Sujet pluriel ayant un seul verbe En premier lieu, nous tudierons le sujet pluriel ayant un seul verbe. A part l'analyse en fonction que nous ferons, nous indiquerons galement comment le sujet de chaque phrase est construit. Exemples; 77. Les grands-blancs, les petits blancs, les targes, les liards a l'aigle pleuvaient (263) 78. Gringoire eut voulu rpondre; la stupfaction, la colre, l'indignation lui otrent la parole (256) Les noms qui constituent les sujets des deux phrases ci-dessus sont juxtaposs au moyen des virgules. Ces deux exemples diffrent un peu des sujets en numration. Dans ce dernier cas, il s'agit d'une accumulation de noms sans article. Dans la phrase 79, les termes du sujet sont spars par une virgule et la conjonction de coordination et: 79. Bourgeois, coliers et basochiens s'taient mis l'oeuvre (256) Il y a de quoi attirer l'attention dans le sujet de la phrase suivante: 80. Homme, femme, btes, ge, sexe, sant, maladies, tout semblait tre en commun parmi ce peuple. (269)

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Comme on le voit, le sujet est une numration comme le prcdent. Mais entre le sujet et le verbe de la phrase il y a le pronom indfini tout, qui rsume tous les noms numrs. Il fait plus que rsumer les lments du sujet, il rgit le verbe, et puisque ce pronom est au singulier, le verbe aussi est au singulier, ce qui est diffrent de l'exemple prcdent dont le verbe est au pluriel. Nous avons relev aussi des phrases dont les sujets sont des pronoms : 81. Il haussa la voix : - Mademoiselle! Elle ne paraissait pas lentendre (275). 82. Je ne taime pas, mon Phoebus! Je suis toi. Je serai la plus fire et la plus joyeuse des femmes (343).

Inversion du sujet En deuxime lieu, il faudrait noter le comportement du sujet invers et les circonstances dans lesquelles il subit l'inversion. Dans un premier temps, voyons une inversion emphatique: 83. Le grand escalier, dis-je, ruisselait incessamment dans la place V S comme une cascade dans un lac (244) L'intervention de ce dis-je dans la phrase est trs importante. Mais voyons ce qui a prpar cette emphase. A partir de la page 243 Hugo voque combien il y a de monde la grandsalle. Notez les syntagmes et proposition suivants, inter alia: La foule des bourgeois et des bourgeoises; le peuple affluait; la place du palais, encombre de peuple, ... Au dbut de la page 244, lvocation atteint son sommet. L'crivain arrive rendre vive sa description des vnements autour de la grand'salle. Il arrive certainement attirer l'attention du lecteur. Sans

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aucun doute, le bon lecteur ne lira pas le roman sans remarquer cette inversion. De la, on peut dduire que cette inversion emphatique est efficace. Ce qui nous intresse dans les phrases suivantes est la varit des structures dans lesquelles se trouvent les inversions: 84. Au centre du ct oriental de la place, s'levait une lourde et hybride construction forme de trois logis juxtaposs (261) 85. mais dans ses yeux enfoncs clataient une jeunesse extraordinaire, une vie ardente, une passion profonde (262) 86. et de toute cette foule effervescente s'chappait, comme la vapeur de la fournaise, une rumeur aigre, aigu, acre, sifflante, comme les ailes d'un moucheron (257). Sans aller dans tous les dtails des GN des phrases 82 et 83, on peut rsumer la structure des deux phrases en CCL + V + S. Cette inversion est ce qui rsulte lorsqu'on met un circonstant en tte de phrase. Pour ce qui concerne la structure de la phrase 84 elle est plus complique. Un complment circonstanciel de lieu est suivi d'un verbe qui prcde un complment circonstanciel de comparaison construit devant le sujet de la proposition. Aussi faut-il tudier une inversion due peut-tre la prsence d'une proposition incise. Notez bien que l'inversion ne se prsente pas dans la proposition principale mais au niveau de la proposition incise4. 87. Des feux, autour desquels fourmillaient des groupes tranges, y brillaient a et l (269) Avant d'analyser la construction inverse, nous mettons part la proposition principale Des feux y brillaient a et l. Observons maintenant la structure inverse: autour desquels fourmillaient des groupes tranges Comp. cir. de lieu V Sujet invers

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87a. Des feux y brillaient a et l, des groupes tranges fourmillaient autour de ces feux. A partir de l, on peut graduer jusqu' avoir la phrase : 87b. Des groupes tranges fourmillaient autour des feux qui y brillaient a et l. A vrai dire, on ne sait pourquoi Hugo a choisi la structure inverse. Cette question est pertinente tant donn que la structure inverse du texte n'est pas plus conomique que celle qui ne contient pas l'inversion. En plus, pour l'apprenant de langue, la structure non inverse serait plus facile saisir. Mais louons tout de mme le gnie de Hugo et sachons aussi qu'il a crit pour l'lite de son sicle. Encore faut-il voir un autre exemple d'inversion. Ici, il y a trois propositions juxtaposes, chacune comportant un sujet et un verbe inverss: 88. Au del verdoyaient les prs, au del s'enfuyaient les routes, V S V S

le long desquelles tranaient encore quelques maisons de faubourg(283) V S

Il faudrait ajouter le numro qui suit aux cas d'inversion dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Cette fois-ci, rflchissons sur l'inversion dans le discours direct. Certains exemples que nous citons se trouvent dans les grammaires5. Cet exemple est un cas d'inversion dans l'interrogation directe. 89. Ces coquins peuvent-ils continuer leur farce? Demanda le bailli. (255) Notez tout d'abord la complexit de l'interrogation. Notez aussi que la phrase possde deux sujets, un nom et un pronom personnel. Le GN est repris par le pronom personnel invers. Mais faut-il dire que l'inversion est ncessaire pour que la phrase devienne interrogative. Notez enfin que c'est en reprenant le sujet par le pronom personnel que s'effectue l'inversion. D'autres cas d'inversion dans le cadre du discours direct sont les suivants.

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90. Non, non, crirent tous les coliers. A bas le mystre! bas!(255) V S

91. Vous tes le seul, reprit Gringoire, qui ayez convenablement cout la pice (258) V S

Hormis l'inversion dans le discours direct, il sera vu aussi l'inversion dans les phrases commenant par un adverbe ou une location adverbiale6. Dans cet emploi, l'adverbe, mis en tte, prcde le verbe et le sujet. Exemple: 92. a u s s i Adv. se Pron. pers. hta V - t - il de s'approcher du Embr. S

accompagnant le verbe d'inversion feu de joie qui brillait magnifiquement au milieu de la place (261). 93. Aussi Adverbe prsentait - elle un aspect respectable lorsqu'elle V S

arrive en Grve (263). 94. Enfin venait la basoche, avec ses mais couronns de fleurs(264) Adverbe V S

L'exemple suivant est un cas d'inversion du sujet dans une phrase du type impratif: 95. Monseigneur, rpondit Guillaume Rym, contentons-nous d'avoir chapp la moiti de la comdie (255) Avez-vous remarqu que le verbe est au mode impratif, malgr l'absence d'un point d'exclamation. On est soulag que le pronom sujet nous accompagne le verbe. Quelquefois il est absent et lorsque cela arrive, c'est la forme du verbe qui indique la personne du sujet.

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Voyons en plus l'inversion avec un mot interrogatif plac en tte de phrase avant le verbe. Cet emploi se trouve dans Le Bon Usage (p.177). Exemples: 96. comment la trouvez - vous? (258) Adv. interrogatif 97. Qu' Adv. Interro. V S

as-tu dire pour ta dfense? (270) V S

98. Comment la gagnez - vous, votre vie? (374) Adv. Interro. V S

Il est question maintenant d'un seul cas d'inversion complexe dans une tour qui battrait l'imagination du linguiste moderne: 99. ... et sur ce brancard resplendissait, cross, chap, mitr, le nouveau pape des fous, le sonneur de cloches de Notre-Dame, Quasimodo le Bossu (264). Le sujet de la phrase est le nouveau pape des fous. Il est mis en sandwich entre deux sries d'appositions: 1re srie: cross, chap, mitr 2me srie: le sonneur de cloches de Notre-Dame, Quasimodo le Bossu. Le verbe de la proposition est resplendissait, qui prcde la premire srie d'appositions. Il reste savoir si cette inversion est due un souci de mettre en relief le verbe et la premire srie d'appositions. Enfin, traitons l'inversion en formule liturgique. 100. Ainsi soit - il, dit le pote (271). V S

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Cette formule fige est utilise par les prtres la fin des prires. Elle est sans doute emprunte par l'auteur. Normalement, elle suscite l'Amen en choeur des participants la messe ou au culte.

Sujet plusieurs verbes En troisime lieu, il sera tudi le sujet singulier ou pluriel grant plusieurs verbes. A cause de la diversit en construction, les sujets en question seront analyss un un. Pour commencer, nous prsentons un seul sujet indfini, masculin et singulier rgissant quatre verbes pronominaux juxtaposs: 101. Chacun s'arrangea, se posta, se haussa, se groupa (247) S Puis, il y a ce pronom dmonstratif neutre dtermin qui est en fonction de sujet et qui dirige trois verbes juxtaposs : 102. Tout cela allait, venait, criait (269) S A part le complment circonstanciel de lieu qui suit le sujet et les complments d'objet direct qui se trouvent derrire chacun des trois verbes, la phrase ci-aprs est similaire aux deux prcdentes: 103. Coppenole de sa place ordonnait tout, dirigeait tout, arrangeait tout (257) S Mais dans la phrase suivante il s'agit d'un sujet deux verbes coordonns. 104. mais les applaudissements clatrent et couvrirent la morose exclamation (262) S La phrase suivante prsente le mme sujet rpt devant ses trois verbes:

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105. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis S de Perse.(262) S S

Dans la phrase 106 (ci-dessous), il y a ellipse, c'est--dire la non - expression du pronom personnel sujet avant les deuxime et troisime verbes de le phrase. C'est le contraire de ce qui a t fait au numro 105: 106. Il fit un bond jusqu'au prtre, le regarda, et tomba genoux. (264)

A la mme page de Notre-Dame de Paris, on trouve une autre phrase qui se comporte de la mme manire que la phrase 106 . Mais chacun des trois verbes de la phrase est prcd par un complment d'objet indirect et suivi d'un complment d'objet direct. Exemple : 107. Le prtre lui arracha sa tiare, lui brisa sa crosse, lui lacra sa chape de clinquant. (264). Dans la phrase 108 il y a galement ellipse devant les deuxime et troisime verbes. Mais les trois verbes de la phrase possdent chacun un complment. Le premier possde un complment circonstanciel de manire, les deuxime et troisime possdent chacun un complment d'objet direct: 108. Quasimodo reste genoux, baissa la tte et joignit les mains (269) Un dernier exemple avant de terminer cette discussion des sujets plusieurs verbes est celui-ci : 109. Ce n'est plus qu'une masse de vibrations sonores qui se dgage sans cesse des innombrables clochers, qui flotte, ondule, bondit, tourbillonne sur la ville, ...(288)

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Le sujet de la phrase complexe est un nom collectif complment de nom: une masse de vibrations sonores. Le sujet collectif rgit plusieurs verbes conjugus au singulier : une masse ...qui se dgage qui flotte ondule bondit tourbillonne Aprs les deux premiers verbes cesse l'emploi du relatif qui devant les autres verbes. On peut donc parler d'ellipse ou de suppression du relatif. En gros, sur les sujets ayant plusieurs verbes, il faut noter l'absence des conjonctions de coordination dans certains cas (cf. les phrases 101, 102, et 103). L'ellipse du sujet devant les verbes est galement prsent comme dans les phrases 106, 108 et 109.

Reprise ou mise en valeur du sujet En quatrime lieu, il sera question du sujet mis en relief ou prsent de faon le singulariser. Le sujet sera vu galement en emploi emphatique. Les outils permettant ces emplois et les mcanismes permettant la mise en relief feront l'objet de ce sous-titre. Le premier exemple porte sur l'emphase: 110. Ses acteurs, talonns par lui, n'avaient pas discontinu de dbiter sa comdie, et lui n'avait pas discontinu de l'couter (259) On a dans la deuxime proposition de l'exemple un lui naturellement tonique et par l mme emphatique, qui remplace un il qui serait inaccentu dans la mme position. Dans la phrase complexe suivante, c'est la dernire proposition qui nous proccupe.

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111. Il les tenait sans cesse attachs sur la bohmienne, et tandis que la folle jeune fille de seize ans dansait et voltigeait, au plaisir de tous, sa rverie lui, semblait devenir de plus en plus sombre. (262) Dans cette proposition, c'est le syntagme lui que nous considrons. Elle constitue une adjonction au nom noyau sujet sa rverie,; lui est en emploi emphatique, prsent sous forme de ritration. Il est quivalent la sienne qui est un pronom possessif. C'est dans une phrase comme la suivante qu'on sent le plus l'effet d'un lui reprenant le sujet. 112. Mais le pauvre sourd entendait, lui.(369) C'est dans une phrase de ce genre qu'on sait combien la pronominalisation est conomique. Deux choses expliquent l'efficacit de ce pronom: la segmentation, rendue possible par la ponctuation, et l'accent. Aprs l'emphase vient la reprise. A part le groupe nominal sujet, d'autres mots sont employs dans la phrase pour rendre plus clair le sens du sujet. Dans la phrase 113, le sujet est repris avec une prcision du nombre du sujet en termes cardinaux. Notez la postposition de l'lment de reprise: 113. Elles demeuraient toutes deux Reims ... (312) S lment de reprise

La reprise dont on tmoigne dans la phrase 114 a lieu avant le verbe, immdiatement aprs le premier groupe nominal sujet. C'est manifestement un cas mtalinguistique employant un moyen lexique, qui aide certainement la comprhension de la phrase. Il est certain donc que la reprise du premier groupe nominal par un autre sert expliciter le premier. Voil ci-dessous le sujet repris dans un pattern pas compliqu: 114. Malheureusement, tous les brouillons c'tait le public (259) GN1 Prsentatif + GN2

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La structure de l'exemple suivant n'est pas plus complique que la prcdente. 115. Que voulez-vous de moi, mesdamoiselles? Demanda-t-il avec empressement: - Oh! rien, dit Linarde toute confuse: c'est ma voisine Gisquette la Gencienne qui veut vous parler. (249) Notons tout de suite les outils grammaticaux prsentant ou mettant en vedette le sujet: C'est ... qui. La structure est la suivante.

C'est

+

Groupe nominal sujet

+

qui

Outils de prsentation Le GN sujet est prsent entre les deux termes du prsentatif. C'est exactement ce qu'on a dans la premire partie de la phrase suivante, seulement le premier terme du prsentatif est au pass: 116. Seulement ici c'tait Claude qui tait debout et l'oblisque qui tait couch; (363) Pour ce qui concerne la phrase enchasse, le premier terme du prsentatif est effac. Nous prsentons une autre phrase semblable au numro 113 ci-dessus: 117. C'tait le passeur aux vaches qui prenait sa part des rjouissances du jour...(260) Maintenant, nous traitons un exemple avec c'tait ... que comme termes de prsentation: 118. C'tait un gal que ce chaussetier, qui venait de tenir tte monsieur le Cardinal! (254) Le prsentatif encadre un groupe nominal qui n'est pas le sujet de la phrase. Le sujet rel ce chaussetier suit le prsentatif mais le pronom relatif qui vient reprendre le sujet aprs une

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virgule. En fin de compte, on peut dire que les termes de la prsentation du sujet sont c'tait ... que, qui. Quatre exemples mettant en vidence l'emphase et la mise en relief vont clore ce sous-titre. Premier exemple: 119. Cet homme, ce tmraire, c'tait le personnage au front chauve, qui, le moment auparavant, ml au groupe de la bohmienne, avait glac la pauvre fille de ses paroles de menace et de haine. (264) Le groupe nominal sujet qui gre le syntagme verbal avait glac, c'est cet homme auquel est appos le groupe nominal ce tmraire, qui est une sorte d'emphase. Puis, HUGO prsente une description de l'homme l'aide du prsentatif. Deuxime exemple: 120. C'est une greffe qui survient, une sve qui circule, une vgtation qui reprend.(279) Ce qui retient l'intrt dans la prsente phrase, c'est non seulement la beaut de la construction mais aussi la symtrie des trois propositions relatives et le mcanisme d'enchanement. Pour ce qui concerne l'analyse, il y a d'abord le prsentatif c'est utilis une fois, qui encadre avec le relatif qui le sujet de chaque proposition relative. Il est remarquer, en plus que les trois sujets sont fminins et singuliers. Troisime exemple: 121. Elle, non moins ple et non moins statue, elle s'tait peine aperue qu'on lui avait mis en main un lourd cierge de cire jaune allum; (360) Le premier pronom personnel fminin singulier elle, segment, ne rgit aucun verbe. Il est plutt en emploi emphatique. Ce pronom prcde des adjectifs qui lui sont apposs. Aprs vient un autre pronom personnel sujet qui commande un verbe conjugu.

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Dernier exemple: 122. Notre mari vous a-t-il cont le malheur, mademoiselle la Boudraque? (264) Dans cette phrase il s'agit de la reprise du sujet par le pronom personnel il dans l'interrogation directe. Sujet divers lments Il a t vu dans le palier prcdent le sujet mis en relief, repris, ou en emploi emphatique. Mais hormis l'accent mis sur le sujet il peut tre enrichi. C'est ce que nous appelons sujet divers lments. Certains noms noyaux en fonction de sujet se compltent par des complments de nom introduits par diverses prpositions. Il y a mme des sujets dont les sens sont prciss par plus d'un complment de nom. Certaines autres phrases ont pour sujet des propositions entires. D'autres phrases encore ont des sujets qualifis par des pithtes courtes ou longues. Nous commenons par les groupes nominaux sujet complts par un ou plusieurs complments de nom. Les GN complts par des complments de nom introduits par la prposition de viennent en tte. Notez que des barres obliques sparent les noms noyaux de leurs complments.

Exemples: 123. Un clat de rire / de tous les coliers accueillit le nom malencontreux du pelletier fourreur des robes du roi. (246) Le nom noyau de la phrase 123 n'est pas clat. Dans le contexte, on ne veut pas dire un clat de tous les coliers mais un clat de rire de tous les coliers. Smantiquement, c'est un clat de rire qui est acceptable, cela parce que c'est un mot compos. Les quatre monmes font ensemble une unit de sens. 124. L'arrive / des illustres convis ne lui avait nullement fait lcher prise, (254).

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125. La nouveaut / de cette scne singulire excita une telle rumeur de folie et de gaiet (...) que le cardinal ne tarda pas s'en apercevoir; (254) 126. Le brutal monologue / de l'huiss