les_saintes femmes les plus illustres des temps apostoliques

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 SAINTES FEMMES L ES PLUS ILL US TR ES DES TEMPS A POS T OL I QUES QUI I>AR LEUR VrK, PAR LEURS DISCOURS E T LEU RS ACTIONS OU  l'AH LE UR UÉN ÊR KUX MARTYRK O N T REN D U MO IG NA GE A JÉSUS-CHR IST LEURS MONOGRAPHIES SONT PRÉCÉDÉES D E L'HISTOIRE D E L A SAINTE  VIE R GE MÈRE D U CIIhlST Pa r M. l'Abbé MAIS TRE Chanoine  honoraire, Doyen de Dampierrc, au diocèse de Troycs (Aube) ; précé demm ent Profe sseur d'E critur e-Saint e et de n éo lo gie ; — Examina teur gén éral des Conférenc es ecclésiastique s diocésaines, ulc.  La Femme immaculée sera plus estimée que tous les trésors. (EccJi.  X L, -10.) Un grand nombre de femmes  nobles embrassèrent la foi. (Act. xvu. A, -12.)  Plusieurs  saintes femmes sui vaient le Christ et l'assistaient. (S.  Marc, x v , Al.)  Beaucoup de monde croyait en lui, sur le témoignage que rendait la femme convertie. (S. Jean, iv, 59.) Comme les autres Disciples, les '  femmes se laissaient traîner en  prison plutôt que de renoncer  Jésus-Chris t. (A ct . v in , 3.) PARIS F  WATTELIER E T C I E  L IB RA IR ES

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SAINTES FEMMESLES DES PLUS ILLUSTRES TEMPS A P O S T O L I Q U E SQUI

I>AR L E U R VrK, PAR L E U R S DISCOURS E T LEURS ACTIONS OU l'AH L E U R U N R K U X MARTYRK ONT R E N D U TMOIGNAGE A JSUS-CHRIST

L E U R S MONOGRAPHIES

SONT PRCDES

DE

L'HISTOIRE

DEDU

LA

SAINTE

VIERGE

MRE

CIIhlST

Par M. l'Abb MAISTREChanoine honoraire, Doyen de Dampierrc, au diocse de Troycs (Aube) ; prcdemment Professeur d'Ecriture-Sainte et de nologie ; Examinateur gnral des Confrences ecclsiastiques diocsaines, ulc.

La Femme immacule sera plus estime que tous les trsors.(EccJi. X L , -10.)

Un grand nombre de femmes nobles embrassrent la foi. (Act. xvu. A, -12.) Plusieurs saintes femmes suivaient le Christ et l'assistaient. (S. Marc, xv, Al.) Beaucoup de monde croyait en lui, sur le tmoignage que rendait la femme convertie. (S. Jean, iv, 59.) Comme les autres Disciples, les ' femmes se laissaient traner en prison plutt que de renoncer Jsus-Christ. (Act. vin, 3.)

PARISF. WATTELIER19,

ET

C ,

I E

LIBRAIRES19

BUE E SVRES,

1874

Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net Bibliothque Saint Libre 2008. Toute reproduction but non lucratif est autorise.

GRANDE CHMSTOLOGIE

SECONDE

PARTIE

L E S T E M O I N S DU C H R I S TSIXIME CLASSE DE TMOINS

LES

SAINTES

FEMMES

CONTEMPORAINES ET DISCIPLES DU CHRIST ET DES APOTRES.

CHAUMONT. IMPRIMERIE DE C. CA.VANIOL.

A MADAME

HENRIETTE-LISABETH-MA-RIE-JOSPHINE

M . . . DE L A BUSSIRE DE L FERTMADAME ET Tits-cnitE SOEUR,

Le souvenir de votre pit claire m'engage vous offrir comme un public monument de parfaite estime et de respectueux attachement ce nouvel ouvrage concernant les Saintes Femmes, qui furent les contemporaines des Grands Aptres et les Disciples mmes du Messie. J'ai la confiance que vous aurez pour agrable cet hommage, et que, hritire de l'esprit chrtien et de la foi ardente de vos glorieux anctres, vous accepterez volontiers ce Livre crit pour mettre en lumire la gloire de la Souveraine du Ciel et de ses nobles compagnes, composant sa Cour d'honneur. A quelle personne, plus amie de ces premiers Tmoins du Christ, pouvais-je prsenter LES FEMMES ILLUSTBES DE H PRIMITIVE EGLISE? Vous ne pourrez qu'aimer de plus en plus Celles dont vous avez, ds vos jeunes annes, fidlement retrac en en votre vicies beaux exemples. Vous vous rjouirez de voir se rvler au grand jour ces Ames gnreuses et sublimes qui, conjointement avec les Hommes Apostoliques, ont efficacement contribu fonder les premires chrtients de la terre. Si l'excution de l'entreprise est au-dessous de la grandeur du sujet, vous accueillerez nanmoins ces laborieuses investigations, ces trsors antiques de l'Eglise, demeurs longtemps enfouis, mais appels, je l'espre, fructifier abondamment dans ces temps d'universelle anxit, de transformation et de rnovation religieuse, o s'agite notre Socit moderne. Veuillez, je vous prie, agrer, etc. Ce 2 fvrier 1874, jour de la Chandeleur.1

LES SAINTES FEMMESQONTEMI'O HAINES HT M S C I P U S D E J S U S KT D E S APOTRES

La femme peut et doit, comme l'homme, rendre tmoignage la vrit. Si elle n'est pas appele le faire par la voie del prdication ou de l'enseignement public, elle accomplit ce devoir par divers autres moyens : par exemple, par une vie conforme la doctrine da Christ; par un langage constamment chrtien; par une profession publique de la foi; par l'enseignement de famille, et, au besoin, par le tmoignage du sang, lequel parle plus haut que l'loquence mme des grands prdicateurs, et plus efficacement que la sagesse des docteurs et des philosophes. Les femmes illustres et saintes de la primitive Eglise sont au nombre de plusieurs milliers; elles ont, dans leur temps, rendu Jsus-Christ ces diffrentes sortes de tmoignages, et trs-souvent le dernier. Celles dont les noms figurent dans les Annales Ecclsiastiques, Historiques, et, en particulier, dans ces Notices ont t remarquables par leur foi ardente, par

leur force et par leur hrosme surhumains, par les plus pures vertus. L e tmoignage qui rsulte de leur courageux, de leur intrpide dvouemenl, a, consquemmenl, une valeur dmonstrative en faveur de la vrit chrtienne.

La Sainte Vierge, Mre de Jsus, figure la premire la tte des saintes vierges et des saintes femmes du sicle apostolique, comme le Christ apparat la tte de ses Aptres et de tous les saints hommes, ses disciples. Elle prsente au Fils de Dieu tout le sexe qui s'est gnreusement consacr et dvou son service, comme le Christ prsente son Pre cleste l'Eglise, son pouse hien-aime, qu'il s'est acquise au prix de ses souffrances et de son sang. Nous placerons ici le tableau des Femmes Illustres de

l'Evangile, qui furent les tmoins, soit des faits et des circonstances de l'Incarnation, soit de la prdication et des miracles do Jsus-Christ et des Aptres, et qui leur rendirent tmoignage, de vive voix, par leur vie chrtienne, dvouement. par leur

S ANNE Fille de PHANCEL,

l e

S " ANNE

PROPHTBSSl EN ISRAL. MARIE, fille de JACOB, . mre de SALOM, more des AptresS. JACQUES et S. J E A N . S" MA RI 15, de CLOPHAS,

MARIELA VIERGE IMMACULELA GLORIEUSE

. MItK UE LA SAINTE VIERGE.SOB mre de S - ELISABETH, pouse de ZACRARIB, mre du Prcurseur. MARIE S A L O M ,

mre des quatre frres, Jacques, Jude, Simon et Jos, appels LES l'UKKBS DE JiiKIJS. S" SALOM, surnomme ESTIIEK, samr des quatre frres prcdents. SVRONIQUE ou SRAPIIIA, pouse de SIRAC, dignitaire de Jrusalem. S" J E A N N E CHTJSA, pouse de CHUSA, intendant du roi Ilrode. S,E

tllO l'OllSTKTMX.fi' MA R I 15, fille de CLOPHAS. surnomme TIIAMAR, parente de la SAINTE-VIERGE, et sur des quatre frres de Jsus. S" SUZANNE, illustre dame de Jrusalem. (S.Luc, vin, 3.) S'" MIRIAM, comme de la SAINTE-VIERGE, la fiance de Cana.L E S TROIS SUIVANTES de la SAINTE-VIERGE.0

MRE D E DIEUPsaume prophtique X L I V , 12-18 ADDUCENTUR (CHRISTO) R E G I VIRGINES POST EAM (Scilicet,

MARIE DE J R U S A L E M , mre de MARC.

S" B R N I C E ou l'IImorrosse de PEvangile. La vierge RHOD ou ROSE, dont il est parl dans les Actes, xu, 13.La SAINTE MRE

post B .

V . MAHIAM.)

La chtelaine de Blhanie ou S" MARTHE, vierge, sur de LAZARE. La chtelaine de Maerlalum ou S MAGDELEINE, sur des prcdents. S" MARIE D'HLI. (Dans Brentano et dans Cazals. p. 335.)te

des disciples ALEXANDRE etRurus gui travailla beaucoup Rome pour le service de l'Eglise. (Rom. xvi, 13.)Les SAINTES FEMMES D'ISRAL

v 13. Ecoutez, Vierge, ma fille, dit le Roi Prophte, voyez et prtez l'oreille : Oubliez votre peuple (d'Isral) et la maison de votre pre. Donnez-vous au Seigneur. i 14. Alors le Roi (Messie) sera pris de votre beaut spirituelle ; car il est le Seigneur votre Dieu, qu'on adorera : et concupiscet Rex (Christus) decorem tuum ; quoniam ipse est Dominus Deus tuus, et adorabunt eum.

LA

VEUVE

DE NAM,

qui suivaient et pleuraient Jsus montant au Calvaire. S" PTRONILLE, vierge, fille de S. PIERRE. S " MARIANNE, sur de S. PHILIPPE, aptre ; S " EOTYOHIA et S" HERM10NE , prophlesses el thaumaturges, avec leur mre et une autre sur. PROCULA-CLAUDIA, femme de PONTIUS-PILATUS.1

appele MARONI, (Dans certains auteurs ) S" PERPTUE, femme de S. PIERRE, martyre, avec sa mre de Capharnaum.LES SAINTES VIERGES D'EPIISE,

diriges et prsides par MARIE.LES SAINTES FEMMES ET FILLES D'ISRAL,

15. Les filles de Tyr, de toute la Gentilit, viendront vous avec des prsents, et tous les riches du peuple brigueront Venvi votre faveur. t 16. Toute la gloire de cette fille du Roi (c'est--dire du Roi Cleste, car il est le Seigneur notre Dieu) est au dedans; elle est d'une beaut parfaite ; elle est pare de franges d'or, ses vtements sont parsems d'or, sont enrichis de broderies, symbole de ses vertus. v 17. Des Vierges nombreuses seront prsentes au Roi de gloire aprs Bile ; et les compagnes de cette Vierge par excellence, vous seront amenes avec Elle, Roi-Messie ! y 18. Elles seront amenes (avec Elle) au milieu des transports de joie et des chants d'allgresse ; elles seront introduites (avec Elle) dans le palais du Roi Cleste. V 19. 0 Vierge, la place de vos Pres, les anciens Patriarches, des fils vous natront, qui deviendront les Aptres ou les nouveaux Patriarches du Peuple de Dieu ; vous les tablirez Princes sur toute la terre (c'est--dire dans tout l'Univers.) y 20. IU se souviendront de votre nom dans toutes les gnrations, pour en clbrer les louanges. y 21. Et c'est pour cela que les peuples vous'loueront dans tous les sicles et jamais.

exhortes elsanclifies par MARIE, dans la maison de Sion. S" TABITHA, pieuse veuve de Palestine. 8- F L I C U L A , vierge romaine, martyre. S" LYDIA, riche marchande de pourpre, plus riche en vertus et en mrites. S THODORA, illustre dame romaine, martyre. S" BALBINE, vierge et martyre.1

L E S QUATRE FILLES

du diacre S . PHILIPPE, prophlesses. S" CANDIDA, napolitaine, disciple de S . PIERRE. S " PLATJTILLA, femme consulaire, disciple de S . PAUL. S" E X U P K R E , dame chrtienne. S " PRISCILLA. illustre matrone de Rome.

1 " sicle.S"BASILISSA et S" ANASTASIA, nobles dames romaines, martyres, au milieu du premier sicle. Les S'" F L A VIA DOM1TILLA, dames romaines, proches parentes de l'empereur DOMITIUN. S" PIL/EB, diaconesse de l'glise de Cenchre. (Rom. xvi, 1.) S" M A R I E , qui travailla beaucoup Rome pour les Chrtiens, (Rom. xvi.) S" T R Y P H N A , qui travailla Rome pour le service du Seigneur. (Ibid., xu.) S' P E R S I D E , qui se dvoua pareillement au service du Seigneur. (Ibid., xu.) S" J U L I A . (Ibid., xv.)L'ILLUSTRE SOEUR DE S. N R E .

V

sicle.

S THCLA, s vierge et martyre. S' IPHIGNIE, vierge, de race royale, avec deux cents autres vierges, ses compagnes. La noble dame S' APPTA, (t'i episl. ad Vhilemon, v. 2.) S" P R A X D E S et S " PUDE1S TIENNE, nobles vierges romaines, filles du snateur PUDENS, ami et disciple de S. PIERRE. S " PRICILLA, femme CZ'AQUILA, coopraleurde S . PAUL.8

C'est ainsi que le prophte David avait annonc, dix sicles d'avance, que sa noble fille, Marie, la Vierge des Vierges, se prsenterait un jour devant le Messie, le Roi de gloire, accompagne d'un nombreux cortge d'mes fidles, et principalement de Vierges au front anglique, destines tre ternellement les Epouses du Fils de Dieu.

(Rom. xvi. Act. 18. 2-26.) S" TRYPIIOSE, qui travailla Rome pour le service de, l'Eglise. (Ibid., xu.) S" JUSTA, la Cananenne. S" PHOTINA, la Samaritaine,ET SES TROIS SOEURS.

(Ibid., xv.) S" J U S T I N E , vierge et martyre. S'" SABINA et S" SRAPIIIA, martyres sous l'empereur ADRIEN. Etc., etc.

Cette uvre a commenc dans Marie et par Marie. Elle a port d'heureux fruits pendant dix-huit sicles. Elle se poursuit

encore aujourd'hui par Marie avec un progrs plus, clatant que Aprs les Aptres, les autres ouvriers vangliques ont, de sicle en sicle, prsent JsusChrist une infinit d'mes saintes et particulirement de vierges dvoues Dieu, consacres au service du Seigneur. jamais.

S" SYMPITOROSE, avec ses sept fils, martyrs. S CONSTANTIA-BARBA, S POLIXNE, S - E V O D I E , S " ARTADN, S" E U P H M I A , S DOROTHE, une autre S TI1CLE, S" ERASME, vierges martyres. S PRIFCA, noble vierge romaine, martyre. Etc., etc.u K w

Ainsi s'accomplit de plus en plus, dans le cours des ges, l'oracle prophtique du psaume 44 , relatif la grande Reine, la Viergee

par excellence.

Chacun des prands Aptres tt des soixante-douze Disciples a amen Jsus-Christ une multitude de vierges de la Gentilit.

HISTOIREDE LA TUES-SAINTE ET TRS-GLORIEUSE

VIERGEMRED I V I S E E N

MARIEDECINQ

DIEU P O Q U E S

La Naissance miraculeuse de Marie, sa Prsentation au temple, son Mariage S . Joseph, la visite qu'elle fit St e

Elisabeth, pouse du grand-prtre Zacharie; son Enfante-

ment virginal Bethlem, sa Purification, son sjour en Egypte, Nazareth, les diffrents traits de sa vie, son A s somption, sont rapportes sommairement au second Livre de la Christologie et i extenso dans plusieurs histoires particulires de la sainte Vierge, crites par plusieurs auteurs, anciens et modernes. Bien que nous puissions y renvoyer le lecteur, nous prfrons toutefois exposer ici avec leurs preuves, les principaux faits de l'Histoire son1

de la sainte Vierge, parce que Marie est : fils;

Le premier tmoin des miracles et de la divinit de Jsus,

Voyez, dans la Christologie, t. n, c. 5, la tradition primitive, touchant la naissance de Marie, son ducation dam le Temple, sou Mariage avec S. Joseph, sa Virginit et son divin Enfantement, son Voyage on Egypte et son Retour, les circonstances de sa vie pendant les douze premires annes de VEnfance du Sauveur (Ibid. I. m, c. 14); Enfin sa glorieuse Assomption en corps et en me dans les cieux (Ibid., I. ix, c. S ) .

G Le principal instrument dont s'est servi l'Homme-Dieu pour l'uvre de la rdemption du genre humain; La plus fidle observatrice des prceptes et des conseils cvangcliques ; Celle qui a le plus souffert pour Jsus-Christ. Son tmoignage nous a t transmis par la tradition : il explique et confirme admirablement tous les faits cvangcliques. tlle fut consullo par tous les historiographes primitifs du christianisme, et, en particulier, comme on le rapporte, par S . Luc, sur divers dtails de sa famille, de sa descendance de David, sur l'enfance de Jsus, et sur d'autres points, qui concordaient parfaitement avec la tradition orale et scripturale. Nous partageons cette Histoire de la Vierge en cinq poques Figures

principales, de la manire suivante : I poque. Marie dans les Oracles et dans les prophtiques de l'Ancien Testament. I I poque. Conception immacule de Marie. S a nativit. Sa prsentation. Son enfance. Son ducation dans le temple. 111 poque. Marie, depuis l'Annonciation, jusqu' la Passion de Jsus-Christ, et Esprit. IV Ve e e

la descente du Saint-

poque. Marie, aprs l'Ascension de Jsus-Christ. poque, finale et dfinitive Rgne et gloire immor-

telle de Marie dans les cieux et sur la terre.

7

PREMIRE POQUEouMARIE DANS ANNONCE DURANT QUATRE CENTS A N S , l'HOl'IlKTIOUKS

L E S ORACLES DE

ET DANS L'ANCIEN

L E S EIGUIIES TESTAMENT.

Dieu, dans ses desseins ternels, avait prdestin Mario concourir avec le Christ la rdemption du genre humain.

11 avait rsolu d'accomplir par Elle et par son Fils bien-aim, ses volonts misricordieuses l'gard des hommes. C'est pourquoi, ds l'origine, en annonant au monde la dlivrance universelle, il annona en mme temps la Vierge excellente, qui devait tre un jour l'instrument de notre salut. Il la prophtisa, il la figura h l'avance, comme la rconciliatrice du ciel avec la terre, comme la plus noble et la premire de toutes les cratures, commn le plus parfait modelo do saintet qui put tre prsent l'univers, comme le vase le plus clatant de la grce et de la gloire, comme la reine et la souveraine de l'humanit reconquise. La sainte Mre du Messie a donc t l'objet de prophties verbales ou proprement personnelles, ou dites, et de prophties figuratives, symboliques.

I. PROPHTIES VERBALES. Prophties verbales. Aprs la chute primordiale, Dieu, dans le Paradis terrestre, promit nos premiers parents que un jour la Vierge, mre du Librateur, dtruirait du Tentateur, et ruinerait l'uvre partout l'empire du Dmon. Cette

8

solennelle promesse fit natre l'esprance dans le

cur

d'Adam et d'Eve, et les consola dans leur profonde affliction. L'attente de la Femme par excellence, qui devait craser la tte du Serpent-sducteur, fut commune chez toutes les nations de la terre. Mose la consigna au livre do la Gense (I *5.'i0 ans avant Jsus-Christ). Les divers Prophtes, dans le cours des sicles, ont annonc do diverses manires que l'incarnation du Messie serait l'cllcl d'une opration surnalurcllo cl tonte cleste; que la gnration temporelle du Christ ne serait point semblable celle des autres hommes ; qu'une vierge devait l'enfanter par un prodige tout nouveau et tout particulier. Le prophte Isae, vu, 1, reut l'ordre du Seigneur d'aller re nouveler publiquement devant le roi Achaz et sa cour la promesse relative la Vierge prdite, future mre du Dieu Messie. Ecoutez, dit-il, maison de David : Voici que la Vierge (VHalmah) concevra un fils, dont le nom sera Emmanuel, avec nous. qui apparsera du le Prince sera un enfant ne' pour nous, et enfantera Dieu c'est--dire, un

Il ajoute, un peu aprs, que cet Emmanuel, tient la terre de Juda, appel l'Admirable, sicle futur, jamais. Ainsi, Yllalmah, du Dieu avec nous. le Dieu fort et puissant,

et qu'il s'assira sur le trne de David tout n irapSsvos (selon les Septante), c'est-Roi-Messie,

dire la jeune Vierge prdite, sera la mre mme du

2 . L e mme Isae, dpeint plus loin le Messie que les nations attendent, sur lequel se reposera Y Esprit du Seigneur, qui du glaive de sa parole frappera le Dmon, l'Impie par excellence, et qui fera rgner sur la terre la paix universelle; puis il dit, en parlant de son extraction temporelle : Il sortira un rejeton de la racine de Jess, s'lvera une fleur. Suivant l'interprtation gnrale des Pres, la racine, c'est et sur sa tige

9 Jess, chef de la race de David ; le rejeton, c'est Marie ; et la fleur que produira la Vierge Marie, c'est le Christ, sauveur des peuples. 3 . Au chap. 53, v. 2, le mme Prophte dit en parant de la virginit de la Mre du Messie : Il s'lvera (le Messie), comme un jeune arbrisseau qui sort d'une (erre strile. La virginit do sa Mro est annonco par ces paroles, disent les docteurs. Sa Mre est justement compare pour sa virginit une terre strile, improductive par elle-mme, mais qui cependant produira le Juste par excellence, parce qu'elle sera fconde par une rose cleste, miraculeuse. 4. Voil pourquoi les patriarches, sachant que ce Juste devait natre miraculeusement de la Vierge, s'criaient : Cieux, distillez d'en haut votre rose, et que les nues fassent descendre le Juste; le Sauveur, Seigneur germinet que la terre,qui est par elle-mme Salvatorem... nubes pluant Jusstrile, s'ouvre sous cette influence d'en Haut, et qu'elle germe turn; et que la Justice naisse en mme temps; c'est moi le

qui l'ai cr, ce Sauveur. Les anciens, comme

on le voit, connaissaient que la semence ou le germe qui devait produire le Sauveur, descendrait d'en Haut sur la terre. Si le Messie eut d natre, non par l'opration du SaintEsprit, mais par un commerce humain, ils n'eussent pas demand que le Juste-Sauveur descendt du ciel, ni que les nues et que l'ombre du Trs-Haut l'apportassent la terre. Ils rendaient hommage au trs-pur et trs-sublime mystre de l'incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge prdite. 5. David, au psaume 74 , v. 6-7, exprimait la mme attente, lorsque 300 ans auparavant, il disait : Le Roi (Messie) qui apportera la paix et la justice nations, celui qui durera autant que le soleil, avant la lune, dans les sicles des sicles, descendra aux cl qui existe commee

une pluie sur une toison, et comme une rose qui descend

10 sur la terre; descendet sicut pluvia in vellus, et sicui licidia stillantia stil-

super terram. Ainsi, le Messie devra des-

cendre d'en Haut, comme une douce rose qui fcondera le lieu o elle descendra. Sa naissance sera l'uvre du TrsHaut, et non point l'uvre de l'homme terrestre. 6. C'est dans le mme sens que s'entendent communment ces paroles du Psaume '109 : Ex utero ante te parviendra de mon sein avant l'toile du matin. Les Prophtes admiraient, adoraient longtemps d'avance le mystre de la conception du Messie dans le sein de la Vierge; ils le contemplaient comme un prodige nouveau, e x traordinaire. L e Seigneur, dit Jrmie, x x x i , 22, crera un son sein l'Homme par excellence, le tout puissant. l'incarnation crature prodige dans nouveau sur la terre : La femme par excellence portera Luciferum tibi ros nativitatis : c'est--dire la rose de la naissance

Nos Pres, dit M . Drach, les Hbreux qui vivaient avant du fils de Dieu, attendaient un Messie qui, devait venir d'ailleurs que les autres nouvelle,

hommes. Sans pre sur la terre, il devait tre la rose qui descend d'en haut. Une femme, unique, que les rabbins appellent nouveau, et demeurer elle-mme la Mre cleste, devait l'envelopper par un miracle dans ses chastes entrailles,

pure et intacte, jusqu' sa bienheureuse mort, comme le mem ferm qui (commence et) termine son nom. 7. On entend communment de la Vierge Marie, les paroles suivantes du Cantique des Cantiques1

: naissante, pi?gre-

Quelle est celle qui s'avance comme l'aurore comme une arme en bataille? Quce est isla qum

belle comme la lune, clatante comme le soleil, et formidable dilur quasi aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut\castrorum acies ordinala !' Cantic., v, a.

l l -

On attribue ces paroles aux Anges et aux Puissances clestes. Ces princes du ciel, en voyant dans la lumire prophtique et divine, la Vierge Marie paratre dans le monde, furent ravis de l'clat qu'elle jetait au milieu des tnbres dont tait couverte la surface de la terre. Frapps des rayons de grce dont clic tait environne, ils la compareront l'auroro resplendissant, la lune remarquable par sa blancheur, an soleil distingu par sa splendeur. Etonnes de la grandeur de ses destines et de la magnifique puissance dont elle disposerait un jour, ils la considrrent comme une arme range en bataille, et formidable aux Puissances Infernales. Les esprits clestes prouvrent des transports de jo'ie, lorsqu'ils connurent parla, que l'empire des tnbres allait tre dtruit, et que l'instrument de cetle grande merveille serait une fille d'Adam, qui non-sculcmcnt naissait sans la tache originelle, mais qui effaait toutes les cratures par sa saintet et parles autres grces dont elle tait orne. Ils offrirent Dieu leurs actions de grces, et rendirent un tribut de louanges la nouvelle humain. Eve que le Tout-Puissant accordait au genre

II. PROPHTIES

F I G U R A T I V E S , PERSONNELLES.

Si Noire-Seigneur Jsus-Chris'l a t prophtiquement prfigur par les Patriarches et les Prophtes, sa sainte Mre, la vierge Marie, l'a t semblablement par quelques saintes femmes des sicles anciens. Ces figures prophtiques peuvent tre prsentes comme preuves, parce qu'elles sont des prophties d'une certitude absolue. Marie s'est trouve reprsente en partie dans celles qui regardent le Messie ; elle l'est, de plus, dans plusieurs autres qui la concernent tout spcialement et personnellement. Nous les examinerons succinctement.

12

4. Eve est la figure inverse de la sainte

Vierge.

Nous tablirons ici, l'exemple de S . Paul, un parallle d'opposition entre l'Ancienne Eve et la Nouvelle E v e , comme il a t tabli par l'Aptre entre Adam et Jsus-Christ, le nouvel Adam. L'ouvrage do notre corruption commence ' par E v o ; l'ouvrage de la Rparation par Marie. La parole de mort est porte Eve ; la parole de vie la sainte Vierge. Eve tait vierge encore, et Marie tait vierge. Eve, encore vierge, avait son poux, et Marie, la Vierge des vierges, avait son poux. L a maldiction est donne Eve, la bndiction Marie : vous tes bnie entre toutes les femmes 1 Un ange des tnbres s'adresse Eve ; un ange de lumire parle Marie. L'Ange des tnbres veut lever Eve une fausse grandeur, en lui faisant affecter la divinit: vous serez comme des dieux 1 lui dit-il ; l'Ange de lumire tablit Marie dans la vritable grandeur par une sainte socit avec Dieu : Le Seigneur avec vous I lui dit Gabriel. L'Ange des tnbres, parlant Eve, lui inspire un dessein de rbellion : Pourquoi est-ce que dieu vous a dfendu de manger de ce fruit si beau ? L'Ange de lumire parlant Marie, lui persuade l'obissance : N e craignez point, lui-dil il, et : Rien n'est impossible Dieu. Eve croit au Serpent, et Marie l'Ange : De cette sorte, dit Tertullien une foi pieuse efface la cause d'une tm raire crdulit, et Marie rpare en croyant en Dieu, ce qu'Eve a ruin en croyant au diable. ' Tort., de Carne Clirisli, n. 17.

est

Marie,

13

Enfin, pour achever le mystre, Eve, sduite par le dmon, est contrainte de fuir devant la face de Dieu ; Marie, instruite par l'Ange, est rendue digne de porter Dieu. Eve, nous avant prsent le fruit de mort, Marie nous prsente le fruit de yie, afiD, dit S. Irne ft l'avocate de la vierge E v e . S . Chrysostme m e t en opposition Adam avec Jsus-Christ, Eve avec Mario, le Serpent avec Gabriel : Mors per Adam, vita per Cliristum ; vam Serpens se duxit, Maria Gabrieli consentit ; sed seductio Evac atlulit mortem, consensus Mariai peperit Saculo Salvatorem. R e s tauratur per Mariam, quod per Evam perierat: per Christum redimitur, quod per Adam fuerat caplivatum ; per Gabrie lem promittitur, quod per Diabolum fuerat desperatum. Le mme S . Docteur, dans l'homlie de Incrnatione, p. 422, dcouvre un rapport qui rhabilite la femme et l'lve l'gal de l'homme : . Dans l'origine, dit-il, le Verbe a form Adam d'une terre vierge, et d'Adam il a form la femme sans femme. De mme qu'Adam a produit la femme sans femme, de mme aujourd'hui la Vierge a enfant l'Homme par excellence sans homme. Comme donc l'espce fminine tait redevable d'une grce aux hommes, parce qu'Adam avait produit la femme sans la participation d'aucune femme : C'est pour cela qu'aujourd'hui une vierge enfante sans avoir eu commerce avec aucun homme, payant pour Eve aux hommes la dette de son espce. Car, afin qu'Adam ne s'enorgueillisse pas d'avoir produit seul une femme, la Vierge seule enfante un homme, pour montrer par un mme prodige que son espce jouit du mme privilge. Dieu a priv Adam d'une cte sans faire tort Adam ; ainsi il s'est form un temple vivant dans le sein d'une Vierge sanss

que la Vierge Marie

S. lrn., adv. hier., I. v, c. 19. Bossuet, Sermon.8 N

. Clirys., iwm. de interdiclione Arboris, 1.1.

14

porter atteinte sa virginit. Adam est rest sain et entier mme aprs qu'on l'eut priv d'une cte; la Vierge est reste pure et chaste mme aprs avoir mis au monde un enfant. Aux rapports qui prcdent, ajoutons les suivants : Le mauvais ange, dit le vnrable Bdc, vint Eve pour perdre par elle le genre humain ; l'ange Gabriel vint Marie pour sauver par elle le monde. Kvc, encore vierge, a dtach la mort du bois, et, l'unissant son sang, elle a transmis, aussi bien que son poux, le principe mortel toute sa prosprit. Une autre Eve viendra, galement vierge, qui, tirant de son propre sang le salut des hommes, l'attachera au bois, et toute sa race adoplive y puisera la vie. La femme a commenc le pch, et son sexe dut se courber sous un nouvel anathme ; au bannissement du paradis terrestre se joignit pour elle une continuelle humiliation dans l'ordre de la socit. Mais, lorsque dans la plnitude des temps, la nouvelle Eve aura donn la terre Y Agneau sans tache qui efface les pchs du monde, la femme, runie la communion des Saints, sera rtablie dans la plnitude de ses droits comme compagne de l'homme. Les enfants de l'glise du Rdempteur, tous membres de Jsus-Christ au mme titre, ne serontplusdistingus en hommes-matres et en femmes esclaves. Non est masculus, ncque fmina; omnes enim unum eslis in Christo Jesu. (GA.L. m . 2 8 ) . Eve fut appele la mre des vivants, c'est--dire de ceux qui vivent de la vie temporelle et mortelle, de celle vie corporelle et corruptible (GEN. m . 20) ; Marie a t nomme la nouvelle mre des vivants, c'est--dire, de tous ceux qui possdent la vie surnaturelle de la grce, le principe de la glorieuse immortalit de l'me. (S. Jean x i x , 27). La guerre du Serpent contre les deux mres du genre humain prsente pareillement un contraste remarquable. L'inimiti qui a t mise entre le serpent et la femme, entre la race du serpent cl celle d'Eve, provient d'une horreur toute

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naturelle, qui porte l'homme har et craser ce funeste animal, et le serpent se venger de l'homme par les piges adroits qu'il tend son implacable ennemi. (GEN. m . 15). Aux justes de l'ancienne loi, il est dit : Vous foulerez aux pieds [le serpent) l'aspic et le basilic, vous broyerez le lion et le dragon : Super aspidem et basiliscum ambulabis, et conculcabis leoncm et draconem (Ps. 9 0 ) . Jpsa content caput luum : Elle et sa race te briseront la t$tc. Mais dans celle guerre naturelle du serpent contre la femme et sa race, tait prophtiquement prfigure une autre lutte spirituelle, plus formidable, la guerre de Satan contre Marie, la nouvelle Eve et ses enfants. L'inimiti ternelle qui existe entre Satan, ses anges des tnbres, et tous les impies, ses enfants, d'une part ; et Marie, son fils Jsus-Christ, et tous les fidles, ses enfants, d'autre part, consiste dans une haine surnaturelle, dans une lutte acharne, incessante; force du ct de Marie et de ses enfants, qui renverse le rgne de Satan ; et piges, ruse et mensonges, du ct du dmon et de sa race,- qui tendent tuer les mes des fidles par le secret poison de l'erreur et du pch. Aux enfants de Marie et du Christ il a t dit : Je vous ai donne' le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l'Ennemi; rien ne pourra vous nuire... tes, et super scorpiones, sub pedibus vestris1

et

Les esprits impurs vous seront inimici. Satanam

soumis : Ecce dedi vobis potcslatm calcandi super serpenet super omnem virtulem ( S . L u c , x . 1 9 ; et Rom. xvi. 20) : Deus conterai !

Qu'on ne soit pas tent avec les incrdules du dernier sicle et notamment avec Dupuis, de ne voir dans cette inimiti de la femme contre le serpent, qu'une antipathie naturelle, et dans le reste du rcit qu'une fable purile ; les prtendus philosophes ont commis ici une lourde erreur. L e dmon est manifeste1

Ita, S. Epiph., heodorel, S. Aug., ltuperl, Bede, etc.

-

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ment figure sous le nom du serpent. On le sait: naturellement un serpent n'et point parl Eve pour la tromper. Cet animal rus, dont parle la Gense, n'est donc pas autre que Satan, qui sans cesse dresse des piges l'homme. C'est ce mme Satan qui tenta J o b par de si rudes preuves, et que ce saint homme appelle le Serpent ou la Couleuvre Job le nomme encore Y Orgueilleux!

tortueuse,

chasse

du paradis par la main de Dieu, vers l'poque do la cration. frapp par la Sagesse de Dieu (ou le Verbe de Dieu). Or, ce dmon, dguis sous le nom et sous la forme du serpent, n'a point vu sa force brise, ni son empire renvers, qu'au temps o la Vierge, la femme par excellence, eut enfant le Sauveur. Ce fut alors seulement que sa tte a t crase, sa puissance enchane, son culte dtruit, lui-mme et ses anges impurs, chasss dehors. Ds lors, les possessions devinrent plus rares, les magiciens et les oracles des fausses divinits gardrent le silence, et, ce qui est plus considrable, la porte do la foi et du salut fut ouverte tous les peuples du monde. Les nations furent tires des tnbres et des chanes de Satan, o elles avaient t jetes parla faute d'Adam et par la jalousie du dmon cach sous la forme du Serpent. L'Ancien Testament le dclare expressment. C'est par l'envie du diable que la mort est entre dans le monde . C'est donc du jour et par suite de la tentation de nos premiers parents par le dmon, quo la mort atteignit Adam et Eve et toute leur postrit. Donc, la blessure capitale, que, selon la promesse divine (Gcn. m , 15), la femme devait porter au Serpent, signifie bien autre chose que l'extermination naturelle de ce reptile. Elle figure et prophtise la victoire importante de la Vierge sur Satan et la guerre interminable de cet esprit immonde contre les enfants du Christ et de la Vierge. L'histoire de ce combat est dcrite aux x u et x m chapitres de l ' A e e J

' Job, xxvi, 13.1

Sap., H, 24.

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pocalypse. On y voit la Femme par excellence, devant laquelle se tient le grand dragon. Combattu et vaincu par Michel et ses anges, puis chass, ce dragon, cet ancien Serpent qui s'appelle Diable, et Satan, poursuit qui sduit tout l'univers, est prcipit sur des nations, la terre et tous ses anges avec lui. S e voyant exclu du ciel, il la femme qui a enfant le Dominateur v. 5., vomit contre elle les flots de sa rage; la femme se drobe sa colre, et alors le dragon irrit va faire la guerre ses autres enfants qui gardent les commandements de Dieu et qui confessent Jsus-Christ: Iratus in mulicrem, cere pmlium pent. Mais la Mre des fidles, des vritables vivants, n'abandonne point ses eufants dans la lutte qu'ils ont soutenir contre le dmon. Aprs avoir dtruit le pch originel par son fils, elle continue de combattre Satan, elle renverse ses efforts, djoue ses projets, confond surtout les hrsies qui sont comme les ttes du Serpent infernal. C'est parce qu'Elle est de la sorte Irs-fatale au dnaon, que l'glise aime lui appliquer ces paroles prophtiques du cantique des cantiques, vi, 3 : Vous tes redoutable comme une arme range en bataille cim reliquis de semine ejus, qui abiit facustodiunt

Mandata Dei. Evidemment le dmon est figur dans le ser-

2 . Nomi, figure de Marie,

mre des

douleurs.

Ruth la Moabite, Ruth l'idoltre, qui ne veut plus se sparer de Nomi, la mre de son poux dfunt, est une figure remarquable de l'Eglise chrtienne, qui, compose de la Gentilit, a renonc l'idoltrie, pour s'attacher insparablement au Messie, son chef et son poux cleste. De son ct, Nomi,1

c'est--dire,

la belle, la pleine de

On peut voir plusieurs autres rapports 'figuratifs dans le Livre des ligures prophtiques, dans celle d'Adam et de Jsus-Christ. 2

18

grce, la mre de l'poux bien-aim, la mre adoptive de Ruth la Moabite, de l'Etrangre, pouse de son fils ; Nomi, l'afflige, la femme abreuve d'amertume, l'occasion de la mort de son fils chri, Nomi, vers qui se rfugie l'idoltre convertie, l'pouse de son fils, c'est Marie, la vierge pleine do beaut et de grce, la mre de Jsus-Christ, l'poux des mes ; c'est Marie, la mre adoptive de tous les fidles, de tous les Gentils convertis Jsus-Christ; c'est Marie, qui, lors do la mort de son Fils, fut abreuve de douleurs amres ; c'est notre mre, pleine de tendresse, vers qui se rfugient toutes les mes fidles, sorties de la Gentilil. , Nomi, l'illustre aeule du Christ, retournant dans son pays, aprs avoir perdu son mari et ses fils, disait aux femmes de Bethlem : Ne m'appelez plus Nomi, c'est- dire la Belle ; mais appelez-moi Mara, c'est--dire Amre, parce que le ToutPuissant m'inonde d'angoisses. Marie peut dire semblablement : Ne m'appelez plus matresse, DOMINAM, ni mre du S e i gneur ; mais appelez-moi mre des douleurs'

3. Marie,

sur de Mose, figure de la sainte

Vierge.

Marie, sur de Mose, est galement un type d'une ressemblance frappante. M o s e , le Rdempteur de l'ancien Peuple, tait expos sur les eaux du Nil, et devait prir, par les ordres d'un roi que la crainte de perdre son trne rendait ombrageux et cruel. Marie, la sur du futur Sauveur d'Isral, fut assez prudente et assez courageuse, pour le soustraire la fureur du tyran. O r , une autre vierge Marie, presque du mme ge, saura un jour soustraire pareillement le futur Rdempteur des hommes au glaive d'un autre tyran nomme Hrode, galement ombrageux et barbare, galement inquiet pour son trne. Les deux rdempteurs devront leur salut, le premier

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Marie, fille d'Amram et de Jocabeth ; le second, Marie, fille de Joachim et d'Anne. Plus tard, la sur de Mose, devenue la compagne de ce frre bien-aim, runira autour d'elle les filles d'Isral, et chantera un magnifique cantique la gloire de Dieu et en actions do grces pour la rdemption de son peuple ; ollo mritera aussi le beau titre de Prophctesse, et reprsentera par l la vritable Marie, mre du Sauveur, prononant devant le grand-prtre Zachario le cantique prophtique du Magnificat, et plus tard accompagnant le Rdempteur dans ses courses vangliques. Toutefois, l'ombre demeurera, ici comme ailleurs, de beaucoup infrieure la ralit. 4 . Dbora et Jahel, figures de la Vierge

rdemptrice. Dbora a t choisie par Dieu pour tirer son peuple de la servitude de Chanaan. A cette occasion, elle composa un chant triomphal, un chant d'actions de grces, qui rappelle celui de Marie, mre du Messie. Jahel, pouse de Habert-le-Cinen, tua Sisara, gnral des armes de Jabin, roi de Chanaan, et ennemi dclar du peuple de Dieu. Cette courageuse femme brisa la tte de ce chef des ennemis d'Isral, et dlivra ainsi sa patrie. Sisara figurait l'antique Serpent qui sans cesse se dchanait contre les serviteurs de Dieu, et dont un jour la tte devait tre brise par la Nouvelle E v e . Or, Marie, par le moyen de Jsus, son fils, a bris la tte de cet irrconciliable Ennemi, et a, par ce grand coup, dlivre le genre humain. Dans son cantique, la prophtesse Dbora dit Jahel : Benedicta inter mulieres Jahel, uxor Haber Cinmi .'1

Elle la proclame bnie entre toutes les femmes.1

Judic, iv, v.

20 L a prophlesse sainte Elisabeth adresse les mmes flicitations Marie, pouse de Joseph : Benedita tu in mulieribus! 5 . Anne, mre de Samuel, mre de Jsus. figure de Marie,

Anne tait strile, cl elle conut miraculeusement. Marie tait vierge, et elle conut par la miraculeuse opration du Saint-Esprit. Anne devint mre de Samuel, le Nazaren, le Prophte fidle, consacr Dieu avant sa naissance ; de Samuel, le Restaurateur du culte et de la nation; le tuteur des rois, le fondateur des dynasties en Isral, le Juste par excellence de son sicle, et par l mme l'Image prophtique du Messie Jsus. Anne prsenta au Seigneur parles mains du grand prtre Hcli son fils unique, Samuel, le huitime jour aprs sa naiss a n c e ; Marie, le huitime jour aprs la naissance de son Fils unique, le prsenta Dieu par les mains du grand-prtre Simon. Le. fils d'Anne fut prophte, roi et pontife. Jsus, fils de Marie, est le Prophte, le Roi, et le Pontife par excellence. Samuel n'tait pas de la famille sacerdotale, il n'avait pas mme de gnalogie ; de cette manire, il reprsentait JsusChrist, qui tait, non pas de la famille d'Aaron, mais de la tribu de Juda, et qui se trouvait sans gnalogie temporelle. La mre de Jsus a prononc en action de grces le cantique Magnificat ; la mre de Samuel avait chant d'avance, aussi en actions de grces, un hymne qui contient les mmes penses et les mmes sentiments. 1. Mon cur, s'cria-t-elle, a tressailli d'allgresse dans le Seigneur et le Seigneur a relev ma gloire. Ma bouche s'est

21

ouverte pour rpondre mes ennemis, parce que j'ai sujet de me rjouir dans votre salut, mon Dieu ! 2 . Nul n'est Saint, 3. Cessez comme l'est le Seigneur, nul n'est semblable Vous, et nul n'est puissant cessez votre ancien toute connaissance, force. 5. Ceux qui taient auparavant de la faim ont t rassasis. mre de beaucoup d'enfants, s'est trouve seule. 6. Le Seigneur 7. Le Seigneur lve. 8 . Il tire, quand il veut, le pauvre de la poussire et l'indigent du fumier pour le faire asseoir parmi tiennent les fondements sur eux le monde. 9. Il guidera les pas de ses Saints ; et les impies seront rduits au silence dans leurs tnbres, parce que avec toute sa force, ne sera que faiblesse devant lui. 1 0 . Les ennemis du Seigneur nera sur eux du haut des deux. qu'aux nues l'empire de son trembleront, lorsqu'il tonLe Seigneur jugera toute la l'homme, les princes et qu'apparlui donner un trne de gloire. C'est au Seigneur te et donne la vie, quand il lui plat ; il conduit au tombeau et il en retire. fait le pauvre et le riche ; il abaisse et il combls de biens, se sont faits esclaves pour avoir du pain, et ceux qui taient presss Celle qui tait strile est devenue et la mre de beaucoup d'enfants langage; comme notre Dieu. de

de vous glorifier avec des paroles le Seigneur

insolentes :

est le Dieu

il pntre les penses les plus secrtes.

i . L'arc des forts a cl bris et les faibles ont t arms de

de la terre, et c'est lui qui a pos

terre, il fera rgner celui qu'il a tabli roi, cl il lvera jusChrist. Il est facile de remarquer les rapports de similitude prophtique qui existent entre les deux cantiques d'Anne et de Marie prononcs pour exprimer leurs sentiments de gratitude et d'allgresse, l'occasion de leur maternit surnaturelle. On

22 voit que Anne (dont le nom veut dire Grce), tait, en effet, pleine de grce, comme la mre de Jsus. 6. Judith, Judith figure de Marie, triomphatrice du Dmon.

tait une veuve distingue par sa naissance et sa

beaut, et plus encore par ses vertus et sa pit. Elle vivait dans l'humilit, dans la chastet, dans la simplicit. Ce fut elle quo Dieu choisit pour dlivrer son peuple. Elle accomplit cette mission en coupant la tte Holopherne, gnral de la formidable arme des Chaldens, et dont le dessein, aprs avoir dj subjugu quantit de rois, tait de soumettre son empire tout l'univers. Judith se dvoua pour sauver le peuple de Dieu et le venger de son Ennemi. Lorsqu'elle apparut devant Isral, portant dans ses mains le monument de sa victoire, tous, d'une commune voix, la bnissaient, en disant Vous tes la gloire de Jrusalem, est une action hroque, serez bnie ternellement. vous tes la joie1

:

d'Ismle vous

ral, vous tes la gloire de notre peuple l car votre action votre cur s'est anim d'un C'est pourquoi courage, et vous avez aim la chastet...

Alors Judith chanta au Seigneur un cantique de reconnaissance, pour le remercier de cette victoire. Marie, issue de la royale famille de David, tait orne de toutes les vertus. Elle fut lue de Dieu pour craser la tte de l'Ennemi des hommes, de ce Dragon infernal, qui exerait son empire sur presque toutes les nations. Arme de la puissance et de la grce du Christ, son fils, elle a dlivr le genre humain, le nouveau peuple de Dieu, de la tyn^nique domination de Satan. C'est pourquoi l'Eglise la reprsente foulant ses pieds la tte du Serpent, et adresse notre nouvelle et vritable Judith ces paroles : Tu gloria Jrusalem, Isral, tu honorificentia1

tu Imlitia

populinostril

Judith., xv, 10,11.

23 7. Esther, figure de Marie, triomphatrice Dans une vision du Dmon.

Mardoche contempla Esther sous l'emgrand aprs

blme d'une petite fontaine qui devint ensuite un fleuve, et fconda la terre de ses eaux abondantes,

avoir dissipe la tempte formidable qui menaait la nation. L'histoire prophtique de Marie renferme- une figure peu prs semblable *. Esther, cetle vierge ravissante de beaut, trouva grce aux yeux du roi ssuerus, et, lorsque l'impie Aman voulait excuter le dessein qu'il avait form d'exterminer la nation sainte, elle intercda auprs du roi, obtint la rvocation de l'dit de mort, et fit attacher Aman au gibet, destin au juste Mardoche. C'est ainsi qu'elle employa son titre de reine pour procurer le salut de son peuple. La divine Marie avait trouv grce devant le Seigneur, qui se nomme le Roi des rois : invenisti minum. enim gratiam apud DoElle lui offrit ses prires pour nous ; elle mrita de

faire rvoquer la sentence de condamnation porte contre tous les enfants d'Adam, el en mme temps de faire enchaner pour toujours notre mortel ennemi au gibet de la Croix , o a t momentanment attach Jsus-Christ, son fils. Mardoche n'a pas t attach rellement la Croix, parce qu'il n'tait que la figure. Mais Jsus-Christ a t crucifi rellement, parce qu'il tait la ralit. Pour bien entendre le sens figuratif de cet vnement, il faut se rappeler que JsusChrist, ayant revtu l'image de l'homme de pch, dinem camis peccati, similituc'est cet homme de pch qui a t

attach la Croix pour que le pch fut dtruit. Et, en ralit, c'est Satan, notre Ennemi, qui a t enchan et bris par la Croix, sur laquelle il avait voulu faire prir le Fils de Marie.1

Esth. xi, 10.

" iv, Reg. xviii, -42.

24

En effet, dit S . Paul, lorsque vous tiez morts dans vos pchs, Jsus-Christ tait contraire, vous a fait revivre avec lui, en vous parnous il a entirement la croix, aboli le dcret de affigens illud en triomphe, condamnaCruci. Et des la face de c'est-donnant tous vos pchs : Il a effac la cdule qui tion en l'attachant

ayant par l dsarm les Principauts Enfers, // les n menes hautement

et les Puissances

tout le monde, aprs les avoir vaincues en lui-mme, dire par le triomphe de la Croix

I I I . S Y M B O L E S ou M Y S T R E S F I G U R A T I F S PROPHTIQUES. 1. Le Buisson ardent, figure de la virginit de Marie.

L e peuple d'Isral supportait, depuis quatre sicles, le joug de la dure servitude d'Egypte. Dieu suscita enfin un rdempteur dans la personne de Mose. Pendant que celui-ci paissait son troupeau sur le mont Horeb, le Seigneur lui apparut au milieu d'un buisson tout enflamm, qui ne se consumait point. A cette vue, Mose s'cria : Je vais voir cette grande merveille, comment il se fait que le buisson ardent. Or, l'appela dit : Mose, n'allez sainte. Je suis, pas plus loin; tez la chaussure de vos pieds, parce que le lieu sur lequel vous marchez est une terre ajouta-t-il, le Dieu de votre pre, le Dieu Jacob. d'Abraham, gards vers le1

ne se consume le voyant du buisson

point

au milieu pour

du

feu

le Seigneur, du milieu

approcher

regarder,

o il se manifestait, et lui

le Dieu d'Isaac, le Dieu de Seigneur.

Alors Mose se voila le visage, n osant plus porter ses re-

Coloss., ii, 13-18.

Suivant le sentiment commun des anciens Pres de l'Eglise, et mme des Docteurs de la Synagogue , le Seigneur qui se manifesta alors au milieu de ce Buisson, qui brlait sans se consumer, sans subir aucune altration, sans prouver aucune fltrissure ni de ses feuilles ni de ses fleurs, est le Verbe ternel, le chef et le conducteur cleste d'Isral, le mme qui devait un jour, dans le liul. de se manifester ostensiblement Isral, s'incarner dans le sein d'une Vierge, ilcvenuo mre sans prouver aucune fltrissure, en demeurant intacte et immacule, et en conservant intgralement sa virginit. Cette prophtie, cette Qgnre clatante de la virginit de Marie, l'Eglise catholique la chante solennellement dans les termes suivants : Rubum agnovimus quem viderat Moyses incombustum, conservalam tuam laudabilem virginitalem, sancta Dci geni1

trix. Dans le Buisson trable virginit,

que Mose avait vu brler sans se \

consumer, nous avons reconnu la conservation de votre inalsainte Mre de Dieu

2. La verge d'Aaron, virginit

autre figure prophtique de la fconde de Marie.

Au livre des Nombres, c. 17, il est rapport que de toutes les verges des enfants d'Isral, celle d'Aaron fut la seule qui fleurit et produisit des branches. La verge d'Aaron ayant pouss des boutons, il en tait sorti des fleurs, d'o, aprs que ,les feuilles s'taient ouvertes, il s'tait form des amandes. S. Justin, Kpol., 2; Euseb., Hist., t. I , c. 2 ; S. Hilaire, de Trin., t. IV et v; S. Basil., Contra Eunom., 1.1 et n; Theodor., 9, 5, in Exod.; Midrasch Rabba ; 2 Lettre de M. Drach, p. 168 et Harmonie entre l'Eglise et la Synag.; le protestant Michalis pense de mme. Voyez aussi Rupert, S. Greg. de Nysse, Orat., deJ.-C. Nativ.; S. Bern., in c. xu, Apoc; Corn, a Lapide, in h. locum; S. Lo, de Naliv. Christi, etc. Brev. Rom., et sacra Liturgia, in circum. Dni.1 1

26 Sans avoir reu aucun suc extrieur de la terre, par la seule puissance de Dieu, la verge d'Aaron a fleuri : elle a produit son fruit, agrable et salutaire, sans racine, sans semence, contrairement toutes les lois ordinaires de la nature. Ce beau fruit a t form dans un bois strile et aride, et il est n par la seule opration du Tout-Puissant. N'est-ce pas l, videmment, le Christ, cet excellent fruit do l'humanit, qui nat d'une Vierge par la seule vertu du Trs-Haut ? La Vierge Marie n'est-elle pas cette verge mystrieuse d'Aaron? Elle est devenue mre de l'Homme-Dieu, sans aucune alliance humaine, contrairement toutes les lois ordinaires de la nature. Que si les Juifs nous demandent : comment cela a-t-il pu se faire ainsi ? nous leur demanderons notre tour : comment u s e verge, dessche et strile, a-t-elle pu concevoir, fleurir et porter du fruit ? et comment Eve a-t-elle pu tre forme et natre du ct d'Adam? S'ils nous rpondent que la fcondit de la verge d'Aaron et que la formation d'Eve ont eu lieu par miracle, nous leur ferons la mme rponse au sujet de la fcondit de la virginit de Marie, et au sujet de la conception et de la formation du Christ dans le sein d'une Vierge. La Toute-Puissance divine se passe, quand elle veut, du secours et des lois de la nature L e savant abb Rupert, aprs avoir rapport le rcit de l'Ecriture, s'exprime ainsi : 1

C'est l la prophtie et l'image de la divine Marie, qui, seule, et par l'effet de la seule puissance divine, a produit le fruit de vie. Obombrc par la vertu du Trs-Haut, comme la verge d'Aaron "devant l'Arche du Seigneur, ce noble Rejeton de la tige de Jess a produit de lui-mme sa fleur et son fruit. Marie a t choisie entre toutes les vierges par le Seigneur lui-mme, comme la tribu Lvitique entrek

Sic S. Aug., Rupert, Galatinus, et alii, passim.

27 toutes les tribus, comme la famille d'Aaron entre toutes les familles de la tribu Lvitique ; elle a t honore du mme privilge, de la fcondit dans la virginit, comme la verge d'Aaron, de la floraison dans l'aridit. Semblable cette verge merveilleuse qui fut montre Isral, et replace ensuite dans l'Arche d'alliance, Marie a t montre au monde, puis place par Dieu dans le Temple cleste, comme un grand signe miraculeux comme l'Arche mme de noire Dieu et Sauveur Jsus-Christ.

3. L'Arche d'alliance, figure da la divine ) de la sainte Vierge.

maternit

L'Arche d'alliance tait un coffre de bois prcieux et incorruptible, revtu de lames d'or au-dedans et au dehors. Le couvercle, nomm Propitiatoire, tait aussi recouvert d'une table d'or trs-pur, ayant tout autour un rebord travaill en forme de couronne. Il tait surmont de deux chrubins d'or, tourns face face, tendant leurs ailes de manire envelopper l'arche par derrire et au-dessus. Lorsque le Seigneur parlait Mose, la voix se faisait entendre sur le Propitiatoire entre les deux chrubins. L'arche contenait les Tables de la Loi, le vase rempli de manne, et la verge fleurie d'Aaron. Qu'annonait celte Arche sainte ? Outre le Tabernacle sacr qui renferme dans la divine Eucharistie le Saint des Saints, elle prfigurait encore Marie, qui est appele dans l ' A pocalypse, x i , 19, l'Arche d'alliance; Marie, qui l'Eglise adresse celte publique et solennelle invocation : Fderis arca, Arche d'alliance, priez pour nous I Marie, vnre et assiste par les Anges, qui forment autour d'elle un cortge d'honneur ; Marie, dont la vertu fui toujours plus prcieuse et plus pure que l'or le plus pur ; 1

A p o c , xi, 19, et xii, l .

28 Marie, dont ]a saintet surpasse toute autre saintet, comme l'or surpasse en valeur tout autre mtal prcieux ; Marie, qui renferma dans son sein virginal Celui qui est la Loi, la Grce, la Puissance, le Pain de vie descendu des cieux ; Marie, qui fut 1'inlcrmcdiuirc vivante et volontaire de la vritable alliance entre Dieu et les hommes. 4 . La Toison de Gdon, figure de la virginit et de la divine maternit de Marie.

Il est ainsi parl de ce signe au vi livre des J u g e s , v. 36 et 40 ; Gdon dit Dieu : Si vous voulez vous servir de ma main pour sauver Isral, comme vous me l'avez dit, permettez-moi de vous demander un signe qui en assure mes frres et qui leur donne de la confiance en moi. Voici quel est le signe que j e vous demande : 37. Je mettrai dans l'aire cette toison ; et, si toute la toison, main, de ma Isral. terre demeurant sche, la rose ne tombe que sur la je reconnatrai par l que vous vous servirez selon que vous me l'avez promis, pour dlivrer 38. Ce que Gdon rose qui en sortit. 39. Gdon s'allume dit encore Dieu : Que votre colre ne si je fais encore une fois une Je de la avait un second signe dans la toison. que toute la terre soit trempe pas contre moi,

avait propos arriva ; car s'tant lev

de grand matin, il pressa la toison, et remplit un vase de la

preuve en demandant vous prie, Seigneur,

rose, et que la toison seule demeure sche. 40. Le Seigneur fit cette nuit mme ce que Gdon demeura sche. demand. La rose tomba sur toute la terre, et la toison seule Cette toison est un signe figuratif et prophtique, comme le dmontrent les oracles suivants. Le prophte David dit, en faisant allusion au signe miraculeux de Gdon, que, au

29 temps o il viendra sur la terre, le Sauveur une rose sur la toison, in vellus, et sicut stillicidia stillantia descendra comme

P s . X L X I : Descendet sicut pluvia super terram. Isae,

(XLV, 8) rpte cette prophtie et dit dans le mme sens et presque dans les mmes termes : Rorate, cli, desuper, et nubes pluant Juste, Justum : que les nues fassent descendre le le Christ, comme une rose... Que la terre, qui jus-

qu'alors a t strile, s'ouvre enfin par l'eiel de celte roso cleste, et qu'elle germe et lasse natre le Sauveur, et germinet Salvalorem. Le signe prcdent' regarde donc manifestement la naissance toute surnaturelle du Messie. Cv, voici comment nous expliquons ce symbole prophtique. 10

La rose du ciel a pntr doucement et sans bruit toute

la toison de Gdon, pendant que toute la terre l'entour tait demeure sche : c'est un prodige qui annonce que dans toute la terre il n'y a qu'une seule vierge fconde, la sainte mre du Sauveur, et cela par une merveille, par une faveur toute spciale d'en Haut. 2 La rose a mouill ensuite toute la terre , tandis que la blanche Toison seule demeurait sche. C'est un nouveau prodige contraire, qui marque que, dans toute la terre, la seule mre du Sauveur demeurera, malgr sa divine fcondit, toujours vierge, toujours pure, toujours immacule, et cela par une faveur miraculeuse du ciel, par un privilge absolument exceptionnel. Celte interprtation est celle de S . Jrme, de Procope, de S . Jean Chrysostme, de S . Bernard, de la plupart des Docteurs et de l'Eglise catholique elle-mme, laquelle, dans sa es ineffabiliter ex Virgine, tune imut hturgie sacre, adresse Jsus-Christ les paroles suivantes : Quando natus plelai sunt1

Scriptur

: sicut pluvia in vellus descendisti,

C'est celle de l'Ancienne Synagogue elle-mme, comme on le voit dans le Targum, v, i.

30 Salvum ter ,l

faceres genus

humanum les Ecritures la pluie

; te laudamus,

Dens nosvous

c'est--dire : Lorsque par un miracle ineffable,

tes n d'une vierge, tes descendu comme genre humain,

ont t accomplies : vous

sur la toison, pour sauver le

S. Autre figure prophtique

de la virginit

de Marie.

La Porte close dont parle Ezcliiel au chap. XLIV, 1-2, de ses oracles, prfigure la virginit do la Mre du Christ. L'Ange, dit ce Prophte, me fit ensuite retourner extrieur, laquelle ferme. ouverte, Dieu figure ferme. vers le regar-

chemin de la porte du sanctuaire dait vers l'Orient : cl elle tait Et le Seigneur et nul homme me dit : Celte porte demeurera n'y

ferme; elle ne sera point parce que le Seigneur

passera,

d'Isral est entr par cette porte ; et elle demeurera

Dans la vision prophtique, cette porte tait une

mystique ; car il n'exista jamais de porte semblable : la porte Orientale tait, elle surtout, ouverte aux prtres, aux lvites et tout le peuple, dans les temps postrieurs Ezc h i e l * . D'o il faut conclure, que cette porte prophtique doit ncessairement s'entendre dans un sens allgorique et spirituel, comme l'onfentendu, du reste, les anciens rdacteurs du Talmud . Le temple marque donc l'Eglise catholique, noire sainte Mre et l'assemble de ses prtres; et la sainte porte close reprsente prophtiquement la virginit de Marie, cette Halma immacule, et par excellence, par laquelle nul n'est entr, sinon le Seigneur, le Dieu de gloire, revtu de notre humaBrev. Rom., et offle, in circum. Dni. - V. Jrme de Sainte-Foi. Au trait de Sanhdrin, in cap. Col. Isral, et in Sucha, cap. Lulaf Vaarba ; les ltahbins Abha et Salomon, de Lyra, apud Hierom, de S. fide, 1.1, c. 49.3 1 a

31 nit. Celte virginit sacre sera inviolable clans la conception, inviolable dans l'enfantement et aprs l'enfantement, et demeurera inviolable dans tous les sicles, parce que par elle le Seigneur est entr dans ce monde. Dicitur ter clausa porta hsec, quaa matrem Messise Yirginem significabat, quia ipsa virgo ante partum, in partu et post partum futura esset . Sunt illa verba de gloriosa Maria? virginitate hoc modo intclligenda : Porta hc clausa erit in conceptione, non aperietur in partu. Et vir non transibit per eam post partum, quoniam Dominus Deus Israelis, Dei filius, Patri coseternus, ingressus est per eam, et erit clausa usque in finem saeculorum : quae quidem omnia satis sunt intelligentibus clara, quod non nisi a cordis duritia languentibus et csecitate, negari possunt \ S . Thomas d'Aquin , dans sa Somme Thologique, vantes de S . Augustin : Quid est Porta in domo Domini Clausa, semper erit intacta? Et quid est : Dominus solus intrat et egreditur per eam, nisi quod Spirilus Sanctus imprsegnabit eam, et Angelorum Dominus nascetur per eam ? Et quid est : Clausa tum * ? 0. Autre figure prophtique analogue. erit in lernum, nisi quod Maria Virgo est ante partum, et Virgo in partu, et Virgo post parnisi quod Maria3 l

con-

firme cette interprtation, et produit l'appui les paroles sui-

La mme ide prophtique et la mme figure sont exprimes au livre des Cantiques, v, 12, lorsque le Messie, s'adressant la Vierge immacule, lui dit :1

Galatinus, t. vu, c. 17.

* Hicron., de S. fide, 1.1, c. 49. S. Thom., de Incarn. Qaast., 28, art. 5.31

Cette figure prophtique

est frquemment

reprsente dans les

32 Ilorlus le..., conclusus, soror mea sponsa, la source Liban. Hortus conclusus, scelqui

fons signatus... jaillissent

Vous tes le Jardin

ferme', la fontaine des eaux vives

la fontaine des jardins, avec imptuosit du

La plupart des Pres, ces paroles, ont reconnu la Vierge prdite, et l'Eglise elle-mme lui en fait l'application dans ses offices. 7. Diverses autres figures relatives Marie.

Les Interprtes ont galement vu la sainte Vierge prdite ou prfigure: 1 Dans le petit nuage du Carmel, qui, d'abord semblable l'empreinte d'un pied d'homme, devient ensuite une nue immense, extrmement bienfaisante par la fcondit qu'elle procura la terre ; 2 dans le Temple Salomonique, qui, au jour de sa ddicace, fut tout rempli de la prsence sensible du Verbe Divin, comme d'un nuage resplendissant; 3 dans ce Trne d'ivoire, enrichi de l'or le plus.pur, surmont d'une riche couronne de pierreries, entour de deux lions et de douze lionceaux, destin recevoir le Roi pacifique, le Sage par excellence, image du Christ ; 4 dans la Tour de David, cette citadelle inexpugnable, o les enfants d'Isral trouvaient un refuge assur; et dans plusieurs autres personnages et symboles prophtiques, depuis la cration du monde jusque vers l'poque de l'avnement du Messie. C'est ainsi que la divine Mre du Christ a t prophtise, en mme temps que son fils. Dans le cours des quarante sicles qui prcdrent son apparition dans le monde, elle a t glises catholiques. (On la voit notamment reproduite dans les anciens vitraux de la belle glise de Bar-sur-Seine, au diocse de Troyes. Tous les Pres et Docteurs de l'Eglise l'ont reconnue comme une prophtie de la Sainte Vierge. V. S. Hieronym., in Ezecli.; S. Aug., Serm. Il, de Nativ. J.-C; S. Epiph., de laud. B. M.; S. Chrys., hom. deB.Joan; Ambr., de Firg.,c.Q; Ruffin, de Symb.; S. Damasc, de fie ortlwd., t. iv, c. 15 ; Orig., hom. 14. in Ezech.; S. Maxim., hom 2, de Nativ. Dom.; Hesych., de B. M.; etc.

33

montre aux Prophtes et aux justes, dans des figures, dans des images, dans des ombres, devenues aujourd'hui transparentes et lumineuses. Tracs l'avance par la main divine, les traits de notre Rdemptrice sont dsormais manifestes tous les regards. Observons que, si plusieurs saints personnages ont t sanctifis et appels ds le sein de leur mre, Marie seule a l'honneur insigne non-seulement d'avoir t lue cl sanctifie, mais encore d'avoir t prdite et prfigure.

34

DEUXIME POQUECONCEPTION SA I M M A C U L E DK M M l l E . SON ENFANCE. L E TEMPLE. SA. N A T I V I T . SON EDUCATION

PUSKNTATION.

DANS

CHAPITRE

PREMIER

Do l'Immacule Conception do ia Sainte Vierge.

La Mre du Christ, fils de Dieu, ne pouvait natre dans les conditions ordinaires des autres enfants d'Adam. Celle que Dieu avait prdestine et prpare dans ses conseils ternels pour tre le tabernacle du Saint des Saints; celle qu'il avait prvue et prdite comme l'aurore de la rdemption universelle des hommes; celle qui devait donner au monde un DieuSauveur, et qui devait ne jamais avoir de semblable ni d'gale, devait faire son entre dans le monde d'une manire exceptionnelle. Elle ne pouvait tre assujettie la loi gnrale du pch originel, se trouver, ft-ce un instant, dans la disgrce du Pre qui la choisissait et du Fils qui l'acceptait pour mre. C'est pourquoi la tradition catholique, fonde sur la parole divine cl sur do fortes raisons de convenance, nous enseigne que par une grce antrieure la naissance de Marie, accorde en prvision divine des mrites du futur Rdempteur, cette et Vierge a t prserve de toute tache originelle,

qu'ainsi elle a t immacule dans sa conception. Celte doctrine, laisse l'tat d'opinion jusqu'en 1854, a t nanmoins, do tout lemps ol partout, la croyance commune des pasteurs et des fidles.

35 Tous les dodours do l'Egliso, soil en Orient, soit eu Occident, tous les conciles, toutes les liturgies, sans exception, ont constamment qualifi Marie du nom 'illibata, exempte de toute souillure. sainimmaabsolue, la demeure qui veut dire

Origne l'appelle un temple d'honneur, rempli d'une tet surabondante, d'une justice cule de l'Epoux qui rgne dans les deux;

et plus loin :

lu trs-digne Vierge, mre de celui qui est au-dessus de toute dignit, la Mre immacule du Saint immacul, une de celui Telle tait la foi qui est un, unique de Celui qui est unique.

primordiale de l'Eglise. L'honneur que nous devons .JsusChrist, et noire respect pour Marie, portaient les fidles attribuer la sainte Vierge un privilge que semble exiger sa puret sans tache. S . Augustin l'exceptait, toutes les fois qu'il parlait, soit du pch actuel, soit du pch originel : Lorsque nous parlons des pchs, disait-il, nous ne voulons point qu'il soit mme question de la sainte Vierge Marie; car il est de foi qu'elle a reu des grces proportionnes sa mission sublime de mre du Rdempteur. Mais, la Vierge excepte, les plus grands saints du pcheurs *. S. Ambroise, S . Jrme, S . Proclus, el les docteurs contemporains tiennent un langage analogue. S . Fulgence tranche la question qui fut longtemps dbattue dans les coles de thologie, et dit que l'Ange, en appelant Marie pleine de grce, fait bien voir que la sentence de colre est suspendue pour elle . Au i xe 2

paradis avoueront qu'ils ont t

sicle, quelques doclcurs avanaient qu'elle avait

t sanctifie au sein de sa mre : ce qui supposait qu'elle n'tait pas sainte originellement, puisqu'elle avait eu besoin

1

S. Aug., de nat. et gratia, 42.S. Fulgent., Serm. de laud. B. M.

2

36 d'tre purifie. Mais, dans le mme sicle, d'autres proclamaient la saine doctrine, qui prvalait partout : La grce divine vous a t donne, Mre de Dieu ; toute crature vous adresse l'Ave anglique, Nymphe divine; car vous tes seule pure, Mre prlue du Fils, disait Thopliane, abb do Grand-Champ. Nous enseignons, nous, disait Jean Scot, que Marie n'a c jamais t dans la haine de Dieu, pas plus cause du poch originel que du pch actuel. La Sorbonno admit cet enseignement, de mme que les universits des divers royaumes, les ordres de S . Augustin, de Cluni, de Cteaux, de Prmontr, les Franciscains, les Chartreux, les Carmes, etc., l'exception des Dominicains. E n 1439, le concile de Ble, (sess. 36), dclare que la croyance de l'Immacule Conception tait conforme la doctrine et la dvotion de l'glise, la foi catholique, la droite raison, l'Ecriture Sainte, et qu'elle devait tre tenue par tous les catholiques. En 1560, le concile de Trente, dans son dcret sur le pch originel, dclara que son intention n'tait point de comprendre la Bienheureuse et immacule Vierge Marie, et ordonna de suivre le dcret de Sixte I V , sur ce point. Ce pape, en 1479, accorda des indulgences ceux qui assisteraient l'office et la messe de la fte de la Conception Immacule. Les papes Pie V , Paul V , Grgoire X V , Alexandre V I I , etc., dfendirent de soutenir publiquement que Marie avait t conue dans le pch originel. Ils favorisrent la'dvotion l'immacule Conception. Parmi les docteurs, qui la plupart partageaient ce sentiment, Bossuct fut l'un des premiers l'appuyer thologiquement : Si le grand aptre, dit-il, ne veut pas qu'on excepte personne de la loi commune du pch, la maternit glorieuso de Marie, cette alliance ternelle qu'elle a contracte avec Dieu, la met dans un rang tout singulier, qui ne souffre aucune compa-

37 raison. Montrez-moi une autre Mre de Dieu, une autre Vierge fconde, faites-moi voir ailleurs cette plnitude de grces, cet assemblage de vertus divines... E l puis, dites que l'exception que j'apporte une loi gnrale en faveur d'une personne si extraordinaire a des consquences fcheuses... ( I sur la Conception.) Enfin, le S dcembre 18.')/i-, le souverain Pontife Pic I X , considrant que la pieuso croyance tait universelle, que los mes dvoues Marie dsiraient voir disparatre toute nouvelle discussion, toute incertitude; el que d'ailleurs les plus importantes glises demandaient tre autorises clbrer la fle de l'Immacule Conception, consulta tous les prlats du monde chrtien, prescrivit des prires publiques, et, aprs avoir reu de partout des rponses favorables, tant environn d'une magnifique assemble d'vques, d'archevques, de cardinaux et de pontifes de tous les points de la terre, promulgua le dcret dogmatique de l'Immacule Conception de la Vierge Marie. Dans l'expos des motifs qui prcdent celle solennelle dfinition, Pic I X rsume toute la tradilion sur ce point, les oracles divins, l'enseignement universel et constant de l'Eglise, celui des souverains pontifes, ses prdcesseurs, celui des docteurs de l'Eglise, des abbs, des voques, des conciles nationaux et des conciles gnraux; celui des pres, des monuments sacrs de l'orient el de l'occident, etc. La doctrine et les penses de cette plre pontificale sont si belles, si leves, et en mme temps si prcises et si lumineuses, que l'on aimera la lire el la relire pour l'dification personnelle. La voici reproduite ici en grande partie.e r

sermon

38 LETTRE APOSTOUQDE ET DCRET SOLENNEL D E NOTiiE S A I N T T R E L E PAPE PIE I X

Sur l a dfinition dogmatique de l'Immacule Conception de la V i e r g e , Mre de Dieu.

PTE,

V E O U E ,

Serviteur des sorvilours ; M. Lccanu, ibid.

466

gnant, comme ils l'ont fait, cette belle image du double monogramme du Sauveur. Lorsque les diffrents portraits de Marie, que l'on trouve dans les catacombes, el qui sont de la plus haute antiquit, auront t compars avec les vritables tableaux de S . Luc el avec leurs fidles copies, l'art chrtien se trouvera de plus en plus fix sur l'eiligic relle do la Mre de Dieu.

C I I A H T l l E 11Les reliques de la Sainte Vierge.

La Vierge divine ayant l leve au ciel en corps et en me, les reliques qu'elle a laisses aux fidles ne sont que des objets qui lui ont appartenu, comme les vtements quotidiens et les habits de solennits, les robes, les tuniques, les ceintures avec ou sans franges, les diplodes ou les voiles, plus ou moins amples, les lurbans ou coiffures, avec ou sans parures ; plusieurs autres reliques sont provenues de sa maison de Nazareth, de son habitation en Egypte, de son spulcre Gelhsmani, lequel renfermait diffrentes pices linteamim; ncessaires l'ensevelissement comme les linceuls, qui liaient les pieds et les mains, inslila; l'enveloppe, syndonis.

le suaire qui enveloppait la tte, sudarium ; les bandelettes, et par-dessus tout Ces vtements mortuaires et tous les

autres ont t distribus aux Disciples, puis laisss aux diffrentes glises, qui ont constamment vnr et soigneusement conserv ces objets sacrs. Elles avaient coutume, soil d'en dresser des mmoires authentiques, soit d'en perptuer le souvenir traditionnel par des monuments durables, soit de dsigner d'ge en ge chaque relique particulire aux fidles et aux plerins qui, attirs par des miracles frquents et perptuels, venaient continuellement demander la Mre de Dieu de nouveaux bienfaits. Quel incrdule doutera d'une re-

167 lique qui tait perptuellement authentique par des miracles, et vnre comme telle par les peuples et par le sacerdoce I Ainsi, toute l'Eglise de Jrusalem tmoignait la plus grande vnration pour une pice d'toffe ou de tapisserie qui passait pour tre un ouvrage de la sainte Vierge, et o les douze Aptres et le Sauveur taient reprsents de couleur naturelle sur un fond de couleur verte cl ronge. Arcnlpho a vu cetlo relique et en a fait la description : In quo linleo XII Apostolorum formulai habenlur inlcxlm, et ipsius Domini viridis imago habetur. figurata. Una pars rubei coloris et altra...

Un vtement du Seigneur, robe ou tunique, qui se trouvait dans une ville de Galatie, fut transfr Jaffa, puis de l, aprs trois ans, Jrusalem par les P . C . Grgoire d'Antioche, Thomas de Jrusalem et Jean de Conslantinople. L e saint vlement, authentique par les nombreux miracles que le Seigneur accordait ceux qui l'honoraient, fut plac dans l'Eglise du Spulcre Jrusalem avec ,1a vraie Croix. L a France et l'Europe retentirent de ces vnements \ fama per totos Francorum divulgavit fines tunicam D. N. J . - C Au temps de l'invasion des Perses et ensuite des Arabes mahomlans dans la Jude, un grand nombre de prcieuses reliques avaient l transportes Conslantinople et Home. Sainte Hlne avait transfr Constantinople plusieurs fragments de la vraie Croix ; on sait comment elle fut tire miraculeusement des mains des Perses par l'empereur Hraclius. Le saint Berceau de Bethlem fut soustrait et envoy Rome. Le P. C . Juvnal envoya Constantinople diverses reliques de Mario, pour enrichir les glises des Blaquernes, des Fondeurs et des Guides. La premire de ces glises possdait : 1 une robe de la sainte Vierge, dpose dans une chsse de vermeil ; 2 une ceinture de Marie, qui fut enferme dans uni Greg. Tuw, de gl. M. 1 , 8 ; Uist. I. 10, 24. Sigebert, Chron. ad an. 750. Aymon, Gesta franc. 5, 78 ; Chron., ad an. 393. Kredcg. in Chron.

16.8

prcieux reliquaire d

marbre, appel

la Sainte

Umc,

d'o

l'empereur Lon 1Q philosophe la fit retirer l'an 89Q, ppur l'imposer l'impratrice Zo, possde dn dmon, laquelle fut dlivre et gurie l'instant. Les dtails de l'acte authentique do cet vnement sont conservs dans l'Histoire de l'Eglise d'Orient . " V Oinophorc do Marie, espco de coiffure qui s'enroulait autour de la tte, el dont les extrmits retombaient par-dessus les paules et sur le haut de la poitrine. Les empereurs la tenaient la main dans les combats contre les Infidles. Cette relique fut emporte Trves en 1207 par Henri d'Aumaine, avec une ceinture conserve en l'Eglise de Chalcoprate. Nivelonde Chrisy, vque de Sens, apporta de C . P . , en 1205, une couronne de la Sainte Vierge, dont il fit prsent Helvide, sa nice, abbesse du monastre de Notre-Dame de Soissons. I l en fut dress un acte authentique. Dans le mme temps, une portion considrable d'un voile de Marie, avec des fragments de sa robe et de son manteau, furent transfrs Venise. Une partie des vtements de la Sainte Vierge et de la tunique sans couture, confectionne par la Mre du Christ, fut donne en 1066, l'glise de Westminster par Edouard le Confesseur ; ces reliques provenaient de la libralit des papes Lon I V et Martin V , des princes anglais, et de Charles-le-Chauve, roi de F r a n c e . Quant la tunique sans couture, dont la tradition attribue gnralement la confection la Sainte Vierge, elle se conserve, depuis un temps immmorial, dans l'glise d'Argenteuil, prs Paris, comme le constate le procs-verbal d'une visite solennelle faite en 1156 par l'archevque de Rouen, Hugues d'Amiens, en compagnie des vques de Sens, de Chartres,1

5

c.2

Menolog., ad 2 Jutil U.

cl 3d Augusli.

Nipeph., Hist.

t. i',

Concilior Angl. 1.1, art. de

Westmonasl.

169 de Paris, d'Orlans, de Riez, d'Auxerro, do Chlons, d'E^ r e u x , de Meaux, de Senlis; des abbs.de St-Denys, de SaintGermain, de Lagny, de Ferrires, de Saint-Maur-des-Fosss, de Saint-Fargeau, de Saint-Mesmin, de Saint Magloire, do Pontoise, de Marigny, et en prsence du roi Louis VII et de toute la Cour. Des historiens ajoutent que la sainte uniqu, cache jusipiti l, s'est rvle par des prodiges ; cola est a r riv assez frquemment dans le cours dos sicles, en pareille circonstance. Us disent que cette relique avait l donne par Charlemagne au monastre d'Argenleuil, dont Thodrade, sa GHe, tait abbesse, et Giselle, sa sur, une des religieuses ; et que le grand Empereur l'avait reue des libralits de l'impratrice Irne; mais, selon le vnrable Bde, Charlemagne l'aurait reue immdiatement, non de Constantinople, mais du Trsor de St-Jcan de Latran, et des mains du pape Adrien I , qui avait des raisons pour combler ce prince de pieuses largesses . La chronique du Mont-Cassin, m, 29, nous apprend sous l'an 1023, que le pape Benoit V I I I envoya, pour la conscration d'une nouvelle glise dans ce monastre, des reliques de son trsor du palais de Lalran, entre lesquelles une parcelle du voile de la sainte Vierge. La Chronique de Bohme, sous l'an 1070, porte que l'Tque Gbehard consacra une glise dans le monastre de Sazoa le 28 juin de cette mme anne, et qu'il enferma dans l'autel de nombreuses reliques, parmi lesquelles des parcelles de la vraie croix et des vtements de la sainte Vierge. [Monach. Sazaviensis in Chronic Bohem.) En la mme anne, le 22 novembre, le vnrable Bennon, cvque d'Osnabruck, ddia la cathdrale de cette ville el renferma dans l'autel des reliques de la vraie croix, du saint Tombeau de Jsus-Christ, de la montagne des Oliviers, desGerberon, de Caumont, Gudrin, Ilist. de la robe sa?is couture; M. Lecauu, etc.1

e r

1

170 vlements de la sainte Vierge et du lit sur lequel elle avait repos. (In vita Dennonis bcrto lburgensi). I I , episc. Osnabr., auctore Nort-

Il existait en 851, dans le trsor de l'glise de Verdun, un vtement ou partie de vtement considr comme une tunique de la sainte Vierge, qui fut mutil dans le cours des guerres de l'empereur Lolhairc, et quel'vquc Ilallon restitua en son premier lieu. (Chonic. Ifu/j. Flaviniac, l. i.) Il est fait mention de la chemise de la Vierge, Chartres ds l'an 1129, dans la continuation de la chronique de Sigebert par l'abh Anselme. Elle devint trs-clbre cette poque, l'occasion du mal des Ardents, qui fit de si grands ravages dans presque toute la France. Elle fut le moyen de miracles nombreux et de bienfails signals en faveur d'une multitude innombrable qui vint alors solliciter la protection de la mre de Dieu... Carnolum innumera dixcrim, (Anselm., multiiudo ubi templnm vbi camia habelur ejusdem sanala est... Quid habetur... etiam de dotatum Virginis, Cameraco cjus.

de capillis

an. 1129). D'autres reliques de Marie, vnres

Notre-Dame de Cambrai, furent aussi l'objet d'une fervente dvotion et la cause de beaucoup de grces. On conserve Aix-la Chapelle un voile de Marie, de couleur blanche, tissu de lin et de soie, long de deux aunes un tiers, large d'une aune deux tiers. On croit qu'il fut envoy de Conslantinople Charlcmagne ; l'histoire de sa translation est reprsente sur les vitraux de la cathdrale. On l'expose publiquement tous les cinq ans. Chardin signale dans ses Voyages, une tunique complte de Marie l'abbaye, autrefois vch de Copis, en Mingrlie. Elle est enrichie, dit-il, de fleurs brodes sur un fond de Nankin, mesure huit palmes de long sur quatre do largeur. Le cou en est troit, el les manches larges d'une palme. On l'enferme dans une cassette d'bne incruste de fleurs d'argent.

171 t

Telles sonl les principales reliques de Marie connues dans santes de leur authenticit.

le monde chrtien. L a plupart sont munies des preuves suffi'

CHAPITRE

III

Lo cullo do Mitrio.

Le culte do Marie remonte l'origine de l'Egliso. Il esl aussi ancien que la Mre du Fils de Dieu, que la Protectrice de lous les serviteurs de Dieu et la Souveraine de la Terre et des Cieux. A tous ces titres, ds le commencement, elle a reu les hommages des fidles, -leurs invocations, leurs prires publiques et particulires. Elle a agr les images, les statues, qui lui furent consacres, les autels el les temples qui furent riges sous son vocable en l'honneur de Dieu. A compter du jour o l'Archange, dput d'en Haut, la salua mre du Messie, pleine de la grce cleste, et bnie au-dessus de toutes et honore generales femmes , elle fut proclame bienheureuse

comme telle, dans tous les ges et parmi toutes les nations de la terre : ex hoc nunc Bcalam me diceni omnes tiones. Aprs un tel honneur rendu Marie, de la part de la Cour cleste elle-mme, les fidles du Christ n'hsitrent plus : ils lui rendirent avec empressement un culte qui surpasse en excellence celui de tous les Saints. Les Aptres el les Chrtiens de l'Eglise de Jrusalem, la premire et la plus nombreuse des Eglises primitives, donnrent le premier exemple qui fut perptuellement et universellement suivi. D'aprs une ancienne tradition des Juifs Infidles euxmmes, consigne dans leurs Toldos ', on voit que les pre1

Toldos, Huldric, p. 115.

172 micrs Disciples de Jsus-Christ, qui venaient prier autour en pour du tombeau de la mre de Jsus, subirent une perscution violente de la part des Princes de la Synagogue, et qu'il cota la vie cent tombe. Suivant une histoire du Mont-Carmel, ce culte aurait t tabli du vivant mme de la sainte Vierge; et les Carmes ont attribu au disciple et prophte Agabus l'rection de la premire chapelle qu'on ait ddie Notre-Dame. L'glise NotreDame d'El-Pilar, en Espagne, rclame la priorit sur celle des Carmes; et celle de Lydda, qui, d'aprs la tradition, a t fonde par les aptres S . Pierre et S . Jean, revendique pour elle celle prrogative. Nous voyons, ds avant l'poque de la glorieuse assomption de Marie, des tribus errantes du Dsert mettre son image et celle de l'enfant Jsus au nombre des divinits des Arabes. Bien plus, les Liturgies 5 . Matthieu, de S. Jean Apostoliques de 5 . Jacques, premier voque de Jrusalem, de S. Pierre, de S. Marc, de i'Evanglisle, renferment la preuve la plus irrcusable de la surminence du culte adress Marie ds la naissance du Christianisme. Exemple : La messe de S . Jacques de Jrusalem fait quatre fois la le premier Mmento et aprs la Communion. lifie Trs-sainte, Immacule, Trs-glorieuse, vierge. trs-sainte, pleine Dame, Mre de Dieu et toujours Clbrons la mmoire immacule, bnie au-dessus commmoraison aprs NotreMarie y est quaBnie, spciale de Marie : Aprs la Collecte, aprs l'Offertoire, Chrtiens, parents de Jsus-Christ, avoir lev un monument

(une espce d'oratoire) sur celte

Aprs la commmoraison du Mmento, le prtre dit : de la surminence, de toutes, vierge, Marie. vritablement vNotre-Dame,

de gloire, mre de Dieu et toujours Les choristes rpondent :

Il est juste que nous vous proclamions bienheureuse, toujours bienheureuse,

mre de Dieu,

173 riiablemcnt Sraphins, Dieu; de Dieu I Aprs une pause, ils continuent : A vous, pleine de grce, les congratulations crature, des churs des Anges, Temple saint, Paradis spirituel, el du genre humain. Gloire des vierges, de toute Vous, Vous de immacule et mre de notre Dieu, plus digne d'honneur que les Chrubins, plus brillante de gloire que les vous qui avez conu dans la puret le Verbe de nous vous glorifions donc de tout notre cur, mre

qui Dieu a emprunt sa chair, par le ministre s'est fait mi trne de votre sein, la hauteur de grce, vous l La Liturgie des deux les congratulations

de laquelle

notre Dieu, qui esl avant les sicles, s'est fait enfant; car il il a galis vos entrailles pleine : gloire de toute crature et au-del ; vous donc,

de S. Matthieu, suivie dans toute l'Ethiopie,

ne lient pas un langage moins lev ni moins accentu sur le culte el sur l'invocation de la Vierge par excellence : Rjouissez-vous, dit-elle, Noire-Dame, parce que ; plus c'est de vous que nous vient le salut el la sanctification Vierge trs-pure et mre du Dieu Christ, portez jusqu'au haut des deux votre Fils, chs. Rjouissez-vous, Notre-Dame, Jsus-Christ parce que vous Notre-Seigneur avez ; inenfant la vraie Lumire, notre prire, jusqu'au sjour d'o nous attendons la rmission

des Elus de de nos p-

tercdez pour nous auprs de lui, afin qu'il ait piti de nos mes. Dposez nos supplications Fils Jsus-Christ. immacule ; rejouissez-vous, ritable mdiatrice au pied du trne de votre Reine vritablement Rjouissez-vous,

Gloire des anctres, qui avez prdit. O vous, notre vJsus-Christ ;

donn aux descendants l'Emmanuel

auprs de Notre-Seigneur

nous vous supplions de vous souvenir de nous ! Priez pour nous, afin que nos iniquits soient effaces.

174 Dans un autre endroit, la mme liturgie de S . Matthieu s'exprime ainsi : Salut, Vierge Marie, Mre de Dieu, vous tes l'encensoir d'or, qui avez port le charbon enflamm. Bni soit Celui qui l'a pris dans le sanctuaire, parce qu'il est vritablement lui-mme le Verbe de Dieu, qui remet les pchs et efface les fautes : c'est par vous qu'il s'est fait Homme, el qu'il s'est offert au Pre comme un vritable encens et comme un prcieux sacrifice. Plus loin : Que ceux qui ri aiment pas Notre-Seigneur, anathme jusqu' son avnement ! La Liturgie de S . Jean l'Evanglisle : Nous faisons de tous les saints mmoire en votre prsence, Seigneur, Patriarainsi que el qui ne croient pas sa Nativit ni la sainte Vierge, soient

ches, Prophtes, Aptres, Martyrs, et Confesseurs, de la Mre de Dieu el de tous les Saints. Les Liturgies

de S . Pierre, de S . Marc, e l c , font plu-

sieurs fois mmoire de Marie, dans les termes qui prcdent. Toutes les nations chrtiennes et loul le sacerdoce catholique, depuis les temps apostoliques, ont constamment suivi celle forme primordiale dans le culte et les invocations de Marie, en sorte que les hrtiques modernes qui ont tent de dtruire cette pratique, se sont trouvs compltement en dehors del tradition des Aplres et des Docteurs primitifs de l'Eglise.

C H A P I T R E IVContinuation du mme sujet. Universalit et perptuit du culte de Marie.

Si l'on entreprenait d'numrer les monuments

de tout

genre, qui, partir des premiers sicles du christianisme, ont t rigs en loul temps el en loul lieu l'honneur de Marie, la Mre du Christ, l'on ne parviendrait jamais compter tout

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ce que la foi et la pit ont fait pour son culte. En effet, c'est en nombre infini que des glises, des chapelles, des basiliques et de superbes cathdrales, ont t bties sous le vocable de Notre-Dame ; c'est en nombre vritablement infini, que des monastres et des paroisses, des cits et des nations, se sont placs sous sa spciale protection ; c'est en nombre infini, que des autels, des sanctuaires, des congrgations lui ont t consacrs, mme dans les autres temples qui taient ddis d'autres Saints. Il est impossible de raconter combien de pratiques de pit ont t tablies dans toutes les glises pour honorer Marie, el avec quelle ardeur des actes innombrables de dvotion ont t accomplis depuis dix-huil sicles dans la vue d'invoquer cette puissante Mdiatrice. Des bienfaits ordinaires et des grces miraculeuses ont justifi la confiance des fidles ; en sorte qu'elle a toujours t en augmentant. Les Pres primitifs, les docteurs des divers sicles sont admirables dans les louanges qu'ils lui donnent, dans les invocations qu'ils lui adressent. Les vierges et les martyrs rclamaient le secours de Marie dans les dangers et dans le feu des perscutions. Les anciens pontifes lui consacraient des oratoires et les lieux des assembles chrtiennes . Les peuples btissaient, ds l'origine, des sanctuaires la Vierge Marie . Les images de la Mre de Dieu remplaaient les talismans paens. Aprs la miraculeuse conversion de Constantin le Grand, le culte de la Vierge prit son libre essor ; il fut adopt avec enthousiasme dans l'Italie, Rome, Naples, dans les Gaules, dans la Bretagne, chez les Belges, les Espagnols et les Celles. Les bandits eux-mmes honoraient et invoquaient Notre-Dame.S. Irn.; S. Eplirem ; S. Bern., etc. Sainte Justine, V. et M., invoque Marie contre les incantations d'un magicien. (S. Grg. Naz., Orat. 18.) Calixtc I " ddia Notre-Dame l'glise d'au-del du Tibre. (Baron., OR. L'Espagne, la Syrie, la Palestine, la Grce, etc.! 3 1

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m.)

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476 Dans le danger de la tempte, l'incrdule lui-mme rclamait son secours Les grands personnages, comme les; simples particuliers ; les grandes cits, comme les simples bourgades, apporteront dsormais des bommages et des offrandes la Reine du ciel. Effleurons les faits qui se prsentent en foule. L'Empire d'Orient. Constantin consacre sa nouvelle ca-

pitale Dieu, en mmoire de la sainte Vierge qu'il tenait en singulire vnration ; ses successeurs immdiats aiment galement l'honorer. Lon 1 , dit le Grand, fait btir en 460 une noble et splendide basilique qu'il ddie Notre-Dame de la fontaine, en reconnaissance de ce que, sur le bord d'une fontaine isole, elle lui avait apparu avec bont et lui avait promis l'empire. La princesse impriale, sainte Pulchrie, fille de Thodose I I , fit construire, elle seule, trois glises sous l'invocation de la Panagia (de la Vierge toute sainte), dans l'enceinte mme de Constantinople. Ne pouvant les enrichir des reliques de la Mre de Dieu (puisque le corps de Marie est au ciel), elle y supple par les vtements qu'elle fit venir de Jrusalem. La belle glise des Blaquernes eut sa robe, celle de Chalcoprate sa ceinture ; mais ce fut celle des Guides qui obtint la meilleure part; on y p'aa, sur un autel blouissant d'or et embelli de colonnes de jaspe, le portrait de Marie, envoy d'Antioche, peint par S . Luc, du vivant mme de la Vierge, et auquel la Mre du Sauveur avait attach sa grce. C'tait le palladium de l'Empire ; les empereurs, entre autres Jean Zimiscs et les Commnes l'emportaient l'arme, d'o il tait ramen sur un char de triomphe attel de magnifiques chevaux blancs. Cette image miraculeuse paraissait dans les grandes solennits, et le peuple saluait sa prsence par des cris de joie et par des cantiques de louange. L'impratrice Irne rpara les dsastres de l'hrsie, et les1

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M. do Volney, dans un naufrage sur l'Ocan, prs des ctes de Bal-

timore, rcitait l'Ave Maria.

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Orientaux honorrent Marie par tous les moyens qu'ils purent imaginer. On lui dcerna des couronnes d'or; on ne la re prsenta plus qu'avec la robe de pourpre, les bandeaux d perles et les diadmes des impratrices ; on mit son effigie sur les monnaies, on frappa des mdailles en son honneur, et l'on combattit sous ses auspices. Romains, disait Narss au moment de livrer aux Golhs la bataille de Taginas, Romains, battez-vous vaillamment, la Vierge est pour nous ; ne manquez pas de l'invoquer pen dant la mle; car elle regarde nos phalanges, et nous livrera ces impies qui lui refusent le titre de Mre de Dieu. 1 dit, et les Grecs se battirent comme des lions. Totila fut 1 tu ; son arme taille en pices, et l'Italie dlivre au nom de Notre-Dame des Victoires, bnit hautement la Vierge et Narss. Les Anglais et les Peuples Septentrionaux. Aussitt

qu'ils furent convertis, les Germains et les Scandinaves se montrrent sincrement dvots, et Marie fut leur patronne de prdilection. Les Anglo-Saxons levrent, sur tous les points de l'Angleterre, des chapelles et des ermitages la Reine des Anges. Ces premires chapelles anglaises taient d'une extrme simplicit; mais un peu plus lard, les voques Anglo-Saxons ayant fait venir de Rome des constructeurs habiles, ils btirent sous l'invocation de Marie et des Saints, ces grandes glises Anglo-Normandes, avec leurs flches audacieuses, leurs splendides beffrois et leurs tours jetes dans la nue ; dont l'architecture superbe et ferique contrastait avec les constructions massives du pass. Guillaume le Conqurant, les princes de sa race, les chevaliers Normands, avaient une ardente pit envers NotreDame. Guillaume, avant la clbre bataille d'IIaslings, invoqua hautement Marie, et fonda une chapelle en son honneur. L a Gre chevalerie btit ses frais, sous l'invocation de la sainte 12

178 Vierge, la belle cathdrale de Coulanccs qui arracha un cri d'admiration Vauban lui-mme. Au milieu d'une tempte, l'impratrice Mathilde, petite fille du Conqurant, fit. vu, avec les barons anglais, alors bons catholiques, de btir la Vierge de Secourancc une chapelle sur le rivage o ils aborderaient. Le vaisseau, miraculeusement garanti du naufrage, jeta l'ancre dans la petite bai