les trompes du faï - éléments historico-techniques
DESCRIPTION
Document résumant l'histoire de la construction des Trompes, leur contexte spatio-temporel et humain ainsi que des précisions techniques sur l'instrument. Réalisé en juin 2013TRANSCRIPT
Le son à l’état naturel : Les trompes du Faï
Le lieu – contexte spatial et humain
La Ferme du Faï, exploitation agricole perchée dans les montagnes surplombant
le village du Saix (Hautes-Alpes) à 1100m d’altitude, située sur un versant faisant face à
la falaise, est un centre d'accueil de l'association « Les Villages des Jeunes » –
délégation régionale de Solidarités Jeunesses en Provence-Alpes-Côte d'Azur – où sont
entrepris de multiples chantiers mêlant jeunes et moins jeunes autour de thématiques
telles que l’aménagement du site ou l’environnement. Depuis la fin des années 1990, y
ont élu domicile d’étranges « trompes », gigantesque système d’amplification sonore à
ciel ouvert.
Pourquoi les trompes ? Petite chronologie de leur genèse
En 1991, l’instigateur et futur « directeur » de la fabrication, Jacques Chataignier
remarquant la disposition naturelle du site à l’écho, a l’idée d’utiliser un système
d’amplification rudimentaire (deux enceintes de 50W prévues pour une écoute de
proximité posées sur une table dirigée vers la paroi). C’est de ce geste qu’en résultera le
projet de construction d’un système sonore pouvant de la manière la plus efficace tirer
profit de cette disposition naturelle du site à la résonnance sonore, et dont
l’aboutissement constitue aujourd’hui l’orgue naturel du Faï, élément désormais
essentiel de l’identité du lieu et dont la trompe des graves, de par son imposante
structure, en est devenue une caractéristique fondamentale.
Permise par la présence de l’organisation continuelle des chantiers de Village
des Jeunes, la construction des trompes débute en 1994 – après trois années
d’expérimentations diverses menées à l’aide de systèmes audio déjà existants – sous la
tutelle de Michel Stievenart, ingénieur du son, qui dessine les plans et permet la mise en
marche des trompes médiums et aigues, construites dans le courant de l’année 1993. En
1997, enfin, la trompe des graves voit le jour complétant le système sonore imaginé,
dont le but est concrètement d’éviter au maximum la dispersion du son et la
superposition d’échos, les expérimentations des premières années ayant servi à révéler
que non seulement la puissance, mais également la directivité (inclinaison-situation-
direction) du son revêt une importance capitale dans la qualité finale d’écoute.
Pour quelle utilisation ?
Le son émis par les trompes n’est pas à être écouté directement, mais par le biais
de ses échos (distance trompes-falaise: 800m, soit temps : environ 2s, de deux à cinq
échos secondaires rebondissant sur les 120 hectares de paroi, trois lieux d’écoute
principaux). D’après les constatations de Pierre Jacques, ingénieur acousticien, les
trompes conviennent plutôt à des musiques de tempos lents (nécessitant des intervalles
assez longs entre sons transitoires). Les styles de musiques qui suivent sont ainsi les
plus adaptés : musique de film, chant lyrique, musique expérimentale, sound design,
certains morceaux de musique classique, etc. Tout le matériel nécessaire à une
utilisation en « live » est également disponible.
Les acteurs du projet
Michel Stievenart : ingénieur
Jacques Chataignier : direction de la réalisation
Village des jeunes : fabrication
Jean-Michel Pillone : directeur de la Ferme du Faï, technicien son et lumières
René Dupré : audiophile, rénovation
Pierre Jacques : ingénieur acousticien, rapport de recherche sur le projet.
Queyras Libre : modélisations 3D
Les éléments qui suivent sont issus des travaux de ces quatre derniers acteurs.
Caractéristiques physiques du système sonore en fonction depuis 1998
[Données issues du rapport de recherche de Pierre Jacques (2011) et des informations de
Jean-Michel Pillone]
Trompe des Aigues : 4 x Moteur Radian 950 PB dont caractéristiques ci-dessous
- bande passante : 500 Hz – 20KHz
- puissance électrique admissible : 100 watts RMS
- sensibilité : 111dB
- impédance nominale : 8 ou 16 ohms
Trompe des Médiums : 4 x haut-parleurs RCF L12 S 110 KP
- bande passante : 60 Hz- 2000Hz
- puissance électrique admissible : 500 watts RMS
- sensibilité : 101 dB
- impédance nominale : 8 ohms
Trompe des Graves : 12 haut-parleurs RCF L15 S800
- bande passante : 40 Hz- 1500 Hz
- puissance électrique admissible : 700 watts RMS
- sensibilité : 99, 5 dB
- impédance nominale : 8 ohms
Ces trois trompes sont pilotées par une régie sonore composée de :
- 2 lecteurs CD (à plateau de chargement 5 CDs)
- une table de mixage YAMAHA MX 12/4 (12 entrées/4 bus)
- un filtre « fait maison » équipé d’une entrée symétrique par prise XLR 3 broches et de
3 sorties symétriques par prise XLR 3 broches (« répartition » du son en trois bandes de
fréquence), muni d’un potentiomètre de niveau d’entrée et d’un sélecteur de fréquence
de coupure à trois positions. Lors de l’utilisation en configuration « trois trompes », le
réglage de la fréquence de coupure grave/médium est de 180 Hz.
- 2 amplis Chevin Research A2000 2 canaux, dont le canal A du premier ampli alimente
les 4 haut-parleurs 16 ohms de la trompe aigu, connectés en parallèle à l’ampli, ce qui
donne une impédance globale de 4 ohms. Dans cette impédance, l’ampli fournit une
puissance de 800 watts. Le canal B du premier ampli alimente les 12 haut-parleurs de la
trompe grave. Ils sont connectés à l’ampli en 4 groupes parallèles de 3 en série, donnant
une impédance globale de 2 ohms. Les deux canaux du deuxième ampli sont réservés
aux haut-parleurs de la trompe des médiums.
- un générateur de signaux basse fréquence de marque Centrad GF 763AF est à
disposition pour effectuer des tests ou calibrages éventuels.
Trompe aigu en 2012 Médium et aigu après rénovation, juin 2013
Vue depuis la trompe des graves- 2012
Document réalisé par Agnès André