les nouvelles formes de sociabilité numérique

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sociabilité: Dans sa définition la plus achevée, la sociabilité désigne aujourd’hui en sociologie, « l’ensemble des relations qu’un individu entretient avec d’autres, compte tenu de la forme que prennent ces relations (FORSE). La sociabilité est la capacité d'un individu ou d'un groupe d'individus à évoluer en société, et à pénétrer au sein de nouveaux réseaux sociaux et a y interagir. Capacité d'entretenir des relations humaines agréables, de rechercher la compagnie de ses semblables. La nouvelle sociabilité à l’ère du digital : nous oriente vers la mise en place d’une sociabilité aux moyens d’outils technologiques de communication, et d’évolution dans des réseaux sociaux « virtuels » où la présence physique des autres individus n’existe pas. Nous nous intéressons ici à la question de savoir s’il existe une sociabilité nouvelle et si elle induit des mécaniques psychosociales (type de comportement, stratégie d’interaction etc.) propres. 1

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Réalisé dans le cadre d'un exposé oral lors du cours de psycho-sociologie de Deborah Marino, au Celsa, par Aude Castan, Irène Durand-Mille et Sylvain Paley. [ATTENTION] Les notes de chaque slide n'ont pas été réécrites après l'exposé, elles contiennent sûrement des fautes d'orthographe et de syntaxe, et sont formulées en langage "parlé".

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sociabilité: Dans sa définition la plus achevée, la sociabilité désigne aujourd’hui en sociologie, « l’ensemble des relations qu’un individu entretient avec d’autres, compte tenu de la forme que prennent ces relations (FORSE). La sociabilité est la capacité d'un individu ou d'un groupe d'individus à évoluer en société, et à pénétrer au sein de nouveaux réseaux sociaux et a y interagir. Capacité d'entretenir des relations humaines agréables, de rechercher la compagnie de ses semblables. La nouvelle sociabilité à l’ère du digital : nous oriente vers la mise en place d’une sociabilité aux moyens d’outils technologiques de communication, et d’évolution dans des réseaux sociaux « virtuels » où la présence physique des autres individus n’existe pas. Nous nous intéressons ici à la question de savoir s’il existe une sociabilité nouvelle et si elle induit des mécaniques psychosociales (type de comportement, stratégie d’interaction etc.) propres.

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Faisons le points sur quelques éléments essentiels : Nous nous focalisons sur la sociabilité entre les individus seulement. Nous écartons volontairement les interactions avec la marque ou l'entreprise (même si les relations s'apparentent de plus en plus à un discours individuel). De la même façon, l'activisme politique, qui est a relativiser sur le net, ne sera pas traité dans cette présentation, s'écartant trop de notre sujet principal. Il ne sert à rien d'opposer Offline et Online puisque le Online EST un element de la vie sociale Offline. On le démontrera plus tard, le lien numérique n'est en aucun cas un substitut au lien de la vie réelle.

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C’est quoi le cyberespace ? Utopiquement, à côté du monde réel, se développerait un monde virtuel à la Matrix, sur la base des technologies informatiques de calcul en réseau. Les humains, en se branchant sur ces réseaux, pénètrent dans ce monde virtuel, où ils peuvent en effigies se déplacer, se rencontrer, agir, télécommander des machines, avoir des aventures, et éventuellement connaître quelques ennuis plus ou moins graves. Mais en vrai, ramené au sens premier du mot cybernétique, le cyberespace serait l'espace qui mène l'information. Le terme a été utilisé la première fois par William Gibson au début des années 80. Le mot est devenu un synonyme d'Internet puis du World Wide Web. opposition entre le web des débuts et le web social : Le cyberespace tient ses origines de la culture New Age (Philippe Breton (Le culte d’internet)), et reprend les ideaux des saint simoniens qui affirment que la religion chretienne s’est desenchanté et que les valueurs religieuse se sont déplacés sur l’industrie et les réseaux techniques. Le cyberespace était d’abord réservé aux scientifiques qui s’en servaient pour mettre en ligne des docs statiques mais avec les forums et l’apparition du web social, il s’est ouvert et démocratisé rendant sont utilisation accessible a tous. Nous sommes donc passés d’une ère religieuse et idéologique pour l’utilisation du cyberespace réservé a une minorité à une démocratisation et donc une perte des idéologies de départ, un échange permanent de tous pour tous.

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Désocialisation : L’une des accusations principale faite à internet est d’engendrer la désocialisation. L’échange par clavier interposé a longtemps été considéré comme une source de désocialisation. En 1998, Robert Kraut ( The Internet Paradox ) et ses collaborateurs étudient les comportements de 169 personnes vivant dans 73 foyers; durant les deux premières années de leur “ vie online”. Ils ont noté que l’utilisation prononcée de cet outil était associée à un déclin de la communication familiale. Leurs résultats indiquent aussi une augmentation des sentiments de solitude, de dépression et de stress chez les utilisateurs. Les techniques de personnalisation sophistiquées de l'Internet permettent d'enfermer les individus dans le cocon de leurs lubies. A la limite, «chacun deviendrait à lui-même son propre monde» selon Philippe Breton, in le Culte de l'Internet. Une menace pour le lien social? )

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La peur de l'autre serait également un moteur de la recherche de contact online : Les techniques modernes de communication favorisent le contact, mais pas avec n'importe qui : On va choisir l’ «autre », selon des critères subjectifs. La relation serait alors aseptisée, on se limiterait à des échange virtuels, par peur de la violence physique ou émotionnelle qu’une véritable rencontre pourrait engendrer. Toutefois plusieurs auteurs (Fisher, 2001; Wallace, 1999) semblent de plus en plus enclins à lier l’utilisation d’Internet à une nouvelle forme de problème d’adaptation sociale chez certains utilisateurs, qui soufreraient déjà de difficultés à interagir en société.

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Pour Antonio Casilli, chercheur en sociologie, dans des sociétés qui valorisent la communauté, les individus s’isolant volontairement, comme les Otaku dérangent, car ils vont à l’encontre de l’ordre établi( les Otaku, « murés » en Japonais, individus qui se consacrent entièrement à leur passion d’intérieur , jeux de rôle, jeux en ligne, collection diverses… )

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A l’inverse du phénomène de désocialisation, certains, et notamment dans les domaines du marketing et de la publicité, voient en Internet un moyen d ’hyper-socialiser. On parle ainsi d’individu « hyper-connecté » de « digital natives » Ce phénomène provient sans doute de la massification des usages : En 1995 on recensait 16 millions d ’utilisateurs sur Internet, contre 1,8 milliards en 2010.

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Pourtant, malgré l’étendue de nos cercles d’amis, il est prouvé que nous interagissons online majoritairement avec nos amis offline. Selon Cameron Marlow, sociologue , si les utilisateurs de FB ont en moyenne 120 amis, on ne peut interagir ( établir de réels dialogues via mails, chat) qu’avec quatre personnes si vous êtes un homme et six si vous êtes une femme.( article publié par The Economist ) Pour ceux qui sont au deçà des 120 amis (500 et plus), ce chiffre n’augmente pas de façon significative (dix pour les hommes et seize pour les femmes). Même si l’on considère les relations unidirectionnelles commenter des photos ou écrire sur le wall de quelqu’un, ces chiffres augmentent légèrement : dix-sept contacts en moyenne chez les hommes et vingt six chez les femmes. En se basant sur ces données, Marlow suggère qu’une fois que votre réseau personnel croit au delà du nombre de Dumbar (150 , la limite cognitive théorique du nombre de personnes avec lesquelles vous pouvez maintenir une relation sociale stable), alors vous ne faite, au mieux, qu’augmenter le nombre de contacts occasionnels que vous suivez passivement. De plus, les relations peuvent être asymétriques : Sur Twitter je peux suivre X sans qu’il ne me suive en retour, et Y peut commenter 20 fois par jours mon statut , sans que jamais je ne rende cet échange.

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Dans son ouvrage Les liaisons numériques, Antonio Casilli, chercheur en sociologie s’éloigne de la polarisation technophobes-technophiles , et cherche à prouver que le web « ne désocialise pas plus qu’il n’ hyper-socialise, il reconfigure simplement notre manière de faire société. »

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« Internet modifie la manière dont se développent les amitiés, non plus par proximité géographique, mais par affinités. »( Howard Rheingold , les communautés virtuelles ) De nouvelles façon d’être ensemble ( Skype ) , d’intéragir ( Twitter) et de coopérer (Wikipédia) se sont créées. Les communications numériques ne se substituent pas aux conversations online, elles s’y ajoutent, mieux encore, elles se rejoignent, se superposent.

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Ce que nous désignons par le nom de friending est un type de lien tout à fait spécifique aux environnements sociaux du web. Casilli nous parle de Friending = lien entre deux profils d’usagers. On parle alors de liens faibles par opposition aux liens fort, ceux de la sociabilité offline, que l’on subit pour la plupart du temps : l’amitié est basée sur la sincérité des sentiments, c’est le bonding. En ligne on parlera plus de bridging, de passerelle. Le friending ressemble plus à un « toilettage social » grooming : quand vous likez un statut ou un lien en fonction de la personne et non du contenu, cela relève d’une stratégie, vous entretenez un lien social. On retrouve d’ailleurs une notion de don/contre-don, c’est le principe même du potlach qui est repris : tu commentes sur mon wall, je ne vais aller commenter sur le tien, ou au moins liker ton statut. Tu commentes sur mon blog, je vais aller visiter le tien, au moins une fois. Au-delà du simple aspect utilitariste, on met en place des liens faibles d’intérêt (et non par homophilie) et l’on se retrouve à construire une sociabilité forte fondée sur des liens faibles. Les caractéristiques du friending par rapport à l’amitié sont : affiché publiquement, autorisation de contenu, unidirectionnel ou bidirectionnel,

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Barry Wellman, Little boxes, glocalization, and networked individualism, 2002 BW nous livre une théorie de la structure des réseaux sociaux en trois temps. Avant la société de l’information, avant les révolutions communicationnelles que l’on a connu, il nous propose une structure en petites boîtes montrant ainsi différents groupes enclavés. Les relations sociales sont caractérisé par une forte homophilie, une loyauté à tout épreuve etc. Le second schéma nous montre la structure d’une société online mettant en avant la notion d’individualisme de réseau caractérisé par des liens faibles, la diversité des relations et la fin de la loyauté traditionnelle. Le troisième schéma est une représentation de ce que pourrait être la superposition du offline et du online. Basé sur le concept de glocalisation, cette représentation est caractérisée par des réseaux locaux relié par des liens éloignés. On y voit se former les clusters, c’est-à-dire des groupes identifiables socialement. On retient que le friending n’est pas un concept qui remplace l’amitié, mais bien un lien qui s’ajoute, complète ceux que nous connaissons déjà. Rien de mieux qu’un exemple concret pour comprendre : social graph

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Du Pseudonyme et de l’avatar à la Profil Pic et patronyme L’anonymat fait partie de la culture du web. C’est une tradition née dans le web avec les forums comme on l’ a vu tout à l’heure. Un pseudo, un ton, un style suffisait à rendre présent l’ utilisateur. Les avatars peuvent être tout et n’importe quoi, ils sont ainsi un dédoublement de l’identité réelle, il repose sur une transformation voire une métamorphose identitaire. Il est très utilisé dans les jeux en ligne (Wow, second life) et les forums. Mais ce procédé tend de plus en plus à se retrancher sur ces qq plateformes très spécifiques et laisse la place à la proclamation et à la mise en ligne de son identité propre.

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Le paradoxe de l’identité proclamée : vers une sublimation du soi ? Derrière l’écran il est possible de de se créer une identité modulable à son gout doté d’un “ moi” meilleur ou révé. Pourtant, jamais on a jamais autant présenté sa véritable identité : plus d’avatar, mais une photo de profil, plus de pseudo mais son patronyme, paroxysme avec Chatroulette. Les utilisateurs vont projeter leur réelle identité sur internet mais en exprimant une partie ou une potentialité d’eux-mêmes. Les plateformes de réseaux sociaux proposent une visibilité de l’identité spécifique une certaine transparence quand à cette identité mais il est toujours possible de montrer son meilleur profil sur sa photo de profil ou d’écremer ses centre d’interets plus les rendre plus attractifs. En effet, selon Dominique Cardon dans la présentation qu’ils sont amenés à faire sur Internet, les individus, différemment selon les plateformes, contrôlent la distance à soi qu’ils exhibent à travers leur identité numérique.

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Il y ‘ a donc une multitudes d’identités possible sur Internet et chaque utilisateur peut en posséder plusieurs : identité civile, agissante, virtuelle et narrative. Ces différentes approches de l’identité permettent aussi de savoir dans quelle logique se trouve l’internaute : montre-t-il son identité réelle (Twitter, Linkedin) ou projete-t-il un soi sublimé (wow) ? Il se trouve aussi dans une logique passive ou active (etre et faire) il peut passer du journal intime à la participation à la rédaction d’une encyclopédie. Il existe enfin 5 sphères bien distinctes de l’identité : Le paravent (ils restent “cachés” derrière des catégories qui les décrivent et ne se dévoilent réellement qu’au cas par cas dans l’interaction avec la personne de leur choix) Le clair-obscur. Les participants rendent visibles leur intimité, leur quotidien et leur vie sociale, mais ils s’adressent principalement à un réseau social de proches et sont difficilement accessibles pour les autres)le phare( Les participants rendent visibles de nombreux traits de leur identité, leurs goûts et leurs productions et sont facilement accessibles à tous) Le post-it (Les participants rendent visibles leur disponibilité et leur présence en multipliant les indices contextuels, mais ils réservent cet accès à un cercle relationnel restreint ) La lanterna magica. Les participants prennent la forme d’avatars qu’ils personnalisent en découplant leur identité réelle de celle qu’ils endossent dans le monde virtuel (Second Life)

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Vivre dans des flux Nous vivons dans une société de flux, c’est-à-dire dans un monde où l’information est partout, et particulièrement sur Internet. “Cette métaphore est puissante”, rappelle danah boyd, sociologue. “L’idée suggère que vous viviez dans le courant : y ajoutant des choses, les consommant, les réorientant.” Ex de flux : Timeline Twitter, mails, spams, conversations digitales, posts sur le wall Facebook, et bien sûr consultation des flux rss.

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L’expression “économie de l’attention” cherche à rendre compte du fonctionnement de marchés dans lesquels l’offre est abondante (et donc économiquement dévalorisée) et la ressource la plus rare devient le temps et l’attention des consommateurs.( Ref. Le temps de Cerveau disponible par Patrick Le Lay )

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Alors que les hackers traditionnels s’en prenaient à l’économie de la sécurité, c’est-à-dire au centre du pouvoir et de l’autorité avant Internet, les nouveaux hackers de l’attention ( comme les Anonymous en photo ) cherchent à montrer à quel point les flux d’information sont manipulables, au moyen d’actions collectives anonymes. ( Ref: danah boyd “‘for the lulz’: how 4chan is hacking the attention economy“ article publié sur son blog www.danah.org) Ex : - Lorsque le magazine Times a fait appel au vote des internautes pour désigner la personne la plus influente de l’année 2008, les utilisateurs de 4Chan ont littéralement submergé le site de votes en faveur du créateur de l’image board 4chan , Christopher Poole, aka Moot… jusqu’à parvenir à lui faire remporter la compétition , devant des personnalités comme le Dalaï Lama ou Obama.

-Chaque année la marque Norvégienne de savon Lano organise un concours pour élire « l’enfant de l’année » qui aura son visage imprimé sur les packagings. En 2010 c’est Mickael, un enfant handicapé qui a été élu, grâce à la mobilisation massive de 4chan.

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Force de frappe anonymes, les memes sont également un moyen de gommer la parole individuée, l’image faisant office de levier de rassemblement. Les actions sont menées par la foule anonyme, au service de vengeances personnelles ou du LULZ, pour le simple plaisir.

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