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Unis dans la vie, la belle et sensuelle soprano roumai-
ne Angela Gheorghiu et le romantique ténor franco-
sicilien Roberto Alagna l'ont été aussi, au mois de
novembre, sur la scène de l'opéra Bastille de Paris pour interpré-
ter "La Bohème" de Puccini. A la même époque, sortait sur les
écrans une autre œuvre du compositeur italien, "La Tosca",
film-opéra réalisé par le metteur en scène Benoît Jacquot, les
rôles vedettes étant confiés aux deux artistes. Il s'agissait là d'un
premier rôle au cinéma pour Roberto Alagna, alors que sa femme avait déjà tourné de nom-
breuses scènes lyriques dans son pays.
Fêtée et admirée à Paris et dans d’autres capitales du monde, celle qui, à 38 ans, est considérée comme la meilleure interprè-
te de sa génération, peut avoir le vertige quand elle repense à la phénoménale accélération donnée à sa carrière, par une froide nuit
de décembre 1989. Ceausescu venait de s'enfuir en hélicoptère et son régime s'effondrait. Angela Gheorghiu, comme elle l'a confié
plus tard, se terrait sous ses couvertures pour couvrir le bruit des fusillades qui transperçaient la nuit de la capitale roumaine.
La jeune femme de 27 ans venait tout juste de terminer l'Académie de musique de Bucarest et était libre de tout contrat.
Jusqu'ici, au cours de tournées à l'étranger, surveillée par des “gardes du corps”, elle n'avait pas osé franchir le pas et leur fausser
compagnie. L'exemple de collègues plus âgés, qui n'avaient jamais revu leur famille, l'effrayait. Mais cette perspective grandissait
peu à peu dans son esprit. Angela avait fait comprendre à ses proches que "chanter était la chose la plus importante" pour elle et
que l'Occident offrait des horizons mirifiques.
Révolution aidant, l'artiste n'aura cependant pas à passer à l'acte. Son immense talent lui
servant de passeport, elle sera rapidement engagée par le Covent Garden de Londres, triom-
phant en 1994 dans "La Traviata", une œuvre qui fait partie du registre habituel des chanteurs
d'opéra roumain.
Un agenda complet pour les six années à venir
La suite n'est qu'un long tapis rouge déroulé devant ses pas. Aujourd'hui, les plus grandes
scènes la réclament, les chefs les plus célèbres lui tendent les bras, les oeuvres les plus presti-
gieuses figurent à son répertoire. Son agenda est déjà complet pour les six années à venir.
La petite Moldave, née en 1963 à Adjud, dans une famille modeste où le père était conduc-
teur de locomotives, peut mesurer le chemin parcouru. Angela n'avait aucun repère artistique,
aucun parent ne montrant de prédisposition pour l'art lyrique. Très vite cependant, la fillette a
compris comment utiliser et moduler sa voix. Dès la première leçon, le professeur lui deman-
dant de lui faire écouter sa respiration, conclut : "Très bien, n'en change pas".
Le reste fut un long apprentissage, dans une vie terne et de plus en plus pénible, au fur et à mesure que le régime s'enfonçait
dans le délire du dictateur. Sa mère se levait tôt le matin pour faire la queue à la boucherie et, le soir, les rues restaient désespéré-
ment plongées dans l'obscurité. Angela grandissait admirant sa sœur aînée, Elena, elle aussi chanteuse, une splendide jeune femme
qui disparaîtra dans un accident de voiture, en 1996.
Mariés par le maire de New York, juste avant d'entrer en scène
Avec sa découverte de l'Occident, sa rencontre avec Roberto Alagna fut l'autre choc de sa vie. Les deux artistes avaient eu l'oc-
casion de se produire ensemble sur la scène du Covent Garden. Mais, jusqu'en 1995, Roberto, de trois ans son aîné, veuf depuis
peu, privilégiait comme partenaire une autre cantatrice roumaine, Leontina Vaduva. Force de la nature, Angela s'imposa et éclipsa
sa rivale. En 1996, le maire de New-York, Rudolph Giulani, maria le ténor et la soprano, divorcée de son premier mari, un ingé-
nieur roumain, juste avant qu'ils n'entrent en scène pour interpréter "La Bohème" au Metropolitan Opera.
Depuis, les deux artistes se quittent le moins possible, élevant la fille de Roberto et ayant adopté la nièce d'Angela, toutes deux
du même âge. Partageant leur vie entre leurs maisons de Paris, Genève et Bucarest, parlant roumain ou français, entourés de nom-
breux proches, le couple ne peut toutefois ignorer longtemps l'appel d'un public impatient d'écouter et de voir les deux montres
sacrés, réunis par une destinée que l'on ne rencontre guère que dans les contes de fée… ou les livrets d'opéra.
Le triomphe de la soprano roumaine
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Coup de coeur
Numéro 9 - Janvier - Février 2002
Lettre d’information bimestrielle
Les
de
La Roumanie lorsqu'elle se regarde dans un miroir peut y voir deux visages.
Celui d'un pays qui retrouve l'espoir, dont les performances économiques
le placent au second rang des ex pays de l'Est pour le taux de croissance en
2001, après la Russie, et qui marche d'un pas désormais décidé vers l'Europe. Mais
aussi celui d'une société qui, plus encore que les années précédentes, s'est enfoncée
dans une pauvreté confinant souvent à la misère. Les bons chiffres ne doivent pas faire
oublier que pratiquement un Roumain sur deux n'a pas les moyens de mener une exis-
tence digne. La terrible vague de froid qui s'est abattue sur le pays a mis à nu détres-
se et faiblesses. A bout de ressources, des gens sont morts gelés. Dans des hôpitaux
non chauffés, des opérations en cours ont été interrompues, faute d'électricité.
A sa manière, l'Union Européenne vient de souligner l'étrange réalité de cette
situation du pire et du mieux. En levant, au premier janvier, l'obligation faite aux
Roumains d'obtenir un visa pour circuler librement dans l'espace Schengen, elle leur
reconnaît, enfin, leur place sur le continent. Mais en l'assortissant de la condition exor-
bitante de disposer de cent euros par jour de voyage, elle leur rappelle qu'ils ne peu-
vent toujours pas prétendre être des citoyens comme les autres.
Les Roumains eux-mêmes montrent deux faces. Convaincus qu'ils ont toutes les
raisons de désespérer… ils n'en continuent pas moins d'accorder une cote de confian-
ce élevée à leur Président et à son Premier ministre, un an après leur entrée en fonc-
tion. Sans illusion sur l'avenir, ils se montrent cependant les partisans les plus chauds
de la construction européenne, se proclamant à 85 % favorables à l'adhésion à l'UE.
Cette confusion est révélatrice d'un changement. Bien qu'elle ne soit pas encore
convalescente, la Roumanie n'est plus considérée comme "l'homme malade" du conti-
nent. Elle a choisi une voie, l'Europe et l'économie de marché, et entend s'y tenir. De
toutes parts - UE, OTAN, organismes monétaires et financiers - des encouragements
lui sont prodigués. Ces signes n'ont pas échappé aux Roumains.
Hubert Védrine ne s'y est pas trompé. Afin d'entretenir cette lueur d'espoir, il a
proposé de faire adhérer la Roumanie et la Bulgarie à l'UE en même temps que les dix
autres pays candidats, c'est à dire en 2004, avec des aménagements, bien sûr. En méde-
cin perspicace, le ministre français des affaires étrangères, qui a provoqué un beau
tohu-bohu, sait que le moral compte pour moitié dans la guérison.
Henri Gillet
Le miroir à deux faces
Angela Gheorghiu : la vie
comme un livret d'opéra
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An nou fericit !
Bonne année !
Entre fat alisme et espoir…
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Actualité
Cent euros p ar jour
Plus de visa Schengen depuis le premier janvier pour les Roumains
Vie internationale
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Les Roumains sont désormais tota-lement libres de voyager dans l'espa-ce Schengen (UE, sauf la Grande-Bretagne, l'Irlande, ainsi que le restede l'Europe, sauf la Suisse) pour unedurée de 90 jours sur une période desix mois. Mais la suppression desvisas n'implique pas le droit de tra-vailler sur place, décision laissée àl'appréciation des états.
Pour se déplacer, les Roumainsdoivent posséder :
- un passeport dont la validité estsupérieure à trois mois
- une assurance maladie- un billet aller-retour ou la carte
verte de la voiture- une somme de 100 � (650 F) par
jour pour les pays de l'UE et de 50 �(325 F) pour les autres pays euro-péens, en argent comptant, chèquesde voyage ou autres garanties finan-cières.
Toutefois, sont dispensés d'une ouplusieurs de ces dispositions les per-sonnes voyageant pour suivre un trai-tement médical, rendant visite à unparent malade, invitées à une confé-rence, une manifestation culturelle,sportive, ayant une invitation officielled'une personne qui s'engage à garan-tir les frais de leur séjour, ayant uncontrat de travail, les étudiants, lesenfants de moins de 12 ans, lesjeunes de moins de 18 ans ayant dela famille à l'étranger, les frontaliers.
Les autorités frontalières rou-maines, mais aussi des pays deSchengen, auront le droit de vérifierque les personnes disposent de res-sources suffisantes et, en cas dedoute, pourront s'opposer à la conti-nuation de leur voyage. En cas dedépassement du séjour prévu, le pas-seport pourra être retiré, au retour.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Franc belge 697
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*Au 24 décembre 2001
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Les NOUVELLES
de ROUMANIENuméro 9, janvier-fevrier 2002
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Paris : 3, rue de l'Exposition, 75007 Tel:01.47.05.10.46 (de 10h à 12h et 16h à 17h)
Strasbourg : 19, rue du Conseil des Quinze. (Tel 03.88.61.98.96 )
Marseille 157 Bd Michelet ,13009 . (Tel : 04 91 22 17 41)
Office du tourisme de Roumanie: 12, rue des Pyramides, 75002 Paris. Tel :
01.40.20.99.33. Minitel : 36.15 ROUMANIE
Consulat de Roumanie en Belgique : 105, rue Gabrielle, 1180 Bruxelles
Tel:(02).345.26.80
Office du tourisme : 17, Galerie de la Toison d'Or, 1050 Bruxelles Tel / Fax :
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Consulat de Roumanie en Suisse :79, Kirchenfeldstrasse, Berne Tel : 0 31 352 35 21
ou 22
Office du tourisme :10, Schweizergasse, 8001 Zurich Tel : 01 211 17 30
Consulat s en Roumanie
Consulat de France: 13-15, strada Biserica Amzei, Bucarest. (ouvert le matin). Tel :
(00 40) 1 312 0991 / 92
Brasov : 148, strada Lunga. (ouvert de 16 h à18 h, du mardi au jeudi, ne délivre pas
de visa). Tel/fax (00 40) 68 47 67 67
Chambre de commerce International française: 142-146, Calea Victoriei, sector 1,
Bucarest. Tel/fax : (00 40) 1 310 33 51
Consulat de Belgique: 32, boulevard Dacia, Bucarest (ouvert le matin). Tel : (00 40)
1 212 3680
Consulat de Suisse:12, strada Pitar Mos, Bucarest (Ouvert de 9h à 17 h)
Tel : (00 40) 1 210 0324
Consulat du Canada : 36, strada Nicolae Iorga Bucarest Tel : (00 40) 1 222-98-45.
(Ouvert de 9 h à 17 h)
Office du tourisme de Roumanie à Bucarest : 7, Boulevard Magheru, Bucarest
(ouvert de 8h à 20h). Tel : (00 40) 1 312 25 98.
Depuis le 1er janvier, les Roumains peuvent circuler librement au sein de
l'espace Schengen, lequel regroupe treize pays membres de l'UE sur quin-
ze. Leurs ministres de la justice et de l'intérieur ont décidé, le 14
décembre, de supprimer l'exigence des visas à leur encontre. Cette décision, attendue
depuis douze ans, a été accueillie par des cris de joie et des manifestations spontanées
- un feu d'artifice a même été tiré pour la circonstance à Bucarest - car elle met fin à
une situation vécue comme une terrible frustration.
Redevenus libres en 1989, les Roumains étaient les seuls citoyens des pays can-
didats à l'UE à ne pouvoir se déplacer sans entrave à travers leur continent, les
Bulgares étant dispensés de visas depuis avril dernier. Leurs voyages étaient soumis
au bon vouloir des ambassades occidentales et les conditions dans lesquelles étaient
délivrés le précieux document étaient considérées comme une véritable humiliation,
tout en se révélant être un parcours du combattant.
La nouvelle barrière de l'argent… ou l'Europe pour les riches
Pour autant, les barrières des postes-frontières ne sont pas complètement levées.
Le visa est remplacé par un autre obstacle de taille: pour se rendre dans les pays
Schengen, un Roumain devra montrer qu'il dispose de 100 � (650 F) par jour, soit un
salaire mensuel… ou l'équivalent de 150 � (10 000 F ) pour un occidental, avec un
minimum de 5 jours ! Ce montant est ramené à 50 � (325 F) pour voyager dans les
anciens pays de l'Est et la Turquie. Dans l'avenir, les seuils exigés pourraient être
abaissés à 20 � (130 F), comme c'est le cas pour les Bulgares.
Mais, devant la paralysie de la circulation des frontaliers d'origine magyare que
cette exigence risquait d'entraîner, la Hongrie a limité cette contrainte financière à 5 �
(33 F). S'il ne possèdent pas la somme demandée, les roumains pourront se consoler
en se disant qu'ils sont désormais libres de voyager de Brest à Vladivostok, hormis en
Suisse, Grande-Bretagne et Irlande, pays non-signataires des accords de Schengen.
Une suppression conditionnelle
La décision de supprimer les visas est cependant accompagnée de tout un train de
mesures visant à renforcer la sécurisation des frontières de la Roumanie qui, d'une cer-
taine manière, deviennent celles de l'espace Schengen, et à dissuader l'immigration
illégale ou son transit. Un nouveau passeport, portant la mention ROU et non plus
ROM, sera mis en place, répondant aux normes de sécurité européennes. L'ancien est
toutefois valable jusqu'à sa date de péremption.
Des accords de réadmissions de citoyens roumains ou apatrides d'origine roumai-
ne, expulsés par les pays de l'UE ont été signés par Bucarest. La Roumanie aura des
officiers de police ou de justice dans ses ambassades des grandes capitales. Des
patrouilles mixtes de policiers roumains, autrichiens, hongrois, seront mises en place
aux frontières occidentales de la Roumanie.
Enfin, la suppression des visas est conditionnelle. Un pays peut obtenir de l'UE
l'autorisation des les rétablir en cas de problème particulier, comme la Belgique l'a fait
pour la Slovaquie. Déjà, la Norvège, associée comme l'Islande à l'espace Schengen,
envisage d'établir un contrôle particulier pour les Roumains.
Saluant la décision de l'UE d'ouvrir ses frontières, le Président Ion Iliescu a appe-
lé ses compatriotes "à faire preuve de maturité dans l'exercice de ce droit légitime".
Par ailleurs, devant l'afflux des demandes qui se dessinait, le Premier ministre a ordon-
né l'arrêt pour six mois des procédures d'urgence d'octroi de la nationalité roumaine
aux citoyens de la République de Moldavie.
Enfin libres de voyager
de Brest à Vladivostok
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
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Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Gabriela Malcinschi, Nichita Sîrbu,
Ionel Funeriu, Alain Defline,
Bernard Camboulives,Philippe
Gillet, Francky Blandeau
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions rou-
maines, sites internet, fonds de
documentation ADICA
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12 rue Félix Faure, BP 41 814
44 018, Nantes Cédex 1
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1102 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro : Mars
Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Infos pratiques
Le langage des voituresRepères
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Comme dans chaque pays, les
voitures roumaines sont
dotées d'une plaque minéra-
logique qui permet de les identifier… et
de faire voyager par la pensée les auto-
mobilistes qui les croisent ou les suivent
et sont capables de les décrypter. Pour
mieux connaître la géographie des judets
(départements) de Roumanie voici, dans
l'ordre, leurs noms, celui de leur préfec-
ture (entre parenthèse), suivis des ini-
tiales qui leur sont attribuées:
Alba (Alba Iulia): AB
Arad (Arad): AR
Arges (Pitesti): AG
Bacau (Bacau): BC
Bihor (Oradea): BH
Bistrita-Nasaud (Bistrita): BN
Botosani (Botosani): BT
Brasov (Brasov): BV
Braïla (Braïla): BR
Buzau (Buzau) : BZ
Caras-Severin (Resita) : CS
Calarasi (Calarasi): CL
Cluj (Cluj-Napoca): CJ
Constantsa (Constantsa): CT
Covasna (Sfântu Gheorghe): CV
Dambovita (Târgoviste): DB
Dolj (Craïova): DJ
Galati (Galati): GL
Giurgiu (Giurgiu): GR
Gorj (Târgu Jiu): GJ
Harghita (Mercuriu Ciuc): HR
Hunedoara (Deva): HD
Ialomita (Slobozia): IL
Iasi (Iasi) : IS
Ilfov (Bucarest) : B
Maramures (Baïa Mare): MM
Mehedinti (Turnu-Severin) : MH
Mures (Târgu-Mures) : MS
Neamt (Piatra Neamt) : NT
Olt (Slatina): OT
Prahova (Ploïesti): PH
Satu Mare (Satu Mare) : SM
Salaj (Zalau) : SJ
Sibiu (Sibiu) : SB
Suceava (Suceava): SV
Teleorman (Alexandria) : TR
Timis (Timisoara): TM
Tulcea (Tulcea): TL
Vaslui (Vaslui): VS
Vâlcea (Râmnicu-Vâlcea): VL
Vrancea (Focsani): VN
Numéros privilégiés
Les plaques minéralogiques com-
prennent, dans l'ordre, les initiales du
département + deux chiffres + trois
lettres. Exemple : PH 97 AMC (PH :
département de Prahova).
Moyennant un supplément de 1,2 �
(7,8 F), les automobilistes peuvent choi-
sir les trois dernières lettres… ce qui per-
met à certains d'afficher les initiales du
prénom de leur femme, d'eux-mêmes…
ou de leur maîtresse.
Les voitures des élus ou de l'adminis-
tration sont dotées d'un numéro spécial,
comportant, dans l'ordre, le sigle du
département, le chiffre 02, deux lettres +
la première lettre du département, préci-
sant leurs fonctions. Exemples : AR 02
GUV (GUV comme gouvernement, haut
fonctionnaire de la préfecture en poste à
Arad), AR 02 CJA (conseiller du judet
d'Arad), AR 02 CLA ou CCA (conseiller
local ou communal du judet d'Arad).
Ces numéros sont officiels, contrai-
rement à la pratique française qui voit les
préfectures délivrer discrètement des
numéros privilégiés à certains élus, en
général des chiffres ronds, comme 100
VD 58 ou 4000 ASB 33. Mais lorsque
l'administration roumaine effectue des
vérifications, elle circule à bord de voi-
tures banalisées.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
223
unique au
Actualité
La Roumanie et la Bulgarie dans l'Union Européenne dès 2004 ?
Hubert Védrine, a semé une belle pagaille, quand il
a proposé, à la mi-novembre, que la Roumanie et
la Bulgarie entrent dans l'UE en 2004, en même
temps que les dix autres pays candidats, et puissent participer,
de ce fait, aux prochaines élections européennes. Jusqu'à cette
déclaration, il était admis que l'adhésion se ferait en deux
temps, les pays les mieux préparés faisant partie d'un premier
"wagon", les autres étant renvoyés à un horizon se situant à
2006-2007.
Le ministre français des affaires étrangères estimant que,
si l'UE avait la capacité de faire entrer dix nouveaux membres,
elle pouvait tout autant en accepter douze, a basé sa réflexion
sur les risques qu'elle ferait encourir aux deux retardataires :
une démotivation, alors qu'ils ont besoin de forts encourage-
ments dans cette période, laquelle pourrait les amener à renon-
cer devant les énormes efforts qu'ils sont amenés à consentir,
entraînant un risque de déstabilisation pour eux et la région.
Cette prise de position, qui a réjoui les deux pays concer-
nés, lesquels ne s'y attendaient pas, a été confortée par la
Belgique, présidente en exercice de l'UE, et traditionnelle avo-
cate de la Roumanie, ainsi que par la Grèce, autrefois le pays
le plus pauvre du continent qui, outre ses relations de voisina-
ge, se souvient du coup de pouce décisif que l'adhésion à l'UE,
lui a apporté dans son développement. L'Italie a rejoint rapi-
dement le mouvement, son ministre des affaires étrangères
déclarant que le maintien de la Roumanie et de la Bulgarie
hors de l'UE "serait une forme de discrimination politique".
Un autre soutien, assez inattendu, a été apporté par la Grande
Bretagne.
Une adhésion en deux temps,
politique puis économique, vers 2006-2007
Dans l'esprit de ces pays, l'UE doit traiter les demandes
d'adhésion des douze pays candidats sur deux plans : le pre-
mier, politique, immédiat, qui en font des membres intégrés à
la famille européenne, le second, économique, qui doit tenir
compte des réalités et ne pas brusquer leur transformation au
risque de la faire échouer. Selon ce scénario, les douze seraient
tous membres de l'UE en 2004, la Bulgarie et la Roumanie
devenant des partenaires économiques à part entière unique-
ment quand elle seraient prêtes, vraisemblablement vers 2006
pour la première et 2007 pour la seconde.
Cette approche pragmatique a, bien sûr, heurté les sché-
mas mis en place par Bruxelles et le commissaire à l'élargisse-
ment de l'UE, Guenter Verheugen, rejoints dans leur frilosité à
imaginer un autre processus par l'Allemagne, les autres pays
faisant part de leur étonnement ou restant dans une prudente
réserve. Mais elle a aussi mis le doigt sur un autre problème :
aucun des douze pays candidats n'est totalement prêt à adhérer.
Il faut donc tailler un habit sur mesure pour chacun, ce qui
rend aléatoire les critères d'adhésion, notamment pour la
Pologne, dont la candidature est fortement soutenue par
l'Allemagne mais ne fait pas l'unanimité parmi les Quinze.
Forcing des dix autres pays
candidats pour ne pas changer la donne
De la Hongrie à la République Tchèque, en passant par la
Pologne, la proposition de Hubert Védrine effraie également
les dix pays candidats qui ont peur de voir leur adhésion retar-
dée, dans l'attente d'être rejoints par les deux derniers, ce qui
n'était pas du tout dans l'intention des propos du ministre fran-
çais. Depuis, ces pays multiplient les déplacements dans les
capitales européennes pour être rassurés et faire pression afin
d'enterrer tout projet de modification du calendrier initiale-
ment envisagé.
De passage à Paris, leurs représentants ont été écoutés
d'une oreille complaisante par Jacques Chirac - le président
français s'était distingué au début des années 1980 en prenant
une position hostile à l'adhésion de l'Espagne et du Portugal à
l'UE - et par Lionel Jospin, rarement aux avant postes dans la
construction européenne, les deux hommes revenant ainsi sur
les propos de leur ministre.
Mais, quoiqu'il en soit, Hubert Védrine a jeté un pavé
dans la mare qui va faire beaucoup de ronds dans l'eau tout au
long de cette année 2002 au cours de laquelle doit être arrêté
définitivement le calendrier d'adhésion à l'UE.
Sa prise de position a eu pour premier effet de précipiter
le mouvement pour les dix candidats les mieux placés, condui-
sant les Quinze à fixer pour tous l’échéance de leur adhésion à
2004. Quand à la Roumanie et à la Bulgarie, l’UE, visiblement
embarassée, a décidé de leur apporter une aide spécifique et de
valider l’idée d’une adhésion plus rapprochée (2006 ?).
La commission européenne de
Bruxelles a établi une subtile
distinction entres les douze
pays candidats. Selon elle, Chypre et
Malte remplissent tous les critères écono-
miques pour adhérer immédiatement,
Chypre étant toutefois handicapée par sa
division imposée par la Turquie en 1974.
Viennent ensuite, dans un même
ensemble, la République Tchèque,
l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la
Lituanie, la Pologne, la Slovaquie et la
Slovénie, pays qui disposent d'une écono-
mie de marché viable mais doivent enco-
re s'adapter pour pouvoir affronter, à
court terme, la concurrence de l'UE.
La Bulgarie, proche d'une économie
de marché viable, les suit, précédant la
Roumanie, en dernière position, qui ne
remplit aucun critère économique, en
dépit de "progrès décisifs" enregistrés
récemment.
La Turquie est candidate, mais n'a
pas ouvert de négociations. La commis-
sion européenne l'a encouragée à bien
plus d'audace dans ses réformes écono-
miques et politiques.
Vie internationale
En dernière position du classement ét abli p ar la Commission
Numéros de téléphonebientôt à dix chiffres
Essence
Ordinaire : 0,61 � (4 F)
Super plus : 0,63 � (4,10 F)
Super plus sans plomb: 0,62 � (4,06 F)
Gazole : 0,51 � (3,36 F)
Les organismes accueillant les jeunes de 18 à 25 ans, Roumains ou étrangers,
stagiaires ou volontaires au titre d'un service civil, devront désormais les
assurer, médicalement, en cas d'accident, pour leur responsabilité civile,
afin de répondre aux normes des conventions européennes. Les étrangers auront une
résidence temporaire garantie en Roumanie pendant toute la durée de leur stage. La
nouvelle réglementation, qui doit rentrer en application cette année, exigera qu'ils
reçoivent un hébergement et de l'argent de poche au cours de cette période.
Protection pour les jeunes st agiaires
Le ministère des communicationsa annoncé son intention de faire pas-ser la numérotation des téléphones àdix chiffres, au lieu de neuf actuelle-ment, préfixe inclus. Un nouveauchiffre doit être introduit après le 0.Les codes d'accès - 00 pour l'interna-tional et 0 pour l'interurbain - neseront pas modifiés. La mesure, quiconcerne également la Républiquede Moldavie, devait prendre effet à lafin de cette année, mais a été retar-dée, l'opérateur Rom Telecom ren-contrant des problèmes avec sesvieux centraux téléphoniques.
Cette décision a été prise pourredimensionner le réseau national etle mettre au niveau européen, maisaussi pour respecter la libéralisationdu marché du téléphone qui entreraen vigueur au 1er janvier 2003, afinde permettre la libre concurrenceentre les opérateurs.
Finalement, le passage à dixchiffres sera effectif à partir du 14 juinprochain, le basculement s'effectuantsur cinq mois, jusqu'à fin novembre,suivant les régions. La nouvellenumérotation sera totalement enplace au 1er décembre 2002. Dans lapériode intermédiaire, un messagevocal informera les usagers du nou-veau numéro de leur correspondant,basculant automatiquement la com-munication les trois premiers mois,puis leur demandant de refaire leurappel, les deux mois suivants.
Le pavé dans la mare de Hubert Védrine
lADJUD
Un bon fils
A l'article de la mort, Ceausescu réunit ses trois enfants. A
Nicu, son préféré, il dit :
- Prends tout mon argent, et n'oublie pas celui que j'ai mis
à l'étranger.
A Zoë, son unique fille :
- Je te donne toutes les chaussures de ta mère, ses bijoux,
ses robes…
Valentin, l'aîné, mal-aimé, n'a droit qu'à un tableau repré-
sentant son père.
Cinq ans plus tard, le dictateur revient sur terre et
convoque une réunion de famille. Nicu et Zoë sont ruinés. Le
premier s'est noyé dans l'alcool et a brûlé sa fortune avec des
femmes de petite vertu. La seconde a tout dépensé en colifi-
chets. Valentin, lui, est resplendissant, cigare aux lèvres, l'allu-
re assurée de l'homme qui a réussi.
- Mais mon fils, comment as-tu fait pour devenir million-
naire ? Je ne t'avais pas laissé un sou, tu étais à la rue…
- J'ai installé ton portrait sur le trottoir et j'ai écrit "100 lei"
pour cracher dessus”.
Napoléon
Napoléon revient sur terre. Il découvre "Scânteia", l'orga-
ne du Parti Communiste, félicite Ceausescu et s'exclame,
admiratif : “ Si je n'avais eu que des journaux comme çà…
personne n'aurait entendu parler de Waterloo.”
De Gaulle
De Gaulle débarque à l'aéroport d'Otopeni pour une visite
officielle et salue la garde d'honneur, " Buna ziua, soldati !". Il
se penche vers Ceausescu et lui glisse :
- Que c'est difficile le roumain…
- A qui le dites vous ! lui répond le Génie des Carpates.
Terreur
Du temps de la sinistre Securitate, Ion et Maria dorment
paisiblement dans leur appartement. Tout à coup, ils sont
réveillés par des bruits de bottes dans l'escalier et de violents
coups de poings à la porte. Terrorisé, Ion va ouvrir, alors que
Maria se cache sous les draps.
Il revient et rassure sa femme : “Ce n’est rien. Ce n’est
que l'immeuble qui brûle. “
Comparaison
Un Japonais s'étonne de la brièveté de la journée de tra-
vail des Roumains et explique à son interlocuteur les raisons
des succès économiques de son pays :
- Au Japon, on travaille deux heures pour soi, deux heures
pour son patron et deux heures pour l'empereur.
Le Roumain compare :
- Ici, on travaille aussi deux heures pour soi, le patron, y
en a pas… Quand à l'empereur du Japon, on s'en fout !
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2237
Connaissance et découverte
Blagues à la roumaineHumour
Les NOUVELLES de ROUMANIE
224
Actualité
La Roumanie a commencé le rattrapage du décalage des dernières années,
mais il reste beaucoup à faire" souligne le dernier rapport annuel de la
Commission européenne, paru récemment. Bruxelles estime que la
Roumanie remplit les critères politiques d'adhésion et a enregistré des progrès signifi-
catifs dans des domaines encore soumis à critique l'an passé, notamment sur le plan de
la "gouvernance".
Toujours selon ce document, les signes d'amélioration économique nécessaires à
la création d'une économie de marché fonctionnelle sont tangibles, notamment au
niveau de la croissance du PIB, de la volonté de privatisation, de la baisse de l'infla-
tion, trop faible cependant, mais sont insuffisants pour faire face à la concurrence du
marché unique. D'autant plus que subsistent de grands déséquilibres, comme les dettes
des entreprises d'état.
Des progrès sont également notés en ce qui concerne le droit des sociétés com-
merciales, la concurrence, les transports, les télécommunications, mais l'inertie de l'ad-
ministration et la corruption sont toujours considérées comme un frein sérieux au
développement. Le système judiciaire a besoin d'une réforme assurant son indépen-
dance et l'agriculture, d'une politique nationale bien définie.
Pour l'aider à préparer son adhésion, la Roumanie doit recevoir, en début d'année,
300 M� (2 milliards de F) de l'UE, dans le cadre du plan Phare 2001, destinés à ren-
forcer sa capacité démocratique, économique, administrative, et à préparer les trans-
formations nécessaires pour respecter les critères européens.
La Roumanie, qui va toucher 13M� (85 MF) des USA pour l'aider àpréparer son intégration à l'OTAN,dispose d'un aéroport militaire, àFetesti, apte désormais à recevoirtous les types d'avions, et peut ainsiparticiper à un déploiement de forcesdans le cadre du "Partenariat pour laPaix". Jusqu'ici, seulement trois aéro-ports civils étaient dotés de pistes etéquipés de systèmes de radio naviga-tion aérienne permettant l'atterrissa-ge, compatibles avec les exigencesde l'OTAN et de l'ICAO (OrganisationInternationale de l'Aviation Civile) :Otopeni-Bucarest, Constantsa,Timisoara. Deux autres aéroports mili-taires devraient être modernisés.
Fetesti a été choisi pour sa posi-tion géographique, au sud-est dupays, qui permet un entraînementoptimum pendant toute l'année.Depuis 2001, les pilotes de la baseeffectuent 120 heures de vol par an,ce qui correspond aux standards del'OTAN.
Les Premiers ministres de sept
pays d'Europe Centrale et de
l'Est se sont retrouvés à
Bucarest, mi-novembre, pour discuter de
l'avenir de l'accord de libre échange
(CEFTA) dont ils sont signataires.
Mis sur pied en 1993 par la Hongrie,
la Pologne, la République Tchèque, la
Slovaquie et la Slovénie, le CEFTA a été
rejoint depuis par la Roumanie et la
Bulgarie. Considéré comme une anti-
chambre de l'UE, cet organisme préconi-
se une élimination graduelle des taxes
douanières entre ses membres, sur le
modèle du marché unique européen. Il est
aussi présenté comme un exercice utile
d'harmonisation des intérêts nationaux de
plusieurs pays au sein d'une structure
régionale de commerce.
Ouvert aux autres pays voisins, il
devrait être rejoint, au cours de l'année
par la Croatie, la Macédoine étant égale-
ment sur les rangs, préfigurant ainsi une
vague ultérieure de candidatures à l'UE
des pays issus de l'ex Yougoslavie.
Toutefois, la Roumanie est peu satis-
faite du bilan qu'elle tire de sa participa-
tion au CEFTA. En 2000, ses échanges
avec les autres pays membres, se sont sol-
dés par un déficit de près de 400 M� (2,6
milliards de F) de sa balance commercia-
le, et les résultats de l'année qui vient de
s'achever se révèlent encore plus négatifs,
avec un solde supérieur à 500 M� (3,3
milliards de F).
Pour près de la moitié, ce déséqui-
libre provient du secteur agro-alimentai-
re. La Roumanie n'a pas les moyens d'ai-
der les exportations de ses produits agri-
coles en les subventionnant, comme le
fait la Hongrie, et est désavantagée par
rapport aux pays plus aisés. Ce problème
qui touche également la Bulgarie et la
Pologne, sera encore plus important
quand ces pays intégreront l'UE et sa
politique agricole commune.
Pour protéger son agriculture, la
Roumanie est donc contrainte d'avoir
recours, "plus souvent qu'elle ne le sou-
haite", à des mesures protectionnistes qui
contreviennent aux principes de la libéra-
lisation du commerce prônés aussi bien
par l'UE que par l'OMC (Organisation
Mondiale du Commerce).
Le rapport annuel de l'Union EuropéenneVie internationale
L'école du libre échange révèle les faiblesses de la Roumanie face à ses voisinsAéroport comp atible
avec l'OT AN
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CLUJ
La Roumanie possède de superbes musées. Certains sont présents sur Internet avec plus ou moins de réussite. Partez à
leur découverte en vous connectant sur le site http://www.cimec.ro/scripts/muzee/selen.asp, qui se présente sous la
forme d'un annuaire recensant les musées selon la ville ou le département. C'est très pratique pour trouver leurs adresses.
Le musée de la civilisation populaire traditionnelle de Sibiu est le plus grand musée en plein air de Roumanie avec celui de
Bucarest. Son site http://www.itc.ro/sibiu/rom/hartam.htm permet de parcourir son parc, de retrouver les différentes architec-
tures et techniques artisanales du pays grâce à sa carte réactive. Restons dans la même ville avec la superbe galerie d'art de l'an-
cien gouverneur de Transylvanie, le baron Von Bruckenthal. Le site http://www.verena.ro/brukenthal/beginro.html, donne un
aperçu de la somptueuse collection des 1 100 toiles amassées par ce collectionneur éclairé, et présente également le musée de la
pharmacie. Le musée du Banat à Timisoara, http://www.infotim.ro/mbt/mbt.htm, est une réussite autant par sa qualité que part
la richesse de son contenu. A ne pas manquer. A voir également le site du musée national d'art de Bucarest,
http://art.museum.ro/museum.html. Il en existe d'autres, mais d'une qualité plutôt moyenne.
La monnaie roumaine s'affiche aussi sur Internet. Un billet de cinq lei datant de 1877 est coté à 1300 � (8500 F) ou, plus récent
et étonnant, on y voit un billet de 100 lei des années 80 estimé à 40 � (260F) ! ! ! Retrouvez toutes ces cotes en français sur le site
http://www.numismatica.f2s.com/romania.htm et http://www.cgb.fr/billets/b14/index.html.
Enfin, et dans un registre totalement différent, pour ceux d'entre vous qui ne maîtrisent pas la langue roumaines, lisez en fran-
çais la revue de presse quotidienne des principaux journaux roumains sur http://www.rompres.ro.
Alain Defline
Bonnes adresses sur le Net
A la découverte des musées roumains
Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline, sur le site http://laroumanie.de-france.org, rubrique "Les nouvelles de Roumanie".
Internet
"Des progrès significatifs…
mais il reste beaucoup à faire"
Euro-enthousiasmeUn récent sondage réalisé dans
tous les pays candidats à l'UE confir-me que le Roumains sont les plus"euro-enthousiastes", 81 % d'entreeux déclarant qu'ils se prononce-raient en faveur de l'adhésion, encas de référendum, un pourcentageen augmentation de 10 % sur un an.Viennent ensuite les Bulgares (70%), les Slovaques (65 %), lesSlovènes (63 %), les Turcs (61 %),les Hongrois (60 %), les Lettons (53%), les Polonais (49 %), les litua-niens (48 %), les Tchèques (47 %),les Estoniens (38 %).
FETESTIl
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2236
Connaissance et découverte
Echanges
Nature
Les lecteurs nous écrivent
Depuis 1989, l'association Trévé-Calata (Côtes d'Armor) agit de différentes
façons en Roumanie, accueillant notamment en stage des étudiants de
l'Université Agronomique de Cluj. Une centaine d'entre-eux ont ainsi
effectué des séjours d'au moins un mois dans des fermes de la région de Loudéac, en
Bretagne. Cependant, une des autres initiatives qu'elle a menée ces dernières années
l'a profondément affectée, douchant son enthousiasme et sa motivation.
Emue par l'action très médiatisée du clown Miloud en faveur des enfants des rues
de Bucarest, l'association l'avait rencontré lui proposant de l'aider. A sa demande, elle
a ainsi entrepris de lui procurer un moyen de transport pour lui permettre de distribuer
des repas chauds dans différents quartiers de la capitale roumaine.
Un grand élan de solidarité à travers les Côtes d'Armor
"Pour cela", confie son président, Paul Hamayon, "nous avons acheté un ancien
car de ramassage scolaire, que nous avons totalement transformé. Les sièges ont été
remplacés par des tables et des bancs neufs, solidement fixés au sol, permettant d'ac-
cueillir 48 personnes. Des dames on mis des rideaux aux fenêtres. Nous l'avons équi-
pé de marmites isothermes, d'un évier, de vaisselle offerte par une paroisse, d'un grou-
pe électrogène et d'un appareil de chauffage lui permettant de fonctionner à poste
fixe".
"L'intérieur du bus a été décapé par les membres de l'association et la peinture
entièrement refaite par l'AFPA de Loudéac. Les jeunes d'une école de dessin et leurs
professeurs l'ont décoré de motifs exprimant leur désir de solidarité avec les enfants
de Bucarest".
"L'achat et la mise en état du véhicule ont coûté 80 000 F (12 000 �) et de nom-
breuses heures de bénévolat. Le financement a pu se faire grâce à un grand élan de
solidarité à travers le département. Lors du pot de l'amitié marquant la réalisation du
projet, Miloud nous a exprimé par téléphone sa satisfaction et tous les espoirs qu'il
mettait dans ce car que cinq bénévoles ont acheminé en Roumanie, en janvier 1999”.
"A l'intérieur, il ne restait plus rien… que le volant"
…Mais, malgré les assurances données, le véhicule n'a jamais été dédouané, n'a
jamais roulé et n'a sans-doute pas été utilisé, même à poste fixe. Miloud s'est avéré
impossible à joindre, aussi bien par téléphone que sur place, par rendez-vous. Un
membre d'une association amie a rapporté des photos du car : "à l'intérieur il ne res-
tait plus rien, qu'un volant tordu. Tout l'équipement avait disparu. Le moteur avait été
en partie démonté et était irrécupérable"…
Même si l'opération, financièrement, était "blanche" pour l'association, son fias-
co l'a marquée profondément, risquant de lui faire perdre toute considération auprès
de ceux qui l'avaient aidée. "N'ayant aucune information, nous ne savions que
répondre. Il en résultait pour chacun de nous un profond malaise, celui de nous être
faits avoir et d'avoir engagé beaucoup de monde sur la voie de l'échec” regrette,
amer, Paul Hamayon qui reproche à Miloud son silence : "Qu'il ait eu des difficultés
à utiliser le car comme prévu, nous aurions pu le comprendre. Nous aurions pu étu-
dier comment l'utiliser autrement. Nous avions des possibilités…” .
Aujourd'hui "Trévé-Calata" continue à vivre, traumatisée par cette expérience qui
décourage la mise en œuvre d'autres projets, et lutte contre la démobilisation de ses
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
225
Actualité
Lancé par une campagne publicitaire, le recensement
général de la population se déroulera pendant dix
jours, du 18 mars au 27 mars prochains. Douze
mille personnes, rémunérées 100 � (650 F), ont été engagées
pour faire du porte à porte, distribuer les questionnaires à leurs
concitoyens et les aider à les remplir. Ils devront faire avec les
quelques 16 000 rues qui ne portent pas de pancartes et la moi-
tié des cinq millions de maisons dépourvues de numéro.
Le précédent recensement remonte à 1992, ses résultats
ayant été actualisés au 1er janvier 1998.A cette dernière date,
la Roumanie comptait 22 526 000 habitants, ce qui la situait au
43ème rang dans le monde et au 13ème en Europe. 12,4 mil-
lions de personnes vivaient en ville (55 %) et 10,2 millions en
milieu rural (45 %). La population comptait davantage de
femmes (51 %) que d'hommes (49 %).
Vingt quatre villes dépassaient 100 000 habitants, dans
lesquelles vivaient 7 millions de personnes, représentant 56 %
de la population urbaine. Dans l'ordre, les principales villes
étaient : Bucarest (2 032 000 habitants), Iasi (349 000),
Constantsa (344 000), Cluj (333 000), Galatsi (332 000),
Timisoara (327 000), Brasov (316 000), Craiova (314 000),
Ploiesti (253 000), Braïla (234 000).
Les premiers chiffres disponibles, datant de 1859, situent
ainsi l'évolution de la population de l'ensemble de la
Roumanie (l'unification ne remonte qu'à 1918) : 8,6 millions
(1859), 12,9 millions (1912), 14,3 millions (1930), 15,9 mil-
lions (1948), 17,5 millions (1956), 19,1 millions (1966), 21,6
millions (1977), 23,15 millions (1989), année record… et de la
chute de Ceausescu, 22,8 millions (1992). Actuellement, la
population roumaine est estimée à 22,2-22,3 millions d'habi-
tants, soit une baisse de près de un million depuis 1989, avec
une densité de 94 habitants par km2 (France, 109 hab/km2).
Une espérance de vie de 69 ans, en 1998
En 1998, le taux de natalité était de 10,5 pour mille, de
mortalité, de 13,2 pour mille, soit un taux de diminution natu-
relle (hors émigration) de la population de 2,7 pour mille, un
phénomène enregistré sans discontinuer depuis 1992. La
moyenne des mariages était de 6,5 pour mille habitants et de
divorce, de 1,54. L'espérance de vie était de 69 ans (70 dans
les villes, 68 dans les campagnes), passant de 65 ans pour les
hommes à 73 ans pour les femmes. La population considérée
active (16-59 ans) représentait 62 % de l'ensemble, les enfants
(0-14 ans) 19 %, les plus de 60 ans, 18 %.
Sur les 22,8 millions de Roumains recensés en 1992, 20,4
millions étaient considérés comme étant d'origine roumaine,
2,4 millions appartenant à des minorités. Parmi elles, 1,6 mil-
lions de Hongrois (7,1 % de la population totale), 400 000
Tsiganes (1,7 %) - ce chiffre est fortement contesté par la
communauté tsigane et nombre d'observateurs, qui le situent à
2 millions - 120 000 Allemands (0,5 %), 66 000 Ukrainiens
(0,3 %), 9000 Juifs (0,04 %). Entre 1990 et 1998, 300 000
Roumains ont émigré, dont 100 000 d'origine allemande.
Le prochain recensement devrait révéler l'ampleur de la baisse de la population
Politique
Le Premier ministre a indiqué, fin novembre, que 50 dossiers d'adoption d'enfants roumains, présentés par des familles
étrangères, essentiellement américaines, espagnoles, israéliennes et françaises, avaient été débloqués et devaient être
réglés pour Noël. Autorités américaines et Françaises ont salué ce geste qui, selon les associations accréditées pour ser-
vir d'intermédiaires dans ces adoptions, ne serait qu'un premier pas devant être suivi d'autres.
Depuis le 8 octobre dernier, les adoptions internationales sont bloquées pour un an, à la suite des critiques qu'elles avaient sus-
citées, concernant le trafic auxquelles elles donnaient lieu. Plusieurs pays ont cependant demandé au gouvernement roumain d'
"humaniser" cette décision, dans l'attente d'une nouvelle loi. D'après David Livianu, directeur de American Assistance for
Romania, près de 500 dossiers ont été gelés à différents stades de procédure, dont beaucoup étaient sur le point d'aboutir.
Adoptions internationales: cinquante dossiers débloqués
Une cantine ambulante pour les enfants
de la rue de Bucarest: l'enthousiasme
douché d'une association bretonne
Les tendres orchidées du massif du Ceahlau
Le Ceahlau, montagne imposanteavec des belles forêts, des rochersspectaculaires, des cascades et destorrents impétueux, est le gardiend'un trésor floristique et faunistiqueremarquable. Le vieux massif desCarpates de Moldavie, dans la régionde Piatra Neamt, donne abri à 37espèces d'orchidées apportant unenote de splendeur et de délicatesseau paysage. Certes, il ne faut pass'attendre à y découvrir la magnificen-ce des orchidées des forêts tropi-cales, mais ces petites fleurs frêles,suaves, apportent toute leur fraîcheurà une nature majestueuse, où l'onrecense plus d'un millier de plantesdifférentes, représentant 36 % de laflore entière de Roumanie.
Un agréable petit livre, publié aussibien en français qu'en roumain, per-met de partir à leur découverte ainsiqu'à celle des milieux naturels duCeahlau. Cet ouvrage, remarquable-ment documenté, a été réalisé parune botaniste roumaine, TataniaOnisei, avec le concours d'une entre-prise danoise de gestion des res-sources agricoles et sylvicoles et dela Société Française d'Orchidophilie.L'amoureux de la nature en fera sonbonheur lors de ses longues prome-nades dans le massif, tout en aidantà sa préservation, les bénéfices de savente lui étant consacrés.
Les orchidées du massif du Ceahlau par
Tatania Onisei. Ouvrage disponible en France,
10 �, franco de port. Société Française
d'Orchidophilie, 17 rue Martin, 76 320
Caudebec-les- Elbeuf (France).
A partir du 18 mars, les Roumains se comptent
Depuis novembre, et jusqu'en
août prochain, les Roumains
sont soumis à une campagne
publicitaire, lancée par l'autorité
Nationale pour la Protection de l'Enfant
et l'Adoption (ANPCA). Objectif :
convaincre l'opinion que la place d'un
enfant est aux côtés de ses parents et non
pas dans la rue ou dans les orphelinats,
dans lesquels se trouvent encore 85 000
d'entre eux. Chaînes de télévision, presse
écrite, radios, panneaux d'affichage, sont
porteurs du message.
Les cibles visées sont plus particuliè-
rement les femmes et les familles à
risque, mais aussi les couples de
Roumains qui désirent adopter des
enfants, et les professionnels qui peuvent
s'impliquer dans la prévention de l'aban-
don : prêtres, médecins, professeurs,
assistants sociaux.
Un site Internet, www.suflet.ro, ainsi
qu'une ligne gratuite de téléphone sont
également mis à la disposition de la
population. L'UE, par le biais du pro-
gramme PHARE, a fourni les fonds
nécessaires à cette action, soit 2,6 M� (17
MF).Par ailleurs, l'USAID, l'agence des
Etats Unis pour le Développement
International, a accordé 17 M� (111 MF)
pour le financement de programmes
locaux de protection de l'enfance qui se
dérouleront sur les cinq ans à venir et
impliqueront aussi la formation des
représentants des fondations roumaines
participant à ce projet.
Campagne pour prévenir les abandons d'enfant s
l PIATRA NEAMT
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2235
Connaissance et découverte
Le premier dirigeant ("Domnitor") de cette Roumanie
avant l'heure, encore dépendante des Turcs, sera le prince
Alexandru Ion Cuza, lequel avait fait ses études à Paris dans
les années 1830, y rencontrant son futur ministre des affaires
étrangères, l'écrivain Vasile Alecsandri.
La France interviendra encore de manière décisive,
lorsque le futur royaume devra se doter d'un roi, faisant accep-
ter par les autres nations européennes le choix du prince
Charles de Hohenzollern-Sigmaringen (futur Carol 1er), en
1865, puis le soutiendra lors de l'accession à l'indépendance,
en 1877.
Langue d'émancipation en Transylvanie
après la Première Guerre mondiale
Pendant la Première Guerre mondiale, la mission militaire
française, conduite par le général Berthelot, joua un rôle essen-
tiel dans la reconstruction de l'armée roumaine. La présence de
Bucarest auprès des Alliés sera récompensée par la création de
la Grande Roumanie, avec le rattachement de la Transylvanie,
du Banat, de la Bucovine et de la Bessarabie. Clemenceau fer-
railla durement avec ses partenaires, lors de l’élaboration des
traités de paix de Saint-Germain avec l'Autriche, de Neuilly
avec la Bulgarie, du Trianon avec la Hongrie, pour leur faire
accepter que le peuple roumain réalise ses aspirations natio-
nales par cette union historique.
Dans cette Transylvanie, où la
formation avait été jusque là prin-
cipalement allemande, le français
sera implanté grâce à une mission
culturelle qui fera venir de France
de nombreux professeurs. Après la
domination austro-hongroise, le
français apparût comme une forme
d'émancipation, rappelant en outre
leur latinité aux Roumains. Les
jeunes de la région reçurent une
formation classique, solide et
durable.
Après la Grande Guerre, la Roumanie fut un des piliers de
la "Petite Entente", incluant également la Yougoslavie et la
Tchécoslovaquie, cette alliance de revers que Paris a mise au
point dès 1921, pour contenir une éventuelle menace alleman-
de mais aussi empêcher des velléités de restauration des
Habsbourg en Autriche et Hongrie. Le pacte disparaîtra de lui-
même en 1938, après la capitulation diplomatique de Munich
d'une France incapable de tenir ses engagements devant les
exigences d'Hitler.
Une forme de résistance
intellectuelle sous le communisme
Ce tournant, suivi du désastre de 1940, marque la fin d'un
certain "leadership" de la France dans la région et de son
influence. L'occupation soviétique fera le reste. Pourtant,
même à travers les décennies pendant lesquelles la Roumanie
fut soumise à un régime
totalitaire, les interfé-
rences culturelles avec
la France continueront.
La francophonie repré-
sentait une forme de
résistance intellectuelle.
Les Roumains avaient
de plus en plus de mal à
se procurer des livres
français, mais se les
passaient sous le manteau. Dans les dernières années du com-
munisme, fréquenter le Centre culturel français de Bucarest,
seul endroit où on pouvait trouver des ouvrages francophones,
était un acte de courage.
C'est un miracle si, après un demi-siècle d'enfermement,
près d'un Roumain sur quatre parle encore le français et un
enfant sur deux l'étudie. "Pour les Roumains, au cours de leur
histoire, le français a été la langue formatrice de l'intellectua-
lité et on ne saurait négliger sa contribution dans l'identité
nationale roumaine" conclut Elena Dimitriu.
La Roumanie membre de plein droit
de la francophonie depuis 1993
La Roumanie a été admise comme membre de plein droit
de la francophonie lors du sommet francophone de l'île
Maurice, en 1993. Une reconnaissance pour ce que les
Roumains ont voulu, su et pu faire pendant deux siècles pour
répandre et développer l'usage du français dans leur pays. La
Roumanie s'est aussi proposée pour accueillir un prochain
sommet et organiser une édition des jeux de la francophonie.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
226
Actualité
Les admirateurs de Gheorghe Zamfir
ont été choqués, voici un an, lors-
qu'ils ont vu le musicien s'afficher
aux côtés du chantre de l'ultra-nationalisme,
Corneliu Vadim Tudor, lui apportant son sou-
tien au cours de l'élection présidentielle où ce
dernier a terminé à la seconde place.
En Roumanie, où il était adulé par la popu-
lation, la cote du flûtiste de Pan a sombré. Les
médias n'ont pas caché leur énorme déception
devant la dérive morale d'un symbole de la nation, qui avait certes quitté son pays
depuis trois décennies mais était resté profondément Roumain, proche des gens.
"Hallucinant", "Pauvre Zamfir"… tels furent quelques un des titres ou commentaires
de la presse, après son passage dans une émission télévisée de grande audience où l'ar-
tiste laissait libre cours à ses préoccupations métaphysiques, amenant ses concitoyens
à se demander "s'il ne déraillait pas" et à se poser des questions sur "sa mégaloma-
nie". Une double page centrale qui lui était consacrée dans "Romania Mare", l'heb-
domadaire du parti de Vadim Tudor, a achevé de ternir son image.
"On me catalogue comme un anti-sémite"
Le grand interprète a payé chèrement son faux pas. Dans une interview à un quo-
tidien d'Arad, il a déploré qu'il n'existe plus qu'un seul CD de lui dans l'une des prin-
cipales stations de radio roumaine, alors qu'il en a sorti au total 138, lesquels sont dif-
fusés sur les ondes sans discontinuer à travers le monde. "C'est une catastrophe.
D'idole je suis devenu un traître à mon pays" s'exclame Zamfir qui dénonce une cam-
pagne nationale et mondiale de dénigrement à son égard dont les conséquences se font
encore plus sentir à l'étranger : "On m'a marqué au fer rouge. Je suis un homme fini".
En Allemagne, 300 spectateurs seulement se sont déplacés pour un concert pres-
tigieux qu'il devait donner dans une grande église. Des coups de téléphone avaient dis-
suadé le public de venir, avec le même message "Zamfir est un antisémite… Attention,
cela peut-être dangereux d'aller à son concert". Cette réputation l'a suivi en
Angleterre, amenant une maison de disques à renoncer à entreprendre une campagne
de promotion aux USA en 2003, projetée de longue date.
A Budapest, le concert prévu à l'occasion de la remise de son disque d'or - un mil-
lion de disques vendus - le seul qu'un Roumain ait obtenu en Hongrie, a été subite-
ment annulé. Le directeur de la salle, la plus grande la capitale, était juif.
"Pourquoi ?" se révolte Zamfir, "Je ne suis pas antisémite, ni anti-tsigane, ni anti-
ce que vous voulez. J'ai des amis juifs. J'ai habité à Paris dans la maison d'une juive
qui me l'a laissée plus tard. En Israël, j'ai donné des concerts fantastiques devant un
public qui vibrait avec moi. J'ai été me recueillir devant le Mur des Lamentations et
j'ai prié dans des synagogues, entouré de juifs".
"C'est un désastre moral, physique et financier"
Le flûtiste, qui est marié avec une Française et vit dans la région parisienne, confie
que son pas de clerc l'a conduit à une catastrophe "incommensurable". "C'est un
désastre moral, physique et financier… Je suis ruiné" avoue-t-il, désemparé, avant de
revenir sur son soutien à Corneliu Vadim Tudor. "Je m'étais rendu compte que j'étais
le seul artiste roumain exilé, renouant avec son pays en 1989, à n'avoir rien fait
depuis. Je me suis engagé pour soutenir une cause que l'on m'a présentée comme étant
la seule pouvant sauver la Roumanie et le peuple du marasme dans lequel ils se débat-
taient, et nullement pour servir de caution à Vadim Tudor". Et de s'excuser de sa naï-
veté : "Quand on me parle de sauver le pays, je suis prêt à tout".
Nastase caracole en tête
Politique
En cas d'élection présidentielleanticipée, Adrian Nastase, devance-rait largement ses concurrents, obte-nant 40 % des voix au premier tour,contre 17 % à l'ultra-nationaliste,Corneliu Vadim Tudor, 15 % à l'an-cien premier ministre TheodorStolojan, 13 % au maire de Bucarest,Traian Basescu. Au second tour, lePremier Ministre l'emporterait danstous les cas, plus facilement devantVadim Tudor (60-40) que face àBasescu (54-46).
Ils traduisent Proust en persan,
Joyce en roumain ou Kafka en
hébreu… Des traducteurs litté-
raires du monde entier se sont retrouvés à
Arles pour trois jours d'échanges avec des
auteurs, éditeurs, critiques. Lors de la
précédente édition, ils avaient pu rencon-
trer Umberto Eco (Italie), Ismaïl Kadaré
(Albanie) et Mario Vargas Llosa (Pérou).
Le Collège international des traduc-
teurs littéraires, qui accueille ces assises
organisées depuis 18 ans, est une structu-
re unique en France. Au fil des ans, il a
reçu en résidence 800 traducteurs profes-
sionnels pour des périodes de quinze
jours à trois mois. Ainsi, à l'automne, un
Roumain de 54 ans, plongé dans l'œuvre
de l'ethnologue français Claude Lévy-
Strauss, a reçu une bourse de 900 � (6000
F) que l'UE lui avait attribuée pour deux
mois, ce qui représentait pratiquement
son salaire annuel. Elle lui a permis
d'acheter la documentation qui lui faisait
défaut en Roumanie et de se consacrer
entièrement à sa tâche, faite d'un travail
minutieux et solitaire. Pour ce faire,
comme tous les résidents, le traducteur
avait accès 24 heures sur 24 à la biblio-
thèque du collège et à ses 20 000
ouvrages spécialisés.
A Arles, on peut traduire Levy-S trauss ou Proust en roumain ou persan
Anne de Noailles (à droite au premier rang), en compagnie de
Marcel Proust (en haut à gauche).
Emil Cioran est considérécomme le plus grand
styliste de la langue fran-çaise au XXème siècle.
Zamfir : la fausse note
du flûtiste de Pan
Pour la première fois, le budgetprévisionnel de l'Etat a été adoptéavant la fin de l'année en cours, ennovembre, la majorité (sociaux-démo-crates du PSD, Hongrois de l'UDMR)votant pour et l'opposition, (PartiDémocrate, Parti National Libéral,Parti de la Grande Roumanie), contre.
La durée du service militairedevrait être prochainement ramenéede un an à neuf mois, voire cinq ouquatre mois, a indiqué le ministre dela Défense, Ioan Mircea Pascu. Pourremplir les critères d'adhésion àl'OTAN, l'armée roumaine doit deve-nir plus opérationnelle, se profession-naliser et, pour cela, réduire seseffectifs. En 2003, l'Armée ne com-prendra plus qu'un tiers de conscritsparmi ses 117 000 militaires et 28000 civils, dont 15 700 officiers, 42500 sous officiers et 21 300 hommesde troupe engagés.
Première pour le budget
Prochaine réductionde la durée du service milit aire
Fourvoyé aux côtés de Corneliu VadimTudor, le célèbre musicien affirme
qu'il est ruiné et regrette sa naïveté.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Connaissance et découverte
L'histoire des relations franco-roumaines est placé sous le signe d'un pont de
latinité qui a uni, à travers les âges, la Roumanie et la France. Dans une
conférence donnée à Paris, dont sont tirées les lignes qui suivent, Elena
Dimitriu, responsable de la bibliothèque française de Brasov, insiste sur l'amitié, la
solidarité, la fraternité, qui ont toujours caractérisé ces rapports. "Depuis toujours, au
cours des drames où furent jetés Roumains et Français, jamais, quoiqu'il soit arrivé,
ils ne se sont considérés autrement qu'avec beaucoup d'estime et de sympathie"
constatait le général De Gaulle. Cet attachement réciproque a conduit les deux pays à
se retrouver, tout naturellement, dans le domaine de la pensée, des lettres et des arts,
avec les conséquences que cela implique au plan politique.
Les premières relations entre les deux pays remontent à l'époque des "Croisés".
En 1396, les chevaliers de Jean de Nevers, fils du roi de
Bourgogne, combattirent côte à côte avec les troupes du
prince valaque Mircea cel Batrin (Mircea le Vieux).
L'origine valaque du poète Ronsard
Dans un de ses poèmes, Pierre Ronsard (1524-1585)
témoigna de son origine roumaine. Le grand poète fran-
çais descendait d'un capitaine valaque du nom de
Maracine ("Ronce" en roumain) venu lutter au service du
roi Philippe VI de Valois. Un peu plus tard, à la cour de
Henri III et de Catherine de Médicis, Petre Cercel (Pierre
"Boucle d'oreille"), futur prince de Moldavie, se faisait
remarquer par son intelligence et son charme.
A l'époque des "Lumières", et beaucoup plus intensément à l'époque romantique,
un grand nombre de Roumains firent leurs études en France. Les œuvres des clas-
siques français circulaient en version originale. On lisait Bossuet, Racine, Corneille,
La Fontaine, Boileau, Molière. Origine latine de la langue, prestige, élégance, favori-
sèrent la diffusion du français jusqu'à nos jours… d'autant plus, insistent les Roumains
aujourd'hui, que nul n'a été obligé de l'apprendre, contrairement à l'allemand en
Transylvanie ou le russe, plus récemment.
Les précepteurs français étaient nombreux dans les cours des voïvodes. La
Révolution de 1789 apporta ses idées nouvelles… mais aussi toute une cohorte de
nobles, officiers et serviteurs de l'Ancien régime, venus chercher refuge sur une terre
amicale et douce, et qui y laisseront leur empreinte de culture et de mœurs occiden-
tales. Dès 1794 (Bucarest) et 1796 (Iasi), les premiers consulats français ouvrirent
leurs portes dans les capitales des principautés danubiennes.
Première école française fondée en 1830 à Bucarest
1789, puis 1848, marquèrent d'une façon déterminante le développement de la
nation et de l'état roumain. Dès le début du XIXème siècle, les premiers étudiants rou-
mains se retrouvèrent à Paris. Ils annonçaient la génération des révolutionnaires de
1848 qui se retrouveront sur les barricades de la capitale française et conduiront à la
résurrection nationale de la Roumanie, une dizaine d'années plus tard.
A Bucarest, en 1830, J. Auguste Vaillant fonda la première école française pour
les fils de bourgeois, commençant ainsi à répandre l'usage de la langue d'une manière
organisée et rigoureuse. La culture et la civilisation françaises s'imposèrent auprès de
l'élite d'un pays à la recherche d'un modèle de développement. A Paris, en 1846, naquit
la première bibliothèque roumaine à l'étranger. Jules Michelet et Edgar Quinet la fré-
quentèrent assidûment. Les deux historiens seront les avocats de l'union des deux pro-
vinces, la Valachie et la Moldavie, réalisée avec l'aide de Napoléon III, en 1859.
Le français a marqué durablement la conscience roumaineFrancophonie
Les NOUVELLES de ROUMANIE
227
Actualité
Al'approche de l'échéance du 1er janvier, qui devait
voir la mise en application du statut que Budapest
a élaboré pour venir en aide aux Magyars vivant
en dehors des frontières de la Hongrie, Bucarest s'y opposant,
voyant là une violation de sa souveraineté, le ton avait sensi-
blement baissé entre les deux capitales.
Les réactions des pays voisins de la Hongrie, mais aussi la
mise en garde des instances européennes, avaient conduit les
autorités hongroises à revoir leur projet et à sérieusement
l'édulcorer, ce qui a contribué à détendre l'atmosphère.
Finalement, les deux gouvernements sont parvenus à un
accord à la veille de Noël. La Hongrie ne prendra pas de mesu-
re concernant les citoyens d’autres pays.. Aucune discrimina-
tion ne sera faite entre les Roumains. Qu’ils soient d’origine
magyare ou non, ceux-ci pourront travailler pour une période
de trois mois en Hongrie et bénéficier d’assurances médicales.
Enfin, les autorités hongroisses délivreront aux seuls
Roumains magyars des certificats d’origine.
En fin de compte, l'automne qui promettait d'être chaud
sur ce sujet s'est finalement révélé plutôt calme, les nationa-
listes et radicaux des deux bords ne réussissant pas à faire
dégénérer les contentieux existant entre les deux communau-
tés. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé.
Ruban noir pour la Fête Nationale
Dans un rapport, début novembre, le chef des services de
renseignements roumains (SRI), Radu Timofte, attirait l'atten-
tion sur les risques d'autonomisme dans les départements à
majorité hongroise de Harghita (Miercurea Ciuc) et Covasna
(Sfântu Gheorghe). Il lançait un cri d'alarme sur la dégradation
de l'autorité de l'Etat dans cette région, relayé par des politi-
ciens prêts à s'enflammer pour dénoncer les obstructions quo-
tidiennes de la part des magyars auxquelles se heurtent les
Roumains, que ce soit dans les
domaines de l'enseignement, la cul-
ture, la religion ou de la vie
publique.
L'opposition parlementaire envi-
sageait de déposer une motion de
censure menaçant la coalition gou-
vernementale qui repose sur une
alliance entre le PSD (Parti Social
Démocrate) et le parti des Hongrois
(UDMR). Mais, finalement, le prési-
dent Iliescu et son Premier ministre
désamorçaient ce brûlot, en insistant
sur l'exagération des faits présentés.
Quelques semaines plus tard, "l'incendie" risquait de
reprendre à l'occasion de la fête nationale. Des radicaux de
l'UDMR, de Miercurea Ciuc lançaient un manifeste appelant
leurs compatriote magyars à ne pas y participer et les invitaient
à porter un ruban noir ce jour là. Ils qualifiaient le 1er
décembre de jour de deuil de l'histoire de la Hongrie, rappelant
qu'à cette date, en 1918, elle a perdu la Transylvanie, rattachée
à la Roumanie. Considéré comme un affront par certains par-
tis, cet appel n'a cependant pas eu l'écho espéré par ses auteurs,
qui ont été réprimandés par leur formation, l'UDMR de Marko
Béla et le gouvernement jouant une nouvelle fois les pompiers
devant les incendiaires de tous bords.
Les radicaux des deux bords ne réussissent pas Politique
Le jour
de son
52ème
a n n i v e r s a i r e ,
Corneliu Vadim
Tudor a été, pour
la 3ème fois,
privé de son
immunité parlementaire. Le président du
PRM (Parti de la Grande Roumanie),
pourra donc être poursuivi en justice pour
divulgation de fausses informations, ris-
quant de 1 à 5 ans de prison avec sursis.
Le bouillant sénateur avait accusé le pré-
sident Iliescu, peu après les événement du
11 septembre, d'avoir permis à des élé-
ments du Hamas palestinien de s'entraî-
ner sur le territoire roumain, en 1994, fai-
sant ainsi planer une ombre sur la candi-
dature de son pays à l'OTAN.
La levée de son immunité a été votée
par 88 voix contre deux, les parlemen-
taires du PRM étant sortis au moment du
vote. Corneliu Vadim Tudor, qui est l'ob-
jet de huit autres procédures du même
type, conserve cependant son mandat et
pourra se présenter aux élections de 2004,
même s'il est condamné.
Le leader ultra-nationaliste a
d'ailleurs rassemblé ses troupes, à la mi-
novembre, à l'occasion du 3ème congrès
de son parti, pour préparer les échéances
à venir. Unique candidat à sa succession,
il s'est fait réélire pour quatre ans comme
président avec 99,4 % des voix, précisant
les grandes lignes de son programme: le
renforcement de la protection sociale, la
liquidation de la mafia, le réveil de la
conscience roumaine, le rattachement de
la République de Moldavie à "la Mère-
Patrie", l'entrée de la Roumanie dans
l'UE et l'OTAN.
Le PRM, qui détient un quart des
sièges de députés et sénateurs, reven-
dique 150 000 adhérents. Son congrès a
été boycotté par les autres formations
parlementaires ainsi que par les ambas-
sades étrangères, à l'exception de celles
d'Irak, d'Iran, de Chine, de Corée du
Nord, de Cuba… et du Canada, qui
avaient envoyé des représentants.
Privé de son immunité p arlement aire, Corneliu V adim Tudor se prép are néanmoins aux échéances électorales de 2004
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Statut des magyars, dép artement s de Harghit a et Covasna, fête nationale
Une langue d'influence
Le nom de Ronsard viendrait de “Maracine”
(“ronce” en roumain).
Bucarest miroir de Paris…
… Et Paris, p atrie pour les t alent s roumains
Si Bucarest était un miroir deParis… Paris est devenu une patriepour les talents roumains. Leur contri-bution à l'essor de la culture françaiseest reconnue : Constantin Brancusi,précurseur de la sculpture moderne,la princesse Marthe Bibesco, avecson fameux salon du faubourg Saint-Germain, Anne de Noailles, néeBrancoveanu, première femme com-mandeur de la Légion d'Honneur, lecompositeur Georges Enescu, lesactrices Maria Ventura et ElviraPopescu, les écrivains Panaït Istratiet Tristan Tzara, fondateur du mouve-ment "dada", les poètes Ion Vinea etGherasim Luca, les ingénieurs TraïanVuia et Henri Coanda, le dramaturgeEugène Ionesco, membre del'Académie Française, Mircea Eliade,grand historien des religions, le philo-sophe Emil Cioran, jugé par les cri-tiques littéraires français comme leplus grand styliste de la langue fran-çaise du XXème siècle.
Au début du XXème siècle,Bucarest était appelé "le petit Paris".L'influence française était ressentiemême dans l'architecture de la ville.Paul Morand évoque, dans un livreécrit lors de son séjour en tant quediplomate en Roumanie, en 1920, l'at-mosphère sociale et politique de lacapitale : on parlait français dans lesfamilles aristocratiques, on connais-sait l'histoire et la littérature de laFrance, on lisait les journaux français,on pouvait acheter les dernières paru-tions littéraires, même dans les librai-ries de province.
à faire dégénérer les contentieux avec la minorité hongroise
Corneliu Vadim Tudors’est fait réélire
président du PRMavec 99,4 % des voix.
Marko Béla, leader desMagyars de Roumanie,
est un modéré.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2233
Les Roumains viennent de sortir d'une longue pério-
de de fêtes et de cérémonies qui marquent la célé-
bration de Noël et du Nouvel An et s'étendent sur
huit semaines, entre la mi-novembre et le 6 janvier. Plus enco-
re que Pâques, cette période est l'occasion de retrouver ses
parents, ses amis, ses voisins, d'exprimer son appartenance à
une communauté.
Dès le 15 novembre, pour purifier leur âme, les fidèles
orthodoxes commencent un jeûne de quarante jours qui s'achè-
ve le 24 décembre. L'église recommande de n'absorber aucune
nourriture d'origine animale, pas de viande, ni de poisson,
d'œufs, de produits laitiers, pendant
cette période. Mais cette règle n'est
souvent observée que le mercredi et
le vendredi… ou pas du tout.
Le 30 novembre, des manifesta-
tions religieuses célèbrent la Saint
André, un des douze apôtres, évangé-
lisateur de la Roumanie qui a fait de
l'église orthodoxe roumaine une égli-
se apostolique, et est considéré
comme son fondateur. Les dignitaires
orthodoxes aimeraient que cette date
soit aussi l'occasion de célébrer la fête
nationale qui est fixée au lendemain,
le 1er décembre, anniversaire du rat-
tachement de la Transylvanie à la
Roumanie, proclamé à Alba Iulia en 1918. Certains pensent que
cette proposition, qui a peu de chances d'aboutir, vise surtout à
faire oublier le rôle modeste joué par l'église orthodoxe dans
cet événement historique auquel les gréco-catholiques ont, par
contre, pris une part active.
Le 24 décembre, les “colinde”,
chants de Noël, s'élèvent des rues
Enfants et adultes ont un avant-goût de Noël, le 6
décembre, jour de la Saint Nicolas. Les premiers reçoivent des
jouets… ou un bâton pour les battre, s'ils n'ont pas été sages.
Les seconds échangent des cadeaux. Le 20 décembre, c'est
l'"Ignat". Famille, voisins, amis, sont mobilisés pour tuer le
cochon, en prévision des fêtes à venir et de l'hiver.
A l'approche du grand jour, on révise ses "colinde", can-
tiques de Noël, que les plus jeunes apprennent au catéchisme,
quelque soit la religion. Le 24 décembre, "Ajunul Craciunului",
(la veille de Noël), des groupes d'enfants parcourent les rues, se
présentent aux portes des maisons amies, interprètent leurs
chants et reçoivent friandises, pommes, oranges, noix, ou un
peu d'argent. Les Tsiganes en font de même, souvent accompa-
gnés d'un violoniste. Le maire, le pope, les personnalités esti-
mées, sont ainsi honorés par leurs concitoyens ou fidèles qui
viennent chanter sous leurs fenêtres. Mais gare à celui qui n'est
pas apprécié… sa maison restera silencieuse, et il sera considé-
ré comme un "descolindat", a moins que l'on ne lui fredonne
des railleries.
La nuit de Noël revêt un aspect magique. Dans la neige,
après la messe, les invités se dirigent vers les maisons où ils
sont conviés à partager le repas, brandissant l'étoile annonçant
la naissance de Jésus, s'arrêtant sur le seuil pour interpréter en
chœur leurs "colinde". "Craciun" (le jour de Noël), principale-
ment consacré à la famille et à la messe du matin, revêtira la
même forme que dans l'ouest de l'Europe. Bien sûr, "Mos
Craciun" (le Père Noël) sera passé auparavant déposer ses
cadeaux. Peu de trace de crèches dans les églises, mais, parfois,
des saynètes inspirées de la Nativité
jouées par les enfants.
"Mos Gerila", "le Père Gel",
remplaçait le Père Noël
"Anul nou", le Nouvel An, se
déroule comme ailleurs dans le
monde, avec le "revelion". Le régime
communiste avait regroupé toutes les
fêtes de fin d'année, le 31 décembre,
les appelant "sarbatorile de iarna",
les fêtes d'hiver. Ce jour là, "Mos
Gerila" (“Le Père Gel") distribuait
ses cadeaux… le Père Noël ayant été
interdit de séjour. Les pionniers,
enfants regroupés dans les organisations du Parti, collectaient
de l'argent dans les classes pour que chaque élève reçoive un
présent.
Le même jour, une vieille tradition, qui persiste encore,
était reprise. Dans les villages, "Plugusor" (petite charrue), est
l'occasion pour les jeunes de passer d'une maison à l'autre, tra-
çant devant chacune un sillon symbolique pour y semer ses
vœux, les "strigaturi" (vers criés) de "sanatate" (santé),
"noroc" (chance et prospérité), "bogatie" (richesse), et souhai-
ter une bonne récolte, jetant des graines, agitant des clochettes,
faisant claquer des fouets.
"La multi ani" ("Vivez longtemps") s'exclame-t-on tout au
long du 1er janvier. Les enfants adoubent l'épaule de leurs
parents, amis ou passants, avec la "sorcova", baguette décorée
de fleurs en papier, récitant des souhaits de longévité, comptant
bien, en retour, recevoir des étrennes. Ce même jour, on fête
aussi "Sfântul Vasile" (Saint Basile), un des quatre grands théo-
logiens de l'église chrétienne orientale.
Le 6 janvier, "Boboteaza", le baptême du Christ, met un
terme à cette série de célébrations. Les fidèles vont remplir des
petites fioles d'eau bénite qui serviront à les protéger. Les
femmes ont astiqué meubles et planchers pour accueillir le
pope venu bénir leurs maisons dans les jours précédents, pas-
sant de pièces en pièces, accompagné d'enfants de chœurs,
annonçant son arrivée en s'exclamant "Vine popa con Iordanul"
("Le pope vient avec l'eau du Jourdain")
Connaissance et découverte
Banni sous le communisme, Noël a retrouvé toute sa place
Traditions
Les NOUVELLES de ROUMANIE
228
Actualité
La BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le
Développement) a décidé de concentrer son action en Roumanie sur la
restructuration des grandes entreprises, la reconstruction des infrastruc-
tures, le renforcement du secteur financier, le développement du secteur privé. Son
directeur, Jean Lemierre, est attendu à Bucarest ce mois ci, et la banque tiendra sa pro-
chaine réunion annuelle en mai, à Bucarest, pour la première fois. La BERD a enga-
gé jusqu'ici 1,8 milliards d'� (12 milliards de F) dans plus de 60 projets en Roumanie,
concernant à 70 % le secteur privé.
Par ailleurs, la BERD a accordé à Alpha Bank une ligne de crédits de 10 M� (65
MF), destinée au financement des petites et moyennes entreprises privées de moins de
cent salariés et réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 40 M� (260 MF). Ces prêts
individuels, d'une valeur maximale de 125 000 � (820 MF), remboursables à échéan-
ce de trois ans, concernent tous les secteurs d'activités, à l'exception des banques,
assurances, organisme financiers, ou de ceux figurant sur sa liste d'exclusion idéolo-
gique (jeux de hasard, armement…). Ils sont accompagnés d'une assistance technique
d'une valeur totale de 1,8 M� (12 MF), fournie par l'UE.
Coup de pouce
de la BERD aux PME
Le fabricant de réfrigérateurs
Arctic a innové en lançant une
campagne publicitaire propo-
sant aux clients de reprendre leurs vieux
appareils, qu'il marche ou non et quelque
soit la marque, pour un million de lei (4
�, 250 F), s'ils le changeaient pour un
nouveau dans ses 322 magasins conces-
sionnaires. On estime entre trois et quatre
millions le nombre de réfrigérateurs qui
ont plus de dix ans, dépensent beaucoup
d'énergie et ne respectent pas les normes
environnementales.
Créé en 1968, Arctic est le leader du
marché roumain, avec 40 % des parts,
produisant 400 000 réfrigérateurs par an,
exportant en Grande Bretagne, France,
Hollande, Allemagne, Grèce.
Le fabricant a été privatisé et est côté
en bourse, la BERD (Banque Européenne
pour la Reconstruction et le
Développement) et la Société Générale
se partageant 55 % de ses actions. Depuis
l'année dernière, Arctic produit aussi des
appareils d'air conditionné, et envisage
de fabriquer prochainement des lave-
linges et lave-vaisselle, ainsi que des cui-
sinières au gaz.
Arctic élargit sa gamme d'activités
Deux millions de cartes bancairesont été émises jusqu'ici enRoumanie, mais seulement 150 000sont des cartes de crédits, les autresétant des cartes de retrait. Ce déve-loppement rapide est principalementdû à ce mode de paiement imposépar de nombreuses entreprises àleurs employés pour percevoir leurssalaires. Il se heurte cependant à laréticence des commerçants qui rechi-gnent à utiliser ce système.
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Deux millions de cartes bancaires
Plus de trois millions de Roumains,soit un sur sept, disposaient d'un télé-phone mobile, à la fin septembre, unnombre en augmentation de 34 % parrapport à l'année précédente. Autrebonne nouvelle pour le secteur : lesventes au noir avaient diminué demoitié, représentant cependant tou-jours 25 % du marché. Avec 1,6 mil-lions d'abonnés, Connex devanceDialog, 1,4 millions d'abonnés, cesdeux firmes distançant de très loinCosmorom, qui ne compte que 200000 clients.
Un Roumain sur septdispose d'un téléphone mobile
De la mi-novembre à début janvier , huit semaines de fêtes et célébrations
Dans les villages, des groupes costumés passent de maison en maison pour interpréter
les “colinde”, chants traditionnels de Noël.
La Skoda Fabia Sedan a été
désignée voiture de l'année en
Europe Centrale et de l'Est, par
le jury professionnel d'un concours dont
la première édition était organisée à
Bucarest, à l'automne.
Les critères de sélection portaient sur
le prix, la consommation, les perfor-
mances, la qualité du service après-vente
et du réseau de distribution, et prenaient
en compte les souhaits des automobilistes
de cette région qui, dans leur grande majorité, désirent acquérir en priorité une voitu-
re bon marché et économique.
Le fabricant tchèque, qui avait l’avantage de construire ses voitures dans la région
et appartient au groupe Volskwagen, l'a emporté en finale devant les modèles de cinq
autres concurrents : la Fiat Doblo, l'Opel Corsa, la Renault Clio Symbol et la Peugeot
307. Le prix de base de la Skoda Fabia Sedan est de 11 000 � (72 000 F).
La Skoda Fabia Sedan voiture de l'année dans les ex p ays de l'Est
Fabriquée en République Tchèque, la SkodaFabia Sedan séduit aussi par son prix.
La carte Visa occupe la premièreplace, avec plus d'un million de titu-laires, croissant au rythme de 60 000par mois, ce qui place la Roumanieau quatrième rang en EuropeCentrale, derrière la Pologne (7 mil-lions de cartes), la RépubliqueTchèque (2 millions), la Hongrie (1,7millions).
Visa au premier rang
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2232
Connaissance et découverte
Un Roumain a fait entrer dans la légende le plus prestigieux hôtel de la Côte
d'Azur, donnant son nom au palace qu'il avait créé, le Negresco, sur la
promenade des Anglais à Nice, devenu le rendez-vous des têtes couron-
nées, des hommes politiques, des célébrités artistiques, mondaines et littéraires du
monde entier. La reine Elizabeth d'Angleterre, l'empereur du Japon, Hiro-Hito,
Winston Churchill, le président Truman, Rudolph Valentino, Picasso, Salvador Dali,
Orson Welles, Charlie Chaplin, Louis Armstrong, Frank Sinatra ont séjourné dans
l'établissement, dont le livre d'or, dans lequel sont couchées les plus célèbres signa-
tures du XXème siècle, a l'épaisseur de plusieurs diction-
naires.
Henri Negrescu, devenu plus tard Negresco, était le
fils d'un aubergiste. Né à Bucarest en 1868, il quitta son
pays dès l'âge de quinze ans, pour venir travailler comme
serveur puis maître d'hôtel, d'abord à Paris, ensuite à
Monaco, enfin à Nice, au Casino municipal où il assumait
les fonctions de directeur du restaurant. Très vite, il devint
célèbre, son sens de l'accueil, de la courtoisie, son savoir-
faire, son "entregent" faisant merveille. Les souverains,
les princes, les "rois" de la finance et des affaires améri-
cains, tels les Rockefeller, les Vanderbildt, les Singer, ne
juraient que par lui et sa table, avant de regagner leurs
hôtels particuliers.
Sept souverains à l'inauguration
S'il souhaitait continuer à offrir à toutes ces célébrités
le meilleur de sa cuisine, l'ambitieux jeune homme rêvait
de construire un jour un palace auquel il donnerait son
nom, digne de ses clients, afin de pouvoir les accueillir chez lui, les loger pour leurs
séjours, et mettre à leur disposition le summum du luxe et du raffinement. Il les ima-
ginait entrant dans un lieu magique, prenant une tasse de thé, fumant un cigare sous
une coupole en vitraux, foulant un tapis unique au monde…
Le rêve se mit en place. Henri Negresco décida le constructeur d'automobiles
Darracq à financer son projet, lequel, en préalable, lui demanda d'effectuer un tour du
monde des palaces pour les étudier. Un Hollandais, Edouard Niermans, l'un des archi-
tectes les plus connus de la "Belle époque", fut choisi pour les plans. La réalisation de
la coupole fut confiée à Gustave Eiffel, tout auréolé du prodigieux succès de sa tour.
L'inauguration de l'hôtel, en 1913, en présence de sept souverains, fut un triomphe. On
accourut de toutes parts pour assister à l'événement mondain de l'année.
Ruiné par la guerre
Le succès fut foudroyant avec, pour la première année, un bénéfice de 800 000
francs or, une véritable fortune à l'époque, et plus du double du prix du tapis qui orne
le salon royal. En moins d'un an, le Negresco était entré dans la cour des Grands et
rivalisait avec les établissements les plus luxueux et les plus anciens de la planète. La
Riviera avait son diamant brillant des milles feux de ses hôtes.
Mais en 1914, la guerre éclata. L'hôtel fut transformé en hôpital. La disparition de
sa superbe clientèle fut fatale à Henri Negresco. Ruiné, brisé, l'entreprenant et pas-
sionné Roumain mourut à Paris en 1920, à l'âge de 52 ans, loin de sa terre natale.
L'hôtel Negresco connut un deuxième âge d'or à partir des années 1925, mais ne
se releva pas après la Seconde guerre mondiale. Après avoir appartenu à une société
belge, il fut racheté en 1957 par Jeanne et Paul Augier qui lui ont redonné son lustre
et sa réputation internationale, en faisant un hôtel-musée au patrimoine artistique
Negresco : un diamant
roumain sur la Riviera
Célébrités
Le changement de régime endécembre 1989 a entraîné la fabrica-tion de nouvelles pièces et billets por-tant le seul nom de România. Lesanciennes espèces ont circulé encorependant un an, la valeur de la mon-naie étant artificiellement maintenueau cours de cette période. Début1991, le plus gros billet valait encore100 lei. Mais, deux ans plus tard, leleu ne représentait plus que 1 % desa valeur, et un millième en 1996. Leban a disparu, vouant aux oubliettesl'expression "Je n'ai plus un ban enpoche". Mais le leu ne vaut guèremieux. En 1993, sa fabrication coûtait7 lei et était abandonnée.
Sur les nouveaux billets, les sym-boles de l'ancien régime ont été rem-placés par les portraits des grandsécrivains, artistes, qui n'ont pas colla-boré avec les communistes. Lesarmes du pays, datant d'avant 1948,ont été réintroduites, provoquant denombreux débats. Le vautour, sans lacouronne royale, y figure, serrantpourtant entre ses griffes l'épée et lesceptre, qui symbolisent dans toutesles monarchies les pouvoirs du roi : lajustice et l'armée. Le vautour tient tou-jours une croix dans son bec, bienque l'état soit déclaré laïc.
La Banque Nationale fait imprimerdes billets de valeur de plus en plusélevée : 10 000 lei en 1994, 50 000lei en 1996, 100 000 lei en 1998 et500 000 lei (20 �, 130 F) aujourd'hui.Même si on trouve encore en circula-tion des pièces de 1 leu (0,00004 �,0,00026 F), aucune opération ne s'ef-fectue plus en dessous de 100 lei,soit 0,004 � ou 2,6 centimes.
Le ban a disp aru, le leu ne vaut guère mieux.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
229
Actualité
Alors que l'économie roumaine s'acheminait vers un
taux de croissance de l'ordre de 4,8 % pour 2001,
le gouvernement, rejoint par les prévisionnistes du
FMI (Fonds Monétaire International), misait sur 5 % en 2002
et 5,2 % en 2003. Des prévisions revues à la baisse par le jour-
nal britannique "The Economist" qui ramène à 4,5 % ce
chiffre en 2001, et à 3,5 % et 4,2 % pour les années suivantes,
à la suite du ralentissement de l'économie mondiale. Dans ses
autres estimations, le journal évalue le produit intérieur brut
(PIB) par habitant à 1900 � (12 500 F) en 2001, 2100 � (13 800
F) en 2002, 2300 � (15 000 F) en 2003. Le déficit du budget
consolidé devrait être ramené de 3,6 % du PIB en 2001, à 3,3
% et 3 %, prévisions assez proches de celles du gouvernement.
De 30 % à la fin de l'année passée, le taux de l'inflation
continuerait sur sa pente descendante : 23 % en 2002, 15 % en
2003, le gouvernement espérant passer à une inflation à un
chiffre en 2004. Un ralentissement du rythme de progression
des investissements étrangers est attendu ainsi que des expor-
tations roumaines.
Celles-ci passeraient tout de même de 13 milliards d'� (85
milliards de F) en 2001, à 14,5 milliards (95 milliards de F),
puis à 16,5 milliards (108 milliards de F). Pour la même pério-
de, les importations seraient respectivement de 16,5 milliards
d'� (108 milliards de F), 18,3 milliards (120 milliards de F) et
20 milliards (132 milliards de F), le taux de couverture aug-
mentant de 77 % à 82 %.
Menaces de mécontentement social
Toujours selon le journal britannique, la situation de la
dette extérieure roumaine s'est sensiblement améliorée en
2001, avec l'augmentation du niveau des réserves de la Banque
Nationale à 5 milliards d'� (33 milliards de F), tandis que les
réserves en devises étrangères de toutes les banques roumaines
s'élevaient à 7 milliards d'� (46 milliards de F). En conséquen-
ce, le pays pouvait régler sans problème les 3,6 milliards d'�
(24 milliards de F) de dettes extérieures venant à échéance en
2001, ce montant baissant à 2,7 milliards (18 milliards de F) et
2,5 milliards (16,5 milliards de F) par la suite.
"The Economist" souligne les menaces de mécontente-
ment de la population que la politique d'austérité du gouverne-
ment et la baisse de la croissance mondiale peuvent provoquer,
ainsi que les incertitudes qui planent sur les possibilités de la
Roumanie d'obtenir des financements extérieurs. Mais le jour-
nal estime que l'actuel gouvernement mène une politique plus
cohérente et plus efficace que ses prédécesseurs, et a la capa-
cité à résister aux pressions sociales ainsi qu'à tenir ses enga-
gements envers le FMI et la Banque Mondiale.
Les prévisions à la fois prudentes et optimistes de " The Economist "Economie
Différents observatoires éco-
nomiques analysent les évo-
lutions de chaque pays et les
risques qu'ils présentent pour les investis-
seurs. Ces dernières semaines, plusieurs
d'entre-eux ont relevé légèrement la
faible note qu'ils accordaient jusque là à
la Roumanie, notamment à la suite de
l'accord qu'elle a passé avec le FMI. Ainsi
World Markets Resarch Center (WMRC)
lui a accordé 2,92, la plaçant dans la caté-
gorie des pays notés entre 2,5 et 2,99,
considérés à risque général moyen, au
lieu de 3 à 3,49. La Roumanie rejoint
ainsi l'ensemble des pays candidats à l'en-
trée dans l'UE, la Pologne et la Hongrie
figurant dans la catégorie allant de 2 à
2,49, à risque modéré. Les notes s'éche-
lonnent entre 1, risque minimum, et 5,
risque maximum, et sont basées sur six
critères : politique, économique, législa-
tif, fiscal, opérationnel et sécurité.
La stabilité politique, la croissance
économique, l'augmentation des réserves
de devises, la poursuite des réformes
expliquent le bon point attribué à la
Roumanie.
WMRC fait toutefois part de ses
craintes quand aux grands équilibres
macro-économiques, la politique fiscale,
les difficultés pour respecter les critères
d'adhésion à l'UE, la lutte contre la cor-
ruption, estimées essentielle, les entraves
administratives et réglementaires à la
libre entreprise, les conséquences du
ralentissement économique mondial.
La Roumanie mieux notéeUn nom roumain brille
sur la Riviera depuis 1913.
Croissance soutenue mais plus modérée
pour les deux ans à venir
Depuis le premier janvier, les produits industriels en
provenance de l'UE n'ont plus à supporter de taxes
douanières. Il s'agit là de la fin d'un processus par
étapes, commencé en 1993 et qui a conduit l'UE à supprimer
ses propres taxes pour l'entrée des importations en provenance
de Roumanie, dès janvier 1997.
Lors des premières négociations, Bruxelles avait accordé
à Bucarest un délai de pratiquement dix ans pour pouvoir se
préparer à la concurrence. Des mesures de sauvegarde sont
toutefois prévues par le gouvernement roumain, en cas d'une
augmentation considérable des importations, de produits sub-
ventionnés ou de dumping.
Cet accord ne s'applique pas aux échanges agricoles,
taxés, en moyenne, à 9,4 % dans l'UE, et à 32,8 % en
Roumanie, un niveau que celle-ci a obtenu de conserver pour
protéger ce secteur.
Taxes douanières supprimées pour les import ations de produit s industriels en provenance de l'UE
n
BUCAREST
ORADEA
BAIA MARE
l
l
l
l
TIMISOARA
ARAD
l
SIBIU
l
l
IASI
BRASOV
CONSTANTACRAIOVA
TARGU MURES
GALATI
l
l
l
l
l
l
ll
TULCEABRAILA
SUCEAVA
BACAU l
lPITESTI
l
DEVA
CLUJ
ALBA IULIAl
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2231
Connaissance et découverte
Ces pièces ont été massivement thésaurisées, puis inter-
dites d'exposition et de circulation par les communistes.
Réapparues discrètement vers 1970, quand Ceausescu affiche
une certaine indépendance à l'égard de Moscou, elles sont
alors cotées cher dans les catalogues car on pense qu'il en reste
peu. En fait, ces pièces ressortent au grand jour et en nombre
après la chute du dictateur.
Billets à l'entête de l'Armée Rouge
En 1944, l'armée soviétique s’installe
en Roumanie. Elle imprime des billets
semblables aux billets roumains, mais
avec l'entête "Commandement de l'Armée
Rouge" au lieu de "Banque Nationale de
Roumanie", qui ont plein pouvoir circula-
toire et servent, notamment, à payer ses
soldats. La BNR les échange et les rend
aux Soviétiques sans compensation, ce
qui contribue largement à la terrible infla-
tion de 1945-1947. La pièce en argent de
100 000 lei de 1946 a exactement la
même taille et valeur que la pièce de 500
lei de 1941.
Pour enrayer le mouvement, le premier gouvernement
d'après guerre vend des pièces du trésor en or rouge de 14
carats, appelées en langage courant "cocosei" (petits coqs).
Deux ans plus tard, les autorités communistes exigent que ces
pièces leur soit rendues au prix qu'elles imposent, bien infé-
rieur à leur valeur réelle.
La stabilisation monétaire
de 1947 ruine la population
De nombreux Roumains ont passé des années en prison à
la suite d'une simple dénonciation, même si les pièces
n'avaient pas été retrouvées, car beaucoup avaient du les
vendre par manque d'argent. Pendant le régime communiste, il
était interdit de détenir, vendre ou acheter tout objet en or, y
compris les pièces, sauf des bijoux.
La "stabilisation" monétaire décrétée en septembre 1947
fixe le cours du nouveau leu à 20 000 lei anciens… mais les
billets sont échangés à un leu pour 200 000 lei, soit le dixième
de leur valeur. La population perd toutes ses économies. Signe
annonciateur, l'effigie du roi Michel, qui allait être déposé le
30 décembre suivant, est remplacée par des épis de maïs et de
blé, symboles courants sous le communisme. Pièces et billets
sont désormais frappés aux armes et symboles de la
"République Populaire Roumaine", portant faucille et mar-
teau, étoile à cinq rayons, prolétaire et
paysanne, tracteur.
Une seconde réforme monétaire est
décidée en février 1952. Un nouveau leu
vaut 20 lei… mais n'est échangé que
contre 200 lei. L'influence russe se
marque par l'apparition de pièces de 3 et
15 bani et lei, divisions jamais usitées
jusque là. Pour faire plaisir aux
Soviétiques, les dirigeants communistes
roumains iront jusqu'à déclarer que leur
langue est d'origine slave, transformant le
nom du pays, România en Romînia jus-
qu'en 1965, après l'introduction d'une
nouvelle orthographe, simplifiée, en 1952.
Monnaie en or distribuée à la nomenklatura
En 1966, le pays change de nom, devenant République
Socialiste de Roumanie et la monnaie suit le mouvement. Des
pièces nickelées sont remplacées par des pièces en aluminium,
ce qui exprime une inflation non avouée. Quelques années
plus tard, en 1982-1983, des pièces en argent de 50 et 100 lei,
en or de 500 et 1000 lei, sont frappées en très petit nombre.
Elles portent l'inscription "2000 ans du premier état dace cen-
tralisé". Distribuées aux membres les plus importants de la
nomenklatura, vendues aux collectionneurs étrangers, elles ne
circuleront jamais, les Roumains ignorant même leur existen-
ce. Pour ses 70 ans, en 1988, Ceausescu se fera frappé une
médaille en or de 80 mm de diamètre pesant 400 grammes,
dont il existe sans-doute un seul exemplaire.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2210
Actualité
Jusqu'en 2010, l'industrie pétrolière roumaine prévoit de traiter de 14 à 18 mil-
lions de tonnes de pétrole brut par an, volume qui dépend de l'évolution de la
conjoncture internationale, de celle de son marché intérieur et de l'améliora-
tion de sa compétitivité. Le pays compte dix raffineries, d'une capacité totale de 34
millions de tonnes/an, mais effective de 22 millions.
D'ici 2005, le secteur va devoir investir 950 M� (6,25 milliards de F), sur ses
fonds propres ou par emprunt, pour atteindre cet objectif. 620 M� (4 milliards de F)
seront consacrés à la modernisation et à l'amélioration de la sécurité, 180 M� (1,2 mil-
liards de F) pour se mettre aux normes de l'UE, et 140 M� (un milliard de F) pour
réduire la pollution et réhabiliter l'environnement. L'augmentation de la production
devrait permettre à l'industrie des matières plastiques de se développer et de réduire
ses importations qui se chiffrent à 350 M� (2,3 milliards de F) par an.
La navigation sur le Danube rouverte cette année
Interrompue depuis le bombarde-ment des ponts sur le Danube parl'OTAN, au printemps 1999, lors duconflit du Kosovo, la navigation sur lefleuve devrait enfin être totalementrouverte au cours de 2002, avec plusd'un an de retard sur les prévisions.Un canal d'une largeur de centmètres et d'une profondeur de quatremètres a déjà été dégagé. Les tra-vaux de renflouement et de déblaie-ment avaient été bloqués par le régi-me de Slobodan Milosevic, unemesure de rétorsion à l'égard del'hostilité manifestée à son égard parl'ensemble des autres pays riverainsdu Danube (Roumanie, Ukraine,République de Moldavie, Bulgarie,Hongrie, Slovaquie, Autriche,Allemagne). Les pays situés en aval(Roumanie, Bulgarie, Ukraine) sont leplus affectés par l'arrêt de la naviga-tion, leurs pertes étant estimées à 1M� (6,5 MF) par jour.
Le trafic routier a augmenté de 47% au cours de la dernière décennieet croit désormais au rythme de 7 %l'an. Les routes nationales ou euro-péennes absorbent 65 % du traficintérieur et 90 % de l'international. En1994, lors du lancement du program-me de réhabilitation, 70 % du réseauroutier roumain était considérécomme ayant une durée de vie expi-rée. La Roumanie compte 73 000 kmde routes, dont 16 000 km sont desroutes nationales, 36 000 km desroutes départementales et 21 000des routes communales.
Equipement
Présent depuis seulement trois ans en Roumanie, le raffineur autrichien OMV y a
ouvert sa 30ème station-service, qui est aussi la 6ème à Bucarest. La compagnie a
investi jusqu'ici 55 M� (360 MF), un montant qui triplera dans les cinq années à venir,
OMV prévoyant d'installer plus d'une centaine de stations à travers le pays, et d'en
devenir le 3ème distributeur avec 15% des parts de marché.
En 2002, la production d'énergie électrique de la Roumanie devrait dépasser les
47 000 Méga Watts heure, les centrales thermiques, dépendant de Termoelectrica four-
nissant 28 000 MWh (60 %), les barrages hydroélectriques (Hydroelectrica), 14 000
MWh (30 %), et l'énergie nucléaire (Nuclearelectrica), 4600 MWh (9,5 %), le reste
étant assuré par des producteurs indépendants. Le coût de l'énergie d'origine hydrau-
lique est de 9 � (60 F) par MWh, ce chiffre montant à 29 � (190 F) pour le nucléaire
et à 42 � (275 F) pour le thermique. A noter que le coût de l'énergie nucléaire est grevé
à 50 % par les emprunts contractés à l'étranger pour la construction de la première
tranche de la centrale de Cernavoda.
Les premières pièces circulant en Roumanie remontent aux Grecs. Ceux-ci, installés dans des
colonies sur la côte de la mer Noire frappent des monnaies en argent et en bronze utilisées
par les Daces, qui les copient parfois, appelées Kosoni, mais sans monnayage systématique,
car il s'agit de tribus qui s'unissent uniquement en cas de danger. Les rapports avec les Grecs sont bons
car s'ils tiennent les ports et le commerce, ils ne tentent jamais de s'étendre à l'intérieur des terres.
Au gré des occupations, la monnaie roumaine sera latine, byzantine, hongroise, autrichienne, russe.
En 1772, de la fonte des canons turcs capturés par son armée, la tsarine Catherine II frappe pour les
Principautés roumaines, sur lesquelles elle compte bien mettre la main, le Sadagoura, avec des pièces
de un et deux paras, équivalentes à 3 kopecks. Sous l'empire ottoman, de nombreuses pièces étrangères,
en or et en argent circulent. Les pièces turques sont difficilement acceptées car elles ont un titrage en
argent faible et différent. Même sous la domination de leurs puissants voisins, les Principautés de
Moldavie et de Valachie, tout comme la Transylvanie, effectuent de temps en temps de modestes tirages
de pièces de cuivre et d'argent, car elles n'ont pas d'or, ne sont ni étendues ni très riches.
Des pièces sous influence
Des Grecs à la fonte des canons ottomans
Construite par deux architectes français,Cassien Bernard et Albert Galleron,
la Banque Nationale de Roumanie veilledepuis 1867 sur le leu, date de sa création.
Les Daces utilisaient unemonnaie appelée kosoni.
Stations-services : OMV vise la troisième place
Energie électrique : près des 50 000 MWh
Sur les 11 000 km de conduites de gaz que compte le réseau roumain, 4000 km
ayant plus de 30 ans, sont à réhabiliter ou à remplacer. Les travaux ont commencé en
2001 et vont durer jusqu'en 2010, pour un coût de 170 M� (1,2 milliards de F), dont
35 M� (230 MF) doivent être financés directement par la Société nationale de trans-
port du gaz naturel, Transgaz, basée à Medias, et le reste par des emprunts à l'étran-
ger. Transgaz perçoit 7,6 � (50 F) par millier de m3 transportés ainsi que pour le gaz
russe qui transite par la Roumanie.
4000 km de conduites de gaz à réhabiliter
Trafic routier : + 7 % par an
a besoin d’un milliard d’euros
Le secteur pétrolier
Au cours de neuf premiers mois de 2001, le port de Constantsa avait enregistré un
trafic de 18,5 millions de tonnes, ce qui le situait, d'après la Lloyd's, au sixième rang
en Europe, derrière Rotterdam, Amsterdam, Anvers, Dunkerque et Hambourg, et au
premier en mer Noire. Sur l'année, Constantsa espérait atteindre les 25 millions de
tonnes et réaliser un chiffre d'affaires supérieur de 30 % à 2000. Le port reçoit ou
expédie, principalement, du charbon, des minerais, des céréales et matériaux de
construction. Il a installé des agences à Vienne et Budapest pour développer son rayon
d'action vers l'Europe Centrale.
Const antsa premier port de la Mer Noire
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BUCAREST
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A savoir
CERNAVODA
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
2230
Connaissance et découverte
Le nom actuel de la monnaie roumaine, le "leu" (lion), "lei" au pluriel,
remonte à 1867 et à l'arrivée, l'année précédente, de Carol de Hohenzollern
comme prince régnant de Roumanie. Son nom s'inspire des monnaies bul-
gares (lev, leva) et albanaises (lek, leka), qui ont la même signification.
Pourtant, après l'union en 1859, achevée en 1862, des principautés de Valachie et
Moldavie, ébauche de la Roumanie moderne, le prince Alexandru Ioan Cuza, à la tête
du jeune Etat, avait préparé l'émission de sa première monnaie nationale, le "român"
("roumain" pour la Roumanie, comme "franc" pour la France, la Belgique et la
Suisse), divisée en 100 "sutimi" (centimes). Mais le prince ayant été déposé, celle-ci
ne verra pas le jour. Le "ban", centime, est introduit aux côtés du leu et, tiré à 500
exemplaires en bronze, sera offert par le nouveau roi à ses invités de la très haute
société lors d'un banquet anniversaire du lancement de la monnaie.
Euro avant l'heure
La Roumanie est alors membre de l'Union Monétaire latine, dont les pièces et
billets ont les mêmes valeurs nominales, tailles, titres et cours qu'en France, Italie,
Belgique, Suisse, etc… Un Euro avant l'heure. Le pays ayant très peu de métaux pré-
cieux, le pouvoir d'achat du leu est légèrement supérieur au franc et autres devises
sœurs. Une pièce de 100 lei est échangée contre 102 lei en billets. Même si la frappe
est continue, le millésime gravé ne change pas chaque année.
Pendant plusieurs décennies, des pièces en or frappées par d'autres pays circule-
ront encore en Roumanie, et seront acceptées comme moyen de paiement. C'est le cas
des "Louis d'or" de 20 F à l'effigie de Napoléon III. D'ailleurs les Roumains appelle-
ront longtemps "Napoléon" les pièces de 20 lei en or , à l'effigie de Carol 1er. Les
armes royales gravées sur les pièces, évoluent de 1867 à 1947. Très chargées d'orne-
ments sous Carol 1er, elles sont simplifiées sous chaque règne, jusqu'à être réduites à
l'écu.
Chaque nouvelle frappe importante marque une évolution de l'histoire du pays :
la libération du joug de l'Empire ottoman à la suite de la guerre de 1877-1878, la pro-
clamation du Royaume le 10 mai 1881, le rattachement de la Transylvanie, de la
Bucovine, de la Bessarabie et du Banat en 1918.
Changements de régime… changement de pièces
Appauvrie par la Première Guerre mondiale, la Roumanie manque de métal. Les
pièces sont remplacées par des billets de 25, 50 bani, un leu. Sous la "dictature roya-
le" de Carol II, entre 1938 et 1940, la devise latine "Nihil sine Deo" ("Rien sans Dieu")
est remplacée par "Munca, credinta, rege, natiune" ("Travail, foi, roi, nation"), antici-
pant de deux ans le "Travail, famille patrie" de la France vichyste. Après son abdica-
tion forcée, en septembre 1940, les gros billets de 5000 lei sont surchargés de l'effigie
de son fils, Mihai (Michel). Les pièces en laiton, démonétisées, sont frappées d'une
grille avant d'être fondues.
Associés brièvement au pouvoir du maréchal Antonescu, les fascistes de la Garde
de fer font changer la devise en "Totul pentru Tara" ("Tout pour le pays"), qui rede-
viendra "Nihil sine Deo" dès 1942.
Entre-temps, les Soviétiques, profitant de l'effondrement de la France en juin
1940, ont envahi la Bessarabie et la Bucovine, soit plus de la moitié de la Moldavie,
avec l'assentiment de Hitler. Pour récupérer ses territoires, la Roumanie entre en guer-
re contre l'URSS aux côtés des Allemands, en 1941. Une pièce en argent de 500 lei est
frappée avec comme devise, autour du portrait de Stefan cel Mare (Etienne le Grand),
"Moldova lui Stefan în veci a României" (“La Moldavie de Etienne pour toujours à la
Roumanie"), et sur la tranche "par la persévérance à la victoire".
Histoire De Carol 1er à Ceausescu, la monnaieroumaine est un livre d'histoire
Depuis la chute de Ceausescu, laRoumanie a connu une inflation galo-pante, accompagnée d'un effondre-ment de sa monnaie. Année parannée, depuis 1989, l'évolution de lasituation est saisissante :
1989 : Inflation 1,1 %. Cours del'euro : 14,92 lei (estimation sur labase de 1 � pour 1 $, car la monnaieeuropéenne n'existe pas encore),cours du franc : 2,27 lei.1990: 37,7 %. � : 22 lei, F : 3,4 lei.1991: 222,8. �: 76 lei, F: 11,6 lei.1992: 199,2 %. �: 308 lei, F: 47 lei.1993: 295,5 %. �: 760 lei, F: 116 lei.1994: 61,7 %. �: 1655 lei, F: 252 lei.1995: 27,8 %. �: 2033 lei, F: 310 lei.1996: 56,9 %. �: 3083 lei, F: 470 lei.1997: 151 %. �: 7168 lei, F:1093 lei.1998: 40,6 %. �: 8875 lei, F: 1353 lei1999: 55 %. �: 15 333 lei, F: 2337 lei2000: 41 %. �: 21 693 lei, F: 3307 lei2001 (estimation gouvernementale):29,8 %. �, 28 500 lei, F: 4331 lei.
Les prix grimpent en flèche… le coursdu leu s'effondre
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2211
Actualité
Ala veille du "Big bang", le président de
l'Association Roumaine des Banques, Radu
Gratian Ghetea, estimait que le système bancaire
roumain était prêt pour le passage à l'euro au premier janvier.
Toutes les banques avaient reconfiguré leurs systèmes infor-
matiques pour réaliser les opérations interbancaires ou de leurs
clients, au niveau des comptes ou en liquide. L'équipement
nécessaire à l'identification des faux billets avait été mis en
place. Les efforts de la profession avaient porté sur trois
domaines : les changements internes, les relations avec la
clientèle, la coopération avec les banques de l'UE. Les orga-
nismes bancaires craignaient surtout une estimation incorrecte
du volume de transactions dans cette monnaie.
Les comptes en devises nationales des pays de la zone
Euro devaient être automatiquement convertis en euros au pre-
mier janvier, sans frais, les opérations de change ultérieures
donnant lieu à des commissions. Toutefois, les agences spé-
cialisées dans le change ne devaient être approvisionnées en
euros qu'après le retrait de la circulation des monnaies natio-
nales, le 28 février.
Avec le passage à l'euro, la Roumanie compte sur une sim-
plification de ses relations économiques et une réduction des
coûts du processus d'intégration européenne. Elle attend éga-
lement une augmentation de ses échanges commerciaux et des
investissements en provenance de l'UE.
Le rôle du dollar encore prééminent
Mais, pour l'instant, les réserves en devises du pays sont
encore majoritairement constituées par le dollar, et la dette
publique extérieure libellée principalement en cette monnaie.
La tendance est toutefois au rééquilibrage avec l'euro (40 % de
la dette), dont la part croit maintenant plus rapidement que
celle du dollar.
Le gouvernement a d'ailleurs décidé que la monnaie euro-
péenne deviendrait la monnaie de référence du pays, au plus
tard à la fin 2004. La Roumanie n'a, de toutes façons, pas
d'autres choix. Candidate à l'UE, elle effectue près de 70 % de
ses échanges commerciaux avec celle-ci, proportion qui passe
à 75 %, en incluant les pays voisins de sa zone de libre échan-
ge, le CEFTA, dont plusieurs ont déjà opté pour l'euro comme
monnaie de réserve.
A la veille du "Big Bang" , la Roumanie s'estimait prête au p assage à la monnaie unique
Finances
Un leu malmené par les épreuves
Faut-il enlever trois ou quatrezéros aux lei, pour leur permettre dese réapprécier ? Alors que le sujetdevient de plus en plus d'actualité, ladeuxième solution semblant tenir lacorde, le président de la BanqueNationale Roumaine plaide pour quecette solution n'intervienne quelorsque l'inflation se sera calmée,sans-doute pas avant 2003. Avectrois zéros en moins, le "leu lourd"vaudrait aujourd'hui 0,04 � (0,25 F) etavec quatre, 0,38 � (2,5 F).
La Roumanie est l'un des pays d'Europe Centrale et
de l'Est ayant le plus bas degré de fiscalité, ses pré-
lèvement représentant 33 % du PIB - une baisse de
1 % est prévue en 2002 -, les pays les plus avancés dans le pro-
cessus de privatisation tournant plutôt autour de 40 %. Au
niveau des impôts sur les bénéfices, seules la Hongrie (18 %)
et la Slovénie (20 %) font mieux qu'elle (25 %). Ses taux de
l'impôt sur le revenu varient entre 18 %, taux minimal, et 40
%, taux maximal, ce qui la place dans la moyenne.
Les revenus procurés par les intérêts des placements sont
taxés à hauteur de 1 %, mais ils sont exonérés en Pologne,
Hongrie et Slovénie. Cependant avec 5 % d'imposition pour
les revenus des dividendes des actions, la Roumanie se situe
très en deçà de ses voisins qui affichent une moyenne de 20-
25 %. Si, sur le plan de la fiscalité, la Roumanie paraît bien
placée, il n'en est pas de même pour celui des cotisations
sociales, où elle figure dans le peloton de tête des taux les plus
élevés de la région.
La Banque agricole Roumaine a
terminé son processus de pri-
vatisation, entamé en 1998, et
qui a coûté 170 M� (1,1 milliards de F) à
l'Etat, celui-ci ayant calculé que sa ferme-
ture aurait entraîné des pertes de 280 M�
(1,85 milliards de F).
La banque avait été amenée au bord
de la faillite quand, dans les années 1992-
1994, les autorités l'avaient incitée à
financer l'agriculture du pays, en accor-
dant des crédits préférentiels ou en ver-
sant des subventions. Avant sa privatisa-
tion, elle avait réussi à ramener ses coûts
de fonctionnement de 6,6 M� (43,2 MF)
par mois à 3,3 M� (21,6 MF).
Objectif : 15 % du marché
Ses principaux actionnaires, qui sont
Raiffeisen Zentralbank Osterreich, une
banque autrichienne, ainsi que le Fonds
Roumano-Américain d'Investissements
FRAI, ont injecté 40 M� (260 MF).
Raiffeisen-Banque agricole envisage
d'investir 22 M� (145 MF) cette année
pour développer son réseau informatique
et de cartes bancaires, moderniser et stan-
dardiser les produits et services qu'elle
propose dans ses 225 agences, assurer la
formation du personnel.
La banque, dont le portefeuille est
évalué à 260 M� (1,7 milliards de F),
entend se repositionner et occuper 15 %
des parts du marché bancaire roumain
dans les cinq années à venir.
Une fiscalité p armi les plus basses de l'Europe Centrale et Orient ale
Privatisée, la Banque agricole p asse sous contrôle autrichien
Trois ou quatre zéros à couper ?
L'euro sera la monnaie de référence à la fin 2004
Le gouvernement a relevé de 8 %, le premier janvier,
le niveau des taxes sur les cigarettes (déjà + 2 % au
premier décembre) et alcools, ainsi que sur les car-
burants. Les vins ont été épargnés et les taxes sur la bière
réduites de 20 %… cette boisson étant moins nocive, ce qui
occasionne moins de dépenses de santé à l'Etat.
Cigarettes, alcools et essence : + 8 % de taxes
n
BUCAREST
ORADEA
BAIA MARE
l
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TIMISOARA
ARAD
l
SIBIU
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IASI
BRASOV
CONSTANTACRAIOVA
TARGU MURES
GALATI
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TULCEABRAILA
SUCEAVA
BACAU l
lPITESTI
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DEVA
CLUJ
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2229
Connaissance et découverte
Il rêvait de fusées pour la Lune, mais il fut le père des
V2, les engins de mort lancés par Hitler sur Londres en
1944 : l'ingénieur Hermann
Oberth est le héros faustien de la dernière
pièce de Rolf Hochhuth, célèbre pour
avoir dénoncé dans les années 60 le rôle
de Pie XII sous le IIIème Reich avec son
Vicaire.
Tout juste créé au Schlossparktheater
de Berlin, Le docteur Faust d'Hitler
brosse la vie de l'un des pères de la
conquête spatiale, Hermann Oberth, men-
tor de Wernher von Braun, l'homme qui a
dirigé les recherches nazies sur les fusées
à Peenemünde, dans le nord de l'Allemagne, avant de partir
aux Etats-Unis construire l'Apollo-11 qui emmena les
Américains sur la lune en 1969.
L'ingénieur Hermann Oberth, né à Sibiu en 1894 et décé-
dé à Nuremberg en 1989, issu d'une minorité allemande de
Roumanie, voulait dès l'âge de onze ans construire des fusées.
C'était la mission de sa vie. Il grandira à Sighisoara et dévore-
ra les livres de Jules Verne. Parti étudié la médecine à Munich,
il changera rapidement de voie pour se consacrer à une scien-
ce dont il deviendra l'un des fondateurs, l'astronautique.
La pièce d'Hochhuth montre un génie largement tombé
dans l'oubli qui, dès 1917, dessinait un projet de fusée capable
de parcourir 300 kilomètres... rejeté à l'époque par un ministè-
re de la Guerre allemand incrédule. Bien avant d'être reconnu
par la communauté scientifique, Oberth imaginera, un demi-
siècle à l'avance, le satellite, la conquête de la Lune, les
navettes spatiales avec équipages internationaux. Mais, dans
les années 20, faute de financement pour ses recherches, il
retournera en Roumanie, enseignant au lycée allemand de
Médias jusqu'en 1938.
D'après Hochluth, la mise à disposition de son savoir-faire
à l'Allemagne nazie - ce que l'auteur appelle "son pacte avec
le Diable" - Oberth, devenu citoyen allemand, l'a consentie
"parce que la société n'était pas prête à lui financer des
recherches civiles dont elle ne saisissait
pas l'utilité. En outre, il pensait sincère-
ment qu'avec des fusées, on abrègerait la
guerre mondiale".
A Peenemünde, en 1944, Oberth et sa
femme seront touchés par la réalité d'un
conflit qui prendra la vie de deux de leurs
enfants, tandis qu'un général félicitera
chaleureusement le savant pour la mort de
"plusieurs centaines de personnes" dans
le centre de Londres.
Un visionnaire idéaliste aigri
Après-guerre, Oberth séjournera en Suisse et en Italie,
puis rejoindra une nouvelle fois son ancien élève von Braun, à
Huntsville, dans l'Alabama, où il travaillera avec lui sur le pro-
gramme spatial américain. Le scientifique retournera définiti-
vement, en 1960, en Allemagne, l'heure de la retraite ayant
sonné, se consacrant à la philosophie.
Une fin de parcours qu'évoque la pièce d'Hochluth par une
scène se déroulant en 1985, dans un musée de l'Espace améri-
cain qui gomme diplomatiquement la contribution nazie à la
conquête spatiale, où un Oberth aigri entend parler du projet de
"Guerre des étoiles" du président Ronald Reagan.
Et le vieux visionnaire de Transylvanie d'y voir malgré
tout une chance pour sa dernière utopie, celle d'un "miroir spa-
tial" qui résoudrait les problèmes de faim dans le monde en
rendant fertiles les déserts et arable le sol glacé de Sibérie.
"Il n'y aurait pas eu d'ordinateurs, d'énergie atomique, de
fusées sans la guerre", relève avec amertume Hermann
Oberth: "C'est comme il y a quarante ans : des fusées pour
Hitler, pour ensuite partir sur la lune en V2. Maintenant une
guerre des étoiles pour installer mon miroir de l'espace"...
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2212
Actualité
La revue hebdomadaire "Formula AS", très appréciée pour la diversité et la
densité de ses reportages et articles, publie régulièrement une rubrique bap-
tisée "SOS", consacrée aux cas sociaux que lui soumettent ses lecteurs ou
aux situations de détresse de personnes qui lui écrivent directement. Avant publication,
les informations sont vérifiées auprès des services sociaux ou médicaux compétents.
Le journal reçoit de nombreux dons de Roumains de Roumanie ou de l'étranger
qui consultent son site sur Internet (http://www.formula-as.ro), et veulent apporter
un peu de réconfort à leurs compatriotes. Mais cette chronique est aussi un tableau sai-
sissant de la grande pauvreté dans laquelle se débat une bonne partie de la population,
ainsi que le montrent les témoignages suivants.
Suzana, 18 ans, Bacau : "Nos ennuis ont commencé quand notre père nous a lais-
sés - maman et ses six enfants - dans la rue, voici sept ans, après avoir vendu l'ap-
partement. Depuis, nous vivons avec 18 � (120 F) par mois et les allocations pour mes
frères et sœurs. Nos dettes pour le loyer et le reste se montent à 600 � (4000 F). La
mairie veut nous mettre à la porte du logement qu'elle nous a fourni. Maman qui a la
tuberculose ne peut plus travailler, ni continuer son traitement à l'hôpital car elle doit
veiller sans arrêt sur mon petit frère qui est épileptique. J'ai arrêté l'école à 14 ans et,
depuis, je travaille 12-14 heures par jour pour un salaire de 38 � (250 F). Nous ne
mangeons qu'une fois par jour, et pas beaucoup. Alors que les autres enfants ont des
cartables pour aller à l'école, mes frères et sœurs n'ont que des sacs en plastique. Ils
n'ont pas assez de vêtements pour sortir en même temps, n'ont pas de poupées ou de
jeux pour aller jouer avec les autres enfants. Nous sommes désespérés".
Vasile, père de 10 enfants, Bârlad : "J'ai déjà été opéré quatre fois et dois subir
une autre intervention. Ma femme est gravement malade du cœur. Je n'ai plus de tra-
vail, et je ne touche plus le chômage. Nous vivons seulement avec les allocations des
enfants. Nous avons des dettes et sommes sous la menace d'une expulsion. Chaque
jour, je ne sais plus quoi donner à manger à la famille. On ne peut pas dormir dans
les lits qui sont cassés".
Mihaela, Cluj : "J'ai rencontré dans le bus un monsieur très digne qui ne pouvait
plus se servir de sa main droite, ni travailler, à la suite d'un accident. Le médecin lui
a proposé de lui couper, ce qu'il a refusé. Sa femme est alitée, un côté complètement
paralysé à la suite d'une hémorragie cérébrale. Il n'a personne pour l'aider à s'en
occuper, mais ne se plaint pas. Je m'adresse à vous : qu'est-ce qu'on peut faire ?".
Dragos, Târgu Mures : "Je côtoie tous les jours, un couple qui vit depuis cinq
ans dans une cave sans lumière avec leur petite fille, âgée de 8 ans, qu'il a en garde.
Il a été obligé de vendre son appartement lors du décès d'un proche pour payer l'en-
terrement et ses dettes. Lui, un maçon de 58 ans, au chômage et sans indemnités, prie
pour qu'il neige car les voisins lui donnent quelques milliers de lei pour balayer les
trottoirs. Son épouse, malade, a dû arrêter son travail de femme de ménage. La famil-
le vit avec 38 � (250 F) par mois et j'ai peur pour leur santé, car la cave est vraiment
insalubre".
Le Centre de Transfusion
Sanguine de Iasi a connu une
véritable avalanche de dons
du sang à l’occasion de la fin de l'année,
passant de 30 donneurs quotidiennement
à 50, voire cent.
Cet afflux était vraisemblablement
dû à l'approche de Noël pour pouvoir
apporter un semblant de gaîté et de
"richesse" dans les foyers. Chaque don
était payé 15 � (100 F), et ceux qui
avaient bien calculé, recevaient une
prime de 30 � (200 F) pour cinq dons
consécutifs. Si toutes les tables du
réveillon n'étaient pour autant pas assu-
rées d'être convenablement garnies, les
bocaux du centre de transfusion, eux, ont
tous été remplis.
"Nous avons travaillé près de 50ans, six jours par semaine, ce qui faithuit années de plus qu'aujourd'hui.Nous avons toujours payé nos cotisa-tions. Nous espérions terminé notrevie d'une manière décente, avoir unevieillesse tranquille. A la révolution,nous étions comme tout le monde,pleins d'espérance… Et nos pensionsreprésentent tout juste 52 % de ceque nous devions toucher" s'indigneMarin Fleancu, dans un courrieradressé à un journal de Bucarest,témoignant du désespoir des pen-sionnés de sa génération.
"Nous avons plus de 75 ans, nousavons connu la guerre, les privations,le communisme. Nous ne sommesplus nombreux, devons vivre souventavec moins de 30 � (200 F) par mois,et la majorité d'entre nous pense qu'ilne nous reste qu'à mourir" poursuit-il,accablé, avant de s'emporter :"Pourquoi est-ce à nous de supporterla dévaluation catastrophique du leu,la faillite des banques, des fonds d'in-vestissements, des scandalescomme Caritas. On brade aujourd'huinotre patrimoine national, nos entre-prises… mais c'est nous qui avonscréé ces richesses. Quelle hontepour ceux qui sont chargés de dirigerle peuple !".
Et le vieil homme de demander,sans trop y croire : "Nous prions sim-plement le gouvernement et lePremier ministre de nous donner cequi nous est dû, d'indexer nos pen-sions sur l'inflation… et que l'on puis-se bénéficier de cette reconnaissan-ce avant qu'on nous enterre".
Chaque semaine "Formula AS" lance des "SOS" dans ses colonnes
Donner son sang pour p ayer Noël
Le cri de désespoir des retraités
Social Précurseur de la conquête de la Lune et père des V2,Hermann Oberth sujet controversé d'une pièce de théâtre
Un génie "faustien" venu de Transylvanie
Sciences
Hermann Oberth est l'un des
quatre grands pionniers de
l'astronautique. Les idées
qu'il émit dans les années 1920 et 1930
furent a l'origine des travaux relatifs aux
moteurs de fusées et aux fusées elles
mêmes et permirent à l'Allemagne, pen-
dant la seconde guerre mondiale, de
prendre une avance considérable sur les
autres nations. Même si le savant ne fût
pas mêlé directement à la fabrication des
V2, son assistant Wernher von Braun s'en
chargeant, son apport fût décisif.
Ses travaux influencèrent toute une
génération de jeunes qui devaient, par la
suite, devenir les initiateurs et respon-
sables des grands projets spatiaux. La
contribution d'Oberth a l'astronautique
est considérable. Les théories qu'il déve-
loppa purent directement être appliquées
a la réalisation des fusées. Ainsi, il calcu-
la les vitesses d'éjection des gaz de com-
bustion, les consommations d'ergols ainsi
que les durées de vol et les distances par-
courues. Il évalua également leur nombre
optimal d'étages et alla même jusqu'à
concevoir une navette spatiale. Près d'une
centaine de ses inventions et solutions
seront appliquées a la construction des
fusées modernes.
Hermann Oberth imagina aussi les
applications des satellites de télécommu-
nication, d'observation de la terre, de
navigation et de météorologie. Le savant
de Transylvanie jeta, presque à lui seul,
les bases de toute l'astronautique.
Aujourd'hui, dans sa province natale,
trois musées lui sont consacrés et de
nombreuses rues portent son nom.
Presque à lui seul, le savant jet a les bases de l'astronautique
Né à Sibiu, l’inventeur des fuséesHermann Oberth a grandi à Sighisoara.
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Un courrier "crève-cœur"M. CIUC
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
2228
Connaissance et découverte
Cinéma
Alors que les Roumains étaient friands du septième art, le nombre de spec-
tateurs roumains allant au cinéma a été divisé par cinq en six ans, chutant
de 25 millions en 1994 à 5 millions en 2000. Dans le même laps de temps,
un tiers des salles ont disparu, passant de 402 à 279, n'offrant plus qu'une capacité de
115 000 places au lieu de 165 000. Cette désaffection s'explique par le prix des billets,
dans une période de grave crise sociale, qui peuvent atteindre 1,8 � (12 F) à Bucarest,
soit près du double des villes de province. La concurrence de la télévision et de ses
chaînes câblées, que reçoivent de nombreux immeubles ou maisons, a également fait
beaucoup de tort à la fréquentation des salles. Leur manque de confort, la vétusté de
leurs équipements a fait le reste, les pouvoirs publics restant les bras croisés devant
cette situation.
A Bucarest, seulement 0,66 % de la population est allée au cinéma en 2000.
Constantsa a fait encore pire, avec 0,5 %, Cluj obtenant le meilleur pourcentage, 1,32
%. Dans les petites communes, où, soit une salle, soit un local baptisé maison de la
culture sous l'ancien régime, accueille les projections, le responsable attend d'être sûr
de rentabiliser la séance et d'avoir vendu à l'avance les billets, pour décider de la pro-
grammation d'un film.
Une modernisation du réseau des salles a toutefois été entreprise depuis peu avec
l'apparition de salles privées multiplex, à Arad, Bistrita, Tulcea, Oradea. A Bucarest,
la mise en service du "Hollywood Multiplex Bucaresti Mall", de ses dix salles et 2125
places, a révolutionné le genre et suscite des émules. Ce complexe qui offre aux spec-
tateurs un choix de nouveautés auquel il n'était pas habitué, accueille à lui seul 35 %
du public de la capitale, les 26 salles encore contrôlées par l'état se partageant le reste.
Le grand bond en arrière du cinéma européen
Autre motif d'insatisfaction des cinéphiles: la distribution des films, assurée
aujourd'hui à 98 % par des firmes privées, seule RomaniaFilm subsistant comme der-
nier "Mohican" de l'époque du cinéma d'état. Devant la crise, mais y concourrant éga-
lement par leur politique de restriction, ces sociétés ont diminué le nombre de films
qu'elles font circuler, le ramenant de 621 en 1994 à 483 en 2000, soit près d'un quart
en moins. Les films américains se taillent la part du lion, avec plus de 85 % des nou-
veaux titres proposés, la part du cinéma européen étant tombée de 21 % (120 titres) à
11 % (50 titres), pendant la période évoquée. La chute affectant le cinéma roumain est
encore plus dramatique. De 9,5 %, sa place est passée à 3,2 % des films distribués en
2000 (une quinzaine de titres). Quand aux films "venus d'ailleurs", japonais, brési-
liens, chinois, etc., ils ont totalement disparu des écrans.
Les Roumains
désertent les cinémas
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2213
Société
Avec - 33°, Miercurea Ciuc a justifié son surnom de "Petite Sibérie" Evénements
Routes bloquées, trafic aérien arrêté en Moldavie,
ports et canal du Danube à la Mer Noire fermés…
Une terrible vague de froid a submergé l'ensemble
du pays tout au long du mois de décembre, avec des tempéra-
tures nocturnes moyennes de -15° à -20°,
le record étant enregistré à Miercurea
Ciuc (-33°), dans une région surnommée
"Mica Siberie", "La Petite Sibérie". Il faut
remonter à 1985 pour trouver pire (-38°),
dans la même région, et au 25 janvier
1942, pour le record absolu enregistré, -
38,5° à Bod, près de Brasov.
Les perturbations causées par ce froid
intense ont été innombrables : chauffeurs
abandonnant leurs camions, les équipe-
ments de déblayage étant inutilisables, trains en retard, vil-
lages privées d'électricité et de téléphone, médecins ne pou-
vant plus se déplacer ou acheminés par hélicoptères dans les
cas les plus urgents.
Rupture de l'approvisionnement en gaz,
chauffage et eau chaudes rationnés
Les ruptures d'approvisionnement en gaz ont provoqué les
situations les plus difficiles à supporter. A la suite de baisses de
pression, causées par la demande et le froid, Termoelectrica,
principal fournisseur d'énergie thermique, a dû réduire ses
livraisons et demander aux entreprises de diminuer leur
consommation ou de passer au combustible liquide. Ces diffi-
cultés ont été aggravées par celles rencon-
trées par la Russie, le plus gros pour-
voyeur de gaz de la Roumanie, elle-même
confrontée à un froid polaire.
Des immeubles entiers ont été privés
de chauffage, un minimum étant assuré
pour éviter le gel des installations. A
Salonta, près d'Oradea (-20°), les habi-
tants de 500 appartements non chauffés
ont défilé chaque soir devant la mairie
pour protester. Des restrictions ont été
imposées, à Brasov (-29°) où les grosses sociétés étaient
rationnées, à Cluj (-19°) où l'eau chaude n'était fournie que
deux heures le matin et trois heures dans la soirée.
Les bâtiments collectifs, les écoles et les hôpitaux ont été
les plus touchés. En Moldavie, la pression du gaz était presque
nulle. A Botosani (-24°), les chirurgiens de l'hôpital d'enfants
n'opéraient plus que les cas urgents, se chauffant avec un
radiateur électrique d'appoint. Ils craignaient que le froid n'af-
fecte la cicatrisation des plaies et appréhendaient les consé-
quences sur le choc opératoire, l'anesthésie et le réveil.
"C'était un truand, une vraie fri-pouille" s'exclamait AlphonseBoudard qui a écrit la biographie deJoseph Joanovici, un juif d'origineroumaine dont TF1 s'est inspiré pouren faire le héros de son téléfilm,"Monsieur Joseph" , présenté der-nièrement sur le petit écran.
Né à Chisinau, au début du siècle,dans un ghetto de Bessarabie,Joanovici avait débarqué à Paris en1925. Habile serrurier, il se lançaitdans la récupération des métaux, fai-sait fortune, voyageait à l'étranger etfricotait avec le Komintern, l'organisa-tion communiste internationale acti-vée par Staline.
Intelligent et sans scrupule, ils'était convertit à la religion ortho-doxe en 1940, collaborant avec lesAllemands qui le traitèrent de "juifutile", approvisionnant leur armée enmétaux, se livrant au marché noir surune grande échelle, copinant avec lamilice de Darnand. Prudent, il versaaussi son obole au réseau de résis-tants "Honneur de la police".
Condamné en 1949, au centred'intenses controverses, devenu unpersonnage célèbre, il mourut dansl'oubli en 1965.
Dans sa critique, le journal "LeMonde" relève que le téléfilm de lachaîne française tord le cou à l'histoi-re, transformant l'itinéraire de ce ges-tapiste, en une version française de"La liste à Schindler" , suggérantque "Roger Hanin, (l'interprète deMonsieur Joseph), prisonnier de sonimage, ne pouvait sans-doute pasjouer les escrocs".
Où tourner un film dix fois moins cher que dans les studios occidentaux,
tout en bénéficiant de bonnes conditions techniques, de laboratoires de
qualité et de personnel compétent ? "Elémentaire, mon cher Watson" se
sont entendus répondre les producteurs anglais du film "Les débuts de Sherlock
Holmes", qui ont choisi les studios de Castel Film, dans les environs de Bucarest.
Pour la première fois, un film étranger a été réalisé entièrement en Roumanie, une
partie des séquences ayant été tournées dans le rues de la capitale roumaine, les autres
décors - un quartier de la City, une station du métro de Londres, l'appartement du
détective - étant reconstitués dans les studios de Castel Film. Six acteurs britanniques,
dont James d'Arcy, dans le rôle de Sherlock Holmes, et dix comédiens roumains se
partagent l'affiche, le film devant sortir l'été prochain.
Il s'agit là d'une reconnaissance pour le savoir-faire roumain, Castel-film ayant
participé à la réalisation de 75 longs métrages étrangers ces sept dernières années.
Sherlock Holmes à Bucarest
"Monsieur Joseph" :du petit écran… à la réalité
La Roumanie submergée par une intense vague de froid
La vague de froid de décembre
a provoqué de nombreux
drames humains, touchant en
premier lieu les enfants et les vieillards.
Mais la chute du thermomètre a révélé
aussi une grande détresse sociale et les
disparités existant entre régions.
La Moldavie a le plus souffert. Des
congères de quatre mètres de haut s'y sont
formés. Des ambulances transportant des
femmes sur le point d'accoucher ont été
bloquées, nécessitant l'intervention d'hé-
licoptères. Les malades devant subir des
dialyses ont été invités à rester à proximi-
té des hôpitaux. Les amputations de
membres gelés sont fréquentes.
A Iasi, en quelques jours, deux bébés
et trois adultes sont morts de froid. Une
fillette de deux ans est décédée dans un
abri de fortune en carton où vivaient
quatre adultes et cinq enfants, leur mère
refusant de les remettre à un orphelinat.
Un nourrisson a été retrouvé mort, serré
contre la poitrine de sa mère qui avait
tenté de le protéger jusqu'au dernier
moment. La jeune femme, hébétée, a
confié ne pas avoir assez d'argent pour
manger et se chauffer, et ne voulait pas,
non plus, l'abandonner.
La régie autonome de distribution
d'énergie thermique de la ville, RADET,
a indiqué qu'elle s'apprêtait à couper le
chauffage dans 7000 appartements, dont
4000 pour des impayés depuis 1999. Les
occupants des 3000 autres avaient
demandé à être débranchés, faute de pou-
voir régler leurs factures. Dans la région,
des familles envoient les enfants chapar-
der du bois dans les forêts.
Le grand froid amène aussi des com-
portements à risques. Dans des apparte-
ments alimentés au gaz, on n'hésite pas à
allumer le four ou les brûleurs pour servir
d'appoint au chauffage électrique notoire-
ment insuffisant. Les accidents dus aux
explosions sont fréquents ainsi que les
asphyxies provoquées par les inhalations
de monoxyde de carbone.
Partant en permission, un jeune appe-
lé de 20 ans, ne trouvant pas de voiture
pour rentrer chez lui, a coupé à travers
champs. Son corps a été découvert gelé le
lendemain.
Un enfant de quatre ans a eu les pieds
et les mains gelés et a dû être amputé.
Malade, dans une maison sans chauffage,
il avait été confié à la garde de son grand-
père par sa mère qui s'était absentée pour
la journée. Celui-ci l'a laissé seul pour
aller boire une tsuica. Revenu ivre, il s'est
trompé de chemin et son corps a été
retrouvé recouvert par la neige.
Mais la Moldavie n'a pas le monopo-
le de la misère. Un patient de l'hôpital
psychiatrique de Jebel, non chauffé, est
mort de froid, trois autres étant transpor-
tés dans un état grave d'hypothermie à
l'hôpital voisin de Timisoara.
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En Moldavie, la chute du thermomètrea révélé une grande misère
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BISTRITA
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2227
Connaissance et découverte
Une manière de connaître la Roumanie d'aujour-
d'hui est de découvrir ses auteurs, même si les tra-
ductions françaises ne sont pas très nombreuses.
Requiem pour salauds et fous d'Augustin Buzura, paru en
Roumanie en 1999 et en français en 2001, est un ouvrage que
les lecteurs occidentaux ont tout intérêt à lire s'ils veulent plei-
nement appréhender la situation psychologique de leurs amis
de l'Est.
Cette œuvre est impressionnante. Tout d'abord par son
épaisseur, près de 700 pages denses, parfois sans renvois à la
ligne. Mais cette manière de faire est issue, pour une part,
d'une tradition roumaine, les auteurs prolixes étant légion :
Nicolae Iorga, Camil Petrescu, Mircea Eliade et, plus récem-
ment, Mircea Cartarescu. Il s'agit aussi d'une conséquence du
poids du totalitarisme sur la pensée : il fallait noyer ce qui pou-
vait passer de séditieux dans une prose bavarde, allusive, et
parfois même codifiée, la rendant illisible, notamment pour les
étrangers.
Toutefois, le Requiem… de Buzura échappe à ce travers.
Même si certaines parties paraissent longues, ce texte captive
dès le début.
"Tous sortent de la cuisse de Ceausescu"
Matei Popa, le personnage central, est un journaliste en
quête de vérités sur le passé. Sa démarche dérange ceux qui
espèrent prendre place dans la nouvelle élite sociale qui se
construit après la "révolution" de décembre 1989, et l'invitent
à aller voir ailleurs comment va le monde, "plutôt que de ris-
quer bêtement sa vie".
Devant ces menaces, Popa est alors partagé entre son sens
de la dignité et la peur. Des réflexions l'assaillent : "Dieu peut
leur pardonner (…) mais, je ne crois pas que l'on puisse vivre
dans un monde où les grandes fautes resteraient dissimulées,
ignorées, impunies. Il faut régler nos comptes une bonne fois
pour toutes, même si cela fait mal".
Douleur, peur, vérité, sont les maîtres mots de ce puissant
ouvrage. En se plongeant dans son passé, Matei Popa retrouve
les affres du monde d'avant : la dictature, la Securitate, la
misère morale, culturelle et surtout matérielle. Les alternances
entre le passé et le présent laissent comprendre que les deux
mondes ne sont pas si différents que cela. Les maîtres sont par-
fois les mêmes : "Seule la couleur des uniformes a changé (…)
Ceux qui ont percé, ce sont les hommes dépourvus de morale,
d'idéologie, de foi, ceux qui n'ont jamais eu et n'ont, aujour-
d'hui encore, que des intérêts (…) Tous sortent de la cuisse de
Ceausescu".
Le salut viendra de ceux qui n'ont pas été
esclaves ou retrouvent leur dignité
Mais ce constat désespérant est immédiatement suivi
d'une sorte de credo : " C'est peut-être une étape normale, un
pas nécessaire : ils ont été les plus forts, les plus résistants, et
nous serons contraints de supporter leur mépris et leur gros-
sièreté jusqu'à ce que parvienne au premier plan ceux qui
n'ont pas été esclaves au pays d'Egypte ! Mais viendront-ils ?
Les meilleurs s'en vont et restent là où ils trouvent les condi-
tions de vie les plus favorables, les meilleures chances de pro-
motion. On n'a qu'une vie, on ne peut pas la perdre à
attendre…".
C'est justement à ceux qui sont tentés par la fuite et le
désespoir, faute de patience, les jeunes notamment, qui "mar-
chent à l'aveuglette", que Matei Popa veut insuffler sa convic-
tion "qu'il n' y a de salut qu'en nous mêmes, qu'il dépend de
nous mêmes que nous vivions ou mourions, que la renaissan-
ce commence par la reconquête de la dignité individuelle et
nationale".
Le lecteur l'aura compris, Requiem… est effectivement
un texte très noir : "Je regarde autour de moi et je vois un pays
humilié, abaissé, des gens désorientés, certains retournés car-
rément à l'état sauvage, de mauvaises habitudes partout, de la
brutalité, de la vulgarité, et une effarante absence de dignité".
Mais cette peinture sombre, bien souvent désespérante par
le cynisme et la misère qu'elle met en évidence, possède la
force des catharsis qui permettent de construire un avenir.
Buzura a le courage de regarder la vérité en face. N'est-ce pas
à ce prix que les évolutions positives sont rendues possibles ?
Ce livre, finalement porteur d'espoir, est un grand bonheur…
Un grand livre même !
Bernard Camboulives
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2214
Société
Il aura fallu la mort d'un homme tranquille de 62 ans, dévoré par des chiens
alors qu'il coupait à travers champs pour rentrer chez lui, à la tombée de la
nuit, pour que l'opinion publique prenne conscience des graves problèmes
posés aux petites localités proches de la capitale, envahies par des meutes incontrô-
lées amenées de Bucarest. Son corps déchiqueté avait été retrouvé le lendemain matin
par des voisins alertés par sa femme.
Le drame de Cornetu, pourrait fort bien se répéter dans des communes voisines.
A Bragadiru, le maire s'indigne de l'absence de réactions des autorités devant le
nombre de chiens affamés qui errent à travers les rues, 3 à 400, se regroupent, s'atta-
quent aux enfants, transformant presque en acte d'héroïsme le simple fait d'aller cher-
cher son pain. Il a confié au vétérinaire le soin de castrer ceux qui pouvaient être attra-
pés, et aux équarrisseurs de se charger des autres, sans grand succès toutefois.
Des meutes de chiens traversent les villages
A Berceni, où l'administration de protection des animaux de Bucarest a installé un
refuge dans une ancienne coopérative agricole désaffectée, les gardiens sont en
nombre insuffisant. Des chiens sont enfermés dans des cages, d'autres circulent libre-
ment, sautant par dessus les clôtures et parcourent le village en meute. La nuit, les
habitants se plaignent de leurs hurlements sans fin.
Les petites communes périphériques, sont devenues le dépotoir de la capitale qui
veut se débarrasser de ses 200 000 chiens errants. Des voitures, des camionnettes,
toutes non identifiables, rôdent des unes aux autres, dès que la nuit est tombée, à la
recherche d'endroits déserts où elles peuvent se défaire de ces animaux indésirables,
sans se faire repérer. Des maires ont mis en place des barrages pour les intercepter,
sans grand résultat. L'un a même donné comme consigne d'endommager leurs roues
pour les immobiliser. Mais certains élus estiment que ce sont des sociétés de protec-
tion des animaux qui, voulant éviter aux chiens d'être euthanasiés, une opération déjà
entreprise par le maire de Bucarest, Traian Basescu, qui viennent ainsi les "libérer" à
la campagne.
Décharges sauvages au milieu de la nuit
Mais les nuisances exportées par la capitale ne se limitent pas au seul phénomè-
ne des chiens. Des camions, des bennes, des tracteurs, des voitures partent à la
recherche de terrains vagues pour y décharger leurs ordures et échapper ainsi à la rede-
vance de 8 � (52 F) par tonne, qui est maintenant exigée dans les dépôts spécialement
aménagés.
La route de Bucarest à Bragadiru est bordée de tas d'immondices. Des terrains
destinés à l'agriculture sont rendus inutilisables, recouverts de dizaines de tonnes de
détritus. La commune a dû consacrer 4000 � (25 000 F) au déblaiement, somme qu'el-
le destinait à la réfection des trottoirs ou à la construction d'un terrain de jeux pour les
enfants.
Ces décharges sauvages s'effectuent souvent au milieu de la nuit. Des camions
d'entreprises du bâtiment font des rondes, venant se défaire de leurs gravats. A
Cornetu, la plate forme municipale d'ordures croulant sous ces dépôts a du être fer-
mée, les habitants étant contraints de se débarrasser par leurs propres moyens de leurs
déchets, ce qui pose aussi un problème d'hygiène et de santé publiques.
La situation a été jugée suffisamment grave par des maires de communes du
département d'Ilfov, autour de la capitale, pour qu'ils demandent à la police et à la gen-
darmerie de mettre un terme à ces allers et venues nocturnes de véhicules, véritable
cauchemar pour la population.
Pas de condamnationà perpétuité pour les plus de 60 ans
Evénements
La Cour Européenne des Droits del'Homme a rejeté, fin juin, la requêtede Maurice Papon contre l'état fran-çais, pour "traitement inhumain etdégradant" à son égard, vu son grandâge, 90 ans. La CEDH a fait remar-quer que le critère de l'âge n'était paspris en considération dans de trèsnombreux pays européens, que cesoit pour une condamnation ou uneexécution de la peine.
Deux états font cependant excep-tion, la Roumanie et la Russie, oùune peine de réclusion à perpétuiténe peut pas être prononcée contreune personne de plus de 60 ans.
La capitale se débarrasse
de ses déchets et chiens
"Requiem pour salauds et fous" d'Augustin Buzura
Le regard noir mais salutaire d'un écrivain
roumain sur la réalité de son pays
Livres
La durée maximale de la garde àvue d'une personne entendue dans lecadre d'une enquête sera prochaine-ment ramenée de 5 à 3 jours. Sa pro-longation dépendra uniquement desinstances judiciaires, et non plus duministère public qui pouvait la porterà 30 jours.
Garde à vue ramenée à trois jours
Les députés ont décidé de sanc-tionner par une amende d'un montantde 7,6 � (50 F) à 40 � (250 F), lespersonnes surprises à fumer dansdes bâtiments et lieux publics, à l'ex-ception des bars, cafés, restaurants,discothèques. Seuls les propriétairesde locaux disposant de systèmesd'aération adéquats seront autorisésà aménager des endroits spécifiquespour fumeurs.
Amendes pour les fumeurs
errants auprès des communes voisines
Augustin Buzura est né en 1930 à Berintza, dans le Maramures, près de Baia Mare. Après avoir fait
des études de médecine, il publie son premier recueil de nouvelles en 1963. Son œuvre se compo-
se de romans, de nouvelles, d'essais, ainsi que de scénarios cinématographiques. L'écrivain est
membre de diverses académies culturelles européennes (Rome, Amsterdam) et président de la Fondation cul-
turelle roumaine depuis 1990.
Les "Editions Noirs sur Blanc" ont publié Chemin de cendres en 1993 (paru en Roumanie en 1988) dans
une traduction de Jean-Louis Courriol et Requiem pour salauds et fous en 2001 (paru en Roumanie en 1999)
dans une traduction de Marily Le Nir.
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Augustin Buzura
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2226
Le maestro et l'exigence de la perfection
Musique
Connaissance et découverte
Sergiu Celibidache est mort à Paris, voici cinq ans, à l'âge de 84 ans.
Considéré comme un des plus grands chefs d'orchestre de l'histoire, le
Roumain était un spécialiste de l'interprétation d'Anton Bruchner, Debussy
et Ravel, et se singularisait par la lenteur de son tempo.
Pour ses détracteurs, qui n'étaient pas loin de penser qu'il était un charlatan,
Celibidache posait deux questions : était-il un monstre ? Comment prononcer son
nom? (Tchélibidaqué). L'excentricité du chef déroutait. Celibidache exigeait que ses
cachets soient d'autant plus élevés que les musiciens se montraient mauvais, s'accou-
trait d'une façon bizarre et refusait obstinément d'enregistrer des disques. Un compor-
tement qui lui valut pas mal d'ennemis.
"Préférer un disque à un concert…
c'est comme aller au lit avec une photo de Brigitte Bardot"
Celibidache détestait les enregistrements. Le grand chef ne mâchait pas ses mots:
"Préférer un disque à un concert… c'est comme aller au lit avec une photo de Brigitte
Bardot". Pour lui, l'essentiel n'était transmissible que par la pratique vivante et un mor-
ceau de vinyle ne pouvait pas rendre la magie d'un concert. De la même façon, il refu-
sait de consigner son enseignement par écrit.
Sa phobie des studios a conduit ses admirateurs à diffuser des piratages de mau-
vaises qualité de ses concerts. Pour y mettre un terme, son fils, Serge Ioan, a décidé
d'autoriser la diffusion des enregistrements conservés par l'Orchestre philharmonique
de Munich. Sur le tard, Celibidache, ému d'entendre des œuvres qu'il avait dirigées au
début de sa carrière, fera presque amende honorable, admettant l'utilité et la valeur des
archives conservées grâce au disque.
Le chef d'orchestre n'était pas un homme facile. Il ne mâchait pas ses mots et avait
toujours été hostile à toute forme de culte médiatique autour de sa personne. Ses
adversaires aimaient à mettre en évidence "ses rapports guerriers", son total mépris
envers les autres chefs contemporains, son dédain à l'encontre des journalistes et cri-
tiques dilettantes. Celibidache avait conscience de sa réputation auprès des orchestres.
"Ils préféreraient avoir à faire au Diable" reconnaissait-il… ce qui lui coûta la direc-
tion du prestigieux Orchestre philharmonique de Berlin, à la mort de Wilhelm
Furtwängler, les musiciens choisissant Herbert Von Karajan pour lui succéder.
Une lutte sans concession pour des résultats sublimes
Depuis cet échec, Celibidache évitait presque systématiquement toutes les insti-
tutions du monde musical qui, selon lui, se contentent de continuer la tradition et s'en-
foncent dans la routine. Il ne se laissera plus engagé que par des orchestres qui lui per-
mettront de travailler conformément à ses exigences en matière musicale.
Mais les apparences sont souvent trompeuses et, une fois mises de côté, ses coups
de gueule provocateurs oubliés, l'image du chef apparaît beaucoup plus nuancée. Le
maître n'hésitait pas à accorder son estime et sa sympathie à ses confrères… pourvu
qu'ils aient du talent, rejetant "les musiciens sans formation musicale… ce qui est inac-
ceptable". Dans leur cas, "toute discussion est sans objet".
Perfectionniste, Celibidache estimait que chaque concert était un véritable accou-
chement et luttait sans concession pour faire prévaloir son interprétation auprès de
l'orchestre dans un achèvement mystique où étaient réunis l'espace et le temps. Le
résultat était le plus souvent sublime. "Au cours de ma vie, je n'ai pas trouvé de musi-
cien , y compris Enesco, Toscanini et Furtwängler, capable de saisir toute la dimen-
sion de la Neuvième symphonie de Beethoven" confia-t-il un jour. Sans-doute celui
que beaucoup de mélomanes considèrent comme le plus grand chef d'orchestre du
XXème siècle, s'extrayait-il de ce lot.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2215
Société
Aux yeux des Roumains, les
autorités des douanes appa-
raissent comme les plus cor-
rompues des administrations du pays,
relève le rapport de la Banque Mondiale.
Ils placent ensuite, dans l'ordre, la justice,
le Fonds de privatisation des entreprises
publiques (FPS), les parlementaires, le
système de santé, la police, le gouverne-
ment, l'administration des impôts, plus de
la moitié d'entre-eux mettant en cause
leur honnêteté.
Les mairies, l'administration locale,
l'enseignement, les mass media, la poste,
le téléphone, l'armée, les banques, les
chambres de commerce, les syndicats et
la présidence de la République, bénéfi-
cient d'un jugement moins sévère.
66 % des Roumains interrogés décla-
rent qu'ils sont contraints de donner une
enveloppe ou de remettre un cadeau, s'ils
sont hospitalisés, 62 % pour bénéficier
des services d'une ambulance, 56 %
quand ils vont chez le dentiste, 52 % chez
le spécialiste et 32 % chez le médecin de
famille. Avoir recours rapidement aux
services du gaz nécessitent "un petit
geste" (40 %), de l'électricité (33 %),
comme obtenir un permis de construire,
29 %.
Ce genre d'"attention" est apprécié
pour le permis de conduire, l'installation
du téléphone, les déclarations de chôma-
ge, l'obtention des pensions d'invalidité,
d'une ligne téléphonique, voire même
pour obtenir un diplôme.
Corruption : un rapport classe la Roumanie derrièrele Zimbabwe, le Guatemala ou T rinidad-T obago
La douane montrée du doigt
EvénementsSergiu Celibidache, un “monument”
qui dirigeait à la baguette
Un Moldave devenuun mythe vivant
Sergiu Celibidache (1912-1996)est né à Roman, en Moldavie. Il apassé son enfance à Iasi, où il reçuttrès tôt une éducation musicale.Etudiant en mathématiques, philoso-phie et musique dans cette ville, ilcontinua ses études à Bucarest puisà Paris et s'installa ensuite à Berlin oùil suivra des cours de direction d'or-chestre, tout en s'adonnant à la philo-sophie bouddhiste et zen qui le mar-quera tout au long de sa vie.
A la fin de la guerre, le prestigieuxchef de l'Orchestre philharmonique deBerlin, Wilhelm Furtwängler est écartéjusqu'à ce que la question de sa col-laboration avec les nazis soit éclair-cie. Celibidache prendra le relais puisco-dirigera jusqu'en 1952 l'orchestreavec Furtwängler, de retour. Cetterencontre avec le grand maître, baséesur une relation d'amour-haine, serad'une importance décisive pour lejeune chef roumain.
A sa mort, en 1954, Celibidachequittera Berlin et dirigera dans lemonde entier, triomphant souvent.Ses deux saisons à la tête del'Orchestre National de France (1973-1975) restent dans les mémoires.Mais c'est surtout sa coopérationexceptionnellement longue avecl'Orchestre philharmonique deMunich, à partir de 1979, en faisantun des plus grands orchestres de laplanète, qui lui donnera la dimensiond'un mythe vivant.
Pratiquement 70 % des Roumains, des chefs d'entre-
prises, des investisseurs étrangers, estiment que les
pouvoirs publics roumains sont totalement, ou pra-
tiquement totalement, corrompus. Plus accablant encore… la
moitié des cadres du pays, chargés justement de faire marcher
sa machine administrative, ses dirigeants, les élus, appelés à
veiller à son bon fonctionnement, les représentants de la socié-
té civile et religieuse, en sont eux-mêmes convaincus.
Un rapport de la Banque Mondiale, basé sur une étude
s'appuyant sur toutes les couches de la société roumaine, tire la
sonnette d'alarme : la corruption est un fléau qui ronge le pays,
détruit ses fondements moraux et ses rouages, hypothèque gra-
vement son avenir. L'Union Européenne a lancé plusieurs
avertissements : l'adhésion de la Roumanie ne pourra être
envisagée que lorsqu'elle aura mis un terme à ce phénomène
qui entrave le développement économique, décourage les
investissements, menace l'existence d'un état dans lequel les
citoyens n'ont plus confiance, aggrave les différences sociales
dans une période où la pauvreté s'est généralisée.
2,8 sur 10 sur l'échelle
de "Transparency International"
Apportant de l'eau à son moulin, "Transparency
International" a classé la Roumanie parmi les états européens
les plus corrompus. L'organisation, qui dresse un indice de la
corruption basé à partir des données fournies par les institu-
tions financières mondiales (Banque Mondiale, FMI…) et de
l'avis d'observateurs internationaux, lui a attribué un piteux 2,8
sur 10, dans son système de notation qui va de 0 (la corruption
absolue, l'état de non-droit), à 10 (la transparence la plus tota-
le). Une note même en recul sur les deux dernières années, où
elle s'établissait à 3,3, puis 2,9. Seules, sur le continent, la
Russie (2,3) et l'Ukraine (2,1) font pire.
A travers le monde, des pays comme le Zimbabwe, le
Ghana, le Guatemala ou Trinidad-tobago obtiennent de
meilleurs résultats !
Après avoir souligné l'échec de l'ancien président
Constantinescu dans la lutte contre la corruption et fait remar-
quer que son successeur, Ion Iliescu, ne se montrait pas plus
déterminé et efficace, "Transparency International" a établi un
parallèle avec la Hongrie et la République Tchèque, où la
volonté des dirigeants avait permis de maîtriser ce phénomè-
ne, ces dernières années.
Mesures gouvernementales :
des citoyens sans illusions
Ces mises en garde répétées ont amené le gouvernement à
réagir. Un programme national d'action contre la corruption et
de prévention vient d'être mis en place, différenciant la "gran-
de corruption" (économique, politique, crime organisé), qui se
retrouve dans d'autres pays, et la "petite corruption", davanta-
ge spécifique aux pays en transition, laquelle touche directe-
ment la population, amenant leurs citoyens à verser des des-
sous de table pour simplement bénéficier de leurs droits.
"Nous allons démarrer le nettoyage dans tous les secteurs
d'activité" s'est exclamée la ministre de la justice, Rodica
Stanoiu, pointant plus particulièrement du doigt la santé et sa
propre administration, la plus décriée avec celle des douanes.
Un corps de magistrats d'élite devrait être créé et l'exercice
indépendant de la justice assuré. Adrian Nastase a annoncé des
sanctions sévères et la mise en place d'un "surveillant" dans
chaque ministère et service public. Toutefois, le premier
ministre a concédé que, chaque mois, de nouveaux cas de cor-
ruption apparaissaient, tançant les préfets et les responsables
"qui ne contrôlent pas leurs services".
Ses concitoyens sont moins dubitatifs. A près de 90 %, il
sont persuadés que le plan du gouvernement est voué à
l'échec… avant même d'avoir été mis en application.
Un fléau qui ronge le pays
et menace les fondements de l'Etatn
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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
2225
Un groupe d'Ecossais a reçu l'appui d'une société des amis de
Dracula, en Transylvanie, pour ouvrir un bureau à Glasgow
dans une crypte ou une cave et les représenter. Le premier
ambassadeur de Dracula choisi au pays des fantômes sera le directeur
d'une revue consacrée aux vampires, qui doit se rendre prochainement en
Roumanie pour être intronisé dans l'Ordre des Chevaliers Transylvains.
Il aura pour mission de faire connaître les opportunités de tourisme dans
cette région et d'ouvrir un magasin de souvenirs de Dracula.
Insolite
Le sapin de Noël le plus cher de l'his-
toire de la Roumanie a été dressé au
milieu de la place Saint Pierre de
Rome, début décembre. Le gouvernement de
Bucarest avait décidé d'attribuer près de 200 000
� (1,3 MF), pris sur sa réserve budgétaire, pour
répondre au vœu du Vatican qui souhaitait voir ce
pays célébrer par ce geste le 2001 ème anniver-
saire de la naissance du Christ. Jean-Paul II
s'était rendu en Roumanie en 1999, réalisant là sa
première visite dans un pays orthodoxe.
La préfecture de Miercurea Ciuc, où l'arbre,
ainsi qu'un sapin de réserve, ont été choisis dans
un domaine sylvicole, a reçu 4000 � (25 000 F)
pour les frais de préparation. Le transport par
route jusqu'à Bacau, puis par avion jusqu'à
Rome, a coûté 50 000 � (330 000 F). A ces frais,
il a fallu ajouter la décoration de l'immense sapin,
avec des motifs roumains, de ses deux petits
"frères" qui ont été installés dans la salle d'au-
dience du Pape et dans ses appartements privés,
la main d'œuvre technique et artistique, les assu-
rances, l'édition d'une carte de vœux avec une
colinda (chanson de Noël) en roumain et en
Italien.
A l'occasion de la cérémonie de remise au
Saint Père de l'arbre, le chœur des enfants de la
Radiodiffusion roumaine avait fait le déplace-
ment à Rome, ainsi que le président Ilescu et une
forte délégation gouvernementale .
Dans la nuit de la Saint-André,
le 30 novembre, la tradition
veut que les jeunes soupi-
rants de la région de Radauti et Suceava,
en Bucovine, volent les portes des mai-
sons où habitent leurs bien-aimées,
dévoilant ainsi leurs intentions. Ils vien-
nent la restituer le lendemain aux parents
de la jeune fille, l'échangeant contre sa
main ou bien, c'est plus fréquent, contre
un baiser et une bouteille de tsuica.
Aujourd'hui, dans certains villages,
cette coutume s'est étendue aux familles
qui n'ont pas de filles à marier, et les
portes restent parfois à pourrir jusqu'au
printemps dans les champs. Cette année,
à Dumbraveni, commune qui compte
2500 maisons, plus d'une centaine de
portes ont ainsi disparu. Les lumières
sont restées allumées toute la nuit, des
pères veillant jusqu'à cinq heures du
matin pour s'assurer de leur bien. Excédé,
l'un qui a été victime à trois reprises
consécutives de cette pratique, ces der-
nières années, s'est exclamé : "Qu'ils
prennent mes filles s'ils veulent… mais
qu'ils me laissent mes portes" !
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2216
Société
Vie quotidienne
Le gouvernement a décidé de majorer de 50 % le prix des billets de train, fin
novembre, une hausse qui doit être suivie d'une autre, d'un montant équi-
valent, en ce début d'année. Au total, les tarifs de la CFR (Chemins de Fer
Roumains) auront doublé en quelques semaines. Ces majorations, pratiquées en deux
temps pour préparer l'opinion, interviennent de manière différente, suivant les types
de trains, les omnibus (+ 46 %) étant moins affectés que les rapides (+ 94 %) et les
trains accélérés (+ 156 %).
Cette mesure a été prise pour limiter les
pertes de la CFR, estimées à 30 M� (200
MF) en 2001. La grille de tarification qui
vient d'être modifiée, avait été mise en place
en 1974 et, depuis, n'avait subi que des
indexations sur le coût de la vie, ne prenant
pas en compte des facteurs comme les varia-
tions des prix de l'énergie électrique, des car-
burants, du matériel. Les nouvelles recettes
dégagées serviront à l'amélioration des
conditions de transport, de confort, de propreté, et à la modernisation des wagons. Au
début de l'hiver, par moins dix degrés, des trains ont circulé sans chauffage… des
locomotives diesel n'étant pas adaptées à l'équipement électrique des wagons.
L'Etat s'est accordé jusqu'à 2010 pour arriver à subventionner la CFR dans la limi-
te de 30 % et faire face à la désaffection qu'elle connaît. En 2001, devant son coût et
ses médiocres prestations, entre un quart et un tiers des voyageurs ont abandonné le
train au profit des micro-bus privés, souvent stationnés près des gares, qui proposent
un moyen de transport moins cher et plus rapide. En 2002, la CFR prévoit de fermer
une centaine de liaisons qui ne sont pas rentables ou effectuées avec de vieilles loco-
motives diesel.
Courant octobre, l'équivalent
du Service des fraudes a
effectué des contrôles inopi-
nés chez des fabricants de conserves de
légumes et de fruits, relevant de nom-
breuses infractions. Ainsi 34 sortes de
préparations à base de tomates ont été
déclarées non conformes à la réglementa-
tion, voire dangereuses pour la santé.
Certaines avaient le goût et l'odeur de
produits moisis, contenaient moins de
sucre que le minimum prévu. La présen-
ce d'amidon, dont l'adjonction est interdi-
te, a été décelée dans des bouillons.
Le non respect des normes d'étique-
tage a été également relevé à de nom-
breuses reprises. Du concentré, mention-
né en tous petits caractères, se faisait pas-
ser pour de la purée naturelle de tomates.
Les dates de péremption n'étaient souvent
pas respectées, le record revenant à une
firme qui commercialisait encore des
conserves destinées à l'étranger, datant
d'avant 1990, les étiquettes rédigées en
anglais, alors qu'elles doivent l'être obli-
gatoirement en roumain, trompant la
vigilance des consommateurs.
Sur les vingt-huit fabricants soumis à
vérifications, dix ont été, en outre, sanc-
tionnés par des amendes de 400 � (2500
F) parce qu'ils fonctionnaient sans licen-
ce, ni autorisation.
Le train est devenu un luxe
Prix accessibles, magasins mieuxachalandés, stabilité de l'économie,espoir de rentrer plus vite dansl'Europe… Autant d'éléments quiconduisent les Roumains un peu for-tunés à s'offrir une résidence secon-daire en Hongrie. Un simple passe-port suffit pour réaliser l'opération. Laprésentation de l'acte de vente et dutitre de propriété permet son enregis-trement pour une somme modique,représentant 8 % du montant de latransaction. A Battonya, ville de 6000habitants, à 30 km d'Arad, 400Roumains se sont installés, achetantpour environ 5000 � (33 000 F) desmaisonnettes de quatre pièces, cuisi-ne, salle de bain, annexes et jardinde 250 m2.
Résidences secondaires en Hongrie
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Le sapin de Noël le plus cher
de l'histoire de la Roumanie
Invit ation… à prendre la porte
Les Roumains semblent privilégier un retour aux sources lorsqu'il s'agit d'at-
tribuer un prénom à leurs nouveaux-nés. Les registres de baptême montrent
un regain d'intérêt pour les valeurs anciennes comme Andreï, Mihaï,
Alexandru, Marius et Cristian chez les garçons, Maria, Alexandra, Antonia, Elena,
chez les filles. Une mode se dessine visant à donner un prénom double comme Maria
Antonia ou Dan Christian.
Retour aux sources pour les prénoms
Etiquettes : tromperies sur la marchandise
Convoquée au bureau de police, une retraitée d'un village du département de
Hunedoara, a été sommée par le sous-officier de service de lui rembourser
sur le champ les deux canards de son beau-père, que son chien avait égor-
gés. Protestant de son innocence, et n'ayant que sa maigre pension pour vivre, la vieille
dame a refusé de s'exécuter, ce qui lui a valu une volée de coups de matraque, la lais-
sant groggy et provoquant un traumatisme crânien, constaté par un médecin. Se plai-
gnant auprès de l'inspection départementale des services de la police, la retraitée a
reçu une brève réponse de son responsable, un colonel, lequel lui a reproché son atti-
tude, indiquant toutefois qu'il avait adressé une réprimande au policier fautif pour
"manque de tact dans ses relations avec les citoyens". Quand au parquet, il a refusé
d'enregistrer la plainte qu'elle était venue déposer.
Les malades internés de l'hôpi-
tal psychiatrique de Botosani
ont reçu comme vêtements
des costumes de la fanfare et des robes de
choristes, ainsi que les vestes et panta-
lons des organisations syndicales, tenues
utilisées sous le communisme lors des
fêtes et défilés célébrant le régime, et
mises au rebut depuis. Le donateur qui
les avait en dépôt a estimé qu'ainsi vêtus,
les malades auraient moins froid cet
hiver.
Manque de t act L'habit fait le fou
Un ambassadeur de Dracula au pays des fantômesU
n chien errant dans la cour du palais pré-
sidentiel de Cotroceni a mordu une jour-
naliste, emportant un morceau de son
pantalon, et l'obligeant à recevoir des soins à l'infir-
merie de la présidence. Voici quelques mois, dans ce
même palais, le président Iliescu avait reçu Brigitte
Bardot venue plaider la cause des 200 000 chiens sans
maîtres de la capitale, menacés d'extermination par
son maire, Traian Basescu. Une visite qui avait été for-
tement médiatisée par la presse... mal recompensée.
Sans reconnaissance
Le gouvernement a décidé de doubler le prix des billets de train au 1er janvier.
Un peu plus au nord, la stationthermale de Gyula, ville frontalière de34 000 habitants, autrefois fréquen-tée par les Yougoslaves, attireaujourd'hui les Roumains. Près de3000 d'entre eux y vivent, regroupésdans un quartier appelé "la grandeville roumaine". Au cours des troisdernières années, les Roumains ontacheté plus de 300 propriétés et 25terrains. Les maisons se négociantbeaucoup plus cher qu'à Battonya(34 000 �, 230 000 F), ils se tournentplus volontiers vers les appartements(10 000 �, 65 000 F). Pour autant,être propriétaire en Hongrie negarantit en rien l'obtention de lanationalité hongroise.
“La grande ville roumaine” de Gyula
Le Pape a choisi un sapinroumain centenaire de 25 mde haut pour orner la Place
Saint Pierre de Rome.
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BATONYA
SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
2224
Sports
Mondiale 2002: Hagi n'a p as fait de miracle
La Roumanie ne participera pas àla phase finale du mondial de football,en juin prochain. Après avoir terminédeuxième de son groupe de qualifica-tion, derrière l'Italie, elle a échoué enmatch de barrage devant la Slovénie(1-2, 1-1), une équipe pourtant à saportée.
Gheorghe Hagi, plébiscité pourdevenir sélectionneur national, aprèsavoir arrêté sa carrière de joueur, n'adonc pas fait de miracle. Critiqué pourses choix tactiques, il a d'ailleursrendu son tablier, après avoir officiéseulement pendant quatre mois.
Grâce à ses performances passées- trois qualifications successives à lacoupe du monde et deux au cham-pionnat d'Europe - la Roumanie restetoutefois bien placée au niveau euro-péen, occupant le 7ème rang. Elleaura ainsi le privilège d'être l'une desdix têtes de séries désignées lors dutirage au sort des éliminatoires del'Euro 2004, dont la phase finale doitse dérouler au Portugal.
La Fédération est donc repartie à larecherche d'un sélectionneur. AnghelIordanescu a été pressenti. Déjàentraîneur de l'équipe nationale, de1993 à 1998, il l'avait qualifiée à deuxreprises pour le mondial, aux USA eten France, et à l'Euro 1996, enAngleterre. Iordanescu doit aupara-vant se libérer de son contrat avecl'équipe Al Ain, des Emirats ArabesUnis, qui expire en mai prochain.
Dans l'attente, son successeur, de1998 à 2000, Emeric Ienei, pourraitassurer l'intérim, notamment pour pré-parer le match contre la France, austade de France, à la mi-février.
Mai rau ca asa, nu se poate"… "Pire que cela, ce n'est pas possible"
s'était exclamé le capitaine de l'équipe de rugby roumaine après la cor-
rection qu'elle avait reçue du Pays de Galles, en septembre dernier (81-
9), après, déjà, un 82-9 encaissé à domicile devant les Néo-Zélandais, en novembre
2000. Hélas, le pire était à venir ! Deux mois plus tard, à Twickenham, les Roumains
étaient pulvérisés par les Anglais sur le score de 134 pts à 0, devant 60 000 spectateurs
hilares qui n'en croyaient pas leurs yeux et ont assisté à un festival d'essais, 20 au total.
La Roumanie est ainsi entrée dans le livre des records de la plus lourde défaite -
le précédent appartenait au Japon, battu 145-17 par les All Blacks en 1995 - une dis-
tinction dont elle se serait bien passée, vécue comme une mortification par de nom-
breux Roumains. Ce désastre a entraîné la démission du comité directeur de la fédé-
ration de rugby et de son président, Dumitru Mihalache, qui a été remplacé par une
équipe emmenée par un ancien sélectionneur des années 80, Octavian Morariu.
Loin d'être des accidents, ces revers confirment l'état moribond du rugby roumain,
qui d'après son ancien président, pourrait disparaître de la scène dans les cinq pro-
chaines années. Il n'existe plus que 28 clubs dans le pays, au lieu de 110 autrefois, les
effectifs des joueurs se sont réduits des deux tiers et ceux des écoles de rugby de moi-
tié. Au total, la Roumanie ne compte plus que 4000 rugbymen.
Un entraîneur français pour la sélection nationale ?
Début septembre, le Dinamo Bucarest, champion national 2000-2001, recevait
l'équipe anglaise des Saracens, en coupe d'Europe, s'inclinant sur un score sans appel
(75-12), qui illustrait déjà la faillite du rugby roumain. Les Saracens, émus par l'indi-
gence des équipements de leurs adversaires, mais aussi profondément touchés par l'ac-
cueil chaleureux qui leur avait été réservé, leur ont laissé leurs tenues. Depuis, à l'en-
trée de leur stade, en Angleterre, chaque spectateur qui remet un équipement de rug-
byman, neuf ou d'occasion, destiné à un joueur roumain, reçoit une place gratuite.
Pour généreux et apprécié que soit ce geste, il n'en est pas moins ressenti comme
une humiliation. Comment le fier rugby roumain, considéré voici une vingtaine d'an-
nées comme le sixième au plan européen, tenant la dragée haute aux Anglais, ne s'in-
clinant devant eux que 22-15, battant même les Français… peut-il en être réduit à
recevoir l'aumône ?
Ce sport s'est effondré en même temps que le communisme. Mais le football, la
gymnastique, l'aviron, l'escrime, l'athlétisme, la natation, continuent à faire briller les
couleurs roumaines dans les stades, les salles, les piscines. La Fédération de rugby,
avec plus de 400 000 � (2,5 MF) de réserve, est même considérée comme une fédéra-
tion beaucoup plus riche que les autres, exceptée celle de football.
Sa nouvelle direction va tenter de remettre un peu d'ordre dans les rangs, de relan-
cer les compétitions nationales et interrégionales et la pratique du rugby en milieu sco-
laire. Octaviu Morariu évoque aussi la possibilité de faire venir un entraîneur étranger,
sans-doute français, pour s'occuper de la sélection nationale et de la réorganisation de
ce sport, une expérience tentée avec succès, en son temps, par le rugby italien.
Remise en ordre dans les fédérations
La déroute de Twinckenham, ainsi que l'élimination de la Roumanie de la coupe
du monde de football, ont conduit le Premier ministre, Adrian Nastase, à taper du
poing sur la table et à exiger de son ministre des sports, Georgiu Gingaras, qu'il remet-
te de l'ordre dans les fédérations, considérées comme "des états dans l'Etat". Une
autorité juridique doit être créée, son rôle étant de mettre fin aux irrégularités : trans-
ferts illégaux, matchs achetés, arbitres corrompus…
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
2217
Société
Le gouvernement n'y est pas allé de main morte en
multipliant par trois le tarif des contraventions, qui
varie désormais entre 12 � (75 F), pour la plus peti-
te amende, si elle est payée dans les 48 heures, et 240 � (1500
F), dans le cas d'une réparation effectuée sur des véhicules
accidentés, sans qu'un procès verbal n'ait été dressé. La der-
nière augmentation remontait à 1999.
Désormais, passer au feu à l'orange, refuser la priorité à un
piéton, un stationnement interdit, un défaut de signalisation, la
circulation d'un engin agricole sans éclairage ou sur une route
à grande circulation, seront passibles d'une amende de 20 �
(120 F) à 120 � (750 F).
Dépasser la vitesse permise de 20 km/h, conduire sous
l'emprise alcoolique (taux autorisé : 0) coûtera entre 40 � (250
F) et 120 � (750 F), utiliser ou détenir un gyrophare ou une
sirène, sans autorisation, entre 120 � (750 F) et 240 � (1500
F). Les pouvoirs publics déclarent avoir pris cette mesure pour
encadrer le développement de la circulation. En 2000, le pays
comptait 6 millions de conducteurs pour 22,5 millions d'habi-
tants et 4 millions de véhicules, dont 620 000 immatriculés à
Bucarest. 7500 accidents avaient été enregistrés entraînant la
mort de 2500 personnes et 6300 blessés graves.
Les assureurs ont prévu de mettre en place un fichier cen-
tral qui permettra de repérer les mauvais conducteurs et de leur
infliger des tarifs de primes supérieurs.
Enfin, pour pourvoir au manque de places de stationne-
ment dans la capitale, qui ne compte que 3000 emplacements
payants, deux parkings souterrains vont être construits, près de
la gare du Nord et de Sala Palatului, dans le centre, les travaux
commençant cette année..
Jusqu'à 120 � pour être p assé à l'orange, un excès de vitesse ou un st ationnement interdit
Vie quotidienne
Le prix des contraventions triplé
Le rugby roumain fait
une piteuse entrée
Al'approche de l'hiver, gamins, mais aussi adultes,
éprouvent un grand plaisir à faire exploser des
pétards, dans les cours d'école, les rues, les parcs,
chez eux, transformant la période des fêtes, où ces démonstra-
tions bruyantes atteignent leur paroxysme, en calvaire pour
ceux qui aspirent à la tranquillité.
Ce phénomène, inconnu sous Ceausescu, prend de l'am-
pleur. Les dangers et nuisances qu'il représente ont été ferme-
ment condamnés par l'APC (Association pour la Protection
des Consommateurs) et ont amené les pouvoirs publics à légi-
férer devant la multiplication des accidents.
Des contraventions et des peines de prison allant jusqu'à
un mois peuvent dorénavant être infligées à ceux qui abusent
de leur utilisation, pour troubles de l'ordre public ou atteinte
aux biens et personnes.
La vente des pétards, dont le prix dérisoire - 0,5 � (3, 30
F) les cent, pour les petit modèles - les rend accessibles aux
enfants, est interdite aux mineurs et ne peut s'effectuer que
dans des magasins dûment autorisés. Les contrevenants peu-
vent être sanctionnés par des peines de prison de six mois et
des amendes pouvant atteindre 1100 � (7200 F).
Mais, jusqu'ici, personne n'a été puni pour usage immodé-
ré des pétards et les Roumains doutent de l'application et de
l'effet dissuasif de ces mesures. Récemment, un stock de 16
000 pétards a été découvert dans un magasin de la capitale, qui
n'avait pas le droit d'en faire commerce, et il est même fait état
d'une contrebande, ce qui est plus grave, les indications pour
leur utilisation ne figurant pas en roumain.
Maudit s pétards qui troublent la sérénité de l'hiver
Plus de 20 000 t axis sillonnent les rues de la capit ale… dont 15 000 sans autorisation administrative
Un peu plus de 20 000 taxis
sillonnent les rues de la capi-
tale, soit pratiquement un
pour cent habitants. Les prix pratiqués
sont sensiblement les mêmes, aux envi-
rons de 0,15 � (1 F) le kilomètre, les dif-
férences portant surtout sur l'attitude du
chauffeur, le modèle de la voiture et la
fiabilité du compteur.
Toutefois, trois sortes de compa-
gnies existent. Quand un chauffeur n'a
pas de véhicule, il s'adresse à une société
qui dispose d'un parc et lui en fournit un.
Dans ce cas, sa situation est claire. Il
reçoit un salaire modeste, une carte de
travail et a une clientèle assurée. Lorsque
le chauffeur a sa propre voiture, il peut
opter pour une compagnie qui lui procu-
rera auprès de la mairie la licence de
transport indispensable, le reliera à sa
centrale d'appels et lui délivrera égale-
ment une carte de travail. En général, il
partagera par moitié avec son patron ses
gains, de l'ordre de 27 � (175 F) par jour,
paiera l'essence, les frais et les répara-
tions, empochant en moyenne 150 �
(1000 F) nets, chaque mois.
Une troisième variante permet à un
propriétaire de véhicule de se mettre à
son compte et de s'affilier, moyennant
une redevance, à une compagnie qui lui
assurera la transmission des appels des
clients. Travailleur indépendant, tous les
frais sont à sa charge, mais il peut modu-
ler ses horaires pour gagner davantage…
et échapper plus facilement au contrôle
du fisc.
La difficulté réside dans l'obtention
de la licence de transport, un document
très convoité. Toutefois, l'obstacle peut
être contourné. Il suffit de se faire embau-
cher avec son véhicule pendant un mois
ou deux par une compagnie qui effectue-
ra les démarches pour l'attribution de ce
sésame, et, celui-ci une fois en poche, de
démissionner. Même si le document n'est
plus valable, aucune administration pré-
cise n'est chargée de vérifier sa validité.
Ainsi, estime-t-on que sur les 20 000
taxis de la capitale, près de 15 000 circu-
lent sans autorisation administrative.
dans le "Livre des records"l
ll BOTOSANI
M. CIUC
RADAUTI
Gironde Roumanie Echanges
et Culture essaie de localiser
en Roumanie, sans doute en
Transylvanie, les communautés unita-
riennes. L'association demande aux lec-
teurs qui pourraient l'aider dans cette
tâche et fournir des renseignements, de se
mettre en relation avec elle et fait une
première présentation de cette église.
Les Unitariens (à ne pas confondre
avec les Uniates) sont des chrétiens qui
ont remis en cause le dogme trinitaire
défini aux conciles "oecuméniques" de
Nicée (325) et de Chalcédoine (451 ).
En Pologne, en 1565, à l'issue de la
conférence de Piotrkow, une Eglise des
frères de Pologne et de Lituanie qui ont
rejeté la Trinité - dite plus simplement la
"Petite Eglise polonaise", s'organise en
marge de l'Eglise réformée, sous l'impul-
sion de Gonesius. L'unitarisme se déve-
loppe en Transylvanie. Le calviniste P.
Melius emploie pour la première fois le
terme d'unitarien lors de l'importante dis-
pute de Gyulafehervar (1568).
En 1600, la Diète de Leczalva (pro-
vince de Plock, au nord de Lodz) recon-
nut les droits de la "religion unitarienne".
La rencontre de Blandrata, du calviniste
Francis David (François Davidis) et de
Jacob Paléologue, conduisit à l'organisa-
tion de l'Eglise unitarienne dans cette
région.
Très tôt confinée par le prince
Bathory à Kolozsvar et à Torda, elle ras-
sembla des gens de la campagne ou d'ori-
gine plus modeste que la moyenne des
fidèles de l'Eglise polonaise.
La présence de l'Eglise unitarienne
en Transylvanie au 17ème siècle est évo-
quée dans "L'église orthodoxe roumaine"
(Bucarest, 1987) où il est fait état de la
situation difficile connue alors par
1'Eglise orthodoxe "confrontée au prosé-
lytisme des quatre confessions dites
"récepte" (catholique, luthérienne, calvi-
niste et unitarienne)".
Dans les textes de la République
socialiste de Roumanie, le culte unitarien
figure parmi les quatorze cultes reconnus
par 1'Etat. Le recensement du 7 janvier
1992 fait état, en Roumanie, de 76 333
Unitariens.
Les renseignements sont à adresser à Pierre
RAYMOND, président de 1'Association Gironde
Roumanie Echanges et Culture, Résidence
Lancelot AC 48, Rue Odilon Redon, 33400
TALENCE, France. Tel : (00 40) 05.57.35.50.40.
Fax : 05.57.35.50.42
E-mail : [email protected]
SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
2223
A Baisoara, la goutte d'eau qui fait déborder le vase
En Transylvanie, la démolition d'une ancienne église gréco-catholique, devenue orthodoxe, provoque une levée de boucliers
La démolition récente d'une ancienne église gréco-
catholique en bois, datant de 1852, à Baisoara, en
Transylvanie, est la goutte d'eau qui a fait déborder
le vase pour les fidèles qui ont vu là le signe d'une stratégie
mise en place par la hiérarchie orthodoxe afin d'affirmer sa
prédominance sur les autres cultes. En 1948,
les communistes avaient interdit la religion
gréco-catholique, issue du rite orthodoxe grec
mais rattachée à Rome, la persécutant, confis-
quant ses églises, remises le plus souvent aux
orthodoxes.
Aujourd'hui, l'église orthodoxe, qui repré-
sente 70 % de la population et près de 90 % des
croyants, se fait tirer l'oreille, pour les restituer
à une concurrente qui ne compte guère plus
que 800 000 adeptes, ce qui multiplie les
conflits, sur fond de rivalité. Les gréco-catho-
liques, qui ont entamé des procès pour retrou-
ver leurs biens, proposent aux orthodoxes que,
là où il y a deux églises, il en récupèrent une,
ou bien que des services religieux alternatifs
soient mis en place.
A Baisoara, les orthodoxes ont construit une grande égli-
se, à proximité immédiate de la vieille qu'ils ont démolie
quand les travaux de la nouvelle ont été terminés, la déména-
geant en partie dans un autre village, plutôt que de la remettre
à ses anciens propriétaires, la communauté gréco-catholique.
La hiérarchie orthodoxe de Transylvanie qui fait traîner le
dossier des restitutions en longueur, avec parfois la complicité
des autorités, n'en était pas à son coup d'essai. Plusieurs autres
églises ont subi le même traitement, étant soit rasées, soit
transplantées, soit phagocitées… entourées de grands murs,
puis disparaissant sous une autre construction.
La démolition de Baisoara a pris une
dimension symbolique car elle a révélé au
grand jour un problème existant depuis plu-
sieurs années et qui menace de prendre des
proportions plus importantes. Elle a provoqué
une levée de boucliers chez les intellectuels
roumains, parmi lesquels, Doïna Cornea, la
poétesse Ana Blandiana, l'écrivain Romulus
Rusan, le critique Adrian Marino, qui deman-
dent que soit mis un terme à cette pratique
sous peine de saisir le Parlement européen, la
Cour Européenne des Droits de l'Homme et
l'UNESCO. Des orthodoxes ont également fait
part de leur indignation, menaçant de se
convertir au gréco-catholicisme.
Pour tenter de calmer le jeu, le ministre de
la culture et des cultes, Razvan Theodorescu, a proposé de
mettre en œuvre un programme de construction d'églises en
bois, dont le coût est chiffré aux environs de 25 000 � (165 000
F) l'unité, là où les communautés gréco-catholiques n'en dis-
posent plus et prient sous la pluie. Beaucoup de fidèles esti-
ment qu'il serait plus simple et moins coûteux de leur rendre
leurs anciens édifices plutôt que de les détruire.
Religion
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2218
Société
Deux enfants d'Arad ont été
récupérés in-extremis par la
police hongroise de la ville
de Szeged, lors d'un contrôle de routine,
alors qu'ils allaient être dirigés vers
l'Italie pour y être sans-doute opérés clan-
destinement dans le cadre des trafic d'or-
ganes destinés aux pays occidentaux. Sur
les trois ravisseurs, un seul, un Roumain
toxicomane, a été arrêté, ses commandi-
taires, deux Italiens, ayant réussi à passer
à travers les mailles du filet. Le trio avait
tenté, sans succès, de commettre son
méfait à Turnu Severin, puis s'était rabat-
tu sur Arad, plus proche de la frontière,
utilisant le même procédé, classique. Le
Roumain abordait les enfants, leur offrait
des friandises puis les invitait à faire une
promenade en voiture, recevant près de
1500 � (10 000 F) pour chacun d'entre
eux, en cas de réussite. Les enfants ont
été ensuite acheminés illégalement en
Hongrie.
A la suite de cette tentative, la police
d'Arad a mis fortement en garde les
parents afin qu'ils surveillent leurs
enfants et ne se laissent pas approcher par
des inconnus, précaution qui, malheureu-
sement, ne peut pas s'appliquer aux
enfants des rues.
Les Tsiganes de Roumanie espè-rent récupérer 300 kilos d'or, confis-qués par le régime communiste, entre1946 et 1989, le plus souvent despièces que la communauté accumu-lait depuis des générations. Le parle-ment a adopté une mesure visant àréparer cette spoliation. Selon le roiautoproclamé des Tsiganes, FlorinCioaba, plusieurs centaines defamilles vont bénéficier de cette dis-position.
Par ailleurs, 1100 Tsiganes dépor-tés par les Allemands pendant la2ème Guerre mondiale, recevront desindemnités allant jusqu'à 500 � (3300F) du gouvernement de Berlin, le casde 2000 autres n'ayant pas de docu-ments attestant leur présence dansles camps de concentration devantêtre examiné ultérieurement.
Deux enfants sauvés de
justesse du trafic d'organesFaits divers
Trois cent s kilos d'orrécupérés p ar lescommunautés tsiganes
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Depuis deux ans, la justice et la police de Medgidia se renvoient un dossier
portant sur la disparition de dix mille cochons, une affaire qui a causé un
préjudice de 750 000 � (5 MF) à la société exploitante, la S.C. Pacomb.
En août 1999, la nouvelle chef-comptable de la société était intriguée par des ano-
malies dans le registre de sa ferme animalière. Les livraisons de farine, la consomma-
tion de fourrage, la mortalité ne correspondaient pas aux normes.
En recoupant les chiffres, elle aboutissait même à la conclusion que le taux de
naissance chez les truies était de moitié inférieur à celui habituellement enregistré,
avec 4,5 porcelets au lieu de neuf. Un expert, chargé de pousser plus loin les investi-
gations par la société, laquelle a porté plainte, concluait à la disparition de dix mille
cochons et mettait en cause le directeur de la ferme ainsi que ses adjoints, dont les faux
relevés couvraient un trafic. Interrogés, des employés ont déclaré que beaucoup d'ani-
maux étaient abattus la nuit et livrés à d'autres entreprises.
Réseau d’abattage et de vente clandestin
Les conclusions du rapport ont été contestées par une contre-expertise qui déga-
geait la responsabilité des personnes mises en cause… lesquelles avaient refusé de
coopérer avec le premier expert, mais répondaient volontiers au second qui les blan-
chissait, ramenant les pertes à 4000 cochons, morts de causes naturelles ou parce qu'ils
étaient mal nourris. La S.C. Pacomb a déposé plainte contre cet expert arrangeant, et
un troisième expert désigné a confirmé le chiffre de dix mille disparitions.
Depuis, l'enquête n'a pas avancé, l'un des principaux suspects n'ayant même pas
été entendu par la justice. Pour la directrice de la société lésée, cet imbroglio est
volontaire, afin d'enliser une affaire impliquant un réseau important de trafiquants
ayant des appuis solides, disposant d'abattoirs et de points de ventes clandestins, et
d'éviter les révélations que pourraient faire les responsables de la ferme incriminée,
simples pions, à son avis, dans ce trafic.
Relevant avec ironie que le même parquet de Medgidia avait condamné, récem-
ment, à 30 jours de prison préventive, dans l'attente de leur jugement, deux hommes
qui avaient volé sept cochons à un fermier, un journal a proposé à ses lecteurs de faire
une règle de trois, afin de savoir quel devrait être le "tarif" appliqué pour dix mille…
ce qui conduit à 117 années !
Deux ans après, la police et la justice enquêtenttoujours sur la disp arition de 10 000 cochons
L'ancien directeur d'une agenceaméricaine spécialisée dans lesadoptions d'enfants de Roumanie etde Russie, est poursuivi pour avoirperçu personnellement 8000 � (52000 F) pour chaque dossier qui luiétait soumis, causant un préjudicetotal de près de 350 000 � (2,3 MF) àses employeurs. Selon le journal"San Antonio Express News", sonagence, à but non lucratif, luireproche également de ne pas avoirinformé les couples adoptifs des pro-blèmes de santé des enfants ou deles avoir séparés sans prévenir qui-conque, quand ils étaient issus d'unemême famille.
Adoptions lucratives
A la recherche de document s sur une des plus petites églises roumaines
Les Unit ariens... à ne p as confondre avec les Uniates
Premier édifice gréco-catholiqueen pierre, vieux d’un siècle, l’église
de Vadu Izei a été démolie pourfaire place à l’église orthodoxe.
TURNUSEVERIN
MEDGIDIA
l
l
SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
22
Encore plus que les autres années, la ferveur a été à son comble à Iasi, le 14
octobre, à l'occasion de la Sainte Paraschiva, patronne protectrice de la
Moldavie, dont les reliques ont été exposées devant la cathédrale métropo-
litaine, où elles reposent habituellement. Plus d'un million de fidèles se sont pressés
sur plusieurs kilomètres devant le cercueil en argent les contenant, des centaines
d'entre eux ayant passé la nuit sur place, dormant sur les trottoirs afin de s'assurer
d'être aux premières loges. Des scènes poignantes se sont déroulées, témoignages de
la foi de malades ou handicapés espérant leurs guérisons.
L'événement était exceptionnel, car l'Eglise Orthodoxe de Roumanie célébrait le
600ème anniversaire de sa reconnaissance par l'Eglise Chrétienne d'Orient de
Constantinople. A cette occasion, des dignitaires des églises de Grèce, de Serbie, de
Constantinople et de Bulgarie, avaient fait le déplacement.
Pour la première fois, la ceinture de la Sainte Vierge, l'une des plus précieuses
reliques du monde orthodoxe, avait quitté l'un des monastères du Mont Athos, en
Grèce, où elle est conservée, pour être acheminée en avion spécial jusqu'à Iasi, et pla-
cée dans le cercueil de Sainte Paraschiva. Depuis l'aéroport, la ceinture avait été trans-
portée par une camionnette découverte, au cours d'une procession.
Religion
Plus de 1500 fidèles ont assisté àla consécration du monastère SaintDumitru, fin octobre, dans un villagede Transylvanie, au cours d'unemesse de trois heures, en présencede 66 prêtres. Le monastère a étéconstruit en cinq années, par une bri-gade de 25 à 30 détenus de la prisonde Aiud. Les travaux, d'un montantde 115 000 � (750 000 F), ont étéfinancés par des dons privés dontceux des joueurs de l'équipe nationalde football et de leur entraîneur. Leprêtre officiant avait béni l'équipe rou-maine avant son départ pour lacoupe du monde disputée aux USA,en 1994, où elle avait réussi un trèsbeau parcours.
Le monastère comprend égale-ment un orphelinat pour 18 enfants etun foyer pour les anciens, ce qui enfait un complexe socio-religieux.Après la cérémonie, 6000 sarmaleont été distribués aux fidèles.
Détenus et vedettes dufootball ont construitun monastère
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2219
Société
MinoritésUn million de fidèles pour
la Sainte Paraschiva
Au cours d'un séjour en Suisse,Ion Iliescu a rendu visite au GrandRabbin de Genève, AlexandruSafran, hospitalisé dans un établisse-ment de cette ville. Le président rou-main voulait ainsi rendre hommage àla communauté juive de son pays età celui qui l'avait dirigée avant l'arri-vée des communistes, membre, parailleurs, du parlement roumain entreles deux guerres. Alexandru Safranétait revenu dans son pays natal en1997, après 50 ans d'absence, pro-nonçant une allocution devant lesdéputés et sénateurs.
Vingt cinq mille Tatars - le double selon leur com-
munauté - vivent en Roumanie, principalement
fixés en Dobroudja, dans les départements de
Constantsa et Tulcea, ainsi qu'à Bucarest.
Les descendants de Gengis Khan, venus de Mongolie et
établis autour de la Mer Noire au début du XIIIème siècle,
sous la conduite de son neveu, Batu, ne font plus peur aux
populations locales qu'ils terrorisaient, brûlant églises et vil-
lages, accrochant les têtes coupées à leurs montures, leurs
hordes poursuivant leurs chevauchées sauvages à travers tout
le pays et l'Europe Centrale. En se sédentari-
sant, ils se sont assagis, subissant l'occupation et
l'influence des Turcs, quelques décennies plus
tard, et se convertissant à l'islam sunnite, deve-
nant profondément musulmans.
Les Tatars ont surtout subi la terrible
répression que Staline a déclenché à leur
encontre, en Crimée soviétique, le 18 mai 1944,
là où ils avaient mis pied à terre. Déportés en
totalité en Sibérie, sous prétexte de collabora-
tion avec les Allemands, près de la moitié des
350 000 membres de leur communauté ont dis-
paru, certains réussissant cependant à s'enfuir
en Dobroudja. Depuis, l'anniversaire de ce tra-
giques évènement est régulièrement célébré par
les dix millions de Tatars répartis à travers le
monde.
Cinquante mille musulmans en Roumanie
Quoique dans une moindre mesure, leurs frères de
Roumanie, souvent confondus avec les Turcs - le nombre de
Roumains musulmans d'origine turque et tatare est estimé à 50
000 personnes - ont dû aussi affronter les rigueurs du régime
communiste. Leurs écoles ont été fermées en 1957, les publi-
cations religieuses et le pèlerinage à La Mecque interdits, la
formation des imams contrariée.
Ces souffrances, et celles endurées au cours des derniers
siècles, transformant ce peuple de persécuteur en victime, a
achevé sa mue pacifique, en même temps qu'il se fixait. En
Roumanie, la collectivisation des dernières décennies a pous-
sé les plus jeunes et les plus entreprenants à quitter les cam-
pagnes, à se moderniser. Les mariages mixtes, impensables
auparavant dans une société islamique repliée sur elle-même,
se sont multipliés, notamment avec les Moldaves.
Dictionnaire tatar-turc-roumain de 10 000 mots
Aujourd'hui, les Tatars roumains vont à
l'école de l'Etat, mais disposent aussi de leurs
propres établissements annexes, une vingtaine,
où les enfants peuvent réapprendre leur langue -
il existe un dictionnaire tatar-turc-roumain de
10 000 mots - recevoir à nouveau un enseigne-
ment religieux.
A Medgidia, un séminaire musulman,
fermé par Ceausescu, a été transformé en lycée
théologique, financé par la Turquie. Une cin-
quantaine de petites mosquées les accueillent.
Les fidèles peuvent retourner à La Mecque. Le
mufti de Dobrodja, Osman Negeat, exerce un
ascendant spirituel sur la communauté.
Radio-Constantsa leur accorde une émis-
sion hebdomadaire dans leur langue. Un député
les représente au Parlement. Certains Tatars sor-
tent du rang, comme l'écrivain Yusuf Neuzat, qui vit à
Bucarest, ou l'historien Ablay Mehmet, disparu dernièrement,
qui fut l'assistant de Nicolae Iorga.
La Roumanie, pour laquelle ils ont combattu lors de la
Seconde Guerre mondiale, est considérée comme la patrie, car
c'est là qu'ils sont nés, même si la Crimée reste le foyer natio-
nal. D’ailleurs, les Tatars se trouvent plutôt bien en Roumanie.
Ils plaignent volontiers leurs frères de l'ex-URSS, autorisés à
revenir de leurs lieux de déportation chez eux par Gorbatchev,
en 1988, et qui vivent dans le dénuement le plus total, leur
venant en aide.
Les descendant s de Gengis Khan, devenus victimes sous le communisme, ne font plus peur
Les Tatars ont mis pied à terre en Dobroudja
Dans certains villages de
Dobroudja, de vieux Tatars
vivent encore au rythme
d'autrefois, mangeant frugalement, un
plat simple et beaucoup de yoghourt, ne
servant un repas roumain ou un plat tra-
ditionnel musulman que s'ils ont des invi-
tés, mélangeant, au cours de la conversa-
tion, mots roumains et tatars. La religion
interdit l'alcool, "ce qui est mieux" recon-
naissent-ils, n'oubliant pas la violence qui
a couru dans leurs veines.
Bien que plus rarement, le Coran
régit encore les mœurs. Il arrive que des
femmes ne sortent qu'accompagnées, un
foulard autour de la tête.
Devant l'interdiction de la représen-
tation des formes humaines ou vivantes,
des hommes ne se sont vus pour la pre-
mière fois en photo, que lorsqu'ils ont été
contraints de se faire établir des papiers
d'identité, et ne possèdent aucun souvenir
représentant leurs parents, ce qu'ils
regrettent aujourd'hui. A la maison, les
miroirs étaient proscrits. Si un porc
venait frôler un pantalon ou du vin le
tâcher, il fallait le brûler tout de suite ou,
au pire, remplacer le morceau d'étoffe
souillé.
Autrefois, un Tatar pouvait avoir jus-
qu'à sept femmes, s'il en avait les
moyens. Mais, jusqu'à la fin de la céré-
monie du mariage, il ne devait pas voir sa
future épouse, s'adressant à elle de l'exté-
rieur de sa maison, alors qu'elle était
retranchée derrière une fenêtre.
Autrefois, une observance stricte du Coran
En 2004, les orthodoxes pour-
ront prier dans le plus grande
cathédrale de Roumanie,
l'équivalent de Notre Dame de Paris.
L'édifice, situé au cœur de la capitale,
entre les places Unirii et Alba Iulia, por-
tera le nom de cathédrale de l'Ascension,
et sera placé sous la protection de Saint-
André, patron de l'église apostolique rou-
maine, son fondateur et l'évangéliste de la
Roumanie.
Il accueillera jusqu'à 6-7000 fidèles
pour les grandes cérémonies religieuses
qui se déroulaient, jusque là, à la cathé-
drale de la Métropolie, le siège de l'égli-
se orthodoxe. Les travaux commenceront
le 25 mars, jour de l'Annonciation. Ils
coûteront 250 M� (1,6 milliards de F),
somme réunie déjà en grande partie,
grâce à des dons et des fonds privés.
La cathédrale aura une hauteur de 70
mètres, pour une longueur de 90 m et une
largeur de 60 m. Erigée sur un terrain de
quatre hectares, elle sera dotée d'une
place piétonnière d'une capacité de 100
000 personnes… et de quelques centaines
de pigeons, la circulation étant déviée par
deux passages souterrains.
Après avoir récupéré la propriété familiale, confisquée voici cinquante ans
par les communistes, une ressortissante belge, Maria Liliana Vasilescu,
fille d'un général roumain emprisonné par le régime précédent et mort
dans sa cellule en 1959, sous les mauvais traitements, l'a cédée et a donné la totalité
du produit de la vente, qui s'élève à plusieurs dizaines de milliers d'euros à des œuvres
religieuses ou charitables.
Cette somme a servi à terminer le financement de la construction d'un monastère
et d'un foyer pour anciens médecins et infirmières. Une partie a été consacrée a édi-
fier quatre immenses croix illuminées à travers la Roumanie, qui en compte désormais
treize. Il s'agit ainsi de répondre au vœu de Jean-Paul II, désireux de perpétuer le sou-
venir du Mont Golgotha. 2500 croix identiques, toutes d'une hauteur de 7,38 mètres
existent à travers le monde.
Propriété confisquée et restituée par une généreuse donatrice roumano-belge
En 2004, six mille Bucarestois pourront prier dans la plus grande cathédrale de Roumanie
Hommage à l'ancienrabbin de Roumanie
De religion musulmane, les Tatars ont dû affronter les
rigueurs du régime communiste.
n
BUCAREST
ORADEA
BAIAMARE
l
l
l
l
TIMISOARA
ARAD
SIBIU
l
l
IASI
BRASOV
CONSTANTACRAIOVA
TARGU MURES
GALATI
l
l
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TULCEABRAILA
SUCEAVA
BACAU l
lPITESTI
l
CLUJ
l
VADU IZEI
BAISOARAl
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2221
Société
La priorité est de s'assurer que les 400 hôpitaux rou-
mains auront les moyens de passer l'hiver pour
arriver jusqu'en 2002, lorsque nous aurons un nou-
veau budget" a déclaré, fin octobre, le président de la Caisse
Nationale d'Assurance Maladie (CNAS), Eugen Turlea.
La CNAS avait demandé, en catastrophe, au gouverne-
ment de débloquer 135 M� ( 880 MF) sur ses 300 M� (2 mil-
liards de F) de réserve. Ces fonds proviennent des cotisations
des salariés que le ministère des finances a en dépôt, les utili-
sant à boucher d'autres "trous" budgétaires.
Les laboratoires pharmaceutiques avaient menacé les
hôpitaux de ne plus les fournir en médicaments, si leurs dettes
n'étaient pas réglées dans les deux mois. L'Etat a finalement
accordé 90 M� (600 MF) qui ont permis de faire patienter les
créanciers, mais cette somme n'est pas suffisante pour payer le
chauffage, l'électricité, le gaz, les dépenses d'entretien et faire
face aux nouvelles dettes.
A moins que le système de financement de l'assurance
maladie ne soit revu, comme il en est question, la CNAS
gérant directement ses fonds sous le contrôle d'une autorité
indépendante ou du Parlement, le budget 2002 ne permettra
pas d'amélioration, son augmentation de 28 % couvrant à
peine le taux d'inflation (29-30 %).
Mais, dans l'impossibilité de financer tous les hôpitaux, la
CNAS veut également entreprendre une réforme qui pourrait
conduire à la disparition de la moitié des établissements, leur
restructuration ou leur changement d'affectation. Au terme
d'une enquête portant sur 370 des 400 hôpitaux du pays, six
ont déjà été transformés en établissements sociaux ou foyers
pour indigents.
Deux cent s établissement s menacés de fermeture, de restructuration ou de changement d'affect ationSanté
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2220
Société
L'échec aux examens, les mauvaises notes, les redoublements de classes
étaient rares dans la Roumanie communiste. Les professeurs n'hésitaient
pas à attribuer des 10 sur 10 et, à moins d'avoir à faire à un cancre, notaient
peu souvent en dessous de la moyenne. La réussite aux examens s'inspirait des taux
du parti communiste aux élections. Enseignants et directeurs d'établissement veillaient
à remplir leurs normes de succès en ayant le moins de "déchet” possible dans leurs
classes, afin de ne pas être montrés du doigt par les autorités.
Pour les élèves, l'angoisse était grande de sortir du rang par le bas, de se singula-
riser, et les parents avaient la main lourde à l'annonce de mauvaises notes. Un garçon
de 17 ans, jugé très sérieux par ses camarades, terrorisé à l'idée d'apprendre à son père
qu'il devait repasser un examen de mathématiques à l'automne pour pouvoir entrer en
classe de douzième (terminale), lui avait caché la nouvelle pendant tout l'été. Dans de
mauvaises conditions pour réviser à la maison, il avait échoué et été contraint de
redoubler… aggravant le courroux paternel, lorsque le pot aux roses fût découvert.
Aujourd'hui, le système a changé, mais l'appréhension des enfants à l'idée d'un
échec demeure forte. En septembre dernier, Horia, 13 ans, apprenant qu'il devait
redoubler pour une note insuffisante en chimie, n'est pas rentré chez lui. Sur le chemin
du retour, il s'est arrêté chez sa grand-mère, et a profité d'un moment de solitude pour
se jeter du 10ème étage de son immeuble, à Brasov. Le garçonnet est mort sur le coup.
Sans problème jusqu'ici, mais soucieux depuis plusieurs jours, il avait eu peur d'af-
fronter le regard de ses parents.
L'angoisse devant l'échec
conduit un enfant
à se suicider
Enseignement
Le taux d'abandon scolaire enRoumanie n'est pas plus élevé quedans l'ensemble des pays de l'UE,relève une étude de l'UNICEF, etmême meilleur qu'au Portugal.Toutefois, il est le plus important desex pays communistes et le phénomè-ne s'accentue lors des passages descycles. 5 à 6 % des élèves quittentl'école primaire au moment d'entrerau "gimnasiu" (collège), chiffre quipeut monter à 9 % dans les zonesrurales, les régions défavorisées ousinistrées, comme la vallée de Jiu.Difficultés économiques, pauvreté,mais aussi enfants "réquisitionnés"par les parents lors des travaux agri-coles, sont les principales explica-tions avancées.
Abandon scolaire : le passage du collègeau lycée décisif
Marian Cerneanu, 50 ans, a été le premier patient de l'Europe du Sud-Est, et à fortiori de Roumanie, a recevoir un cœur
artificiel, greffé temporairement par une équipe de chirurgiens de l'Institut des maladies cardio-vasculaires Fundeni
de Bucarest, assistés par des spécialistes venus de Belgique. Le malade, dont le cœur ne fonctionnait plus qu'à 10 %
de ses capacités, a été opéré en avril dernier et est sorti de l'hôpital en novembre, après la réimplantation de son cœur naturel. Celui-
ci, mis au repos et sous assistance pendant cinq mois, avait retrouvé plus de 50 % de ses fonctions.
D'après le docteur Serban Bubenek, qui pilote le programme "Nouveau cœur", ce genre d'opération deviendra courant dans la
région d'ici cinq à six ans. Jusqu'à maintenant, 1300 malades ont subi une telle intervention à travers le monde.
Après le scandale des faux
diplômes universitaires, l'an
passé, dont celui de 63 "den-
tistes" italiens qui avaient obtenu leur
titre à Iasi, le Conseil National
d'Evaluation Académique et
d'Accréditation (CNEAA) a aujourd'hui
fort à faire avec les établissements privés
d'enseignement supérieur non agréés.
Il en a repéré 27 à travers tout le
pays, s'arrogeant le nom d'université ou
prenant celui de fondation, fonctionnant
sans aucune autorisation, ne remplissant
pas les critères, ou bien ouvrant des
filiales dans d'autres villes sans avoir
reçu l'accord des autorités.
Le CNEAA a même découvert dans
les colonnes d'un journal une publicité
pour l'"Université américaine par corres-
pondance" de Bucarest, dont le siège se
trouvait dans un appartement situé dans
un immeuble. Une équipe d'enquêteurs
s'est rendue sur place à plusieurs reprises
et a trouvé porte close.
Dans plusieurs cas, le CNEAA a
porté plainte, estimant qu'il y allait de la
crédibilité de l'enseignement et de l'inté-
rêt des étudiants, mais, pour l'instant,
aucune suite n'a été donnée par la justice
ou la police.
Les autorités ont décidé d'intégrer les quelques 20 000 élèves du pays qui
fréquentent des classes spéciales, à cause de leur déficience intellectuelle,
dans des établissements scolaires ordinaires. Les plus handicapés conti-
nueront à fréquenter les classes qui leur sont réservées, mais dans des écoles normales,
et bénéficieront de l'aide d'un professeur référent chargé de leur apporter une aide psy-
cho-pédagogique ainsi que dans les différentes matières enseignées.
Ceux qui, moins affectés, seront incorporés dans les classes ordinaires, suivront
en outre des activités éducatives et thérapeutiques spécifiques.
20 000 élèves déficient s intellectuels
Près d'une trent aine d'universités privées illégales
Un seul objectif pour les hôpitaux : passer l'hiver
Parce qu'elle ne dispose que de
maigres ressources pour gérer
l'établissement, et désireuse de
faire des économies, la direction de l'hô-
pital de Timisoara a demandé à ses huit
cuisiniers ainsi qu'aux femmes de service
de faire des conserves, de fruits, de corni-
chons, de "muraturi", de salades, ainsi
que des compotes, en prévision de l'hiver.
Elle veut ainsi s'assurer que les malades
auront quelque chose à manger et n’au-
ront pas à faire venir de la nourriture de
l’extérieur..Dix huit tonnes d'aliments ont
ainsi été achetés, cet été où à l'automne,
pour un montant de 4000 � (25 000 F).
Douze cents bocaux de vingt litres ont été
remplis, occupant un rayon de sept
mètres de haut dans les réserves.
Parallèlement, l'hôpital envisage d'élever
des cochons dans un bâtiment annexe,
afin de fournir de la viande aux repas.
L'hôpit al de Timisoara fait lui même ses conserves et veut élever ses cochons
La pauvreté entraîne une recrudescence des cas de
tuberculose qui sont passés en un an, de 114,2 pour
cent mille habitants à 132,2 en 2001. Les catégories
les plus touchées sont les étudiants qui vivent dans les
chambres insalubres, pleines d'humidité et de moisissures des
cités universitaires, et les familles plongées dans la misère, les
enfants étant les plus exposés.
Le problème est aggravé par la carence des dépistages et
le manque d'éducation sanitaire de la population exposée. De
trop nombreux malades ne consultent pas le médecin ou, tar-
divement, quand le mal est devenu chronique, parfois parce
qu'ils ne bénéficient pas d'assurance maladie. Beaucoup ces-
sent leur traitement après quelques semaines, quand les pre-
miers progrès sont enregistrés, au lieu de le poursuivre pen-
dant les six mois nécessaires, ou renoncent à cause de son coût
et de celui de l'alimentation riche et nourrissante qui doit l'ac-
compagner.
Mais, même à l'hôpital, comme au dispensaire Barnova de
Iasi, les conditions sont loin d'être réunies pour une guérison :
les 180 malades, souvent atteints d'une tuberculose résistant
aux médicaments, ont demandé à la direction l'autorisation
d'amener des réchauds tellement il faisait froid dans les
chambres. La Roumanie comptait 27 000 tuberculeux en 2000,
et les pronostics sont sombres pour les années à venir.
Pauvreté et insalubrité font le lit de la tuberculose
Premier cœur artificiel temporaire implanté en Europe du Sud-Est
Les abandons représentent de 37à 43 % des effectifs lors de l'admis-sion au lycée et de 67-70 % pour lesétablissements professionnels. Unedes causes avancées à cette déper-dition est "le peu d'exemples deréussite financière dans la vie activedus à un bon cursus scolaire". Desdiplômes... à quoi bon?
Le cas des enfants tsiganes estparticulier : la moitié d'entre-eux nesont pas scolarisés. En dehors dediscrimination institutionnelle, quin'existe pas dans ce cas, les causeséconomiques, l'absence de docu-ments d'identité, les naissances nonenregistrées, et surtout la mentalitéde leur communauté, sont autant deraisons à l'origine de cette situation.
Des diplômes... à quoi bon?
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La priorité est de s'assurer que les 400 hôpitaux rou-
mains auront les moyens de passer l'hiver pour
arriver jusqu'en 2002, lorsque nous aurons un nou-
veau budget" a déclaré, fin octobre, le président de la Caisse
Nationale d'Assurance Maladie (CNAS), Eugen Turlea.
La CNAS avait demandé, en catastrophe, au gouverne-
ment de débloquer 135 M� ( 880 MF) sur ses 300 M� (2 mil-
liards de F) de réserve. Ces fonds proviennent des cotisations
des salariés que le ministère des finances a en dépôt, les utili-
sant à boucher d'autres "trous" budgétaires.
Les laboratoires pharmaceutiques avaient menacé les
hôpitaux de ne plus les fournir en médicaments, si leurs dettes
n'étaient pas réglées dans les deux mois. L'Etat a finalement
accordé 90 M� (600 MF) qui ont permis de faire patienter les
créanciers, mais cette somme n'est pas suffisante pour payer le
chauffage, l'électricité, le gaz, les dépenses d'entretien et faire
face aux nouvelles dettes.
A moins que le système de financement de l'assurance
maladie ne soit revu, comme il en est question, la CNAS
gérant directement ses fonds sous le contrôle d'une autorité
indépendante ou du Parlement, le budget 2002 ne permettra
pas d'amélioration, son augmentation de 28 % couvrant à
peine le taux d'inflation (29-30 %).
Mais, dans l'impossibilité de financer tous les hôpitaux, la
CNAS veut également entreprendre une réforme qui pourrait
conduire à la disparition de la moitié des établissements, leur
restructuration ou leur changement d'affectation. Au terme
d'une enquête portant sur 370 des 400 hôpitaux du pays, six
ont déjà été transformés en établissements sociaux ou foyers
pour indigents.
Deux cent s établissement s menacés de fermeture, de restructuration ou de changement d'affect ationSanté
Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Société
L'échec aux examens, les mauvaises notes, les redoublements de classes
étaient rares dans la Roumanie communiste. Les professeurs n'hésitaient
pas à attribuer des 10 sur 10 et, à moins d'avoir à faire à un cancre, notaient
peu souvent en dessous de la moyenne. La réussite aux examens s'inspirait des taux
du parti communiste aux élections. Enseignants et directeurs d'établissement veillaient
à remplir leurs normes de succès en ayant le moins de "déchet” possible dans leurs
classes, afin de ne pas être montrés du doigt par les autorités.
Pour les élèves, l'angoisse était grande de sortir du rang par le bas, de se singula-
riser, et les parents avaient la main lourde à l'annonce de mauvaises notes. Un garçon
de 17 ans, jugé très sérieux par ses camarades, terrorisé à l'idée d'apprendre à son père
qu'il devait repasser un examen de mathématiques à l'automne pour pouvoir entrer en
classe de douzième (terminale), lui avait caché la nouvelle pendant tout l'été. Dans de
mauvaises conditions pour réviser à la maison, il avait échoué et été contraint de
redoubler… aggravant le courroux paternel, lorsque le pot aux roses fût découvert.
Aujourd'hui, le système a changé, mais l'appréhension des enfants à l'idée d'un
échec demeure forte. En septembre dernier, Horia, 13 ans, apprenant qu'il devait
redoubler pour une note insuffisante en chimie, n'est pas rentré chez lui. Sur le chemin
du retour, il s'est arrêté chez sa grand-mère, et a profité d'un moment de solitude pour
se jeter du 10ème étage de son immeuble, à Brasov. Le garçonnet est mort sur le coup.
Sans problème jusqu'ici, mais soucieux depuis plusieurs jours, il avait eu peur d'af-
fronter le regard de ses parents.
L'angoisse devant l'échec
conduit un enfant
à se suicider
Enseignement
Le taux d'abandon scolaire enRoumanie n'est pas plus élevé quedans l'ensemble des pays de l'UE,relève une étude de l'UNICEF, etmême meilleur qu'au Portugal.Toutefois, il est le plus important desex pays communistes et le phénomè-ne s'accentue lors des passages descycles. 5 à 6 % des élèves quittentl'école primaire au moment d'entrerau "gimnasiu" (collège), chiffre quipeut monter à 9 % dans les zonesrurales, les régions défavorisées ousinistrées, comme la vallée de Jiu.Difficultés économiques, pauvreté,mais aussi enfants "réquisitionnés"par les parents lors des travaux agri-coles, sont les principales explica-tions avancées.
Abandon scolaire : le passage du collègeau lycée décisif
Marian Cerneanu, 50 ans, a été le premier patient de l'Europe du Sud-Est, et à fortiori de Roumanie, a recevoir un cœur
artificiel, greffé temporairement par une équipe de chirurgiens de l'Institut des maladies cardio-vasculaires Fundeni
de Bucarest, assistés par des spécialistes venus de Belgique. Le malade, dont le cœur ne fonctionnait plus qu'à 10 %
de ses capacités, a été opéré en avril dernier et est sorti de l'hôpital en novembre, après la réimplantation de son cœur naturel. Celui-
ci, mis au repos et sous assistance pendant cinq mois, avait retrouvé plus de 50 % de ses fonctions.
D'après le docteur Serban Bubenek, qui pilote le programme "Nouveau cœur", ce genre d'opération deviendra courant dans la
région d'ici cinq à six ans. Jusqu'à maintenant, 1300 malades ont subi une telle intervention à travers le monde.
Après le scandale des faux
diplômes universitaires, l'an
passé, dont celui de 63 "den-
tistes" italiens qui avaient obtenu leur
titre à Iasi, le Conseil National
d'Evaluation Académique et
d'Accréditation (CNEAA) a aujourd'hui
fort à faire avec les établissements privés
d'enseignement supérieur non agréés.
Il en a repéré 27 à travers tout le
pays, s'arrogeant le nom d'université ou
prenant celui de fondation, fonctionnant
sans aucune autorisation, ne remplissant
pas les critères, ou bien ouvrant des
filiales dans d'autres villes sans avoir
reçu l'accord des autorités.
Le CNEAA a même découvert dans
les colonnes d'un journal une publicité
pour l'"Université américaine par corres-
pondance" de Bucarest, dont le siège se
trouvait dans un appartement situé dans
un immeuble. Une équipe d'enquêteurs
s'est rendue sur place à plusieurs reprises
et a trouvé porte close.
Dans plusieurs cas, le CNEAA a
porté plainte, estimant qu'il y allait de la
crédibilité de l'enseignement et de l'inté-
rêt des étudiants, mais, pour l'instant,
aucune suite n'a été donnée par la justice
ou la police.
Les autorités ont décidé d'intégrer les quelques 20 000 élèves du pays qui
fréquentent des classes spéciales, à cause de leur déficience intellectuelle,
dans des établissements scolaires ordinaires. Les plus handicapés conti-
nueront à fréquenter les classes qui leur sont réservées, mais dans des écoles normales,
et bénéficieront de l'aide d'un professeur référent chargé de leur apporter une aide psy-
cho-pédagogique ainsi que dans les différentes matières enseignées.
Ceux qui, moins affectés, seront incorporés dans les classes ordinaires, suivront
en outre des activités éducatives et thérapeutiques spécifiques.
20 000 élèves déficient s intellectuels
Près d'une trent aine d'universités privées illégales
Un seul objectif pour les hôpitaux : passer l'hiver
Parce qu'elle ne dispose que de
maigres ressources pour gérer
l'établissement, et désireuse de
faire des économies, la direction de l'hô-
pital de Timisoara a demandé à ses huit
cuisiniers ainsi qu'aux femmes de service
de faire des conserves, de fruits, de corni-
chons, de "muraturi", de salades, ainsi
que des compotes, en prévision de l'hiver.
Elle veut ainsi s'assurer que les malades
auront quelque chose à manger et n’au-
ront pas à faire venir de la nourriture de
l’extérieur..Dix huit tonnes d'aliments ont
ainsi été achetés, cet été où à l'automne,
pour un montant de 4000 � (25 000 F).
Douze cents bocaux de vingt litres ont été
remplis, occupant un rayon de sept
mètres de haut dans les réserves.
Parallèlement, l'hôpital envisage d'élever
des cochons dans un bâtiment annexe,
afin de fournir de la viande aux repas.
L'hôpit al de Timisoara fait lui même ses conserves et veut élever ses cochons
La pauvreté entraîne une recrudescence des cas de
tuberculose qui sont passés en un an, de 114,2 pour
cent mille habitants à 132,2 en 2001. Les catégories
les plus touchées sont les étudiants qui vivent dans les
chambres insalubres, pleines d'humidité et de moisissures des
cités universitaires, et les familles plongées dans la misère, les
enfants étant les plus exposés.
Le problème est aggravé par la carence des dépistages et
le manque d'éducation sanitaire de la population exposée. De
trop nombreux malades ne consultent pas le médecin ou, tar-
divement, quand le mal est devenu chronique, parfois parce
qu'ils ne bénéficient pas d'assurance maladie. Beaucoup ces-
sent leur traitement après quelques semaines, quand les pre-
miers progrès sont enregistrés, au lieu de le poursuivre pen-
dant les six mois nécessaires, ou renoncent à cause de son coût
et de celui de l'alimentation riche et nourrissante qui doit l'ac-
compagner.
Mais, même à l'hôpital, comme au dispensaire Barnova de
Iasi, les conditions sont loin d'être réunies pour une guérison :
les 180 malades, souvent atteints d'une tuberculose résistant
aux médicaments, ont demandé à la direction l'autorisation
d'amener des réchauds tellement il faisait froid dans les
chambres. La Roumanie comptait 27 000 tuberculeux en 2000,
et les pronostics sont sombres pour les années à venir.
Pauvreté et insalubrité font le lit de la tuberculose
Premier cœur artificiel temporaire implanté en Europe du Sud-Est
Les abandons représentent de 37à 43 % des effectifs lors de l'admis-sion au lycée et de 67-70 % pour lesétablissements professionnels. Unedes causes avancées à cette déper-dition est "le peu d'exemples deréussite financière dans la vie activedus à un bon cursus scolaire". Desdiplômes... à quoi bon?
Le cas des enfants tsiganes estparticulier : la moitié d'entre-eux nesont pas scolarisés. En dehors dediscrimination institutionnelle, quin'existe pas dans ce cas, les causeséconomiques, l'absence de docu-ments d'identité, les naissances nonenregistrées, et surtout la mentalitéde leur communauté, sont autant deraisons à l'origine de cette situation.
Des diplômes... à quoi bon?
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CLUJ
SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
22
Encore plus que les autres années, la ferveur a été à son comble à Iasi, le 14
octobre, à l'occasion de la Sainte Paraschiva, patronne protectrice de la
Moldavie, dont les reliques ont été exposées devant la cathédrale métropo-
litaine, où elles reposent habituellement. Plus d'un million de fidèles se sont pressés
sur plusieurs kilomètres devant le cercueil en argent les contenant, des centaines
d'entre eux ayant passé la nuit sur place, dormant sur les trottoirs afin de s'assurer
d'être aux premières loges. Des scènes poignantes se sont déroulées, témoignages de
la foi de malades ou handicapés espérant leurs guérisons.
L'événement était exceptionnel, car l'Eglise Orthodoxe de Roumanie célébrait le
600ème anniversaire de sa reconnaissance par l'Eglise Chrétienne d'Orient de
Constantinople. A cette occasion, des dignitaires des églises de Grèce, de Serbie, de
Constantinople et de Bulgarie, avaient fait le déplacement.
Pour la première fois, la ceinture de la Sainte Vierge, l'une des plus précieuses
reliques du monde orthodoxe, avait quitté l'un des monastères du Mont Athos, en
Grèce, où elle est conservée, pour être acheminée en avion spécial jusqu'à Iasi, et pla-
cée dans le cercueil de Sainte Paraschiva. Depuis l'aéroport, la ceinture avait été trans-
portée par une camionnette découverte, au cours d'une procession.
Religion
Plus de 1500 fidèles ont assisté àla consécration du monastère SaintDumitru, fin octobre, dans un villagede Transylvanie, au cours d'unemesse de trois heures, en présencede 66 prêtres. Le monastère a étéconstruit en cinq années, par une bri-gade de 25 à 30 détenus de la prisonde Aiud. Les travaux, d'un montantde 115 000 � (750 000 F), ont étéfinancés par des dons privés dontceux des joueurs de l'équipe nationalde football et de leur entraîneur. Leprêtre officiant avait béni l'équipe rou-maine avant son départ pour lacoupe du monde disputée aux USA,en 1994, où elle avait réussi un trèsbeau parcours.
Le monastère comprend égale-ment un orphelinat pour 18 enfants etun foyer pour les anciens, ce qui enfait un complexe socio-religieux.Après la cérémonie, 6000 sarmaleont été distribués aux fidèles.
Détenus et vedettes dufootball ont construitun monastère
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2219
Société
MinoritésUn million de fidèles pour
la Sainte Paraschiva
Au cours d'un séjour en Suisse,Ion Iliescu a rendu visite au GrandRabbin de Genève, AlexandruSafran, hospitalisé dans un établisse-ment de cette ville. Le président rou-main voulait ainsi rendre hommage àla communauté juive de son pays età celui qui l'avait dirigée avant l'arri-vée des communistes, membre, parailleurs, du parlement roumain entreles deux guerres. Alexandru Safranétait revenu dans son pays natal en1997, après 50 ans d'absence, pro-nonçant une allocution devant lesdéputés et sénateurs.
Vingt cinq mille Tatars - le double selon leur com-
munauté - vivent en Roumanie, principalement
fixés en Dobroudja, dans les départements de
Constantsa et Tulcea, ainsi qu'à Bucarest.
Les descendants de Gengis Khan, venus de Mongolie et
établis autour de la Mer Noire au début du XIIIème siècle,
sous la conduite de son neveu, Batu, ne font plus peur aux
populations locales qu'ils terrorisaient, brûlant églises et vil-
lages, accrochant les têtes coupées à leurs montures, leurs
hordes poursuivant leurs chevauchées sauvages à travers tout
le pays et l'Europe Centrale. En se sédentari-
sant, ils se sont assagis, subissant l'occupation et
l'influence des Turcs, quelques décennies plus
tard, et se convertissant à l'islam sunnite, deve-
nant profondément musulmans.
Les Tatars ont surtout subi la terrible
répression que Staline a déclenché à leur
encontre, en Crimée soviétique, le 18 mai 1944,
là où ils avaient mis pied à terre. Déportés en
totalité en Sibérie, sous prétexte de collabora-
tion avec les Allemands, près de la moitié des
350 000 membres de leur communauté ont dis-
paru, certains réussissant cependant à s'enfuir
en Dobroudja. Depuis, l'anniversaire de ce tra-
giques évènement est régulièrement célébré par
les dix millions de Tatars répartis à travers le
monde.
Cinquante mille musulmans en Roumanie
Quoique dans une moindre mesure, leurs frères de
Roumanie, souvent confondus avec les Turcs - le nombre de
Roumains musulmans d'origine turque et tatare est estimé à 50
000 personnes - ont dû aussi affronter les rigueurs du régime
communiste. Leurs écoles ont été fermées en 1957, les publi-
cations religieuses et le pèlerinage à La Mecque interdits, la
formation des imams contrariée.
Ces souffrances, et celles endurées au cours des derniers
siècles, transformant ce peuple de persécuteur en victime, a
achevé sa mue pacifique, en même temps qu'il se fixait. En
Roumanie, la collectivisation des dernières décennies a pous-
sé les plus jeunes et les plus entreprenants à quitter les cam-
pagnes, à se moderniser. Les mariages mixtes, impensables
auparavant dans une société islamique repliée sur elle-même,
se sont multipliés, notamment avec les Moldaves.
Dictionnaire tatar-turc-roumain de 10 000 mots
Aujourd'hui, les Tatars roumains vont à
l'école de l'Etat, mais disposent aussi de leurs
propres établissements annexes, une vingtaine,
où les enfants peuvent réapprendre leur langue -
il existe un dictionnaire tatar-turc-roumain de
10 000 mots - recevoir à nouveau un enseigne-
ment religieux.
A Medgidia, un séminaire musulman,
fermé par Ceausescu, a été transformé en lycée
théologique, financé par la Turquie. Une cin-
quantaine de petites mosquées les accueillent.
Les fidèles peuvent retourner à La Mecque. Le
mufti de Dobrodja, Osman Negeat, exerce un
ascendant spirituel sur la communauté.
Radio-Constantsa leur accorde une émis-
sion hebdomadaire dans leur langue. Un député
les représente au Parlement. Certains Tatars sor-
tent du rang, comme l'écrivain Yusuf Neuzat, qui vit à
Bucarest, ou l'historien Ablay Mehmet, disparu dernièrement,
qui fut l'assistant de Nicolae Iorga.
La Roumanie, pour laquelle ils ont combattu lors de la
Seconde Guerre mondiale, est considérée comme la patrie, car
c'est là qu'ils sont nés, même si la Crimée reste le foyer natio-
nal. D’ailleurs, les Tatars se trouvent plutôt bien en Roumanie.
Ils plaignent volontiers leurs frères de l'ex-URSS, autorisés à
revenir de leurs lieux de déportation chez eux par Gorbatchev,
en 1988, et qui vivent dans le dénuement le plus total, leur
venant en aide.
Les descendant s de Gengis Khan, devenus victimes sous le communisme, ne font plus peur
Les Tatars ont mis pied à terre en Dobroudja
Dans certains villages de
Dobroudja, de vieux Tatars
vivent encore au rythme
d'autrefois, mangeant frugalement, un
plat simple et beaucoup de yoghourt, ne
servant un repas roumain ou un plat tra-
ditionnel musulman que s'ils ont des invi-
tés, mélangeant, au cours de la conversa-
tion, mots roumains et tatars. La religion
interdit l'alcool, "ce qui est mieux" recon-
naissent-ils, n'oubliant pas la violence qui
a couru dans leurs veines.
Bien que plus rarement, le Coran
régit encore les mœurs. Il arrive que des
femmes ne sortent qu'accompagnées, un
foulard autour de la tête.
Devant l'interdiction de la représen-
tation des formes humaines ou vivantes,
des hommes ne se sont vus pour la pre-
mière fois en photo, que lorsqu'ils ont été
contraints de se faire établir des papiers
d'identité, et ne possèdent aucun souvenir
représentant leurs parents, ce qu'ils
regrettent aujourd'hui. A la maison, les
miroirs étaient proscrits. Si un porc
venait frôler un pantalon ou du vin le
tâcher, il fallait le brûler tout de suite ou,
au pire, remplacer le morceau d'étoffe
souillé.
Autrefois, un Tatar pouvait avoir jus-
qu'à sept femmes, s'il en avait les
moyens. Mais, jusqu'à la fin de la céré-
monie du mariage, il ne devait pas voir sa
future épouse, s'adressant à elle de l'exté-
rieur de sa maison, alors qu'elle était
retranchée derrière une fenêtre.
Autrefois, une observance stricte du Coran
En 2004, les orthodoxes pour-
ront prier dans le plus grande
cathédrale de Roumanie,
l'équivalent de Notre Dame de Paris.
L'édifice, situé au cœur de la capitale,
entre les places Unirii et Alba Iulia, por-
tera le nom de cathédrale de l'Ascension,
et sera placé sous la protection de Saint-
André, patron de l'église apostolique rou-
maine, son fondateur et l'évangéliste de la
Roumanie.
Il accueillera jusqu'à 6-7000 fidèles
pour les grandes cérémonies religieuses
qui se déroulaient, jusque là, à la cathé-
drale de la Métropolie, le siège de l'égli-
se orthodoxe. Les travaux commenceront
le 25 mars, jour de l'Annonciation. Ils
coûteront 250 M� (1,6 milliards de F),
somme réunie déjà en grande partie,
grâce à des dons et des fonds privés.
La cathédrale aura une hauteur de 70
mètres, pour une longueur de 90 m et une
largeur de 60 m. Erigée sur un terrain de
quatre hectares, elle sera dotée d'une
place piétonnière d'une capacité de 100
000 personnes… et de quelques centaines
de pigeons, la circulation étant déviée par
deux passages souterrains.
Après avoir récupéré la propriété familiale, confisquée voici cinquante ans
par les communistes, une ressortissante belge, Maria Liliana Vasilescu,
fille d'un général roumain emprisonné par le régime précédent et mort
dans sa cellule en 1959, sous les mauvais traitements, l'a cédée et a donné la totalité
du produit de la vente, qui s'élève à plusieurs dizaines de milliers d'euros à des œuvres
religieuses ou charitables.
Cette somme a servi à terminer le financement de la construction d'un monastère
et d'un foyer pour anciens médecins et infirmières. Une partie a été consacrée a édi-
fier quatre immenses croix illuminées à travers la Roumanie, qui en compte désormais
treize. Il s'agit ainsi de répondre au vœu de Jean-Paul II, désireux de perpétuer le sou-
venir du Mont Golgotha. 2500 croix identiques, toutes d'une hauteur de 7,38 mètres
existent à travers le monde.
Propriété confisquée et restituée par une généreuse donatrice roumano-belge
En 2004, six mille Bucarestois pourront prier dans la plus grande cathédrale de Roumanie
Hommage à l'ancienrabbin de Roumanie
De religion musulmane, les Tatars ont dû affronter les
rigueurs du régime communiste.
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VADU IZEI
BAISOARAl
Gironde Roumanie Echanges
et Culture essaie de localiser
en Roumanie, sans doute en
Transylvanie, les communautés unita-
riennes. L'association demande aux lec-
teurs qui pourraient l'aider dans cette
tâche et fournir des renseignements, de se
mettre en relation avec elle et fait une
première présentation de cette église.
Les Unitariens (à ne pas confondre
avec les Uniates) sont des chrétiens qui
ont remis en cause le dogme trinitaire
défini aux conciles "oecuméniques" de
Nicée (325) et de Chalcédoine (451 ).
En Pologne, en 1565, à l'issue de la
conférence de Piotrkow, une Eglise des
frères de Pologne et de Lituanie qui ont
rejeté la Trinité - dite plus simplement la
"Petite Eglise polonaise", s'organise en
marge de l'Eglise réformée, sous l'impul-
sion de Gonesius. L'unitarisme se déve-
loppe en Transylvanie. Le calviniste P.
Melius emploie pour la première fois le
terme d'unitarien lors de l'importante dis-
pute de Gyulafehervar (1568).
En 1600, la Diète de Leczalva (pro-
vince de Plock, au nord de Lodz) recon-
nut les droits de la "religion unitarienne".
La rencontre de Blandrata, du calviniste
Francis David (François Davidis) et de
Jacob Paléologue, conduisit à l'organisa-
tion de l'Eglise unitarienne dans cette
région.
Très tôt confinée par le prince
Bathory à Kolozsvar et à Torda, elle ras-
sembla des gens de la campagne ou d'ori-
gine plus modeste que la moyenne des
fidèles de l'Eglise polonaise.
La présence de l'Eglise unitarienne
en Transylvanie au 17ème siècle est évo-
quée dans "L'église orthodoxe roumaine"
(Bucarest, 1987) où il est fait état de la
situation difficile connue alors par
1'Eglise orthodoxe "confrontée au prosé-
lytisme des quatre confessions dites
"récepte" (catholique, luthérienne, calvi-
niste et unitarienne)".
Dans les textes de la République
socialiste de Roumanie, le culte unitarien
figure parmi les quatorze cultes reconnus
par 1'Etat. Le recensement du 7 janvier
1992 fait état, en Roumanie, de 76 333
Unitariens.
Les renseignements sont à adresser à Pierre
RAYMOND, président de 1'Association Gironde
Roumanie Echanges et Culture, Résidence
Lancelot AC 48, Rue Odilon Redon, 33400
TALENCE, France. Tel : (00 40) 05.57.35.50.40.
Fax : 05.57.35.50.42
E-mail : [email protected]
SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
2223
A Baisoara, la goutte d'eau qui fait déborder le vase
En Transylvanie, la démolition d'une ancienne église gréco-catholique, devenue orthodoxe, provoque une levée de boucliers
La démolition récente d'une ancienne église gréco-
catholique en bois, datant de 1852, à Baisoara, en
Transylvanie, est la goutte d'eau qui a fait déborder
le vase pour les fidèles qui ont vu là le signe d'une stratégie
mise en place par la hiérarchie orthodoxe afin d'affirmer sa
prédominance sur les autres cultes. En 1948,
les communistes avaient interdit la religion
gréco-catholique, issue du rite orthodoxe grec
mais rattachée à Rome, la persécutant, confis-
quant ses églises, remises le plus souvent aux
orthodoxes.
Aujourd'hui, l'église orthodoxe, qui repré-
sente 70 % de la population et près de 90 % des
croyants, se fait tirer l'oreille, pour les restituer
à une concurrente qui ne compte guère plus
que 800 000 adeptes, ce qui multiplie les
conflits, sur fond de rivalité. Les gréco-catho-
liques, qui ont entamé des procès pour retrou-
ver leurs biens, proposent aux orthodoxes que,
là où il y a deux églises, il en récupèrent une,
ou bien que des services religieux alternatifs
soient mis en place.
A Baisoara, les orthodoxes ont construit une grande égli-
se, à proximité immédiate de la vieille qu'ils ont démolie
quand les travaux de la nouvelle ont été terminés, la déména-
geant en partie dans un autre village, plutôt que de la remettre
à ses anciens propriétaires, la communauté gréco-catholique.
La hiérarchie orthodoxe de Transylvanie qui fait traîner le
dossier des restitutions en longueur, avec parfois la complicité
des autorités, n'en était pas à son coup d'essai. Plusieurs autres
églises ont subi le même traitement, étant soit rasées, soit
transplantées, soit phagocitées… entourées de grands murs,
puis disparaissant sous une autre construction.
La démolition de Baisoara a pris une
dimension symbolique car elle a révélé au
grand jour un problème existant depuis plu-
sieurs années et qui menace de prendre des
proportions plus importantes. Elle a provoqué
une levée de boucliers chez les intellectuels
roumains, parmi lesquels, Doïna Cornea, la
poétesse Ana Blandiana, l'écrivain Romulus
Rusan, le critique Adrian Marino, qui deman-
dent que soit mis un terme à cette pratique
sous peine de saisir le Parlement européen, la
Cour Européenne des Droits de l'Homme et
l'UNESCO. Des orthodoxes ont également fait
part de leur indignation, menaçant de se
convertir au gréco-catholicisme.
Pour tenter de calmer le jeu, le ministre de
la culture et des cultes, Razvan Theodorescu, a proposé de
mettre en œuvre un programme de construction d'églises en
bois, dont le coût est chiffré aux environs de 25 000 � (165 000
F) l'unité, là où les communautés gréco-catholiques n'en dis-
posent plus et prient sous la pluie. Beaucoup de fidèles esti-
ment qu'il serait plus simple et moins coûteux de leur rendre
leurs anciens édifices plutôt que de les détruire.
Religion
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2218
Société
Deux enfants d'Arad ont été
récupérés in-extremis par la
police hongroise de la ville
de Szeged, lors d'un contrôle de routine,
alors qu'ils allaient être dirigés vers
l'Italie pour y être sans-doute opérés clan-
destinement dans le cadre des trafic d'or-
ganes destinés aux pays occidentaux. Sur
les trois ravisseurs, un seul, un Roumain
toxicomane, a été arrêté, ses commandi-
taires, deux Italiens, ayant réussi à passer
à travers les mailles du filet. Le trio avait
tenté, sans succès, de commettre son
méfait à Turnu Severin, puis s'était rabat-
tu sur Arad, plus proche de la frontière,
utilisant le même procédé, classique. Le
Roumain abordait les enfants, leur offrait
des friandises puis les invitait à faire une
promenade en voiture, recevant près de
1500 � (10 000 F) pour chacun d'entre
eux, en cas de réussite. Les enfants ont
été ensuite acheminés illégalement en
Hongrie.
A la suite de cette tentative, la police
d'Arad a mis fortement en garde les
parents afin qu'ils surveillent leurs
enfants et ne se laissent pas approcher par
des inconnus, précaution qui, malheureu-
sement, ne peut pas s'appliquer aux
enfants des rues.
Les Tsiganes de Roumanie espè-rent récupérer 300 kilos d'or, confis-qués par le régime communiste, entre1946 et 1989, le plus souvent despièces que la communauté accumu-lait depuis des générations. Le parle-ment a adopté une mesure visant àréparer cette spoliation. Selon le roiautoproclamé des Tsiganes, FlorinCioaba, plusieurs centaines defamilles vont bénéficier de cette dis-position.
Par ailleurs, 1100 Tsiganes dépor-tés par les Allemands pendant la2ème Guerre mondiale, recevront desindemnités allant jusqu'à 500 � (3300F) du gouvernement de Berlin, le casde 2000 autres n'ayant pas de docu-ments attestant leur présence dansles camps de concentration devantêtre examiné ultérieurement.
Deux enfants sauvés de
justesse du trafic d'organesFaits divers
Trois cent s kilos d'orrécupérés p ar lescommunautés tsiganes
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Depuis deux ans, la justice et la police de Medgidia se renvoient un dossier
portant sur la disparition de dix mille cochons, une affaire qui a causé un
préjudice de 750 000 � (5 MF) à la société exploitante, la S.C. Pacomb.
En août 1999, la nouvelle chef-comptable de la société était intriguée par des ano-
malies dans le registre de sa ferme animalière. Les livraisons de farine, la consomma-
tion de fourrage, la mortalité ne correspondaient pas aux normes.
En recoupant les chiffres, elle aboutissait même à la conclusion que le taux de
naissance chez les truies était de moitié inférieur à celui habituellement enregistré,
avec 4,5 porcelets au lieu de neuf. Un expert, chargé de pousser plus loin les investi-
gations par la société, laquelle a porté plainte, concluait à la disparition de dix mille
cochons et mettait en cause le directeur de la ferme ainsi que ses adjoints, dont les faux
relevés couvraient un trafic. Interrogés, des employés ont déclaré que beaucoup d'ani-
maux étaient abattus la nuit et livrés à d'autres entreprises.
Réseau d’abattage et de vente clandestin
Les conclusions du rapport ont été contestées par une contre-expertise qui déga-
geait la responsabilité des personnes mises en cause… lesquelles avaient refusé de
coopérer avec le premier expert, mais répondaient volontiers au second qui les blan-
chissait, ramenant les pertes à 4000 cochons, morts de causes naturelles ou parce qu'ils
étaient mal nourris. La S.C. Pacomb a déposé plainte contre cet expert arrangeant, et
un troisième expert désigné a confirmé le chiffre de dix mille disparitions.
Depuis, l'enquête n'a pas avancé, l'un des principaux suspects n'ayant même pas
été entendu par la justice. Pour la directrice de la société lésée, cet imbroglio est
volontaire, afin d'enliser une affaire impliquant un réseau important de trafiquants
ayant des appuis solides, disposant d'abattoirs et de points de ventes clandestins, et
d'éviter les révélations que pourraient faire les responsables de la ferme incriminée,
simples pions, à son avis, dans ce trafic.
Relevant avec ironie que le même parquet de Medgidia avait condamné, récem-
ment, à 30 jours de prison préventive, dans l'attente de leur jugement, deux hommes
qui avaient volé sept cochons à un fermier, un journal a proposé à ses lecteurs de faire
une règle de trois, afin de savoir quel devrait être le "tarif" appliqué pour dix mille…
ce qui conduit à 117 années !
Deux ans après, la police et la justice enquêtenttoujours sur la disp arition de 10 000 cochons
L'ancien directeur d'une agenceaméricaine spécialisée dans lesadoptions d'enfants de Roumanie etde Russie, est poursuivi pour avoirperçu personnellement 8000 � (52000 F) pour chaque dossier qui luiétait soumis, causant un préjudicetotal de près de 350 000 � (2,3 MF) àses employeurs. Selon le journal"San Antonio Express News", sonagence, à but non lucratif, luireproche également de ne pas avoirinformé les couples adoptifs des pro-blèmes de santé des enfants ou deles avoir séparés sans prévenir qui-conque, quand ils étaient issus d'unemême famille.
Adoptions lucratives
A la recherche de document s sur une des plus petites églises roumaines
Les Unit ariens... à ne p as confondre avec les Uniates
Premier édifice gréco-catholiqueen pierre, vieux d’un siècle, l’église
de Vadu Izei a été démolie pourfaire place à l’église orthodoxe.
TURNUSEVERIN
MEDGIDIA
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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
2224
Sports
Mondiale 2002: Hagi n'a p as fait de miracle
La Roumanie ne participera pas àla phase finale du mondial de football,en juin prochain. Après avoir terminédeuxième de son groupe de qualifica-tion, derrière l'Italie, elle a échoué enmatch de barrage devant la Slovénie(1-2, 1-1), une équipe pourtant à saportée.
Gheorghe Hagi, plébiscité pourdevenir sélectionneur national, aprèsavoir arrêté sa carrière de joueur, n'adonc pas fait de miracle. Critiqué pourses choix tactiques, il a d'ailleursrendu son tablier, après avoir officiéseulement pendant quatre mois.
Grâce à ses performances passées- trois qualifications successives à lacoupe du monde et deux au cham-pionnat d'Europe - la Roumanie restetoutefois bien placée au niveau euro-péen, occupant le 7ème rang. Elleaura ainsi le privilège d'être l'une desdix têtes de séries désignées lors dutirage au sort des éliminatoires del'Euro 2004, dont la phase finale doitse dérouler au Portugal.
La Fédération est donc repartie à larecherche d'un sélectionneur. AnghelIordanescu a été pressenti. Déjàentraîneur de l'équipe nationale, de1993 à 1998, il l'avait qualifiée à deuxreprises pour le mondial, aux USA eten France, et à l'Euro 1996, enAngleterre. Iordanescu doit aupara-vant se libérer de son contrat avecl'équipe Al Ain, des Emirats ArabesUnis, qui expire en mai prochain.
Dans l'attente, son successeur, de1998 à 2000, Emeric Ienei, pourraitassurer l'intérim, notamment pour pré-parer le match contre la France, austade de France, à la mi-février.
Mai rau ca asa, nu se poate"… "Pire que cela, ce n'est pas possible"
s'était exclamé le capitaine de l'équipe de rugby roumaine après la cor-
rection qu'elle avait reçue du Pays de Galles, en septembre dernier (81-
9), après, déjà, un 82-9 encaissé à domicile devant les Néo-Zélandais, en novembre
2000. Hélas, le pire était à venir ! Deux mois plus tard, à Twickenham, les Roumains
étaient pulvérisés par les Anglais sur le score de 134 pts à 0, devant 60 000 spectateurs
hilares qui n'en croyaient pas leurs yeux et ont assisté à un festival d'essais, 20 au total.
La Roumanie est ainsi entrée dans le livre des records de la plus lourde défaite -
le précédent appartenait au Japon, battu 145-17 par les All Blacks en 1995 - une dis-
tinction dont elle se serait bien passée, vécue comme une mortification par de nom-
breux Roumains. Ce désastre a entraîné la démission du comité directeur de la fédé-
ration de rugby et de son président, Dumitru Mihalache, qui a été remplacé par une
équipe emmenée par un ancien sélectionneur des années 80, Octavian Morariu.
Loin d'être des accidents, ces revers confirment l'état moribond du rugby roumain,
qui d'après son ancien président, pourrait disparaître de la scène dans les cinq pro-
chaines années. Il n'existe plus que 28 clubs dans le pays, au lieu de 110 autrefois, les
effectifs des joueurs se sont réduits des deux tiers et ceux des écoles de rugby de moi-
tié. Au total, la Roumanie ne compte plus que 4000 rugbymen.
Un entraîneur français pour la sélection nationale ?
Début septembre, le Dinamo Bucarest, champion national 2000-2001, recevait
l'équipe anglaise des Saracens, en coupe d'Europe, s'inclinant sur un score sans appel
(75-12), qui illustrait déjà la faillite du rugby roumain. Les Saracens, émus par l'indi-
gence des équipements de leurs adversaires, mais aussi profondément touchés par l'ac-
cueil chaleureux qui leur avait été réservé, leur ont laissé leurs tenues. Depuis, à l'en-
trée de leur stade, en Angleterre, chaque spectateur qui remet un équipement de rug-
byman, neuf ou d'occasion, destiné à un joueur roumain, reçoit une place gratuite.
Pour généreux et apprécié que soit ce geste, il n'en est pas moins ressenti comme
une humiliation. Comment le fier rugby roumain, considéré voici une vingtaine d'an-
nées comme le sixième au plan européen, tenant la dragée haute aux Anglais, ne s'in-
clinant devant eux que 22-15, battant même les Français… peut-il en être réduit à
recevoir l'aumône ?
Ce sport s'est effondré en même temps que le communisme. Mais le football, la
gymnastique, l'aviron, l'escrime, l'athlétisme, la natation, continuent à faire briller les
couleurs roumaines dans les stades, les salles, les piscines. La Fédération de rugby,
avec plus de 400 000 � (2,5 MF) de réserve, est même considérée comme une fédéra-
tion beaucoup plus riche que les autres, exceptée celle de football.
Sa nouvelle direction va tenter de remettre un peu d'ordre dans les rangs, de relan-
cer les compétitions nationales et interrégionales et la pratique du rugby en milieu sco-
laire. Octaviu Morariu évoque aussi la possibilité de faire venir un entraîneur étranger,
sans-doute français, pour s'occuper de la sélection nationale et de la réorganisation de
ce sport, une expérience tentée avec succès, en son temps, par le rugby italien.
Remise en ordre dans les fédérations
La déroute de Twinckenham, ainsi que l'élimination de la Roumanie de la coupe
du monde de football, ont conduit le Premier ministre, Adrian Nastase, à taper du
poing sur la table et à exiger de son ministre des sports, Georgiu Gingaras, qu'il remet-
te de l'ordre dans les fédérations, considérées comme "des états dans l'Etat". Une
autorité juridique doit être créée, son rôle étant de mettre fin aux irrégularités : trans-
ferts illégaux, matchs achetés, arbitres corrompus…
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BUCAREST
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TULCEABRAILA
SUCEAVA
BACAUl
lPITESTI
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
2217
Société
Le gouvernement n'y est pas allé de main morte en
multipliant par trois le tarif des contraventions, qui
varie désormais entre 12 � (75 F), pour la plus peti-
te amende, si elle est payée dans les 48 heures, et 240 � (1500
F), dans le cas d'une réparation effectuée sur des véhicules
accidentés, sans qu'un procès verbal n'ait été dressé. La der-
nière augmentation remontait à 1999.
Désormais, passer au feu à l'orange, refuser la priorité à un
piéton, un stationnement interdit, un défaut de signalisation, la
circulation d'un engin agricole sans éclairage ou sur une route
à grande circulation, seront passibles d'une amende de 20 �
(120 F) à 120 � (750 F).
Dépasser la vitesse permise de 20 km/h, conduire sous
l'emprise alcoolique (taux autorisé : 0) coûtera entre 40 � (250
F) et 120 � (750 F), utiliser ou détenir un gyrophare ou une
sirène, sans autorisation, entre 120 � (750 F) et 240 � (1500
F). Les pouvoirs publics déclarent avoir pris cette mesure pour
encadrer le développement de la circulation. En 2000, le pays
comptait 6 millions de conducteurs pour 22,5 millions d'habi-
tants et 4 millions de véhicules, dont 620 000 immatriculés à
Bucarest. 7500 accidents avaient été enregistrés entraînant la
mort de 2500 personnes et 6300 blessés graves.
Les assureurs ont prévu de mettre en place un fichier cen-
tral qui permettra de repérer les mauvais conducteurs et de leur
infliger des tarifs de primes supérieurs.
Enfin, pour pourvoir au manque de places de stationne-
ment dans la capitale, qui ne compte que 3000 emplacements
payants, deux parkings souterrains vont être construits, près de
la gare du Nord et de Sala Palatului, dans le centre, les travaux
commençant cette année..
Jusqu'à 120 � pour être p assé à l'orange, un excès de vitesse ou un st ationnement interdit
Vie quotidienne
Le prix des contraventions triplé
Le rugby roumain fait
une piteuse entrée
Al'approche de l'hiver, gamins, mais aussi adultes,
éprouvent un grand plaisir à faire exploser des
pétards, dans les cours d'école, les rues, les parcs,
chez eux, transformant la période des fêtes, où ces démonstra-
tions bruyantes atteignent leur paroxysme, en calvaire pour
ceux qui aspirent à la tranquillité.
Ce phénomène, inconnu sous Ceausescu, prend de l'am-
pleur. Les dangers et nuisances qu'il représente ont été ferme-
ment condamnés par l'APC (Association pour la Protection
des Consommateurs) et ont amené les pouvoirs publics à légi-
férer devant la multiplication des accidents.
Des contraventions et des peines de prison allant jusqu'à
un mois peuvent dorénavant être infligées à ceux qui abusent
de leur utilisation, pour troubles de l'ordre public ou atteinte
aux biens et personnes.
La vente des pétards, dont le prix dérisoire - 0,5 � (3, 30
F) les cent, pour les petit modèles - les rend accessibles aux
enfants, est interdite aux mineurs et ne peut s'effectuer que
dans des magasins dûment autorisés. Les contrevenants peu-
vent être sanctionnés par des peines de prison de six mois et
des amendes pouvant atteindre 1100 � (7200 F).
Mais, jusqu'ici, personne n'a été puni pour usage immodé-
ré des pétards et les Roumains doutent de l'application et de
l'effet dissuasif de ces mesures. Récemment, un stock de 16
000 pétards a été découvert dans un magasin de la capitale, qui
n'avait pas le droit d'en faire commerce, et il est même fait état
d'une contrebande, ce qui est plus grave, les indications pour
leur utilisation ne figurant pas en roumain.
Maudit s pétards qui troublent la sérénité de l'hiver
Plus de 20 000 t axis sillonnent les rues de la capit ale… dont 15 000 sans autorisation administrative
Un peu plus de 20 000 taxis
sillonnent les rues de la capi-
tale, soit pratiquement un
pour cent habitants. Les prix pratiqués
sont sensiblement les mêmes, aux envi-
rons de 0,15 � (1 F) le kilomètre, les dif-
férences portant surtout sur l'attitude du
chauffeur, le modèle de la voiture et la
fiabilité du compteur.
Toutefois, trois sortes de compa-
gnies existent. Quand un chauffeur n'a
pas de véhicule, il s'adresse à une société
qui dispose d'un parc et lui en fournit un.
Dans ce cas, sa situation est claire. Il
reçoit un salaire modeste, une carte de
travail et a une clientèle assurée. Lorsque
le chauffeur a sa propre voiture, il peut
opter pour une compagnie qui lui procu-
rera auprès de la mairie la licence de
transport indispensable, le reliera à sa
centrale d'appels et lui délivrera égale-
ment une carte de travail. En général, il
partagera par moitié avec son patron ses
gains, de l'ordre de 27 � (175 F) par jour,
paiera l'essence, les frais et les répara-
tions, empochant en moyenne 150 �
(1000 F) nets, chaque mois.
Une troisième variante permet à un
propriétaire de véhicule de se mettre à
son compte et de s'affilier, moyennant
une redevance, à une compagnie qui lui
assurera la transmission des appels des
clients. Travailleur indépendant, tous les
frais sont à sa charge, mais il peut modu-
ler ses horaires pour gagner davantage…
et échapper plus facilement au contrôle
du fisc.
La difficulté réside dans l'obtention
de la licence de transport, un document
très convoité. Toutefois, l'obstacle peut
être contourné. Il suffit de se faire embau-
cher avec son véhicule pendant un mois
ou deux par une compagnie qui effectue-
ra les démarches pour l'attribution de ce
sésame, et, celui-ci une fois en poche, de
démissionner. Même si le document n'est
plus valable, aucune administration pré-
cise n'est chargée de vérifier sa validité.
Ainsi, estime-t-on que sur les 20 000
taxis de la capitale, près de 15 000 circu-
lent sans autorisation administrative.
dans le "Livre des records"l
ll BOTOSANI
M. CIUC
RADAUTI
SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE
2225
Un groupe d'Ecossais a reçu l'appui d'une société des amis de
Dracula, en Transylvanie, pour ouvrir un bureau à Glasgow
dans une crypte ou une cave et les représenter. Le premier
ambassadeur de Dracula choisi au pays des fantômes sera le directeur
d'une revue consacrée aux vampires, qui doit se rendre prochainement en
Roumanie pour être intronisé dans l'Ordre des Chevaliers Transylvains.
Il aura pour mission de faire connaître les opportunités de tourisme dans
cette région et d'ouvrir un magasin de souvenirs de Dracula.
Insolite
Le sapin de Noël le plus cher de l'his-
toire de la Roumanie a été dressé au
milieu de la place Saint Pierre de
Rome, début décembre. Le gouvernement de
Bucarest avait décidé d'attribuer près de 200 000
� (1,3 MF), pris sur sa réserve budgétaire, pour
répondre au vœu du Vatican qui souhaitait voir ce
pays célébrer par ce geste le 2001 ème anniver-
saire de la naissance du Christ. Jean-Paul II
s'était rendu en Roumanie en 1999, réalisant là sa
première visite dans un pays orthodoxe.
La préfecture de Miercurea Ciuc, où l'arbre,
ainsi qu'un sapin de réserve, ont été choisis dans
un domaine sylvicole, a reçu 4000 � (25 000 F)
pour les frais de préparation. Le transport par
route jusqu'à Bacau, puis par avion jusqu'à
Rome, a coûté 50 000 � (330 000 F). A ces frais,
il a fallu ajouter la décoration de l'immense sapin,
avec des motifs roumains, de ses deux petits
"frères" qui ont été installés dans la salle d'au-
dience du Pape et dans ses appartements privés,
la main d'œuvre technique et artistique, les assu-
rances, l'édition d'une carte de vœux avec une
colinda (chanson de Noël) en roumain et en
Italien.
A l'occasion de la cérémonie de remise au
Saint Père de l'arbre, le chœur des enfants de la
Radiodiffusion roumaine avait fait le déplace-
ment à Rome, ainsi que le président Ilescu et une
forte délégation gouvernementale .
Dans la nuit de la Saint-André,
le 30 novembre, la tradition
veut que les jeunes soupi-
rants de la région de Radauti et Suceava,
en Bucovine, volent les portes des mai-
sons où habitent leurs bien-aimées,
dévoilant ainsi leurs intentions. Ils vien-
nent la restituer le lendemain aux parents
de la jeune fille, l'échangeant contre sa
main ou bien, c'est plus fréquent, contre
un baiser et une bouteille de tsuica.
Aujourd'hui, dans certains villages,
cette coutume s'est étendue aux familles
qui n'ont pas de filles à marier, et les
portes restent parfois à pourrir jusqu'au
printemps dans les champs. Cette année,
à Dumbraveni, commune qui compte
2500 maisons, plus d'une centaine de
portes ont ainsi disparu. Les lumières
sont restées allumées toute la nuit, des
pères veillant jusqu'à cinq heures du
matin pour s'assurer de leur bien. Excédé,
l'un qui a été victime à trois reprises
consécutives de cette pratique, ces der-
nières années, s'est exclamé : "Qu'ils
prennent mes filles s'ils veulent… mais
qu'ils me laissent mes portes" !
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2216
Société
Vie quotidienne
Le gouvernement a décidé de majorer de 50 % le prix des billets de train, fin
novembre, une hausse qui doit être suivie d'une autre, d'un montant équi-
valent, en ce début d'année. Au total, les tarifs de la CFR (Chemins de Fer
Roumains) auront doublé en quelques semaines. Ces majorations, pratiquées en deux
temps pour préparer l'opinion, interviennent de manière différente, suivant les types
de trains, les omnibus (+ 46 %) étant moins affectés que les rapides (+ 94 %) et les
trains accélérés (+ 156 %).
Cette mesure a été prise pour limiter les
pertes de la CFR, estimées à 30 M� (200
MF) en 2001. La grille de tarification qui
vient d'être modifiée, avait été mise en place
en 1974 et, depuis, n'avait subi que des
indexations sur le coût de la vie, ne prenant
pas en compte des facteurs comme les varia-
tions des prix de l'énergie électrique, des car-
burants, du matériel. Les nouvelles recettes
dégagées serviront à l'amélioration des
conditions de transport, de confort, de propreté, et à la modernisation des wagons. Au
début de l'hiver, par moins dix degrés, des trains ont circulé sans chauffage… des
locomotives diesel n'étant pas adaptées à l'équipement électrique des wagons.
L'Etat s'est accordé jusqu'à 2010 pour arriver à subventionner la CFR dans la limi-
te de 30 % et faire face à la désaffection qu'elle connaît. En 2001, devant son coût et
ses médiocres prestations, entre un quart et un tiers des voyageurs ont abandonné le
train au profit des micro-bus privés, souvent stationnés près des gares, qui proposent
un moyen de transport moins cher et plus rapide. En 2002, la CFR prévoit de fermer
une centaine de liaisons qui ne sont pas rentables ou effectuées avec de vieilles loco-
motives diesel.
Courant octobre, l'équivalent
du Service des fraudes a
effectué des contrôles inopi-
nés chez des fabricants de conserves de
légumes et de fruits, relevant de nom-
breuses infractions. Ainsi 34 sortes de
préparations à base de tomates ont été
déclarées non conformes à la réglementa-
tion, voire dangereuses pour la santé.
Certaines avaient le goût et l'odeur de
produits moisis, contenaient moins de
sucre que le minimum prévu. La présen-
ce d'amidon, dont l'adjonction est interdi-
te, a été décelée dans des bouillons.
Le non respect des normes d'étique-
tage a été également relevé à de nom-
breuses reprises. Du concentré, mention-
né en tous petits caractères, se faisait pas-
ser pour de la purée naturelle de tomates.
Les dates de péremption n'étaient souvent
pas respectées, le record revenant à une
firme qui commercialisait encore des
conserves destinées à l'étranger, datant
d'avant 1990, les étiquettes rédigées en
anglais, alors qu'elles doivent l'être obli-
gatoirement en roumain, trompant la
vigilance des consommateurs.
Sur les vingt-huit fabricants soumis à
vérifications, dix ont été, en outre, sanc-
tionnés par des amendes de 400 � (2500
F) parce qu'ils fonctionnaient sans licen-
ce, ni autorisation.
Le train est devenu un luxe
Prix accessibles, magasins mieuxachalandés, stabilité de l'économie,espoir de rentrer plus vite dansl'Europe… Autant d'éléments quiconduisent les Roumains un peu for-tunés à s'offrir une résidence secon-daire en Hongrie. Un simple passe-port suffit pour réaliser l'opération. Laprésentation de l'acte de vente et dutitre de propriété permet son enregis-trement pour une somme modique,représentant 8 % du montant de latransaction. A Battonya, ville de 6000habitants, à 30 km d'Arad, 400Roumains se sont installés, achetantpour environ 5000 � (33 000 F) desmaisonnettes de quatre pièces, cuisi-ne, salle de bain, annexes et jardinde 250 m2.
Résidences secondaires en Hongrie
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Le sapin de Noël le plus cher
de l'histoire de la Roumanie
Invit ation… à prendre la porte
Les Roumains semblent privilégier un retour aux sources lorsqu'il s'agit d'at-
tribuer un prénom à leurs nouveaux-nés. Les registres de baptême montrent
un regain d'intérêt pour les valeurs anciennes comme Andreï, Mihaï,
Alexandru, Marius et Cristian chez les garçons, Maria, Alexandra, Antonia, Elena,
chez les filles. Une mode se dessine visant à donner un prénom double comme Maria
Antonia ou Dan Christian.
Retour aux sources pour les prénoms
Etiquettes : tromperies sur la marchandise
Convoquée au bureau de police, une retraitée d'un village du département de
Hunedoara, a été sommée par le sous-officier de service de lui rembourser
sur le champ les deux canards de son beau-père, que son chien avait égor-
gés. Protestant de son innocence, et n'ayant que sa maigre pension pour vivre, la vieille
dame a refusé de s'exécuter, ce qui lui a valu une volée de coups de matraque, la lais-
sant groggy et provoquant un traumatisme crânien, constaté par un médecin. Se plai-
gnant auprès de l'inspection départementale des services de la police, la retraitée a
reçu une brève réponse de son responsable, un colonel, lequel lui a reproché son atti-
tude, indiquant toutefois qu'il avait adressé une réprimande au policier fautif pour
"manque de tact dans ses relations avec les citoyens". Quand au parquet, il a refusé
d'enregistrer la plainte qu'elle était venue déposer.
Les malades internés de l'hôpi-
tal psychiatrique de Botosani
ont reçu comme vêtements
des costumes de la fanfare et des robes de
choristes, ainsi que les vestes et panta-
lons des organisations syndicales, tenues
utilisées sous le communisme lors des
fêtes et défilés célébrant le régime, et
mises au rebut depuis. Le donateur qui
les avait en dépôt a estimé qu'ainsi vêtus,
les malades auraient moins froid cet
hiver.
Manque de t act L'habit fait le fou
Un ambassadeur de Dracula au pays des fantômesU
n chien errant dans la cour du palais pré-
sidentiel de Cotroceni a mordu une jour-
naliste, emportant un morceau de son
pantalon, et l'obligeant à recevoir des soins à l'infir-
merie de la présidence. Voici quelques mois, dans ce
même palais, le président Iliescu avait reçu Brigitte
Bardot venue plaider la cause des 200 000 chiens sans
maîtres de la capitale, menacés d'extermination par
son maire, Traian Basescu. Une visite qui avait été for-
tement médiatisée par la presse... mal recompensée.
Sans reconnaissance
Le gouvernement a décidé de doubler le prix des billets de train au 1er janvier.
Un peu plus au nord, la stationthermale de Gyula, ville frontalière de34 000 habitants, autrefois fréquen-tée par les Yougoslaves, attireaujourd'hui les Roumains. Près de3000 d'entre eux y vivent, regroupésdans un quartier appelé "la grandeville roumaine". Au cours des troisdernières années, les Roumains ontacheté plus de 300 propriétés et 25terrains. Les maisons se négociantbeaucoup plus cher qu'à Battonya(34 000 �, 230 000 F), ils se tournentplus volontiers vers les appartements(10 000 �, 65 000 F). Pour autant,être propriétaire en Hongrie negarantit en rien l'obtention de lanationalité hongroise.
“La grande ville roumaine” de Gyula
Le Pape a choisi un sapinroumain centenaire de 25 mde haut pour orner la Place
Saint Pierre de Rome.
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GYULA
BATONYA
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2226
Le maestro et l'exigence de la perfection
Musique
Connaissance et découverte
Sergiu Celibidache est mort à Paris, voici cinq ans, à l'âge de 84 ans.
Considéré comme un des plus grands chefs d'orchestre de l'histoire, le
Roumain était un spécialiste de l'interprétation d'Anton Bruchner, Debussy
et Ravel, et se singularisait par la lenteur de son tempo.
Pour ses détracteurs, qui n'étaient pas loin de penser qu'il était un charlatan,
Celibidache posait deux questions : était-il un monstre ? Comment prononcer son
nom? (Tchélibidaqué). L'excentricité du chef déroutait. Celibidache exigeait que ses
cachets soient d'autant plus élevés que les musiciens se montraient mauvais, s'accou-
trait d'une façon bizarre et refusait obstinément d'enregistrer des disques. Un compor-
tement qui lui valut pas mal d'ennemis.
"Préférer un disque à un concert…
c'est comme aller au lit avec une photo de Brigitte Bardot"
Celibidache détestait les enregistrements. Le grand chef ne mâchait pas ses mots:
"Préférer un disque à un concert… c'est comme aller au lit avec une photo de Brigitte
Bardot". Pour lui, l'essentiel n'était transmissible que par la pratique vivante et un mor-
ceau de vinyle ne pouvait pas rendre la magie d'un concert. De la même façon, il refu-
sait de consigner son enseignement par écrit.
Sa phobie des studios a conduit ses admirateurs à diffuser des piratages de mau-
vaises qualité de ses concerts. Pour y mettre un terme, son fils, Serge Ioan, a décidé
d'autoriser la diffusion des enregistrements conservés par l'Orchestre philharmonique
de Munich. Sur le tard, Celibidache, ému d'entendre des œuvres qu'il avait dirigées au
début de sa carrière, fera presque amende honorable, admettant l'utilité et la valeur des
archives conservées grâce au disque.
Le chef d'orchestre n'était pas un homme facile. Il ne mâchait pas ses mots et avait
toujours été hostile à toute forme de culte médiatique autour de sa personne. Ses
adversaires aimaient à mettre en évidence "ses rapports guerriers", son total mépris
envers les autres chefs contemporains, son dédain à l'encontre des journalistes et cri-
tiques dilettantes. Celibidache avait conscience de sa réputation auprès des orchestres.
"Ils préféreraient avoir à faire au Diable" reconnaissait-il… ce qui lui coûta la direc-
tion du prestigieux Orchestre philharmonique de Berlin, à la mort de Wilhelm
Furtwängler, les musiciens choisissant Herbert Von Karajan pour lui succéder.
Une lutte sans concession pour des résultats sublimes
Depuis cet échec, Celibidache évitait presque systématiquement toutes les insti-
tutions du monde musical qui, selon lui, se contentent de continuer la tradition et s'en-
foncent dans la routine. Il ne se laissera plus engagé que par des orchestres qui lui per-
mettront de travailler conformément à ses exigences en matière musicale.
Mais les apparences sont souvent trompeuses et, une fois mises de côté, ses coups
de gueule provocateurs oubliés, l'image du chef apparaît beaucoup plus nuancée. Le
maître n'hésitait pas à accorder son estime et sa sympathie à ses confrères… pourvu
qu'ils aient du talent, rejetant "les musiciens sans formation musicale… ce qui est inac-
ceptable". Dans leur cas, "toute discussion est sans objet".
Perfectionniste, Celibidache estimait que chaque concert était un véritable accou-
chement et luttait sans concession pour faire prévaloir son interprétation auprès de
l'orchestre dans un achèvement mystique où étaient réunis l'espace et le temps. Le
résultat était le plus souvent sublime. "Au cours de ma vie, je n'ai pas trouvé de musi-
cien , y compris Enesco, Toscanini et Furtwängler, capable de saisir toute la dimen-
sion de la Neuvième symphonie de Beethoven" confia-t-il un jour. Sans-doute celui
que beaucoup de mélomanes considèrent comme le plus grand chef d'orchestre du
XXème siècle, s'extrayait-il de ce lot.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2215
Société
Aux yeux des Roumains, les
autorités des douanes appa-
raissent comme les plus cor-
rompues des administrations du pays,
relève le rapport de la Banque Mondiale.
Ils placent ensuite, dans l'ordre, la justice,
le Fonds de privatisation des entreprises
publiques (FPS), les parlementaires, le
système de santé, la police, le gouverne-
ment, l'administration des impôts, plus de
la moitié d'entre-eux mettant en cause
leur honnêteté.
Les mairies, l'administration locale,
l'enseignement, les mass media, la poste,
le téléphone, l'armée, les banques, les
chambres de commerce, les syndicats et
la présidence de la République, bénéfi-
cient d'un jugement moins sévère.
66 % des Roumains interrogés décla-
rent qu'ils sont contraints de donner une
enveloppe ou de remettre un cadeau, s'ils
sont hospitalisés, 62 % pour bénéficier
des services d'une ambulance, 56 %
quand ils vont chez le dentiste, 52 % chez
le spécialiste et 32 % chez le médecin de
famille. Avoir recours rapidement aux
services du gaz nécessitent "un petit
geste" (40 %), de l'électricité (33 %),
comme obtenir un permis de construire,
29 %.
Ce genre d'"attention" est apprécié
pour le permis de conduire, l'installation
du téléphone, les déclarations de chôma-
ge, l'obtention des pensions d'invalidité,
d'une ligne téléphonique, voire même
pour obtenir un diplôme.
Corruption : un rapport classe la Roumanie derrièrele Zimbabwe, le Guatemala ou T rinidad-T obago
La douane montrée du doigt
EvénementsSergiu Celibidache, un “monument”
qui dirigeait à la baguette
Un Moldave devenuun mythe vivant
Sergiu Celibidache (1912-1996)est né à Roman, en Moldavie. Il apassé son enfance à Iasi, où il reçuttrès tôt une éducation musicale.Etudiant en mathématiques, philoso-phie et musique dans cette ville, ilcontinua ses études à Bucarest puisà Paris et s'installa ensuite à Berlin oùil suivra des cours de direction d'or-chestre, tout en s'adonnant à la philo-sophie bouddhiste et zen qui le mar-quera tout au long de sa vie.
A la fin de la guerre, le prestigieuxchef de l'Orchestre philharmonique deBerlin, Wilhelm Furtwängler est écartéjusqu'à ce que la question de sa col-laboration avec les nazis soit éclair-cie. Celibidache prendra le relais puisco-dirigera jusqu'en 1952 l'orchestreavec Furtwängler, de retour. Cetterencontre avec le grand maître, baséesur une relation d'amour-haine, serad'une importance décisive pour lejeune chef roumain.
A sa mort, en 1954, Celibidachequittera Berlin et dirigera dans lemonde entier, triomphant souvent.Ses deux saisons à la tête del'Orchestre National de France (1973-1975) restent dans les mémoires.Mais c'est surtout sa coopérationexceptionnellement longue avecl'Orchestre philharmonique deMunich, à partir de 1979, en faisantun des plus grands orchestres de laplanète, qui lui donnera la dimensiond'un mythe vivant.
Pratiquement 70 % des Roumains, des chefs d'entre-
prises, des investisseurs étrangers, estiment que les
pouvoirs publics roumains sont totalement, ou pra-
tiquement totalement, corrompus. Plus accablant encore… la
moitié des cadres du pays, chargés justement de faire marcher
sa machine administrative, ses dirigeants, les élus, appelés à
veiller à son bon fonctionnement, les représentants de la socié-
té civile et religieuse, en sont eux-mêmes convaincus.
Un rapport de la Banque Mondiale, basé sur une étude
s'appuyant sur toutes les couches de la société roumaine, tire la
sonnette d'alarme : la corruption est un fléau qui ronge le pays,
détruit ses fondements moraux et ses rouages, hypothèque gra-
vement son avenir. L'Union Européenne a lancé plusieurs
avertissements : l'adhésion de la Roumanie ne pourra être
envisagée que lorsqu'elle aura mis un terme à ce phénomène
qui entrave le développement économique, décourage les
investissements, menace l'existence d'un état dans lequel les
citoyens n'ont plus confiance, aggrave les différences sociales
dans une période où la pauvreté s'est généralisée.
2,8 sur 10 sur l'échelle
de "Transparency International"
Apportant de l'eau à son moulin, "Transparency
International" a classé la Roumanie parmi les états européens
les plus corrompus. L'organisation, qui dresse un indice de la
corruption basé à partir des données fournies par les institu-
tions financières mondiales (Banque Mondiale, FMI…) et de
l'avis d'observateurs internationaux, lui a attribué un piteux 2,8
sur 10, dans son système de notation qui va de 0 (la corruption
absolue, l'état de non-droit), à 10 (la transparence la plus tota-
le). Une note même en recul sur les deux dernières années, où
elle s'établissait à 3,3, puis 2,9. Seules, sur le continent, la
Russie (2,3) et l'Ukraine (2,1) font pire.
A travers le monde, des pays comme le Zimbabwe, le
Ghana, le Guatemala ou Trinidad-tobago obtiennent de
meilleurs résultats !
Après avoir souligné l'échec de l'ancien président
Constantinescu dans la lutte contre la corruption et fait remar-
quer que son successeur, Ion Iliescu, ne se montrait pas plus
déterminé et efficace, "Transparency International" a établi un
parallèle avec la Hongrie et la République Tchèque, où la
volonté des dirigeants avait permis de maîtriser ce phénomè-
ne, ces dernières années.
Mesures gouvernementales :
des citoyens sans illusions
Ces mises en garde répétées ont amené le gouvernement à
réagir. Un programme national d'action contre la corruption et
de prévention vient d'être mis en place, différenciant la "gran-
de corruption" (économique, politique, crime organisé), qui se
retrouve dans d'autres pays, et la "petite corruption", davanta-
ge spécifique aux pays en transition, laquelle touche directe-
ment la population, amenant leurs citoyens à verser des des-
sous de table pour simplement bénéficier de leurs droits.
"Nous allons démarrer le nettoyage dans tous les secteurs
d'activité" s'est exclamée la ministre de la justice, Rodica
Stanoiu, pointant plus particulièrement du doigt la santé et sa
propre administration, la plus décriée avec celle des douanes.
Un corps de magistrats d'élite devrait être créé et l'exercice
indépendant de la justice assuré. Adrian Nastase a annoncé des
sanctions sévères et la mise en place d'un "surveillant" dans
chaque ministère et service public. Toutefois, le premier
ministre a concédé que, chaque mois, de nouveaux cas de cor-
ruption apparaissaient, tançant les préfets et les responsables
"qui ne contrôlent pas leurs services".
Ses concitoyens sont moins dubitatifs. A près de 90 %, il
sont persuadés que le plan du gouvernement est voué à
l'échec… avant même d'avoir été mis en application.
Un fléau qui ronge le pays
et menace les fondements de l'Etatn
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Connaissance et découverte
Une manière de connaître la Roumanie d'aujour-
d'hui est de découvrir ses auteurs, même si les tra-
ductions françaises ne sont pas très nombreuses.
Requiem pour salauds et fous d'Augustin Buzura, paru en
Roumanie en 1999 et en français en 2001, est un ouvrage que
les lecteurs occidentaux ont tout intérêt à lire s'ils veulent plei-
nement appréhender la situation psychologique de leurs amis
de l'Est.
Cette œuvre est impressionnante. Tout d'abord par son
épaisseur, près de 700 pages denses, parfois sans renvois à la
ligne. Mais cette manière de faire est issue, pour une part,
d'une tradition roumaine, les auteurs prolixes étant légion :
Nicolae Iorga, Camil Petrescu, Mircea Eliade et, plus récem-
ment, Mircea Cartarescu. Il s'agit aussi d'une conséquence du
poids du totalitarisme sur la pensée : il fallait noyer ce qui pou-
vait passer de séditieux dans une prose bavarde, allusive, et
parfois même codifiée, la rendant illisible, notamment pour les
étrangers.
Toutefois, le Requiem… de Buzura échappe à ce travers.
Même si certaines parties paraissent longues, ce texte captive
dès le début.
"Tous sortent de la cuisse de Ceausescu"
Matei Popa, le personnage central, est un journaliste en
quête de vérités sur le passé. Sa démarche dérange ceux qui
espèrent prendre place dans la nouvelle élite sociale qui se
construit après la "révolution" de décembre 1989, et l'invitent
à aller voir ailleurs comment va le monde, "plutôt que de ris-
quer bêtement sa vie".
Devant ces menaces, Popa est alors partagé entre son sens
de la dignité et la peur. Des réflexions l'assaillent : "Dieu peut
leur pardonner (…) mais, je ne crois pas que l'on puisse vivre
dans un monde où les grandes fautes resteraient dissimulées,
ignorées, impunies. Il faut régler nos comptes une bonne fois
pour toutes, même si cela fait mal".
Douleur, peur, vérité, sont les maîtres mots de ce puissant
ouvrage. En se plongeant dans son passé, Matei Popa retrouve
les affres du monde d'avant : la dictature, la Securitate, la
misère morale, culturelle et surtout matérielle. Les alternances
entre le passé et le présent laissent comprendre que les deux
mondes ne sont pas si différents que cela. Les maîtres sont par-
fois les mêmes : "Seule la couleur des uniformes a changé (…)
Ceux qui ont percé, ce sont les hommes dépourvus de morale,
d'idéologie, de foi, ceux qui n'ont jamais eu et n'ont, aujour-
d'hui encore, que des intérêts (…) Tous sortent de la cuisse de
Ceausescu".
Le salut viendra de ceux qui n'ont pas été
esclaves ou retrouvent leur dignité
Mais ce constat désespérant est immédiatement suivi
d'une sorte de credo : " C'est peut-être une étape normale, un
pas nécessaire : ils ont été les plus forts, les plus résistants, et
nous serons contraints de supporter leur mépris et leur gros-
sièreté jusqu'à ce que parvienne au premier plan ceux qui
n'ont pas été esclaves au pays d'Egypte ! Mais viendront-ils ?
Les meilleurs s'en vont et restent là où ils trouvent les condi-
tions de vie les plus favorables, les meilleures chances de pro-
motion. On n'a qu'une vie, on ne peut pas la perdre à
attendre…".
C'est justement à ceux qui sont tentés par la fuite et le
désespoir, faute de patience, les jeunes notamment, qui "mar-
chent à l'aveuglette", que Matei Popa veut insuffler sa convic-
tion "qu'il n' y a de salut qu'en nous mêmes, qu'il dépend de
nous mêmes que nous vivions ou mourions, que la renaissan-
ce commence par la reconquête de la dignité individuelle et
nationale".
Le lecteur l'aura compris, Requiem… est effectivement
un texte très noir : "Je regarde autour de moi et je vois un pays
humilié, abaissé, des gens désorientés, certains retournés car-
rément à l'état sauvage, de mauvaises habitudes partout, de la
brutalité, de la vulgarité, et une effarante absence de dignité".
Mais cette peinture sombre, bien souvent désespérante par
le cynisme et la misère qu'elle met en évidence, possède la
force des catharsis qui permettent de construire un avenir.
Buzura a le courage de regarder la vérité en face. N'est-ce pas
à ce prix que les évolutions positives sont rendues possibles ?
Ce livre, finalement porteur d'espoir, est un grand bonheur…
Un grand livre même !
Bernard Camboulives
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2214
Société
Il aura fallu la mort d'un homme tranquille de 62 ans, dévoré par des chiens
alors qu'il coupait à travers champs pour rentrer chez lui, à la tombée de la
nuit, pour que l'opinion publique prenne conscience des graves problèmes
posés aux petites localités proches de la capitale, envahies par des meutes incontrô-
lées amenées de Bucarest. Son corps déchiqueté avait été retrouvé le lendemain matin
par des voisins alertés par sa femme.
Le drame de Cornetu, pourrait fort bien se répéter dans des communes voisines.
A Bragadiru, le maire s'indigne de l'absence de réactions des autorités devant le
nombre de chiens affamés qui errent à travers les rues, 3 à 400, se regroupent, s'atta-
quent aux enfants, transformant presque en acte d'héroïsme le simple fait d'aller cher-
cher son pain. Il a confié au vétérinaire le soin de castrer ceux qui pouvaient être attra-
pés, et aux équarrisseurs de se charger des autres, sans grand succès toutefois.
Des meutes de chiens traversent les villages
A Berceni, où l'administration de protection des animaux de Bucarest a installé un
refuge dans une ancienne coopérative agricole désaffectée, les gardiens sont en
nombre insuffisant. Des chiens sont enfermés dans des cages, d'autres circulent libre-
ment, sautant par dessus les clôtures et parcourent le village en meute. La nuit, les
habitants se plaignent de leurs hurlements sans fin.
Les petites communes périphériques, sont devenues le dépotoir de la capitale qui
veut se débarrasser de ses 200 000 chiens errants. Des voitures, des camionnettes,
toutes non identifiables, rôdent des unes aux autres, dès que la nuit est tombée, à la
recherche d'endroits déserts où elles peuvent se défaire de ces animaux indésirables,
sans se faire repérer. Des maires ont mis en place des barrages pour les intercepter,
sans grand résultat. L'un a même donné comme consigne d'endommager leurs roues
pour les immobiliser. Mais certains élus estiment que ce sont des sociétés de protec-
tion des animaux qui, voulant éviter aux chiens d'être euthanasiés, une opération déjà
entreprise par le maire de Bucarest, Traian Basescu, qui viennent ainsi les "libérer" à
la campagne.
Décharges sauvages au milieu de la nuit
Mais les nuisances exportées par la capitale ne se limitent pas au seul phénomè-
ne des chiens. Des camions, des bennes, des tracteurs, des voitures partent à la
recherche de terrains vagues pour y décharger leurs ordures et échapper ainsi à la rede-
vance de 8 � (52 F) par tonne, qui est maintenant exigée dans les dépôts spécialement
aménagés.
La route de Bucarest à Bragadiru est bordée de tas d'immondices. Des terrains
destinés à l'agriculture sont rendus inutilisables, recouverts de dizaines de tonnes de
détritus. La commune a dû consacrer 4000 � (25 000 F) au déblaiement, somme qu'el-
le destinait à la réfection des trottoirs ou à la construction d'un terrain de jeux pour les
enfants.
Ces décharges sauvages s'effectuent souvent au milieu de la nuit. Des camions
d'entreprises du bâtiment font des rondes, venant se défaire de leurs gravats. A
Cornetu, la plate forme municipale d'ordures croulant sous ces dépôts a du être fer-
mée, les habitants étant contraints de se débarrasser par leurs propres moyens de leurs
déchets, ce qui pose aussi un problème d'hygiène et de santé publiques.
La situation a été jugée suffisamment grave par des maires de communes du
département d'Ilfov, autour de la capitale, pour qu'ils demandent à la police et à la gen-
darmerie de mettre un terme à ces allers et venues nocturnes de véhicules, véritable
cauchemar pour la population.
Pas de condamnationà perpétuité pour les plus de 60 ans
Evénements
La Cour Européenne des Droits del'Homme a rejeté, fin juin, la requêtede Maurice Papon contre l'état fran-çais, pour "traitement inhumain etdégradant" à son égard, vu son grandâge, 90 ans. La CEDH a fait remar-quer que le critère de l'âge n'était paspris en considération dans de trèsnombreux pays européens, que cesoit pour une condamnation ou uneexécution de la peine.
Deux états font cependant excep-tion, la Roumanie et la Russie, oùune peine de réclusion à perpétuiténe peut pas être prononcée contreune personne de plus de 60 ans.
La capitale se débarrasse
de ses déchets et chiens
"Requiem pour salauds et fous" d'Augustin Buzura
Le regard noir mais salutaire d'un écrivain
roumain sur la réalité de son pays
Livres
La durée maximale de la garde àvue d'une personne entendue dans lecadre d'une enquête sera prochaine-ment ramenée de 5 à 3 jours. Sa pro-longation dépendra uniquement desinstances judiciaires, et non plus duministère public qui pouvait la porterà 30 jours.
Garde à vue ramenée à trois jours
Les députés ont décidé de sanc-tionner par une amende d'un montantde 7,6 � (50 F) à 40 � (250 F), lespersonnes surprises à fumer dansdes bâtiments et lieux publics, à l'ex-ception des bars, cafés, restaurants,discothèques. Seuls les propriétairesde locaux disposant de systèmesd'aération adéquats seront autorisésà aménager des endroits spécifiquespour fumeurs.
Amendes pour les fumeurs
errants auprès des communes voisines
Augustin Buzura est né en 1930 à Berintza, dans le Maramures, près de Baia Mare. Après avoir fait
des études de médecine, il publie son premier recueil de nouvelles en 1963. Son œuvre se compo-
se de romans, de nouvelles, d'essais, ainsi que de scénarios cinématographiques. L'écrivain est
membre de diverses académies culturelles européennes (Rome, Amsterdam) et président de la Fondation cul-
turelle roumaine depuis 1990.
Les "Editions Noirs sur Blanc" ont publié Chemin de cendres en 1993 (paru en Roumanie en 1988) dans
une traduction de Jean-Louis Courriol et Requiem pour salauds et fous en 2001 (paru en Roumanie en 1999)
dans une traduction de Marily Le Nir.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Connaissance et découverte
Cinéma
Alors que les Roumains étaient friands du septième art, le nombre de spec-
tateurs roumains allant au cinéma a été divisé par cinq en six ans, chutant
de 25 millions en 1994 à 5 millions en 2000. Dans le même laps de temps,
un tiers des salles ont disparu, passant de 402 à 279, n'offrant plus qu'une capacité de
115 000 places au lieu de 165 000. Cette désaffection s'explique par le prix des billets,
dans une période de grave crise sociale, qui peuvent atteindre 1,8 � (12 F) à Bucarest,
soit près du double des villes de province. La concurrence de la télévision et de ses
chaînes câblées, que reçoivent de nombreux immeubles ou maisons, a également fait
beaucoup de tort à la fréquentation des salles. Leur manque de confort, la vétusté de
leurs équipements a fait le reste, les pouvoirs publics restant les bras croisés devant
cette situation.
A Bucarest, seulement 0,66 % de la population est allée au cinéma en 2000.
Constantsa a fait encore pire, avec 0,5 %, Cluj obtenant le meilleur pourcentage, 1,32
%. Dans les petites communes, où, soit une salle, soit un local baptisé maison de la
culture sous l'ancien régime, accueille les projections, le responsable attend d'être sûr
de rentabiliser la séance et d'avoir vendu à l'avance les billets, pour décider de la pro-
grammation d'un film.
Une modernisation du réseau des salles a toutefois été entreprise depuis peu avec
l'apparition de salles privées multiplex, à Arad, Bistrita, Tulcea, Oradea. A Bucarest,
la mise en service du "Hollywood Multiplex Bucaresti Mall", de ses dix salles et 2125
places, a révolutionné le genre et suscite des émules. Ce complexe qui offre aux spec-
tateurs un choix de nouveautés auquel il n'était pas habitué, accueille à lui seul 35 %
du public de la capitale, les 26 salles encore contrôlées par l'état se partageant le reste.
Le grand bond en arrière du cinéma européen
Autre motif d'insatisfaction des cinéphiles: la distribution des films, assurée
aujourd'hui à 98 % par des firmes privées, seule RomaniaFilm subsistant comme der-
nier "Mohican" de l'époque du cinéma d'état. Devant la crise, mais y concourrant éga-
lement par leur politique de restriction, ces sociétés ont diminué le nombre de films
qu'elles font circuler, le ramenant de 621 en 1994 à 483 en 2000, soit près d'un quart
en moins. Les films américains se taillent la part du lion, avec plus de 85 % des nou-
veaux titres proposés, la part du cinéma européen étant tombée de 21 % (120 titres) à
11 % (50 titres), pendant la période évoquée. La chute affectant le cinéma roumain est
encore plus dramatique. De 9,5 %, sa place est passée à 3,2 % des films distribués en
2000 (une quinzaine de titres). Quand aux films "venus d'ailleurs", japonais, brési-
liens, chinois, etc., ils ont totalement disparu des écrans.
Les Roumains
désertent les cinémas
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2213
Société
Avec - 33°, Miercurea Ciuc a justifié son surnom de "Petite Sibérie" Evénements
Routes bloquées, trafic aérien arrêté en Moldavie,
ports et canal du Danube à la Mer Noire fermés…
Une terrible vague de froid a submergé l'ensemble
du pays tout au long du mois de décembre, avec des tempéra-
tures nocturnes moyennes de -15° à -20°,
le record étant enregistré à Miercurea
Ciuc (-33°), dans une région surnommée
"Mica Siberie", "La Petite Sibérie". Il faut
remonter à 1985 pour trouver pire (-38°),
dans la même région, et au 25 janvier
1942, pour le record absolu enregistré, -
38,5° à Bod, près de Brasov.
Les perturbations causées par ce froid
intense ont été innombrables : chauffeurs
abandonnant leurs camions, les équipe-
ments de déblayage étant inutilisables, trains en retard, vil-
lages privées d'électricité et de téléphone, médecins ne pou-
vant plus se déplacer ou acheminés par hélicoptères dans les
cas les plus urgents.
Rupture de l'approvisionnement en gaz,
chauffage et eau chaudes rationnés
Les ruptures d'approvisionnement en gaz ont provoqué les
situations les plus difficiles à supporter. A la suite de baisses de
pression, causées par la demande et le froid, Termoelectrica,
principal fournisseur d'énergie thermique, a dû réduire ses
livraisons et demander aux entreprises de diminuer leur
consommation ou de passer au combustible liquide. Ces diffi-
cultés ont été aggravées par celles rencon-
trées par la Russie, le plus gros pour-
voyeur de gaz de la Roumanie, elle-même
confrontée à un froid polaire.
Des immeubles entiers ont été privés
de chauffage, un minimum étant assuré
pour éviter le gel des installations. A
Salonta, près d'Oradea (-20°), les habi-
tants de 500 appartements non chauffés
ont défilé chaque soir devant la mairie
pour protester. Des restrictions ont été
imposées, à Brasov (-29°) où les grosses sociétés étaient
rationnées, à Cluj (-19°) où l'eau chaude n'était fournie que
deux heures le matin et trois heures dans la soirée.
Les bâtiments collectifs, les écoles et les hôpitaux ont été
les plus touchés. En Moldavie, la pression du gaz était presque
nulle. A Botosani (-24°), les chirurgiens de l'hôpital d'enfants
n'opéraient plus que les cas urgents, se chauffant avec un
radiateur électrique d'appoint. Ils craignaient que le froid n'af-
fecte la cicatrisation des plaies et appréhendaient les consé-
quences sur le choc opératoire, l'anesthésie et le réveil.
"C'était un truand, une vraie fri-pouille" s'exclamait AlphonseBoudard qui a écrit la biographie deJoseph Joanovici, un juif d'origineroumaine dont TF1 s'est inspiré pouren faire le héros de son téléfilm,"Monsieur Joseph" , présenté der-nièrement sur le petit écran.
Né à Chisinau, au début du siècle,dans un ghetto de Bessarabie,Joanovici avait débarqué à Paris en1925. Habile serrurier, il se lançaitdans la récupération des métaux, fai-sait fortune, voyageait à l'étranger etfricotait avec le Komintern, l'organisa-tion communiste internationale acti-vée par Staline.
Intelligent et sans scrupule, ils'était convertit à la religion ortho-doxe en 1940, collaborant avec lesAllemands qui le traitèrent de "juifutile", approvisionnant leur armée enmétaux, se livrant au marché noir surune grande échelle, copinant avec lamilice de Darnand. Prudent, il versaaussi son obole au réseau de résis-tants "Honneur de la police".
Condamné en 1949, au centred'intenses controverses, devenu unpersonnage célèbre, il mourut dansl'oubli en 1965.
Dans sa critique, le journal "LeMonde" relève que le téléfilm de lachaîne française tord le cou à l'histoi-re, transformant l'itinéraire de ce ges-tapiste, en une version française de"La liste à Schindler" , suggérantque "Roger Hanin, (l'interprète deMonsieur Joseph), prisonnier de sonimage, ne pouvait sans-doute pasjouer les escrocs".
Où tourner un film dix fois moins cher que dans les studios occidentaux,
tout en bénéficiant de bonnes conditions techniques, de laboratoires de
qualité et de personnel compétent ? "Elémentaire, mon cher Watson" se
sont entendus répondre les producteurs anglais du film "Les débuts de Sherlock
Holmes", qui ont choisi les studios de Castel Film, dans les environs de Bucarest.
Pour la première fois, un film étranger a été réalisé entièrement en Roumanie, une
partie des séquences ayant été tournées dans le rues de la capitale roumaine, les autres
décors - un quartier de la City, une station du métro de Londres, l'appartement du
détective - étant reconstitués dans les studios de Castel Film. Six acteurs britanniques,
dont James d'Arcy, dans le rôle de Sherlock Holmes, et dix comédiens roumains se
partagent l'affiche, le film devant sortir l'été prochain.
Il s'agit là d'une reconnaissance pour le savoir-faire roumain, Castel-film ayant
participé à la réalisation de 75 longs métrages étrangers ces sept dernières années.
Sherlock Holmes à Bucarest
"Monsieur Joseph" :du petit écran… à la réalité
La Roumanie submergée par une intense vague de froid
La vague de froid de décembre
a provoqué de nombreux
drames humains, touchant en
premier lieu les enfants et les vieillards.
Mais la chute du thermomètre a révélé
aussi une grande détresse sociale et les
disparités existant entre régions.
La Moldavie a le plus souffert. Des
congères de quatre mètres de haut s'y sont
formés. Des ambulances transportant des
femmes sur le point d'accoucher ont été
bloquées, nécessitant l'intervention d'hé-
licoptères. Les malades devant subir des
dialyses ont été invités à rester à proximi-
té des hôpitaux. Les amputations de
membres gelés sont fréquentes.
A Iasi, en quelques jours, deux bébés
et trois adultes sont morts de froid. Une
fillette de deux ans est décédée dans un
abri de fortune en carton où vivaient
quatre adultes et cinq enfants, leur mère
refusant de les remettre à un orphelinat.
Un nourrisson a été retrouvé mort, serré
contre la poitrine de sa mère qui avait
tenté de le protéger jusqu'au dernier
moment. La jeune femme, hébétée, a
confié ne pas avoir assez d'argent pour
manger et se chauffer, et ne voulait pas,
non plus, l'abandonner.
La régie autonome de distribution
d'énergie thermique de la ville, RADET,
a indiqué qu'elle s'apprêtait à couper le
chauffage dans 7000 appartements, dont
4000 pour des impayés depuis 1999. Les
occupants des 3000 autres avaient
demandé à être débranchés, faute de pou-
voir régler leurs factures. Dans la région,
des familles envoient les enfants chapar-
der du bois dans les forêts.
Le grand froid amène aussi des com-
portements à risques. Dans des apparte-
ments alimentés au gaz, on n'hésite pas à
allumer le four ou les brûleurs pour servir
d'appoint au chauffage électrique notoire-
ment insuffisant. Les accidents dus aux
explosions sont fréquents ainsi que les
asphyxies provoquées par les inhalations
de monoxyde de carbone.
Partant en permission, un jeune appe-
lé de 20 ans, ne trouvant pas de voiture
pour rentrer chez lui, a coupé à travers
champs. Son corps a été découvert gelé le
lendemain.
Un enfant de quatre ans a eu les pieds
et les mains gelés et a dû être amputé.
Malade, dans une maison sans chauffage,
il avait été confié à la garde de son grand-
père par sa mère qui s'était absentée pour
la journée. Celui-ci l'a laissé seul pour
aller boire une tsuica. Revenu ivre, il s'est
trompé de chemin et son corps a été
retrouvé recouvert par la neige.
Mais la Moldavie n'a pas le monopo-
le de la misère. Un patient de l'hôpital
psychiatrique de Jebel, non chauffé, est
mort de froid, trois autres étant transpor-
tés dans un état grave d'hypothermie à
l'hôpital voisin de Timisoara.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Connaissance et découverte
Il rêvait de fusées pour la Lune, mais il fut le père des
V2, les engins de mort lancés par Hitler sur Londres en
1944 : l'ingénieur Hermann
Oberth est le héros faustien de la dernière
pièce de Rolf Hochhuth, célèbre pour
avoir dénoncé dans les années 60 le rôle
de Pie XII sous le IIIème Reich avec son
Vicaire.
Tout juste créé au Schlossparktheater
de Berlin, Le docteur Faust d'Hitler
brosse la vie de l'un des pères de la
conquête spatiale, Hermann Oberth, men-
tor de Wernher von Braun, l'homme qui a
dirigé les recherches nazies sur les fusées
à Peenemünde, dans le nord de l'Allemagne, avant de partir
aux Etats-Unis construire l'Apollo-11 qui emmena les
Américains sur la lune en 1969.
L'ingénieur Hermann Oberth, né à Sibiu en 1894 et décé-
dé à Nuremberg en 1989, issu d'une minorité allemande de
Roumanie, voulait dès l'âge de onze ans construire des fusées.
C'était la mission de sa vie. Il grandira à Sighisoara et dévore-
ra les livres de Jules Verne. Parti étudié la médecine à Munich,
il changera rapidement de voie pour se consacrer à une scien-
ce dont il deviendra l'un des fondateurs, l'astronautique.
La pièce d'Hochhuth montre un génie largement tombé
dans l'oubli qui, dès 1917, dessinait un projet de fusée capable
de parcourir 300 kilomètres... rejeté à l'époque par un ministè-
re de la Guerre allemand incrédule. Bien avant d'être reconnu
par la communauté scientifique, Oberth imaginera, un demi-
siècle à l'avance, le satellite, la conquête de la Lune, les
navettes spatiales avec équipages internationaux. Mais, dans
les années 20, faute de financement pour ses recherches, il
retournera en Roumanie, enseignant au lycée allemand de
Médias jusqu'en 1938.
D'après Hochluth, la mise à disposition de son savoir-faire
à l'Allemagne nazie - ce que l'auteur appelle "son pacte avec
le Diable" - Oberth, devenu citoyen allemand, l'a consentie
"parce que la société n'était pas prête à lui financer des
recherches civiles dont elle ne saisissait
pas l'utilité. En outre, il pensait sincère-
ment qu'avec des fusées, on abrègerait la
guerre mondiale".
A Peenemünde, en 1944, Oberth et sa
femme seront touchés par la réalité d'un
conflit qui prendra la vie de deux de leurs
enfants, tandis qu'un général félicitera
chaleureusement le savant pour la mort de
"plusieurs centaines de personnes" dans
le centre de Londres.
Un visionnaire idéaliste aigri
Après-guerre, Oberth séjournera en Suisse et en Italie,
puis rejoindra une nouvelle fois son ancien élève von Braun, à
Huntsville, dans l'Alabama, où il travaillera avec lui sur le pro-
gramme spatial américain. Le scientifique retournera définiti-
vement, en 1960, en Allemagne, l'heure de la retraite ayant
sonné, se consacrant à la philosophie.
Une fin de parcours qu'évoque la pièce d'Hochluth par une
scène se déroulant en 1985, dans un musée de l'Espace améri-
cain qui gomme diplomatiquement la contribution nazie à la
conquête spatiale, où un Oberth aigri entend parler du projet de
"Guerre des étoiles" du président Ronald Reagan.
Et le vieux visionnaire de Transylvanie d'y voir malgré
tout une chance pour sa dernière utopie, celle d'un "miroir spa-
tial" qui résoudrait les problèmes de faim dans le monde en
rendant fertiles les déserts et arable le sol glacé de Sibérie.
"Il n'y aurait pas eu d'ordinateurs, d'énergie atomique, de
fusées sans la guerre", relève avec amertume Hermann
Oberth: "C'est comme il y a quarante ans : des fusées pour
Hitler, pour ensuite partir sur la lune en V2. Maintenant une
guerre des étoiles pour installer mon miroir de l'espace"...
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2212
Actualité
La revue hebdomadaire "Formula AS", très appréciée pour la diversité et la
densité de ses reportages et articles, publie régulièrement une rubrique bap-
tisée "SOS", consacrée aux cas sociaux que lui soumettent ses lecteurs ou
aux situations de détresse de personnes qui lui écrivent directement. Avant publication,
les informations sont vérifiées auprès des services sociaux ou médicaux compétents.
Le journal reçoit de nombreux dons de Roumains de Roumanie ou de l'étranger
qui consultent son site sur Internet (http://www.formula-as.ro), et veulent apporter
un peu de réconfort à leurs compatriotes. Mais cette chronique est aussi un tableau sai-
sissant de la grande pauvreté dans laquelle se débat une bonne partie de la population,
ainsi que le montrent les témoignages suivants.
Suzana, 18 ans, Bacau : "Nos ennuis ont commencé quand notre père nous a lais-
sés - maman et ses six enfants - dans la rue, voici sept ans, après avoir vendu l'ap-
partement. Depuis, nous vivons avec 18 � (120 F) par mois et les allocations pour mes
frères et sœurs. Nos dettes pour le loyer et le reste se montent à 600 � (4000 F). La
mairie veut nous mettre à la porte du logement qu'elle nous a fourni. Maman qui a la
tuberculose ne peut plus travailler, ni continuer son traitement à l'hôpital car elle doit
veiller sans arrêt sur mon petit frère qui est épileptique. J'ai arrêté l'école à 14 ans et,
depuis, je travaille 12-14 heures par jour pour un salaire de 38 � (250 F). Nous ne
mangeons qu'une fois par jour, et pas beaucoup. Alors que les autres enfants ont des
cartables pour aller à l'école, mes frères et sœurs n'ont que des sacs en plastique. Ils
n'ont pas assez de vêtements pour sortir en même temps, n'ont pas de poupées ou de
jeux pour aller jouer avec les autres enfants. Nous sommes désespérés".
Vasile, père de 10 enfants, Bârlad : "J'ai déjà été opéré quatre fois et dois subir
une autre intervention. Ma femme est gravement malade du cœur. Je n'ai plus de tra-
vail, et je ne touche plus le chômage. Nous vivons seulement avec les allocations des
enfants. Nous avons des dettes et sommes sous la menace d'une expulsion. Chaque
jour, je ne sais plus quoi donner à manger à la famille. On ne peut pas dormir dans
les lits qui sont cassés".
Mihaela, Cluj : "J'ai rencontré dans le bus un monsieur très digne qui ne pouvait
plus se servir de sa main droite, ni travailler, à la suite d'un accident. Le médecin lui
a proposé de lui couper, ce qu'il a refusé. Sa femme est alitée, un côté complètement
paralysé à la suite d'une hémorragie cérébrale. Il n'a personne pour l'aider à s'en
occuper, mais ne se plaint pas. Je m'adresse à vous : qu'est-ce qu'on peut faire ?".
Dragos, Târgu Mures : "Je côtoie tous les jours, un couple qui vit depuis cinq
ans dans une cave sans lumière avec leur petite fille, âgée de 8 ans, qu'il a en garde.
Il a été obligé de vendre son appartement lors du décès d'un proche pour payer l'en-
terrement et ses dettes. Lui, un maçon de 58 ans, au chômage et sans indemnités, prie
pour qu'il neige car les voisins lui donnent quelques milliers de lei pour balayer les
trottoirs. Son épouse, malade, a dû arrêter son travail de femme de ménage. La famil-
le vit avec 38 � (250 F) par mois et j'ai peur pour leur santé, car la cave est vraiment
insalubre".
Le Centre de Transfusion
Sanguine de Iasi a connu une
véritable avalanche de dons
du sang à l’occasion de la fin de l'année,
passant de 30 donneurs quotidiennement
à 50, voire cent.
Cet afflux était vraisemblablement
dû à l'approche de Noël pour pouvoir
apporter un semblant de gaîté et de
"richesse" dans les foyers. Chaque don
était payé 15 � (100 F), et ceux qui
avaient bien calculé, recevaient une
prime de 30 � (200 F) pour cinq dons
consécutifs. Si toutes les tables du
réveillon n'étaient pour autant pas assu-
rées d'être convenablement garnies, les
bocaux du centre de transfusion, eux, ont
tous été remplis.
"Nous avons travaillé près de 50ans, six jours par semaine, ce qui faithuit années de plus qu'aujourd'hui.Nous avons toujours payé nos cotisa-tions. Nous espérions terminé notrevie d'une manière décente, avoir unevieillesse tranquille. A la révolution,nous étions comme tout le monde,pleins d'espérance… Et nos pensionsreprésentent tout juste 52 % de ceque nous devions toucher" s'indigneMarin Fleancu, dans un courrieradressé à un journal de Bucarest,témoignant du désespoir des pen-sionnés de sa génération.
"Nous avons plus de 75 ans, nousavons connu la guerre, les privations,le communisme. Nous ne sommesplus nombreux, devons vivre souventavec moins de 30 � (200 F) par mois,et la majorité d'entre nous pense qu'ilne nous reste qu'à mourir" poursuit-il,accablé, avant de s'emporter :"Pourquoi est-ce à nous de supporterla dévaluation catastrophique du leu,la faillite des banques, des fonds d'in-vestissements, des scandalescomme Caritas. On brade aujourd'huinotre patrimoine national, nos entre-prises… mais c'est nous qui avonscréé ces richesses. Quelle hontepour ceux qui sont chargés de dirigerle peuple !".
Et le vieil homme de demander,sans trop y croire : "Nous prions sim-plement le gouvernement et lePremier ministre de nous donner cequi nous est dû, d'indexer nos pen-sions sur l'inflation… et que l'on puis-se bénéficier de cette reconnaissan-ce avant qu'on nous enterre".
Chaque semaine "Formula AS" lance des "SOS" dans ses colonnes
Donner son sang pour p ayer Noël
Le cri de désespoir des retraités
Social Précurseur de la conquête de la Lune et père des V2,Hermann Oberth sujet controversé d'une pièce de théâtre
Un génie "faustien" venu de Transylvanie
Sciences
Hermann Oberth est l'un des
quatre grands pionniers de
l'astronautique. Les idées
qu'il émit dans les années 1920 et 1930
furent a l'origine des travaux relatifs aux
moteurs de fusées et aux fusées elles
mêmes et permirent à l'Allemagne, pen-
dant la seconde guerre mondiale, de
prendre une avance considérable sur les
autres nations. Même si le savant ne fût
pas mêlé directement à la fabrication des
V2, son assistant Wernher von Braun s'en
chargeant, son apport fût décisif.
Ses travaux influencèrent toute une
génération de jeunes qui devaient, par la
suite, devenir les initiateurs et respon-
sables des grands projets spatiaux. La
contribution d'Oberth a l'astronautique
est considérable. Les théories qu'il déve-
loppa purent directement être appliquées
a la réalisation des fusées. Ainsi, il calcu-
la les vitesses d'éjection des gaz de com-
bustion, les consommations d'ergols ainsi
que les durées de vol et les distances par-
courues. Il évalua également leur nombre
optimal d'étages et alla même jusqu'à
concevoir une navette spatiale. Près d'une
centaine de ses inventions et solutions
seront appliquées a la construction des
fusées modernes.
Hermann Oberth imagina aussi les
applications des satellites de télécommu-
nication, d'observation de la terre, de
navigation et de météorologie. Le savant
de Transylvanie jeta, presque à lui seul,
les bases de toute l'astronautique.
Aujourd'hui, dans sa province natale,
trois musées lui sont consacrés et de
nombreuses rues portent son nom.
Presque à lui seul, le savant jet a les bases de l'astronautique
Né à Sibiu, l’inventeur des fuséesHermann Oberth a grandi à Sighisoara.
n
BUCAREST
ORADEA
BAIA MARE
l
l
l
l
TIMISOARA
ARAD
l
SIBIU
l
l
IASI
BRASOV
CONSTANTACRAIOVA
TARGUMURES
GALATI
l
l
l
l
l
l
l
TULCEA
SUCEAVA
BACAUl
lPITESTI
l
DEVA
CLUJ
Un courrier "crève-cœur"M. CIUC
l
l
BOTOSANI
BARLAD
l
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2230
Connaissance et découverte
Le nom actuel de la monnaie roumaine, le "leu" (lion), "lei" au pluriel,
remonte à 1867 et à l'arrivée, l'année précédente, de Carol de Hohenzollern
comme prince régnant de Roumanie. Son nom s'inspire des monnaies bul-
gares (lev, leva) et albanaises (lek, leka), qui ont la même signification.
Pourtant, après l'union en 1859, achevée en 1862, des principautés de Valachie et
Moldavie, ébauche de la Roumanie moderne, le prince Alexandru Ioan Cuza, à la tête
du jeune Etat, avait préparé l'émission de sa première monnaie nationale, le "român"
("roumain" pour la Roumanie, comme "franc" pour la France, la Belgique et la
Suisse), divisée en 100 "sutimi" (centimes). Mais le prince ayant été déposé, celle-ci
ne verra pas le jour. Le "ban", centime, est introduit aux côtés du leu et, tiré à 500
exemplaires en bronze, sera offert par le nouveau roi à ses invités de la très haute
société lors d'un banquet anniversaire du lancement de la monnaie.
Euro avant l'heure
La Roumanie est alors membre de l'Union Monétaire latine, dont les pièces et
billets ont les mêmes valeurs nominales, tailles, titres et cours qu'en France, Italie,
Belgique, Suisse, etc… Un Euro avant l'heure. Le pays ayant très peu de métaux pré-
cieux, le pouvoir d'achat du leu est légèrement supérieur au franc et autres devises
sœurs. Une pièce de 100 lei est échangée contre 102 lei en billets. Même si la frappe
est continue, le millésime gravé ne change pas chaque année.
Pendant plusieurs décennies, des pièces en or frappées par d'autres pays circule-
ront encore en Roumanie, et seront acceptées comme moyen de paiement. C'est le cas
des "Louis d'or" de 20 F à l'effigie de Napoléon III. D'ailleurs les Roumains appelle-
ront longtemps "Napoléon" les pièces de 20 lei en or , à l'effigie de Carol 1er. Les
armes royales gravées sur les pièces, évoluent de 1867 à 1947. Très chargées d'orne-
ments sous Carol 1er, elles sont simplifiées sous chaque règne, jusqu'à être réduites à
l'écu.
Chaque nouvelle frappe importante marque une évolution de l'histoire du pays :
la libération du joug de l'Empire ottoman à la suite de la guerre de 1877-1878, la pro-
clamation du Royaume le 10 mai 1881, le rattachement de la Transylvanie, de la
Bucovine, de la Bessarabie et du Banat en 1918.
Changements de régime… changement de pièces
Appauvrie par la Première Guerre mondiale, la Roumanie manque de métal. Les
pièces sont remplacées par des billets de 25, 50 bani, un leu. Sous la "dictature roya-
le" de Carol II, entre 1938 et 1940, la devise latine "Nihil sine Deo" ("Rien sans Dieu")
est remplacée par "Munca, credinta, rege, natiune" ("Travail, foi, roi, nation"), antici-
pant de deux ans le "Travail, famille patrie" de la France vichyste. Après son abdica-
tion forcée, en septembre 1940, les gros billets de 5000 lei sont surchargés de l'effigie
de son fils, Mihai (Michel). Les pièces en laiton, démonétisées, sont frappées d'une
grille avant d'être fondues.
Associés brièvement au pouvoir du maréchal Antonescu, les fascistes de la Garde
de fer font changer la devise en "Totul pentru Tara" ("Tout pour le pays"), qui rede-
viendra "Nihil sine Deo" dès 1942.
Entre-temps, les Soviétiques, profitant de l'effondrement de la France en juin
1940, ont envahi la Bessarabie et la Bucovine, soit plus de la moitié de la Moldavie,
avec l'assentiment de Hitler. Pour récupérer ses territoires, la Roumanie entre en guer-
re contre l'URSS aux côtés des Allemands, en 1941. Une pièce en argent de 500 lei est
frappée avec comme devise, autour du portrait de Stefan cel Mare (Etienne le Grand),
"Moldova lui Stefan în veci a României" (“La Moldavie de Etienne pour toujours à la
Roumanie"), et sur la tranche "par la persévérance à la victoire".
Histoire De Carol 1er à Ceausescu, la monnaieroumaine est un livre d'histoire
Depuis la chute de Ceausescu, laRoumanie a connu une inflation galo-pante, accompagnée d'un effondre-ment de sa monnaie. Année parannée, depuis 1989, l'évolution de lasituation est saisissante :
1989 : Inflation 1,1 %. Cours del'euro : 14,92 lei (estimation sur labase de 1 � pour 1 $, car la monnaieeuropéenne n'existe pas encore),cours du franc : 2,27 lei.1990: 37,7 %. � : 22 lei, F : 3,4 lei.1991: 222,8. �: 76 lei, F: 11,6 lei.1992: 199,2 %. �: 308 lei, F: 47 lei.1993: 295,5 %. �: 760 lei, F: 116 lei.1994: 61,7 %. �: 1655 lei, F: 252 lei.1995: 27,8 %. �: 2033 lei, F: 310 lei.1996: 56,9 %. �: 3083 lei, F: 470 lei.1997: 151 %. �: 7168 lei, F:1093 lei.1998: 40,6 %. �: 8875 lei, F: 1353 lei1999: 55 %. �: 15 333 lei, F: 2337 lei2000: 41 %. �: 21 693 lei, F: 3307 lei2001 (estimation gouvernementale):29,8 %. �, 28 500 lei, F: 4331 lei.
Les prix grimpent en flèche… le coursdu leu s'effondre
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2211
Actualité
Ala veille du "Big bang", le président de
l'Association Roumaine des Banques, Radu
Gratian Ghetea, estimait que le système bancaire
roumain était prêt pour le passage à l'euro au premier janvier.
Toutes les banques avaient reconfiguré leurs systèmes infor-
matiques pour réaliser les opérations interbancaires ou de leurs
clients, au niveau des comptes ou en liquide. L'équipement
nécessaire à l'identification des faux billets avait été mis en
place. Les efforts de la profession avaient porté sur trois
domaines : les changements internes, les relations avec la
clientèle, la coopération avec les banques de l'UE. Les orga-
nismes bancaires craignaient surtout une estimation incorrecte
du volume de transactions dans cette monnaie.
Les comptes en devises nationales des pays de la zone
Euro devaient être automatiquement convertis en euros au pre-
mier janvier, sans frais, les opérations de change ultérieures
donnant lieu à des commissions. Toutefois, les agences spé-
cialisées dans le change ne devaient être approvisionnées en
euros qu'après le retrait de la circulation des monnaies natio-
nales, le 28 février.
Avec le passage à l'euro, la Roumanie compte sur une sim-
plification de ses relations économiques et une réduction des
coûts du processus d'intégration européenne. Elle attend éga-
lement une augmentation de ses échanges commerciaux et des
investissements en provenance de l'UE.
Le rôle du dollar encore prééminent
Mais, pour l'instant, les réserves en devises du pays sont
encore majoritairement constituées par le dollar, et la dette
publique extérieure libellée principalement en cette monnaie.
La tendance est toutefois au rééquilibrage avec l'euro (40 % de
la dette), dont la part croit maintenant plus rapidement que
celle du dollar.
Le gouvernement a d'ailleurs décidé que la monnaie euro-
péenne deviendrait la monnaie de référence du pays, au plus
tard à la fin 2004. La Roumanie n'a, de toutes façons, pas
d'autres choix. Candidate à l'UE, elle effectue près de 70 % de
ses échanges commerciaux avec celle-ci, proportion qui passe
à 75 %, en incluant les pays voisins de sa zone de libre échan-
ge, le CEFTA, dont plusieurs ont déjà opté pour l'euro comme
monnaie de réserve.
A la veille du "Big Bang" , la Roumanie s'estimait prête au p assage à la monnaie unique
Finances
Un leu malmené par les épreuves
Faut-il enlever trois ou quatrezéros aux lei, pour leur permettre dese réapprécier ? Alors que le sujetdevient de plus en plus d'actualité, ladeuxième solution semblant tenir lacorde, le président de la BanqueNationale Roumaine plaide pour quecette solution n'intervienne quelorsque l'inflation se sera calmée,sans-doute pas avant 2003. Avectrois zéros en moins, le "leu lourd"vaudrait aujourd'hui 0,04 � (0,25 F) etavec quatre, 0,38 � (2,5 F).
La Roumanie est l'un des pays d'Europe Centrale et
de l'Est ayant le plus bas degré de fiscalité, ses pré-
lèvement représentant 33 % du PIB - une baisse de
1 % est prévue en 2002 -, les pays les plus avancés dans le pro-
cessus de privatisation tournant plutôt autour de 40 %. Au
niveau des impôts sur les bénéfices, seules la Hongrie (18 %)
et la Slovénie (20 %) font mieux qu'elle (25 %). Ses taux de
l'impôt sur le revenu varient entre 18 %, taux minimal, et 40
%, taux maximal, ce qui la place dans la moyenne.
Les revenus procurés par les intérêts des placements sont
taxés à hauteur de 1 %, mais ils sont exonérés en Pologne,
Hongrie et Slovénie. Cependant avec 5 % d'imposition pour
les revenus des dividendes des actions, la Roumanie se situe
très en deçà de ses voisins qui affichent une moyenne de 20-
25 %. Si, sur le plan de la fiscalité, la Roumanie paraît bien
placée, il n'en est pas de même pour celui des cotisations
sociales, où elle figure dans le peloton de tête des taux les plus
élevés de la région.
La Banque agricole Roumaine a
terminé son processus de pri-
vatisation, entamé en 1998, et
qui a coûté 170 M� (1,1 milliards de F) à
l'Etat, celui-ci ayant calculé que sa ferme-
ture aurait entraîné des pertes de 280 M�
(1,85 milliards de F).
La banque avait été amenée au bord
de la faillite quand, dans les années 1992-
1994, les autorités l'avaient incitée à
financer l'agriculture du pays, en accor-
dant des crédits préférentiels ou en ver-
sant des subventions. Avant sa privatisa-
tion, elle avait réussi à ramener ses coûts
de fonctionnement de 6,6 M� (43,2 MF)
par mois à 3,3 M� (21,6 MF).
Objectif : 15 % du marché
Ses principaux actionnaires, qui sont
Raiffeisen Zentralbank Osterreich, une
banque autrichienne, ainsi que le Fonds
Roumano-Américain d'Investissements
FRAI, ont injecté 40 M� (260 MF).
Raiffeisen-Banque agricole envisage
d'investir 22 M� (145 MF) cette année
pour développer son réseau informatique
et de cartes bancaires, moderniser et stan-
dardiser les produits et services qu'elle
propose dans ses 225 agences, assurer la
formation du personnel.
La banque, dont le portefeuille est
évalué à 260 M� (1,7 milliards de F),
entend se repositionner et occuper 15 %
des parts du marché bancaire roumain
dans les cinq années à venir.
Une fiscalité p armi les plus basses de l'Europe Centrale et Orient ale
Privatisée, la Banque agricole p asse sous contrôle autrichien
Trois ou quatre zéros à couper ?
L'euro sera la monnaie de référence à la fin 2004
Le gouvernement a relevé de 8 %, le premier janvier,
le niveau des taxes sur les cigarettes (déjà + 2 % au
premier décembre) et alcools, ainsi que sur les car-
burants. Les vins ont été épargnés et les taxes sur la bière
réduites de 20 %… cette boisson étant moins nocive, ce qui
occasionne moins de dépenses de santé à l'Etat.
Cigarettes, alcools et essence : + 8 % de taxes
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BUCAREST
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lPITESTI
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
2231
Connaissance et découverte
Ces pièces ont été massivement thésaurisées, puis inter-
dites d'exposition et de circulation par les communistes.
Réapparues discrètement vers 1970, quand Ceausescu affiche
une certaine indépendance à l'égard de Moscou, elles sont
alors cotées cher dans les catalogues car on pense qu'il en reste
peu. En fait, ces pièces ressortent au grand jour et en nombre
après la chute du dictateur.
Billets à l'entête de l'Armée Rouge
En 1944, l'armée soviétique s’installe
en Roumanie. Elle imprime des billets
semblables aux billets roumains, mais
avec l'entête "Commandement de l'Armée
Rouge" au lieu de "Banque Nationale de
Roumanie", qui ont plein pouvoir circula-
toire et servent, notamment, à payer ses
soldats. La BNR les échange et les rend
aux Soviétiques sans compensation, ce
qui contribue largement à la terrible infla-
tion de 1945-1947. La pièce en argent de
100 000 lei de 1946 a exactement la
même taille et valeur que la pièce de 500
lei de 1941.
Pour enrayer le mouvement, le premier gouvernement
d'après guerre vend des pièces du trésor en or rouge de 14
carats, appelées en langage courant "cocosei" (petits coqs).
Deux ans plus tard, les autorités communistes exigent que ces
pièces leur soit rendues au prix qu'elles imposent, bien infé-
rieur à leur valeur réelle.
La stabilisation monétaire
de 1947 ruine la population
De nombreux Roumains ont passé des années en prison à
la suite d'une simple dénonciation, même si les pièces
n'avaient pas été retrouvées, car beaucoup avaient du les
vendre par manque d'argent. Pendant le régime communiste, il
était interdit de détenir, vendre ou acheter tout objet en or, y
compris les pièces, sauf des bijoux.
La "stabilisation" monétaire décrétée en septembre 1947
fixe le cours du nouveau leu à 20 000 lei anciens… mais les
billets sont échangés à un leu pour 200 000 lei, soit le dixième
de leur valeur. La population perd toutes ses économies. Signe
annonciateur, l'effigie du roi Michel, qui allait être déposé le
30 décembre suivant, est remplacée par des épis de maïs et de
blé, symboles courants sous le communisme. Pièces et billets
sont désormais frappés aux armes et symboles de la
"République Populaire Roumaine", portant faucille et mar-
teau, étoile à cinq rayons, prolétaire et
paysanne, tracteur.
Une seconde réforme monétaire est
décidée en février 1952. Un nouveau leu
vaut 20 lei… mais n'est échangé que
contre 200 lei. L'influence russe se
marque par l'apparition de pièces de 3 et
15 bani et lei, divisions jamais usitées
jusque là. Pour faire plaisir aux
Soviétiques, les dirigeants communistes
roumains iront jusqu'à déclarer que leur
langue est d'origine slave, transformant le
nom du pays, România en Romînia jus-
qu'en 1965, après l'introduction d'une
nouvelle orthographe, simplifiée, en 1952.
Monnaie en or distribuée à la nomenklatura
En 1966, le pays change de nom, devenant République
Socialiste de Roumanie et la monnaie suit le mouvement. Des
pièces nickelées sont remplacées par des pièces en aluminium,
ce qui exprime une inflation non avouée. Quelques années
plus tard, en 1982-1983, des pièces en argent de 50 et 100 lei,
en or de 500 et 1000 lei, sont frappées en très petit nombre.
Elles portent l'inscription "2000 ans du premier état dace cen-
tralisé". Distribuées aux membres les plus importants de la
nomenklatura, vendues aux collectionneurs étrangers, elles ne
circuleront jamais, les Roumains ignorant même leur existen-
ce. Pour ses 70 ans, en 1988, Ceausescu se fera frappé une
médaille en or de 80 mm de diamètre pesant 400 grammes,
dont il existe sans-doute un seul exemplaire.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2210
Actualité
Jusqu'en 2010, l'industrie pétrolière roumaine prévoit de traiter de 14 à 18 mil-
lions de tonnes de pétrole brut par an, volume qui dépend de l'évolution de la
conjoncture internationale, de celle de son marché intérieur et de l'améliora-
tion de sa compétitivité. Le pays compte dix raffineries, d'une capacité totale de 34
millions de tonnes/an, mais effective de 22 millions.
D'ici 2005, le secteur va devoir investir 950 M� (6,25 milliards de F), sur ses
fonds propres ou par emprunt, pour atteindre cet objectif. 620 M� (4 milliards de F)
seront consacrés à la modernisation et à l'amélioration de la sécurité, 180 M� (1,2 mil-
liards de F) pour se mettre aux normes de l'UE, et 140 M� (un milliard de F) pour
réduire la pollution et réhabiliter l'environnement. L'augmentation de la production
devrait permettre à l'industrie des matières plastiques de se développer et de réduire
ses importations qui se chiffrent à 350 M� (2,3 milliards de F) par an.
La navigation sur le Danube rouverte cette année
Interrompue depuis le bombarde-ment des ponts sur le Danube parl'OTAN, au printemps 1999, lors duconflit du Kosovo, la navigation sur lefleuve devrait enfin être totalementrouverte au cours de 2002, avec plusd'un an de retard sur les prévisions.Un canal d'une largeur de centmètres et d'une profondeur de quatremètres a déjà été dégagé. Les tra-vaux de renflouement et de déblaie-ment avaient été bloqués par le régi-me de Slobodan Milosevic, unemesure de rétorsion à l'égard del'hostilité manifestée à son égard parl'ensemble des autres pays riverainsdu Danube (Roumanie, Ukraine,République de Moldavie, Bulgarie,Hongrie, Slovaquie, Autriche,Allemagne). Les pays situés en aval(Roumanie, Bulgarie, Ukraine) sont leplus affectés par l'arrêt de la naviga-tion, leurs pertes étant estimées à 1M� (6,5 MF) par jour.
Le trafic routier a augmenté de 47% au cours de la dernière décennieet croit désormais au rythme de 7 %l'an. Les routes nationales ou euro-péennes absorbent 65 % du traficintérieur et 90 % de l'international. En1994, lors du lancement du program-me de réhabilitation, 70 % du réseauroutier roumain était considérécomme ayant une durée de vie expi-rée. La Roumanie compte 73 000 kmde routes, dont 16 000 km sont desroutes nationales, 36 000 km desroutes départementales et 21 000des routes communales.
Equipement
Présent depuis seulement trois ans en Roumanie, le raffineur autrichien OMV y a
ouvert sa 30ème station-service, qui est aussi la 6ème à Bucarest. La compagnie a
investi jusqu'ici 55 M� (360 MF), un montant qui triplera dans les cinq années à venir,
OMV prévoyant d'installer plus d'une centaine de stations à travers le pays, et d'en
devenir le 3ème distributeur avec 15% des parts de marché.
En 2002, la production d'énergie électrique de la Roumanie devrait dépasser les
47 000 Méga Watts heure, les centrales thermiques, dépendant de Termoelectrica four-
nissant 28 000 MWh (60 %), les barrages hydroélectriques (Hydroelectrica), 14 000
MWh (30 %), et l'énergie nucléaire (Nuclearelectrica), 4600 MWh (9,5 %), le reste
étant assuré par des producteurs indépendants. Le coût de l'énergie d'origine hydrau-
lique est de 9 � (60 F) par MWh, ce chiffre montant à 29 � (190 F) pour le nucléaire
et à 42 � (275 F) pour le thermique. A noter que le coût de l'énergie nucléaire est grevé
à 50 % par les emprunts contractés à l'étranger pour la construction de la première
tranche de la centrale de Cernavoda.
Les premières pièces circulant en Roumanie remontent aux Grecs. Ceux-ci, installés dans des
colonies sur la côte de la mer Noire frappent des monnaies en argent et en bronze utilisées
par les Daces, qui les copient parfois, appelées Kosoni, mais sans monnayage systématique,
car il s'agit de tribus qui s'unissent uniquement en cas de danger. Les rapports avec les Grecs sont bons
car s'ils tiennent les ports et le commerce, ils ne tentent jamais de s'étendre à l'intérieur des terres.
Au gré des occupations, la monnaie roumaine sera latine, byzantine, hongroise, autrichienne, russe.
En 1772, de la fonte des canons turcs capturés par son armée, la tsarine Catherine II frappe pour les
Principautés roumaines, sur lesquelles elle compte bien mettre la main, le Sadagoura, avec des pièces
de un et deux paras, équivalentes à 3 kopecks. Sous l'empire ottoman, de nombreuses pièces étrangères,
en or et en argent circulent. Les pièces turques sont difficilement acceptées car elles ont un titrage en
argent faible et différent. Même sous la domination de leurs puissants voisins, les Principautés de
Moldavie et de Valachie, tout comme la Transylvanie, effectuent de temps en temps de modestes tirages
de pièces de cuivre et d'argent, car elles n'ont pas d'or, ne sont ni étendues ni très riches.
Des pièces sous influence
Des Grecs à la fonte des canons ottomans
Construite par deux architectes français,Cassien Bernard et Albert Galleron,
la Banque Nationale de Roumanie veilledepuis 1867 sur le leu, date de sa création.
Les Daces utilisaient unemonnaie appelée kosoni.
Stations-services : OMV vise la troisième place
Energie électrique : près des 50 000 MWh
Sur les 11 000 km de conduites de gaz que compte le réseau roumain, 4000 km
ayant plus de 30 ans, sont à réhabiliter ou à remplacer. Les travaux ont commencé en
2001 et vont durer jusqu'en 2010, pour un coût de 170 M� (1,2 milliards de F), dont
35 M� (230 MF) doivent être financés directement par la Société nationale de trans-
port du gaz naturel, Transgaz, basée à Medias, et le reste par des emprunts à l'étran-
ger. Transgaz perçoit 7,6 � (50 F) par millier de m3 transportés ainsi que pour le gaz
russe qui transite par la Roumanie.
4000 km de conduites de gaz à réhabiliter
Trafic routier : + 7 % par an
a besoin d’un milliard d’euros
Le secteur pétrolier
Au cours de neuf premiers mois de 2001, le port de Constantsa avait enregistré un
trafic de 18,5 millions de tonnes, ce qui le situait, d'après la Lloyd's, au sixième rang
en Europe, derrière Rotterdam, Amsterdam, Anvers, Dunkerque et Hambourg, et au
premier en mer Noire. Sur l'année, Constantsa espérait atteindre les 25 millions de
tonnes et réaliser un chiffre d'affaires supérieur de 30 % à 2000. Le port reçoit ou
expédie, principalement, du charbon, des minerais, des céréales et matériaux de
construction. Il a installé des agences à Vienne et Budapest pour développer son rayon
d'action vers l'Europe Centrale.
Const antsa premier port de la Mer Noire
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A savoir
CERNAVODA
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
2232
Connaissance et découverte
Un Roumain a fait entrer dans la légende le plus prestigieux hôtel de la Côte
d'Azur, donnant son nom au palace qu'il avait créé, le Negresco, sur la
promenade des Anglais à Nice, devenu le rendez-vous des têtes couron-
nées, des hommes politiques, des célébrités artistiques, mondaines et littéraires du
monde entier. La reine Elizabeth d'Angleterre, l'empereur du Japon, Hiro-Hito,
Winston Churchill, le président Truman, Rudolph Valentino, Picasso, Salvador Dali,
Orson Welles, Charlie Chaplin, Louis Armstrong, Frank Sinatra ont séjourné dans
l'établissement, dont le livre d'or, dans lequel sont couchées les plus célèbres signa-
tures du XXème siècle, a l'épaisseur de plusieurs diction-
naires.
Henri Negrescu, devenu plus tard Negresco, était le
fils d'un aubergiste. Né à Bucarest en 1868, il quitta son
pays dès l'âge de quinze ans, pour venir travailler comme
serveur puis maître d'hôtel, d'abord à Paris, ensuite à
Monaco, enfin à Nice, au Casino municipal où il assumait
les fonctions de directeur du restaurant. Très vite, il devint
célèbre, son sens de l'accueil, de la courtoisie, son savoir-
faire, son "entregent" faisant merveille. Les souverains,
les princes, les "rois" de la finance et des affaires améri-
cains, tels les Rockefeller, les Vanderbildt, les Singer, ne
juraient que par lui et sa table, avant de regagner leurs
hôtels particuliers.
Sept souverains à l'inauguration
S'il souhaitait continuer à offrir à toutes ces célébrités
le meilleur de sa cuisine, l'ambitieux jeune homme rêvait
de construire un jour un palace auquel il donnerait son
nom, digne de ses clients, afin de pouvoir les accueillir chez lui, les loger pour leurs
séjours, et mettre à leur disposition le summum du luxe et du raffinement. Il les ima-
ginait entrant dans un lieu magique, prenant une tasse de thé, fumant un cigare sous
une coupole en vitraux, foulant un tapis unique au monde…
Le rêve se mit en place. Henri Negresco décida le constructeur d'automobiles
Darracq à financer son projet, lequel, en préalable, lui demanda d'effectuer un tour du
monde des palaces pour les étudier. Un Hollandais, Edouard Niermans, l'un des archi-
tectes les plus connus de la "Belle époque", fut choisi pour les plans. La réalisation de
la coupole fut confiée à Gustave Eiffel, tout auréolé du prodigieux succès de sa tour.
L'inauguration de l'hôtel, en 1913, en présence de sept souverains, fut un triomphe. On
accourut de toutes parts pour assister à l'événement mondain de l'année.
Ruiné par la guerre
Le succès fut foudroyant avec, pour la première année, un bénéfice de 800 000
francs or, une véritable fortune à l'époque, et plus du double du prix du tapis qui orne
le salon royal. En moins d'un an, le Negresco était entré dans la cour des Grands et
rivalisait avec les établissements les plus luxueux et les plus anciens de la planète. La
Riviera avait son diamant brillant des milles feux de ses hôtes.
Mais en 1914, la guerre éclata. L'hôtel fut transformé en hôpital. La disparition de
sa superbe clientèle fut fatale à Henri Negresco. Ruiné, brisé, l'entreprenant et pas-
sionné Roumain mourut à Paris en 1920, à l'âge de 52 ans, loin de sa terre natale.
L'hôtel Negresco connut un deuxième âge d'or à partir des années 1925, mais ne
se releva pas après la Seconde guerre mondiale. Après avoir appartenu à une société
belge, il fut racheté en 1957 par Jeanne et Paul Augier qui lui ont redonné son lustre
et sa réputation internationale, en faisant un hôtel-musée au patrimoine artistique
Negresco : un diamant
roumain sur la Riviera
Célébrités
Le changement de régime endécembre 1989 a entraîné la fabrica-tion de nouvelles pièces et billets por-tant le seul nom de România. Lesanciennes espèces ont circulé encorependant un an, la valeur de la mon-naie étant artificiellement maintenueau cours de cette période. Début1991, le plus gros billet valait encore100 lei. Mais, deux ans plus tard, leleu ne représentait plus que 1 % desa valeur, et un millième en 1996. Leban a disparu, vouant aux oubliettesl'expression "Je n'ai plus un ban enpoche". Mais le leu ne vaut guèremieux. En 1993, sa fabrication coûtait7 lei et était abandonnée.
Sur les nouveaux billets, les sym-boles de l'ancien régime ont été rem-placés par les portraits des grandsécrivains, artistes, qui n'ont pas colla-boré avec les communistes. Lesarmes du pays, datant d'avant 1948,ont été réintroduites, provoquant denombreux débats. Le vautour, sans lacouronne royale, y figure, serrantpourtant entre ses griffes l'épée et lesceptre, qui symbolisent dans toutesles monarchies les pouvoirs du roi : lajustice et l'armée. Le vautour tient tou-jours une croix dans son bec, bienque l'état soit déclaré laïc.
La Banque Nationale fait imprimerdes billets de valeur de plus en plusélevée : 10 000 lei en 1994, 50 000lei en 1996, 100 000 lei en 1998 et500 000 lei (20 �, 130 F) aujourd'hui.Même si on trouve encore en circula-tion des pièces de 1 leu (0,00004 �,0,00026 F), aucune opération ne s'ef-fectue plus en dessous de 100 lei,soit 0,004 � ou 2,6 centimes.
Le ban a disp aru, le leu ne vaut guère mieux.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
229
Actualité
Alors que l'économie roumaine s'acheminait vers un
taux de croissance de l'ordre de 4,8 % pour 2001,
le gouvernement, rejoint par les prévisionnistes du
FMI (Fonds Monétaire International), misait sur 5 % en 2002
et 5,2 % en 2003. Des prévisions revues à la baisse par le jour-
nal britannique "The Economist" qui ramène à 4,5 % ce
chiffre en 2001, et à 3,5 % et 4,2 % pour les années suivantes,
à la suite du ralentissement de l'économie mondiale. Dans ses
autres estimations, le journal évalue le produit intérieur brut
(PIB) par habitant à 1900 � (12 500 F) en 2001, 2100 � (13 800
F) en 2002, 2300 � (15 000 F) en 2003. Le déficit du budget
consolidé devrait être ramené de 3,6 % du PIB en 2001, à 3,3
% et 3 %, prévisions assez proches de celles du gouvernement.
De 30 % à la fin de l'année passée, le taux de l'inflation
continuerait sur sa pente descendante : 23 % en 2002, 15 % en
2003, le gouvernement espérant passer à une inflation à un
chiffre en 2004. Un ralentissement du rythme de progression
des investissements étrangers est attendu ainsi que des expor-
tations roumaines.
Celles-ci passeraient tout de même de 13 milliards d'� (85
milliards de F) en 2001, à 14,5 milliards (95 milliards de F),
puis à 16,5 milliards (108 milliards de F). Pour la même pério-
de, les importations seraient respectivement de 16,5 milliards
d'� (108 milliards de F), 18,3 milliards (120 milliards de F) et
20 milliards (132 milliards de F), le taux de couverture aug-
mentant de 77 % à 82 %.
Menaces de mécontentement social
Toujours selon le journal britannique, la situation de la
dette extérieure roumaine s'est sensiblement améliorée en
2001, avec l'augmentation du niveau des réserves de la Banque
Nationale à 5 milliards d'� (33 milliards de F), tandis que les
réserves en devises étrangères de toutes les banques roumaines
s'élevaient à 7 milliards d'� (46 milliards de F). En conséquen-
ce, le pays pouvait régler sans problème les 3,6 milliards d'�
(24 milliards de F) de dettes extérieures venant à échéance en
2001, ce montant baissant à 2,7 milliards (18 milliards de F) et
2,5 milliards (16,5 milliards de F) par la suite.
"The Economist" souligne les menaces de mécontente-
ment de la population que la politique d'austérité du gouverne-
ment et la baisse de la croissance mondiale peuvent provoquer,
ainsi que les incertitudes qui planent sur les possibilités de la
Roumanie d'obtenir des financements extérieurs. Mais le jour-
nal estime que l'actuel gouvernement mène une politique plus
cohérente et plus efficace que ses prédécesseurs, et a la capa-
cité à résister aux pressions sociales ainsi qu'à tenir ses enga-
gements envers le FMI et la Banque Mondiale.
Les prévisions à la fois prudentes et optimistes de " The Economist "Economie
Différents observatoires éco-
nomiques analysent les évo-
lutions de chaque pays et les
risques qu'ils présentent pour les investis-
seurs. Ces dernières semaines, plusieurs
d'entre-eux ont relevé légèrement la
faible note qu'ils accordaient jusque là à
la Roumanie, notamment à la suite de
l'accord qu'elle a passé avec le FMI. Ainsi
World Markets Resarch Center (WMRC)
lui a accordé 2,92, la plaçant dans la caté-
gorie des pays notés entre 2,5 et 2,99,
considérés à risque général moyen, au
lieu de 3 à 3,49. La Roumanie rejoint
ainsi l'ensemble des pays candidats à l'en-
trée dans l'UE, la Pologne et la Hongrie
figurant dans la catégorie allant de 2 à
2,49, à risque modéré. Les notes s'éche-
lonnent entre 1, risque minimum, et 5,
risque maximum, et sont basées sur six
critères : politique, économique, législa-
tif, fiscal, opérationnel et sécurité.
La stabilité politique, la croissance
économique, l'augmentation des réserves
de devises, la poursuite des réformes
expliquent le bon point attribué à la
Roumanie.
WMRC fait toutefois part de ses
craintes quand aux grands équilibres
macro-économiques, la politique fiscale,
les difficultés pour respecter les critères
d'adhésion à l'UE, la lutte contre la cor-
ruption, estimées essentielle, les entraves
administratives et réglementaires à la
libre entreprise, les conséquences du
ralentissement économique mondial.
La Roumanie mieux notéeUn nom roumain brille
sur la Riviera depuis 1913.
Croissance soutenue mais plus modérée
pour les deux ans à venir
Depuis le premier janvier, les produits industriels en
provenance de l'UE n'ont plus à supporter de taxes
douanières. Il s'agit là de la fin d'un processus par
étapes, commencé en 1993 et qui a conduit l'UE à supprimer
ses propres taxes pour l'entrée des importations en provenance
de Roumanie, dès janvier 1997.
Lors des premières négociations, Bruxelles avait accordé
à Bucarest un délai de pratiquement dix ans pour pouvoir se
préparer à la concurrence. Des mesures de sauvegarde sont
toutefois prévues par le gouvernement roumain, en cas d'une
augmentation considérable des importations, de produits sub-
ventionnés ou de dumping.
Cet accord ne s'applique pas aux échanges agricoles,
taxés, en moyenne, à 9,4 % dans l'UE, et à 32,8 % en
Roumanie, un niveau que celle-ci a obtenu de conserver pour
protéger ce secteur.
Taxes douanières supprimées pour les import ations de produit s industriels en provenance de l'UE
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
2233
Les Roumains viennent de sortir d'une longue pério-
de de fêtes et de cérémonies qui marquent la célé-
bration de Noël et du Nouvel An et s'étendent sur
huit semaines, entre la mi-novembre et le 6 janvier. Plus enco-
re que Pâques, cette période est l'occasion de retrouver ses
parents, ses amis, ses voisins, d'exprimer son appartenance à
une communauté.
Dès le 15 novembre, pour purifier leur âme, les fidèles
orthodoxes commencent un jeûne de quarante jours qui s'achè-
ve le 24 décembre. L'église recommande de n'absorber aucune
nourriture d'origine animale, pas de viande, ni de poisson,
d'œufs, de produits laitiers, pendant
cette période. Mais cette règle n'est
souvent observée que le mercredi et
le vendredi… ou pas du tout.
Le 30 novembre, des manifesta-
tions religieuses célèbrent la Saint
André, un des douze apôtres, évangé-
lisateur de la Roumanie qui a fait de
l'église orthodoxe roumaine une égli-
se apostolique, et est considéré
comme son fondateur. Les dignitaires
orthodoxes aimeraient que cette date
soit aussi l'occasion de célébrer la fête
nationale qui est fixée au lendemain,
le 1er décembre, anniversaire du rat-
tachement de la Transylvanie à la
Roumanie, proclamé à Alba Iulia en 1918. Certains pensent que
cette proposition, qui a peu de chances d'aboutir, vise surtout à
faire oublier le rôle modeste joué par l'église orthodoxe dans
cet événement historique auquel les gréco-catholiques ont, par
contre, pris une part active.
Le 24 décembre, les “colinde”,
chants de Noël, s'élèvent des rues
Enfants et adultes ont un avant-goût de Noël, le 6
décembre, jour de la Saint Nicolas. Les premiers reçoivent des
jouets… ou un bâton pour les battre, s'ils n'ont pas été sages.
Les seconds échangent des cadeaux. Le 20 décembre, c'est
l'"Ignat". Famille, voisins, amis, sont mobilisés pour tuer le
cochon, en prévision des fêtes à venir et de l'hiver.
A l'approche du grand jour, on révise ses "colinde", can-
tiques de Noël, que les plus jeunes apprennent au catéchisme,
quelque soit la religion. Le 24 décembre, "Ajunul Craciunului",
(la veille de Noël), des groupes d'enfants parcourent les rues, se
présentent aux portes des maisons amies, interprètent leurs
chants et reçoivent friandises, pommes, oranges, noix, ou un
peu d'argent. Les Tsiganes en font de même, souvent accompa-
gnés d'un violoniste. Le maire, le pope, les personnalités esti-
mées, sont ainsi honorés par leurs concitoyens ou fidèles qui
viennent chanter sous leurs fenêtres. Mais gare à celui qui n'est
pas apprécié… sa maison restera silencieuse, et il sera considé-
ré comme un "descolindat", a moins que l'on ne lui fredonne
des railleries.
La nuit de Noël revêt un aspect magique. Dans la neige,
après la messe, les invités se dirigent vers les maisons où ils
sont conviés à partager le repas, brandissant l'étoile annonçant
la naissance de Jésus, s'arrêtant sur le seuil pour interpréter en
chœur leurs "colinde". "Craciun" (le jour de Noël), principale-
ment consacré à la famille et à la messe du matin, revêtira la
même forme que dans l'ouest de l'Europe. Bien sûr, "Mos
Craciun" (le Père Noël) sera passé auparavant déposer ses
cadeaux. Peu de trace de crèches dans les églises, mais, parfois,
des saynètes inspirées de la Nativité
jouées par les enfants.
"Mos Gerila", "le Père Gel",
remplaçait le Père Noël
"Anul nou", le Nouvel An, se
déroule comme ailleurs dans le
monde, avec le "revelion". Le régime
communiste avait regroupé toutes les
fêtes de fin d'année, le 31 décembre,
les appelant "sarbatorile de iarna",
les fêtes d'hiver. Ce jour là, "Mos
Gerila" (“Le Père Gel") distribuait
ses cadeaux… le Père Noël ayant été
interdit de séjour. Les pionniers,
enfants regroupés dans les organisations du Parti, collectaient
de l'argent dans les classes pour que chaque élève reçoive un
présent.
Le même jour, une vieille tradition, qui persiste encore,
était reprise. Dans les villages, "Plugusor" (petite charrue), est
l'occasion pour les jeunes de passer d'une maison à l'autre, tra-
çant devant chacune un sillon symbolique pour y semer ses
vœux, les "strigaturi" (vers criés) de "sanatate" (santé),
"noroc" (chance et prospérité), "bogatie" (richesse), et souhai-
ter une bonne récolte, jetant des graines, agitant des clochettes,
faisant claquer des fouets.
"La multi ani" ("Vivez longtemps") s'exclame-t-on tout au
long du 1er janvier. Les enfants adoubent l'épaule de leurs
parents, amis ou passants, avec la "sorcova", baguette décorée
de fleurs en papier, récitant des souhaits de longévité, comptant
bien, en retour, recevoir des étrennes. Ce même jour, on fête
aussi "Sfântul Vasile" (Saint Basile), un des quatre grands théo-
logiens de l'église chrétienne orientale.
Le 6 janvier, "Boboteaza", le baptême du Christ, met un
terme à cette série de célébrations. Les fidèles vont remplir des
petites fioles d'eau bénite qui serviront à les protéger. Les
femmes ont astiqué meubles et planchers pour accueillir le
pope venu bénir leurs maisons dans les jours précédents, pas-
sant de pièces en pièces, accompagné d'enfants de chœurs,
annonçant son arrivée en s'exclamant "Vine popa con Iordanul"
("Le pope vient avec l'eau du Jourdain")
Connaissance et découverte
Banni sous le communisme, Noël a retrouvé toute sa place
Traditions
Les NOUVELLES de ROUMANIE
228
Actualité
La BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le
Développement) a décidé de concentrer son action en Roumanie sur la
restructuration des grandes entreprises, la reconstruction des infrastruc-
tures, le renforcement du secteur financier, le développement du secteur privé. Son
directeur, Jean Lemierre, est attendu à Bucarest ce mois ci, et la banque tiendra sa pro-
chaine réunion annuelle en mai, à Bucarest, pour la première fois. La BERD a enga-
gé jusqu'ici 1,8 milliards d'� (12 milliards de F) dans plus de 60 projets en Roumanie,
concernant à 70 % le secteur privé.
Par ailleurs, la BERD a accordé à Alpha Bank une ligne de crédits de 10 M� (65
MF), destinée au financement des petites et moyennes entreprises privées de moins de
cent salariés et réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 40 M� (260 MF). Ces prêts
individuels, d'une valeur maximale de 125 000 � (820 MF), remboursables à échéan-
ce de trois ans, concernent tous les secteurs d'activités, à l'exception des banques,
assurances, organisme financiers, ou de ceux figurant sur sa liste d'exclusion idéolo-
gique (jeux de hasard, armement…). Ils sont accompagnés d'une assistance technique
d'une valeur totale de 1,8 M� (12 MF), fournie par l'UE.
Coup de pouce
de la BERD aux PME
Le fabricant de réfrigérateurs
Arctic a innové en lançant une
campagne publicitaire propo-
sant aux clients de reprendre leurs vieux
appareils, qu'il marche ou non et quelque
soit la marque, pour un million de lei (4
�, 250 F), s'ils le changeaient pour un
nouveau dans ses 322 magasins conces-
sionnaires. On estime entre trois et quatre
millions le nombre de réfrigérateurs qui
ont plus de dix ans, dépensent beaucoup
d'énergie et ne respectent pas les normes
environnementales.
Créé en 1968, Arctic est le leader du
marché roumain, avec 40 % des parts,
produisant 400 000 réfrigérateurs par an,
exportant en Grande Bretagne, France,
Hollande, Allemagne, Grèce.
Le fabricant a été privatisé et est côté
en bourse, la BERD (Banque Européenne
pour la Reconstruction et le
Développement) et la Société Générale
se partageant 55 % de ses actions. Depuis
l'année dernière, Arctic produit aussi des
appareils d'air conditionné, et envisage
de fabriquer prochainement des lave-
linges et lave-vaisselle, ainsi que des cui-
sinières au gaz.
Arctic élargit sa gamme d'activités
Deux millions de cartes bancairesont été émises jusqu'ici enRoumanie, mais seulement 150 000sont des cartes de crédits, les autresétant des cartes de retrait. Ce déve-loppement rapide est principalementdû à ce mode de paiement imposépar de nombreuses entreprises àleurs employés pour percevoir leurssalaires. Il se heurte cependant à laréticence des commerçants qui rechi-gnent à utiliser ce système.
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Deux millions de cartes bancaires
Plus de trois millions de Roumains,soit un sur sept, disposaient d'un télé-phone mobile, à la fin septembre, unnombre en augmentation de 34 % parrapport à l'année précédente. Autrebonne nouvelle pour le secteur : lesventes au noir avaient diminué demoitié, représentant cependant tou-jours 25 % du marché. Avec 1,6 mil-lions d'abonnés, Connex devanceDialog, 1,4 millions d'abonnés, cesdeux firmes distançant de très loinCosmorom, qui ne compte que 200000 clients.
Un Roumain sur septdispose d'un téléphone mobile
De la mi-novembre à début janvier , huit semaines de fêtes et célébrations
Dans les villages, des groupes costumés passent de maison en maison pour interpréter
les “colinde”, chants traditionnels de Noël.
La Skoda Fabia Sedan a été
désignée voiture de l'année en
Europe Centrale et de l'Est, par
le jury professionnel d'un concours dont
la première édition était organisée à
Bucarest, à l'automne.
Les critères de sélection portaient sur
le prix, la consommation, les perfor-
mances, la qualité du service après-vente
et du réseau de distribution, et prenaient
en compte les souhaits des automobilistes
de cette région qui, dans leur grande majorité, désirent acquérir en priorité une voitu-
re bon marché et économique.
Le fabricant tchèque, qui avait l’avantage de construire ses voitures dans la région
et appartient au groupe Volskwagen, l'a emporté en finale devant les modèles de cinq
autres concurrents : la Fiat Doblo, l'Opel Corsa, la Renault Clio Symbol et la Peugeot
307. Le prix de base de la Skoda Fabia Sedan est de 11 000 � (72 000 F).
La Skoda Fabia Sedan voiture de l'année dans les ex p ays de l'Est
Fabriquée en République Tchèque, la SkodaFabia Sedan séduit aussi par son prix.
La carte Visa occupe la premièreplace, avec plus d'un million de titu-laires, croissant au rythme de 60 000par mois, ce qui place la Roumanieau quatrième rang en EuropeCentrale, derrière la Pologne (7 mil-lions de cartes), la RépubliqueTchèque (2 millions), la Hongrie (1,7millions).
Visa au premier rang
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2234
Connaissance et découverte
L'histoire des relations franco-roumaines est placé sous le signe d'un pont de
latinité qui a uni, à travers les âges, la Roumanie et la France. Dans une
conférence donnée à Paris, dont sont tirées les lignes qui suivent, Elena
Dimitriu, responsable de la bibliothèque française de Brasov, insiste sur l'amitié, la
solidarité, la fraternité, qui ont toujours caractérisé ces rapports. "Depuis toujours, au
cours des drames où furent jetés Roumains et Français, jamais, quoiqu'il soit arrivé,
ils ne se sont considérés autrement qu'avec beaucoup d'estime et de sympathie"
constatait le général De Gaulle. Cet attachement réciproque a conduit les deux pays à
se retrouver, tout naturellement, dans le domaine de la pensée, des lettres et des arts,
avec les conséquences que cela implique au plan politique.
Les premières relations entre les deux pays remontent à l'époque des "Croisés".
En 1396, les chevaliers de Jean de Nevers, fils du roi de
Bourgogne, combattirent côte à côte avec les troupes du
prince valaque Mircea cel Batrin (Mircea le Vieux).
L'origine valaque du poète Ronsard
Dans un de ses poèmes, Pierre Ronsard (1524-1585)
témoigna de son origine roumaine. Le grand poète fran-
çais descendait d'un capitaine valaque du nom de
Maracine ("Ronce" en roumain) venu lutter au service du
roi Philippe VI de Valois. Un peu plus tard, à la cour de
Henri III et de Catherine de Médicis, Petre Cercel (Pierre
"Boucle d'oreille"), futur prince de Moldavie, se faisait
remarquer par son intelligence et son charme.
A l'époque des "Lumières", et beaucoup plus intensément à l'époque romantique,
un grand nombre de Roumains firent leurs études en France. Les œuvres des clas-
siques français circulaient en version originale. On lisait Bossuet, Racine, Corneille,
La Fontaine, Boileau, Molière. Origine latine de la langue, prestige, élégance, favori-
sèrent la diffusion du français jusqu'à nos jours… d'autant plus, insistent les Roumains
aujourd'hui, que nul n'a été obligé de l'apprendre, contrairement à l'allemand en
Transylvanie ou le russe, plus récemment.
Les précepteurs français étaient nombreux dans les cours des voïvodes. La
Révolution de 1789 apporta ses idées nouvelles… mais aussi toute une cohorte de
nobles, officiers et serviteurs de l'Ancien régime, venus chercher refuge sur une terre
amicale et douce, et qui y laisseront leur empreinte de culture et de mœurs occiden-
tales. Dès 1794 (Bucarest) et 1796 (Iasi), les premiers consulats français ouvrirent
leurs portes dans les capitales des principautés danubiennes.
Première école française fondée en 1830 à Bucarest
1789, puis 1848, marquèrent d'une façon déterminante le développement de la
nation et de l'état roumain. Dès le début du XIXème siècle, les premiers étudiants rou-
mains se retrouvèrent à Paris. Ils annonçaient la génération des révolutionnaires de
1848 qui se retrouveront sur les barricades de la capitale française et conduiront à la
résurrection nationale de la Roumanie, une dizaine d'années plus tard.
A Bucarest, en 1830, J. Auguste Vaillant fonda la première école française pour
les fils de bourgeois, commençant ainsi à répandre l'usage de la langue d'une manière
organisée et rigoureuse. La culture et la civilisation françaises s'imposèrent auprès de
l'élite d'un pays à la recherche d'un modèle de développement. A Paris, en 1846, naquit
la première bibliothèque roumaine à l'étranger. Jules Michelet et Edgar Quinet la fré-
quentèrent assidûment. Les deux historiens seront les avocats de l'union des deux pro-
vinces, la Valachie et la Moldavie, réalisée avec l'aide de Napoléon III, en 1859.
Le français a marqué durablement la conscience roumaineFrancophonie
Les NOUVELLES de ROUMANIE
227
Actualité
Al'approche de l'échéance du 1er janvier, qui devait
voir la mise en application du statut que Budapest
a élaboré pour venir en aide aux Magyars vivant
en dehors des frontières de la Hongrie, Bucarest s'y opposant,
voyant là une violation de sa souveraineté, le ton avait sensi-
blement baissé entre les deux capitales.
Les réactions des pays voisins de la Hongrie, mais aussi la
mise en garde des instances européennes, avaient conduit les
autorités hongroises à revoir leur projet et à sérieusement
l'édulcorer, ce qui a contribué à détendre l'atmosphère.
Finalement, les deux gouvernements sont parvenus à un
accord à la veille de Noël. La Hongrie ne prendra pas de mesu-
re concernant les citoyens d’autres pays.. Aucune discrimina-
tion ne sera faite entre les Roumains. Qu’ils soient d’origine
magyare ou non, ceux-ci pourront travailler pour une période
de trois mois en Hongrie et bénéficier d’assurances médicales.
Enfin, les autorités hongroisses délivreront aux seuls
Roumains magyars des certificats d’origine.
En fin de compte, l'automne qui promettait d'être chaud
sur ce sujet s'est finalement révélé plutôt calme, les nationa-
listes et radicaux des deux bords ne réussissant pas à faire
dégénérer les contentieux existant entre les deux communau-
tés. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé.
Ruban noir pour la Fête Nationale
Dans un rapport, début novembre, le chef des services de
renseignements roumains (SRI), Radu Timofte, attirait l'atten-
tion sur les risques d'autonomisme dans les départements à
majorité hongroise de Harghita (Miercurea Ciuc) et Covasna
(Sfântu Gheorghe). Il lançait un cri d'alarme sur la dégradation
de l'autorité de l'Etat dans cette région, relayé par des politi-
ciens prêts à s'enflammer pour dénoncer les obstructions quo-
tidiennes de la part des magyars auxquelles se heurtent les
Roumains, que ce soit dans les
domaines de l'enseignement, la cul-
ture, la religion ou de la vie
publique.
L'opposition parlementaire envi-
sageait de déposer une motion de
censure menaçant la coalition gou-
vernementale qui repose sur une
alliance entre le PSD (Parti Social
Démocrate) et le parti des Hongrois
(UDMR). Mais, finalement, le prési-
dent Iliescu et son Premier ministre
désamorçaient ce brûlot, en insistant
sur l'exagération des faits présentés.
Quelques semaines plus tard, "l'incendie" risquait de
reprendre à l'occasion de la fête nationale. Des radicaux de
l'UDMR, de Miercurea Ciuc lançaient un manifeste appelant
leurs compatriote magyars à ne pas y participer et les invitaient
à porter un ruban noir ce jour là. Ils qualifiaient le 1er
décembre de jour de deuil de l'histoire de la Hongrie, rappelant
qu'à cette date, en 1918, elle a perdu la Transylvanie, rattachée
à la Roumanie. Considéré comme un affront par certains par-
tis, cet appel n'a cependant pas eu l'écho espéré par ses auteurs,
qui ont été réprimandés par leur formation, l'UDMR de Marko
Béla et le gouvernement jouant une nouvelle fois les pompiers
devant les incendiaires de tous bords.
Les radicaux des deux bords ne réussissent pas Politique
Le jour
de son
52ème
a n n i v e r s a i r e ,
Corneliu Vadim
Tudor a été, pour
la 3ème fois,
privé de son
immunité parlementaire. Le président du
PRM (Parti de la Grande Roumanie),
pourra donc être poursuivi en justice pour
divulgation de fausses informations, ris-
quant de 1 à 5 ans de prison avec sursis.
Le bouillant sénateur avait accusé le pré-
sident Iliescu, peu après les événement du
11 septembre, d'avoir permis à des élé-
ments du Hamas palestinien de s'entraî-
ner sur le territoire roumain, en 1994, fai-
sant ainsi planer une ombre sur la candi-
dature de son pays à l'OTAN.
La levée de son immunité a été votée
par 88 voix contre deux, les parlemen-
taires du PRM étant sortis au moment du
vote. Corneliu Vadim Tudor, qui est l'ob-
jet de huit autres procédures du même
type, conserve cependant son mandat et
pourra se présenter aux élections de 2004,
même s'il est condamné.
Le leader ultra-nationaliste a
d'ailleurs rassemblé ses troupes, à la mi-
novembre, à l'occasion du 3ème congrès
de son parti, pour préparer les échéances
à venir. Unique candidat à sa succession,
il s'est fait réélire pour quatre ans comme
président avec 99,4 % des voix, précisant
les grandes lignes de son programme: le
renforcement de la protection sociale, la
liquidation de la mafia, le réveil de la
conscience roumaine, le rattachement de
la République de Moldavie à "la Mère-
Patrie", l'entrée de la Roumanie dans
l'UE et l'OTAN.
Le PRM, qui détient un quart des
sièges de députés et sénateurs, reven-
dique 150 000 adhérents. Son congrès a
été boycotté par les autres formations
parlementaires ainsi que par les ambas-
sades étrangères, à l'exception de celles
d'Irak, d'Iran, de Chine, de Corée du
Nord, de Cuba… et du Canada, qui
avaient envoyé des représentants.
Privé de son immunité p arlement aire, Corneliu V adim Tudor se prép are néanmoins aux échéances électorales de 2004
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Statut des magyars, dép artement s de Harghit a et Covasna, fête nationale
Une langue d'influence
Le nom de Ronsard viendrait de “Maracine”
(“ronce” en roumain).
Bucarest miroir de Paris…
… Et Paris, p atrie pour les t alent s roumains
Si Bucarest était un miroir deParis… Paris est devenu une patriepour les talents roumains. Leur contri-bution à l'essor de la culture françaiseest reconnue : Constantin Brancusi,précurseur de la sculpture moderne,la princesse Marthe Bibesco, avecson fameux salon du faubourg Saint-Germain, Anne de Noailles, néeBrancoveanu, première femme com-mandeur de la Légion d'Honneur, lecompositeur Georges Enescu, lesactrices Maria Ventura et ElviraPopescu, les écrivains Panaït Istratiet Tristan Tzara, fondateur du mouve-ment "dada", les poètes Ion Vinea etGherasim Luca, les ingénieurs TraïanVuia et Henri Coanda, le dramaturgeEugène Ionesco, membre del'Académie Française, Mircea Eliade,grand historien des religions, le philo-sophe Emil Cioran, jugé par les cri-tiques littéraires français comme leplus grand styliste de la langue fran-çaise du XXème siècle.
Au début du XXème siècle,Bucarest était appelé "le petit Paris".L'influence française était ressentiemême dans l'architecture de la ville.Paul Morand évoque, dans un livreécrit lors de son séjour en tant quediplomate en Roumanie, en 1920, l'at-mosphère sociale et politique de lacapitale : on parlait français dans lesfamilles aristocratiques, on connais-sait l'histoire et la littérature de laFrance, on lisait les journaux français,on pouvait acheter les dernières paru-tions littéraires, même dans les librai-ries de province.
à faire dégénérer les contentieux avec la minorité hongroise
Corneliu Vadim Tudors’est fait réélire
président du PRMavec 99,4 % des voix.
Marko Béla, leader desMagyars de Roumanie,
est un modéré.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2235
Connaissance et découverte
Le premier dirigeant ("Domnitor") de cette Roumanie
avant l'heure, encore dépendante des Turcs, sera le prince
Alexandru Ion Cuza, lequel avait fait ses études à Paris dans
les années 1830, y rencontrant son futur ministre des affaires
étrangères, l'écrivain Vasile Alecsandri.
La France interviendra encore de manière décisive,
lorsque le futur royaume devra se doter d'un roi, faisant accep-
ter par les autres nations européennes le choix du prince
Charles de Hohenzollern-Sigmaringen (futur Carol 1er), en
1865, puis le soutiendra lors de l'accession à l'indépendance,
en 1877.
Langue d'émancipation en Transylvanie
après la Première Guerre mondiale
Pendant la Première Guerre mondiale, la mission militaire
française, conduite par le général Berthelot, joua un rôle essen-
tiel dans la reconstruction de l'armée roumaine. La présence de
Bucarest auprès des Alliés sera récompensée par la création de
la Grande Roumanie, avec le rattachement de la Transylvanie,
du Banat, de la Bucovine et de la Bessarabie. Clemenceau fer-
railla durement avec ses partenaires, lors de l’élaboration des
traités de paix de Saint-Germain avec l'Autriche, de Neuilly
avec la Bulgarie, du Trianon avec la Hongrie, pour leur faire
accepter que le peuple roumain réalise ses aspirations natio-
nales par cette union historique.
Dans cette Transylvanie, où la
formation avait été jusque là prin-
cipalement allemande, le français
sera implanté grâce à une mission
culturelle qui fera venir de France
de nombreux professeurs. Après la
domination austro-hongroise, le
français apparût comme une forme
d'émancipation, rappelant en outre
leur latinité aux Roumains. Les
jeunes de la région reçurent une
formation classique, solide et
durable.
Après la Grande Guerre, la Roumanie fut un des piliers de
la "Petite Entente", incluant également la Yougoslavie et la
Tchécoslovaquie, cette alliance de revers que Paris a mise au
point dès 1921, pour contenir une éventuelle menace alleman-
de mais aussi empêcher des velléités de restauration des
Habsbourg en Autriche et Hongrie. Le pacte disparaîtra de lui-
même en 1938, après la capitulation diplomatique de Munich
d'une France incapable de tenir ses engagements devant les
exigences d'Hitler.
Une forme de résistance
intellectuelle sous le communisme
Ce tournant, suivi du désastre de 1940, marque la fin d'un
certain "leadership" de la France dans la région et de son
influence. L'occupation soviétique fera le reste. Pourtant,
même à travers les décennies pendant lesquelles la Roumanie
fut soumise à un régime
totalitaire, les interfé-
rences culturelles avec
la France continueront.
La francophonie repré-
sentait une forme de
résistance intellectuelle.
Les Roumains avaient
de plus en plus de mal à
se procurer des livres
français, mais se les
passaient sous le manteau. Dans les dernières années du com-
munisme, fréquenter le Centre culturel français de Bucarest,
seul endroit où on pouvait trouver des ouvrages francophones,
était un acte de courage.
C'est un miracle si, après un demi-siècle d'enfermement,
près d'un Roumain sur quatre parle encore le français et un
enfant sur deux l'étudie. "Pour les Roumains, au cours de leur
histoire, le français a été la langue formatrice de l'intellectua-
lité et on ne saurait négliger sa contribution dans l'identité
nationale roumaine" conclut Elena Dimitriu.
La Roumanie membre de plein droit
de la francophonie depuis 1993
La Roumanie a été admise comme membre de plein droit
de la francophonie lors du sommet francophone de l'île
Maurice, en 1993. Une reconnaissance pour ce que les
Roumains ont voulu, su et pu faire pendant deux siècles pour
répandre et développer l'usage du français dans leur pays. La
Roumanie s'est aussi proposée pour accueillir un prochain
sommet et organiser une édition des jeux de la francophonie.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
226
Actualité
Les admirateurs de Gheorghe Zamfir
ont été choqués, voici un an, lors-
qu'ils ont vu le musicien s'afficher
aux côtés du chantre de l'ultra-nationalisme,
Corneliu Vadim Tudor, lui apportant son sou-
tien au cours de l'élection présidentielle où ce
dernier a terminé à la seconde place.
En Roumanie, où il était adulé par la popu-
lation, la cote du flûtiste de Pan a sombré. Les
médias n'ont pas caché leur énorme déception
devant la dérive morale d'un symbole de la nation, qui avait certes quitté son pays
depuis trois décennies mais était resté profondément Roumain, proche des gens.
"Hallucinant", "Pauvre Zamfir"… tels furent quelques un des titres ou commentaires
de la presse, après son passage dans une émission télévisée de grande audience où l'ar-
tiste laissait libre cours à ses préoccupations métaphysiques, amenant ses concitoyens
à se demander "s'il ne déraillait pas" et à se poser des questions sur "sa mégaloma-
nie". Une double page centrale qui lui était consacrée dans "Romania Mare", l'heb-
domadaire du parti de Vadim Tudor, a achevé de ternir son image.
"On me catalogue comme un anti-sémite"
Le grand interprète a payé chèrement son faux pas. Dans une interview à un quo-
tidien d'Arad, il a déploré qu'il n'existe plus qu'un seul CD de lui dans l'une des prin-
cipales stations de radio roumaine, alors qu'il en a sorti au total 138, lesquels sont dif-
fusés sur les ondes sans discontinuer à travers le monde. "C'est une catastrophe.
D'idole je suis devenu un traître à mon pays" s'exclame Zamfir qui dénonce une cam-
pagne nationale et mondiale de dénigrement à son égard dont les conséquences se font
encore plus sentir à l'étranger : "On m'a marqué au fer rouge. Je suis un homme fini".
En Allemagne, 300 spectateurs seulement se sont déplacés pour un concert pres-
tigieux qu'il devait donner dans une grande église. Des coups de téléphone avaient dis-
suadé le public de venir, avec le même message "Zamfir est un antisémite… Attention,
cela peut-être dangereux d'aller à son concert". Cette réputation l'a suivi en
Angleterre, amenant une maison de disques à renoncer à entreprendre une campagne
de promotion aux USA en 2003, projetée de longue date.
A Budapest, le concert prévu à l'occasion de la remise de son disque d'or - un mil-
lion de disques vendus - le seul qu'un Roumain ait obtenu en Hongrie, a été subite-
ment annulé. Le directeur de la salle, la plus grande la capitale, était juif.
"Pourquoi ?" se révolte Zamfir, "Je ne suis pas antisémite, ni anti-tsigane, ni anti-
ce que vous voulez. J'ai des amis juifs. J'ai habité à Paris dans la maison d'une juive
qui me l'a laissée plus tard. En Israël, j'ai donné des concerts fantastiques devant un
public qui vibrait avec moi. J'ai été me recueillir devant le Mur des Lamentations et
j'ai prié dans des synagogues, entouré de juifs".
"C'est un désastre moral, physique et financier"
Le flûtiste, qui est marié avec une Française et vit dans la région parisienne, confie
que son pas de clerc l'a conduit à une catastrophe "incommensurable". "C'est un
désastre moral, physique et financier… Je suis ruiné" avoue-t-il, désemparé, avant de
revenir sur son soutien à Corneliu Vadim Tudor. "Je m'étais rendu compte que j'étais
le seul artiste roumain exilé, renouant avec son pays en 1989, à n'avoir rien fait
depuis. Je me suis engagé pour soutenir une cause que l'on m'a présentée comme étant
la seule pouvant sauver la Roumanie et le peuple du marasme dans lequel ils se débat-
taient, et nullement pour servir de caution à Vadim Tudor". Et de s'excuser de sa naï-
veté : "Quand on me parle de sauver le pays, je suis prêt à tout".
Nastase caracole en tête
Politique
En cas d'élection présidentielleanticipée, Adrian Nastase, devance-rait largement ses concurrents, obte-nant 40 % des voix au premier tour,contre 17 % à l'ultra-nationaliste,Corneliu Vadim Tudor, 15 % à l'an-cien premier ministre TheodorStolojan, 13 % au maire de Bucarest,Traian Basescu. Au second tour, lePremier Ministre l'emporterait danstous les cas, plus facilement devantVadim Tudor (60-40) que face àBasescu (54-46).
Ils traduisent Proust en persan,
Joyce en roumain ou Kafka en
hébreu… Des traducteurs litté-
raires du monde entier se sont retrouvés à
Arles pour trois jours d'échanges avec des
auteurs, éditeurs, critiques. Lors de la
précédente édition, ils avaient pu rencon-
trer Umberto Eco (Italie), Ismaïl Kadaré
(Albanie) et Mario Vargas Llosa (Pérou).
Le Collège international des traduc-
teurs littéraires, qui accueille ces assises
organisées depuis 18 ans, est une structu-
re unique en France. Au fil des ans, il a
reçu en résidence 800 traducteurs profes-
sionnels pour des périodes de quinze
jours à trois mois. Ainsi, à l'automne, un
Roumain de 54 ans, plongé dans l'œuvre
de l'ethnologue français Claude Lévy-
Strauss, a reçu une bourse de 900 � (6000
F) que l'UE lui avait attribuée pour deux
mois, ce qui représentait pratiquement
son salaire annuel. Elle lui a permis
d'acheter la documentation qui lui faisait
défaut en Roumanie et de se consacrer
entièrement à sa tâche, faite d'un travail
minutieux et solitaire. Pour ce faire,
comme tous les résidents, le traducteur
avait accès 24 heures sur 24 à la biblio-
thèque du collège et à ses 20 000
ouvrages spécialisés.
A Arles, on peut traduire Levy-S trauss ou Proust en roumain ou persan
Anne de Noailles (à droite au premier rang), en compagnie de
Marcel Proust (en haut à gauche).
Emil Cioran est considérécomme le plus grand
styliste de la langue fran-çaise au XXème siècle.
Zamfir : la fausse note
du flûtiste de Pan
Pour la première fois, le budgetprévisionnel de l'Etat a été adoptéavant la fin de l'année en cours, ennovembre, la majorité (sociaux-démo-crates du PSD, Hongrois de l'UDMR)votant pour et l'opposition, (PartiDémocrate, Parti National Libéral,Parti de la Grande Roumanie), contre.
La durée du service militairedevrait être prochainement ramenéede un an à neuf mois, voire cinq ouquatre mois, a indiqué le ministre dela Défense, Ioan Mircea Pascu. Pourremplir les critères d'adhésion àl'OTAN, l'armée roumaine doit deve-nir plus opérationnelle, se profession-naliser et, pour cela, réduire seseffectifs. En 2003, l'Armée ne com-prendra plus qu'un tiers de conscritsparmi ses 117 000 militaires et 28000 civils, dont 15 700 officiers, 42500 sous officiers et 21 300 hommesde troupe engagés.
Première pour le budget
Prochaine réductionde la durée du service milit aire
Fourvoyé aux côtés de Corneliu VadimTudor, le célèbre musicien affirme
qu'il est ruiné et regrette sa naïveté.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Connaissance et découverte
Echanges
Nature
Les lecteurs nous écrivent
Depuis 1989, l'association Trévé-Calata (Côtes d'Armor) agit de différentes
façons en Roumanie, accueillant notamment en stage des étudiants de
l'Université Agronomique de Cluj. Une centaine d'entre-eux ont ainsi
effectué des séjours d'au moins un mois dans des fermes de la région de Loudéac, en
Bretagne. Cependant, une des autres initiatives qu'elle a menée ces dernières années
l'a profondément affectée, douchant son enthousiasme et sa motivation.
Emue par l'action très médiatisée du clown Miloud en faveur des enfants des rues
de Bucarest, l'association l'avait rencontré lui proposant de l'aider. A sa demande, elle
a ainsi entrepris de lui procurer un moyen de transport pour lui permettre de distribuer
des repas chauds dans différents quartiers de la capitale roumaine.
Un grand élan de solidarité à travers les Côtes d'Armor
"Pour cela", confie son président, Paul Hamayon, "nous avons acheté un ancien
car de ramassage scolaire, que nous avons totalement transformé. Les sièges ont été
remplacés par des tables et des bancs neufs, solidement fixés au sol, permettant d'ac-
cueillir 48 personnes. Des dames on mis des rideaux aux fenêtres. Nous l'avons équi-
pé de marmites isothermes, d'un évier, de vaisselle offerte par une paroisse, d'un grou-
pe électrogène et d'un appareil de chauffage lui permettant de fonctionner à poste
fixe".
"L'intérieur du bus a été décapé par les membres de l'association et la peinture
entièrement refaite par l'AFPA de Loudéac. Les jeunes d'une école de dessin et leurs
professeurs l'ont décoré de motifs exprimant leur désir de solidarité avec les enfants
de Bucarest".
"L'achat et la mise en état du véhicule ont coûté 80 000 F (12 000 �) et de nom-
breuses heures de bénévolat. Le financement a pu se faire grâce à un grand élan de
solidarité à travers le département. Lors du pot de l'amitié marquant la réalisation du
projet, Miloud nous a exprimé par téléphone sa satisfaction et tous les espoirs qu'il
mettait dans ce car que cinq bénévoles ont acheminé en Roumanie, en janvier 1999”.
"A l'intérieur, il ne restait plus rien… que le volant"
…Mais, malgré les assurances données, le véhicule n'a jamais été dédouané, n'a
jamais roulé et n'a sans-doute pas été utilisé, même à poste fixe. Miloud s'est avéré
impossible à joindre, aussi bien par téléphone que sur place, par rendez-vous. Un
membre d'une association amie a rapporté des photos du car : "à l'intérieur il ne res-
tait plus rien, qu'un volant tordu. Tout l'équipement avait disparu. Le moteur avait été
en partie démonté et était irrécupérable"…
Même si l'opération, financièrement, était "blanche" pour l'association, son fias-
co l'a marquée profondément, risquant de lui faire perdre toute considération auprès
de ceux qui l'avaient aidée. "N'ayant aucune information, nous ne savions que
répondre. Il en résultait pour chacun de nous un profond malaise, celui de nous être
faits avoir et d'avoir engagé beaucoup de monde sur la voie de l'échec” regrette,
amer, Paul Hamayon qui reproche à Miloud son silence : "Qu'il ait eu des difficultés
à utiliser le car comme prévu, nous aurions pu le comprendre. Nous aurions pu étu-
dier comment l'utiliser autrement. Nous avions des possibilités…” .
Aujourd'hui "Trévé-Calata" continue à vivre, traumatisée par cette expérience qui
décourage la mise en œuvre d'autres projets, et lutte contre la démobilisation de ses
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Actualité
Lancé par une campagne publicitaire, le recensement
général de la population se déroulera pendant dix
jours, du 18 mars au 27 mars prochains. Douze
mille personnes, rémunérées 100 � (650 F), ont été engagées
pour faire du porte à porte, distribuer les questionnaires à leurs
concitoyens et les aider à les remplir. Ils devront faire avec les
quelques 16 000 rues qui ne portent pas de pancartes et la moi-
tié des cinq millions de maisons dépourvues de numéro.
Le précédent recensement remonte à 1992, ses résultats
ayant été actualisés au 1er janvier 1998.A cette dernière date,
la Roumanie comptait 22 526 000 habitants, ce qui la situait au
43ème rang dans le monde et au 13ème en Europe. 12,4 mil-
lions de personnes vivaient en ville (55 %) et 10,2 millions en
milieu rural (45 %). La population comptait davantage de
femmes (51 %) que d'hommes (49 %).
Vingt quatre villes dépassaient 100 000 habitants, dans
lesquelles vivaient 7 millions de personnes, représentant 56 %
de la population urbaine. Dans l'ordre, les principales villes
étaient : Bucarest (2 032 000 habitants), Iasi (349 000),
Constantsa (344 000), Cluj (333 000), Galatsi (332 000),
Timisoara (327 000), Brasov (316 000), Craiova (314 000),
Ploiesti (253 000), Braïla (234 000).
Les premiers chiffres disponibles, datant de 1859, situent
ainsi l'évolution de la population de l'ensemble de la
Roumanie (l'unification ne remonte qu'à 1918) : 8,6 millions
(1859), 12,9 millions (1912), 14,3 millions (1930), 15,9 mil-
lions (1948), 17,5 millions (1956), 19,1 millions (1966), 21,6
millions (1977), 23,15 millions (1989), année record… et de la
chute de Ceausescu, 22,8 millions (1992). Actuellement, la
population roumaine est estimée à 22,2-22,3 millions d'habi-
tants, soit une baisse de près de un million depuis 1989, avec
une densité de 94 habitants par km2 (France, 109 hab/km2).
Une espérance de vie de 69 ans, en 1998
En 1998, le taux de natalité était de 10,5 pour mille, de
mortalité, de 13,2 pour mille, soit un taux de diminution natu-
relle (hors émigration) de la population de 2,7 pour mille, un
phénomène enregistré sans discontinuer depuis 1992. La
moyenne des mariages était de 6,5 pour mille habitants et de
divorce, de 1,54. L'espérance de vie était de 69 ans (70 dans
les villes, 68 dans les campagnes), passant de 65 ans pour les
hommes à 73 ans pour les femmes. La population considérée
active (16-59 ans) représentait 62 % de l'ensemble, les enfants
(0-14 ans) 19 %, les plus de 60 ans, 18 %.
Sur les 22,8 millions de Roumains recensés en 1992, 20,4
millions étaient considérés comme étant d'origine roumaine,
2,4 millions appartenant à des minorités. Parmi elles, 1,6 mil-
lions de Hongrois (7,1 % de la population totale), 400 000
Tsiganes (1,7 %) - ce chiffre est fortement contesté par la
communauté tsigane et nombre d'observateurs, qui le situent à
2 millions - 120 000 Allemands (0,5 %), 66 000 Ukrainiens
(0,3 %), 9000 Juifs (0,04 %). Entre 1990 et 1998, 300 000
Roumains ont émigré, dont 100 000 d'origine allemande.
Le prochain recensement devrait révéler l'ampleur de la baisse de la population
Politique
Le Premier ministre a indiqué, fin novembre, que 50 dossiers d'adoption d'enfants roumains, présentés par des familles
étrangères, essentiellement américaines, espagnoles, israéliennes et françaises, avaient été débloqués et devaient être
réglés pour Noël. Autorités américaines et Françaises ont salué ce geste qui, selon les associations accréditées pour ser-
vir d'intermédiaires dans ces adoptions, ne serait qu'un premier pas devant être suivi d'autres.
Depuis le 8 octobre dernier, les adoptions internationales sont bloquées pour un an, à la suite des critiques qu'elles avaient sus-
citées, concernant le trafic auxquelles elles donnaient lieu. Plusieurs pays ont cependant demandé au gouvernement roumain d'
"humaniser" cette décision, dans l'attente d'une nouvelle loi. D'après David Livianu, directeur de American Assistance for
Romania, près de 500 dossiers ont été gelés à différents stades de procédure, dont beaucoup étaient sur le point d'aboutir.
Adoptions internationales: cinquante dossiers débloqués
Une cantine ambulante pour les enfants
de la rue de Bucarest: l'enthousiasme
douché d'une association bretonne
Les tendres orchidées du massif du Ceahlau
Le Ceahlau, montagne imposanteavec des belles forêts, des rochersspectaculaires, des cascades et destorrents impétueux, est le gardiend'un trésor floristique et faunistiqueremarquable. Le vieux massif desCarpates de Moldavie, dans la régionde Piatra Neamt, donne abri à 37espèces d'orchidées apportant unenote de splendeur et de délicatesseau paysage. Certes, il ne faut pass'attendre à y découvrir la magnificen-ce des orchidées des forêts tropi-cales, mais ces petites fleurs frêles,suaves, apportent toute leur fraîcheurà une nature majestueuse, où l'onrecense plus d'un millier de plantesdifférentes, représentant 36 % de laflore entière de Roumanie.
Un agréable petit livre, publié aussibien en français qu'en roumain, per-met de partir à leur découverte ainsiqu'à celle des milieux naturels duCeahlau. Cet ouvrage, remarquable-ment documenté, a été réalisé parune botaniste roumaine, TataniaOnisei, avec le concours d'une entre-prise danoise de gestion des res-sources agricoles et sylvicoles et dela Société Française d'Orchidophilie.L'amoureux de la nature en fera sonbonheur lors de ses longues prome-nades dans le massif, tout en aidantà sa préservation, les bénéfices de savente lui étant consacrés.
Les orchidées du massif du Ceahlau par
Tatania Onisei. Ouvrage disponible en France,
10 �, franco de port. Société Française
d'Orchidophilie, 17 rue Martin, 76 320
Caudebec-les- Elbeuf (France).
A partir du 18 mars, les Roumains se comptent
Depuis novembre, et jusqu'en
août prochain, les Roumains
sont soumis à une campagne
publicitaire, lancée par l'autorité
Nationale pour la Protection de l'Enfant
et l'Adoption (ANPCA). Objectif :
convaincre l'opinion que la place d'un
enfant est aux côtés de ses parents et non
pas dans la rue ou dans les orphelinats,
dans lesquels se trouvent encore 85 000
d'entre eux. Chaînes de télévision, presse
écrite, radios, panneaux d'affichage, sont
porteurs du message.
Les cibles visées sont plus particuliè-
rement les femmes et les familles à
risque, mais aussi les couples de
Roumains qui désirent adopter des
enfants, et les professionnels qui peuvent
s'impliquer dans la prévention de l'aban-
don : prêtres, médecins, professeurs,
assistants sociaux.
Un site Internet, www.suflet.ro, ainsi
qu'une ligne gratuite de téléphone sont
également mis à la disposition de la
population. L'UE, par le biais du pro-
gramme PHARE, a fourni les fonds
nécessaires à cette action, soit 2,6 M� (17
MF).Par ailleurs, l'USAID, l'agence des
Etats Unis pour le Développement
International, a accordé 17 M� (111 MF)
pour le financement de programmes
locaux de protection de l'enfance qui se
dérouleront sur les cinq ans à venir et
impliqueront aussi la formation des
représentants des fondations roumaines
participant à ce projet.
Campagne pour prévenir les abandons d'enfant s
l PIATRA NEAMT
Un bon fils
A l'article de la mort, Ceausescu réunit ses trois enfants. A
Nicu, son préféré, il dit :
- Prends tout mon argent, et n'oublie pas celui que j'ai mis
à l'étranger.
A Zoë, son unique fille :
- Je te donne toutes les chaussures de ta mère, ses bijoux,
ses robes…
Valentin, l'aîné, mal-aimé, n'a droit qu'à un tableau repré-
sentant son père.
Cinq ans plus tard, le dictateur revient sur terre et
convoque une réunion de famille. Nicu et Zoë sont ruinés. Le
premier s'est noyé dans l'alcool et a brûlé sa fortune avec des
femmes de petite vertu. La seconde a tout dépensé en colifi-
chets. Valentin, lui, est resplendissant, cigare aux lèvres, l'allu-
re assurée de l'homme qui a réussi.
- Mais mon fils, comment as-tu fait pour devenir million-
naire ? Je ne t'avais pas laissé un sou, tu étais à la rue…
- J'ai installé ton portrait sur le trottoir et j'ai écrit "100 lei"
pour cracher dessus”.
Napoléon
Napoléon revient sur terre. Il découvre "Scânteia", l'orga-
ne du Parti Communiste, félicite Ceausescu et s'exclame,
admiratif : “ Si je n'avais eu que des journaux comme çà…
personne n'aurait entendu parler de Waterloo.”
De Gaulle
De Gaulle débarque à l'aéroport d'Otopeni pour une visite
officielle et salue la garde d'honneur, " Buna ziua, soldati !". Il
se penche vers Ceausescu et lui glisse :
- Que c'est difficile le roumain…
- A qui le dites vous ! lui répond le Génie des Carpates.
Terreur
Du temps de la sinistre Securitate, Ion et Maria dorment
paisiblement dans leur appartement. Tout à coup, ils sont
réveillés par des bruits de bottes dans l'escalier et de violents
coups de poings à la porte. Terrorisé, Ion va ouvrir, alors que
Maria se cache sous les draps.
Il revient et rassure sa femme : “Ce n’est rien. Ce n’est
que l'immeuble qui brûle. “
Comparaison
Un Japonais s'étonne de la brièveté de la journée de tra-
vail des Roumains et explique à son interlocuteur les raisons
des succès économiques de son pays :
- Au Japon, on travaille deux heures pour soi, deux heures
pour son patron et deux heures pour l'empereur.
Le Roumain compare :
- Ici, on travaille aussi deux heures pour soi, le patron, y
en a pas… Quand à l'empereur du Japon, on s'en fout !
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2237
Connaissance et découverte
Blagues à la roumaineHumour
Les NOUVELLES de ROUMANIE
224
Actualité
La Roumanie a commencé le rattrapage du décalage des dernières années,
mais il reste beaucoup à faire" souligne le dernier rapport annuel de la
Commission européenne, paru récemment. Bruxelles estime que la
Roumanie remplit les critères politiques d'adhésion et a enregistré des progrès signifi-
catifs dans des domaines encore soumis à critique l'an passé, notamment sur le plan de
la "gouvernance".
Toujours selon ce document, les signes d'amélioration économique nécessaires à
la création d'une économie de marché fonctionnelle sont tangibles, notamment au
niveau de la croissance du PIB, de la volonté de privatisation, de la baisse de l'infla-
tion, trop faible cependant, mais sont insuffisants pour faire face à la concurrence du
marché unique. D'autant plus que subsistent de grands déséquilibres, comme les dettes
des entreprises d'état.
Des progrès sont également notés en ce qui concerne le droit des sociétés com-
merciales, la concurrence, les transports, les télécommunications, mais l'inertie de l'ad-
ministration et la corruption sont toujours considérées comme un frein sérieux au
développement. Le système judiciaire a besoin d'une réforme assurant son indépen-
dance et l'agriculture, d'une politique nationale bien définie.
Pour l'aider à préparer son adhésion, la Roumanie doit recevoir, en début d'année,
300 M� (2 milliards de F) de l'UE, dans le cadre du plan Phare 2001, destinés à ren-
forcer sa capacité démocratique, économique, administrative, et à préparer les trans-
formations nécessaires pour respecter les critères européens.
La Roumanie, qui va toucher 13M� (85 MF) des USA pour l'aider àpréparer son intégration à l'OTAN,dispose d'un aéroport militaire, àFetesti, apte désormais à recevoirtous les types d'avions, et peut ainsiparticiper à un déploiement de forcesdans le cadre du "Partenariat pour laPaix". Jusqu'ici, seulement trois aéro-ports civils étaient dotés de pistes etéquipés de systèmes de radio naviga-tion aérienne permettant l'atterrissa-ge, compatibles avec les exigencesde l'OTAN et de l'ICAO (OrganisationInternationale de l'Aviation Civile) :Otopeni-Bucarest, Constantsa,Timisoara. Deux autres aéroports mili-taires devraient être modernisés.
Fetesti a été choisi pour sa posi-tion géographique, au sud-est dupays, qui permet un entraînementoptimum pendant toute l'année.Depuis 2001, les pilotes de la baseeffectuent 120 heures de vol par an,ce qui correspond aux standards del'OTAN.
Les Premiers ministres de sept
pays d'Europe Centrale et de
l'Est se sont retrouvés à
Bucarest, mi-novembre, pour discuter de
l'avenir de l'accord de libre échange
(CEFTA) dont ils sont signataires.
Mis sur pied en 1993 par la Hongrie,
la Pologne, la République Tchèque, la
Slovaquie et la Slovénie, le CEFTA a été
rejoint depuis par la Roumanie et la
Bulgarie. Considéré comme une anti-
chambre de l'UE, cet organisme préconi-
se une élimination graduelle des taxes
douanières entre ses membres, sur le
modèle du marché unique européen. Il est
aussi présenté comme un exercice utile
d'harmonisation des intérêts nationaux de
plusieurs pays au sein d'une structure
régionale de commerce.
Ouvert aux autres pays voisins, il
devrait être rejoint, au cours de l'année
par la Croatie, la Macédoine étant égale-
ment sur les rangs, préfigurant ainsi une
vague ultérieure de candidatures à l'UE
des pays issus de l'ex Yougoslavie.
Toutefois, la Roumanie est peu satis-
faite du bilan qu'elle tire de sa participa-
tion au CEFTA. En 2000, ses échanges
avec les autres pays membres, se sont sol-
dés par un déficit de près de 400 M� (2,6
milliards de F) de sa balance commercia-
le, et les résultats de l'année qui vient de
s'achever se révèlent encore plus négatifs,
avec un solde supérieur à 500 M� (3,3
milliards de F).
Pour près de la moitié, ce déséqui-
libre provient du secteur agro-alimentai-
re. La Roumanie n'a pas les moyens d'ai-
der les exportations de ses produits agri-
coles en les subventionnant, comme le
fait la Hongrie, et est désavantagée par
rapport aux pays plus aisés. Ce problème
qui touche également la Bulgarie et la
Pologne, sera encore plus important
quand ces pays intégreront l'UE et sa
politique agricole commune.
Pour protéger son agriculture, la
Roumanie est donc contrainte d'avoir
recours, "plus souvent qu'elle ne le sou-
haite", à des mesures protectionnistes qui
contreviennent aux principes de la libéra-
lisation du commerce prônés aussi bien
par l'UE que par l'OMC (Organisation
Mondiale du Commerce).
Le rapport annuel de l'Union EuropéenneVie internationale
L'école du libre échange révèle les faiblesses de la Roumanie face à ses voisinsAéroport comp atible
avec l'OT AN
n
BUCAREST
ORADEA
BAIA MARE
l
l
l
l
TIMISOARA
ARAD
l
SIBIU
l
l
IASI
BRASOV
CONSTANTACRAIOVA
TARGU MURES
GALATI
l
l
l
l
l
l
ll
TULCEABRAILA
SUCEAVA
BACAU l
lPITESTI
l
DEVA
CLUJ
La Roumanie possède de superbes musées. Certains sont présents sur Internet avec plus ou moins de réussite. Partez à
leur découverte en vous connectant sur le site http://www.cimec.ro/scripts/muzee/selen.asp, qui se présente sous la
forme d'un annuaire recensant les musées selon la ville ou le département. C'est très pratique pour trouver leurs adresses.
Le musée de la civilisation populaire traditionnelle de Sibiu est le plus grand musée en plein air de Roumanie avec celui de
Bucarest. Son site http://www.itc.ro/sibiu/rom/hartam.htm permet de parcourir son parc, de retrouver les différentes architec-
tures et techniques artisanales du pays grâce à sa carte réactive. Restons dans la même ville avec la superbe galerie d'art de l'an-
cien gouverneur de Transylvanie, le baron Von Bruckenthal. Le site http://www.verena.ro/brukenthal/beginro.html, donne un
aperçu de la somptueuse collection des 1 100 toiles amassées par ce collectionneur éclairé, et présente également le musée de la
pharmacie. Le musée du Banat à Timisoara, http://www.infotim.ro/mbt/mbt.htm, est une réussite autant par sa qualité que part
la richesse de son contenu. A ne pas manquer. A voir également le site du musée national d'art de Bucarest,
http://art.museum.ro/museum.html. Il en existe d'autres, mais d'une qualité plutôt moyenne.
La monnaie roumaine s'affiche aussi sur Internet. Un billet de cinq lei datant de 1877 est coté à 1300 � (8500 F) ou, plus récent
et étonnant, on y voit un billet de 100 lei des années 80 estimé à 40 � (260F) ! ! ! Retrouvez toutes ces cotes en français sur le site
http://www.numismatica.f2s.com/romania.htm et http://www.cgb.fr/billets/b14/index.html.
Enfin, et dans un registre totalement différent, pour ceux d'entre vous qui ne maîtrisent pas la langue roumaines, lisez en fran-
çais la revue de presse quotidienne des principaux journaux roumains sur http://www.rompres.ro.
Alain Defline
Bonnes adresses sur le Net
A la découverte des musées roumains
Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline, sur le site http://laroumanie.de-france.org, rubrique "Les nouvelles de Roumanie".
Internet
"Des progrès significatifs…
mais il reste beaucoup à faire"
Euro-enthousiasmeUn récent sondage réalisé dans
tous les pays candidats à l'UE confir-me que le Roumains sont les plus"euro-enthousiastes", 81 % d'entreeux déclarant qu'ils se prononce-raient en faveur de l'adhésion, encas de référendum, un pourcentageen augmentation de 10 % sur un an.Viennent ensuite les Bulgares (70%), les Slovaques (65 %), lesSlovènes (63 %), les Turcs (61 %),les Hongrois (60 %), les Lettons (53%), les Polonais (49 %), les litua-niens (48 %), les Tchèques (47 %),les Estoniens (38 %).
FETESTIl
Les NOUVELLES de ROUMANIE
2238
Infos pratiques
Le langage des voituresRepères
n
BUCAREST
ORADEA
BAIA MARE
l
l
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TIMISOARA
CLUJARAD
DEVA l
SIBIU
l
l
IASI
BRASOV
CONSTANTACRAIOVA
TARGU MURES
GALATI
l
l
l
l
l
l
ll
TULCEABRAILA
SUCEAVA
BACAUl
lPITESTI
l
Comme dans chaque pays, les
voitures roumaines sont
dotées d'une plaque minéra-
logique qui permet de les identifier… et
de faire voyager par la pensée les auto-
mobilistes qui les croisent ou les suivent
et sont capables de les décrypter. Pour
mieux connaître la géographie des judets
(départements) de Roumanie voici, dans
l'ordre, leurs noms, celui de leur préfec-
ture (entre parenthèse), suivis des ini-
tiales qui leur sont attribuées:
Alba (Alba Iulia): AB
Arad (Arad): AR
Arges (Pitesti): AG
Bacau (Bacau): BC
Bihor (Oradea): BH
Bistrita-Nasaud (Bistrita): BN
Botosani (Botosani): BT
Brasov (Brasov): BV
Braïla (Braïla): BR
Buzau (Buzau) : BZ
Caras-Severin (Resita) : CS
Calarasi (Calarasi): CL
Cluj (Cluj-Napoca): CJ
Constantsa (Constantsa): CT
Covasna (Sfântu Gheorghe): CV
Dambovita (Târgoviste): DB
Dolj (Craïova): DJ
Galati (Galati): GL
Giurgiu (Giurgiu): GR
Gorj (Târgu Jiu): GJ
Harghita (Mercuriu Ciuc): HR
Hunedoara (Deva): HD
Ialomita (Slobozia): IL
Iasi (Iasi) : IS
Ilfov (Bucarest) : B
Maramures (Baïa Mare): MM
Mehedinti (Turnu-Severin) : MH
Mures (Târgu-Mures) : MS
Neamt (Piatra Neamt) : NT
Olt (Slatina): OT
Prahova (Ploïesti): PH
Satu Mare (Satu Mare) : SM
Salaj (Zalau) : SJ
Sibiu (Sibiu) : SB
Suceava (Suceava): SV
Teleorman (Alexandria) : TR
Timis (Timisoara): TM
Tulcea (Tulcea): TL
Vaslui (Vaslui): VS
Vâlcea (Râmnicu-Vâlcea): VL
Vrancea (Focsani): VN
Numéros privilégiés
Les plaques minéralogiques com-
prennent, dans l'ordre, les initiales du
département + deux chiffres + trois
lettres. Exemple : PH 97 AMC (PH :
département de Prahova).
Moyennant un supplément de 1,2 �
(7,8 F), les automobilistes peuvent choi-
sir les trois dernières lettres… ce qui per-
met à certains d'afficher les initiales du
prénom de leur femme, d'eux-mêmes…
ou de leur maîtresse.
Les voitures des élus ou de l'adminis-
tration sont dotées d'un numéro spécial,
comportant, dans l'ordre, le sigle du
département, le chiffre 02, deux lettres +
la première lettre du département, préci-
sant leurs fonctions. Exemples : AR 02
GUV (GUV comme gouvernement, haut
fonctionnaire de la préfecture en poste à
Arad), AR 02 CJA (conseiller du judet
d'Arad), AR 02 CLA ou CCA (conseiller
local ou communal du judet d'Arad).
Ces numéros sont officiels, contrai-
rement à la pratique française qui voit les
préfectures délivrer discrètement des
numéros privilégiés à certains élus, en
général des chiffres ronds, comme 100
VD 58 ou 4000 ASB 33. Mais lorsque
l'administration roumaine effectue des
vérifications, elle circule à bord de voi-
tures banalisées.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
223
unique au
Actualité
La Roumanie et la Bulgarie dans l'Union Européenne dès 2004 ?
Hubert Védrine, a semé une belle pagaille, quand il
a proposé, à la mi-novembre, que la Roumanie et
la Bulgarie entrent dans l'UE en 2004, en même
temps que les dix autres pays candidats, et puissent participer,
de ce fait, aux prochaines élections européennes. Jusqu'à cette
déclaration, il était admis que l'adhésion se ferait en deux
temps, les pays les mieux préparés faisant partie d'un premier
"wagon", les autres étant renvoyés à un horizon se situant à
2006-2007.
Le ministre français des affaires étrangères estimant que,
si l'UE avait la capacité de faire entrer dix nouveaux membres,
elle pouvait tout autant en accepter douze, a basé sa réflexion
sur les risques qu'elle ferait encourir aux deux retardataires :
une démotivation, alors qu'ils ont besoin de forts encourage-
ments dans cette période, laquelle pourrait les amener à renon-
cer devant les énormes efforts qu'ils sont amenés à consentir,
entraînant un risque de déstabilisation pour eux et la région.
Cette prise de position, qui a réjoui les deux pays concer-
nés, lesquels ne s'y attendaient pas, a été confortée par la
Belgique, présidente en exercice de l'UE, et traditionnelle avo-
cate de la Roumanie, ainsi que par la Grèce, autrefois le pays
le plus pauvre du continent qui, outre ses relations de voisina-
ge, se souvient du coup de pouce décisif que l'adhésion à l'UE,
lui a apporté dans son développement. L'Italie a rejoint rapi-
dement le mouvement, son ministre des affaires étrangères
déclarant que le maintien de la Roumanie et de la Bulgarie
hors de l'UE "serait une forme de discrimination politique".
Un autre soutien, assez inattendu, a été apporté par la Grande
Bretagne.
Une adhésion en deux temps,
politique puis économique, vers 2006-2007
Dans l'esprit de ces pays, l'UE doit traiter les demandes
d'adhésion des douze pays candidats sur deux plans : le pre-
mier, politique, immédiat, qui en font des membres intégrés à
la famille européenne, le second, économique, qui doit tenir
compte des réalités et ne pas brusquer leur transformation au
risque de la faire échouer. Selon ce scénario, les douze seraient
tous membres de l'UE en 2004, la Bulgarie et la Roumanie
devenant des partenaires économiques à part entière unique-
ment quand elle seraient prêtes, vraisemblablement vers 2006
pour la première et 2007 pour la seconde.
Cette approche pragmatique a, bien sûr, heurté les sché-
mas mis en place par Bruxelles et le commissaire à l'élargisse-
ment de l'UE, Guenter Verheugen, rejoints dans leur frilosité à
imaginer un autre processus par l'Allemagne, les autres pays
faisant part de leur étonnement ou restant dans une prudente
réserve. Mais elle a aussi mis le doigt sur un autre problème :
aucun des douze pays candidats n'est totalement prêt à adhérer.
Il faut donc tailler un habit sur mesure pour chacun, ce qui
rend aléatoire les critères d'adhésion, notamment pour la
Pologne, dont la candidature est fortement soutenue par
l'Allemagne mais ne fait pas l'unanimité parmi les Quinze.
Forcing des dix autres pays
candidats pour ne pas changer la donne
De la Hongrie à la République Tchèque, en passant par la
Pologne, la proposition de Hubert Védrine effraie également
les dix pays candidats qui ont peur de voir leur adhésion retar-
dée, dans l'attente d'être rejoints par les deux derniers, ce qui
n'était pas du tout dans l'intention des propos du ministre fran-
çais. Depuis, ces pays multiplient les déplacements dans les
capitales européennes pour être rassurés et faire pression afin
d'enterrer tout projet de modification du calendrier initiale-
ment envisagé.
De passage à Paris, leurs représentants ont été écoutés
d'une oreille complaisante par Jacques Chirac - le président
français s'était distingué au début des années 1980 en prenant
une position hostile à l'adhésion de l'Espagne et du Portugal à
l'UE - et par Lionel Jospin, rarement aux avant postes dans la
construction européenne, les deux hommes revenant ainsi sur
les propos de leur ministre.
Mais, quoiqu'il en soit, Hubert Védrine a jeté un pavé
dans la mare qui va faire beaucoup de ronds dans l'eau tout au
long de cette année 2002 au cours de laquelle doit être arrêté
définitivement le calendrier d'adhésion à l'UE.
Sa prise de position a eu pour premier effet de précipiter
le mouvement pour les dix candidats les mieux placés, condui-
sant les Quinze à fixer pour tous l’échéance de leur adhésion à
2004. Quand à la Roumanie et à la Bulgarie, l’UE, visiblement
embarassée, a décidé de leur apporter une aide spécifique et de
valider l’idée d’une adhésion plus rapprochée (2006 ?).
La commission européenne de
Bruxelles a établi une subtile
distinction entres les douze
pays candidats. Selon elle, Chypre et
Malte remplissent tous les critères écono-
miques pour adhérer immédiatement,
Chypre étant toutefois handicapée par sa
division imposée par la Turquie en 1974.
Viennent ensuite, dans un même
ensemble, la République Tchèque,
l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la
Lituanie, la Pologne, la Slovaquie et la
Slovénie, pays qui disposent d'une écono-
mie de marché viable mais doivent enco-
re s'adapter pour pouvoir affronter, à
court terme, la concurrence de l'UE.
La Bulgarie, proche d'une économie
de marché viable, les suit, précédant la
Roumanie, en dernière position, qui ne
remplit aucun critère économique, en
dépit de "progrès décisifs" enregistrés
récemment.
La Turquie est candidate, mais n'a
pas ouvert de négociations. La commis-
sion européenne l'a encouragée à bien
plus d'audace dans ses réformes écono-
miques et politiques.
Vie internationale
En dernière position du classement ét abli p ar la Commission
Numéros de téléphonebientôt à dix chiffres
Essence
Ordinaire : 0,61 � (4 F)
Super plus : 0,63 � (4,10 F)
Super plus sans plomb: 0,62 � (4,06 F)
Gazole : 0,51 � (3,36 F)
Les organismes accueillant les jeunes de 18 à 25 ans, Roumains ou étrangers,
stagiaires ou volontaires au titre d'un service civil, devront désormais les
assurer, médicalement, en cas d'accident, pour leur responsabilité civile,
afin de répondre aux normes des conventions européennes. Les étrangers auront une
résidence temporaire garantie en Roumanie pendant toute la durée de leur stage. La
nouvelle réglementation, qui doit rentrer en application cette année, exigera qu'ils
reçoivent un hébergement et de l'argent de poche au cours de cette période.
Protection pour les jeunes st agiaires
Le ministère des communicationsa annoncé son intention de faire pas-ser la numérotation des téléphones àdix chiffres, au lieu de neuf actuelle-ment, préfixe inclus. Un nouveauchiffre doit être introduit après le 0.Les codes d'accès - 00 pour l'interna-tional et 0 pour l'interurbain - neseront pas modifiés. La mesure, quiconcerne également la Républiquede Moldavie, devait prendre effet à lafin de cette année, mais a été retar-dée, l'opérateur Rom Telecom ren-contrant des problèmes avec sesvieux centraux téléphoniques.
Cette décision a été prise pourredimensionner le réseau national etle mettre au niveau européen, maisaussi pour respecter la libéralisationdu marché du téléphone qui entreraen vigueur au 1er janvier 2003, afinde permettre la libre concurrenceentre les opérateurs.
Finalement, le passage à dixchiffres sera effectif à partir du 14 juinprochain, le basculement s'effectuantsur cinq mois, jusqu'à fin novembre,suivant les régions. La nouvellenumérotation sera totalement enplace au 1er décembre 2002. Dans lapériode intermédiaire, un messagevocal informera les usagers du nou-veau numéro de leur correspondant,basculant automatiquement la com-munication les trois premiers mois,puis leur demandant de refaire leurappel, les deux mois suivants.
Le pavé dans la mare de Hubert Védrine
lADJUD
2
Actualité
Cent euros p ar jour
Plus de visa Schengen depuis le premier janvier pour les Roumains
Vie internationale
Les NOUVELLES de ROUMANIE
n
BUCAREST
ORADEA
BAIA MARE
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TIMISOARA
ARAD
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SIBIU
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IASI
BRASOV
CONSTANTACRAIOVA
TARGU MURES
GALATI
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TULCEABRAILA
SUCEAVA
BACAU l
lPITESTI
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Les Roumains sont désormais tota-lement libres de voyager dans l'espa-ce Schengen (UE, sauf la Grande-Bretagne, l'Irlande, ainsi que le restede l'Europe, sauf la Suisse) pour unedurée de 90 jours sur une période desix mois. Mais la suppression desvisas n'implique pas le droit de tra-vailler sur place, décision laissée àl'appréciation des états.
Pour se déplacer, les Roumainsdoivent posséder :
- un passeport dont la validité estsupérieure à trois mois
- une assurance maladie- un billet aller-retour ou la carte
verte de la voiture- une somme de 100 � (650 F) par
jour pour les pays de l'UE et de 50 �(325 F) pour les autres pays euro-péens, en argent comptant, chèquesde voyage ou autres garanties finan-cières.
Toutefois, sont dispensés d'une ouplusieurs de ces dispositions les per-sonnes voyageant pour suivre un trai-tement médical, rendant visite à unparent malade, invitées à une confé-rence, une manifestation culturelle,sportive, ayant une invitation officielled'une personne qui s'engage à garan-tir les frais de leur séjour, ayant uncontrat de travail, les étudiants, lesenfants de moins de 12 ans, lesjeunes de moins de 18 ans ayant dela famille à l'étranger, les frontaliers.
Les autorités frontalières rou-maines, mais aussi des pays deSchengen, auront le droit de vérifierque les personnes disposent de res-sources suffisantes et, en cas dedoute, pourront s'opposer à la conti-nuation de leur voyage. En cas dedépassement du séjour prévu, le pas-seport pourra être retiré, au retour.
DEVA
CLUJ
Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Infos pratiques
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Les NOUVELLES
de ROUMANIENuméro 9, janvier-fevrier 2002
Adresses utiles
Consulats de Roumanie en France :
Paris : 3, rue de l'Exposition, 75007 Tel:01.47.05.10.46 (de 10h à 12h et 16h à 17h)
Strasbourg : 19, rue du Conseil des Quinze. (Tel 03.88.61.98.96 )
Marseille 157 Bd Michelet ,13009 . (Tel : 04 91 22 17 41)
Office du tourisme de Roumanie: 12, rue des Pyramides, 75002 Paris. Tel :
01.40.20.99.33. Minitel : 36.15 ROUMANIE
Consulat de Roumanie en Belgique : 105, rue Gabrielle, 1180 Bruxelles
Tel:(02).345.26.80
Office du tourisme : 17, Galerie de la Toison d'Or, 1050 Bruxelles Tel / Fax :
02.502.46.42
Consulat de Roumanie en Suisse :79, Kirchenfeldstrasse, Berne Tel : 0 31 352 35 21
ou 22
Office du tourisme :10, Schweizergasse, 8001 Zurich Tel : 01 211 17 30
Consulat s en Roumanie
Consulat de France: 13-15, strada Biserica Amzei, Bucarest. (ouvert le matin). Tel :
(00 40) 1 312 0991 / 92
Brasov : 148, strada Lunga. (ouvert de 16 h à18 h, du mardi au jeudi, ne délivre pas
de visa). Tel/fax (00 40) 68 47 67 67
Chambre de commerce International française: 142-146, Calea Victoriei, sector 1,
Bucarest. Tel/fax : (00 40) 1 310 33 51
Consulat de Belgique: 32, boulevard Dacia, Bucarest (ouvert le matin). Tel : (00 40)
1 212 3680
Consulat de Suisse:12, strada Pitar Mos, Bucarest (Ouvert de 9h à 17 h)
Tel : (00 40) 1 210 0324
Consulat du Canada : 36, strada Nicolae Iorga Bucarest Tel : (00 40) 1 222-98-45.
(Ouvert de 9 h à 17 h)
Office du tourisme de Roumanie à Bucarest : 7, Boulevard Magheru, Bucarest
(ouvert de 8h à 20h). Tel : (00 40) 1 312 25 98.
Depuis le 1er janvier, les Roumains peuvent circuler librement au sein de
l'espace Schengen, lequel regroupe treize pays membres de l'UE sur quin-
ze. Leurs ministres de la justice et de l'intérieur ont décidé, le 14
décembre, de supprimer l'exigence des visas à leur encontre. Cette décision, attendue
depuis douze ans, a été accueillie par des cris de joie et des manifestations spontanées
- un feu d'artifice a même été tiré pour la circonstance à Bucarest - car elle met fin à
une situation vécue comme une terrible frustration.
Redevenus libres en 1989, les Roumains étaient les seuls citoyens des pays can-
didats à l'UE à ne pouvoir se déplacer sans entrave à travers leur continent, les
Bulgares étant dispensés de visas depuis avril dernier. Leurs voyages étaient soumis
au bon vouloir des ambassades occidentales et les conditions dans lesquelles étaient
délivrés le précieux document étaient considérées comme une véritable humiliation,
tout en se révélant être un parcours du combattant.
La nouvelle barrière de l'argent… ou l'Europe pour les riches
Pour autant, les barrières des postes-frontières ne sont pas complètement levées.
Le visa est remplacé par un autre obstacle de taille: pour se rendre dans les pays
Schengen, un Roumain devra montrer qu'il dispose de 100 � (650 F) par jour, soit un
salaire mensuel… ou l'équivalent de 150 � (10 000 F ) pour un occidental, avec un
minimum de 5 jours ! Ce montant est ramené à 50 � (325 F) pour voyager dans les
anciens pays de l'Est et la Turquie. Dans l'avenir, les seuils exigés pourraient être
abaissés à 20 � (130 F), comme c'est le cas pour les Bulgares.
Mais, devant la paralysie de la circulation des frontaliers d'origine magyare que
cette exigence risquait d'entraîner, la Hongrie a limité cette contrainte financière à 5 �
(33 F). S'il ne possèdent pas la somme demandée, les roumains pourront se consoler
en se disant qu'ils sont désormais libres de voyager de Brest à Vladivostok, hormis en
Suisse, Grande-Bretagne et Irlande, pays non-signataires des accords de Schengen.
Une suppression conditionnelle
La décision de supprimer les visas est cependant accompagnée de tout un train de
mesures visant à renforcer la sécurisation des frontières de la Roumanie qui, d'une cer-
taine manière, deviennent celles de l'espace Schengen, et à dissuader l'immigration
illégale ou son transit. Un nouveau passeport, portant la mention ROU et non plus
ROM, sera mis en place, répondant aux normes de sécurité européennes. L'ancien est
toutefois valable jusqu'à sa date de péremption.
Des accords de réadmissions de citoyens roumains ou apatrides d'origine roumai-
ne, expulsés par les pays de l'UE ont été signés par Bucarest. La Roumanie aura des
officiers de police ou de justice dans ses ambassades des grandes capitales. Des
patrouilles mixtes de policiers roumains, autrichiens, hongrois, seront mises en place
aux frontières occidentales de la Roumanie.
Enfin, la suppression des visas est conditionnelle. Un pays peut obtenir de l'UE
l'autorisation des les rétablir en cas de problème particulier, comme la Belgique l'a fait
pour la Slovaquie. Déjà, la Norvège, associée comme l'Islande à l'espace Schengen,
envisage d'établir un contrôle particulier pour les Roumains.
Saluant la décision de l'UE d'ouvrir ses frontières, le Président Ion Iliescu a appe-
lé ses compatriotes "à faire preuve de maturité dans l'exercice de ce droit légitime".
Par ailleurs, devant l'afflux des demandes qui se dessinait, le Premier ministre a ordon-
né l'arrêt pour six mois des procédures d'urgence d'octroi de la nationalité roumaine
aux citoyens de la République de Moldavie.
Enfin libres de voyager
de Brest à Vladivostok
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
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Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Gabriela Malcinschi, Nichita Sîrbu,
Ionel Funeriu, Alain Defline,
Bernard Camboulives,Philippe
Gillet, Francky Blandeau
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions rou-
maines, sites internet, fonds de
documentation ADICA
Impression : Helio Nantes
12 rue Félix Faure, BP 41 814
44 018, Nantes Cédex 1
Numéro de Commission paritaire:
1102 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro : Mars
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Unis dans la vie, la belle et sensuelle soprano roumai-
ne Angela Gheorghiu et le romantique ténor franco-
sicilien Roberto Alagna l'ont été aussi, au mois de
novembre, sur la scène de l'opéra Bastille de Paris pour interpré-
ter "La Bohème" de Puccini. A la même époque, sortait sur les
écrans une autre œuvre du compositeur italien, "La Tosca",
film-opéra réalisé par le metteur en scène Benoît Jacquot, les
rôles vedettes étant confiés aux deux artistes. Il s'agissait là d'un
premier rôle au cinéma pour Roberto Alagna, alors que sa femme avait déjà tourné de nom-
breuses scènes lyriques dans son pays.
Fêtée et admirée à Paris et dans d’autres capitales du monde, celle qui, à 38 ans, est considérée comme la meilleure interprè-
te de sa génération, peut avoir le vertige quand elle repense à la phénoménale accélération donnée à sa carrière, par une froide nuit
de décembre 1989. Ceausescu venait de s'enfuir en hélicoptère et son régime s'effondrait. Angela Gheorghiu, comme elle l'a confié
plus tard, se terrait sous ses couvertures pour couvrir le bruit des fusillades qui transperçaient la nuit de la capitale roumaine.
La jeune femme de 27 ans venait tout juste de terminer l'Académie de musique de Bucarest et était libre de tout contrat.
Jusqu'ici, au cours de tournées à l'étranger, surveillée par des “gardes du corps”, elle n'avait pas osé franchir le pas et leur fausser
compagnie. L'exemple de collègues plus âgés, qui n'avaient jamais revu leur famille, l'effrayait. Mais cette perspective grandissait
peu à peu dans son esprit. Angela avait fait comprendre à ses proches que "chanter était la chose la plus importante" pour elle et
que l'Occident offrait des horizons mirifiques.
Révolution aidant, l'artiste n'aura cependant pas à passer à l'acte. Son immense talent lui
servant de passeport, elle sera rapidement engagée par le Covent Garden de Londres, triom-
phant en 1994 dans "La Traviata", une œuvre qui fait partie du registre habituel des chanteurs
d'opéra roumain.
Un agenda complet pour les six années à venir
La suite n'est qu'un long tapis rouge déroulé devant ses pas. Aujourd'hui, les plus grandes
scènes la réclament, les chefs les plus célèbres lui tendent les bras, les oeuvres les plus presti-
gieuses figurent à son répertoire. Son agenda est déjà complet pour les six années à venir.
La petite Moldave, née en 1963 à Adjud, dans une famille modeste où le père était conduc-
teur de locomotives, peut mesurer le chemin parcouru. Angela n'avait aucun repère artistique,
aucun parent ne montrant de prédisposition pour l'art lyrique. Très vite cependant, la fillette a
compris comment utiliser et moduler sa voix. Dès la première leçon, le professeur lui deman-
dant de lui faire écouter sa respiration, conclut : "Très bien, n'en change pas".
Le reste fut un long apprentissage, dans une vie terne et de plus en plus pénible, au fur et à mesure que le régime s'enfonçait
dans le délire du dictateur. Sa mère se levait tôt le matin pour faire la queue à la boucherie et, le soir, les rues restaient désespéré-
ment plongées dans l'obscurité. Angela grandissait admirant sa sœur aînée, Elena, elle aussi chanteuse, une splendide jeune femme
qui disparaîtra dans un accident de voiture, en 1996.
Mariés par le maire de New York, juste avant d'entrer en scène
Avec sa découverte de l'Occident, sa rencontre avec Roberto Alagna fut l'autre choc de sa vie. Les deux artistes avaient eu l'oc-
casion de se produire ensemble sur la scène du Covent Garden. Mais, jusqu'en 1995, Roberto, de trois ans son aîné, veuf depuis
peu, privilégiait comme partenaire une autre cantatrice roumaine, Leontina Vaduva. Force de la nature, Angela s'imposa et éclipsa
sa rivale. En 1996, le maire de New-York, Rudolph Giulani, maria le ténor et la soprano, divorcée de son premier mari, un ingé-
nieur roumain, juste avant qu'ils n'entrent en scène pour interpréter "La Bohème" au Metropolitan Opera.
Depuis, les deux artistes se quittent le moins possible, élevant la fille de Roberto et ayant adopté la nièce d'Angela, toutes deux
du même âge. Partageant leur vie entre leurs maisons de Paris, Genève et Bucarest, parlant roumain ou français, entourés de nom-
breux proches, le couple ne peut toutefois ignorer longtemps l'appel d'un public impatient d'écouter et de voir les deux montres
sacrés, réunis par une destinée que l'on ne rencontre guère que dans les contes de fée… ou les livrets d'opéra.
Le triomphe de la soprano roumaine
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Coup de coeur
Numéro 9 - Janvier - Février 2002
Lettre d’information bimestrielle
Les
de
La Roumanie lorsqu'elle se regarde dans un miroir peut y voir deux visages.
Celui d'un pays qui retrouve l'espoir, dont les performances économiques
le placent au second rang des ex pays de l'Est pour le taux de croissance en
2001, après la Russie, et qui marche d'un pas désormais décidé vers l'Europe. Mais
aussi celui d'une société qui, plus encore que les années précédentes, s'est enfoncée
dans une pauvreté confinant souvent à la misère. Les bons chiffres ne doivent pas faire
oublier que pratiquement un Roumain sur deux n'a pas les moyens de mener une exis-
tence digne. La terrible vague de froid qui s'est abattue sur le pays a mis à nu détres-
se et faiblesses. A bout de ressources, des gens sont morts gelés. Dans des hôpitaux
non chauffés, des opérations en cours ont été interrompues, faute d'électricité.
A sa manière, l'Union Européenne vient de souligner l'étrange réalité de cette
situation du pire et du mieux. En levant, au premier janvier, l'obligation faite aux
Roumains d'obtenir un visa pour circuler librement dans l'espace Schengen, elle leur
reconnaît, enfin, leur place sur le continent. Mais en l'assortissant de la condition exor-
bitante de disposer de cent euros par jour de voyage, elle leur rappelle qu'ils ne peu-
vent toujours pas prétendre être des citoyens comme les autres.
Les Roumains eux-mêmes montrent deux faces. Convaincus qu'ils ont toutes les
raisons de désespérer… ils n'en continuent pas moins d'accorder une cote de confian-
ce élevée à leur Président et à son Premier ministre, un an après leur entrée en fonc-
tion. Sans illusion sur l'avenir, ils se montrent cependant les partisans les plus chauds
de la construction européenne, se proclamant à 85 % favorables à l'adhésion à l'UE.
Cette confusion est révélatrice d'un changement. Bien qu'elle ne soit pas encore
convalescente, la Roumanie n'est plus considérée comme "l'homme malade" du conti-
nent. Elle a choisi une voie, l'Europe et l'économie de marché, et entend s'y tenir. De
toutes parts - UE, OTAN, organismes monétaires et financiers - des encouragements
lui sont prodigués. Ces signes n'ont pas échappé aux Roumains.
Hubert Védrine ne s'y est pas trompé. Afin d'entretenir cette lueur d'espoir, il a
proposé de faire adhérer la Roumanie et la Bulgarie à l'UE en même temps que les dix
autres pays candidats, c'est à dire en 2004, avec des aménagements, bien sûr. En méde-
cin perspicace, le ministre français des affaires étrangères, qui a provoqué un beau
tohu-bohu, sait que le moral compte pour moitié dans la guérison.
Henri Gillet
Le miroir à deux faces
Angela Gheorghiu : la vie
comme un livret d'opéra
2 à 4
5 à 7
8 et 9
10
11
12
13 à 15
16 et 17
18
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20
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22 et 23
24 et 25
26 et 27
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30 à 32
32
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34 à 36
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38 et 39
40
An nou fericit !
Bonne année !
Entre fat alisme et espoir…