les matériaux supraconducteurs: problèmes et perspectives

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HAL Id: jpa-00245484 https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00245484 Submitted on 1 Jan 1986 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Les matériaux supraconducteurs : problèmes et perspectives d’utilisation. Nouvelles orientations des recherches Jean Etourneau To cite this version: Jean Etourneau. Les matériaux supraconducteurs : problèmes et perspectives d’utilisation. Nouvelles orientations des recherches. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1986, 21 (11), pp.649-657. 10.1051/rphysap:019860021011064900. jpa-00245484

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Page 1: Les matériaux supraconducteurs: problèmes et perspectives

HAL Id: jpa-00245484https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00245484

Submitted on 1 Jan 1986

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Les matériaux supraconducteurs : problèmes etperspectives d’utilisation. Nouvelles orientations des

recherchesJean Etourneau

To cite this version:Jean Etourneau. Les matériaux supraconducteurs : problèmes et perspectives d’utilisation. Nouvellesorientations des recherches. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1986,21 (11), pp.649-657. �10.1051/rphysap:019860021011064900�. �jpa-00245484�

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Les matériaux supraconducteurs : problèmes et perspectives d’utilisation.Nouvelles orientations des recherches

J. Etourneau

Laboratoire de Chimie du Solide du CNRS, Université de Bordeaux I, 351, cours de la Libération,33405 Talence Cedex, France

(Reçu le 18 mars 1986, révisé le 26 mai, accepté le 27 mai 1986)

Résumé. - Les matériaux supraconducteurs déjà utilisés ou en voie de développement dans l’industrie

(applications en courant fort et en microélectronique) font l’objet d’une étude critique : les alliages Nb-Ti et lescomposés A-15. Les problèmes et les perspectives d’utilisation des phases de Chevrel sont abordés. On montreque les idées nouvelles et les phénomènes nouveaux résultent des études conduites dans quatre secteurs :(1) coexistence magnétisme-supraconductivité (supraconductivité de parois dans les ferromagnétiques,supraconductivité induite par le champ magnétique, (2) recherche de la supraconductivité de type p ou triplet(composés à fermions lourds et composés ferromagnétiques itinérants), (3) supraconductivité et onde dedensité de charge dans les composés de basse dimensionalité, (4) les supraconducteurs organiques.Abstract. 2014 In a first part of this review are summarized advances in superconducting materials concerningtheir developments in both research and industry (conductors for superconducting magnets, Josephsonjunction devices in microelectronics) : Nb-Ti solid solution alloy and A-15 type compounds. The problem ofChevrel phases is discussed in view of their application in high field superconducting magnets. In a second partit is shown that the study of superconducting materials is producing a stream of new ideas in different ways :(1) interplay of superconductivity and magnetism : superconducting Bloch-wall in ferromagnets ; magneticfield induced superconductivity, (2) p-wave or triplet superconductivity : heavy fermion superconductors,itinerant ferromagnetic superconductors, (3) interplay of superconductivity and charge density wave,

(4) organic superconductors.

Revue Phys. Appl. 21 (1986) 649-657 NOVEMBRE 1986,

ClassificationPhysics Abstracts74.70P

1. Introduction

La supraconductivité sous tous ses aspects fonda-mentaux et appliqués ne peut se développer quegrâce au caractère interdisciplinaire des recherches.Pour juger les possibilités d’améliorer les propriétéssupraconductrices des matériaux, il faut se rappelerque même si la théorie microscopique de la supra-conductivité, proposée par Bardeen, Cooper et

Schrieffer (BCS) en 1957 a connu un grand succès eninterprétant et formulant les phénomènes, le pro-blème par exemple du calcul de la températurecritique (Ter) d’un matériau donné demeure encoreaujourd’hui très difficile. Cette difficulté provient dufait que la supraconductivité dépend de détails finsdans la structure électronique, qui ne peuvent êtresaisis quantitativement dans des matériaux

complexes. Une théorie des supraconducteurs paropposition à une théorie de la supraconductivitédevrait débuter par des prédictions a priori de lastructure cristalline, ce que personne ne sait faire

jusqu’à présent. Il faut donc souligner que lesrésultats obtenus dans la recherche de matériaux

supraconducteurs (hautes températures critiques,

propriétés de fermions lourds...) n’ont été biensouvent que le fait du hasard ou bien ont découléd’une approche empirique à travers des observationsà caractère cristallographique, atomique et métallur-gique dans des séries de matériaux.Deux préoccupations doivent motiver les recher-

ches : (1) améliorer les matériaux existants, tant

pour ceux qui sont utilisés pour les applications quepour ceux qui sont le support d’études fondamentales(2) préparer de nouveaux composés (formes métas-tables de matériaux existants, compositions et struc-tures nouvelles) pour mieux comprendre la supra-conductivité et tenter d’élever Ter’ pour rechercherd’autres types de couplages électron-électron autreque celui faisant intervenir les phonons, pour étudierl’interaction de la supraconductivité avec le magné-tisme ou les ondes de densité de charges parexemple.Après quelques rappels généraux sur les supracon-

ducteurs une étude critique sera faite concernant lesmatériaux déjà utilisés ou en voie de développementdans l’industrie (applications en courant fort et enmicroélectronique) ; problèmes de mise en forme(multifilaments, rubans, couches minces) ; rôle des

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:019860021011064900

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interfaces dans les systèmes composites ; influencede la composition, des instabilités structurales et dela microstructure sur Ter’ H,,, (champ critique) et Jer(courant critique).On montrera par ailleurs que les recherches dans

le domaine des matériaux supraconducteurs quipeuvent être source d’idées nouvelles et de phéno-mènes nouveaux s’orientent dans les directions sui-vantes : (1) coexistence magnétisme-supraconducti-vité (2) recherche de la supraconductivité de type pou triplet (3) supraconductivité et onde de densitéde charge dans les composés de basse dimensionalité(4) les supraconducteurs organiques.

2. Rappels généraux sur les supraconducteursLors du refroidissement d’un supraconducteur au-dessous d’une certaine température Ter’ appeléetempérature critique, la tension nécessaire pourfaire passer un courant continu donné s’annule, cequi confère au matériau la capacité de conduire lecourant sans dissipation d’énergie.Le comportement des matériaux supraconducteurs

en présence d’un champ magnétique extérieur per-met de les classer en deux catégories.2.1 LES SUPRACONDUCTEURS DE PREMIÈRE ESPÈCEOU DE TYPE I. - Lorsqu’un matériau, susceptiblede devenir supraconducteur, est soumis à un champmagnétique H et que l’on mesure l’induction magné-tique B ( H ) créée dans le matériau on constate que(a) pour H Hc ( T ) , l’induction est nulle dans lematériau, qui se comporte comme un diamagnétiqueparfait, c’est l’effet Meissner (b) pour H > He ( T ) ,l’induction magnétique. pénètre complètement dansle matériau et ce dernier repasse brusquement àl’état normal. La supraconductivité est donc détruiteau-delà d’une valeur du champ critique He qui croîtlorsque la température diminue.2.2 LES SUPRACONDUCTEURS DE DEUXIÈMEESPÈCE OU DE TYPE II. - Reprenant la même expé-rience que précédemment, on peut constater le

comportement suivant dans un très grand nombre dematériaux et notamment dans les composés binaireset ternaires (a) pour H Hcl, B = 0 l’effet Meissnerest observé (b) pour Hel (T) H Hc2 (T) le

conducteur est dans un état mixte, ce qui signifie quel’induction magnétique pénètre par tubes de flux

quantifiés 00 = h dont le nombre va en

augmentant avec le champ magnétique extérieur ;cet état disparaît au-delà de Hc2.Deux champs critiques Hcl et Hc2, qui augmentent

lorsque la température décroît, caractérisent les

supraconducteurs de type II.Cette classification des matériaux supraconduc-

teurs peut se retrouver en faisant appel à d’autresparamètres qui résultent des travaux théoriques deGinzburg-Landau, Frôlhlich en 1950 [1] qui ontconduit à l’élaboration de la théorie microscopiquede la supraconductivité par Bardeen-Cooper-Schrieffer en 1957 [2]. Universellement reconnue,

cette théorie repose sur la formation dans l’état

supraconducteur de paires d’électrons de spins et demoments opposés dites paires de Cooper. L’interac-tion attractive électron-électron s’effectue par l’inter-médiaire du réseau, donc des phonons. La com-paraison de deux longueurs caractéristiques permetde distinguer les supraconducteurs de classe 1 et declasse II :- la longueur de cohérence § ( T) : c’est la

distance moyenne sur laquelle existent des corréla-tions entre électrons ; elle caractérise les modula-tions spatiales du paramètre d’ordre,- la longueur de pénétration À ( T) : dans

l’expérience simple d’un demi-espace supraconduc-teur et d’un champ magnétique parallèle à la surface,l’induction magnétique B à l’intérieur du supracon-ducteur varie exponentiellement avec une constantede décroissance À.

On définit alors le rapport de Ginzburg-Landau

K = T . Pour K 2 les supraconducteurs

sont de type I. Pour K > 2 les supraconducteurssont de type II.Le caractère supraconducteur d’un matériau dispa-

raît au-delà de valeurs critiques de la températureTcr. du champ magnétique He (type I), Hc2 (type II)et de la densité de courant Jer’ traversant le matériau.On définit alors dans une espace à trois dimensions

(Ter., He et Jer) une surface de transition pour chaquesupraconducteur.

Quelles que soient les applications de la supracon-ductivité, il sera toujours tentant d’utiliser les maté-riaux qui présenteront la température critique la plusélevée. La chronologie des recherches montre quedepuis plus de douze ans aucun supraconducteur n’aété découvert avec une température critique supé-rieure à 23,2 K, celle correspondant à Nb3Ge [3, 4].Selon la théorie classique les températures critiquessont d’autant plus élevées que l’interaction électron-phonon et la densité d’états au niveau de Fermi

N EF sont plus fortes. Ainsi à travers l’interactionélectron-phonon semble se manifester l’aversion dela nature pour les réseaux cristallins très instablessusceptibles d’engendrer de hautes températurescritiques.

3. Problèmes et perspectives d’utilisation des maté-riaux supraconducteursCe sont les températures, le champ et la densité decourant critiques qui détermineront le domaine

d’application des supraconducteurs. On distinguera(a) les applications en courant fort : en continu,régime variable ou alternatif (électrotechnique,champs magnétiques intenses), (b) les applicationsen microélectronique (Tableau 1).

3.1. LES APPLICATIONS EN COURANT FORT.

3.1.1 Problèmes métallurgiques. - Les applicationsen courant fort nécessitent des champs et densité de

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Tableau 1. - Applications des matériaux supraconducteurs en courant ,fort et en microélectronique.

MATÉRIAUX UTILISÉS NbTi MATÉRIAUX UTILISÉSNb3Sn Pb, Nb, NbNV3Ga

’ ,

MARCHÉ EXISTANT* 1

courant critiques élevés, ce sont donc les supracon-ducteurs de type II qui seront utilisés. Du fait de leurgrande ductilité, les alliages Nb-Ti de structure

c.f.c., sous forme de monofilament ou de multifila-ments, sont les plus commercialisés. Cependantd’autres matériaux tels que Nb3Sn et V3Ga ayantune structure isotype de celle du tungstène /3,appelés encore composés A-15, connaissent actuelle-ment un développement industriel sous forme demultifilaments et de rubans. Bien que découverts il ya plus de trente ans, les composés A-15 ont vu leurindustrialisation retardée du fait de difficultés métal-

lurgiques pour leur mise en forme ; mécaniquementfragiles ils sont peu ductiles.Pour comprendre les étapes des procédés métallur-

giques utilisés et les difficultés rencontrées pour lafabrication d’aimants supraconducteurs, il suffit dese rappeler que les supraconducteurs de type II dansl’état mixte sont pénétrés partiellement par l’induc-tion magnétique sous forme d’un réseau de canauxentourés des supracourants appelés vortex. L’ensem-

ble ligne de flux-vortex, appelé fluxoïde, soumis à uncourant se déplace sous l’action des forces deLorentz, ce qui peut engendrer un échauffementlocal et provoquer le retour du supraconducteur àl’état normal.

Lorsque le supraconducteur est traversé par uncourant alternatif la situation est beaucoup plusdéfavorable en raison des pertes hystérétiques qui nesont autres que celles engendrées par le déplacementdes vortex, imposé par la nature variable du champmagnétique et la variation induite de B dans lematériau. Par ailleurs des causes diverses telles quedes actions mécaniques, électriques ou des champspulsés produits par des impulsions de courant peu-vent conduire à des déplacements des fluxoïdes.Pour pallier ces inconvénients plusieurs solutionssont utilisées :

a) Les fils ou rubans d’un aimant supraconducteurpar exemple sont noyés dans u e gaine de cuivre quiaccroît la résistance mécanique des bobines et jouele rôle de stabilisant cryostatique. Lorsqu’il y a

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transition de l’état supraconducteur à l’état normal,la chaleur qui en résulte est dérivée dans le cuivredont la conductivité est plus grande que celle dessupraconducteurs à l’état normal.

b) Pour limiter les pertes hystérétiques en régimevariable ou alternatif, on est conduit à réduire lediamètre du supraconducteur puisque ces pertessont proportionnelles à son diamètre. Les perteshystérétiques, par unité de volume de supraconduc-teur, sont données en première approximation par larelation

dans laquelle Jcr est la densité de courant critique dusupraconducteur, J est la densité du courant trans-porté par les filaments et d le diamètre de ces

derniers. On voit que cette relation conduit àrechercher des filaments de diamètre le plus faiblepossible [5]. Cependant la double préoccupation detransport de courant élevé (donc section importantedu supraconducteur) et la difficulté d’utilisation demonofilaments de faible diamètre a conduit à unestructure multifilamentaire du supraconducteur.Avec une telle configuration de type multifilamen-taire surgit une autre difficulté, celle de la présencede courants de Foucault au sein de la matrice decuivre, qui se dissipent en chaleur. Ce problème aété résolu d’une part par un enrobage plus résistifdes filaments (utilisation du cupro-nickel) et d’autrepart par un torsadage aussi serré que possible desfilaments. En effet, les pertes par courants induitsdépendent du pas de torsion des filaments À et de larésistivité transversale équivalente de la matrice

p M. Par unité de volume du brin on a :

où K est un facteur sans dimension dépendant de lastructure multifilamentaire [5].

c) Enfin, mis à part les problèmes de dissipationd’énergie l’attention sera focalisée sur la capacité detransport du courant dans les filaments. Il faudradonc rechercher, pour obtenir des champs magnéti-ques intenses, des densités de courant critique aussiélevées que possible.

L’aptitude des filaments supraconducteurs à trans-porter un courant de forte intensité sera condition-née par leur capacité à piéger les fluxoïdes. Ce

piégeage, qui dépend très fortement des imperfec-tions chimiques et structurales des filaments supra-conducteurs donc de leur microstructure, influedirectement sur la valeur des densités de courant

critique.La recherche de la microstructure la plus favorable

sera le fait d’une combinaison judicieuse de traite-ments thermiques et mécaniques des filaments. Cesera donc en allant vers une approche empirique duproblème que se dégagera la meilleure solution [5-7].

Toutes ces généralités peuvent être illustrées parquelques exemples. Ainsi dans les alliages Nb-Tiactuellement les plus utilisés industriellement, c’estla présence de précipités d’une phase riche en titanequi, pour un espacement et une taille bien contrôlés,assurent le meilleur ancrage possible des fluxoïdes etpar conséquent permettent l’obtention de courantscritiques élevés [5, 7, 8]. Même dans le composéNb3Sn il a été démontré que la densité de courant

critique est d’autant plus grande que les joints degrains, qui sont des pièges pour les fluxoïdes, sontplus nombreux et par conséquent que la taille desgrains est plus faible [9]. Il semblerait en être demême pour Nb3Ge [10].Notons que la présence de joints de grains n’est

pas seulement responsable de l’ancrage des fluxoï-des, l’introduction d’impuretés ou la présence dephases parasites peuvent jouer le même rôle. Ainsiavec 1.000 ppm d’azote et 1.000 ppm d’oxygène, ladensité de courant critique est presque doublée dansles alliages Nb-Ti [5]. Demolliens a montré récem-ment que pour Nb3Ge préparé sous forme de ruban,le courant critique le plus élevé est observé dans leséchantillons contenant environ 10 % en masse de la

phase parasite Nb3Ge5 [10].Les impuretés présentes dans les matériaux supra-

conducteurs peuvent jouer un rôle autre que celui depiéger les fluxoïdes. Elles peuvent en diminuant lelibre parcours moyen des électrons 1 et par consé-

quent la longueur de cohérence e, contribuer à

augmenter la densité de courant critique en élevantle champ critique. Pour cela il suffit de se rappelerd’une part que le champ critique est relié à la

longueur de cohérence par la relation

et d’autre part que 03BE03B1 F l (V F = vitesse desélectrons au niveau de Fermi). La raison physiquede la relation entre H,,2 et e est que la dimension ducoeur du fluxoïde est de l’ordre e et que parconséquent plus e sera petit plus le matériau accep-tera de lignes de flux et aura donc un champ critiqueélevé. Le fait que la longueur de cohérence soit

petite implique un faible parcours moyen pour lesélectrons et une résistivité élevée pour le matériau.Ainsi une augmentation de la résistivité de Nb3Snpar dopage avec des impuretés métalliques (Ti, Taou Ni + Zn) accroît le champ critique et la densitéde courant critique sans toutefois affecter notable-ment la température critique [9].

Il est important de noter que en plus des problè-mes de microstructure qui ont été évoqués, ceuxconcernant la diffusion aux interfaces entre lesfilaments et la matrice d’enrobage ont une influenceimportante sur les densités de courant critique et lespropriétés mécaniques des structures multifilamen-taires. La précipitation de composés non ductilescomme Ti2Cu à l’interface filament Nb-Ti//matrice-

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Cu [7] ou bien la contamination de la matrice decuivre par l’étain dans la fabrication des filaments de

Nb3Sn par la technique du « bronze » peuvent êtreéliminées par l’insertion de barrières antidiffusion.

3.1.2 Perspectives d’utilisation. - En général pourdes applications nécessitant des champs magnétiquesallant jusqu’à 9-10 T, l’alliage Nb-Ti est utilisé. Pourl’obtention de champs supérieurs compris entre 9 et14 T, Nb3Sn sera choisi et pour des champs plusélevés mais néanmoins inférieurs à 30 T, on peutfaire appel à V3Ga. Les travaux de Demolliens sur laproduction de rubans de Nb3Ge par transport chimi-que en phase vapeur, semblent prometteurs puisquedes courants critiques de 1,6 x 104 A/cM2 à 4,2 K et2,1 x 104 A/cm2 à 1,8 K sous 20 T ont été obtenus[10].Notons par ailleurs les efforts réalisés par Als-

thom-Atlantique et les laboratoires de la Compa-gnie Générale d’Electricité pour développer desmultifilaments de hautes performances en alliageNb-Ti ; -. des brins de 15 000 filaments de 0,6 03BCm

J,,, - 2 x 1f/cm2-5 T-4,2 K) pouvant supporterdes impulsions de 1 000 T/s sont disponibles ; desbrins de 250 000 filaments de 0,08 >m et 0,02 03BCmsont en cours de développement [11-13].L’année 1983 peut être considérée à plusieurs

titres comme une étape notable du développementindustriel des applications de la supraconductivité(régulateur de puissance à stockage magnétique,accélérateurs de particules, remnographes médicaux,cryoalternateurs, bobines supraconductrices à fré-

quences industrielles...). On voit donc brusquementapparaître les applications de la supraconductivitédans de nombreux domaines après 20 années derecherche et développement. La tendance sera depoursuivre les efforts vers des matériaux ayant deschamps critiques de plus en plus élevés. Ces maté-riaux existent, ce sont les phases dites de Chevreldécouvertes à Rennes en 1971 [14]. Avec une

température critique de 15 K environ pour PbMo6Ss,le champ critique avoisinant 50-60 T à 4,2 K, estenviron deux fois plus élevé que celui de Nb3Sn etplus de quatre fois plus grand que celui des alliagesNb-Ti. Sergent, Chevrel et al. ont réalisé en collabo-ration avec divers laboratoires universitaires etindustriels (CGE, Alsthom, CEA, CENG) un brinde 6 filaments de 65-120 >m et d’une longueur de300 m [15]. La densité de courant critique (Jcr =107-1OS A/m2-5 T-4,2 K; Jcr = 1,5-2,5 x 107 A/CM2_9 T-4,2 K) demeure encore relativement faible, maisles résultats obtenus sont comparables à ceux publiéspar les chercheurs suisses, américains ou japonais[16-18].

Enfin, signalons que des composés appartenant àla famille des phases de Laves, V2 (Hf, Zr) élaboréssous forme multifilamentaire, pourraient concurren-cer largement des composés A-15 (ho2 > 20 T à 4,2K) surtout pour l’insensibilité de leurs propriétéssupraconductrices aux contraintes mécaniques et àl’irradiation par les neutrons [19]. _

3.2 APPLICATIONS EN MICROÉLECTRONIQUE. -Les matériaux supraconducteurs envisagés actuelle-ment pour les applications en microélectroniquedoivent satisfaire aux critères qu’imposent la physi-que des barrières tunnels et la technologie des

jonctions.Les orientations de recherche sont les suivantes :

- Pour les électrodes supraconductrices.Utilisation de matériaux à hautes Ter. Le but est

de réaliser des jonctions dont la densité de courantvarie peu avec les fluctuations de température et depouvoir utiliser des microréfrigérateurs fonctionnantautour de 10 K. Les efforts portent sur Nb, NbN etquelques composés de type AIS (V3Si, Nb3Sn,Nb3Ge ... ) [20, 21].- Pour les barrières tunnels.

Utilisation de matériaux de faible constante diélec-

trique et par conséquent de faible capacité. Lesétudes concernent les barrières d’oxydes natifs résul-tant de l’oxydation de l’électrode supraconductriceelle-même et les barrières tunnels artificielles semi-conductrices (le silicium amorphe ou le germanium)qui sont utilisées lorsque l’électrode supraconduc-trice ne forme pas un oxyde natif de bonne qualitécomme dans le cas des composés A-15, Nb3Ge parexemple. Les barrières semi-conductrices en siliciumamorphe ont une faible constante diélectrique et lefait qu’elles aient une épaisseur plus grande, conduità des jonctions de faible capacité [22].Notons que se développent également les barrières

multicouches oxydées qui mettent en jeu les effetsde proximité responsables de la supraconductivitéd’une couche très mince de métal normal déposéesur un film supraconducteur [22].

C’est dans les applications en microélectroniqueque les supraconducteurs de type 1 trouvent une deleurs rares applications, le plomb par exemplecomme électrode supraconductrice dans les jonctionsJosephson ou l’indium pour des détecteurs de neutri-nos [23].

4. Nouvelles orientations des recherches

Les nouveautés qui apparaissent actuellement ensupraconductivité ne résultent pas uniquement del’étude du comportement de supraconducteurs bienconnus sous l’action de perturbations extérieures quiont permis par exemple la découverte du Quiteron(combinaison de deux jonctions tunnels supracon-ductrices où des effets hors d’équilibre conduisent razl’apparition d’un fonctionnement de type transistor).Grâce à la recherche systématique de nouveaux

composés supraconducteurs les études se dévelop-pent actuellement dans plusieurs directions pourmontrer par exemple que le ferromagnétisme et lasupraconductivité ne sont pas des phénomènes quis’excluent mutuellement et qu’il peut exister un typede supraconductivité (état triplet) autre que celui quiest à la base de la théorie microscopique de BCS(état singlet). Par ailleurs l’étude des conditionsd’existence de la supraconductivité dans des maté-riaux de basse dimensionalité (compatibilité avec les

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ondes de densité de charge) et dans les composésorganiques fait l’objet de nombreux travaux.

4.1 COEXISTENCE MAGNÉTISME-SUPRACONDUCTI-VITÉ. - La coexistence du magnétisme et de la

supraconductivité met en confrontation deux phéno-mènes collectifs, ce qui donne naissance à de nouvel-les propriétés. Les travaux théoriques de Ginzburgen 1957 [24] et de Abrikosov et Gor’kov en 1961 [25]montrent que les impuretés magnétiques en intera-gissant fortement avec les électrons itinérants détrui-sent les paires de Cooper et par conséquent la

supraconductivité. Les travaux expérimentaux deMatthias et al. [26] en 1958 confirment les résultatsthéoriques.

Il est utile de rappeler que les paires de Cooperpeuvent être détruites par deux effets : (a) unediffusion par les impuretés magnétiques (effet dusecond ordre), (b) la présence d’un champd’échange (effet de premier ordre) résultant del’existence d’un champ magnétique extérieur ou biende l’établissement d’un ordre magnétique.

L’hamiltonien de l’interaction d’échange entre lespin de l’impureté magnétique S et celui des élec-trons de conduction s est donné par l’expression :Jecx = - jSs où j est le paramètre de l’interactiond’échange.Quel que soit l’ordre magnétique, antiferromagné-

tique ou ferromagnétique qui entrera en compétitionavec la supraconductivité, il sera indispensable que jsoit faible pour observer la coexistence des deux

phénomènes.4.1.1 Coexistence supraconductivité-antiferromagné-tisme. - La coexistence supraconductivité-antifer-romagnétisme a été observée pour la première foisdans les phases de Chevrel REMo6S8 (RE = Gd,Tb, Dy, Er), REMo6Se, (RE = Gd, Tb, Er) et lesborures ternaires RERh4B4 (RE = Nd, Sm,Tm) [27]. Les électrons itinérants 4d qui résultent dela présence d’amas de métaux de transition Mo6pour les phases de Chevrel et Rh4 pour les borures,sont faiblement couplés aux ions magnétiques deterres rares; |j|~0.01 eV pour les phases deChevrel [27].4.1.2 Coexistence supraconductivité-ferromagnétis-me. - Sans préjuger de la nature microscopique dela supraconductivité, Ginzburg [24] prévoyait dès1957 la très grande difficulté qu’il y aurait à découvrirdes matériaux où coexisteraient le ferromagnétismeet la supraconductivité. L’induction créée parl’aimantation spontanée peut atteindre 20 kG et

ainsi détruire la supraconductivité de tout composé àfaible champ critique. Il prédisait que ferromagné-tisme et supraconductivité ne pourraient coexisterque : (a) dans des composés ayant un champ critiqueplus grand que l’induction spontanée, (b) dans lesrégions d’un échantillon où l’induction magnétiqueest considérablement réduite.Pour démontrer les idées de Ginzburg il paraissait

naturel d’étudier des matériaux dans lesquels le

ferromagnétisme et la supraconductivité avaient étéobservés, soit des composés à supraconductivité

réentrante qui s’ordonnent ferromagnétiquement àtempérature plus basse que celle où apparaît latransition supraconductrice.Ce serait donc dans les parois de Bloch des

domaines ferromagnétiques, aimantés alternative-ment dans un sens et dans l’autre que pourraitapparaître la supraconductivité.

Trois composés à supraconductivité réentranteont été étudiés [28] : ErRh4B4 de structure quadrati-que type CeCo4B4 caractérisé par un plan de facileaimantation, HoMo6S8 de symétrie rhomboédriqueprésentant un axe de facile aimantation [111] et

Sn (1) Er ( 1 ) Er (2 ) Rh Sn de structure quadrati-1- x (x) 4 ..1.() lys

que.Des mesures de résistivité électrique ou de suscep-

tibilité alternative ont été réalisées sur des monocris-taux des composés signalés précédemment. Unerésistance nulle, caractérisant un état supraconduc-teur a été observée lorsque les contacts électriquessont disposés parallèlement aux parois de Bloch soitdans la direction de l’axe de facile aimantation pourHoMo6s8 et dans le plan de facile aimantation pourErRh4B4. Une résistance pratiquement égale à cellede l’état normal a été observée perpendiculairementaux parois de Bloch.

4.1.3 Supraconductivité induite par un champmagnétique extérieur. - Aussi surprenant que celapuisse paraître à première vue, la supraconductivitépeut être induite par un champ magnétique extérieurdans certains composés de terres rares.4.1.3.1 Supraconductivité induite en champ intensedans le composé paramagnétique EuxSn, _ xMo6Sg [29]. - Pour x = 0,8 et T 1 K la supracon-ductivité disparaît pour un champ très faible

(0,6-1 T) pour réapparaître à plus haut champ vers8 tesla et disparaître à nouveau au-delà de 20 tesla.L’apparition de la supraconductivité entre 8 et20 tesla résulte tout simplement du fait que le champd’échange interne Hech et le champ extérieur Hextsont opposés parce que j 0. Les électrons deconduction ne voient alors que la différence

Hech - Hext et par conséquent ne peuvent s’associeren paires de Cooper que pour une certaine valeurfaible du champ magnétique résultant, c’est l’effetJaccarino-Peter. Ce type de phénomène n’a pu êtreobservé que dans des composés à champ critiqueélevé et donc caractérisés par une faible longueur decohérence e.4.1.3.2 Supraconductivité induite en champ faibledans un composé ferromagnétique. - Des mesuresde résistivité sur des monocristaux de HoMo6S8 ontmontré que la supraconductivité apparaissait lorsquele champ magnétique extérieur appliqué Hext étaitopposé à l’aimantation rémanente(Hext ~ 0,1 T à25 mK) [28].

4.2 A LA RECHERCHE DE LA SUPRACONDUCTIVITÉTRIPLET OU DE TYPE p. - La découverte del’hélium 3 superfluide a conduit à rechercher unnouveau type de supraconductivité dans les solides

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autres que celui proposé par BCS (état singlet).Supraconductivité et superfluidité sont deux proprié-tés jumelles de la nature. La première concerne lesmétaux, la seconde les gaz ou liquides neutres. Lesatomes d’3He, pour devenir superfluides, ont besoinde s’associer par paires comme les électrons des

supraconducteurs. On sait que dans l’un de leursétats superfluides, les paires d’3He sont anisotropes(spins nucléaires parallèles) [30]. Ceci a conduit à sedemander, par analogie avec 3He superfluide, pour-quoi il n’existerait pas un nouveau type de supracon-ductivité qui serait caractérisé pas des paires d’élec-trons à spins parallèles (état triplet ou de type p).

Les recherches se sont naturellement orientéesvers des composés dont le comportement de lachaleur spécifique à très basse température présen-tait des analogies avec celui de l’hélium 3 : variationnon exponentielle de la chaleur spécifique en dessousde Tcr, variation en lois de puissance (en T2 parexemple) de la conductivité thermique, de l’atténua-tion des ultrasons, du pouvoir thermoélectrique...

Par ailleurs des travaux théoriques montrent

qu’une supraconductivité de type p peut être induitedans des composés proches du magnétisme présen-tant des fluctuations de spins (paramagnons) « pres-que » ferromagnétiques ou « presque » antiferroma-gnétiques. La présence de paramagnons est favora-ble à l’apparition de la supraconductivité triplet etdéfavorable à l’existence de la supraconductivité detype BCS (état singlet) [31]. Notons également quel’appariement de type p des électrons est facilementcontrarié par la présence d’impuretés magnétiquesou non magnétiques [32, 33].Toutes ces propriétés semblent se manifester dans

des composés présentant un très fort terme y dechaleur spécifique électronique que l’on appelleactuellement composés à « fermions lourds ». Cesont soit des composés binaires ou ternaires conte-nant du cérium ou de l’uranium comme par exem-

ple : CeAl3, CeCu6, UPt3, UBel3, CeCU2S’2’ Parmiles exemples cités seuls les trois derniers composésdeviennent supraconducteurs respectivement à

0,54 K, 0,9 K et 0,5 K [34]. Le type de supraconduc-tivité auquel appartient chacun de ces composésn’est pas encore bien défini. La variation thermiquede leur chaleur spécifique à basse température n’estpas exponentielle en dessous de Tcr; des lois de

puissance notamment en 7’ sont observées pour uncertain nombre de propriétés de UPt3 : conductivitéthermique, chaleur spécifique, pouvoir thermoélec-trique et atténuation des ultrasons [35]. Pour UBel3bien en dessous de Tcr, la chaleur spécifique varie enT3 et la conductivité thermique en T2 [34, 35].Toutes ces propriétés semblent indiquer que la

supraconductivité pourrait être de type p dans

UBel3 et UPt3. De plus pour UPt3, au-dessus de Tcr,la présence d’un terme T3ln T dans la chaleur

spécifique, qui est une manifestation de fluctuationde spins, renforce l’idée d’une supraconductivité detype p [34, 35]. La situation est nettement moinsclaire pour CeCU2S’2 pour lequel des mesures récen-

tes de courant tunnel en fonction d’un champmagnétique extérieur seraient plutôt en faveur d’unesupraconductivité de type s (état singlet).Bien qu’il y ait de fortes présomptions d’observer

une supraconductivité de type p dans les composés àfermions lourds, il n’existe pas encore de preuvesvraiment décisives. En fait la démonstration clairede l’existence d’une supraconductivité de type p nepourra se faire que grâce à la découverte de maté-riaux supraconducteurs ferromagnétiques itinérantsdans lesquels les mêmes électrons seront responsa-bles à la fois du magnétisme et de la supraconducti-vité. Il semblerait que le composé ErRh4B3,8E]0,2, desymétrie quadratique et de structure type LuRu4B4,possède cette propriété [37].

4.3 SUPRACONDUCTIVITÉ ET MATÉRIAUX DE BASSEDIMENSIONNALITÉ. - De nombreux composés àdimensionnalité restreinte tant bidimensionnelsqu’unidimensionnels présentent des transitions struc-turales à basse température dites transitions dePeierls. Ces instabilités structurales ne se produisentque dans la mesure où une déformation du cristal estnécessaire pour bénéficier d’un gain d’énergie élec-tronique via une modulation de la densité électroni-que appelée onde de densité de charge (ODC).

L’étude de NbSe2 (bidimensionnel) et NbSe3(unidimensionnel) qui présentent une ODC et despropriétés supraconductrices a permis de montrer lelien entre ces deux phénomènes qui, tous les deux,font intervenir l’interaction électron-phonon.

Soumis à une pression, NbSe2 voit sa températurecritique s’élever alors que l’ODC est progressive-ment supprimée [38]. NbSe3 unidimensionnel, pré-sente deux ODC ; il n’est pas supraconducteur à lapression normale au-dessus de 7 mK. Il devientsupraconducteur sous-pression lorsque disparaîtl’ODC [39]. L’ODC est donc un poison de la supra-conductivité.

5. Conclusions

Malgré les difficultés de la théorie microscopique dela supraconductivité de faire des prédictions de

température critique, elle fait néanmoins clairementapparaître les principaux paramètres qui gouvernentle phénomène : densité d’état au niveau de Fermi,spectre de phonons et interaction électron-phonon.Le chercheur qui observe les caractéristiques physi-ques des supraconducteurs en vue de les améliorerest conduit, en dehors de la nécessité de préparerdes matériaux purs, à agir sur le type de réseaucristallin et la stoechiométrie. Il est plus aisé d’agirdans le sens de la dernière proposition que de suivrela première dans la mesure où les aspects structurauxprévisionnels restent encore peu maîtrisables. Dispo-sant donc d’un modèle structural, il sera alors assezfacile de modifier d’une manière contrôlée le nombrede porteurs et la densité d’états en jouant essentielle-ment sur la composition, les effets de désordre ou desubstitution. Les composés en type A-15 illustrenttrès bien cette approche.

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Pour progresser dans la recherche de nouveauxmatériaux supraconducteurs, il ne faut pas s’enfer-mer dans des idées préconçues qui seraient le fruitde modèles empiriques trop simplistes. Il faut aucontraire envisager des études systématiques sur denouvelles familles de composés. La plupart des

composés supraconducteurs intéressants n’ont-ils

pas été découverts fortuitement ? Sans préjuger desrecherches futures, on peut toutefois penser qu’avecle très grand potentiel permettant de former denouveaux composés avec trois éléments différents,les nouveaux supraconducteurs seront encore pourlongtemps des matériaux ternaires.Dans le domaine des applications immédiates,

l’intérêt se situe sur un autre plan. Il est clairement

apparu que de meilleurs contrôle et caractérisationde la microstructure des matériaux connus sont

primordiaux. Ceci est vrai à la fois pour NbTi etNb3Sn, déjà commercialisés ; de même pour les

matériaux de la prochaine génération, comme

Nb3Ge et PbMo6S.. Notons que pour les applicationsen courant alternatif qui nécessitent des filaments defaible diamètre, c’est l’alliage Nb-Ti qui sera encoreutilisé pour longtemps.

Il faut souligner l’impact que sont susceptiblesd’avoir dans l’avenir les matériaux supraconducteursen couches minces (a) pour élaborer de nouveaux

matériaux métastables dont l’obtention aurait été

impossible par des techniques conventionnelles,(b) pour déposer en rubans des matériaux pourlesquels l’extrusion est difficile.En ce qui concerne les orientations nouvelles des

recherches que ce soit pour étudier la coexistencesupraconductivité-magnétisme ou la recherche de

composés présentant une supraconductivité tripletou de type p, les chimistes devront s’efforcer depréparer des monocristaux. Par ailleurs puisque lasupraconductivité de type p semble apparaître dansdes composés à forte chaleur spécifique électroniqueet que de plus elle est défavorisée par la présenced’impuretés magnétiques ou non magnétiques, lesrecherches devront se diriger vers des composés oùle libre parcours moyen des électrons est nettementsupérieur à la longueur de cohérence (1 » e).Enfin on ne peut passer sous silence les supracon-

ducteurs organiques dont l’intérêt essentiel se situepour l’instant sur le plan de la recherche fondamen-tale. Notons que la température critique la plusélevée actuellement connue a été observée dans

/3- ( BEDT-TTF ) 213 (Ter = 8,1 K). Ce résultat aété obtenu après l’application d’une pression hydros-tatique d’hélium gazeux de 1,5 kbar et le relâche-ment de la pression à basse température [40].

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