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Les grandes religions Le judaïsme Le christianisme L’islamisme L’hindouisme Le bouddhisme L’essor du rationalisme grec

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Les grandes religions

Le judaïsme

Le christianisme

L’islamisme

L’hindouisme

Le bouddhisme

L’essor du rationalisme grec

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Le judaïsme

Abraham de Michelangelo Caravaggio Le roi David

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Le judaïsmeDéfinitions

-Alliance: pacte symbolique conclu entre Yahvé et le peuple juif, et renouvelé à plusieurs reprises (Adam, Noé, Abraham).

-Antisémitisme: fait d’être contre les juifs. Au Moyen Âge, l’antisémitisme est basé sur la religion, alors qu’au vingtième siècle, il est basé sur la race.

-Ashkénaze-Séfarade: noms donnés à deux grandes communautés juives. Les Ashkénazes viennent principalement d’Europe centrale et d’Europe de l’Est. Les Séfarades viennent principalement d’Europe méridionale et d’Afrique du Nord.

-Babel: récit où on raconte que les descendants de Noé voulurent construire une tour appelée «tour de Babel» pour atteindre le ciel à cause de leur orgueil. Récit étiologique de l’origine des langues.

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Le judaïsmeDéfinitions

-Canaan: ancien nom de la Palestine.-Croisades: entreprises de guerre s’étendant du onzième au

treizième siècle, période au cours de laquelle les Européens de religion chrétienne tentèrent de s’emparer de la Palestine et des lieux saints en luttant contre les Turcs musulmans.

-Décalogue: les dix commandements que Yahvé aurait donnés à Moïse sur le mont Sinaï. Il s’agit de règles de solidarité tribale.

-Diaspora: dispersion du peuple juif.-Exode: sortie d’Égypte du peuple juif sous la conduite de Moïse.-Hassidisme: mouvement mystique juif apparu au milieu du dix-

huitième siècle et qui laisse une place prépondérante à la prière et à la joie qu’elle procure.

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Le judaïsmeDéfinitions

-Holocauste ou Shoah: termes qui désignent le génocide des juifs durant la Deuxième Guerre mondiale. Six millions de juifs trouvèrent la mort dans ces tueries qui constituent un des crimes les plus graves de l’histoire de l’humanité.

-Hébreux: nom donné au peuple juif durant les deux premiers millénaires avant notre ère.

-Yahvé: nom donné à Dieu dans la tradition juive. Il signifie «Celui qui est».

-Israël: nom que porte le peuple de Yahvé, et, par extension, le pays habité par ce peuple. Terme qui désigne également, depuis 1948, l’État d’Israël moderne.

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Le judaïsmeDéfinitions

-Messianisme: croyance à l’avènement du Messie, c’est-à-dire d’un rédempteur promis au peuple juif dispersé durant l’Antiquité. Terme qui finit par désigner la fin des temps où le peuple juif réalisera son unité fusionnelle avec Yahvé.

-Mysticisme: doctrine philosophique et religieuse selon laquelle la connaissance serait une communion directe avec l’absolu sans le secours de la raison.

-Négationnistes: terme qui désigne ceux qui refusent de reconnaître le génocide des juifs durant la Deuxième Guerre mondiale.

-Orthodoxes: dans le contexte de la tradition juive, désigne les juifs originaires d’Europe de l’Est qui respectent méticuleusement les prescriptions de la Torah conformément à la tradition.

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Le judaïsmeDéfinitions

-Palestine: région du Proche-Orient s’étendant du Sud-Liban à l’Égypte et de la Côte-Est de la Méditerranée à la Jordanie.

-Pogrom: persécution des juifs en Europe de l’Est durant le dix-neuvième siècle.

-Rabbin: responsable religieux de la tradition juive.-Sabbat: journée d’action de grâce consacrée à

Yahvé chaque samedi. On doit s’abstenir de tout travail pendant 24 heures à partir du vendredi au coucher du soleil jusqu’au samedi au coucher du soleil.

-Shema: profession de foi dans le judaïsme.

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Le judaïsmeDéfinitions

-Sionisme: mouvement initié au dix-neuvième siècle par Théodor Herlz dont le but était de reconstruire le pays des juifs en Palestine. Terme qui désigne également le mouvement de ceux qui veulent étendre les frontières de l’État d’Israël moderne.

-Synagogue: lieu de culte pour les personnes qui pratiquent le judaïsme. Traditionnellement, la synagogue sert aussi de salle de réunion, d’école et de tribunal. Elle constitue le cœur de la vie communautaire.

-Temple: édifice construit par les juifs à la gloire de Yahvé. Détruit une première fois par les Babyloniens, il fut reconstruit pour être de nouveau détruit par les Romains.

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Les textes sacrésLa Torah et les autres écrits

-La Bible hébraïque: ou Tanak comprend 24 livres. Elle contient la Torah ou «Pentateuque» (qui veut dire en grec: cinq livres), les livres des prophètes (huit livres), les Psaumes (1 livre) et d’autres écrits. Pour l’ensemble de ces écrits, on parlera de la Torah écrite. Sa rédaction a duré un millénaire et représente une œuvre très diversifiée tant par les auteurs que par les genres littéraires. Pour la tradition juive, la Torah est avant tout un enseignement divin et énonce une direction à suivre pour guider l’homme dans ses rapports avec son prochain et avec Yahvé. Elle est la charte de l’Alliance entre Dieu et son peuple et en tout premier lieu une manifestation de grâce.

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Les textes sacrésLa Torah et les autres écrits

-La Torah orale: accompagnant la Torah écrite, la Torah orale se veut une adaptation permanente aux exigences de la vie concrète, sous forme de commentaires de l’écrit. Cette adaptation doit tenir compte de la diversité des domaines de vie et des variations dans les conditions de vie. Dans la tradition juive, la «répétition» de la parole divine doit toujours s’accompagner d’interprétation. De cette manière, la Torah orale apparaît comme l’interprétation première, indispensable de la Torah écrite. Tandis que la Torah écrite a été donnée une fois pour toute, la Torah parlée n’est jamais close. Son interprétation et son actualisation restent pour chaque génération la tâche des maîtres de l’enseignement traditionnel.

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Les textes sacrésLa Torah et les autres écrits

-Le Pentateuque: c’est le cœur de la Torah écrite puisqu’il rapporte la mémoire des origines en reprenant les grands récits fondateurs. Il comprend l’Exode (shemot), le Lévitique (Vayikra), les Nombres (Be-Midmar) et le Deutéronome (Devarim). La tradition attribue à Moïse l’origine de ces écrits. À chaque sabbat, un passage du Pentateuque est proclamé à partir du rouleau où il a été retranscrit de génération en génération. Ces rouleaux sont l’objet d’une grande vénération, et joie de la Torah au cours de laquelle on danse avec la Torah.

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Les textes sacrésLa Torah et les autres écrits

-Les prophètes: le terme «prophète» est à prendre au sens large: il s’agit de personnes parlant ou agissant au nom de Yahvé. Cet ensemble réunit des livres à caractères narratif et historique et couvre la période allant de la conquête de la Terre promise au retour de l’exil à Babylone en passant par l’établissement de la royauté ainsi que par la chute de Jérusalem et la destruction du temple par les Babyloniens au VIe siècle av. J.-C. Il comprend: juges, Samuel, Rois, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Amos et Osée.

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Les textes sacrésLa Torah et les autres écrits

-Les écrits «hagiographiques»: ce dernier mot d’origine grecque, signifie: «écrits sacrés». Cette section comprend, entre autres, des écrits majeurs de la sagesse juive tels que: le livre des prophètes, le livre de job (qui questionne le fait que Yahvé tolère l’existence du mal), le Cantique des Cantiques (poèmes d’amour) et les Psaumes (qui sont des poèmes et des prières attribués traditionnellement au roi David).

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Les grands ritesde la tradition juive

-Circoncision: elle consiste à l’ablation du prépuce du jeune garçon. Cette opération ne laisse pas de séquelles importantes. Nous retrouvons cette pratique chez de nombreux peuples à travers toute l’histoire de l’humanité. Nous la retrouvons dans l’islam. Elle marque le tournant de la puberté. La pratique de la circoncision chez les juifs revêt un sens spécifique. Les juifs auraient imité les Égyptiens. Dans le récit de la Genèse la circoncision a été commandée par Yahvé à Abraham pour marquer dans la chair de ses descendants l’Alliance conclue entre eux deux. La loi religieuse stipule que tout enfant mâle doit être circoncis huit jours après la naissance. Cette obligation est la responsabilité du père. Cette opération est effectuée par le Mohel. La signification de la cérémonie est de marquer l’entrée du jeune garçon dans la communauté juive. Elle est également exigée pour l’admission d’un non-juif.

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Les grands ritesde la tradition juive

-Bar-mitzvah: chez bien des peuples primitifs (des amérindiens aux aborigènes australiens, en passant par les peuples de l’Afrique traditionnelle), il existe un rituel de l’initiation. Cette cérémonie marque le passage du jeune garçon à la vie adulte et l’accession aux responsabilités. Dans le judaïsme, les garçons sont les seuls à devoir subir ce passage. Le mot bar signifie «fils» et mitzvah signifie «commandement». En référence à la Torah, le jeune initié devient donc «fils du commandement». Âgé de 13 ans, le jeune garçon doit lire en hébreux un texte de la Torah à la synagogue et répondre aux questions que lui adresseront la communauté des hommes sur ce passage de la Loi. Il doit méditer sur le sens du texte de façon à répondre aux questions.

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Les grands ritesde la tradition juive

-La prière: elle revêt quatre formes différentes:1-La prière individuelle: la prière du matin (cha’harit), la prière de

l’après-midi (min’ha) et la prière du soir (ma’ariv), lesquelles se récitent à la maison ou à la synagogue.

2-La prière collective: elle se récite quotidiennement en présence d’au moins dix hommes juifs âgés d’au moins treize ans. Elle peut être récitée n’importe où.

3-Les bénédictions (bracha): dans les rituels ces prières sont récitées pour presque tous les événements quotidiens ou exceptionnels. Les juifs peuvent ainsi célébrer à tout moment la présence et la bonté de Yahvé.

4-Prière quand ils mangent du pain, quand ils mettent des vêtements neufs, quand ils font quelque chose pour la première fois.

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Les grands ritesde la tradition juive

-Le mariage: en général, chez les juifs orthodoxes, les filles peuvent se marier autour de 18 ans et les garçons autour de 21 ans. Le célibat n’est pas encouragé, car le mariage et les enfants sont essentiels. Le premier commandement de la Torah est «Être fécond et se multiplier». La cérémonie du mariage comporte plusieurs étapes: un bain rituel, la signature du contrat (pour la protection de la femme), le don de l’époux à la mariée d’un objet de valeur, la lecture des sept bénédictions. Le divorce par consentement mutuel est admis, mais selon des procédures du tribunal rabbinique. Ce rite reconnaît l’égalité fondamentale des deux réunis et insiste sur la complémentarité des rôles. Les hommes sont par tradition les chefs de famille tandis que les femmes sont par tradition la gardienne du foyer et doit élever ses enfants dans les valeurs de la tradition. Est juif, un enfant né d’une mère juive.

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Les grands ritesde la tradition juive

-Les rites de la mort: les juifs regardent la mort avec l’assurance et le réconfort que procurent les rites de leur foi. La tradition donne beaucoup d’importance aux soins, aux mourants et à l’enterrement. Il y a cette croyance à la résurrection des morts et la tenue d’un jugement dernier par Yahvé. Un jour, les corps des morts surgiront de leurs tombes. La cérémonie funéraire est habituellement dirigée par un rabbin. L’enterrement se fait aussi vite que possible en terre consacrée. Sept jours de deuil suivent les funérailles. Jusqu’au onzième mois, une prière pour le défunt est récitée tous les jours à la synagogue et, par la suite, l’anniversaire de la mort est commémoré chaque année.

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Les grands ritesde la tradition juive

-Le sabbat: de l’hébreu shabbat qui signifie «relâche» ou «repos». Le sabbat est l’institution la plus importante de la tradition juive. Le principe de base de l’observance du sabbat est l’abstention de tout travail. De façon générale, le travail est considéré comme l’application d’une idée à un objet dans le but de produire cet objet ou de le transformer. Il est donc interdit de travailler à la construction d’une habitation, de réparer des vêtements, de faire du feu ou de préparer de la nourriture, de monter à cheval, de faire du commerce, de répondre au téléphone, d’actionner un commutateur électrique, d’écouter la radio, de regarder la télévision, de conduire un automobile. Cependant, les interdictions sont suspendues si une vie humaine est en danger.

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Les grands ritesde la tradition juive

-Fêtes: composé de douze mois de 29 à 30 jours, l’année juive comporte 354 jours.

1-Roch Hachana ou la fête du nouvel An: célèbre la création du monde et de l’homme par Yahvé ainsi que le jour du jugement dernier.

2-Yom Kippour: la demande de pardon pour les péchés envers Yahvé et envers le prochain. Les relations sexuelles sont interdites et le jeûne obligatoire.

3-Soukkoth: protection accordée au peuple juif par Yahvé durant ses déplacements dans le désert suite à la fuite d’Égypte.

4-Pourim: commémorer l’intervention d’une jeune juive, Esther, auprès du roi des Perses qui sauva le peuple juif de l’anéantissement au Ve siècle av. J.-C.

5-Pessah ou la fête de Pâque: on sacrifiait le premier né d’un troupeau de mouton afin que son esprit permette une reproduction abondante.

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Les grands ritesde la tradition juive

-Décalogue: Les commandements verticaux 1-Adorer le seul vrai dieu: Yahvé.2-Ne point adorer d’idoles.3-Ne pas invoquer le nom de Yahvé en vain.4-Consacrer le septième jour de la semaine pour Yahvé.Les commandements horizontaux5-Honorer ses parents.6-Ne pas commettre de meurtre.7-Proscrire l’adultère.8-Ne pas voler.9-Ne pas mentir.10-Ne pas convoiter la maison ni la femme du prochain.

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Les grands ritesde la tradition juive

-Règles alimentaires: le mot hébreu casher signifie «aliment conforme, apte à la consommation». Il faut les comprendre comme des habitudes culturelles. Certaines viandes sont interdites: seules sont casher les viandes comme le bœuf et le mouton. Les viandes de cheval, de porc et de lapin sont interdites. Parmi les oiseaux sont autorisés les poulets, les oies, les canards. La viande des oiseaux de proie est interdite. La chair des crevettes, des anguilles et des reptiles est interdite. Il est obligatoire de saigner complètement les animaux, car le sang est interdit à la consommation. Selon la tradition, le sang est considéré comme le support du principe vital. Les animaux sont égorgés et doivent être trouvés sans défaut ni maladie.

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Le judaïsme-L’histoire du judaïsme est l’histoire d’un peuple. Le judaïsme

est une religion familiale et tribale qui se transmet de génération en génération par la mère, bien qu’il soit possible à un non-juif de se convertir au judaïsme. De nos jours, on trouve des communautés juives partout dans le monde, les plus importantes étant aux États-Unis d’Amérique et en Israël. En dépit de racines culturelles diverses et de pratiques religieuses différentes, la majorité des juifs croient qu’ils sont les descendant d’Abraham, de son fils Isaac et de son petit-fils Jacob, dont les exploits sont relatés dans les écritures saintes hébraïques. Depuis le début de leur longue et souvent malheureuse histoire, les juifs se sont considérés comme le peuple de Dieu, dont la mission est d’apporter au monde la révélation d’un Dieu unique.

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Le judaïsmeLa Torah

-La religion juive repose sur la Torah («loi» ou «enseignement»), le livre de la loi de Dieu. Les juifs orthodoxes croient que Dieu a donné lui-même ce livre à son prophète Moïse. Il leur faut donc strictement obéir à ses 613 commandements qui couvrent tous les domaines de la vie, en particulier ses aspects rituels et moraux. La Torah elle-même comprend les cinq premiers livres de la Bible: la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Chaque semaine, un extrait du rouleau de la Torah est lu à la synagogue, lieu du culte juif, et les lectures sont organisées de sorte qu’elle soit lue en entier une fois par an. Toute conduite sera jugée en fonction du respect de son enseignement.

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Le judaïsmeL’histoire ancienne

-La Bible raconte qu’Abraham fut appelé à quitter son propre pays et à errer dans le désert. Dieu lui promit qu’il serait le père d’une grande nation et que ses descendants seraient aussi nombreux que les étoiles du ciel. Bien que déjà fort âgé et sans descendance, il obéit à la voix de Dieu et, quelque temps après, un fils lui fut donné. Plus tard, la tribu s’installa en Égypte où elle fut réduite en esclavage. Ce fut le prophète Moïse (vers le XIIIe siècle av. J.-C.) qui la conduisit vers la liberté et la Terre promise, qui est aujourd’hui la terre d’Israël. Ce fut au cours de ce long voyage que Dieu révéla ses commandements, non seulement les dix commandements, mais la totalité de la Torah…

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Le judaïsmeL’histoire ancienne

…À l’origine, les Israélites n’éprouvèrent pas le besoin de se donner un roi, puisque leur seul souverain était Dieu. Toutefois, lorsqu’ils se sentirent menacés par des ennemis, des chefs locaux, connus sous le nom de «juges», apparurent et, finalement, une monarchie fut instaurée; Saül et David suivi de Salomon régnèrent sur le peuple juif (XIe-Xe siècle avant J.-C.). Le roi Salomon est demeuré célèbre dans les mémoires pour avoir construit à Jérusalem un magnifique temple dédié à Dieu, qui devint le centre religieux du peuple juif. Cependant, après sa mort, le royaume fut partagé en deux. Les dix tribus du Nord formèrent le «Royaume d’Israël» qui fut détruit par les Assyriens en 722 av. J.-C., tandis que les deux tribus du Sud restèrent fidèles à David et sont connues comme le «Royaume de Juda», qui fut conquis par les Babyloniens en 586, le temple de Jérusalem fut détruit et les juifs exilés à Babylone.

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Le judaïsmeLa dispersion

-Ce fut le début de la grande dispersion juive. Bien que les juifs aient été autorisés à retourner en Terre promise à la fin du VIe siècle av. J.-C., beaucoup choisirent de demeurer à Babylone et, peu à peu, des colonies juives furent fondées dans tout le bassin méditerranéen. Le temple de Jérusalem fut reconstruit et les juifs connurent une brève période d’indépendance avant d’être intégrés à l’empire romain. En 70 avant J.-C., ils se soulevèrent contre Rome. L’une des conséquences fut la destruction du Temple dont il ne subsiste que le Mur occidental, dit des lamentations. Pendant ce temps, le christianisme, issu du judaïsme, était devenu, au IVe siècle, la religion officielle de l’Occident, tandis que l’islam allait se déployer en Asie Mineure, en Afrique du Nord et jusqu’en Espagne au VIIe siècle.

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Le judaïsmeLes descendants d’Abraham

-Selon le livre de la Genèse, Abraham fut le père du peuple juif, et Dieu lui enjoignit de quitter son pays d’origine (la Mésopotamie) en lui promettant: «À toi et à ta race je donnerai le pays où tu séjournes, tout le pays de Canaan, en possession en perpétuité.» Abraham connut de nombreuses aventures et son fils Isaac hérita à son tour de cette promesse. Isaac eut deux fils, Esaü et Jacob. Le livre de la Genèse raconte de quelle manières Jacob, son plus jeune fils, s’empara du droit d’Aînesse et de la bénédiction de son frère et fut contraint de fuir sa colère. Pendant son voyage, à Béthel, il fit un rêve qui renouvela la promesse faite à Abraham. De nouveau, Dieu promit que la terre serait donné à Jacob et à ses descendants.

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Le judaïsmeLes douze tribus

-Jacob fut le père de douze fils: Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Dan, Nephtali, Gad, Aser, Issachar, Zabulon, Joseph et Benjamin. Ils seraient les douze ancêtres des douze tribus d’Israël. Plus tard, lorsque les israélites furent installés en Terre promise, le territoire fut réparti entre les tribus. Joseph, fils aîné de l’épouse préférée de Jacob, hérita, selon la coutume, d’une double part; ses tribus portèrent donc le nom de ses deux fils: Éphraïm et Manassé. La tribu de Lévi était une tribu de prêtres, dont les descendants officièrent au temple de Jérusalem où ils assuraient un cycle régulier de culte. De ce fait, ils étaient entretenus par un système de dîmes et ne possédaient donc pas de terres tribales.

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Le judaïsmeL’Exode et la remise de la Loi

-Pour échapper à la famine, Jacob et ses douze fils partirent vers le sud. Ils s’installèrent en Égypte mais, après plusieurs générations, la hiérarchie pharaonique se retourna contre eux. Selon le livre de l’Exode, ils furent réduits en esclavage et contraints de construire les ville de Pitom et de Ramsès. Mais Dieu n’oublia pas son peuple et Moïse, un jeune israélite élevé à la cour d’Égypte, appela sur le peuple égyptien une série de désastres, ou plaies. Il fut alors autorisé à conduire son peuple vers la liberté. Ils s’établirent un campement, près du mont Sinaï. C’est là que Dieu donna à Moïse les 613 commandements qui demeurent la pierre angulaire de la vie juive.

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Le judaïsmeRoyaumes d’Israël et de Juda

-Les Israélites sont censés avoir erré quarante ans dans le désert. Lorsqu’ils s’établirent enfin dans leurs territoires tribaux, ils voulurent alors être gouvernés par Dieu seul. Toutefois, lorsque les nations environnantes se firent menaçantes, ils éprouvèrent le besoin d’être protégés par un roi. Le premier roi des Israélites fut Saül, de la tribu des Benjamin. David lui succéda, puis Salomon, le fils de David, qui construisit le temple de Jérusalem. Ces trois premiers rois étaient originaires du Sud, du royaume de Juda et, donc, les tribus du Nord, qui occupaient le territoire connu sous le nom d’Israël, s’érigèrent en un royaume distinct qui, bien que plus grand, plus riche et plus puissant que celui de Juda, fut politiquement moins stable…

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Le judaïsmeRoyaumes d’Israël et de Juda

…Entre-temps, les puissants empires égyptien et assyrien s’étaient établis à l’est et au sud des terres juives, qui prirent une grande importance stratégique. Dans un premier temps, les Israélites écartèrent toute menace belliqueuse par le versement régulier de tributs. Ceci n’empêcha pas le royaume du Nord d’être envahi en 722 av. J.-C. par les Assyriens, qui y implantèrent d’autres populations. Il y eut des mariages mixtes et les tribus du Nord furent perdues pour l’histoire. Néanmoins, l’idée des douze tribus demeura importante, car la promesse faite par Dieu aux patriarches valait pour toutes les tribus et plusieurs groupes affirment être les descendants d’une de ces «tribus perdues».

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Le judaïsmeExil et retour

-Pendant ce temps, le royaume du Sud, toujours gouverné par la dynastie de David, poursuivait son existence et entretenait sa vie religieuse dans le temple de Jérusalem. Jérusalem fut assiégée par les Babyloniens en 586. Ce fut un désastre: le temple de Salomon fut détruit par le feu et les tribus restantes furent emmenées en exil à Babylone, où elles tentèrent d’organiser leur vie religieuse en créant des synagogues. Beaucoup s’y établirent en permanence. Lorsque les Babyloniens furent à leur tour conquis par les Perses en 538, de nombreux juifs décidèrent de revenir, mais ce fut la déception: les terres étaient à l’abandon et le Temple en ruines. Ils reconstruisirent tout et s’y installèrent. Les quelques siècles qui suivirent, le pays fut d’abord intégré dans l’empire d’Alexandre le Grand, puis disputé par les dynasties ptolémaïque et séleucide.

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Le judaïsmeJudaïsme dans l’empire romain

-Vers l’an 1 après J.-C., l’empire romain contrôlait l’ensemble du bassin méditerranéen, depuis l’Espagne à l’ouest jusqu’à la Mésopotamie. Les juifs bénéficièrent d’une courte période d’indépendance sous les Maccabées, mais la Terre promise tomba rapidement sous domination romaine. Bien que juif croyant, le roi Hérode était un allié des Romains et, de ce fait, son peuple le détestait après sa mort en l’an 4 av. J.-C., son territoire fut partagé entre ses trois fils. Dix ans plus tard, Hérode Archélaos fut chassé par les romains et la Judée placée sous l’autorité d’un procurateur. Hérode Antipas continua de régner en Galilée au nord, tandis que son troisième fils, Philippe, détenait des terres à l’est du lac de Tibériade.

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Le judaïsmeÀ l’époque de Jésus

-On dispose de nombreuses informations sur le judaïsme au 1er siècle ap. J.-C., en partie parce que l’historien juif Flavius Josèphe en donna une description très complète. À l’époque romaine, le royaume d’Hérode le Grand était immense. Il comprenait, entre autre, la Judée et la Galilée. Tous les habitants n’étaient pas juifs. De nombreux Samaritains descendaient des juifs alliée à des tribus environnantes. Ils pratiquaient un culte différent. Le centre de la vie juive restait axé sur le temple de Jérusalem, où les prêtres héréditaires entretenaient les rites et les sacrifices séculaires. Dans tout le pays se trouvaient des synagogues où les juifs pouvaient se réunir pour lire et débattre de la Loi.

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Le judaïsmeLa révolte juive

-Un mécontentement profond régnait parmi les juifs qui aspiraient à l’indépendance et se sentaient outragés par les coutumes idolâtres des Romains. Les «zélotes», membres du parti extrémiste, estimaient que Dieu avait donné la Terre à son Peuple élu et que la présence des Romains était un sacrilège. En 66 ap. J.-C., une légion romaine et un groupe de juifs pro-romains furent tués lors d’un soulèvement zélote. Les rebelles renversèrent le gouvernement de Jérusalem. Titus, le fils de l’empereur romain, fut chargé de la campagne et, compte tenu de la supériorité des forces romaines, l’issu était inéluctable. En 70 ap. J.-C., les Romains assiégèrent Jérusalem et la ville tomba entre leurs mains. Le temple tout entier disparu dans les flammes, hormis le mur des lamentations…

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Le judaïsmeLa révolte juive

…Pendant ce temps, les zélotes s’étaient enfuis vers le sud et s’étaient emparés de Massada, l’ancienne forteresse d’Hérode. Les rebelles préférèrent se suicider plutôt que de se livrer aux Romains. En 132 ap. J.-C., se déroula une autre révolte juive, menée par Siméon Bar Kokhba que Rabbi Akiba, le chef religieux le plus éminent de l’époque, reconnut comme le messie tant attendu. Elle réussit initialement, mais s’acheva dès la fin de 135 ap. J.-C. avec la mort de Siméon et d’Akiba. Il fut dès lors interdit aux juifs de résider dans les ruines de la Ville sainte de Jérusalem et une nouvelle cité romaine, Élia Capitolina, fut construite sur son site. Les principaux responsables juifs se montrèrent alors plus conciliants à l’égard des Romains et se consacrèrent au développement d’une vie religieuse distincte de l’ancien système sacrificiel du Temple.

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Le judaïsmeJudaïsme médiéval

-Au Moyen Âge, des communautés juives sont recensées dans toutes les villes importantes du bassin méditerranéen, depuis l’Espagne à l’ouest jusqu’au fin fond de la Perse à l’est. Partout, les juifs constituaient une minorité distinctive, ils étaient séparés de leurs voisins par leur religion. Après la destruction, en 70 ap. J.-C., du temple de Jérusalem bâti par Hérode, Rabbi Johanan ben Zakkaï fonda une académie où les érudits se réunissaient pour débattre de la signification de la Loi. La Mishna, sorte de synthèse de l’interprétation, devint la base de tous les débats ultérieurs. C’est un vaste ouvrage qui est resté le fondement principal du savoir juif.

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Le judaïsmeLes juifs en terre d’islam

-Au VIIe siècle, le prophète Mahomet commença sa prédication contre le paganisme de ses compatriotes en Arabie. Son message se propagea à une vitesse fulgurante. Dès 644, la Syrie, l’Égypte, l’Irak et la Perse étaient passés sous obédience islamique et, dès le début du VIIIe siècle, l’islam était solidement implanté dans toute l’Afrique du Nord. D’une façon générale, les musulmans tolérèrent les communautés juives. Bien que les juifs aient souffert de certaines restrictions, tels les paiements d’une capitation supplémentaire ou l’obligation de porter un costume distinctif, ils étaient exonérés du service militaire et bénéficiaient de l’autonomie judiciaire et de la tolérance religieuse. En outre, il existait, dans tout le monde islamique, de nombreux et importants foyers de culture juive, et un grand nombre de juifs accédèrent à des positions très importantes.

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Le judaïsmeL’Europe chrétienne

-La situation des juifs n’a pas été aussi florissante au sein de l’Europe chrétienne. Le christianisme a de tout temps perçu les juifs de façon négative. Bien que Jésus lui-même ait été juif, les Évangiles le montrent très critique à l’égard des autorités religieuses de son temps et l’on a traditionnellement rendu les juifs responsables de la crucifixion. Même si les communautés juives étaient nombreuses, leur existence était précaire. Après la prédication de la première croisade en 1095, des juifs furent attaqués et massacrés dans plusieurs villes de Rhénanie. Dès 1144, on les accusa d’utiliser le sang d’enfants chrétiens pour fabriquer le pain de la Pâque. Il leur fut interdit, à peu près partout, de posséder des terres et ils furent contraints par les guildes chrétiennes de renoncer au commerce…

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Le judaïsmeL’Europe chrétienne

…Afin de gagner leur vie, ils devinrent donc souvent prêteur d’argent. De ce fait, ils furent non seulement considérés comme les assassins du Christ, mais également comme des usuriers sans cœur. En 1182, tous les juifs résidant sur les domaines du roi de France furent expulsés. En 1290, la communauté tout entière fut expulsée d’Angleterre. Au siècle suivant, à l’époque de la peste noire, les juifs furent fréquemment accusés d’empoisonner les puits. Enfin, en 1492, la riche et puissante communauté espagnole fut expulsée de la péninsule Ibérique. Dans les villes où les juifs avaient été autorisés à demeurer, ils étaient souvent contraints de résider dans certains quartiers, les ghettos, où il était facile de les contrôler. La Pologne, où les juifs furent accueillis et protégé dès le XIIIe siècle, est l’exception.

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Le judaïsmeLes juifs de l’Europe moderne

-Les juifs dont les origines remontent à des ancêtres établis dans l’Europe médiéval chrétienne sont appelés ashkénazes ou ashkenazim. Après les expulsions médiévales, ces juifs partirent en Autriche, en Prusse, en Hongrie, en Pologne et en Russie, emportant avec eux leur liturgie et leur mode de vie. En revanche, les juifs des communautés d’Espagne, d’Afrique du Nord et du monde islamique sont des séfarades ou sefardim. Après que l’Espagne, unifiée par une monarchie catholique, les eut expulsés, en 1492, tous les juifs s’établirent dans d’autres pays du monde islamique. Les séfarades n’utilisaient pas le même livre de prières que les ashkénazes et des pratiques religieuses différentes se développèrent. Les ashkénazes parlaient le yiddish, et les séfarades le ladino.

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Le judaïsmeLa kabbale

-Il existe, au sein du judaïsme, une longue tradition de mystique spéculative, la kabbale, que l’on avait tendance à considérer comme une science ésotérique. On pensait que les idées mystiques ne devaient être transmises qu’à un homme modeste et humble, d’âge moyen, de caractère égal et exempt de toute idée de vengeance. Les séfarades développèrent d’importantes écoles kabbalistiques. Par le biais des traductions arabes, les mystiques connaissaient les œuvres des philosophes antiques et ils s’inspirèrent des idées néoplatoniciennes pour expliquer les rapports entre Dieu et l’univers. Ils enseignèrent que Dieu était «l’infini divin», que le monde avait été créé à l’issue d’une série d’émanations divines et que le but de la contemplation était de transcender ces émanations, d’être uni avec le divin.

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Le judaïsmehassidim et mitnaggedim

-Au Moyen Âge, le gouvernement polonais, contrairement à ceux de la plupart des pays chrétiens, avait accueilli les réfugiés juifs. Dès le XVIe siècle, la communauté comptait peut-être déjà 150 000 personnes. Toutefois, en 1648, les juifs polonais furent décimés par une révolte contre la noblesse. En effet, de nombreux juifs, alors employés pour gérer les domaines des familles nobles, furent identifiés à ces classes privilégiées et firent les frais de la violence. On estime que près d’un quart de la population juive a péri dans cette révolte. Par la suite, la sécurité des juifs demeura incertaine et la montée du hassidisme, «le mouvement des justes», fut fondée par Israël ben Éliézer. Il constitua un cercle de disciples dans les Carpates et enseigna que la vraie dévotion à Dieu devait être préférée au savoir rabbinique traditionnel…

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Le judaïsmehassidim et mitnaggedim

…Un élément essentiel de la doctrine hassidique est la notion de Tsaddiq «l’homme de Dieu», le chef spirituel. Le Tsaddiq est considéré comme le médiateur par lequel la grâce divine coule vers les fidèles. La position de Tsaddiq devint héréditaire et les divers groupes hassidiques organisèrent leur vie autour de la cour de leur propre chef. Toutefois, les nombreux chefs juifs s’opposèrent à ce nouveau mouvement. Ces traditionalistes furent appelés les mitnaggedim, «les opposants». Leur représentant le plus éminent fut Éliyah ben Salomon Zalman (1720-1797). Il alla jusqu’à excommunier des membres des groupes hassidiques. Le conflit s’envenima à un point tel que des parents mitnaggedim n’hésitèrent pas à rejeter leurs enfants membres d’un groupe hassidique.

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Le judaïsmeL’émancipation des juifs d’Europe

-Pendant que hassidim et mitnaggedim s’opposaient en Europe de l’Est, le climat politique se modifiait à l’ouest avec l’effondrement du féodalisme. Au cours des années 1770, l’écrivain chrétien Wilhelm Christian Dohm rédigea un pamphlet intitulé De la réforme politique des juifs. Il soutenait que les juifs pourraient être de précieux citoyens si toutes les professions et les institutions éducatives leur étaient ouvertes. En 1781, l’empereur Joseph II promulgea un édit de tolérance. En France, l’assemblée nationale révolutionnaire déclara en 1789 qu’aucune opinion religieuse ne devrait être persécutée. L’empereur Napoléon 1er alla même jusqu’à convoquer en 1806 une Assemblée de notables juifs.

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Le judaïsmeLes Lumières et la Réforme

-Les racines du mouvement juif des Lumières, la Haskala, remontent à la Hollande du XVIIe siècle, où un certain nombre d’intellectuels juifs tentèrent d’interpréter leur tradition religieuse à la lumière des idées scientifiques et philosophiques de l’époque. Le plus célèbre des philosophes des Lumières fut Moïse Mendelsshon (1729-1786). Il pensait que les juifs devaient se sentir à l’aise dans le monde moderne. Il traduisit les Écritures saintes en allemand et rédigea un commentaire biblique qui proposait une explication rationnelle de la Loi. Il encouragea l’ouverture d’une école juive où furent enseignées des matières laïques et religieuses. En dépit d’une violente opposition de la part des orthodoxes, le nouveau mouvement se répandit. De nombreux rabbins allemands s’engagèrent dans une étude scientifique du judaïsme, qui constituait une tentative pour comprendre la tradition en dehors de toute présupposition religieuse. Le fait que Dieu ait donné directement à Moïse, sur le mont Sinaï, l’ensemble de la Loi, ne fut plus considéré comme une vérité immuable.

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Le judaïsmeLe sionisme

-En Russie éclata, en 1882, le premier pogrom véritablement grave dirigé contre les juifs. À cette époque, l’émigration vers les États-Unis était devenu possible. Néanmoins, plusieurs miliers de membres de la communauté juive préférèrent s’installer en Palestine, où ils travaillaient comme commerçants, artisans, fermiers et ouvriers. Beaucoup étaient marxistes par conviction politique et donc athées. Ils n’en conservaient pas moins un sentiment puissant de nationalisme juifs et encouragèrent la création en Russie, en Pologne et en Roumanie de sociétés destinées à récolter des fonds pour l’acquisition de terres nouvelles en vue d’implantations juives. Toutefois, le véritable fondateur du sionisme politique fut Theodor Herzl (1860-1904)…

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Le judaïsmeLe sionisme

…À l’origine, il penchait pour l’assimilation et croyait que l’antisémitisme disparaîtrait si les juifs se fondaient dans les cultures nationales. L’affaire Dreyfus, qui éclata en France en 1894, lui ôta toutes ses illusions. Le capitaine Dreyfus fut accusé de haute trahison par les autorités militaires françaises. L’affaire Dreyfus convainquit Herzl que les juifs ne seraient jamais pleinement reconnus en tant que citoyens européens. Il publia son «État des juifs» dans lequel il soutenait que le seul antidote à l’antisémitisme était la création d’un État juif en Palestine. Il fut combattu par les «assimilationnistes» qui soulignèrent l’importance d’une loyauté totale envers le pays hôte. Néanmoins, de nombreux jeunes juifs furent convaincus.

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Le judaïsmeLe sionisme

…Herlz convoqua le premier congrès sioniste à Bâle en 1897 et consacra le reste de sa courte vie à rechercher un soutien international pour son projet. Dès le début du XXe siècle, un nombre considérable de juifs avaient émigré. La majorité d’entre eux vivaient dans les villes palestiniennes. D’autres émigrants arrivèrent après 1904, à la suite de nouveaux pogrom russes. Ce fut également l’époque de la grande dispersion juive vers les États-Unis. À la fin de la Première Guerre mondiale, la communauté juive de Palestine comptait environ 90 000 personnes. La Première Guerre mondiale modifia l’ensemble de l’ordre social en Europe. Les juifs étaient de plus en plus vulnérables et perçus comme des étrangers. On estime que plus de 100 000 juifs ont été assassinés en Russie après la révolution. L’émigration vers les É-U étant devenus difficiles, la communauté se tourna vers la Palestine. Dès 1929, la Palestine comptait environ 160 000 personnes et en 1939 500 000.

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Le judaïsmeL’holocauste

-Entre 1941 et 1945, environ six millions de juifs furent délibérément assassinés dans les camps de concentration en Europe. Dès 1933, date de l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, la communauté juive allemande fut persécutée et beaucoup de juifs s’enfuirent à l’étranger. Toutefois, en raison de la grande dépression, la plupart des pays n’étaient pas en mesure d’accueillir des groupes importants de réfugiés. De ce fait, un trop grand nombre de juifs fut contraint de rester en Europe, où ils furent exterminés. Cet événement capital persuada la jeune organisation des nations unies que les juifs devaient disposer d’une patrie qui leur serait propre. En 1948, l’État d’Israël, l’État juif, fut fondé dans la Terre promise historique.

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Le judaïsmeL’holocauste

-C’est à la suite d’une série de crises économiques et en raison d’un sentiment collectif d’injustice à l’égard des termes du traité de paix européen de 1918 qu’Adolf Hitler et les nationaux-socialistes, ou nazis, arrivèrent au pouvoir en Allemagne. Hitler était convaincu que si l’Allemagne avait perdu la Première Guerre mondiale, c’était à cause de la trahison des juifs socialistes, libéraux et pacifistes. Il pensait aussi que la révolution bolchevique en Russie était la conséquence d’un complot juif mondial. Son objectif était d’élargir l’empire allemand à l’est et d’éliminer toute influence juive du nouvel ordre. Après qu’il eut été élu chancelier en 1933, une série de législations antijuives fut promulguée. Toutes relations sexuelles entre juifs et non-juifs furent interdites, et les juifs furent obligés de déclarer tous leurs biens.

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Le judaïsmeL’holocauste

-La tristement célèbre Nuit de cristal de 1938 vit la destruction systématique des entreprises et des magasins juifs et tous les organismes juifs communautaires furent placés sous le contrôle direct de la police nazie. Après l’invasion de la Pologne par l’armée allemande en 1939, dans chaque ville conquise les juifs furent contraint au «travail forcé». On appelait cela «l’anéantissement par le travail». Puis, après l’invasion de la Russie, les nazis mirent en place des troupes spéciales, les Einsatzgruppen. Dans un premier temps, elles rassemblaient les populations juives, les conduisaient en dehors de la ville, les obligeaient à creuser leur propre tombe, puis les fusillaient. Cette méthode d’extermination n’étant pas suffisante pour les dirigeants allemands, les chefs nazis mirent au point en 1942, lors d’une conférence secrète, la «solution finale».

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Le judaïsmeL’holocauste

-L’ensemble de la population juive fut alors rassemblé dans des ghettos prisons dans des villes. Parallèlement, six camps de la mort avaient été installés à Chelmno, Auschwitz, Sobibor, Majdanek, Treblinka et Belzec. Les juifs furent transportés jusqu’aux camps par chemin de fer dans des wagons à bestiaux. Il n’y avait ni place assise, ni équipement sanitaire, ni chauffage, et souvent le voyage à travers l’Europe durait plusieurs jours. Une fois arrivés, les plus jeunes et les vaillants étaient prélevés pour le travail forcé. Ils survécurent aussi longtemps qu’ils purent contribuer à l’économie du IIIe Reich. Lorsqu’ils devenaient trop faibles, ils rejoignaient les vieux et les infirmes pour entrer dans des chambres à gaz où ils étaient exterminés.

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Le judaïsmeL’holocauste

-Le nombre de mort fut considérable. Auschwitz, le plus important des camps, pouvait recevoir 140 000 personnes que l’on faisait travailler jusqu’à leur mort. Ses cinq fours crématoires pouvaient éliminer 10 000 cadavres par jour. On a estimé qu’environ deux millions de personnes y ont péri entre 1942 et 1945. Bien que les juifs aient été quasiment impuissants, une certaine résistance s’organisa. À Varsovie, la population juive avait été entassée dans un ghetto mais, à l’arrivée des nazis pour la destruction finale, ils furent attaqués de toutes parts avec des armes volées ou de fabrication artisanale. Pendant plusieurs semaines, les juifs résistèrent à l’armée allemande. Lorsqu’arriva la fin inéluctable, de nombreux juifs choisirent de se suicider plutôt que de se rendre.

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Le christianisme_

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Jésus: portrait d’un messiedéfinitions

-La Bible: ensemble des livres considérés comme révélés par les religions juive et chrétienne. Les chrétiens distinguent l’Ancien Testament qui correspond à la bible hébraïque (la Torat=la Loi) et le Nouveau Testament qui correspond aux quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean).

-La Septante: traduction grecque de l’Ancien Testament hébreux.

-La Vulgate: version latine de la Bible. Synthèse des traductions existantes. Utilisée pour la traduction française de la Bible.

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Jésus: portrait d’un messiedéfinitions

-Les Evangiles: l’annonce du salut apporté au monde par le christ et prêché par les apôtres.

-Apocryphes: textes qui se rattachent au Nouveau Testament, puisqu’ils parlent de Jésus et des apôtres, mais que l’Église a jugé d’une authenticité douteuse et exclus de la Bible.

-Canoniques: textes conformes au «canon», c’est-à-dire la règle, la norme. Ils font partie de la Bible et peuvent être lus dans les synagogues ou dans les églises.

-Gnosticisme: tradition religieuse et spirituelle du monde antique qui a eu une grande influence dans les premiers siècles de l’ère chrétienne.

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Jésus: portrait d’un messiedéfinitions

-Midrash: dans le judaïsme, ce terme désigne l’exégèse et le commentaire biblique qui fait appel aux paraboles, aux allégories, aux métaphores et aux jeux de mots afin de faire jaillir le sens.

-Livres sibyllins: recueil d’oracles de prophétesses, les sibylles. Ils étaient consultés à chaque fois que se manifestait la colère des dieux: une naissance monstrueuse, un prodige météorologique, une épidémie, et c’est dans leur page qu’on cherchait les rituels appropriés.

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Jésus: portrait d’un messiedéfinitions

-École johannique: école composée de théologiens et de prédicateurs, tous disciples de Jean, a pu recueillir la tradition de l’apôtre afin de donner, par la suite, la composition de l’Evangile que nous connaissons. Le terme «johannique» se réfère donc au texte évangélique, et non à l’apôtre.

-Sanhédrin: assemblée législative et tribunal suprême du peuple juif doté d’un grand pouvoir politique puisqu’il exerce un contrôle légal sur le roi ainsi que sur le grand prêtre en charge des activités du temple.

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Jésus: portrait d’un messiedéfinitions

-Docétisme: hérésie des IIe et IIIe siècle, qui affirme que Jésus n’a vécu sur terre qu’en apparence.

-Halakha: guide officiel de la vie religieuse et civile. Décrétée par les rabbins, elle a force de loi. Elle concerne les relations personnelles, sociales, mais aussi nationales et internationales.

-Denier du culte: destiné au temple de Jérusalem. Chaque juif doit le verser tous les ans, qu’il réside ou non en terre d’Israël, l’équivalent d’un jour de salaire.

-Dîme: les paysans doivent donner un dixième de leur récolte, plus une bête sur dix de leur élevage domestique.

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Jésus: portrait d’un messieLa naissance

-Jésus est un personnage historique. Comme tel, il doit être replacé dans son contexte historique. Mais ce principe, bien connu des historiens, est difficile, voire impossible à appliquer dès lors qu’il s’agit d’un homme reconnu par les chrétiens comme le Fils unique de Dieu envoyé sur la terre pour sauver l’humanité pécheresse. À la dimension habituelle du temps qui marque l’expérience humaine s’ajoute, dans son cas, l’éternité.

-Deux évangiles seulement, selon Matthieu et selon Luc, racontent l’histoire de sa naissance et, bien que Luc nous apprenne dans le prologue de son évangile qu’il fait œuvre d’historien, il est évident que mythe et réalité s’y mêlent.

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Jésus: portrait d’un messieLa naissance

-Attesté comme fils de Dieu, Jésus ne peut être le fils de Joseph. Mais d’un autre côté, il faut le rattacher à la filiation davidique, devenant ainsi un prétendant légitime au sens messianique.

-En préalable, il faut souligner que cette conception mythologique du monde, présente dans les Evangiles, bien éloignée de notre esprit rationnel et scientifique, correspond à celle de l’homme du monde antique; les évangélistes n’ont pas innové.

-Au temps de Jésus, l’attente eschatologique est très présente dans le judaïsme palestinien. Beaucoup attendent le Messie annoncé par les prophètes, et les évangélistes nous font savoir que Jésus est bien le Messie promis par Dieu.

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Jésus: portrait d’un messieLa naissance

-Jésus est né à Bethléem, ville de Judée, comme l’a annoncé le prophète Michée.

-À cause d’un recensement, les voyageurs abondent dans la région. Joseph et Marie ne trouvent pas de place dans l’auberge et, sa grossesse étant venue à son terme, Marie accouche dans une étable et dépose l’enfant emmailloté dans une mangeoire.

-Il n’y a pas de mages dans le récit de Luc. Leur histoire nous est conté par Matthieu. Les mages – du grec magos, terme qui est employé pour désigner les prêtres perses aussi bien que les magiciens. Tout porte à croire qu’il s’agit ici d’astrologues venus de la Mésopotamie.

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Jésus: portrait d’un messieLa naissance

-Dans l’orient lointain, raconte Mathieu, une étoile nouvelle apparaît un soir. En ce temps-là, l’étoile était le signe des rois et des dieux. S’agit-il de la comète de Haley, qui fît sa première apparition dans le ciel à peu près à cette époque?

-Parce qu’ils savent lire dans le ciel, les mages comprennent que le roi des juifs vient de naître et ils vont se laisser guider par cet astre mystérieux jusqu’en Judée afin de lui rendre hommage.

-La rumeur parvient aux oreilles du roi Hérode. Hérode veut mettre à mort l’enfant qu’il perçoit comme un dangereux rival.

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Jésus: portrait d’un messieLa naissance

-Le miracle de la virginité: deux sages-femmes, dont une certaine Salomé, constatent la virginité de Marie après la naissance.

-Les rois mages se prosternent devant l’enfant , ouvrent leurs coffres, et lui offrent l’or, la myrrhe et l’encens qu’ils avaient apportés.

-Un ange du Seigneur avertit Joseph et lui ordonne de fuir en Égypte et d’y rester jusqu’à la mort d’Hérode.

-La suite, c’est le massacre de tous les enfants de Bethléem, de deux ans et moins, ordonné par Hérode. Ce massacre des enfants de Bethléem n’est attesté nulle-part, et on ne saurait le considérer comme une réalité historique.

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Jésus: portrait d’un messieLa naissance

-L’histoire de l’enfant qui se tient debout sitôt sorti du ventre de la mère est propre aux légendes concernant la naissance des héros dans la mythologie et même dans l’histoire: ainsi Héraclès, Bouddha et Alexandre le Grand.

-La fiction a souvent la vie plus dure que la réalité, et quand des artistes, parmi les plus grands, représentent ces événements et ces personnages, ils donnent par la force de l’image une légitimité à ce qui appartient à la légende.

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Jésus: portrait d’un messieFrères et sœurs

-L’évangéliste Marc, lorsqu’il parle de la famille de Jésus, cite une liste d’au moins six enfants: quatre frères et au moins deux sœurs. De cette famille nombreuse, Jésus fut peut-être l’aîné.

-Mais Jésus peut-il avoir des frères? Au IIe siècle, la chrétienté est divisée à ce sujet. Le protévangile de Jacques, un «roman» apocryphe consacré à la vie de Marie et à l’enfance de Jésus, défend la virginité perpétuelle de la mère de Jésus. En revanche, il mentionne des enfants de Joseph nés d’un premier mariage, ce qui ferait d’eux les demi-frères et demi-sœurs de Jésus.

-Jérôme, le traducteur de la Vulgate (IVe siècle) a soutenu que les frères de Jésus étaient en réalité des cousins.

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Jésus: portrait d’un messieFrères et sœurs

-La famille antique ne saurait, bien évidemment, se réduire au modèle de la très moderne famille nucléaire. Dans la Palestine du 1er siècle, et plus généralement dans l’Antiquité, l’individu ne se comprend pas comme un être autonome et socialement indépendant. La communauté, le village, le clan, constituent le tissu social qui protège et fournit sa légitimité à l’individu.

-Devant la performance à la synagogue, Jésus sort du rôle qui lui est attribué, à lui et à sa famille. Il transgresse l’accord qui régit les pouvoirs au sein du groupe.

-Si ses frères sont mentionnés dans les Evangiles, ce n’est pas pour conforter le lecteur dans l’idée d’une tribu soudée. Au contraire, les membres de la famille sont exclus du cercle des fidèles, puisqu’ils sont incapables de comprendre Jésus.

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-Les récits apocryphes, nourris de traditions populaires, décrivent un gamin pour le moins insupportable. Insubordination, violence mais aussi miracles.

-Des quatre évangélistes, Matthieu est le seul à évoquer la fuite en Égypte, entre la visite des mages et le massacre des Innocents orchestré par le roi Hérode.

-Mais quel crédit accorder à cet épisode qui a priori est purement légendaire?

-Il est certain que les mouvements messianiques agitent alors périodiquement le peuple juif, ce qui inquiète le pouvoir en place. En évoquant un climat de persécution, Matthieu brosse un tableau vraisemblable du contexte historique sous le règne d’Hérode.

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-Ainsi se justifient, dans ces quelques versets, les citations des prophètes sur le thème de l’enfance exilé, pourchassée, tuée. Elles raniment des images célèbres: Pharaon s’acharnant sur les nouveau-nés des Hébreux, Moïse sauvé de justesse par la princesse égyptienne.

-Jésus devient le nouveau Moïse, libérateur de son peuple.-Dans l’histoire du peuple Hébreux, l’Égypte joue un double

rôle, à la fois positif et négatif: elle peut, comme tout lieu d’exil, devenir tour à tour refuge ou prison, éden ou désert.

-Selon Matthieu, la Sainte-Famille quitte l’Égypte à la mort d’Hérode, mais évite de retourner en Judée, où règne désormais sont fils Archélaüs, tout aussi tyrannique.

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-Aussi va-t-on assister, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, à une extraordinaire floraison de textes consacrés à l’enfance de Jésus, quasiment absente des Evangiles.

-Une arrivée remarquée en Égypte: lorsque la famille arrive à Sohennen (inconnue des historiens), les 365 idoles du temple (une pour chaque jour de l’année) s’écroulent devant Jésus. Informé, le gouverneur de la ville, Aphrodisius, se porte à sa rencontre avec son escorte et se prosterne devant l’enfant.

-L’Evangile du Pseudo-Matthieu, qui date de la fin du VIe ou VIIe siècle, est un des textes qui parlent le plus de la jeunesse de Jésus, en développant l’épisode égyptien qui relate en détail les incidents miraculeux du parcours.

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-La longue marche d’abord , dans une mise en scène élaborée: au centre, portant l’enfant, la Vierge sur sa monture, l’âne, trois serviteurs, une servante, et Joseph conduisant le cortège.

-Sur la route, des apparitions exotiques: dragons jaillis d’une grotte et que Jésus apaise, bêtes sauvages, lions et léopards, adorant Jésus et l’escortant, nouvel Orphée, dans le désert. Une sorte de procession triomphale et paradisiaque: «personne ne craignait personne et personne ne faisait de mal à personne.»

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-Parmi tous les miracles, celui de la source et du palmier reste sans doute l’un des plus beaux: «Deux jours après leur départ, il advint que Marie, dans le désert, souffrit de l’excessive chaleur du soleil, et, voyant un palmier, elle désira se reposer un peu à son ombre. Et après que Marie se fut assise, levant les yeux vers le feuillage du palmier, elle vit qu’il était chargé de fruits, et elle dit: «oh, s’il était possible que je puisse goûter des fruits de ce palmier!» Joseph répondit: «Toi, tu songes aux fruits du palmier, mais moi je songe à l’eau qui manque dans nos outres, et nous n’avons pas de quoi les remplir et nous désaltérer.» Alors le petit enfant, assis sur les genoux de sa mère, la Vierge, s’écria et dit au palmier: «arbre, incline-toi et restaure ma mère de tes fruits.»

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-Ce texte, comme la plupart des apocryphes, fait une large place au merveilleux dont l’intention est d’exalter le rôle salvateur de Jésus dont la nature divine commande à la création tout entière. Cette mise en scène, à la fois vivante et grandiose, donne à Jésus, par des gestes et surtout des paroles, le rôle de premier plan qu’il n’avait pas chez l’évangéliste Matthieu.

-Jésus n’avait pas encore deux ans et il disait à ses parents: «Ne me regardez pas comme un enfant, car j’ai toujours été un homme mûr.» (science infuse) l’orthodoxie théologique souffre d’une invraisemblance historique: c’est suggérer que Jésus n’aurait pas connu les faiblesses de la petite enfance.

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-L’enfance est ici un espace ouvert, où s’exerce librement l’imagination créatrice du conteur, centrée sur la personnalité ambiguë de Jésus: doté de pouvoirs extraordinaires, celui-ci est capable de façonner des oiseaux d’argile et de leur insuffler la vie, comme le créateur. Mais il fait aussi un mauvais usage de ses dons: il tue un camarade qui l’a bousculé.

-Il s’occupe ensuite à la tâche de rendre la vue aux aveugles, à guérir les morsures de serpent, ressusciter les morts; bref, préfigure le Jésus rayonnant de la maturité. Jésus bouleverse les conventions sociales. Par sa science infuse, il domine les savants théologiens: preuve de son origine divine.

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Jésus: portrait d’un messieUne jeunesse mouvementée

-La sainte famille se déplace de village en village, ce qui donne à l’enfant divin l’occasion d’opérer de multiples miracles: femmes possédées ou hystériques que le simple contact du bambin ou de ses langes suffit à apaiser, lépreux et aveugles guéris par l’eau de son bain; fiancée rendue sourde et muette et qui retrouve, grâce au parfum de Jésus, l’usage de ses sens.

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Jésus: portrait d’un messieLe baptême

-En 28, le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain par Jean, dit le Baptiste, est le seul événement que l’on peut précisément dater dans le Nouveau Testament. Ce rituel de purification pratiqué par les juifs prend alors une nouvelle dimension.

-La doctrine de l’incarnation est essentielle dans la théologie chrétienne, puisque c’est elle qui explique Noël (la naissance), le vendredi saint (sa mort) et Pâques (la Résurrection), gage d’éternité pour les croyants.

-L’immersion est, dans la religion d’Israël, un rite de purification et la Loi de Moïse l’impose en plusieurs circonstances pour marquer l’effacement d’une impureté et, par conséquent, le fait de recouvrir une pureté, physique, morale ou religieuse.

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Jésus: portrait d’un messieLe baptême

-C’est au-dedans de lui-même que l’homme doit être lavé. Il lui faut vouloir que sa faute, son péché, soit pardonné.

-Jésus s’est rendu sur les berges du Jourdain, là où Jean baptisait. Les historiens ne contestent pas la réalité du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain. Rien ne laisse entendre que l’événement n’ait pas eu lieu, qu’il ne soit pas historique. Il est probable toutefois, qu’à partir du souvenir qu’en ont gardé les disciples de Jésus, le récit ait été amplifié, orné d’un certain merveilleux.

-Tandis que Jésus remonte hors du fleuve, une voix se fait entendre venant des cieux ouverts, qui atteste sa filiation divine alors que l’Esprit apparaît sous la forme d’une colombe. Faut-il rechercher dans les religions païennes l’origine de la présence de ce volatile?

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Jésus: portrait d’un messieLe baptême

-Sous la caution de l’Esprit, vu sous la forme d’une colombe, une voix venue d’en haut affirme que Jésus est le Fils bien-aimé en qui le père a mit toute son affection.

-Dans la Bible, Luc est le seul à présenter l’apparition de la colombe comme un fait objectif, le Saint-Esprit descendant en effet sur Jésus sous la forme corporelle d’une colombe. Matthieu et Marc l’envisagent d’une manière plus subjective, quand c’est Jésus qui voit l’Esprit prendre la forme d’une colombe. La colombe devient le sujet d’une action. Elle entre en Jésus, qui est pénétré du Saint-Esprit, de telle manière qu’en cette fusion advient un engendrement divin. «Je t’ai engendré aujourd’hui […] celui-ci est mon fils bien-aimé.»

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Jésus: portrait d’un messieLe baptême

-Jésus a-t-il baptisé? Le Nouveau Testament ne rapporte pas de scène de baptême auquel Jésus aurait lui-même procédé.

-La puissance de la parole: une fois baptisé, Jésus peut commencer sa mission de prédication en Galilée. C’est d’abord à Capharnaüm qu’il recrute ses disciples.

-Un moraliste éliminé: Hérode Antipas fait exécuter Jean après que celui-ci a condamné la liaison adultère du Tétrarque de Galilée avec la femme de son frère.

-Le baptême de Jésus scelle le passage de l’Ancien au Nouveau Testament.

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-Thaumaturge: du mot grec thaumatourgos qui signifie «faiseur de miracles».

-Apollonios de Tyane: philosophe néopythagoricien contemporain du Christ et parfois comparé à lui. La principale source d’information que l’on ait sur lui est Vie d’Apollonios de Tyane de Philostrate. Elle date du IIIe siècle de notre ère. Philostrate connaît donc sans doute les Evangiles canoniques ce qui explique les parallèles possibles entre les miracles d’Apollonios et ceux de Jésus.

-Pour le fondamentalisme, les textes bibliques doivent être considérés, sur tous les plans, comme véridiques. Il n’existe aucun écart entre l’histoire de Jésus telle que la raconte les Evangiles. Tout dans les Evangiles est historiquement – au sens factuel – vrai.

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-La foi se fonde sur la vérité historique au sens de l’établissement exact de la façon dont les faits se sont déroulés.

-La croyance en l’influence occulte des démons et des esprits mauvais était aussi répandue en milieu juif qu’en milieu grec ou oriental. Ces convictions avaient des répercussions sur le rapport à la maladie et à la guérison. C’était auprès des rabbins, des thaumaturges itinérants, des magiciens ou des prêtres officiels qu’on allait chercher à la fois des recettes pour guérir et des exorcismes pour être délivré des possessions. Dans les sociétés archaïques, les malades s’en remettent aux pouvoirs du chaman.

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-Dans le monde païen, la figure de thaumaturge la plus connue est sans conteste celle d’Apollonios de Tyane. Il apparaît à la fois comme un sage et comme un guérisseur aux pouvoirs exceptionnels. Par ailleurs, l’existence de thaumaturges itinérants, à la fois philosophes et guérisseurs exorcistes, est largement attestée. Ils étaient perçus comme doués de forces surnaturelles, inaccessible au commun des mortels. L’importance du phénomène miraculeux – quoi que l’on pense de sa réalité historique – ainsi que l’existence des thaumaturges sont donc largement attestées au Ier siècle. De fait, on le rencontre dans le monde juif et dans le monde païen, en particulier dans l’Antiquité.

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-Les miracles ont pour fonction de réintégrer les malades, quelle que soit leur classe sociale, dans la société.

-Dans l’Antiquité comme au Moyen Âge, les hommes croient à la menace des forces occultes et des esprits malins. Aussi, dans sa mission, Jésus intervient auprès des supposés possédés pour les délivrer du mal.

-Le fait que Jésus ait été reconnu comme thaumaturge est clairement attesté à l’intérieur comme à l’extérieur du Nouveau Testament. L’impressionnante quantité de récits de miracles rapportés dans les Evangiles confirme le fait que Jésus a eu une activité de guérisseur et d’exorciste. «Mais si c’est par l’Esprit de Dieu que moi j’expulse les démons, alors le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous.»

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-Dans le Nouveau Testament, les récits de miracles de Jésus peuvent être classés en plusieurs catégories. Cette classification, évidemment contestable et contestée, est utilisée parce qu’elle permet de rendre compte, de façon cohérente et relativement pertinente, de l’ensemble des faits. On recense donc: récits d’exorcismes (expulsions de démons ou d’esprits impurs); récits de guérisons (relatives aux aveugles, aux sourds-muets et aux paralytiques); récits de résurrection; miracles dits de la nature (tempête sur les eaux, marche sur les eaux, multiplication des pains…) Ces derniers sont vraisemblablement des constructions de la communauté primitive pour exprimer la christologie (l’identité de Jésus comme Christ, fils de Dieu).

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-Reste à s’interroger: quel sens Jésus donnait-il à cette activité? Concernant la pratique exorciste de Jésus, elle peut être éclairée par différents documents émanant du judaïsme de son temps. Ils confirment la signification religieuse que revêtent les expulsions des démons: l’exorcisme manifeste l’irruption du règne de Dieu à la fin des temps.

-Le propre des exorcismes de Jésus est donc leur prétention à attester que, en lui, le Royaume de Dieu se fait présent parmi les hommes, ce que les miracles de guérisons attestent aussi. Il s’agit là d’actes libérateurs qui témoignent de la rencontre avec le Dieu que proclame Jésus, un Dieu qui change la compréhension de soi et du monde.

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-Les miracles de Jésus expriment une nouvelle vision du monde définie par l’opposition du monde ancien et d’un monde nouveau où l’espérance de changer le cours réel des déterminismes de sa vie devient possible dans la rencontre avec Jésus.

-La guérison qu’il prétend opérer passe certes par des gestes mais aussi et surtout par une parole d’autorité: tous les textes insistent sur l’importance de la parole de Jésus.

-Les récits évangéliques, par-delà un certain grossissement légendaire possible, témoignent à l’évidence qu’aux yeux des siens comme à ses propres yeux aussi, Jésus s’est réellement présenté comme un guérisseur, dans une action de salut en accord avec sa parole de libération.

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Jésus: portrait d’un messieUn guérisseur miraculeux

-L’énigme de la multiplication des pains: un tel prodige est inconcevable pour les rationalistes. Le récit de la multiplication des pains, le plus attesté de tous dans le Nouveau Testament, est un phénomène prodigieux par lequel Jésus a produit une quantité impressionnante de pain à partir de cinq pains. Le rationalisme postule que n’est vrai que ce qui est historiquement exact. Ainsi, la scène de la multiplication des pains fait écho sans doute à un récit au cours duquel une foule partagea sa nourriture sous l’impulsion de la parole généreuse de Jésus. Sous l’effet de la foi des premiers chrétiens, cet événement est, par la suite, devenu un récit de miracle attribué à Jésus.

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-La première élue de Jésus: Marie-Madeleine. Une relation «conjugale» normale à l’époque, choquante aujourd’hui pour l’Église. Au-delà, la place prééminente que Jésus accorde aux femmes. Un scandale il y a 2000 ans, un fait désormais établi pour notre société.

-Outre la mère du Christ, trois Marie sont présentes dans les Evangiles canoniques: celle qu’on dit issue de Béthanie: la pécheresse anonyme mentionnée par Luc; enfin, une certaine Myriam du village de Migdel (Magdala) que l’on retrouve au pied de la croix puis devant le tombeau, au matin de la Résurrection.

-Une certaine Myriam se tenait constamment ou presque dans l’intimité de Jésus. De cette intimité, on retrouve sans peine la trace dans deux évangiles apocryphes bien connu des exégète: celui de Marie-Madeleine et celui de Philippe.

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-On y trouve la relation des fréquents baisers sur la bouche, de Jésus à Marie-Madeleine, le fait que celle-ci ait été préférée aux autres disciples et qu’elle ait reçu un enseignement privé. Ces manuscrits appartiennent au courant de pensée du gnosticisme, qui accorde, entre autres, une grande place au féminin en tant que sensibilité initiatique et en fait le réceptacle divin. Ne lit-on pas dans l’Evangile de Marie-Madeleine: «C’est des femmes que viennent les naissances. Pour quelle raison la Naissance ne viendrait-elle pas de la femme?

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-Pourquoi est-il logique d’accorder quelque intérêt à de tels textes? Justement parce qu’ils dérangent le «dogmatiquement correct» et que c’est la seule raison valable pour laquelle, considérés comme hérétiques, ils ont été écartés quels que soient les arguments théologiques invoqués. La croyance veut que le christianisme se soit bâti autour d’une pensée unique qui a désigné le sexe masculin pour transmettre la loi salvatrice.

-Ainsi s’est-il très vite dessiné, un courant de type masculin – celui dont Simon-Pierre s’est fait le porte-parole – et un courant féminin dont l’apôtre Jean et Marie-Madeleine sont les personnalités les plus représentatives de ce qui deviendra l’École johannique et le gnosticisme.

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-Si on prend la peine d’analyser les récits gnostiques en les estimant aussi respectables que les autres sources, il apparaît nettement que si Jésus s’est attiré les inimitiés que l’on sait et qui vont le conduire à la mort, c’est en grande partie à cause de la place qu’il accordait à la femme dans son enseignement. Chacun reconnaît son caractère révolutionnaire dans la société juive de l’époque, mais rares sont ceux qui prennent conscience du fait que le féminin joua un tel rôle. Une réalité théologique que l’on a préféré taire. Ne faut-il pas attendre le pape Grégoire 1er au VIe siècle, pour que Marie-Madeleine soit qualifiée de pécheresse?

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-Au temps de Jésus, les femmes n’ont pas d’existence juridique et elles n’ont pas non plus voix au chapitre dans le domaine spirituel.

-Or, sur la scène publique, Jésus, non seulement, admet des femmes dans son entourage immédiat, mais il accorde ostensiblement à l’une d’elles la primauté sur ses autres disciples. Ce qui dérange n’est pas la présence d’une femme à ses côtés, lui qu’on appel Rabbi, car les rabbins sont censés être mariés: c’est une obligation sociale.

-Ce qui n’est pas acceptable, c’est qu’il lui manifeste en public des marques affectives, faisant fi du devoir de discrétion, et surtout qu’il invite à entrer dans le débat spirituel puis la convie à un enseignement privé.

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-Ainsi, non seulement Jésus n’écarte pas la femme mais il lui accorde la première place.

-Néanmoins, si la majorité des chrétiens admet la valeur du discours d’une femme en matière religieuse, ils ont, en revanche, toujours beaucoup de difficulté à admettre que Jésus ait pu avoir une «bien-aimée».

-Du socialement obligatoire d’il y a deux mille ans, on a fait le blasphématoire et l’hérétique d’aujourd’hui. Blasphématoire car on estime incompatible la voie spirituelle à un degré avancé et une vie sexuelle. Hérétique parce que l’idée que Marie-Madeleine ait pu recevoir un enseignement privilégié présuppose que Jésus ait tenu deux discours: l’un exotérique enseigné en public, l’autre ésotérique, dispensé en particulier à celle que les gnostiques appellent koinonos, c’est-à-dire sa compagne.

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-Il est évident que Jésus tient en haute estime les femmes et la Femme, au caractère intuitif et sensible qu’il s’efforce de mettre en valeur dans le cadre de ce qu’il enseigne, au caractère bien plus spirituel que religieux, laissant davantage de place à l’expérience intérieure qu’au respect des dogmes.

-Au 1er siècle, les femmes adultères sont lapidés. Jésus s’oppose à la Loi de Moïse.

-Tantrisme: seule la philosophie tantrique pourrait réconcilier les deux positions: elle se repose sur le principe selon lequel, dans des conditions précises, l’union des deux sexes peut générer chez l’homme et la femme une importante modification énergétique et initier ainsi l’ascension de leur nature spirituelle.

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Jésus: portrait d’un messieUn homme à femmes

-Si le Christ a plaidé pour la réhabilitation de la femme au sein du débat spirituel, ce n’était certes pas pour lui faire prendre une revanche sur le machisme de l’époque, mais pour lui restituer son rôle. Que Marie-Madeleine – perçue comme l’épouse officielle, la compagne tantrique ou encore les deux à la fois – l’ait soutenu en ce sens et soit devenue sa disciple aimée et préférée est désormais presque indubitable.

-Il n’y avait certainement pas deux catégories d’amour, l’un divin et l’autre humain, mais plutôt un amour global s’exprimant de différentes façons, toutes complémentaires. Quoi qu’il en soit, au-delà de la réalité historique, le couple Jésus-Marie-Madeleine apparaît donc incontestablement de nature architecturale.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Pour les autorités judéennes, c’est un perturbateur et un usurpateur. Les Romains, eux ne voient en lui qu’un «leader» nationaliste à éliminer. Qui porte la responsabilité de la condamnation et de la mort de Jésus?

-Les quatre évangiles canoniques rapportent, en la saluant différemment dans leurs récits, une altercation de Jésus au Temple durant son dernier séjour à Jérusalem. Il s’agit de son action visant à chasser les changeurs et les vendeurs qui opèrent dans l’enceinte sacrée. Ce scandale, dont l’historicité est discuté, ne semble pas avoir été discutée, ne semble pas avoir été d’envergure car il n’a pas provoqué l’intervention de la police du sanctuaire, même s’il paraît avoir suscité l’inquiétude des prêtres et des scribes qui, en l’apprenant, ont cherché «comment ils le feraient périr?»

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Si les autorités, comme le peuple, se sont dressées contre lui, c’est probablement que son geste a été considéré comme un véritable attentat contre le temple. En effet, dans le judaïsme ancien, le sanctuaire joue un rôle symbolique déterminant puisqu’il concrétise l’attachement du peuple à sa divinité et représente, dans le même temps, l’emblème de la cohésion nationale, donc son identité. Par cette action, il est possible que Jésus ait voulu rétablir la pureté du temple, à l’encontre du mercantilisme, de la corruption et du paiement des taxes avec une monnaie idolâtre. En chassant les marchands du temple, son geste devient controversé.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Dans les évangiles canoniques, le récit sur l’arrestation de Jésus présente une bonne convergence d’ensemble, par-delà quelques différences. Elle peut être décrite avec une certaine précision, mais les raisons qui l’ont provoquée sont difficiles à déterminer, car elles touchent au cœur de l’action de Jésus et à son statut aux yeux de ses disciples.

-La scène se déroule dans «un jardin, au-dessus du torrent du Cédron», sur le mont des Oliviers. Il s’agit d’un grand domaine qui, durant les fêtes religieuses, abrite la foule des pèlerins originaires de toute la Palestine comme de la diaspora. Une bande «munie d’épées et de bâtons» vient arrêter Jésus durant la nuit. Il est précisé d’ailleurs, que cette troupe a été envoyée par «les grands prêtres, les scribes et les anciens.»

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Jésus refuse d’être assimilé à un «hors-la-loi». Ainsi, s’interdisant d’user de la force, il dit à son disciple: «Remet ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée.» (Mt, 26-52)

-Il est rapporté dans les Evangiles que Judas a trahi Jésus lors de son arrestation, conduisant la troupe durant la nuit et lui désignant la personne à arrêter. Quel est par conséquent le rôle de Judas dans les traditions chrétiennes de la Passion de Jésus? Il faut reconnaître que s’il y a eu focalisation sur ce personnage, c’est à des fins très précises. Cette question trouve peut-être sa formule souvent reprise dans les Evangiles pour désigner Judas comme «l’un des Douze». Ce groupe des Douze, d’après …

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

…les diverses traditions, est le signe des douze tribus: il symbolise l’annonce d’un nouvel Israël alors en construction. Or, l’événement de la mort de Jésus, qui dément en quelque sorte cette annonce, est ainsi attribué à la trahison de Judas, un des Douze. De la sorte, ce personnage représente symboliquement l’ensemble des Judéens qui ont refusé de reconnaître en Jésus le Messie attendu par Israël.

-Les récits sur le jugement de Jésus posent de nombreux problèmes dont certains ne peuvent pas être résolus faute d’insuffisance documentaire. Là encore, les quatre évangiles canoniques présentent de notables différences sur les événements qui suivent l’arrestation. Elles portent sur la comparution devant les autorités judéennes.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-On peut admettre le fait que Jésus a été interrogé deux fois: d’abord chez le grand prêtre Hanne, l’un des instigateurs de l’arrestation; ensuite chez Caïphe, l’ancien grand prêtre, où il est de nouveau questionné en présence de quelques membres du Sanhédrin – il est fort peu vraisemblable que ses 71 membres aient été présents durant cette nuit. À la suite de quoi, au petit matin, Jésus sera conduit chez Pilate, dans l’ancien palais d’Hérode le Grand, servant désormais de prétoire.

-Selon les récits évangéliques, la comparution de Jésus devant les «officiels» judéens est présentée de façon variable. Les évangiles selon Marc et Matthieu accordent une réelle importance à une sorte de procès, en mentionnant une instruction, une confrontation et une sanction – contrairement à l’évangile de Luc – où il n’y a pas de procès.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Identité messianique: «Es-tu le Messie, le Fils du Dieu Béni?» «Je le suis, et vous verrez le Fils de l’Homme siégeant à la droite du Tout-Puissant et venant avec les nuées du ciel.»

-Lui faire reconnaître qu’il est le Messie leur fournirait un excellent argument pour prouver aux autorités romaines qu’il est un homme dangereux. L’accusation de blasphème portée contre Jésus est problématique. On peut considérer que pour échapper aux perspectives trop terrestres que recèle la question du grand prêtre sur sa messianité, Jésus s’arroge des prérogatives propres au monde céleste mais qu’ainsi, il tombe sous le coup d’une accusation de blasphème. Jésus doit être condamné pour avoir proféré des propos contre le Temple.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Et dans un second temps pour avoir blasphémé en revendiquant la puissance de Dieu puisqu’il prétend pouvoir «détruire le sanctuaire de Dieu et le rebâtir en trois jours» (Mt 26,61).

-Les avis divergent quand il s’agit de fixer la compétence juridique du Sanhédrin, et pour savoir s’il conserve encore le droit de prononcer des sentences de mort à l’époque de la domination romaine. L’image du procès au Sanhédrin, aboutissant à une sentence de mort pour cause de revendication messianique, telle que rapportée dans l’Evangile de Marc, semble bien être une reconstitution marquée par l’idéologie chrétienne postérieure – d’autant qu’il est difficile d’admettre que Jésus se soit déclaré le Messie.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Condamnation: la comparution de Jésus devant Pilate pose moins de problèmes. On doit observer que Jésus dispose de beaucoup moins de possibilités de défense: il n’est pas citoyen romain, et la justice peut se dérouler dans son cas de façon assez expéditive. De fait, le gouverneur romain suit la procédure judiciaire cognitio extra ordinem, habituellement appliquée en province et qui accorde la parole au plaignant et à l’accusé. L’accusation messianique est revenue sans doute assez souvent. C’est par ce biais, en effet, que les hauts-dignitaires judéens peuvent faire condamner Jésus par les autorités politiques romaines. À souligner que les récits évangéliques présentent Pilate comme quelqu’un qui ne désire pas condamner Jésus injustement. Cependant, en voulant sauver Jésus de la condamnation capitale, Pilate ne fait rien d’autre que son métier de préfet.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-L’exécution: dès que Pilate condamne à mort Jésus par cruxifixion, le processus qui conduit à l’exécution s’enclenche. Comme à l’ordinaire, le supplice commence par une flagellation, car il s’agit d’inspirer la crainte publique et d’affaiblir le sujet. Le lieu de l’exécution, se trouvant hors des murs, doit être visible des gens qui entrent et sortent de la ville: dans l’esprit des législateurs, de telles exécutions doivent donner à réfléchir. Le condamné doit se rendre sur le lieu de son exécution en portant le bras transversal de la croix. Comme tous les condamnés, Jésus porte autour de son cou un écriteau qui fait savoir le motif de sa condamnation. La condamnation à la crucifixion est une peine romaine, et non pas une peine judéenne.

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Jésus: portrait d’un messieFace à ses juges

-Qui sont les responsables? La réponse des historiens comme des exégètes est des plus nuancées. D’un côté, la responsabilité des autorités romaines est évidente. D’un autre côté, la responsabilité judéenne n’en est pas moins éclatante. La tendance des premières traditions chrétiennes a même été d’en accentuer les contours. Cette orientation s’exprime dans les Evangiles selon Marc et Matthieu, en donnant l’impression d’officialiser l’intervention des grands prêtres dans le cadre d’un procès judéen en bonne et due forme. La querelle est entre Judéens, entre ceux qui reconnaissent la messianité de Jésus et ceux qui ne la reconnaissent pas. Les traditions chrétiennes, notamment celles représentées dans l’Evangile selon Jean, ont élargi et de manière polémique, les responsabilités de la mort de Jésus à tous les Judéens qui refusent de le reconnaître dans sa dimension messianique.

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Le ChristianismeLa doctrine chrétienne

-La mort et la résurrection du Christ apparaissent comme un événement majeur dans l’histoire de l’humanité. Dieu a créé l’homme et la femme pour qu’ils l’aiment et lui obéissent, mais ils se sont séparés de lui par le péché originel. En envoyant son fils Jésus, Dieu offre sa rédemption à l’humanité pécheresse. Le sacrifice de la mort du Christ scelle la réconciliation entre Dieu et les hommes. Cette rédemption est donnée à tous ceux qui reconnaissent en Jésus leur Seigneur et Sauveur. C’est par le sacrement du baptême que les convertis se lavent symboliquement de leurs péchés et s’engagent à vivre en accord avec le code éthique enseigné par Jésus. À l’instar du Judaïsme, le christianisme insiste sur l’existence d’un seul Dieu qui comprend le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

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Le ChristianismeLa rupture christianisme-judaïsme

-À l’époque de la naissance de Jésus, la Palestine, conquise par Rome en 63 av. J.-C. est gouvernée par Hérode le Grand, nommé roi client de Judée en 40. Après sa mort, en l’an 4, son royaume est divisé entre ses fils. Ces trois dernières régions sont administrées par Rome qui désigne un procurateur dépendant de la province de Syrie. L’administration romaine directe de l’ensemble de la Palestine est instaurée de nouveau en 44 ap. J.-C. et se traduit par des impôts très lourds et des troubles religieux. La population se révolte en 66, mais Titus s’empare de Jérusalem en 70 et détruit le Temple. On considère généralement que cet événement marque la rupture définitive entre le judaïsme et le christianisme.

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Le ChristianismeLes trois premières croisades

-Les efforts des chevaliers chrétiens pour s’emparer de la Palestine, prise par les musulmans au VIIIe siècle, n’aboutiront pas à des résultats aussi durables. Dans l’idéal des croisades, les motivations pieuses, le désir de partir en pèlerinage côtoient des impératifs plus politiques qui incitent les chrétiens à soutenir l’empereur byzantin, menacé par les premiers assauts des envahisseurs turcs. Les lieux saints, qui étaient sous contrôle arabe, sont passés aux mains des Turcs qui font preuve d’encore plus de fermeté que leurs prédécesseurs envers les communautés chrétiennes en terre sainte. C’est dans ce contexte que le pape Urbain II, à la fin du concile réuni en France à Clermont, exhorte les chevaliers à arrêter de se battre entre eux pour aller combattre les Turcs.

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Le ChristianismeLes trois premières croisades

-Il leur demande d’aller aider les chrétiens opprimés, en promettant la rémission de tous leurs péchés à ceux qui partiraient pour Jérusalem dans de bonnes dispositions. C’est ainsi que naît l’indulgence des croisades. La première croisade est couronnée de succès. Les croisés s’emparent de Jérusalem en 1099 et établissent des états indépendants dès 1098: la principauté d’Antioche (1098-1268) et le comté d’Édesse (1098-1144). Godefroi de Bouillon est placé à la tête du royaume de Jérusalem (1099-1187). D’autres territoires d’Asie Mineure conquis par les armées chrétiennes sont restitués à l’empereur byzantin. Édesse est reprise par les Turcs en 1144. Une nouvelle croisade est lancée, sans grand succès. La prise de Jérusalem par Saladin en 1187 déclenche la troisième croisade. En route vers Jérusalem, Richard Cœur de Lion occupe Chypre et y fonde un mouvement latin, qui se maintient jusqu’en 1489.

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Le ChristianismeLes dernières croisades

-En 1198, le pape Innocent III ordonne la quatrième croisade. L’armée doit s’embarquer sur des navires vénitiens pour rejoindre l’Égypte. En 1202, seul un tiers des effectifs prévus est réuni et les Vénitiens, ne pouvant obtenir leur paiement, détournent les croisés sur la côte adriatique pour prendre la ville de Zadar au roi de Hongrie. Les croisés payent ainsi leur passage et promettent d’aider à restaurer sur le trône byzantin Alexis IV et son père Isaac II Ange, qui vient d’être détrôné. Après l’assaut de Constantinople en 1203, Alexis est à son tour renversé au début de 1204. Les croisés pillent la ville et ramènent en Occident la plupart de ses trésors, y compris les reliques. L’empire latin de Constantinople est fondé et se maintiendra jusqu’en 1261.

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Le ChristianismeLes dernières croisades

-L’une des dernières croisades est conduite par l’empereur Frédéric II en 1228-1229. Il négocie un traité avec les Égyptiens qui restitue aux chrétiens certaines parties de la Palestine, dont Jérusalem, mais cet accord ne tiendra que jusqu’en 1244. Malgré le fervent esprit de croisade qui anime Saint Louis, sa première croisades (1248-1250) se solde par l’humiliante défaite de Damiette, en Égypte. Le roi de France sera emporté par la maladie au cours d’une seconde croisade (1270) contre Muhammed 1er de Tunis. D’autres croisades ont été organisées au XIIIe siècle, comme la «croisade des enfants» (1212), qui a été désastreuse. Mais elles ne parviendront pas à grand chose, si ce n’est à provoquer un durcissement de la politique musulmane à l’égard des chrétiens.

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L’Islamisme

Mahomet, ses premiers disciples et l’ange Gabriel

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MahometFin de l’époque païenne

Repères chronologiques:-570: naissance de Mahomet à La Mecque.-610: début de la révélation – première apparition de l’ange Gabriel.-622: Hégire, départ pour Médine.-624: bataille de Badr.-625: bataille d’Uhud.-630: entrée victorieuse à La Mecque.-632: mort de Mahomet à Médine.-633-645: conquête de la Syrie, la Palestine, la Perse et l’Égypte. 636:

victoire à Yarmouk sur Byzance. 637: victoire à Qadisiya. 638: prise de Damas et Jérusalem. 657: bataille perdue par Ali à Cîffin. 661-680: prise de Kaboul, Boukhara. 680: défaite à Kerbala, Califat omeyyade. 691: prise d’Alexandrie, sac de Carthage. 711: arrivée sur l’Indus et à Gibraltar.

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MahometFin de l’époque païenne

-En professant sa religion d’un Dieu unique à des populations fortement polythéistes et idolâtres, Mahomet remet surtout en cause le pouvoir des puissants chefs de clans ou de tribus. À commencer par ceux de sa ville natale, La Mecque.

-Sa prédication s’étant déroulée dans une société de tradition orale, les témoignages écrits dont on dispose pour faire son portrait sont de deux ordres. Il y a d’une part le Coran, qui comporte nombre de versets le concernant. Il nous fournit sur différents événements de sa vie des informations fiables. Mais éparses et lapidaires. Et, d’autre part, les hadiths – les propos du prophète - , et la Sîra – les témoignages de ses compagnons sur ses faits et gestes.

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MahometFin de l’époque païenne

-Il y a un avant et un après dans la vie de Muahammad. Avant et après la Révélation. Avant, Muhammad est un homme sans histoire. Sur le plan social, il vit en accord avec le monde tribal qui l’entoure. Né à La Mecque, en l’an 570, il appartient au clan des Banû Adb al-Muttalib, mais la fortune de ce clan est déclinante. Sur le plan personnel, il se distingue par des dispositions spirituelles qui l’inclinent en certaines saisons à des retraites solitaires. Aux environs de l’an 610, il reçoit la Révélation. Dieu lui annonce qu’il l’a choisi comme son dernier messager. Sa vie bascule alors dans une phase radicalement nouvelle, où il lance un défi frontal à certains des fondements de la société tribale dont il est issu.

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MahometFin de l’époque païenne

-La Révélation se manifeste maintes fois par la suite, pour le guider en lui révélant la parole de Dieu, sous forme de versets réunis après sa mort en un livre, le Coran. Muhammad vit la Révélation comme une manifestation extérieure à sa conscience et qui s’impose à elle avec la force d’une évidence irrépressible. La Révélation lui inspire tout d’abord une peur panique. Il craint d’être devenu fou et pense à se suicider. Une fois qu’il a admis la véracité de sa mission prophétique, les versets qui lui sont révélés sont si dérangeants pour les siens qu’il refuse à les répéter tout haut et se contente de les réciter à un tout petit cercle d’intimes. Au bout d’un long moment qui aurait duré jusqu’à trois ans, c’est la Révélation qui le force à proclamer publiquement la religion nouvelle.

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MahometFin de l’époque païenne

-Car cette religion va à l’encontre des croyances et des traditions les mieux ancrées dans la société de son temps. Les Arabes sont alors pour la plupart païens. Ils vouent un culte sommaire à une multitude d’idoles. La solidarité clanique l’emporte chez eux sur l’autonomie individuelle et leur mémoire collective s’arrête à l’arbre généalogique de leur tribu. Il leur apprend que le monde est la création d’un Dieu unique, tout-puissant et miséricordieux, maître de la terre et du ciel. Les humains sont appelés à n’adorer que Lui, à suivre Ses commandements et à se détourner de Ses interdits. Ils auront à lui rendre individuellement compte de leurs actes, au cours d’un jugement dernier, annoncé pour imminent, où chacun sera sanctionné par une place au paradis ou en enfer, pour l’éternité.

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MahometFin de l’époque païenne

-L’Islam – qui signifie soumission à Dieu l’Unique – ouvre ainsi aux arabes un espace de conscience nouveau qui les situe dans le prolongement spirituel du judaïsme et du christianisme et élargit leur horizon mental aux dimensions de l’histoire. Dans le même temps, il appelle chacun (homme et femme à égalité) à se forger un jugement propre, une subjectivité autonome, pour pouvoir assumer les responsabilités qui, devant Dieu, lui incombent à titre individuel. Cet appel sera ignoré, puis moqué et enfin combattu par les principales tribus mecquoises. En effet, non seulement il insulte au culte de leurs idoles et au respect de leurs ancêtres, mais de plus, en plaçant le devoir de piété personnelle au-dessus des allégeances claniques, il dépossède les grands seigneurs de leurs privilèges traditionnels.

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MahometFin de l’époque païenne

-Muhammad passe environ une décennie dans sa ville natale à tenter de convertir les siens. Il ne réussit à toucher qu’une centaine d’individus, qui seront soumis à de multiples vexations de la part de leurs clans. Le périple au bout duquel Muhammad fait son entrée à Yathrib, en l’an 622, est désormais connu sous le nom d’Hégire («migration»), qui marque le début du calendrier musulman. C’est à Yathrib, plus tard rebaptisée Médine, que la première cité musulmane voit le jour, où la Loi de Dieu prend le pas sur les valeurs de l’ancestralité tribale. Muhammad affronte, chez les tribus arabes, deux foyers d’opposition. D’une part, ceux qu’on appelle les hypocrites, convertis à l’Islam en apparence. D’autre part, les trois tribus juives installées dans la ville, qui refusent de le reconnaître comme messager.

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MahometFin de l’époque païenne

-Ils finiront, chacune à son tour, par le défier. Il les attaquera et les vaincra séparément. Mais les principaux ennemis de la communauté musulmane se trouvent à l’extérieur de Médine. Ce sont les grandes tribus polythéistes qui rejettent la religion de Dieu l’Unique et que La Mecque s’efforcera de mobiliser contre le pouvoir de Muhammad. Dans l’Arabie préislamique, les conflits entre communautés y étaient continus et n’étaient résolus que par le compromis ou la guerre. Le conflit entre le monothéisme et le polythéisme ne pouvant faire l’objet de compromis, la guerre était inévitable. En 624, en multipliant les actes de bravoures, les musulmans remportent à Badr une première victoire contre les Mecquois.

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MahometFin de l’époque païenne

-En 625, ces derniers prennent leur revanche à Uhud. La Mecque croit pouvoir donner le coup de grâce à Médine en l’encerclant. Mais les musulmans ont eu le temps de creuser des tranchées, à l’abri desquels ils repoussent les assauts de leurs ennemis. Ces derniers finissent par lever le siège, donnant au prophète une grande victoire morale. Il marche sur La Mecque à la tête de plus de dix mille hommes venus de toutes les grandes tribus d’Arabie. La Mecque lui ouvre ses portes sans combattre. Il y entre, détruit de sa main les idoles qui entourent la Ka’ba, instaure à leur place le culte exclusif de Dieu. Il n’impose à personne de se convertir, mais les grands seigneurs viennent, les uns après les autres, faire acte d’allégence et embrasser l’islam entre ses mains. Muhammad, bien que l’islam se soit implanté, doit cependant se heurter contre d’autres irréductibles.

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MahometFin de l’époque païenne

-Il les invitent à tout instant, y compris avant une bataille ou après une défaite, à prononcer les mots qui délivrent: «Il n’y a de dieu que Dieu et Muhammad est son prophète.» Même prisonnier ou condamné à mort, un homme sauve sa vie, sa liberté et surtout, son âme. Il devient un homme neuf, que la communauté accueille fraternellement en son sein. Muhammad, tel que nous le révèlent les chroniqueurs, combine une maîtrise intuitive des ressorts de la société tribale dont il est issu et une maturité psychologique, une cohérence intérieure, d’où il surplombe de très haut ses contemporains. Il est à la fois le porteur d’une Parole à lui seul révélée, le guide spirituel des croyants et le chef politique et militaire de la communauté musulmane. Il dispose d’une autorité que personne ne lui conteste.

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MahometFin de l’époque païenne

-Contrairement aux usages d’alors, il n’a jamais frappé une femme ou humilié un esclave. Dans le cadre d’une société patriarcale, où ni l’infériorité de statut des femmes ni la traite des esclaves ne peuvent être abolies, il améliore néanmoins le sort des uns et des autres. Il prend le temps d’honorer ses épouses et il exige de ses compagnons de se détourner de tout excès de zèle religieux et d’ascétisme intempestif. Sa mort, le 8 juin 632, ne sera que le dernier de ces instants. Il l’accueille avec une limpide sérénité. Mahomet désigne Ali, l’époux de sa fille Fatîma, comme son successeur. Mais le gendre ne deviendra le quatrième calife «bien guidé» qu’en 656. Renversé par les Omeyyades, cinq ans plus tard, il sera assassiné.

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MahometDu raid tribal à la conquête

-Après avoir pris La Mecque, les partisans du Prophète se lancent dans de nouvelles batailles et imposent leur religion. Au VIIe siècle, dans les sociétés arabes, tout homme capable de porter les armes combat. Les troupes se constituent selon les clivages entre tribus et clans. La razzia assure la redistribution des richesses. Les détachements de soldats ou les guerriers pratiquent le grand raid grâce à leur monture (chameaux, chevaux) et leurs armes (lance, l’arc et l’épée): stratégie de menace lointaine à travers le désert; surprise tactique: corps à corps brutal dans le combat rapproché. Les historiens s’interrogent sur comment s’est effectué le passage entre raids tribaux et guerres de conquête qui aboutissent, en un siècle, à un empire s’étendant du sud de l’Europe à l’Asie centrale?

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MahometDu raid tribal à la conquête

-Confronté aux controverses théologiques et à l’arrogance des grandes familles, Muhammad affirme délivrer la dernière révélation prophétique qu’Allah donnera à l’humanité pour proclamer le monothéisme et la sauver le jour du jugement dernier. Devenu chef d’une «communauté-cité», il recourt aux raids, reconquiert La Mecque par un subtil mélange de guerre et de diplomatie, lance les premières expéditions contre deux empires voisins (Byzance et la Perse) dont certaines provinces sont en conflit avec eux. Après sa mort, les quatre califes légitimes continuent cette politique mais les guerres «étrangères» se doublent de luttes intestines pour le califat: les Omeyyades l’emportent sur les partisans d’Ali, le quatrième calife, germe de l’opposition entre sunnites et chiites.

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MahometDu raid tribal à la conquête

-Dans quelle mesure l’expansion arabe n’a-t-elle pas été autant de nature démographique que militaire? Ainsi, l’arabisation (extension d’une langue dans un but commercial) et l’islamisation (conversion pour échapper au tribut) favorisent l’épanouissement des civilisations du vieil orient mésopotamien en un vaste réseau maritime et caravanier, monétaire et culturel, sur la région des isthmes à la charnière de trois continents – Afrique nilotique, Asie centrale et maghreb méditerranéen. Alors se forge après la défaite de la Perse (633) l’espoir de la prise de Byzance. Le renouvellement des dynasties transforme le guerrier volontaire en soldat mercenaire et marque la fin de la démocratie militaire originelle fondée sur une cohésion sociale ancestrale.

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MahometDu raid tribal à la conquête

-Parallèlement, naît l’idée que le djihad s’accomplit aussi par des initiatives personnelles et par la recherche du profit, donc l’enrichissement de la communauté. Le djihad connote, au-delà de la notion d’effort, le sens d’une résistance constante. Il apparaît dans le Coran en trois grandes acceptions: dépassement de l’être, entreprise guerrière et ascension spirituelle. Il joint les deux grands pôles de l’action humaine: la mystique et la politique. Ainsi apparaît une hiérarchie «militaire». En bas, le contempteur de la foi musulmane qui préconise le crime de sang à l’encontre de ceux qu’il estime apostats, rebelles à l’ordre établi; puis le soldat, noble d’épée ou chef corsaire, chargé de faire respecter cet ordre. Enfin, tout en haut de l’échelle, le ghâzi, le volontaire qui s’arme pour le djihad et devient martyr lorsqu’il est tué au combat.

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MahometLes premiers droits de la femme

-Deux siècles séparent la mort de Muhammad, en 632, des premiers récits écrits que nous ayons sur sa vie. La plus ancienne biographie qui nous soit parvenue intégralement date du premier tiers du IXe siècle. Les sources littéraires étrangères, syriaques, arméniennes, coptes ou grecques, contemporaines des premières vagues de conquêtes arabo-musulmanes, relatent l’invasion de leur pays par de nouveaux groupes d’arabes armés, mais elles ignorent tout de son action en Arabie. Comment peut-on, alors, se hasarder à parler de ses épouses? C’est le problème de la tradition orale, la Sunna, recueil des actes et des paroles de Muhammad (hadiths), une sorte de complément du Coran.

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MahometLes premiers droits de la femme

-Khadîja, la tendre autorité maternelle: à 20 ans, Muhammad a déjà acquis une telle réputation de savoir-faire et de probité qu’il retient l’attention d’une riche et noble marchande de La Mecque, Khadîja. Vers 595, Muhammad l’épouse et lui donne en guise de dot vingt jeunes mamelles, bien qu’il soit moins riche qu’elle. Ce sera sa première femme, la mère de tous ses enfants (deux garçons morts en bas âge, et quatre filles). Mâriya la Copte, sa concubine offerte par le vice-roi d’Égypte, vers 628, lui donnera un autre fils, Ibrâhîm, qui mourra très jeune lui aussi. Du vivant de Khadîja, Muhammad n’épouse aucune autre femme, c’est-à-dire qu’il reste monogame jusqu’en 619.

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MahometLes premiers droits de la femme-Aïcha, le rayon de soleil: conseiller et soutien

financier des premiers musulmans, Abû Bakr donne en mariage à son ami Muhammad sa toute jeune fille Aïcha; elle a à peine sept ans. Il l’épouse en 623, quand elle atteint sa puberté, peut-être vers ses dix ans. Elle l’accompagne dans ses campagnes militaires. Elle n’a que dix-huit ans quand le prophète la laisse veuve. Muhammad ayant interdit d’épouser ses femmes après son décès, Aïcha restera veuve jusqu’à sa mort, à 64 ans. Dans sa retraite à Médine, elle raconte ses souvenirs (plus de 1200 hadiths) et participe même, en 656, à la bataille du Chameau contre le calife Ali.

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MahometLes premiers droits de la femme-Épouses et concubines: entre les critiques des

Occidentaux au sujet de la polygamie de Muhammad et les justifications des savants musulmans, émerge l’avis d’Aïcha Adb al-Rahman, professeur égyptienne d’université: elle accuse ces apologistes zélés de n’avoir rien compris à la psychologie du prophète ni à celle des femmes, et d’avoir ainsi desservi «la personnalité exceptionnelle de cet homme, pleinement homme, et de ce prophète, pleinement prophète.» Pour elle, Muhammad a connu la passion de l’amour, ses tribulations et ses plaisirs. Il a dû se complaire dans les intrigues de ces femmes qui se disputaient son amour et ses faveurs.

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MahometLes premiers droits de la femme

-Le voile n’est pas un signe de foi: juives, chrétiennes et musulmanes, toutes les femmes sémites devaient, depuis des millénaires, avoir les cheveux couverts en public. Saint-Paul, élevé dans la foi hébraïque, rappela cette obligation aux chrétiennes de Corinthe. La conquête des pays voisins amena les musulmanes des villes à vivre entre elles quasiment cloîtrées et à ne sortir en public qu’entièrement voilées. La tradition du voile se perpétua, selon des modes propres aux divers pays. C’était le symbole de leur sujétion aux hommes. La libération progressive de la femme fit tomber ce tabou: dès la fin du XIXe siècle, des réformateurs et des théologiens égyptiens affirment que le voile n’est pas un signe de la foi islamique.

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MahometLes premiers droits de la femme

-La polygamie dans le monde arabe: l’islam est né en Arabie, dans un milieu païen, dont on ne sait pas grand chose, en dehors de quelques vagues évocations transmises par la poésie préislamique et par quelques allusions du Coran et des hadiths. Quels ont été les usages propres au paganisme arabe? On ne le sait pas avec précision. On sait que l’institution du mariage existait. Quelques auteurs modernes affirment que la polygamie était en usage dans toute l’Arabie et que Muhammad la limita à quatre épouses en même temps. En réalité, on ignore pourquoi le Coran limite à quatre le nombre d’épouses en même temps. Alors que selon les sources, le prophète aurait eu entre onze et quinze femmes, dont neuf simultanément, loin des quatre autorisées par le Coran.

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MahometLes premiers droits de la femme

-L’apport de la nouvelle religion pour les femmes: la tradition islamique se plaît aussi à souligner l’amélioration du sort de la femme. En effet, le Coran proclame que les croyants et croyantes sont égaux devant Dieu, qu’ils sont liés les uns aux autres et qu’ils demeureront éternellement au paradis (Coran 9,71-72). Quant à la «capacité juridique» de l’épouse musulmane, elle existait avant l’islam sous la forme d’un droit coutumier. Le Coran a le mérite de l’avoir fixée par écrit, en y greffant quelques dispositions qui protègent davantage les droits de la femme. Mais du même coup le texte révélé sacralise son infériorité et sa soumission à l’homme.

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MahometLe salut: L’abolition de l’esclave

-Le Prophète s’est clairement prononcé contre l’asservissement, une pratique courante dans l’Arabie du VIIe siècle. Il semble ne pas avoir été entendu. En effet, une enquête récente tend à montrer qu’il y aurait eu de 21 à 22 millions d’esclaves dans la région durant quatorze siècles. Le Coran est le premier document sérieux traitant de cette question. Toutefois, son étude doit rester critique. Il s’agit d’une lecture adaptée au contexte social et culturel qui a vu naître le Coran. L’apparition de l’esclavage dans la péninsule arabique précède bien évidemment l’avènement de Muhammad. Dès les temps bibliques, la région a été habitée par des esclaves et leurs maîtres. Pour la période ultérieure au VIIIe siècle, on ne peut faire que des suppositions.

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MahometLe salut: L’abolition de l’esclave

-Les sources concernant précisément cette époque sont rares et sont constituées pour l’essentiel de récits d’épopées guerrières. On peut néanmoins affirmer que l’esclavage était déjà pratiqué en Egypte, ainsi que dans les territoires gréco-romains, ou encore à Byzance et en Perse. On ne voit donc pas pourquoi la péninsule arabique aurait échappé à la contagion de la servitude. Le système esclavagiste tel qu’il existait avant Muhammad était à la fois domestique, agraire et pastoral. Cet esclavage traditionnel résultait le plus souvent des guerres tribales: les prisonniers devenaient esclaves. Le troc était l’une des monnaies d’échange du commerce de l’époque. Lorsque le Prophète commence sa prédication, l’esclavage est ancré dans les mentalités.

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MahometLe salut: L’abolition de l’esclave

-Muhammad est originaire du milieu bédouin de La Mecque. Enfant puis adolescent, il vit dans un environnement où les esclaves sont légion. Le Coran va codifier la pratique de l’esclavage. On dénombre 27 versets qui abordent ce thème dans le Livre, qui prêche l’émancipation des esclaves et leur libération. En les affranchissant, le croyant gagne une partie du paradis. On peut donc penser que Muhammad n’était pas favorable à l’asservissement. A-t-il pour autant fait preuve de fermeté pour l’abolition? Difficile de l’affirmer puisqu’il s’agit là d’une interprétation. Il aurait racheté la liberté d’un certain nombre d’esclaves. Il a même fait de Bilal, Abyssinien racheté par Abu Bakr (premier calife de 632-34), le premier muezzin de Médine, où fut construite la première mosquée.

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MahometLe salut: L’abolition de l’esclave

-Toutefois, rares sont les esclavagistes qui ont abandonné cette pratique. L’affranchissement devait répondre à certaines conditions: notamment la conversion à l’islam, laquelle était un facteur favorable mais pas suffisant. Il existe en effet les esclaves «impurs» qui achètent leur liberté tout en restant païens et les «purs» qui demeurent dans l’état de servitude même après être devenus musulmans. Propriété de leur maître, ils ne peuvent prétendre à la liberté qu’en la payant. Avec l’avènement de l’islam, les grands maîtres vont procéder à une vague d’affranchissement de leurs esclaves. Ces derniers, devenus croyants, vont constituer le premier noyau de l’armée musulmane de l’époque.

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MahometLe salut: L’abolition de l’esclave

-Pourtant, au cours des deux siècles qui vont suivre la diffusion du message prophétique, l’esclavage va continuer à se développer. Ainsi à Damas, sous les Omeyyades (661-750), les effectifs serviles ne font qu’augmenter. En 750, les Omeyyades sont battus par les Abbassides, une dynastie rivale qui va faire de Bagdad le centre de son rayonnement. Or l’esclavage est l’un des fondements de la société abbasside. La traite orientale apparaît véritablement avec la formation des cités, à l’exemple du Caire, de Kairouan ou de Bagdad. A l’inverse du commerce triangulaire occidental qui va répondre aux besoins des plantations: les esclaves seront utilisés en Amérique du Nord et au Brésil pour travailler dans les exploitations de canne à sucre, de coton et de café, ceux de la péninsule arabique sont destinés à la domesticité des palais et aux travaux des champs.

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MahometLe salut: L’abolition de l’esclave

-Comment alors expliquer le paradoxe entre la prise de position de Muhammad contre l’asservissement et l’instauration d’un système organisé? La raison principale tient au fait que le Coran n’a pas été assez contraignant dans son combat pour l’affranchissement des esclaves ainsi qu’en matière d’abolition. C’est la même logique concernant la polygamie: les grands seigneurs pouvaient avoir autant de femmes qu’ils le voulaient avant que le Coran n’en limite leur nombre à quatre. En fin de compte, le seul sujet sur lequel le Coran s’est montré radical est le passage du polythéisme au monothéisme, c’est l’idée qu’Allah soit l’unique Dieu. Parce que le Coran n’exigeait pas leur affranchissement de manière totale et définitive, les grandes familles se sont senties autorisées à utiliser des esclaves sans aucune culpabilité.

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MahometLe salut: L’abolition de l’esclave

-La structure de l’Arabie ancienne n’a pas changé du tout au tout après la mort de Muhammad; l’islam est, en quelque sorte, resté en sommeil. Aujourd’hui, dans le monde musulman, le sujet est tabou. Personne n’ose réellement soulever le problème. C’est une omission gravissime, condamnable et déshonorante. La condition des hommes n’a pas changé, même si le champ sémantique fait allusion: on ne parle plus d’esclaves mais de domestiques, d’ouvriers, d’employés. La Mauritanie est, de nos jours, le pays où l’on recense le plus grand nombre d’esclaves reconnus: 200 000. Les autres Etats les plus touchés par ce phénomène sont le Maroc, le sud de la Tunisie, le sud de la Libye, le sud de l’Egypte, tous les pays du Golfe et du Proche-Orient et l’Inde (environs 2.5 millions d’esclaves dans le monde arabo-musulman)

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MahometL’héritage de Moïse et de Jésus

-L’histoire des religions du Proche-Orient, dans l’Antiquité tardive, nous renseigne plus ou moins précisément sur toutes ces confessions parmi lesquelles il faut d’ailleurs placer l’Islam à ses débuts. Vers l’an 600, cette mosaïque religieuse se décline ainsi: le vieux paganisme arabe en Arabie centrale, le paganisme de la ville d’Harran en Syrie du Nord (sud de la Turquie), le christianisme, le judaïsme, des restes possibles de judéo-christianisme, le manichéisme et autres religions teintées de gnosticisme, dont peut-être celle des mystérieux Sabéens du Coran, le zoroastrisme. Peu de temps avant la naissance de Muhammad, le Yémen avait été officiellement chrétien, probablement d’obédience monophysite, grâce à un roi nommé Abraha, allié de l’Ethiopie et de Byzance.

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MahometL’héritage de Moïse et de Jésus

-Or, à l’époque de Muhammad, la dynastie régnante est chassée du pouvoir par les Perses, qui installent leur gouverneur. On ignore jusqu’à quel point la population yéménite était christianisée, mais à la frontière entre le Yémen et l’Arabie centrale, la ville de Najrân était peuplé de chrétiens, eux aussi monophysites et de tendance julianiste, avec à leur tête un évêque. Le christiannisme était également largement répandu chez les Arabes vivant au nord de l’Arabie, en Syrie et jusqu’en haute Mésopotamie: là, des tribus nomades comme les Tannoukh et les Taghlib demeurèrent chrétiennes même sous l’islam. Deux royaumes arabes chrétiens existaient aussi avant la conquête arabo-islamique: le premier était celui des Arabes ghassanides et vénéraient particulièrement les saints Serge et Bacchus, soldats arabes martyrs à l’époque romaine.

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MahometL’héritage de Moïse et de Jésus

-Le second, le royaume des Lakhmides, dont les chrétiens étaient de confession nestorienne, était son rival, vassal de l’empire perse gouverné par la dynastie sassanide (200-650). Si le dogme central du christianisme, la divinité du christ, est rejetée, un rang éminent lui est cependant reconnu, ainsi que sa qualité de thaumaturge. Tout ceci montre que Muhammad a été principalement en contact avec des formes populaires du christianisme. Avant le monothéisme, les Arabes croyaient en plusieurs divinités: Al-Lat (la déesse), Al-’Ozza (la Forte) et Manat. Le judaïsme était présent non seulement en Palestine et en Irak, en particulier à Babylone, alors sous domination de la Perse sassanide, mais aussi en Arabie même.

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MahometL’héritage de Moïse et de Jésus

-Il y avait des juifs au Yémen, lesquels avaient détenu un temps le pouvoir avec le roi Youssof ibn As’ar. Le Coran ferait allusion à un massacre de chrétiens de Nadjrân ordonné par ce roi aux versets 4 à 8 de la sourate 85. Du temps même de Muhammad, trois tribus juives forment une grosse partie des habitants de Yathrib (future Médine) où Muhammad s’installe après l’Hégire, sa «migration» depuis La Mecque, qui lui était devenue trop hostile. A Yathrib, la fréquentation des juifs est quotidienne. Muhammad croit au début pouvoir les rallier à sa cause, mais il semble que les juifs se sont moqués de l’incohérence de ses références bibliques. Pendant les guerres avec les Mecquois, leur comportement peu fiable entraîne une rupture tant religieuse que politique.

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MahometL’héritage de Moïse et de Jésus

-La tonalité générale du Coran, vis-à-vis des juifs, est plus critique qu’envers les chrétiens. Pourtant, le matériel d’origine biblique ou parabiblique (apocryphes, Talmud, Michna, etc.) abonde dans le Coran, que ce soit sous forme de citation, parfois littérale, ou de sorte de paraphrase ou d’allusion. Ce matériel d’origine juive, tout comme ce qui vient de sources chrétiennes d’ailleurs, est toutefois repris dans une perspective propre qui se veut une confirmation de l’authenticité de la mission de Muhammad. Pour ce qui est des divergences entre les sources bibliques et la prédication coranique, elles sont expliquées par l’accusation d’altérations des Ecritures commises par les juifs et chrétiens.

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MahometL’héritage de Moïse et de Jésus

-Les zoroastriens, désignés par leurs Mages, sont cités une seule fois dans le Coran à côté des juifs, des chrétiens et des çabéens. Le zoroastrisme, appelé aussi mazdéisme, était à l’époque de Muhammad la religion de l’empire iranien des Sassanides qui s’étendait jusqu’au sud de l’Irak. Le manichéisme, fondé par Mani au IIIe siècle dans l’empire perse sassanide, est présent, quoique discret par nécessité, dans le Proche-Orient des VIe-VIIe siècle. Des recherches récentes montrent que des manichéens se sont sans doute retrouvés à Al-Hîra et ailleurs dans la péninsule Arabique quand les persécutions les ont chassés hors de l’empire romain d’Orient et de l’empire Perse.

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MahometL’héritage de Moïse et de Jésus

-Le Coran ne mentionne pas le manichéisme, mais on y trouve appliquée à Muhammad l’expression «sceau des prophètes» que Mani s’était attribuée avant lui. En outre, même si les références ne sont pas explicites, on repère dans le Coran des thèmes venus du manichéisme, par exemple la notion selon laquelle Jésus aurait annoncé la venue après lui d’un «messager» lui-même identifié à un «paraclet» (le Saint-Esprit) aussi bien par Mani, qui s’applique cette prédiction et ce titre à lui-même, que par la tradition musulmane, qui le fait pour Muhammad. Enfin, il va sans dire que Muhammad connaît la religion majoritaire des Mecquois, le vieux paganisme arabe dont il combat le polythéisme, mais aussi le culte et nombre de pratiques qui lui sont liées, comme la divination par les flèches ou l’exposition des bébés filles.

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Le CoranLivre sacré des musulmans

-Le caractère oral et auditif des révélations: le Coran se présente à nous aujourd’hui sous la forme d’un livre dont la longueur est le tiers de celle de la Bible. Il comporte 114 chapitres qu’on appelle «sourates» (en arabe révélation). Les sourates se divisent en versets appelés aya («signe», «prodige»). Le livre est la consignation écrite des révélations reçues et transmises par Mahomet tout au long de sa mission en tant que messager d’Allah. Alors qu’il était en état de révélation, Mahomet entendait de la bouche de l’ange Gabriel des paroles en arabe qu’il était chargé de réciter, de répéter fidèlement à ses compatriotes. La réception s’accompagnait de phénomènes qui affectaient son corps et son esprit. Les paroles coraniques sont faites pour être récitées à haute voix.

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Le CoranLivre sacré des musulmans

-Le passage de l’oral à l’écrit: les paroles que le prophète récitait au nom d’Allah ont d’abord été confiées à la mémoire des croyants. Elles étaient transmises de bouche à oreille. Après la venue du prophète à Médine, on a commencé à mettre certains passages par écrit. Après la mort du prophète, on commença à se préoccuper du sort des versets du Coran. Ceux qu’on appelait les «récitants» étaient aussi les «mémorisateurs» des révélations coraniques. Mais plusieurs d’entre eux perdaient leur vie dans les batailles. C’est alors que le calife Abou Bakr, le successeur du prophète comme chef des musulmans prit l’initiative de regrouper les fragments écrits qui lui étaient accessibles. Plus tard, le calife Othman ajouta à la collection d’Abou Bakr de nouveaux fragments dispersés qu’on avait pu recueillir.

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Le CoranLivre sacré des musulmans

-Le caractère sacré du Coran: Allah a révélé aux humains les éléments de ce livre qu’ils ont besoin de connaître pour se conformer à sa volonté et mériter le paradis. Le Coran est, mot à mot, la parole de Dieu lui-même, telle qu’elle a été communiquée au prophète Mahomet en langue arabe par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Allah est le seul et unique auteur du Coran; Mahomet n’en est que le transmetteur. Le caractère inimitable du Coran est considéré comme un prodige d’Allah. C’est la dimension cruciale de la foi religieuse: son côté gratuit et indémontrable qui choisit de comprendre la destinée humaine en fonction d’un au-delà régi par un Être supérieur tout-puissant.

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Le CoranLivre sacré des musulmans

-Le Coran au cœur de la vie musulmane: l’étude du Coran a amené les spécialistes musulmans a produire des lexiques et des grammaires de la langue arabe. Pour faciliter la compréhension du Coran et en exploiter toute la richesse, les spécialistes ont également produit de volumineux commentaires du Coran. Le Coran, tout comme la Bible, est sujet à plusieurs interprétations. La présence la plus marquante du Coran dans la vie quotidienne des musulmans est la place qu’il occupe dans la prière quotidienne. Certaines sourates comme l’«ouverture» sont récitées dans les cinq prières qui ponctuent la journée des croyants. D’autres sourates sont récitées à des moments comme la naissance et la mort. Dans certains pays musulmans, les enfants apprennent le Coran à l’école en le répétant de façon rythmée.

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Le CoranLes grandes questions de la vie

-Allah le créateur: dans le Coran, celui qui crée l’univers, c’est Allah le Dieu unique et tout-puissant. Aucun être à part lui n’est digne de recevoir la soumission et l’adoration des humains. Allah est un dieu bon, compatissant, qui sait pardonner. Mais il devient intransigeant envers ceux qui lui «associent» un être créé comme une statue ou une image. Allah est mystérieux, il est celui qui demeure caché, celui que les regards des hommes n’atteignent pas; mais, en même temps, il est proche de l’homme et sa présence entoure les humains. Même s’il est proche et qu’il s’est fait connaître aux humains, Allah demeure insaisissable. Certains musulmans récitent les nombreux noms d’Allah à l’aide d’un chapelet, tout en étant bien conscients que les mots humains ne suffisent pas pour décrire toute la richesse, tout l’intensité d’être d’Allah.

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Le CoranLes grandes questions de la vie

-La création de l’univers: pour le Coran, la puissance d’Allah se manifeste de façon éclatante dans la création de l’univers. Allah crée volontairement, mais sans effort, par la seule force de sa parole toute-puissante: il lui suffit de dire à une chose «soit!» et elle est. C’est de cette façon qu’il a créé le ciel et la terre en six jours; il a fait descendre du ciel l’eau qui fait pousser les arbres et les jardins, il a fait courir les rivières et placé les montagnes sur la terre. En contemplant l’univers créé et les divers phénomènes de la nature, les humains sont invités à y voir l’œuvre qu’Allah, le créateur de tout, est à la fois unique, tout-puissant et très généreux. «Dans la création des cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue sur la mer portant ce qui sert aux hommes, dans l’eau qu’Allah fait descendre du ciel, faisant ainsi revivre la terre après sa mort et la peuplant de toutes sortes d’animaux, dans la variation des vents, dans les nuages assignés entre le ciel et la terre il y a vraiment des signes pour un peuple qui comprend» (ch.2, 163-164)

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Le CoranLes grandes questions de la vie

-La création des anges: créés par Allah à partir du feu, les anges apparaissent dans le Coran comme des êtres immatériels qui célèbrent les louanges d’Allah et défendent le ciel contre l’incursion des démons. Les anges peuvent aussi prendre une forme matérielle, car ils sont les messagers d’Allah auprès des humains: ils sont envoyés auprès d’Abraham, de Lot, de zacharie et de Marie, mère de Jésus. Pour sa part, l’ange Gabriel est l’intermédiaire qui transmet au prophète Mahomet les paroles du Coran. Au moment où il a créé Adam, Allah a ordonné aux anges de se prosterner devant le premier homme pour reconnaître la suprématie des humains par rapport aux anges. Tous les anges l’ont fait, sauf Iblis, aussi appelé Satan. Ayant subi la malédiction d’Allah, pour se venger il essaie de tromper les humains, de leur montrer le chemin du mal.

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Le CoranLes grandes questions de la vie

-La création de l’homme et de la femme: Allah a créé les humains à partir d’un seul être, Adam, et à partir de celui-ci, il a créé sa compagne. Après avoir façonné harmonieusement le corps d’Adam à partir de la terre, Allah a insufflé en lui son Esprit. Au moment où il crée un être, Allah lui donne un «ordre», c’est-à-dire un commandement et en même temps une place qu’il lui assigne pour la bonne marche de l’univers. Au jour du jugement dernier, chaque être créé aura à rendre compte de l’ordre qu’il a reçu. Dans le cas des humains, au sommet des êtres créés, «l’ordre» est clair et exigeant: s’ils veulent se présenter devant Allah en méritant de recevoir la récompense du paradis, ils doivent rester en état de soumission et d’obéissance à Allah.

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Le CoranLes grandes questions de la vie

-Le cycle de la prophétie: l’être humain a été créé faible, inconstant et imprudent, mais Allah est un dieu juste et bon. Laissés à eux-mêmes, les humains ne savent pas très bien comment se soumettre et orienter leur vie pour plaire à Allah. C’est pourquoi Allah choisit parmi eux des messagers spéciaux, les prophètes, chargés de dire aux humains comment ils doivent agir. Malgré le pacte conclu avec Allah, les humains finissent par oublier comment se comporter et ils s’éloignent du chemin tracé par Allah. C’est alors que s’amorce une séquence qui se répétera plusieurs fois dans l’histoire de l’humanité. Dans sa grande bonté, Allah envoie à nouveau un messager pour rappeler les humains à l’ordre. Répétée plusieurs fois, cette séquence forme ce qu’on peut appeler le cycle de la prophétie.

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Le CoranLes grandes questions de la vie

-Le jugement et la vie future: si les prophètes risquent leur vie pour interpeller les humains et les réveiller, c’est pour les avertir que quelque chose de sérieux les attend: ils auront à rendre compte de leur conduite au Jour du jugement. En effet, à la fin du monde, il y aura des bouleversements, des cataclysmes, qui accompagneront la résurrection des morts. Les humains seront rassemblés pour être jugés et recevoir la récompense du paradis ou le châtiment de l’enfer. Parler de résurrection dans le contexte de La Mecque au temps de Mahomet, semblait aller à l’encontre du bon sens. C’est pourquoi le Coran a dû se faire insistant et recourir à des comparaisons tirées de la nature pour faire comprendre que rien n’était impossible à Allah le tout-puissant.

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Les cinq piliers de l’Islamdevoirs fondamentaux

-Premier: profession de foi qui consiste à dire qu’«il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah, et Mahomet est son messager.» Cela implique l’adhésion au message, c’est-à-dire le Coran et son contenu.

-Deuxième: réciter la prière rituelle qui est un acte d’hommage et de louange à la toute-puissance d’Allah. La prière se fait cinq fois par jour: à l’aube, au milieu du jour, dans l’après-midi, au coucher du soleil et le soir. Le croyant étend le tapis de prière dans la direction de La Mecque. La prière proprement dite comporte de deux à quatre séquences, et chaque séquence inclut des gestes et des paroles. Le vendredi à midi, la prière se fait à la mosquée et elle est suivie d’un sermon; c’est l’assemblée communautaire de la semaine.

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Les cinq piliers de l’Islamdevoirs fondamentaux

-Troisième: concerne le jeûne du mois du ramadan. Pendant ce mois, entre le lever et le coucher du soleil, le croyant adulte doit s’abstenir de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles. Ce jeûne vise à combattre les passions et à purifier l’âme. Dans certains cas, le croyant peut être dispensé du jeûne durant le mois prescrit, mais il doit s’en acquitter plus tard.

-Quatrième: concerne l’aumône. On distingue deux sortes d’aumône: l’aumône légale obligatoire (zakat) et l’aumône spontanée (sadaqa). Dans bon nombre de pays musulmans, on considère que l’obligation de l’aumône légale est satisfaite par le paiement de l’impôt à l’État.

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Les cinq piliers de l’Islamdevoirs fondamentaux

-Cinquième: concerne le pèlerinage à La Mecque. Le croyant qui en a la capacité et les moyens est tenu de se rendre à La Mecque au moins une fois dans sa vie pour y accomplir les rites du pèlerinage. Ces rites sont imprégnés de la mémoire d’Abraham. Par exemple, on fait sept fois le tour de la Ka ba, édifice qui contient la pierre noire considérée comme un gage du pacte entre Allah et la race humaine, pacte renouvelée par Abraham. On boit de l’eau du puits Zemzem où Abraham s’est abreuvé. Le dixième jour du mois du pèlerinage, les pèlerins immolent en sacrifice un agneau, en souvenir de l,agneau immolé par Abraham pour remplacer le sacrifice de son fils. Avec les nombreux rites qu’il comporte, le pèlerinage, tout comme la prière, remplit une fonction de médiation gestuelle: à travers l’activité corporelle, le croyant exprime sa soumission et son hommage à Allah.

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L’essor du rationalisme grec

Démocrite de Léon-Alexandre Delhomme

Hermès romain d’Épicure

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Les Nuées d’Aristophane: dans cette comédie, «Socrate» est un «philosophe de la nature», que sa pseudo-science conduit à nier l’existence des divinités communément reconnues et à rendre un culte privé à de nouveaux dieux qu’il met à la place des anciens. Il gagne sa vie de façon louche en dispensant un enseignement plus ou moins honnête, à la demande de son client.

-Si nous ajoutions foi à la version d’Aristophane, il nous faudrait juger Socrate coupable des trois chefs d’accusation portés contre lui: 1-«Ne pas croire aux dieux de la cité» 2-«introduire des divinités nouvelles» et 3-«corrompre la jeunesse».

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Dans l’Apologie de Platon, Socrate n’y donne qu’une seule preuve de sa piété, son obéissance à un dieu qui, durant tout le discours, n’est pas nommé: il a vécu, dit-il, dans une profonde pauvreté parce qu’il était au service du «dieu»; il a «passé sa vie à philosopher en faisant l’examen de soi-même et d’autrui» parce que «le dieu l’a ordonné» ainsi; il a été «un présent fait par dieu à la cité». Mais il ne dit jamais que ce dieu est le dieu de la cité.

-L’individu est toujours le même: toujours laid, impudent, amusant, exaspérant, interminablement bavard, c’est toujours le même intellectuel infatiguable qui domine tous ses interlocuteurs par la force de sa personnalité et par son énergie spirituelle. Il philosophe sans relâche.

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Les deux socrate: dans le champs de leur réflexion philosophique, la philosophie de Socrate1 s’intéresse principalement à la philosophie morale. Il a des opinions sur de nombreux sujets. Mais les seules propositions qu’il examine sont des thèses morales. La philosophie de Socrate2 est une philosophie morale, mais il est aussi un ontologiste, un métaphysicien, un épistémologue, un philosophe de la science, un philosophe du langage, ainsi qu’un philosophe de la religion et de l’art, et un philosophe politique. Ses intérêts couvrent le registre complet de la philosophie considérée comme science. Jusqu’au Gorgias compris, Socrate1 ne manifeste aucun intérêt pour la science mathématique…

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L’essor du rationalisme grecSocrate

…Socrate2 est un mathématicien accompli et considère les mathématiques comme la voie d’accès à la philosophie. Le plan d’études qu’il prescrit pour les futurs philosophes dans le livre VII de la République repose entièrement sur les mathématiques. Dans leur pratique de la philosophie, Socrate1 a la mission de «vivre en philosophant, en faisant l’examen de soi-même et d’autrui», «autrui» pouvant être, dit-il, «qui que ce soit d’entre vous que je viens à rencontrer, jeune ou vieux, citoyen ou étranger.» Il croit que «la vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue par un homme.» Socrate2 croit que la société la meilleure n’accordera le droit de s’interroger et de discuter sur le bien et le mal qu’à une élite d’hommes exceptionnellement doués et rigoureusement formés.

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Théorie métaphysique de l’âme: Socrate2 enchaîne toutes une série d’arguments en faveur de l’immortalité de l’âme dans le Phédon, en ajoute un autre dans le livre X de la République, et un autre encore dans un développement complètement neuf du Phèdre. Le but de cette argumentation n’est pas de démontrer la vérité de la croyance traditionnelle dans la survie de l’âme après la mort, mais celle d’un dogme bien plus fort, celui d’une préexistence prénatale et primordiale de l’âme. Ce dogme a pour corollaire la doctrine épistémologique la plus audacieuse qui ait jamais été proposée dans la philosophie occidentale, la théorie de la «réminiscence»: quel que soit l’objet de connaissance auquel un homme, quel qu’il soit, accède durant sa vie, son âme en a déjà pris connaissance avant sa naissance (Ménon, 81 c)

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Théorie métaphysique de la Forme: pour Socrate2 l’existence des Formes est une «hypothèse». Il nous assène tout un ensemble de propriétés que possèdent conjointement toutes les Formes et seulement les Formes, définissant un type de réalité: elles sont inaccessibles aux sens, elles sont absolument immuables, elles sont strictement immatérielles, elles existent elles-mêmes par elles-mêmes, ou, de façon équivalente, elles existent séparément; elles existeraient quand bien même rien d’autre n’existerait, alors que si elles n’existaient pas, rien d’autre ne pourrait exister. Enfin, elles sont divines, ou plutôt, elles sont le fondement de la nature divine des dieux eux-mêmes. Le philosophe tel qu’il est à présent, exilé, emprisonné, coincé à l’intérieur d’un animal, peut communier avec cet ailleurs.

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-La dimension religieuse: Socrate2 ne dit jamais nettement que le philosophe peut parvenir à une union avec la nature divine de la Forme. Il se contente de l’évoquer par les métaphore puissantes de la nutrition et de la procréation. En s’unissant à l’être réel le philosophe donnera naissance à la compréhension et à la vérité. La relation de Socrate1 avec le monde divin est rigoureusement pratique – éthique et non mystique. Ses dieux sont des entités surnaturelles de la religion grecque, avec une seule différence: ils sont ce que seraient les dieux de la cité s’ils étaient moralement transformés de façon à devenir constamment justes, parfaitement bienfaisants, capables de causer seulement du bien, jamais de mal, de quelque façon qu’on les provoque.

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Théorie politique: on ne trouve, dans toute l’antiquité classique, aucun projet de changement de la société plus audacieux, ni plus structuré que celui de Socrate2 . Ce projet implique la restructuration de toutes les institutions sociales – non seulement celle du gouvernement, mais celle de la famille, de la vie économique, de la guerre, de l’éducation, de l’art, du pouvoir religieux – et il demande que toute activité au sein de la poliq soit soumise à l’autorité de la raison de son élite. Il caricature férocement la démocratie athénienne, en la classant parmi les formes de gouvernement dégénérées, il la juge clairement inférieure aux deux types de gouvernement qui lui étaient opposés à l’époque, la timocratie et l’oligarchie, et considère qu’elle est préférable seulement à une tyrannie dépourvue de loi.

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Psychologie morale: Socrate2 grâce à son modèle tripartite de la psuchè dans lequel la passion et l’appétit peuvent être des mobiles autonomes, chacun d’eux étant doté d’un pouvoir indépendant pour déterminer si la raison prévaudra ou non. Il s’ensuit une conception nouvelle de la motivation des actes vertueux et de la nature de la vertu elle-même. Ainsi, le courage est comme un effet de l’émotion, une prouesse de l’âme passionnée.

-Connaissance morale: Socrate2 accorde une autorité absolue à ses philosophes afin de modeler les actions et les dispositions des hommes dans sa cité idéale; cette autorité repose sur la capacité qu’ils ont d’atteindre une connaissance infaillible du bien.

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L’essor du rationalisme grecSocrate

-Le Socrate platonicien: les dialogues de Platon témoignent de l’évolution intellectuelle de Platon et non celle de Socrate. Au début, Platon est encore sous l’influence de Socrate après sa mort, il est encore convaincu de la vérité absolue de son enseignement. Désireux d’approfondir cet enseignement et de le diffuser, il commence à écrire les dialogues socratiques. Platon, encore tout jeune, rencontre Socrate alors qu’il est toujours sous le coup d’une rencontre antérieure avec Cratyle, un héraclitéen qui lui a fait douter que rien au monde ne demeure identique, à aucun moment, sous aucun rapport. Socrate le dispense de ses soucis philosophiques et l’amène à se jeter corps et âme dans une activité plus urgente: …

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L’essor du rationalisme grecSocrate

…la recherche de la façon correcte de vivre, recherche qu’il mène en compagnie de Socrate lui-même, en partageant ses convictions. A dater de la mort de Socrate, il poursuit cette recherche en inventant des dialogues socratiques jusqu’à sa nouvelle évolution. Ses contacts avec les philosophes pythagoriciens de l’Italie du sud infléchissent de nouveau sa trajectoire intellectuelle par rapport à son passé socratique: il accepte la doctrine pythagoricienne de la transmigration et de l’immortalité de l’âme. Il s’immerge dans des études mathématiques; il élabore une nouvelle philosophie, en utilisant un savoir de nature mathématique, ainsi qu’une nouvelle méthode d’investigation philosophique que lui ont enseigné les mathématiciens.

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-L’Antiquité tardive, la pensée byzantine, la philosophie de la Renaissance, l’idéalisme romantique et même le réalisme métaphysique contemporain sont imprégnés de platonisme. Certaines philosophies ont pu ainsi se réclamer d’un Platon mystique et religieux, d’autres d’un Platon dialecticien. Platon naît à Athènes en 428-27 av. Jésus-Christ, dans l’une des plus prestigieuses lignées athéniennes. La famille de son père, Ariston, prétendait descendre du dernier roi d’Athènes, tandis que sa mère était la petite-fille d’un certain Critias dont les ancêtres remontaient jusqu’à un proche de Solon. De leur mariage naît trois autres enfants: Glaucon et Adimante, les deux frères aînés de Platon, et une sœur Potoné, qui fut la mère de Speusippe, successeur de Platon à l’Académie.

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-La politique d’expansion athénienne s’était heurtée, dans les années qui précédèrent la naissance de Platon, aux ambitions rivales de Sparte, cité au gouvernement oligarchique. La guerre du Péloponnèse éclata en 431. Le conflit n’opposait pas seulement la ligue athénienne à Sparte et ses alliés. Il suscitait aussi, dans presque toutes les cités de l’alliance, une forme de guerre civile plus ou moins déclarée entre oligarques et démocrates. Tandis que les démocrates réclamaient le soutien de l’Athènes démocratique et encourageaient ainsi l’impérialisme athénien, les oligarques, qui se retrouvaient à être les défenseurs un peu inattendus de l’indépendance des cités, recherchaient la protection de Sparte.

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-La dialectique, réfutation et maïeutique: les dialogues platoniciens présentent une démarche d’analyse et de critique. Une question est mise au programme, et le protagoniste du dialogue, le plus souvent Socrate, mène la discussion en suscitant des réponses chez son interlocuteur et en soumettant celle-ci à une analyse critique. Un tel type d’examen est après tout une activité philosophique commune, mais Platon l’a rendu particulièrement efficace en la concrétisant dans un dialogue avec un partenaire réel, dans des circonstances souvent bien spécifiées, et en faisant un échange de questions et de réponses l’occasion d’une analyse abstraite. La maîtrise d’une telle méthode pour analyser, rechercher, critiquer et même apprendre, Platon l’a appelé dialectique: «Le dialecticien connaît l’art d’interroger et de répondre», conduire méthodiquement une discussion.

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-Réminiscence et connaissance: un paradoxe est proposé par Ménon, visant à montrer l’impossibilité de toute recherche. En effet, soit on ne sait pas ce qu’on cherche et l’on ne peut ni chercher ni savoir qu’on l’a trouvé, soit on sait ce qu’on cherche et le chercher n’aurait plus aucun sens. Socrate propose comme la seule réponse qui vaille, l’hypothèse d’une remémoration par l’âme de vérités antérieurement connues. «Comme l’âme est immortelle, et qu’elle renaît plusieurs fois, qu’elle a vu à la fois les choses d’ici et celles de l’Hadès, c’est-à-dire toutes les réalités, il n’y a rien qu’elle n’ait appris. En sorte qu’il n’est pas étonnant, à propos de la vertu comme à propos d’autres choses, de se remémorer ces choses dont elle avait dans un temps antérieur, la connaissance.»

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-La sensation, l’opinion vrai et la connaissance: le Ménon, le Phédon et la République montrent Platon soucieux de distinguer entre les deux formes distinctes de vérité que sont l’opinion vraie et la connaissance. On peut en effet être dans le vrai à propos de telle ou telle chose tout en n’ayant qu’une opinion ou croyance vraie. On est alors incapable de justifier cette vérité, de la constituer à proprement parler en connaissance ou de la rapporter à d’autres certitudes. La critique de la première définition de la connaissance, la connaissance est sensation, est dans le Théétète. D’abord, l’identité de la sensation et de la représentation mentale fait que toutes les opinions se vaudront et que la connaissance ne durera pas plus longtemps que dure l’impression subjective…

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L’essor du rationalisme grecPlaton

…Lorsque nous percevons un objet, les nombreuses sensations que nous éprouvons ne sont pas «assises en nous comme dans un cheval de bois», mais elles convergent toutes ensemble «vers une sorte d’âme, par laquelle, se servant des sensations comme d’instruments, nous percevons tous les sensibles.». «Ce n’est point dans les impressions que réside la connaissance, résume Socrate, mais dans le raisonnement sur les impressions; car l’être et la vérité, ici, se peuvent atteindre, et là, ne le peuvent.» La seconde définition proposée par Théétète consiste à dire que la connaissance est une opinion vraie. Mais les prétentions de l’opinion vraie à être connaissance sont rapidement écartées par l’exemple de la «preuve judiciaire»…

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L’essor du rationalisme grecPlaton

…Supposons qu’un jury parvienne à se faire une opinion vraie sur un crime qu’il doit juger en se fondant sur les témoignages. Dans un tel cas, il est clair que l’opinion à laquelle ce jury parvient, aussi vraie et raisonnée soit-elle, ne saurait être confondue avec la «connaissance» que ce jury aurait acquise s’il avait été témoin du crime en question. L’opinion vraie, soit-elle, n’est pas une connaissance. La troisième proposition de Théétète définit la science comme une opinion vraie accompagnée de raison. Platon expose une forme de «songe» épistémologique selon lequel toutes les choses seraient faites d’éléments premiers, inanalysables, connaissables seulement par les sens et qui ne peuvent être nommés…

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L’essor du rationalisme grecPlaton

…tandis que leurs composés, quand ils sont reconnus et identifiés, seraient «objets de jugements pour l’opinion vraie». L’adjonction d’une raison transformerait une telle opinion vraie en connaissance, et celui qui la posséderait serait capable «de donner et recevoir la raison de l’objet». Au terme d’un examen fastidieux des différents sens de logoq, il apparaît qu’aucune acception du terme «raison» (au sens de donner ou rendre raison) ne permet de passer de l’opinion vraie à la connaissance. Il ne suffit pas d’assortir l’opinion vraie de procédures de justification, que celles-ci consistent en énumération d’éléments pour que l’opinion devienne connaissance. Le seul savoir que Platon semble reconnaître est celui qui satisfait l’exigence selon laquelle la connaissance doit être acquise de façon directe, sans intermédiaire.

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-Les Formes intelligibles: les dialogues de Platon écrits lors de sa maturité ou de sa vieillesse font de moins en moins de cas de cette forme de «connaissance» empirique pour ne traiter que de la seule véritable connaissance, à savoir la connaissance par l’intellect des vérités intelligibles, dont le modèle est la connaissance retrouvée à l’intérieur de soi-même, au terme d’un processus de remémorations. La thèse sous laquelle on résume le plus communément le platonisme est qu’il existe des réalités intelligibles, les Formes, séparées d’un monde sensible en lequel on reconnaît qu’une pâle imitation du monde intelligible. Ce qu’on appelle au sens strict la théorie des Formes, c’est-à-dire la position de réalités intelligibles comme seules susceptibles d’être connues, appartient à la période de maturité...

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L’essor du rationalisme grecPlaton

…Une telle volonté de détachement à l’égard du sensible est caractéristique de l’attitude philosophique de Platon dans les dialogue de maturité. Le doute placé sur la valeur de la sensation individuelle, la critique du relativisme sophistique, l’obstination mise à présenter le monde sensible comme le lieu des apparences changeantes et contradictoires se rencontrent dès les premiers ouvrages de Platon. Mais c’est dans le Phédon que la dissociation entre l’invisible, dont l’âme est parente, et le visible, lieu du corps, est le plus nettement affirmé comme la condition de la recherche philosophique: «L’âme est traînée par le corps dans la direction de ce qui jamais ne garde son identité», mais quand elle est par elle-même «c’est là-bas qu’elle s’élance, dans la direction de ce qui est pur, qui possède toujours l’existence, qui ne meurt point, qui se comporte toujours de la même façon.»

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-Les Formes et les sensibles: les Formes sont des réalités stables et permanentes; elles sont exemptes de la diversité et de la contradiction inhérentes au monde empirique, qui est dépourvu de vraie réalité. De plus, les Formes sont séparées. Comment comprendre cette séparation? Il s’agit d’une relation symétrique (la Forme est séparée du sensible et le sensible est séparé de la Forme), qui exprime la non-identité entre Forme et sensible, mais indique surtout que la Forme séparée est une réalité individuelle ayant une existence indépendante. L’existence d’une Forme permet de nommer ou de qualifier de façon stable toutes les choses qui y participent, selon une relation de dénomination selon la Forme qui consiste à donner le nom propre de la Forme à des réalités sensibles.

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-Le monde, l’âme et le mythe: dans le Timée, Platon décrit l’origine du monde et de l’âme. Si notre monde est la copie fabriquée par le démiurge, d’un monde éternel et parfait, les logoi qui se rapportent au monde-copie ne peuvent avoir la même fixité ou la même assurance que ceux qui se rapportent au monde réel. Intermédiaire entre le monde sensible et l’intelligible, l’âme est une réalité qui ne peut être décrite qu’à l’aide d’un mythe. Le mythe sert à transposer dans une dimension historique la genèse d’une réalité et de représenter, parfois sous une forme personnifiée, les éléments qui composent cette réalité et les facteurs qui jouent un rôle dans sa constitution. Ainsi, dans le Timée, la mise en ordre du monde est rapportée à une temporalité réelle, et le démiurge, force créatrice du monde, est comparé à un artisan…

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L’essor du rationalisme grecPlaton

…Le mythe entreprend ainsi d’inscrire dans une structure narrative, de transposer dans l’espace et dans le temps des relations abstraites qu’on ne peut présenter autrement. La cosmologie ou représentation cohérente et ordonnée de cette totalité organisée et vivante qu’est le monde, du Timée inclut l’exposé de la constitution de l’âme du monde. L’âme du monde est à la fois principe de tous les changements qui adviennent dans l’univers et la source de toute connaissance. L’âme du monde est la condition, dans l’ordre de l’être et dans celui de connaître, de l’âme humaine, car elle ne se conçoit qu’à partir de l’âme du monde.

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-L’immortalité de l’âme: l’argument en faveur de l’immortalité de l’âme est le suivant. Les réalités qui tiennent leur mouvement d’elle-mêmes, ou réalités automotrices, sont impérissables et sont des principes. Puisqu’un principe est ce à partir de quoi une existence commence, un principe ne peut être lui-même engendré. Une réalité qui se meut elle-même est donc inengendrée; mais elle est aussi indestructible. «Ce qui est principe de mouvement, c’est ce qui se meut soi-même; or cela, il n’est possible ni qu’il s’anéantisse, ni qu’il commence d’exister; autrement, le ciel entier, la génération entière venant à s’affaisser, tout cela s’arrêterait et jamais ne trouverait à nouveau, une fois mis en mouvement, un point de départ pour son existence.» Or l’âme est bien le principe interne, automoteur, de ce qui se meut. En conséquence, «ce qui se meut soi-même est l’âme, à la fois inengendrée et immortelle.»

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L’essor du rationalisme grecPlaton

-Platon et Homère: à l’époque de Platon, le statut de fonds culturel et pédagogique, auquel puisaient tous les éducateurs et tous les orateurs, tous ceux qui, dans la cité, devaient faire un usage pédagogique trouvaient, dans le poème homérique, des exemples, des personnages caractérisés par une disposition d’esprit ou de mœurs, et des modèles de conduite. Homère avait ainsi acquis, comme Platon le déplore, le statut d’éducateur des Grecs. Platon croit qu’Homère dépeint de manière déplorable les dieux et les héros, qu’il en fait des êtres immoraux, jaloux et querelleurs, et qu’il n’a jamais su rendre personne réellement vertueux. Les Grecs tiennent Homère pour leur éducateur, mais que lui doivent-ils au juste, demande Platon?…

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L’essor du rationalisme grecPlaton

…A-t-il fondé une cité en la dotant de bonnes lois, a-t-il inventé un objet ou conçu un savoir d’utilité publique, a-t-il formé des jeunes gens pour les rendre vertueux? Non, rien de tout cela. Homère a simplement imité des modes de vie et des simulacres de vertus, et il s’est mal acquitté de son métier. Cette condamnation d’Homère et les ambiguïtés qui lui sont attachées, resteront importantes dans la tradition platonicienne. Pour autant, Platon ne dispute pas aux poètes le rôle mimétique qui est la leur. Ces imitations, parce qu’elles sont adressées à la cité tout entière et qu’elles servent à l’éducation comme à l’édification des citoyens dès leur plus jeune âge, doivent être fondées sur une connaissance droite de ce que sont les vertus qui doivent être représentées. Or, cette connaissance fait défaut au poète.

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L’essor du rationalisme grecDémocrite

-Démocrite est originaire d’Abdère et eut sa période d’accomplissement et de maturité dans la deuxième moitié du Ve siècle. Sur la théorie de l’atomisme, nous devons nous contenter de comptes rendus – et des critiques – d’Aristote et d’autres auteurs plus tardifs. C’est le maître de Démocrite, Leucippe, qui a inventé l’atomisme, mais de son œuvre nous ne lisons aujourd’hui plus qu’une seule phrase, et les sources ne le mentionnent que très rarement. Les grandes lignes de la théorie atomiste se trouve exprimées dans un fragment d’un essai qu’Aristote a consacré à Démocrite. Leucippe aurait été vraiment éclipsé par son illustre élève.

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L’essor du rationalisme grecDémocrite

-Commentaire d’Aristote: «Selon Démocrite, la nature des choses éternelles consiste en de petites substances, illimités en nombre, auxquelles il assigne un lieu, distinct d’elles et illimité en grandeur. Au lieu il donne les noms suivants: «vide», «rien», «infini»; et à chacune des substances il donne les noms suivants «chose», «élément compact», «être». Il soutient que ces substances sont si petites qu’elles échappent à nos sens, et qu’elles possèdent des variétés de forme et des figure, et des différences de grandeur. C’est à partir de ces substances, qui jouent le rôle d’éléments, que pour lui se produit la génération et que se composent les choses et les masses visibles. Elles s’agitent et se déplacent dans le vide à cause de leur dissimilitude. Et lorsqu’elles se déplacent elles se heurtent et s’imbriquent les unes dans les autres qu’elles finissent par adhérer et se rassembler.»

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L’essor du rationalisme grecDémocrite

-Atomes: une infinité de petites substances, solides et indivisibles, diverses en forme et en grandeur, nagent ici et là dans un vide infini et éternel, leur mouvement étant déterminé par une nécessité tout à fait mécanique. De temps en temps et par hasard elle se bousculent l’une l’autre, elles se coincent, des conglomérats se forment et les corps visibles de notre monde se sont engendrés. Mais ces corps visibles ne sont pas des «natures», ils ne sont que des conglomérats: la foule des individus qu’on rencontre dans la rue n’est pas une substance en elle-même, elle ne constitue pas une nature à part; au contraire, la foule n’est rien en plus des individus qui la composent, individus qui ne s’unissent jamais.

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L’essor du rationalisme grecDémocrite

-Théorie atomiste: pourquoi les atomes? Comment le vide? Pourquoi Démocrite n’a-t-il pas suivi le chemin non atomiste d’Anaxagore qui disait que «les phénomènes rendent visible l’invisible». On dit que Démocrite a loué cette formule d’Anaxagore, ce qui permettrait de supposer que sa propre théorie s’appuie sur une base empirique, et que ce sont des observations, des phénomènes, qui ont amené Démocrite aux atomes. En revanche, la théorie à laquelle il a été emmené semblait contredire les phénomènes et tout ce dont les sens nous assurent. Car: «lorsque les atomes s’approche l’un à l’autre ou se heurtent ou s’entrelacent, les composés paraissent sous forme d’eau ou de feu ou de plantes ou d’hommes, mais en vérité les seules choses qui existent sont celles qu’il appelle les formes indivisibles – il n’existe rien d’autre.»

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L’essor du rationalisme grecDémocrite

…Une théorie, pour être fiable, doit être fondée sur la perception, mais quoique fondée sur la perception, la théorie atomiste nous dit que la perception est tout à fait trompeuse. Pourtant, Aristote pensait que «Démocrite semble avoir été convaincu par des arguments appropriés et scientifiques» qui sont les suivantes: «Si un corps est totalement divisible, supposons qu’il soit divisé: qu’est-ce qui reste? Une grandeur? – impossible, car il y aurait quelque chose qui n’aurait pas été divisé alors que le corps est totalement divisible. Or, si le reste ne consiste ni en un corps ni en une grandeur et que pour autant la division existe, ou bien le corps sera formé de points et ses constituants seront dépourvus de grandeur ou bien il ne sera rien du tout et par conséquent il aurait été engendré et se trouverait composé du néant et le tout ne serait rien d’autre qu’un corps fantôme.»

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L’essor du rationalisme grecPythagore

-Pythagore, héros mystérieux, contemporain d’Anaximandre, naquit à Samos. À l’âge de trente ans, il émigra vers le sud de l’Italie où il pratiqua la philosophie et la politique. «Ce qu’il disait à ceux venus l’écouter, nul ne peut le formuler avec certitude. Toutefois les points admis sont les suivants: d’abord que l’âme est immortelle; ensuite, qu’elle passe dans d’autres espèces animales; en outre qu’à des périodes déterminées ce qui a été renaît, que rien n’est absolument nouveau; et qu’il faut reconnaître la même espèce à tous les êtres qui reçoivent la vie.» L’âme est immortelle, et elle s’attache à toute une série de corps, humains et non humains. Cette doctrine est la métempsycose ou transmigration de l’âme.

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L’essor du rationalisme grecPythagore

-Métempsycose: pour quelles raisons Pythagore a-t-il adopté la théorie de la métempsycose. Nous ne le savons pas. Mais il l’a soutenue, et après lui cette théorie devait connaître chez les penseurs grecs une longue et illustre carrière. La théorie selon laquelle les hommes et les bêtes ne constituent qu’un seul genre se trouvait associée à la métempsycose: si l’âme de mon ami mort peut animer le corps d’un chien, il semble que les différences entre homme et chien ne soient que superficielles (d’où sans doute, les règles diététiques du régime végétarien que la tradition pythagoricienne a adoptées.) La théorie de l’éternel retour a peut-être l’aspect d’une pure fantaisie sans aucun fondement scientifique. Elle a pourtant été considérée par les philosophes ultérieurs, surtout par les stoïciens.

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L’essor du rationalisme grecÉpicure

-Né en – 341, Épicure est chronologiquement le premier véritable fondateur d’une école nouvelle à l’époque hellénistique. L’originalité de sa pensée et son mode d’enseignement sont pour beaucoup dans l’histoire de la philosophie. Il est très conscient de son originalité: il a étudié sous divers maîtres, mais il proclame qu’il n’a rien appris d’eux, et qu’il est un autodidacte en philosophie. Après avoir enseigné en divers lieux, où il s’est fait amis et ennemis, il s’installe au cœur du monde grec, et fonde son école au pied des murs d’Athènes où il enseignera jusqu’à sa mort en – 270. Son école est une communauté de vie complète, regroupant des hommes et des femmes, des enfants, des adultes, des jeunes, des vieux…

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L’essor du rationalisme grecÉpicure

…La communauté se fonde sur l’apprentissage des doctrines du maître, sur une organisation amicale mais hiérarchisées. Timon – et il n’est pas le seul – accusait Épicure d’être «inculte». En ce sens, c’est parfaitement vrai: en effet, il rejetait avec violence l’éducation traditionnelle, la «culture générale», fondée sur la lecture et le commentaire des poètes, la pratique des arts d’agrément et des arts de la parole. Il rejetait aussi la culture supérieure autour des sciences mathématiques: tout ce qui est inutile au bonheur est nuisible, en ce qu’il détourne de ce qui lui est utile. En principe, l’épicurisme répond à une demande, urgente et universelle: la demande du bonheur. Sa manière est opposée à celle de Platon. Épicure ne se préoccupe pas du «naturel philosophique». Il ne songe pas à leur imposer les «longs détours» que Platon les invitait à accomplir.

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L’essor du rationalisme grecÉpicure

-Structure et division: il ne fait pas de doute que pour Épicure, l’aspect théorique de la philosophie coïncide avec la «science de la nature». Il ne proposait pas une physique vraiment récente. Sa physique ressemblait fort à l’atomisme de Démocrite. L’éthique constitue également un chapitre à part entière dans la doctrine d’Épicure. Mais elle n’est pas autonome par rapport à la physique. La recherche physique est orientée vers un objectif éthique, la conquête et la conservation du bonheur. La science de la nature permet de combattre les peurs qui rendent malheureux, la peur des dieux. Par là, elle est capable précisément quelle est notre fin naturelle et quels sont les moyens naturels que nous avons de la réaliser.

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L’essor du rationalisme grecÉpicure

-La canonique épicurienne: «Épicure disant que «les sensations (aisuhseiq) et anticipation (prolhcseiq) et les affects (pauh) sont les critères de la vérité». L’expérience la plus ordinaire nous conduit à penser que si nos sensations nous renseignent généralement sur l’existence et les propriétés des objets extérieurs d’une façon qui nous permet de nous comporter envers eux de façon relativement adaptées, il serait bien imprudent de croire qu’elles ne sont jamais fausses. «Toute sensation est sans parole (alogoq) et incapable de la moindre mémoire; elle n’est pas mise en mouvement par elle-même, et quand elle est mise en mouvement par quelque chose d’autre, elle ne peut rien lui ajouter ni rien lui retirer.» (Diogène Laërce, X, 31)

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L’essor du rationalisme grecÉpicure

-La physique épicurienne: Épicure adopte le même expédient que Démocrite pour sauver ces aspects essentiels et visibles de l’univers physique. Le monde est fait de corps, ayant longueur, largeur et profondeur, capables d’agir les uns sur les autres et de pâtir les uns des autres parce qu’ils offrent contact et résistance. Les atomes sont les corps minuscules, mais non privée de grandeur, absolument pleins, inaltérables, indéformables et indestructibles, donc éternels qui sont assemblés en nombre élevé, mais non infini, dans la texture des corps dont nous avons l’expérience, associés à des poches de vide qui font que ces corps ne sont pas, eux, insécables et éternels. Épicure n’attribue aux atomes qu’un petit nombre de propriétés fondamentales, la taille, la forme et le poids, liées à l’existence physique; les qualités sensibles des corps composés sont des effets propre au niveau macroscopique.

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L’essor du rationalisme grecÉpicure

-L’éthique épicurienne: cette théorie de la mortalité de l’âme, qui évacue les espoirs de paradis et les craintes de châtiments infernaux, et sur laquelle Épicure compte pour nous délivrer de la peur de la mort elle-même, est l’éthique épicurienne, qui est avant tout une éthique de la vie et du bonheur de vivre; le plaisir étant la réponse spécifique à la question du «souverain bien». La mort est ce qui est le plus capable d’inspirer la crainte, si l’on peut démontrer qu’elle n’est pas à craindre, rien n’est à craindre. Son argumentation repose sur la démonstration de la mortalité complète et immédiate de l’âme. La mort supprime toute sensation, toute conscience, toute persistance de l’identité personnelle: elle n’est «rien pour nous», rien qui soit en rapport avec nous, rien qui nous concerne. Ou bien nous sommes et elle n’est pas ou bien elle est, et nous ne sommes pas.

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Le bouddhisme

Bouddha de l’île de Lantaumoines Shaolin

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Le bouddhismeDéfinitions

-Agrégat: l’être est composé de cinq agrégats, soit la matière, les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience.

-Ambroisie: la nourriture des dieux, elle procure l’immortalité.-Arhat: dans le bouddhisme du Petit Véhicule, l’état d’Arhat est l’idéal à

atteindre. L’arhat est un saint qui a accédé au plus haut niveau de connaissance et qui s’est affranchi du cycle des renaissances.

-Atman: dans la pensée hindoue, l’Atman ou Soi est l’âme.-Ascétisme: mode de vie rigoureux et discipliné en vue d’un

perfectionnement spirituel.-Bodhisattva: être qui est dans la possibilité d’atteindre le nirvana, mais qui y

renonce afin de venir en aide à ceux qui sont encore prisonniers du cycle des renaissances. Les Bodhisattvas sont ainsi des êtres incarnant la pure compassion. Idéal à atteindre dans le bouddhisme du Grand Véhicule.

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Le bouddhismeDéfinitions

-Confucianistes: adeptes du confucianisme, tradition philosophique de la Chine datant du 6e siècle avant Jésus-Christ.

-Dalaï-lama: titre signifiant «océan de sagesse» et qui est décerné au chef spirituel du Tibet.

-Dharma: dans le bouddhisme, le terme fait référence à l’enseignement du Bouddha, soit à sa doctrine qu’il énonça lors de son premier discours.

-Dukkha: le terme fait référence à celui de souffrance. La souffrance est inhérente à l’existence humaine et le Bouddha a proposé une méthode pour s’y soustraire.

-Gange: fleuve très populaire en Inde, puisqu’il est considéré comme sacré. Les Hindous le vénèrent et s’y baigne afin de se purifier.

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Le bouddhismeDéfinitions

-Grand Véhicule: ou Mahayana est une des deux écoles principales du bouddhisme avec le Petit Véhicule. Il met l’accent sur l’attitude de compassion et sur la dévotion à Bouddha et aux bodhisattvas.

-Gourou: maître spirituel qui offre son enseignement à ses disciples.-Hédonisme: philosophie qui est basée sur la recherche du plaisir.-Idolâtrie: adoration, vénération d’une idole.-Karma: principe fondamental, hérité de l’hindouisme, où toute action,

bonne ou mauvaise, produit sur celui qui l’accomplit un effet de même nature. Le karma détermine donc la nature de la prochaine renaissance.

-Ksatriyas: la société indienne est divisée en quatre castes: les brahmanes (prêtres), les ksatriyas (princes et guerriers), les vaisyas (commerçants et agriculteurs) et les shudras (serviteurs).

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Le bouddhismeDéfinitions

-Laïcs: dans le contexte bouddhiste, ceux qui ne font pas le vœu de devenir moines.

-Mandala: représentation de l’univers cosmique peinte sur une toile ou faite de grains de sable coloré. En son centre, il est la demeure de Bouddhas qui sert de support à la méditation.

-Mantra: formule sacré que le fidèle répète.-Maya: qui signifie «illusion». Dans la pensée hindoue, la maya est l’illusion qui

empêche de voir la vraie réalité.-Mortification: souffrances ou privations qu’une personne s’inflige à elle-même

pour l,aider à atteindre la vérité spirituelle.-Mudra: gestuelle symbolique des mains.-Nirvana: les bouddhistes aspirent à cet état qui les libérera de la souffrance et

du cycle des renaissances. Cet état est un éveil, une illumination ou une libération.

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Le bouddhismeDéfinitions

-Noble Sentier Octuple: il s’agit de la quatrième noble vérité, soit la méthode pour parvenir à l’éveil. Il est composé de huit principes qui conduiront le fidèle au nirvana.

-Pèlerinage: déplacement de fidèle vers des lieux saints et qui s’accomplit dans un esprit de piété.

-Petit Véhicule: aussi appelé Theravada. Une des deux principales branches du bouddhisme, caractérisée par sa fidélité à l’enseignement originel du Bouddha consigné dans le Tripitaka. Un accent est mis sur la vie monastique et le renoncement.

-Renonçant: il est le moine qui décide de tout abandonner pour consacrer sa vie entière à une quête spirituelle.

-Sadhu: homme qui se retire de la société pour se consacrer à sa vie spirituelle.-Samsara: cycle des renaissances qui est soumis à la loi du karma.

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Le bouddhismeDéfinitions

-Sangha: monument commémoratif érigé sur de hauts lieux du bouddhisme et qui peut contenir des reliques, des textes sacrés ou des objets de culte.

-Syncrétisme: processus qui joint ensemble deux doctrines différentes.

-Tapas: entraînement spirituel rigoureux que réalisent les moines cherchant à atteindre la libération.

-Transcendant: caractère de ce qui est au-dessus de la nature, et particulièrement de la nature humaine. Les dieux et les déesses ont un caractère transcendant.

-Yogi: personne qui pratique la technique spirituelle des postures du yoga.

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Le bouddhismeLe soutra des quatre vérités des Aryas

Les soutras du canon bouddhique dont nous disposons maintenant viennent des discours tenus par le Bouddha lui-même. C’est seulement après son départ en parinirvana que ses nombreux disciples se rassemblèrent pour essayer de préserver ses enseignements. Puis, les soutras ont été mémorisés par les disciples et transmis ainsi oralement en une lignée. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard qu’ils furent retranscrits par écrit. Le premier discours du bouddha fut: «Il est deux extrêmes qui doivent être évités par un moine. Quels sont-ils? S’attacher aux plaisirs des sens, ce qui est bas, vulgaire, terrestre, ignoble et engendre de mauvaises conséquences, et s’adonner aux mortifications, ce qui est pénible, ignoble et engendre de mauvaises conséquences…

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Le bouddhismeLe soutra des quatre vérités des Aryas

…Evitant ces deux extrêmes, le Bouddha a découvert le Chemin du Milieu qui donne la vision, la connaissance qui conduit à la paix, à la sagesse et à l’éveil. Quel est ce Chemin du Milieu? C’est le Noble Octuple Sentier, à savoir: la vue juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, le moyen d’existence juste, l’effort juste, l’attention juste, la concentration juste […] c’est cette «soif» qui produit la re-existence et le re-devenir, qui est liée à une avidité passionnée et qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là, c’est-à-dire la soif des plaisirs des sens, la soif de l’existence et du devenir, et la soif de la non-existence. C’est la cessation complète de cette soif, la délaisser, y renoncer, s’en libérer, s’en détacher.»

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Le bouddhismeLes quatre vérités

Il y a 2 500 ans, le Bouddha historique, Shakyamouni, donna son tout premier enseignement, qui plus tard fut porté par écrit. Les quatre vérités réalisées par les êtres nobles en constituent l’essence. Immédiatement après avoir atteint l’Éveil complet, le Bouddha demeura en silence durant quarante-neuf jours, puis se rendit de Bodhgaya à Sarnath, une petite ville proche de la cité sacrée de Varanasi. Là il rencontra les cinq ascètes: Ajnanata, Kaundinga, Asvajit, Vaspa, Mahanama et Bhadrika, qui avaient été ses anciens compagnons. Inspirés par son rayonnement, ils délaissèrent leurs soupçons et le prièrent d’enseigner. Le Bouddha leur expliqua alors le soutra des quatre vérités des aryas, et ces cinq ascètes devinrent ses premiers disciples.

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Le bouddhismeLes quatre vérités

Les quatre vérités sont:

1-La vérité de la souffrance,

2-La vérité de l’origine de la souffrance,

3-La vérité de la cessation de la souffrance et de l’origine de la souffrance,

4-La vérité du chemin qui mène à la cessation de la souffrance et de l’origine de la souffrance.

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Le bouddhismeLes quatre vérités

La vérité de la souffrance fait référence à la douleur, la détresse, la souffrance, l’angoisse et l’insatisfaction qui coexistent en nous au niveau physique et particulièrement au niveau mental. La deuxième noble vérité est l’explication de la cause de la souffrance, qui est le désir et l’attachement. Avec la troisième noble vérité, le Bouddha montre qu’il y a un moyen par lequel la souffrance peut être définitivement éradiquée par le biais de la quatrième noble vérité où il expose la manière de procéder. Nous éprouvons tous un sentiment instinctif de vouloir le bonheur et d’éviter la souffrance. Ce type de sentiment n’est pas le résultat d’un apprentissage, d’une éducation ou d’une culture: c’est un désir inné. Cet enseignement présente une approche bien spécifique pour parvenir à cette fin.

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Le bouddhismeLes quatre vérités

Le bonheur auquel nous aspirons tous ne surgit pas de nulle-part, mais provient de ses propres causes et conditions. Le bonheur n,a rien à voir avec nos plaisirs sensoriels temporaires mais fait référence aux niveaux de bonheur les plus élevés – un bonheur qui n’est pas affecté par le changement des circonstances extérieures. Le Bouddha dit que nous devons comprendre la vérité de la souffrance. Nous dépasserons la souffrance que lorsque nous serons en mesure de comprendre ce qu’est la souffrance. Comprendre la vérité de la souffrance est la chose la plus primordiale que nous puissions faire et cela nécessite une claire reconnaissance de son importance ainsi qu’une étude systématique des étapes que nous devons parcourir pour achever notre tâche.