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« Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. » (Lénine, 1902, Que faire ?) Les classiques du matérialisme dialectique Interview du Président Gonzalo (1988) Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste de France

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« Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. »

(Lénine, 1902, Que faire ?)

Les classiques du matérialisme dialectique

Interview du Président Gonzalo(1988)

Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste de France

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Les classiques du matérialisme dialectique

Table des matières

1. Introduction............................................................................................................................................22. Questions idéologiques............................................................................................................................33. Le Parti.................................................................................................................................................104. Sur la situation politique nationale.......................................................................................................235. Politique internationale.........................................................................................................................416. Autres points.........................................................................................................................................52

1. Introduction

El Diario : Bien, Président Gonzalo, pourquoivous êtes-vous décidé à donner cet entretien ?Pourquoi vous décidez-vous à parler après unsilence prolongé ? Pourquoi avez-vous choisi ElDiario pour réaliser cet entretien ?

Président Gonzalo : Le Parti Communistedu Pérou qui dirige la guerre populaire depuisdéjà plus de huit ans, s’est exprimé à plusieursreprises au moyen de divers documents connusdu public. Nous avons toujours considéré que leplus important était la déclaration du Parti lui-même pour établir de façon claire et nette quec’est le P.C.P qui a osé commencer la guerrepopulaire, la diriger et la porter en avant.

La raison pour laquelle nous nous exprimonsaujourd’hui personnellement pour la premièrefois dans cet entretien et justement avec vous,ce dont je me réjouis, est liée au Congrès. NotreParti a accompli une tâche historiquejusqu’alors en suspens : matérialiser sonCongrès. Nous avons travaillé d’arrache-pieddurant des décennies pour y parvenir, mais seulela guerre populaire nous a offert les conditionsde sa concrétisation.

Ainsi, nous disons : le Premier Congrès est lefils de deux pères importants : le Parti et laGuerre Populaire. Ce Congrès établit un jalon,comme le déclarent les documents officiels. Unjalon de victoire car, lors de celui-ci, notre Partia fait un bilan du long chemin parcouru etétabli la base d’unité du Parti fondé sur sestrois éléments : l’idéologie, c’est-à-dire le

marxisme-léninisme-maoïsme, pensée Gonzalo, leprogramme et la ligne politique générale.

De plus, ce Congrès a établi des bases solidespour marcher vers la conquête du Pouvoir. LeCongrès, ainsi, est une grande victoire. C’estune des raisons principales pour laquelle nousdonnons cet entretien. Il y a aussi un rapportavec la situation que traverse notre pays, avecla profonde crise qu’il connaît ; un rapport avecle développement de la lutte de classes desmasses qui s’accroît et devient chaque jour pluspuissante ; avec la situation internationale etavec le fait que la révolution est la tendanceprincipale dans le monde.

Quant à la raison pour laquelle nous donnonscet entretien à El Diario, elle est simple : c’estparce qu’il est une tranchée de combat, l’uniquetribune qui sert vraiment le peuple aujourd’hui.Nous croyons que même si nous avions pudonner l’entretien à d’autres, même étrangers, ilest plus opportun et en accord avec nosprincipes de le donner à un journal comme ElDiario qui lutte vraiment tous les jours dans desconditions difficiles pour servir le peuple, larévolution. Voilà la raison.

El Diario : Président Gonzalo, avez-vousexaminé la portée que peut avoir cet entretien ?Je vous pose une question, n’encourrez-vous pasquelque risque en parlant publiquement à cetteoccasion ?

Président Gonzalo : Nous, communistes,en tant que tels, n’avons peur de rien. De plus,le Parti nous a forgés dans le défi à la mort et

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Interview du Président Gonzalo

appris à porter la vie du bout des doigts pour ladonner au moment où la révolution le demande.

Nous pensons surtout que cet entretien a del’importance, de la transcendance : il sert notreParti, il sert notre révolution, il sert notrepeuple, il sert notre classe et sert aussi,pourquoi ne pas le dire, le prolétariatinternational et les peuples du monde, larévolution mondiale. Ainsi les risques, quelsqu’ils soient, ne sont rien, surtout – si j’insiste –nous sommes formés à l’image du Parti.

2. Questions idéologiques

El Diario : Monsieur le Président, parlonsmaintenant d’un des supports idéologiques duPCP, le maoïsme. Pourquoi considérez-vous que lemaoïsme est la troisième étape du marxisme ?

Président Gonzalo : C’est un point vital etde grande transcendance. Le marxisme est pournous un processus de développement et cegrandiose processus nous a donné une troisièmeétape, nouvelle et supérieure. Pourquoi disons-nous que nous sommes face à une troisièmeétape, nouvelle et supérieure, qu’est lemaoïsme ? Nous disons ceci parce qu’enconsidérant les trois parties intégrantes dumarxisme il est tout à fait évident que lePrésident Mao Zedong a développé chacune deces trois parties.

Ainsi, simplement, pour énumérer : enphilosophie marxiste, personne ne peut nier songrandiose développement, en ce qui concerne ladialectique, principalement avec la loi de lacontradiction, établissant que c’est l’unique loifondamentale.

Sur la question de l’économie politique, nouspouvons dire qu’il suffit de souligner deuxchoses dans ce domaine ; la première,d’importance immédiate et concrète pour nous :le capitalisme bureaucratique, et la deuxième :le développement de l’économie politique dusocialisme ; car en résumé, nous pouvons direque c’est lui qui a réellement établi et développél’économie politique du socialisme ; quant ausocialisme scientifique, il suffit de relever la

guerre populaire, car c’est avec le PrésidentMao Zedong que le prolétariat internationalacquiert une théorie militaire complète,développée, et nous donne ainsi la théoriemilitaire de la classe, du prolétariat, applicablepartout. Nous croyons que ces trois questionsmontrent qui a un développement a caractèreuniversel.

La question vue de cette manière nous noustrouvons donc bien face à une nouvelle étape etnous l’appelons troisième étape parce que lemarxisme en possède deux : celle de Marx etcelle de Lénine, pour cela nous parlons demarxisme-léninisme.

En ce qui concerne le fait qu’elle soitsupérieure : l’idéologie du prolétariat,universelle accède avec le maoïsme au plus hautdéveloppement jamais acquis jusqu’à présent, auplus haut sommet ; mais tout cela encomprenant que le marxisme c’est – excuse-moide le répéter – une unité dialectique qui fait degrands bonds ; et ces grands bonds sont ceuxqui engendre des étapes. Ainsi, c’est qui existedans le monde d’aujourd’hui, pour nous, c’est lemarxisme-léninisme-maoïsme, principalement lemaoïsme.

Nous considérons qu’actuellement êtremarxiste, être communiste, impliquenécessairement d’être marxiste-léniniste-maoïste; autrement nous ne pourrions pas être devéritables communistes.

Je voudrais signaler une situation peu priseen compte et qui mérite bien d’être étudiée àfond actuellement ; je fait référence audéveloppement apporté par le Président MaoZedong à la grande thèse de Lénine surl’impérialisme. Ceci est d’une importancecapitale aujourd’hui, dans la perspectivehistorique dans laquelle nous évoluons.

Au même plan nous pouvons souligner ce quisuit en énumérant simplement : il a établi la loide l’impérialisme quand il nous dit qu’il crée destroubles et échoue pour les engendrer denouveau et de nouveau échouer et ainsi jusqu’àsa perte finale ; il nous a spécifié aussi une

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Les classiques du matérialisme dialectique

échéance dans le processus de développement del’impérialisme, ce qu’il appela « les cinquante àcent prochaines années », des années comme ildisait, sans pareille sur la terre et au coursdesquelles, entendons bien, nous devons balayerl’impérialisme et la réaction de la surface de laterre.

Il nous a aussi précisé une échéance que nousne pouvons, moins que jamais éluderaujourd’hui ; il nous a dit : une période de luttes’est ouvert contre l’impérialisme nord-américain et le social-impérialisme soviétique.

De plus, nous connaissons tous sa grandethèse stratégique « l’impérialisme et tous lesréactionnaires sont de tigres en papier ». Cettethèse est d’une importance extraordinaire etnous devons toujours avoir à l’esprit que lePrésident Mao a appliqué cette thèse aussi bienà l’impérialisme nord-américain qu’au social-impérialisme soviétique desquels il ne faut pasavoir peur.

Mais nous devons aussi insister pour que l’ontienne compte de sa conception dudéveloppement de la guerre suivant précisémentce que Lénine avait signalé sur l’ère de guerrequi s’était ouverte dans le monde, le Présidentnous a enseigné qu’un pays, une nation, unpeuple aussi petit soit-il, peuvent vaincre le pluspuissant exploiteur et dominateur de la terres’ils osent prendre les armes ; en plus il nous aenseigné comme succomber au chantagenucléaire.

Je crois que ce sont là quelques questions quenous devions avoir bien présentes à l’esprit pourcomprendre comme le Président Mao Zedong adéveloppé la plus grande thèse de Lénine surl’impérialisme.

Et pourquoi j’insiste à ce sujet ? Parce quenous comprenons que de la même façon queLénine s’appuie sur la grande œuvre de Marx, ledéveloppement apporté par le Président MaoZedong s’élève sur la grandiose œuvre de Marxet Lénine, sur le marxisme-léninisme. Nous nepourrions jamais comprendre le maoïsme sans lemarxisme-léninisme. Nous considérons que ces

choses ont une très grande importanceaujourd’hui et que, pour nous cela a été décisifd’arriver à comprendre dans la théorie et dansla pratique le maoïsme comme troisième étape,nouvelle et supérieure.

El Diario : Président Gonzalo, considérez-vous si José Carlos Mariáteguiétait vivant, ilassumerez les rapports et les thèses du PrésidentMao ?

Président Gonzalo : En synthèse,Mariátegui était marxiste-léniniste ; plus encore,en lui, en Mariáteguidans le fondateur du Parti,nous trouvons des thèses similaires à cellesétablies par le Président Mao au niveauuniversel. En conséquence, concrètement, pourmoi, Mariátegui serait marxiste-léniniste-maoïste; et ceci n’est pas de la spéculation c’estsimplement ce qui résulte de la compréhensionde la vie et de l’œuvre de José CarlosMariátegui.

El Diario : Bon, passons à une autrequestion. Qu’est-ce-que l’idéologie du prolétariatet quel rôle joue-t-elle dans le processus sociauxdu monde actuel? Quelle signification ont lesclassiques, Marx, Lénine et Mao pour le PCP ?

Président Gonzalo : Aujourd’hui, demainet dans ces tumultueuses décennies que nousvivons, nous voyons la grandiose importance ettranscendance de l’idéologie du prolétariat.Premièrement – bien que nous entrions enterrain connu – c’est la théorie et la pratique dela dernière classe de l’histoire, l’idéologie duprolétariat est le produit de la lutte duprolétariat internationale; cela implique aussil’étude et la compréhension de tout le processushistorique de la lutte des classes avant leprolétariat, de la lutte de la paysannerie, celle-ciparticulièrement pour les grandes épopéesqu’elle a vécues, la compréhension et l’étude duniveau le plus haut donné par la science.

En résumé, l’idéologie du prolétariat, lagrande création de Marx, est la plus hauteconception qu’ait vu et que verra la terre; c’estla conception, c’est l’idéologie scientifique qui,pour la première fois, a doté les hommes, la

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Interview du Président Gonzalo

classe principalement et les peuples, d’uninstrument théorique et pratique pourtransformer le monde.

Et nous avons vu que tout ce qu’il avaitprévu, s’est accompli. Le marxisme s’estdéveloppé pour devenir marxisme-léninisme etaujourd’hui marxisme-léninisme-maoïsme, etnous voyons comment cette idéologie est la seulecapable de transformer le monde, de faire larévolution et de nous conduire au boutinfaillible : le communisme. Son importance estextraordinaire.

Au passage je voudrais relever ceci: c’est del’idéologie mais de l’idéologie scientifique.Pourtant nous devrions très bien comprendreque nous ne pouvons faire aucune concessionaux positions bourgeoises que veulent réduirel’idéologie du prolétariat à une simple méthode,car de cette manière on la prostitue, on la nie.

Pour nous, l’idéologie du prolétariat, etexcuse-moi d’insister, mais le Président Mao adit « Il ne faut pas seulement le dire une foismais cent fois, il ne faut pas seulement le dire àquelques uns mais à beaucoup », ayant recoursà cela je dit, l’idéologie prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme , principalement le maoïsmeaujourd’hui, c’est l’unique idéologie toutepuissante parce qu’elle est vraie et que les faitshistoriques le démontrent.

En dehors de ce qui vient d’être dit, elle estle produit du travail extraordinaire des figureshistoriques extraordinaires telles que Marx,Engels, Lénine, Staline et le Président MaoZedong, pour relever les remarquables sommets ;mais parmi eux, nous en ferons ressortir trois :Marx, Lénine et le Président Mao Zedongcomme étant les trois drapeaux qui seconcrétisent une fois de plus, dans le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme.

Quel est notre problème aujourd’hui ? Quelest-il précisément ? C’est de l’arborer, de ledéfendre, de l’appliquer et de lutter vaillammentpour mettre tout en œuvre afin qu’il soit lecommandement et le guide de la révolutionmondiale. Sans l’idéologie du prolétariat, il n’y a

pas de révolution, sans l’idéologie du prolétariatil n’y a pas de perspective pour la classe et lepeuple. Sans l’idéologie du prolétariat, il n’y pasde communisme.

El Diario : Puisque nous parlons d’idéologie,pourquoi la Pensée Gonzalo ?

Président Gonzalo : Le marxisme nous atoujours enseigné que le problème réside dansl’application de la vérité universelle.

Le Président Mao Zedong insistaiténormément sur ce point ; si le marxisme-léninisme-maoïsme ne s’applique pas à uneréalité concrète, on ne peut pas diriger unerévolution, on ne peut pas transformer le vieilordre, ni le détruire, ni en créer un nouveau.

C’est l’application du marxisme-léninisme-maoïsme à la révolution péruvienne qui aengendré la pensée Gonzalo, dans la lutte declasses de notre peuple, principalement duprolétariat, les luttes incessantes de lapaysannerie et dans le contexte bouleversant dela révolution mondiale.

C’est au milieu de tout fracas, en appliquantle plus fidèlement possible la vérité universelleaux conditions concrètes de notre pays, que s’estmatérialisée la pensée Gonzalo. Auparavant onl’appelait la pensée guide ; et si aujourd’hui leParti a sanctionné lors du Congrès la penséeGonzalo, c’est parce qu’il s’est produit un bonddans cette pensée guide, précisément au coursdu développement de la Guerre Populaire.

En synthèse la pensée Gonzalo n’est quel’application du marxisme-léninisme-maoïsme ànotre réalité concrète ; ceci nous amène à voirqu’elle est spécifiquement capitale pour notreParti, pour la Guerre Populaire et pour larévolution dans notre pays, j’insiste,spécifiquement capitale. Mais pour nous, si nousconsidérons l’idéologie au plan universel, leprincipal est le maoïsme, je le répète une fois deplus.

El Diario : Comment le révisionnisme agit-ilet comment luttez-vous contre lui ?

Président Gonzalo : D’abord nous voulons

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Les classiques du matérialisme dialectique

rappeler que le marxisme n’a avancé dans la viequ’au milieu de luttes ; et dans ce processus dedéveloppement du marxisme, a surgi le vieuxrévisionnisme lequel a sombré dans la PremièreGuerre Mondiale.

Ensuite, nous, les communistes, nous noussommes affrontés au nouveau révisionnisme, lerévisionnisme contemporain qui commença à sedévelopper avec Khrouchtchev et sa clique et,actuellement, déchaîne une nouvelle offensivecontre le marxisme, dont les centres les plusimportants sont l’Union Soviétique et la Chine.

Le révisionnisme a surgi en claironnant lanégation complète du marxisme. Lerévisionnisme contemporain à son tour en a faitautant, visant comme toujours la philosophiemarxiste pour la remplacer par une philosophiebourgeoisie ; se dressant contre l’économiepolitique pour nier particulièrement lapaupérisation croissante et l’effondrementinévitable de l’impérialisme ; s’efforçant defalsifier et de dénaturer le socialisme scientifiquepour s’opposer à la lutte de classes et à larévolution, prêchant le crétinisme parlementaireet le pacifisme.

Toutes ces situations ont été développées parles révisionnistes et ainsi elles ont eu et ontencore pour but la restauration du capitalisme,empêcher et saper la révolution mondiale, nierl’invincible conception de la classe. Ici il vaut lapeine de préciser quelques points pourconcrétiser notre position : le révisionnisme agitcomme le ferait n’importe quel impérialisme ; enUnion Soviétique par exemple, le social-impérialisme soviétique prêche et applique lecrétinisme parlementaire.

Il trame et dirige des actions armées dans lebut de conquérir l’hégémonie mondiale. Il génèredes agressions, fait s’opposer les peuples entreeux, fait affronter masses contre masses, divisela classe et le peuple.

Le révisionnisme soviétique combat de milleet une manière tout ce qui est véritablementmarxiste, tout ce qui sert la révolution. Nous ensommes un exemple.

Ainsi, le social-impérialisme de l’URSSdéveloppe dans le monde un plan pervers pourdevenir une superpuissance hégémonique enutilisant tous les moyens à sa portée, parmiceux-ci il faut faire remarquer l’entretien et lesoutien des faux partis, de communistesd'étiquette, « des partis ouvriers bourgeois »comme le disait Engels. De la même façonagissent le révisionnisme chinois et toutes sortesde révisionnisme selon leurs conditions etsuivant le bâton de commandement auquel ilsobéissent.

Ainsi, pour nous, le problème est decombattre le révisionnisme, de le combattreimplacablement. Il faut se rappeler, comme onnous l’a enseigné, qu’on ne peut combattrel’impérialisme sans combattre le révisionnisme.Notre Congrès dit qu’il faut combattrel’impérialisme, le révisionnisme et la réactionmondiale, conjointement et implacablement.

Comment le combattre ? Il faut le combattresur tous les plans, en partant des trois plansclassiques : idéologique, économique et politique.Sur les trois plans, nous devons les combattre.Si nous ne combattions pas le révisionnisme,nous ne serions pas des communistes. Uncommuniste a l’obligation de combattre lerévisionnisme, inlassablement etimplacablement.

Nous l’avons combattu. Oui, nous l’avonscombattu et dès son apparition ; nous avons eula chance de pouvoir contribuer ici, dans notrepays, à son expulsion du Parti en 1964, uneréalité que l’on veut toujours occulter.

Et il doit être bien clair que l’immensemajorité du Parti Communiste s’est unie enprenant les drapeaux de la lutte contre lerévisionnisme que le Président Mao Zedongavait arborés ; qu’on a visé et frappé lerévisionnisme dans les rangs du PartiCommuniste de cette époque-là, jusqu’àl'expulsion de Del Prado et sa suite.

Dès cette époque et jusqu’à aujourd’hui, nousavons continué à combattre le révisionnisme,pas seulement ici mais aussi à l’étranger. Nous

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Interview du Président Gonzalo

le combattons au niveau international, nouscombattons le social-impérialisme soviétique deGorbatchev, le révisionnisme chinois de cepervers Deng Xiao-ping, le révisionnismealbanais de Ramiz Alia, ce continuateur durévisionniste Hoxha. Nous combattonségalement tous les révisionnistes qui obéissentau bâton de commandement du social-impérialisme, du révisionnisme chinois, albanaisou de qui que ce soit.

El Diario : Monsieur le Président, quelleserait l’expression la plus élevée du révisionnismedans le cas péruvien, si l’on se réfère à sesreprésentants ?

Président Gonzalo : C’est en premier lieu,le dit Parti Communiste qui publie ou publia lejournal « Unité », cinquième colonne durévisionnisme soviétique ; celui qui a pour chefle révisionniste impénitent Jorge Del Prado,considéré par certains comme un« révolutionnaire consacré ». Et en deuxièmelieu, Patrie Rouge, cette agence durévisionnisme chinois avec ses leaders adorateursde Deng.

El Diario: Croyez-vous que l’influence durévisionnisme sur les masses populaires dans lepays crée des situations défavorables à larévolution ?

Président Gonzalo : Si nous tenons comptede ce que Lénine lui-même nous enseigna et quele Président Mao a réitéré encore tout en ledéveloppant, le révisionnisme est une avancée dela bourgeoisie dans les rangs du prolétariat et ilen résulte qu’il scinde et divise le mouvementcommuniste et les partis communistes. Il enrésulte qu’il scinde et divise le mouvementsyndical ; qu’il scinde et divise le mouvementpopulaire.

Le révisionnisme est évidemment un cancer,un cancer qui doit être extirpé implacablement,autrement nous ne pourrons pas avancer dans larévolution; et rappelons-nous ce que disaitLénine, en synthèse, il faut se forger dans deuxquestions, se forger dans la violencerévolutionnaire et se forger dans la lutte

implacable contre l’opportunisme, contre lerévisionnisme.

Je crois que dans notre pays, il ne faut pasvoir seulement cette question pour considérer lasituation des masses.

Il faut voir aussi le problème qu’Engelsappelait « le tas colossal d’ordures »; il nousenseigna qu’un mouvement qui existe depuis desdécennies, comme c’est le cas du mouvementprolétarien dans notre pays et plus encore celuidu peuple en général, engendre des ordures quidoivent être balayées petit à petit. Il faut aussiconsidérer cela; nous pensons que c’est unenécessité.

Quelle influence peut-il avoir sur les masses?Ce que font les révisionnistes au sein desmasses, c’est servir à la capitulation face à laréaction interne; concrètement, face à la grandebourgeoisie et aux propriétaires fonciers, face àla dictature des propriétaires fonciers et ducapitalisme bureaucratique qui forme l’actuelÉtat Péruvien.

Sur le plan international, ils capitulent face àl’impérialisme et servent l’hégémonie du social-impérialisme ou l’avidité de puissancesimpérialistes. C’est dans ce sens que la Chineactuelle par exemple évolue aujourd’hui.

Nous croyons qu’à mesure que la révolutionse développe avec la guerre populaire, qu’àmesure que la lutte de classes devient plusaiguë, le peuple, le prolétariat comprennentchaque fois mieux ; d’ailleurs, étant donné cequ’ils voient des agissements des révisionnisteset des opportunistes de tout poil, trahissantchaque jour et qu’ils le verront davantage àl’avenir, le prolétariat et le peuple devrontaccomplir leur mission qui consiste à les balayerde tous les coins, le mieux possible, parce que,malheureusement, on ne peut pas en finir unefois pour toutes, comme nous l’a enseignéEngels, vu qu’ils font partie du « tas colossald’ordures ».

El Diario : Estimez-vous que le révisionnismeest en train d’être mis définitivement en déroute

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Les classiques du matérialisme dialectique

dans le pays ?

Président Gonzalo : Reprenant ce qui aété enseigné par les fondateurs du marxisme; vuqu’ils participent à l’État réactionnaire, lesmasses comprendront leur travail néfaste; au furet à mesure qu’ils les voient agir, étant donné lafaçon dont tout le peuple et la classe les voientagir, ils ne peuvent que comprendre chaque foisplus leur rôle nocif, leu nature de trafiquants, devendeurs d’ouvriers, d’opportunistes et detraîtres.

Le révisionnisme a commencé à perdre lapartie il y a déjà bien longtemps, ce n’est pasqu’avec la Guerre Populaire; le révisionnisme adéjà commencé à perdre la partie lors de sonexpulsion des rangs du Parti, parce qu’à partirde ce moment-là s’est formée une autre fournéede communistes conséquents qui sont devenusaujourd’hui, dans le Parti Communiste duPérou, ceux qui dirigent la Guerre Populaire. Etnous pensons que les masses, avec cet instinctde classe dont parlait Mariátegui, comprendrontchaque fois plus rapidement, comme elles sontdéjà en train de le faire.

Le révisionnisme a déjà perdu la partie, lereste n’est qu’une question de temps. Leproblème a déjà été défini, l’ordure a commencéa être balayée, brûlée; je le répète, c’est unequestion de temps. La partie, ils ont déjàcommencé à la perdre il y a de nombreusesannées. Et si nous remontons plus loin, auxprincipes, ils ont perdu la partie depuis qu’ils sesont convertis en révisionnistes, car on perd lapartie dès qu’on abandonne les principes, dès cemoment.

Après, tout dépend du développement de lalutte des classes, de la façon dont un Particomme le nôtre est capable d’accomplir son rôleet de comment les masses le soutiennent,l’appuient et le portent en avant, comme ellescomprennent que c’est leur Parti qui défendleurs intérêts. Et ce sont les masses elles-mêmesqui en finiront et donneront une juste sanction àceux qui durant des décennies, ont trafiqué etcontinuent à trafiquer; elles condamneront et

sanctionneront aussi ceux qui voudraienttrafiquer ou ceux qui commencent à le faire.

El Diario : Quel est votre avis sur la NouvelleÉvangélisation proposée par le Pape ?

Président Gonzalo : Marx nous enseignaque « la religion est l’opium du peuple ». C’estune thèse marxiste complètement valableaujourd’hui et elle continuera de l’être demain;la religion est un phénomène social, produit del’exploitation, et disparaîtra au fur et à mesureque l’exploitation sera balayée et que surgiraune nouvelle société.

Ce sont des principes que nous ne pouvonséluder et que nous devons toujours avoir àl’esprit. Il faut se rappeler aussi, lié à ce quenous venons de dire, que le peuple a unereligiosité qui n’a jamais été ni ne sera unempêchement pour qu’il lutte pour ses profondsintérêts de classe tout en servant la révolutionet concrètement, la guerre populaire. Il doit êtreextrêmement clair que nous respectons cettereligiosité en tant que problème de liberté deconscience religieuse, comme le reconnaît leprogramme sanctionné par le Congrès.

C’est ainsi que la question posée est, selonnous, le rapport avec la hiérarchieecclésiastique, avec la Papauté, avec cette vieillethéocratie. Cette vieille théocratie suts’organiser et devenir un puissant instrumentdéjà à l’époque romaine, puis elle a suts’accommoder aux conditions de la féodalité etacquérir un pouvoir immense, plus grand encore,tout en refrénant à chaque circonstance la luttepopulaire et en défendant les intérêts desoppresseurs et des exploiteurs, idéologiquement,comme un bouclier réactionnaire pour ensuite,une fois les conditions changées, s’adapter à lanouvelle situation.

Nous pouvons le constater d’une façon clairedans les rapports entre l’Eglise et la révolutionbourgeoise, la vieille révolution bourgeoise,c’est-à-dire celle de la France par exemple;l’Église défendit avec ténacité la féodalité, puisà travers de nombreuses luttes et après lerenversement de la féodalité, – je le redis à la

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Interview du Président Gonzalo

suite de nombreuses luttes – elle s’accommodade l‘ordre bourgeois et devint un instrument auservice des nouveaux exploiteurs et oppresseurs.Qu’observons-nous donc dans la situationprésente ?

Nous voyons qu’il y a une perspectivehistorique irréfrénable : la révolutionprolétarienne mondiale. La nouvelle ère ayantcommencé en 1917, le problème est: comment leprolétariat dirige des révolutions pour changerl’ordre social caduque et nous construire unenouvelle et véritable société, le communisme.Maintenant, comment agit l’Église face à cela ?Elle agit d’après son expérience passé.

Elle essaie de survivre et c’est ainsi qu’onpeut expliquer la célébration du Concile VaticanII par lequel elle cherche a créer des conditionsqui puisse lui permettre de défendre le vieilleordre comme elle l’a toujours fait puis des’adapter et de s’accommoder à la nouvellesituation, pour servir des nouveaux exploiteurspour continuer à survivre. Voilà ce qu’ellecherche ! C’est l’essentiel du Concile Vatican II.

La question de la « nouvelle évangélisation »fait expressément référence à comment la hautehiérarchie ecclésiastique, la Papautéconcrètement, considère le rôle de l’Amériquelatine. D’après leurs dires, la moitié descatholiques du monde sont en Amérique Latine– c’est ce que disait le Pape actuel en 1984 –.

Par conséquent, ils cherchent à tirer profit del’anniversaire de la découverte de l’Amérique, ily a 500 ans, en appelant à un soi-disantmouvement « de nouvelle évangélisation. » Ensynthèse voilà ce qu’ils pensent: l’évangélisationa commencé officiellement en 1494 avec ladécouverte de l’Amérique. En fait ils veulentdévelopper une « nouvelle évangélisation » àl’occasion de ce nouveau centenaire pourdéfendre leur bastion. Voilà ce qu’ils cherchent!Ainsi la haute hiérarchie, la Papauté, vise àdéfendre ses intérêts en Amérique et à servirl’impérialisme nord-américain qui est celui quidomine principalement en Amérique latine.

Il faut situer ce plan dans le contexte d’une

campagne et d’un plan mondial, lié auxrelations avec l’Union Soviétique dans le cadredu millénaire de sa christianisation, où avec lerévisionnisme chinois, les actions de l’Église enPologne, en Ukraine. C’est un plan mondial etc’est là qu’il faut voir le rôle de la « nouvelleévangélisation ».

Ils cherchent comme toujours à défendrel’ordre social existant, se dressant comme sonbouclier idéologique, car l’idéologie de laréaction, l’idéologie de l’impérialisme, est déjàpérimée. Ensuite ils cherchent à s’accommoderet à continuer à survivre. Mais la perspectivesera différente de ce qu’elle était avant et ensuivra la loi énoncé par Marx: la religions’estompera au fur et à mesure quel’exploitation et l’oppression seront détruites etdissoutes car elle sert les classes exploiteuses,alors que la classe qui arrive, n’est pas uneclasse exploiteuse. Par conséquent la Papauté nepourra pas survivre et la religiositéprogressivement devra disparaître.

Il faut reconnaître entre temps la liberté deconscience religieuse jusqu’à ce que les hommes,se frayant un chemin dans des nouvellesconditions objectives, puisse avoir uneconscience claire scientifique et transformatricedu monde. Pour nous donc, il faudrait que nousanalysions en synthèse, la « nouvelleévangélisation » à l’intérieur de ce plan del’Église pour survivre aux nouvelles conditionsd’une transformation qu’elle sait inéluctable etprochaine.

El Diario : D’après votre définition, pourrait-on conclure -sinon pouvez-vous préciser- que lescontinuelles visites du Pape dans notre pays sonten rapport avec la guerre populaire et le soutienqu’il accorderait au régime de Garcia Perez ?

Président Gonzalo : Je pense que c’estexact ; qu’il en est vraiment ainsi. En général,ses visites en Amérique et ses visites au Pérou,où il nous a sommés de rendre les armes alorsqu’il bénissait les armes de génocides, ce qu’ilavait déjà fait a plusieurs reprises lors de sesdeux précédentes visites au Pérou, on un

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Les classiques du matérialisme dialectique

rapport avec l’importance que revêt l’Amériquelatine.

El Diario : Monsieur le Président, quelle seral’attitude du PCP vis-à-vis de la théocratiereligieuse au moment de la prise du pouvoir dansle pays par ce Parti ?

Président Gonzalo : Le marxisme nous aenseigné à séparer l’Église de l’État, c’est lapremière chose que nous faisons. En deuxièmelieu, je le répète, nous respectons la liberté deconscience religieuse des gens en appliquantpleinement ce principe : la liberté de croire aussibien que celle de ne pas croire, la liberté d’êtreathée. Telle est notre nôtre attitude.

3. Le Parti

El Diario : Pour passer à un autre sujetaussi important dans cet entretient que le parti,quelles sont à votre avis les leçons les plusimportantes du processus du PCP ?

Président Gonzalo : Sur le processus duparti et ses leçons. Nous concevons l’histoire duparti et ses leçons. Nous concevons l’histoire duparti en trois périodes corrélatives aux troismoments de la société péruviennecontemporaine. Le premier moment, la premièrepartie, c’est la constitution du parti.

Dans cette période, nous avons eu la chancede pouvoir compter sur JOSE CARLOSMariátegui, un marxiste-léniniste authentique.Mais Mariátegui, comme cela devait advenir, futcombattu de son vivant; il fut nié, sa lignepolitique abandonnée et le congrès deconstitution approuva -comme nous le savonsbien- la ligne dite « d’unité nationale »complètement opposé aux thèses de Mariátegui.C’est ainsi que le parti va se précipiter dansl’opportunisme.

Il va souffrir l’influence du browderismeauquel est lié Del Prado, et celle durévisionnisme contemporain.Tout ce processusva nous amener à un deuxième moment, celui dela reconstitution du parti : C’est, en synthèse ,une lutte contre le révisionnistes, c’est unepériode qui commence à évoluer dès les années

60 de façon plus claire et plus intense. Ceprocessus provoque l’union des bases du particontre cette direction révisionniste, et comme jel’ai dit tout à l’heure, son expulsion lors de laIVème conférence de janvier 64. Le processus dereconstitution se développera dans le partijusqu’aux années 78-79.

C’est autour de ces années que s’achèveracette période et que l’on entrera dans untroisième moment, le moment de direction de laguerre populaire, ce moment que nous sommesen train de vivre.

Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? Lapremière, c’est l’importance de la base d’unitédu parti et son rapport avec la lutte de deuxlignes, sans cette base et ses trois éléments(1. marxisme-léninisme-maoïsme, penséeGonzalo, 2. Programme et 3. Ligne politiquegénérale), il n’y a pas de fondement pour laconstruction idéologique-politique du parti. Maisil n’y a pas de base d’unité du parti sans luttede deux lignes.

On ne peut pas s’emparer fermement del’idéologie, on ne peut pas établir le programmeni la ligne politique générale, pas non plus lesdéfendre, les appliquer et encore moins lesdévelopper, sans une ferme et sagace lutte dedeux lignes est pour nous fondamentale et liée àla conception du parti comme une contradiction,en accord avec le caractère universel de la loi dela contradiction. Une deuxième leçon, c’estl’importance de la guerre populaire.

Un parti communiste a pour tâche centrale laconquête du pouvoir pour la classes et le peuple.Un parti, une fois constitué et selon lesconditions concrètes, doit lutter pourmatérialiser cette conquête et il ne peut le fairequ’avec la guerre populaire. La troisième leçonimportante, c’est de forger une direction.

La direction est une question clé, et unedirection ne s’improvise pas. Forger unedirection demande beaucoup de temps. Un durcombat et une lutte ardue, surtout pour que cesoit une direction de la guerre populaire. Unequatrième leçon que nous pouvons tirer, c’est la

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Interview du Président Gonzalo

nécessité de construire la conquête du Pouvoircar, de la même façon qu’on fait la guerrepopulaire pour conquérir le Pouvoir, il fautaussi construire cette conquête du Pouvoir.

Que voulons-nous dire ? Qu’il faut créer desorganismes supérieurs à ceux de la réaction.Nous croyons que ce sont des leçonsimportantes. Une dernière leçon, c’estl’internationalisme prolétarien : le fait de sedévelopper toujours comme partie du prolétariatinternational ; le fait de concevoir toujours larévolution comme partie de la révolutionmondiale et de développer la guerre populaire -comme le dit le mot d’ordre du Parti- pourservir la révolution mondiale.

Pourquoi ? Parce qu’en fin de compte, unParti Communiste a un but final irremplaçable:le communisme et que, comme il a été établi, ounous y entrerons tous, ou bien personne. Nouscroyons que ce sont les leçons les plus frappantsque nous pouvons exposer.

El Diario : Monsieur le Président, quellesignification a José Carlos Mariáteguipour leParti Communiste du Pérou ?

Président Gonzalo : Pour le PCP,Mariáteguiest son fondateur. Il construisit leParti sur des bases marxistes-léninistes claires.Il le dota en conséquence d’une positionidéologique nette. Pour lui, le marxisme-léninisme était le marxisme de son époque, de sapériode.

Il dota le Parti d’une ligne politique générale.Mariátegui, le plus grand marxiste que aitproduit l’Amérique jusqu’à nos jours, nous laissasa plus grande œuvre: la formation du PartiCommuniste du Pérou. Nous comprenons trèsbien ce que signifia pour le Parti sa disparition,mais il doit rester clair qu’il a donné jusqu’à sapropre vie pour matérialiser sa grande œuvre ;ce que nous voulons dire, c’est que le fait defonder le Parti lui a demandé toute sa vie.

Mais il n’a pas eu assez de temps pouraffirmer et développer le Parti - pensez qu’il estmort moins de deux ans après l’avoir constitué-

et un Parti demande du temps pour s’affirmer,se développer et pouvoir accomplir sa tâchehistorique.

Nous tenons à préciser quelque chose: en 66nous affirmions déjà qu’on n’aurait jamais dûabandonner le chemin de Mariátegui que laquestion était de reprendre son chemin et de ledévelopper ; je souligne: de le développer.

Pourquoi? Parce que le marxisme était déjàentré dans une étape nouvelle à l’échellemondiale: Celle d’aujourd’hui, le maoïsme etque dans notre pays, s’était développé enparticulier le capitalisme bureaucratique; ceci enmarge de l’inépuisable lutte du prolétariat et dupeuple Péruvien qui n’a jamais cessé de lutter.

C’est pour cela que nous avons affirmé qu’ilfallait reprendre Mariátegui et développer savoie. Nous avons servi à redécouvrir Mariáteguiet sa validité, en ce qui concerne les loisgénérales, parce qu’elles sont les mêmes quoiquespécifiques d’une nouvelle circonstancesnationale et internationale, comme je viens de ledire. Nous avons contribué à cela.

Nous pourrions dire beaucoup de choses maisje crois qu’il vaut mieux en souligner quelquesunes . En 75 est publié « Reprendre le cheminde Mariátegui et reconstituer son parti »; dansce court document nous démontrons, face à lanégation de ceux qui se proclamesMariáteguistes aujourd’hui, que Mariátegui étaitmarxiste-lniniste « atteint et convaincu »comme il le disait à juste titre ; nous avonsindiqué les cinq éléments constitutifs de sa lignepolitique générale.

Nous avons montré que dans Mariátegui setrouvaient des thèses similaires à celles duPrésident Mao ; il suffit de se rappeler lesquestions concernant le front uni ou l’importantproblème de la violence. Mariátegui dit : « lepouvoir se conquiert avec la violence et sedéfend avec la dictature », « la révolution estl’accouchement sanglant du présent » et ilréitéra tout au long de sa glorieuse vie, avecpersistance, le rôle de la violence révolutionnaireet de la dictature.

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Les classiques du matérialisme dialectique

Il disait aussi que, même en ayant lamajorité dans un parlement, cela ne pourraitservir qu’à limoger un cabinet de ministres ,mais jamais la bourgeoisie en tant que classe,ceci est très clair, nous devons soulignerégalement un aspect capital de sa pensée :Mariátegui était un anti-révisionniste.

Et alors, en synthèse, nous nous sommesbattus pour reprendre et développer le cheminde Mariátegui. Permettez-moi ici d’ajouterquelque chose encore: il serait bon de demanderà ceux qui font mine d’être Mariáteguistes cequ’ils pensaient de Mariátegui. Eh bien, ils leniaient de façon évidente et concrète; je parledes gens du PUM d’aujourd’hui. Oui, de ceuxqui sont issus de la dite « nouvelle gauche », quiclaironnaient la caducité de la pensée deMariátegui, comme quelque chose du passé.

En essence, leur argumentation était aussisimple que cela. Mais il y a plus importantencore: Ceux là et d’autressont-ils réellementMariáteguistes ? Prenons M. Barrantes Lingan,par exemple, qu’a t-il de Mariáteguiste, alorsqu’il est la négation absolue des thèsesmarxistes-léninistes précises que Mariáteguiavait défendue avec fermeté et décision en sontemps? Mariátegui ne fut jamais unélectoraliste.

Il parlait d’utiliser les élections commemoyens de propagande et d’agitation. Ils étaientdes révisionnistes, ceux qui comme M. Acosta,argumentaient en 45 que cette thèse étaitdépassées et que le problème était de gagner dessièges au parlement. Et c’est ce que fontaujourd’hui les faux Mariáteguistes, ces fieffésimpénitents du crétinisme parlementaire.

En résumé, nous pensons ceci: Mariátegui estle fondateur du parti, son rôle est inscrit dansl’histoire. Personne ne pourra jamais le nier etson œuvre est impérissable. Mais il estnécessaire de la continuer, de la développer, ensuivant précisément son chemin. Lacontinuation d’un fondateur marxiste-léninistecomme l’était Mariátegui, dont la pensée je lerépète est similaires à celles du Président Mao,

implique logiquement d’être marxistes-léninistes-maoïstes comme nous le sommes, nousles membres du parti Communiste du Pérou.Nous croyons que l’image du fondateur est unexemple grandiose. Nous sommes fiers d’avoirété fondés par lui.

El Diario : Monsieur le Président, quelle futl’influence de José Carlos Mariátegui sur ledéveloppement de classes des travailleursPéruviens ?

Président Gonzalo : Mariátegui a rempliune grande tâche au milieu d’une lutte intense.Et pardonnez-moi de profiter de votre questionpour ajouter d’autres choses. IL était déjàmarxiste avant d’aller en Europe; c’est lapremière chose sur laquelle nous voulons quevous nous permettiez d’insister car on dittoujours qu’il est devenu marxiste là-bas ; qu’ily ait développé sa pensée est une autre choseévidemment, l’expérience européenne lui a étéd’une extrême importance.

Mariátegui livra une lutte très importantesur le plan idéologique ; une lutte pour ce qu’ilappelait le socialiste, terme qu’il utilisait ici,comme il explique parce qu’il n’était ni rebattuni prostitué comme en Europe ; au fond, ce qu’ilrépandait et soutenait, c’était le marxisme-léninisme.

Il livra une lutte politique d’une grandeampleur pour la formation du parti, et ceci estlié à un fait qui est aujourd’hui malmené etdéformé d’une manière perverse et maladroite:c’est le problème du débat entre Mariátegui etHaya de la Torre.

En synthèse, la question est très claire:Mariátegui décida de la formation d’un frontsemblable au Kuomintang en argumentant quele prolétariat au Pérou était peu nombreux etpas assez mûr pour pouvoir engendrer un PartiCommuniste; tout cela n’était qu’artifices, riende plus. Il est bon, en outre, d’avoir en tête quel’APRA, quand elle fut fondée au Pérou, le fut àl’image du Kuomintang de Tchiang Kaï-chek,c’est-à-dire comme le bourreau de la révolutionchinoise qui avait donné le coup contre-

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Interview du Président Gonzalo

révolutionnaire de 1927.

Nous devons toujours garder cela à l’esprit.Pourquoi est-ce que je souligne ce problème ?Parce qu’aujourd’hui, on nous parle d’un haya-Mariáteguisme, et même d’un haya-léninisme:absurde ! Mariátegui était bien marxiste-léniniste, Haya n’a jamais été ni marxiste niléniniste, jamais ! Il s’est toujours opposé auxthèses de Lénine.

Il est nécessaire de faire remarquer cela caron ne peut pas tolérer ces infamies qui ne sont,en fin de compte, qu’embrouilles, inventionmonstrueuse, destinées à promouvoirmaintenant une alliance entre la Gauche Unie etl’APRA. C’est là le fond du problème. Le resten’est que supercheries bâtardes.

Bon, maintenant, j’en viens à votre question.Tout cela, Mariátegui l’a fait en liaison avec lesmasses, le prolétariat et la paysannerie. Il est liédans la théorie et dans la pratique à laformation de la CGTP, fruit principalement deson travail. Mais je parle de la CGTP qu’il afondée, celle de la fin des années 20, non del’actuelle CGTP qui est la négation totale de ceque Mariátegui décida. Il a développé aussi toutun travail avec la paysannerie.

Chez lui, la question paysanne est essentielle,c’est le problème de la terre; en essence, c’est leproblème de l’indien, comme il l’a si justementdit. Il a également travaillé avec lesintellectuels, avec les femmes et les jeunes.Mariáteguia donc développé son travail,toujours lié aux masses, en leur montrant lechemin, en établissant leurs formesd’organisation et en agissant avec déterminationpour le développement organisationnel duprolétariat et du peuple au Pérou.

El Diario : Continuons sur le même sujet.Pourquoi le PCP accorde-t-il tant d’importance àla fraction, à celle qui a reconstitué le parti ?

Président Gonzalo : C’est un sujetimportant et peu connu hors des rangs du parti.Commençons par ceci : Lénine nous posa leproblème de la fraction, qu’il concevait comme

un ensemble d’homme solidement soudés pouragir en ensemble d’hommes solidement soudéspour agir en appliquant les principes , dans leurforme la plus pure .Lénine noua a dit aussiqu’une fraction devait exprimer ouvertement sespositions politiques pour mener la lutte et ledévelopper le parti.

C’est ce concept léniniste que nous avonsadopté pour former la fraction, qui a commencéà se former au débout des années 60 et est liée àla lutte entre marxisme et révisionnisme àl’échelle mondiale, lutte qui se répercutaévidemment sur notre pays. La fractioncommence à se poser la question de commentdévelopper la révolution au Pérou et elle vatrouver les réponses dans les œuvres duPrésident Mao qui commencent à arriver à cetteépoque-là.

Quelles questions nous posions-nous ?D’abord que la révolution au Pérou avait besoind’un Parti avec des solides bases idéologiques etpolitiques, que la paysannerie était la forceprincipale dans notre société tandis que leprolétariat était la classe dirigeante, et que lechemin que nous devions suivre, allait de lacampagne vers la ville ; c’est ainsi que nousnous sommes développés. La fraction a servi à lalutte contre le révisionnisme de Del Prado etnous avons fait partie de tous ceux qui se sontunis pour balayer et expulser la clique de DelPrado des rangs du Parti.

La fraction va continuer à se développer alorsque plusieurs fractions apparaissent dans leParti, dont une dirigée par Paredes et deuxautres qui agissaient sournoisement,n’appliquant pas les critères léninistes à proposde la fraction mais agissant comme un partidans un autre. Je parle ici de patrie Rouge, deson soi-disant « groupe Ching-Kang », del’auto-baptisé « groupe bolchevique » et denotre fraction dont le centre était la régiond’Ayacucho. La fraction se consacra à voircomment, après en avoir défini la ligne dans laVème conférence de 65, on devait considérer laquestion des trois instruments de la révolution.

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Les classiques du matérialisme dialectique

Ceci va attiser une lutte interne et maldirigée. Par manque de cohésion, le parti vaéclater. Ainsi, patrie rouge va sortir le premier;mais il sortit expulsé du parti pour suivre uneligne opportuniste de droite, pour nier lePrésident Mao Zedong, pour nier Mariátegui,pour nier l’existence de la situationrévolutionnaire au Pérou. Il resta trois fractions.

Puis, dans la VIe conférence de 69, on se mitd’accord sur la base d’unité du parti et de lareconstitution du parti; deux questions que lafraction avait posées de la même façon qu’elleavait posées en 67 des questions fondamentaleslors d’une réunion de la commission politiqueélargie d’alors. Paredes et son groupe n’étaientpas d’accord avec la Reconstitution du parti niavec sa base d’unité, ils montèrent un plan pourfaire éclater le parti puisqu’ils ne pouvaient pasle contrôler. Tel fut leur plan sinistre.

Une dure lutte contre ce liquidationnisme dedroite fut livrée. C’est ainsi qu’il ne resta quedeux fractions: La nôtre et le dénommé« groupe bolchévique » qui développa unliquidationnisme de gauche, affirmant entreautres qu’il existait une stabilité et que, parconséquent, il n’y avait pas de situationrévolutionnaire, que le fascisme détruisait tout,qu’on pouvait pas faire de travail de masses,qu’on devait former les militants dans desséminaires, etc.

Cette lutte amena la fraction à assumer seulela reconstitution du parti. Lénine nous dit que,le moment venu, une fraction conséquente sedoit de reconstruire le parti. Ce fut la tâcheassumée par la fraction.

Ici on pourrait se demander: Pourquoi lafraction assuma-t-elle la Reconstitution duparti ? Pourquoi on en fonda pas un autrecomme c’était la mode et comme ça l’est encoreaujourd’hui ? La première raison est que le partifut fondé en 1928 sur des bases marxistes-léninistes claires, et qu’il avait alors une grandeexpérience, tirée des leçons positives etnégatives des deux à la fois. Mais plus encore,Lénine nous dit que, quand on est dans un parti

en déviation, qui quitte sa voie et qui seprécipite dans l’opportunisme, on a l’obligationde lutter pour le remettre sur la voie et ne pasle faire, constitue un crime politique.

Ainsi, la fraction est importante dans lamesure où elle a accompli ce rôle, où elle a servià la Reconstitution du Parti, à partir de saconstruction idéologico-politique, en se basantsur le maoïsme, que appelions alors pensée MaoZedong, et sur l’établissement d’une lignepolitique générale.

La fraction a le grand mérite d’avoirconstitué le Parti, et ce faisant, elle possédaitalors l’instrument, « l’héroïque combattant », leParti Communiste de type nouveau, marxiste-léniniste-maoïste, l’avant-garde politiqueorganisée et non pas « l’organisation politico-militaire » comme certains ont l’habitude de ledire à tort, le Parti nécessaire pour se lancer àla conquête du Pouvoir avec les armes à la mainau moyen de la guerre populaire.

El Diario : Quels changements ont été opérésdans le Parti avec la guerre populaire ?

Président Gonzalo : D’abord, ce qui estprincipal, c’est qu’en s’appuyant sur le travailantérieur, la guerre populaire nous a permis deparvenir à comprendre le maoïsme comme unetroisième étape, nouvelle et supérieure dumarxisme; elle nous a servi à développer lamilitarisation du Parti et sa constructionconcentrique; la guerre populaire a servi à forgerune armée populaire de guérilla, puisque cettedernière ne s’est forgée, formée qu’en 1983.

L’Armée Populaire de Guérilla estimportante. C’est la forme principaled’organisation, de la même façon que la guerrepopulaire est la forme principale de lutte.

L’Armée Populaire de Guérilla que nousavons fondé et qui se développe avec puissance,a été crée à la lumière des thèses du PrésidentMao Zedong et d’une thèse de Lénine trèsimportante également, sur la milice populaire. Ilnous dit que le pouvoir de l’armée peut êtreusurpé, puis l’armée manipulée, pour engendrer

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Interview du Président Gonzalo

une restauration. C’est pour cela qu’il définitque la milice populaire devait assumer lesfonctions d’armée, de police et d’administration.

Une grande thèse qui, même s’il ne parvintpas à la concrétiser à cause des circonstanceshistoriques, n’est pas sans importance ni sansvaleur. Elle est si valable que le Président Maolui-même se préoccupa beaucoup de la questiondu développement de la milice populaire. Donc,notre armée possède ces caractéristiques et elleest construite en tenant compte de cesexpériences. Mais elle a aussi ses particularités.

Nous avons une formation constituée de troisforces: une force principale, une force locale etune force de base. Nous n’avons pas une miliceindépendante mais elle se trouve à la base-mêmede l’armée, elle est bâtie sur ce critère. Nouspourrions dire aussi qu’on ne pouvait pas bâtirl’Armée Populaire de Guérilla autrement, vuesnos conditions concrètes, mais ce sontréellement ces principes qui nous ont guidés.Cette armée, malgré ces caractéristiques, a puagir en toutes circonstances et peut subir lesréajustements et les réorganisations nécessaires.

Une autre question qui découle de la guerrepopulaire, et qui en constitue la principaleréussite, c’est le Nouveau Pouvoir. Cettequestion, nous la voyons liée à celle du front, ennous appuyant sur ce que le Président Mao ditdans son œuvre « Sur la Démocratie Nouvelle ».

En plus, nous avons tenu compte de lalongue expérience pourrie du frontisme auPérou, où on a trafiqué et où on trafique encoreavec le front uni: hier avec le dit « Front deLibération Nationale » et aujourd’huiprincipalement avec l’auto-dénommée GaucheUnie et d’autres rejetons en formation comme lafameuse « Convergence Socialiste. »

C’est-à-dire que nous prenons toujours encompte les principes et les conditions concrètesde notre réalité, et c’est pour cela que nous necomprenons pas pourquoi on nous ditdogmatiques ; mais, finalement, on peut écriren’importe quoi. Tout cela nous a amenés àformer le Front Révolutionnaire de Défense du

Peuple.

Mais ici il faut préciser autre chose : c’estnous qui avons créé le premier front de défensedu peuple à Ayacucho, une création héroïque,un exemple que s’appropria plus tard PatrieRouge en le déformant pour constituer ses« FEDIP », lesquels sont erronés jusque dansleur nom-même car, s’il s’agit d’un front dedéfense du peuple, comment alors, ne va-t-il pasdéfendre les intérêts du peuple ?

Nous construisons le Front Révolutionnairede Défense du Peuple seulement à la campagneet nous le concrétisons en tant que Pouvoir, entant que comité populaire; ces comitéspopulaires forment dans une zone, une based’appui et l’ensemble des bases forment ce nousappelons la République Populaire de DémocratieNouvelle en formation. Quant à la questionconcernant les villes, nous la réglons avec laformation du Mouvement Révolutionnaire deDéfense du Peuple, qui sert aussi à livrer laguerre populaire à la ville, à centraliser desforces, à saper l’ordre réactionnaire et àdévelopper la concentration des classes enfonction de la future insurrection.

D’autres changements sont en rapport avec lefait de forger les militants : la guerre forged’une autre manière bien évidemment, elletrempe nos volontés, elle nous permet d’incarnerplus profondément l’idéologie, d’engendrer desmilitants de fer selon le critère de défi à la mortou d’arracher à la mort les lauriers de lavictoire. Nous pourrions dire également qu’unautre changement dans le parti, à un autreniveau déjà , ou ayant une autre portée plutôt,est en rapport avec la révolution mondiale.

La guerre populaire a permis au parti demontrer de façon palpable comment ens’emparent du marxisme-léninisme-maoïsmenous pouvons développer une guerre populairesans être assujettis au bâton de commandementd’aucun chef, ni sous la coupe d’aucunesuperpuissance ou puissance, et comment, menerà bien la guerre populaire, en nous appuyant surnos propres forces, est une chose faisable.

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Les classiques du matérialisme dialectique

Tout cela à donné au parti un prestige àl’échelle internationale comme jamaisauparavant, et il ne faut voir là de notre partaucune affirmation orgueilleuse. Loin de nouspermet aussi de servir, comme jamais, ledéveloppement de la révolution mondiale. C’estde cette manière que le parti, avec la guerrepopulaire, est en train d’accomplir son rôle departi communiste du Pérou.

El Diario : Quelle est la participation desouvriers et des paysans dans l’Armées Populairede Guérilla ?

Président Gonzalo : La participation laplus importante est celle de la paysannerie,pauvre en particulier, qui combat et dirige àdifférents niveaux, c’est ainsi qu’ils participent.La participation des ouvriers est similaire bienque leur nombre soit insuffisant pour l’instant.

El Diario : Monsieur le Président, où sedéveloppe le plus le Nouveau Pouvoir, à lacampagne ou à la ville ?

Président Gonzalo : Nous développons leNouveau Pouvoir seulement à la campagne. Ils’installera à la ville dans la partie finale de larévolution. C’est un problème inhérent auprocessus de la guerre populaire. Je crois que sinous voyons, maintenant, le thème de la guerrepopulaire, nous pourrions traiter davantage cepont.

El Diario : Monsieur le Président, enchangeant un peu de sujet, dans les documents duparti Communiste, on dit que vous êtes le chef duParti et de la révolution. Qu’est- ce que celaimplique et comment cela s’oppose à la thèserévisionniste du culte de la personnalité?

Président Gonzalo : Ici, nous devonsrappeler la thèse de Lénine sur le problème de larelation entre masses-Partis-chefs. Nousconsidérons que la révolution, le Parti, la classeengendrent des chefs, engendrent un groupe deschefs.

Il en fut ainsi dans toute révolution. Si nousvoyons par exemple, la Révolution d’Octobre,nous avons Lénine, Staline, Sverdlov, et d’autres

noms encore, soit un petit groupe. De même,dans la révolution chinoise, nous avons aussi unpetit groupe de chefs: le Président Mao Zedonget les camarades Kang Sheng, Chiang Ching,Chan Chung-Chao entre autres.

Il en est ainsi de toute révolution. Nous nepourrions être une exception. Ici, l’idée selonlaquelle notre règle a une exception n’est pasvalable, car il s’agit d’accomplir des lois. Toutprocessus a donc des chefs, mais il y a un chefqui surpasse les autres ou qui est à leur tête,selon les conditions, car nous ne pouvonsconsidérer tous les chefs comme étant de mêmedimension: Marx c’est Marx, Lénine c’estLénine, le Président Mao c’est le Président Maoet chacun est non renouvelable et unique.

Dans notre Parti, notre révolution, et notreguerre populaire, le prolétariat a généré aussi ungroupe de chefs, par nécessité et contingencehistorique, d’après le sens donné par Engels.Engendrer des chefs et un chef est une nécessité,mais c’est la contingence, c’est-à-dire l’ensembledes conditions spécifiques concrétisées en un lieuet à un moment déterminés, qui définit lacondition de chef. Il en fut donc de même, pournous, on a engendré un grand dirigeant.D’abord il fut reconnu au niveau du Parti, dansla Conférence Nationale Elargie de 1979.

Mais ce problème renferme une questioncapitale inéluctable, qui mérite d’être soulignée:il n’y a pas de grand dirigeant qui ne s’appuiesur une pensée, quel que soit son degré dedéveloppement. Le fait que celui qui parle, soitdevenu le chef du Parti et de la révolution,d’après les accords du Parti, est lié à lanécessité et à la contingence historique et bienévidemment, à la pensée Gonzalo; nul ne sait ceque la révolution et le Parti peuvent faire dechacun de nous et quand une telle chose seprécise, ce qu’il faut uniquement, c’est assumerla responsabilité.

Notre activité s’est déroulée en accord avecla thèse de Lénine, laquelle est juste et correcte.La question du culte de la personnalité est uneposition révisionniste. Lénine nous avait déjà

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Interview du Président Gonzalo

averti du problème de la négation des chefs, dela même façon qu’il avait souligné la nécessitépour la classe, le Parti et la révolution, despromouvoir ses propres dirigeants, d’enpromouvoir davantage au rang de chefs et degrand dirigeant.

Il y a une différence sur laquelle il fautinsister, le dirigeant occupe une responsabilitédans l’organisation tandis que nous entendonspar chefs et grand dirigeant, la reconnaissancede l’autorité du Parti et de la révolution,acquise et mise à l’épreuve au cours d’unelongue lutte, de ceux qui, dans la théorie etdans la pratique, démontrent qu’ils sontcapables de nous diriger et de nous guider enavant et jusqu’à la victoire, dans la réalisationde nos idéaux de classe.

Khrouchtchev souleva le problème du cultede la personnalité pour combattre le camaradeStaline, mais nous savons tous que ce ne futqu’un prétexte en fait, pour combattre ladictature du prolétariat. Aujourd’hui, mêmeGorbatchev brandit à nouveau le culte de lapersonnalité comme le firent aussi lesrévisionnistes chinois Liou Chao-chi et DengXiao-ping. Par conséquent, c’est une thèserévisionniste qui vise en essence la dictature duprolétariat et les grands dirigeants et chefs duprocessus révolutionnaire général dans le but deles décapiter.

Dans notre cas, que viserait-elleconcrètement ? Décapiter la guerre populaire.Nous n’avons pas encore de dictature duprolétariat mais un Nouveau Pouvoir qui sedéveloppe selon des normes de démocratienouvelle ou de dictature conjointe d’ouvriers, depaysans et de progressistes.

En ce qui nous concerne, cette thèse a doncpour but principal de décapiter la direction. Etla réaction et ses laquais savent très bienpourquoi ils le font: parce que ce n’est pas faciled’engendrer des chefs et un grand dirigeant.

Et une guerre populaire telle qu’elle sedéveloppe dans le pays, a besoin de chefs etd’un grand dirigeant, de quelqu’un qui la

représente, la dirige et d’un groupe capable dela commander inflexiblement. En résumé leculte de la personnalité est une sinistre thèserévisionniste qui n’a rien à voir avec notreconception sur les chefs, laquelle s’en tient auléninisme.

El Diario : Que signifie pour vous et votreParti, la célébration du Ier Congrès du PartiCommuniste du Pérou ?

Président Gonzalo : Revenant à ce sujet,nous voulons parler de certaines questions. Nousrépétons que c’est un jalon de victoire, c’est unedette en suspens qu’il fallait accomplir et que lefondateur lui-même avait fixé. Nous avonscélébré le Premier Congrès du PartiCommuniste du Pérou. Qu’est-ce que celaimplique ? Nous réaffirmons qu’aucun des 4congrès tenus jusqu’en 1962, époque durantlaquelle nous nous développions dans le Partid’alors, aucun d’eux ne fut un congrès marxiste.

Aucun d’eux ne s’en est tenu strictement à laconception du prolétariat. C’est pour cela quenotre Congrès est marxiste, pour relever ce queje viens de dire. Mais étant donné que nousévoluons dans ce moment historique, le Congrèsest marxiste-léniniste-maoïste, parce que lemaoïsme est la troisième étape, nouvelle etsupérieure, et en fin de compte la principale destrois.

Mais le Congrès est aussi pensée Gonzalo, caril s’appuie sur cette pensée qui est née duprocessus d’application de la vérité universelle,du marxisme-léninisme-maoïsme, à la situationconcrète de notre réalité. Pour cette raison, c’estun « Congrès marxiste-léniniste-maoïste, penséeGonzalo ».

Ce Congrès nous a permis de faire un bilande tout le processus suivi et d’en tirer les leçonspositives et négatives. Ce Congrès nous a permisde sanctionner la base d’unité du Parti,composée de ses trois éléments : 1) l’idéologie, lemarxisme-léninisme-maoïsme, pensée Gonzalo,2) le programme et 3) la ligne politique généraleavec son centre, la ligne militaire. Le Congrès aréussi également à asseoir des bases solides pour

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Les classiques du matérialisme dialectique

la conquête du Pouvoir en perspective, j’insiste,en perspective.

Nous n’avons pu réaliser le Congrès qu’aumilieu de la guerre populaire. Et nous disonsceci parce que, en 1967 déjà, nous parlions deréaliser le cinquième congrès et en 1976, leCongrès de reconstitution. Nous avons fait destentatives pendant plusieurs années sanspouvoir y parvenir, pourquoi ?

Ce fait met en évidence ce qu’on a vu dansbon nombre de partis qui, lorsqu’ils se préparentà engager la lutte armée, à prendre les armes,s’empêtrent dans de grandes luttes intestinesqui mènent à des divisions, à des éclatements.Et c’est de cette manière que le développementde la conquête du Pouvoir les armes à la mainest frustré. Ceci nous amena en 1978 à ajournerle congrès pour le réaliser en pleine guerrepopulaire.

Nous suivîmes un raisonnement assez simple:étant déjà en guerre, qui allait s’opposer à laguerre populaire? Avec un congrès et un partiles armes à la main, avec une guerre populairevigoureuse, comment pourrait-il y en avoir quis’opposent au développement de la guerrepopulaire? Ils ne pourraient plus nous faire tort.

Le Congrès a fait évoluer d’autres situations,a fait voir et comprendre plus profondément leprocessus de la guerre populaire etparticulièrement la nécessité de construire laconquête du Pouvoir. Le Congrès a aussi fait unbond dans la lutte et c’est une bonne chose. Ilest nécessaire de le dire avec clarté, bien quecertains s’obstinent à mal comprendre. Maisfinalement nous sommes guéris des mauvaisesinterprétations, de ces éléments étrangers et nonrévolutionnaires. Dans le Congrès on a définique la lutte de deux lignes au sein du Parti estmenée contre le révisionnisme en tant quedanger principal.

Cela mérite une petite explication. Dans leParti il n’y a pas de ligne opportuniste dedroite. Ce qui se présente en ce moment, ce nesont que des attitudes, des idées, des critères etmême des positions de droite isolées. Justement

en approfondissant le problème, le Congrès aconclu que le fait de combattre le révisionnismecomme danger principal, est le meilleur moyenpour le Parti de le prévenir et de conjurer lapossibilité qu’en son sein puisse se manifesterune ligne opportuniste de droite, qui seraitrévisionniste.

Le Président Mao nous a toujours demandéde nous soucier du révisionnisme parce que c’estle danger principal de la révolution mondiale.C’est de cette façon que nous pouvons être enaccord avec la situation en dehors de nos rangs,puisque toute manifestation d’attitudes, d’idées,de critères et des positions de droite qui puissese manifester dans le Parti, est en rapport avecla dynamique idéologique, le retentissement dela lutte des classes, les campagnes de l’Étatréactionnaire, la propre action du révisionnismedans le pays, les activités contre-révolutionnaires de l’impérialisme; etparticulièrement la lutte entre les deuxsuperpuissances et le sinistre travail durévisionnisme à l’échelle mondiale.

C’est de cette manière que le Parti nousvaccine, nous prépare, et que nous devenonsplus vigilants. De telle sorte que c’est enappliquant une ferme et sagace lutte de deuxlignes au sein du peuple - j’insiste bien, sur lefait qu’il n’y a pas de ligne opportuniste dedroite- que nous pouvons empêcher qu’une lignerévisionniste puisse se présenter. Ce qui vientd’être dit pourrait être mal interprété, mais ilfaut dire les choses telles qu’elles sont etéduquer le peuple.

Le Congrès nous arme et nous commande.Gardons-nous du révisionnisme ! Et Lecombattre implacablement !, partout où il semanifeste, tout en commençant à le conjurer età combattre toute expression qui pourraitapparaître au sein-même du Parti. Ainsi noussommes mieux armés pour combattre lerévisionnisme hors de nos rangs et à l’échellemondiale. C’est un des points les plusimportants du Congrès.

Le Congrès nous a dotés d’une grande

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Interview du Président Gonzalo

unanimité. Oui, l’unanimité, car nous nous entenons à ce que Lénine demandait: un parti,pour affronter des situations complexes etdifficiles, comme celles que nous affrontonsquotidiennement, surtout dans les momentsdécisifs où nous nous trouvons et où nous noustrouverons, doit avoir l’unanimité.

Il faut déployer la lutte pour avoir une ligneclaire, bien définie et une égale compréhension,pour acquérir une unité de fer et frapper avecfermeté. C’est aussi ce que le Congrès nous adonné, l’unanimité, mais acquise, j’insiste, avecla lutte de deux lignes. C’est ainsi que nousagissons. Et pourquoi en est-il ainsi ? Je lerépète une fois de plus : le Parti est unecontradiction, et toute contradiction renfermedeux aspects en lutte. Il en est ainsi, etpersonne ne peut y échapper.

Aujourd’hui notre Parti est donc plus unique jamais; et plus uni en vue des grandestâches qu’il doit accomplir avec résolution etfermeté. Par ailleurs, le Congrès a sélectionné,comme il se doit, le Comité Central; et comme ils’agit du Premier Congrès nous avons donc lePremier Comité Central.

Le Congrès nous a donné tout cela etfinalement, comme nous le savons tous bien, cequ’on a sanctionné et ratifié dans l’instanceorganique supérieure, c’est l’instance suprêmed’un Parti. Aujourd’hui tous nous rend plusforts, plus unis, plus décidés, plus résolus ; maiil y a quelque chose qui mérite d’être souligné ànouveau: Le Congrès est fils du Parti et de laguerre.

Sans la guerre populaire on n’aurait pas puaccomplir cette tâche historique , en suspensdepuis presque 60 ans, depuis la fondation en28. Mais le fait important c’est que le Congrèsfortifie le développement de la guerre populaire,lui rend amplement ce qu’elle a fait pour saconcrétisation. La guerre populaire est plus forteaujourd’hui et elle sera demain plus puissantequ’hier.

Pour toutes ces raisons, le Congrès est pournous, membres du Parti Communiste du Pérou,

un jalon impérissable de victoire et noussommes sûrs qu’il restera gravé dans l’histoirede notre Parti. Nous espérons de lui de grandsrésultats qui servent le prolétariat du Pérou etle peuple péruvien, qui servent le prolétariatinternational, les nations opprimées et lespeuples du monde.

El Diario : Certains disent que la réalisationdu premier Congrès du PCP, pour les conditions-mêmes dans lesquelles il eut lieu, d’intense guerrepopulaire, a signifié un coup dur pour les forcesréactionnaires. Qu’en dites-vous ?

Président Gonzalo : Il nous semble quec’est une opinion juste qui démontre qu’il y a,dans ce pays, une classe et un peuple quicomprennent ce que nous faisons, ce que le Partifait. Pour nous c’est une reconnaissanceimportante qui nous amène à fournir plusd’efforts afin de mériter cette confiance, cetteespérance.

El Diario : Le Parti Communiste du Pérouaurait-il subi une épuration avant la réalisation duCongrès ?

Président Gonzalo : Non, dans notre cas,nous avons eu la forte épuration au moment decommencer la guerre populaire, dans le IXèmeRéunion Plénière de 79. Là nous avons livré unedure lutte contre une ligne opportuniste dedroite qui s’opposait à commencer la guerrepopulaire. C’est laque se sont produits desexpulsions et une épuration dans le Parti.

Mais comme il est établi à juste titre,l’épuration renforce et nous nous sommesfortifiés. La preuve en est que nous sommesentrés dans la guerre populaire et que nous ensommes déjà à notre huitième année. Dans leCongrès, il ne s’est pas produit une telleépuration.

El Diario : Beaucoup se demandent et necomprennent pas où résidait la force et la fermetédu militant du PCP ? Ce serait peut être dans sasolide formation idéologique ? Comment se passece processus chez les militants ?

Président Gonzalo : La force des militants

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Les classiques du matérialisme dialectique

du Parti réside vraiment dans la formationidéologique et politique. Elle s’appuie sur le faitque les militants embrassent l’idéologie duprolétariat et sa forme spécifique: le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée Gonzalo, leprogramme et la ligne politique générale avecson centre, la ligne militaire.

C’est à partir de cela que se développe laforce des militants. Une chose qui nouspréoccupe beaucoup pour commencer la guerrepopulaire, fut les militants. Pendant lapréparation de la guerre populaire, nous noussommes posés le problème de comment forger lesmilitants, et nous nous sommes imposés degrandes exigences : rompre avec la vieillesociété, se consacrer totalement etcomplètement à la révolution et donner notrevie.

Rappelons-nous la Réunion Plénière duComité Central de 80 et l’école militaire qui endisent long. A la fin de tous ces événements,tous les militants s’engagèrent. Nous assumâmestous la tâche d’être les initiateurs de la guerrepopulaire. Ce fut un engagement solennel quipar la suite, s’étendit à tout le Parti.

Comment se déroule ce processus ? D’abordchacun des futurs militants, avant de l’être, vase forger dans la lutte de classes où chacunparticipe, progresse et travaille plus près denous, jusqu’au moment où chacun,individuellement, prend la grande décision dedemander son entrée au Parti qui analyse sesqualités, ses mérites, aussi bien que ses limites,car nous en avons tous. Puis il lui donne le rangde militant, s’il le mérite.

C’est dans le Parti que commence alors laformation idéologique systématique. C’est luiqui fait de nous des communistes. Lescirconstances des dernières années ont commetrait caractéristique que les militants setrempent dans la guerre; et, qui plus est, ceuxqui entrent, le font dans un Parti qui dirige laguerre.

Et dès lors, s’ils y entrent, c’est pour agir,d’abord et principalement, comme communistes,

comme combattants de l’Armée Populaire deGuérilla, et comme administrateurs dans les cascorrespondants aux instances du Nouvel Étatque nous organisons.

La guerre populaire est donc un autreélément très important qui contribue à forger lesmilitants. En résumé: même si nous partons dela question idéologico-politique, la guerre elle-même forge le militant.

Dans cette forge ardente, elle nous modèle enfonction du Parti. C’est ainsi que nous avançonstous, tout en nous rendant utiles. Malgré cela,nous avons toujours une contradiction entre laligne rouge qui domine dans notre tête et laligne contraire. Les deux se manifestent car iln’y a pas de communiste à cent pour cent, etdans notre esprit se livre la lutte de deux lignes.Cette lutte est capitale aussi pour forger lesmilitants; notre objectif étant que la ligne rouges’impose toujours à nous. C’est ce que nouscherchons.

C’est de cette manière que se forgent lesmilitants; et les faits montrent le degréd’héroïsme révolutionnaire que sont capablesd’atteindre les militants tout comme les fils dupeuple.

El Diario : Pensez-vous qu’une desexpressions les plus élevées de l’héroïsme desmilitants du P.C.P se soit manifestée dans lesprisons le 19 Juin 1986 ?

Président Gonzalo : Oui. C’est une hauteexpression. Mais nous considérons que le plusgrand héroïsme révolutionnaire qui coula à flots,s’est produit lors du génocide des années 83 et84, quand nous affrontions les forces arméesvenant de faire leur entrée dans le conflit.

Ce fut jusqu’à aujourd’hui le plus grandgénocide massif; au cours de ce génocide il eutde grandioses manifestations de combativitépopulaire, ce qui est capital et essentiel et deplus, il y a là une expression massived’héroïsme, de dévouement, de don de sa vie,non seulement de la part des communistes, maisaussi de celle des paysans, des ouvriers, des

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Interview du Président Gonzalo

intellectuels, des fils du peuple. C’est là qu’il yeut la plus grande démonstration d’héroïsmerévolutionnaire massif et là aussi que nous noussommes le plus forgés.

Alors, vous pourriez nous dire, pourquoicommémorez-vous le 19 Juin comme le « Jourde l’Héroïsme » ? Le 19 c’est une date quimontre à notre peuple et au monde de quoi sontcapables les communistes fermes et lesrévolutionnaires conséquents, car, non seulementsont tombés des communistes, la plupart étaitdes révolutionnaires.

Pour cette raison c’est devenu un symbole,parce que c’est une date spécifique, alors que legénocide général a duré deux années etreprésente de nombreux faits dispersés; le 19 estun fait unique d’un grand retentissement et unexemple qui a bouleversé le Pérou et le monde.C’est pour cela que nous avons choisi le 19 Juincomme le « Jour de l’Héroïsme ».

El Diario : Président, comment le PCP peutsoutenir matériellement le gigantesque appareil duParti, y compris l’Armée Populaire de Guérilla?

Président Gonzalo : Je crois que cettequestion mérite quelques précisions. Sur leParti, le Président Mao nous enseigne, ainsi quel’ont toujours fait Marx, Lénine et les grandsmarxistes, que le parti n’est pas un parti demasses, mais que le parti a un caractère demasses; caractère de masses qui se manifestedans le fait que le parti est une organisationsélective: une sélection des meilleures, de ceuxqui ont fait leur preuves, de ceux qui ont del’étoffe, comme le disait Staline.

Étant peu nombreux par rapport à l’immensemasse, le parti défend les intérêts du prolétariat,assume l’intérêt de classe du prolétariat, dans lamesure où il assume l’émancipation duprolétariat qui n’arrivera qu’avec lecommunisme. Mais comme dans la révolutionagissent d’autres classes qui composent lepeuple, le parti défend aussi leurs intérêts enconformité avec le fait que le prolétariat ne peuts’émanciper qu’en émancipant les autres classesopprimées. Autrement, il ne peut s’émanciper.

C’est pour cela que le parti a un caractère demasses mais le parti n’est pas un parti demasses. Le parti de masses dont on parlebeaucoup aujourd’hui, n’est que l’expression,une fois de plus, de positions révisionnistespourries ; ce sont ces partis d’adhérents, defonctionnaires, ces machines organisationnelles.Notre parti est un parti de militants, dedirigeants, c’est une machine de guerre commele demandait Lénine lui-même. Bon ! Nombre debolcheviques au moment du triomphe de larévolution d’Octobre: 80 mille pour un pays de150 millions d’habitants.

Les Parti est un système d’organisations etévidemment il a des besoins. La formation d’unearmée numériquement beaucoup plus grande,plus vaste, a aussi des exigences. Les marxismenous a aussi enseigné comment résoudre leproblème, en particulier le Président Mao.

Le PCC instruit par le Président MaoZedong avait conclu que le soutien économiquequ’on donnait aux partis était corrosif et quec’était un critère révisionniste parce qu’un partidoit s’appuyer sur ses propres forces. C’est ceprincipe que nous avons suivi, compter sur nospropres forces.

Nous appuyer sur nos propres forces a unrapport avec les nécessités économiques, maisprincipalement, de notre point de vue, a unrapport avec la façon de s’orienteridéologiquement et politiquement. C’est à partirde cela que nous pouvons voir comment assumerles nécessités économiques qui sans cesse seprésentent. Il serait erroné de dire qu’ellesn’existent pas.

Alors, en nous basant sur ces critères, nousavons réglé le problème et nous continuerons àle régler en nous appuyant sur les masses.

Ce sont les masses de notre peuple: c’est leprolétariat, notre classe, parce qu’elle est notre,c’est à elle que nous devons rendre compte, c’estelle que nous servons, c’est notre paysannerie,pauvre principalement, ce sont les intellectuels,la petite bourgeoisie, les plus avancés, lesrévolutionnaires, ceux qui veulent la

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Les classiques du matérialisme dialectique

transformation radicale, la révolution en unmot.

Ce sont ceux sur lesquels s’appuie le Parti,principalement la paysannerie et le prolétariat,ce sont sur eux qu’il s’appuie. Et si nous allonsplus loin, la paysannerie, pauvre principalement,est celle qui se retire le pain de la bouche pournous le donner, celle qui nous donne un morceaude sa couverture, un petit coin sous son toit.C’est elle qui nous soutient, nous appuie et nousoffre son propre sang comme l’offrent leprolétariat et aussi les intellectuels ; c’estcomme ça que nous progressons. Nous nousbasons sur cela.

Ce problème nous amène aux questionssuivantes. Partir de ce principe nous permetd’être indépendants, de ne dépendre d’aucunbâton de commandement, quel qu’il soit, parceque dans le communisme international ons’habitua au diktat. Khrouchtchev était unchampion du bâton de commandement, commel’est Gorbatchev aujourd’hui, ou comme l’estDeng, ce sinistre personnage. Indépendanceparce que chaque Parti Communiste doitdécider lui-même, car il a la responsabilité de sarévolution, ce qui ne veut pas dire se détacherde la révolution mondiale, mais précisément laservir.

Ceci nous permet d’exercer l’auto-décision,c’est-à-dire le fait de décider nous-mêmes. LePrésident Mao parlait ainsi: on nous donnabeaucoup de conseils, des bons et des mauvais;mais si nous avions accepté un principe erroné,la responsabilité n’appartiendrait pas à celui quinous l’a donné mais à nous-mêmes. Pourquoi ?Parce que nous pratiquons l’autonomie dedécision, qui s’accorde avec l’indépendance, etque cela nous conduit à l’autosuffisance, à necompter que sur nos propres forces.

Cela veut-il dire que nous nionsl’internationalisme prolétarien ? Non, aucontraire, nous sommes des pratiquants ferventset conséquents de l’internationalismeprolétarien. Et nous sommes convaincus dusoutien que nous apportent le prolétariat

international, les nations opprimées, les peuplesdu monde, les partis ou organisations-mêmes quisont toujours fidèles au marxisme, quel que soitleur degré de développement. Nousreconnaissons que la première chose qu’ils nousdonnent, leur premier soutien, c’est leur proprelutte.

La propagande ou les célébrations qu’ils font,sont un soutien qui gagne progressivementl’opinion publique. C’est ainsi que s’exprimel’internationalisme prolétarien. Il se manifesteaussi dans les conseils qu’ils nous donnent, dansleurs opinions.

Mais, j’insiste, c’est nous qui devons décidersi nous acceptons ou non les conseils; et s’ilssont justes, ils sont évidemment bien accueilliscar entre les partis nous avons l’obligation denous entraider, surtout dans ces temps difficileset complexes.

Alors, j’insiste, toute lutte que livrent leprolétariat, les nations opprimées, les peuples dumonde, les partis et les organisations fermes etfidèles au marxisme, toute cette lutte est lapremière grande aide concrète del’internationalisme prolétarien.

Cependant, la plus grandiose aide que nousayons, c’est l’immarcescible marxisme-léninisme-maoïsme, l’idéologie du prolétariatinternational, celle que la classe ouvrière agénérée au cours de longues décennies et demilliers de combats à travers le monde entier.

C’est celle-ci, l’aide la plus grandiose quenous recevons parce que c’est la lumière. Sanscette lumière nous yeux ne verraient rien, maisavec cette lumière nos yeux peuvent voir et nosmains agir. C’est ainsi que nous voyons ceproblème et c’est ainsi que nous avançons.

El Diario : Président, peut-être cette questionest-elle superflue, mais nous aimerions avoir votreopinion sur les partis révisionnistes qui vivent desfondations internationales, des grandes puissancesimpérialistes et du social-impérialisme ?

Président Gonzalo : Je peux dire qu’ils onttrahi la révolution mondiale et qu’ils trahissent

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Interview du Président Gonzalo

dans chaque pays, la révolution, la classe et lepeuple; parce que servir les superpuissances oules puissances impérialistes, servir lerévisionnisme, surtout le social-impérialisme,marcher derrière un bâton de commandement,être des pions de l’échiquier dans le jeu pour ladomination du monde c’est trahir la révolution.

4. Sur la situation politique nationale

El Diario : Monsieur le Président, quelle estl’analyse du PCP sur le processus de l’ÉtatPéruvien et vers quoi se dirige-t-il ?

Président Gonzalo : Nous analysons leprocessus de la société péruviennecontemporaine comme un processus qui acommencé en 1895. Nous considérons qu’à partirde cette date s’engage le processus dans lequelnous vivons actuellement. Et nous pensons qu’ilest composé de trois moments. Un premiermoment qui assoit les bases pour ledéveloppement du capitalisme bureaucratique.

Un deuxième, après la Seconde GuerreMondiale qui marque la fin du premier, oùs’approfondit le capitalisme bureaucratique ; cetapprofondissement du capitalismebureaucratique va faire mûrir les conditionspour la révolution et, avec le commencement dela guerre populaire dans les années 80, nousentrons dans le troisième moment : moment decrise générale du capitalisme bureaucratique. Ladestruction de la société péruviennecontemporaine a commencé, parce qu’elle esthistoriquement caduque. C’est pourquoi nousassistons à sa fin et ce qu’il faut, c’est travailler,combattre et lutter pour l’enterrer.

El Diario : Pourquoi considérez-vous la thèsedu capitalisme bureaucratique commefondamentale ?

Président Gonzalo : Nous considéronscomme essentielle cette thèse du Président MaoZedong parce que, sans la comprendre et sans lamaîtriser, il n’est pas possible de développer unerévolution démocratique et encore moins deconcevoir sa continuation ininterrompue en tantque révolution socialiste. C’est réellement un

obstacle, que cette thèse du Président Mao soitéludée et que l’analyse soit embrouillée, quandon nous parle de développement de capitalismedans les pays arriérés ou de capitalismedépendant. Ces analyses ne conduisent à rien, sice n’est à changer la nature de la révolution.Nous pensons que c’est en partant du PrésidentMao Zedong que nous comprendrons bien lasociété péruvienne et les sociétés dites arriérées.

Nous considérons que le capitalismebureaucratique commence à se présenter auPérou à partir de 1895, à travers les troismoments que je viens de retracer. Nous lesconcevons ainsi : sur une base semi-féodale etsous domination impérialiste se développe uncapitalisme, un capitalisme tardif, uncapitalisme qui naît, lié à la féodalité et soumisà la domination impérialiste.

Ce sont ces conditions qui génèrent ce que lePrésident Mao Zedong a appelé capitalismebureaucratique. Alors, le capitalismebureaucratique se développe, lié aux grandscapitaux monopolistes qui contrôlent l’économiedu pays, des capitaux formés, comme lePrésident Mao le dit, par les grands capitauxdes gros propriétaires fonciers, de la bourgeoisiecompradore et des grands banquiers. Ainsi vanaissant le capitalisme bureaucratique et,j’insiste encore une fois, lié à la féodalité, soumisà l’impérialisme et monopoliste.

Il faut prendre cela en compte : il estmonopoliste. Ce capitalisme, arrivé à un certainmoment de son évolution, s’associe avec lePouvoir de l’État et utilise les moyenséconomiques de l’État ; il les utilise commelevier économique. Ce processus va engendrerl’autre faction de la grande bourgeoisie : labourgeoisie bureaucratique. C’est de cette façonque va se développer le capitalismebureaucratique, déjà un capitalismemonopoliste, qui devient alors un capitalismed’État. Mais ce processus l’entraîne à créer lesconditions qui font mûrir la révolution. Ceci est,dans le cadre politique, un autre conceptimportant que le président a établi sur le

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Les classiques du matérialisme dialectique

capitalisme bureaucratique.

Si nous comprenons le capitalismebureaucratique, nous pouvons très biencomprendre, comment au Pérou, existent unesituation de semi-féodalité, un capitalismebureaucratique et une domination impérialiste,principalement yankee. Voilà ce que nousdevons comprendre, ce qui permet d’entendre etde diriger la révolution démocratique.

Maintenant, quel autre facteur important lecapitalisme bureaucratique présente-t-il ? LePrésident nous signale que la révolutiondémocratique accomplit certaines tâchessocialistes ; par exemple, dit-il, l’aide mutuellequi a lieu à la campagne dans les bases d’appuis’exprimait déjà.

Ainsi donc, pour passer de la révolutiondémocratique à la socialiste, la confiscation ducapitalisme bureaucratique dans son ensembleest une question clé du point de vueéconomique ; elle permettra au Nouvel État decontrôler l’économie, de la diriger, et servira àdévelopper la révolution socialiste. Nousconsidérons que ce concept stratégique est degrande importance et j’insiste sur le fait que,malheureusement, ce concept est éludé. En tantqu’il en sera ainsi, on ne pourra pas biencomprendre ce qu’est une révolutiondémocratique dans les circonstances actuelles,celles dans lesquelles nous nous débattons.

Il est erroné de penser que le capitalismebureaucratique se réduit à celui que développel’État avec les moyens économiques deproduction qu’il détient. Ceci est faux, et estincompatible avec la thèse du Président MaoZedong. Il suffit, pour le comprendre, de penserà la chose suivante : si le capitalismebureaucratique n’était que le capitalisme d’État,il suffirait de confisquer ce capitalisme d’État etalors, l’autre capitalisme monopoliste, nonétatique, dans quelles mains resterait-il ? Danscelles de la réaction, de la grande bourgeoisie.

Cette interprétation, qui consiste à identifierle capitalisme bureaucratique au capitalismemonopoliste d’État, est une conception

révisionniste et dans notre Parti, elle futsoutenue par le liquidationnisme de gauche :c’est pour cela que nous jugeons cette questioncomme très importante.

D’ailleurs politiquement, cela nous permet dedistinguer très clairement la grande bourgeoisiede la bourgeoisie nationale ou moyenne. Et cecinous donne les moyens de comprendre, afin den’être à la traîne d’aucune faction quelconquede la grande bourgeoisie, ni de la compradore, nide la bureaucratique, ce qu’on fait au Pérou, lerévisionnisme et l’opportunisme et ce qu’ilscontinuent de faire.

Depuis des décennies, cette politique sinistreamène à considérer une faction quelconque de lagrande bourgeoisie comme la bourgeoisienationale, progressiste et à l’appuyer. Lacompréhension du capitalisme bureaucratiquenous a permis de bien saisir la différence, etj’insiste, entre bourgeoisie nationale et grandebourgeoisie et de comprendre la tactiquecorrecte à suivre, reprenant précisément celleque Mariátegui a établie. Pour cela, nousconsidérons que la thèse du capitalismebureaucratique est d’une importance extrême.

El Diario : Quelle est, en synthèse, votreanalyse politique et économique de la conjonctureactuelle et de la perspective ? Cette situation est-elle favorable au PCP ? Et comment l’est-ellepour la réaction, le révisionnisme etl’opportunisme ?

Président Gonzalo : Nous concevons que lecapitalisme bureaucratique est entré en crisegénérale ; plus encore, nous pensons que cecapitalisme bureaucratique est né malade parcequ’il est issu de la semi-féodalité, ou lié à elle, etqu’il est issu de l’impérialisme. La semi-féodalitéest évidemment caduque et l’impérialismeagonise. De deux parents condamnés à mortpour maladie incurable, quelle sorte d’enfantpeut-il naître ? Une créature malade qui estentrée dans sa phase de destruction.

Nous pensons que les crises s’approfondissentchaque jour davantage et que, même, comme lesoulignent certains économistes, il s’agit

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Interview du Président Gonzalo

d’environ trente ans de crise de laquelle on nepeut pas sortir, même si de temps en temps il ya de petites vagues de récupération ou, commele dit l’APRA dans ses propres documentsinternes, que c’est une crise qui a surgi aumilieu des années 70.

Nous estimons que chaque nouvelle crise estpire que la précédente ; et si nous ajoutons àcela les deux décennies critiques, celles desannées 80 et 90, la situation est déjà claire. Quedisent-ils ? Que ce gouvernement laissera unesituation extrêmement grave, et que le suivant,en supposant qu’il y en ait un, lors duchangement électoral, devra chercher à réparerles problèmes en suspense et que ce n’est, enconséquence, qu’à partir de 1995 qu’on pourrapenser à un développement ; et ceci dans unpays où nous avons 20 ans de retard. C’est pourcela que nous croyons que sa perspective estextrêmement noire.

Cela est-il favorable à la révolution, à laguerre populaire, au Parti ? Oui, certainement,c’est favorable, tout d’abord et principalement,à la classe et au peuple car tous nos efforts leursont destinés, afin que la classe commande,dirige, que le peuple exerce sa liberté et puisseenfin satisfaire sa faim séculaire. Nous nevoyons aucune perspective pour la réaction et lerévisionnisme, nous le croyons unis. Ce sont dessiamois et ensemble ils se dirigent vers leurpropre tombe. Voilà ce que nous pensons.

El Diario : Pourquoi qualifiez-vous legouvernement apriste, de fasciste et corporatiste ?Sur quoi vous basez-vous pour l’affirmer ? Quelleest votre opinion sur le discours d’Alan GarcíaPerez au Congrès de la Jeunesse apristed’Ayacucho et sur celui qu’il a donné à Païta ?Quelle est-elle aussi sur les mesures économiquesdu nouveau cabinet ?

Président Gonzalo : En ce qui concerne lacaractérisation du gouvernement apriste, sansentrer dans son histoire qui a d’autresimplications et que nous n’avons pas besoind’aborder aujourd’hui, la situation concrète quiexistait au sein de l’APRA, lorsqu’on lui remit

la direction de l’État péruvien, était unesituation de dilemmes, deux tendancesexistaient, l’une, aux critères fascistes et l’autre,aux critères démocratico-libéraux.

Ainsi était, d’après nous, la situation au seinde l’APRA. Nous entendons ici, par critèresdémocratico-libéraux, le maintien de cet ordreconstitutionnel, réactionnaire, établi en 1920, en1933 et en 1979; voilà ce que nous entendonspar cet ordre démocratico-libéral.

L’APRA avait un problème : la nécessitéd’investissements pour faire progresserl’économie ou plus concrètement pour nousprésenter une vitrine de succès ; c’est bien celaqu’elle a fait : consommer le peu qu’ils avaientpour nous montrer cette vitrine de succès aussifragile que du verre et ce que nous voyonsaujourd’hui en est la preuve. C’est pourquoi enaucune manière on ne pourrait dire que le plande l’APRA était un bon plan économique, caralors, comment un aussi bon plan économiquedonne-t-il des résultats aussi catastrophiques ?Cela n’a aucun sens.

Ainsi l’APRA a dû faire appel aux capitauxde la bourgeoisie compradore, qui a bienévidemment exigé des conditions et dans lespropres documents de l’APRA, il est mentionnéque, dès la fin de l’année 85, la grandebourgeoisie, et plus particulièrement labourgeoisie compradore, commençait déjà à serécupérer et à capitaliser.

L’année 86 fut le paradis pour eux ; ils firentalors des milliards de profit, en dollars, commeils le reconnurent eux-mêmes, pensant qu’ilsallaient investir par la suite. Mais ce plann’allait pas fonctionner, il allait entrernécessairement en crise, échouer et ils nepourraient donc pas investir. Ceci aiguisadavantage les disputes, les tensions entre eux, cequi amena les luttes entre les deux factions de lagrande bourgeoisie.

L’APRA, d’un autre côté, du côté du peuple,se trouva face aux immenses besoins,insatisfaits, des masses et, comme toujours, elles’engagea démagogiquement, vis-à-vis de tous.

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Les classiques du matérialisme dialectique

Démagogiquement, parce que ce que cherchaitl’APRA, c’était simplement essayer dedévelopper, d’appliquer le processus économiqueréactionnaire ; et cela ne se fait qu’enrestreignant les revenus du peuple, puisque d’oùviennent les profits ? De la plus-value !

Donc, elle avait un problème avec les masseset elle le savait bien. Ce qui explique sapolitique répressive, anti-populaire, anti-syndicale, anti-ouvrière. On peut voir ceci dès ledébut. Mais il y avait d’autres circonstances, laguerre populaire ; l’APRA, malgré elle, devaitl’affronter et la guerre populaire était déjà,alors, un problème principal.

Ce sont toutes ces conditions qui vontdéterminer les changements qui se produisent àl’intérieur de l’APRA, et faire que le dilemme sedéfinisse. Mais quand ce dilemme se définira-t-il ? Il se définira avec le génocide de 1986. Là, lalutte de classes des masses, la guerre populaireprincipalement et l’action génocide ont conduitl’APRA à se déterminer pour le fascisme et letriomphe de la faction fasciste. Nous considéronsque c’est à ce moment-là que cela s’est produitet que commença, comme tous le reconnaissentdéjà, le discrédit et l’effondrement de l’APRA,non seulement au Pérou mais dans le mondeentier.

Pourquoi le qualifions-nous de fasciste ? Lafaction fasciste qui existait déjà dans l’APRA,va prendre des mesures politiques pour mettresur pied le corporatisme. Nous pouvons déjà levoir dans le premier discours prononcé parGarcia Pérez en juillet 1985.

Qu’entendons-nous par fasciste etcorporatiste ? Pour nous, le fascisme ; c’est lanégation des principes démocratico-libéraux ;c’est la négation des principes démocratico-bourgeois qui sont nés et se sont développés au18ème siècle en France. Ces principes ont étéprogressivement abandonnés par la réaction, parla bourgeoisie dans le monde, et la PremièreGuerre Mondiale nous a déjà montré la crise del’ordre démocratico-bourgeois.

C’est pour cela que le fascisme éclate ensuite.

Alors, on constate dans l’APRA la négation desprincipes de l’ordre démocratico-bourgeois etquotidiennement, la négation de toutes lelibertés et de tous les droits constitutionnelsétablis. Sur le plan idéologique, nousconsidérons aussi le fascisme comme un systèmeéclectique ; il n’a pas de philosophie définie :C’est une position philosophique constituée demorceaux.

Elle prend ici et là ce qui lui convient lemieux. Chez Garcia Pérez ça se reflèteclairement : quand il va en Inde, il salue Gandhiet devient gandhiste ; quand il va au Mexique, ilsalue Zapata et est zapatiste. Lorsque il ira enUnion Soviétique, s’il y va, il deviendra lesauveur de la Perestroïka. Il est comme ça.C’est là un exemple de la formation idéologique,philosophique du fascisme. Il n’a pas de positiondéfinie, il est éclectique, il prend ce qu’il a àportée de la main.

En ce qui concerne son corporatisme, nousentendons par là, le fait de bâtir l’État sur labase de corporations, ce qui implique lanégation du parlementarisme. C’est unequestion essentielle que Mariátegui soulevaitdéjà dans son « histoire de la Crise Mondiale ».Il nous disait que la crise de la démocratiebourgeoise s’exprime clairement dans la crise duparlementarisme : si nous voyons le Parlementici, même s’il est vrai qu’au cours des dernièresdécennies, c’est l’Exécutif qui a promulgué leslois les plus importantes du pays, c’est sous cegouvernement apriste que l’Exécutif a le plusaccaparé toutes les lois fondamentales,promulgués en sa faveur. Il n’existe aucune loiimportante qui ait été promulguée par leParlement. Voilà la réalité des choses. Tout aconsisté à donner des pouvoirs à l’Exécutifspour qu’il fasse et défasse. Tout n’est quenégation du parlementarisme.

Le problème du corporatisme, dans le pays,n’est pas récent ; déjà en 1933, quand laConstitution était en discussion au cours de ladeuxième restructuration de l’État Péruvien dece siècle, Victor Andrés Belaunde avait déjà

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Interview du Président Gonzalo

proposé le corporatisme de la sociétépéruvienne. Villarán, qui fut chargé du rapportde la Constitution, s’y opposa en demandant :comment allons-nous appliquer le corporatismes’il n’y a pas de corporations ?

Ce fut une façon de s’en tirer à bon compte ;il existe donc déjà quelques antécédents.Aujourd’hui, où l’on parle tant de Belaunde,que ses œuvres viennent d’être publiées, il fautse rappeler sa position : face au libéralisme quise centre sur l’argent et contre le communisme,négation de la personne humaine, ce qu’il faut,ce sont les systèmes corporatistes, à l’exempledes modèles médiévaux ; il est bon d’en tenircompte pour voir sa filiation et ses racines, et enmême temps avoir en tête que c’est intimementlié aux propositions de la Papauté dès le siècledernier.

Vélasco essaya aussi de corporatiser le pays ;pour cela, il commença la formation decorporations de producteurs agricoles parexemple ; sa propre loi agraire, la 17716, dupoint de vue politique, cherchait à établir desbases corporatives ; la loi sur l’industrieégalement. Comment ? Au moyen de lacommunauté industrielle ; sa fameuseorganisation politique qui n’est pas arrivée à seconstituer, avait aussi des critères franchementfascistes et proposait le corporatisme ; mais cecin’a pas pu se concrétiser au Pérou. Et querecherchent-ils, que veulent-ils ?

La conformation de corporations, c’est-à-direorganiser de façon corporatiste les producteurset tous les éléments qui composent la société :les ouvriers, les producteurs agricoles, lescommerçants, les professions libérales, lesétudiants, l’Eglise, les Forces Armées, les Forcesde la Police. Tous vont nommer leurs déléguéset former ainsi un système corporatiste. C’est cequ’ils cherchent et ce que l’APRA est en trainde faire ; et les régions, micro-régions, qu’est-ceque ça veut dire ? Que tout ce plan derégionalisation aujourd’hui sert à corporatiser lepays. C’est pour cela que nous devons nous yopposer ouvertement ; non seulement parce que

ce sont des manipulations politiquesélectoralistes de l’APRA, mais aussi parce qu’ils’agit d’un système corporatiste.

Et en plus il est en train de mettre en dangerun pays qui n’a même pas d’unité nationaleconstituée. Ce sont là des questions fortsérieuses, et c’est pour cela que nous maintenonsqu’il s’agit d’un gouvernement fasciste etcorporatiste. La voie qu’il veut impulser et pourcela sa grande inquiétude pour les régions qu’ilveut imposer à n’importe quel prix, voilà ce quenous pouvons voir ; cela explique que toutes cesassemblées parlementaires extraordinairesn’aient pu réaliser ce que Garcia avait promis.

L’année dernière, il déclara : ou les régions seconstituent ou je ne m’appelle plus Alan GarciaPérez. L’année est passée et je ne sais pascomment il s’appelle aujourd’hui, car les régionsne sont pas encore formées ; maintenant ilsparlent de la fin de l’année, nous verrons bien.

Quant au fait d’identifier fascisme avecterreur, avec répression, il nous semble que c’estune erreur ; voilà ce qui se passe dans ce cas : sion se rappelle le marxisme, l’État est la violenceorganisée. C’est cette définition que nous ontdonnée le classiques et tout État utilise laviolence parce qu’il est dictature. Sinon,comment lutterait-il pour opprimer etexploiter ?

Il ne pourrait pas le faire. Ce qui se passe enfait, c’est que le fascisme développe une violenceplus vaste, plus raffinée, plus sinistre, mais onne peut pas dire que fascisme est égal àviolence, c’est une grossière erreur. Ce sont làdes idées qui, après la deuxième guerremondiale, vont se développer ici, au Pérou et cesont des idées qui ont été diffusées et proposéesà de multiples reprises par Del Prado, ce sontaussi des idées soutenues par Dammert.

Identifier le fascisme avec terreur signifie nepas comprendre Mariátegui qui, dans « Figureset aspects de vie mondiale », quand il se réfère àH.G. Wells, nous dit que l’État bourgeois a unprocessus de développement et c’est ce processusde développement qui le conduit à un système

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fasciste et corporatiste. Ceci se comprend trèsbien si nous lisons les œuvres de Mariátégui,l’œuvre citée « Histoire… » ou « La ScèneContemporaine ». Rappelons-nous qu’il l’a vécu,étudié et connu directement.

Dans le pays, il faut voir le fascisme sous sesdivers aspects, à partir de son idéologie, de sapolitique, de sa forme organique ; voir commentil se sert de la violence, sa terreur. Aujourd’huinous voyons comment il applique une violenceraffinée et plus développée, plus étendue,brutale et barbare ; c’est cela qu’on appelleterreur ; mais d’autre part, la terreur blanchen’a-t-elle pas toujours été appliquée ? Chaquefois que les réactionnaires se sont trouvés endifficulté, ils ont appliqué la terreur blanche.

Aussi, en aucun cas nous ne pourrionsidentifier et réduire tous les fascismessimplement à la terreur. Nous devonscomprendre qu’il s’agit d’une violence plusraffinée et que bien sûr il développe leterrorisme mais ce n’est pas tout. C’est un descomposants, c’est sa manière de développer laviolence réactionnaire.

En ce qui concerne le discours de GarciaPérez, au Congrès de la jeunesse apriste : ensynthèse, à l’intérieur de l’APRA, ily a unelutte intense en rapport avec son prochainCongrès, et le problème est de savoir si GarciaPérez conservera ou non le contrôle de ce Partiafin de rester au Pouvoir, en collusion avec lesForces Armées. Depuis un certain temps, onvoit que la Jeunesse apriste remet en question letravail gouvernemental.

C’est ce qui s’est produit lors de ce Congrèsd’Ayacucho. Garcia Pérez a dû se déplacer entoute hâte pour expliquer, justifier et seprésenter comme le sauveur. C’est ce qu’il veut,car il voit à quel point il est important degagner la jeunesse pour satisfaire ses appétits deführer. C’est, je crois, l’essentiel.

Tout ce qu’il a dit sur notre Parti et lasupposée admiration qu’il dit avoir pour lui,tout ce ci nous révèle simplement la lutte àl’intérieur de l’APRA, car il ne peut pas avoir

d’admiration pour nous, lui un boucher et unassassin quotidien du peuple, des combattants,des communistes. Ce ne sont que des gestesdémagogiques, des appétits effrénés en rapportavec le congrès de l’APRA et ses perspectivespolitiques, parce qu’il joue plusieurs cartes, dufait qu’il est un homme assez jeune.

A Païta, le « discours de Païta » est, ensynthèse, un discours fasciste, ouvertementfasciste ; ce n’est pas, comme on le dit, unavertissement aux parlementaires qui firent dutapage, ce qui est chose courante parmi eux etn’a rien d’extraordinaire, il n’en fut pas ainsi ;c’est un discours strictement fasciste ; GarciaPérez veut s’ériger en führer ; ce n’est pas pourrien qu’on l’appelle « conducteur » ; trèssouvent, le député Roca lui-même l’appelleainsi : « conducteur », n’est-ce pas similaire àführer ? Cela veut dire la même chose enallemand. Pour cela, je crois que c’est correct del’appeler, comme certains le font, " apprentiführer " ; mais en fin de compte, il prouve qu’ilest un vulgaire démagogue, avec de grandsappétits débridés, prêt à tout pour les satisfaire.L’égoïsme démesuré est, je crois, une de sescaractéristiques.

Pour ce qui est de mesures économiques dunouveau cabinet, bien entendu, personne n’estd’accord avec elles ; le peuple encore moins, etc’est ce qui nous intéresse. Alors se développeune double contradiction : la première avec labourgeoisie compradore pour qui les mesureséconomiques sont insuffisantes.

Elle demande au gouvernement de l’APRAdavantage de mesures et exige que soit définison plan, parce qu’il en présente un pour 18mois mais avec des lignes générales sansconcrétiser des questions importantes. (Ainsi,durant ces cinq années, l’APRA passera d’unplan d’urgence à un autre plan d’urgence puis àun nouveau plan d’urgence, d’urgence enurgence, ce qui sous-entend l’absence complètede coordination entre les plans qu’il pensaitappliquer dans son gouvernement ; je me réfèreà ses propres documents). La deuxième

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Interview du Président Gonzalo

contradiction, avec le peuple, comme il devaitévidemment lui serrer la ceinture pour que sefasse une recapitalisation. D’où et commentextraire des capitaux ?

En réduisant les salaires. Voilà, en résumé,les mesures qui créent plus de problèmes queceux existant déjà et, pendant ce temps,l’APRA continue, démagogiquement, deremettre à plus tard ce que l’ordre-même danslequel elle évolue, lui impose et ce qu’elle-mêmefait en cachette, parce qu’elle est en collusion,depuis un certain temps déjà, avec les États-Unis et avec l’impérialisme. Sa relation avec laBanque Mondiale est très claire, ses liens avec leB.I.D. aussi et ce sont les instruments, les plusutilisés aujourd’hui par les impérialistes, étantdonné le discrédit du F.M.I. , bien que laperspective soit qu’elle rentre au bercail. Ainsidonc, ces mesures économiques n’améliorent pasla situation. Elles vont l’aggraver et nous auronsune situation économique extrêmement grave etcritique, qui va s’étendre davantage encore,retombant brutalement sur les masses.

El Diario : Monsieur le Président, commentconsidérez-vous les prochaines élections, lapossibilité d’un coup d’Etat éventuellementprovoqué par Garcia lui-même ?

Président Gonzalo : Si vous me lepermettez, je vous dirai que ce qui estprimordial dans les élections, c’est de lesboycotter et, si possible, de les empêcher.Pourquoi disons-nous cela ? Qu’en tirera lepeuple ? Rien. Il ne va rien gagner avec lechangement par les élections. C’est une questiontrès claire dans l’histoire du pays.

Dans le document « Développer la GuerrePopulaire pour servir la Révolution Mondiale »,nous avons montré, nous avons démontré etpersonne ne l’a démenti, nous avons démontréque le pourcentage de voix de la « GaucheUnie » est ce qui a empêché la majorité des’exprimer contre les élections. Je crois que ladémonstration est faite ; c’est pourquoi nousavons déclaré –et les faits le démontrent- que latendance au Pérou est de ne rien attendre des

élections ni d’un nouveau gouvernement ; latendance est de refuser les élections.

Où est le problème ? Comment lerévisionnisme et l’opportunisme continuent àtrafiquer avec les élections : voilà le problème, ilvient de là. Alors le point-clé, quel serait-il ?Frapper et démasquer tout ce qu’implique unprocessus électoral, qui ne permet que larénovation d’autorités de ce vieil ordre pourri ;il ne signifie rien de plus. Ils ne vont pas nousdire que cela permet de maintenir l’espacedémocratique ; ce sont de vieilles histoires quepersonne ne va plus croire, ce sont les histoiresque nous ont racontées ceux qui aujourd’huiforment le PUM, lors de l’AssembléeConstituante, en 80.

Ils prétendaient alors qu’il y avait desespaces démocratiques, qu’il y avait unesituation pré-révolutionnaire et que, avec lapratique parlementaire en tant que tribune, onpasserait à une situation révolutionnaire, pourensuite nous dire qu’il fallait se centrer sur ladéfense de l’ordre existant. Je crois que leprincipal pour le peuple, serait que la majoritéexprime son rejet des élections, ne serait-cequ’en votant blanc, même si ce n’est que cela.C’est important parce que, de cette manière,s’exprimera alors la volonté de la masse denotre peuple, l’immense majorité qui comprenddéjà que, par cette voie électoraliste, il n’y pasde solution.

Je crois qu’ils ont voulu jouer avec lesélections en annonçant la campagne électoralepour que le peuple centre son intérêt sur lesélections. Mais nous observons que ce plan aéchoué, et cela pour deux raisons : la première,ce sont les graves problèmes que le peupleconnaît et la manière dont sa combativitéaugmente chaque jour, grâce à la GuerrePopulaire ; et la deuxième, le fait que lespropres contradictions ont transformé leursinstitutions politiques en passoires : parexemple, la Gauche Unie est un ramassis decontradictions, le dit FREDEMO en est unautre et l’APRA est une pétaudière ; il en est

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Les classiques du matérialisme dialectique

vraiment ainsi.

Et leur volonté de dévier l’attention dupeuple a échoué ; et si les conditions sont cellesd’une guerre populaire de grande perspectivecomme elles le sont réellement, tous les hommesrévolutionnaires qui veulent que ce pays setransforme, doivent pousser le peuple à rejeterce processus. C’est leur problème, pas le nôtre :à eux de voir comment ils changent leursautorités. C’est ainsi que nous voyons leschoses.

Quant à la possibilité d’un coup d’Etat dansle pays, elle est toujours latente. Mais nouspouvons voir qu’eux-mêmes prennent peurlorsque l’armée déclare ne voir aucune forcepolitique capable d’affronter la guerre populaire.Si l’armée le déclare ainsi, cela veut dire que lecoup peut avoir lieu à n’importe quel moment,mais il peut se présenter de différentes façons,c’est là un autre question. Il pourrait y avoirquelque chose de semblable à ce qui s’est passéen Uruguay avec Bordaberry, dans ce cas ceserait Garcia Pérez ; il pourrait provoquer lui-même un coup d’Etat, c’est une autre carte queGarcia Pérez a en réserve, parce qu’un coupd’Etat ferait de lui une victime et non pas unéchec politique, comme c’est son cas.

Et, comme il est jeune, d’ici peu de temps, ilpourrait revenir en martyr et défenseur de ladémocratie. C’est donc une carte supplémentairedu jeu de ce prestidigitateur démagogue. Et, sinous réfléchissons davantage, les forces arméesdevront développer une lutte contre-révolutionnaire toujours plus importante, quileur donnera plus de pouvoir. Il en est ainsi etnous pensons que la contradiction évolue dans laperspective où nous devrons nous affronter :d’un côté, la révolution, le Parti Communistedu Pérou qui dirige la guerre populaire et, del’autre, la réaction, les forces armées quidirigent la guerre contre-révolutionnaire auPérou.

El Diario : Monsieur le Président,accepteriez-vous de dialoguer avec Alan GarciaPérez ?

Président Gonzalo : Le dialogue, c’est unequestion très à la mode actuellement. Il faitaussi partie du jeu des superpuissances,particulièrement du social-impérialisme. Nousévaluons la situation de la manière suivante : ilarrive un moment où des relations et despourparlers diplomatiques s’établissent, ils sontune nécessité dans le développement d’uneguerre populaire : nous nous rappelons parexemple la réunion du Président Mao avecTchang Kaï-chek.

C’est un phénomène connu, nous l’avons vuaussi dans le cas de Vietnam ; c’est une facettedu développement d’un guerre révolutionnaire,plus encore d’une guerre populaire. Mais il fautpartir du principe que, dans les réunionsdiplomatiques, on ne signe que ce qui a étératifié sur le champ de bataille, parce quepersonne ne donne ce qu’il n’a pas perdu,évidemment cela se comprend.

Alors, on pourrait se demander : ce momentest-il arrivé au Pérou ? Non, il n’est pas arrivé,alors pourquoi proposer ce dialogue ? Ledialogue ne cherche qu’à freiner, qu’à saper laguerre populaire ; c’est son but et il n’en a pasd’autre. Et j’insiste, le critère est que le momentdes contacts et des pourparlers diplomatiquesn’est pas arrivé, n’a pas raison d’être.

D’autre part, je crois que c’est une questiondémagogique, qu’ils agitent depuis l’époque où,à partir d’une proposition acceptée par unélément de la Gauche Unie, Belaunde, alorsprésident, déclarait qu’il n’y avait pasd’interlocuteur valable ; rien que des mots, aufond ce n’était que démagogie bon marché, sansrime ni raison, et cela continue aujourd’hui.

Et qui parlent de dialogue ? Lesrévisionnistes, les opportunistes et ceux quifondent des espoirs sur l’APRA, sur cet ordredémoctratico-bourgeois, sur cet ordreréactionnaire ; ce sont eux. Mais, en mêmetemps, est-ce que ce ne sont pas les mêmes quiproposent la pacification, qui proposent notredestruction ? Ceux qui proposent une manièrede mieux pacifier, c’est-à-dire de nous balayer,

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Interview du Président Gonzalo

parce que ce sont leurs rêves sombres poursatisfaire leurs appétits ? Ce sont les mêmes !Quelle coïncidence !

Donc, ce dialogue est une sinistre magouille.On pourrait en plus se demander comment ceuxqui ont signé une amnistie avec Garcia Pérez,amnistie d’ailleurs jamais respectée, peuventparler de dialogue.

Pour cette raison, selon moi, le papotage surle dialogue -je le répète- n’a en fait qu’un but :chercher à saper la guerre populaire, car il necorrespond pas à la réalité. Lorsque le momentarrivera, la guerre populaire devranécessairement développer des pourparlersdiplomatiques ; mais notre diplomatie visera laconquête du Pouvoir dans tout le pays,pleinement et complètement.

Nous ne voulons pas de Vietnam Nord et deVietnam Sud, nous ne voulons pas de Pérou duNord et de Pérou du Sud. Nous voulons un seulPérou, c’est notre condition : la reddition pleine,totale et absolue. Y sont-ils disposés ? Non, cequ’il planifient, c’est notre destruction. Aussi ledialogue n’est-il qu’une partie du plan lui-même,malgré tout son caquetage démagogique etphilistin.

El Diario : Que pensez-vous de la GaucheUnie et de sa Ligne Politique ? Quel avenirdonnez-vous à ce front révisionniste ? Quant àl’A.N.P. , Assemblée Nationale Populaire, quelleest la position du PCP ?

Président Gonzalo : Je veux être très brefà ce sujet. D’abord, il faut se demander quelleest la ligne de la Gauche Unie en ce moment.Nous ne le savons pas. On sait d’après sesdocuments antérieurs qu’elle se veut « un frontde masses à tendance socialiste » ; et elle s’estcentrée, comme de bien entendu, sur lecrétinisme parlementaire.

Au fond, qu’expriment de telles positions ?Quelque chose de bien simple : le fait de croirequ’ils peuvent prendre le gouvernement etensuite, comme ils le disent, le pouvoir ; qu’ilscomprennent donc qu’on ne prend pas l’un sans

l’autre ! De plus, c’est d’abord la prise duPouvoir, puis le gouvernement se constitue. Celavient du fait que le problème essentiel de l’État,c’est le système d’État, c’est-à-dire la dictaturequi s’exerce, la classe qui l’exerce ; et ce qui endécoule, c’est le système de gouvernement.

Le reste n’est que divagations vulgaires,propres aux révisionnistes pourris ; si nousobservons leurs propositions, ils ne sont paspour la destruction de l’État réactionnaire maispour un gouvernement qui leur permette decontinuer à faire évoluer cet ordre caduque etpourri. C’est ce qu’ils cherchent en proclamantqu’avec ce gouvernement et des réformes, ilspourront aller vers le socialisme. Et c’est, toutsimplement, du révisionnisme effréné, déjàcondamné par Lénine.

D’un autre côté, il faudra voir leurs thèsespolitiques et leur congrès. En ce qui concerneleurs thèses politiques , ils vont les publierprochainement. Je pense que dans la GaucheUnie, qui est un front, ne l’oublions pas, cequ’on observe, c’est la réédition du vieuxfrontisme électoraliste opportuniste que nousavons vu de nombreuses fois au Pérou.

Ce front est la négation d’un Parti quidirige ; et, sans un parti du prolétariat quidirige, il n’y a pas de transformation, il n’y apas de révolution. Et la révolution ne s’estjamais faite et ne se fera jamais à travers leparlement. Ils sont en train de parer denouveaux atours, de vieilles questions déjàdiscutées dans les années 60.

Comment je vois la Gauche Unie ? Enrésumé, comme un ramassis de contradictions,comme une collusion et une lutte. Qu’est-ce quiles rassemble ? La collusion, leurs appétits, lefait de suivre la voie du crétinismeparlementaire, la répétition de vieux échecs, oule fait d’être utilisés par la réaction comme unecarte, de jouer des rôles sinistres comme Ebert,le pervers et vil assassin de la révolution de1919, en Allemagne.

C’est, me semble-t-il, ce qui les unit. Qu’est-ce qui les divise ? Leurs disputes, leurs bases,

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leurs appétits, et le fait qu’ils aient plusieursmaîtres ; ils dépendent donc de l’analyse queleurs maîtres font de la situation, parce qu’il y alà des révisionnistes qui servent le P.C.U.S.,d’autres qui servent Deng, et ils dépendent dece que disent leurs maîtres ou les intermédiairesde ces maîtres ; et ce, sans compter les liensavec d’autres centres de pouvoir.

Là est la question. Ceux qui veulentréellement faire la révolution doivent réfléchirsur certaines questions. Ils ont l’obligation depenser que, s’ils sont réellement du côté de larévolution, ils doivent rompre avec ce frontismeélectoraliste rampant et inutile qui est unobstacle. En assumant leur position de classe,selon la classe qu’ils défendent, ils doiventconverger vers un front véritablementrévolutionnaire.

Qu’ils le fassent et convergent dans les faits ;il ne suffit pas d’accuser d’être sectaire, il fautprouver qu’on ne l’est pas ; et pour ce faire, ilfaut premièrement cesser d’être opportuniste,révisionniste ; et, pour d’autres, il faut cesser devouloir nous emmener sur les voies sans issue dusocial-christianisme. S’ils veulent la révolution,qu’ils démontrent et donc qu’ils expriment pardes faits, l’abandon de la voie erronée qu’ilssuivent : celle d’être à la remorque durévisionnisme soviétique et chinois. C’est lapremière chose qu’ils doivent faire ; par ailleurs,je le répète, qu’ils ne viennent pas avec despositions conduisant à des voies social-chrétiennes. Il faut qu’ils comprennentréellement le marxisme-léninisme-maoïsme,principalement le maoïsme; et, tant qu’ils ne lecomprendront pas, ils n’avanceront pas.

Qu’ils comprennent ce que veut dire faire unerévolution au moyen d’une guerre populaire,qu’ils comprennent et ouvrent les yeux, parceque la vérité est écrasante, et ils ne peuvent nierce que tout le monde voit, excepté eux. Leursappétits ne peuvent être aussi importants, qu’ilsassument clairement leurs limitations de classeet acceptent que ce soit le prolétariat qui dirigeen tant que classe, à travers un Parti

Communiste. Voilà ce qui nous intéresseprincipalement.

En ce qui concerne l’Assemblée NationalePopulaire. D’un côté, l’A.N.P est une choseintéressante ; on dit que c’est un « germe depouvoir ». Très bien, « germe de pouvoi »,disent-ils ; je me demande s’ils veulent formerdes soviets ? Sont-ils en train de rééditerl’expérience bolivienne de Juan José Torres ?Un pouvoir peut-il se créer ainsi ? Dresser cesupposé « germe de pouvoir » signifie, purementet simplement, s’opposer au Nouveau Pouvoirque nous sommes en train de construire de façonréelle et concrète.

D’un autre côté, on dit que cette A.N.P estun « front de masses ». Est-ce à dire qu’ils fontconcurrence à la Gauche Unie ? Il s’agitégalement d’un « front de masses » ; et, bienqu’ils définissent ce qu’ils sont, est-ce donc un« germe de pouvoir » ou un « front demasses » ? Que sont-ils concrètement, se posent-ils clairement la question de savoir comment seforge le pouvoir ? Et que voit-on ? Simplementque l’A.N.P. est manipulée par le révisionnisme.Des preuves à l’appui : ses arrêts de travailsuivant la direction et les dates que fixe lerévisionnisme à travers la C.G.T.P. ; ainsi donc,là aussi, c’est le révisionnisme qui est à la têteet les révolutionnaires ne peuvent pas suivre lesrévisionnistes ; ceux qui veulent réellement larévolution, je le répète, qu’ils le démontrentavec des faits !

Qu’ils comprennent d’abord qu’un processusde guerre populaire, authentiquementrévolutionnaire, est en train d’avoir lieu ici,dans ce pays. Alors, tant qu’ils ne lecomprendront pas, ils ne pourront pas jouer lerôle que de nombreuses personnes peuventassumer. Ils ont simplement de bonnesintentions ; mais, contrairement à ce qu’ilscroient, ils manquent totalement de clarté.

El Diario : Monsieur le Président, commentvoyez-vous la situation de la lutte de classes desmasses et les organisations existantes ?

Président Gonzalo : En ce qui concerne la

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Interview du Président Gonzalo

lutte de classes des masses, je voudrais partir dececi : notre peuple est héroïque; notre classe, leprolétariat, l’est encore plus ; comme toutpeuple et tout prolétariat, ils sont descombattants persévérants, opiniâtres, dans lalutte de classes. Ils n’ont jamais baissé les braset ils ne les baisseront pas jusqu’à ce que nousparvenions au communisme.

Je crois que la première chose que nousdevons faire, c’est reconnaître cette grandeur denotre peuple, de notre prolétariat ; la deuxième,c’est reconnaître, remercier, voir clairement etdire fermement que, sans leur appui, sans leursoutien, nous n’aurions rien fait ! Absolumentrien! Car ce sont les masses qui font l’histoire.Nous y croyons avec ferveur, tout comme nouscroyons au mot d’ordre « On a raison de serévolter »; c’est un autre principe-clé desmasses.

Comment voyons-nous les masses ? Avec lajoie profonde de communistes, je salue cettemobilisation croissante et montante des massesqui est en train de rééditer d’anciennes gloireset d’écrire de nouvelles pages historiques. Lesmasses sont entrées et persévéreront dans unprocessus aigu de lutte de classes.

Le pessimisme qui règne à la Gauche Unie,comme le reconnaît M. Moreno lui-même,dirigeant Patrie Rouge, ne pénétrera pas lesmasses puisque les masses ne sont paspessimistes ; rappelons-nous ce que nous dit lePrésident Mao : seuls les révisionnistes et lesopportunistes sont pessimistes ; nous, leprolétariat et les communistes, sommes toujoursoptimistes, car l’avenir nous appartient. C’estétabli historiquement pendant quepolitiquement nous poursuivons notre chemin.

Les masses ne tomberont pas dans lepessimisme, elles n’y sont d’ailleurs jamaistombées. C’est absurde, c’est les avilir. Lesmasses luttent mais, pour lutter, elles ont besoind’une direction, d’un Parti car il n’y a pas demouvement de masses qui puisse évoluer, semaintenir, et encore moins se développer, sansun parti qui les dirige.

Nous voyons avec une joie révolutionnairecomment les masses sont en train de combattre;et comment, ainsi que leurs propres actions ledémontrent, elles apprennent de celles déjàincorporées à la guerre populaire ; commentelles commencent à appliquer ce grand motd’ordre : Combattre et Résister ! Il n’est plustemps de seulement recevoir, il faut être correct,il faut aussi rendre et rendre le double afind'être doublement correct.

Je crois que les masses sont en train de lefaire en nous donnant réellement des exemplesqui laissent entrevoir la perspective brillantequ'elles-mêmes verront; car ce sont elles quifont la révolution, le Parti ne fait que lesdiriger. Je crois que c’est un principe que nousconnaissons tous, mais il n’est pas inutile de lerappeler.

En ce qui concerne les organisations, il noussemble que nous devons, aujourd’hui plus quejamais, étudier sérieusement ce que Lénineenseigna dans son œuvre « La faillite de laIIème Internationale », chapitre VIII ; il nousdit que l’État des exploiteurs, l’État bourgeois,l’État réactionnaire, permet l’existenced’organisations, pour se maintenir, vendent larévolution pour un plat de lentilles. Je crois quecette affirmation leur va comme un gant. Mais ilnous dit, en plus, que la révolution n’a rien aattendre de ces organisations ; la révolution doitcréer ses propres organisations pour développerles temps de guerre, de révolution, comme ceuxque nous sommes en train de vivre et vivronsdavantage dans l’immédiat et dans l’avenir larévolution triomphera.

En conséquence Lénine nous disait : il fautcréer de nouvelles organisations pour servir larévolution, même si nous devons passer par latête des vendeurs d’ouvriers et des traîtres à larévolution. Je crois que ce sont les paroles deLénine ; elles méritent notre grand respect àtous et elles doivent nous faire réfléchirsérieusement et profondément ; autrement, nousne servirons pas la classe, le peuple. Il fautsignaler le besoin que nous avons de contribuer

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Les classiques du matérialisme dialectique

à ce que tous assument davantage la consciencede classe.

Qu’elles vivent selon ce qu’elles sont, classeouvrière ou peuple, avec des intérêts opposés,antagoniques à ceux des exploiteurs. Qu’ellesréalisent clairement le pouvoir qu’elles ontquand elles arrêtent la production avec unegrève ; qu’elles comprennent, réalisent etconduisent une grève comme une École deguerre, comme une École de communisme etqu’elles continuent à développer leurs grèvescomme la forme principale de lutte dans ledomaine économique, ce qu’elle est de fait.

Mais dans les circonstances actuelles, il fautqu’elles soient indissolublement liées à laconquête du Pouvoir. Ainsi donc, unissons lalutte pour les revendications avec le combat,avec la guerre populaire pour la conquête duPouvoir, car c’est la défense de leurs intérêts declasse, c’est la défense des intérêts duprolétariat, du peuple ; c’est ce dont nous avonsbesoin et nous croyons que nos masses avancenttoujours plus.

Nous avons défini dans notre Parti, il y aquelque temps, ce que nous appelons la loi desmasses, la loi de l’incorporation des masses,dans la guerre, dans la révolution, telle que nousla développons et comment elle fait corps avecla réalité ; les masses s’incorporent par vagueset par bonds toujours plus grands; c’est ladirection que nous suivons et qui nouspermettra de concentrer le 90% du peuplepéruvien. Pourquoi faire ? Pour que les massesfassent triompher la révolution et culminerl’œuvre qu’elles ont entreprise, il y a 8 ans etqu’elles mènent en avant avec leur propre sang,parce que c’est d’elles, c’est de leur sein qu’estnée la révolution ; ce sont elles, les masses, quifont l’histoire, j’insiste, le Parti ne fait quediriger; voilà je crois ce qu’il en est.

El Diario : Monsieur le Président, dans quelssecteurs politiques et sociaux le PCP cherche-t-ilses alliés? Avez-vous une quelconque affinité avecquelque groupe politique du pays? L’opportunismevous accuse de sectarisme. Comment définissez-

vous votre politique de front ? Quel est le poids duParti à la campagne, sur le mouvement ouvrier,sur le peuple en général ?

Président Gonzalo : Si vous me permettezde partir en premier lieu de la façon dont nousvoyons le front, nous avons déjà dit commentnous le menons en avant; mais ce dont nousavons besoin, c’est de préciser ici comment nousconcevons le front uni dont parlait le PrésidentMao.

Disons au passage, que c’est lui qui a établiles lois du front, les six lois du front; avant lui,il n’y avait pas de telles lois. En accord avec cescritères du marxisme-léninisme-maoïsme, notreproblème est celui d’un front de classes, avec leprolétariat comme classe dirigeante, lapaysannerie comme force principale, la petitebourgeoisie comme alliée à laquelle nous devonsprêter attention, en particulier les intellectuels,car ils sont nécessaires à la révolution, commel’enseigna également le Président Mao.

Même la bourgeoisie nationale peutparticiper et participe à ce front dans descirconstances et des conditions déterminées.Voilà ce que nous entendons par front uni; cefront a une base: l’alliance ouvrière-paysanne,celle qui se forge à la campagne, celle que noussommes en train de forger, depuis déjà 8 ansaujourd’hui, les armes à la main.

Pourquoi l’alliance ouvrière-paysanne est-ellenécessaire? Parce qu’il n’y a pas d’hégémonie duprolétariat sans elle, tout cela exige un PartiCommuniste qui dirige ce front: telle est notreposition.

Nous sommes absolument opposés à lathéorie révisionniste, qu’ils appliquent enAmérique Centrale et qu’ils veulent diffuserdans d’autres endroits, affirmant que « toussont révolutionnaires », que « tous sontmarxistes », « qu’il n’y a pas besoin de PartiCommuniste qui dirige » et « qu’il suffit des’unir tous et de se baser sur un front pourconduire une révolution » ; c’est la négation dumarxisme, la négation de Marx, la négation deLénine, la négation du Président Mao ; il n’y a

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Interview du Président Gonzalo

pas de marxiste qui ait mis de côté la directiondu Parti; autrement, comment se concrétisel’hégémonie du prolétariat?

Seulement au moyen du Parti Communisteen tant que tel, c’est-à-dire, un parti marxiste-léniniste-maoïste qui serve de façon conséquenteet ferme les intérêts de la classe et défende ceuxdu peuple. C’est ainsi que nous le voyons etc’est ce que nous sommes en train dematérialiser et de développer. Pour nous, leproblème de front a un rapport avec la thèseconnue, qui dit que, le Parti étant toujours unesélection des meilleurs, étant la directionnécessaire, pas pour faire la révolution puisquece sont les masses qui la font, apparaît alors lanécessité du front pour rassembler les 90% de lapopulation, l’immense majorité. C’est cela quenous cherchons, et c’est ce que nous sommes entrain de réaliser.

A propos d’organisations, nous avons eu endiverses occasions, des relations avec desorganisations et alors nous les avons traitéescomme il se doit, d’égal à égal, et nous avonséchangé des expériences. Dans certains cas, ellesont demandé que le Parti les aide politiquement,ce que nous avons fait. Plusieurs cas se sontprésentés, mais il vaut mieux ne pas donner denoms pour l’instant.

A propos de si nous sommes sectaires ou non,excusez-nous de vous lire ce que dit le document« Développer la guerre populaire pour servir larévolution mondiale. » Ce sont les paroles denotre fondateur et nous les utilisons précisémentparce que ceux qui se disent mariáteguistesdoivent l’être véritablement. Mais on ne peutpas être continuateur de Mariátegui sans êtremarxiste-léniniste-maoïste.

Mariátegui disait : « Nous vivons une périodede grande lutte idéologique. Les hommes quireprésentent une force de rénovation nepeuvent, ni conjoncturellement, ni fortuitement,se concerter et ou se confondre avec ceux quireprésentent une force conservatrice ou derégression. Un abîme historique les sépare. Ilsparlent un langage différent et n’ont pas la

même intuition de l’histoire. »

« Je pense qu’il faut réunir les semblables etnon les contraires. Il faut assembler ceux quel’histoire veut assembler. Il faut que sesolidarisent ceux que l’histoire veut solidaires.Ceci me semble la seule entente possible. Laseule intelligence pourvue d’un sens historiqueprécis et tangible. »

« Je suis révolutionnaire, mais je crois queles hommes de pensée claire et de positiondéfinie peuvent s’entendre et s’apprécierfacilement, même s’ils se combattent. Le secteurpolitique avec lequel je ne m'entendrai jamais,est l’autre secteur, celui du réformismemédiocre, du socialisme domestique, de ladémocratie pharisaïque. »

C’est à cela que nous nous référons. Nous nesommes pas sectaires, aucune de nos actions nele démontre, mais ce que personne ne peutexiger de nous c’est que nous allions au marais.Lénine nous enseigna: si certains décident etveulent aller au marais, ils ont le droit d’y aller,mais ils n’ont pas le droit de nous y entraîneravec eux.

Lénine nous disait que nous devons suivrenotre chemin en pente raide jusqu’au sommet,et dans d’autres textes, que nous devonsaffronter la mitraille de l’ennemi, mais nouscontinuerons d’avancer. Alors nous ne sommespas sectaires, ni dogmatiques, nous sommessimplement des communistes et nous sommesattachés à ces sages paroles de Mariátegui. Nousdemandons par contre à ceux qui se vantent dele suivre, de le suivre vraiment et de le prouver.

En ce qui concerne le poids du Parti à lacampagne, ce que nous pouvons direconcrètement, c’est que la majorité de notreforce militante est paysanne, l’immensemajorité ; et notre limitation est le nombreinsuffisant d’ouvriers. Nous avons là unelimitation sérieuse mais nous faisons et nousferons plus d’efforts pour la surmonter parceque nous avons besoin de communistesprolétaires, d’ouvriers. En effet, ils noustransmettent cette résistance, cette fermeté

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d’acier qui les caractérisent en tant que classe.

Nous savons, du reste, que dans le peuple engénéral, notre force et notre retentissementaugmentent ; nous pouvons dire que l’ArméePopulaire de Guérilla est formée des masses, despaysans, des ouvriers, des intellectuels, despetits-bourgeois, cela représente des milliersd’hommes. Nous avons des centaines de ComitésPopulaires organisés en Bases d’Appui et nousexerçons un Pouvoir sur des dizaines de milliersde personnes.

Voilà notre réalité, l’influence du Parti estgrandissante et notre retentissement sur lesmasses est chaque fois plus grand ; nousappliquons ce principe comme nous le dit lemarxisme, d’éduquer le prolétariat, le peuple,les masses, avec des actions frappantes pourancrer en eux les idées. Nous croyons que noussommes en train de faire un grand bond dansnotre croissance au sein des masses, voilà ce quenous pouvons dire. Nous souhaitons, et c'estnotre tâche et une partie de notre plan, faire ungrand bond dans le travail de masses.

Les masses, dans le pays, ont besoin de ladirection du parti Communiste. Nous espérons,avec un peu plus de théorie et de pratiquerévolutionnaire, avec plus d’actions armées, plusde guerre populaire et plus de Pouvoir,atteindre le cœur-même de la classe et dupeuple et le rallier réellement à nous.Pourquoi ? Pour le servir, c’est ce que nousvoulons.

El Diario : Monsieur le Président, d’autresorganisations ou ne se définissent pas, ou parlentvaguement de révolution socialiste pour le Pérou.Quelles sont les raisons qui permettent au P.C.Pde définir les étapes de la révolution péruvienne ?Comment le P.C.P mènera la révolution socialisteet les Révolutions Culturelles Prolétariennes autriomphe et les forces contre-révolutionnaires à ladéroute ? Les Révolutions Culturelles seront-ellessimilaires à celles que développa le Président Maoen Chine ?

Président Gonzalo : Un problème capitalest de définir le caractère de la révolution.

Pour nous, selon ce que le propre Congrès duParti a établi, la révolution est démocratique.C’est en assumant le maoïsme que nous sommesparvenus à développer une compréhension unpeu plus large de la situation de notre pays.Nous considérons que la société péruvienne estune société semi-féodale et semi-coloniale surlaquelle se développe un capitalismebureaucratique et, en conséquence la révolutionest démocratique.

Nous considérons que cette révolutiondémocratique doit affronter trois montagnes :l’impérialisme principalement yankee, lecapitalisme bureaucratique et la semi-féodalité.Cette révolution démocratique exige d’engagerune guerre populaire c’est pour cela que noussommes résolus dans cette guerre populaire quinous permettra de détruire ces trois montagneset de conquérir le Pouvoir dans tout le pays,dans une perspective à notre avis pas silointaine.

Mais finalement, ceci dépend de l’importancede l’effort que nous, tous les combattants,engagerons dans la guerre populaire, mais ausside l’adhésion chaque fois plus grande que luiapporteront les masses. Nous considérons quecette révolution démocratique doit être suiviesans intermède d’une révolution socialiste.

A ce sujet nous voudrions préciser ceci,assumant ce que le Président Mao nous enseigneavec une grande clairvoyance de ce qui pouvaitsurgir: il nous dit que la révolutiondémocratique se termine le jour même de laprise du Pouvoir dans tout le payas et de lafondation de la République Populaire. Ce mêmejour, à cette même heure, commence larévolution socialiste, dans laquelle nous devonsdévelopper une dictature du prolétariat et ainsi,mener en avant les transformations de base pourle développement du socialisme.

Nous considérons qu’il existe un troisièmetype de révolution. En étudiant le PrésidentMao Zedong, et les accords du P.C.C., noussommes en train de comprendre chaque foisplus, l’importance de la grande révolution

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culturelle prolétarienne, comme continuation dela révolution sous la dictature du prolétariat, etson caractère indispensable. Sans elle larévolution ne peut pas poursuivre sa marchevers le communisme.

Nous considérons qu’il y aura des révolutionculturelles successives, mais nous pensons quecette révolution culturelle devra être spécifiée.Même si nous devons assumer la thèse duPrésident et la grandiose expérience du P.C.C.,nous devons l’appliquer à notre propre réalité;là encore, nous sommes anti-dogmatiques, nousne pouvons être mécanicistes, nous serionscontre le maoïsme. En tant que PartiCommuniste, nous pensons que notre but estunique : le communisme, mais là, et excusez-moisi je répète, nous devrons y parvenir tous sur laTerre, au risque que personne n’y arrive.

Nous sommes absolument opposés aux thèsesrévisionnistes de Khrouchtchev qui nous parlaitde communisme en U.R.S.S pour l’année 1980.Le Président Mao Zedong réaffirma une fois deplus, que nous entrerions tous au communismeou sinon personne n’y entrerait.

C’est pour cela que notre révolution estétroitement liée à la révolution mondiale. C’estnotre but final et définitif, le reste n’estqu’étapes, pas, moments. Nous pensons que laperspective pour parvenir au communisme estlointaine. La projection du président MaoZedong nous semble exacte.

El Diario : On dit que le P.C.P., avec laconquête du Pouvoir dans tout le pays,confisquera tout type de propriété. Est-ce vrai ?Comment agira-t-il face à la dette extérieure ?

Président Gonzalo : Nous voyons déjà quele Programme du Parti éclaire ces questions.Une révolution démocratique comme celle quenous sommes en train de mener en avant, viseles trois montagnes déjà mentionnées.

Cela veut dire que nous voulons rompre ladomination de l’impérialisme principalementyankee, mais en même temps nous faisons toutpour ne jamais permettre au social-impérialisme,

ni à aucune puissance impérialiste, d’exercer sadomination sur nous.

Nous sommes pour la destruction de la semi-féodalité, en appliquant le grand mot d’ordrequi continue d’être d’actualité – cela veut lapeine d’insister car tellement de choses se disentlà-dessus- « la terre à celui qui la travaille »; lePrésident Mao réaffirme ce mot d’ordre, quipour nous, entraîne la destruction de lapropriété semi-féodale et la distribution de laterre à la paysannerie sous forme de propriété,distribution principalement à la paysanneriepauvre ; et nous, nous sommes pour laconfiscation du capitalisme bureaucratique, et ilfaut le répéter encore, c’est très important,parce que cela donne au Nouveau pouvoir labase économique pour diriger l’économie et nousmettre en marche vers le socialisme.

Nous sommes contre ces trois montagnes. Ence qui concerne la bourgeoisie nationale oumoyenne, la question est de respecter ses droits:nous nous en tenons à cela, nous ne pouvonsaller plus loin ; ce serait changer le caractère dela révolution. L’idée de « confisquer toutepropriété » n’est rien de plus que fables etmensonges toujours proférés contre lescommunistes.

Comme Marx nous l’enseignamagistralement, la réaction et les ennemis de larévolution ont toujours élaboré des idées fausseset des mensonges pour s’opposer aucommunisme. Se ce grand fondateur dumarxisme dans le monde, souffrit toutes cesinfamies, tous ces mensonges et tergiversationsde ses sages propos, nous croyons que ce qui sedit contre notre parti, n’est que la continuationde vieille école réactionnaire et des ennemis dela révolution.

El Diario : Comment agira le Parti face à ladette extérieure ?

Président Gonzalo : La dette étantpropriété impérialiste, elle sera confisquée. Jecrois que nous pouvons ajouter que c'est la seulemanière de balayer réellement ce poids immensequi écrase tant de pays et appauvrit des nations

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Les classiques du matérialisme dialectique

et des peuples. C’est seulement avec larévolution, il n’y a pas d’autre forme. Tout lereste, les moyens, les critères proposés ne sontque les désirs de tirer les marrons du feu àl’impérialisme et nous pensons de plus que celacorrespond à l’expérience historique.

El Diario : Et le Parti Communiste, commentest-il en train de résoudre le problème de laterre ? Quels plans appliquent l’APRA et lePUM ?

Président Gonzalo : La question de laterre est fondamentale parce que réellement,c’est ce problème qui se résout avec larévolution démocratique, mis à part d’autresproblèmes déjà connus. Nous appliquons ladestruction des rapports semi-féodauxd’exploitation et la distribution de la terre auxpaysans pauvres, principalement, puis auxpaysans moyens, et s’il y a lieu aussi auxpaysans riches, mais de la même façon, si c’estnécessaire, nous pouvons leur retirer pour faireface à un manque de terres.

Même pour le cas des grands propriétairesfonciers, comme l’enseigna le Président, s’ilsveulent travailler, qu’ils gagnent leur pain,comme on dit, à la sueur de leur front, qu’ilsapprennent ce que signifie travailler la terre etne pas vivre simplement de la rente. Noussuivons cette politique.

La politique du Parti s’est développée dansce domaine; une des réalisations importantesque nous ayons effectuées, a été d’impulser unmouvement d’invasion des terres de grandeenvergure, dans le département de La Libertad,où furent répartis plus de 300.000 ha.,mobilisant 160.000 paysans ; en voyantl’ensemble des mobilisations que nous avonsconnues, c’est là où nous sommes parvenus àmobiliser la masse la plus nombreuse; cemouvement fut impulsé pour saper les plans del’APRA ; nous l’avons appliqué aussi à Puno etc’est nous qui avons commencé les invasions deterres même à Puno, alors que le PUM discutaitavec l’APRA le fait et la façon de le faire; c’estla réalité, pure et simple ; puis le gouvernement

s’est vu obligé d’adopter des dispositions pourPuno en particulier, dispositions qu’il n’ad’ailleurs pas appliquées. Dans ce cas commedans d’autres de la Sierra, l’APRA visait leredécoupage que proposait Morales Bermudezlors de sa présidence et la dispute avec le PUMtourna autour de comment le réaliser, si seul legouvernement le réalisait ou si les organisationsparticipaient.

Qu’ont cherché le gouvernement et le PUM?Ils ont cherché à faire baisser la pression deseaux. Nous voyons une fois de plus la répétitionde leur pratique de 1974, à l’époque de« l’Avant-Garde Révolutionnaire » avec les« prises de terre » d’Apurimac où des milliersde paysans furent mobilisés. Dans quel but ?Rester et négocier dans le cadre de la loi 17716,loi corporatiste du fascisme de Velasco, les actesde Toxama et Huancahuacho en sont la preuve.

Quelqu’un doit en répondre, il serait bon deleur rafraîchir la mémoire; servirent-ils ou non lerégime ? Ils lui ont servi parce qu’ilss’appuyaient à ce moment là sur le critère quela loi 17716 était bonne, que son erreur était den’être pas socialiste. C’est politiquementstupide, parce que la question de la terre estune revendication démocratique élémentaire,sinon il faudrait corriger le marxisme. C’est celaqu’ils ont réédité aujourd’hui, en collusion avecl’APRA. Il y a des choses qui se disentbeaucoup, mais il serait bon, vu ce qu’ils sont,qu’ils se frappent la poitrine et fassent un actede contrition, qu’ils regardent s’ils n’ont pascollaboré, y compris pratiqué la délation pourque nos forces soient frappés, qu’ils méditenttout cela !

Les faits l’ont prouvé, nous savons depuis lesannées 60, et grâce à une nouvelle étude quenous avons faite dans les années 70, que lasimple obtention de la terre, non liée à uneguerre populaire, à une lutte pour la conquêtedu Pouvoir, engendre simplement unaccouplement au système ; elle devient unsoutien de ce dernier, suit le même processusvégétatif, semi-féodal, preuves à l’appui,

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Pomacocha et Ccaccamarca, dans ledépartement d’Ayacucho ; ce sont des questionsaux quelles nous devons réfléchir ; lesexpériences d’Apurímac en 1974, les « prises deterre » de l’Avant-Garde Révolutionnaire, àquoi servirent-elles?

Elles servirent à la mise en place d’unsystème corporatiste, en développant les formesassociatives. N’était-ce pas ce que voulaitVelasco? En conséquence, il s’agit bien des’accoupler au système, de faire évoluer laféodalité, quand la question est de la raser, de ladétruire. C’est, jusqu’à ce jour, ce que necomprend pas le PUM, ce qu’il ne comprendrapas; il faudrait qu’il ait une autre idéologie,l’idéologie marxiste, pour comprendre commentconquérir et défendre la terre, les armes à lamain. Voilà ce qu’il en est.

En outre, l’APRA suit d’autres plan; enparticulier, il faut prêter une grande attention àleurs plans concernant les terres en friche de laCôte, avec les derniers décrets et les « plans dedéveloppement » proposés à tous ceux qui sontcapables d’investir, en vue de créer des produitsd’exportation.

Ceci conduit à une répartition falsifiée, à unebagarre pour les terres dans les départements deLambayeque, de la Libertad, d’Ica et sur laCôte péruvienne en général. Avec leurs dernièresdispositions, ils peuvent donner jusqu’à 450hectares ; est-ce que ce seront les pauvres quiacquerront ces terres ? Avec quel argentpourraient-ils creuser des puits tubulaires, pourextraire l’eau, par exemple ? Impossible : cesont de succulents plans dont le résultat étaitdéjà clair, c’est la répartition falsifiée des terres.

Que sont-ils donc en train de faire à laLibertad ? Au bénéfice de qui ? De l’APRA, deses dirigeants et de ses associés, parmi les quels,monsieur le ministre Remigio MoralezBermudez, partenaire de grandes entreprisesmonopolistes, joue un rôle de choix etéconomique. Cela ne bénéficie pas à lapaysannerie et à la Côte aussi, la paysannerie abesoin de terres et les terres doivent leur

appartenir. Nous avons vu dernièrement, dans ledépartement de La Libertad, le scandaleprovoqué par la demande de concession deterres à cause d’irrigations futures.

D’autres problèmes. La répartition de terresdans la forêt amazonienne : 30 mille hectares.Qui pourra les gérer ? Dionisio Romero ouquelqu’un de semblable. Il ne pourra pas lecontrôler, il les donnera encore moins à unpaysan pauvre, mais la terre est à celui qui latravaille, principalement la paysannerie pauvre.D’un autre côté, l’APRA a nettement échouédans ses plans contre-révolutionnaires pour ledit trapèze andin.

Et nous lui disons ouvertement, commed’autres le lui ont déjà signalé, que nous avonsmontré que la Sierra existait au Pérou. C’est àpartir de cela que García Perez a redécouvertson trapèze andin pour faire sa propre vitrinemais ses sinistres plans ont échoué ; ils sontdétruits et paralysés. Sinon, que dire du plan deCachi à Ayacucho inauguré par celui qui se faitpasser pour le président, allant en hélicoptère età grand renfort de propagande, pour expliquerdepuis les montagnes ce qu’il ne sait ni necomprend? Qu’en est-il du plan de Rasuwilca ?Nous l’avons détruit pour contre-subversion etparce que nous ne pouvons pas permettre queles terres ne soient pas données aux paysans quien ont besoin, principalement les paysanspauvres.

Mais je crois que d’autres questionsmériteraient d’être abordées : les rondes, lesrondes paysannes; qu’ont-ils fait de ces créationsque les masses mirent sur pied pour sedéfendre ? Des organismes qui aujourd’hui sontsous le contrôle de l’État, des forces armées etdes forces de police, voilà ce qu’il en estclairement et concrètement.

Ce sont eux, ceux de la gauche Unie, quiavec orgueil approuvèrent la fameuse loi etaujourd’hui trépignent contre le règlement decette même loi. Mais le règlement n’est que lerésultat de la loi. Si tu as approuvé la loi,supportes-en le règlement. Au fond, ce qu’ils ont

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fait, c’est simplement travailler pour ce quel’armée de terre, les forces armées exigeaient,une loi qui ratifie les groupements de massescontre-révolutionnaires ou les « comités dedéfense » qu’ils avaient montés.

Ils disaient qu’il n’y avait pas de loi derrièrelaquelle ils puissent s’abriter. C’est donc biencette loi celle qui s’appelle loi de rondespaysannes. Les forces de police les utilisent-ellesou non ? L’armée les utilise-t-elle ou non ? Lecaciquisme les utilise-t-il ou non ? Voilà laréalité ; de tout cela, ils devraient répondre, ilsdevraient nous rendre compte ; sans entrer dansles détails de leurs statuts, sont-ils réellementmarxistes ?

Sont-ils élaborés du point de vue de la classe,du peuple ? Ne renferment-ils pas un incaïsmeusé ? N’expriment-ils pas une position depersonnalisme chrétien ? Ne travaillent-ils pasen liaison avec l’Église ? Alors, pourquoipublient-ils leurs documents ? Quand je parle del’Église, je me réfère à la hiérarchieecclésiastique. Ce serait bien, quand ils aurontdu temps, du temps libre, qu’ils lisent cesrèglements, ils sont extrêmement significatifs.

Nous dénonçons aussi, le plan de l’APRA,dans le Haut Huallaga, qui sous prétexte decombattre le narco-trafic, autorise l’utilisationdes insecticides meurtriers « spike » dont lesmonopoles yankees eux-mêmes disent qu’ils sontcomme de petites bombes atomiques.

El Diario : Monsieur le Président, quellesseront les caractéristiques principales de laRépublique Populaire de Démocratie Nouvelle quevous et votre Parti Proposez ?

Président Gonzalo : Les caractéristiquessont essentiellement celles d’une dictatureconjointe; j’insiste sur ce point, parce qu’auPérou, il faut penser sérieusement à la questionde l’État et l’analyser à partir du marxisme-léninisme-maoïsme ; sur le problème de l’État,la première question qui se pose à nous, c’est laquestion du système d’État, c’est-à-dire ladictature de classe qui s’exerce ; dans notre cas,c’est une dictature conjointe. Actuellement, elle

s’exerce seulement à trois : le prolétariat, lapaysannerie et les progressistes (la petitebourgeoisie) ; la bourgeoisie nationale n’yparticipe pas, mais nous respectons ses droits,oui. Le système de gouvernement qui découle decela est un système basé sur des AssembléesPopulaires.

Comment le concrétisons-nous ?

Par des Comités et le regroupement de cesComités Populaires forme les Bases d’Appui ;l’ensemble des bases d’appui forme laRépublique Populaire de Démocratie Nouvelle,voici ce que nous sommes en train de mettre enplace et ce que nous développerons, jusqu’auterme de la révolution démocratique.

Je voudrais insister sur le fait que le Parti adécidé de « Semer le Pouvoir » pour que lepeuple commence à l’exercer, qu’il apprenne àconduire l’État, car une fois qu’il apprendra àconduire l’État, il apprendra que cet État nepeut être maintenu que par le pouvoir desarmes. On le défend de la même manière qu’onle conquiert. « Semer le Pouvoir » nous amène àsemer dans les esprits la nécessité du NouveauPouvoir, et qu’ils le voient dans les faits, C’estprécisément ce que nous sommes en train defaire.

Au niveau de la République Populaire deDémocratie Nouvelle s’accomplissent desfonctions générales de direction, de constructionet de planification; il me semble qu’on asuffisamment parlé de ce point, puisque d’autresprécisions sont déjà expliqués dans lesdocuments.

5. Politique internationale

El Diario : Monsieur le Président, parlonsmaintenant, de politique internationale. Votre butétant le communisme, comment voyez-vous lesconditions de la révolution mondiale et quelsproblèmes doivent résoudre les communistes ?

Président Gonzalo : Nous partons du faitque la révolution est la tendance principale etqu’elle continue à se développer comme l’affirmale Président Mao. Nous considérons qu’après la

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Interview du Président Gonzalo

Seconde Guerre Mondial, il n’y a pas eu destabilité, pas même une stabilité relative. Lemonde entier a été secoué par de grandestempêtes révolutionnaires, par vagues bien sûr,parce qu’il ne pouvait pas en être autrement.

Nous considérons qu’il existe troiscontradictions fondamentales, dans cettesituation en perspective où nous évoluons ! Lapremière et la principale contradiction est celleentre nations opprimées, d’un côté, etsuperpuissances et puissances impérialistes, del’autre – même si c’était une redondance, nouspréférons les énumérer ainsi pour que ce soitclair – ; une telle contradiction trouve sasolution dans la révolution démocratique, avecla guerre populaire.

Une deuxième contradiction fondamentale,c’est prolétariat-bourgeoisie ; celle-ci se règleavec des révolutions socialistes et desrévolutions culturelles prolétariennes, égalementau moyen de la guerre populaire, et j’insiste,tout en considérant le type de révolution et lesconditions spécifiques de chaque pays.

Une troisième contradiction, c’est celle entreles impérialistes, entre les superpuissances, entreles superpuissances et les puissancesimpérialistes, et entre les puissancesimpérialistes elles-mêmes ; ces contradictions,entre eux, se règlent par des agressions, desguerres impérialistes et visent à définirl’hégémonie de la domination du monde dansune Troisième Guerre Mondiale.

Pourquoi les plaçons-nous dans cet ordre?Parce que c’est ainsi que nous considérons leurordre d’importance ; nous insistons sur le faitque la contradiction nations opprimées, d’uncôté, et superpuissances impérialistes etpuissances impérialistes, de l’autre, est lacontradiction principale et qu’elle est de grandeimportance pour la révolution mondiale ; ànotre avis, cela a un rapport avec le poids desmasses dans l’histoire ; il est évident quel’immense majorité des masses qui peuplent laTerre, vivent dans les nations opprimées ; demême, il est évident que les populations des

nations opprimées s’accroissent quatre fois plusrapidement que celles vivant dans les paysimpérialistes.

Si nous appliquons le principe qui dit que cesont les masses qui font l’histoire, si nous tenonscompte du fait que la Seconde Guerre Mondialea mis les masses debout politiquement (commele reconnaissent, même les conseillersréactionnaires des États-Unis), nous pensonsqu’une guerre mondiale engendrée par lacontradiction entre les impérialistes serait unenouvelle guerre inter-impérialiste pourl’hégémonie mondiale et le partage de la Terre,donc le partage du butin ; le butin, ce sont lesnations opprimées, et donc ils seraient obligésd’occuper notre territoire pour nous dominer ;et ainsi, à nouveau, la contradiction principaleredevient la contradiction entre les massesopprimées, d’un côté, et les superpuissances etpuissances impérialistes de l’autre.

Nous y croyons fermement. Ce n’est pas,comme le disent certains, par chauvinismed’appartenir aux pays ou aux nationsopprimées ; non, ce n’est pas cela ; c’est latendance que montre l’histoire ; c’est le poids dela masse dans l’histoire et, de plus, les faits ledémontrent peu à peu que c’est avec la lutte quise livre dans les nations opprimées quel’impérialisme s’enfonce et se ruine de plus enplus ; ce sont des faits irréfutables.

Par conséquent nous considérons que cettecontradiction principale est d’une grandeimportance ; elle est décisive pour balayerl’impérialisme et la réaction de la face de laTerre à condition que la révolution mondialesoit commandée et guidée par le marxisme-léninisme-maoïsme, que se développent despartis communistes basés sur cette idéologie etque soit assumée la guerre populaire, et j’insisteencore une fois, suivant le type de révolution etles conditions spécifiques.

Pour cette raison, nous croyons que c’estd’une grande importance, cette contradictionprincipale telle que nous la posons. Il y en a quine le croient pas et pensent que, au fond, nous

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Les classiques du matérialisme dialectique

ne croyons pas à la révolution dans les paysimpérialistes ; nous croyons que ces révolutionssont une nécessité historique et que ledéveloppement de la contradiction principaleleur offre de meilleures conditions ; et que,même, une guerre mondiale créera de meilleuresconditions pour que se fasse la révolution ; etqu’elle se fera parce que c’est une nécessité.

En fin de compte, les deux grandes forces, lesdeux grandes révolutions, la révolutiondémocratique et la révolution socialiste, doiventconfluer pour que triomphe la révolution dans lemonde ; sinon , on ne pourra pas balayerl’impérialisme et la réaction de l’ensemble dumonde. Voilà ce que nous pensons.

Pou nous, quelle est la question clé ? C’estcelle du marxisme-léninisme-maoïsme, parce quele problème est d’avoir une ligne idéologique etpolitique, juste et correcte. Il ne peut ne pas yavoir une ligne politique juste et correcte s’il n’ya pas une idéologie juste et correcte ; c’est pourcela que nous croyons que la clé de tout estl’idéologie : le marxisme-léninisme-maoïsme,principalement le maoïsme.

En deuxième lieu : développer des partiscommunistes ; pourquoi ? Parce que les massessont assoiffées de révolution, elles sont prêtespour l’action et elles clament révolution ; donc,le problème ne réside pas dans les masses ; leprolétariat clame révolution ; les nationsopprimées, les peuples du monde, crientrévolution ; alors nous avons besoin dedévelopper des partis communistes ; le reste –etj’insiste- ce sont les masses qui le font ; ce sontelles qui font l’histoire et qui balayerontl’impérialisme et la réaction mondiale, avec laguerre populaire.

El Diario : Quel rôle joue l’impérialismenord-américain dans le monde ? Quelle est votreopinion sur la " guerre des étoiles " ? Que pensez-vous des plans, dits de désarmement, entre USA-URSS et d’autres pays européens ?

Président Gonzalo : En synthèse,l’impérialisme nord-américain, après la SecondeGuerre Mondiale, surgit comme gendarme de la

réaction dans le monde ; mais ensuite, ilengagea la lutte pour l’hégémonie mondiale avecle social-impérialisme. Ainsi, tous les deuxélaborent de grands plans en vue d'établir leurhégémonie. C’est à cela qu’est lié le problème dela « guerre des étoiles », ou en d’autres termesde « l’initiative de défense stratégique », sonnom officiel.

Le gouvernement nord-américain, plusparticulièrement avec Reagan, a commencé àélaborer de grands plans stratégiques,embrassant les décennies du siècle à venir ;c’est-à-dire qu’ils pensent déjà à leur survie, à lafaçon de maintenir leur hégémonie et de mettreen déroute le social-impérialisme ; dans cecadre, la « guerre des étoiles » n’est rien de plusqu’un plan qui cherche à tendre un bouclierempêchant des fusées porteuses de chargesatomiques d’atteindre leurs villes, tout en leurpermettant de se protéger s’ils déclenchent uneattaque atomique contre le social-impérialisme.

Mais tout cela n’est que plans et désirs, parceque face à un plan, il y a un autre plan ; il y apeu de temps, les soviétiques répondirent qu’il yavait différentes façons de contrecarrer leprétendu bouclier et que, de cette façon, il n’yaurait pas, par conséquent, de soi-disantinvulnérabilité des États-Unis.

Pour ce qui est des plans de désarmemententre les superpuissances, les États-Unis etl’Union Soviétique, nous devons partir de ce quele marxisme, ainsi que notre propre fondateur,nous enseigne : plus ils parlent de paix, plus ilsse préparent pour la guerre. Beaucoup deverbiage, beaucoup de démagogie trompeuseautour des plans de désarmement signés pour leretrait des fusées en Europe, des fusées àmoyenne portée ; parce que ce qu’on désarme,ce sont les fusées, c’est-à-dire le véhicule, maison conserve la charge pour l’utiliser à saconvenance. Voilà l’essence de la farce.

Les puissances européennes, évidemment, sesituent dans le cadre des deux superpuissanceset elles aimeraient empêcher que la guerre selivre en Europe, s’il devait y avoir une guerre

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Interview du Président Gonzalo

mondiale. C’est cela qu’elles voudraient, parceque au fond, leurs désirs sont les mêmes queceux du Japon : elles voudraient que les deuxtigres luttent, pour qu’ensuite l’une d’ellessurgisse en tant que grande puissance, comme lemaître suprême.

C’est de cela que rêvent le Japon,l’Allemagne Fédérale, etc. : ce sont leurs rêves.Mais une guerre mondiale se livrerait aussi enEurope, et les deux superpuissances connaissentbien ces désirs ; c’est ainsi que le problèmeentraîne des contradictions entre les puissanceset les superpuissances, contradictions qui sedéveloppent –il ne peut en être autrement- dansdes collusions et de luttes complexes.

Il est évident aussi que les puissances luttentpour concrétiser leurs rêves : le japon avec ladomination sur l’Asie et l’Amérique du Sud,l’Europe avec celle sur l’Afrique et l’AmériqueLatine ; et de là, leur action qui ne se limite pasà ces régions, de là, leurs rôles d’intermédiaires,de là, leurs politiques propres et discordantes,dans la mesure où ils défendent leurs propresintérêts.

Nous croyons que tout cela n’est que débatsdémagogiques, n’ayant pour but que de cacherde vastes plans, afin de se disputer l’hégémoniemondiale ; voilà ce que nous croyons, parce quel’impérialisme ne cessera pas d’êtreimpérialisme, jusqu’à ce que nous le balayons.Son essence ne change pas, son essence estd’exploiter et d’opprimer, de réduire les nationsà l’état de semi-colonies et si possible decolonies ; et alors, il est temps maintenant deréutiliser ces termes, ce sont des termes établisscientifiquement par Lénine.

Mais le problème est que, face à ces plans, leprincipal n’est pas simplement de lesdémasquer, mais de se préparer contre eux ; et iln’y a qu’une façon de le faire, c’est de s’ypréparer avec la guerre populaire. Le PrésidentMao nous disait : il faut se préparer et sepréparer des maintenant contre une guerreimpérialiste et principalement contre une guerreatomique ; comment allons-nous leur répondre ?

Évidemment, seulement avec la guerrepopulaire, il n’y pas d’autre forme, voilà leprincipal. Les démasquer fait partie d’unecampagne de propagande qui montre au mondeleurs sinistres et macabres plans d’énormegénocide, mais jamais cela n’arrête une guerre.Staline l’a dit clairement ; ces campagnesn’arrêtent jamais une guerre ; alors la seulechose à faire si nous voulons empêcher uneguerre, c’est de développer la révolution.Comme l’enseigne le Président Mao : soit larévolution empêche la guerre mondiale, soitcette dernière attise la révolution. Voilà, jecrois, la situation telle qu’elle se pose à nous.

El Diario : M. le Président, que pensez-vousde l’État Soviétique ? Ces derniers temps, onparle beaucoup de la Perestroïka, comment voyez-vous cette question ? Que pensez-vous desattaques visant Staline ?

Président Gonzalo : Dernièrement laPerestroïka est un thème mis à toutes lessauces. La Perestroïka, de ce que j’ai pu voir,parce que je crois qu’il faut l’étudier avecattention et voir toute la pourriturerévisionniste qu’elle renferme, fait partie decette nouvelle offensive du révisionnismecontemporain que nous, communistes,affrontons.

Gorbatchev est un révisionniste fini, de latête aux pieds. Il nous dit qu’un fait historiqued’une grande importance, en URSS, fut leXXème Congrès du PCUS, ce néfaste Congrèsau cours duquel on attaqua la dictature duprolétariat sous prétexte de combattre Staline.Il admire Khrouchtchev, le cite comme un grandhomme, audacieux, déterminé, dont le problèmefut, dit-il, de tomber dans le subjectivisme, dene pas élaborer des plans corrects, mais de plansexcessifs, inapplicables qui échouèrent.Khrouchtchev est le maître de Gorbatchev, quitire de lui des leçons, comme il en a tiré aussi deson autre maître, Brejnev, même s’il veut s’endifférencier.

De la Perestroïka, il faut tirer une questioncentrale ; Gorbatchev lui-même dit : Pérestroïka

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Les classiques du matérialisme dialectique

est un terme qui a beaucoup de significationsmais s’il nous fallait choisir « le mot quiexprime son essence avec le plus de justesse,nous dirions alors que la Perestroïka est unerévolution », mais il y en a quelques-uns qui neveulent pas le voir ainsi.

Il faut faire très attention à tout cela, cen’est pas une révolution. C’est plutôt undéveloppement de la contre-révolution, c’est undéveloppement de la restauration du capitalismeplus effréné, afin de balayer le peu qui reste etqui puisse servir à la classe et au peuple pourcombattre le social-impérialisme. Il dit : c’estune révolution parce qu’on parle d’uneaccélération au niveau économique et social,d’un changement radical et d’une marche versun nouveau type d’État. Quel serait ce nouveautype d’État ?

Ce serait un État plus effrontémentbourgeois, avec une structure d’une nouvellemodalité qu’ils n’arrivent pas encore à préciser,du fait qu’ils ne l’ont même pas définie dansleur dernière Conférence. Ils n’ont absolumentpas honte ; voilà pourquoi il est nécessaired’attirer l’attention sur ce terme, parce qu’engénéral, on dit que « la perestroïka est unerestructuration » et c’est tout ; maisGorbatchev dit que le terme qui correspondparfaitement est « révolution » et cela, c’est unedérision, un sarcasme, une duperie inouïe.

Que nous présente encore cet individu ? Ildéveloppe des positions de Khrouchtchev.Voyons le problème de la guerre. Il dit qu’uneguerre mondiale entraîne la disparition del’humanité ; dans ses propres termes : « danscette guerre il n’y aura ni vainqueurs ni vaincus,vu qu’il n’y aura pas de survivants », « sijamais un conflit nucléaire devait éclater, tousles êtres vivants seraient effacés de la surface dela Terre » et « il n’y aurait ni vainqueurs nivaincus dans un conflit nucléaire généralisé : lacivilisation mondiale périrait inévitablement. »

Mais, qu’ajoute-t-il ? Permettez-moi de direceci : « La politique doit se fonder sur desréalités. Et aujourd’hui la réalité la plus

formidable au monde réside dans les vastesarsenaux militaires, en armes conventionnellescomme nucléaires des États-Unis et de l’UnionSoviétique. Ce fait donne à nous deux pays uneresponsabilité particulière par rapport aumonde. »

De quoi parle-t-il ? Il nous dit de façoneffronté que sa puissance est basée sur lepouvoir des armes, il arbore ce pouvoirbelliqueux l’associant à celui de l’impérialismeyankee et nous dit qu’ils sont la grande réalitéde la Terre. Par conséquent, nous dépendonsd’eux. C’est cela qu’il nous propose, la politiquede superpuissances la plus effrontée et la pluseffrénée que nous ayons vue.

Mais, si une guerre atomique met en périll’humanité, une guerre conventionnelle peut dela même manière, selon lui, accomplir un butidentique du fait des instruments meurtriers etsophistiqués existant aujourd’hui ; Gorbatchevcherche donc à nous imposer la politique desoumission la plus monstrueuse, face à laquellenous arborons davantage encore le " On a raisonde se révolter " du Président Mao Zedong.

Ses élucubrations révisionnistes amènent legrand pontife russe à proposer « une penséenouvelle », attention ! « une pensée nouvelle »qui « tienne compte, au dessus des idéologies etdes différences, de l’intérêt suprême del’humanité ». Où est passé le souvenir formel ducritère de classe ? N’est-ce pas une réédition àun degré supérieur de ce que prêchaitKhrouchtchev ? Bien sûr !

Et la partie essentielle de cette « pensée »est que la guerre n’est plus la continuation de lapolitique au moyen des armes. Il dit ceci :« Classique en son temps, le précepte deClausewitz selon lequel ‘la guerre est lapoursuite de la politique par d’autres moyens’est devenu irrémédiablement démodé. Ilappartient désormais aux bibliothèques. »

Mais c’est une thèse soutenue par Lénine etreprise par le Président Mao au cours de cesiècle et c’est un principe clé dans la théoriemilitaire du prolétariat à laquelle nous nous

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Interview du Président Gonzalo

référons dans la guerre populaire.

Gorbatchev affronte donc ouvertementLénine, comme l’affronte Khrouchtchev ; et lesdites « nouvelles conditions » qui conduisent àréviser les principes du marxisme sont de vieilleshistoires qui datent du vieux révisionnisme ; etque ce nouveau gonfanon révisionniste ne seconsole pas avec ces propos : « En revanche,surgissent heureusement, aussi bien à l’Ouestqu’à l’Est, de nouvelles pensées, de nouveauxhommes qui songent déjà à se mettre d’accord,parce que la seule possibilité, c’est lacoopération ; nous, nous disons la collusionentre les deux superpuissances tant qu’il n’y apas de conditions pour qu’ils se battent dansune IIIème Guerre Mondiale, si nous ne lesbalayons pas avant.

C’est là le fond du problème ; et je croisnécessaire d’insister sur le fait de Gorbatchev,allant sinistrement contre Lénine, feint sansvergogne de s’appeler « partisan de Lénine »,d’appliquer un « retour à Lénine », et « d’avoirappris beaucoup de Lénine » ; voilà donc cequ’il nous dit et je crois que ce sont des chosestrès corrosives.

D’autre part, après avoir proposé de « baserla politique internationale sur des normesmorales et éthiques communes à tout le genrehumain », Gorbatchev dit : « Que fera-t-onalors des complexes militaro-industriels ?demandent-ils… d’abord, chaque emploi dans uncomplexe militaro-industriel coûte deux ou troisfois plus que dans l’industrie civile. On pourraitcréer trois emplois à la place. En second lieu,des aujourd’hui, des secteurs de l’économiemilitaire sont connectés avec l’économie civile,apportant beaucoup à cette dernière. Parconséquent, cela constitue un point de départpour employer leurs possibilités à des finspacifiques. En troisième lieu, l’Union Soviétiqueet les États-Unis pourraient s’accorder sur devastes programmes communs, rassemblant nosressources et nos potentiels intellectuels etscientifiques, afin de régler les problèmes lesplus divers au profit de l’humanité. »

Il carillonne donc comme Khrouchtchev et vaà l’encontre de la conception de Lénine surl’impérialisme et le processus économique ; làencore, il est anti-léniniste, il l’est en touspoints, on le voit bien dans ses critères,similaires à ceux de Deng, de séparer le parti del’État ou d’impulser la croissance économiquechaque fois plus au service de la bourgeoisie etde l’impérialisme.

Le social-impérialiste Gorbatchev, comme lesautres impérialistes, propose de combattre le ditterrorisme, il s’engage lui-même à le faire et àutiliser les Nations Unies aussi dans ce but.

Je crois finalement que ça vaut la peine dedire un mot sur la manière dont il voitl’Amérique Latine et particulièrement leNicaragua : au Nicaragua, ce qui s’est produit,selon lui, c’est qu’une dictature, celle deSomoza, à été renversée par une révolutionpopulaire. Il ratifie alors les critères qui ontguidé et guident encore le processusnicaraguayen ; c’est aussi très expressif. Et quedisent-ils de l’Amérique Latine ? Qu’eux, lesSoviétiques, n’ont aucun intérêt à perturber ladomination des États-Unis ou, comme ils disent,les relations qui existent entre les États-Unis etl’Amérique Latine. Je crois que cela nousconcerne directement.

Que veulent les sociaux-impérialistes del’URSS ? Dans la période actuelle, ils essaientde voir comment régler les problèmes urgentsdans un moment principalement de collusion etdonc, ils cherchent à contenir ou enrayer lespoints conflictuels afin de se consacrer audéveloppement de leurs systèmes économiques,tandis qu’ils continuent de préparer leurs vastesplans pour reprendre la lutte pour l’hégémoniemondiale. La collusion est transitoire, la rivalitécomme la lutte, ça c’est l’absolu.

En conclusion, la perestroïka est un sinistreplan de poursuite du révisionnismecontemporain, initié par Khrouchtchev ; il s’agitd’une nouvelle offensive contre-révolutionnairedu révisionnisme.

Quant aux attaques contre Staline,

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Les classiques du matérialisme dialectique

Khrouchtchev en proféra ; Gorbatchev aussi,mais en allant encore plus loin, réhabilitantceux que Staline condamna. Une des choses quidoivent faire beaucoup réfléchir, c’est laréhabilitation de Boukharine et d’autres.

Ils sont allés jusqu’à reconnaître leurcondition de militant ; il faudrait alors sedemander : qui manque-t-il encore ? Trotsky ?Il ne manque plus que celui-là. Les attaquesvisant Staline sont toujours les mêmes, ellessont utilisées comme prétextes pour approfondirla restauration du capitalisme, développer leursplans politiques et balayer alors tout ce quireste et qui pourrait servir au peuple pour faireà nouveau la révolution, mais c’est leur rêve etce ne sera qu’un simple rêve.

Du camarade Staline, nous pouvons direqu’on en parle beaucoup, qu’on l’attaque. Etc’est lamentable, que d’autres aussi l’attaquent,en l’accusant d’avoir commis une multituded’erreurs, en le dénigrant. Nous croyons que lecamarade Staline est un grand marxiste-léniniste. Ce que le Président Mao disait de lui,est correct.

Ses mérites et ses erreurs sont dans unrapport de sept à trois et la racine de ses erreursvenait de ses limitations dans la maîtrise de ladialectique ; mais personne ne peut nier qu’il futun grand marxiste. Les attaques de Gorbatchevet de ses acolytes contre Staline doivent pousserà la réflexion ceux qui, tout en se disantcommunistes, attaquent et dénigrent aussi lecamarade Staline. Il faut qu’ils pensentsérieusement à ces coïncidences ; ce ne sont pasque de simples attaques.

El Diario : Comment jugez-vous l’actuelledirection en Chine ? Seront-ils dans le camp de lacontre-révolution ? Quelle sera l’issue du peuplechinois ?

Président Gonzalo : L’actuelle direction dela Chine est une direction révisionniste et tenue,il est vrai, par un sinistre personnage, un vieuxrévisionniste pourri, Deng Xiao-ping ; il fut déjàdémasqué lors de la Grande RévolutionCulturelle Prolétarienne et aux yeux du monde,

il apparut tel qu’il était et continue d’être, unfieffé révisionniste, le cadet de Liou Chao-chi.

C’est Deng qui mène la Chine, celle qui futsocialiste, dans une restauration accélérée eteffrénée du capitalisme. Et il est pertinent defaire remarquer que les questions queGorbatchev soulève, Deng les avait déjàsoulevées auparavant, d’après ses conditions.

Dans quel camp se situe-t-elle ? La Chineagit comme une puissance ; voilà la politiquequ’elle développe, en collusion et en lutte avecles puissances et les superpuissances. Son rêve,c’est d’être une superpuissance le siècleprochain ; c’est cela son rêve. L’issue, dans cecas comme pour les autres, c’est la révolution, laguerre populaire.

Rappelons-nous que le Président Mao, dansla dernière partie de sa lumineuse vie, indiqua àla camarade Chiang Ching qu’elle pourraitprendre le drapeau de la révolution et le menerjusqu’au sommet. Il lui signalait : si tu neréussis pas, tu tomberas dans le précipice, toncorps se détruira, tes os se briseront, alors ilfaudra faire encore une fois la guerre deguérillas ; il nous à indiqué la solution. Cela faitpartie d’un poème ; je ne me rappelle plus trèsbien le texte, mais ce sont là les idées. Ici l’idéecentrale est qu’il faudra faire à nouveau laguerre de guérillas, la guerre populaire.

El Diario : Monsieur le Président,considérez-vous qu’il existe des pays socialistesactuellement ?

Président Gonzalo : Non, toutsimplement, je ne crois pas. Certains, parexemple, pensent que l’Albanie est socialiste. Aceux-là, je dirais que bien étudier le VIIIèmeCongrès du Parti du Travail d’Albanie, parexemple, ce serait bien ; on dit ici, que le centrede la réaction est l’impérialisme nord-américain ; et le social-impérialisme soviétiquealors ? N’y avait-il pas deux ennemis àcombattre ? ça a toujours été des paroles, mêmedans la bouche d’Hoxha, de simples paroles,parce qu’il consacra toujours plus de lignes àcombattre l’impérialisme yankee que le social-

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Interview du Président Gonzalo

impérialisme.

Ce même Congrès dit aussi que l’humanitén’a jamais été aussi près de son extermination.Il répète la même chose que les autres, ce quin’est pas simplement une coïncidence. Mais quenous propose-t-il de faire ? Concrètement lesdémasquer. Ce n’est pas la solution, le fait dedémasquer n’arrête pas une guerre mondiale ; lasolution, c’est de développer la révolution enfaisant la guerre populaire.

Et si quelqu’un voit, tout ce qui est dit là,sur les sérieux problèmes économiques qu’ilsont, il voit clairement le chemin que l’Albanie apris ; mais ce n’est pas Ramiz Alia, sondirigeant actuel, qui ouvrit la voie mais bienHoxha lui-même, en 1978.

Dans un discours face à l’électorat, il dit queen Albanie, il n’y avait pas de classesantagoniques. Nous savons très bien ce que celaentraîne car cette question a été élucidée à laperfection par le Président Mao Zedong et sinous ajoutons ses attaques lâches en directiondu Président Mao, au moment dudéveloppement du marxisme, qu’est-il ? unrévisionniste. C’est pour cela que l’Albanie n’estpas socialiste.

Si on regarde le Viet-Nam, le chemin qu’il apris, c’est celui d’un instrument de l’UnionSoviétique qui aujourd’hui appelle lesimpérialistes à l’aide, au milieu d’une économieen crise et détruite ; tant de sang, pour quoi ?C’est que là-bas il y eut un Ho Chi Minh, unindécis, comme le preuve son fameux testament,où il dit que ça lui fait mal de voir les luttes ausein du Mouvement Communiste International,alors que le problème était de se situer dans lalutte entre marxisme et révisionnisme.

Un communiste n’a d’autre solution que dese mettre du côté du marxisme ; Ho Chi Minhne le fit jamais. Ensuite arriva Le Duan, unrévisionniste pourri . De là la situation actuelledu Viet-Nam.

Pour cela je pense qu’il n’y a pas de payssocialistes aujourd’hui. Tout cela nous fait

sérieusement réfléchir, nous fait comprendre leproblème de la restauration et de la contre-restauration, qui n’est ni un problème delamentations, ni un problème de pleurnicheusesjérémiades, comme certains essaient de lepropager. Le problème est d’affronter la réalitéet de la comprendre.

Nous la comprenons si nous touchons leproblème de la restauration et de la contre-restauration que Lénine lui-même avait déjàposé et que le Président Mao développamagistralement. Aucune classe nouvelle, aucours de l’histoire, ne s’est assise d’un seul coupau Pouvoir ; elle le conquit et le perdit, lerécupéra et le perdit à nouveau, jusqu’à cequ’au milieu de grandes luttes et de disputes,elle réussisse à s’affirmer au Pouvoir. Il en va demême pour le prolétariat, mais ces classesprécédentes nous ont laissé de grandsenseignements y compris pour la constructiondu socialisme, c’est donc une expériencegrandiose.

En fin de compte, c’est le processus del’histoire, et ce qui doit nous préoccuper, c’estcomment prévenir la restauration ducapitalisme.

Toute révolution en marche doit penser,comme on nous l’enseigne, aux longues annéesdevant elle, aux longues années à venir et nousdevons être sûrs que le processus dedéveloppement du prolétariat dans la conquêtedu Pouvoir, dans l’établissement de la dictaturedu prolétariat, dans sa défense et sa conduite dela révolution, sont déjà définis ; qu’il y a déjà degrands jalons historiques et que, par conséquent,la perspective est que la classe en tirant lesleçons, va conquérir le Pouvoir, établir ladictature du prolétariat dans le monde entier ;et que le prolétariat ne sera plus renversé maisqu’il continuera son chemin de transformationjusqu’à l’extinction de l’État, au moment oùnous entrerons dans l’ère du communisme.

El Diario : Monsieur le Président, avec letriomphe de la révolution, comment sera larélation internationale du Nouvel Etat avec les

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Les classiques du matérialisme dialectique

gouvernements bourgeois, principalement avecl’État yankee et le social-impérialisme ?

Président Gonzalo : La situation estconcrète ; nous devons en finir avec ladomination de l’impérialisme yankee sur notrepays, conjurer à la fois l’introduction de ladomination du social-impérialisme, ainsi que ladomination d’une quelconque puissance quipourrait s’introduire ; voilà ce qu’il en est ensynthèse.

El Diario : Monsieur le Président, n’y aurait-il pas le danger d’un isolement total qui pourraitmettre en péril le Nouvel Etat ?

Président Gonzalo : Voilà ce que nouscroyons, nous devons suivre une voie qui nousconduise à l’affranchissement de la classe, quinous mène au communisme. Cette voie impliqueque nous maintenions notre indépendance pourmatérialiser les intérêts du prolétariat dans larévolution mondiale. Nous croyons, commechacun sait, qu’il y des luttes et descontradictions inter-impérialistes et qu’ellespeuvent être utilisées, l’acquisition de certainsressources par exemple.

Comme le marché est chaque fois plus réduitet qu’il y a une guerre commerciale concrète,nous trouverons bien quelqu’un qui puisse nousvendre des produits, bien sûr, ça nous coûterales yeux de la tête, et nous le paierons avec nosmalédictions, comme le disait Lénine.

Mais en même temps il existe de nationsopprimées, des révolutions en marche, il existeun prolétariat international, il y a des PartisCommunistes, ils nous aideront et nous avonsbeaucoup à apprendre d’eux, parce que, parl’internationalisme prolétarien, ils répondront ànotre appel, et ils seront bien reçus ; nousvoyons déjà, comment s’ouvrent des relationsentre les pays arriérés et même, comment onutilise le troc. Nous trouverons les formesappropriées.

Même si nous n’avons pas encore étudiésuffisamment ces problèmes parce que ce sontdes problèmes à venir, nous avons des

orientations générales et nous suivons ce qu’adit Lénine : Tu veux savoir ce qu’est la guerre ?Fais-la ; ayons une inépuisable confiance dans leprolétariat international, dans les nationsopprimées, dans les peuples de la Terre ; et ,plus particulièrement dans les communistes,dans les partis et dans les organisations, quelque soit leur degré de développement ; ayonsconfiance en eux et attachons-nous fermement ànotre idéologie, au marxisme-léninisme-maoïsme ; nous réussirons même si, au début,nous avançons à tâtons, nous trouverons dessolutions provisoires en réponse à unecirconstance ou un moment, jusqu’à ce que noustrouvions la solution définitive, ainsi que nousl’enseigna Lénine : aucune révolution ne peutêtre conçue entièrement, depuis soncommencement et de nombreuses fois, onmarche à l’aveuglette, à tâtons ; on trouve dessolutions transitoires momentanées, mais c’estainsi qu’on avance. Nous partons de ceci parceque notre arme fondamentale est l’idéologie.

Nous partons de Marx qui nous disait : qu’ilserait facile d’entrer dans la révolution avec lacertitude absolue de vaincre et tout le problèmeréglé, ce serait facile mais c’est n’est pas commeça la révolution. Le problème c’est de l’assumer,de la mener en avant, quels qu’en soient le coût,l’effort à fournir ; et comme ce sont les massesqui créent l’histoire, notre peuple le fera, etnous devons armer le peuple en appliquantl’armement général que nous enseigna Marx.

Alors nous défendrons notre Etat parce quenous nous maintiendrons par la force de nosarmes, parce qu’aucun Etat révolutionnaire nese maintient avec la bénédiction del’impérialisme et de la réaction. De cette façon,avec cette fermeté, cette détermination, cetteconviction que confère le marxisme-léninisme-maoïsme, le maoïsme principalement, noustrouverons des voies, des voies nouvelles.

Le Président Mao nous a enseigné que nousdevons penser de façon différente et engendrerdes formes nouvelles, c’est une questionfondamentale ; par rapport au problème

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Interview du Président Gonzalo

économique, il nous dit que la question se réduità cela : une ligne politique claire, des appareilsorganiques et un grand effort. Pour tous lesproblèmes, spécialement ceux non réglés quenous affronterons, il faut partir de la fermeconviction maoïste qui dit que, tant qu’il y ades partis communistes et des masses, tous lesmiracles sont possibles.

El Diario : Comment le PCP voit-ill’internationalisme prolétarien, aujourd’hui etdans l’avenir ?

Président Gonzalo : Premièrement commeun principe, un grand principe, j’insiste ànouveau, sur le fait que le prolétariat est uneclasse internationale et nous, les communistes,nous sommes des internationalistes, sinon nousne pourrions pas servir le communisme. NotreParti s’est toujours soucié de forger sesmilitants, les combattants et les masses dansl’internationalisme prolétarien ; les éduquerdans le marxisme-léninisme-maoïsme, au servicede la révolution mondiale et dans la lutteinlassable et inflexible, pour que le communismefleurisse sur la Terre.

Durant un certain temps, nous avions perdules liens avec d’autres partis ; postérieurement,ils se sont rétablis et de cette façon, nouscontribuons à la lutte pour le MouvementCommuniste International.

C’est ainsi que nous sommes membres duMouvement Révolutionnaire Internationaliste ceque nous considérons comme un pas vers leregroupement des authentiques communistes.Nous croyons que sa perspective est complexe,parce que, si former un Parti et le mener enavant est complexe et difficile, combien pluscomplexe encore sera d’œuvrer pour que lescommunistes, au moyen de leurs divers partis etorganisations, s’unissent. Nous savons que c’estune tâche énorme mais indispensable.

Nous croyons qu’il y en a qui apportent leursconcours, combattent, et nous combattons –dirai-je aussi - , avec toutes les limitations quenous pouvons avoir, pour servirl’internationalisme prolétarien et pour qu’il nous

unisse à nouveau, nous, les communistes dans lemonde et qu’ensemble nous luttions, pour quenotre but final prenne forme. Nous comprenonsque le problème est extrêmement complexe etdifficile, mais nous, les communistes, sommesfaits pour ce type de tâches.

El Diario : Président Gonzalo, commentanalysez-vous les diverses luttes qui se livrentaujourd’hui dans les nations opprimées, lesactions armées en Europe et les mouvementsnationalistes ?

Président Gonzalo : De nombreuses luttesse mènent dans les nations opprimées : enAfrique, en Amérique Latine, en Asie. Cettedernière est d’ailleurs de grande importance, unezone de poids dans le monde.

L’Asie doit toujours mériter de notre part,une attention toute spéciale, à cause du poids deces masses dans l’histoire, et pour ce que lemarxisme lui-même nous a enseigné. Nouscroyons que le problème des luttes dans lesnations opprimées, réside dans la carence ou ledéveloppement insuffisant des PartisCommunistes.

Oui, réellement, il y a des partis qui vontdevoir réaliser de grands apports. Nous pensonsd’ailleurs que le problème réside dans le fait quene se développent pas de guerres populaires. Parconséquent, nous pensons à la nécessité decontribuer opiniâtrement à ce que le marxisme-léninisme-maoïsme prenne le commandement etdevienne le guide de la révolution mondiale, quesur cette base, se forment et se développent depuissantes partis pour mener en avant desguerres populaires. Il nous semble que c’est celala grande limitation.

Il y a des mouvements nationalistes auMoyen Orient, concrètement en Palestine, enAfrique du Sud, etc.

Mais nous croyons que les révolutions, poursuivre réellement la voie ouverte par l’èrenouvelle commencée avec la Révolutiond’Octobre, ont besoin de développer des PartisCommunistes parce que, s’ils n’existent pas, les

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Les classiques du matérialisme dialectique

révolutions se font à moitié ; l’Afrique nous endonne de nombreux exemples, comme l’Algérie ;là, il y eut une lutte armée, très dure mais lesocialisme n’y fut pas construit, parce qu’ilmanqua un parti communiste pour diriger unevéritable lutte révolutionnaire.

Sans partis communistes se développent desmouvements nationalistes, qui cherchentsimplement à être reconnus en tant que nationspour passer de colonies à semi-colonies etcontinuer à dépendre de l’impérialisme ou, dansd’autres cas, changer de maître.

Nous l’avons vu avec divers mouvements liésà l’Angleterre ou à la France par exemple. Dansd’autres cas, se développent des luttes armées,pour que les Nations Unies règlent et définissentla situation comme à Chypre. Par conséquent laquestion n’est pas simplement celle de la luttearmée, la question fondamentale, c’est la guerrepopulaire, le Parti Communiste et le marxisme-léninisme-maoïsme ; cependant, tous cesmouvements accumulent des forces, pour lalutte contre l’impérialisme. Mais ils ne pourrontservir d’une façon radicale à le balayer que si unParti Communiste, avec la guerre populaire lesdirige.

Quant à l’Europe, nous voyons s’ydévelopper de longues luttes armées ; elles sontl’expression d’une réalité objective. Parconséquent il ne s’agit pas de condamner, maisde comprendre, d’étudier, d’analyser et de voircomme elles expriment qu’une situationrévolutionnaire existe aussi dans la vieilleEurope.

Plus encore, qu’il y a des hommes quiprennent les armes en comprenant que c’est laseule façon de conquérir le Pouvoir ; c’est uncoup dur pour le révisionnisme parce qu’enEurope même, considérée comme un de sesbastions, le révisionnisme commence à êtreabandonné. Quels que soient le niveau atteint etles problèmes en suspens, c’estincontestablement une avancée importante.

Dans certains cas, il s’agit de questionsnationales, comme en Irlande. Dans des autres,

ils se posent le problème de comment faire larévolution. Nous croyons que ces luttes doiventêtre sérieusement étudiées : la question est devoir quelle est leur idéologie, quelle politique lesguide, quelle classe elles servent, comme ellesfont face au problème des superpuissances.

Nous croyons qu’elles méritent beaucoupd’attention de notre part, surtout quand il y ades organisations qui se posent la question duretour à Mao Zedong, ou qui commencent à seposer la question de la nécessité du Parti, ou del’insuffisance de la seule lutte armée.

Alors, nous devons voir ceci comme unnouvel éveil et comprendre que de nombreuseserreurs peuvent être commises ; finalement, quin’en commet pas ? Mais ce sont elles-mêmes quitireront les leçons de leurs erreurs, comme ellessont déjà en train de le faire, et ellesavanceront, s’empareront du marxisme-léninisme-maoïsme, construiront leurs partis etferont leurs guerres populaires, selon lecaractère socialiste de leur révolution et selonleurs conditions spécifiques.

En synthèse, c’est un exemple, je le répète,qu’en Europe aussi, il y a une situationrévolutionnaire de développement inégal, qu’il ya des hommes dégoûtés du révisionnisme pourriqui, dans des conditions si difficiles, au sein desentrailles impérialistes où la lutte est complexeet dure, prennent les fusils pour changer lemonde ; comme c’est d’ailleurs la seule façon dele faire. Ceci donne plus d’espoir et permet devoir que la tendance principale c’est larévolution et que l’Europe, elle aussi, s’orientevers la révolution.

Voyons même qu’après avoir été pionniers, ilssont en train de d’ouvrir des brèches et en finde compte, d’offrir plus d’espoir ; ils méritentplus de compréhension de notre part, d’autantqu’on voit que quelques-uns se préoccupent déjàdu Parti et du retour de Mao Zedong, c’est-à-dire du retour au marxisme, pour s’en saisirdans son ensemble le marxisme-léninisme-maoïsme.

En Europe se mènent ces luttes avec, aussi

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Interview du Président Gonzalo

des limitations et des erreurs, comme danstoutes luttes ; mais nous devons les voir commeune expression de la marche irrépressible de larévolution et de comment, chaque fois plus depays et de peuples s’expriment, en prenant lesfusils, pour renverser l’ordre existant. Ilsacquièrent de l’expérience, et font route vers leParti et l’idéologie du prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme.

Pour moi, c’est un motif de joie de voir qu’enEurope la révolution commence à se frayer unchemin et quels que soient les accrochages, lesfaux pas qui puissent avoir lieu, il faut avoirconfiance dans les masses et les peuples,confiance dans le fait que, de la même façonqu’ailleurs, la révolution a lieu les armes à lamain, en suivant le marxisme, en Europe elle sefera aussi, nous devons y penser.

J’insiste sur le fait, que nous devrions voiravec une dimension historique, voir à pluslongue échéance, étudier sérieusement cesmouvements et encourager tout ce qui conduitau marxisme-léninisme-maoïsme, à forger unparti et à développer la guerre populaire.

El Diario : Quel est votre avis sur leNicaragua et sur Cuba ?

Président Gonzalo : Je voudrais redire cequ’avec des amis nous avons eu l’occasiond’échanger sur ces problèmes. Le Nicaragua afait une révolution inachevée et son problèmeest que là-bas, le Pouvoir de toute la grandebourgeoisie n’a pas été détruit ; ils se sontcentrés sur l’anti-somozisme ; je crois que c’estun problème.

Une révolution démocratique doit balayer lestrois montagnes et là-bas, cela n’a pas été fait ;par ailleurs, elle se développe avec des critèrescubanistes, réajustés ces derniers temps, et cecimène simplement à dépendre, en dernierrecours, de l’Union Soviétique. Comment le met-on en évidence ?

C’est dans les pourparlers entre lesreprésentants diplomatiques des deuxsuperpuissances qu’on traite, qu’on voit, qu’on

manie la situation du Nicaragua, ainsi que cellede l’Afghanistan ou celle du Moyen Orient ;elles sont très symptomatiques, les démarches etcontre-démarches qu’ils font, et coïncident avecles réunions et les accords entre lessuperpuissances, les mesures qui ensuite sontprises au Nicaragua, dans leur relation avec la« contra ».

Il nous semble que le Nicaragua pourcontinuer sur la bonne voie, comme le méritebien ce peuple héroïque, doit développer larévolution démocratique complètement et ceciimplique pour lui une guerre populaire ; il doitrompre le commandement de l’Union Soviétique,prendre en main son propre destin et défendreson indépendance de classe ; ceci exige un Partiet évidemment, exige de s’assujettir à laconception du prolétariat ; sinon il continuerad’être une place de l’échiquier et c’estlamentable.

Nous croyons que ce peuple a montré unegrande combativité et que son destin historiquene peut être que celui de développer larévolution comme il se doit : avec un Parti basésur le marxisme-léninisme-maoïsme et uneguerre populaire et de se développerindépendamment, sans aucune tutelle depersonne, ni de près, ni de loin.

De Cuba, concrètement je ne pourrais direque ceci : il joue un rôle au service de l’UnionSoviétique non seulement en Amérique Latine,mais en Angola aussi par exemple, et end’autres lieux.

Il est passé d’une main à une autre, d’unmaître à un autre ; processus présenté comme« un cas exceptionnel » par les cubains eux-mêmes. Il faut bien se souvenir des critèresqu’ils ont posés comme guide de leur lutte : queles classes ne sont pas bien différenciées et quece qu’il faut, en synthèse, c’est un ensemble desauveteurs pour délivrer les opprimés, descritères que, nous voyons aussi dans desdocuments qui circulent au Pérou comme lesquatre suivants, c’est le problème de ne paspartir de la lutte des classes ; en suite le fait de

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Les classiques du matérialisme dialectique

dire « révolution socialiste ou caricature derévolution », c’est dire qu’une seule révolutionest possible dans les nations opprimées ; puis unfront uni de trois classes, sans bourgeoisienationale ; la non nécessité du PartiCommuniste, c’est mettre de côté la directiondu prolétariat ; et la négation de la guerrepopulaire, en partant du rejet des bases d’appui.Ce sont là, de néfastes critères diffusés par lecubanisme.

Cuba a une haute responsabilité enAmérique, parce qu’il a été une espérance ; maisil faut se rappeler très bien ce qui se passa en70, Fidel Castro dit que la stratégie de la luttearmée avait échoué, cherchant à l’abandonner, àlaisser tomber ce que lui-même avait encouragéet soutenu. Douglas Bravo s’opposa à lui et luirépondit que ce n’était pas la stratégie qui avaitfait défaut mais plutôt la tactique castriste,mais lamentablement, après Bravo recourutaussi à l’amnistie.

Nous croyons que ces situations ont engendrébeaucoup de problèmes en Amérique. Maisaujourd’hui, ces mêmes critères réajustés selonla voix du maître social-impérialiste, sont entrain de se répandre et on les présente commeun nouveau développement révolutionnaire quise concrétiserait au Nicaragua. C’est totalementfaux.

Ce que nous devons affirmer et nousl’affirmons, c’est que l’Amérique Latine est déjàmûre pour la guerre populaire et que c’est celason chemin. L’Amérique Latine a un rôleimportant à accomplir ; n’oublions pas qu’elleest « L’arrière-cour des États-Unis », selon lesdires de l’insolent impérialisme yankee.L’Amérique Latine a aussi un rôle importantdans le monde ; elle l’accomplira si elle s’emparede l’idéologie du prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme,si elle forge des partis communistes et si ellemène à bien des guerres populaires dans lecontexte de la révolution mondiale.

Les latino-américains, nous serons, à la fin dusiècle, plus de 500 millions de personnes.

Beaucoup de choses nous unissent et même pourle fait d’être proches nous devons lutterensemble, ce qui ne veut pas dire se détacher dela révolution mondiale, car nous n’accomplironsnotre tâche qu’en tant que partie de larévolution mondiale. Mais avec l’AmériqueLatine ça ne suffit pas, le communisme est pourle monde entier ou pour personne.

El Diario : Quel est l’apport du PartiCommuniste du Pérou à la révolution mondiale ?

Président Gonzalo : Son principal apport,est de signaler le maoïsme comme nouvelle,troisième et supérieure étape du marxisme ; touten assumant, de servir et de contribuer à ce quecette idéologie prenne le commandement etdevienne le guide de la révolution mondiale.

Une question qui en découle, est de montrerla validité, la perspective très important dumaoïsme. De même, montrer qu’en comptantprincipalement sur ses propres efforts sanssuivre le commandement d’aucunesuperpuissance ni puissance impérialiste, il estpossible de faire la révolution, mais plus encoreil est nécessaire de la faire de cette façon.

Démontrer la potentialité de la guerrepopulaire qui s’exprime, malgré toutes noslimitations. Et s’il le faut, être, comme d’autresle signalent, une espérance, ce qui implique uneresponsabilité, et être une flamme pour larévolution mondiale, un exemple qui puisseservir à d’autres communistes. Ainsi noussommes en train de servir la révolutionmondiale.

6. Autres points

El Diario : Monsieur le Président, noussommes arrivés à la fin de cet entretien, plus de12 heures de conversation avec vous ; maintenant,nous aimerions parler de vous personnellement,du Dr. Abimael Guzman Reynoso. Y a-t-il euquelqu’un dans votre famille où vos amis qui aitinfluencé le développement de votre vocation et devotre capacité politique ?

Président Gonzalo : Je dirais que ce qui aforgé en moi le fait d’avancer dans cette voie, à

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Interview du Président Gonzalo

été la lutte du peuple. J’ai pu voir lacombativité du peuple d’Aréquipa lors dusoulèvement de 50, et comment la masse, devantla violence barbare d’assassinats de jeunes gens,a répondu avec une furie irrépressible, commentils se sont battus contre l’armée et l’ont faitreculer jusque dans ses casernes. L’armée dutfaire venir des forces supplémentaires pourpouvoir les écraser.

C’est un fait, pourrais-je dire, qui m’abeaucoup marqué, parce que là, après avoircompris Lénine, j’ai compris comment le peuple,la classe, quand elle s’empare des rues etmarche, fait trembler la réaction malgré tout lepouvoir qu’elle a. Un autre fait fut les luttes de56, là aussi, le peuple combattit, d’autrestrafiquèrent, et c’est ce que font la réaction etles opportunistes ; mais le peuple combattit etimposa des conditions ; il y eut des mouvementsmassifs, fortement décidés. Ces faits, entreautres, m’ont servi à comprendre le pouvoir demasses, que ce sont elles qui font l’histoire.

De plus, j’ai eu l’occasion, rétrospectivement,de vivre le soulèvement de 48 au port de Callao,voir de mes propres yeux, la bravoure, commentle peuple est généreux d’héroïsme et commentles dirigeants trafiquent. En recherchant un peudans mes souvenirs, je crois que la SecondeGuerre Mondiale m’a marqué profondément ;oui, je me souviens comme dans un rêve, biensûr un peu flou, quand la guerre commença enseptembre 1939, le tapage et les nouvellesqu’émettaient les anciens postes de radio ; je mesouviens aussi des bombardements, des grandesnouvelles ; je me rappelle aussi la fin de laguerre et comment elle fut fêtée : il y eut alorsun grand vacarme de sirènes de bateaux, declaxons, une grande joie, la fin de la SecondeGuerre Mondiale.

J’ai eu l’occasion de voir, dans les journaux,les 5 grands, comme ils les appelaient, et parmieux, le camarade Staline. Pour cela, je diraisque ces faits m’ont marqué, et l’idée du pouvoir,des masses et de la capacité transformatrice dela guerre, s’est imprimée en moi ; de manière

primaire, confuse, mais cela m’a laissé des tracesqui nous façonnent. Je crois que, comme toutcommuniste, je suis fils de la lutte de classes etdu Parti.

El Diario : A quel âge avez-vous embrassé lemarxisme ? Pendant votre vie scolaire ouuniversitaire ?

Président Gonzalo : Mon intérêt pour lapolitique commença à se développer à la fin dusecondaire, à partir des événements de l’année50 ; et des années suivantes, je me rappellequ’avec d’autres camarades de classe, nousavions formé un cercle pour l’étude des idéespolitiques ; nous avions un grand intérêt pourétudier toutes les idées politiques. Vous vousimaginez dans quel moment je me trouvais ?C’est là que j’ai commencé. Déjà à l’université,dans la lutte universitaire même, j’ai eul’occasion de vivre de grandes grèves, de grandsaffrontements entre apristes et communistes, etdes débats.

C’est ainsi que s’éveilla mon désir deconnaître des livres. Quelqu’un eut l’amabilitéde m’en prêter un ; je crois que c’était « Un pasen avant, deux pas en arrière », ça m’a plu. Apartir de là, je commençais à étudier des livresmarxistes. Ensuite, ce qui m’a beaucoupmarqué, c’est l’image du camarade Staline ; àcette époque, nous les personnes qui nousapprochions du communisme et qui réussissaientà militer, nous nous formions avec les« Questions du Léninisme » ; c’était un livre dechevet.

Je l’ai étudié comme il se doit, sérieusement,vu son importance. La vie de Stalinem’intéressa ; elle était pour nous un exemple dela révolution. J’eus des problèmes pour entrerau Parti Communiste, parce qu’il y avait uncritère absurde qui disait que, pour militer, ilfallait être fils d’ouvrier et moi, je ne l’étaispas ; mais d’autres avaient un autre critère, etainsi je pus entrer au Parti. J’ai participé à ladéfense de Staline : nous le ravir alors, c’étaitcomme nous arracher notre âme ; à cetteépoque, on diffusait davantage les œuvres de

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Les classiques du matérialisme dialectique

Staline que celles de Lénine, il en était ainsi àcette période.

Ensuite, je suis parti à Ayacucho pour desraisons de travail et pour ce que je croyais êtreun temps court, un temps court qui dura desannées ; je pensais que ça allait durer un an, vules circonstances, mais chacun propose et laclasse dispose ; la masse et le peuple font dechacun de nous beaucoup de choses. Ayacuchom’a servi à découvrir la paysannerie ; Ayacuchoétait à l’époque un village très petit ; sur unegrande partie, c’était la campagne.

Aujourd’hui encore, si on va dans lesquartiers pauvres à la sortie de la ville, ontrouve encore des paysans et à un quart d’heurede la ville, c’est déjà la campagne. Ici aussi, j’aicommencé à comprendre le Président MaoZedong, j’ai avancé dans ma compréhension dumarxisme. La lutte entre marxisme etrévisionnisme a eu beaucoup d’importance dansma formation.

Quelqu’un a eu la malchance de me prêter lafameuse Lettre Chinoise, la " Proposition ausujet de la ligne générale du MouvementCommuniste International " ; il me la prêtaitavec l’obligation de la lui rendre ; évidemment,l’appropriation était compréhensible. La lettrem’amena à approfondir la grande lutte entremarxisme et révisionnisme.

Je me suis consacré au travail du Parti et àbalayer le révisionnisme, je crois qu’ensemble,avec d’autres camarades, nous avons réussi, enlaissant de côté un ou deux, en guise de remèdecomme on dit, ils étaient déjà invariablementrévisionnistes.

Ayacucho a eu pour moi une immenseimportance, et cela a un rapport avec la voie dela révolution, et aussi avec les enseignements duPrésident Mao. Ainsi, je suis devenu marxiste etle Parti m’a façonné avec l’acier, avec patienceje crois.

El Diario : On sait que vous êtes allé enChine. Avez-vous connu le Président Mao ?

Président Gonzalo : Je n’ai pas eu cette

grande chance, j’ai seulement pu l’apercevoir deloin ; mais j’ai pu voir la reconnaissance et laprofonde affection d’un peuple envers un granddirigeant, un extraordinaire marxiste, à unsommet du marxisme. Je n’ai pas eu la chance,je le redis, de faire sa connaissance ; ladélégation à laquelle j’étais assigné, commitbeaucoup d’erreurs, de sottes arrogances. Jecrois que cela détermina le fait qu’on ne nousconcède pas ce privilège.

Oui, je suis allé en Chine ; et là, j’ai eu lapossibilité –que je souhaite à beaucoup- d’êtredans une École où on enseignait d’abord lapolitique, des questions internationales jusqu’àla philosophie marxiste ; c’étaient des coursmagistraux, donnés par des révolutionnairesconfirmés et hautement compétents, de grandséducateurs. Parmi eux, je veux citer l’éducateurqui nous enseigna le travail ouvert et clandestin,un homme qui avait voué toute sa vie au Parti,totalement. Pendant plusieurs années, il fut unexemple vivant, un éducateur extraordinaire.

Il nous apprit beaucoup de choses ; il voulutnous en enseigner davantage, mais certains s’yopposèrent car, dans la vie, il y a de tout.Ensuite, on nous enseigne des questionsmilitaires, mais on commençait toujours par lapolitique, par la guerre populaire ; puis, ontraitait de la construction des forces armées, dela stratégie et de la tactique ; et ils nousenseignaient aussi la partie pratique, sur lesembuscades, les assauts, les déplacements, lafaçon de préparer des explosifs de démolition.

Quand nous manipulions des élémentschimiques très dangereux, ils nousrecommandaient d’avoir toujours à l’espritl’idéologie, qu’elle nous rendrait capables detout faire et de le faire bien ; nous avons apprisà faire nos premières charges de démolition.Pour moi, le fait d’avoir été éduqué dans la plusgrande Ecole du marxisme qu’ait porté la Terreest un exemple, un souvenir ineffaçable, unegrande leçon et un grand pas dans maformation.

Bon, si vous voulez une anecdote, en voici

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Interview du Président Gonzalo

une : quand nous avons terminé le cours sur lesexplosifs, ils nous ont dit qu’on pouvait toutfaire exploser ; alors, dans la partie finale, nousprenions un style et il explosait ; nous nousasseyions et cela explosait aussi ; c’était uneespèce de feu d’artifice ; c’étaient des chosesparfaitement calculées pour nous montrer qu’onpouvait tout faire sauter, à condition des’ingénier à le faire.

Nous nous demandions constamment :comment allons-nous faire ceci ? cela ? Ils nousdisaient : ne vous inquiétez pas, vous avez déjàappris suffisamment, pensez que les masses sontcapables de tout et qu’elles ont un savoir-faireinépuisable ; ce que nous vous avons enseigné,les masses vont le faire et elles vont, à nouveau,vous l’enseigner ; c’est ainsi qu’ils nousparlaient. Cette École a été très utile pour maformation et pour commencer à apprécier lavaleur du Président Mao Zedong.

Puis, j’ai étudié un peu plus, j’ai cherché àappliquer et je crois que j’ai encore beaucoup àapprendre du Président Mao Zedong, dumaoïsme, de sa propre action. Non pas qu’oncherche à se comparer, simplement on fixe lesgrands sommets pour nous orienter vers nosobjectifs.

Mon séjour en Chine a été une expérienceinoubliable. J’y suis allé aussi lors d’une autreoccasion, quand la Grande Révolution CulturelleProlétarienne commençait, nous demandâmesqu’on nous explique la Pensée Mao Zedong,comme on l’appelait alors ; ils nousl’enseignèrent à nouveau ; cela m’aida àcomprendre davantage ou, plutôt, un peu plus.

Et quelque chose semble ironique : j’aicommençait à apprécier et à estimer Mariáteguien comprenant le Président Mao Zedong ;comme il nous demande d’appliquer le marxismeavec créativité, j’ai recommencé à étudierMariátegui et j’ai compris que nous avions là unmarxiste-léniniste de premier ordre, qui avaitanalysé à fond notre société. Cela sembleironique, mais c’est la vérité.

El Diario : Quel est votre sentiment en tant

qu’homme le plus recherché par les forcesrépressives de ce gouvernement ?

Président Gonzalo : Qu’on accomplit bienune responsabilité et qu’on s’efforce de mener àbien sa tâche ; le reste n’est que responsabilitéenvers la révolution, le Parti, le marxisme-léninisme-maoïsme, la classe, le peuple et lesmasses.

Nous pensons toujours que nous avons la vieau bout des doigts, autrement nous ne pourrionsêtre des communistes. En conséquence, ils ontleurs raisons ; les miennes sont celles que leParti établit. C’est vis à vis d’elles que j’espèreêtre toujours plus fidèle et plus utile, puisquenous pouvons perdre la vie au détour den’importe quel chemin ; de plus elle a un débutet une fin, un temps de plus, un temps demoins.

El Diario : Avez-vous une peur quelconque ?

Président Gonzalo : Peur ? Je crois quec’est une contradiction, avoir peur et ne pasavoir peur ; le problème est de saisir l’idéologieet de fortifier en nous le courage. C’estl’idéologie qui nous rende courageux, qui nouspermet de n’avoir pas froid aux yeux. A monavis, personne ne naît courageux ; c’est lasociété, la lutte de classes, le prolétariat, leParti et l’idéologie qui nourrissent le couragedes communistes. Quelle pourrait être la plusgrande crainte ?

Mourir ? Je crois, comme matérialiste, que lavie s’achève un jour, et ce qui prédomine enmoi, c’est l’optimisme et la conviction que latâche que j’accomplis, d’autres la continuerontjusqu’à l’accomplissement de nos tâchesdéfinitives, le communisme ; car la crainte queje pourrais avoir, serait que notre tâche ne soitpas continuée, mais cette crainte s’estompequand on a confiance dans les masses.

La pire crainte, en fin de compte, c’est den’avoir pas confiance dans les masses, de secroire indispensable, le nombril du monde, jecrois que c’est cela ; et si on est formé par leParti, avec l’idéologie du prolétariat, le maoïsme

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Les classiques du matérialisme dialectique

principalement, alors on comprend que ce sontles masses qui font l’histoire, que c’est le Partiqui fait la révolution, que la marche de l’histoireest définie, que la révolution est la tendanceprincipale. Alors, la peur s’estompe et il ne resteque la satisfaction d’être une pierre parmi lesautres pierres, qui servira à instaurer les basespour qu’un jour le communisme brille etillumine toute la Terre.

El Diario : Que fait le Président Gonzaloquand il ne s’occupe pas de politique et deguerre ? Quels livres lit-il ?

Président Gonzalo : Souvent je n’ai pas letemps de lire ce dont j’ai envie. Ce que j’aimelire ? Je lis beaucoup de biographies ; lalittérature me semble une grande expression del’art. J’aime lire par exemple Shakespeare,l’étudier aussi ; je pense qu’en l’étudiant, onrencontre des problèmes politiques, des leçonsbien claires, dans « Jules César » ou dans« Macbeth » par exemple.

La littérature me plaît mais la politiquel’emporte toujours et m’amène à rechercher lesens politique, le problème de fond, car, en finde compte, derrière chaque grand artiste, il y aun homme politique, il y a un homme de sontemps qui combat dans la lutte de classes. J’ailu aussi des romans péruviens et il m’arrive deles relire.

J’ai lu une fois un petit ouvrage de ThomasMann sur Moïse ; ensuite, nous l’avons utilisépour l’interprétation politique de la lutte quenous étions en train de livrer à cette époque.Dans une partie de cette ouvrage sur Moïse, ilest écrit qu’on peut enfreindre la loi, mais pas lanier.

Comment l’ai-je interprété ? Je le fis ainsi :enfreindre la loi, c’est se heurter au marxisme ;on peut permettre les déviations, qu’on ait desidées erronées, mais on ne peut pas tolérer lanégation du marxisme. Je crois qu’on apprendbeaucoup de choses. J’ai lu « Le monde estgrand et étrange », « Tous les sangs », et je lesai aussi étudiés.

J’aime la littérature. Avant, j’aimais lamusique, maintenant, elle me plaît moins.D’autres penchants ? Les livres de sciences.J’aime les sciences. Dans mes débuts àl’université, je m’inscrivis en Droit puisque jedevais avoir une profession ; mais la philosophieme plaisait, alors je me mis à l’étudier et c’estlà que je découvris les sciences. Alors, je me suisconsacré ardemment à étudier des questions demathématiques, de physique ; il me semble quela physique est une science extraordinaire etc’est juste quand on dit que c’est "l’aventure dela pensée". Le problème des sciences réside dansle fait que les scientifiques, dont le point dedépart est matérialiste, sont bons tant qu’ilsrestent dans le champ des sciences ; mais quandils veulent faire de la philosophie ou autrechose, s’ils ne sont pas matérialistes, ils tombentdans l’idéalisme, ce qui arriva à Einstein lui-même.

Les sciences me plaisent, elles me semblentêtre une chose extraordinaire. Je dirai que cegoût pour les sciences, on peut le trouver dansla thèse que j’ai faite pour ma maîtrise enphilosophie ; c’est une analyse du temps et del’espace selon Kant du point de vue dumarxisme, et je me suis servi des mathématiqueset de la physique. J’aimerais pouvoir la relire,parce que le temps me manque pour étudier ànouveau tout cela, mais je n’en ai même pas unexemplaire.

El Diario : Aimez-vous aussi la poésie ?

Président Gonzalo : Oui, à une époque,j’ai parcouru et étudié la poésie universelle dansune anthologie ; quelques ouvrages de poésie dela bibliothèque de l’université me le permirent.La poésie me plaît, c’est une des choses quej’admire aussi chez le Président Mao, qui étaitun poète extraordinaire. Sur la poésiepéruvienne, je peux dire que Vallejo est un desnôtres ; en plus, il était communiste.

El Diario : Certains disent que vos discoursLe Drapeau et ILA 80 sont de beaux poèmespolitiques de guerre. Qu’en dites-vous, monsieur lePrésident ?

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Interview du Président Gonzalo

Président Gonzalo : Ce que je peux vousdire, c’est que parfois, en politique, il fautlaisser s’exprimer l’âme, pour que la passion, lesentiment profond, impulse notre volonté. Dansces circonstances, c’est le cœur qui parle, commeon dit : je crois que s’y exprime la passionrévolutionnaire qui est indispensable à la guerre.Je ne saurais préciser la valeur littéraire de cesdiscours.

El Diario : Vous arrive-t-il d’être déprimé ?

Président Gonzalo : Non. Je crois que j’aiun optimisme presque organique ; je m’occupeplus de problèmes où il s’agit de compréhensiondes choses et de volonté que de problèmes desentiments et de dépression.

Je crois, au contraire, que je suis trèsoptimiste ; c’est le marxisme, le Président Mao,qui nous font comprendre que nous, les hommes,les communistes en particulier, sommesoptimistes. Toutes les fois que me trouve dansdes situations difficiles, je fais un effort pourtrouver ce qui est positif, ou je cherche le peude positif qui reste à un moment donné pour sedévelopper.

Jamais tout ne peut pas être complètement

noir, de même que tout ne peut pas êtrecomplètement rouge. Même si nous avions subiune grande défaite, ce qui ne nous est jamaisarrivé, il y aurait toujours quelque chose depositif ; le problème est de tirer la leçon et decontinuer à travailler sur ce qui est positif ; ontrouve toujours quelqu’un qui nous soutient, quinous donne la chaleur intense en nous aidantdans le combat, puisque le communisme unit.

El Diario : Avez-vous des amis ?

Président Gonzalo : Non, je n’en ai pas ;mais j’ai des camarades et je suis très fier de lesavoir.

El Diario : Monsieur le Président, nousavons atteint la fin de cet entretien.

Président Gonzalo : Nous avons travaillébeaucoup ; et je vous remercie infiniment de vosefforts, des péripéties que vous avez dûsurmonter pour que nous puissions nousrencontrer et offrir ce premier entretien. Cetentretien qui peut être présenté au peuple, parun journal comme El Diario, qui lutte avecténacité pour servir le peuple ; merci infiniment.

El Diario : Nous vous remercions, monsieurle Président.

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