le syndrome de cassandre - le phenix
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1 Fiche pédagogique réalisée par Etienne Visinet, enseignant missionné au phénix scène nationale
pôle européen de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Fiche pédagogique Le Syndrome de Cassandre
© Christophe Raynaud De Lage
Ecrit et interprété par Yann Frisch
Co-écrit par Raphaël Navarro
2 Fiche pédagogique réalisée par Etienne Visinet, enseignant missionné au phénix scène nationale
pôle européen de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
I. Découvrir le spectacle avant la représentation
Yann Frisch, clown et magicien
Biographie
Né en 1990, Yann Frisch est fasciné depuis l’enfance par les techniques et l'univers de la magie. Il se forme d’abord l’école de cirque du Lido de Toulouse où il découvre le jonglage et le clown, art auquel il se forme également par le biais de stages avec des pédagogues tels que Sky de Sela, Eric Blouet, Cedric Paga alias Ludor Citrik, Michel Dallaire. Sa rencontre en 2008 avec Raphaël Navarro et la Magie nouvelle est fondatrice pour son parcours artistique. C'est évident : la magie est son premier langage. Il intègre la Compagnie 14 :20 en 2010, d'abord en compagnonnage puis comme artiste permanent, et crée la forme courte « Baltass », numéro qu’il tourne dans le monde entier. Il est aujourd'hui le magicien le plus titré de l'histoire de la discipline : champion de France (2010/ 2011/ 2012/ 2013), d'Europe (2011). Il est champion du monde de magie depuis 2012. En 2013, il participe à la création en tant que co-auteur et interprète du spectacle « Oktobre», lauréat du dispositif Circus Next (2014). Cette même année, il fonde sa propre compagnie - L’Absente de tous bouquets - avec laquelle il crée son premier spectacle seul en scène en 2015 “le Syndrome de Cassandre”. Ibrahim Maalouf fait appel à lui, toujours en 2013, pour co-signer un spectacle programmé au 104 à Paris, avec 50 musiciens franco-libanais. En Mars 2014, Yann Frisch accompagnait la 1ère partie du nouveau concert d’Ibrahim Maalouf, « Illusions », à l’Olympia. En juin 2016, il est l’un des auteurs interprètes de “Nous, rêveurs définitifs”, au Théâtre du Rond Point, un cabaret orchestré par la compagnie 14 :20, dans lequel il présente Baltass 1, Baltass 2, et des numéros de cartomagie.
Source : site internet de la compagnie L’Absente
« Baltass », un sacré numéro
Cliquez sur l’image pour visionner la vidéo
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Sur quelles disciplines circassiennes ce numéro repose-t-il ?
Selon vous, ce numéro est-il théâtral ? Pourquoi ?
Un clown, des clowns
A partir du mot « clown », réaliser un « mur d’idées » avec les élèves afin de faire
émerger leurs représentations.
Projeter les images de clowns ci-dessous (pages 4) et demander aux élèves de les
confronter avec le « mur d’idées ».
Quels types de clowns pouvez-vous identifier ?
Quels sont leurs traits caractéristiques ?
Quelles émotions le clown peut-il susciter ? Pourquoi ?
Projeter les images tirées du spectacle Le Syndrome de Cassandre (page 5)
Comment le personnage créé par Yann Frisch se situe-t-il par rapport aux autres
personnages de clowns ?
Quels traits de caractère du personnage ces images mettent-elles en valeur ?
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Les clowns Cairoli, Portoet Carletto au Cirque Medrano vers 1930.
Duo de clowns Foottit et Chocolat,
illustration couleur de René Vincent du
sketch « L'Araignée », 1900
Cédric Paga alias Ludor Citrik
Bonaventure Gacon alias Le
Boudu
Tim Curry dans le rôle du clown
Grippe-Sous (adaptation de Ça de
Stephen King), 1990
Jack Nicholson dans le rôle du Joker
dans Batman de Tim Burton, 1989
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Le Syndrome de Cassandre / Images du spectacle
©Sylvain Frappat ©Christophe Raynaud De Lage
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Vers la représentation…
Demander aux élèves de faire une recherche sur le personnage de Cassandre dans la
mythologie grecque.
Quelle est la généalogie du personnage ?
D’où lui vient son don ?
Quelle est sa malédiction ?
A priori, quel lien peut-on faire entre ce personnage mythologique et le personnage
du clown ?
Ressources : Page Vikidia et Wikipédia, dossier d’accompagnement du spectacle.
Visionner un extrait vidéo du spectacle
Quels ressorts comiques Yann Frisch utilise-t-il pour provoquer le rire ?
Quel lien peut-on faire entre cette séquence du spectacle et la formation de magicien
de Yann Frisch ?
À l’origine… En 2010, lors d’une improvisation en public, Yann Frisch, grimé en clown, arrive
dans la salle et alerte le public d’un feu qui est en train de se propager en coulisses. La
situation est grave, le public doit sortir. Personne ne bouge, quelques rires fusent. Ce qu’il
dit ou fait n’est pas crédible, car c’est un clown.
Avertissement : le spectacle repose sur l’humour noir et un comique souvent trash. Yann
Frisch joue avec les limites de la bienséance en instaurant un rapport volontairement
provocateur avec le public. Il pousse l’un des gags à son paroxysme en baissant son
pantalon : le spectacle comporte donc une scène de nudité.
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II. Réfléchir au spectacle après la représentation
Impressions de spectateurs
Oral
A l’issue du spectacle, vous pouvez engager la discussion avec les élèves en partant de
leurs impressions de spectateurs. Pour cela, demandez à chaque élève de réfléchir à
trois adjectifs qui reflètent ce qu’il pense du spectacle. Faire un tour de table pour
recueillir les adjectifs de l’ensemble de la classe et les noter au tableau au fur et à
mesure.
Dans un deuxième temps, demandez à chacun de choisir parmi les adjectifs collectés
au tableau, les deux qui correspondent le plus à ce qu’il a ressenti et de réfléchir à une
justification de son choix en faisant référence pour chaque adjectif à un moment ou à
un élément précis de la représentation.
Revenir enfin à un temps d’échange collectif où chaque élève explique le choix des
adjectifs. Cette activité permet de mobiliser les souvenirs des élèves et ainsi d’évoquer
de nombreuses caractéristiques du spectacle.
Ecriture
En prolongement de l’activité précédente, on peut envisager de faire rédiger un article
sur le spectacle. Pour cela, on proposera tout d’abord la lecture de quelques critiques
afin de dégager les codes d’écriture : phrase d’accroche, description objective, avis
personnel… Vous pourrez utiliser la revue de presse disponible en ligne.
De la note d’intention au plateau
Lire et analyser avec les élèves la note d’intention écrite par Yann Frisch (voir ci-
dessous). On pourra tout d’abord s’intéresser à la façon dont Yann Frisch présente la
condition du clown et son rapport au spectateur pour ensuite analyser la réflexion
menée autour de l’illusion et de l’imaginaire. On peut ainsi faire le lien avec le titre du
spectacle et le personnage de Cassandre.
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La note d’intention est alors le moyen d’aborder la représentation en revenant aux
origines du projet afin d’observer comment il s’est concrétisé au plateau.
Le clown est une créature. Un phénomène. Un être pour qui le spectateur peut ressentir de l’empathie, de la
compassion, même si nous savons bien, qu’au fond, rien de tout cela n’est vrai. Car c’est un clown. Et les
clowns n’existent pas.
Le postulat de ce spectacle consiste à admettre que le clown existe dans une réalité qui lui est propre, en
périphérie de la nôtre. C’est de cette tragédie dont il s’agit : vivre à tout jamais comme une blague à deux
pattes. Le rire du spectateur, symptôme de cette tragi-comédie, est à la fois la nourriture du clown et son
drame.
La réalité du clown ressemble à notre imaginaire. Et c’est cette ressemblance qui va permettre de jouer sur
la confusion pour faire perdre au spectateur ses repères et faire sauter les barrières de ses perceptions.
L’auteur du spectacle se positionne ici clairement comme magicien : tout est permis pour faire admettre au
spectateur que sa vision des choses n’est pas une réalité objective mais bien une interprétation tronquée.
Condamné à la duperie et à la dérision, le clown se manipule, nous manipule et sans cesse sème le doute,
entraînant le spectateur avec lui dans sa chute et l’encourageant dans sa perversion.
A travers une légèreté apparente, le spectateur va progressivement perdre pied et prendre part, malgré lui,
au destin funeste du clown. Et si même les réactions des spectateurs étaient prédestinées ?
Yann Frisch
La place du spectateur
Dans ce spectacle, le rapport entre le clown et le public est un élément fondamental à
questionner avec les élèves. Dès l’entrée dans la salle, un certain malaise s’instaure :
le clown menace de s’immoler par le feu et s’amuse ensuite à imiter en les caricaturant
les réactions des spectateurs.
En observant l’image ci-dessous et en convoquant les souvenirs des élèves, on peut
repartir de la scénographie pour étudier le rapport scène / salle : le clown est en effet
enfermé, comme un lion en cage ou une bête de foire exposée au regard et aux rires
du public (un écran de tulle sépare la scène de la salle).
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Quel est le rôle du spectateur dans la représentation ?
Quel rapport le clown établit-il avec le public ?
Les couleurs du rire
Rire jaune ? Humour noir ? Les sources du comique et ses procédés sont des pistes
intéressantes pour réfléchir avec les élèves à la représentation.
On pourra leur demander de choisir une séquence du spectacle qui les a fait rire puis de
l’analyser pour identifier les ressorts du comique à l’œuvre dans le passage en question. Cette
phase de travail peut être réalisée en groupe. Une phase de mutualisation permettra ensuite
de caractériser « les couleurs du rire » dans le spectacle.
On peut envisager de prolonger cette activité en mettant Le Syndrome de Cassandre en
résonnance avec d’autres œuvres où s’exprime l’humour noir, le sarcasme et un comique qui
peut être dérangeant. On pense notamment aux textes de Pierre Desproges ou au dessinateur
Franquin et à ses Idées noires.
Finalement, on peut achever la réflexion en discutant des relations entre rire et morale et en
se demandant si le rire a des limites.