le progressiste n° 2130 final

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1 euro Le Progressiste Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire Le Progressiste “La chance de la Martinique c’est le travail des Martiniquais” - Aimé CESAIRE mercredi 12 mai 2010 - N° 2130 AU SOMMAIRE - CARTON ROUGE : KAROL AN BOUCH PA CHAJ ! (P.4) - DOSSIER : CAMILLE ET LE 22 MAI (PP. 5 À 8) - SOCIAL : RETRAITES : LE RECUL ? (PP.9-10) « LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LES MARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER) AMENDEMENT LETCHIMY SUR LES 50 PAS : UNE AVANCÉE SIGNIFICATIVE ! (P.3)

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Page 1: Le progressiste n° 2130 final

1 euro

Le ProgressisteHebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire

Le Progressiste“La chance de la Martiniquec’est le travail des Martiniquais”

- Aimé CESAIRE

mercredi 12 mai 2010 - N° 2130

AU SOMMAIRE- CARTON ROUGE : KAROL AN BOUCH PA CHAJ ! (P.4)- DOSSIER : CAMILLE ET LE 22 MAI (PP. 5 À 8)- SOCIAL : RETRAITES : LE RECUL ? (PP.9-10)

- ITW de Joseph« LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LESMARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER)

AMENDEMENT LETCHIMY SUR LES 50 PAS : UNE AVANCÉE SIGNIFICATIVE ! (P.3)

Page 2: Le progressiste n° 2130 final

E D I T O R I A L

Le Progressiste - Page 2 - mercredi 12 mai 2010

PARENTS ET ENSEIGNANTSCLAMENT TOUT HAUT : ASSEZ !

La section académique du SNES/FSU (Syndicat National des Enseignements de Seconddegré/ Fédération Syndicale Unitaire) nous a rendus destinataires dʼun communiqué depresse à première vue surprenant.

Non que les medias martiniquais ne soient pas habitués à recevoir lʼexpression du méconten-tement des usagers (et non des clients !) du SERVICE PUBLIC DʼEDUCATION face à ce quʼilfaut bien qualifier de démantèlement de lʼEcole ; les attaques incessantes et programmées delʼEtat contre ses propres administrations ne datent pas dʼhier et ne peuvent être contenues,voire repoussées, que grâce à la ténacité et à la vigilance des organisations syndicales et deparents dʼélèves.Mais là aussi, le plus souvent, les récriminations viennent du « centre », de la conurbation La-mentin-Fort-de-France ; ou, exprimé autrement, des directions départementales et/ou acadé-miques des centrales syndicales concernées.Cette fois, le 18 mai, est déposé un préavis de grève parti de la base concernant lʼensemble descollèges et lycées du bassin Nord-Atlantique : Basse-Pointe, Lorrain (lycée et collège), Marigot,Morne des Esses, Sainte-Marie (lycée + collèges Saldès et Lagrosillière), Gros-Morne, Trinitéʻcollèges de Beauséjour et Rose-St Just + lycée général.Cʼest que les promoteurs de ce mouvement que tous souhaitent ample et déterminant ontconscience que cette partie de lʼîle pâtit dʼun mal-développement et quʼelle est « condamnéejusquʼà présent à végéter. Nous considérons que lʼéducation doit être –sans artifice ou feu depaille- le moyen de sortir cette région de ses difficultés économiques et sociales », écrit la Se-crétaire académique du SNES, Françoise PARACLET.Jugeons-en : «  Le bassin Nord Atlantique, déjà fragilisé par son enclavement et une situationsocio-économique plus que délicate, voit les quelques menus moyens mis à sa disposition pourlʼéducation menacés par les réformes engagées et les restrictions budgétaires ». En effet, la prochaine rentrée de septembre sʼannonce encore plus dure à tenir, sans faire decatastrophisme : 17 classes supprimées de Basse-Pointe à Trinité, ce qui entraînera automa-tiquement des augmentations dʼeffectifs/classe (jusquʼà 29 élèves, alors quʼon se situe là enZone dʼEducation Prioritaire). Dʼoù une fragilisation accrue des équipes pédagogiques déjàmises en difficulté par la multiplication de contrats précaires chez les personnels de Vie Sco-laire.

Si lʼEtat est ainsi montré du doigt pour dénoncer la contradiction entre ses discours lénifiantset les réalités du terrain, la Région et le Département sont également interpellés par les per-sonnels et les parents : la situation du bâti dans les collèges et lycées ne laisse pas dʼinquié-ter.

Daniel COMPERE

Page 3: Le progressiste n° 2130 final

POLITIQUE

Le Progressiste - Page 3 - mercredi 12 mai 2010

UN AMENDEMENT POUR LES 50 PAS- COMMUNIQUE DE PRESSE -

Le Député Serge Letchimy par-vient à faire adopter un amen-dement important lors de

lʼexamen en seconde lecture, de laloi portant  engagement nationalpour lʼenvironnement ce jeudi 6 mai2010.

Repris par le gouvernement etadopté à lʼunanimité par lʼAssem-blée nationale, cet amendementpermet plusieurs avancées fonda-mentales dans les départementsrégions dʼoutre-mer. Elles devraienten effet faciliter la résolution desproblèmes récurrents associés à lazone dite « des 50 pas géomé-triques ».

1- Cet amendement a pour objectifdʼaccélérer les processus de régu-larisation dans la zone en question.A ce titre, les agences des 50 pasgéométriques pourront étendre

leurs compétences en matièredʼaménagement.

2- Afin de débloquer la question delʼaménagement corollaire à la ces-sion, cet amendement  prévoit undélai de dépôt des demandes decession pour 2013, pour une miseen œuvre dans un délai non défini.

3- Désormais, sur la zone, les opé-rations de résorption de lʼhabitat in-salubre (RHI) pourront êtreengagées, y compris par lesagences (ce qui nʼétait pas le cas).Les ressources des cessions et desparticipations pourront être affec-tées à lʼagence tandis que les fa-milles pourront par ailleursbénéficier des mesures de finance-ment de lʼamélioration de lʼhabitat.

4- Les agences peuvent être trans-formées en établissement publicavec des compétences en matière

dʼaménagement, ce qui assureraune continuité de lʼaction de régu-larisation des occupants sans titredans la zone des 50 pas géomé-triques.

5- Les mesures dʼaccompagne-ment des familles à faibles revenusacquis par la loi de 1996 sont main-tenues, pour les résidences princi-pales et les propriétaires-bailleurs.Pour les autres familles, il est ins-tauré une participation au finance-ment des dispositifsdʼaménagement selon les revenus.

Enfin, Serge Letchimy a insisté au-près du gouvernement pour que lesdécrets dʼapplication, ou les me-sures législatures nécessaires spé-cifiques soient arrêtés de touteurgence afin dʼinstaurer les servi-tudes dʼaccès et de passage le longdu littoral.

S. LETCHIMY AUX CANARIES

Les 6 et 7 mai derniers, le président duConseil Régional était à Las Palmas encompagnie de Jean CRUSOL, prési-dent de la Commission des AffairesEconomiques, dans le cadre dʼune ren-contre ministérielle des RUP (RégionsUltra Périphériques). Trois Etats euro-péens (Espagne, France, Portugal) etsept RUP (Açores, Canaries, Guade-loupe, Guyane, Madère, Martinique,Réunion) devaient signer un memo-randum RUP. Un précédent, intitulé«  Les RUP à lʼhorizon 2020  », avaitdéjà été signé le 14 octobre 2009 et vi-sait une stratégie communautaire ré-novée de lʼEurope envers ses Régionséloignées. Celles-ci entendent en effetsʼappuyer sur leurs indéniables atouts(positionnement géopolitique, grandediversité de ressources naturelles) pourimpulser elles-mêmes leur propre dé-veloppement et favoriser leur intégra-tion dans leur environnementgéographique, tout en étant partiesprenantes pleines et entières aux poli-tiques publiques européennes.

NAISSANCE DʼUN NOUVEAUPARTI : LE P.R.M.

Comme nous le laissions entendredans notre article « LʼUMP sabordée »(in Le Progressiste n° 2129 du 5 mai

2010), les dissidents de lʼUMP emme-nés par Mme Chantal MAIGNAN et M.Christian RAPHA ont créé le 6 mai leParti Régionaliste Martiniquais avec –disent-ils- une soixantaine de mem-bres, venus pour lʼessentiel du partisarkozyste UMP. Il se veut «  résolu-ment identitaire et progressiste tout enassumant son appartenance à la Ré-publique française ». Chantal Maignanen est la présidente, Frédéric Valère letrésorier.

DANS NOS AMERIQUES

A CUBA, GRIPPE A H1N1 : Une qua-trième semaine consécutive de vacci-nation contre le virus pandémique AH1N1 sʼest achevée le 27 avril, princi-palement dans et autour de La Ha-vane, où dans la seule semaineprécédente ont été répertoriés 87 cas.Le nombre de personnes vaccinéesavant cette dernière date atteignait854.758 sur un total prévu de1.124.000. La recrudescence observéevient –disent les laboratoires natio-naux- de personnes qui se sont mani-festées trop tardivement aprèslʼapparition de symptômes précur-seurs.- À CUBA, MAUVAISE« ZAFRA ».- Les agences de presseinternationales se sont précipitées surle mauvais chiffre annoncé avantmême la fin de la récolte : 1,5 million de

tonnes de sucre produites, le plus bas

résultat depuis environ un siècle. Les

autorités – qui ont entériné la démis-

sion du ministre de lʼéconomie su-

crière- ont accusé de ce mauvais

rendement les installations obsolètes

des « ingenios » (usines à sucre) et le

manque dʼimplication des personnels.

À TRINIDAD, RETOUR AUX URNES.-

Moins de trois ans après le dernier

scrutin, Le Premier Ministre Patrick

MANNING avait dissous le Parlement

en mars 2010, les mécontentements se

multipliant et lʼopposition sʼapprêtant à

déposer une motion de censure. Des

élections générales ont donc été

convoquées le 24 mai prochain. Les

deux principaux partis dʼopposition ( le

United National Congress et le

Congress of the People) ont fait cette

fois alliance dans les 41 circonscrip-

tions du pays pour éviter la déconve-

nue des précédentes élections qui

avaient vu la victoire de Patrick Man-

ning avec 26 sièges contre 15.

B R E V E S*** B R E V E S *** B R E V E S *** de D.C

Page 4: Le progressiste n° 2130 final

Le revoilà , Francis Carole, lʼex etéphémère Conseiller Généralde Fort-de-France, longtemps

privé de toute tribune politique et qui,histoire de se rattraper, déverse avecforce mauvaise foi, une diatribe dansle France-Antilles du 4 mai dernier.

Lʼobjet du délit : la mise en place à laRégion (enfin) dʼune démarche etdʼune méthode pour aboutir (re-enfin)à lʼEtablissement Public FoncierLocal (EPFL).

Voilà des années quʼon en parle, desannées, oui des années que nous af-firmons, élus toutes tendancesconfondues, quʼil y a urgence pourdoter la Martinique dʼun outil lui per-mettant une meilleure maîtrise desterrains remis à disposition, parexemple des bailleurs sociaux pourtenter de repartir dans une produc-tion de logements un peu plus à lahauteur des demandes.

Car lʼurgence nʼest plus à prouver !Des milliers de martiniquais espèrenttous les jours de meilleures condi-tions pour se loger et attendent dés-espérément dans les files dʼattentedes sociétés de HLM, que des condi-tions de logement décentes leur soitproposées. Des milliers, oui des mil-liers.

La Martinique, dans les années 90excellait en matière de production delogements neufs  : plus dʼun millierdʼappartements étaient chaqueannée livrés à nos compatriotes. LeConseil Général à lʼinitiative dʼun deses élus, Serge Letchimy, en avaitfait à lʼépoque, non pas une simpledéclaration dʼintention mais une vraielogique de développement, très opé-rationnel. Il existait à cette époque,une vraie Commission Logementayant à son actif de mémorables ac-tions inscrites dans une dynamiquedont la Martinique peut aujourdʼhuisʼenorgueillir.

Dès cette époque, il avait été débattuet jugé utile quʼun organisme public(à définir) devait être inventé detoutes pièces pour servir dʼinterfacepour acquérir les terrains aux meil-leures conditions pour les mettre en-suite à disposition des bailleurssociaux.Oui, mais il faut bien commencer unjour et ce jour a mis une bonne dé-cennie … à voir le jour.Des débats interminables, des décla-rations non suivies dʼeffets ont

émaillé lʼexistence à venir de cet Eta-blissement Public.

Très sensibilisé à ce problème, SergeLetchimy devenu entre temps mairede la Capitale et Président de laCacem se battait un peu seul pourremettre ce dossier au centre de nospréoccupations collectives.

La Cacem qui adopte entre autrescompétences, celle du logement, dé-cide de lancer très légitimementlʼétude du Plan Local de lʼHabitat,étape importante pour la mise enplace entre autres, dʼun Etablisse-ment Public Foncier. Mon dieu… quelsacrilège  !! Cette simple décisionavait eu pour effet de déclencher lesfoudres du Conseil Général qui avaità lʼépoque crû à un véritable raptlarvé de SES compétences. Devantun tel assaut, et pour éviter unénième « cancan », la Cacem la met-tait en sourdine et … nʼavait plus quʼàdéplorer tous les jours cette absencedʼinitiatives.

Une fois arrivé à la Région et commeannoncé dans son programme,Serge Letchimy reparle pour de vraide lʼEPFL. Le Conseil Général entretemps avait fait le premier pas et pro-duit une étude de faisabilité soumiseà la Région dès le 29 JUILLET 2009.Mais à Plateau Roy, pas lʼombre dʼundébat, pas un mot, ni en CP, ni enPlénière. PAS UNE INITIATIVE PA-TRIOTE !!!! Et pour cause, le débatsur lʼévolution institutionnelle pointaitle nez. Il fallait absolument faire lapreuve de lʼENKAYAGE total en ma-tière de maîtrise du foncier pourjustifier un changement ha-sardeux et incohérent destatut. Hors du 74, pointde salut  ! Absolu-ment !!!! Et pour cela,il fallait maintenir àtout prix ce dossiersous le coude.

Alors, fraichementsorti de sa retraitetranquille et tranquilli-sante pour tout lemonde, le sieur Ca-role dans un déliriumincompréhensible selance dans un procèsà charge contre lʼur-gence déclarée par lePrésident de sortir cedossier des tiroirs danslesquels on lʼavait en-fermé depuis le 29 juillet

2009. Et oui, Serge Letchimy avaitcommis un crime  : déclarer lʼur-gence pour une urgence reconnuedepuis une décennie.

Le code franco-français de la règlede convocation pour lequel nousnʼavions plus aucun respect surgis-sait brutalement de leurs mains in-nocentes de patriotes pour nousrappeler que nous comptions des mi-nutes dʼavance et quʼil en fallait en-core quelques unes pour être dans larègle franco-française de lʼurgence.Franchement, Carole  !!! Quellehonte !!! Mauvais procès !

Sachez, Monsieur lʼex et éphémèreConseiller Général que nous ironsjusquʼau bout de notre démarche, sa-chez le ! Nʼen déplaise à certains quiont choisi de jouer la montre, fautedʼidées, faute dʼinitiatives. Oui, nousirons jusquʼau bout car cet outil estutile à notre pays et que pour nous ilnʼa que trop tardé. Oui, vaille quevaille, coûte que coûte, nous feronstout pour quʼau plus tôt, nous puis-sions ne plus avoir honte dʼune formedʼimmobilisme sclérosante que lepays ne peut plus supporter. Oui, lanouvelle majorité installée à la Ré-gion pèsera de tout son poidspour que sorte enfin des tiroirs,une vraie détermination et unevraie dynamique au service du lo-gement social. Pas seulement dans de beaux dis-cours, Monsieur Carole. Maisaussi dans les actes !

Moin di zot an lè yo ké lasse, moindi zot !!!

Fonmi Wouj

TETE

Le Progressiste - Page 4 - mercredi 12 mai 2010

CARTON ROUGECAROLE EN BOUCHE PA CHAJ

Page 5: Le progressiste n° 2130 final

DOSSIER

Le Progressiste - Page 5 - mercredi 12 mai 2010

Chaque année, depuis prèsdʼun demi-siècle, depuis 1965exactement, date des premierscontacts suivis entre communisteset progressistes après la guerre desept ans (1956-1963) qui avaitlaissé tant de plaies mal cicatriséesentre les deux partis, à lʼapprochedu 27 avril et du 22 mai, à la de lacommémoration de lʼabolition delʼesclavage nous avions pris lʼhabi-tude dʼen débattre. Même quandnous étions mis dʼaccord au sein duFDLP (Front de Défense des Liber-tés Publiques) sur lʼorganisationmatérielle de la manifestation du27 avril qui était alors la seule ma-nifestation commune, nous pour-suivions Camille et moi ladiscussion, pendant des jours, par-fois, sans toujours parvenir à unaccord total sur lʼabolition. On trou-vera dans Questions sur lʼhistoireantillaise1, paru chez Désormeauxen 1978, lʼessentiel des débats qui

nous passionnaient alors. QSHAest une réponse à son livre Des ori-gines de la nation martiniquaise2,paru chez le même éditeur, en1974, dans la Collection Thèses etTextes.

Nous nous sommes souventaccrochés, parfois durement, sansque jamais nos divergences aient sipeu que ce soit altéré notre amitié.Au contraire. Après mon adhésionau PPM en 1982, nous avons pour-suivi, de façon beaucoup plus régu-lière et sans doute plus apaisée,pendant près dʼun quart de siècle(1982-2006) cette confrontationpermanente de nos points de vuesur un sujet qui nʼa pas cessé denous interroger et qui nous rame-nait presque toujours à la questiondes rapports entre luttes de classeset lutte de libération nationale dansun petit pays de la Caraïbe qui neressemble à aucun de ses voisins,

la Guadeloupe exceptée.

La mort brutale de Camille le14 décembre 2006, a interrompuun dialogue commencé 41 ans plustôt et qui nous a profondémentmarqué lʼun et lʼautre. Cʼest peut-être pourquoi, chaque année de-puis 2007, autour du 19 mai,lʼanniversaire de sa naissance, jerefais le vieux débat du début desannées 1970. Je relis et je revis leséchanges que nous avons eus surce sujet à propos des positionsprises par les uns et par les autres,par nos amis autant que par nosadversaires. Je les ai développés,Dix semaines qui ébranlèrent laMartinique3, à lʼoccasion du 150e

anniversaire de lʼabolition. Je les ré-sume dans un chapitre de lʼou-vrage que je lui ai consacré,Hommage à un grand Martiniquais,Camille Darsières4.

CAMILLE DARSIÈRES ET LE 22 MAILe 19 mai, jour de la Saint Yves, patron des avocats, est la date de naissance de notre regretté

Camille DARSIERES. A quelques jours de la commémoration du 22 mai, nous publions sur deuxnuméros des extraits du livre que lui a consacré son condisciple et ami,

l'historien Edoaurd DELEPINE

Page 6: Le progressiste n° 2130 final

DOSSIER

Le Progressiste - Page 6 - mercredi 12 mai 2010

Il nous a semblé quʼà lʼocca-sion du 78e anniversaire de sa nais-sance, ce pourrait être une manièrede continuer à lʼassocier à la célé-bration dʼune date quʼil a, plusquʼaucun autre, contribué à popula-riser. Voici donc quelques extraitsde ce chapitre :

I / CAMILLE DARSIÈRES ET LE

22 MAI

…Je commence par le plus inat-tendu, peut-être, pour un jeunecommuniste5. Sais-tu quʼau débutdes années 1970, Camille avait surle 22 mai des positions plusproches de celles dʼArmand Nico-las que des miennes ?

Chaque année, depuis près dʼundemi-siècle, depuis 1965 exacte-ment, date des premiers contactssuivis entre communistes et pro-gressistes après la guerre de septans (1956-1963) qui avait laissétant de plaies mal cicatrisées entreles deux partis, à lʼapproche du 27avril et du 22 mai, à la de la com-mémoration de lʼabolition de lʼes-clavage nous avions pris lʼhabitudedʼen débattre. Même quand nousétions mis dʼaccord au sein duFDLP (Front de Défense des Liber-tés Publiques) sur lʼorganisationmatérielle de la manifestation du27 avril qui était alors la seule ma-nifestation commune, nous pour-suivions Camille et moi ladiscussion, pendant des jours, par-fois, sans toujours parvenir à unaccord total sur lʼabolition. On trou-

vera dans Questions sur lʼhistoireantillaise , paru chez Désormeauxen 1978, lʼessentiel des débats quinous passionnaient alors. QSHAest une réponse à son livre Des ori-gines de la nation martiniquaise ,paru chez le même éditeur, en1974, dans la Collection Thèses etTextes.

Nous nous sommes souvent ac-crochés, parfois durement, sansque jamais nos divergences aient sipeu que ce soit altéré notre amitié.Au contraire. Après mon adhésionau PPM en 1982, nous avons pour-suivi, de façon beaucoup plus régu-lière et sans doute plus apaisée,pendant près dʼun quart de siècle(1982-2006) cette confrontationpermanente de nos points de vuesur un sujet qui nʼa pas cessé denous interroger et qui nous rame-nait presque toujours à la questiondes rapports entre luttes de classeset lutte de libération nationale dansun petit pays de la Caraïbe qui neressemble à aucun de ses voisins,la Guadeloupe exceptée.

La mort brutale de Camille le 14 dé-cembre 2006, a interrompu un dia-logue commencé 41 ans plus tôt etqui nous a profondément marquélʼun et lʼautre. Cʼest peut-être pour-quoi, chaque année depuis 2007,autour du 19 mai, lʼanniversaire desa naissance, je refais le vieuxdébat du début des années 1970.Je relis et je revis les échanges quenous avons eus sur ce sujet à pro-pos des positions prises par les unset par les autres, par nos amis au-tant que par nos adversaires. Jeles ai développés, Dix semaines quiébranlèrent la Martinique , à lʼocca-sion du 150e anniversaire de lʼabo-lition. Je les résume dans unchapitre de lʼouvrage que je lui aiconsacré, Hommage à un grandMartiniquais, Camille Darsières .

Il nous a semblé quʼà lʼoccasion du78e anniversaire de sa naissance,ce pourrait être une manière decontinuer à lʼassocier à la célébra-tion dʼune date quʼil a, plus quʼau-cun autre, contribué à populariser.Voici donc quelques extraits de cechapitre :

1 - Un défi aux Schœlchéristes ?

Quand il mʼa annoncé, au hasarddʼune banale conversation entre co-pains, quʼil allait ou quʼil avait pro-posé au Président du Cercle VictorSchœlcher, Louis Adrassé, desubstituer la date du 22 mai à celledu 27 avril pour commémorerlʼabolition de lʼesclavage à la Marti-nique, je mʼen suis dʼabord amusé.Ah bon ! Chiche !

Césaire, y compris après sa démis-sion du PCF, continuait à honorer lamémoire de Schœlcher avec unetelle ferveur quʼil me semblait im-probable quʼil pût accepter un telchangement, lui qui avait tant faitpour faire connaître Schœlcher et lasignification du 27 avril. Il y avait, àpremière vue, quelque chose dʼico-noclaste dans cette proposition. Jʼaimis du temps à comprendre quʼilnʼy avait chez Camille ni volonté derenier Schœlcher, ni volonté defaire du 22 mai la seule date com-mémorable de lʼhistoire de lʼAboli-tion. Je te joins, en fichier attaché,sa lettre 6, comme secrétaire géné-ral du PPM, à Louis Adrassé.

Pour bien comprendre lʼimportancede la proposition de Camille quiconstitue, dʼune certaine manière,une rupture avec la tradition de lagauche démocratique, le PPM com-pris, il faut se rappeler les circons-tances de lʼadoption de la date du27 avril pour célébrer lʼAbolition.Malgré lʼincontestable apport du se-crétaire général du PCM, ArmandNicolas, à une nouvelle approchedu 22 mai, nous avions continué departiciper à toutes les manifesta-tions du 27 avril (moi, en tout cas,en tant que secrétaire général de laJeunesse Communiste ou comme

Edouard DELÉPINE

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Le Progressiste - Page 7 - mercredi 12 mai 2010

DOSSIER

secrétaire du CC, jusquʼà mon ex-clusion de la direction, en décem-bre 1968)..

Je ne crois pas que la propositionde Camille était une provocationdélibérée à lʼégard des Schœlché-ristes. Cʼétait un pari ou, mieux, undéfi. Un défi à lui-même et à sonpropre parti. Cʼest dʼailleurs ainsique je lʼai ressenti et lui aussi, sansdoute.

Il connaissait bien mes positionssur la question. Cela ne lʼa pas

empêché de mʼinviter à présen-

ter le 22 mai 1971 au siège du

PPM, ce que le PCM considéracomme une agression.

Pour le premier nouveau 22 mai duPPM, il y a donc eu deux interven-tions : celle de Césaire7 au monu-ment de Joseph René-Corail (plusconnu sous le nom de Coco) à Tré-nelle et la mienne, le même soir, ausiège.

…Son invitation à un ancien militantcommuniste qui venait dʼêtre excludu PCM pour présenter le 22 maiau siège du PPM, nʼavait évidem-ment rien dʼune agression contre lePC. Elle indiquait une nouvellefaçon dʼaborder une question quʼontenait pour importante avec despoints de vue différents voire diver-gents. En tout cas, je nʼai paschangé dʼun iota mon discours surle 22 Mai que les militants commeles dirigeants du PPM semblentavoir apprécié. Je te joins, en fichierattaché, lʼarticle du Progressiste 8

paru quelques jours plus tard.

II/ CAMILLE DARSIÈRES ET LE

22 MAI

Edouard de Lépine

2 - Aux origines de la revendicationdu 27 avril

En revanche, il y avait peut-être, dumoins cʼest ce quʼil me semblait à

lʼépoque, une petite part de provo-cation dans la proposition de Ca-mille au Président du Cercle VictorSchœlcher, Louis Adrassé. Adrasséétait depuis plus de vingt ans undes plus authentiques schœlché-ristes de sa génération.

Cʼest principalement lui, avec lʼap-pui de Césaire et la complicité ac-tive de Victor Lamon, alorssecrétaire Fédéral de lʼUD-CGT(Union Départementale de laConfédération Générale des Tra-vailleurs), qui a fait adopter le 27avril comme date de la commémo-ration de lʼabolition. Il sʼagissaitdʼune réelle avancée par rapportaux positions initiales du Cercle Vic-tor Schœlcher.

27 avril ou 21 juillet ?

À la Martinique, dans le climathyper patriotique (assimilationniste)des derniers mois de la seconde

guerre mondiale, les fondateurs duCercle Victor Schœlcher (novembre1944) avaient décidé dʼorganiserchaque année, le 21 juillet, dateanniversaire de la naissance du cé-lèbre abolitionniste, une grandemanifestation en lʼhonneur deSchœlcher et dʼun autre illustreabolitionniste, lʼabbé Grégoire, «avec tout lʼéclat désirable  ».

Trente ans plus tôt, à la veille de lapremière guerre mondiale, dans unclimat tout aussi patriotique, lesGuadeloupéens avaient donnélʼexemple. Ils avaient officiellementobtenu du gouverneur Merwart luimême (juin 1914), la célébration dela « fête de Schœlcher » à la SaintVictor, avec fermeture de toutes lesadministrations et services publics.

Depuis deux décennies, peut-êtreun peu plus, en fait depuis un quartde siècle (1983) que la loi françaisenous permet de jouir sans entravesde notre 22 mai au grand jour, lesderniers, les vrais et les seuls abo-lisseurs de lʼesclavage, je veux direles nègres marrons germano-pra-tins et leurs cousins germains deRivière Pilote, font des gorgeschaudes de la moindre référenceau 27 avril et encore plus, bien en-tendu, au 21 juillet. Kimafouti Chel-chè ésa ? O là i té yé lè 22 mé ?

Jʼai même entendu dire que cʼestpour protester contre le culte deSchoelcher que le PC et lʼUD-CGTavaient voulu en quelque sorte dé-personnaliser la célébration delʼabolition, en associant ou, même,en substituant le 27 avril au 21 juil-let.

Il me semble que, dans lʼesprit deCésaire au moins, le choix du 27avril, nʼexcluait pas le 21 juillet. As-tu noté que son premier grand dis-cours politique date du 21 juillet1945, un mois et demi après sonélection à la Mairie de Fort deFrance et quʼil sʼagit dʼun hommageà Schœlcher ?

Que son premier article sur cettequestion dans le journal de sonParti, Le Progressiste, est du 19Juillet 1958, 4 mois après la créa-tion du PPM et de son journal ?

Que dans son discours du 17 dé-cembre 1982, à lʼAssemblée Natio-nale, qui demande augouvernement de fixer au 22 mai lacommémoration officielle de lʼaboli-tion à la Martinique, contient un re-marquable hommage àSchœlcher ?

Tout au plus peut-on noter que lechoix du 27 avril impliquait une ré-férence plus évidente au caractèrerévolutionnaire de lʼAbolition. Tousles textes de Césaire, y compriscelui du 22 mai 1971 sur cettequestion, insistent sur lʼidée quelʼintervention de Schœlcher avaitété sans doute essentielle mais

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DOSSIER

Le Progressiste - Page 8 - mercredi 12 mai 2010

quʼelle nʼavait pu aboutir que dansle contexte de lʼaction révolution-naire victorieuse des masses pari-siennes insurgées en février 1848.

Plus récemment, malgré lʼénormepression-politico médiatique contretout ce qui peut rappeler les méritesde Victor Schoelcher, Camille atenu à sʼassocier à la manifestationque jʼai organisée, avec une poi-gnée dʼincorrigibles Schœlché-ristes, à la Bibliothèque Schœlcherle 27 avril 2006.

Nous avions conçu ce rappel delʼimportance historique du 27 avril,en 2006, pas au nom dʼun pré-tendu devoir de mémoire, maispour affirmer que la mémoire nʼa devaleur éducative et mobilisatrice delʼénergie nationale quʼà la conditionde respecter, aussi rigoureusementque possible, la vérité historique.

. Au fait, sais-tu quʼà Gorée, au Sé-

négal, lʼun des plus célèbres

hauts lieux de la traite, le maire

de la ville continue de célébrer le

27 avril, comme la date de lʼabo-

lition de lʼesclavage ?

Les vraies raisons du choix du

27 avril par notre mouvement ou-

vrier

Le choix dʼune date pour commé-morer un événement est parfoismoins idéologique que ne le croientles historiens. Depuis quelques an-nées, tout se passe comme si le 22

mai nous avait fait tout oublier,comme si en particulier ceux qui ontété à lʼorigine du choix du 27 avrilpour commémorer lʼabolition, enéprouvaient quelque gêne et peut-être même quelque honte.

Le PC a été le principal auteur in-tellectuel de la célébration du 27avril, ce qui nous semble tout à sonhonneur, et pas seulement du 27avril dʼailleurs mais aussi du 21 juil-let, date anniversaire de la nais-sance de Schœlcher. Le PC avaitlui aussi souhaité faire du 21 juilletune journée chômée et payée. Lessyndicats ouvriers sʼaperçurentassez vite des limites pratiquesdʼune revendication alors purementaffective.

Cʼest Victor Lamon, alors secrétairegénéral de lʼUD-CGT, qui mʼa infligéune leçon de réalisme et de prag-matisme, en mʼexpliquant au coursdʼune des nombreuses sorties queje faisais avec lui, comment le syn-dicat avait opté pour le 27 avril, plu-tôt que pour 21 juillet, pour célébrerlʼAbolition. Cʼest tout juste sʼil ne fai-sait pas passer le choix du 21 juilletpour une manœuvre patronale.

« Yo téka pran nou pou dé kouyon.Yo te ka kouè nou te kay soté en lè21 juilet kon sé kanmarades Gwa-deloup la.

Mé lè 21 juillet, la rékote fini dépilontan. lisine fèmen.

Lè 27 avril o kontrè, nou en mitan la

rékote. Toute lisine ka tounen.

Sa ka entérésé 40-45 mil ouvrié. Cépou sa nou pran 27 avril pito poufété Chèlchè epi lʼabolisyon enmem tan.

Neg la pi malen ki yo. Yo té lékouyonnen-nou. sé nou ki kouyo-nen-yo9 »

A la fin des années 1950, cʼétait en-core aussi simple que cela. Je te si-gnale que la revendication du 27avril chômé et payé, est restéejusquʼà novembre 1973 et mêmejusquʼau début des grandes grèvesde février 1974, lʼune des revendi-cations les plus constantes desgrandes luttes ouvrières à la Marti-nique. Elle nʼa été abandonnéequʼen février 1974, à la veille deChalvet. La revendication du « 22mai chômé et payé » était alorsprincipalement portée par lesgroupes de lʼextrême gauche, trots-kistes (GRS, JAG, CO), maoïstes,(GAP, marronneurs, décembristes,UCAEM, septembristes). Assezpeu, me semble-t-il, par le PC et laJC qui accusaient les «  gau-chistes » de leur avoir « volé » leur22 mai. Ce qui nʼétait pas entière-ment faux.

(suite le 19 mai)

Page 9: Le progressiste n° 2130 final

Le Progressiste - Page 9 - mercredi 12 mai 2010

SOCIAL

« En France, il est une règle  :sans initiative spectaculaire,sans coup émotionnel horsnormes, pas de visibilité média-tique et donc pas de négociation(…) La vie dans lesntreprises etles services est systématique-ment ignorée par les grandsmoyens dʼinformation jusquʼaujour où une allumette menace detout faire sauter (…) »

Cet avertissement, contenudans un article de lʼhebdoma-daire « Marianne » (du 10 au 16avril 2010) ne concerne pas di-rectement la future réforme (iné-luctable  ?) des retraites à lafrançaise, mais il illustre la dés-espérance des salariés dʼentre-prises vouées à la délocalisation

ou à la disparition pure et simple.Mutatis mutandis, on peutconjecturer, à partir des pre-mières déclarations des grandescentrales syndicales, que les tra-vailleurs français (et antillais) quitirent déjà le diable par la queue,ne se laisseront pas tondre sansréagir…

Cʼest que le gouvernement Sar-kozy/Fillon, pour réaliser songrand œuvre, sʼappuie sur undernier rapport du C.O.R.(Conseil dʼOrientation des Re-traites)- présenté le 14 avril- dontles solutions envisagées pour ré-duire les déficits des régimes so-ciaux ne font pas dans ladentelle. En 97 pages, il actua-lise des projections financières

établies en 2007 : il faudra trou-ver 115 milliards dʼeuros en2050 pour sauver le système parrépartition auquel toute la so-ciété française (gouvernants,voire patrons en tête) se dit atta-chée. Car la France, selon desprojections somme toute assezbasses, comptera alors 23 mil-lions de retraités contre 15 en2008.

Quelles solutions proposées ?

1/ Passage à 41 ans de cotisa-

tions dès 2012 et 41,5 en 2020.

Cʼétait déjà contenu dans la ré-forme de 2003 qui porte le nomde…François FILLON. Et celasuppose-sans le dire clairement-que lʼon fasse sauter le verroujusquʼici intangible du départLEGAL à la retraite à lʼâge de 60ans. Il nʼy a pas quʼun attache-ment symbolique et affectif à cemaintien du seuil de 60 ans ! Ré-pétons-le  : il sʼagit dʼun verrouLEGAL auquel tout travailleur,public ou privé, peut se référerpour calculer ses droits à pen-sion, même si, dans la pratique,de plus en plus rares sont ceuxqui peuvent effectivement partirà 60 ans  ! Il faudrait pour celaquʼils aient commencé à travail-ler à 20, voire 19 ans, avec unCDI (Contrat à Durée Inétermi-née) ou un poste de titulaire.Alors que la multiplication expo-nentielle des « petits boulots »,Contrats dʼAvenir, CDD, inté-rims… Contrats de Mission ( !)est une somme très imaginativede moyens détournés dʼempê-cher les salariés de cotiser defaçon régulière et in interrompuepour avoir un jour une retraite

FRANCEREFORME DES RETRAITES :

VA-T-ON ACCEPTER LE RECUL ?

Page 10: Le progressiste n° 2130 final

SOCIAL

Le Progressiste - Page 10 - mercredi 12 mai 2010

décente, à lʼheure où danslʼHexagone 8 millions de per-sonnes vivent en dessous duseuil de pauvreté !!!

2/ Reporter de 4 ans lʼâge de

départ effectif.

Cela ne ferait que paupériser da-vantage une population de tra-vailleurs déjà fortementfragilisée. Cʼest une solutiondéjà retenue dans certains payseuropéens, telle lʼAllemagne, quia relevé lʼâge de la retraiteà…67 ans  ! Autant dire que leseul choix est entre « se tuer àla tâche  » (au sens littéral delʼexpression) ou tirer sa révé-rence à peine parti.

3/ Augmenter les taux de coti-

sations de 5,2% (quelle préci-sion  !), soit à terme, en 2050,près de 10%. Voilà une idée qui,si elle était adoptée par ce gou-vernement ou les suivants –même partiellement- réussirait laquadrature du cercle  : rappro-cher pour un même combat pa-tronat et syndicats, le MEDEF deMme PARISOT ayant déjà clai-ronné quʼil nʼen était pas ques-tion.

4/ Baisser la pension

moyenne nette de 22%.

On nʼose croire à un tel coupbas. Car ce que « gagnerait  »lʼEtat en abaissant le coût despensions de retraite serait large-

ment «  compensé  »par lʼexplosion dunombre de pauvres,sans-abri et laisséspour compte ; le SAMUsocial et les associationsde quartier ne pourraient

évidemment y faireface.

Il va de soi que leg o u v e r n e m e n tSarkozy-Fillon, quiclame quʼil nʼen-tend pas augmen-

ter lesprélèvements so-

ciaux, nʼagira pas sur unseul de ces paramètres

mais tentera un « mix » desdifférentes options. Le rapport

2009 du Sénat sur les comptesde la Sécurité Sociale relève quele départ à 62 ans rapporterait6,6 milliards dʼeuros en 2020.Mais –curieusement  ?- il nesemble nulle part envisager defaire participer au sauvetage dusystème ni les revenus du patri-moine, ni les fortunes exces-sives, ni les exilés fiscaux, ni

les banques… Bizarre ?

Daniel COMPERE

"L'égoïsmeet la haine seuls ont

une patrie;la fraternité n'en a pas"

(Lamartine)

Page 11: Le progressiste n° 2130 final

LA REFORME TERRITORIALE, UNE AFFAIRE SUSPECTE…

(Quelques renseignements glanés par J. Darsières dans un journal syndical)

POLITIQUE

Le Progressiste - Page 11 - mercredi 12 mai 2010

Que cache le Gouvernement ?

Le projet de loi de « Réformesdes Collectivités Territoriales  »,adopté par le Sénat le 5 février2010, doit venir en débat à lʼAs-semblée Nationale très bientôt.

Un peu dʼhistoire :Cʼest avec les lois de dépar-

tementalisation de 1982-83 que dé-partements et régions deviennentdes Collectivités de plein exercice.LʼEtat leur transfère alors des«  blocs de compétences  » quiétaient les siens jusquʼalors : Lʼac-tion sociale, les constructions, ré-novations et fonctionnement descollèges (Département), Aménage-ment du territoire, développementéconomique, constructions, réno-vations et fonctionnement des ly-cées (Région).Et, en même temps, ces nouvellesCollectivités ont en charge cer-taines compétences jusque là ré-servées aux Communes : Agir, auniveau du fonctionnement et des in-vestissements, pour des missionsparticulières, en dehors de leurs at-tributs institutionnels ; ce qui consti-tue des charges nouvellesénormes, et cʼest la loi du 13 Août2004 qui étend ces transferts dansplusieurs domaines.

La Commission BALLADUR :

Le projet de cette Commissionpart dʼun constat indéniable, maislargement instrumentalisé, pour fa-voriser lʼEtat au détriment des Col-lectivités  : La hiérarchie descollectivités est mal définie, lʼen-chevêtrement des compétencestrouble le citoyen et même les élus,les financements croisés se multi-plient et génèrent des gaspillages,et plus grave, des dérapages finan-ciers ; et tout cela, à nʼen pas dou-ter, ne fait pas la joie ducontribuable local, qui demeuresans voix face à certain abus…Ilfaut donc supprimer les doublons,

limiter les financements non justi-fiés, préciser les compétences….

Les manœuvres du Gouverne-

ment, et le rôle de lʼEtat :

Il sʼagit pour le Gouvernementdʼinscrire cette Réforme dans la dé-marche de la Révision Généraledes Politiques Publiques (RGPP),dans le seul but de faire des éco-nomies à tout prix, y compris au dé-triment de lʼintérêt général et de laDémocratie.En octobre 2007, F.Fillon ne dit-ilpas : « La Réforme de lʼEtat suppo-sera que chacun dʼentre nous ac-cepte quʼil y ait moins de service,moins de personnels, moins dʼEtatsur son territoire ». Lʼaveu est detaille !Alors, lʼEtat réduit ses recettes : laTVA restauration, le paquet fiscal,ce qui favorise les nantis, mais, sur-tout, il réduit ses dépenses  : nonremplacement dʼ1 fonctionnaire sur2, perte de pouvoir dʼachat des sa-lariés, menaces sur les retraites, ré-duction des prises en chargesociales. Et, cerise sur le gâteau, iltransfère nombre de ses missionsaux collectivités locales, en les ac-cusant cyniquement dʼêtre trop dé-pensières, et de créer tropdʼemplois publics, feignant dʼigno-rer que la crise et le chômagecréent des besoins nouveaux. Dansle même temps, lʼEtat se réorga-nise, livrant aux Préfets des pou-voirs de contrôle accrus.

Bien sûr, à court et moyenterme, qui est visé ? Ce sont, nonles financiers, les banques, le grosCapital, qui alignent des profits fa-ramineux, mais les Services pu-blics, la Fonction Publique, lesstatuts des fonctionnaires, les petitsagriculteurs, et les ouvriers….LaSolidarité nationale est constam-ment pointée du doigt..

Les Collectivités locales ont beauprotester, conscientes que ce qui seprofile ne présage rien de bon, le

Gouvernement, pressé par la Loi

du Marché, nʼentend rien de leurs

protestations : elles voient une re-

mise en cause de leur Autonomie et

de leur liberté. Le 26 mars, les Ré-

gions de gauche ont demandé que

le Gouvernement sʼengage «réso-

lument dans une nouvelle étape de

la Décentralisation, et leur donne

les moyens institutionnels et finan-

ciers de leur développement  ».

Sinon, les Collectivités locales se-

ront placées dans la position incon-

fortable suivante  : Augmenter les

Impôts, avoir recours à des finan-

cements privés, sʼendetter davan-

tage, ou renoncer à certaines

missions de progrès. La Réforme

fiscale est donc capitale, le désen-

gagement de lʼEtat doit sʼarrêter, et

lʼEgalité des chances pour tous doit

hanter lʼesprit de tous les Déci-

deurs.

Au moment où Notre PEUPLE

a choisi lʼASSEMBLEE UNIQUE,

nous devons tous être très vigi-

lants pour sa mise en œuvre, car

notre partenaire obligé est cet

ETAT dont nous venons de fusti-

ger les pratiques inquiétantes.

(Mis en forme par Jeannie DAR-

SIERES)

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imp.

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Le Progressiste - Page 12 - mercredi 12 mai 2010

FESTIVAL

COMITÉ DE RÉDACTION :

Daniel COMPERE

Jeannie DARSIERES

Didier LAGUERRE

Laurence LEBEAU

Daniel RENAY

Serge SOUFFLEUR

Victor TISSERAND

Appel du « Progressiste » aux Militants, aux sympathisants, à tous les Démocrates qui lui ont tou-

jours fait confiance.

« Le Progressiste », organe du Parti Progressiste Martiniquais, a besoin de l’aide matérielle, in-

tellectuelle de tous les militants, démocrates et sympathisants. Nous les remercions d’envoyer

leurs dons (à l’ordre du PPM), leurs articles et leurs suggestions au siège du PPM :

- Ancien Réservoir de Trénelle - Fort-de-France.

Directeur de la Publication : Daniel COMPERE

18, Allée des Perruches - Rte de l’Union - 97200 Fort-de-France

Téléléphone du siège du PPM : 0596 71 88 01

Site Internet : www.ppm-martinique.fr

Email : [email protected]

N° de CPPAP : 0511 P 11495

Vous souhaitez adhérer au Parti Progressiste Martiniquais ?1. Téléchargez le bulletin d’adhésion :http://www.ppm-martinique.fr/wp-content/uploads/2009/09/Bulletin-dadhésion-2006.pdf2. Complétez-le3. Renvoyez-le à : PPM – Ancien réservoir de Trénelle – 97200 Fort-de-Franceou par Mail à [email protected] le site du PPM :http://www.ppm-martinique.fr